La Fonction Du « Grand Mariage » Dans La Politique Comorienne : Cas Des Maires-Notables Des Communes En Grande-Comore
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FACULTE DE DROIT, D’ECONOMIE, DE GESTION ET DE SOCIOLOGIE ------------------------- DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE ------------------------- MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’ETUDES APPROFONDIES D.E.A La fonction du « Grand mariage » dans la politique comorienne : cas des Maires-notables des communes en Grande-Comore . Présenté par : CHAKIRA Ibouroi Soilihi Le 15 Janvier 2014 Membres du jury : Présidente du jury : Professeur RAMANDIMBIARISON Noeline Juge : Docteur ETIENNE Stefano Raherimalala Sous la direction de : Pr RAMANDIMBIARISON Jean Claude Année universitaire : 2012 – 2013 La fonction du « Grand mariage » dans la politique comorienne : cas des Maires-notables des communes en Grande-Comore . REMERCIEMENTS Avant d’adresser mes vifs remerciements à tous ceux qui ont contribué à l’élaboration de ce travail de mémoire, je tiens à remercier DIEU tout puissant de m’avoir donné force et santé depuis le début de mes études jusqu’à maintenant. Je témoigne mes remerciements à : Monsieur ANDRIAMAMPANDRY Todisoa, Chef de Département Sociologie, qui n’a pas ménagé ses efforts et ses conseils pour la réussite de notre formation. Mes vifs remerciements vont à l’endroit : Des membres de Jury, qui ont eu l’obligeance de me consacrer une partie de leur temps, que je sais précieux, pour parcourir ce document et y apporter leurs avis. Des membres du corps enseignant et administratif de la filière Sociologie de la Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie (DEGS) de l’Université d’Antananarivo. Ils ont su partager généreusement leur savoir et leur compétence ci chère. Mes profondes gratitudes s’adressent à : Monsieur le Professeur RAMANDIMBIARISON Jean Claude , Directeur du présent mémoire, pour ses conseils précieux et ses orientations bénéfiques à sa réalisation. Enfin, j’exprime mes vives reconnaissances à : mes parents IBOUROI Soilihi et ZOULFATA Mohamed Youssouf, mes grandes sœurs et leurs époux ainsi que mes grands frères et leurs épouses, mon oncle ABDOULLATUF Boina Youssouf et sa femme, mes petits frères, plus particulièrement ANTHOUMANI Ibouroi Soilihi, pour leur soutien financier, matériel et moral sans faille. toutes celles et tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à la réussite de ce mémoire sur le plan matériel, financier et surtout moral. Je vous dis MERCI ! SOMMAIRE REMERCIEMENTS SOMMAIRE INTRODUCTION GENERALE Première partie : CADRE THEORIQUE, METHODOLOGIQUE ET GENERALITES SUR LA GRANDE-COMORE Chapitre I : Cadre théorique Chapitre II : Cadre méthodologique Chapitre III : Généralité sur la Grande-Comore Deuxième partie : PRESENTATION DES RESULTATS DE L’ENQUETE Chapitre IV : La représentation du Grand mariage pour le Grand-Comorien Chapitre V : La relation Grand mariage-politique Troisième partie : DISCUSSION, BILAN ET PERSPECTIVES Chapitre VI : La dichotomie culture-politique Chapitre VII : Bilan et perspectives CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE TABLE DES MATIERES LISTE DES TABLEAUX LISTE DES FIGURES LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS GLOSSAIRE ANNEXES RESUME INTRODUCTION GENERALE INTRODUCTION GENERALE I- GENERALITES : Composée en majorité de migrants venus d’Afrique de l’Est et d’Arabie, le peuple comorien a hérité et est caractérisé principalement des institutions est-africaines et arabo- musulmanes dès ses débuts. C’est ainsi que l’on retrouve entre autres institutions celle des classes d’âge, quoique différemment représentée et modérément modifiée. De cette culture plus ou moins commune des pays de la région découle une hiérarchisation de la société à partir de l’accomplissement ou non d’un certain nombre de rites traditionnels ou Anda na mila (coutume et tradition) dont le Grand mariage. Celui-ci reste la manifestation la plus connue sur tout un processus rituel et culturel qui va de la naissance à la mort. Le Grand mariage, opposé au petit mariage ou mariage simple, consiste à officialiser et rendre public le mariage au sein de la communauté à travers l’organisation de fêtes, de cérémonies et le partage de festins, d’argent, de danses etc. Il prend ainsi souvent l’appellation de Anda même pour l’initié ; or à proprement parler, il n’est qu’une étape parmi tant d’autres. L’origine de ce phénomène du Grand mariage Ndola nkuwu 1 se situe aux temps des premiers peuplements des Comores vers le début du premier millénaire ap. J.-C. d’après Iain Walker (2006). De ce fait, à partir de ce peuplement et de la classification par les âges de la société qui en a résulté, le Anda a puisé ses sources. Dans ce sens, l’individu est considéré « enfant du village » lorsqu’il n’a pas encore accompli cet acte et inversement une fois ce devoir social réalisé. Ainsi, le Grand mariage offre à celui qui l’a accompli le statut de doyen, ray-aman-dreny ou sage dans la société. Cela lui donne par conséquent des avantages aussi bien sociaux qu’économiques, mais surtout une forte influence et un grand pouvoir dans la sphère politique nationale, en général et au sein de la communauté villageoise, en particulier. Le Grand mariage ainsi défini, constitue un rite de passage nécessaire de la classe inférieure à la classe supérieure dans la hiérarchie communautaire aux Comores. Il devient donc une coutume importante dans l'archipel des Comores, et plus particulièrement dans l'île de la Grande-Comore où il dirige même l’action et le projet de toute une vie de l’individu. Durkheim (E.) (1894) considère qu’ « est fait social (ou institutions) toute manière de faire, fixée ou non, susceptible d'exercer sur l'individu une contrainte extérieure; ou bien encore, qui est générale dans l'étendue d'une société donnée tout en ayant une 1 Littéralement Grand mariage signifie : ndola (mariage), nkuwu (grand) 1 existence propre, indépendante de ses manifestations individuelles. Quand je m'acquitte de ma tâche de frère, d'époux ou de citoyen, quand j'exécute les engagements que j'ai contractés, je remplis des devoirs qui sont définis, en dehors de moi et de mes actes, dans le droit et dans les mœurs. Alors même qu’ils sont en accord avec mes sentiments propres et que j’en sens intérieurement la réalité, celle-ci ne cesse pas d’être objective, car ce n’est pas moi qui les ai faits, mais je les ai reçus par l’éducation. Voilà donc des manières d’agir, de penser et de sentir qui présentent cette remarquable propriété qu’elles existent en dehors des consciences individuelles ». Par ailleurs, il est à signaler que ce phénomène a toujours eu des impacts directs et/ou indirects sur tous les domaines de la société dont l’économique, le religieux et le politique, avec évidemment des avantages et des inconvénients. Raison pour laquelle il est utile de préciser que le Grand mariage constitue un phénomène social total dans la mesure où il influe plus ou moins sur l’ensemble des activités et entreprises du Comorien. Sur le plan politique, le fait de passer d’une classe inférieure à une autre supérieure n’est pas négligeable comme cela confère le droit de participation aux grandes décisions de la communauté. Au village où il a rempli cette exigence sociale et en dehors du fait qu’il est supposé être un modèle envers les jeunes, le notable doit jouir d’une double autorité : l’une envers la communauté villageoise et l’autre en représentant le village partout où besoin est. De cette double autorité nait une influence politique considérable, non seulement au niveau local mais aussi au-delà. Actuellement, le Grand mariage revêt une fonction essentielle dans la politique comorienne, notamment avec la récente politique de Décentralisation du pouvoir à travers l’instauration des Communes dans le pays. Aussi, faut-il noter que ce n’est qu’à partir des années 2000, suite aux menaces de séparatisme de la fin des années 1990, qu’une politique de Décentralisation du pouvoir en Commune a été sérieusement envisagée. Et si le notable disposait du double pouvoir communautaire précédemment évoqué, cette nouvelle ère semble lui octroyer de nouveaux et larges moyens « légaux » et « légitimes » d’exercer un pouvoir et ainsi d’influer sur la vie politique locale et nationale. D’où notre intérêt pour ce thème intitulé « La fonction du Grand mariage dans la politique comorienne : Cas des Maires-notables des communes en Grande-Comore ». En Grande-Comore ou Ngazidja le Grand mariage est un « phénomène culturel qui réglemente la société tout en instaurant une forte cohésion sociale entre les différents domaines qu’il concerne. Connu également sous l’appellation plus correcte de anda, « coutume », il rassemble les membres de la société dans un réseau durable d’obligations 2 mutuelles, établissant ainsi les conditions de sa propre survie » selon Iain Walker (2006). Vu sous cet angle et au niveau de cette île précisément, le Grand mariage peut être considéré comme une source de stratification : le système de classe d’âge départageant les Wanamdji (« enfants du village ») aux Wandru wadzima ou (« hommes complets »), veut que ces derniers soient les mieux placés dans la hiérarchie sociale, c'est-à-dire au- dessus des autres suite à l’accomplissement de ce mariage coutumier. Mais il crée en même temps une cohésion sociale et une psychothérapie collective (même éphémère) dans la mesure où pendant la durée des festivités les familles et les amis, proches ou lointains, ainsi que les villageois se partagent la joie de ce moment. En outre, comme on l’a montré plus haut, le Grand mariage revêt une fonction politique essentielle. Aux Comores, en général et en Grande-Comore, en particulier, il est un moyen d’acquérir un certain pouvoir en raison des réseaux et connexions sociales et politiques qu’il crée ainsi que des honneurs qu’il confère au notable. Aussi, il peut-il être un objet de régulation politique et étatique. En effet, une fois le pouvoir acquis, le chef peut essayer de manipuler l’opinion pour une raison ou une autre, équilibrer ou redorer son image en jouant sur la crédibilité et l’influence de la « notabilité ».