Programme des Nations-Unies pour le Développement en Union des Comores

Programme Environnement/ Réduction des risques et des catastrophes

EVALUATION DE VULNERABILITE AUX RISQUES

D’INONDATION EN UNION DES COMORES

ANWADHUI Mansourou

Août 2012

Remerciements

A l’issu de ce travail, je tiens à exprimer mes sentiments de gratitude au Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) en Union des Comores, plus particulièrement au Programme Environnement/ Réduction de risques de catastrophes dans l’engagement d’accompagner le pays à la gestion des crises, au relèvement et l’appui institutionnel, de m’avoir confier cette étude durant mon stage professionnel dans la structure et de l’avoir financé pour mieux cerner l’analyse descriptive de l’aléa inondation dans les îles comoriennes.

Mes premiers remerciements vont à l’ensemble du personnel associé au Programme et plus particulièrement à :

- Madame Anliyat MZE AHMED ABDALLAH, Chargée du Programme Réduction de Risques et de Catastrophes - Monsieur Karim Ali Ahmed, Associé au Programme Environnement - M. Youssouf Mbechezi, Assistant du Représentant Résident - M. Abdou Salam SAADI, Analyste de programme/ Unité Gouvernance - Dalila Ahamed, Programme Associate UNDP - M. Maturafi K.Mabaé, Associé au Programme (Programme Manager Support Unit) - Madame Raichat MOHAMED, Associée aux Ressources Humaines - M. Ali Soumail, Spécialiste des opérations PNUD - M. Darkaoui SAID HALIDI, Assistant aux finances - M. Abdillah Ahmad, Assistant au registry PNUD - M. Abdallah Mzé, chauffeur au PNUD

Qui dès mes premiers pas de la vie professionnelle, m’ont accueillis, conseillés, soutenus et accompagnés avec confiance jusqu’aujourd’hui. C’est avec votre encouragement que j’ai pu réaliser cette étude.

Les mêmes sentiments de reconnaissance s’adressent également à la Direction Générale de la Sécurité Civile (DGSC), la Direction Générale de la météo, l’Observatoire du Volcan Karthala (OVK), ainsi que les CROSEP dans les îles d’avoir facilitées les visites de terrain.

Trouve ici, toutes mes reconnaissances, M. Ibrahim Kassim pour votre assistance à la cartographie.

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Résumé

L’étude de vulnérabilité sur les inondations en Union des Comores est un document qui : - est centré sur une analyse du risque inondation qui prend en compte la probabilité d’occurrence, la cinétique et la gravité des impacts potentiels suivant une méthodologie qu’elle explicite,

- cartographie les zones à haut risque d’inondation,

- précise les risques auxquels l’aléa inondation peut exposer les vies humaines, la santé, l’environnement, l’agriculture et les enjeux socioéconomique de Comores en cas d’occurrence, directement ou indirectement, que la cause soit naturelle ou anthropique,

- évalue la vulnérabilité des communautés aux épisodes d’inondation dans chaque île,

- définit et justifie les mesures propres à réduire la vulnérabilité aux inondations et si possible la probabilité d’occurrence.

L'Objectif de cette étude est d'évaluer la vulnérabilité des communautés affectées par les inondations en Union des Comores.

Méthodologie : Une étude transversale, descriptive et analytique auprès des acteurs de gestion de risques de catastrophes et des communautés affectées par les inondations a été réalisée dans les localités de trois îles comoriennes (, Mohéli et Grand- Comore). Au total, 30 localités ont été interviewées à l’aide d’un questionnaire. Les données collectées ont été saisies et traitées à l’aide du logiciel MAPINFO et Microsoft Excel 2007.

Critères de l’étude

- La récurrence : période de retour - La submersion : profondeur, durée et étendue Sur les 30 localités identifiées comme vulnérables aux inondations, 23 présentent une forte probabilité d’occurrence sur les trois îles, 9 ont déjà été sensibilisées à l’aléa inondation. Ceci indique que malgré la présence des institutions spécialisées de l’état, beaucoup d’efforts restent à faire puisque les 2/3 de localités n’ont reçu aucun niveau d’instruction à l’aléa inondation. Une liaison statistiquement significative peut être mise en évidence entre la méconnaissance sur l’aléa inondation et les dégâts constatés sur le terrain.

Cette étude a permis de conclure que les facteurs qui entrainent la forte vulnérabilité des communautés, sont surtout la méconnaissance et la non application d’une directive d’urbanisation dans les zones à haut risque. Une approche de communication pour un changement de comportement pourrait renverser la tendance.

Mot-clefs Risques, Catastrophes climatique, Inondation, bassin versant, Vulnérabilité, Aléa, Capacité, Plan d’urgence, Adaptation, Prévention.

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Abstract

The vulnerability assessment on floods in is a document that: - Focuses on an analysis of flood risk taking into account the probability of occurrence, the kinetics and severity of potential impacts following a methodology that explicitly - Mapping areas at high risk of flooding, - Specifies the flood hazard risks may expose human lives, health, environment, agriculture and socio- economic issues in the event of occurrence Comoros, directly or indirectly, the cause is natural or anthropogenic - Assesses the vulnerability of communities to flooding episodes in each island - Defines and justifies measures to reduce vulnerability to flooding and if possible the probability of occurrence. Objective of this study is to assess the vulnerability of flood-affected communities in the Union of Comoros study. Methodology: A cross-sectional, descriptive and analytical survey of actors in disaster risk management and affected communities was conducted in the communities of three Comorian islands (Anjouan, Moheli and Grand comore). A total of 30 communities were interviewed using a questionnaire. The collected data were entered and processed using MapInfo software and Excel 2007.

Study criteria - Recurrence: return period - Submersion: depth, duration and scope Of the 30 communities identified as vulnerable to flooding, 23 have a high probability of occurrence of the three islands, 09 have already been aware of the flood risk. This indicates that despite the presence of the specialized agencies of the state, much remains to be done, since two thirds received no education in flood hazard. A statistically significant correlation can be found between the breach of the flood hazard and damage observed in the field. This study concluded that the factors leading to the high vulnerability of communities, mostly ignorance and non-implementation of a Directive of urbanization in high-risk areas. A communication approach to behavior change could reverse the trend.

Key-words

Risks, climate disasters, Flood, Watershed, Vulnerability, Hazard, Capacity, Emergency Plan, Adaptation,Prevention.

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Liste des acronymes et abréviations utilisés

- ANACM : Agence National de l’Aviation Civile et de la Météorologie - BTP : Bureau de Travaux Publics - CC : Changements Climatiques - COSEP : Centre des Opérations de Secours et de la Protection Civile - CRF : Croix – Rouge Française - CRCo : Croissant Rouge Comorien - CROSEP : Centre Régional des Opérations de Secours et de la Protection Civile - DD : Développement Durable - DGSC : Direction Générale de la Sécurité Civile - DMN : Direction de la Météorologie Nationale - DPC : Direction de la Protection Civile - OCHA : Office de Coordination des Affaires Humanitaires - OMM : Organisation Météorologique Mondiale - ONG : Organisation non Gouvernementale - OVK : Observatoire du Volcan Karthala - PNC : Plan National de Contingence - PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement - PSSC : Plan de Secours Spécialisé Cyclone - UNDAC : United Nation Desaster Assessment Coordination - UNISDR : UN/Office de la Stratégie Internationale pour la Réduction de Risques de Catastrophes - UNSIPC : UN/ Stratégie Internationale de Prévention de Catastrophes

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Table des matières

Remerciements ...... i Résumé ...... ii Abstract ...... iii Key-words ...... iii Risks, climate disasters, Flood, Watershed, Vulnerability, Hazard, Capacity, Emergency Plan, Adaptation,Prevention.Liste des acronymes et abréviations utilisés ...... iii Table des matières ...... 1 INTRODUCTION GENERALE ...... 3 I. Contexte géographique et géologique...... 4 1.1. Contexte géographique ...... 4 1.1.1. Population ...... 4 1.1.2. Situation économique ...... 4 1.1.3. Climat ...... 4 1.1.4. Contexte géologique ...... 5 1.1.5. Contexte pétrographique ...... 5 1.2. Hydrologie ...... 5 1.3. Hydrogéologie ...... 5 1.4. Définitions et terminologies opératoires ...... 6 1.5. Analyse descriptive de l'aléa inondation ...... 7 1.5.1. Types d'inondation aux Comores ...... 7 1.5.2. La probabilité d'occurrence et la cinétique des inondations ...... 8 1.6. Les causes des inondations aux Comores ...... 10 2. Etat des lieux des réseaux hydrographiques dans les zones à haut risque d’inondation ...... 11 2.1. La pluviométrie ...... 11 2.1.1.2. La surface et la pente de bassin versant ...... 16 2.1.1.3. La surface ...... 16 2.1.1.4. Pente ...... 17 2.1.2. Cartographie des zones à haut risque d'inondation aux Comores ...... 18 2.1.2.1. Les conséquences dommageables des inondations aux Comores ...... 21 2.1.2.2. Les dommages consécutifs liés aux inondations sont occasionnés par ...... 22 2.1.2.3. Les impacts directs ...... 22 2.1.2.4. Les dommages à l’environnement ...... 23 III. Evaluation de la vulnérabilité des inondations aux Comores ...... 26 3.1. Les facteurs de vulnérabilité ...... 26

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3.2.1. L´eau ...... 26 3.2.2. Education ...... 26 3.3. A Mohéli ...... 28 3.3.1. Les secteurs sociaux ...... 28 3.3.2. Les infrastructures ...... 30 3.3.3. Les moyens de transport ...... 30 3.3.4. Secteurs économiques ...... 31 3.3.4.1. L’agriculture ...... 31 3.3.4.2. L’élevage ...... 31 3.3.5. Les effets globaux des dommages ...... 31 3.3.5.1. Les effets sur l’environnement ...... 31 3.4. A Anjouan ...... 32 3.4.1. Les secteurs sociaux ...... 33 3.4.2. Les infrastructures ...... 33 3.4.3. Les moyens de transport ...... 34 3.4.4. Secteurs économiques ...... 34 3.4.4.1. L’agriculture ...... 34 3.4.4.2. L’élevage ...... 34 3.4.5. Les effets globaux des dommages ...... 35 3.4.5.1. Les effets sur l’environnement ...... 35 3.5. A la Grande-Comore...... 36 3.5.1. Secteurs sociaux ...... 36 3.5.2. Les infrastructures ...... 38 3.5.3. Les moyens de transport ...... 39 3.5.4. Secteurs économiques ...... 39 3.5.4.1. L’agriculture ...... 39 3.5.4.2. L’élevage ...... 40 3.5.6. Les effets globaux des dommages ...... 40 3.5.6.1. Les effets sur l’environnement ...... 40 IV. Les mesures définis et justifiées pour réduire les effets des inondations et si possible la fréquence dans le contexte Comorien ...... 41 CONCLUSION GENERALE...... 43 BIBLIOGRAPHIE ...... 44 Liste des figures ...... 45 Liste des tableaux ...... 45

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INTRODUCTION GENERALE

Les catastrophes naturelles se sont multipliées ces dernières années dans le monde avec de plus en plus de victimes et des dégâts énormes sur l’environnement, l’économie et la vie sociale. Si leur impact est instantané, la reconstruction et la réhabilitation ne s’envisagent qu’à moyen et long terme. Les pays insulaires en développement connaissent une situation plus critique, au regard de leur géographie et de leur faible moyens de réaction tel est le cas des îles du Sud- Ouest de l’Océan Indien (COI) qui paient une lourde conséquence liée aux catastrophes naturelles, rappelé par l’actualité régionale de 2012.

L’Archipel des Comores à titre d’exemple fait face à des risques hydro-météorologiques tels que les inondations, les montées de marées et les tempêtes tropicales (cyclones) ainsi que des risques géologiques (éruptions volcaniques, tremblement de terre et des glissements de terrain).

Les inondations touchent les trois îles de l’archipel avec des fréquences et des gravités variables, avec la pression anthropique et le changement climatique global. Les zones les plus touchées par ces inondations dans l’archipel sont à Mohéli (, Mbatsé, , , Wallah et Hamavouna), à Anjouan (Saandani, Maraharé, Assimpao, Vassy, , , Pomoni, Moya et ) et Ngazidja la région de Bambao (, Boueni et Nioumadzaha), la région de (Mitsoudjé, , Bangoua, , Djoumoichongo et Mdjoièzi), la région de Domba (Bandamadji et ), la région de Dimani (Fumbudzivouni, Idjinkoundzi, Maoueni et Rehamani) et Malé dans la région de Mbadjini. Au total 30 localités sont identifiées comme vulnérables aux inondations et ne subissent pas ce désastre à la même fréquence, 23 présentent une forte probabilité d’occurrence sur les trois îles, 09 ont déjà été sensibilisées à l’aléa inondation.

Ceci qui indique que malgré les progrès enregistrés sur le plan institutionnel ces dernières années, beaucoup d’efforts restent à faire puisque 75% de localités affectées n’ont reçu aucun niveau d’instruction à l’aléa inondation. Une liaison peut être mise en évidence entre la méconnaissance sur l’aléa inondation et les dégâts constatés sur le terrain.

En estimant 3 petites inondations locales avant une inondation catastrophique tous les dix ans, la probabilité d’observer au moins une inondation dans les cinq (5) prochaines années est 1/10*5= 0.5 (p au moins 1)= 1- p (k=0) = 1-0.6065= 0.3935 soit 39,35% et la probabilité de n’observer qu’une seule inondation dans les cinquante (50) prochaines années est de 1/10*50= 5 p (k=0) = 0,67. Si le risque n’est pas pris en compte au niveau macro-économique, 95.02% des aléas naturels qui toucheraient les Comores seront des inondations dans les cinquante (50) prochaines années.

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I. Contexte géographique et géologique

L’union des Comores est un archipel de quatre îles situé au sud-ouest de l’Océan Indien, à l’entrée Nord du Canal de Mozambique entre le Nord Est de Madagascar et la Côte Orientale de l’Afrique. Elle a une superficie totale de 2.034 km2 (Ngazidja 1025Km2, Ndzuani 424Km2, Mwali 211 km2 et Maoré 374 km2).

1.1. Contexte géographique

1.1.1. Population La population comorienne est inégalement répartie entre les iles soit 752 438 habitants. L’ile avec la densité la plus élevée est Anjouan ; de 320,7 habitants au km2 en 1980 à 445,6 en 1991, elle était de 574,8 habitants au km2 en 2003 alors que la densité moyenne du pays est de 310 au km2. La répartition spatiale de la population est déséquilibrée par les situations géographiques dans chaque île. En effet, cette population vit essentiellement en milieu rural avec 72,1% au RGPH de 2003. Une autre caractéristique majeure de la population comorienne est son extrême jeunesse : plus de la moitié (53%) de la population sont âgées de moins de 20 ans et les moins de 15 ans représentent 42% de la population totale.

1.1.2. Situation économique L’économie comorienne est dominée par l’agriculture. Elle est très peu diversifiée et tire ses principales ressources de l’exportation de trois produits de rente agricoles suivants: Vanille, Ylang - Ylang et Girofle.

A eux seuls, ils représentent 90% des exportations totales. L’économie comorienne n’a pas subi de l’industrialisation durant ces dernières années. Le secteur primaire demeure dominant depuis plusieurs décennies. A partir des années 80, avec le développement du commerce des produits importés, le tertiaire dépasse parfois le secteur primaire. Ainsi en 1999, le tertiaire arrive en tête avec 48% contre 41% pour le primaire (6).

Les produits vivriers (bananes, maniocs, riz, …etc.) et maraichères (tomates, salades, carottes, … etc.) sont consommés au niveau national, régional et local.

Il apparaît donc que l’économie comorienne est très sensible aux impacts des aléas naturels d’origine hydrométéorologique tel est le cas des cyclones de 1950 et 1982, des inondations de 1996, 1998, 1999, 2002, 2007, 2009 et 2012). 1.1.3. Climat Le climat comorien est de type tropical avec des influences maritimes caractérisé par deux grandes saisons : une saison chaude et humide de novembre à avril et une saison sèche et fraîche de mai à octobre. La saison chaude et humide a une pluviométrie maximale entre janvier et mars avec des

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températures moyennes variant entre 24 et 27,8°C. Des vents de mousson venant du Nord et Nord-Est nommés « kashkazi » soufflent de façon variable et faible selon les régions dans chaque île mais plus fort en Janvier et Février. Pendant l’hiver austral, de mai à octobre, la saison est sèche et plus fraîche avec des températures variant entre 23,2°C et 27°C, minimale entre 14 et 15° C sur les hauteurs. Les vents qui soufflent du Sud- Est vers le Nord - Est (alizés), nommés « kussi », sont renforcés entre le mois Mai et Août (mois les plus frais).

1.1.4. Contexte géologique Les Comores sont constituées par un ensemble d’îles volcaniques, résultant d’une fissure crustale due à un point chaud. Ce dernier a favorisé la formation du fossé d'effondrement (rift) qui a séparé Madagascar de l'Afrique au Paléozoïque. Ces îles sont alignées suivant un axe orienté Sud-Est, Nord – Ouest. Elles présentent une morphologie et une dynamique variable, correspondant à des stades d’évolution différents : Mayotte est la plus ancienne très érodée, Anjouan la plus accidenté, Mohéli la plus petite et la la plus récente, avec un volcanisme encore actif. 1.1.5. Contexte pétrographique Les caractères pétrographiques et pédologiques sont variables d’une île à une autre, conséquences de leur formation géologique différente mais semblable entre Anjouan et Mohéli avec une dominance sédimentaire. Ces deux dernières sont marquées par un relief accidenté, désagrégé par l’érosion intense accélérée par la déforestation. A la Grande Comore, le relief est monotone, et surtout dominée par des roches basaltiques très poreuses. Le volcan Karthala culminant à 2361 m occupe toute la partie centrale et le Sud de l’île. Le volcanisme est toujours actif avec une fréquence de 11 ans en moyenne ; la dernière éruption en date de janvier 2007.

1.2. Hydrologie

Le problème de l’eau ne se pose pas avec le même degré dans l’ensemble des îles comores. Le réseau hydrographique est bien développé, permanent à Mohéli et à Anjouan alors qu’en Grande Comore, il est faible du fait de perméabilité élevée de son sol volcanique, et à des fissures importantes de la roche mère. A l’origine, ce réseau était très dense à Anjouan et à Mohéli toutefois le débit de nombreuses rivières a fortement diminué au cours de ces quinze dernières années.

1.3. Hydrogéologie

Les Comores disposent une potentialité en eaux souterraines constituant des nappes phréatiques qui affleurent dans certaines régions des îles tel est le cas à Miringoni et Barakani à Mohéli, Vouvouni à la Grande Comore et Vouani à Anjouan. Ces réservoirs souterrains sont plus concentrés dans les zones côtières et de moins en moins importants vers les hauteurs.

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1.4. Définitions et terminologies opératoires

Aléa : Un phénomène dangereux, activité humaine ou condition pouvant causer des pertes de vies humaines, des blessures ou d’autres effets sur la santé, des dommages aux biens, des pertes de moyens de subsistance et des services, des perturbations socio-économiques, ou des dommages à l’environnement.

Aléa naturels : Processus ou phénomène naturel qui peut causer des pertes de vies humaines, des blessures ou d’autres effets sur la santé, des dommages aux biens, la perte de moyens de subsistance et de services, des perturbations socio-économiques, ou des dommages à l’environnement.

Aléa hydrométéorologique : Processus ou phénomènes de nature atmosphérique, hydrologique ou océanographique susceptibles de provoquer des pertes en vies humaines, des blessures ou autre impact sur la santé, des dégâts matériels, la perte des moyens de subsistance et des services, des perturbations sociales et économiques ou une dégradation environnementale.

Danger : C’est la propriété intrinsèque d'une situation physique ou d'une substance dangereuse de pouvoir provoquer des dommages pour la santé humaine et/ou l'environnement.

Risque : C’est la combinaison de la probabilité d’occurrence et du niveau d’effet de gravité spécifique se produisant dans une période donnée ou dans des circonstances déterminées.

Aléa (plus moins fort) + enjeux (plus ou moins vulnérables) = Risque (plus ou moins critique)

Vulnérabilité : Mesure dans laquelle une personne ou un groupe des personnes est sensible – ou incapable de faire face – aux effets défavorables des phénomènes extrêmes ou internes.

Capacité : Combinaison des forces et des ressources disponibles dans une communauté, une société ou une organisation, pouvant permettre la réduction du niveau de risque ou les effets d’un désastre.

Catastrophe : Un évènement soudain ou progressif, d’origine naturelle ou anthropique (résultant de l’action de l’homme ou fait par lui), déstabilisant une collectivité ou une société donnée, causant des pertes élevées en vie humaine, des dégâts matériels ou économiques sérieux, ou des pertes environnementales majeures, qui dépassent les capacités de cette collectivité, ou société, à répondre à cet évènement par ses propres moyens.

Catastrophe = aléa * vulnérabilité

Capacité

Bassin versant : Un bassin versant est un domaine spatial dans lequel se déroule le cycle de l’eau. Il est en un moment donnée définit par :

- Sa structure

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- Sa capacité à stocker et à conduire l’eau - Les quantités d’eau qui s’y écoule

1.5. Analyse descriptive de l'aléa inondation

L’étude de l’aléa inondation se fait par une analyse descriptive et scientifique de différents phénomènes associés ayant touchés les îles Comores pour mieux comprendre la probabilité d’occurrence, la cinétique, la gravité et son étendu au niveau national en général et en particulier dans les zones affectées.

Définition

Inondation : Une inondation est une submersion plus ou moins rapide, d'une zone habituellement hors d’eau, avec des hauteurs d'eau variables. Elle est due à une augmentation du débit d'eau provoquée par des pluies importantes et durables. Elle correspond au débordement des eaux lors d'une crue. Lors d’une inondation par débordement indirecte. L’eau qui s’écoule en temps normal dans son lit mineur occupe également son lit majeur, partie intégrante du cours d’eau qui est constitué par les zones basses de part et d’autre du cours d’eau. La présence des habitations et des zones de culture dans le lit majeur, explique donc le risque d’être inondée. La gravité des effets est accentuée par la déforestation et les dépôts sédimentaires intenses dans les lits mineurs de rivières, tel est le cas à Mohéli et à Anjouan. 1.5.1. Types d'inondation aux Comores Les inondations connues aux Comores sont de deux types :  Inondation terrestre (par crue, ruissellement ou remontée de la nappe) ;  Inondation marine (submersion marine). Elles peuvent se manifester sous diverses formes:

 Des inondations de plaines: la rivière sort de son lit mineur pour inonder son lit majeur après avoir occupée son lit moyen. Exemple : les inondations d’avril 2002 à Hoani et Mbatsé, Mohéli  Des crues torrentielles, Mohéli 2009  Une submersion marine. Exemple : les inondations de à Wallah- Mohéli, Bangoi-Kouni et Mtsamudu- Ngazidja et la partie Nord d’Anjouan en 2007.  Un ruissellement en secteur urbain suite à de violents orages auxquels peuvent être associées des coulées de boue. Cette dernière est renforcée par l’imperméabilisation des sols, l’urbanisation et les pratiques de culturales limitant l’infiltration des précipitations. Exemple : les inondations de 2007 Ngazidja et 2002 à Fomboni, Mohéli. NB : une remontée de la nappe phréatique est un autre type d’inondation qui se manifeste lorsque le sol est saturé d’eau et que la nappe apparait en surface (une inondation spontanée).

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L’intensité et la durée de précipitation, la surface et la pente du bassin versant, la couverture végétale et la capacité d’absorption du sol ainsi que la présence d’obstacles à la circulation des eaux sont les facteurs qui expliquent l’ampleur des inondations aux Comores, soit l’un d’entre eux soit par la conjugaison et/ou superposition.

1.5.2. La probabilité d'occurrence et la cinétique des inondations La chronologie des événements significatifs de ces dernières années est suivie pour mieux comprendre le phénomène. Une analyse documentaire a permis de tracer chronologiquement les différents aléas ayant affectés les Comores ces dernières années en précisant la datation, la localisation et l’étendu.

Certains événements semblent plus dévastateurs que d’autres dans le temps et dans l’espace alors que les effets des inondations augmentent à chaque nouvel épisode.

Par cette démarche, des calculs statistiques ont pu ressortir l’ampleur et les tendances des inondations dans les années avenirs.

Certaines régions sont plus affectées que d’autres dans le pays (Bambao, Hambou et Dimani) à la Grand- Comore, (Moimbassa, Moimbao, Djando et partiellement Fomboni) à Mohéli puis à (Sima, Moya et Ongoni) à Anjouan. Ces régions sont essentiellement concernées par les inondations de plaines, torrentielles, et d’autres sont plutôt affectées par de ruissellement en secteur urbain et ruraux, de submersion marine ou en fin la remontée de la nappe phréatique (seules à Miringoni Mohéli et à Vouani à Anjouan, la remontée des nappes phréatiques est constatée) de 2002 à 2012.

Toutefois certains événements peuvent ne pas figurer dans la liste car aucune base de données homogène sur les risques naturels n’est disponible à l’échelle nationale.

Tableau 1: risques naturels aux Comores, 2000 à 2012

Année Risques/catastrophes Etendue 2001 Tremblement de terre Mohéli 04/ 2002 Tempête et inondations Nationale Tremblement de terre et cyclone 03/ - 2004 Nationale GAFILO 16/04-25/11/2005 Eruptions volcaniques Grande Comore 28/05/- 2006 Eruption et inondations Grande Comore Cyclone GAMED Grande Comore Tremblement de terre Grande Comore

13/01 - Eruption volcanique Grande Comore 2007 Inondations Nationale

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20/04/2009 Inondations Nationale

20-26/04/ 2012 Inondations Nationale

Tableau 2: Occurrence des inondations 200 à 2012

occurrence Etendu 2002 Mohéli Inondation 2006 Sud - Est de Ngazidja 2007 Anjouan et Grande-Comore 2009 national 2012 National Tableau 3:fréquence des inondations 2000 à 2012 aux Comores

La fréquence des aléas sur le dix dernières années Type de risque Occurrence Fréquence Pourcentage (%) Inondation 5 0,385 38,46 Eruption volcanique 3 0,231 23,08 Tremblement de terre 3 0,231 23,08 Cyclone 2 0,154 15,38 Total 13 1,000 100,00

Analyse de tableaux En estimant 3 petites inondations locales avant une inondation catastrophique tous les dix ans aux Comores, la probabilité d’observer au moins une inondation dans les cinq prochaines années est 1/10*5= 0.5 (p au moins 1)= 1- p (k=0) = 1-0.6065= 0.3935 soit 39,35% et la probabilité de n’observer qu’une seule inondation dans les cinquante (50) prochaines années est de 1/10*50= 5 p (k=0) = soit 0,67%. Si le risque n’est pas pris en compte au niveau macro-économique, 95.02% des aléas naturels qui toucheraient les Comores seront des inondations dans les cinquante prochaines années.

Tableau 4:hiérarchisation des aléas avec la probabilité d’occurrence et l’étendu

Hièrarchisation des Probabilité Type d’aléa Fréquence Etendu risques d’occurrence

1 Inondation Annuelle Forte Nationale

Centre de la 2 Eruption volcanique Décenale Très forte Grande Comores 3 Cylône Décenale Forte Nationale

Sources : CRF/PNUD, 2009. Ce tableau montre que les aléas naturels les plus probables aux Comores sont:

- l’éruption volcanique;

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- les inondations; - les cyclones et tempêtes tropicales; L’inondation est l’aléa qui occupe le deuxième niveau hiérarchique des aléas naturels dans le contexte comorien avec une fréquence d’occurrence annuelle. Elle a une étendue nationale et une probabilité d’occurrence forte. Cette situation fait que cet aléa soit pris en considération dans la mesure où il fait le plus des conséquences dommageables de personnes (pertes de vie humaine), des biens socio- économiques (agricoles, des infrastructures routières, des écoles, des hôpitaux et des maisons) et environnementaux par rapport aux autres aléas pendant les dix dernières années. De plus elles semblent être les plus fréquentes ces dix dernières années et dans les trente années à venir.

Tableau 5: zones à risque d’inondation

Type d’inondation Bassin versant Ile Année

Hoani, Mbatsé, Fomboni, Miringoni Mohéli Avril 2002

Plaine Hoani, Hamavouna, Wallah, Mohéli et Avril 2009 Saandani, Moya, Vassy, Pomoni Anjouan Hoani, Hamavouna, Vouvouni, Boueni, Mitsoudjé, Pomoni, Moya et Ongoni Nationale Mai 2012 Nord/Sud) ; Anjouan Submersion marine Bangoi-Kouni ; Ngazidja 2007 Wallah, Djoiezi et Hoani. Mohéli Wallah I, Mohéli, Saandani, Maraharé, Pomoni Anjouan Avril 2009 Malé, Vouvouni Ngazidja Torrentiel et Ruissellement Vouvouni, Mitsoudjé, Bouéni, Salimani, Nioumadzaha, Bangua, Bandamadji, Idjinkoundzi, Djoumoichongo, Malé Ngazidja Mai 2012

Les zones à fort risque d'inondation sont identifiées et connues à travers une analyse bibliographique, les rencontres avec les institutions de gestion de risques et catastrophes des Comores puis d’une descente sur le terrain dans les trois îles avec les types d’inondation et les bassins versants les plus touchés.

1.6. Les causes des inondations aux Comores

Les inondations comme tout autre aléa naturel prévisible peuvent avoir plusieurs causes naturelles ou anthropiques directes et/ou indirectes. Cette analyse relève une augmentation spontanée du niveau des cours d’eau pendant les précipitations et une absence de systèmes de drainage bien développé ou un blocage de système d’évacuation des eaux dans les milieux ruraux et urbains affectés.

On distingue trois sortes de cause :

Les causes naturelles liées aux aléas climatiques suite à l’évolution des phénomènes météorologiques tels que les précipitations et les températures, et d’autres événements naturels

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pouvant impacter les systèmes de drainage initial (exemple les retombées de centres volcaniques à Ngazidja, les glissements de terrain à Mohéli et à Anjouan); Les causes humaines directes par certaines pratiques agricoles à Anjouan puis à Mohéli et une urbanisation non maitrisée qui peuvent accélérer le ruissellement de la masse d’eau en limitant l’infiltration à cause de la déforestation et de la dégradation des sols; Les causes humaines indirectes liées au changement global du climat par les émissions de gaz à effets de serre (GES) qui provoquent l’élévation des températures, la fonte de glaces et des sécheresses. Ces causes sont à l’origine de l’augmentation du niveau de la mer et des phénomènes extrêmes. A ces trois causes qui expliquent les inondations aux Comores, huit facteurs identifiés localement augmentent l’ampleur du phénomène.

Il s’agit de :

 Défaillance de systèmes hydrographiques particulièrement à Ngazidja ;  Pentes orographiques, variables d’une île à l’autre;  Pentes topographiques, variables pour chaque bassin versant;  Pentes hydrographiques ;  Retards de débits proportionnels aux rivières ;  Rivières presque vidées après la saison pluvieuse;  L’affaissement des sols associé à des écoulements hypodermiques ;  Et le retombé de cendre qui a affecté toutes la région du centre (Est et Ouest) et la partie sud de Ngazidja.

2. Etat des lieux des réseaux hydrographiques dans les zones à haut risque d’inondation

Cette partie fait le portrait des Comores des critères de bassins versants à haut risque d'inondation. 2.1. La pluviométrie

La pluviométrie étant la mesure de pluie en fonction de la hauteur enregistrée et de la durée, est l’un des principaux facteurs qui varie suite aux précipitations enregistrées ces dernières années aux Comores. La hauteur moyenne mensuelle des pluies la plus élevée est enregistrée au mois de janvier avec de hauteurs d’eau variable dans chaque île (534,4mm à Bandar Esalam, 390 mm à la station d’ et 341.0 mm à celle de Moroni) depuis 1961 à 2012. Cet outil de prévention et de prévision n’a été effectif au niveau national avant 2009. A partir de cette année 2009, la météo nationale a implanté 88 pluviomètres dans les bassins versant des localités plus touchées par les inondations dont 45 pluviomètres à Ngazidja, 15 pluviomètres à Mohéli et 28 pluviomètres à Anjouan. Les inondations qui se manifestaient de mois de janvier à avril en général se sont légèrement déplacées au mois d’avril

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depuis les l’année 2000 sur l’ensemble du territoire national (avril 2002, avril 2009 et mai 2012 dans le territoire national).

Source: Direction nationale de la météorologie

Figure 1: données mensuelles des précipitations aux Comores d'avant 2000 Ces données sont encore globales car elles proviennent d’une seule station pour chaque île. Elles donnent donc un indicatif à des situations normales et non des estimations dans chaque bassin versant. Il est aussi à retenir qu’il y a une discontinuité des données entre 1990 à 2012 pour la station de Bandar Esalam de Mohéli, de 1997 à 2012 à la station d’Ouani à Anjouan et de 2000 à 2012 à la station de Moroni à Ngazidja.

Il reste d’identifier les caractéristiques d’emplacement de pluviomètres dans chaque localité et si nécessaire à les compléter par des pluviomètres d’enregistrement automatique.

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Source: Direction nationale de la météorologie

Figure 2: carte de plantation des pluviomètres sur chacune des îles Comores 2.1.1. La couverture végétale et la capacité d’absorption du sol La couverture végétale des bassins versants joue un rôle primordial dans le déroulement du cycle de l'eau, souvent complexe et contradictoire. En effet, la régression de la couverture végétale au profit de la culture des bananiers et cocotiers avait touché une grande partie de ces bassins versants dans toutes les localités touchées par les inondations aux Comores car ces régions représentent 80% des zones agricole du pays. En plus un nouveau système de production des huiles d’ylang ylang utilise plus de bois pour le chauffage en détruisant considérablement la végétation dans les forêts de ces localités. Cette transformation du sol rend les versants de bassins très vulnérables à l´action érosive du ruissellement, entraînant des ravinements très fréquents. L´érosion des sols dans les bassins versants impose des coûts importants à l´économie comorienne en termes de réduction des conséquences à l´aval qui se manifestent par des inondations parfois catastrophiques.

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La couverture végétale sur le cycle de l’eau dans les zones à risque La couverture végétale sur le cycle de l’eau peut agir  sa biomasse aérienne qui: - retient plus ou moins une partie des précipitations; - capte plus ou moins la rosée; - protège le sol contre l'évapotranspiration et contre l'érosion hydrique et éolienne;  sa biomasse souterraine qui: - sa vie propre qui commande sa transpiration, proportionnelle à la biomasse totale; - ses propres déchets, par la litière produite forment l’humus et la matière organique qui ameublirent les sols lourds et donnent du corps aux sols trop légers. Cette fonction se différencie selon les formations et les associations végétales et selon l'intervention des agriculteurs dans chaque ile. Ce dernier est plus alarmant à Anjouan ou elle se développe d’une manière très rapide.

Les Comores présentent des forets très riches en faune et en flore marquées par une diversité végétale liée à la qualité du sol dans chaque île. Cette diversité floristique explique l’extension de la couverture végétale de chaque bassin versant et dans chaque localité. Les couvertures végétales se réduisent et se dégradent par l’intensification de la déforestation (la déforestation de 500 ha/an) et la sous évaluations des ressources naturelles et environnementales dans le territoire national.

La couverture végétale dans tous les bassins versants se dégrade très considérablement de l’aval vers l’amont toutefois elle est très intensifié en aval ou se situent la plupart des localités sinistrées, les activités de production et d’exploitation agricoles. Ces zones enregistrent également une forte diminution de leur empreinte écologique. 2.1.1.1. Capacité d’absorption de sols La nature du sol comorien varie selon le contexte géologique et pédologique des chacune des îles. A la Grande- Comore, les régions à haut risque d’inondation sont dominées par des formations basaltiques très poreuses et perméables alors qu’à Mohéli et à Anjouan, les formations pédologiques sont de nature argileuse avec un taux d’absorption très faible. Les îles Comores présentent une structure et une dynamique pédologique qui évoluent dans le temps et dans l’espace au cours de temps géologiques malgré ses récentes formations. Les caractères pétrographiques et pédologiques varient selon l’évolution des formations géologiques, avec la pluviométrie et le degré d’altération des roches de chaque ile.

A Mohéli et à Anjouan, les bassins versants sont dominées par des formations argileuses, argileux- sableuses, graveleuses ou à sable-argileux, des limons surmontées de galets. Ce contexte pétrographique et pédologique ainsi que la lithologie des sols, expliquent la faible porosité due à l’abondance de formations argileuses et par conséquent la faible perméabilité de ces sols à absorber le

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maximum d’eau pendant les fortes précipitations alors que le sol et le manteau jouent peu de rôle sur le stockage (la porosité) et le transfert (perméabilité) dans ces deux îles pendant ces événements.

Source: Site CATNAT.net, mardi 24 avril 2012.

Figure 3: Carte d'une partie du bassin versant de Hoani à Mohéli A la Grand-comore, le relief est monotone, dominé par le volcan Karthala culminant à 2361 m, le volcanisme est toujours actif avec une probabilité d’occurrence de 11 ans en moyenne. Le réseau hydrographique permanent dans l’île est très faible à cause d’une perméabilité élevée de son sol volcanique dominé par les basaltes (roche volcanique très poreux), et une fissuration importante de la roche mère. Ces réseaux hydrographiques qui se trouvent dans la région de Bambao, Hambou à l’ouest et de Dimani à l'est en passant par Bandamadji au sud-est de l’île, sont considérablement perturbés par les retombées de centres de l’éruption de 2005 et 2007. La porosité et perméabilité de son sol sont considérablement réduites. De ce fait la capacité d’absorption dans ces régions est très réduite. L’une des causes indirectes des inondations dans les zones Bambao/Hambou.

2.1.1.2. La surface et la pente de bassin versant La surface et la pente de chaque bassin versant présentent de particularités liées à la pente orographique, à la pente topographique, à la pente hydrographique et à la pente stratigraphique d’une île à l’autre en général et en particulier d’un bassin versant à un autre dans la même île. Les surfaces et les pentes de bassin versant de la Grande- Comore se diffèrent à celles d’Anjouan et de Mohéli.

2.1.1.3. La surface La situation de la région de Hambou et Bambao peut s’expliquer par la présence d’un nombre important de torrents très significatifs (le torrent de l’hôpital en haut de Pessini, l’un des affluent de la rivière se trouvant au collège de la ville de Nioumadzaha et le torrent de Bandani juste après Mitsoudjé) et le nombre important des escarpements. Ces deux régions semblent être caractérisées par un grand bassin versant et de sous bassins qui s’étendent en traversant plusieurs villages. Certains de ses affluant sont ouverts alors que d’autres restent fermés. Les deux principales rivières de deux régions

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sont caractérisées par de lits majeurs très élargis sur lesquelles se trouvent des habitations, des zones agricoles très exploitables et productives aussi bien en aval qu’en amont alors que les lits mineurs sont très restreints. Les rivières de ces bassins ne parviennent plus à contenir la quantité d’eau de pluie tombée depuis l'année 2006 et plus grave pour le mois de mai 2012. Ce phénomène s’est accentué par les dépôts de cendre de deux éruptions de 2005 en diminuant la vitesse d’échange entre les rivières et les nappes dans ces environs. Les bassins versants de la grande île sont des réseaux hydrographiques échoués qui n’ont pas des lignes de crêtes développées comme celles de deux autres îles. Les rivières de la Grande- Comore ne réunissent pas les conditions d’un bassin évolué dans le temps et dans l’espace susceptible de pouvoir contenir de volumes très importants aboutissant à la mer.

Cette situation se différencie des bassins versants de Mohéli et d’Anjouan ou les versants présentent des systèmes hydrographiques très évolués avec des estuaires bien développés. Les rivières de Mohéli et d’Anjouan sont susceptibles de contenir autant des volumes d’eau en cas des fortes précipitations bien qu’elles débordent souvent.

Source: Site de catnet.net; le 12 juillet 2012 à 11 heures.

Figure 4: Embouchure de la rivière de Pessini à Ngazidja

2.1.1.4. Pente La morphologie de la région centrale de la Grande- Comore est particulière mais reste liée aux manifestations du volcan Karthala. Cette région se présente sous la forme d’un cône avec trois parties bien visible, une partie côtière plate jusqu’à 100 mètre d’altitude, une partie intermédiaire caractérisée par une pente très forte et englobant les zones agricoles et les forêts denses des régions de Bambao et Hambou à l’ouest. A 2.000 mètres d'altitude suit d’une faible pente qui se termine par le sommet culminant de l’archipel, le Karthala à 2361 m. Elle est aussi très raide dans certains endroits marqués. Cette dénivellation très forte est l’un des facteurs explicatif de la forte cinétique lors de ruissellements pendant ces inondations.

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Figure 5: Visualisation du débit dans deux rivières, Hoani Mohéli et Grand Comore Les obstacles aux circulations des eaux sont très constatés dans la plupart des localités comoriennes. Ce sont beaucoup plus les espaces de cultures et d’habitations qui font obstacle aux circulations des eaux dans ces localités en cas des pluies. Ils modifient totalement les systèmes de drainages initiaux provoquant ainsi de nouveaux systèmes qui font augmenter le risque d’inondation par la réduction de l’écoulement et de l’infiltration du sol ainsi que les surfaces de circulation. On note en plus un problème de cadastre qui n’est pas un phénomène nouveau aux Comores. Il est surtout accéléré ces dernières années par la démographie et la concentration des populations dans les bassins sédimentaire.

2.1.2. Cartographie des bassins versants de zones à haut risque d'inondation aux Comores Ces cartes des zones à risque d’inondation sont établies à partir d’une analyse de l’existant, des données pluviométriques recueillies auprès de services météorologiques, de l’historique de l’aléa dans les localités affectées, des cartes IGN datant de 1994, de la géomorphologie de terrain en traçant les réseaux hydrographiques de la localité concernée (la rivière principale et ses affluents), et les lignes de crête (les lignes de partage des eaux).

Cette cartographie a pour objectif général de servir à la gestion du risque inondation aux Comores.

Les objectifs spécifiques :

- servir de carte d’évaluation des zones inondées, - servir carte de constat détaillé des inondations. Compte tenu de l’évolution démographique, de phénomènes climatiques extrêmes, des activités agricoles et de la dégradation des bassins versants, il sera difficile d’avoir les bonnes précisions dans ces localités.

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Figure 6: Cartographie des zones à haut risque d’inondation à Mohéli

Deux grands bassins à fort risqué d’inondation limitée par la même ligne de crête : le bassin versant de Hoani et le bassin versant de Miringoni

Figure 7: la partie la plus exposée aux risques d’inondation sur l'île de Mohéli

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Figure 8: les rivières dans les zones à haut risque d’inondation sur l'île de la Grande- Comore.

Cette région ne présente pas des lignes de crête ce qui prouve une défaillance du système hydrographique dans la zone.

Figure 9: les régions les plus affectées par les inondations dans l’île, Bambao et Vouvouni

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Figure 10: les zones à haut risque d’inondation sur l'île d'Anjouan.

Les villages les plus exposés aux risques d’inondation à Anjouan sont Salamani, Saandani, Mraraharé, Assimpao, Vassy, Vouani, Pomoni, Moya et Ongoni.

Figure 11: la région à haut risque d'inondation de l'île 2.1.2.1. Les conséquences dommageables des inondations aux Comores L’évaluation préliminaire des risques d'inondation (EPRI) qui a pour objectif d'évaluer les impacts potentiels des inondations sur la santé humaine, l'environnement, l’agriculture et l'activité économique sur les trois iles, est un outil à développer dans le pays.

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L'EPRI constitue l’un des premiers états des lieux de l’exposition au risque inondation à réaliser sur l'ensemble des zones affectées par les inondations. Il s’agit avant tout de partager un diagnostic commun à l'ensemble du territoire, visant les conséquences potentielles de ce phénomène extrême qui devient de plus en plus fréquent.

2.1.2.2. Les dommages consécutifs liés aux inondations sont occasionnés par

- L’érosion du sol associée à des boues est provoquée par la vitesse du courant d’eau lors des précipitations ayant entrainé les matériaux ; - La submersion dépend de la hauteur d’eau atteinte pendant les inondations, cette eau a affecté très profondément les matériaux atteints ; - Les mises en pression ont provoqué les déformations des bâtiments et les infiltrations à l’intérieur des constructions Sur le terrain, on distingue les impacts directs avec plusieurs types de dommages et les impacts indirects:

2.1.2.3. Les impacts directs Les impacts directes sur les vies humaines sont de conséquences touchant les vies de l'homme. Les inondations peuvent avoir différents impacts aux populations sur la santé humaine. Les décès des personnes en représentent la forme la plus dramatique. Les noyades sont d’autant plus fréquentes que les hauteurs et les vitesses de submersion sont importantes et que les phénomènes se produisent rapidement dans un environnement où les personnes ne disposent pas d'espace refuge identifié et connu par la population. Un décès a été engendrés par des accidents liés à la situation de crise (chutes, électrocution, …etc.), l’exemple de Mitsoudjé. Les inondations ont entrainé des dysfonctionnements des services publics dans les zones affectées tel est la distribution d'eau potable dans tous villages approvisionnés par le réseau d’adduction de Vouvouni. Certains hôpitaux sont partiellement affectés. Ce phénomène avait potentiellement impacter la santé humaine dans les régions sinistrées.

Quelques exemples : o Mort par noyade, exemple la mort d’un enfant transporté par un cours d’eau cas de Fomboni à Mohéli en 2010 o Mort par électrocution cas de Mitsoudjé à Ngazidja en 2012 o Des personnes sont blessées, sans abris et d’autres ont été déplacées Enfin, en post-crise, à la suite d'un événement majeur, des épidémies peuvent se déclarer, notamment à cause de l'accumulation boues non traitées, la prolifération des phytoplanctons, de cadavres d'animaux qui n'auraient pu être traités à temps ou de problèmes d'assainissement.

Les dommages liés aux ouvrages

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o des ponts et des routes, des murs de soutènement, des citernes d’eau, des tuyaux d’adduction sont détruits totalement ou partiellement; des maisons complètement ou partiellement détruites.

Figure 12: destruction des infrastructures routières par les inondations en 2010 à Hoani et 2012 à Mitsoudjé 2.1.2.4. Les dommages à l’environnement Ce sont les conséquences sur les écosystèmes naturels pendant les catastrophes naturelles. o Dépôts de boues de toutes sortes, des déchets et des débris susceptibles de provoquer des maladies dans le futur en l’absence de désinfections ; o Un déséquilibre des écosystèmes par étouffement de la faune et de la flore du aux eaux chargées, c’est ce qui s’est produit à Vouvouni ;

Figure 13: Erosion et destruction des écosystèmes par les inondations en 2012 Les dommages des biens et services impactant les économies du pays o Les zones de culture sont détruites par les eaux de ruissellements ou torrentiels dont la hauteur et le débit de l’eau variaient dans chaque localité des îles, ou sont asphyxiées; o Paralysie de certains services publics tels que :

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. les hôpitaux (centre de santé de Mitsoudjé, service d’anesthésie d’El Maarouf, …etc.), . certaines écoles, . les transports routiers dans la région de Vouvouni à Kafoni et de Hambou à pessini, . la communication téléphonique pour certaines régions du pays était perturbée, o La perte d’exploitation des entreprises et des commerces tels que la station des hydrocarbures de Kafouni suite à l’endommagement par enfouissement des matériels et du bâtiment; o L’existence des risques d’érosion des sols suite à la formation des fentes de dessiccation des argiles et des limons déposés après les inondations; o La détérioration des murs de certaines maisons due à la durée d’immersion, la boue et surtout les eaux chargées lors des inondations à Vouvouni et Nioumadzaha surtout; Pertes de bétails directement ou indirectement au niveau national. Les effets indirects Ces effets peuvent porter atteint sur la santé de l'environnement dans les zones souvent affectées. o La pollution entrainée par les inondations après avoir mélangées les eaux usées provenant des égouts dans tous les villages sinistrés, les eaux chargées des sédiments et les hydrocarbures déversés (cas de Vouvouni) , d’autres produits chimiques plus dangereux non identifiés et par les ordures et les déchets ; o Des maladies telles que la diarrhée, la typhoïde, le paludisme et la malnutrition peuvent se manifester dans les mois avenir si les populations ne sont ni vaccinées ni sensibilisées sur les conduites à tenir ; o Possible risque technologique suite aux destructions de stations de stockage de gaz liquéfiés ; o Le chômage partiel par la destruction de la station des hydrocarbures (cas de Vouvouni également).

Tableau 6: dommages et pertes causés par les inondations ces dix dernières années.

Année Pertes humaines et effets socio- Villes, villages et Ile économiques/environnementale région 2.400 personnes affectées Avril 2002 5 maisons entièrement détruites, 2 puits pollués et un pont Hoani, Mbatsé et

fracturé, Wallah

Tarissement de rivières vers l’aval des sédiments et perte de

couverture végétale Terres agricoles inondées à 80%, glissement de terrain, Mohéli Dépôt intense de boues dans les bassins côtiers. 125 familles affectées, 1 blessé grave Hoani, Miringoni, Avril 2009 27 maisons détruites Wallah I, Hamavouna,

Système d’adduction d’eau détruit dans 6 villages Fomboni et Mbatsé 4 écoles endommagées Tarissement des rivières et fort dépôt des boues dans les bassins côtiers

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17.592 affectées, 4 blessés, 180 déplacées, Hoani, Mbatsé, Mai 2012 39 maisons détruites, 1 école primaire détruite, Fomboni,

2 Km de route nationale détruit, adduction d’eau 6 village Hamavouna, Wallah I, Erosion, glissement de terrain, Miringoni Entrainement vers l’aval des sédiments sur les cours d’eau et perte de couverture végétale, dépôt des boues dans les bassins côtiers 1 mort, 43 familles affectées et 1 village entièrement évacué Avril 2009 77 maisons affectées, 3 ponts détruits, certaines routes coupées Nord et l Sud-ouest

22.859 affectées, 120 déplacées ; Sima (Sandani, Anjouan 20 maisons détruites et 2Km de route nationale totalement Assympao, Maraharé, Mai 2012 détruits ; Pomoni et Moya), Erosion, glissement de terrain, déstabilisation des sols, de la (Ongoni,) couverture végétale et des habitats ; Tarissement des rivières et dépôt des boues dans les bassins côtiers 2006 5 morts et deux personnes blessées ; Sud-est 10 maisons et un pont détruits. 59 familles affectées et 2 blessées graves,

50 maisons en tôle détruites, routes détruites ; Bambao, Dimani et Avril 2009 Grande Des citernes polluées et des latrines bouchées ; Domba (Pidjani) Comore Terres agricoles inondées à 80% de zones, effets nocifs sur la santé due aux boues déposées dans ces localités. 17.232 affectées, 3 décédées (2femmes et 1 enfant), 82personnes blessées, 1.318 déplacées, Bambao (Vouvounini,

Centre de santé totalement inondé à Mitsoudjé ; Boueni), Hambou Mai 2012 500 maisons détruites et 18 Km de route nationale détruite ; (Mitsoudjé, Salimani, Erosion et déstabilisation des sols, constitution des barrages Bangoi), et Domba

naturels, contaminations de sols dues aux vidanges des (Bandamadji)

hydrocarbures et au débordement des eaux usées et des produits chimiques ; Effets sur la vie des animaux et de végétaux et perte de la couverture végétale et de l’habitat, Fort tarissement des cours d’eau et fort entrainement des sédiments vers l’aval.

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III. Evaluation de la vulnérabilité des inondations aux Comores

Certaines précautions peuvent être prises en compte pour réduire les conséquences dommageables sur les vies humaines et les biens socio-économiques ainsi que la gêne liés aux inondations dans les zones affectées aux Comores. Encore faut-il connaître précisément les situations locales de l’aléa inondation et les points plus sensibles des enjeux. C’est le rôle de l’évaluation de vulnérabilité que propose cette étude, une démarche qui peut répondre aux préoccupations des populations dans les zones sinistrés mais aussi être le point de départ d’un programme d’action aux inondations ou encore servir de document de référence pour des travaux avenir.

Certains enjeux ou activités non délocalisables sont situés en zone inondable mais ne subissent pas l’inondation de la même façon: selon leur conception, leurs matériaux, leurs équipements, certains seront plus touchés que d’autres. 3.1. Les facteurs de vulnérabilité La pauvreté affecte fortement les îles Comores, elle est caractérisée par un faible taux de scolarité et des infrastructures peu développées, une économie peu diversifiée et reposant essentiellement sur le secteur primaire, dont les principales productions sont de rentes, de subsistances et de pêche. Les facteurs d´instabilité sociale et politique, constatés sur plusieurs années ont relativement affecté le pays.

Les Comores en matière de santé, subit encore les conséquences de la destruction d’une grande partie du nombre limité d’infrastructures, lors des aléas naturels et anthropiques. Ainsi, l´accès aux services de santé de qualité est limitée par l´insuffisance d’équipements et un manque de ressources humaines tant au plan qualitatif que quantitatif. 3.2.1. L´eau L’eau est un facteur déterminant dans l´évaluation de la qualité des prestations de services de santé. Elle est pratiquement hors de portée pour la grande majorité de la population comorienne surtout à Mohéli et à Anjouan. Avec un système d’assainissement défaillant, lors de fortes précipitations, l’approvisionnement en eau cause un sérieux problème. Les installations sanitaires ne sont pas connectées à des réseaux d´égouts ou à des fosses septiques adéquates.

3.2.2. Education Dans l'enseignement primaire, il convient de souligner que des progrès importants ont été réalisés, notamment en termes de taux de couverture scolaire, qui a augmenté la capacité d’accueil ces dernières années et le taux d’alphabétisation des jeunes filles.

La vulnérabilité comorienne aux inondations, est favorisée par les quatre facteurs suivants : les facteurs physiques ou structurels, le facteur social, le facteur économique et le facteur environnemental, détaillé dans le tableau ci-dessous.

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Tableau 7: Types de vulnérabilités aux Comores.

Type de vulnérabilité Facteurs de vulnérabilité - Relief, contexte géologique et les réseaux hydrographiques, Physique ou structurel - Norme de construction et site de construction, matériaux de construction, - Démographie dans la zone et la densité, Sociale - La méconnaissance sur l’aléa inondation et la faible sensibilisation, - Infrastructures sanitaires faiblement opérationnelles - Agriculture (rente, vivrière et maraichère) exposée aux aléas Economique - Infrastructures (routières, eau et assainissement, communication, … etc.) exposés aux aléas - Gestion des ressources environnementales (eau, biodiversité, Environnementale déforestation, extraction de sables et graviers, destruction de récifs, … etc.)

L'étude de vulnérabilité analyse les facteurs de vulnérabilité suivant les secteurs définis dans le tableau en dessous dans chaque île selon le degré d’exposition et le degré de menace de l’aléa inondation.

Tableau 8: Secteurs touchés par les inondations

Secteurs sociaux Les infrastructures Secteurs économiques Les effets globaux des dommages

Population touchée L’eau et l’assainissement L’agriculture Types de logements Les effets sur exposés l’environnement Les moyens de transport L’élevage Education Santé

L’aléa inondation est caractérisé de trois paramètres qui varient selon le type d’inondation d’une part et d’une île d’autre part. Les paramètres sont : 1- La hauteur de l’eau qui peut être évaluée de manière très fiable par rapport aux autres paramètres en cas de crue par débordement de plaine; 2- La durée d’immersion qui explique la dégradation de la ténacité de matériaux et des ouvrages; 3- Et la vitesse de courant de l’eau qui dépend fortement des spécificités locales. La force du courant induit la destruction des enjeux socio-économiques par l’action dynamique de l’écoulement et du choc avec les lourds objets entrainés par le courant. La hauteur et la vitesse de courant créeraient une vulnérabilité assez élevée chez les populations comoriennes dans les localités souvent affectées.

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La classification de la vulnérabilité sur les secteurs sociaux, économique, les infrastructures et les dommages sur l’environnement dans les trois îles varie en fonction de trois paramètres et de types d’inondations identifiés.

Tableau 9: Scenario probable des inondations

Scenario plus probable 1 Scénario plus probable 2 dans les trois îles dans les trois îles Ordre de vulnérabilité en Type d’inondation fonction de trois paramètres avec le type d’inondation Torrent Ruissellement Plaine

Vitesse Vitesse Hauteur 1

Hauteur Hauteur Durée 2

Durée Durée Vitesse 3

Ce tableau résume les scenari plus probables dans les zones à haut risque d’inondation aux Comores.

3.3. A Mohéli Mohéli est la plus petite des îles Comores par sa superficie et sa population. Son relief très accidenté comme l’île d’Anjouan oriente les populations à s’installer dans les bassins sédimentaires côtiers à forte concentration de réseau hydrographique (les bassins versants). La pluviométrie est très élevée dans l’île surtout dans la région de Moimbao ou se concentre la forêt dense.

Les caractères pédologiques (sol de nature argileuse) et hydrographiques (fort réseau hydrographique), surtout géomorphologique, et la forte lacune en maîtrise d’outils de gestion de l’environnement et du développement sont les facteurs pris en compte dans cette évaluation.

3.3.1. Les secteurs sociaux Les localités les plus touchés par ces épisodes des inondations dans l'île de Mohéli sont :

- Fomboni, la capitale de l’île ; - Hoani et Mbatsé dans la région de Moimbassa ; - Miringoni et Wallah I dans la région de Moimbao ; - Et Hamavouna dans la région de Djando.

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La population touchée dans ces localités est de 25.250 habitants représentant 47% de la population de l’île y compris les enfants de moins de 10 ans et les vieux de plus de 70 ans.

Les types de logements exposés Dans l’île, les logements construits sont quatre types (en dure, en terre battue, en paille et en tôle) mais ne subissent pas la même sensibilité aux inondations. Les plus affectées sont celles en paille suivi de terre battue puis en tôle. Toutefois, on remarque une forte concentration des habitations près de rivières et surtout tout autour du lit majeur sans aucune directive qui les empêche.

Source: Site CATNAT, avril 2012

Figure 14: les estuaires de Miringoni et de Hoani à Mohéli L’éducation Les écoles de toutes les localités affectées par ces inondations sont construites à 90% dans le lit majeur de rivières (Hoani, Mbatsé, Wallah I, Hamavouna, Fomboni et Miringoni). Ce sont surtout des écoles primaires (pour les enfants de 6 à 14 ans). En cas des inondations de pleine ces écoles sont fortement affectées (à Hoani et Mbatsé en 2002, Wallah I et Hamavouna en 2009) et les enseignements sont abandonnés puis repris après le retrait des eaux.

Une seule école a été partiellement détruite à Hamavouna dans toute l’île pendant les inondations d’avril 2012. A Fomboni ou une école est construite à moins d’un mètre de la rivière sans aucune mesure de protection, la plupart des écoles sont localisées dans des zones d'extrême vulnérabilité. La santé Les localités affectées dans l’île ne disposent pas des hôpitaux fonctionnels à part Fomboni (Centre Hospitalier Régionale), Miringoni (poste médical) et Hoani (poste médical).

La situation sanitaire de Wallah I semble être précaire en cas des inondations car la localité serait isolée par deux rivières et le Centre de santé le plus proche se trouve à (10Km). La

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situation est similaire pour Hamavouna ou les crues isolent les deux quartiers du village et Centre de santé plus proche est à 10 Km dans la localité ().

A Miringoni, le poste de santé est soumis à la fois aux inondations de pleines et des submersions marine malgré la courte digue construite.

Mbasté se trouve entouré du poste de santé de Hoani à 4Km et du Centre Hospitalier régional de Fomboni (6Km) sans aucun risque d’isolement du village.

3.3.2. Les infrastructures L’eau et assainissement Le secteur de l’eau et de l’assainissement est fortement touché durant une à deux semaines ou un mois (de fois) en cas de fortes pluies en générale et en cas des inondations en particulier dans toutes les localités de Mohéli (à part le plateau de Djando approvisionné par des eaux souterraines à partir des puits). Ceci est dû au fait que les localités sont approvisionnées directement depuis les rivières sans aucun traitement préalable. Cette situation fait l’objet d’une attention particulière ayant permis la remise en état partielle ou totale de certaines infrastructures hydrauliques et sanitaires car les tuyaux sont emportés et détruits. Toutefois, beaucoup reste à faire, car plusieurs infrastructures sont encore hors d’usage et celles qui fonctionnent restes plus vulnérables aux inondations et fortes précipitations.

Figure 15: tuyau souvent emporté en cas de crues, cas de Hoani à Mohéli.

3.3.3. Les moyens de transport Les routes sont dans un état très précaire dans la région de Mlédjelé (la route de Wanani à Nioumachoua), la route de Moimbao (soumise à des glissements de terrain qui isole de fois Miringoni et le tronçon de 10 Km non goudronné entre Wallah I et Miringoni). Cette situation n’est générée par les inondations mais plutôt par les fortes précipitations dans les régions. Ces dernières provoquent des érosions et glissements de terrain répétitifs sur les routes qui facilitent la dégradation des infrastructures routiers.

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3.3.4. Secteurs économiques L’économie des localités de l’île de Mohéli, soumise aux inondations est basée sur l’agriculture, la pêche et le petit commerce.

3.3.4.1. L’agriculture L’agriculture par sa diversification interne représente la grande source de revenus marquée par la rente.

Elle est composée de trois types :

- La rente (vanille, girofle, ylang-ylang) moins soumise aux inondations ; - Les vivrières (bananes, maniocs, patates, …etc.) trop affectées par les inondations - Les maraichères sont plus affectées soit directement ou indirectement par étouffement car pratiqués soit dans les lits majeurs de rivières soit dans les zones à forte ruissellement.

3.3.4.2. L’élevage L’élevage constitue la deuxième activité économique dans l’île après l’agriculture. Toutefois ce secteur subit des fortes conséquences dans la mesure où les vaches, les cabris et les volailles ne sont pas protégés contre les froids pendant les fortes précipitations et en cas des inondations sont souvent emportés car ils sont pratiqués dans les zones bien drainées par des réseaux hydrographiques.

3.3.5. Les effets globaux des dommages

3.3.5.1. Les effets sur l’environnement Malgré les efforts consentis par le gouvernement central et local, le cadre juridique et institutionnel de la gestion et la protection de l’environnement est encore assez fragile dans l’île. L’Etat reste global dans les phases de négociation des Accords Multilatéraux Environnementaux (AME) et dans la mise en œuvre de ces accords.

Les Organisations Intergouvernementales (OIG) assistent les Etats dans cette mise en œuvre par une aide technique, financière ou juridique.

Les acteurs publics de la gestion et de la protection de l’environnement sont moins ressentis au niveau local par rapport aux acteurs privés marqué par leur rôle opérationnel sur le terrain.

Une forte méconnaissance des outils (la statistique environnementale et la géomatique pour les ressources environnementale et la gestion de catastrophes telles que les inondations) de gestion et de protection de l’environnement dans les localités de l’île constitue également une vulnérabilité pour la bonne gestion environnementale.

Cette situation fragilise les efforts fournis par les localités en matière de gestion et de protection de l’environnement et génère une détérioration de l’environnement (déboisement des bassins versant,

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déforestation, extraction de sables et graviers, braconnage des espèces animales telles sont les tortues marines vertes, …etc.).

C’est d’une part la décentralisation des services (appelée aussi décentralisation fonctionnelle) qui permet soit à l’Etat soit aux autorités territoriales de créer des établissements publics. La forme nouvelle constatée dans les îles est assez propre à l’environnement : c’est la gestion de l’environnement par des communautés dites locales ou autochtones, exemple les aires protégées.

Tableau 10: Résumé de vulnérabilité aux inondations dans l’île de Mohéli

très fort fort moyen faible très faible Degré de vulnérabilité aux inondations Localités

Wallah I

Hamavouna Hoani

Miringoni Fomboni Mbasté

3.4. A Anjouan L’île d’Anjouan est la plus densément peuplée des îles Comores. La répartition spatiale de la population est déséquilibrée par les situations géographiques très accidentée.

Son relief très marqué par des fortes montagnes aux flancs très pointus et aux falaises très escarpées, l’île d’Anjouan est drainée par des grands bassins hydrographiques qui marquent sa potentialité en eau. Sa structure pédologique est caractérisée par un sol à dominance argileuses, argiles-sableuses, sables, sables argileux et des limons.

Les localités soumises aux épisodes des inondations sont en grande majorité côtière et souvent situées près des estuaires. Ces inondations provoquées par des pluies diluviennes entre le mois de janvier et d’avril, se manifestent par de débordement de pleines, torrentiels, des ruissellements ou une remontée de la nappe phréatique comme celle de Vouani. Cette dernière présente la plus forte pluviométrie de l’île ce qui justifie la forte humidité du sol dans la région.

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Les caractères pédologiques (sol de nature argileuse à forte humidité) et hydrographiques (fort réseau hydrographique dans la région), géomorphologique et la forte lacune en maîtrise d’outils de gestion de l’environnement et du développement sont les facteurs pris en compte dans cette évaluation.

3.4.1. Les secteurs sociaux Les localités les plus touchés par ces épisodes des inondations sont : Saandani, Maraharé, Assimpao, Salamani, Vassy, Vouani, Pomoni, Moya et Ongoni. La population exposée aux désastres est estimée à 27.122 habitans y compris les enfants de moins de 10 ans.

Les types de logements exposés Les habitations construites dans ces localités sont assez vulnérables du fait de types de matériaux. Celles construites en paille et en terre battue sont les plus exposé aux inondations car elles se trouvent tout prêt de lits majeurs des rivières pas loin de lits moyens. Celles construites en dure sont plutôt à un niveau moins élevé (moins de 0.50m). C’est pourquoi les inondations qui atteignent une faible hauteur affectent significativement les habitations dans ces localités. Comme à Mohéli, aucune directive n’est appliquée pour empêcher les installations au tour des zones inondables.

L’éducation Les écoles les plus exposés aux épisodes des inondations sont surtout les écoles primaires. Elles accueillent des enfants de moins de 14 ans qui n’ont bénéficiés aucune information sur l’aléa inondation. Pendant la période des inondations de pleine, torrentielles ou de ruissellement, ces écoles sont fortement affectées (Vassy et Vouani en 2009) et les enseignements sont aussi abandonnés pour une nouvelle reprise comme à Mohéli. Le village de Saandani serait le plus touché car il ne dispose pas une école primaire.

La santé Les localités les plus affectées dans l’île ne disposent pas des infrastructures hospitalières en bon état fonctionnel à part les postes médicaux de Vassy, Pomoni et Moya pour les consultations, les soins et les achats des médicaments.

La situation sanitaire des autres localités sans infrastructures hospitalières présente une forte vulnérabilité dans ce domaine, tel est cas à Saandani ou le centre de santé plus proche se trouve à (à trois Km) et Ongoni ou le centre de santé plus proche se trouve à Domoni.

3.4.2. Les infrastructures L’eau et assainissement Le secteur de l’eau et de l’assainissement est fortement touché en cas des inondations dans toutes les localités soumises aux inondations dans l’île. Dans ces localités, le système d’approvisionnement en eau est directement pris aux surfaces des rivières sans aucun traitement préalable comme à Mohéli.

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Toutefois à Saandani la situation reste toujours très critique dans la mesure où les tuyaux approvisionnant de deux citernes publiques sont souvent emportés. A Pomoni, la situation fait l’objet d’une forte attention car depuis le cholera de 2002 affectant la source de , plus 25% de la population ne boit plus cette eau. Le traitement n’est encore entrepris dans toutes ces localités. C’est ainsi que beaucoup reste à faire, car plusieurs infrastructures sont toujours soumises aux inondations et fortes précipitations et en font de ces localités très vulnérables.

3.4.3. Les moyens de transport Dans l’île d’Anjouan, l’état de routes de localités affectées est assez dégradé par les inondations et les fortes précipitations annuelles. Ces routes sont de fois barées par des glissements de terrain par éboulements (exemple de Vassy). Le tronçon de Moya reste la plus détruite, environ 500m emporté par les inondations d’avril 2012. C’est la rivière de l’entrée de Moya qui a fait plus de dégâts sur la route nationale en provenance de Pomoni. Les effets sont similaires à ceux de Kafoune à la Grande-Comore.

La reconstruction de cette route exige une évaluation environnementale stratégique pour éviter de telles conséquences à ces infrastructures très couteuses pour l’état comorien.

3.4.4. Secteurs économiques Dans l’île, l’économie des localités subissant les inondations, est surtout basée sur l’agriculture avec des produits de rente (girofles, l’ylang-ylang et la vanille), des produits vivriers et les produits maraichères, et de l’élevage avec les vaches laitiers.

3.4.4.1. L’agriculture L’agriculture de rente constitue la première source de revu dans la région de Sima ou se situe la plupart des villages inondables. Après les rentes, on trouve les produits vivriers qui sont arrachés et emportés pendant les inondations dans les champs.

Toutefois la situation ne reste pas la même dans tous les villages, à Ongoni l’’agriculture maraichère constituant la première source de revenu est fortement affectée directement ou indirectement pendant les inondations.

3.4.4.2. L’élevage L’élevage est une des activités économique pour les citoyens dans l’île après l’agriculture. Ce secteur semble bien organiser par rapport aux autres îles et subis moins de conséquences du fait que certains animaux sont domestiques. C’est donc une pratique qui permet d’éviter les plus de dégâts par rapports aux autres îles.

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3.4.5. Les effets globaux des dommages

3.4.5.1. Les effets sur l’environnement Auparavant, la disparition naturelle des espèces avait un rythme lent, aujourd’hui le rythme est accéléré, première extinction d’origine humaine.

La Biodiversité est trop affectée dans l’île avec ces trois sous-ensembles:

- diversité génétique (entre individus au sein d’une même espèce), - diversité spécifique (c’est-à-dire entre espèces), - diversité éco-systémique. Ex: la forêt, a perdu environ 50% des espèces animales et végétales. Une érosion difficile à mesurer.

Le rôle des hommes est déterminant bien que l’incertitude scientifique sur les causes précises est encore claire.

Malgré les efforts du gouvernement central, insulaire et local, le cadre juridique et institutionnel de la gestion et la protection de l’environnement dans l’île est encore assez fragile.

Les acteurs publics de la gestion et de la protection de l’environnement sont moins ressentis au niveau local aux acteurs privés marqué par leur rôle opérationnel sur le terrain.

Source : Google, juillet, 2012

Figure 16: vue de l'état de dégradation à l'aval de la rivière d’Ongoni à Anjouan

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Tableau 11: Résumé de vulnérabilité aux inondations dans l’île d’Anjouan

très fort fort moyen faible très faible

Degré de vulnérabilité aux inondations Localité affectée Salamani Vassy

Moya

Saandani

Assimpao

Maraharé

Vouani

Pomoni

Ongoni

3.5. A la Grande-Comore La Grande-Comore est la plus grande île des îles Comores par sa superficie. Son relief très jeune par rapport aux autres îles marqué par son volcanisme encore actif. Ce phénomène affecte toute la partie centrale et le Sud de l’île en cas d’éruption. Sa partie Nord semble être la plus stable de l’île.

La géologie de l’île est dominée par des roches basaltiques très poreuses et perméables. Son réseau hydrographique est fermé par ses rivières non permanentes qui n’aboutissent toutes à la mer.

Les inondations sont donc relativement fréquentes sur l’île ces dix dernières années par sa pluviométrie très abondante et les cendres volcaniques de dernières éruptions de 2005 ayant directement diminués la perméabilité de son sol à infiltrer les eaux de surface. Pendant la saison pluvieuse les ruissellements se dirigent vers la mer, en empruntant par endroit des torrents et des escarpements dans la région de Vouvouni et de Hambou, formant des cours d’eau qui débordent de lits moyens et inondent les villages les plus proches de ces rivières.

3.5.1. Secteurs sociaux Les localités les plus touchés par les inondations dans l’île de la Grande- Comore sont répartie en quatre régions :

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- Bambao (vouvouni, Boueni et Nioumadzaha) - Hambou (Salimani, Mitsoudjé, Bangoua, Mdjoièzi, Chouani et Djomoichongo) - Domba (Bandamadji et Pidjani) - Dimani (Fouboudzivouni et Idjinkoundzi). La population totale affectée directement par les épisodes des inondations est estimée de 103.799 habitants dans toutes les localités de la Grande- Comore. Toutefois les effets des inondations peuvent indirectement touchées d’autres localités y compris la capitale de l’île, Moroni ce qui peut augmenter ce nombre.

Les effets sont semblables dans les deux premières régions. D’autres localités sont parfois touchées mais les inondations remontent des années 1990, tel est le cas pour Rehemani, Maoueni et Malé. La population touchée dans ces localités est de 25.250 habitants représentant de la population de l’île y compris les enfants de moins de 10 ans et les vieux de plus de 70 ans. Les types de logements exposés aux inondations à la Grande Comore sont de trois types. Trois types des habitations sont construits dans l’île de la Grande- comore (en dure, en tôle et en paille) mais ne subissent pas la même sensibilité aux inondations selon les emplacements et les régions. Les plus affectées sont celles en tôle souvent détruites par les matériaux mobilisés par les eaux de ruissellement en fonction de la vitesse et de la hauteur d’immersion. En plus de deux facteurs, il convient à dire que la majorité des habitations sont dans les zones empruntées par les eaux en cas de crue ou de ruissellements et ont des soubassements inférieur d’un mètre alors que les inondations atteignent de fois plus de 1m 50 de hauteur en moyenne. Dans certaines localités des maisons se trouvent sur le lit majeur qui était autre fois un lit moyen soit par méconnaissance soit par une manque de prise en compte du risque dans la politique du développement. Ce phénomène se constate dans beaucoup de localités soumises à l’aléa inondation (exemple : Nioumadzaha, Kafoni, Salimani, Bangoua, Vouvouni et Mitsoudjé).

L’éducation Les écoles ne sont pas affectées de la même manière car dans certains villages les ruissellements ne traversent pas les habitations mais plutôt aux extrémités. Pour d’autres, les ruissellements traversent les établissements éducatifs et causent des dommages (exemple de Mitsoudjé, Bandamadji, Salimani, Vouvouni, … etc). Dans ces villages, ce sont surtout des écoles maternelles ou primaires qui sont directement affectées en cas des inondations.

Quarante-sept écoles sont partiellement détruites et six sont totalement détruites. De fois même, certaines sont évacuées ou déplacées pour les abriter dans des endroits plus ou moins sûr, exemple de Salimani ou les enseignements sont abandonnés temporairement avant la reprise.

La santé

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Les régions soumises aux inondations à la Grande-comore disposent des infrastructures sanitaires publiques ou privées dans une de ses localités. Ces infrastructures sont soient directement ou indirectement affectées par les inondations du fait qu’elles se trouvent tout prêt d’un réseau hydrographique à haut risque d’inondation comme à Mitsoudjé et Bandamadji.

Cinq infrastructures sanitaires ont été partiellement détruites dans l’île par les inondations d’avril 2012.

Ces infrastructures manquent souvent des équipements appropriés pouvant répondre aux besoins en cas de risques d’inondation. De plus certaines sont situées dans des localités pouvant être isolées en cas de fortes inondations comme celle de 2012, exemple l’hôpital de Mitsoudjé.

Dans d’autres localités en l’absence des infrastructures sanitaires publiques, la communauté se paye certains équipements comme des ambulances pouvant servir aux évacuations vers les hôpitaux les plus proche (exemple : à Nioumadzaha et Mjoièzi).

3.5.2. Les infrastructures L’eau et assainissement A la Grande-Comore, les populations sont approvisionnées par les eaux souterraines et les eaux des précipitations (soit par des citernes collectives ou individuelles). Le secteur de l’eau et de l’assainissement est fortement touché pendant les inondations d’avril 2012, dans le site de Vouvouni, l'eau est montée de 7 mètres en 24 heures. Durant 25 jours toute la population approvisionnée directement par la station était en stress hydrique. Ce phénomène est provoqué par des écoulements épidermiques ayant couvert les centres de pompage (quatre mètres de hauteur dans la station). Ceci est dû au fait que le site d’approvisionnement n’était jusque-là protégé contre les inondations directement. Cette situation fait l’objet d’une forte attention ayant permis la remise en état partielle au site de Vouvouni. De murs de protections sont entrepris par une société Turque et les travaux sont en cours.

Figure 17: état de pénurie d'eau pendant les inondations de 2012 à Moroni, la capitale nationale

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Toutefois, d’autres localités ont profitées de ces précipitations pour le stockage d’eau d’approvisionnement.

Beaucoup reste à faire dans la grande île car plusieurs infrastructures sont encore hors d’usage et celles qui fonctionnent restes plus vulnérables aux inondations et aux fortes précipitations.

3.5.3. Les moyens de transport En Grande- Comore, les routes sont dans un état très fragile dans la région de Bamabao, Hambou et Domba ou 18 Km sont directement détruites par les inondations d’avril 2012.

Dans certains endroits la route était enfouie par les matériaux sédimentaires mobilisés (les roches volcaniques de toute taille, les galets, les sables, les graviers, …etc.) lors de ruissellements, ce qui caractérise la forte vitesse des eaux pendant le désastre.

Malgré les efforts fournis par le gouvernement et les partenaires au développement, la situation reste inquiétante dans la mesure où les populations extraient du sable et du gravier. Ces activités réaffectent l’état de cette route déjà très vulnérable.

La réhabilitation ou la reconstruction de cette route exige une évaluation environnementale stratégique pour minimiser les futurs dommages dans ces travaux de grand investissement.

3.5.4. Secteurs économiques L’économie insulaire plus développée dans le secteur agricole est soumise aux inondations. Cette économie est basée sur l’agriculture, la pêche et le petit commerce local. Toutefois pour certaines localités soit l’agriculture (Vouvouni, Boueni, Djoumoichongo, Maoueni, Idjinkoundzi, …etc.) soit la pêche (Bangua, Bandamadji et Pidjani) constitue la première source de revenus.

3.5.4.1. L’agriculture La diversification locale de l’agriculture représente la grande source de revenus marquée par les produits vivriers. Le secteur de la rente est moins développé par rapport aux autres îles (seul secteur de la vanille est plus développé dans l’île).

Il est composé de trois types :

- La rente (vanille, ylang-ylang et moins de girofle dans l’île) moins soumise aux inondations ; - Les vivrières (bananes, maniocs, patates, …etc.) trop affectées par les inondations - Les maraichères sont plus affectées soit directement ou indirectement par étouffement car pratiqués soit dans les lits majeurs de rivières soit dans les zones à forte ruissellement. La localité de Malé est plutôt marquée par une insuffisance alimentaire.

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3.5.4.2. L’élevage L’élevage est l’un des secteurs économique de régions de Dimani, de Bambao, de Domba et Hambou. Ces régions sont les plus arrosées pendant les périodes pluvieuses dans la Grande île. Ce secteur de l’élevage subit des fortes conséquences dans la mesure où les vaches, les cabris et les volailles sont souvent dans les champs hors des villages. Pendant les fortes précipitations ou des inondations, les espèces élevées sont souvent emportées et tuées.

3.5.6. Les effets globaux des dommages

3.5.6.1. Les effets sur l’environnement La dimension culturelle (Nature / Société) n’est pas de véritable nature vierge dans les îles comores en général et en particulier en Grand- comore. L’environnement est un construit social, mais les interdépendances entre les échelles reste un problématique en cours de construction: écosystèmes emboîtés du local à l’écosphère. L’environnement est un univers très controversé marqué par :

- La fragilité croissante d’une société technicienne et la fragilité aux déchets ménagers: risques naturels plus risques d’origine anthropique ; - Un modèle de croissance depuis des années => un changement radical de mode de vie ; - Une mutation profonde à gérer au plan national et local: qui va en bénéficier, qui a à y perdre? Qui soulève des questions

- Peut-on traiter un problème isolément? - Le faire sans toucher à la structure de l’économie globale? - Comment articuler les échelles? Quel sort spécifique réservé pour l’île et le pays ?

Tableau 12: Résumé de vulnérabilité aux inondations dans l’île de la Grande-Comore

très fort fort moyen faible très faible

Degré de vulnérabilité aux inondations Localité affectée

Vouvouni

Boueni

Nioumadzaha

Salimani

Mitsoudjé

40

Bangua

Mdjoièzi

Chouani

Djoumoichongo

Bandamadji

Pidjani

Fouboudzivouni

idjinkoundzi

Rehemani

Maoueni

Malé

IV. Les mesures définis et justifiées pour réduire les effets des inondations et si possible la fréquence dans le contexte Comorien

La réduction de risques et catastrophes aux inondations se fait par deux types de mesures : les mesures d’anticipation et les mesures de protections.

Ces mesures s’inscrivent dans un contexte de politique transversal car la prévention des risques naturels est à la fois interdisciplinaire (regroupement de plusieurs intervenants ayant une formation, une compétence et une expérience spécifique qui travaillent ensemble à la compréhension globale, commune et unifié d’une personne en vue d’une intervention concertée à l’intérieur d’un partage complémentaire des taches) et muti-disciplinaires parce qu’elle regroupe différentes institutions dans lesquelles on trouve différentes professions.

Mesures de prévention  Sensibiliser les populations affectées par les inondations sur la nature des risques qu’elles peuvent encourir ainsi que la conduite à tenir;  Elaborer un plan d’urgence local pour protéger et secourir les populations, un plan qui doit être testé régulièrement;  Renforcer le système de prévision et de surveillance à la météo nationale en fournissant des outils et techniques pour la réaction aux prochaines épisodes de fortes pluies;  Renforcer en précisant les responsabilités et les missions des différentes autorités locales et des acteurs dans la gestion des risques d’inondation dans les communautés cibles.  Maîtriser de l’urbanisation autour des zones susceptibles d’être inondées;

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Mesures de protection  lutter contre les érosions, qui doit se faire à travers un programme d’aménagement des bassins versants dans les zones affectées et qui a pour objectif :  Maitriser le ruissellement de l’eau selon la topographie de creux et des crêtes dans les zones sensibles aux inondations ;  Limiter l’érosion par les actions d’une gestion durable des terres qui permettra une restauration des sols dégradés et lessivés;  Augmenter la production agricole dans la zone.  considérer les meilleures méthodes de drainages ruraux et urbains dans l’optique d’une réduction des impacts aux inondations;  Mettre en place des ouvrages transversaux qui permettront de dévier certain volume de l’eau dans les plus grandes rivières dans chaque ile pour :  diminuer les surfaces inondées,  réduire la fréquence de crue et la durée de pics de crues.  Mettre en place des équipements linéaires pour augmenter la capacité d’évacuation des eaux en cas des crues avec des travaux tels que :  Elargir le lit mineur des rivières par recalibrage dans les villages les plus vulnérables;  Approfondir le lit mineur des rivières dans les villages trop affectés, par dragage dans les trois iles;  Mettre en place des enrochements dans certaines rivières et routes potentiellement menaçantes.

Ces équipements permettront d’augmenter la hauteur des berges, d’influencer la vitesse d’écoulement, de réduire les surfaces inondables, d’augmenter la capacité maximale d’évacuation des eaux en cas de crues et de protéger les routes dans les zones les plus sensibles.

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CONCLUSION GENERALE

Les inondations touchent les trois îles comoriennes avec une fréquence d’occurrence annuelle et une probabilité d’occurrence forte. Elles peuvent survenir subitement sans aucune anticipation (prévision) préalable en causant de conséquences dommageables assez importantes sur les vies humaines, les enjeux sanitaires, l’eau et l’assainissement, l’agriculture et l’environnement. Ces inondations reviennent tous les dix ans en moyenne.

Les dernières inondations d’avril 2012 témoignent la forte vulnérabilité qui expose les populations et les enjeux socio-économiques du pays.

L’ étude de vulnérabilité aux inondations a permis d’identifier les causes de risques majeurs dans le pays, les zones à risque potentiel et de cartographier ces zones d’une part et d’autre part de définir des actions prioritaires à mener pour réduire la gravité et mieux répondre au relèvement et à la reconstruction en cas d’occurrence. De plus elle fait ressortir que la Grand- Comore présente une forte vulnérabilité du fait de son réseau hydrographique échoué et de la réduction des échanges entre les ruissellements de surface et les nappes.

Outre cela, cette étude servira d’un outil d’aide à la décision qui permettra d’éviter non seulement les graves effets sur les vies humaines, les infrastructures (routières, sanitaires, éducatifs, …etc.), sur la production agricole, sur l’environnement mais aussi de prévoir et de minimiser les risques liés aux inondations. Ainsi l’atteinte de ces objectifs passe par un certain nombre de recommandations :

 La promotion d’une approche associant les communautés, les scientifiques, les secteurs spécialisés de l’état, pourrait renforcer le système de gestion du risque inondation.  Une gestion de risques naturels qui intègre aussi l’aménagement du territoire appuyé par une directive en s’appliquant à chaque périmètre défini.  De même une gestion concertée de risques partagés entre les citoyens d’une communauté pourrait diminuer les effets néfastes.  Un soutien aux communautés résidentes dans les zones à risque pour renforcer leur organisation et améliorer leur connaissance sur les risques qu’elles peuvent encourir et les conduites à tenir à fin de réduire le coût de dommage et raccourcir le temps de réponse.  Une gestion des risques par les institutions spécialisées de l’Etat plus déconcentrées pour une appropriation des collectivités ou des communautés.  Une étude de vulnérabilité plus fine qui nécessite un modèle numérique de terrain (MNT), une photogrammétrie aérienne et des images satellites des zones affectées pour mieux évaluer les dommages agricoles.  Une exploitation comparée des images aéroportées et spatiales pour la caractérisation d’un épisode d’inondation dans les trois îles.

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BIBLIOGRAPHIE

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Liste des figures

Figure 1: données mensuelles des précipitations aux Comores d'avant 2000 ...... 12 Figure 2: carte de plantation des pluviomètres sur chacune des îles Comores ...... 14 Figure 3: Carte d'une partie du bassin versant de Hoani à Mohéli ...... 16 Figure 4: Embouchure de la rivière de Pessini à Ngazidja ...... 17 Figure 5: Visualisation du débit dans deux rivières, Hoani Mohéli et Dzahadjou Grand Comore ...... 18 Figure 6: Cartographie des zones à haut risque d’inondation à Mohéli ...... 19 Figure 7: la partie la plus exposée aux risques d’inondation sur l'île de Mohéli...... 19 Figure 8: les rivières dans les zones à haut risque d’inondation sur l'île de la Grande- Comore...... 20 Figure 9: les régions les plus affectées par les inondations dans l’île, Bambao et Vouvouni ...... 20 Figure 10: les zones à haut risque d’inondation sur l'île d'Anjouan...... 21 Figure 11: la région à haut risque d'inondation de l'île ...... 21 Figure 12: destruction des infrastructures routières par les inondations en 2010 à Hoani et 2012 à Mitsoudjé ...... 23 Figure 13: Erosion et destruction des écosystèmes par les inondations en 2012 ...... 23 Figure 14: les estuaires de Miringoni et de Hoani à Mohéli ...... 29 Figure 15: tuyau souvent emporté en cas de crues, cas de Hoani à Mohéli...... 30 Figure 16: vue de l'état de dégradation à l'aval de la rivière d’Ongoni à Anjouan ...... 35 Figure 17: état de pénurie d'eau pendant les inondations de 2012 à Moroni, la capitale nationale...... 38

Liste des tableaux

Tableau 1: risques naturels aux Comores, 2000 à 2012 ...... 8 Tableau 2: Occurrence des inondations 200 à 2012 ...... 9 Tableau 3:fréquence des inondations 2000 à 2012 aux Comores ...... 9 Tableau 4:hiérarchisation des aléas avec la probabilité d’occurrence et l’étendu ...... 9 Tableau 5: zones à risque d’inondation ...... 10 Tableau 6: dommages et pertes causés par les inondations ces dix dernières années...... 24 Tableau 7: Types de vulnérabilités aux Comores...... 27 Tableau 8: Secteurs touchés par les inondations ...... 27 Tableau 9: Scenario probable des inondations ...... 28 Tableau 10: Résumé de vulnérabilité aux inondations dans l’île de Mohéli ...... 32 Tableau 11: Résumé de vulnérabilité aux inondations dans l’île d’Anjouan ...... 36 Tableau 12: Résumé de vulnérabilité aux inondations dans l’île de la Grande-Comore ...... 40

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