Année 2011 UULALANGNGAA °01 Janv-fév-mars- avril Les nouvelles de l’Environnement Prix : 300 FC Habari za Le journal de l’ONG ‘‘Ulanga-Ngazidja’’ Comores Editorial

Ulanga-Ngazidja : “Penser globalement et agir localement” Vingt bougies

e 7 mars dernier a mar- qué le vingtième anni- Lversaire de la naissance d’Ulanga-Ngazidja, loin du bruit de la sphère politico- médiatique. Et certains de se demandaient, à juste titre, du pourquoi d’une telle longétivité dans un espace où les structures ne font pas de vieux os. On peut simplement leur répondre qu’Ulanga-Ngazidja est tout d’abord le fruit d’une passion. Mais une passion fondée sur la raison. Ulanga est constitué d’un Le président d’Ulanga-gazidja, à II, le 8 avril 2011 lors d’une conférence-débat, sur la réseau de personnes ressour- Santé et l’Environnement ces qui ont décidé de mettre leur expertise et leur expé- rience au service du dévelop- DOSSIER pement durable. Ulanga-Ngazidja refuse de s’enfermer dans les schémas Les îles face au Changement Climatique tout faits et préfère suivre la dynamique des nouvelles P AGES 4,5,7,8 ET 9 technologies de l’information et de la communication pour faire passer ses idées, et cela Hommage au Professeur POIT DE VUE en suivant le mot d’ordre : Jean-oël LABAT “Penser globalement et Encore et toujours les déchets ménagers… Lire page 2 d’Agir localement”. en dernière page Au moment où de nouvelles autorités vont faire leur entrée, Ulanga-Ngazidja ne Ce numéro est publié grâce à la ménagera pas ses efforts pour que la dimension environne- Fondation Nature & Découvertes mentale soit partie intégrante de la politique qui y sera menée. Les îles de la lune y gagne- raient sur tous les plans. Comme dans toutes les petites îles, l’environnement consti- tue un levier qu’il convient Le directeur exécutif à la revue de la semaine d’actionner avec précaution, de la Télévision ationale au risque de dilapider le capi- tal que nous devons léguer Ulanga-gazidja remercie chaleureusement le Progeco qui a appuyé grâce à aux générations futures. la Commission de l’Océan Indien et au financement de l’Union Européenne Hachime Abdérémane la parution pendant deux ans du journal Habari za Ulanga

Directeur de la publication : Hachime Abdérémane . B.P 514 Moroni Comores Email : [email protected] Hommage Janvier-février-mars-avril 2011 Hommage au professeur Jean-Noël LABAT Par Abdou Ahmed* Avec Jean-oël Labat, nique » (2005-2006) ; et enfin, Jean-Noël Labat au Cndrs c’était une coopération dans le cadre du programme utile, un investissement « Biodiversité des îles de sur l’intelligence et l’a- l’Océan indien », financé par la Fondation pour la Recherche venir, une de ces coopé- sur la Biodiversité (FRB), il a rations qu’on aimerait en proposé le projet « Connaître avoir souvent, au Sud. pour conserver : le patrimoine ean-Noël LABAT nous a naturel caché des Comores » quitté le 9 janvier 2011, à (2008-2010). Jl’aube de ses 51 ans. La communauté scientifique Herbier national comorienne se fait un devoir de des Comores lui rendre hommage, de diffé- rentes manières. J’ai choisi, Nous lui devons l’Herbier pour ma part, de parler de lui la vice-présidence du Conseil études faites sur les Comores national, dont dispose mainte- dans « Habari za Ulanga » scientifique. En outre, il était dataient du 19e siècle. Jean- nant notre pays, hébergé par (Nouvelles de responsable de l’équipe de Noël a notablement contribué à l’Université des Comores l’Environnement) qui, en l’oc- botanique et des collections combler ce déficit, pour l’en- (UDC). À travers le program- currence, me semble être le botaniques, incluant l’Herbier semble des Comores. Il a, me « Sud Expert Plantes » et média le mieux indiqué. L’Ong National. Sa contribution à la notamment, été co-responsable les projets susmentionnés, tou- « Ulanga » milite pour la pré- conception et au développe- d’un projet multidisciplinaire jours conduits en collaboration servation de l’Environnement. ment des bases de données de intitulé « Interactions entre avec le CNDRS et l’UDC, Or, pour préserver il faut collections a été déterminante ; espèces à Mayotte, variations Jean-Noël a permis, non seule- connaître ; et pour connaître il en particulier la base de don- de la biodiversité et des valeurs ment une mise à niveau des faut commencer par récenser, nées SONNERAT qui rassem- patrimoniales perçues » (2000- connaissances sur le biodiversi- inventorier. ble les informations sur l’en- 2003) ; il a également co-initié té, mais aussi une formation semble des collections de et conduit le projet « Inventaire théorique et de terrain de nom- Savoir sans en avoir l’air l’Herbier National. Il était co- Faunistique des rivières des breux enseignants et étudiants porteur du projet « Barcode of Comores et Inventaire bota- comoriens. Présentement, des La contribution essentielle de Live », qui permettra l’identifi- étudiants comoriens qu’il avait Jean-Noël, est d’avoir permis la cation taxinomique des orga- pris sous son aile, continuent réalisation de l’inventaire de la nismes vivants, à partir de leur stage de Master au sein de biodiversité des Comores, suite séquences d’ADN, à l’instar son laboratoire. auquel la valeur patrimoniale des code-barres utilisés dans le Avec Jean-Noël Labat, c’était pourra être évaluée aux fins de commerce. une coopération utile, un inves- préservation. Qui était donc ce Jean-Noël était un ardent tissement sur l’intelligence et professeur parisien dont la défenseur du patrimoine natu- l’avenir, une de ces coopéra- disparition nous affecte tant et rel de notre planète et s’est tions qu’on aimerait en avoir pourquoi ? beaucoup investi pour que les Entrée de la salle Jean- souvent, au Sud. Jean-Noël était une de ces per- connaissances scientifiques oêl Labat *MH de Paris sonnes qui savent sans en avoir contribuent à améliorer les pro- l’air ; simple, ouvert, et surtout grammes de sauvegarde des Participants à l’inauguration de profondément humain. Il était espèces et des milieux. Il tra- la salle Jean oel Labat à l’Université des Comores de ces chercheurs engagés qui vaillait sur la flore tropicale, en s’impliquent totalement dans général, et plus particulière- les responsabilités qui sont les ment sur la flore de leurs. Militant syndical, memb- Madagascar, de la Nouvelle- re de plusieurs commissions de Calédonie et des Comores. spécialistes, du conseil scienti- Comme chacun sait, les fique de « Sud Expert Plantes » Comores souffraient d’un défi- et du Conseil national des uni- cit énorme de connaissances versités françaises, il était sur le biodiversité. Notre géant exemplaire et apprécié de tous. voisin, Madagascar, avait Au Muséum national concentré l’essentiel des d’Histoire naturelle où il était recherches sur la biodiversité professeur, Jean-Noël assurait dans la région. Les quelques 2 Développement communautaire Janvier-février-mars-avril 2011 Campagne de reboisement 2010/2011 Programme de micro financement du Fonds pour l’Environnement Mondial

e programme de l’Artisanat et de Mr Joseph micro financement Pihi, Représentant Résident du Fonds pour l’envi- Adjoint du PNUD. Cette cam- Lronnement Mondial pagne se fixe comme objectif (PMF/PNUD/FEM autrement de reboiser 200 000 plants dit SGP Comores en collabora- forestiers et fruitiers au niveau tion avec le projet Gestion national. Les différentes inter- Durable des sols et le projet de ventions de reboisement com- renforcement des organisations munautaires sont localisées communautaires de base ont dans les zones dégradées lancé la campagne de reboise- notamment les zones forestiè- ment communautaire res, les bassins versants, les 2010/2011, le dimanche 06 sources de rivières, les zones février 2011 à Tsinimoichongo érodées. Un comorien, Un années souligne Joseph Pihi . Il des responsables du PNUD sous le haut patronage de arbre : tel est l’objectif que a surtout lancé qu’il faut inver- Comores et ceux de la partie Monsieur Moussa Abderemane nous nous sommes fixés depuis ser les tendances actuelles qui nationale dans la préservation Ministère par intérim de la vice 2009 pour pallier à la perte de ne sont pas bonnes en agissant et à la conservation des eaux, présidence en charge de plus de 500 ha de forets détrui- concrètement et efficacement des sols, des forets et de la l’Agriculture, de la pêche, de tes chaque année au niveau dans la plantation des arbres faune. Selon le Coordonnateur l’environnement et de national depuis ces dernières forestiers et fruitiers, mais aussi National du SGP, Adame le contrôle et l’entretien de nos Hamadi, le reboisement com- reboisements communautaires. munautaire constitue une des Quant à Monsieur le Ministre, activités de son programme il surtout souligné que ces avec les organisations commu- initiatives constitue l’œuvre de nautaires de base. Ce travail se l’engagement politique du gou- réalise aussi dans 6 villages de vernement comorien en insis- la à savoir tant sur la thématique suivante Kandzilé, Tsinimoichongo, pour les cinq prochaines années Tsinimoipanga, «Préserver Terre, eau et foret = Diboini, (zone fora- protéger notre avenir à tous». ge) ainsi que les villages La trilogie Terre, Eau et Forêt d’ : à Nindri (zone de constitue l’identité fondamen- Bahani) , Chandra, tale de toute collectivité et fait pour la revégétalisa- l’objet de plusieurs usages tion de la mangrove, et la zone concurrents. Cette réalité n'a- de Dzialandé pour la protection Pihi, le Représentant résident adjoint du Pnud vait pas échappé à la sagacité du lac Landzé. 5 juin 2011, Journée mondiale de l'environnement Forêts: La nature à votre service Comité de rédaction La Journée mondiale de l'environnement, ou "WED" Habari za Ulanga pour "World Environment Day", est un événement Ouledi Ahmed annuel dont le but est de susciter le plus d'actions éco- Said Hassani Mohamed logiques positives possibles à l'échelle mondiale, afin Hachime d'attirer l'attention du public sur les problèes environ- Abdérémane nementaux. Si les actions du WED ont lieu toute l'an- Yahaya Ibrahim née, le point culminant de l'évènement se situe toute- Ambadi Issouf fois tous les ans aux alentours du 5 juin. Le WED a été Aboulhouda Youssouf célébré pour la première fois en 1972, et a grandi avec Photos : Hachime le temps pour devenir l'un des principaux moyens des Abdérémane ations Unies pour stimuler la conscience environne- Réalisation : mentale mondiale et encourager l'action politique. Madjuwani 3 Dossier: Insularité et Changement Climatique Janvier-février-mars-avril 2011 Les îles face au changement climatique

e changement climatique et tifiques du GIEC : le Groupe d’experts systèmes. l’élévation du niveau moyen Intergouvernemental sur l’Evolution du La seconde évoque les menaces s’exer- de l’océan qui en résulte sont Climat créé en 1988 sous l’égide de çant sur les économies insulaires. C’es aujourd’hui considérés l’OMM (Organisation Météorologique ce que nous évoqueront dans la premiè- comme le principal problème Mondiale) et du PUE (Programme des re partie de cet article. Mais les mena- Lmenaçant l’avenir des territoires insu- ations Unies pour l’Environnement). ces portent également sur les économies laires et de leur population dans les 50 Depuis cette date, plusieurs centaines insulaires. prochaines années (Brookfield, 1989 ; de chercheurs s’efforcent de synthétiser Le changement climatique n’est donc Lewis, 1990, urse et al., 2001 ; Pelling les connaissances portant sur les effets pas uniquement une affaire d’écologis- et Uito, 2001 ; Mimura et al , 2007). du changement climatique à l’échelle de tes. Tous les habitants des îles sont Ces menaces ne sont pas spécifiques la planète et les transcrire sous une concernés comme le montrera la secon- aux îles. Elles concernent l’ensemble de forme aisément compréhensible par les de partie. la planète. Mais du fait de leur isole- décideurs. Leur travail a été justement Dans une troisième partie nous met- ment et de la taille réduite de leurs ter- récompensé par le prix obel de la Paix trons l’accent sur les atolls et les îles res et de leur économie, les îles sem- 2007. basses qui sont les espaces insulaires blent plus vulnérables que les conti- Le présent article se structure en trois les plus vulnérables. nents au changement qui s’annonce. parties. Dans la première, l’accent est Ce constat a été formalisé par les scien- mis sur les menaces affectant les éco- Par Gilbert David*

Les menaces pesant liens, milieu emblématique des vitesse de montée du niveau de manière mécanique les sur les écosystèmes îles de la zone intertropicale, moyen de l’océan, le risque coraux branchus. est particulièrement éloquent à existe de voir une réduction Lorsque les dégâts sont impor- Selon le dernier rapport du cet égard. Le changement cli- spectaculaire des coraux sur tants, qu’il s’agisse de la super- GIEC (2008, p. 52) : « …l’élé- matique affecte cet écosystème l’ensemble de la zone tropicale, ficie affectée ou du nombre vation du niveau de la mer de quatre manières différentes avec comme corolaire une d’espèces touchées, le récif devrait intensifier les inonda- (figure 1). moindre protection des côtes peut mettre de quatre à vingt tions, les ondes de tempête, l’é- contre l’érosion, les récifs bar- ans pour se reconstituer. Si la rosion et d’autres phénomènes  En premier lieu, l’acidifica- rières ou frangeant jouant un calcification des polypes coral- côtiers dangereux, menaçant tion croissante des océans rôle essentiel pour réduire l’é- liens est réduite du fait de l’aci- l’infrastructure, les établisse- réduit la calcification des nergie des vagues et de la dification des océans, ce retour ments humains et les installa- récifs, entrainant de ce fait une houle. à la normal (on parle aujourd’- tions vitales pour les popula- moindre vitesse de croissance hui de résilience) sera beau- tions insulaires. La détériora- des édifices coralliens. Si cette  En second lieu, les vagues coup plus lent. Si la fréquence tion de l’état des zones côtières, vitesse devient inférieure à l’é- générées par les cyclones et les des cyclones ou leur intensité par exemple l’érosion des pla- rosion naturelle du récif et à la tempêtes tropicales détruisent s’accroissent, un récif peut être ges et le blanchissement des coraux, devrait porter atteinte aux ressources locales. D’ici le milieu du siècle, les change- ments climatiques devraient réduire les ressources en eau dans de nombreuses petites îles, par exemple dans les Caraïbes et le Pacifique, à tel point que la demande ne pour- ra plus être satisfaite pendant les périodes de faible pluviosi- té ». A l’échelle de l’écosystème, les menaces les plus importantes portent sur la détérioration des habitats et la perturbation des peuplements, que ceux-ci soient marins ou terrestres, qui, à terme peuvent conduire à une érosion de la biodiversité côtiè- re. L’exemple des récifs coral- Figure 1 – Les menaces provenant du changement climatique affectant les récifs coralliens 4 Dossier: Insularité et Changement Climatique Janvier-février-mars-avril 2011 détruit plusieurs fois au cours d’une décennie. Dans ce contexte, il ne pourra jamais retrouver son état initial et on assistera donc à une transfor- mation de l’écosystème coral- lien avec une régression impor- tante des coraux branchus au bénéfice des formes plus mas- sives, moins vulnérables à l’ac- tion destructrice de l’énergie des vagues.

 En troisième lieu, la dessa- lure brusque de l’océan occa- Digue de Mbachilé sionnée par des arrivées massi- ves d’eau douce via le réseau temps ralentit la photosynthèse à décroitre au profit des pre- Les perturbations climatiques hydrographique ou, plus fré- des zooxanthelles et qui peut mières. En raison de la forte qui s’annoncent - accroisse- quemment, suite à des tempéra- entrainer une mortalité massive endémicité des espèces compo- ment des sécheresses dans les tures anormalement élevées de des coraux, si les sédiments sant les biocénoses insulaires zones déjà sèches, des fortes l’océan entraine le blanchisse- restent en place plusieurs mois. terrestres, le risque est nette- pluies dans les zones déjà bien ment du récif. La perturbation des peuple- ment plus élevé dans les îles arrosées et de l’intensité des Ce phénomène est occasionné ments est étroitement associée que sur les continents que ces cyclones3 - vont bien sur affec- par le départ d’une partie des à la destruction des habitats. perturbations de la biodiversité ter l’agriculture des îles et com- zooxanthelles (algues unicellu- Elle prend généralement la se soldent pas des extinctions pliquer un peu plus la tâche des laires dinoflagellées) qui vivent forme d’une compétition d’espèce. petits paysans. en symbiose avec les polypes, accrue entre des espèces ubi- La sécurité alimentaire des animaux constructeurs des quistes, qui s’adaptent aux nou- Les menaces pesant populations insulaires sous structures calcifiées qui for- velles conditions environne- sur les économies contrainte du changement cli- ment le paysage récifal1. Si le mentales induites par le chan- matique devrait donc être une nombre de zooxanthelles res- gement climatique, et des espè- Ces menaces portant sur trois priorité pour l’ensemble des tant est suffisant pour initier le ces inféodées à des niches éco- secteurs : l’exploitation des res- pays de la partie occidentale de repeuplement des polypes2, le logiques précises, dont les sources naturelles, les infras- l’océan Indien. Outre les plan- blanchissement disparait au effectifs, à terme, sont appelés tructures et l’habitat. tes cultivées, les forêts pour- bout de quelques semaines. raient être aussi affectées, l’ac- Dans le cas contraire, les poly- croissement du nombre ou de pes meurent. Privés de leurs l’intensité des sécheresses mul- habitants, les squelettes coral- tiplient en effet d’autant le liens se brisent sous l’effet des risque d’incendie, surtout dans vagues. Des algues encroûtan- les sociétés où l’écobuage reste tes s’installent et il faudra un moyen traditionnel de « net- attendre l’arrivée de larves de toyer » le sol avant les nouvel- coraux pour qu’un nouvel éco- les plantations. système corallien se mette en En ce qui concerne les récifs place. coralliens, la dégradation dura- Le cas des Seychelles, dure- ble des habitats, conséquences ment frappé par un épisode des perturbations illustrées massif de blanchissement en dans la figure 1, s’accompagne 1998, montre que dans les cas de deux processus majeurs : extrêmes, ce processus peut - d’une part, la modification de prendre plusieurs décennies. la composition spécifique des  En quatrième lieu, l’érosion captures de la pêche récifale. subite et massive des terres En effet toutes les espèces de nues (agricole ou en chantier poisson, de crustacé ou de BTP) des bassins versants, coquillage ne vont pas régres- suite à un épisode pluvieux ser. exceptionnel, occasionne un Digue de Bouni apport important de particules Suite page 7 terrigènes qui dans un premier

5 Conservation Janvier-février-mars-avril 2011 Le coelacanthe à son centre à Itsoundzou! n a noté la présence Le jeudi 31 mars 2011, à Itsoundzou dans le Badjini-ouest, a eu lieu sous le haut patro- du vice-président nage de la Vice-présidence en charge l’Agriculture, de la Pêche, de l’Environnement, Idi Nadhoim, du de l’Energie et de l’Artisanat,la cérémonie d’inauguration du Centre d’Information et ministre de la de conservation du Cœlacanthe et de son environnement marin. O Ce centre est le fruit d’un long processus qui a démarré avec l’appui de personnalités défense Houmadi Sidi, du gou- verneur élu de l’île Mouigni impliquée dans la protection du cœlacanthe comme l’américain Jérôme Hamelin et les Baraka ainsi que du représen- initiatives développées par l’Association pour la Préservation du Gombessa. tant-résident du Pnud, M. Pihi. Ce centre est le fruit d’un long processus qui a démarré avec l’appui de personnalités impli- quée dans la protection du cœlacanthe comme l’américain Jérôme Hamelin et les initiati- ves développées par l’associa- tion elle-même. Le Programme de Micro-financement du PNUD/FEM a apporté une grande contribution qui a per- mis à l’association de mettre la touche finale aux travaux actuels. Le centre est maintenant en mesure de démarrer des activi- tés de sensibilisation et ainsi faire connaitre aux communau- tés toute la richesse liée aux La salle de conférence ressources marines et côtières. Il convient de savoir que la pro- Le programme régional Il a souhaité que le centre puis- bilité sont lents à se faire sentir. tection du cœlacanthe est un Environnement de la se être un lieu ouvert pour tous Il a exhorté tout le monde à long combat qui a commencé Commission de l’Océan Indien ceux qui s’intéressent à la valo- continuer le travail et à tracer dans les années 90, autour de (1995-2000), a produit beau- risation de nos ressources mari- des perspectives pour recueillir quelques militants et cher- coup d’études sur le cœlacan- nes et côtières. encore plus de retombés pour cheurs de renom comme l’au- the et a initié l’idée de création nos communautés. trichien Hans Fricke et le fran- du parc marin du cœlacanthe. Coelacanthe : attraction à Pour sa part, le vice président çais Raphael Plante. Dans un langage imagé, le pre- l’Exposition de Shanghai Idi a souligné l’importance mier orateur à la cérémonie, qu’accorde le gouvernement à Hassane Bara, un grand notable Au passage, il a rendu un hom- la protection de notre biodiver- et pêcheur de son état, a fait mage appuyé aux organismes sité. Il a informé le public que l’historique des rencontres et projets qui soutiennent les lors de la dernière foire de entre les pêcheurs et les mis- communautés de base. Shanghai, le stand des sions scientifiques qui se sont Pour le représentant adjoint du Comores faisait toujours le succédé dans la zone. Il n’a pas Pnud, les Comores au travers plein par la présence d’un spé- manqué de souligner le peu de des communautés sont devenus cimen du cœlacanthe. Il a rap- retombés pour la zone. les gardiens d’un patrimoine pelé que les eaux comoriennes Quant à Said Ahamada, un mondial. Or, pour l’heure, les recèlent des richesses et que jeune scientifique d’Itsoundzou retombés d’une telle responsa- d’ici peu des bateaux de pro- qui a toujours travaillé pour la spection selon à l’œuvre pour valorisation de la présence du faire le point. cœlacanthe dans la zone, il a D’ici là, vous pouvez toujours surtout mis l’accent sur les vous rendre à Itsounzdou pour objectifs de l’Association pour demande tout ce que vous avez la Préservation du Gombessa voulu savoir sur le cœlacanthe, (APG), qui regroupe quelque sans jamais oser le demander ! douze villages de la zone. Il a Said Ahamada mis en exergue les activités et Mmagaza, les réalisations de l’association. (LGDC) 6 Dossier: Insularité et Changement Climatique Janvier-février-mars-avril 2011

Suite de la page 5 tes en corniche devront être reconstruites en amont, avec un ertains ont une capa- surcoût considérable lorsque de cité supérieure aux nouveaux ouvrages d’art sont autres à s’adapter requis. Caux perturbations Dans ce contexte, le coût de la des biotopes récifaux. remontée du niveau de la mer Ce seront les espèces « gagnan- devient vite vertigineux, et tes » du changement clima- dépasse les capacités financiè- tique. Si ces espèces sont moins res propres des Etats insulaires, prisées des consommateurs dont la majorité est pauvre, insulaires que les espèces voire très pauvre4. Si dans cer- « perdantes » dont l’abondance tains sites, la protection du lit- va diminuer de manière specta- toral peut être organisée de culaire, la demande locale en manière suffisamment durable Hazrik produits de la pêche fraîche pour éviter les relocalisations, peut s’effondrer au profit d’un la tendance actuelle sur les lit- nution du nombre des voies 2006), ce qui correspond à une accroissement des importations toraux des îles de la zone inter- d’accès. élévation de 5 à 10 cm de la de poissons en conserve, ou de tropicale est à la construction Tous les Etats insulaires ne pré- ligne de rivage en une cinquan- poissons frais provenant d’aut- de murs (Sinane et al., 2010), sentent pas la même vulnérabi- taine d’années. Pour notre siè- res pays, ce qui provoquera un voire à la mise en place de lité au changement climatique cle, le GIEC prévoit une hausse accroissement du déficit de la tétrapodes dans les sites les et aux aléas qu’il génère sur les du niveau de la mer de 40 à 60 balance commerciale du pays ; plus battus. écosystèmes et les économies. cm d’ici 2100 avec une hypo- d’autre part, une réduction de Ces solutions sont toujours Partant du principe que l‘insu- thèse extrême de 1 m cor- l’attractivité des paysages réci- coûteuses : à la fin des années larité accroît cette vulnérabilité, respondant à des fontes impor- faux vis à vis du tourisme sous- 80, le km de tétrapodes revenait les îles les plus petites et les tantes des inlandsis arctique et marin (plongée et bateau à fond aux Philippines environ à 1 plus éloignées des continents antarctique. de verre), avec pour résultat millions de dollars US devraient être les plus vulnéra- Dans ce contexte, des images une moindre satisfaction d’une (McAllister, 1988) ; en 2004, bles, les îles basses et les atolls d’îles englouties et d’arche de partie des touristes balnéaires et Spurgeon et al. l’estimaient à présentant un maxima de vul- Noé viennent spontanément à , à terme, le risque d’une désaf- 2,5 millions de dollars aux nérabilité. La moitié, voire la l’esprit et les médias sont fection de la destination touris- Samoa occidentales pour une majorité, de la population de friands de tels scénarii « cata- tique si la plongée sous marine durée de vie de 25 à 50 ans. ces « poussières d’îles » habite strophe ». Ainsi l’édition jan- en est un des produits « pha- à des altitudes inférieures à 3 m vier/février 2008 du très res ». Le cas spécifique des au dessus de la laisse de haute respectable magazine européen Plus que la diminution des res- atolls et îles basses mer : ainsi le point culminant « Le courrier » intitulait un de sources naturelles, ce sont les de Tuvalu ne dépasse guère 4,5 ses articles majeurs : « Les îles dégradations affectant l’habitat Dans le cas des murs, elles sont m et la croissance de la capita- Pacifique submergées par le et les infrastructures de rarement efficaces et peuvent le, Funafuti, s’est faite essen- réchauffement climatique » transport (routes, ponts, aéro- s’accompagner de coûts tiellement en occupant les ter- avec en sous-titre choc : ports) qui vont grever les éco- induits : accroissement de l’é- res de moindre valeur agricole, « Côtes grignotées, nappes nomies insulaires. rosion des plages lorsque le majoritairement situées en zone phréatiques salinisées, pre- Lorsque les construits humains sable servant à fabriquer le marécageuses. miers exodes de réfugiés “cli- sont menacés de disparition du béton est extrait du milieu Sur la période 1950- 2001, le matiques” : le réchauffement fait du recul du trait de côte, la marin, et réduction de l’utilisa- niveau moyen de l’océan a aug- climatique est déjà – dure – principale solution consiste à tion du littoral, donc des servi- menté de 1 mm/an aux réalité pour la majorité des les déplacer vers des sites plus ces qu’il rend aux populations Maldives et de 2mm+/-1mm îliens du Pacifique ». surs. Cela signifie que les rou- humaines, en raison de la dimi- par an à Tuvalu (Church et al., Les Maldives et Tuvalu sont les deux archipels les plus médiati- sés. Il est vrai que les deux gou- vernements ont pris des mesu- res de déplacement des popula- tions. Aux Maldives, il s’agit de migrations internes, les îles les plus vulnérables étant vidées de leurs habitants au profit des îles jugées plus sures. Digue de Suite page suivante 7 Dossier: Insularité et Changement Climatique Janvier-février-mars-avril 2011

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n revanche, à Tuvalu, il s’agit de migrations internationales, Enotamment vers la Nouvelle-Zélande, où habitent déjà 2600 personnes, soit un peu moins du quart de la popu- lation résidente : 11 000 habi- tants. Depuis plusieurs années, le Gouvernement de Tuvalu essaie de négocier avec les autorités de Wellington et de Canberra des facilités d’immi- gration pour ses ressortissants, Hazrik au titre de réfugiés climatiques. Pour l’heure, ces discussions cheurs indiens, cet exode pour- matique comme raison princi- nationale prenne acte de ce ont échoué. rait s’avérer une opportunité ou pale. Malgré le faible échan- choix et fasse son possible pour Pourtant, l’existence d’un tel du moins une solution permet- tillonnage, les auteurs considè- réduire les émissions de gaz à accord est si communément tant d’atténuer les conséquen- rent ces résultats comme repré- effet de serre. répandue dans les ONG inter- ces négatives de cette évolution sentatifs des perceptions d’une nationales que certains juristes sur ces populations vulnéra- partie de la population de Conclusion en viennent à poser la question bles. Tuvalu. de la souveraineté nationale Selon ce point de vue, la mon- Dans ce contexte, l’exode et la D’une manière générale, les dans le cas particulier d’un tée du niveau de la mer et le situation de réfugiés clima- menaces que le changement pays totalement vidé de sa changement climatique d’une tiques ne peuvent être présentés climatique fait peser sur leur population pour cause d’exode manière générale impacteront comme l’unique solution. viabilité sont perçues comme massif occasionné par le chan- tellement les populations loca- Vivre dans une île basse sous une profonde injustice par les gement climatique (Yamamoto les que celles-ci ont tout intérêt contrainte du changement cli- populations insulaires car, jus- et Esteban, 2010). Quant au à quitter leur île, dont elles matique doit rester une per- qu’à présent, leur mode de vie terme « réfugiés climatiques », n’ont à attendre que de la misè- spective pour le futur, à condi- n’a guère contribué au réchauf- il est désormais entré dans le re et des larmes, pour se réfu- tion que la communauté inter- fement de la planète. vocabulaire commun5. Outre gier dans un pays riche qui leur les îles, les littoraux plats des offrira des conditions matériel- Extraits de déclarations du Président des continents pourraient égale- les sans commune mesure avec ment être concernés par cette ce qu’elles quittent. Maldives et du représentant des Salomon migration. Prenant le contrepied de ce dis- e 17 décembre, le représentant des Salomon A l’échéance 2080, sur l’en- cours dominant, Mortreux et concluait son discours en séance plénière en souli- gnant : « La science et les observations locales semble de la planète, le nombre Barnett (2009) viennent de nous disent qu’il est maintenant le moment d’agir. des réfugiés climatiques pour- montrer que celui–ci n’est L Pour rester en vie, nous avons besoin d’une stabilisation sur rait s’élever à l50 à 200 guère partagé par la population le long terme de la concentration du CO2 bien en dessous de millions de personnes. Il serait de Funafuti, capitale de Tuvalu. 350 parts par million, et une limitation de l’augmentation de la alors logique que leur accueil Sur 28 personnes interrogées, température bien en dessous de 1,5 degré. M. Le Président : Nous sommes d’accord. Le temps est écou- incombe en priorité aux pays 18 d’entre elles désirent lé. La fenêtre d’action se ferme vite et l’avenir de notre popu- industrialisés responsables de demeurer ad vitam aeternam lation, née et à naître, est entre vos mains. Nous avons une l’évolution du climat (Byravan dans leur île et sur les 9 person- opportunité unique ici à “Hopenhagen” (le port de l’espoir — et Rajan, 2005, 2006). A cette nes envisageant de migrer, une NDLR), de décider d’une action courageuse et si nous ne le condition, selon ces deux cher- seule avance le changement cli- faisons pas, alors le changement climatique scellera notre destin à tous ». Pourr sa part, Mohamed Nasheed, Président des Maldives précisait le même jour: «Si les concentrations de carbone sont supérieures à 350 parts par million dans l’atmosphère, la température augmentera au-delà de 1,5 degré, et mon pays sera submergénos récifs coralliens seront dissousnos océans seront transformés en acideet le climat de la planè- te sera déstabilisé ». Un argumentaire analogue était développé par Hubert A. Ingraham, Premier ministre des Bahamas : « Une hausse de la température de 2 degrés signifiera une hausse de 2 mètres du niveau de la mer, et submergera 80% de notre ter- ritoire ». ‘’Port aux “boutre” à Moroni 8 Dossier: Insularité et Changement Climatique Janvier-février-mars-avril 2011

en retour des impacts positifs à en 2020 et 85% en 2050 par Références Bien au contraire, si tous les l’échelle locale des petites îles. rapport aux taux prévalant en bibliographiques humains avaient le mode de vie La ratification du Protocole de 1990, choisie comme année de des habitants de Tuvalu ou de Kyoto a donc été un enjeu poli- référence7. Argos, 2007, Réfugiés climatiques, Paris, Edition Infolio, 349 p Kiribati, le problème des gaz à tique majeur pour les petits Tous les chefs d’Etats et de Brookfield, H., 1989, Global Change effet de serre ne serait guère Etats insulaires. gouvernements insulaires qui and the Pacific: Problems for the Coming Half-Century, The d’actualité. De grands espoirs ont égale- se sont exprimés à Copenhague Contemporary Pacific, 1&2, pp.1-17. Mais le changement climatique ment été mis dans le sommet de ont été dans ce sens (David, Byravan, S., Rajan, S., 2005, Immigration could ease climate- est un processus global qui Copenhague en décembre 2010). change impact, ature, 434, p. 435. s’exprime à l’échelle locale, et 2009. L’ensemble des petits Malgré la qualité de leurs dis- Byravan, S., Rajan, S.C., 2006, Providing new homes for climate les comportements vertueux Etats insulaires réclamaient que cours et la justesse de leur argu- change exiles. Climate Policy, 6, pp. qui sont parfois mis en œuvre à des mesures drastiques soient mentaire, les représentants des 247–252. Church, J.A, White, N., J. Hunter, cette échelle n’ont guère d’im- prises au niveau international petits Etats insulaires n’ont pas J.R., 2006, Sea-level rise at tropical pact positif sur l’évolution du pour contenir à terme le chan- été écoutés. Le monde s’ache- Pacific and Indian Ocean islands, Global and Planetary Change, 53, climat. gement climatique dans des mine vers un accroissement des pp. 155–168. A tout problème global, il limites de croissance des tem- températures moyennes de plus David, G. 2010. L’île verte : Anthée VI, Copenhague : La sirène des illu- convient d’apporter une solu- pératures compatibles avec la de 2 degrés. Les habitants des sions insulaires perdues. L’archipel tion d’envergure planétaire. survie des îles basses : stabili- îles seront aux premières loges des lettres, n°6, pp. 67-112. GIEC, 2008. Changements clima- C’est pourquoi, les petits Etats ser l’augmentation moyenne de pour observer les bouleverse- tiques 2007, rapport de synthèse, insulaires du Pacifique, de l’o- température à 1,5 °C d’ici 2050 ments de la planète et les subir. Genève, OMM/PNUE, 103 p. Lewis, J., 1990, The vulnerability of céan Indien et de la Caraïbe en limitant à 350 parts par Demain et après demain, les small island states to sea level rise: considèrent la Convention- million (ppm) la teneur de CO2 îles seront face au changement The need for holistic strategies. Disasters, 14, 1, 241-249. Cadre des Nations unies sur le dans l’atmosphère6. climatique, seront-elles lui faire Mc Allister D.C, 1988, Changement Climatique Pour ce faire, le calendrier était face ? Environmental, economic and social *Institut de recherche pour le dévelop- costs of coral reef destruction in the (CCNUCC) et le Protocole de extrêmement précis et contrai- Philipinnes, Galaxea, 7, pp. 161-178. pement, UMR ESPACE DEV, Kyoto qui lui est associé gnant. Les émissions de gaz à Mimura, N., Nurse, L., McLean, R., Laboratoire Géomer, BP 70 29280, Agard, J., Briguglio, L., Lefale, P., comme étant la principale solu- effet de serre devaient atteindre Plouzané cedex, France, Courriel : Payet, R., Sem, G.,2007, Small tion pour réduire la montée du un pic maximum en 2015 pour [email protected] islands. In Parry, M., Canziani, O., Palutikof, J., van der Linden, P., niveau de la mer et les dérègle- ensuite décroitre de manière Habari za Ulanga remercie Gilbert Hanson, C. (eds.), Climate Change ments météorologiques, avec drastique : réductions de 40% David pour cette contribution 2007: Impacts, Adaptation and Vulnerability, Contribution of Working Group II to the Fourth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change, Cambridge, Cambridge University Press, pp. 687–716 Mortreux, C., Barnett, J, 2009 Climate Change, Migration and Adaptation in Funafuti, Tuvalu. Global Environmental Change, 19, 1, pp. 105–112. Nurse, L., Sem, G., Hay, J.E., Suarez, A.G., Wong, P.P., Briguglio, L., Ragoonaden, S., 2001. Small Island States. In McCarthy, J.J., Canziani, O.F., Leary, N.A., Dokken, D.J., White, K.S. (eds.), Climate Change 2001: Impacts, Adaptation and Vulnerability. Cambridge, Cambridge University Press, pp.843–875. Pelling, M., Uitto, J.I. 2001, Small island developing states: natural dis- aster vulnerability and global change, Environmental Hazards, 3, pp. 49–62. Sinane, K., David, G., Pennober, G., Troadec, R. 2010 « Fragilisation et modification des formations littora- Atelier national, le 20 janvier 2011, pour l’élaboration d’une stratégie régionale sur le changement les meubles sur l’île d’Anjouan climatique dans le cadre du projet Accliate de la commission de l’Océan Indien (Comores) : Quand l’érosion d’origi- ne anthropique se conjugue au chan- gement climatique », VertigO - la 1 Le lecteur intéressé par la biologie des récifs coralliens consultera archipels (Haïti, Comores, Madagascar, Sao Tomé et Principe, Maldives, Timor Oriental, Kiribati, Salomon, Samoa Occidentalles, revue électronique en sciences de avec profit le site de l’association Vie Océane à la Réunion : l’environnement , Volume 10 http://vieoceane.free.fr/paf/pafcadre.html et celui de l’IRD consacré Tuvalu, Vanuatu). 5 En France, cette médiatisation a été initiée en 2001 par le Collectif Numéro 3 | décembre 2010, 17 p. aux atolls de Polynésie française : http://www.com.univ- [En ligne], mis en ligne le 20 mrs.fr/IRD/atollpol/ Argos qui multiplie depuis les expositions photographiques. Dans 2 l’ouvrage « Réfugiés climatiques », trois des neuf cas traités présen- décembre 2010. URL : http://verti- Les zooxanthelles expulsées dans le milieu ont également la facul- go.revues.org/10528. té de « recoloniser » des polypes encore vivants. tent des réfugiés insulaires, venant des îles Hallingen (Allemagne), 3 Maldives et Tuvalu (Argos, 2007). Spurgeon, J.P.G., O’Gorman, S., Les scientifiques n’ont pas encore constaté une augmentation de 6 Lindley I, Ramsey, D, Polunin, N., la fréquence des cyclones et les modèles sont incapables de prévoir Fin 2009, lorsque la CPO15 s’est ouverte, cette teneur était déjà de 387 ppm. 2004, Economic valuation of coral une telle augmentation. En revanche, l’accroissement de l’intensité 7 reefs and adjacent habitats in des cyclones et donc de leur capacité de destruction, soit par le vent, Ces chiffres correspondent aux préconisations du GIEC pour que l’impact du changement climatique sur les espaces, ressources et American Samoa, Final Report, soit par les pluies torrentielles qu’ils génèrent est une évolution hau- Pago-Pago, Jacobs, 163 p. tement probable. économies de la planète terre soit minimal. 4 11 des 49 pays les moins avancés de la planète sont des îles ou des 9 Déchets Janvier-février-mars-avril 2011 Encore et toujours les déchets ménagers…

Un point de vue : Ibrahim MOHAMED TOIHIR*

“C’est une véritable catastrophe que la ville de norme internationale pour la pro- a le méthane, un gaz à effet de Moroni est en train de préparer dans un avenir pro- tection de l’environnement ni de serre. che. La mairie et le ministère de l’environnement santé publique. Le problème est Dès que vous entamez le Lycée doivent faire face au plus vite à ce danger qui de taille mais probablement mini- de Moroni par la route vers le menace directement une forte population de techno- misé par les auteurs tandis qu’ils palais du peuple, vous sentez la sont les premiers exposés. La pression des odeurs répugnantes crates et étudiants comoriens. décharge ne respecte ni la distan- dégagées depuis la décharge. Est- ce de sécurité pour la population il juste d’avoir tous ces gaz dans Vue satellitaire ni la distance de sécurité pour notre respiration ? Et bien non ! de la décharge l’environnement vue qu’il est pla- Cela peut entraîner des maladies cée à moins de 250 m de la mer. chroniques dans un prochain D’autant plus qu’il n’y a pas d’i- délai. Rappelez-vous de solant entre les déchets non triés Minamata (Japon), la population empilés dans le trou ; cela pollue de cette région a été profondé- le sol sous lequel se situe la ment touchée par l’intoxication décharge. Par l’effet de marnage au Mercure, 30 ans après l’ex- ces déchets en décomposition ploitation de l’usine. Face à cette parviendront en mer. situation larmoyante et inaccepta- C’est une véritable catastrophe ble, j’en appelle à la mairie de que la ville de Moroni est en train Moroni, le ministère de l’envi- de préparer dans un avenir pro- ronnement, de faire face au plus che. Pourtant le quartier concerné vite à ce danger qui peut toucher es déchets ménagers cons- déchets. Des entreprises se sont compte plusieurs institutions une forte population de techno- tituent un fléau qui touche succédé pour la collecte et la mise publiques et privées : les bureaux crates et étudiants comoriens. Les Lle monde entier mais à de en décharge des déchets de la des Nations Unis, l’hôtel le élèves du Lycée ont commencé la degrés variables. Les pays du capitale, mais aucune d’elles n’a Moroni, la direction de la Pêche, démarche, il reste la suite… Nord dotés des moyens de traite- entamé un traitement adéquat le palais du peuple, Pharmacie ment, se posent la question sur les respectant l’environnement. Nationale autonome des Comores *Expert en environnement marin inconvénients des incinérateurs Dans un premier temps, les (PNAC), l’IUT, l’IFERE, l’école de déchets. déchets étaient déposés à Seléa. française, le lycée de Moroni, l’a- Les pays du Sud conscients du Cette décharge a été abandonnée viation civile, etc. La matière problème quant à eux, cherchent au profit de la décharge à ciel organique, en décomposition atti- tant bien que mal à faire un traite- ouvert placée au bout de l’ancien- re une communauté de microor- ment adapté à leurs moyens. Les ne piste d’atterrissage de ganismes pour s’alimenter et faci- Comores font partie de ces pays Moroni ; pire encore ! Oui, cette liter la décomposition. Ce proces- sans système de traitement de décharge ne respecte aucune sus de dégradation par les micro- organismes dégage des gaz Poubelle “fatiguée” nocifs. Parmi les gaz dégagés, il y

Comme quoi, le message n’est pas bien passé !

Déchets sauvages sur une route de Moroni