<<

LA PRESSE CANADIENNE Le 18 mai 2011

Les autochtones sont satisfaits de l'arrivée du ministre Penashue au cabinet

OTTAWA — Les chefs autochtones se disent enchantés de voir que deux des leurs font partie du cabinet ministériel fédéral, une première, avec le chef Peter Penashue rejoignant la ministre de la Santé, dans les rangs du cabinet Harper.

M. Penashue, le seul député conservateur de Terre-Neuve-et-Labrador, hérite ainsi du portefeuille des Affaires intergouvernementales. Seuls six autochtones ont jamais fait partie du cabinet fédéral. Len Marchand fut le premier, nommé ministre d'État à la Petite entreprise par en 1976. Il existe cependant une certaine confusion quant à la raison qui a soudainement poussé le gouvernement Harper à changer le nom du ministère des Affaires indiennes et du Nord Canada pour Affaires autochtones, sans consultation.

Shawn Atleo, chef national de l'Assemblée des Premières nations, a annoncé qu'il demandera au ministre John Duncan d'expliquer le changement de nom. M. Atleo veut s'assurer que les problèmes des Premières nations ne seront pas relégués à l'arrière-plan, alors que le gouvernement tente d'être davantage inclusif. Le terme «autochtone» comprend les Premières nations, ainsi que les Inuits et les Métis. Un porte-parole du premier ministre Harper a indiqué que le changement vise à moderniser l'appellation et n'implique pas un changement des responsabilités du ministère. Au moins un important groupe de communautés des Premières nations a qualifié le changement de nom d'«irrespectueux». «Le fait de regrouper les Premières nations, les Métis et les Inuit va peut-être permettre d'économiser de l'espace sur les cartes d'affaires du ministre, mais il s'agit d'un manque de respect face aux caractères distincts des communautés avec lesquelles il doit établir de meilleures relations», a déclaré Patrick Madahbee, leader de la Nation anishinabek.

M. Penashue est le premier Innu élu au Parlement et a passé une bonne partie de sa précédente carrière à négocier des revendications territoriales. Bien que les Affaires intergouvernementales soient habituellement un portefeuille mineur, le poste vient également avec le titre de président du Bureau du Conseil privé, le cercle de bureaucrates le plus rapproché du premier ministre. Selon M. Atleo, cela pourrait être important d'avoir quelqu'un travaillant si près du premier ministre.

Le grand chef demande toujours à rencontrer M. Harper, requête que ce dernier a acceptée l'hiver dernier, mais à propos de laquelle peu de progrès ont été constatés. Les premiers ministres des provinces ont également demandé à rencontrer leur homologue fédéral pour discuter des questions autochtones. LA PRESSE CANADIENNE Le 18 mai 2011

Pauline Marois craint que la nomination de Penashue nuise au Québec

La nomination, aujourd’hui, du leader innu de Terre-Neuve Peter Penashue, à titre de ministre des Affaires intergouvernementales, risque de nuire au Québec, selon la chef péquiste Pauline Marois.

En choisissant M. Penashue, le seul élu conservateur de cette province, le premier ministre «envoie un signal assez particulier» au Québec, a estimé Mme Marois, en point de presse, après avoir pris connaissance de la composition du nouveau cabinet fédéral. «On espère que le premier ministre Harper sera conscient qu’il y a là un risque de conflit», selon elle.

Elle a rappelé que deux des principaux litiges en cours entre Québec et Ottawa visent directement Terre-Neuve-et-Labrador, à savoir le développement hydroélectrique du Bas-Churchill et le gisement d’hydrocarbures Old Harry, situé à cheval sur les deux provinces. Interrogée à savoir si cette nomination devait être perçue comme une forme de provocation de la part de M. Harper, Mme Marois a dit: «J’espère que ce n’en est pas parce que ça commencerait bien mal son mandat». Le ministre québécois des Affaires intergouvernementales, Pierre Moreau, ne partage cependant pas son avis, pas plus que ses inquiétudes. «C’est prématuré et un peu réducteur», de craindre un homologue fédéral en provenance de Terre-Neuve, a-t-il fait valoir en point de presse. Il a dit vouloir offrir toute sa collaboration à M. Penashue.

Contestation du Québec Le Québec — autant le gouvernement Charest que l’opposition péquiste — conteste la décision récente du premier ministre Harper d’offrir à Terre-Neuve-et-Labrador une garantie de prêt pour le projet hydroélectrique de 6,2 milliards $ du Bas-Churchill. La position du gouvernement du Québec consiste à dire que ce n’est pas à Ottawa de financer les projets de lignes de transport, d’autant plus qu’il ne l’a jamais fait dans le cas d’Hydro-Québec. Mme Marois a parlé quant à elle de concurrence déloyale.

Dans le cas du gisement d’hydrocarbures Old Harry, dans le golfe du Saint-Laurent, Ottawa et Québec ont conclu une entente en mars dernier. Mais la chef péquiste a dit craindre un des volets de l’entente: un processus d’arbitrage visant à déterminer les frontières maritimes entre les deux provinces, «ce avec quoi nous sommes en profond désaccord». Par ailleurs, compte tenu de la faible représentation du Québec au cabinet, avec seulement quatre ministres, elle a dit craindre que les dossiers de relations Québec-Ottawa soient mis de côté. «Nous le craignons. C’est pour ça qu’on va être très vigilants», a-t- elle promis. Maintenant que le nouveau cabinet fédéral est formé, il y a trois dossiers urgents à régler, selon elle: le Pont Champlain à Montréal, le litige sur le Bas-Churchill et d’éventuels contrats à la Davie de Lévis pour la construction de frégates. Quant à la nomination au Sénat de deux candidats défaits aux dernières élections, l’ex-ministre Josée Verner et Larry Smith, elle a jugé que c’était prématuré. Le premier ministre «aurait pu avoir une petite gêne, puis attendre un peu, avant de nommer ses amis immédiatement au Sénat», selon elle.