MINISTERE DE L’EDUCATION NATIONALE ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE.

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UNIVERSITE DE TULEAR ------FACULTE DES LETTRES ET DES SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES ------DEPARTEMENT D ’HISTOIRE

MANOMBO–SUD ET LA SCOLARISATION PAR LA MISSION LAZARISTE DE 1900 A 1972

Mémoire de Maîtrise Présenté par : SOUMAILA Anziddine

Sous la direction de : Monsieur MARIKANDIA Louis Mansare Maître de conférences à l’Université de

Date de soutenance : 14 Avril 2009 Année universitaire 2007-2008

- 0 - AVANT PROPOS Ce mémoire est le résultat d’un long périple de recherches visant à un approfondissement de l’étude sur l’histoire de l’éducation d’une région périurbaine de la capitale régionale de Tuléar. Nous nous sommes intéressés surtout à celle du village de Manombo-Sud dont le nom est également celui de la commune toute entière. Une commune qui marque une si importante histoire de la région pendant certaine période (fin XVIII ème - debut XIX ème siècle). Le thème que nous allons traiter concerne «Manombo-Sud et la Scolarisation par la Mission Lazariste de 1900 à 1972 ». Il nous ouvre tant d’horizons qui ne nous paraissent pas du tout faciles, mais nous allons faire preuve de courage, volonté et patience pour le réaliser. Le sujet choisi présente plusieurs intérêts : -intérêt dans le sens que nous allons essayer de mettre en valeur nos connaissances acquises pendant plusieurs années de formation. -intérêt dans le sens que nous allons faire revivre en bref, un passé historique confrontant deux mondes culturellement antagonistes. -intérêt dans le sens que nous allons chercher à savoir particulièrement les activités culturelles des missionnaires lazaristes dans cette zone d’étude. Certes, ce ne sont ni notre talent ni notre volonté seuls qui peuvent servir à la réalisation d’un travail de ce genre, mais si au jour d’aujourd’hui nous avons pu mettre à terme ce travail de Mémoire de Maîtrise, c’est grâce aux encouragements et au soutien moral de plusieurs personnes que par leurs compétences fructueuses, nous avons pu suivre l’itinéraire estudiantin dans le but pour pouvoir bâtir une vie merveilleuse dans l’avenir. Sur ce, nous leur adressons nos vifs remerciements et nous leur montrons de notre part, les innombrables affections tout en leur faisant plaisir par la pure et simple dédicace de ce mémoire. Nous honorons à notre égard, les rangs de ces gentilhommes en essayant de faire leur énumération. Nous commençons par notre Directeur de recherches, Monsieur MARIKANDIA Louis Mansaré, Maître de conférences à l’Université de Tuléar, qui, par ses conseils et ses suggestions, nous a permis de porter à terme ce travail de recherches en Mémoire de Maîtrise. Nous exprimons également nos gratitudes à tous les enseignants de l’Université de Tuléar en général et ceux des Départements d’Histoire et de Géographie en particulier. Sur ce, nous pouvons témoigner que c’est grâce à leurs efforts déployés auprès de nous jusqu’à ces jours que notre pensée appréhende son niveau supérieur d’enrichissement. Nous ne pouvons pas clore ce paragraphe sans manifester nos grands respects aux autorités

- 1 - locales de Manombo-sud ainsi qu’à la population et surtout à ceux qui ont bien voulu répondre à nos questionnements sans oublier toutes nos familles malgaches, de près ou de loin Nous remercions respectivement les étudiants comoriens des différents Universités de , surtout ceux de l’Université Tuléar et en particulier ceux qui forment l’E.E.S.N.T (Elite des Etudiants et Stagiaires de Nioumakélé à Tuléar), avec lesquels nous avons travaillé du début à la fin de ce mémoire. Une appréciation particulière est adressée au regretté, Monsieur ANZIDDINE Allaoui (qu’il repose en paix dans sa demeure (père biologique) !), à cet homme auquel nous devons tout notre respect (père exceptionnel), Monsieur SOULAIMANA Madhoine et sa femme qui est également ma charmante mère, Madame HADIDJA Kabaïla Houmadi, tous deux habitants de la localité d’Adda-Daouéni (plus grand village de la région au niveau espace que peuplement) dans la région de Nioumakélé Anjouan Comores. Toutes ces deux personnes qui, malgré leur difficulté de vie qu’ils mènent, se tiennent les mains pour chercher à préparer et sauver l’avenir de leurs enfants en matière d’éducation. Nous manifestons ici, nos vifs respects auprès des autres épouses de Monsieur SOULAIMANA Madhoine, ainsi que leurs fils : nos frères. Nous ne n’oublions jamais d’exprimer nos reconnaissances envers nos oncles. Ici, nous pensons à Monsieur ALI Madhoine, dit Mzoungou et MAOULIDA Madhoine, dit Aba. Nous sommes très reconnaissants du soutien moral particulier de tous nos amis (surtout ceux de la promotion) dont nous pouvons évoquer ici le nom d’ ALI Nabhane. Quant à notre frère, ANKOUBA Anziddine Allaoui, nous remercions votre geste témoigné en tant que frère. De notre part, nous songeons à leur rendre les bénéfiques affections tout en leur dédiant ce mémoire, mais aussi à toute la famille, les frères et sœurs ainsi que leurs conjoints et descendants. Nos reconnaissances vont également tout droit à tous ceux qui, de près ou de loin ont apporté (ou voulu apporter) leurs contributions morale, intellectuelle et/ou financière pour la réalisation de ce travail.

- 2 - INTRODUCTION Madagascar est la plus grande des îles de l’Océan Indien. Il est séparé des côtes orientales d’Afrique par le canal de Mozambique où se trouvent, au nord-ouest de Madagascar, les petites îles de l’archipel des Comores, notre pays d’origine.

Madagascar, après de longues années de répressions étrangères, a dû passer depuis 1896 jusqu’à 1960 sous l’emprise coloniale française. En effet, depuis sa découverte par les Européens vers les années 1500, ceux-ci se bousculaient pour conquérir la luxuriante Grande Ile. Depuis des époques lointaines, après cette découverte de l’île, les tentatives missionnaires y étaient particulièrement fréquentes, certaines d’entre elles étant sans succès, comme la première mission des Lazaristes.

Au cours du XIX ème siècle, Madagascar était subdivisé en royaumes dont celui des Merina. A sa montée au trône en 1810, le roi merina Radama-I avait mené une politique d’ouverture envers les Européens dans l’espoir d’obtenir leur appui pour son projet d’unification du pays. Une école a même vu le jour en 1820 à Tananarive.

Au fil des temps, l’appui à l’unification escomptée par le roi Radama-I n’était pas conforme aux idées des Français qui avaient plutôt en idée l’occupation de Madagascar. Par la suite, Malgaches et Français s’étaient battus, par vagues de batailles successives, pendant plus d’un demi siècle jusqu’en 1896, date à laquelle la capitale malgache, Tananarive, a finalement capitulé. L’unification politique du pays, amorcée par Radama-I, a été achevée par les Français.

Pendant toute cette longue période, les missionnaires européens implantés à travers l’île, étaient souvent dérangés dans leurs activités missionnaires au gré des troubles relationnelles de la politique, voire persécutés durant les moments les plus secoués. Il fallait attendre le retour du calme politique et de la sécurité dans le pays, après 1896, pour que les missionnaires se soient complètement stabilisés.

Les missionnaires catholiques de la congrégation lazariste, les «Lazaristes», étaient absents de la Grande Ile depuis 1674 et n’étaient revenus que vers la fin du XIX ème siècle, lorsqu’ils étaient chassés d’Abyssinie en Erythrée. Ils s’installaient dans l’extrême sud-est de Madagascar, à Fort Dauphin, où s’étaient installés les premiers missionnaires. De là, ils ont repris les actions d’évangélisation depuis longtemps abandonnées.

La mission lazariste s’était rapidement développée et avait déjà pu s’installer à Manombo-sud vers les années 1900.

- 3 - Le thème de notre étude qui a donné ce mémoire s’intitule : «Manombo-Sud et la Scolarisation par la Mission Lazariste de 1900 à 1972 ». La période de l’étude chevauche sur deux régimes politiques : le régime colonial et le régime post colonial.

Il est d’ores et déjà à noter que les Lazaristes n’étaient pas les seuls missionnaires chrétiens venus à Madagascar. GONTARD (M) dans « Madagascar pendant la première guerre mondiale », à la page 7, nous décrivait comment les malgaches avaient pu accéder au christianisme en écrivant : « Les populations malgaches d’origine animiste au début du XIX ème siècle, étaient progressivement gagnées par le christianisme sous une de ses trois formes : catholique, protestante, anglicane. ».

La scolarisation s’est installée à Manombo-sud bien avant l’arrivée des Lazaristes car, à leur arrivée, il y avait déjà une école officielle et une école de la mission protestante. Seulement, l’école catholique fondée par le Père Brunel avait particulièrement marqué le début de l’histoire d’un vrai catholicisme dans le village de Manombo-sud. Malheureusement, très peu d’écrits témoignent de cette histoire. C’est la raison pourquoi nous sommes convaincus que les sources écrites disponibles sur l’histoire de la scolarisation à Manombo- sud, l’un des premiers berceaux de la scolarisation du Sud-Ouest malgache, devraient être enrichies.

Au cours de notre étude, il nous a été indispensable de porter une importance très particulière aux traditions orales, car le début de la période de notre étude, les années 1900, est l’époque d’une génération déjà éteinte.

Il nous avait fallu, dans la zone d’étude, passer par beaucoup d’entretiens, auprès du maximum de personnes âgées ou jugées aptes et disposées à répondre à nos questionnements. Le but était de rassembler le maximum de témoignages fiables pour le thème étudié.

Les contacts avec les informateurs se faisaient par rendez-vous, à domicile. Souvent, lorsqu’une question dépasse les connaissances de l’informateur, celui-ci n’hésite pas de nous orienter vers une autre personne qu’il juge plus compétente sur la question.

Il nous était arrivé maintes fois de tomber sur des interlocuteurs qui ne parlent pas le français, puisque nous ne maîtrisons pas suffisamment la langue du pays et encore moins le dialecte local des Vezo, malgré notre respect de la culture locale et nos efforts de pratiquer la langue du pays, très souvent ces interlocuteurs faisaient venir des gens parlant le français pour traduire nos entretiens. Et nous sommes reconnaissants pour ces traducteurs bénévoles.

- 4 - Nous avons certes élaboré une grille de questionnaires. Malgré ceci, des informations intéressantes dépassaient la grille préparée et étaient collectées.

Le présent mémoire va se présenter en trois parties ;

- La présentation de la zone d’étude

- La scolarisation par les Lazaristes à Manombo-sud depuis 1900 jusqu’en 1972

- L’héritage de la scolarisation par les Lazaristes à Manombo-sud

Mener la présente étude événementielle nécessite le concours d’une présentation géographique de la zone d’étude et sa présentation historique plus élargie afin de bien délimiter l’étude contextuellement dans le temps et dans l’espace. C’est ce qui explique la première partie de ce mémoire.

- 5 - Carte N° 1: District de Manombo-Sud

- 6 -

PREMIERE PARTIE : LA PRESENTATION DE MANOMBO-SUD

- 7 - CHAPITRE. I. L’ESPACE ET L’ENVIRONNEMENT

I.1. La localisation géographique et administrative : Situé à un peu plus d’une cinquantaine de kilomètres sur le littoral au nord de la ville Tuléar, le village de Manombo-sud est bâti à 2 kilomètres de l’embouchure de la rivière Manombo, sur sa berge droite. Il est le chef-lieu d’une commune rurale qui porte le même nom, sise dans le district de Toliara-II, dans la région du Sud-Ouest de Madagascar dont le chef-lieu est la ville de Toliara.

FAÏDATI (D), dans son Mémoire de Diplôme d’Etudes Approfondies « Etat de situation actuelle de la Mangrove aux environs de Tuléar », à la page 35, a localisé le village de Manombo-sud : « Le chef-lieu de la commune rurale de Manombo se situe au nord de la ville de Tuléar, à une distance d’environ de 54 km, entre 23° 22’ 3’’ de latitude sud et de 43° 34’ 27’’ de longitude sud, et sur une altitude de 17 mètres (relevés GPS. 3D) ».

La commune rurale de Manombo-sud, d’une superficie d’environ 500 km 2, s’étire sur le littoral à partir d’une quarantaine de kilomètres au nord de la ville de Toliara sur environ 105 kilomètres vers le nord, depuis le village de Madiorano, le village de la commune le plus austral, situé à 35 kilomètres au nord de la ville de Toliara, jusqu’au village d’Andravona, le village le plus septentrional de la commune situé à 70 kilomètres au nord du village de Manombo-sud, encore appelé localement « Manombo Adriake 1 ».

La commune rurale de Manombo-sud est délimitée

- au nord, par la commune rurale de ,

- à l’est, par les communes rurales de , d’ et de Milenake,

- au sud, par la commune rurale de ,

- à l’ouest, par le Canal de Mozambique.

Dans son ensemble, tous les villages de la commune sont bâtis près du littoral du canal de Mozambique, à l’exception du village d’Andranomavo, un village d’agro forestiers, situé à 5 kilomètres plus à l’intérieur au nord-est du village de Manombo-sud. L’activité principale de la population est en effet la pêche en mer.

1 Manombo Andriake = Manombo sur mer

- 8 - Dans le « ’Plan Communal du Développement (P.C.D) de Manombo-sud », dont la version finale date de novembre 2006, à la page 12, nous avons pu relever la description physique de la commune suivante :

« Le système littoral est formé d’une alternance de plages sableuses et de plages rocheuses qui longent la côte derrière lesquelles pousse une végétation dunaire plus ou moins développée et constituée essentiellement par des Euphorbia sténoclada. Vers l’intérieur des terres se développe une série de dunes mouvantes d’une dizaine de mètres de hauteur et d’une vingtaine de mètre de largeur. Ces dunes exercent une pression considérable sur la végétation. La côte est longée sur toute sa longueur par un récif barrière interrompu au niveau de l’embouchure de la rivière Manombo, présente par endroits des affleurements rocheux bien visibles sur plusieurs portions de la côte située au nord de l’embouchure de la rivière Manombo. »

I.2. L’accessibilité Pour aller au village de Manombo-sud, il faut d’abord emprunter la RN9, une piste sablonneuse en fait, qui desserte le Nord de Toliara jusqu’à et Morondava, jusqu’au Nord du village d’Ambolimailaka situé à 40 kilomètres au nord de Toliara où il faut quitter la RN9 et prendre, sur une dizaine de kilomètres, la déviation d’Andrevo-bas et de Manombo-sud.

L’accessibilité du village de Manombo-sud depuis Toliara, possible en saison sèche malgré le mauvais état général de la piste, est très difficile, voire impossible, en saisons pluvieuses sur la portion de piste qui traverse une zone marécageuse sur environ 4 kilomètres avant l’entrée du village de Manombo-sud. Pendant ces saisons de pluies en effet, les sols marécageux et salés se gonflent d’eaux et deviennent des boues molles profondes et glissantes rendant impossible toute circulation en voiture, même en voiture tout terrain. Et pendant les saisons des pluies, la rivière Manombo est souvent en crue et il faudrait alors traverser la rivière à gué pour rejoindre le village de Manombo-sud sur la rive septentrionale de la rivière.

Les charrettes à zébus garantissent la forte mobilité intérieure de la population de village en village, vers quelques terrains de culture ou pour se rendre aux divers marchés hebdomadaires environnants pour vendre les poissons et ramener d’autres produits alimentaires ou de première nécessité. Ces charrettes passent partout, même en saisons pluvieuses, et servent au transbordement pendant ces saisons. Le village de Manombo-sud et

- 9 - la ville de Tuléar 2 sont reliés régulièrement et quotidiennement par deux lignes de camions taxis brousse.

Au-delà de Manombo-Andriake, vers le Nord, longeant le littoral, la zone et la piste sont trop sablonneuses. La piste, très étroite, est pendant longtemps moins accessible. Actuellement, une ligne bihebdomadaire de camion à double pont desserve le littoral nord de Manombo-sud jusqu’au village d’Andravona, le village le plus septentrional de la commune.

Actuellement, un projet d’aménagement de la piste de Manombo-sud est en étude.

I 3. La géographie physique Le point le plus élevé de la commune de Manombo-sud est à 25 mètres d’altitude et se situe en hauteur du village d’Andrevo-bas, au niveau de la bifurcation de la RN9 vers Manombo-sud.

Jean Noël SALOMON, dans « Le Sud-Ouest de Madagascar », 1987, p.906, parlait déjà à propos du climat de la région « … d’un climat tropical sec à tendance semi-aride … […] … typiquement tropical. ».

Ce climat est marqué par deux saisons :

- chaude et pluvieuse de novembre à mars pendant laquelle la température minimale descend rarement au-dessous de 23°C et la température maximale peut monter jusqu’à 34°C ;

- moins chaude et sèche de mars à novembre durant laquelle les minima de températures peuvent descendre parfois en dessous de 15°C et les maxima pouvant dépasser les 28°C et au cours de laquelle souffle un alizé froid du sud-est, le « tiokatimo 3 », qui contribue à la sécheresse. Jean-Noël SALOMON, dans « Le Sud-Ouest de Madagascar », 1987, T2, p.906, nous le témoignait de cette manière : « l’alizé y arrive dépouillé de son humidité et sa subsidence vers la plaine accentue la sécheresse fort importante pour une région située à la fois sous le tropique et en bordure de mer chaude. Les précipitations, peu abondantes, sont pourtant souvent violentes, irrégulières et centrées en saison chaude. Les brises côtières, l’altitude et l’exposition donnent les nuances. ».

La pluviométrie de la commune de Manombo-sud, avec des pluies souvent capricieuses, ne dépasse que rarement une moyenne 500 mm par an. Il y a des années où il y a moins de 250

2 Tuléar : Appellation coloniale de Toliara 3 Textuellement : vents du sud

- 10 - mm de pluies dans l’année. MARCHAL (J.Y.) et DANDOY (G.) dans « Les Vezo du Sud- Ouest de Madagascar », Documents de l’O.R.S.T.O.M. N°16, page 100, écrivaient : « le climat est maritime et semi-aride : 600 à 800 mm de précipitations, principalement aux passages des dépressions cycloniques de fin décembre à mi-mars. »

Dans les « Travaux et Documents de l’O.R.S.T.O.M » de 1972, n°16 ; p.95, nous avions pu lire : « seul le poste de Manombo accuse un total inférieur à 500 mm. Cette pluviosité importante dans une zone considérée généralement comme aride ou sub-aride est dû semble –t-il, à sa position du piedmont »

Sur le plan de la pédologie, Jean Noël SALOMON, dans « Le Sud-Ouest de Madagascar », 1987, p.8 et 9 écrivait : « les critères de la géographie physique nous semble cependant meilleurs pour définir le ‘’sud-ouest’ : celui-ci correspond à une partie de la vaste plaine sédimentaire occidentale de dépôts continentaux ou marins en fonction de régression ou transgression marines : grès, argilites, marnes, calcaires, sables roux ou alluvions. »

En effet, les sols de la commune de Manombo-sud sont des successions de ces sols cités par Jean Noël SALOMON qui conditionnent les successions de formations végétales très variées. De plus, la basse vallée de la rivière Manombo, aux potentialités alluvionnaires, offrait des conditions favorables pour la mise en valeur agricole.

La mise en valeur des potentialités agricoles par la pratique de l’agriculture sur défriche brûlis, dans l’est de la commune, et l’exploitation, souvent illicite, de bois d’oeuvre, de bois de chauffe, de charbon de bois ont été à l’origine d’une forte déforestation. Or, la destruction d’un système écologique en crée un autre. La forte déforestation défavorise la pluviométrie et favorise la sécheresse qui sévit de plus en plus dans la région.

La commune de Manombo-sud est traversée d’est en ouest par la rivière Manombo asséchée dans son lit inférieur pendant les saisons sèches. Les eaux du « Canal Vezo » qui alimente le réseau d’irrigation mis en place durant les années 60, du temps de la première république malgache, sont prises à la source de son affluent Ranozaza. Ce fleuve conditionne en grande partie la vie économique de la basse vallée de Manombo, cette partie centrale de la commune où se trouve le village de Manombo Andriake. Le réseau de canaux d’irrigation du « Canal Vezo » était autrefois en faveur de champs rizicoles.

MARCHAL (J.Y.) et DANDOY (G.) dans « Les Vezo du Sud-Ouest de Madagascar », Documents de l’O.R.S.T.O.M. N°16, page 100, écrivaient également : « ce

- 11 - sont des riziculteurs qui la font dévier pour l’utilisation en quantité dans leurs cultures rizicoles ».

Le village de Manombo-sud avait un terroir agricole alluvionnaire assez vaste utilisée au début pour la riziculture puis pour la culture de pois du cap que MARCHAL (J.Y.) et DANDOY (G.) dans « Les Vezo du Sud-Ouest de Madagascar », Documents de l’O.R.S.T.O.M. N°16, page 104, décrivaient : « avant d’atteindre la mer, la Manombo traverse les zones sableuses couvertes de Bush ; la zone alluvionnaire ne devient alors qu’une étroite bande qui ne reprend une certaine extension qu’au niveau du village de Manombo, jusqu’à l’embouchure. »

La culture de pois du cap prospérait dans le Sud-Ouest depuis les années 30, suppléant même par endroits puis progressivement la riziculture dans la basse vallée de la rivière Manombo. Le village de Manombo-sud fut pendant longtemps un centre de vente de produits halieutiques et, surtout, un centre de négoce de pois du cap.

Le village a perdu lentement son rôle de centre de négoce de pois du cap avec la dégradation progressif du réseau d’irrigation « Canal Vezo » du bas Manombo qui ne jouissait pas d’un entretien régulier et qui fut pendant longtemps non réhabilité.

Dans le PCD de Manombo, à la page 7, il a été écrit : « la superficie de culture de pois de cap se réduisait de plus en plus dans le secteur après la dégradation du « canal Vezo » qui irriguait le bas Manombo. Ce canal puisait ses eaux à la source de l’affluent Ranonjaza de la rivière Manombo à une trentaine de kilomètres en amont et n’était pas bien entretenu. »

D’après TODISOA (D.) qui participait à une étude réalisée en mai 2006, il a été dégagé, dans une perspective d’évaluation pour tous des travaux de réhabilitation du « Canal Vezo », qu’un montant de 4 milliards de francs malgache, soit 800.000.000 Ariary, étaient à pourvoir. Faute de budget suffisant, la réhabilitation ne pouvait avoir lieu qu’en amont, dans la commune limitrophe de Milenake.

Par ailleurs, l’assèchement de plus en plus prolongé du lit de la rivière Manombo dû au changement climatique a toujours des répercussions sur les activités productives des paysans du village de Manombo-sud.

- 12 - CHAPITRE II: LA POPULATION ET L’HISTOIRE DU PEUPLEMENT Le clan « Tranotelo », un clan Vezo, est le fondateur du village de Manombo-sud à une date que nous n’avions pas pu déterminer. La fondation d’un village est toujours conditionnée par la recherche de bien être et de la facilité des activités de base, ici la pêche pour ce clan Vezo. D’ailleurs, le mot « vezo » est l’impératif du verbe « mivé » qui veut dire « ramer ».

Dans le PCD de Manombo, à la page 7, il a été écrit « le nom de la commune vient du mot « manombo » qui veut dire « développer, augmenter ». Car, du temps de sa fondation, lorsqu’un passant a demandé au Vezo tranotelo fondateur ce qu’il est en train de faire dans le secteur, celui-ci a répondu tout bonnement : « manombo hanàna » (s’enrichir) ».

Dans leurs activités de pêche, les Vezo sont nomades et se déplacent pendant une certaine période de l’année vers des zones aux eaux poissonneuses par rapport à leurs voisins agro pasteurs Masikoro qui sont plus sédentaires. Les habitants de la commune de Manombo-sud vivent généralement dans des villages littoraux comme celui de Manombo- sud. Car, la forte majorité des habitants de la commune sont également des Vezo d’autres clans.

Selon les traditions orales recueillies auprès des vieux « Ray amandreny 4 », le village de Manombo a été bâti, au départ, à environ 1 kilomètre du rivage de la mer car les Vezo voulaient être tout près de leurs pirogues pour leur sécurité, craignant d’éventuelles attaques par d’autres groupes ethniques. La conquête de l’espace avait créé ces attaques. En cas de telles attaques, les Vezo se réfugiaient en pleine mer, milieu inaccessible pour les attaquants. De plus, du temps de la traite des esclaves, le trafic d’hommes était très répandu dans la région côtière de telle sorte que les Vezo jugeaient le va et vient vers l’intérieur des terres comme étant non sécurisant. Généralement, les Vezo habitent non loin du rivage de la mer… C’est leur principale stratégie de défense.

Suite à la politique du roi merina Andrianampoinimerina, le père de Radama-I, qui stipulait « ny ranomasina no valam-parihiko 5 », les Merina avaient effectué, à plusieurs reprises – en 1835, en 1888 et en 1890 – des invasions souvent couronnées de réussite afin de soumettre progressivement la région sous leur domination. Après cette dernière expédition les

4 Grandes personnes, grands parents 5 Textuellement « la mer est la limite de mon territoire »

- 13 - Merina ont pu mettre en place des postes militaires merina à Tuléar et à Manombo, rapidement repris par les troupes françaises en 1897.

A leur arrivée dans la région, les français avaient construit un poste militaire sur un monticule situé en face du village de Manombo-sud, à la rive gauche de la rivière. C’est autour de ce camp qu’étaient construits tous les bâtiments administratifs coloniaux. De nos jours, ces bâtiments sont totalement dégradés, quelques-uns complètement démolis.

Photo 1 ; un des anciens bâtiments (hôpitaux,…) Photo 2 : anciens Bureaux Administratifs coloniaux détruits (Canton,…) démolis

Cliché : auteur

Ces Français avaient ordonné aux villageois avoisinants de venir se regrouper autour de ce campement. D’après un de nos informateurs, Solia Rejis, un notable chef actuel « hazomanga » du clan Tranotelo, les Français avaient peur d’une insurrection et voulaient contrôler la vie des villageois…

Vers la fin du XIX ème siècle et tout au long du XX ème siècle, des nouveaux migrants étaient venus s’installer près des Vezo de Manombo-sud. ANLI AHAMADI OILI, dans son Mémoire de maîtrise, 2007, p.27, nous résumait la situation comme suit : « Derrière la prédominance ‘’Vezo et Masikoro autochtones’’, s’insèrent les Mahafaly, les Antandroy, les Betsileo et les Merina ». La vogue de la culture de pois du cap a attiré à Manombo-sud quelques négociants indo pakistanais

- 14 - Actuellement, la population de la commune de Manombo-sud, comme celle du village de Manombo-sud d’ailleurs, est multi ethnique, avec prédominance des clans Vezo, venus s’installer sur le littoral pour les mêmes raisons que le clan Vezo Tranotelo.

Dans le PCD de Manombo, il a été écrit à ce propos : « Les principaux habitants des villages littoraux de la partie méridionale de la Commune sont : Le sous clan FOLOAMITOMBOE qui est le fondateur du quartier de Fitsitike, le sous clan SARA , celui des quartier d’Andrevo et de Fitsitike, les sous clan TEMAROMAINTY, BESAKOA, TSANALA venant de la commune rurale de Saint Augustin. La majorité des habitants des villages du nord de la Commune sont constitués par le sous clan de TANDAVAKE , le sous clan de TANJORO , le sous clan de TEJORY, et le sous clan de KIMIJA . »

La présence des Européens à Manombo-sud et dans la région va totalement bouleverser le mode de vie des communautés locales tant sur le plan économique que social. Dans le domaine agricole par exemple, de nombreuses grandes concessions faisaient leur apparition vers les années 1900, non seulement à Manombo mais dans toute la région. Ces concessionnaires s’étaient intéressés en particulier aux sols alluvionnaires du bas Manombo.

Dans les « Travaux et Documents de l’ORSTOM », 1972, n°16, p.107, nous avons pu lire : « En 1910 deux concessions de 600 ha chacune utilisaient déjà des sols alluvionnaires de la rive droite de Manombo, irriguées par les eaux de Ranozaza. Plus tard, vers 1920 d’autres colons s’installèrent près d’Ankililoake (Concession Djoussaud) et à Ankilimalinika (Concession Raccaud). Un seul colon s’est installé dans la plaine de Befandriana (Concession Lambert) à Bekongo. Ces grandes exploitations pratiquaient surtout les cultures du riz et du pois du cap et l’un d’entre eux, en 1923, cultivait le coton. D’autres faisaient de l’élevage de porcs et d’autruches. Ces produits étaient évacués par le port de Manombo qui, d’après H. Poisson, exportait en 1922, 1500 tonnes de produits divers dont du pois du cap, des peaux, des planches, etc… ».

La mise en valeur de ces concessions et l’essor du port exigeaient une énorme quantité de mains-d’œuvre dont il faudrait recruter ailleurs. Ce qui contribuait encore plus à peupler le village de Manombo-sud. Ainsi par exemple, l’ignorance des Masikoro des méthodes rizicoles, a poussé les concessionnaires européens à faire « (…) appel à la main d’œuvre betsileo pour l’aménagement de leurs périmètres rizicoles ».

- 15 - Le tableau suivant, extrait des « Travaux et Document de l’ORSTOM » n°16, à la page 111 (tableau n° 5) illustre par exemple l’augmentation spectaculaire de la population de la commune de Manombo-sud de 1954 à 1967 :

Tableau 1: Evolution de la population de la commune de Manombo-sud entre 1954 et 1967 Date 1954 1964 1967

Population 11.066 27.365 33.957

En dix ans, entre 1954 et 1964, les populations ont compté un surplus de 16.299 personnes, et en trois ans seulement, entre 1964 et 1967, nous avons un surplus de 6.592 habitants. Puis, depuis une décennie, le nombre de population de la commune diminue d’année en année, l’essor économique de la commune s’effrite d’année en année. D’après les nouveaux recensements faits en 2005, la commune rurale de Manombo-sud comptait 31 019 habitants. Dans le PCD de Manombo dont la version finale, rappelons le, date de novembre 2006, à la page 17, il a été mentionné : « La population de la Commune est de 31.012 habitants … ». Toutefois, de gros villages Vezo s’étaient formés autour du village de Manombo-sud. ANLI AHAMADI OILI, dans son Mémoire de Maîtrise rédigé en 2007 :« (…), Manombo et ses environs immédiats, malgré tout, vont connaître une énorme concentration d’une communauté Vezo dont des gros villages tels que Manombo I et II, Tsihake et Fitsitsike sont peuplés de ‘’Vezo’’ ».

- 16 - CHAPITRE III: LES ACTIVITES SOCIOCULTURELLES

III.1. La croyance en Dieu chez les Vezo Chez les Vezo, comme chez tous les malgaches d’ailleurs, la croyance en un unique Dieu nous a été affirmée. Mais, ne nous écartons pas de la civilisation malgache qui donne beaucoup d’importance aux valeurs des pratiques ancestrales et des traditions.

En effet, la croyance en un Dieu créateur Zanahary est ici affirmée. Pour s’adresser au « Zanahary », il faut passer par l’intermédiaire des ancêtres Raza . Le Hazomanga, le poteau rituel est l’endroit des sacrifices et des prières au Zanahary par l’intermédiaire des Raza . Le mpitan-kazomanga est l’officiant, le détenteur du « poteau rituel » ; personne d’autre que lui n’a pas le droit d’officier au Hazomanga du clan. Tous les grands évènements de chaque famille du clan doivent se passer au Hazomanga , moyennant un sacrifice de zébu ou de chèvre : funérailles, mariage coutumier, circoncision, … Le mouton est tabou pour les Vezo.

Le mpitan -kazomanga est à la fois l’officiant du culte des ancêtres et en même temps le lien qui unit les descendants d’une même lignée. ZENY Charles en 1983, a écrit : « le mpitan-kazomanga est le détenteur vivant des règles socioculturelles qui régissent la grande famille. Il préside aux sacrifices offerts en honneur des ancêtres, règle les problèmes quotidiens et donne des bénédictions à ceux qui en ont besoin. Ses paroles ont force de loi. Il enseigne aux jeunes, aussi bien qu’aux parents, la morale, sens civique et moral, les techniques et son expérience vécue. Tout l’héritage culturel du Fokonolona se trouve chez lui. ».

Cette fonction du mpitan-kazomanga était toujours restée immuable car, malgré le travail acharné du christianisme, le malgache fait toujours recours et en temps voulu, pour chercher appui à la force des puissances des ancêtres.

Le père Rémi RALIBERA dans ‘’Famille Malgache’’. Missi n° 10, 1970, p.315, avait à ce propos écrit : « Il est rare que les malgaches qui ont été christianisés aient complètement abandonné leur Hazomanga. Celui qui le ferait couperait son lien avec la famille, le clan et les dieux et n’aurait plus droit à être enterré dans le tombeau familial. C’est la pire des sanctions chez eux ».

Ce culte des ancêtres et le respect du Hazomanga font partie de l’éducation de l’enfant Vezo. Ce culte des ancêtres n’exclue pas l’existence de ce Dieu créateur Zanahary , Etre suprême au-dessus des ancêtres Raza qui étaient des humains.

- 17 - Pratiquement, il reste à la population de manifester, à coeur ouvert, leur soumission auprès de cette image sacrée, un personnage ou un objet. Elle a le devoir de lui demander autorisation de quoi que ce soit dans la vie quotidienne. C’est habituellement le cas de la consultation du moment propice pour une quelconque activité (semence, construction de maison, cérémonie familiale, capture de poissons, …), mais aussi et surtout la tenue d’une cérémonie telle que la circoncision et le mariage qui doivent être réalisés suivant des règles traditionnelles et d‘organisations bien marquées à des moments précis dans l’année.

Par ailleurs, chez les sociétés de la côte sud-ouest malgache, ces dernières respectent la vie, le combat ne se présente que comme une sorte de sport, car la guerre ne prenait jamais un caractère sanglant. De ce fait, ni l’un, ni l’autre n’avait l’intention de nuire à son adversaire jusqu’au point de le tuer mais plutôt de s’accaparer de ses richesses, en hommes et terres ou en zébus. Comme nous le montre le Père ENGELVIN dans son ouvrage cité plus haut à la page 32 : « La guerre était un sport. On s’y exerçait sans grand risque. On se faisait la guerre parce qu’on se disputait les pacages plantureux et les boeufs étaient le butin convoité ».

Avant la présence des Européens dans cette région ou à Madagascar, l’arme utilisée n’était autre que la lance ou la sagaie. Introduit au milieu du XIX ème siècle, le fusil n’était pas bien apprécié par les combattants de la région. Le Père ENGELVIN dans son ouvrage cité plus haut à la page 31 écrivait : « Avec de pareilles armes, on risquait de faire du bruit que de mal ». D’ailleurs, « lors de l’occupation française, on en saisit plusieurs modèles postérieurs à 1818 ».

III.2. Le mariage chez les Vezo : La notion du mariage existe partout sur la terre. Seulement, le rituel et l’expression de la liesse collective lors des festivités de célébration d’un mariage varient d’un groupe social à un autre, d’une société à une autre. Cette expression de la liesse collective lors des festivités de célébration d’un mariage peut évoluer avec l’évolution des mentalités jusqu’à l’adoption de termes tels que « mariage traditionnel » ou « mariage moderne ». La notion de « mariage moderne », apporté par la modernisation de l’administration et le christianisme, n’exclut pas le « mariage traditionnel » hérité des ascendants ancestraux.

Le rituel d’un « mariage traditionnel » suit des normes souvent immuables caractéristiques de la tradition d’un groupe social qui est souvent un clan pour le Sud Ouest malgache. Pour les Vezo du village de Manombo-sud, l’identité d’une jeune fille est partout la même car, en général, c’est sa mère ou sa grand-mère qui assure, dès son enfance, son

- 18 - éducation sur la base de la vie quotidienne et de la vie pratique surtout ce qui concerne les préoccupations habituelles de la future femme dont, et surtout, la conduite d’un ménage. La fillette Vezo est « préparée » pour le mariage.

Jadis, le mariage était un « arrangement » des parents 6, souvent sans que les futurs mariés n’en soient informés. Généralement, les futurs mariés acceptent le mariage car les paroles des parents sont sacrées. Contrairement à ce que l’on retrouve dans les sociétés traditionnelles d’agro éleveurs du Sud-Ouest malgache au sein desquelles la polygamie était pratiquée, les Vezo du littoral qui sont exclusivement des pêcheurs pratiquent quant à eux la monogamie. Cependant cette question de polygamie mérite d’être approfondie dans nos recherches futures.

Pour les Vezo, le cérémonial du mariage traditionnel est le fandeo .

Ce mot est d’origine Sakalava, l’ethnie riveraine des Vezo et des Masikoro plus au nord, qui signifie « compensation en argent » : compensations des dépenses faites par les parents de la jeune fille pour l’élever, de la perte en main-d’œuvre qu’ils font en la cédant, …. La question se pose sur l’adoption par les Vezo de cette tradition du fandeo apparemment d’origine Sakalava. Toutefois, le fandeo est resté dans la tradition des Vezo.

Lors de la demande en mariage, c’est la famille du garçon qui demande la fille moyennant une somme d’argent. Le cérémonial du fandeo est en fait un débat de prix qui peut perdurer quelques heures. Il ne s’agit pas d’une « vente » au propre sens du terme, parce que la jeune fille n’est pas une marchandise, mais plutôt une tradition, un passage obligé, à respecter, sans quoi le mariage n’est pas socialement et traditionnellement accepté. D’ailleurs, le sens d’origine du fandeo en tant que « compensation » n’a plus tellement de signification car l’argent est distribué par le père de la jeune fille à tous les chefs de lignées du clan, présents ou absents de la cérémonie…

Le Père Ambroise ENGELVIN, 1936, page 32, avait mentionné à ce propos : « Dès l’âge de nubile s’annonce, la fillette Vezo est ‘’placée’’ par ses parents, moyennant un honnête bénéfice, car ici, comme chez les peuples de couleur, c’est le mari qui achète sa femme ».

Le prix débattu est à la fois rang social, notoriété, respect du clan et fierté.

Le rituel du fandeo se terminera par des invocations religieuses, comme l’avait décrit le Père Ambroise ENGELVIN en 1936 dans ses écrits : « A l’occasion du ‘’fandeo’’ a lieu

- 19 - une cérémonie vaguement religieuse qui consiste en une demande faite par le chef de la famille à Zanahary ‘’Dieu’’ et aux ancêtres de protéger les nouveaux époux et de multiplier leur prospérité »

Lors du fandeo , lorsque le rituel est fait dans la pure tradition, un zébu est également offert, pratique actuellement souvent abandonnée compte tenu de la cherté de la vie et remplacée par des boissons à consommer durant les festivités du fandeo .

Amener un zébu va contribuer encore plus au respect du clan de la jeune fille et à la fierté. Généralement, ce zébu est sacrifié au Hazomanga . Le nouveau marié prend ensuite un peu de sang du zébu et marque le front et la poitrine de tous les hommes présents de la famille de sa nouvelle épouse en disant chaque fois « Hangery, hamany 7 » : c’est le ala fady : suppression des interdits aux amants de causer ensemble devant les parents et les frères de l’épouse, permission des mariés de se montrer en public sans que personne n’en soit froissée.

La viande du zébu sera cuite et sera mangée par les deux familles réunies au cours des festivités qui suivent le cérémonial.

Au fil des temps la tradition s’effrite et prend de plus en plus de nouvelles versions. De nos temps, le mariage se passe parfois en deux étapes :

- les fiançailles, une petite cérémonie de promesse entre familles.

- la cérémonie du fandeo .

Il est de tradition que c’est la jeune mariée qui meuble la nouvelle demeure du couple. Ainsi, lorsque le rituel du fandeo est terminé et que la jeune mariée va intégrer sa nouvelle demeure conjugale, sa famille lui donne les premiers mobiliers et ustensiles pour sa nouvelle vie. La jeune fille sera déplacée vers le domaine de ses beaux-parents 8 avant, éventuellement, de s’installer ailleurs avec son mari. Elle n’appartient plus à ses parents…

Le Père Ambroise ENGELVIN, 1936, page 32, avait ajouté : « Chez les Vezo, une fois le fandeo accepté, la fille n’appartient plus à ses parents. Même si elle reste quelques jours chez eux, (…) ».

En cas de rupture du mariage, les parents de la mariée doivent rendre le fandeo . Ils ne peuvent pas recevoir le fandeo d’un second prétendant sans avoir rendu celui du premier

6 Comme aux Comores aussi 7 Textuellement : « Chie et pisse », car la tradition dit que les hommes de la famille de la jeune fille n’ont pas le droit de manger quoi que ce soit de la main d’un gendre qui n’a encore fait le fandeo au risque de ne pouvoir ni « chier », ni « pisser ». 8 Ce qui n’est pas le cas aux Comores où la jeune fille reste dans son habitation dans le domaine de ses parents.

- 20 - gendre, sinon c’est la honte de la famille et du clan. Le Père Ambroise ENGELVIN, en 1936, écrivait à propos de la rupture de mariage : « le contrat de mariage admet donc en principe comme possible la séparation définitive qui correspond au divorce du code civil des blancs ».

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DEUXIEME PARTIE : LA SCOLARISATION PAR LES LAZARISTES A MANOMBO-SUD DEPUIS 1900 JUSQU’EN 1972

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CHAPITRE I : LA MISSION LAZARISTE DEPUIS SA CREATION JUSQU’A SON ARRIVEE A MANOMBO-SUD.

I.1. Histoire de l’origine de la congrégation Lazariste : L’histoire de la congrégation Lazariste, une congrégation de Prêtres Catholiques, remonte à la fin du XVI ème siècle. Elle fut créée par Saint Vincent de Paul.

Vincent de Paul était issu d’une famille paysanne française. Il était né le 14 avril 1581 dans le Puy-de-Dôme en France. Le jeune berger s’intéressait tardivement aux études et devenait élève des Cordeliers de Dax. Il travaillait parallèlement à ses études comme percepteur d’un avocat.

A l’âge de seize ans, en 1597, il entrait à l’Université de Toulouse. Sa vocation religieuse de prêtre naissait en 1600, alors qu’il était âgé de dix neuf ans. Il fut ordonné prêtre cinq ans plus tard.

Au cours d’un voyage par mer à Marseille, il était capturé par des pirates et demeurait pendant deux ans, de 1605 à 1607 prisonnier à Tunis. Mais il finira par s’évader et se rendre à Rome puis à Paris où il devenait aumônier de famille de Marguerite de Valois.

Vincent occupait les postes suivants : curé de Clichy (1611), précepteur des enfants de Gondi (1612), curé de Châtillon les Dombes (1617), aumônier des Galères (1619), supérieur de la visitation de Paris. Deux ans plus tard, il va occuper le poste de précepteur du Collège des Bons Enfants à Paris. C’est là qu’il fondait une congrégation missionnaire le 17avril 1625 : la congrégation des prêtres lazaristes.

Le Père Vincent de Paul avait fondée cette congrégation de prêtres décidés à aller en mission c’est-à-dire aller évangéliser les pays où le christianisme catholique n’est pas encore. La congrégation avait pris le nom de Lazariste lors de l’établissement de son siège à l’ancien prieuré Saint-Lazare à Paris en 1632.

Le père Vincent de Paul avait fondée en outre de nombreuses associations caritatives laïques, des confréries de charité en fait.

Dans l’Encyclopédie Encarta 2005, nous avons pu lire : « Vingt ans de paroisse en France et précepteur dans la famille d’Emmanuel de Gondi, il [Vincent de Paul] créa la première confrérie de la Charité ». Cette confrérie était composée de dames aisées travaillant pour les pauvres et les malades.

- 23 - Par le concours de plusieurs autres personnes, Vincent a pu créer tant d’Organisations charitables dont l’ordre des Filles de la Charité : les Sœurs de Saint Vincent de Paul - qu’il fonda en 1634 avec la collaboration de Sœur Louise de Marillac (1591-1660) devenue Sainte Louise de Marillac.

Il arrivait au père Vincent de Paul de recevoir des jeunes malgaches à Saint Lazare, où il disait : « De l’expérience faite lorsqu’il recevait des jeunes malgaches à Saint-Lazare (Paris), il propose aux missionnaires une manière d’instruire les néophytes ; partir de raisonnements pris de la nature, utiliser des images de grande dimension pour présenter les principaux mystères de la foi chrétienne. »

Vincent de Paul fut décédé le 27 septembre 1660 à Paris. Il fut sanctifié en 1737 et fut choisi plus tard comme patron des œuvres charitables. Saint Vincent de Paul est connu par sa dévotion envers les pauvres. Il avait fondé la congrégation des prêtres missionnaires lazaristes qu’il avait décrite ainsi : « (…) la congrégation de la mission lazariste, formée par des frères dont le rôle consiste à véhiculer la ‘’bonne parole’’, tout en portant secours aux populations rurales ».

C’était ainsi que ces prêtres avaient dû s’éparpiller à travers le monde, dont quelques- uns, après de longs périples, arrivaient jusqu’à Madagascar.

I.2. L’histoire des missionnaires Lazaristes de Madagascar Parmi les mouvements missionnaires de la congrégation, nous allons nous intéresser à celui de l’Abyssinie en Erythrée qui était à l’origine de celui de Madagascar et à celui de Madagascar lui-même jusqu’à la venue des Lazaristes à Manombo-sud.

I.2.1. D’Abyssinie à Fort Dauphin Une des premières missions des missionnaires Lazaristes en Afrique est la mission d’Abyssinie en Erythrée. Pourtant, vers la fin du XIX ème siècle, vers les 1890, l’Italie entreprenait sa campagne de colonisation de l’Erythrée et la présence de ces missionnaires européens gênait énormément les Italiens. Malgré que « Les lazaristes avaient en Erythrée une mission florissante », les missionnaires lazaristes européens de l’Abyssinie subissaient alors la persécution des colons italiens de l’époque qui voulaient plutôt des missionnaires italiens.

Dans « Le Christianisme dans le sud de Madagascar », p.520, nous avons pu lire à ce propos : « Considérant que la présence permanente des Pères Lazaristes du vicariat

- 24 - apostolique d’Abyssinie en Erythrée tend à amoindrir l’autorité et la prestige du gouvernement italien de la colonie et est compatible avec la tranquillité publique, décrète :

10 les Pères Lazaristes de nationalité européenne sont expulsés de la colonie d’Erythrée ;

20 ils partiront au plus tard le 4 février [1895] ».

La pression des Italiens qui prenaient progressivement le contrôle du pays faisait que la mission lazariste devait renoncer à cette mission d’Abyssinie. L’Italie occupait totalement l’Erythrée en 1896

Le responsable chargé de cette mission lazariste d’Erythrée, Monseigneur Jacques CROUZET, le Vicaire Apostolique d’Abyssinie, fut parti le 24 octobre 1894, où il a déclaré sa démission pour rentrer en France. Le 4 février 1895, tous les missionnaires lazaristes européens d’Abyssinie se retirèrent aussi.

Rappelons que la date de 1896 marque un grand tournant, non seulement pour l’histoire de l’Erythrée mais aussi pour celle de Madagascar . En effet, à cette date exactement, les Français ont colonisé Madagascar et ont commencé à le « contrôler militairement puis administrativement». Si bien que la cible des missionnaires lazaristes européens d’Abyssinie fut Madagascar et la mission lazariste expulsée d’Abyssinie avait la facilité de s’installer à Madagascar.

Dans « L’Evangélisation du sud de Madagascar », on nous décrit ceci : « ‘’Quand les hommes nous ferment la porte, Dieu nous ouvre très largement les fenêtres’’. Les Italiens lui fermèrent sans ménagement les portes de l’Abyssinie conquise, par les fenêtres de la providence, il s’envola vers Madagascar ».

Les premiers contacts de la mission lazariste avec Madagascar ne dataient pas de cette expulsion d’Abyssinie. Des lazaristes y ont été déjà passés depuis fort longtemps, entre 1648 et 1674, en particulier dans le Sud malgache. Nous n’avions pas pu retrouver des détails de cette première campagne missionnaire lazariste. Nous savons seulement que la première mission des Lazaristes au XVII ème siècle à Madagascar a été vouée à l’échec, même si des auteurs n’acceptent pas le mot ‘’échec’’, car pour eux, c’étaient des circonstances particulièrement financières, politiques ou d’insécurité qui faisaient l’objet de leur départ.

Le mercredi 7 avril 1896, Monseigneur CROUZET mettait pieds à terre sur la plage de Fort Dauphin et redémarrait la mission lazariste de Madagascar.

- 25 - Avant les Lazaristes, entre 1889 et 1895, des tentatives missionnaires dans le Sud malgache menées par une autre congrégation de prêtres missionnaires, la congrégation des prêtres jésuites de la « Compagnie de Jésus », n’avaient pas persisté. L’occupation de l’Ile par les troupes françaises allait rapidement favoriser l’expansion de la mission lazariste. Le Sud de Madagascar a été le terrain préféré pour ses dynamiques religieuses traditionnellement très ancrées et faciles aux missionnaires européens à transformer en dynamiques religieuses chrétiennes.

Peu avant l’arrivée des colons français, Madagascar était déjà couvert par des missions chrétiennes. Pour la mission catholique, à partir de 1885, Monseigneur CAZET était le premier responsable pour toute l’Ile sous le titre de Vicaire apostolique. Compte tenu de l’étendue de la Grande Ile, il n’avait jamais cessé de penser à la stratégie qui lui permettrait de pouvoir diriger les religieux et la communauté catholique. Il avait alors opté, trois années après sa nomination au vicariat apostolique pour une division de la mission catholique de Madagascar en trois vicariats : le Nord à la congrégation du Saint Esprit, le centre aux Jésuites et le Sud aux Lazaristes où ils étaient déjà peu avant l’année 1900.

I.2.2. Le choix de Manombo-sud Monseigneur CASTAN, un des missionnaires, ancien d’Abyssinie déclarait à son supérieur Monseigneur CROUZET l’insuffisance de la population évangélisée par rapport à d’autres vicariats, disant à la page 140. du « Christianisme dans le sud de Madagascar: « (...) nous avons vu Diego, c’est un port considérable ; une seule de ses rues renferme plus d’habitants que Fort Dauphin, Majunga est un centre encore plus important, sans parler de Nosy-Be. Tamatave mon Dieu ! n’est pas Marseille mais il y a dix fois plus de catholiques que dans notre Vicariat (du sud). Et Tamatave n’est rien comparée à Tananarive et à Fianarantsoa. Ici, pas de villes, pas de centres : des populations éparses, l’espace inhabité. »

Vers 1900, Manombo-sud était le port le plus important de la côte sud-ouest par lequel se passaient les meilleures transactions avec les Européens. Dans « Travaux et Document d’O.R.S.T.O.M », n°16-1972, p.107, nous avons pu lire à ce propos : « On peut supposer le contrôle de Manombo, seul point de la côte fréquenté régulièrement par les Européens, était l’objet des luttes incessantes avec la province méridionale ». Tout ceci nous montre combien le village de Manombo-sud était très intéressant pour la mission d’évangélisation.

L’expansion de la mission des Pères lazaristes, à partir de Fort Dauphin, a été décrite ainsi dans « Les Lazaristes à Madagascar : De Saint Vincent de Paul (1648 à nos jours 1948)»

- 26 - à la page 229 : « En fin d’année 1897 arrivèrent quatre Pères, un frère et deux sœurs. Les fondations lointaines commencèrent à se multiplier : les Pères DANJOU et CANDART s’installèrent dans la vallée d’Ambolo où le Père CETTA les rejoindra un peu plus tard. Les Pères LASNE et BLUCHEAU occupèrent Farafangana. Le Père BERTRAND s’installa chez les Antaimoro, à Vohipeno, et le Père LECLERQ chez les Antaisaka, à Vagaidrano. En 1899, le Père BRUNEL s’établit à Manombo, à 60 km au Nord de Tuléar,…

Le Père ENGELVIN (A), dans « Madagascar, monographie d’une sous tribu sakalava : les Vezos ou l’enfant de la mer », page 163, en 1899, a écrit : « A 60 km au nord de Tuléar, Manombo a son église et son école, dirigées depuis 1900 par le Père Brunel, (…) »

Sur un panneau en bois qui se trouve dans l’enceinte de l’église de Manombo-sud, il y a un écriteau qui cite les prêtres qui s’étaient succédés à Manombo-sud depuis le Père Brunel, sur lequel nous pouvons lire en malgache : « 1903 : Nahatongavan’i Mompera Emile Brunel teto Manombo Antsimo,… 9 ». Le Père JOSE, qui avait récemment quitté à Manombo-sud pour y avoir travaillé en tant que curé pendant dix ans, nous confirmait cette date de « 1903 ». Dans une annale de la Congrégation, il est mentionné : « le Père Brunel s’installa à Manombo le 29 novembre 1904 ». Dans tous les cas, entre 1903 et 1904, nous ne voyons pas une grande différence. Le centenaire de l’arrivée de la mission Lazariste à Manombo-sud a été célébré en 2003…

I.2.3. Le Père BRUNEL Au cours de nos recherches bibliographiques, nous avons pu lire un registre qui porte la biographie du Père Brunel, se trouvant actuellement chez les Sœurs de Saint Thérèse à Manombo-sud. Signalons au passage que cette congrégation de Soeurs dirige actuellement l’Ecole Privée catholique, longtemps connue sous le nom de « Ecole Père Brunel », que les Sœurs ont très récemment changé le nom de l’école pour devenir « Ecole Privée des Sœurs de Saint Thérèse ». Dans ce registre, nous avons pu lire : « le Père Emile Barthélemy est né le 24 octobre 1875 à Avranches en Normandie France. Il était à Manombo de 1903 à 1956. Il décéda à Fort Dauphin le 21/06/1958. ».

De son séjour à Manombo-sud, village qu’il chérissait tant, le Père Brunel souhaitait d’y être enterré… Seulement, vieilli et affaibli, il était contraint de passer ses derniers jours à Fort Dauphin où il décéda le 21 juin 1958 et y a été enterré.

9 « 1903 : date de l’arrivée du Père Brunel à Manombo-sud »

- 27 - En effet, sur un panneau en bois au bureau de l’église à Manombo-sud, est écrit un petit résumé de l’histoire de la personne source de l’enseignement scolaire dans cette localité. L’écriteau est en malgache. Il nous est important de rapporter ce petit texte ici pour la conservation, de peur qu’un jour ce témoignage de l’histoire ne soit perdu à jamais :

-« 1903 : Nahatongavan’i Mompera Emile Brunel teto Manombo atsimo ary niteny faritra maro amin’ny fitoriana ny vaovao mahafaly hatrany Befandriana Atsimo.»

(1903, Arrivée du Père Emile Brunel à Manombo-sud qui s’était déplacé dans plusieurs zones pour prêcher l’Evangile jusqu’à Befandriana-sud).

-« 15/10/1905: Batemy voalohany teto Manombo Atsimo ary tamin’io no nanombokan’ny fampianarana. »

(15/10/1905 : Premier baptême à Manombo-sud et début de l’enseignement).

-« 1956: Niainga teto Manombo i Mompera Brunel sy ny fikambanan’dry Mompera Lazarista, nifindra toerana tany Tolagnaro. »

(1956 : Départ du Père Brunel et de la congrégation des Pères lazaristes pour s’installer à Fort Dauphin).

-« 1958: Maty tany tolagnaro i Mompera Brunel. »

(1958 : Décès du Père Brunel à Fort Dauphin).

-« 1978 : Tonga eto Manombo ny taolam-balony ka nalevina tao amin’ny paroasy Fomasin’i Jesoa. »

(1978 : Arrivée des restes mortels du Père à Manombo et ont été ensevelis dans la Sainte Paroisse de Jésus).

-« Taorian’ny miaingan’ireo Mompra Lazarista dia ireo Mompera Asomptionista no mifandimby amin’ny fitoriana ny vaovao mahafaly. »

(Après le départ des Pères lazaristes, les Pères assomptionnistes se succèdent pour prêcher l’Evangile).

-« Juin 1962-tonga i Mompera André Daems mitondra ny Paroasy niorina ny sekoly Mompera Brunel izay eo ambany fitantanan’i Mompera. »

(Juin 1962, arrivée du Père André Daems pour prendre la direction de la paroisse et création de l’Ecole Père Brunel sous la tutelle des Pères de l’Eglise).

- 28 - Photo 3°P.Brunel Emile

- 29 - CHAPITRE II: LA SCOLARISATION DANS LE « DISTRICT » DE MANOMBO-SUD Avant la période coloniale, l’île a été fragmentée en de multiples royaumes. Une tentative d’unification par le royaume central Merina a été entreprise jusqu’à l’arrivée des colons français en 1896 qui avaient achevé cette unification. Un système éducatif d’envergure national se mettait alors en place.

II.1. La scolarisation avant l’arrivée des Lazaristes Avant l’arrivée des Lazaristes, à l’époque précoloniale, l’éducation en Afrique consistait en des transmissions des héritages culturels traditionnels. Madagascar n’y fait pas exception. A Manombo-sud, chez les Vezo, les enfants étaient ainsi éduqués dans le système éducatif traditionnel du groupe clanique basé sur l’oralité. La tradition de l’écrit était pratiquement inconnue.

II.1.1. Le système éducatif traditionnel L’éducation de l’enfant est en premier lieu assurée par ses grands parents et par ses parents. Chaque message éducatif est oral, la plupart du temps suivi par des démonstrations pratiques. Les grands parents profitent souvent du soir autour du foyer pour exhiber oralement leur savoir-faire à leurs petits enfants. Cette éducation à la vie est souvent illustrée de contes.

ZENY Charles, dans « L’éducation de base à Madagascar de 1960-1976 », à la page 36, nous fait part de ceci : « l’éducation morale et civique se fait surtout le soir au coin du foyer. Le foyer est l’école où les parents donnent consciemment ou inconsciemment à l’enfant, par la pratique et l’exemple, sa formation ; en même temps, c’est le milieu où il se prépare à vivre dans une société dont les obligations et les lois gravitent autour du culte des ancêtres, du respect des anciens, de l’observation des usages et coutumes, de l’amour (…) du fihavanana ».

L’entourage de l’enfant a des influences sur son éducation. Des échanges entre enfants se font à la tombée des nuits de pleine lune, comme l’a ainsi continué ZENY Charles « de leur part, les enfants issus de différentes familles profitent la pleine lune pour faire leurs répétitions en s’échangeant de leurs savoirs dires recueillis de leurs grands parents. »

L’enfant, en grandissant, est alors de plus en plus censé savoir et respecter les traditions et cultes ancestraux afin de pouvoir s’intégrer, sans difficulté dans la vie sociale. Dans le même ouvrage cité plus haut, à la page 35, ZENY écrivait : « Ainsi l’enfant sera

- 30 - éduqué à comprendre le sens des valeurs des traditions et à les respecter, à comprendre et à respecter l’ordre établi par les anciens, à comprendre et à défendre l’authenticité, habitudes et croyances de son propre groupe communautaire, à connaître et à aimer son pays. »

Outre cette transmission orale du savoir vivre, des us et coutumes et des traditions, le système éducatif établi par les aïeux pour les enfants prévoit également une formation professionnelle qui va faire la différence entre la formation de garçon de celle de la fille. En effet, chez les Vezo, le garçon est éduqué pour succéder au métier de son père : la pêche. Par contre, pour la fille, à partir d’un certain âge, l’éducation est prise en charge par la mère et les grand-mères, orientée surtout sur des préoccupations féminines telles que la gestion ménagère, l’hygiène, les soins des enfants, …

Dans le cadre de la famille élargie clanique, tout adulte du village a le devoir d’éducation des enfants en assurant le suivi de leurs faits et gestes de tous les jours. Cette éducation par le « fokonolo », « … communauté villageoise qui à l’origine était un clan (ou parfois un lignage) de type patrilinéaire et patriarcal unissant un même territoire (fokontany) les descendants d’un même ancêtre (razana) dont la tombe constitue le pôle mystique où le groupe vient retrouver sa cohésion » comme l’avait défini ZENY Charles dans le même ouvrage cité plus haut à la page 32, est en fait une intervention en masse que l’enfant va certainement sentir et recueillir comme étant l’intime enseignement du respect des normes sociales et du « fihavanana », la vie en société.

Cette éducation par la masse « fokonolo » est à la fois anarchique et utile. En effet, ce système éducatif ne contraint pas l’enfant à rester dans des domaines limités de savoir et lui donne une panoplie de choix pour mener sa future vie d’adulte. ZENY Charles, toujours dans le même ouvrage cité plus haut à la page 34, écrivait en effet à ce propos : « l’éducation traditionnelle villageoise ou fokonolienne est une éducation large pour ne pas dire anarchique. Elle se fait par la masse, pratiquement, sans programme autre que celui de la vie, sans examen, sans sélection, sans diplôme autre que ceux de la compétence au travail et de la capacité d’intégration dans la société. L’enfant hérite généralement sa profession du père qui l’a initié, ou du groupe social qui l’influence, mais il est toujours libre de choisir la profession qui lui convient suivent son intérêt et son aptitude. »

- 31 - II.1.2. L’enfant Vezo et la société traditionnelle Dans la société traditionnelle du littoral sud ouest de Madagascar, chez les Vezo en particulier, la plus grande importance est donc donnée aux efforts de formation et d’éducation de l’enfant par ses parents, ses proches ou par le « fokonolo ».

Quelle était alors la place de l’enfant dans la société traditionnelle Vezo ?

Il est recueilli et soutenu dans toutes ses activités car il est d’abord et avant tout le « descendant » et l’« héritier ». ZENY Charles, toujours dans « L’éducation de base à Madagascar de 1960-1976 », à la page 35, écrivait : « Il n’est héritier non seulement des richesses familiales mais aussi aux traditions, des coutumes, de toute la culture que lui a laissée ses parents, ses grands-parents, son clan, sa patrie. Tout le contexte culturel l’initie à sauvegarder et à défendre son patrimoine culturel. » .

Beaucoup d’adages célèbres malgaches renforcent cette éducation à la conservation des traditions : ‘’aza manary fomban-drazana’’(ne rejette jamais les traditions), ‘’tahio ny an-tena, fa ny an’olo tsy homeny’’ (protège bien les tiens, les autres ne donneront pas les leurs)…

Par ailleurs, au moment où l’enfant a atteint un certain âge, sans pression agressive comme le subissent certains enfants de nos jours, s’encourageait à participer et à s’initier aux travaux des adultes. Il sera l’accompagnateur de ses parents dans la réalisation des tâches quotidiennes. Tout adulte est déjà un guide pour les enfants ; c’est à la fois du respect et un droit de l’enfant.

Beaucoup d’efforts et d’attentions sont en contre partie attendus de la part de l’enfant ainsi qu’une volonté constante de parvenir. Néanmoins, étant toujours présent aux rites, aux manifestations, aux multiples activités villageoises, il apprend progressivement la culture ancestrale, de manière itérative et durable. Même-si la circoncision n’est pas pratiquée par tous les lignages vezo, on peut penser que cette coutume traditionnelle malgache a son importance dans l’insertion de l’enfant dans la vie sociale. En effet, la circoncision représente en quelque sorte un rite de passage pour le garçon qui devient ainsi un mâle à part en entière. Là aussi, la question de la circoncision chez les Vezo est un problème qui reste à approfondir.

Dans la société traditionnelle, l’enfant est déjà un être social et il est déjà contraint à s’adapter aux règles de sa société et à accepter cette éducation car, dans la société, on lui expliquera que celui qui ne participe pas aux travaux sociaux est désapprouvé par la société. Et l’enfant va très vite se soumettre à son éducation et s’adapter à son environnement social.

- 32 - Par ailleurs, outre les croyances, les us et coutumes et les traditions, le mode de vie et les conditions géographiques et climatiques influent sur l’éducation de l’enfant. Ainsi par exemple, l’image de l’enfant chez des peuples agriculteurs des Hautes Terres ne sera jamais la même que celle de l’enfant de pêcheur ou d’agro pasteur côtier.

Dans « L’enfant et son éducation dans la civilisation traditionnelle malgache », à la page 77, RANDRIANARISOA (P) montre que : « chez les peuples spécifiquement agriculteurs des Hauts plateaux de l’Imerina, de Vakinakaratra et de Betsileo où le travail des rizières et des champs, vu le climat et la configuration géographique, demande énormément de soins, oblige les parents à faire descendre leurs enfants, très tôt, dans l’arène de la lutte pour gagner la vie et à leur faire accepter beaucoup d’endurance et de patience, des privations ou d’incommodités qu’impose avec acuité l’insuffisance économique due à la difficulté de la mise en valeur d’une terre pas toujours facile à travailler : la latérite ».

Chez cet enfant des Hauts Plateaux, ce travail est une notion d’initiation à une éducation même si celui-ci est pénible pour lui. Or, c’est parfaitement le contraire chez certains peuples du littoral où l’enfant peut jouir de plus de liberté et d’indépendance.

Le passage suivant de RANDRIANARISOA (P), dans le même ouvrage cité plus haut à la page 78, nous explicite plus : « Tandis que les habitants du sud-ouest et certaines régions côtières, peuples pêcheurs ou pasteurs appelés à de fréquents et longs déplacements, indépendants et libres, l’enfant même né d’une famille maternellement peu riche, est moins astreint à des obligations ou à des corvées domestiques régulières. Certes, il imite, puis aide ses parents dans leurs occupations quotidiennes dès qu’il en apte, mais les contextes géographiques et climatiques de la nature du travail lui donne plus d’indépendance et une conception plus libérale voire différente de la vie par rapport à son compatriote des régions à populations sédentaires ».

A cause de l’attachement des Vezo à la mer, leurs voisins Masikoro les reconnaissent sous le nom que le Père ENGELVIN (A), dans « Madagascar, monographie d’une sous tribu sakalava : les Vezos ou l’enfant de la mer », page 15, en 1899, décrivait dans cette phrase : « les tribus voisins désignent les Vezo par le mot ‘’ombandriaka’’ qui se déplacent par la mer » ; et, à la page 23, par cette autre phrase : « (…)les membres des marins prédateurs de platiers coralliens, de mangroves (…) ».

Lié à l’amour de son métier, « le Vezo aime et soigne sa pirogue plus que sa maison ».

- 33 - Au sein du groupement Vezo, on distingue une certaine différenciation 10 :

D’après l’origine :- « Vezo pira 11 » (de parenté purement Vezo)

- « Vezo sara » (pêcheurs non Vezo)

D’après la fonction :- « Vezondriake » (pêcheurs)

- « Vezompotake » (Vezo travaillant la terre)

- « Vezombiro 12 » (Vezo employés des bureaux)

En effet, les femmes Vezo travaillaient aussi si dur car c’était toujours les femmes qui se préoccupaient de tout le reste de la vie quotidienne en terre ferme donnant plein temps de repos aux hommes après leur retour de la mer . De plus, c’était toujours les femmes qui se déplaçaient, parfois assez loin, pour vendre les produits de la pêche de leurs maris ou troquer ces produits contre les produits agricoles, dont le manioc, des Masikoro de l’arrière pays.

Au début de l’époque où nous nous referons pour la présente étude, période coloniale où les moyens de transport étaient précaires, les femmes Vezo exerçaient leurs activités de commercialisation à pieds. Au fil des temps, les moyens ont évolué. L’apparition des tracés routiers a amélioré les conditions de déplacement de ces dames. D’après le Père ENGELVIN, dans le même ouvrage cité plus haut à la page 25, « Les moyens de transport se sont confectionnés : charrettes à bœufs et camions ont remplacé les femmes Vezos qui trouvent à s’employer à des travaux moins durs ».

Actuellement, pour gagner leur vie compte tenu de sa cherté, les gens ne se limitent plus à la seule et unique activité traditionnelle de son groupe clanique. Les Vezo s’impliquent actuellement dans l’agriculture ou l’élevage et le Masikoro, inversement, fréquente la mer.

KOECHLIN (B), dans « Les Vezo du sud ouest de Madagascar » à la page 26, nous explicite la situation dans l’extrait suivant pour les tribus du littoral sud ouest de Madagascar: « Certes ces critères ne fonctionnent plus très bien aujourd’hui, en effet, le Vezo cultive à mi- temps et élève des bœufs, le Masikoro s’adonne à la pêche, le Mikea se sédentarise et cultive sur champs secs avec brûlis, enfin le Tanalana pêche à la ligne en mer et élève des bœufs, etc. »

10 Selon toute vraisemblance, la société traditionnelle malgache vezo n’a pas connu l’esclavage contrairement aux sociétés de type monarchique à l’exemple des royaumes sakalava pour ne citer que cet exemple. 11 Pira = pur 12 Biro = bureau

- 34 - Le groupement Vezo présente donc une certaine originalité traditionnelle. L’enfant Vezo doit traditionnellement se familiariser aux activités de la pêche en mer. L’école est tardivement intégrée dans le système éducatif Vezo.

D’ailleurs, comme chez les Vezo, les différents groupes sociaux malgaches dans l’ensemble étaient des conservateurs de tout un ensemble de concepts ancestraux. Les mœurs, us et coutumes et traditions étaient conservés suivant l’originalité de chaque groupe social.

Chez les Vezo en particulier, la maîtrise de l’exploitation de la mer à la manière traditionnelle reste une préoccupation majeure à transmettre aux enfants.

Les Vezo constituent en effet un groupe social vivant exclusivement de la pêche en mer. Ils sont toujours installés sur le littoral. D’ailleurs, d’après TODISOA (D), un ancien secrétaire de la mairie de Manombo, le mot « Vezo » vient du verbe ‘’mive’’. A l’impératif, nous avons ceci : « ivezo », en supprimant le ‘’i’’, il reste ce mot « Vezo » qui désigne un spécialiste de la rame.

Les Vezo, des « Tandriake » conservateurs, n’avaient alors d’intérêt qu’à hériter de ce que leur ont transmis leurs arrières parents. « Gens de la mer », les Vezo ne jugeaient utile que l’unique formation héritée de la connaissance de toutes les formes de l’exploitation de la mer : les phénomènes climatiques liés à l’activité de pêche, la reconnaissance des zones poissonneuses et des bancs de poissons et, surtout, la maîtrise de la rame, des mouvements de la mer et des vents, de l’orientation de la voile de la pirogue et de la pirogue elle-même. Tout autre forme d’éducation aurait du mal à être acceptée…

La tâche du Père Brunel n’était pas facilitée par cette indépendance et cette liberté que jouissaient les enfants des côtiers.

II.1.3. L’apprentissage du garçon Vezo Il est indispensable pour les garçons Vezo de comprendre les mouvements des vents locaux :

-« brise du large »

-« brise des récifs »

-« brise de terre. »

Il leur est nécessaire de savoir les déplacements des vents dans l’espace maritime pour la bonne gestion des pirogues à voile. Les futurs marins ont intérêt à maîtriser la mobilité des vents et la variation des marées dont voici des noms en dialecte Vezo :

- 35 - - « leme rano » : marée faible

- « famonta ou tehake » : marée haute

- « vaky loha » : marée entre la marée haute et la marée basse

- « Tsioke atimo » : vent du sud.

- « Anindraotse » : vent en provenance du sud-ouest.

- « Ampala andzefa » : vent d’ouest

- « Animbato » : vent du nord

- « Fandohatse » : vent du nord nord-est

- « Varapohe » : vent fort du nord-est

- « Andovodahe » : vent du sud-ouest

De plus, il existe d’autres types de vents, à l’exemple de :

- « rivotse » : courant d’air

- « tsioke » : vent faible

- « valaza » : vent fort

- « sikilone » : cyclone

N’oublions pas que c’était une instruction qui se fait par l’oralité et la pratique. Ainsi, l’enfant d’un pêcheur Vezo est sensé savoir toutes les notions mécanique et technique de la navigation maritime. Il lui est donc indispensable des apprentissages sur certaines manœuvres :

- la navigation en surface calme ;

- la plongée :

- la navigation sur fortes vagues, etc.

En mer, les garçons doivent savoir l’environnement marin favorable à la pêche, c’est- à-dire l’endroit où se trouvera la plus importante quantité de poissons et les différents types de pêche à appliquer. Les Vezo ont plusieurs façons de pêcher :

- la pêche en ligne à la main ;

- la pêche en ligne traînante ;

- la pêche à filets maillants, etc.

- 36 - Derrière toutes ces techniques de pêche classiques, il y a une autre technique de pêche, la « chasse », pêche nocturne qui utilise des torches. Les Vezo ont aussi intérêt à transmettre aux futurs pêcheurs les techniques de la « chasse » pour le cas d’une chasse familiale ou d’une chasse en équipe entre voisins pêcheurs, …

Cette pratique de chasse était utilisée pour enfin encercler un banc de poissons.

Les Vezo étaient obligés de la savoir car tout cela ne remontait qu’à une époque où la connaissance et la capacité de savoir faire des Vezo étaient seulement restées fermées à l’unique culte des ancêtres. Malgré les nouvelles techniques de pêche, le Vezo est toujours resté avec ses vieilles méthodes et sa pirogue n’avait jamais été modifiée.

En entendant le mot ‘’éducation’’, on se réfère directement à « l’école ». Or, celle-ci ne s’est introduite à Madagascar qu’à partir de la fin du XIX ème siècle. Le mot « éduquer » qui veut dire développer les facultés physiques, intellectuelles et morales de quelqu’un a écarté les facultés traditionnelles de son système de formation. Or, nous avons aujourd’hui des thèmes tels que la pêche traditionnelle, culte des ancêtres. Et il se trouve qu’actuellement, nous nous appuyons sur la faible et modeste pratique artisanale et autres activités dans l’histoire des anciens pour pouvoir développer certaines facultés scientifiques et technologiques nouvellement adoptées. Et nous enregistrons également deux mondes antagonistes : l’un pour la défense des traditions et l’autre pour la défense des intérêts scientifiques.

Les communautés traditionnelles, avaient-elles tort de conserver et se transmettre les mêmes savoirs faire traditionnels ? N’y avait-il pas une différence entre un pêcheur Vezo qui a formé son fils sur ses propres méthodes traditionnelles de pêche pour assurer son gagne-pain quotidien et un européen qui, grâce à sa technologie avancée, éduque et initie les siens à la fabrication d’instruments destructifs qui mettent le monde en terreur et menacent la liberté ?

Souvent, les expériences traditionnelles sont rarement jugées efficaces, même en médecine. Nous nous souvenons que, quand nous étions en première année en 2003, au cours d’une séance d’histoire, l’enseignant nous avait ouvert une petite parenthèse. Il nous parlait d’une histoire d’ingénieurs étrangers qui se rendaient avec lui au Sud de l’Ile, dans l’Androy, où ils proposaient de faire jaillir de l’eau à partir d’un puits. Après avoir examiné la place, ils avaient commencé à creuser le sol… Des vieux Antandroy les observaient et ne cessaient pas de se poser tant de questions sur ce que ces étrangers allaient faire sur leur propre terre. Il leur a été expliqué qu’ils voulaient faire monter de l’eau depuis l’intérieur de la terre. Les vieux

- 37 - avaient dit que c’est impossible, car il y a une roche dure en profondeur. Les vieux ont indiqué un endroit plus propice mais les techniciens ont persisté jusqu’ à ce qu’effectivement ils ont rencontré la roche dure mentionnée par les vieux. Ce n’est que là seulement que les techniciens étaient convaincus et déplaçaient leurs matériels vers l’endroit conseillé par les vieux où ils avaient effectivement trouvé de l’eau. Parfois la faible expérience traditionnelle peut défier celle de la technologie moderne actuelle.

II.2. Les débuts de l’enseignement à Manombo-sud L’éducation dans une école était entrée dans la vie des Malgaches depuis 1820, période du règne du roi Radama I er (1817-1828). Longtemps restée au centre de l’Ile comme un instrument instructif pour certains privilégiés, elle avait lentement fini par se vulgariser à travers toutes les régions du pays. A cause du vaste étendu de Madagascar, il y a toujours des localités qui n’avaient pas accès à des centres scolaires. Rappelons que, dans une perspective d’éducation, Madagascar était touché au début plutôt aux fins d’une campagne d’évangélisation, mais la tentative avait échoué et les missionnaires étaient obligés de faire marche arrière.

Dans « Le Christianisme dans le Sud de Madagascar », à la page 143, nous avions pu lire : « Après le départ définitif des Lazaristes, en 1674, Madagascar vit seul en dehors de toute influence évangélique. Il faut attendre le XIX ème siècle pour assister à l’intervention durable des Missionnaires dans la grande île ».

II.2.1. La vie quotidienne du Père Brunel à Manombo-sud A Manombo, la mission lazariste était représentée par la seule personne du Père Emile Barthélemy Brunel.

Se trouvant tout seul dans ce milieu où la majorité des habitants se préoccupaient des activités quotidiennes de la pêche, le Père était contraint de prendre en charge toutes les responsabilités au sein de cette mission de Manombo-sud.

Dans ses projets d’éducation, il avait seul assuré le fonctionnement administratif de son établissement. Il estimait d’ailleurs passer le reste de sa vie missionnaire à Manombo-sud. C’était de ce contexte qu’il n’avait pas voulu former des successeurs malgaches durant tout son séjour dans ce village.

De plus, il limite le nombre de ses employés. Dans les « Annales de la congrégation de la Mission », nous avons pu lire à ce propos à la page 508 « Il n’a jamais eu de nombreux

- 38 - employés ou salariés : un instituteur, un cuisinier-domestique (le même durant toute sa vie), des catéchistes ; parfois un garçon pauvre de quatorze ou quinze ans, découvert dans quelque tournée, à qui il donne l’instruction, l’habillement et la nourriture, et, si cela est possible, le pousse à l’étude ou l’aide à trouver une situation ».

Il était peu exigeant pour sa petite équipe, ne tenant pas compte parfois aux agissements maladroits de certains. Il ne prenait pas en considération toute moindre faute commise par un des membres composants son équipe. Ce qui parfois favorise des fautes volontaires. Dans les « Annales de la congrégation de la Mission », nous avons pu lire à ce propos à la page 508 : « cela lui valut, outre les petites rapines habituelles, la surprise de vols plus considérables de ses pauvres ressources. Néanmoins, il a peine à suspecter ses familiers, et il reste bon pour eux. A leur imprévoyance, il pourvoit en constituant pour eux une petite réserve d’avoir, sous forme d’un livret de caisse d’épargne. Et le jour où il quittera Manombo définitivement, ses plus fidèles serviteurs auront une substantielle réserve qu’ils n’auraient jamais eu l’idée de se constituer ». p. 508, st. V, Annales.

Ce souci d’humanité lui était important car lui-même a très pauvrement vécu sa vie : « logement, habillement et nourriture sont des questions auxquelles il accorde le minimum d’importance ».

Il réservait un temps important à ses prières et ses méditations. Dans les « Annales de la Congrégation de la Mission » en effet, toujours à la page 507, nous pouvons lire : « dans les petites églises ou dans la simple paillote qui en fait fonction, il passe de longues heures de prières, de méditation ; il fait le chemin de la croix,… ». Il consacrait également du temps pour la visite de tombeaux ou de ses fidèles.

Il y avait toujours quelques variations dans son emploi du temps. Si le matin, après la messe qui regroupait les quelques catholiques du village, il enchaînait une heure de catéchisme ; l’après-midi et la soirée étaient réservés pour les visites des tombeaux et de ses fidèles. Parfois c’était l’inverse.

Il préférait se déplacer toujours à pieds, muni de son petit livre de prière. Il marchait très lentement en priant.

Quelque fois, il recevait chez lui des gens qui lui rendaient visite. Les samedis sont des journées de confession pour ses fidèles. Le dimanche était une journée uniquement consacrée à la prière. C’était aussi la journée, après la prière, où le Prêtre se reposait.

- 39 - Nombreuses étaient ses tournées dans les environs du village, dans le but de faire appel aux gens à la prière. Son mode d’habillement était exceptionnel et significatif : Il portait tout le temps sa soutane qui lui donnait une image de spiritualité. C’était ce qu’il lui donnait sa personnalité qui exigeait un respect et l’honneur de son titre devant la communauté. Contrairement de nos jours où un Prêtre n’a parfois presque aucun signe de différenciation avec un civil de la rue en matière de mode d’habillement.

Notons par ailleurs que le Père Brunel avait beaucoup fait beaucoup de tournées dans plusieurs localités du Sud-Ouest du point de vue de l’évangélisation. Prenons le cas d’-sud où nous disposons quelques témoignages de son passage :

Tableau 2 : Contacts passagers dans un but évangélique à Ankazoabo-sud par le Saint Père Brunel Nom du Prêtre Dates de passage Père Brunel 1911 (Août) – 1912 (Mai) Père Brunel 1915 (Août) – 1916 (Juin) Père Brunel 1918 (Avril) – 1922 (Septembre) Père Brunel 1924 (Août) – 1925 (Septembre) Père Brunel 1925 (Mai) – 1926 (Août) Père Brunel 1927 (Mai) – 1929 (Juin)

Ce tableau est un extrait du tableau de la liste des Pères qui avaient évangélisé Ankazoabo-sud, de 1910 à 1962, dont la source de renseignement est le registre de baptême de la paroisse d’Ankazoabo-sud, (à la page 261 de l’ouvrage « Le christianisme dans le sud de Madagascar ».

Le Père Brunel donnait également des leçons de morale, réalisait des choses mystérieusement surprenantes pour tout le monde et prédisait des choses qui, par la suite se réalisaient. Les pouvoirs spirituels du Prêtre dépassaient plus loin la compétence du monde de la sorcellerie de cette région qui se plongeait sérieusement dans l’inquiétude totale au sujet de ses faits mystérieux. Le concours des miroirs des sorciers n’arriva jamais à capter aucune fois l’image de ce Père Brunel devenu « zanahary vatany » (un vrai Dieu) comme ils disaient.

Parmi ses longs voyages en charrette, un jour en cours de route, les zébus de trait s’étaient arrêtés et refusaient de continuer à marcher. Le conducteur se mit alors à les harceler de coups afin de les obliger à continuer la route. Le Prêtre s’approcha de lui et lui tira son oreille qu’il pinça jusqu’à ce que celui-ci hurla comme un zébu. A ce moment là, il lui fait la leçon de morale disant : « ces bœufs sont fatigués. Ils ont besoin de repos ».

- 40 - Il nous a été dit que le Prêtre pouvait calmer l’angoisse d’une famille dont un de ses membres se trouvait à l’agonie par ses prières et ses paroles rassurantes : « se tsy ho faty io, aza malahelo nareo. » (Ce type ne sera pas mort, cessez vos tristesses). Parfois, à un autre moribond, après ses prières et avant de dire autre chose, le Prêtre se tournait d’abord vers ses proches en les questionnant afin de savoir si tout au moins le type avait déjà fait un bien pendant son existence, s’il avait-il déjà pratiqué à la rigueur des cultes ancestraux, …

Vieux, le Père Brunel fut contraint de rentrer à Fort Dauphin. Il ne le voulut pas et prétexta le poids de l’âge car ne souhaitant jamais quitter Manombo-sud, mais finit par accepter …. Pourtant avant de partir, il avait laissé un message aux gens de Manombo-sud de récupérer et d’enterrer ses dépouilles à Manombo.

Décédé à Fort Dauphin, Manombo a gardé d’abord son silence. Sécheresses et disettes sévissaient dans la région. C’est alors en ce moment seulement que les notables rappelaient les dernières recommandations du Père Brunel. Ils étaient contraints d’aller prendre ses restes mortels et de les ensevelir à côté de l’église de Manombo-sud.

Photo 4 : Tombe de P. Brunel

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Cliché : auteur

- 41 - II.2.2. La stratégie d’évangélisation et de scolarisation chez les Lazaristes La transmission des connaissances éducatives fait appel à une nette étude à partir d’un programme bien élaboré nécessitant aussi une structure hiérarchique et pédagogique bien suivie. C’est un « projet » où l’intégration d’une telle ou telle éducation, dans un milieu où l’on estime que l’ignorance règne, sollicite une forte réflexion et l’étude participative d’une stratégie d’intervention. A Manombo comme à Fort Dauphin, les Lazaristes avaient mis en œuvre des moyens stratégiques pour enfin pouvoir convaincre chaque catégorie des promotions.

Dans cette histoire d’évangélisation des missionnaires lazaristes, les premières tentatives de contact effectuées au Sud-Ouest de l’Ile ont été déjà entraînées la prise de conscience de la manière dont ils devraient se comporter et comment ils devraient gérer les objectifs de la mission. Sur place, connaissant rapidement les mentalités des indigènes jugés non évolués et très fortement ancrés sur leurs traditions, les missionnaires s’étaient vite rendus compte des difficultés à affronter.

Au terme de leur réflexion, ils sont parvenus à l’idée de toucher un à un les multiples roitelets détenteurs de décision dans cette région du Sud malgache pour finalement avoir leur consentement et leur confiance. Il faudrait alors avoir l’accord des autorités locales pour rendre plus facile l’accès à la population.

C’était pour cela que KOECHLIN disait ceci dans « Les Vezo du sud-ouest de Madagascar » à la page 19 : « Au début de leur tâche d’évangélisation, les missionnaires cherchaient d’abord atteindre le roi et les nobles de la région, car en obtenant l’assentiment des grands, il est facile d’avoir les petits » ; puis à la page 16 de « Mission à Madagascar » : « Ces missionnaires établissaient d’excellentes relations avec la population et se hâtant d’étudier la langue pour faire passer le message évangélique ».

Malheureusement, l’idée de convaincre des adultes de renoncer aux traditions paraissait durement inacceptable, malgré que certains des conservateurs malgaches aient pu déjà garder quelques témoignages de la foi chrétienne. Ce qui fait qu’au retour des Lazaristes à la fin du XIX ème siècle, ces derniers ont pu constater des traces du passage de certains de leurs confrères depuis le XVII ème siècle au Sud de l’île.

A Fort Dauphin, les Lazaristes du XIX ème siècle avaient tout de suite commencé dès leur installation à mettre en œuvre une action d’évangélisation et d’éducation qui ne tenait pas

- 42 - compte des réalités locales, une toute autre stratégie qui diffère celle du XVII ème siècle qui consistait à convaincre d’abord les personnes influentes.

Avant tout, les missionnaires devaient s’assurer de l’apprentissage de la langue locale. D’ailleurs, parmi les conseils de Saint Vincent de Paul, leur supérieur, à leur égard, derrière l’avertissement sur quelques inconvénients qu’ils pourraient rencontrer dans un nouveau pays au climat inhabituel, il n’avait pas oublié de leur faire le point sur la connaissance de la langue. Voici ses propos : « vous savez que votre santé sera en danger sous ce nouveau climat, jusqu’à ce que vous soyez un peu accoutumés ; c’est pourquoi je vous avertis que vous ne vous exposiez point au soleil et que vous ne vous appliquiez pendant quelques temps à autre chose sinon à l’étude de la langue ». que nous avions pu lire dans « Les Vezo du Sud- ouest de Madagascar », à la page.18, in P. Coste, Saint Vincent de Paul, p.484.

Les missionnaires essayaient avant tout de comprendre les activités sociales et mobilisations culturelles des indigènes pour enfin pouvoir se mettre en mesure sans incident majeur à la réalisation de leur principe d’évangélisation et d’éducation.

C’était exactement le cas de Brunel qui, dès son arrivée à Fort Dauphin, n’avait pas tardé à l’apprentissage du parler malgache. Mais il faudrait encore et toujours d’efforts, du courage et d’exercices pratiques pour s’exprimer, au moins le mieux qu’il pourrait. A son arrivée à Manombo-sud, il parlait déjà un peu le malgache. De là, Brunel se faisait aider encore par son catéchiste.

L’extrait suivant se trouve à ce propos à la page 259 du livre « Le christianisme dans le Sud de Madagascar. : « A lire les différentes correspondances du Père Brunel, on voit que progressivement il a compris que l’Eglise n’a d’avenir qu’à condition de devenir authentiquement malgache. Pour ce faire, le missionnaire doit avant tout tenir compte de la culture des gens qu’il prétend évangéliser. Dans une lettre qu’il adresse à son Supérieur Général, le 16 décembre 1910, le Père Brunel confie sa méthode d’entrer en contact avec les gens. Pour les réunir, écrit-il, il faut bien connaître leur manière d’engager la conversation, entrer bravement chez eux, interrogateur et bienveillant, (…) ».

En effet, le Père Brunel avait pu établir une étroite relation familiale suffisamment intime avec les gens de Manombo-sud et les environs avant d’entamer efficacement la réalisation de ses objectifs. Ainsi, sa méthode était majoritairement bien appréciée et approuvée même par les non chrétiens : « son action sur les gens était tout de simplicité et de

- 43 - bonhomie. Très en contact avec les gens qu’il visitait souvent et brièvement, il connaissait bien les familles, la parenté entre familles ».

La communication sociale représente toujours une force qui peut être utilisée dans la mise en œuvre d’un projet éducatif. A Manombo-sud, le Père Brunel en était très conscient. C’est pourquoi sa ferme volonté l’amène à réfléchir au développement de ces moyens de communications dans le district.

A Manombo-sud, pour entrer directement dans la phase opérationnelle de l’évangélisation, le Père Brunel comme les Lazaristes dès leur nouvelle arrivée à Fort Dauphin, avait opté de cibler les enfants, contrairement à leurs confrères du XVII ème siècle qui avaient échoués en matière d’évangélisation en pensant s’adonner directement à l’évangélisation des adultes. Dans le « Vicariat apostolique de Madagascar » à la page 170, les missionnaires s’étaient dits : « occupons nous principalement de la jeunesse. Par l’enfant, nous atteindrons la famille, par la famille nous aurons la société. »

Par l’amour approuvé aux enfants, on pourrait se constituer une bonne relation avec leurs parents. Ainsi le Père Brunel procédait de cette manière, telle que décrite dans les « Annales de la congrégation de la mission (lazaristes) » à la page 505 : « Par les enfants, le Père élargissait ses contacts avec de nouvelles familles, fortifiait ceux qu’il avait eus, dès le début quelques autres. Et, c’est aussi qu’au bout d’un certain temps, les Vezos de Manombo purent compter dans leur église en bois et roseaux un fervent petit groupe de chrétiens ».

Néanmoins, les enfants de cette localité ont été habitués au genre un peu débonnaire et bon de ce prêtre. C’était d’ailleurs les qualités de l’ensemble des Pères lazaristes.

De plus, dans le « Vicariat apostolique de Madagascar » à la page 170, nous pouvons lire : « Mgr Crouzet et ses prêtres formaient avant tout les enfants à devenir chrétiens pour préparer l’avenir ».

Les lazaristes s’intéressaient surtout à la basse couche mais plus précisément aux pauvres gens pour prendre en charge leur éducation, une démocratisation de l’éducation en fait. Le monde des enfants constitue toujours un terrain dont dépend l’avenir d’un pays aussi bien économique que social et religieux.

Par conséquent, l’arme utilisée par le Père Brunel pour combattre l’ignorance de ce village de Manombo-sud tout en prêchant l’évangile était la scolarisation des enfants : « un moyen de contact et de pénétration pour lequel le Père Brunel eut une prédilection, fut son école ».

- 44 - Parmi les moyens mis en œuvre par les politiciens européens pour occuper l’Afrique, l’école fut en dernière position. L’Afrique a connu de longues années de brutalité pour beaucoup de pays. De cette brutalité, il y a toujours des défenseurs moralistes.

Dans son ouvrage « Bible et Pouvoir à Madagascar au XIX ème siècle », Françoise RAISON-JOURDE alertait les auteurs de la violence d’adopter une autre manière stratégique qui est l’école au lieu des tortures pour permettre d’avoir l’indigène participer au système coloniale. Elle y avait écrit à la page 481 : « la chaîne ne peut exercer d’influence sur des gens aussi ignorants, écrit Davidson à propos des Betsileo, seule l’école le peut ».

A Manombo, l’école des Catholiques lazaristes visait un but principal, l’évangélisation, et était administrée au début par une seule personne, le Père Brunel.

En ce début, sur ce Prêtre, initiateur du catholicisme à Manombo-sud, on ne savait presque rien car il n’était pas bavard, ne maîtrisait pas parfaitement le dialecte local. Il était seulement un chrétien convaincant et convaincu qui faisait des efforts pour approcher les familles indigènes et il aimait les enfants. Ce qui lui importait était la voie de la scolarisation et de l’évangélisation par les enfants. Ce principe est la stratégie même des Lazaristes comme il a été rapporté à la page 170 de l’ouvrage : « Le Christianisme au Sud de Madagascar » comme suit : « Qui ne sème pas ne saurait récolter. Labourer ne suffit pas, il faut ensemencer .le terrain ouvert. Or, ce n’est qu’à l’école et par l’école que l’on sème. A qui tient l’école sera la récolte ».

Nous savons bien que toute école publique ou missionnaire de l’époque coloniale dans les pays colonisés, avait indéniablement un objectif colonial.

D’une manière générale, l’école pour les colonies visait une double inspiration :

-l’école dans le cadre politique, est un instrument pour préparer des sujets exploitables aux grés des colons ;

-l’école dans le cadre religieux, est un moyen pour la propagation du christianisme.

Or, pour le cas de l’école de ce Père européen, personne ne le sentait ainsi. D’ailleurs, ce bon père n’hésitait pas de se rendre à des centres de détention des indigènes reprochant les gardes européennes de leur action de tortures disant : « libérez ces pauvres gens de ces peines et souffrances (…) ; moi qui vous le demande, suis aussi européen comme vous, (…) ». Il jugeait leur acte, semble-t-il, de mauvaise foi.

- 45 - Dans une vision politique, l’instauration de centres scolaires dans une colonie, implique un programme minutieusement étudié et élaboré pour servir de moyen de colonisation culturelle. Pour le cas de Madagascar, et bien d’autres pays africains d’ailleurs, la politique de l’éducation scolaire coloniale était bien claire dans ses objectifs.

Prenons à ce propos l’écrit de ZENY Charles dans « Education de base » concernant un extrait de lettre du Général GALLIENI datant du 1 er janvier 1904 : « les objectifs scolaires de Gallieni étaient incontestablement précis et intéressés. Pour lui, la réussite coloniale et l’œuvre de la ‘’Pacification’’ primaient par rapport à l’évolution sociale des autochtones qui ferait le cadre colonial. Il écrivait dans une de ses ‘’lettres de Tananarive’’ à Grandidier : « je n’ai jamais perdu de vue le programme que je m’étais tracé : faire de notre colonie une terre vraiment française et pouvant être utilisée dans l’intérêt de notre commerce, de notre industrie de nos compatriotes (…). «Quand les indigènes apprennent notre langue, ce sont nos idées de justice qui entre peu à peu dans leurs esprits, ce sont nos marchés qui s’ouvrent pour notre industrie ; c’est la civilisation qui arrive et transforme la barbarie ».

Ce qui fait que toute école de la période coloniale n’était que pour fournir des éléments exploitables pour le seul et unique intérêt de l’Etat colonisateur. Tenant compte de la capacité européenne de traduire n’importe quoi en « projet », tout a été déjà préparé. Nous résumons cette situation en nous référant sur ce qu’a dit ZENY Charles dans « Education de base » à la page 66 : « l’utilisation de l’école comme instrument de propagation du mobile européen et comme auxiliaire important de la colonisation spirituelle et matérielle a été préparée de longue date, avant la colonisation de Madagascar elle-même ». Donc, il est clair que les visées fondamentales de l’enseignement chez Gallieni ne renfermaient que la structure de la colonisation culturelle et économique à outrance.

En outre, l’école chez les missionnaires présente sa propre politique religieuse mais qui demeure toujours la complémentarité de la politique coloniale. Dans tous les cas, ils étaient des Européens et « L’Anticlercalisme n’est pas un objet d’exportation », comme déclarait le Général GALLIENI .

Pourtant, malgré tout ce déploiement d’énergie physique et intellectuelle, cela n’avait pas suffi pour dévier le malgache colonisé de son traditionalisme. On assistait plutôt à un chevauchement d’une double culture. ZENY Charles affirmait d’ailleurs ceci à la page 63 de « Education de base » : « de l’héritage traditionnel et missionnaire, les Malgaches garderont l’importance de la vertu morale et le goût de l’éducation pratique et l’acceptation de l’école pour tout, (…) ».

- 46 - A Manombo-sud, une véritable école avec de la discipline était mise en place avec l’arrivée de la mission catholique des Lazaristes ; puis vint l’école officielle, l’école du « fanjakana »(le pouvoir central) ; l’école confessionnelle protestante vint plus tardivement à Manombo-sud. Ces trois écoles se mettaient en place durant la période coloniale régnante, et les niveaux ne dépassaient guère le primaire, le premier degré à l’époque. C’était peu être voulu ou par manque d’enseignants qualifiés.

Jusqu’à nos jours, le niveau de l’enseignement à l’école catholique créée par le Père Brunel s’arrête toujours au niveau primaire. Les élèves vont au collège public d’enseignement général au même village après ce niveau.

CHAPITRE. III: LES DEBUTS DE L’ECOLE DU PERE BRUNEL Le corps enseignant de l’« Ecole Catholique Père Brunel » avait démarré avec une équipe de deux personnes dont le fondateur, le Père Brunel, et un instituteur qui l’assistait, Etienne CRIZIN. Leurs responsabilités étaient reparties de cette manière : le Père s’occupait de tout enseignement touchant le domaine religieux, le catéchisme, et l’instituteur, tout ce qui reste du programme scolaire du primaire de l’époque largement inspiré du programme scolaire du primaire du pays colonisateur.

Rappelons encore une fois que l’option de ce missionnaire lazariste qui demeure son souci majeur était d’enseigner la Bible. C’était pourquoi dans ses horaires d’éducation, il donnait toujours aux élèves des cours de « catéchisme ».

Le catéchisme est par définition l’instruction en vue de la connaissance de la foi chrétienne catholique. Il est un manuel de doctrine chrétienne autrefois conçu sous la forme de questions-réponses destiné à l’éducation des enfants et des futurs chrétiens. Le texte du catéchisme, traditionnellement formulé en questions-réponses était sans doute facile à mémoriser. Cependant son étude devint très vite obligatoire.

Il semble que le premier manuel de catéchisme fut rédigé par l’anglais ALCAIN au VIII ème siècle et fut suivi de nombreuses autres versions au cours du IX ème siècle. Pourtant dans l’« Encyclopédie Encarta 2005 », on nous fait ce petit historique à propos du catéchisme : « dans les Eglises catholiques, le premier catéchisme officiel, préparé par le Concile de Trente et publié en 1566, fut connu sous le titre de ‘’Catéchisme Romain, ou Catéchisme’’ de Pie V. ce n’était pas un livre à proprement parler, mais un condensé de la doctrine, afin d’aider les pasteurs et les enseignants. Des catéchistes à l’usage populaire furent préparer par le jésuite allemand Pierre Canisius et publiés de 1555 à 1558 ».

- 47 - Ce catéchisme qui est une instruction religieuse élémentaire, donnée particulièrement à des enfants, a comme fondement l’idée que le chrétien a besoin de connaissances religieuses pour prier, fonder sa foi, organiser son comportement, participer aux célébrations liturgiques, bref pour vivre sa foi chrétienne. Par conséquent, cette instruction religieuse élémentaire obligatoire avait su développer chez les chrétiens une certaine prise de conscience et un sentiment de responsabilité qui ne furent pas sans influer sur le cours de l’histoire.

De plus, ceci a été rendu plus efficace, car « dès le XVII ème siècle, les missionnaires ont imprimé des catéchismes en langues africaines ».

Nous avons remarqué plus haut que jusqu’au XVII ème siècle, les préoccupations missionnaires étaient l’unique domaine de la religion. Mais, cela changeait au fil des temps. Ainsi, les missionnaires prenaient conscience de ce changement pour ainsi lancer d’autres stratégies d’enseignement basées, outre sur le catéchisme, sur des œuvres scolaires. Ainsi, dans « Les évêques d’Afrique parlent », des textes réunis par plusieurs auteurs, à la page 399, il a été dit : « au XIX è et au XX è siècle, les missionnaires issus d’une Europe soumise à l’influence grandissante des médias ont basé en grande partie leur apostolat sur les œuvres scolaires, l’alphabétisation et la presse ».

A Madagascar, en particulier à Manombo-sud, le Père Brunel qui avait pris l’initiative d’évangéliser la région avec un peu de parler malgache appris depuis son arrivée à Fort Dauphin et qui va lui faciliter la tâche d’éducation, se faisait aider dans son enseignement du catéchisme par le catéchiste malgache Ramaro . Il était conscient de son influence grandissante sur l’économie.

Le Père avait pu rassembler quelques enfants des migrants catholiques venant des Hautes Terres et avait ouvert l’école. Ces enfants avaient commencé leur éducation scolaire assis par terre au pied d’un tamarinier « ambody kily ». Ils devaient faire un cercle autour duquel le Prêtre, assis sur une chaise, leur apprenait des cantiques religieux. Les enfants ne faisaient que répéter seulement ce que leur chantait le Prêtre car c’était en italien. Et les enfants mémorisaient ces chants qui n’étaient autre que les chants de messe… Le Prêtre va par la suite utiliser sa propre maison à deux pièces en planches démunie de tout confort comme lieu de culte et de cours de chants religieux, puis d’enseignement du catéchisme.

A propos de la maison d’habitation du Père Brunel, nos sources orales nous parlaient de maison en planches à deux pièces seulement. Or, dans « Annales de la congrégation de la mission », à la page 504, nous avions pu lire ceci : « ce fut en 1904, que M. Henriot,

- 48 - constructeur infatigable, dressa la petite case d’habitation en bois, à trois petites pièces, sur la dune qui domine l’embouchure de la Manombo (…). Travail local, cette case a abrité M. Brunel pendant cinquante-quatre ans et est habitée encore par son successeur : un prêtre malgache. ».

En tout cas, nous sommes sûrs qu’une des pièces de sa case servait à la fois d’église et d’école.

Dans son horaire d’éducation, le Prêtre retenait les enfants pendant une heure de temps de catéchisme au maximum après une demi-heure de la messe du matin. Il laissait largement le temps à d’autres matières scolaires. Dans les « Annales de la Congrégation de la Mission », à la page 507, « (…) il enseigne le catéchisme aux enfants qu’il a pu regrouper, aux grandes personnes qui se présentent pour être admises au baptême, à la première communion ou à la régularisation de quelque mariage ».

Il nous a été rapporté que le Père Brunel avait toujours gardé son sang froid à l’égard de quelques élèves indisciplinés. Quelquefois, même en cas d’indiscipline grave où il devait réagir, il tournait le dos et quittait la salle. Exceptionnellement un jour, rapportait TODISOA (D), un de nos informateurs, le Prêtre s’irrita face à deux jeunes élèves des noms de Jean Henri et Clovis Merika qui étaient parmi ses élèves les plus têtus. Les deux indisciplinés allaient jusqu’à voler même le pain du Prêtre en se moquant de lui. Ne s’étant jamais répentis devant le Prêtre, celui-ci sortit un jour de son silence en maudissant ainsi : « se tsy ho soa nareo » (vous ne serez jamais heureux). La suite n’était pas rapporté sur ce qu’étaient devenus les deux garçons…

Le Prêtre intervenait en classe de la 2 ème B (appellation de la division des classes de l’époque, le plus haut niveau du primaire) pour renforcer leurs capacités de connaissances en arithmétique et en français mais surtout leur montrer comment servir le prêtre à la messe qui est dite en latin dont voici quelques extraits et une description succincte du rituel :

Au début de la messe, le Prêtre se rend au Missel, le livre de la liturgie, les mains jointes. Puis, il lit le chant d’entrée. Il revient ensuite au centre de l’autel et commence à exhorter les fidèles par ces prières de repentir :

« Kyrie, eleison (trois fois). » « Seigneur, ayez pitié ! (trois fois). »

« Christe, eleison (trois fois). » « Christ, ayez pitié ! (trois fois). »

« Kyrie, eleison (trois fois). » « Seigneur, ayez pitié ! (trois fois). »

- 49 - Le Prêtre fait ensuite un geste de louange, puis joint les mains et démarre le « Gloria in excelsis Deo », cet hymne de louange dont voici le texte latin et sa traduction en français : « Gloria in excelsis deo. » « Gloire a dieu dans les cieux. »

« et in terra pax. » « paix sur la terre. »

« hominibus honae volontatis. » « aux hommes de bonne volonté. »

« Laudomus te. Benedicimus te. » « Nous vous louons, nous vous bénissons. »

« Adoramus te. Glorificamus te. » « Nous vous adorons, nous vous glorifions. »

Puis salue les fidèles en disant : « Dominus vobiscum. » « Le seigneur soit avec vous ! »

Auquel les fidèles répondent : « Et cum spirtu tuo. » « Et avec vous aussi ! »

Puis le Prêtre retourne au Missel, les mains jointes, et démarre une prière par ces termes : « Oremus : » « Prions : »

A la fin de la prière, il dit : « AMEN. » « Ainsi soit-il »

En classe, quand un élève fait une bêtise ou ne l’écoute pas, il le fait gentiment sortir dehors et continue son travail. Il ne frappait personne, contrairement à l’instituteur.

Durant la messe, tous les participants s’agenouillent. C’était la règle. Après la messe, le Prêtre passait les élèves en revue les mettant en rang et vérifiant un par un leurs genoux : Quiconque ne portant pas de tâches de sable ou de poussière sur ses genoux était jugé ne pas être à la célébration de la messe et était puni. Cela amusait les enfants et créait de l’attachement au prêtre qui s’en amusait aussi….

L’unique instituteur était chargé de suivre et d’enseigner simultanément à tous les niveaux existant, le programme appliqué par l’école primaire officielle : les élèves débutaient leur scolarité par lire et écrire la langue malgache ; puis, les élèves suivaient progressivement l’enseignement en langue française qui devenait par la suite la langue d’enseignement à l’époque coloniale ; les élèves apprenaient en rapport à leurs niveaux l’arithmétique, les sciences naturelles, l’histoire et la géographie de la France, ….

- 50 - Photo 5 : Ancienne école primaire

Cliché : auteur

- 51 -

TROISIEME PARTIE : L’HERITAGE DE LA SCOLARISATION PAR LES LAZARISTES A MANOMBO-SUD

- 52 - CHAPITRE I: L’OBJECTIF COLONIAL Les habitants de Manombo-sud avaient leur propre culture ainsi que leur mode de transmission des us et coutumes et des traditions. Nous parlons ici de « mode de transmission », qui laisse entendre « héritage », au lieu de « école », à une époque où la population ne connaissait qu’une culture de tradition orale ancestrale. Cette ancienne pratique était en quelque sorte le régulateur pluriséculaire de la morale sociale.

L’introduction d’une autre culture était la plupart du temps mal comprise et mal accueillie, voire inacceptée, car elle ébranlait tout un système de vie communautaire déjà bien ancré et acquis comme étant la vie communautaire idéale. Toutefois, la colonisation culturelle faisaient partiellement tomber les cultures locales et créait une acculturation de l’indigène.

La région de Manombo avait connu assez tôt pour le Sud Ouest de Madagascar le phénomène d’évangélisation par les missionnaires européens. Elle avait essayé de refuser ce système d’éducation étrangère en donnant raison à la pratique ancestrale. Ce qui était plus que normal. Seulement, la force de la stratégie des missionnaires avait fait que le christianisme avait pu lentement se frayer du chemin. Les villageois avaient manifesté leur refus en hésitant de se livrer et livrer leurs enfants à l’« épreuve » du baptême craignant la déviation des traditions. Ce refus était normal car, à ce tournant de l’histoire, le pays tout entier se trouvait sous les commandements des colons français qui, aux yeux des autochtones, voulaient imposer leur culture pour faciliter l’atteinte d’un objectif commun à tous les colonisateurs : concéder des terrains pour produire et vendre en Europe. D’ailleurs, un texte de loi datant des années 1900 stipulait que « tout terrain non exploité, non bâti, non enclos appartient désormais à l’Etat français ».

En outre, compte tenu des violentes ripostes indigènes face aux invasions coloniales qui coûtaient des vies humaines aussi bien au sein des colons que chez les indigènes, en Indochine comme à Madagascar, nous connaissons bien la stratégie coloniale suivante : « si nous ne pouvons pas les coloniser par la force, envoyons leur la Bible ». Car la Bible adoucit l’âme et les mœurs et faciliterait l’introduction des colons.

Cette stratégie n’était pourtant pas connue des indigènes à l’époque. Seulement, une question se posait et se pose toujours : les missionnaires européens étaient-ils vraiment venus pour les bonnes causes de l’évangélisation ou bien étaient-ils les instruments de la stratégie coloniale ?

- 53 - Malgré cette stratégie, il arrivait un moment où les colons n’avaient plus confiance aux missionnaires, des mésententes s’étaient produites entre les autorités coloniales et les missionnaires. Les écoles tenues dans les églises missionnaires connaissaient alors des difficultés et faisaient objet de suivi très strict de la part des autorités françaises depuis la Métropole et dans le pays. Ainsi, « le 6 août 1896, Madagascar est déclaré colonie française, malgré cela, les missionnaires n’ont pas pu travailler en paix car Gallieni est indifférent en matière de religion et Augagneur sera un anticlérical athée. Arrivée au pouvoir en 1905, Victor Augagneur, ce franc-maçon, convaincu, impose à Madagascar les directives anticléricales dictées par le gouvernement français depuis 1903. En 1906, par exemple, il promulgue un premier arrêté très sévère dans lequel il ordonne aux missions de fermer toutes les écoles ténues dans les églises, ne leur donnant qu’un délai de deux mois pour y confirmer. »

La Métropole avait pris des mesures de réduction des subventions destinées aux frères chrétiens. L’administration coloniale avait fortement soutenu les écoles officielles dans la mesure où elles servent à la politique générale, raison pour laquelle elle ordonnait la fermeture de nombreuses écoles religieuses et la diminution des subventions aux écoles religieuses. C’est de cette manière qu’une base de la laïcité devait être progressivement introduite au niveau des écoles officielles. Ainsi, des écoles rurales du premier degré allaient être ouvertes dans diverses régions du pays voire dans les chefs-lieux de cantons.

Toutefois, à quelque chose, malheur est bon !

- 54 - CHAPITRE. II: L’HERITAGE RELIGIEUX DE CETTE SCOLARISATION DES LAZARISTES

II.1. Des baptisés Dans son mémoire de Diplôme d’Etudes Approfondies, dont le titre est « L’approche de l’évolution des filles Vezo à Toliara de 1960 à 1990 », à la page 31, HAINGOLALAO (O) nous décrit : « des écoles confessionnelles, des écoles privées laïques et des écoles publiques ont des différents programmes d’enseignement. Elles ont des objectifs différents. C’est pour cela que les résultats sont distincts. ».

Pour l’« Ecole Père Brunel », malgré son double programme, les examens tiennent compte surtout du programme religieux. Au début, le principal objectif du Père Brunel était de recruter des enfants à baptiser ; il n’y avait pas encore d’examen officiel à préparer et les possibilités de poursuivre les études au-delà de la classe de 2 ème B était plus que minime.

Le baptême se définit comme le premier des sept Sacrements de l’Eglise catholique, également un premier Sacrements de la plupart des Eglise chrétiennes. Le baptême est aussi un moyen pour évaluer les résultats du travail d’évangélisation pour les chrétiens.

La vie de l’être humain passe des étapes événementielles souvent marquées de rituels traditionnels définis par l’appartenance culturelle tribale ou clanique et religieuse. Pour les chrétiens, le Sacrement du baptême devrait marquer son entrée sur cette vie terrestre, sa naissance spirituelle chrétienne en quelque sorte. Il marque également l’inscription sur le registre des fidèles.

Ce registre, dans le cadre de notre étude, nous était indispensable pour les renseignements sur l’évolution de la religion catholique à Manombo-sud depuis son installation jusqu’en 1972. Voici des données traitées sur les baptisés à partir des registres de baptême de la paroisse catholique de Manombo-sud entre 1905 et 1954 :

Tableau 3 : quelques chiffres de baptêmes effectués à Manombo-Sud pendant un certain temps.

Années 1905-1917 1917-1927 1927-1934 1934-1941 1941-1949 1949-1954

Nombre de 600 600 586 862 941 524 baptisés

Notre intérêt était ensuite de savoir la première personne baptisée à Manombo par le Père Brunel : Il s’agit d’un certain Joseph Narakitse, âgé d’environ treize ans à l’époque, le

- 55 - premier à être baptisé à Manombo-sud le 15 octobre 1905, orphelin de père, la mère Faneva était encore en vie et demeurant à Manombo. Au cours de cette même journée du 15 octobre 1905, étaient baptisés trois autres jeunes garçons âgés respectivement d’environ dix, douze et treize ans.

A l’époque des premiers baptêmes, les parents des enfants baptisés étaient très angoissés de leur avenir, alors que le Prêtre en était fier. Dans les « Annales de la congrégation de la mission », à la page 504, il a été écrit : « mais les gens ne laisseraient pas encore leurs enfants se faire baptiser, craignant de les vouer à des aventures ennuyeuses ou redoutables.»

Malgré la plus forte opposition des parents, le nombre de baptêmes des jeunes gens ne cessait plus à s’augmenter. Néanmoins, l’année suivante, le 15 avril 1906, quinze autres jeunes, âgés d’environ dix à seize ans, ont été baptisés au village de Manombo-sud. Le Père Brunel commençait alors son « recrutement » dans les villages environnants.

Tableau 4 :Voici quelques chiffres de baptêmes à Manombo-Sud et ses environs (district). : Dates 1912-35 1935-44 1944-55 1955-56 1955-61 1961-64 1954-59 1959-64

Lieux Brousse du canton de 404 111 Manombo Brousse du district 461 304 274 133 Manombo et ses 880 741 environs

Des mariages entre malgaches ont également été célébrés à la façon chrétienne. Nous disposons de quelques chiffres globaux de 1909 à 1972 du canton de Manombo et environs. Les enregistrements des mariages comme ceux des baptêmes ont régulièrement continué jusqu’à nos jours.

Tableau 5 : Des mariages entre malgaches célébrés à la manière chrétienne et à l’Eglise Manombo-Sud Dates 1909-1972 1909-1991 Mariages célébrés à 369 437 Manombo

Pendant de longues années, l’évangélisation des adultes butait à la barrière culturelle traditionaliste…

- 56 - II.2. Une foi chrétienne bien implantée Malgré une introduction mal comprise, difficile et un peu forcée par la présence parallèle des militaires colons à la guérite de Tsihake, l’inquiétude des autochtones face à cette nouvelle éducation qui risque à leurs yeux d’ébranler un équilibre socialement stable par rapport à leurs us et coutumes et traditions, les actions menées par le Père Brunel, ce prêtre socialement bon, à la fois mystique et inaccessible aux sortilèges, amis des enfants et des familles, avaient finalement convaincu la population de Manombo-sud qui acceptaient.

Outre le nombre des enfants baptisés qui augmentait comme par ailleurs celui des élèves de l’« Ecole du Père Brunel », l’église était momentanément bondée de fidèles convaincus qui avaient accepté d’abandonner certaines pratiques ancestrales.

Les enfants, jouissant en particulier de la proximité de ce prêtre et de l’encadrement chrétien dispensé, apprenaient à prier. Adultes, ils devenaient des chefs de familles croyants qui transmettaient ce nouvel héritage de croyance religieuse. Des prêtres malgaches et des religieuses sont actuellement originaires de Manombo-sud et la localité est l’une des plus croyantes et priantes de la diocèse de Toliara.

Les deux guerres mondiales n’avaient pas trop d’effets sur la mission de Manombo, contrairement aux évènements de 1947 qui départageaient sans le vouloir les appréciations locales malgaches à l’égard des missionnaires français comme c’est décrit à la page 186 du « Le christianisme dans le sud de Madagascar » : « (…), la mission souffrira à cause de l’insurrection du 1947. Quelques églises, chapelles, des propriétés saccagées… » ; mais, « dès que le calme fut rétabli, les missionnaires fugitifs regagnèrent leurs postes, recommencèrent à bâtir et à préparer l’avenir. Mais la confiance entre Malgaches et Français (dont nos missionnaires) fut mise en cause par l’événement. Ce qui eut des conséquences néfastes pour la collaboration. »

La communauté catholique de Manombo-sud n’était pas de cet avis vis-à-vis de son curé.

- 57 - CHAPITRE III: L’« ECOLE DU PERE BRUNEL», UNE INSTITUTION DE RENOM

III.1. La réputation de l’« Ecole Père Brunel » Par comparaison avec toutes écoles primaires de Manombo, l’école catholique du Père Brunel fournissait les meilleurs résultats à l’examen de fin d’étude du premier degré après lequel les élèves quittent l’« Ecole du Père Brunel » pour aller, autrefois, dans les écoles régionales. Et, selon un de nos informateurs, PLACIDE PATRICE, avant 1940, les élèves continuaient les études régionales à Morondava et à Tuléar depuis 1945. C’étaient majoritairement des élèves de l’« Ecole du Père Brunel » qui étaient admis dans les écoles régionales. Seulement, compte tenu des moyens de déplacement de l’époque, par la mer en pirogue ou par boutre pour aller à Morondava, et des difficultés financières, rares étaient les admis qui pouvaient continuer les études. De plus, l’école régionale n’acceptait qu’un effectif très limité.

Ceux qui n’étaient pas admis à l’école régionale étaient envoyés à Fianarantsoa où ils s’inscrivaient dans d’autres filières telle que la menuiserie ou dans l’armée. Ceux qui échouaient avaient au moins appris des activités manuelles.

Les élèves de cette école catholique bénéficiaient d’un bel encadrement. Tout cela ne s’était très tôt mis en place avec le Père Brunel. Ce qui a fait qu’à une certaine époque, des élèves des autres écoles se transféraient à l’école catholique pour être assurés de passer à l’école régionale sans difficulté. C’était le cas de SOLIA Régis, un élève de l’école officielle qui avait choisi de se transférer à l’école catholique en 1950. Les élèves de l’ « Ecole Père Brunel » avaient aussi l’avantage d’apprendre des travaux manuels variés.

Les effectifs de l’école catholique de Manombo-sud étaient toujours les plus bondés de toutes les écoles de la localité. L’école catholique de Manombo-sud est de plus en plus prisée par les parents.

Il nous a été dit que les élèves des promotions sortantes de l’« Ecole du Père Brunel » écrivaient et parlaient mieux le français que ceux des autres écoles du village. Nous sommes témoins de cela car lors de nos enquêtes sur place, ce sont tous des vieux retraités de la promotion du temps colonial qui répondaient à nos questions en langue française.

D’après ZENY Charles dans « Education de base » à la page 85 : « l’école du premier degré, responsable de l’éducation de base, était la pépinière des écoles régionales mais grâce

- 58 - aux ateliers scolaires à section de bois, fer, agricole, même si les élèves échouaient, ils avaient l’avantage d’avoir appris un métier manuel. »

Le programme d’enseignement du second degré qui dure trois ans prévoit, outre les matières classiques d’enseignement général, une orientation au travail artisanal, à l’agriculture.

Pour l’enseignement général, d’après HAINGOLALAO dans son mémoire de Maîtrise intitulé « L’évolution de l’éducation des filles à Tuléar, (…) » à la page 21, le programme d’enseignement se présente comme suit :

-« la langue malgache : grammaire vocabulaire, lecture et rédaction » ;

-« la langue française : compréhension, dialogue et lecture » ;

-« l’arithmétique et système métrique : la continuation du programme » ;

-« la géométrie : continuation du programme » ;

-« L’histoire : continuation du programme » ;

-« la géographie : l’économie de l’île, la connaissance des autres pays colonisés par la France, l’économie de la France. »

A la fin de ce programme, l’élève passait un autre concours qui donnait accès à ceux qui choisissaient le métier d’enseignement à une formation de trois ans pour l’obtention d’un Certificat d’Aptitude à l’Enseignement (C.A.E), puis avec deux ans de formation supplémentaire encore, les élèves passaient le Brevet Elémentaire (B.E.).

Enfin, l’école Le Myre de Villers d’Antananarivo était destinée pour l’administration coloniale, la dernière étape de formation pour les élèves qui aspiraient aller plus loin. Ayant terminé ce cycle d’éducation générale, ils devenaient des fonctionnaires d’Etat : des administrateurs ou des enseignants.

Il nous faudrait avoir des données statistiques pour mieux appréhender l’évolution des anciens résultats scolaires de l’« Ecole du Père Brunel » du vivant de ce prêtre. Or, faute des documents écrits, nous n’avions eu aucun renseignement. En effet, nous étions passés à la bibliothèque de l’église à Manombo-sud, chez le Prêtre curé de la paroisse, puis au bureau des Sœurs de Sainte-Thérèse où les renseignements disponibles sont postérieurs à septembre 1983, date de la reprise de l’école par ces dernières. Au bureau de la Circonscription Scolaire (CISCO) de Tuléar-II, les effectifs disponibles à propos de l’école Père Brunel datent de 1983.

- 59 - Tout ce que nous avions pu savoir c’est que la date d’autorisation d’ouverture de cette école est le 31 décembre 1958, année également de la mort du Prêtre à Fort Dauphin. A vrai dire, l’école fonctionnait bien avant. Il y avait sans doute une fermeture temporaire après le départ du Père Brunel... C’était le Père Paul PONSARD qui en a fait la demande le 29 décembre 1958. La référence de l’autorisation d’ouverture est le N° 069/AG/ENS/CE du 31/12/1958 qui est donc la date de l’ouverture de l’Ecole Privée Père Brunel. Le Père Paul PONSARD avait obtenu l’autorisation d’ouvrir une école française élémentaire privée mixte dont le nombre d’élèves était fixé à 159 externes avec cours moyen, relevant de la mission catholique.

Certains parents, malgré un niveau de vie assez bas, se battent par tous les moyens pour éduquer leurs fils dans des écoles de réputation, comme c’est le cas de l’«Ecole du Père Brunel ».

LAHA Jean, toujours dans son « Rapport de Stage au CEG à Fort Dauphin » à la page 12 affirmait que : « Bon nombre des parents souhaitent envoyer leurs enfants à l’école, seulement ils n’ont pas les moyens de le faire. Il y en a qui placent leurs jeunes enfants auprès des enseignant pour travailler. « En plaçant leurs enfants chez les enseignants, les parents espèrent qu’ils bénéficieront d’une bonne éducation et de promotion pour les enfants. »

Paradoxalement, tout ceci n’a évidemment pas suffi pour motiver tous les enfants. En effet, l’école, malgré la gratuité et l’obligation de la scolarisation, nombreux sont les enfants qui ne sont pas intéressés. HAINGOLALAO (O) nous affirmait ceci à la page 46 de son mémoire de DEA : « Ce sont les instituteurs même qui cherchent les enfants si ceux-ci sont absents. ». Nos informateurs de Manombo-sud nous affirmaient même que c’étaient des militaires qui débarquent les domiciles des enfants et les arrachent de leurs parents.

III.2. Quelques menaces à prévoir Avec la malgachisation de l’enseignement, l’école catholique de Manombo-sud comme toutes les écoles de Madagascar, subissait une baisse de son prestige de la langue française. Elle est malgré tout restée meilleure dans la localité.

D’ailleurs, à propos de cette malgachisation qui affaiblit d’expression française des enfants, LAHA Jean, auteur d’un ‘’Rapport de Stage au CEG à Fort Dauphin’’ s’exprime de la manière suivante à la page 9 de ce rapport de stage : « les uns craignent la malgachisation à outrance prônée par le gouvernement et dévalorise la compétence professionnelle des

- 60 - enseignants. Cette constatation persiste jusqu’à nos jours et c’est la raison pour laquelle certains parents retirent leurs enfants de l’école publique. »

Partout, la tendance de traduire toute chose en malgache a systématiquement rendu les élèves en niveau très faible de l’expression française. Ils ne se donnent pas le courage de lire des livres…

Nous avions même pu lire HAINGOLALAO, disant à la page 5 de son mémoire de DEA : « Des vieilles personnes analphabètes pensent encore que l’école n’est pas la solution, puisqu’ils préfèrent que leurs enfants gardent les troupeaux ou vont à la pêche ou pratiquent l’agriculture, etc. d’autres n’envoient que les garçons à l’école car ce sont eux qui ont des comptes à rendre à la société. » ; puis, LAHA Jean d’ajouter à la page 21 de son rapport cité plus haut : « Du point de vue sociale, les parents ne retrouvent pas dans ce que l’école apporte à leurs enfants, les valeurs qui sont pas les leurs, d’où la rupture. » et le Père Brunel notait en 1904, extrait de la page 191 du « Le christianisme dans le sud de Madagascar », que : « En dehors du chant, le soir, l’étude de l’école est unanimement considérée par les parents comme du temps perdu »

Actuellement, après l’école primaire, il y a le CEG au village qui permet aux enfants de poursuivre leurs études jusqu’au diplôme du brevet. Mais, ce diplôme n’ouvre plus la porte d’une profession… Les valeurs ont malheureusement évolué ainsi….

- 61 - CONCLUSION L’école introduite à Madagascar depuis les années 20 du XIX ème siècle était restée un privilège durant quelques années pour certains privilégiés du royaume de la capitale Antananarivo. Les premiers pas de son expansion étaient limités pendant une bonne période aux seuls rayons de la capitale.

Durant la période coloniale, des écoles officielles étaient vulgarisées : « les colonisateurs améliorent la scolarisation malgré les politiques insupportables sur les programmes d’enseignement », lu dans le Projet de thèse de HAINGOLALAO à la page 30. Pendant cette époque, les autorités indigènes avaient pris l’initiative de rendre l’éducation scolaire obligatoire et de sanctionner les parents des enfants non scolarisés comme nous l’avions pu lire dans le mémoire de Maîtrise de HAINGOLALAO à la page 13, disant : « la décision prise en 1876 par les autorités de rendre l’école primaire obligatoire de 8 à 16 ans, punit les parents ou responsables défaillants d’une demande de « 1 ariary » (5 francs) par enfant non scolarisé et s’ils ne peuvent pas les payer, ils sont emprisonnés jusqu’au remboursement total de cette somme. »

Les conditions d’éducation sous le régime colonial sont trop lourdes. Les enfants devaient être inscrits à l’école à l’âge de huit ans car le chemin pour se rendre à l’école est trop long pour certains car il n’y avait qu’une école par district ou, quelquefois, par canton. C’était une situation difficile surtout pour les filles.

L’histoire de la scolarisation des Vezo du littoral de la commune rurale de Manombo- sud était surtout influencée par la présence des missionnaires lazaristes dans cette région du sud-ouest de l’île malgache. Les Vezo, comme tous les Malgaches en général d’ailleurs, sont des gens de traditions. Il n’a pas été facile pour eux d’accueillir favorablement une éducation étrangère malgré les pressions de la part des autorités coloniales et la stratégie éducative des missionnaires.

Sous le régime colonial et dans une population qui ignore complètement l’importance de l’école, les gens se faisaient une peur d’y envoyer leurs enfants à cause de la politique coloniale utilisée. De plus, la valeur de la tradition ne permettait aux parents de livrer volontairement leurs enfants à cette éducation scolaire peu fiable des « vazaha 13 ». C’est pour cette raison que les autorités administratives devaient passer par la voie de la force pour avoir

13 Vazaha : homme blanc, européen

- 62 - des élèves et leur imposer l’enseignement scolaire. Ce qui allait engendrer la mésentente entre les deux entités, d’un côté les noirs indigènes de l’autre les blancs européens « vazaha ».

Or, chez les missionnaires, tout se passait par la voie pacifique, avec les « bonnes paroles » et une familiarisation avec les parents et les enfants. La stratégie des missionnaires faisait une image de donner le respect, du moins dans un premier temps, des valeurs traditionnelles, de comprendre pour se faire comprendre par la suite… C’était difficile au début. C’était la stratégie du Père Brunel dans la localité de Manombo-sud et à n’importe quel village de la région où il intervenait dans le but de la scolarisation pour l’évangélisation.

Nous ne pouvons pas écarter l’éducation scolaire de la cause missionnaire. C’étaient d’une manière générale des missionnaires qui étaient à l’origine des nombreux grands centres scolaires actuels éparpillés à travers la Grande Ile.

Ainsi, durant les premières années de la colonisation de Madagascar, la mission lazariste avait pu s’installer dans l’espace communal de Manombo-sud pour un objectif primordial d’évangélisation. A Manombo-sud, cette mission lazariste était représentée par le Père Brunel qui avait marqué l’histoire scolaire de ce village car c’était lui le fondateur de la première école de la commune. Il avait pu utiliser un esprit stratégique d’intégration pour convaincre respectueusement les villageois à envoyer leurs enfants à l’école, ces derniers étant sa cible car le missionnaire était persuadé que les parents seraient inflexibles de leurs pratiques traditionnelles ancestrales.

Grâce à ses bonnes intentions, ses manières de prendre et comprendre les gens dans la simplicité, à sa cohabitation qui plaisait aux gens, le Père Brunel avait pu pendant longtemps et facilement s’intégrer dans la société. Dans sa stratégie, le Père Brunel croyait toujours utiliser l’école pour évangéliser.

A son arrivée, vers 1900, Manombo-sud était un village où se convergeaient des villageois des environs immédiats. Brunel avait pu profiter de l’existence des migrants merina et betsileo pour lancer son projet de scolarisation pour l’évangélisation. D’ailleurs, il a été toujours dit que : « la plupart des communautés chrétiennes plus ou mois avancées se trouvent dans les villages des immigrants. »

Ainsi, le Père Brunel était à l’origine de la première école de Manombo-sud qui avait d’ailleurs pris son nom.

Progressivement mais lentement, les Vezo acceptaient cette scolarisation et envoyaient leurs enfants à l’école. Le Père ENGELVIN écrivait à ce propos toujours dans son ouvrage

- 63 - cité plus haut à la page 163 : « les Vezo qui furent lents à comprendre l’idéal catholique, n’hésitent plus à confier leurs enfants aux écoles de la mission, … »

L’école de Manombo-sud était au début installée dans les dépendances autour de l’église puis s’était agrandie avec un grand bâtiment comprenant trois salles devenues par la suite un « foyer » catholique.

Le Père Brunel ne vivait pas dans le luxe ni dans un confort. A propos de sa mission, il ne se limitait pas dans le seul cercle local de Manombo-sud, il faisait des tournées dans la région : à Befandriana, Ankazoabo, , Tuléar, … puis revenait à Manombo-sud. Tous ces déplacements s’effectuaient pour un seul motif : l’évangélisation et l’éducation. Malgré tout, ce prêtre avait bâti sa vraie vie missionnaire dans cette région du Sud-Ouest de Madagascar où, en particulier, l’histoire scolaire de Manombo-sud porte son nom.

Après le départ du Père Brunel en 1956, ses instituteurs malgaches poursuivaient ses oeuvres pour assurer l’essentiel de l’enseignement. Les missionnaires se succédaient pour diriger l’école depuis les Assomptionnistes jusqu’à l’actuelle congrégation des Sœurs de Sainte-Thérèse installée à Manombo-sud depuis 1983. Avec les Sœurs, l’école avait toujours tenu les activités scolaires. Elles habitaient dans l’enceinte de l’école en construisant leurs bâtiments d’habitation à l’Est de celui du Père Brunel devenu dépassé par le temps. Les bâtiments des Soeurs étaient achevés en 1989. L’ONG avait financé la construction d’un bâtiment scolaire pour l’école Père Brunel en même temps qu’un bâtiment servant d’école primaire publique pour le fokontany de Manombo-II, inaugurés le 02 octobre 1998.

Les Sœurs ont changé récemment le nom de l’école. L’ « Ecole Père Brunel » devient l’« Ecole Privée Catholique Père Brunel » puis, très récemment, l’« Ecole des Sœurs de Sainte-Thérèse ».

Jusqu’à ce jour, l’école enseigne jusqu’au niveau du cours moyen. Les Sœurs projettent actuellement la construction d’un bâtiment pour l’enseignement secondaire.

Depuis l’époque coloniale, l’enseignement ne se cantonnait pas au seul domaine scolaire. Il s’ouvrait dans d’autres travaux manuels tels que le jardinage, la menuiserie, la couture,… Ceci pour ouvrir des nouvelles activités aux enfants et pour induire un développement économique. Ainsi, en cas d’échec, l’enfant aurait une issue de secours en dehors des activités claniques traditionnelles de pêche. Ceci n’est pourtant pas bien compris par certains parents qui se déclarent de temps en temps ne plus voir l’intérêt de l’école, perte de temps selon eux car les jeunes n’arrivent pas du tout à mettre à terme rentable leurs études.

- 64 - Il serait intéressant de registrer et de trouver toutes les personnes scolarisées dans l’école catholique de Manombo-sud et de savoir qu’étaient-elles ou que sont-elles devenues…

- 65 - BIBLIOGRAPHIE Ouvrages généraux

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- 66 - 13-KOECHLIN (B), Les Vezo du Sud-Ouest de Madagascar : contribution à l’étude de l’éco- système de semi nomades marins . Paris Mouton LAHAYE.

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24-SALOMON (J.N), 1987 : Le Sud-Ouest de Madagascar , Université d’Aix-Marseille, T1. 420p.

- 67 - 25-SALOMON (J.N), 1987 : Le Sud-Ouest de Madagascar , Université d’Aix-Marseille, T2. 998p.

26-TIERSONNIER (J), 2001 : Les Missionnaires Acteurs du Développement , Préface du Professeur Ramialiharisoa JIRA.

27-ZENY (C), 1983 : L’Education de base à Madagascar de 1960 à 1976 : motivation et contenus des changements , Thèse. Centre Régional des Coopérations Etudiantes, 8, rue vo hey 69008 LYON.

Revues et Articles

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29-BANQUE MONDIALE, septembre 2001, Série de Développement Humain de la Région Afrique, Document de Travail : Education et Formation à Madagascar, « Vers une politique nouvelle pour la croissance économique et la réduction de la pauvreté, un résumé des principaux défis ». Région Afrique, Banque Mondiale, 24p.

30-DIOCESE de Tuléar : Activités missionnaires et leurs significations , 109p. s.d.n.h.n.l.

31-JOURNAL PEDAGOGIQUE, septembre 1939, l’Ecole et la Famille . Préparant aux divers Examens de l’Enseignement Primaire (paraît le 1 er et le 15 de chaque mois de l’année scolaire). E. Robert. Editeur, Fontaines-sur-saône (Rhône). Cheques Postaux : 1348, Lyon.

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33-LE MOIS A L’UNESCO, avril-juin 1997, Bulletin trimestriel d’information, N°25, Les Jeunes au cœur du monde, centre catholique interaction pour l’UNESCO.

34-LE MOIS A L’UNESCO, Juillet-septembre 1994, Bulletin trimestriel d’information. N°14.

35-LE MOIS A L’UNESCO, octobre-décembre 1996, Bulletin trimestriel d’information, N°23, l’Université du Service de la Communauté, Centre Catholique Interaction pour l’UNESCO.

- 68 - 36-LES DOSSIERS DE LA DOCUMENTATION CATHOLIQUE, 1992 : Les Evêques d’Afrique parlent, 1969-1992. Documents pour le Synode africain. Textes réunis par Maurice Cheza, Henri Derroitte, René Luneau. Centurion. Editions Centurion, 443p.

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39-UNESCO, le courrier (mars 1999) : Pauvreté nouvelles donnes. Amadou Nkourouma : la dénonciation de l’intérieur , p.35. (Soahangy Mamisoa Rangers, journaliste malgache basée à Paris).

40-MUNTHE (L), RAJAONARISON (E) et RANAIVOSOA (A.D), 1986, « le Catéchisme de 1657 (les Lazaristes à Fort-Dauphin) », Antananarivo, Omaly sy Anio (hier et aujourd’hui), Université de Madagascar : Etablissement d’Enseignement Supérieur des Lettres. Unité d’Enseignement et de recherche d’histoire. Revue d’Etudes historiques. N° 23-24, pp 111-116.

- 69 - ANNEXE 1

Père Emile Barthélemy Brunel est né le 24 octobre 1875 à Avranches en Normandie (France). Son père : Camille Brunel. Sa mère : Marie Lapannetier. A Manombo : 1903-1956. Décédé à Fort-Dauphin : 21/06/1958. Le Père : Manombo était son pied à terre tendis qu’il faisait ses tournées en charrette dans la région sud. Manombo était un centre important à l’époque. La vie s’est déplacée ensuite vers Tuléar devenue ville administrative de la province. Le Père Brunel est à l’origine de notre école qui a pris son nom. Elle a commencé dans les dépendances autour de l’Eglise puis s’est agrandie du grand bâtiment comprenant trois salles devenues foyers. Elle a été longtemps entre les mains des laïcs la date d’ouverture. L’école a été reprise par les Sœurs de Sainte- Thérèse en septembre 1989. C’est en 1991 que l’Ecole a déménagé. Les trois bâtiments comprenant six classes et un double bureau étaient achevés le 25 mai 1991 (par le Diocèse). L’achèvement du bâtiment Aide et Action (A & A) comprenant trois salles (classe de T5 + atelier, bibliothèque et un double bureau) date de juin 1998. L’inauguration a eu lieu en même temps de celui de Manombo II le 02 octobre 1998. Date d’autorisation d’ouverture de l’Ecole : le 31 décembre 1958. Mais l’école fonctionnait avant (une photo de 1957en témoigne). C’est le Père Paul Ponsard qui en a fait la demande le 29 septembre 1958. (Autorisation N° 54 A6 ENS délivré le 25 octobre 1958). Il obtient l’ouverture d’une école française élémentaire priée mixte dont le nombre d’élèves est fixe à 159 externes avec cours moyens prélevant de la mission catholique. L’Ecole Père Brunel a été reprise par les Sœurs de Sainte-Thérèse en septembre 1989 (dont la maison mère est à Avesnes sur Helpe-France) en septembre 1983. Voir dans le cahier de passation de service au bureau des Sœurs de Sainte-thérèse à Manombo

- 70 - ANNEXE 2Elèves reçus au CEPE et Entrés en 6 ème . Dates Effectifs (Filles et Nombres des admis Pourcentages Garçons) 1983 14A/38P 1984 27/37 1985 16/34 1986 21/37 1987 26/26 1988 18/19 1989 8/38 1990 13/42 1991 25/33 1992 12/15G + 13/14F 25/29 86,2 % 1993 7/8G + 11/17F 18/25 72 % 1994 5/4G + 15/18F 16/19 84,21 % 1995 9/12G + 15/18F 24/30 80 % 1996 8/11G + 8/12F 16/23 69,5 % 1997 11/13G + 8/9F 19/22 86,8 1998 11/12G + 18/21F 29/26 87,87 % 1999 9/10G + 12/16F 21/26 80,77 % 2000 8/8G + 13/13F 21/21 100 % 2001 13/14G + 10/11F 23/25 92 % 2002 6/6G + 14/14F 20/20 100 % 2003 12/12G + 10/10F 22/22 100 % 2004 6/6G + 16/16F 22/22 100 % 2005 12/12G + 10/10F 22/22 100 % 2006 11/11G + 17/17F 28/28 100 % 2007 11/11G + 9/9F 20/20 100 % Voir dans le cahier de passation de service au bureau des Sœurs de Sainte-thérèse à Manombo

- 71 - ANNEXE 3 Lazarista 1903-1956 Le Prêtre Emile Brunel et les autres I Mompera E. Brunel sy ireo lPretra Prêtres de L’Association lazariste devant ao amin’ny fikambanana Lazarista L’Eglise ou ils visitent. manoloana ny trano fiangonana. Io ny -l’ancienne Eglise avait un cloche. apondra fanavana fitsidihamparitra .(photo) -à l’Est, il y a trois cloches (voir -trano fiangonana toloha izay misy annexe7). tilikambo. -le Prêtre et quelques enfants visitent -eo atsinana misy ny lakolosy telo. (photo) les tombeaux. -Ny Mompera sy ny ankijy vitsivitsy -Les Pères et les seigneurs dirigés par mamangy fasana. (photo) Monseigneur René Rakotondrabe, Mgr de -ny Mompera, ny Eveka maromaro, Tuléar avant célèbrent la messe pour honorer nolarihin’ny Monseigneur Réné le reste mortel du Père Brunel Rakotondrabe , Evekan’i Toliara teo aloha, hiara mankalaza ny sorona masina amin’ny fanamasinana ny Taolam-Balon’i Monpera Brunel (photo). Voir panneau d’affichage en bois sur papiers au bureau de l’Eglise à Manombo-sud

- 72 - ANNEXE 4 MADAGASCAR EMILE BRUNEL (24 août 1875–21juin 1958) Le bon Père Brunel s’est éteint paisiblement, sans agonie, à Fort-Dauphin, « assis dans sa chaise longue », le 21 juin 1958, à onze heures ; il avait près de quatre-vingt-trois ans. Bien des confrères ont vécu de longues années, en même temps que lui, car le Père Brunel aimait vivre retiré, effacé, silencieux. Il trouverait certainement superflu que l’on veuille souligner ce qu’il a pu faire en ces cinquante-neuf années passées dans la Mission : la grande inquiétude de ses derniers jours était de penser à ce qu’il aurait dû faire et qu’il se reprochait humblement de n’avoir pas fait. Les confrères qui l’ont bien connu penseront au contraire, qu’il est juste et utile de retracer, au moins à grands traits, l’œuvre de ce courageux missionnaire et la physionomie morale de ce bon prêtre. Emile-Barthélemy Brunel naquit à Avranches, le 24 août 1875. A l’âge de sept ans, il était déjà orphelin de père et de mère. Il semble que d’avoir été ainsi frustré de l’affection et de l’intimité du milieu familial, au moment où la personnalité commence à s’affirmer, ait contribué à fermer d’avantage une âme déjà peu portée à s’extérioriser. Il fit ses premières études dans un collège (Ecole apostolique) tenu par les Jésuites, à Poitiers ; il les termina honorablement, en obtenant le grade de bachelier. Le 23 septembre 1892, il était reçu au séminaire interne de la Congrégation. Peu bavard sur tout ce qui le concernait, nous savons peu de chose sur cette période de formation et des études. Cependant, nous avons entendu M. le Très Honore Père Souvay, condisciple du Père Brunel, témoigner que : « le Père Brunel était un des meilleurs élèves de son cours. » Ordonné prêtre à Dax par Mgr Thomas, le 4 juin 1899, M. Brunel partait la même année (21août) pour la Mission de Madagascar. Il y arriva juste pour participer à la fondation, avec M. Bertrand, de l’importante Mission de Vohipeno. Mais Vohipeno ne devait pas être le champ de son apostolat : le climat humide de la Côte Est ne s’accordait pas avec sa faible santé… Voir Saint Vincent de Paul : « Annales de la Congrégation de la Mission (Lazaristes) et de la Compagnie des Filles de la Charité », Tome123–année 1958. A Paris, rue de SEVRES, 95, 1958.

- 73 - ANNEXE 555:5: Carte de la population

- 74 - ANNEXE 6Carte des activités économiques

- 75 - ANNEXE 7Carte des infrastructures

Toutes les trois cartes, voir PCD de Manombo-sud .

- 76 - ANNEXE 8

Fahatsanguambato Faha-100 Taona fahatsiorovana ny toriana ny vaovao mahafalyTeto amin’ny Distrikan’ny Manombo-Sud.

TODISOA Delphin ancien élève de P. Brunel

- 77 - LISTE DES CARTES Carte N° 1: District de Manombo-Sud ...... - 6 -

LISTE DES PHOTOS Photo 1 ;un des anciens bâtiments(hôpitaux) coloniaux détruits------14 - Photo 2 : anciens Bureaux Administratif s (Canton) démolis ------14 - Photo 3°P.Brunel Emile ------29 - Photo 4 : Tombe de P.Brunel ------41 - Photo 5 : Ancienne école primaire ------51 -

LISTE DES TABLEAUX Tableau 1: Evolution de la population de la commune de Manombo-sud entre 1954 et 1967 ------16 - Tableau 2 : Contacts passagers dans un but évangélique à Ankazoabo-sud par le Saint Père Brunel ------40 - Tableau 3 : quelques chiffres de b aptêmes effectués à Manombo-Sud pendant un certain temps. ------55 - Tableau 4 :Voici quelques chiffres de baptêmes à Manombo-Sud et ses environs (district). ------56 - Tableau 5:Des mariages entre malgaches célébrés à la manière chrétienne et à l’Eglise Manombo-Sud - 56 -

LISTE DES ANNEXES ANNEXE 1 ------70 - ANNEXE 2Elèves reçus au CEPE et Entrés en 6 ème . ------71 - ANNEXE 3 ------72 - ANNEXE 4 ------73 - ANNEXE 5: Carte de la population ------74 - ANNEXE 6Carte des activités économiques ------75 - ANNEXE 7Carte des infrastructures ------76 - ANNEXE 8 ------77 -

- 78 - TABLE DES MATIERES AVANT PROPOS...... - 1 - INTRODUCTION ...... - 3 - PREMIERE PARTIE : LA PRESENTATION DE MANOMBO-SUD ...... - 7 - CHAPITRE. I. L’ESPACE ET L’ENVIRONNEMENT ...... - 8 - I.1. La localisation géographique et administrative : ...... - 8 - I.2. L’accessibilité ...... - 9 - I 3. La géographie physique ...... - 10 - CHAPITRE II: LA POPULATION ET L’HISTOIRE DU PEUPLEMENT ...... - 13 - CHAPITRE III: LES ACTIVITES SOCIOCULTURELLES ...... - 17 - III.1. La croyance en Dieu chez les Vezo ...... - 17 - III.2. Le mariage chez les Vezo : ...... - 18 - DEUXIEME PARTIE : LA SCOLARISATION PAR LES LAZARISTES A MANOMBO-SUD DEPUIS 1900 JUSQU’EN 1972 ...... - 22 - CHAPITRE I : LA MISSION LAZARISTE DEPUIS SA CREATION JUSQU’A SON ARRIVEE A MANOMBO-SUD...... - 23 - I.1. Histoire de l’origine de la congrégation Lazariste : ...... - 23 - I.2. L’histoire des missionnaires Lazaristes de Madagascar ...... - 24 - I.2.1. D’Abyssinie à Fort Dauphin ...... - 24 - I.2.2. Le choix de Manombo-sud ...... - 26 - I.2.3. Le Père BRUNEL ...... - 27 - CHAPITRE II: LA SCOLARISATION DANS LE « DISTRICT » DE MANOMBO-SUD ...... - 30 - II.1. La scolarisation avant l’arrivée des Lazaristes ...... - 30 - II.1.1. Le système éducatif traditionnel ...... - 30 - II.1.2. L’enfant Vezo et la société traditionnelle ...... - 32 - II.1.3. L’apprentissage du garçon Vezo...... - 35 - II.2. Les débuts de l’enseignement à Manombo-sud ...... - 38 - II.2.1. La vie quotidienne du Père Brunel à Manombo-sud ...... - 38 - II.2.2. La stratégie d’évangélisation et de scolarisation chez les Lazaristes ...... - 42 - CHAPITRE. III: LES DEBUTS DE L’ECOLE DU PERE BRUNEL ...... - 47 - TROISIEME PARTIE : L’HERITAGE DE LA SCOLARISATION PAR LES LAZARISTES A MANOMBO- SUD ...... - 52 - CHAPITRE I: L’OBJECTIF COLONIAL ...... - 53 - CHAPITRE. II: L’HERITAGE RELIGIEUX DE CETTE SCOLARISATION DES LAZARISTES ...... - 55 - II.1. Des baptisés ...... - 55 - II.2. Une foi chrétienne bien implantée ...... - 57 - CHAPITRE III: L’« ECOLE DU PERE BRUNEL», UNE INSTITUTION DE RENOM...... - 58 - III.1. La réputation de l’« Ecole Père Brunel » ...... - 58 - III.2. Quelques menaces à prévoir ...... - 60 - CONCLUSION ...... - 62 -

- 79 - BIBLIOGRAPHIE ...... - 66 - ANNEXE 5: Carte de la population ------74 - LISTE DES CARTES ...... - 78 - LISTE DES PHOTOS ...... - 78 - LISTE DES TABLEAUX ...... - 78 - LISTE DES ANNEXES ...... - 78 - TABLE DES MATIERES ...... - 79 -

- 80 -