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UNIVERSITE D’ ECOLE NORMALE SUPERIEURE DEPARTEMENT FORMATION INITIALE LITTERAIRE CENTRE D’ETUDE ET DE RECHERCHE EN HISTOIRE GEOGRAPHIE

MEMOIRE DE FIN D’ETUDE POUR L’OBTENTION DU CERTIFICAT D’APTITUDE PEDAGOGIQUE DE L’ECOLE NORMALE (C.A.P.E.N)

LES EVENEMENTS DE 2001-2002 A TRAVERS LE JOURNAL L’EXPRESS DE

Présenté par : RANDRIAMIARAMANANA Dina Fanantenana

Membres de jury

Président : Monsieur RAKOTONDRAZAKA Fidison, Maître de Conférences Rapporteur : Monsieur RAMANANTSOA Ramarcel Benjamina, Maître de Conférences Juge : Monsieur ANDRIAMIHANTA Emmanuel, Maître de Conférences Date de soutenance : 28 Février 2007 « C’est le Seigneur qui donne la sagesse, la science et la connaissance viennent de Lui » Proverbe2, 6 Je dédie ce livre de mémoire à mes parents, à ma famille et surtout à mon Ame Sœur RME 3

REMERCIEMENT Ce présent mémoire est le fruit des cinq années d’étude effectuées à l’ ECOLE NORMALE SUPERIEURE d’Antananarivo. Avant d’en exposer les résultats, qu’il nous soit permis de remercier respectivement : - Le bon Dieu qui nous a donné le courage de faire ce mémoire. - Monsieur RAKOTONDRAZAKA Fidison, Maître de Conférences, qui a bien voulu présider la soutenance du présent mémoire. - Monsieur RAMANANTSOA Ramarcel Benjamina, Maître de Conférences, notre encadreur pédagogique qui nous a apporté ses précieux conseils. - Monsieur ANDRIAMIHANTA Emmanuel, Maître de Conférences, qui a accepté de juger ce travail. - Monsieur BOULE Jérôme, Directeur Général de l’Express de Madagascar, qui nous a accueilli au sein de son industrie. - L’équipe de l’Express de Madagascar particulièrement Madame Lova RABARY et Monsieur Eric RANJALAHY, qui nous ont fait preuve de collaboration.

- Madame Annie, archiviste documentaliste au sein de l’Express de Madagascar, pour son amabilité.

Nous voudrions remercier également tous les membres de jury qui ont voulu accepter d’apporter leur jugement sur ce travail

Nos vifs remerciements s’adressent à tout le corps administratif et professoral de l’Ecole Normale Supérieure, particulièrement les professeurs de la C.E.R Histoire Géographie qui nous ont dispensé les bases pédagogiques. Nous ne pouvons oublier de remercier notre famille ainsi que nos amis de leur soutien moral et financier 4

TABLES DES FIGURES

FI GURE 1« UN IMMEUBLE ASSEZ COUSU POUR DONNER AUX ANNONCEURS ET AUX PUBLICS UNE IMPRESSION ATTRAYANTE DE LA PROSPÉRITÉ »...... 11

FIGURE 2 L’IMMEUBLE DU GROUPE PREY RAVATE, EX-STEDIC, SIÈGE SOCIAL DE L’EXPRESS DE MADAGASCAR ...... 15

FIGURE 3CARTE DE LA COUVERTURE NATIONALE DES 4 QUOTIDIENS À MADAGASC AR : MIDI MADAGASCAR, L’EXPRESS DE MADAGASCAR, MADAGASCA R TRIBUNE, GAZETIKO...... 19

FIGURE 4 PART DE LECTORAT PAR TITRE PRESSE QUOTIDIENNE SUR LA BASE DES SEULS LECTEURS DE PRESSE (TOTAL À 130 %, CHAQUE LECTEUR LIT 1,3 TITRES EN MOYENNE) ...... 21

FIGURE 5 SURFACE RÉDACTIONNELLE CONSACRÉE AUX CANDIDATS DURANT LA CAMPAGNE ÉLECTORALE ...... 57

FIGURE 6 REPRÉSENTATION GRAPHIQUE DE L’ÉVOLUTION DES SUFFRAGES OBTENUS PAR LES CANDIDATS RAVALOMANANA ET RATSIRAKA ...... 67 5

Liste des abréviations AFP Agence Presse AREMA Andry sy rihana enti-manavotra an’i Madagasikara AVI Asa vita no ifampitsarana BLU Bande latérale unique CCO Comité de coordination des observateurs CEG Collège d’enseignement général CNAPS Caisse nationale de prévoyance sociale CNE Conseil national électoral COI Commission de l’Océan Indien CRMV Commission de recensement matériel des votes ENS Ecole Normale Supérieure FFKM Fiombonan’ny fiangonana kristianina eto Madagasikara (Conseil oecuménique des Eglises chrétiennes) FFMA Friends foreign mission association FJKM Fiangonan’i Jesosy Kristy eto Madagasikara (Eglise réformée de Madagascar) GRAD ILOAFO Groupe de réflexion pour l’action démocratique – Iloafo HCC Haute cour constitutionnelle KMDR Komity mpanohana an’i (Comité de soutien de Didier Ratsiraka) KMF/CNOE Komity mpanara-maso ny fifidianana / Comité national d’observation des élections KMMR Komity mpanohana an’i (comité de soutien de Marc Ravalomanana) KMSB Komity miaro ny safidim-bahoaka (Comité de défense du choix du peuple) LEADER - FANILO Libéralisme économique et action démocratique pour la reconstruction – Fanilo LMS London Missionary Society MDRM Mouvement démocratique pour la rénovation malgache MFM Mitolona ho an’ny fampandrosoana an’i Madagasikara ONG Organisation non gouvernementale ONU Organisation des Nations Unies OUA Organisation de l’unité africaine PAO Programme Assisté par Ordinateur PAPMAD Papeterie de Madagascar PV Procès verbaux RFI Radio France Internationale ROI Revue de l’Océan Indien RPSD Rassemblement pour la sociale-démocratie SE Suffrage Exprimé SOLIMA Solitany Malagasy (compagnie malgache des hydrocarbures) TVM Televiziona Malagasy (Télévision nationale malgache) UNDD Union nationale pour le développement de la démocratie URM Union pour la reconstruction de Madagascar 6

LISTES DES TABLEAUX

TABLEAU 1 EVOLUTION DU NOMBRE DE TIRAGE DE L’EXPRESS DE MADAGASCAR ...... 20

TABLEA U 2 L’HISTOIRE ET LE JOURNAL ...... 34

TABLEAU 3 NOMBRE DE PLACE OBTENUE PAR PROVINCE PAR L’ AREMA LORS DES ELECTIONS SENATORIALES DU 18 MARS 2001 ...... 46

TABLEAU 4 RÉSULTAT DU SONDAGE RÉALISE PAR L’ATW CONSULTANT- L’EXPRESS DE MADAGASCAR AVEC LA FONDATION FRIEDRICH EBERT ...... 51

TABLEAU 5 ARTICLES CONSACRÉS AU CANDIDAT RAVALOMANANA DURANT LA CAMPAGNE ÉLECTORALE ...... 59

TABLEAU 6 RECAPITULATION DES QUATRE CANDIDATS POTENTIELS AUX ELECTIONS PRESIDENTIELLES DU 16 DECEMBRE 2001 ...... 60

TABLEAU 7 RÉSULTAT DES PRÉSIDENTIELLES À 2 TOURS À MADAGASCAR DEPUIS 1992 ...... 67

TABLEA U 8LES VOIX OBTENUS PAR MARC RAVALOMANANA SELON LE KMMR .... 69 7

TABLE DES MATIERES

REMERCIEMENT LISTE DES FIGURES LISTE DES ABREVIATIONS LISTE DES TABLEAUX TABLE DES MATIERES

LISTE DES ABRÉVIATIONS ...... 5

a- Le pouvoir à la rue ...... 75 b- La première investiture ou l’ « autop roclamation » ...... 76 II - LE RENVERSEMENT DE LA VAPEUR ...... 86 Le 9 avril 2002, l’Express de Madagascar livre que les recours contre le décret de nomination des membres de la HCC seraient jugés en audience publique. Le tribunal a eu lieu le 10 avril au sein de la Chambre administrative de la Cours Suprême. Le procès a été sous haute surveillance. Du coté plaidoirie, le journal relève que Maîtres André Randranto et Julien Andriamadison se sont relayés pour soutenir les bien fondés des requêtes présentés respectivement par Messieurs Marc Ravalomanana et Jean Michel Rasolonjatovo. De l’autre coté la représentation de l’Etat s’est illustrée par son absence. La dite Chambre a annulé le décret relatif à la nomination et la constatation et de désignation ou l’élection des membres de la HCC aménagée le 24 novembre 2001. Le juge administratif a déclaré aprè s délibération que le décret n°2001-1080 du 22 novembre mis en cause est « annu lé avec toutes conséquen ces de droit ». Par conséquent, l’ancienne Haute Cour présidée par Maître Boto Victor sera « r essuscitée ». C’est dans ce contexte que « l es accords de Dakar » s’émergent...... 86 A- « L’accord boiteux de Dakar » ...... 86 Pour sortir de la crise, les organisations internationales ont organisé une rencontre « de l’ultime dern ière chance » pour mettre les deux « r ivaux » à la table de la négociation. Il s’agit de l’accord de Dakar du 18 avril. La convention trouve une issue mais des points restent à éclaircir. Dans un premier temps la convention entre les deux principaux acteurs de la crise faite à la Capitale sénégalaise est port euse d’espoir. Cependant les non dits sont souvent source d’ennuis...... 86 1- La lettre de Dakar ...... 86 Sous les auspices du Secrétaire Général de l’OUA, Amara Essy, et de l’ONU, Ibrahim Fall, assistés par des chefs d’Etat africain facilitateurs, dont Abdoulaye Wade Président de la République du Sénégal, Mathieu Kerekou, Président de la République du Bénin, Laurent Gbagbo, Président de la République de la Cote d’Ivoire, Joaquim Alberto Chissano, Président de la République du Mozam bique, « nos Présidents » ont signé un accord de consensus nommé « Dakar I ». Basé sur l’arrêt n°4 du 16 avril 2001, il contient 5 articles qui m ettent « fin immédiatement à la violence et aux bar rages » et dresse un plan de sortie de crise pour « l’inté rêt supérieur de la nation »...... 87 Au de-là du contenu même de l’accord, il est à noter que M arc Ravalomanana a du consentir à l’abandon de son statut présidentiel pour apposer sa signature en qualité de Président de la Républiqu e : « Mar c Ravalomanana, candidat à la présidence de la République de Madagascar d’autre par t ». Didier Ratsiraka de son coté s’est prévalu son statut de Président sortant et a signé es qual ité : « Did ier Ratsiraka, Président de la République, candidat à la présidence de la République de Madagascar d’une part». Ainsi tous les deux se sont engagés à faire respecter dès la signature du dit acco rd « la liberté de circulation des biens et des personnes, l’arrêt immédiat de toutes les menaces et 8 violences, sur les personnes et les biens, le dynamitage des ponts ainsi que la levée de tous les barrages sur toute l’étendue du territoire national ». Une disposition attendue et qui devrait être bien accueillie au sein de l’opinion. Selon leurs propres visions et commentaires, Didier Ratsiraka a évoqué que « les a mbitions personnelles qui ont cédé devant l’intérêt supérieur de la Nation ». Ravalomanana a convenu que l’accord constitue « une sortie honorable à la crise». L’unique visa de l’accord implique un nouveau décompte contradictoire des voix. A partir de là, dans l’hypothèse ou aucun candidat n’obtiendrait pas la majorité absolue pour être élu au premier tour, l’accord stipule l’organisation d’un référendum dans 6 mois au maximum, pour les départager suivant la proposition initiale de l’OUA , un « gouvernem ent de réconciliation nationale » serait mis en place pour gérer la transition. Les deux par ties ont convenu de mettre en place « dè s la proclamation des résultats » un « con seil supérieur de la transition » qui aura pour mission de veiller au bon déroulement de la transition. Une institution dont la présidence reviendra à Marc Ravalomanana, qui « ser ait la deuxième personnalité de l’Etat par le rang protocolaire ». Dans la même ordre d’idée, si le principe de la création d’une « Co mmission Elec torale Indépendante »est acquis, celle-ci serait chargée de « la préparation et de l’organisation de la consultation référendaire ». Mais si l’accord dresse une maquette de débouché temporaire, il ne défa it pas la crise dans sa totalité...... 87 2- L’esprit de Dakar ...... 88 2- L’évolution de la situation sur le terrain...... 91

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BIBLIOGRAPHIE ANNEXES

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INTRODUCTION

Les évènements 2001-2002 à travers le journal l’Express de Madagascar font l’objet de cette étude. L’Express de Madagascar est un des 107 presses écrites malgaches1 qui véhiculent, communiquent des nouvelles et différentes informations telle la grande crise qui a sévi à Madagascar en 2002, par l’intermédiaire des articles.

Notre choix s’est porté sur ce journal pour différentes raisons. D’abord, pour une histoire plus objective, réserves faites aux journaux tendancieux et partisans, choisir l’Express de Madagascar nous semble beaucoup plus prudent. Ensuite, le journal de référence ne se justifie pas par le nombre de numéros vendus, mais plutôt, par la pertinence des commentaires et le soucis de vérité que nous aurions l’occasion, pour notre journal d’affirmer ou d’infirmer. Enfin, journal auquel le public est fidèle et intellectuel devrait faire ressortir une analyse intéressante pour l’histoire.

En effet, au moment où les préoccupations contemporaines internationales se sont surtout axées sur le phénomène de la mondialisation économique, la libéralisation des échanges, et le rôle clé joué par l’Organisation des Nations Unies en tant que gardien du monde ; une crise allait marquer de leurs empreintes à Madagascar à l’aube du nouveau millénaire. Cet immense mouvement allait secouer l’île et devait durer 7 mois. Dans le cadre de la contribution à l’histoire contemporaine et immédiate de Madagascar2, notre travail met en exergue, entre autre, des points chauds traversés par la nation depuis l’indépendance, les agencements, la manifestation et la sortie des crises malgaches de 2001-2002. Il demeure intéressant dans le sens que l’histoire proche se fait, par des sources écrites disponibles, vérifiables et critiquables à tout moment. Georges WEILL l’affirme en invitant ses lecteurs à 1 Chiffres publiés par le Ministère de l’Information en octobre 2006, lors de la semaine de la commémoration du 120ème anniversaire de la presse malgache. 2SOULET (Jean François) « L’histoire immédiate ». Presse Universitaire de France, Que sais-je ? n°2841, Paris 1994,136p. «Nous entendons (donc) par histoire immédiate l’ensemble de la partie terminale de l’histoire contemporaine aussi bien celle dite du temps présent que celle des trente dernières années, une histoire qui a pour caractéristique principale d’avoir été vécue par l’historien ou ses principaux témoins ». 2 remarquer que « le quotidien, qui contribue à faire de l’histoire, cherche aussi à fixer de plus en plus minutieusement l’histoire qui se fait1».

Peut- on considérer un journal d’information et d’analyse tel que l’Express de Madagascar comme une source en histoire ? Les articles diffusés contribuent- ils à l’éclosion de la vérité historique spécialement à propos de la crise qui a récemment secoué l’île ? De quoi qualifie- t- on cette crise sur le plan politique, économique, social en se basant sur les recueils de l’Express de Madagascar ? C’est la série de question à laquelle nous essayons d’apporter des éléments de réponses.

Notre méthodologie consiste à :  Faciliter la réflexion historique sur les diverses étapes de ce passé récent.  Faciliter la réflexion sur le présent pour mieux connaître les qualités des analyses historiennes des années de la crise, en se basant sur la vision de l’Express de Madagascar sur l’état des choses.  Détecter la vérité historique aussi bien avoué que non, par l’analyse du discours. C’est une méthode sociolinguistique qui consiste à mettre les écrits du journal dans le contexte de la crise pour qu’ils deviennent des énoncés vivants significativement surgie à un moment historique.  Témoignage unique, témoignage nul : force est-il de comparer les écrits de l’Express de Madagascar avec les autres quotidiens et d’autres ouvrages de référence.

Ces analyses nécessitent : • Une documentation et recherche bibliographique • Recoupement des informations • Enquête auprès des personnels administratifs et techniques de l’Express de Madagascar, mais aussi auprès de quelques crieurs de la ville • Enquête auprès des journalistes et documentalistes de l’Express de Madagascar mais aussi auprès d’un échantillon de la population tananarivienne • Fouilles des archives : Journaux Officiels de Madagascar et Dépendances, Bulletins de l’Académie Malgache

1WEILL (Georges) « Le journal, origine, évolution et rôle de la presse périodique » Renaissance du livre, Paris 1934, 451p. . 3

• Consultations des parutions de l’Express de Madagascar et bien d’autres presses telles que Madagascar Tribune, Midi Madagasikara, L’Hebdo de Madagascar, Ny Gazetiko. Les cours de Monsieur Gilles LUGRIN1 sur « La place de la sémiotique et de la pragmatique dans les sciences du langage » nous sont d’une aide précieuse dans nos exploitations des journaux.

Ce mémoire constitue un document à parties. Il démontre d’abord que la presse écrite s’associe aux sources de l’histoire contemporaine, et que l’Express de Madagascar peut bien jouer ce rôle. Par ailleurs, il compose et présente sous une forme plus accessible, la conception des causalités, du déroulement, et des solutions adoptées lors de cette crise qui a secoué Madagascar en 2001- 2002, suivant les articles parus dans l’Express de Madagascar

1 Gilles LUGRIN, Professeur de linguistique à l’Université de Lausanne, lors d’une Conférence dispensée à l’ENS sur « La place de la sémiotique et de la pragmatique dans les sciences du langage » du 25 avril au 3 mai 2006. 4

PREMIERE PARTIE L’EXPRESS DE MADAGASCAR : UNE SOURCE HISTORIQUE DU TEMPS PRÉSENT

CHAPITRE I : L’EXPRESS DE MADAGASCAR, UN SUPPORT MÉDIATIQUE CONTEMPORAIN 5

I – SA NAISSANCE Le premier numéro du journal l’Express de Madagascar sortait le 22 février 1995. La cérémonie d’inauguration avait eu lieu la veille à son siège social à Ankorondrano par ses fondateurs face aux représentants de l’Etat notamment ceux du Ministère de l’Information et de la Culture. Les circonstances qui ont eu lieu le mois de février 1995, paraissaient plutôt propice pour ériger une entreprise de presse.

A- Environnem ent juridico-politique

Né dans un contexte juridique plus favorable, le journal a profité de l’occasion pour informer et pour analyser une situation très critique de la vie de la Nation malgache.

1- Des circonstances juridiques favorables a- Des hauts et des bas Depuis sa naissance, la liberté d’expression demeure au contour flou pour la presse malgache. Dès 1866, date officielle de la première apparition de la presse, la presse écrite n’avait d’abord comme objectifs que des œuvres religieuses et culturelles que politiques à l’image de « Ny Teny Soa hanalana andro » du London Missionary Society. Le code des 305 articles de 1881 émanant du Premier Ministre , ne tardait pas à museler la presse et la liberté d’expression, suite à un article critiquant les abus effectués par les dirigeants du royaume. La propagation des fausses nouvelles, lesquelles sont fréquentes dans un pays tel Madagascar où tout moyen d’information moderne, fait défaut. Article 143 stipule que « Si des personnes font courir des faux bruits de nature à émouvoir vraiment la population, que le gouvernement commet tel ou tel acte, alors que c’est inexact, elles seront punies d’une amende de 10 bœufs et de 10 piastres et si elles ne peuvent pas payer, elles seront mises en prison à raison d’un sikadzy par jour jusqu’à concurrence du montant de l’amende.» Article 145 concerne directement la presse car celui-ci parle du délit d’incitation au désordre dû à des écrits: « Si des personnes font des livres, des journaux de nature à susciter la révolte ou le désordre ou qui imputent au gouvernement des actes qu’il n’a pas commis, elles seront punies d’une amende de 100 piastres et devront en plus verser 20 piastres de vidin-doha ; si 6 elles ne peuvent pas payer , elles seront mises en prison en raison d’un sikadzy par jour jusqu’à concurrence du montant de l’amende »1 En ce moment, la presse de langue malgache ne pouvait jouir d’aucune liberté. Toute critique à l’encontre du gouvernement est considérée comme un crime. Seulement au début de la colonisation, la presse écrite à Madagascar jouissait le même statut que celle de la métropole : la liberté d’expression. Cependant, dès 1901 le Gouverneur Général Galliéni se montrait plus prudent en affirmant en effet que « dans une colonie aussi récemment pacifiée, non seulement de se prémunir contre les abus auxquels pouvaient donner lieu à la circulation à Madagascar des journaux ou écrits périodiques publiés à Madagascar soit en langue malgache, soit en langue étrangère » la priorité n’est pas d’accorder cette liberté à la presse2. Ce décret s’accompagne de celui de septembre 1927 appelé aussi « décret scélérat » qui dicte des mesures beaucoup plus sévères réprimant « la mise en vente, la distribution ou l’exposition par des Européens ou assimilés, des écrits, d’imprimés périodiques ou non, d’images susceptibles de porter atteinte au respect de l’autorité française à Madagascar ». L’avènement du front populaire en pays métropole a donné un nouveau souffle à la presse malgache. Pourtant l’administration coloniale recourut à d’autres armes pour faire taire la presse malgache : il s’agit de l’utilisation de la censure3. Cet élan ne durait que trois ans car la métropole instaure la loi martiale au commencement de la Seconde guerre mondiale, bafouant par la même occasion la liberté d’expression. A la fin de la Deuxième Guerre Mondiale de 1939 à 1945, le statut de la presse malgache évolua mais les événements de 1947 n’ont fait que couper brusquement ce nouveau souffle. Des mesures draconiennes sont prises sur le texte régissant le journalisme surtout les presses pro- MDRM. La liberté, restaurée, avec l’acquisition de l’indépendance, a duré 12 ans car le mouvement de mai 1972 secouait le pays. La prolongation fut torride au temps de la révolution socialiste de 1975 jusqu’en 1991, durant laquelle, le pouvoir cherchait à maintenir à tout prix la censure et les saisies4.

1 Traduction de G. JULIEN « Les institutions politiques et sociales à Madagascar »Paris 1908 pp 579-580 2 Exposé des motifs du décret du 16 février1901- Journal Officiel de Madagascar et Dépendances JOM et D n° 593 du 13 avril 1901 3 Établie de fait à partir de 1901, la censure fut organisée en 1910, rattachée au Bureau de Affaires Politiques, dans le cadre du Bureau de la Presse Indigène. Les articles devaient être déposés 48 heures au minimum avant la mise en vente des journaux. 4 Traduction libre du propos du RP Rémi RALIBERA, Président des Ordres des Journalistes Malgaches de 1977 à 1991, lors de la semaine de commémoration du 140ème anniversaire de la presse malgache au CITE Ambatonakanga 7

b- Le vent de la démocratie L’année 1989 marque un tournant dans l’histoire du XXème siècle avec la dislocation de l’empire soviétique et, la victoire du libéralisme sur le plan international .Ce qui va affecter la législation notamment celle de la liberté d’expression à Madagascar. 1990, l’année du 124ème anniversaire de la presse écrite arrive au point nommé avec l’entrée en application de la nouvelle loi sur la communication. C’est l’ordonnance n° 74-014, traduisant la Charte de la presse, et la censure devient caduque. Après amendement elle fut remplacée par le n° 90-031 qui « garantit la liberté d’expression et de presse »1 . La situation politique malgache de 1991 ne tarde pas à le changer. L’état d’urgence décrété durant les manifestations populaires muselle de nouveau cette lueur de liberté. Elle n’est rendue effective qu’une fois la paix ramenée. Ce fut donc l’œuvre de la IIIème République malgache, pour la première fois, d’instaurer un régime libéral grâce à la grande Loi sur la presse de 1992. La liberté de la presse qui est une liberté de la pensée comporte un double aspect matériel et intellectuel2 : • la Loi doit veiller à ce que la vérité soit décrite d’une façon exhaustive, précise, et impartiale pour tous les événements ; doit interdire toutes diffamations3. « Toutes personnes a le droit d’exprimer son opinion et ses idées par voie de presse quel qu’en soit le support matériel. La presse a pour mandat- en toute liberté et indépendance d’esprit- d’émettre toute opinion et de rapporter tout événement ou fait susceptible d’intéresser le public à son éducation.»

• L’exercice d’une telle liberté suppose que les éditeurs, directeurs, imprimeurs de presse soient à l’abri tant de pression politique qu’économique. « la liberté a pour corollaire la responsabilité. » Il s’ensuit que de nombreux organes de presse viennent gonfler le nombre des acteurs journalistiques et parallèlement les stations audio-visuelles privées commencent à gagner du terrain. D’autres formes d’entraves à la franchise de la presse se trouvent sur le chemin quand bien même la censure et les saisies disparaissent. A leur place se présentent l’influence de

1 Jean Jaques RAMAMBAZAFY., 1991- Nouvelles lois pour la presse, Madagascar, pp12-13, article premier 2 Article 2 des Nouvelles lois pour la presse 3 C’est-à-dire un écrit, imprimé ou non, qui tend à humilier, gêner, blesser ou ridiculiser la personne visée. 8 l’opinion du propriétaire, les exigences de la publicité, et surtout ce que les journalistes appellent « Felaka» ou « tambitamby »1. En un mot, le musellement de la presse prend une autre forme :  Des journaux dont le prix de revient n’arrive pas à nourrir son organe se trouvent obligé de fermer leur porte à l’instar de « Ny Zoko » ou« Marturia Vavolombelona ».  D’autres vivotent avec le peu de revenus que les clientèles leurs accordent. La plupart de ces journaux qui n’a pas tenu le coup sont des presses d’opinion. Seuls les journaux disposant d’un fonds solide arrivent à survivre comme le cas l’Express de Madagascar.

2- Des effervescences politico-économiques En 1995, la troisième République, née des manifestations de 1991 suivie de la mise en place d’une nouvelle Constitution issue d’un référendum du 19 août 1992, rencontre déjà la pierre d’achoppement. La discordance manifeste entre le Président de la République, élu au suffrage universel direct, et le Premier Ministre élu au suffrage universel indirect, créent une vive tension au sein de la société politique malgache. L’Assemblée Nationale n’arrive pas à destituer le Chef du Gouvernement, en la personne de Maître . De ce fait, le Président de la République, le Professeur ZAFY Albert, a décidé de porter l’affaire devant les électeurs par voie de référendum afin de réviser la Constitution. Avant ce fameux « référendum plébiscite » qui semble plus demander aux électeurs de choisir entre Chef de l’Etat et Chef du Gouvernement que de voter pour la nomination du Premier Ministre par le Président de la République, tant de choses se faufilaient sur la scène politique nationale : les débats au sein de la chambre basse à l’occasion des motions de censure et d’autre vote de confiance ; les manifestations populaires quasi-quotidiennes sur la place du 13 mai conduites par les opposants du régime ; le bras de fer opposant les deux chefs de l’exécutif par médias interposés ; la problématique de la décentralisation territoriale et, finalement la prochaine tenue des élections qui allait le rendre effective. Sur le plan économique l’affaire « FLAMCO » mettait en embrouille des dirigeants politiques et quelques hommes d’affaire ; les financements parallèles2 sont encore douteux ; les

1 Traduction libre gifles ou caresses. C’est une sorte de pot de vin qu’un interviewé ou un intéressé d’un article offre au journaliste 2 Banque Mondiale et le Fonds Monétaires Internationales 9 relations de Madagascar avec les institutions de Breton Woods sont autant des thèmes qui alimentent quotidiennement les rubriques du journal. C’est dans ce contexte que le public a le plus besoin d’être informé, non seulement des faits des « princes » ainsi que leurs « détracteurs »,mais aussi des raisons bien avouées que cachées motivant leurs actions. et Charles Andriantsitohaina ont alors décidé de mettre le « train de l’Express de Madagascar sur les rails ».

B- Les fondateurs Herizo Razafimahaleo et Charles Andriantsitohaina sont les cofondateurs du journal l’Express de Madagascar. S’ils sont connus plus sur le plan économique, le premier exerce également des activités politiques. 1- Herizo RAZAFIMAHALEO Né un 21 Février à Ihosy, Herizo Razafimahaleo a aujourd’hui 52 ans dont voici la biographie. Deuxième fils d’un fonctionnaire agent technicien des travaux publics, et d’une institutrice. Il a passé son enfance entre les villes côtières où son père a été affecté. Marié, il a un fils et une fille. « La mentalité de gagnant qui lui a été inculquée dès son enfance1 »l’a beaucoup aidé dans sa réussite personnelle, affirme-t-il. Il a été éduqué dans un milieu ou la concurrence était le maître mot. Il a été champion de Madagascar de natation et a détenu pendant 6 ans le record de cette discipline. Il a eu sa maîtrise en économie quatre ans plus tard à l’Université d’Antananarivo. Il s’envole pour le Etats-Unis, Université de Michigan, la quatrième meilleure « school of business » des Amériques du nord. A la fin des années 1970. Il n’a pas eu de mal à s’intégrer dans la société américaine, car seulement après deux mois d’apprentissage de la langue anglaise, il la manipule aisément. Profitant de ses séjours aux Etats-Unis, il y décrocha aussi son diplôme en science politique de « Harvard Kennedy of Gouvernement » et non moins de « Investissement Banking First Costes Corporation Wall Street New York». Il brillait aussi bien sur le plan économique que politique. Sa première entreprise S.T.E.D.I.C2, Herizo dit l’avoir monté avec l’appui du constructeur TATA3, dont son groupe est le concessionnaire à Madagascar. Il a eu ses expériences commerciales chez « Henri Fraise et Compagnie »4 et auprès d’une banque américaine 1 L’Hebdo de Madagascar n°0082 du 09-15 septembre2006 2 Service Trading Etude et Diffusion Industrielle Conseil 3 Firme de construction automobile indienne 4 Herizo RAZAFIMAHALEO travaillait auprès du Groupe Henri Fraise de 1980 en 1986 en qualité d’Assistant exécutif du PDG 10 d’investissement. Il ne tarda pas à étendre ses activités économiques sur d’autres branches comme la fabrication d’allumette, la fabrication mécanique, le textile, et aussi la presse1. Entre temps, il ne manquait pas d’enrichir ses connaissances et d’acquérir des expériences économiques. De 1989 à 1991, il s’imprégnait dans le monde politique. Jeune opérateur, il avait des connaissances économiques. Le Président de la République, Didier Ratsiraka sollicitait son aide lorsque le pays a fait son entrée dans l’économie libérale. Il précise qu’en tant que conseiller technique du Président de la République, il s’occupait « des questions purement et exclusivement économiques ». Il affirme n’avoir donné des conseils politiques au Président qu’une seule fois : après le 31 octobre 1991, lorsque ce dernier a remis sa lettre de démission. Ses contacts habituels avec le monde politique lui ont donné l’idée de s’en imprégner davantage. En mai 1992, il a réuni autour de lui une quinzaine d’amis pour « interpeller la classe politique du chaos dans lequel le pays risque de s’engouffrer2 ». De son initiative est née l’association politique d’abord, puis parti politique plus tard ; LEADER3 Fanilo. Il connaissait un succès dès sa première expérience aux urnes en juin 1993. A l’âge de 38 ans, il est élu député de Madagascar à Ambositra et figure parmi les jeunes parlementaires de l’époque. Le premier gouvernement de la troisième République l’a nommé pour assurer le porte feuille du Ministère de la Promotion Industrielle et du Tourisme d’août 1993 à août 1994, puis celui de la Vice Primature chargée des Affaires Etrangères de février 1997 à juillet 1998. En 1996, il s’alignait parmi les « grands politiciens » pour la course à la magistrature suprême, et se qualifiait à la troisième place derrière les candidats Ratsiraka Didier et Zafy Albert lors de l’élection présidentielle qui s’est tenue au mois de novembre de la même année, avec 15% des voix. Il l’a renouvelée en 2001 avec une régression à la 4ème place. Herizo Razafimahaleo aime gagner et ses deux participations infructueuses aux élections présidentielles de 1996 et de 2001 ne l’ont pas découragé. Il réitère que « la défaite comme le succès à un scrutin sont autant d’expériences que tout homme digne de diriger un pays doit avoir.4 »

2- Charles ANDRIANTSITOHAINA Charles Andriamtsitohaina est un des pionniers du secteur industriel à Madagascar. Il est une grande figure de réussite du monde des affaires malgaches du XXème siècle, dans un 1 Le groupe STEDIC englobait AFOMA, VARATRAFO, SITRAM, AUBEX, EXPRESS 2 L’Hebdo de Madagascar n°0082 du 09-15 septembre2006 3LEADER est le diminutif de Libéralisme Economique et Action DÉmocratique pour la Reconstruction de Madagascar 4 L’Hebdo de Madagascar n°0082 du 09-15 septembre2006 11 contexte défavorable1. Né le 11 Mai 1922, il est le second fils d’une famille bourgeoise merina : les Andriantsitohaina. Il a 2 frères et trois sœurs. A la fin de ses études, son père lui octroyait une somme importante, pour démarrer ses activités commerciales et industrielles à l’âge de 24 ans. Par le biais de cette aide, le jeune opérateur achetait d’un ancien colon l’Imprimerie des Arts Graphiques, qu’il rebaptisait par la suite en Nouvelle Imprimerie de Arts Graphiques ou N.I.A.G. C’est à ce moment là que s’épanouit sa réussite personnelle. Des succès connus sur le domaine de l’imprimerie, il se servait de son avance pour embrasser d’autres branches à savoir l’industrie chimique, l’agroalimentaire2, et surtout dans l’édition de journal. Charles Andriantsitohaina a déjà occupé un poste politique durant la première République. Il fut appelé par son ami poète, Ministre d’Etat chargé de l’Economie et ancien député de Madagascar au lendemain de la deuxième guerre, Jaques Rabemananjara pour devenir son Directeur de Cabinet. Il était chargé de cette fonction jusqu’à la mort accidentelle par avion à Ivato d’, Ministre d’Etat chargé des Affaires Extérieures. Jean Jaques Nataï fut nommé par le Président Ministre de l’Agriculture en remplacement de Jaques Rabemanajara. Avant la révolution socialiste, Charles Andriantsitohaina créa en 1974 le G.E.M ou Groupement des Entreprises de Madagascar. Il présida aussi pendant longtemps aux destinées du Syndicat des Industries de Madagascar : S.I.M. Ce groupement et ce syndicat assurent la fonction de bouc émissaire entre le milieu des affaires et le monde politique. C'est-à-dire entre le secteur privé et l’Etat. Durant les durs moments de la nationalisation au temps du

Figure 1« Un immeuble assez cousu pour donner aux annonceurs et aux publics une impression attrayante de la prospérité ».

1 L’épanouissement de sa première entreprise NIAG, se situe dans le contexte de l’insurrection de mars 1947 à Madagascar. 2 Comme industrie chimique, Charles ANDRIANTSITOHAINA a Virio et Prochimad. Comme industrie agroalimentaire, il a Sofirac : Abattoir de viande pour l’exportation avec chambre froide à Antsirabe ; Manivico : Société malgache de viande concentré à Diégo Suarez qu’il a du fermer à cause des malveillances politiques. 12

Source : cliché de l’auteur Octobre 2006 socialisme, Charles Andriantsitohaina aurait mené une lutte pour la survie des entreprises privées. 13

En 1995, il fonda avec Herizo Razafimahaleo l’Express de Madagascar. Ce dernier décidait de vendre le groupe STEDIC à Edgar Razafindravahy, Charles Andriantsitohaina y aurait abandonné sa part d’action et fonda au sein de l’imprimerie NIAG en 2003 le groupe « Ultima media » sa propre édition de journal à savoir les quotidiens Les Nouvelles, Ny Vaovaontsika, et l’éphémère Le courrier de Madagascar. Il a légué petit à petit ses charges fonctionnelles à son fils Franc Naina Andriantsitohaina, jusqu’à ce que ce dernier soit apte et prêt à en assumer la totale responsabilité. Actuellement, Charles Andriantsitohaina n’occupe presque plus les affaires, au profit de son fils. Néanmoins il reste le PDG, le « Big boss » à la tête du groupe.

II- LA STRUCTURE DU JOURNAL A- Moyen s matériels et humains du journal L’Express de Madagascar dispose des moyens matériels modernes et d’une équipe compétente en son sein.

1- Des moyens matériels modernes La presse de notre temps s’émancipe vers la phase industrielle : une entreprise considérable. Depuis sa naissance, L’Express de Madagascar a son siège social et son usine à Ankorondrano. C’est un immeuble assez cousu pour donner aux annonceurs et aux publics une impression attrayante de prospérité. L’immeuble est composé de 2 étages1. Les commerciaux, les journalistes et l’équipe de la réalisation travaillent au rez-de-chaussée abritant à la fois un grand hall pour la rédaction, et une autre salle destinée à l’imprimerie. Pour une industrie de presse « l’imprimerie est le cœur qui bat ». L’impression a été toujours soignée, sa mise en page agréable et claire ; les reproductions photographiques sont nombreuses et de qualité contrairement aux « gravoches » des autres presses. Jusqu’en 1998, le journal est édité en rouge et en noir mais à partir de 1999, il est imprimé en quadrichromie. Les matériels modernes abondent chez l’Express de Madagascar, Rédacteurs, commerciaux, directeurs en possèdent sur leurs bureaux respectifs. D’importants moyens informatiques comme le PAO ainsi que des outils spécifiques assurant un traitement technologique de

1 Photo n°1 14 pointe : scanner, « flasheuse », laboratoire sont mises en œuvre. L’exigence de la présentation sera le signal d’un refus, celui de céder à la facilité, à la fatalité, au bricolage et à l’à peu près.1 L’entreprise ne possède pas de transport du personnel. Seuls les cadres supérieurs utilisent les véhicules de direction. Certains journalistes ou employés techniques utilisent leurs voitures ou leurs motos pour faire des interviews ou des reportages.

2- L’équipe Express : un moyen humain compétent

a- L’accroissement de l’équipe Express

Au début, l’équipe de la rédaction compte une quinzaine de rédacteurs avec quelques collaborateurs extérieurs payés à la pige. Un directeur de publication, un rédacteur en chef et son adjoint, deux secrétaires de rédaction qui sont à la fois des journalistes, travaillant temporairement : une semaine sur deux pour la mise en page du journal2. Quatre correcteurs travaillent un jour sur deux et complètent l’équipe. Le journal compte aussi également un caricaturiste, un archiviste documentaliste et un chroniqueur. Le recensement du mois d’ août 20053 montre une augmentation en nombre du personnel de l’ Express de Madagascar. En effet, le journal dispose d’un effectif de 120 employés répartis dans des départements déterminés pour des fonctions bien distinctes dont : • 30 sous la direction de la publication, dirigés par 2 rédacteurs en chef- des journalistes – des correcteurs- des secrétaires de rédaction qui travaillent à la fois pour le compte de « l’Express de Madagascar », de « l’Hebdo de Madagascar » et de « Ao Raha ». • 90 restants chargés de l’administration générale dans le domaine : de la logistique, de la comptabilité, de la publicité, de la production, et du service de l’archive et de la documentation. b- Niveau intellectuel de l’équipe Express

1 L’Express de Madagascar n°0001 du 22 Février 1995 2 Deux journalistes s’occupent du service politique et un de l’économie ; trois pour les informations générales et sociales ; trois pour la page culturelle ; deux pour la page sportive et enfin un pour le service monde et Océan Indien. 3 Recensement fait par le service gestion des ressources humaines de l’entreprise 15

Dotés d’une excellente culture générale, les journalistes de l’Express de Madagascar ont été recrutés grâce à leur amour de cette profession. Le diplôme issu d’une Ecole de journalisme n’est pas exigé. La curiosité sur tous les événements de la vie ainsi que leurs principaux acteurs, l’humilité, la capacité d’écoute sont les critères essentiels pour former l’équipe de l’Express. Ceci n’exclut pas l’existence des diplômés au sein de l’Express à l’instar de : • Lova Rabary, journaliste de formation, • Mamy Nohatrarivo, qui a changé de carrière en voulant devenir journaliste. Notons que ce dernier est un capénien, major de sa promotion en centre d’étude et de recherche filière Histoire- Géographie • Le plus connu de tout le public du journal est Andriamihaja Nasolo Valiavo Frédéric de son vrai nom ou le chroniqueur Vanf pour les lecteurs, qui fait partie de ceux qui font la spécificité et l’identité de l’Express de Madagascar. Ayant terminé ses études en droit, il est aussi doté d’une excellente culture générale surtout en histoire. Il utilise sans difficultés des termes spécifiques car « Un bon journaliste possède un vocabulaire abondant, (il) utilise les mots dans leur sens exact et non pas approximativement ».1

Du fait du manque de formation journalistique, le rédacteur en chef reconnaît que ce « défi est à l’origine du fait (que) les articles ne sont pas construits comme ils devaient être »2. Force est-il de reconnaître que ce sont tous des journalistes professionnels, expérimentés qui possèdent plusieurs qualités telles que : l’honnêteté, l’intégrité d’où le journal est plutôt qualifié de quotidien d’analyse que d’information. C’est pourquoi, dans ses traitements d’informations brutes, les journalistes essaient d’être les plus objectifs possibles dans leurs articles. « Le journal reste ouvert à tous les courants, privilégiant rarement une hypothèse sur une autre dans ses analyses ».

Figure 2 L’Immeuble du Groupe PREY RAVATE, ex-STEDIC, siège social de l’Express de Madagascar

1 Duane BRADLEY ouvrage op. Cit. 2 L’ancien Rédacteur en chef du journal « l’Express de Madagascar » Christian CHADEFAUX interviewé par Lova RABARY 16

Source : cliché de l’auteur Octobre 2006

B- L’Express de Madagascar actuellement

Depuis quelques années, des changements s’opèrent au sein de la direction du journal. Avec la constance du nombre de tirage dans les environs de 10.000 par jour, l’innovation n’affecte 17 pas le public de l’Express de Madagascar. Suites aux événements qui sévissaient à Madagascar en 2002, le fondateur et à la fois propriétaire du journal décide de « disparaître de la scène politique malgache », et par la même occasion de vendre son groupe STEDIC. La raison en est que Herizo Razafimahaleo aurait repris ses hautes études à l’extérieur et aurait pris la place d’un simple citoyen observateur de la vie de la Nation.

1- Le changement de direction Edgar Razafindravahy est devenu nouveau PDG et rebaptisait le groupe STEDIC en groupe PREY RAVATE. L’Express de Madagascar reste membre du MEDIAF, un réseau francophone du sud. Ainsi le journal est distribué dans tout à Madagascar, et même le monde entier.

a- Le nouveau PDG de l’Express de Madagascar C’est un homme très discret. Il préfère cacher son identité. Ce fait représente une des entraves qui rendent difficile notre travail. Grâce à des fouilles et des entretiens auprès de ses proches, nous avons eu quelques détails sur sa personne. Edgar Yvon Razafindravahy est un nom peu connu du monde politique. Par contre le milieu des affaires fait beaucoup parler de lui. Etant un homme d’affaires, il est difficile pour lui de nous consacrer du temps pour un entretien. En outre, les pistes qui conduisent à son identité sont étroites1. Originaire d’Ambohimalaza, il est né en 1961. Il a fait ses études primaires à l’école Vinet2 d’où sortaient d’autres personnages comme le président de la République actuellement. Il est allé vivre pendant quelque temps en France .En rentrant à Madagascar, il se lançait dans le « business ». Il démarrait dans l’activité agricole à Ambatondrazaka comme PDG de la rizerie d’Andilanatoby vers 1987. Il se trouvait à la tête d’une huilerie appelée « Tojo » Il avait eu des expériences chez une boulangerie de la famille au nom de « Rinatia »à Ambalavao Isotry. Devenu PDG de la KOBAMA, un fabricant de farine de blé dans la région de Vakinankaratra. Il y trouvait profit en montant une boulangerie qui est le célèbre « Mouf’rey » dans la capitale daté de 2004. Depuis 2001, étant actionnaire du Groupe Sitram- STEDIC, il occupait également le poste de PDG depuis 2001, et par la même occasion celui du journal l’Express de Madagascar. Son expérience lui a permis d’étendre son industrie de presse.

1 Eric RANJALAHY journaliste itère que son parcours n’est pas très connu, et que seules quelques personnes de l’administration sont en contact direct avec le PDG. 2 L’école Vinet se trouve à Ambohimalaza, dans son village natal. 18

b- L’extension du journal

En 2004, les relations bilatérales de l’Express de Madagascar avec l’île Maurice donnent ses premiers fruits. Le journal devient partenaire du groupe « La Sentinelle » et du journal « L’Express de Maurice ». Cette collaboration aide beaucoup plus au développent de l’entreprise et fait augmenter la publication. Par conséquent, il renforce sa place de meilleur quotidien publié à Madagascar et, même dans l’Océan Indien, grâce à sa qualité de quadrichromie et son prix de vente fixé 200 ariary, puis à 300 ariary en Mars 2006. D’une société à responsabilité limitée, le groupe PREY, par le biais du partenariat, est devenu société anonyme dotant d’un capital de 200.000.000 d’ariary en 2004. Mois de Février 2005, est né de ce partenariat « L’Hebdo de Madagascar ». Il s’agit d’un journal hebdomadaire du samedi. Les dix années de pratiques de l’Express de Madagascar associées aux savoirs faire du groupe mauricien aboutissent pour de bon à quelque chose de concret. L’Hebdo de Madagascar est un journal bilingue, utilisant les langues malgache et française. Il comporte des informations et des analyses de toute l’actualité de la semaine et même plus1 à un prix de 500 ariary puis 600 ariary en mars 2006. A part les actualités de la semaine, les cinquantaines de pages qui constituent l’hebdomadaire comprennent des faits divers « Onjam-piainana », la biographie d’une célébrité chaque semaine dans « portrait » et bien d’autres rubriques caractéristiques d’un journal moderne. L’extension est loin de s’arrêter car en Août 2005, le groupe PREY crée un nouveau quotidien en langue malgache : « Ao Raha». Ce quotidien, comme l’autre hebdomadaire, est aussi le fruit de la collaboration entre les deux groupes malgache et mauricien. Il comprend huit pages, traite les actualités nationales et internationales, les faits divers et des informations nécessaires à un prix compétitif de 100 ariary.

Ces nouveaux journaux ne sont pas des concurrents de l’Express de Madagascar. Ils servent entre autres raisons à compléter la qualité et la quantité pour son public.

1 Devise du journal qui s’affiche dans les publicités et les parutions 19

Figure 3Carte de la couverture nationale des 4 quotidiens à Madagascar : Midi Madagascar, l’Express de Madagascar, Madagascar Tribune, Gazetiko.

Sources : ANDRIANARISOA (B.), « La création d’un quotidien en langue malgache. Cas de Gazetiko de 1998 à 2000 », mémoire de maîtrise spécialisée en journalisme, UFR Journalisme, Université d’Antananarivo, 1999- 2000, p.83 20

2- Un public fidèle et intellectuellement de qualité

a- Connaissance quantitative du public.

T ABLEAU 1 EVOLUTION DU NOMBRE DE TIRAGE DE L’EXPRESS DE

MADAGASCAR

Date de parution Nombre de tirage 22 février 1995 3000 23 février 1995 5000 24 février 1995 7000 24 février 1995 9000 22 janvier 1996 10000 2 janvier 2006 10250 Source : Auteur (Janvier 2006) Le premier numéro de l’Express de Madagascar est tiré à 3000 exemplaires, le second à 5000, le troisième à 7000 et le quatrième à 9000. Cette évolution très rapide ne correspond guère à la projection du journal selon ses propres termes: « Nous avions initialement prévu une progression allant de 3000 exemplaires pour le numéro un, à 5000 après un mois, 7000 après 4 à 6 mois pour atteindre un plateau de 9000 à 10000 après un an »1 . Très vite, le journal se constitue un lectorat fidèle. A 10000 exemplaires, le journal trouve son rythme de croisière, car jusqu’en 2006, le nombre de tirage avoisine le même chiffre. Demeuré secret professionnel de la société, les chiffres exacts et complets sur la diffusion du journal restent inconnus. Ce qui constitue un problème de la connaissance de l’effectif réel du public du journal. Cependant Lova RABARY a mené une étude sur ce public. Des enquêtes2 auprès des crieurs et des dépositaires ont permis d’avoir quelques chiffres approximatifs. Voici le résultat : L’Express de Madagascar est écoulé à 70% dans la capitale est ses environs car le taux d’invendus est de 1/3. L’ensemble de la presse quotidienne n’écoule que 15000 à 20000 exemplaires par Fivondronana. En terme de couverture nationale l’Express de Madagascar bat le record3. Parmi les quatre quotidiens de la capitale, Midi Madagascar, Madagascar Tribune, Gazetiko et l’Express de

1 L’Express de Madagascar n°0005 du 27 Février 1995 2 Lova Rabary, 2003 3 Figure n°4 21

Figure 4 Part de lectorat par titre presse quotidienne sur la base des seuls lecteurs de presse (total à 130 %, chaque lecteur lit 1,3 titres en moyenne)

140,00%

120,00%

100,00%

80,00% 130% 60,00%

40,00% 52,80% 54,10% 20,00% 11,10% 12,40% Taux d'audience 0,00% Madagascar L'Express de Gazetiko Midi TOTAL Tribune Madagascar Madagasikara

Sources : Midi Madagasikara du 14 décembre 2001, n°5579 enquête de l’ATW consultant.

22

Madagascar, le dernier atteint le plus grand nombre de localités couvertes, avec un chiffre de 29 Chefs-lieux de Fivondronana. Depuis le 15 Décembre 2001, l’Express de Madagascar est joignable en ligne sur le www.lexpressmada.com. La statistique1 révèle qu’il existe environ 4000 cyberlecteurs qui visitent ce site. Considérant que pour une parution, un journal est lu par 5 personnes dans sa version papier, l’Express de Madagascar serait lu par environ 46000 personnes. En total le nombre de lecteurs du journal serait estimé à 50000 personnes.

Malgré ce nombre de lecteurs, à en croire Midi Madagascar, la part de l’Express de 1,3 titre différent en moyenne, soit 130%2, la part de notre journal serait de l’ordre de 12,40%, environ, inférieure au quart de la part de Midi Madagascar3.

b- Connaissance qualitative du public L’Express de Madagascar cible surtout les personnes ayant un certain niveau d’études et de cultures comme son fondateur l’affirme « d’avoir un faible pour les intellectuels, sans toutefois mépriser ceux qui n’ont pas fait d’études4.» A croire les crieurs, seuls les riches et les gens qui ont fait des études achètent le journal5. Voici les raisons :

 Les longs titres peu attractifs de l’Express de Madagascar attirent moins de lecteurs que les « scoops » impressionnants des faits divers de Midi Madagascar ou de Gazetiko6. Même si le journal est écrit en deux langues, la langue française domine dans la quasi-totalité de la surface rédactionnelle que ce soit en matière d’information, d’analyse ou de service. Soit 23 pages sur 24. Ce qui ne fait que « renforcer cette tendance peu attractive »7. Ses analyses des actualités politiques sont souvent considérées comme une prise de position que l’opinion public tananarivien n’apprécie pas car, souvent différente de celle des autres médias. L’Express de Madagascar est considéré comme un journal peu objectif8.

1 Chiffres de l’année 2003 provenant de Christian Chadefaux, ancien rédacteur en chef de l’Express d e Madagascar. 2 cf. figure n°5 3 La figure n°5 montre que les quotidiens Tribune, L’Express, Gazetiko et Midi ont respectivement 11,10%, 12,40%, 52,80% et 54,10%. 4 L’Hebdo de Madagascar du 09-15 Septembre 2006 n° 0082 5 Entretien avec 20 crieurs de la capitale en novembre 2005, confirmant la thèse de Lova Rabary, en 2003 : « n’achètent ce journal que les « riches », les « gens qui ont fait des études » 6 Vu à travers les comportements des lecteurs tananariviens devant nombreux titres 7 B.M.L RABARY ouvrage op. Cit. 8 Une petite enquête que nous avons menée à Tananarive ville en janvier 2006. Voici la question : « De quelle coté classeriez vous l’Express de Madagascar pendant la crise politique de 2002 ?». Résultat : 14 personnes sur 23

 L’attente du récepteur joue un rôle déterminant dans la constitution du lectorat d’un journal. La population tananarivienne composée majoritairement de classe moyenne, s’intéresse peu à la vie politique. Une frange riche et intellectuelle s’y intéresse davantage. Par la suite, les écrits du journal « dans un style recherché et subtil »1 et pas moins les analyses qui mettent sur le même pied d’égalité tous le monde, ne répondent qu’aux attentes de ces intellectuels et moins la classe moyenne. La classe prolétaire n’a même pas les moyens de se procurer un journal. Les cadres considèrent l’Express de Madagascar comme un journal sérieux dans ses informations et pertinent dans ses analyses, différent des autres quotidiens qui passent leur temps à nourrir des polémiques et, à ne rapporter que des rumeurs.

 Des fois la vérité et la réalité ne correspondent pas aux attentes de chacun. L’Express de Madagascar s’efforce de s’y rattacher car « le critère principal pour juger un organe devrait (-il) être non son succès exprimé en nombre d’exemplaires vendus, mais son souci de la vérité »2.C’est la raison pour laquelle, il mise beaucoup plus sur ses recettes publicitaires que sur celles de la vente. Tout concoure à dire que le public de l’Express de Madagascar demeure concentré en grande partie dans le cercle des cadres et des intellectuels. Quelque soit sa volonté de maintenir ses lecteurs « en état de veille permanent en vue de leur permettre de réagir efficacement à toutes les tentatives, d’où qu’elles viennent, d’appauvrissement de leurs facultés de raisonnements »3, le journal ne maintient en état de veille que ceux dont la capacité et le niveau intellectuels rendent moins facile à berner.

CHAPITRE II- L’EXPRESS DE MADAGASCAR : UN SUPPORT D’INFORMATIONS SUR L’HISTOIRE IMMEDIATE

On peut lire dans les livres d’histoire le récit de la plupart des grands événements, mais si l’on veut savoir ce que cela signifie de le vivre, la meilleure façon de s’en rendre 20 qualifient l’Express de Madagascar de partisan du régime Ratsiraka. 4 préfèrent ne pas se prononcer, 2 le qualifient de journal neutre. 1 B.M.L RABARY ouvrage op. Cit. 2 Pierre DENOYER., 1994- La presse moderne. Que sais-je n°414 PUF, 128p 3 L’Express de Madagascar du 24 Février 2001, n°18822 24 compte est de se référer aux journaux de l’époque. L’histoire a, en tant que science, ses principes ; et en tant que discipline, elle répond à une problématique. Le profil de l’Express de Madagascar peut-il satisfaire les exigences de l’histoire immédiate ? Ce chapitre dresse un tableau rapprochant l’histoire et le journal l’Express de Madagascar.

I- PROBLÉMATIQUE ET PRINCIPES DE L’HISTOIRE

De tous les domaines d’étude scientifique, l’histoire est celui qui est le plus difficile à définir. D’une part elle touche à de nombreuses sciences notamment à la science pure, mais également à la philosophie, à l’archéologie, à la sociologie…D’autre part, elle peut devenir un enjeu politique dans la mesure où elle est simultanément temporalité et devenir. Tel est le cas de l’histoire proche. Dans ce contexte, le métier d’historien est le résultat d’une lente maturation de l’appréhension de l’histoire comme disciplines des sciences sociales. Le mot histoire désigne aussi bien ce qui est arrivé, que le récit de ce qui est arrivé. L’histoire est donc soit une suite d’évènements, soit le récit d’une suite de cet évènement1.Au sens étroit du terme ; comme étude du développement, donc du changement et de la mutation d’une société humaine ; elle s’oppose à la science qui est une connaissance de loi, de ce qui ne change pas. Le Grand Dictionnaire Universel du XIXème siècle en 1873 proposait sa propre définition .L’histoire « comme fait, (elle) est le développement de l’esprit humain tel qu’il se manifeste dans ses relations et ses rapports avec l’Etat. Comme sciences, elle est l’intelligence de ce développement, comme art, elle est la reproduction ou la représentation par la parole »2. Alors l’histoire ne se limite pas seulement à un simple récit des faits en tant que tel, mais elle est aussi un art et surtout une science.

A- La problématique de l’histoire

1- Statut scientifique de l’histoire

1 Définition de l’Encyclopédie UNIVERSALYS 2 En 1873, l’article « Histoire » du Grand Dictionnaire universel du XIXème siècle (publié à partir de 1863), rédigé par Charles Moncelet, donne une définition du rôle de la science historique imprégnée de républicanisme. L’auteur lui attribue un rôle cardinal dans la capacité des hommes à comprendre le passé et éclairer l’universel présent. L’Histoire est donc une mémoire vivante, active, fondée sur une « méthode scientifique » (article « Moyen Âge ») qui, in fine, serait garante du progrès moral et civique d’une société « intelligente ». © 1993-2003 Microsoft Corporation. Tous droits réservés. 25

Depuis Hérodote, le père de l’histoire, cette discipline se contentait de se montrer comme un art, jusqu’au XIXème siècle. « Depuis un siècle, l’histoire scientifique n’a cessé de rechercher la définition »1. C’est sur ce plan scientifique qu’il faut tenter de rendre compte des mutations épistémologiques essentielles, des renouvellements qui se sont produits et qui touchent à la fois indistinctement objet et méthodes.

a- Sources et interprétations historiques. Sauf dans des cas exceptionnels où les historiens rédigent le récit d’évènement dont ils sont eux-mêmes, témoins, les faits historiques ne sont connus que par des sources intermédiaires. C’est l’histoire réfléchissante. Ces sources peuvent être des témoins vivants, des récits, des mémoires, des lettres et des fictions, des documents juridiques et financiers, des instances religieuses ou des entreprises, des informations livrées par les vestiges concrets de civilisations disparues, l’art et l’artisanat, des tombes ou des terroirs agricoles, des paysages. Toutes ces sources d’informations fournissent un témoignage qui permet à l’historien de déchiffrer le passé. Un document ne peut devenir source que par l’initiative de l’historien par jugement d’importance. Un témoignage, qu’il soit écrit ou oral, peut être partiel ou erroné, fragmentaire ou inexact. C’est pour quoi les historiens se doivent de le considérer de manière critique : l’histoire réfléchissante devient alors histoire critique. L’objectif de l’histoire comme tentative scientifique de la vie des hommes va au-delà du simple examen des témoignages. La mise en évidence des faits n’est que la base de la sélection, de la compilation, et de l’explication qui constitue l’interprétation de l’historien. Ce processus d’interprétation donne des informations sur tous les aspects de l’investigation, à commencer par la sélection d’un sujet de recherche, car le choix d’un événement particulier, d’une société ou d’une institution spécifique est déjà en lui-même un acte de jugement affirmant son importance2. Le sujet choisi suggère à son tour un modèle ou une hypothèse provisoire qui guide les recherches, permet à l’historien d’affirmer, de classer les témoignages existant et de présenter un exposé détaillé et cohérent. Ces faits doivent être respecté et les erreurs évitées. L’historien devrait fournir une interprétation convaincante et satisfaisante intellectuellement.

1 Encyclopédie UNIVERSALYS 2 Paul RICOEUR., 1964 – Histoire et vérité, Edition Seuil pp28. « Nous n’avons aucunement épuisé le sens en disant que l’historien choisit la rationalité de l’histoire. Ce choix de la rationalité implique un autre choix, dans le travail même de l’historien ; cette autre choix tient à ce qu’on pourrait appeler le jugement d’importance » 26

b- Récits et scientificité de l’histoire En tant que scientifique, l’historien présente des résultats toujours partiels et subjectifs1. Totalement dépendant de ses sources, il ne peut qu’émettre des hypothèses, des propositions de vérité, ce pour quoi, il se doit à une impartialité maximale. De surcroît, la mise à jour des nouvelles données amène l’historien à la révision de l’histoire au fur et à mesure du développent de ses recherches. En ce sens, l’historien pratique le révisionnisme historique, démarche scientifique qu’il ne faut pas confondre avec l’usage dévoyé de ce terme lorsqu’il est assimilé au négationnisme. A compter des années 1990, les questions tournant autour de la subjectivité de l’historien, de la part croissante accordée aux modes narratifs et, au récit de scientificité de la discipline, sont remises au centre de la réflexion sur l’histoire. Il semble acquis que si l’histoire n’est pas une affaire de style, elle possède intrinsèquement une dimension poétique et littéraire qu’il est impossible de nier ou d’éclipser. Depuis la parution de l’ouvrage de Paul VEYENE 2se pose la question de « Comment relater l’histoire? ». Dans son essai, l’historien dénie notamment à l’histoire sa prétention à une scientificité absolue critiquant en celui là la méthode discursive de l’historien. Antoine PROST propose sa version en notant que « la science historique ne dit pas le vrai sur le réel mais plutôt du vrai sur un réel »3.

2- Journaux quotidiens, source de l’histoire par excellence Etant le quatrième pouvoir dans la société contemporaine, la presse en générale véhicule les informations, forme et forge l’opinion publique. Entre autre type de presse écrite, « les journaux quotidiens sont particulièrement voués à cette mission d’information4», ils livrent au jour le jour dans leur contenu ce qui se passe dans la société. Par conséquent, ils incrustent des traces indélébiles d’un fait, d’un événement, sous forme de photographie et essentiellement d’écrits imprimés. Ils pourraient donc constituer le document de base en histoire si le document renferme « les traces qu’ont laissées les pensées et, les actes des

1.Paul RICOEUR L’objectivité de l’histoire et la subjectivité de l’historien. Pour lui il faut attendre de l’histoire une certaine objectivité. Cette attente implique une autre : la subjectivité impliquée de l’historien. Il pressent donc une bonne et mauvaise subjectivité : la bonne veut que l’histoire soit des hommes qui aidera le lecteur à édifier une subjectivité de haut rang celle de l’homme. « Nous attendons que l’histoire soit une histoire des hommes et que cette histoire des hommes aide le lecteur, instruit par l’histoire des historiens, à édifier une subjectivité ». C’est bien une subjectivité de réflexion que nous attendons de la lecture et de la médiatisation des œuvres d’historien 2 VEYENE (Paul) « Comment on écrit l’histoire », Paris 1974, Seuil. Pp 32 3PROST (Antoine) « Douze Leçons sur l’histoire », Seuil, Collection Points Histoire, Paris, 1996 pp 36 4 DENOYER (Pierre) « La presse moderne. » Que sais-je n°414 PUF, Paris 1994, 128p. 27 hommes d’autres fois1». Désormais devenu comme source de l’histoire, la presse quotidienne s’associe aux documents passibles des règles des critiques historiennes2.

a- Provenance critiquable des journaux quotidiens La critique de provenance ou la critique interne est la première règle de la méthode de manipulation de source en histoire. Cette pratique permet à l’historien de s’assurer le crédit qu’il peut accorder à une source. Elle consiste à fixer la date, à identifier l’origine et l’auteur du document, bref l’authenticité du document. Le privilège de la presse écrite comme source en histoire réside dans la datation. Un journal paraissant quotidiennement ne manque jamais d’afficher à maintes reprises dans ses surfaces rédactionnelles la date et le numéro de la parution. C’est un avantage du fait qu «’une foule de témoignages ne sont pas datés ou ne le sont qu’incomplètement3 ». Prendre les journaux quotidiens comme source en histoire nécessite cependant une précaution : il faut faire la différence entre la date de la parution et la date de l’événement pour ne pas tomber dans le piège du temps. Généralement la distance est d’une journée. Toutefois, se référer aux compléments circonstanciels de temps dans l’écrit s’avère prudent. Aucune date ne devrait être acceptée sans contrôle. Certains sont susceptibles de plusieurs interprétations. L’histoire événementielle s’y trouve dans une situation particulièrement favorable : les textes dont elle se sert sont par définition des textes ou les faits bien datés abondent. La langue utilisée par l’auteur témoigne la période et la société dans lequel il a vécu.

L’identification de l’auteur et de l’origine d’un texte d’un journal est la seconde étape. Elle importe pour permettre d’apprécier la portée du témoignage qu’il renferme. Le mot « origine » ne doit pas être pris, pour le cas des journaux quotidiens, non pas dans son sens géographique mais aussi dans sa connotation sociale : « il est sans importance qu’un chroniqueur ait rédiger son œuvre à tel ou à tel endroit, il est au contraire important qu’il ait suivi la cour4 ». Les journalistes et les chroniqueurs sont les auteurs des articles que l’historien à son tour prend pour un document de base, une source, un témoignage, une trace du passé. L’origine sociale du journaliste joue un rôle décisif dans la reconstitution des faits : ses parcours universitaires, ses expériences professionnelles, sa tendance politique. A des

1 Encyclopédie de la pléiade, L’histoire et ses méthodes, sous la direction de Charles Samaran 2 Critiques externes ou de provenance, critique interne ou d’interprétation, critique d’exactitude et de sincérité 3 Encyclopédie de la pléiade, L’histoire et ses méthodes, sous la direction de Charles Samaran 4 Encyclopédie de la pléiade, L’histoire et ses méthodes, sous la direction de Charles Samaran 28 journaux sérieux, le public fait confiance à son maître : « les maîtres du journalisme, directeur, rédacteur en chef, chroniqueur populaire, ont des responsabilités qui sont la seule justification des privilèges dont ils jouissent généralement dans la société1 » La connaissance des antécédents du journaliste ne suffit pas pour apprécier l’origine du document. Il importe aussi de savoir si l’auteur, serait un témoin direct du fait rapporté, ou il s’est fié aussi à un autre témoignage. C’est le but traditionnel de la recherche de la source. La probabilité de la véracité dans le premier cas est plus élevée que dans le second. Dans la plupart de ses articles, si les journalistes ne sont pas des témoins directs des événements, ils font appel aux agences de presse. Elles doivent fournir d’une façon régulière et sans interruption des informations exactes, impartiales et universelles et dignes de confiance. Vu ces perspectives, le texte d’un journal quotidien doit être travaillé toujours d’une manière critique et objective car il peut subir des déformations volontaires ou involontaires sous la plume de l’auteur.

b- Journaux quotidiens : porteur d’interprétation, de sincérité et d’exactitude Les autres grilles de critiques historiennes sont les critiques internes ou les critiques d’interprétations, les critiques de sincérité, et d’exactitude qui déterminent les faits particuliers. Un témoignage devrait passer par cette nouvelle épreuve. Sur ce, il faut remonter à la source même de l’établissement du texte, ensuite aux deux éléments de la critique interne : la langue et la convention sociale. Dans une édition, commettre une faute est presque inévitable. Il n’est pas étonnant de rencontrer des fautes dans des publications des textes surtout en langue étrangère. La presse écrite n’échappe pas à cette règle dans le sens qu’elle est imprimée quotidiennement et en plusieurs exemplaires. Il faut donc mener au préalable une enquête sur l’existence de l’original et de l’authentique du texte à prendre comme source. Le cas de la presse quotidienne serait un exemple concret. Dans un cas où l’information vient d’une agence de presse, son recoupement avec les autres journaux ou les textes mêmes de l’agence certifie l’authenticité du document. Dans un autre cas où « les journalistes de la presse écrite peuvent être des témoins plus subtiles et faire des reportages plus nuancés et colorés 2», ils écrivent à la main ou à la machine, ou dicte à la dictaphone au premier brouillon de son œuvre. Celui-ci est saisi informatiquement et corrigé

1 DENOYER (Pierre) « La presse moderne. » Que sais-je n°414 PUF, Paris 1994, 128p.

2 DENOYER (Pierre) « La presse moderne. » Que sais-je n°414 PUF, Paris 1994, 128p. 29 par l’auteur d’abord, puis par un superviseur ensuite pour aboutir finalement à une copie définitive. Mais comme dans une parution, les articles sont nombreux et les fautes peuvent s’y glisser intentionnellement ou non, les errata servent de correction. « La critique interne a donc le droit de supposer l’existence de faute et le devoir de les déceler1 ». La faute peut être présente sous diverses formes : l’omission, les fautes grammaticales mais surtout l’interpolation. L’histoire donne à ce mot un contresens : « elle est l’intercalation dans une œuvre de passage (dont les ajouts) qui lui sont originairement étranger2». L’interpolation a pour finalité d’orner un texte, de se l’approprier. Dans une presse écrite, elle se situe le plus souvent dans des commentaires pour donner une signification à un fait, dont le journaliste s’approprie. Une contradiction est à noter : on suppose l’existence d’une faute sur le fond d’un article alors qu’on prétend son authenticité. On sort de cette difficulté si l’on considère que l’historien a « réussi à constater dans le texte une fixité des lois, une cohésion des faits, une logique des idées3 ». Ces trois points, qui devraient figurer dans un genre journalistique, créditent de la confiance générale à un texte. Maintenant que nous sommes conscient du crédit que nous accordons au journal quotidien comme source de l’histoire, nous serions en mesure d’aborder la critique interne de la documentation. Connaître la langue écrite ainsi que les vocabulaires techniques et familiers de la presse quotidienne, apprécier les nuances, les fréquences des mots, reconstituer le milieu, le temps, les préoccupations de l’auteur et de ses co-énonciateurs4 : tels sont les bases nécessaires à toute approche intelligente, profitable et efficiente d’un texte. Les bons journalistes utilisent des mots justes et bien précis à leurs places : ils utilisent « par exemple un vocabulaire spécifique enseigné dans les écoles professionnelles »5.Les journaux objectifs et sérieux font les nuances entre les discours directs et les discours rapportés. Ce sont les indices de l’authenticité du document. Si le discours direct met de la distance entre l’auteur et l’énoncé, le discours rapporté donne en effet un cadre à l’interprétation ou à la reformulation qui en conserve le sens général.

1 Encyclopédie de la pléiade, L’histoire et ses méthodes, sous la direction de Charles Samaran 2 Encyclopédie de la pléiade, L’histoire et ses méthodes, sous la direction de Charles Samaran 3 Encyclopédie de la pléiade, L’histoire et ses méthodes, sous la direction de Charles Samaran 4 En sociolinguistiques, selon Gilles LUGRIN ce mot désigne les lecteurs car ces derniers en lisant un document contribuent aussi à son éclaircissement 5 MAINGUENEAU (Dominique) « Analyse du discours : Introduction aux lectures de l’archive ». Hachette, Paris, 1991, 211p 30

Un journal écrit à une certaine période reflète les mœurs et les conventions de cette époque. Là aussi nous devons mener l’exploitation de nos documents d’une manière critique, dans ce sens que mœurs et conventions sociales « lui enlèvent souvent vérité et objectivité1 ». Il se pourrait que l’auteur du texte, le journaliste modifie le contenu pour plaire à ses co- énonciateurs, ou bien par peur d’être rejeté par le public. Dans ce cas, la portée exacte du document réside dans « l’obligation pour l’historien d’aller au delà de la forme et du fond » du document en question. L’approche sociolinguistique y importe beaucoup. On devait toujours mettre le texte dans son contexte, de spécifier les vocabulaires usités par l’auteur.

Il est à noter que ces procédés critiques devraient être conformes aux principes de l’histoire.

B- Les principes de l’histoire

L’objectif propre de l’histoire est le développement successif des sociétés humaines à travers les siècles. Il doit être étudié suivant la vérité, le temps, les acteurs et ses mots.

1- La vérité et les vocabulaires de l’histoire

a- La vérité historique L’histoire est une recherche du vrai, de ce qui s’est réellement passé. En d’autre terme, elle est la résurrection intégrale du passé. A quelques exceptions, certains historiens se montrent indulgents face à la fiction et à la mythologie, notamment pour l’histoire ancienne. Quant à notre domaine d’étude, l’histoire immédiate qui est une histoire contemporaine, la vérité devrait être issue d’une origine très spécifique et, menée à travers des procédures raisonnables et scientifiques. C’est là qu’intervient l’utilité des documents comme source historique dont on avait déjà eu l’occasion de parler2. Nombreux sont les facteurs qui nous poussent vers la vérité historique pour ne citer que le ressort intellectuel, le ressort fonctionnel, le ressort moral et enfin le ressort psychologique. Vérité, connaissance ont le même combat : la vérité bien fondée se transmet de génération en génération sous forme de connaissances. Ecrire la vérité, une histoire vraie, permet une gestion efficace du présent loin de l’illusion et de la complaisance. Dans un sérieux travail

1 Histoires et ses méthodes. Id. 2 cf. sources et interprétations historiques Partie I, Chapitre II, Section I, Sous section A-1-a 31 d’historien, la lucidité et l’honnêteté sont de règle vis-à-vis du public. Transmettre la vérité aux progénitures est une dette envers les ancêtres. L’historien a l’obligation de faire un effort de vérité dans la reconstitution des faits où il a le devoir de comprendre les autres, hier et ailleurs ; saisir leurs sentiments, leurs motifs, leurs projets, leurs jugements, leurs logiques et leurs valeurs. La logique d’un être est d’affirmer que « qui diffère de nous — étranger, adversaire politique — passe, presque nécessairement, pour un méchant»1 disait Marc BLOCH. Il invite l’historien à comprendre non pas à juger en arguant que «L’histoire, à condition de renoncer elle-même à ses faux airs d’archange, doit nous aider à guérir de ce travers. Elle est une vaste expérience de variétés humaines, une longue rencontre des hommes. La vie, comme la science, a tout à gagner à ce que cette rencontre soit fraternelle». Ceux-ci exigent de la décentration spatiale et temporelle. C'est-à- dire une distance, un recul pour arriver à un effort d’interprétation et d’objectivation.

b- Les vocabulaires de l’histoire L’histoire a ses mots comme tout autre science qui possède leurs concepts et leurs termes propres. Mais cela ne suffit pas, ainsi elle utilise aussi des notions déjà présentes dans les répertoires courants utilisés par les sciences humaines et les sciences sociales. Si nous nous référons à l’histoire de Madagascar du XIXème siècle, des expressions telles Andriambaventy, Tompomenakely, Voninahitra, Fandrona sont très usuels dans cette société et que les historiens retiennent pour décrire une personnalité, un évènement ou une structure sociale. De même pour les vocabulaires que la presse utilisait durant les durs moment de 2001-2002 comme « autoproclamation », « ampamoaka ».

1BLOCH (Marc) « Apologie pour l’Histoire ou Métier d’historien, » Paris, Armand Colin. 1993-pp 9 32

Hormis ces concepts sociaux repris par les historiens, d’autres notions ont été créées. A son tour, l’histoire les met à la disposition des autres sciences voisines comme ancien régime, bas empire, royaume, chefferie. Tous ces termes qu’il soit inventé par l’historien ou qu’il soit l’élément tiré du répertoire utilisé par tout le monde, contribuent à la vérité. Cependant l’histoire se fait également avec des dates et des acteurs. 2- Chronologie et acteurs de l’histoire

a- La chronologie

Une des principes de l’histoire est de dater, se situer dans le temps sans toute fois être son esclave. C’est un impératif non négociable car l’historien a besoin de repère. Dans la mesure du temps, il peut constater une décadence, une fluctuation, un progrès ou une régression. Il doit domestiquer le temps, pour arriver à un principe : celui de dater qui engendre un souci d’ordre, de rangement du passé. Toutefois, ce repère varie d’une civilisation à une autre. Dans les temps anciens le calendrier malgache ne se ressemble pas avec celui de la Chine ni de l’Europe, ni des musulmans. C’est pourquoi dit-on souvent que la chronologie est un territoire de convention. Avec le système de datation en archéologie. Une périodisation s’utilise pour mesurer l’histoire. La période est une unité temporelle spéciale, une conception de la durée, une mesure du temps en année, en décennie, et en millénaire, une convention sur laquelle tous les historiens s’entendent : comme l’utilisation de l’expressions « bandes des quatre » pour la société occidentale englobe la période de l’Antiquité, du Moyen Age, des Temps Modernes, et de l’Epoque Contemporaine. Les « siècles » sont des conventions se limitant souvent à des changements ou à des progrès en une centaine d’années. Le XIXème siècle malgache va de 1787 époques d’Andrianampoinimerina à 1896, début de la colonisation française. L’histoire relève soigneusement et avec précision les durées.

En histoire, l’événement se classe aisément en trois durées : • Le temps bref, correspondant à la vie d’une personnalité, d’une République, avec tous ses changements dans une courte durée. • Le temps de la conjoncture relatif à la durée d’une civilisation, des institutions • Le temps long, tel que la durée de la religion, qui est une structure permanente. 33

Le temps évolue. Dans son évolution existe une fluctuation qui se produit d’une manière non linéaire appelée TREND pour les tendances séculaires, KONDRATIEF et JUGLAR respectivement pour les oscillations de 50 et de 10 années. Ce sont toutes des fluctuations vers lesquelles les mouvements de l’histoire tendent.

b- Les acteurs de l’histoire Ce sont les êtres qui peuplent l’histoire. Selon toujours Marc BLOCH : « L’historien est comme l’ogre de la fable, là où il flaire la chair humaine, il sent que là est son gibier1 ». Deux sortes d’acteurs caractérisent l’histoire : • les êtres individuels, le rôle de ces gens sont indéniables ; ils ont su marquer dans leur personnage car il est impossible de concevoir l’histoire sans homme. • les êtres collectifs, ce sont des groupes qui jouent un rôle important et sont toujours présents : les groupes ethniques, les classes sociales, les ordres, les castes, les Etats, les nations, les peuples. Ces entités se présentent comme de personnes qui ont des aventures, des intentions, des motifs, des perceptions, des sentiments. Le développement successif des sociétés humaines à travers les siècles, qui est l’objet propre de l’histoire, doit être étudié non seulement dans la personne des gens célèbres mais aussi dans la foule immense des inconnus. De ce fait les mérites et l’intérêt des œuvres auxquelles leurs noms sont restés attachés et, reviennent exclusivement aux grandes figures. La multitude n’était que l’instrument aveugle des héros qui l’entraînaient, ou des ambitieux qui l’exploitaient. Eux seuls résumaient et représentaient l’humanité dans l’histoire. Sans tomber dans l’exagération inverse, il faut reconnaître que leur originalité ou leur puissance personnelle est en grande partie le résultat de toute une série d’efforts antérieurs, d’influences ambiantes. Leur initiative serait le plus souvent stérile, si elle ne trouvait un terrain propice dans le contexte social. Autrement dit, le développement historique de la société n’est pas l’œuvre exclusive d’une élite, mais la résultante d’un travail universel. Il importe donc dans l’histoire de ne pas séparer les personnages célèbres du milieu humain, du cadre social où s’est manifesté leur action, , de mettre en scène ,à coté d’eux ,la foule obscure, représentée par ses types les mieux caractérisés.

1 BLOCH (Marc) « La Société féodale », Paris, Albin Michel, 1978, pp 16- 26 34

Pour faire revivre ainsi le groupe social tout entier, l’historien doit donc se servir, non seulement des témoignages officiels ou intimes qui se rapportent aux actes des personnages marquants, mais aussi de tous les documents privés tels les journaux. Ces documents lui permettent de représenter la condition des diverses classes sociales et de restituer dans chacune d’elles une part d’action dans le développent total. Il acquiert ainsi la preuve tangible que les milliers d’individus groupés sous ces différents types ne représentent ni moins d’intérêts, ni plus d’importance que les grandes figures du passés et qu’ils ne doivent pas tenir la moindre place dans la synthèse historique. Bref, voici un tableau qui résume ce qu’on vient d’avancer :

T ABLEAU 2 L’HISTOIRE ET LE JOURNAL

L’HISTOIRE LE JOURNAL

 Dater  Comporte de dates  Vérité  Objet de sincérité et d’exactitudes

 Vocabulaires  Utilise des termes d’une société donnée

 Acteurs  Met en scène ces personnages

 Évènements  Détaille ces séries d’évènements

Source : Auteur, février 2007

En se référant à la presse écrite, si on fait de l’histoire, l’Express de Madagascar pourrait-il- être considéré comme source, vérifiable, critiquable et accessible à tout moment ?

II- L’EXPRESS DE MADAGASCAR EN TANT QUE SOURCE DE L’HISTOIRE DU TEMPS PRESENT A- L’Express de Madagascar : une presse objective ?

1- Un journal de contre pouvoir, ressort de l’objectivité historienne 35

Etant la propriété de Herizo Razafimahaleo, à la fois homme d’affaire et homme politique, l’Express de Madagascar, dans le monde du quatrième pouvoir est loin d’être au service de celui-ci exception faite de la période qui précède une élection lorsque le propriétaire fondateur est candidat. Dès sa première apparition le 22 février 1995, l’article qui annonce la naissance du journal l’Express de Madagascar avertis ses lecteurs qu’ « il ne s’agit pas d’un journal politique, c'est-à-dire l’organe d’un parti ou de quelque groupe d’intérêt ou de pression que ce soit ». Et au journal d’ajouter que « son parti est celui de ses lecteurs, et son intérêt celui de ses concitoyens1 ». Ceci n’exclut pas des critiques émanant du journal qui ne veulent pas attirer des polémiques partisanes, mais constructives. Autrement dit ,le journal indique chaque fois les solutions qu’il juge efficaces, les mesures justes ,et les décisions appropriées ,face à un fait ou un événement telle que la crise politique malgache de 2002. C’est le rôle de contrôle et de critique de l’Express de Madagascar. Par le biais de ses critiques qui se veulent constructives, le journal contribue au « bon fonctionnement des trois pouvoirs de l’Etat » dénoncer leurs abus, éclairer leurs décisions en exprimant les opinions et les désirs des différents groupes sociaux. C’est son rôle de contre pouvoir. L’Express de Madagascar informe et analyse également pour différentes raisons : Primo pour fournir à ses concitoyens les moyens de comprendre le monde et d’agir efficacement2 . Les lecteurs du journal ont besoin de cette information pour comprendre le monde qui les entoure et de se faire une opinion. Secundo, pour permettre aux lecteurs et aux citoyens de s’identifier à une image ou à un groupe social. Ce qui revient à dire que l’Express de Madagascar veut aiguiser les facultés de critiques chez ses lecteurs, à l’aide des analyses « documentées et pertinentes »3 , pour que ces derniers puissent mener et soutenir un débat, à un haut niveau intellectuel sur les actualités, la société l’économie, et la politique. Tertio et en dernier lieu pour divertir sans pour autant « infantiliser »ou« rendre plus bêtes que nous sommes »4, l’Express de Madagascar consacre une bonne partie de ses pages aux dossiers et documents contrairement aux journaux populaires qui recherchent le sensationnel et les scandales, qui se veulent plus émouvants qu’intéressants.

1 L’Express de Madagascar n°0001 du 22 Février 1995 2 MARTIN – LAGARDETTE (Jean Luc) « Guide de l’écriture journalistique. » La découverte, 2003, 251p 3 L’Express de Madagascar n°0001 du 22 février 1995 4 L’Express de Madagascar n°1822 du 24 Février 2001 36

2- La contrainte de rentabilité, entrave à l’objectivité L’opinion publique désigne l’Express de Madagascar durant les crises de 2001-2002 de journal peu objectif. Un journal bâtard entre « Libération » et « France soir », c’est ainsi que Vanf l’a qualifié dans sa chronique du 24 février 2001 à l’occasion du sixième anniversaire du journal. Le passage du nombre d’exemplaires de 3000 à 9000 en quatre jours témoigne qu’il s’est constitué un fidèle lecteur ; des lecteurs jugeant les ambitions que le journal affichent, répondant à leur soif d’information1 . L’Express Madagascar devient en un rien de temps une presse de référence. Loin d’être un journal populaire, sa qualité et l’effectif de son public lui confèrent une dignité d’objectivité2. Il se distingue par sa liberté de ton avec lequel l’expression la plus évidente se retrouve dans les chroniques de Vanf, mais aussi dans sa rubrique culturelle avec les critiques et les francs parlés de Steve Maniry, de Baovola Fidison au départ, puis de Randy Donny ou de Andry, et le relais des frères Ranjalahy. Son chroniqueur le compare volontiers à « Le Monde » ou « La Libération » des quotidiens haut de gamme français3 Cependant, les exigences commerciales et économiques en font toujours un quotidien assez « bâtard » qui fait le grand écart vers le racolage style France soir ou le Parisien 4.Un journal a besoin de faire du bénéfice et d’attirer l’attention du public par des titres sensationnels et des rubriques nécrologiques, les horoscopes et autres petites annonces. Des exigences commerciales auxquelles l’Express de Madagascar ne peut se plier .Un journal ne peut vivre que des ventes aux numéros, mais a besoin d’une audience plus élargie pour générer les publicités qui constituent une de ses principales ressources5.

B- Les rubriques pour une résurrection intégrale du passé

Le premier numéro de l’Express de Madagascar comportait douze pages. Au fil du temps le journal a augmenté sa pagination qui peut atteindre jusqu’à vingt quatre en fin de semaine. En temps exceptionnel tel que l’impasse de 2002, le journal réduit le nombre de ses pages jusqu’à huit, faute de papier, dans le but de ne pas perdre sa crédibilité auprès de ses

1 L’Express de Madagascar n°0001 du 22 Février 1995 2 Cf. Chapitre I, section II, sous section B-2, Un public fidèle, et intellectuellement de qualité. 3 CAYROL R., 1991- Les médias, la presse écrite, la radio, les télévisions, thèmes sciences politiques. PUF, Paris, 480 p. 4 L’Express de Madagascar n°1822 du 24 Février 2001 5 Lovasoa RABARY ouvrage op. Cit. 37 lecteurs. Dans de telles circonstances, certaines de ses rubriques ne peuvent pas paraître faisant place aux informations que le rédacteur en chef juge utiles. Depuis la mise en place de la nouvelle direction, la présentation du journal a changé de « look »sans toute fois modifier le « design». La richesse en évènements de l’histoire contemporaine permet d’étudier une période sous différents angles. Tous les écrits sur la surface rédactionnelle du journal peuvent en constituer des traces. La première page résume en titre et en photos les informations saillantes que le journal véhicule. C’est une page en couleur avec une impression soignée à la tête de laquelle se trouvent le logo, son site web, le numéro, le prix et la date de la parution. La nouvelle apparence se rapporte sur les trois photos juste après le logo qui relatent les reportages que les journalistes ont effectué .De gauche à droite la première photo est celle de l’interview appelée « question à … » ; les deux autres prennent la forme de reportage axé sur des sujets d’actualités. La Une de l’ Express de Madagascar se trouve juste au milieu de cette première page avec un titre à caractère gros et gras muni d’une photo en couleur mesurant vingt centimètres sur vingt cinq suivis de quelques phrases résumant les grandes lignes. Sur la droite s’affichent, les titres des reportages sur des évènements culturels, économiques, ou sportifs. Les faits divers et la publicité partagent le reste. Cette première page donnent un vu d’ensemble de ceux qui attendent les lecteurs.

1- Les actualités et opinions, le puits des évènements C’est dans ces rubriques qu’il faut puiser du journal les sources de l’histoire contemporaine. Les actualités regroupent les faits tandis que les opinions traduisent les commentaires. Toutefois, les articles comportent le plus souvent des apports et des explications de la part du journaliste pour que le public reçoive facilement le message. La diversification et la classifications des actualités sous formes de rubriques diverses permettent la réincarnation du passé sous les angles: social, économique, culturel, sportif nationaux et internationaux. L’opinion « comprend des articles d’opinion dus à la plume du rédacteur en chef ou des membres de son équipe ou (et) bien encore des chroniques d’information »1. a- Actualités

1 Duane BRADLEY « Qu’est ce que la presse ? » édition France Empire, Paris, 1966, 126 pages 38

Les priorités pour le journal sont la politique, l’économie et la société. L’ordre de ces trois actualités varie selon les circonstances et le jugement d’importance fait par le rédacteur en chef. La page 2 réserve l’interview à des spécialistes où s’affichent des jargons impénétrables1 sur une question. En haut à droite figure l’« Exprès », une bande dessinée caricaturale relatant l’actualité, contenant des « coups d’épingle » dont Elisé Ranarivelo ,l’auteur, décline « toute ressemblance avec des personnages ou des faits existants ou ayant existé » en insistant que celle-ci ne peut être que « fortuite et le fruit d’un pur hasard ». Les pages 3 à 5 sont axés sur les actualités nationales sur les plans économique, politique et sociales. Elles communiquent les réalités, l’éventualité d’une rumeur, les faits divers… Bref tous ceux qui peuvent intéresser les citoyens. Des pages sont conçues spécialement pour les sports et la culture. D’une manière générale, les pages 15, 16, et le 17 titrées l’Express sport ou l’Express culture communiquent les dernières actualités sportives ou culturelles nationales ou internationales. Quelques pages traitent les actualités internationales. Elles sont souvent aux avant dernières pages : les 20, 21, et 22. Le journal les classe pour l’ « Océan Indien » et « le Monde ». Le premier discourt les nouvelles de l’Océan Indien et le second celles de l’Afrique, de l’Europe, de l’Asie et de l’Océanie. Comme tout les autres presses écrites, l’Express de Madagascar est abonné à des agences qui composent un rouage essentiel du media contemporain. Pour ces informations, le journal est abonné à : • L’Agence Française de Presse (AFP) • L’agence d’information le sur l’Océan Indien Matera, et reçoit gratuitement des articles de magazine de l’agence de presse écrite de la Radio France Internationale (RFI) et de l’agence Syfia. Autrement, il est alimenté en information grâce : • à leurs correspondants en provinces • à leurs journalistes • à l’Internet

1L’Express de Madagascar n°0001 du 22 Février 1995 39

Ces sources d’information de l’Express de Madagascar sont, sérieuses, accessibles et vérifiable à tout moment. Pour rassurer ses lecteurs, les journalistes mettent souvent les sources d’où proviennent les informations. Dans le cas de l’anonymat où la personne témoin préfère ne pas se prononcer, les journalistes se contentent de dire « d’après une source sûre ». Dans l’autre cas où celle-ci n’est pas évidente, ils se servent du conditionnel voulant insinuer le doute.

a- Opinions

La page 8 est désignée depuis la mise en rail de l’Express de Madagascar pour les opinions. C’est dans cette page que se trouvent l’éditorial du journal, la chronique de Vanf, l’opinion des lecteurs, et les débats. Ces articles sont écrits soit en malgache ou en français selon le choix de l’auteur. L’éditorial est l’article d’opinion par excellence et donne une apparence de « la position commune de l’équipe du journal1 », il défend une idée, éveil les consciences sur telle ou telle situation tout en gardant une grande liberté de ton plus que dans aucun autre genre journalistique. Le style sera plutôt vigoureux, incisif, à la limite du langage parlé, du discours de tribun. En langue de Molière il s’intitule « Expression », dans l’autre cas c’est « Tsy aritra 2». La chronique porte le nom de « chronique de Vanf », « sans complaisance ou bien « Mamalan-kira indray Vanf3 » pour exprimer des critiques. Ces pages éditoriales peuvent attirer des inimités, mais elles peuvent également asseoir la réputation d’honnêteté et d’intégrité du journal si leurs commentaires sont réfléchis et intelligents4. Au temps du groupe « STEDIC », le journal l’Express de Madagascar consacre une ou deux pages à l’instar de « Tribune libre », pour ses lecteurs. C’est la spécificité de l’Express de Madagascar « car il est rare même dans les pays démocratiques que le public ait la possibilité de faire connaître son opinion par la voie du journal5 ». C’est là que tout un chacun peut livrer ses opinions, ses analyses ou ses perspectives de développement sur tous les plans, et sur tous les sujets qu’il juge intéressants. Quand vient le groupe « PREY RAVATE », désormais, cette rubrique a pris le nom de « Taratasin’ny mpamaky »ou « Courrier des lecteurs ».Depuis

1 MARTIN – LAGARDETTE (Jean Luc) « Guide de l’écriture journalistique. » La découverte, 2003, pp.100 2 Traduction libre : on n’y résiste pas. Auxquels on ne peut pas se retenir 3 Trduction libre : Vanf chante faux. Vanf dit les vérités qu’il ne fallait pas dire 4 Duane BRADLEY, ouvrage op. Cit. 5 Id. Peu nombreux sont les organes qui publient des lettres des lecteurs donnant leur opinion sur les événements. Cette rubrique nous facilite le recoupement des informations et la confrontation des opinions pour un effort d’objectivité. 40 quelque temps, l’éditorial du journal sous la plume de Sylvain RANJALAHY, s’intitule « humeur ». En bas, à la page 8, une place est accordée à une controverse sous les plumes des spécialistes. Cet article intitulé « Hevitra tera-bary » ou « Idées et débats » contient des épisodes allant jusqu’à 10 voire 15 parutions. Il restitue le passé par l’intermédiaire du journal recueilli auprès des témoins mais aussi, des sources vivantes dont les récits sont appelés « micro histoire » par les historiens, et apportant de nouveaux regards sur le passé.

Pour être un journal moderne de référence, les opinions et les actualités ne suffisent pas, il fallait à l’Express de Madagascar insérer des rubriques de divertissement et de service.

2- Services et divertissements a- Services La mise en page du journal semble bien soignée. Des annonces publicitaires sur lesquelles « l’Express de Madagascar mise pour la survie du journal » sont présentent sur chaque page même celle de la couverture ou la page une. A part tout cela le journal réserve des pages spécialement conçues aux annonceurs. Cette rubrique « annonce » couvre en moyenne quatre pages contenant à la fois : des publicités, des appels d’offre, des communiqués, des recrutements, de la nécrologie, des appels à la manifestation d’intérêt. D’une manière générale, ce sont les personnes morales c'est-à-dire des sociétés privées ou publiques, qui sont ici les plus ciblées. Depuis le mois de février 2006, l’ Express de Madagascar contient quelques intercalaires supplémentaires qui, au nom de « petites annonces », portent sa propre numéro de parution, autre que celle du journal mère. Celles-ci sont réservées aux petites affaires personnelles telles que la vente, la location des mobiliers, l’auto moto, emplois et formations. L’astuce du Directeur de la publication ne manque pas d’y apporter des articles sur des reportages des petites affaires quotidiennes. Un autre volet s’inscrit à l’avant dernière page, plus précisément à la page 23. Il s’agit de la rubrique « Services ». C’est là que se trouvent les blocs notes usuels tels que les mouvements des avions, la météo, les médecins et pharmacies de garde,les assistances de dépannage, le marché de devises ainsi que les coordonnées du journal sans oublier le nombre de tirage mis en vente d’une édition. C’est dans cette page que s’affiche l’horoscope du jour vers lequel la plupart des ménages tananariviennes se précipitent1

1 Lovasoa RABARY, ouvrage op. Cit. 41

b- Divertissements Les pages 18 et 19 assurent la fonction de divertissements du journal comportant les rubriques : « les bonnes feuilles » et « jeux ». « Les bonnes feuilles » offrent en partie de l’éducation et de la culture générale aux lecteurs. La « note du passé » comme « idées et débats » révèlent des « micro histoires » et des récits sur Madagascar d’autrefois. C’est le cas également pour « Jadis et naguère ». Une autre rubrique intitulée « Plus que des mots » traduit les proverbes malgaches et explique leur sagesse. Toujours sur la même page s’étale les programmes de télévision. Ces pages servent de référence lorsqu’on étudie le passé pour comprendre le présent.

L’autre page de la rubrique assure la fonction ludique, qui fait également l’identité de l’Express de Madagascar du fait que « ses jeux, d’un très haut niveau intellectuel n’intéresse que très peu de cruciverbistes amateurs et autres joueurs du même genre qui préfèrent les grilles de mots croisés et des mots fléchés de Midi Madagascar, plus facile à remplir »1.

1 Lovasoa RABARY, ouvrage op. Cit. 42

Conclusion partielle

Journal d’information et d’analyse, l’Express de Madagascar a vu le jour dans une ambiance politique bouillonnante et dans une quasi-liberté d’expression garantie par la loi. En 1995, Herizo Razafimahaleo, l’homme à la fois politique et d’affaires, décide d’inaugurer un organe de presse : une véritable industrie montante compte tenu de son évolution, de ses brèves expériences. La qualité de la publication s’améliore. Cependant le nombre de tirage stagne. Les fidèles lecteurs qu’il soit en ligne ou qu’il soit client de la version papier au nombre de 50000 environs composés de personnes qui ont fait les études, témoignent de la place que la société lui accorde : un journal de référence.

Journal d’informations et d’analyses, le ton a été donné depuis le premier numéro qu’il n’est pas soumis à l’apologie d’un organe ou d’ parti. Il se veut plutôt être un éducateur des citoyens en visant à maintenir en veille chez eux les facultés critiques. Ce qui fait que la ligne éditoriale se soucie surtout «d’enseigner aux futurs lecteurs à reconnaître le bon journal d’un mauvais, à préférer le journal de qualité »1

Journal d’informations et d’analyses, l’ Express de Madagascar utilise des moyens par lesquels il se force de rendre les contenus conformes à la vérité, l’exactitude, l’intégralité du compte rendu et la libre controverse. Les journalistes ne manquent de poser à chaque évènement les questions «Qui ? Quoi ? Quand ? Où ? Comment ? ». De la même façon, ils s’efforcent, dans la mesure du possible de faire un compte rendu complet et fidèle des divers aspects de l’événement. L’éclosion de la vérité réside dans les commentaires, qui permettent au journal de livrer sa propre version des événements même si toutes ces versions sont différentes. La règle demeure constante «les commentaires sont libres, les faits sont sacrés» .Admettons qu’il est utopique que toute vérité soit faite sur tout rapport d’évènement, quelle que soit l’édition de journal. Supposons que les journaux peuvent être

1 Pierre DENOYER ouvrage op. Cit. 43 inexacts et incompétents. Acceptons que la liberté de la presse ne signifie pas seulement que les journaux soient libres de paraître, mais que ces derniers jouissent de liberté d’accès aux informations et le droit de les publier dans un pays démocratique. Il s’en suit que chaque opinion d’où qu’elle vienne affirme détenir la vérité. C’est la raison pour laquelle il en ressort de notre devoir de soigner les critiques historiennes, et de confronter la vision de l’Express de Madagascar avec celles d’autres journaux et des ouvrages spécifiques. 44

DEUXIEME PARTIE :

L’EXPRESS DE

MADAGASCAR, TEMOIN

DES EVENEMENTS 2001-

2002 A MADAGASCAR 45

CHAPITRE I : L’EXPRESS DE MADAGASCAR, TEMOIN D’UNE VIE POLITIQUE MOUVEMENTEE I- LES ORIGINES DE LA CRISE A- Rap port des forces politiques à l’aube du troisième millénaire 1- Les partis politiques A son retour au pouvoir, en 1997, le président sortant Didier Ratsiraka s’atèle à un amendement de la Constitution qui consiste à mettre en place le système autonome des 6 provinces et aussi l’émergence de la Chambre Haute du pouvoir législatif .Les conséquences ne font que creuser la fossé entre « un parti unique légal au pouvoir »1 et une opposition très disparate.

a- Le parti au pouvoir

Depuis le début de l’année 2001, le monde politique2 est en agitation à Madagascar. Les chefs de partis s’apprêtent à la course à la magistrature suprême qui aura eu lieu vers la fin de l’année, plus précisément le 16 décembre. La mise en place de nouvelles institutions telles que les provinces autonomes et le sénat, donne largement une avance et une assise politique pour le parti au pouvoir. Didier Ratsiraka, évincé par un mouvement populaire en 1991, retourne en force à sa place en 1997 après la « traversée du désert »3, lors du deuxième tour des élections présidentielles. Une fois qu’il a regagné le sommet, il oeuvre à la mise en place de ces nouvelles institutions. Le processus a pris du temps. Il a fallu faire des élections communales afin de choisir les grands électeurs, qui vont voter les deux tiers des membres constituants du sénat. Conseillers provinciaux et maires les désigneront par la voie des urnes. La date officielle de l’élection sénatoriale a été fixée par la Haute Cour Constitutionnelle pour le 18 mars 2001. La même institution arrête la liste officielle des candidatures le 28 Février. Au total, 30 listes seront en

1 L’Express de Madagascar du 20 mars 2001 n°1843 2AYER (Gerald) « L’avenir de Madagascar, idées forces pour un grand changement. » Foi et justice, Madagascar, 2001,173 p. 3 Id. terme désignant l’absence de l’AREMA au pouvoir de 1992 en 1996 46 lice dans les six provinces selon toujours le même arrêt de l’audience. Au terme de la campagne pour les 360 candidats à raison de 10 prétentions titulaires et 2 autres suppléants par liste, le collège électoral est composé de 1728 membres dont 336 conseillers provinciaux et 1392 maires. L’« Etat- Arema » comme aime l’appeler Vanf, a été réconforté par les résultats des scrutins sénatoriaux. Le parti au pouvoir a presque raflé toutes les places. Voici ces résultats sous formes de tableaux.

T ABLEAU 3 NOMBRE DE PLACE OBTENUE PAR PROVINCE PAR L’ AREMA LORS

DES ELECTIONS SENATORIALES DU 18 MARS 2001

PROVINCES NOMBRES DE PLACES SENATEURS AREMA Antsiranana 10 8 Mahajanga 10 10 Toamasina 10 10 Tananarive 10 7 Fianarantsoa 10 9 Toliara 10 5 Total 60 49 Pourcentage 100% 81,6%

Source : Auteur d’après les chiffres publiés par l’Express de Madagascar du 19 Mars 2001, n°2142

Le 17 avril 2001 à la fin de la matinée, les sénateurs sont au grand complet avec les 30 autres, nommés par le Chef de l’Etat dont voici le quota par province : 7 pour la province de Tananarive, 2 pour Diégo, 6 pour Tuléar et, 5 pour chacune des provinces de Fianarantsoa, Mahajanga et de Tamatave. En total, le Président en exercice, dispose de 79 sénateurs sur les 90, soit 81,1% des sénateurs « sur mesure ». Touts les propos de l’Express de Madagascar affirment ce que les opposants au régime disent : « le sénat version IIIème République n’est qu’une pâle copie du CSR mais en plus vieux »1. Pour l’Express de Madagascar, il n’y aucune surprise que «dans une société figée comme la notre, cette élection au suffrage personnel direct assure sans doute la pérennité d’un pouvoir ». L’unique candidature à la présidence de la chambre basse met le journal à amalgamer les deux termes de « élection » et « désignation ». Les résultats des élections des gouverneurs pour

1 Expression du 19 avril 2001 47 chaque province autonome ne font que renforcer l’assise politique de l’ « Etat-AREMA» comme un « parti unique légal au pouvoir » face à une opposition qui n’arrive pas à s’entendre sur une plate forme. De part ces prospérités politiques, la convention AREMA recommande une énième candidature de Didier Ratsiraka. L’AREMA Antananarivo autrefois scindé en aile Isoraka et en carré fidèle d’Ambohitsorohitra1 a décidé de solliciter le fondateur du parti à briguer un autre mandat.

b- L’ « opposition »et les autres partis

Madagascar est un pays où règne le multipartisme. Depuis l’indépendance, toujours est-il que le parti au pouvoir demeure le plus puissant. Ce dernier tend à être l’adversaire unique des opposants malgré le pluralisme politique. La candidature unique de l’opposition se montre comme une stratégie beaucoup plus crédible pour battre l’adversaire commun. Ce désir s’incarne par une « Convention signé par les différents chefs de parti et groupement réunis au sein de la cellule de crise pour la défense de la démocratie et des droits de l’homme » qui regroupe la plupart des partis de l’opposition. Trois points ressortent de la dite convention : la solidarité, intensification du mouvement dans les provinces et la présentation d’une candidature unique. Ce dernier point pour le journal semble être utopique car ne constitue qu’un « rêve ». Certains dirigeants des partis politiques ont « déjà plus ou moins envisagé de se porter personnellement candidat »2 aux futures élections présidentielles pour ne citer que Norbert Lala Ratsirahonana, Manandafy Rakotonirina, Jean Eugène Voninahitsy, et le Professeur . Le choix du candidat unique de l’opposition parait difficile ; Le Professeur Albert Zafy se veut être le « réel adversaire » de l’Amiral, en annonçant à la presse qu’il serait candidat tant que Ratsiraka le serait. Le pari, Asa Vita Ifampitsarana3, dans une conférence de presse « décide de faire cavalier seul et de faire voter Ratsirahonana »4. D’autres noms comme Herizo Razafimahaleo, Patrick Rajaonary, Marc Ravalomanana se font entendre dans la coulisse de la course à la magistrature suprême. Malgré le prétexte de l’opposition sur l’échec de la candidature unique soutenant la thèse de la multiplicité des candidatures au

1 Quand Didier Ratsiraka occupait le palais d’Ambohitsorohitra avant 1989 2 Lova RABARY op.cit. 3 Littéralement : On se juge à travers les actes accomplis. Parti politique de Norbert Lala Ratsirahonana fondé après 1996, l’année durant laquelle il est le Président de la République par intérim après l’empêchement du Professeur Zafy 4 L’Express de Madagascar du 04 juillet 2001 n°1927 48 premier tour pour remettre au sort la désignation de la personne qui pourrait affronter l’Amiral au second tour, l’évidence pour le journal demeure l’impossibilité d’une entente plausible chez les opposants. Après le 26 juin 2001, date de l’annonce officielle de la candidature du Président candidat, La vision de l’Express de Madagascar semble pessimiste quant au devenir de l’opposition. Le rapport des forces politiques tourne au désavantage de cette dernière qui est « consternante dans ses stratégies, affligeantes dans son discours et ses actes, (elle) n’est pas à la hauteur pour empêcher le président Ratsiraka d’atteindre au moins son objectif d’être réélu à moins d’un « deus ex-machina »1 Vu la puissance du parti au pouvoir, le « reliquat » de l’opposition dépourvu de l’AVI de Norbert Lala Ratsirahonana et de l’AFFA du Professeur Albert ZAFY, ne sait plus à quelles branches s’accrocher. Le centre du débat reste toujours sur « le nom de celui qui incarnera le véritable adversaire du Président de la République. »2. Jean Eugène Voninahitsy soutient la thèse d’un « Président non côtier » Pour le moment, l’éventuelle candidature de la maire de la Capitale semble être attendu par l’opinion et la classe politique. La presse malgache a hâte de découvrir si Marc Ravalomanana franchira le cap. Il peut prendre la décision soudainement si on se réfère à son coup de théâtre lorsqu’il s’apprêtait à conquérir la magistrature suprême de la Capitale. Vanf dans sa chronique avance par contre que cette candidature serait une manifestation de la brûlure des étapes et que « la capitale ne représentait donc qu’une échelle qu’on s’apprêterait à sauter purement et simplement les dernières marches dans cette cavalcade subite». 3 Toutefois, lorsque Ravalomanana indique la spontanéité dans sa prise de décision de se porter candidat maire à Tananarive, l’Express de Madagascar, est persuadé que ceci pourrait être « une manière d’insinuer qu’il pourrait être candidat de dernière heure à la prochaine élection … du futur Président de la République. ». Pour l’Express de Madagascar l’appel à la candidature du Maire de la Capitale venu de la « lointaine Maevatanàna »4 brise la surprise : Ravalomanana sera candidat.

2- Les annonces officielles des candidatures

1 L’Express de Madagascar du 28 Juin 2001, n°1920 2 L’Express de Madagascar du 02 juillet 2001, n°1923 3 L’Express de Madagascar du 12 Juillet 2001, n°1932 4 Mamy NOHATRARIVO 49

a- Intentions et supputations

L’année 2001 entrant, des intentions et des supputations de s’aligner aux élections présidentielles à Madagascar font bruit. Au mois de Juillet 2001, l’Express de Madagascar constate déjà 5 noms à la liste : • Patrick RAJAONARY, opérateur économique, DG de la PAPMAD qui annonçait son projet au mois de Janvier • Didier RATSIRAKA, Président en exercice, qui « choisit la fête nationale pour briguer un 5ème mandat présidentiel »1 • Albert ZAFY, Président empêché, qui se veut être le premier opposant au régime • Tahina Johnson JACKY, un membre de la diaspora en France • Norbert Lala RATSIRAHONANA, magistrat de métier qui décide de faire cavalier seul.

Au sein du Parti AREMA apparemment solide et bien assis s’enregistre une certaine dissidence. Le journal constate lors des élections des Gouverneurs des provinces autonomes que l’atmosphère « semble entaché ou du moins empreinté ces derniers temps d’un certain mécontentement de quelque membres du collège national envers les plus hauts responsables »2.Sur les six provinces, Tananarive et Majunga ont une candidature unique : AREMA. Tamatave, Tuléar, Fianarantsoa ont chacun deux candidats. Seul Diégo a trois listes différentes : AREMA, AFFA et un Indépendant qui « désiste au profit du candidat officiel 3». Cette situation amène le journal à conclure « une sorte de lutte fratricide (mais) qui semble significative quant à l’existence d’une certaine, sinon réelle rivalité parmi les hommes de l’AREMA 4 ». Pour le journal, cette dissidence se manifeste discrètement entre le Président en exercice et , SG du parti au pouvoir en même temps Vice Premier Ministre du Gouvernement Andrianarivo. Le numéro 2 de l’Arema est perçu par le journal comme ayant une ambition présidentielle. La relève et la succession de Ratsiraka sont des sujets qui ne cessent de soulever les passions aussi bien au sein qu’en dehors du parti. Pour une grande partie de l’opinion publique, le Vice Premier ministre serait le successeur éventuel de l’Amiral. Des rumeurs courraient que Pierrot Rajaonarivelo serait candidat à l’élection présidentielle. Ces « vacarmes » s’arrêtent des que ce dernier fait un démenti « qu’il n’a pas, mais pas du tout l’intention de supplanter le père fondateur5 » en continuant que « Didier Ratsiraka sera son candidat naturel ».L’Express de Madagascar reste sur sa position.

1 L’Express de Madagascar du 27 Juin 2001, n°1922 2 L’Express de Madagascar du 2 mai 2001 n°1875 3 Id. 4 L’Express de Madagascar du 31 mai 2001 n°1901 5 Midi Madagascar du 22 Août 2001 n°5482 50

La bande dessinée caricaturale d’Elysé RANARIVELO du 3 Mars 2001 n°1828 subodore aussi une éventuelle candidature du Premier Ministre qui est discrète aux yeux de l’opinion publique, mais saillant pour le journal dans ses actions sur le terrain. Des inaugurations qui se président, sont autant d’occasions de montrer son intention cachée. La bande dessinée montre le Premier Ministre en train d’inaugurer une réalisation du FID. « L’inscription FID revient 4 fois, et à la dernière s’est ajoutée « …..io Tantely ». Ce jeu de mot donne « FIDio Tantely » ou « votez pour Tantely. »1

Du coté de l’opposition, ou les autres partis politiques, l’impossibilité d’une candidature unique règne toujours. L’entente s’éloigne du centre au profit du Maire candidat qui a annoncé son ambition à Imerinkasinina le 5 Août 2001. Des entités et des partis politiques affluent pour le soutenir. Après avoir effacé les zones rouges de la capitale prononcés par le Préfet de la police , et être victime « d’une machination conduite en haut lieu2 » en ce qui concerne les affaires d’exonérations fiscales, Marc Ravalomanana devient « le Robin des Bois de la majorité silencieuse3 ».Avec les soutiens du MFM de Manandafy Rakotonirina, le RPSD de Evariste Marson, du MASTERS d’Alain Ramaroson, du GRAD ILOAFO de Tovonanahary Rabetsitonta, et de l’AVI de qui fini par désister « Pour le bien de la Nation4 », il devient un candidat « presque unique » de l’opposition. Le Professeur Albert ZAFY maintient sa candidature, avec l’appui de l’UNDD et de l’AFFA. D’autres personnalités viennent aussi gonfler le rang des impétrants à la tête de la nation à savoir Daniel Rajakoba ancien Ministre de la Première République, Herizo Razafimahaleo. Huit candidats ont compté prétendre devenir Chef d’Etat pour les élections présidentielles. Finalement la Haute Cour Constitutionnelle enregistre 6 candidats, et met aux prises une nouvelle donne électorale : « Politiques contre hommes d’affaires5»

b- Une nouvelle donne électorale Sur les six candidats conservés par la plus haute juridiction, l’Express de Madagascar distingue les hommes politiques et les hommes d’affaires : D’une part : • Herizo RAZAFIMAHALEO, président fondateur du Leader Fanilo • Didier RATSIRAKA, Président en exercice, fondateur de l’AREMA • Albert ZAFY, Président empêché, de l’AFFA • Pasteur Daniel RAJAKOBA, Ancien ministre de la Première République. D’autre part :

1 Lova RABARY 2 L’Express de Madagascar du 12 juillet 2001, n°1932 3 L’Express de Madagascar du 12 juillet 2001, n°1932 4 L’Express de Madagascar du 27 Octobre 2011 n°2023 5 L’Express de Madagascar du 5 Septembre 2001 n°1978 51

• Marc RAVALOMANANA, PDG de l’industrie agro-alimentaire Tiko • Patrick RAJAONARY, opérateur économique, DG de la PAPMAD • Herizo RAZAFILMAHALEO PDG du groupe STEDIC. Pour le journal, Herizo Razafimahaleo se trouve au carrefour des politiques, « doté d’un projet de société et d’un programme gouvernemental clairs1» et des hommes d’affaires disposant d’une bonne assise financière. L’ascension des hommes politiques n’est point surprenant ni pour l’opinion publique, ni pour la presse. Par contre, l’Express de Madagascar cherche à expliquer les causes de la montée des hommes d’affaires sur la scène politique notamment dans les pays pauvres comme Madagascar. Voici les résultats d’un sondage mené par l’ATW consultant- L’Express de Madagascar avec la Fondation Friedrich Ebert sur un échantillon de 300 jeunes tananariviens. L’objectif est de définir le profil idéal d’un Président de la République.

T ABLEAU 4 RÉSULTAT DU SONDAGE RÉALISE PAR L’ATW CONSULTANT- L’EXPRESS DE MADAGASCAR AVEC LA FONDATION FRIEDRICH EBERT

Profil d’un président Nombres de réponses Pourcentage Sans étiquette politique 153 51 Dirigeant d’entreprise 141 47 Entités religieuses 132 44 Responsable d’association 45 15 Hommes politiques 36 12 Syndicalistes 36 12 Forces armées 30 10 Fonctionnaires 27 9

Source : ATW Consultant Septembre 2001

Le seul commentaire du journal sur ce tableau réside dans le sens où « le sondage confirme la tendance observée depuis un certain temps avec l’élection d’une capitaine d’industrie à la magistrature suprême de la capitale2 ». Alain Andriamiandravola craint le pire trois mois avant les élections « s’agissant d’un scrutin déterminant l’avenir de la Nation3» Kama Rakotonindrainy4 nouveau éditorialiste du journal, confirme que « de plus en plus de prétendants à des postes politiques électifs prennent le raccourci des campagnes électorales,

1 Lova RABARY 2 L’Express de Madagascar du 5 Septembre 2001 n°1978 3 Id. 4 Ancien CSR de la IIème République, ex-cadre du Groupement ANTSO. Ayant milité pour la réélection de Didier Ratsiraka en 1989 52 sans le travail préalable de mobilisation autour d’un profil de société ou de programme, sans travail d’éducation et d’organisation de bases sociales solides, s’efforçant de pallier les pas qu’ils ont sautés par l’argent qu’ils déversent pour acheter de diverses manières les voix des masses fragilisées par la pauvreté matérielle et le dénuement intellectuel1». Toutefois le code électoral ne définit pas un seuil maximum pour les dépenses en campagnes.

B- L’Express, document source pour analyser les mécanismes de vote à Madagascar

Dans un pays démocratique tel que Madagascar, le code électoral prévoit 3 semaines avant la date du scrutin pour que chaque concurrent à des élections puisse convaincre l’électorat d’une manière directe. Cependant, bien avant le début de cette campagne, ces mêmes candidats peuvent se montrer par médias interposés ou en leurs personnes eux même, aux yeux du public, qu’ils s’apprêtent à s’aligner à la course. Tant qu’ils ne disent pas « voter pour moi », la loi ne les blâme pas. C’est ce que l’Express de Madagascar désigne par différentes termes : « Campagne avant la lettre »ou « campagne avant terme »ou «campagne prématurée » ou « longueur d’avance ».

1- Camp agne avant la lettre Ces procédés s’inscrivent dans les manières des politiciens, plusieurs mois avant l’échéance de la date du scrutin par le biais des mass medias. Tous les aspirants l’utilisent y compris l’Express de Madagascar.

a- Les formes de la longueur d’avance

La campagne prématurée peut prendre des formes diverses. Elle se reconnaît par la finalité de l’information qu’elle véhicule que nous pouvons classer aisément en deux catégories : celle qui est en faveur d’un candidat, et celle qui est en disgrâce d’un autre. Nous les relevons à travers l’Express de Madagascar.

Le programme de mobilisation et de sensibilisation entamé par l’URM en vue des présidentielles2 : ce groupement qui fait sienne du slogan « Ni Ratsiraka, ni Zafy » a un nom de candidat en tête, celui de Pierrot Rajaonarivelo en l’occurrence. Mais en attendant que la

1 L’Express de Madagascar du 22 septembre 2001, n°1993 2 L’Express de Madagascar du 8 février 2001, n°1808 53 candidature de ce dernier se confirme, l’URM1 invite déjà les électeurs à ne choisir ni le président sortant, ni l’ancien président déchu. La stratégie de Patrick Rajaonary qui consiste à inviter les journalistes au gré des événements pour émettre son avis2 : premier candidat annoncé à la présidentielle, ce qui le met à la une des médias de la capitale avant tout autre candidat. A chaque fois qu’un événement majeur se déroule dans le pays, il est le premier à rameuter les médias pour dire ce qu’il en pense. Les thèmes essentiels de ces rencontres avec la presse portent surtout sur la corruption, et se focalise sur la manière dont lui il compte y mettre un terme une fois au pouvoir. L’accueil en grande pompe réservée à Marc Ravalomanana venu à Mahajanga pour assister à une fête religieuse,3 ou la tournée des cadres supérieurs de la municipalité d’Antananarivo à Andramasina ou à Ankazobe ainsi que celle des groupes de jeunes universitaires à Fianarantsoa pour semer la « Bonne parole » d’Antananarivo4 : depuis l’annonce de sa candidature, et même avant qu’il ne l’officialise, Marc Ravalomanana, vice-président de l’Eglise réformée de Madagascar (FJKM) multiplie les tournées dans les provinces pour assister à diverses manifestations religieuses se déroulant un peu partout dans l’île, à l’exemple de cette célébration du jubilé d’un temple à Mahajanga, ou la grande fête du mouvement des « Fifohazana 5» d’Ankaramalaza, et bien d’autres fêtes religieuses. Ces déplacements sont pour le maire de la capitale autant d’occasions pour établir des contacts auprès des localités visitées et pour se faire connaître par leurs populations en offrant des sommes colossales aux paroisses et en traversant les villes et villages à grands coups de klaxons. Et lorsque le maire ne se déplace pas lui-même, il envoie ses émissaires. D’où la présence des employés et autres conseillers municipaux de la capitale dans d’autres régions de l’île. Les dons de sept bovidés et de cinq tonnes de riz effectués par les responsables du parti au pouvoir dans une région de Fianarantsoa6 ou, l’offensive de charme de l’Arema dans l’extrême sud, en l’occurrences la nomination d’un Ministre originaire de la région de l’extrême sud, le conseil de gouvernorat décentralisé à Fort Dauphin, le baptême d’un CEG du nom de Laha Gaston, une figure emblématique de la région ou la visite de la tombe du nationaliste Monja Jaona7 : outre les inaugurations de diverses réalisations et autres « zava-

1 Cf. liste des abréviations. Parti politique présidé par Lalatiana Ravololomanana, ancienne fonctionnaire de la Commune Urbaine d’Antananarivo. 2 L’Express de Madagascar du 7 août 2001, n°1954 3 L’Express de Madagascar du 10 août 2001, n°1957 4 L’Express de Madagascar du 5 septembre 2001, n°1978 5 Réveil : une branche dans l’Eglise Chrétienne reformée 6 L’Express de Madagascar du 5 septembre 2001, n°1978 7 L’Express de Madagascar du 13 octobre 2001, n°2011 54 bita » du gouvernement auxquelles le Président de la République en personne assiste, l’Arema et les partisans du président sortant multiplient les gestes et les donations en faveur des localités que ce dernier n’a pas eu l’occasion de visiter. Comme ces faits ne justifient pas la présence massive de toutes les institutions et des membres du gouvernement.1 Ces officialisations ne sont interdites qu’en période de campagne, le régime décide d’y procéder avant l’ouverture de la propagande. Ces festivités, fortement relayées par la presse audio- visuelle, plus particulièrement les chaînes nationales, et considérées par certains, dont l’Express de Madagascar, comme une manifestation da campagne avant la lettre, sont présentées par le régime comme le témoignage de ses actions depuis qu’il est au pouvoir. Mais quand bien même entreraient-elles dans le cours normal des activités du gouvernement ainsi que le disent les partisans du régime2, elles ne justifient pas la présence massive de toutes les institutions et des membres du gouvernement3.

« La première, et sans doute pas la dernière entorse au principe d’égalité des chances des candidats devant les urnes 4», est l’annonce de la candidature de Didier Ratsiraka au moment et en un lieu où l’on ne s’y attendait pas car tous les candidats ne bénéficieront pas du stade municipal de Mahamasina un jour de fête nationale pour annoncer leur candidature.

Pour le Professeur Zafy Albert, les discours critiques à l’encontre du régime qui ne militent pas toujours en sa faveur5 et les emplettes effectuées par ce dernier dans un marché bondé de paysans à Mahitsy où il s’est permis un petit bain de foule6 : à l’image de l’ensemble des opposants, l’ancien président fait de l’opposition à Didier Ratsiraka le principal argument de sa candidature. Chaque fois qu’il s’adresse à la presse, c’est pour critiquer le régime en place. Il n’hésite d’ailleurs pas à annoncer que tant que Ratsiraka se présente, il le trouvera sur son chemin.

L’organisation « prématurée » du débat télévisé Aboahy ankiaka7 par la TVM pour « couler » un des candidats à la présidentielle. Verrouillé par le régime en place, l’accès à la chaîne de télévision nationale n’est point libre pour l’opposition. Cependant, le code électoral stipule

1 L’Express de Madagascar du 13 octobre 2001, n°2001 2 Midi Madagasikara du 28 août 2001, n° 5487 3 L’Express de Madagascar du 13 octobre 2001, n°2001 4 L’Express de Madagascar du 20Juin 2001n°1923 5 L’Express de Madagascar du 1er septembre 2001, n°1957 6 L’Express de Madagascar du 4 septembre 2001, n°1977 7 Littéralement, parlez à haute voix. Une émission de la TVM qui met les candidats ou leurs représentant sur une table ronde avant la campagne 55 qu’en période de campagne électorale, les candidats ont également droit à un temps d’antenne gratuit et bien reparti. Mais alors que la campagne électorale ne commence pas encore officiellement, la TVM1 décide brusquement d’ouvrir son antenne aux candidats. Le geste est d’autant plus surprenant que durant les cinq ans qu’a duré le mandat du président sortant, l’opposition n’y a eu accès que rarement, voire jamais. Comme l’émission invite tous les candidats, la conclusion est vite faite : elle n’est organisée que pour couler Marc Ravalomanana attendu au tournant à chaque prestation publique2.

Ce sont tous des manifestations de la campagne prématurée que chacun des candidats se dotent pour gagner d’avance le terrain. L’Express de Madagascar qui s’apprête à faire voter son PDG ne veut pas être en retard.

b- Le cas de l’Express de Madagascar

Au lendemain de la fête de l’indépendance, de l’année en cours, des prétentions présidentielles convergent et prennent une longueur d’avance par le biais des mass- médias. L’Express de Madagascar en tant que propriété d’un des candidats commence progressivement à « affûter ses armes et à mettre en branle sa machine électorale ». Le quotidien d’analyse et d’information part aussi en campagne avant terme au profit de Herizo Razafimahaleo et aux dépens de ses « adversaires ».

Le journal présume 3 candidats potentiels sans pour autant « minimiser les autres qui risquent de créer la surprise de cette élection »3 qui sont Ratsiraka Didier, Ratsirahonana Norbert et Ravalomanana Marc.

Depuis l’annonce officielle du projet de l’Amiral de briguer un autre mandat, l’Express de Madagascar attaque le régime en place pour défavoriser un des candidats potentiels. La candidature à sa propre succession n’est pas une première pour le président candidat. Vanf constatant cet énième désir avance la thèse de l’inexistence de successeur au sein de l’AREMA. Didier Ratsiraka se présente pour la sixième fois à la course pour « continuer ».

Dans sa chronique, Vanf rappelle qu’en 20 ans de pouvoir de 1975 à 1991 et de 1996 à 2001 « les infrastructures scolaires dans les campagnes sont en friche et l’instruction publique à l’avenant. Le bitume des routes nationales ou d’intérêt provincial est retourné à la terre des bourbiers. Les villes vivent sous la hantise du prochain exode rural et dans une psychose

1 Chaîne télévisée nationale 2 Lova RABARY ouvrage op. Cit. 3 L’Express de Madagascar du 6 août 2001 n°1953 56 sécuritaire…Les campagnes pendant ce temps se résignent à leur sort : toujours aussi éloignées …tandis que la souveraineté nationale a pris un sérieux atémi à ses rodomontades ».1Ce droit d’inventaire le conduit à poser au régime en place, aux lecteurs du journal, à l’opposition et à lui-même la question : « A-t-on seulement commencé pour continuer ?2 » devant le slogan de l’Arema « Changement dans la continuité». Autrement dit dans un tel contexte, Vanf fait appel aux électeurs à ne pas voter pour l’AREMA à la prochaine élection présidentielle.

Le journaliste de l’Express de Madagascar, lors d’un interview avec le Maire- candidat a demandé l’avis de celui-ci en e qui concerne le profil et les qualités « que doit avoir le futur Président de la République ».Ravalomanana Marc a fait dire que le chef de l’Etat doit être à la fois un politicien et un technicien respectueux de l’unité nationale, de la justice et de la démocratie. Au journal de concilier que du point de vue politique, l’ancien Président de la Direction Générale de TIKO « ne l’est toute pas du moins en tant que chef de parti car son mouvement Tiako Iarivo crée la veille des élections communales qui l’ont propulsé à la maîtrise3 de la Capitale restera à partir de là une nouvelle appellation Tiako i Madagasikara. »4 Le journal veut faire avouer à ses lecteurs que celui-ci n’est pas encore le bon candidat. Vanf ne cachait plus son objectif de ne rien choisir entre le Maire- candidat et le Président –candidat en mentionnant dans sa chronique que : « 40 ans et des poussières de pratiques politiques devraient nous avoir appris qu’il n’y a pas de Messie présidentiel qu’il s’appelle Ratsiraka ou qu’il se nomme Ravalomanana ».5

Le journal voit sous un angle positif les tournées pré- électorale de LEADER FANILO dans toutes les régions de Madagascar, qu’il appelle « Campagne d’explication »6. La rentrée politique de celui-ci pour l’année 2001 a eu lieu à Taolagnaro le mois de juillet et reprend le même mouvement à Antananarivo le 3 août. Durant ce second congrès, le journal rappelle que le parti n’est pas d’accord avec le régime en place « à propos de certaines actions d’intimidation sinon de pressions perpétrées par des responsables administratifs et / ou politiques de l’ AREMA à l’encontre de ceux qui ne sont pas du même bord qu’eux7 ». Quelques semaines après, il présente Herizo Razafimahaleo pour une relève sécurisante8.

1 Chronique de Vanf du 27 juin 2001, le droit d’inventaire 2 Id. 3 Marc Ravalomanana est élu Maire de la Capitale à 48%des voix exprimées.

4 L’Express de Madagascar du 6 août 2001 n° 1953 5 Chronique de Vanf du 12 juillet 2001 n° 1932 6 L’Express de Madagascar du 6 octobre 2001 n° 2006 7 L’Express de Madagascar du 4 août 2001 n° 1952 8 L’Express de Madagascar du 24 septembre 2001 n° 1995 57

« Pour la deuxième fois de son histoire l’association politique LEADER FANILO retire ses Ministres du gouvernement »1. C’est ce qu’a annoncé officiellement son président national pour des raisons d’éthique politique. Ce qui veut informer que le LEADER FANILO n’est pas de la mouvance présidentielle. Pour marquer l’importance de ses gestes, l’équipe du journal recueille les avis de quelques chefs de partis politiques à l’instar de Randriamanantsoa Tabera du Cnef, Andriamanjato Richard de l’ AKFM, Manandafy Rakotonirina du MFM, et Zafy Albert issu de l’ AFFA. Apparemment « la démission des ministres LEADER FANILO du gouvernement a été accueillie plutôt favorablement par la classe politique »2. Pourtant, selon toujours le journal, les propos de Tantely Andrianarivo n’ont pas de relief au départ de ces ministres qui affirme que « l’essentiel résidait dans la poursuite de l’action gouvernementale ».

Ces propos de pré campagne permettent à l’Express de Madagascar d’aiguiser le sens critique de ses lecteurs, d’orienter leurs choix pour la prochaine élection qui se trouve d’actualité, et sous un objectif intermédiaire non avoué, prendre de l’avance en faveur de son propriétaire.

2- L’Express de Madagascar journal de propagande.

a- L’Express de Madagascar et les candidats

Avant la période de campagne électorale, il est de principe chez le journal d’orienter les choix des électeurs en faveur de son fondateur. La stratégie n’est pas seulement de faire l’apologie de son favori mais aussi de mettre à terre ses « adversaires politiques ». Nous emprunterons les œuvres de Lova Rabary pour constater la visibilité des candidats avant cette période. Le procédé consiste à avancer une estimation basée sur les calculs de la surface rédactionnelle consacrée aux candidats. L’objectif est d’avancer un pronostic de ce que serait les résultats des élections ainsi que de doser l’importance des candidats. Ces articles concernent les campagnes, les commentaires des journalistes sur les gestes des candidats.

Figure 5 Surface rédactionnelle consacrée aux candidats durant la campagne électorale

1 L’Express de Madagascar du 6 octobre 2001 n° 2005 2 L’Express de Madagascar du 6 octobre 2001 n°2005 58

2000

1800

1600

1400

1200 1859 1000 1292 800 1073 600

400 459 35 48 200

0 Surface rédactionnelle totale Razafimahaleo Ratsiraka Ravalomanana Zafy Rajaonary Rajakoba

Source : Lova Rabary (2003)

D’après ce graphique la visibilité des candidats n’est pas équitable. On constate que les articles consacrés au Président- candidat occupent la plus grande surface, viennent ensuite ceux relatifs à Marc Ravalomanana, à Herizo, à l’ex- Président Albert Zafy, à Daniel Rajakoba et enfin à Patrick Rajaonary ; ces deux derniers sont presque invisibles. La même tendance s’observe dans tous les médias de la Capitale du moins pour les deux favoris. Pour le journal, cet élan du candidat Marc Ravalomanana, ne signifie nullement qu’il puisse accéder au second tour et encore moins gagner au premier tour ; le drainage de la foule lors de l’ouverture de la campagne n’est qu’un coup de la publicité et de la distribution des gadgets électoraux. Le journal donne davantage de chance à son favori qu’il qualifie de « out- sider » ou le « troisième homme ».1 Admettant l’avance largement acquise par le candidat AREMA, l’Express de Madagascar met son favori et le maire- candidat sur le même pied d’égalité. Naturellement, ce dernier devient l’adversaire du candidat LEADER Fanilo et se trouve entre « l’homme à abattre et à battre ». Cette hypothèse confirme que Marc Ravalomanana arrive en deuxième position dans le classement des candidats visibles dans le journal. Quant à Didier Ratsiraka, ce taux élevé peut trouver une explication dans le fait que le journal veut renforcer

1L ‘Express de Madagascar du 3 décembre 2001 n° 2053 59 le phénomène de rejet à son encontre, et de récupérer quelques voix en faveur de son « héros ».

T ABLEAU 5 ARTICLES CONSACRÉS AU CANDIDAT RAVALOMANANA DURANT LA CAMPAGNE ÉLECTORALE Caractères des articles positifs neutres négatifs Total Nombre 1 7 19 27

Source : Auteur (Juin 2006)

Bien que Didier Ratsiraka et Marc Ravalomanana soient les deux candidats les plus présents dans la presse, cela ne signifie pas qu’il s’agit à chaque fois des apologies à leur considération car il existe bel et bien des critiques pour ne citer que le Grave « ampamoaka1 » venant du camp de Zafy Albert contre Marc Ravalomanana.2 Parmi les 27 articles qui lui sont consacrés un seul peut être perçu comme positif, 7 sont plus ou moins neutres et 19 sont tout simplement négatifs.

b- L’Express source d’information sur les méthodes des candidats

Le journal joue le rôle de pièce maîtresse dans la campagne électorale de son propriétaire. Le Leader Fanilo a misé sur le programme sur lequel, il dépasse les autres candidats. Le candidat Herizo Razafimahaleo est vu comme le « troisième homme ». Vu la grande avance du candidat du parti au pouvoir que le journal considère comme « intouchable » Herizo utilise ses moyens pour « faire couler » le maire- candidat. Depuis son accession au pouvoir, le Président en service « a des bonnes idées, il en aurait peut être même3 trop ». A chaque campagne présidentielle, y compris celui de 2001, il fait toujours preuve de nouveauté dans son programme de gouvernement et de projet de société pourtant en 20 ans et plus, de pouvoir, le peuple n’en a pas profité. Il n’a pas réussi à sortir Madagascar de

1 Littéralement : tout ressortir. Ne rien cacher la vérité quelque soit les conséquences. 2 L’express de Madagascar du 4 décembre 2001 n° 2054. Le comité de soutien de Zafy Albert a publié un encart dans les quotidiens de la Capitale apportant la preuve selon eux, de l’implication de Marc Ravalomanana et de son groupe agro- alimentaire dans une opération de « recueil de 2 747 447 bouteilles à 8000 fmg le litre ». 3 L’Express de Madagascar du 1er décembre 2001 n° 2052 60

la pauvreté. Le journal se demande « comment faire confiance à un homme qui à ce point échoue dans tout ce qu’il a entrepris ? ».1 Quant au Maire de la Capitale, la ligne éditoriale du journal affirme que celui- ci prive l’électorat de ses idées, en les tenant secrètes. L’Express de Madagascar l’accuse de se fier sur l’intelligible et quelques versets bibliques alors qu’il s’agit de la destinée d’un Etat. Sur ce programme de gouvernement et de projets de société, celui du candidat Leader Fanilo s’avère beaucoup plus convaincant en une vingtaine de pages. Un programme qui se porte sur un réel changement dans différents points, surtout dans le domaine de la politique, de la fonction publique, du mode de gouvernement. Le candidat, s’il serait élu, promet de : • entamer une ère nouvelle, mettant en œuvre une politique « capable d’assumer les choix économiques et sociaux qui engendreront une croissance forte » • réhabiliter la fonction publique, et la rendre « la plus efficiente, la plus compétente, la plus disciplinée et la plus responsable possible » • soutenir la nécessité d’adopter un autre style de gouvernement fondé sur « la transparence, la rigueur, l’intégrité et l’austérité » dont l’exemple viendra du sommet. • Prioriser un train de mesure législative sur l’éthique politique : une charte de l’opposition, une réglementation du financement des partis politiques, une révision du code électoral, une entière indépendance de la presse malgache En somme un programme assez déterminant mais qui n’est pas arrivé à son terme. Vu la faiblesse de la diffusion, et le nombre réduit de ses lecteurs, le journal se servait de la contre- propagande pour aider son champion.

T ABLEAU 6 RECAPITULATION DES QUATRE CANDIDATS POTENTIELS AUX ELECTIONS PRESIDENTIELLES DU 16 DECEMBRE 2001 Critères RATSIRAKA ZAFY RAVALOMANANA HERIZO R. Formation (avantage en Ecole Navale de Professeur de Agronome MBA Harvard Business cas d’élection) Brest S médecine Sens pratique Formé pour diriger Sens stratégique Rigueur scientifique Premier responsable A rapidement Création d’une Création d’un important Expérience de développeur constitutionnellemen aggravé ‘en 5 ans) la importante unité groupe aux activités ou de créateur de richesse t de la régression situation économique agro-industrielle diverses (commerce, économique de son déjà désastreuse issue rapidement aquaculture pour pays en 21 ans de des 16 années de florissante grâce aux l’exportation, industrie pouvoir PIB/habitant pouvoir de M. exonérations et, allumettière, sel, presse) divisé par 2 environ Ratsiraka semble-t-il aux sans exonération depuis 1975 fraudes fiscales. contestable. Son groupe verse à l’Etat 28milliards Fmg/an Moralité, respect du droit Depuis son Bon chrétien Chrétienté affichée, Chrétienté discrète. et sens de l’éthique accession au pouvoir apparemment népotisme, abus de Jamais impliqué dans 1 Id. 61

politique en 1975 à ce jour : honnête, mais sa pouvoir et non des scandales juridico- généralisation de la gestion du pays a respect du droit financiers. Seul corruption, discrédit rapidement aggravé prouvés dans la politicien ayant entrepris de la justice, (en 5 ans) la situation gestion de la capitale, une démarche active et discrédit de non droit désastreuse d’où les 2 récentes concrète en faveur de l’administration issue des 16 années condamnations de la l’éthique politique fiscale, impunité des de pouvoir de M. municipalité. Les hauts dirigeants et Ratsiraka. impayés de la Jirama népotisme. Méfiant en éclairage public et vis-à-vis de l’église eau ont déjà cumulé chrétienne 18 milliards de Fmg de 1999 à 2001 en 2 ans et demi de magistrature Ravalomanana aurait séjourné en prison (information non démentie) Programme présidentiel Non explicite Non détaillé Absent Clair, précis, détaillé, diffusé Capacité de rassembleur Non Non Oui, mais Oui, seul politicien rassemblement ayant réussi à douteux car rassembler largement la hétéroclite, voire classe politique sur un antinomique projet d’éthique Risque d’instabilité en cas Fort, en raison d’une Faible, mais son Très fort, en raison de Très faible, seul d’élection forte suspicion de isolement politique l’hétéroclisme, voire candidat susceptible fraudes électorales actuel risque de le de l’antinomie de ses d’être accepté par la gêner pour asseoir soutiens politiques et majorité de la classe une stabilité des risques de politique et la majorité réactions tribales du pays Au total Même les bonnes Les mauvaises Donnerez vous un Ne passons pas à coté de choses ont une fin gouvernances les plus chèque en blanc à un l’essentiel courtes sont les inconnu ? let le meilleures croyez vous sur parole ?

S ource : L’Express de Madagascar du 14 décembre 2001, n°2063 Nombreuses sont les formes de contre- propagande usitées par le journal notamment à l’encontre de son premier adversaire : Marc Ravalomanana. Tantôt les journalistes se servent des autres candidats pour défier le challenger de son propriétaire, tantôt ils le font d’une manière directe. Voici deux cas :

Le 4 décembre 2001, le journal a mis à la une la « grave ampamoaka du camp Zafy sur Marc Ravalomanana » Lors d’une conférence de presse, le Staff de la campagne électorale du Professeur, a fait des révélations embarrassantes appuyées par la publication dans la presse d’un communiqué payant, en malgache et en français. Il interpelle le fondateur et ancien PDG du Tiko SA sur certains points jugés obscurs de son passé et l’origine de sa réussite économique. Document à l’appui, la provenance des archives de la SARL Flammco Madagascar, les partisans du Président empêché ont apporté la preuve selon eux, de 62 l’implication de Marc Ravalomanana et de son groupe agro- alimentaire dans une opération de « recueil de 2 747 447 bouteilles à 8000 fmg le litre ». C’est une occasion ou jamais pour le journal de mettre face à face deux de ses concurrents et d’en ramasser les miettes. L’objectif du tableau n°6 dans un tel contexte, reste le même que toutes les autres stratégies ; faire voter pour Herizo Razafimahaleo, et médire sur ses adversaires pour la prochaine élection présidentielle Toutes les stratégies sont autorisées tant qu’elles respectent la législation sur la liberté d’expression et les articles du code électoral. Une fois la campagne achevée, le grand jour de la vérité attend tous les acteurs de la société.

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II- LES ELECTIONS PRESIDENTIELLES ET LES RESULTATS

A- Le scrutin présidentiel du 16 Décembre

1- Les préparatifs Depuis l’adjudication de la date du scrutin présidentiel du 16 décembre, le Conseil National Electoral garant de l’authenticité du scrutin, et la Haute Cour Constitutionnelle, sous tutelle du Ministère de l’Intérieur se charge du bon déroulement d’une élection : depuis le dépôt des candidatures jusqu’à l’annonce officielle des résultats. Pour se faire, les observateurs privés, nationaux et étrangers sont aussi les bienvenus.

a- Organisations matérielles

Le Ministère de l’Intérieur compte sur le système des provinces autonomes, fraîchement mis en place, et la CNE pour l’organisation matérielle des votes. On entend par là l’inscription sur les listes, la distribution des cartes d’électeurs, l’acheminement du matériel électoral, la mise en place et l’arrêt des nombres de bureaux de votes, le collecte et le dépouillement de matériaux de vote. Le Ministre de l’Intérieur, le Général Jean Jaques Rasolondraibe envisage dès la fin du mois d’octobre 2001 la plausibilité d’une augmentation du nombre des bureaux de vote, estimée entre 10 à 15 %. La date butoir est le jour J-16 avant la tenue du scrutin soit le 30 novembre 2001. Selon le code électoral, il a aussi droit à un bonus qui lui permet d’y ajouter des modifications 48 heures avant le jour J. La presse malgache, du moins l’Express de Madagascar, en tant que quatrième pouvoir, se méfie de 63 cette stratégie en présumant que « l’augmentation du nombre de bureaux de votes, normale en soi, permet néanmoins un coup bas légitime si l’administration attend la dernière minute pour le publier »1. Autrement dit, jouer sur le délai ne serait qu’une astuce en faveur du candidat de l’Etat, tout les « adversaires »de Didier Ratsiraka n’auront que le délai légal de 15 jours pour solliciter entre 3000 et 5000 personnes nouvelles afin de déléguer des bureaux de votes supplémentaires dont le nombre est estimé entre 1500 et 2500 calculés sur la base des 15866 bureaux de l’élection du 3 novembre 2000. Quant à leurs sites d’implantation, ils seront placés dans des endroits isolés, voire inaccessibles selon l’esprit même du texte. Se référant à l’article 3, les membres du bureau sont désignés par l’assemblée générale du fokontany. Dans le cas ou le « coup bas » se manifeste, ces membres seront désignés par l’administration. Ce qui engendre des « suspicions légitimes » dans la conjoncture selon toujours les termes du journal. Au dernier moment du délai imparti, le Ministère de l’Intérieur et de l’Administration territoriale a fixé les bureaux au nombre de 16510 dont un surplus de 644 autres nouveaux. Par rapport à l’an 2000, l’augmentation est de l’ordre de 4,05%, et au journal spécifier l’ambiguïté de leurs implantations.

b- Observateurs et juges électoraux

Le CNE en tant que garant moral de l’authenticité du scrutin est le premier responsable de l’observation des élections, tandis que la HCC regroupe des magistrats qui trancheront sur les résultats officieux et, les zizanies post électorales. Cependant au fur et à mesure que la date du 16 décembre approche, des bouleversements allaient affecter ces deux institutions. Le secteur privé est invité à observer les prochaines élections. Bon nombre d’organisations non gouvernementales et des sociétés civiles se mobilisent pour cette tâche. C’est le cas de l’Andrimaso FFKM, le KMF/Cnoe, et la Justice et Paix tous agréés, qui se réunissent sous le nom de Consortium des observateurs électoraux. L’objectif est d’instaurer des élections justes, libres, transparentes, démocratiques, et crédibles. Mis en place dans le cadre d’une harmonisation des efforts d’actions pour une meilleure observation, le consortium se présente sous forme d’une alliance. Il veut parvenir à une couverture complète des bureaux de vote afin de publier les résultats réels sortis du scrutin avant la proclamation officielle par la HCC. Sur ce, son intervention ne se limite pas à la simple observation et au bon déroulement du scrutin, mais comprend également la publication des résultats reflétant le choix des citoyens et l’éducation civique de la population. Depuis le mois d’octobre, le

1 L’Express de Madagascar su 31 Octobre 2001, n°2026 64 consortium a reçu des aides venant de toute part. L’ambassade du Japon lui a octroyé une somme de 660195 de FF. Une autre somme de 98000$ de la part du gouvernement américain par l’intermédiaire de l’USAID/Pact Madagascar est mise à leur disposition, en vue de soutenir les travaux. Cependant, l’Union Européenne a refusé la demande d’aide financière sous prétexte que celle-là « a été trop tardive et faite par une entité dont l’existence légale n’était sans doute pas probante par l’administration européenne ». Elle « se réjouit de l’engagement des autorités malgaches à faire en sorte que les élections se déroulent suivant les procédures démocratiques ». Pour le journal, l’interpellation serait venue du candidat de l’Etat. Les résultats ne seraient qu’ « un coup bas pour les adversaires du candidat Ratsiraka (si) l’Union Européenne ne financera pas l’observation des élections» 1. La HCC n’est pas épargnée par ce coup de théâtre. De la convention du 31 octobre 1991, la conjoncture devait remanier la composition de la HCC en fonction des événements qui avaient eu cours à l’époque. L’opposition depuis un certain temps a lancé le débat pour la révision de la composition des membres de cette institution. Son motif est que la cour ne semble plus répondre à ses obligations d’impartialité dans le traitement des résultats des différentes élections des dernières années. Le Asa Vita Ifampitsarana estime que « les membres de la HCC ont été désignés conformément à l’esprit et aux dispositions de la convention du 31 octobre 91… Elle a perdu sa crédibilité après la proclamation des résultats des dernières élections législatives et communales »2. De son coté le pouvoir refuse le restructuration jusqu’à nouvel ordre en inférant que « …la constitution révisée prévoit la mise en place d’une nouvelle HCC, mais il est incontestable, en vertu du principe de l’Etat de droit que cette mise en place doit s’effectuer dans les conditions éditées par les dispositions constitutionnelles et, non en raison des circonstances particulières telle que en l’occurrence la tenue imminente des élections présidentielles….Pour cette raison, ajoutée comme critère la représentation des différentes composantes de la société politique, serait non seulement irréaliste, eu égard au nombre des partis politiques à Madagascar, mais surtout dénaturerait l’institution qui deviendrait en réalité une assemblée politique dont l’objectivité serait mise en doute à juste titre… ». Le journal doit y entendre la possibilité d’un changement dont la date reste pour le moment indéterminée. S’adressant à Ratsirahonana, Ratsiraka disait que la HCC n’est pas sa création mais celle de l’ancien Président par intérim de 1996 qui n’est autre que Norbert Lala Ratsirahonana. Revenant sur

1 L’Express de Madagascar du 24 novembre 2001 n°2046 2 L’Express de Madagascar du 17 octobre2001, n°2015 65 les faits, lors de la convention du 31 Octobre 1991, il a été décidé que la HCC compte 11 membres désignés par quota : 4 pour l’Amiral Ratsiraka, 3 pour le Professeur Zafy à la Haute Autorité de l’Etat, et 3 pour le chef de gouvernement Razanamasy. Ratsirahonana, parmi les quotas du professeur, est devenu Premier Ministre. Honoré Rakotomanana parmi le quota de l’Amiral rejoigne le tribunal international pour le Rwanda. Il reste 9 membres avec des changements de rapport de force depuis l’empêchement du professeur voté par l’Assemblée et entérinés par cette même HCC au profit de la primature. Et au journal de se demander si Ratsirahonana « n’a-t-il pas réfléchi sur les conséquences de sa décision ». Cependant au mois de novembre, le journal signale que sur un remaniement imminent au sein de la HCC « les rumeurs se font de plus en plus persistantes 1». Après l’adoption en conseil des ministres le 6 novembre, le vent du changement planait sur cette institution. Le même conseil vient de décider, lors de sa réunion du jeudi 22 novembre le renouvellement substantiel des membres de la plus haute juridiction. Seuls Georges Thomas Indrianjafy et Bethe Rabemahefa sont reconduits. Compte tenu des rapports de force au sein du parlement, la nouvelle formation apparaît « taillée sur mesure pour le pouvoir avant le scrutin présidentiel ». Dans ce contexte de tension commence à monter entre le soi disant « parti unique légal au pouvoir » et l’opposition disparate dont le maire de la capitale semble être le candidat « presque unique ». Les électeurs s’apprêtent à avancer devant les urnes pour déterminer l’avenir de la Nations.

2- Le scrutin du 16 Décembre 2001. a- La crainte d’une élection sans électeurs. La Une de l’Express de Madagascar du 5 Octobre 2001 n°2004 annonce que « Deux jours avant sa mort, Willy Léonard (Président national du parti Grad Iloafo) s’inquiétait d’une élection sans électeurs ». Le fait de mettre comme grand titre un tel écrit et, de le détailler sur des pages reflète du moins l’intérêt du rédacteur en chef sur cet article, pour ne pas dire que l’équipe du journal s’attache à cette idée. L’article s’appuie sur des nombreux exemples depuis 1990 à 1994, considérés comme « les années fondatrices de la démocratie en Afrique ». Les élections durant ces années ont été caractérisées par leurs qualités remarquables qu’il s’agisse de l’organisation, l’administration des opérations électorales et de la gestion des conflits post-électoraux. Cependant, quatre tendances lourdes de conséquences se dessinent depuis la fin de ces périodes :

1 L’Express de Madagascar du 23 Novembre 2001 n°2045. 66

• Dégradation dramatique de la qualité des élections : les expériences contestées du Cameroun et du Ghana montrent que la qualité et l’administration de l’organisation constituent une variable déterminante dans le succès des opérations électorales. • Boycott actif ou passif des élections qui contribuent à la dégradation de l’expression libre du suffrage et de la qualité des scrutins. Il laisse présager une aggravation des conflits post électoraux. • Division de l’opposition : partout, le boycott des élections ne constitue qu’une preuve par défaut de l’union de l’opposition, un paravent trompeur et purement circonstanciel relatant ses divisions internes. • Importance de l’assistance électorale externe : les budgets consacrés aux élections depuis 1990 sont faramineux. L’assistance externe est donc devenue indispensable. Par sa nature financière et/ou technique, le nombre des organismes internationaux ou non gouvernementaux atteste cette situation. Cette assistance, surtout nord-américaine implique la programmation de sa mise en œuvre. Elle a fait la différence, lors des élections fondatrices : forte corrélation entre le niveau de régularité et de transparence des scrutins et le niveau élevé d’assistance externe. L’auteur termine que « les élections jusqu’à présent ont juste permis aux dirigeants en place de se succéder démocratiquement eux-mêmes ». Curieusement à aucun moment il n’est fait référence ou mention de Madagascar et de la vie politique du pays. Mais tout contribue à démontrer, nombreux exemples à l’appui que Madagascar n’échappe pas aux « désenchantements démocratique des masses qui n’est pas lié au seul fait que la démocratie ne tient pas ses promesses ou ne fait pas bouillir mieux la marmite ».

b- Vers une tendance au coude à coude

La première élection à suffrage universel direct à Madagascar a eu lieu le 30 mars 1965. Philibert Tsiranana a obtenu 2 451 441 des voix soit 97%, Joseph Raseta 54 814 et Alfred Razafiarisoa 812. Le 30 janvier 1972, son mandat arrive à son terme normal. Il est réélu à sa troisième propre succession avec 99,72% des voix. Dans la Capitale il a eu 95,44%. Il est évacué du pouvoir par la rue de cette même Capitale. Le 21 décembre 1975 dans une sorte de « pack révolutionnaire » la Constitution de la IIème République Démocratique et le Président 67 qui va avec : le Capitaine de Frégate Didier Ratsiraka ; est élu avec un score de 94,66%. Le 7 novembre 1982, il est réélu avec à 72% mais la grosse surprise qui tournera à la déconvenue pour lui est la performance de 49,23% de Monja Jaona dans la Capitale. Le 12 mars 1989, il est réélu à sa propre succession à 62,62% dans tout Madagascar et à 58,08% à Tananarive. Ce troisième mandat sera écourté par la rue.

T ABLEAU 7 RÉSULTAT DES PRÉSIDENTIELLES À 2 TOURS À MADAGASCAR DEPUIS 1992

Dates des élections Ratsiraka Didier (%) Zafy Albert (%) Les autres candidats (%) Total 25 novembre 1992 29,27 45,14 25,59 100 10 février 1993 33,26 66,74 0 100 3 novembre 1996 36,61 23,39 40,00 100 29 décembre 1996 50,71 49,29 0 100 Source : Auteur (Septembre 2006)

Fin 1992, l’élection présidentielle qui suit la proclamation de la troisième République sera le premier à deux tours de l’histoire politique du pays. Au premier tour du 25 novembre, Didier Ratsiraka obtient 29,27% et Zafy Albert 45,14%. Au second tour du 10 février 1993, Ratsiraka s’incline avec un score de 33, 26% devant le Professeur à 66,74%. A l’élection du 3 novembre 1996, Ratsiraka Didier retourne en force et mène à 36,61% contre 23,39% pour Zafy et 15,13% pour Herizo Razafimahaleo. Le second tour du 29 décembre donne Ratsiraka gagnant de justesse avec 50,71% contre 49,29% pour Zafy

Figure 6 Représentation graphique de l’évolution des suffrages obtenus par les candidats Ravalomanana et Ratsiraka

90 80 70 60 50 RAVALO (%) 40 RATSIRAKA (%) 30 20 10 1 1 1 1 1 1 1 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2 2 2 2 2 2 2 2 2 e e e e e e e e re r r r r r r r r b b b b b b b b b m m m m m m m m m c c c c c c c c c e e e e e e e e e d d d d d d d d d 7 8 9 0 1 2 4 6 7 1 1 1 2 2 2 2 2 2 68

Source : L’auteur. D’après les chiffres émanant du ministère de l’intérieur (Microsoft excel)

Le 16 décembre 2001, les tendances coude à coude dans les grandes villes entre le Maire candidat et l’Amiral font surface. A Diego, il devance de justesse Ratsiraka. A Tuléar, il mène en tête provisoirement. Ravalomanana domine largement chez lui. A Fianarantsoa, Ravalomanana a de très forte tendance. C’est dans la Capitale que s’enregistre la participation la plus élevée en raison d’un double réflexe en faveur du candidat local : religion et ethnie. A Toamasina, Ratsiraka, natif de la région, mène au point.

Cependant, l’Histoire électorale du pays selon le journal tend à démontrer que les résultats obtenus dans les villes ne garantissent pas forcément une victoire finale au niveau national pour deux raisons : la population électorale rurale représente 79,09% du nombre total des inscrits, et les « électeurs des champs »votent généralement en plus grand nombre que ceux des centres urbains.

B- Les résultats 1- Une querelle de chiffres. Trois résultats différents ressortent du scrutin présidentiel du 16 Décembre, émanant du Ministère de l’Intérieur, du KMMR1 et du Consortium des observateurs des élections.

a- Les résultats officieux de la Coupole

Depuis la période de pré-campagne, le Maire candidat s’avère l’adversaire premier du Président sortant. La tendance se confirme durant les temps de la propagande électorale. Sans minimiser les quatre autres candidats dont la somme des scores dépasse à peine les 10 %, et pour faciliter l’analyse des événements, nous avons recueilli seulement les scores des deux « rivaux » dans la figure n°7. Sur la base des chiffres provenant du Ministère de l’Intérieur au lendemain du jour de scrutin, Marc Ravalomanana mène largement avec 83,35% des suffrages exprimés, contre 16,65% pour son challenger. Au fur et à mesure que le nombre de bureau de vote augmente, l’inversion du chiffre se constate du 17 au 27 décembre. Didier Ratsiraka récupère ce que son « adversaire » perd jusqu’à un score serré de 46,40% contre

1 Komity Manohana an’i Marc Ravalomanana : Comité de Soutien Pour Marc Ravalomanana 69

40,60%. Au vu de ces résultats, les votes des zones difficiles d’accès ont en grande partie profitée au Président sortant. Pour le journal, la dégradation du score de Ravalomanana est due à l’arrivée des résultats des votes ruraux qui seraient donc plus favorables à l’Amiral. Dans la logique de ces chiffres, comme l’avait pressenti le journal trois mois avant le 16 décembre, « le second tour se disputerait entre Marc Ravalomanana et Didier Ratsiraka1 » Pour la presse pro Ravalomanana, l’évolution fulgurante des chiffres de la coupole n’est pas conforme à la logique dans la mesure où de 65% le lundi matin, le score de Marc Ravalomanana passe à 50,3% dans la soirée du mardi, soit une diminution de 25 points tandis que celui de Didier Ratsiraka va de 20 à 38%, soit une augmentation de 18 points2. Son point de vue et celui du Consortium sont différents de ce premier.

b- Les résultats du KMMR et du Consortium

Les résultats que se réclament le candidat Ravalomanana et ses partisans peu après les élections concernent 15417 bureaux de votes sur un total de 16510 .Pour parer aux éventuelles fraudes, le KMMR a déjà pris soin de collecter le plus de procès verbaux possibles. Des gros moyens sont déployés dans ce sens. Hélicoptères, 4x4, bicyclettes, motos, voitures légères sont mis à contribution pour collecter les données auprès des délégués éparpillés sur toute l’étendue du territoire. Selon Norbert Ratsirahonana, un de ses dirigeants, « le KMMR est actuellement sur un champ de bataille »3. Son arme principale face à l’administration est constituée des procès verbaux et des résultats qu’il publie. Ces derniers sont d’ailleurs différents de ceux du ministère de l’intérieur. L’Express de Madagascar explique d’abord cette différence par le fait que les résultats parvenus auprès des deux quartiers généraux ne proviennent pas forcément des mêmes localités, d’où l’impossibilité d’une coïncidence des résultats. Mais, au fur et à mesure que ces derniers arrivent, le score de Marc Ravalomanana sur le tableau de la Coupole ne cesse de descendre, tandis que sur celui du Magro, le quartier général du Kmmr , son score est arrêté à près de 53%.

T ABLEAU 8 L ES VOIX OBTENUS PAR MARC RAVALOMANANA SELON LE KMMR

1 L’Express de Madagascar du 27 septembre 2001, n°1995 2 Madagascar Tribune du 19 décembre 2001, n°3935 3 Midi Madagasikara du 19 décembre 2001, n°5583 70

Provinces Inscrits S.E % de la part. Nombre de % voix Ravalomanana

Antananarivo 2 265 242 1 608 453 71,01 1 027 535 63,88

Diégo 481,363 338715 70,37 129 489 38,23

Fianarantsoa 1 015 259 777637 76,59 402 393 51,75

Mahajanga 725 511 478 840 63,62 256 561 53,58

Tamatave 1 122 929 734 790 65,44 253 936 34,56

Tuléar 721 480 426 760 59,15 206 557 48,40

National 6 358 784 4 365 195 68,65 2 276 471 52,15

Source : YAMAL (Dan) « L’éveil d’un peuple ». Antananarivo, 2002, MAPOM, 361p

La confusion est totale chez les électeurs. Les résultats des observateurs sont attendus avec impatience d’autant que le consortium des observateurs a fait part de sa volonté de publier ces derniers avant la HCC.

Ayant des difficultés à collecter les procès-verbaux auprès de tous ses délégués, le Consortium ne dispose encore que de 10% des résultats 4 jours après le scrutin. Pour expliquer son retard dans la publication des résultats, il précise que, contrairement au Ministère de l’Intérieur qui publie les chiffres à partir des messages radio ou BLU, il travaille avec des PV en bonne et due forme dans leur traitement1. Ses premiers résultats, recueillis dans 5320 bureaux de votes dont 74,83% sont sis dans la province d’Antananarivo2, donnent 75,10% des voix à Marc Ravalomanana contre 20,04% pour le président sortant. Dans son quatrième communiqué, il publie les résultats de 10.960 bureaux de vote. Ces derniers donnent à Ravalomanana 50,22% des suffrages exprimés contre 37,93% à son poursuivant immédiat. Selon L’Express, ces résultats rapprochent le Maire de la Capitale d’un second tour. En effet, puisqu’il reste encore près de 6.000 procès verbaux, dont la plupart se trouvent dans des régions favorables au président sortant, il faut s’attendre à ce que le score du candidat du KMMR passe sous la barre des 50%. Et au journal d’ajouter que « si les résultats du Consortium se rapprochent de ceux du Ministère de l’Intérieur et font passer l’adversaire

1 Troisième communiqué du Consortium des observateurs, 30 décembre 2001 2 Deuxième communiqué du Consortium des observateurs 71 de Didier Ratsiraka sous la barre des 50%, on saura alors de façon lumineuse qui, avec un score bloqué à 53% aura tenté de faire de l’esbroufe électorale une nouvelle forme de politique et de débat démocratique »1. Mais les résultats du Consortium n’ont pas l’occasion de se rapprocher de ceux de la Coupole. Moins d’une semaine plus tard, il arrête la publication de ses résultats alors qu’il reste encore plus de 4.000 bureaux de vote à couvrir. Le dernier tableau affiche une légère avancée de Marc Ravalomanana qui est crédité de 50,49%, et un recul de Didier Ratsiraka qui passe de 37,93% à 37,68%. Dans son communiqué accompagnant ces derniers résultats, le trio KMF/CNOE, Andrimaso FFKM et Justice et Paix déclare que « le candidat Marc Ravalomanana mène au premier tour suivi du candidat Didier Ratsiraka ». Il précise en outre qu’il ne pense plus recevoir de documents susceptibles de modifier ces chiffres. Une projection de ces résultats faite par un lecteur de l’Express de Madagascar sur la base d’une méthode statistique proposée par Tovonanahary Rabetsitonta, un autre dirigeant du KMMR, démontre pourtant la nécessité d’un second tour2. Ce que le Consortium ensuite confirme dans son onzième communiqué lorsqu’il écrit que « pour ce qui est des chiffres, les écarts de voix ne sont pas énormes »3, ce qui sous-entendrait la possibilité d’un second tour ainsi que prévu par les résultats de la Coupole. Mais malgré ce communiqué, le KMMR persiste et signe quant à la victoire au premier tour de son candidat. Les résultats du FFKM, publiés par l’Express, qui donnent 51,10% à Marc Ravalomanana contre 37,34% à Didier Ratsiraka sur les 3.369.789 suffrages exprimés dans 11.799 bureaux de vote sont tout aussi considérés par le KMMR comme favorables à leur « cause ».

L’existence de cette discordance fait peser « de sérieuses suspicions sur la véracité des résultats publiés par le Ministère de l’Intérieur 4». Celui du KMMR aussi est considéré comme un résultat qui manque d’impartialité vu les sources partisanes de leurs documents. Seule une confrontation des procès verbaux permet de vérifier si les résultats officieux reflètent le vrai choix du peuple. Mais dans un camp comme dans un autre, les contestations gagnent du terrain.

2- Les contestations des résultats officieux.

a- Recours et plaintes

1 L’Express de Madagascar du 3 janvier 2002, n°2078 2 L’Express de Madagascar du 11 janvier 2002, n°2085 3 Onzième communiqué du Consortium des observateurs, 12 février 2002 4 Note de Norbert Lala Ratsirahonana in Mathilde RABARY., 2002- S.O.S aux victimes de non droit,...... plus jamais ça. Antananarivo, Madagascar Tome III 493p 72

Dès le lendemain du jour du scrutin, les contestations des résultats montent. Elles proviennent aussi bien du comité de soutien de Marc Ravalomanana et des observateurs que du comité électoral du Président sortant.

La première offensive vient du comité de soutien de Didier Ratsiraka. Ce dernier, au cours de sa première conférence de presse post-électorale soulève les irrégularités qui auraient eu lieu dans la capitale1. 2.000 requêtes sont ainsi déposées auprès de la Haute Cour Constitutionnelle. Et le KMDR de révéler pour étayer sa thèse que dans de nombreux bureaux de vote, le nombre des enveloppes dans les urnes a souvent été supérieur à celui des votants et que les ordonnances ont été anormalement élevées2. Par ailleurs, d’autres preuves de truquage de listes électorales sont publiées dans la presse sous forme d’un communiqué. Sont soulevés sur quatre pages d’insertion, par les partisans de Didier Ratsiraka, des noms d’électeurs qui reviennent plus d’une fois avec des numéros de cartes d’électeurs et/ou de cartes d’identité différents, ou des électeurs qui sont tout simplement rayés de la liste. Pour les partisans de Marc Ravalomanana, ces requêtes ne sont déposées que dans le but manifeste de faire annuler une grande partie des votes émis par les électeurs de la capitale3. L’annulation des suffrages de la population tananarivienne, en effet, peut avoir une incidence sur le score de son adversaire qui y a enregistré ses meilleurs résultats.

Sur cette question d’irrégularités constatées dans la capitale, notamment au niveau des listes électorales, les deux camps se renvoient la balle : pour le KMDR, la confection des listes relève des présidents de fokontany qui sont tous sous la responsabilité du Maire. Pour le KMMR, la faute revient à l’administration qui est chargée de l’organisation du scrutin. C’est pourquoi la presse pro-Ravalomanana trouve inconvenante la critique des irrégularités faite par le camp Ratsiraka dans la mesure où cette dernière, « jusqu’à preuve du contraire reste sous la coupe du régime Ratsiraka »4.

De son côté, le KMMR, réclame la disqualification du président sortant. Principal motif évoqué, les propos tenus par le président sortant à la sortie du bureau de vote qui pourront être assimilés à de la propagande5 alors que la campagne électorale est close 24 heures avant l’ouverture du scrutin. En effet, interrogé par les journalistes après avoir voté, Didier Ratsiraka a déclaré que s’il n’était pas élu, il y aurait une instabilité dans le pays dans

1 Midi Madagasikara du 18 décembre 2001, n°5582 2 L’Express de Madagascar du 7 janvier 2002, n°2081 3 Midi Madagasikara du 29 décembre 2001, n°5598 4 Midi Madagasikara du 18 décembre 2001, n°5582 5 L’Express de Madagascar du 19 décembre 2001, n°2067 73 la mesure où aucun des candidats ne dispose de la majorité au sein des diverses assemblées territoriales du pays. Pour le KMMR, il ne s’agit rien moins que d’une menace de trouble et d’instabilité si les électeurs ne votaient pas pour lui1. Mais d’autres griefs vont s’y ajouter, tels que la propagande avant la lettre au cours de l’inauguration de l’aérodrome de Morondava, l’utilisation des fonctionnaires de l’Etat et des biens de l’administration, l’apposition de l’affiche géante sur le mur de l’immeuble de la SOLIMA à Ampefiloha, la conférence de presse d’une heure retransmise sur les chaînes nationales qui ont privé les autres candidats du temps d’antenne qui leur est réservé. La même requête est déposée par les observateurs, tels les membres du Consortium et le Comité de coordination des observateurs.

Mais outre ces réclamations relatives à l’irrégularité du scrutin, la principale revendication du KMMR, appuyée par les observateurs et certains partis politiques, porte sur la confrontation des procès verbaux.

b - Demande de confrontation des procès verbaux

Au fur et à mesure que les résultats parviennent à la Coupole, le score de Marc Ravalomanana s’effrite pour arriver à moins de 47%. Son comité de soutien crie à la manipulation des résultats par le camp adverse dans le but de renverser la tendance en faveur de son candidat, et « pourquoi pas le faire gagner au premier tour2 ». Mais aux chiffres qualifiés de « fantaisistes » par Madagascar Tribune, le KMMR va opposer ses résultats, traités à partir des procès verbaux recueillis dans chaque bureau de vote et qui donnent Marc Ravalomanana victorieux dès le premier tour. Les résultats publiés par le Consortium des observateurs et par le FFKM qui se sont arrêtés en donnant au Maire de la capitale plus de 50% des suffrages exprimés sont d’ailleurs considérés par le KMMR comme autant de preuves de la mauvaise foi du régime. La guerre des chiffres est lancée. Les uns, en l’occurrence le camp Ravalomanana et les observateurs, réclament qu’il soit procédé à leur confrontation, tandis que les autres arguent de l’illégalité d’une telle procédure et de l’impossibilité matérielle de sa réalisation. Pour l’Express de Madagascar, bien que la mesure

1 Arrêt n°01- HCC/AR du 25 janvier 2002 portant proclamation officielle des résultats du scrutin du 16 décembre 2001 pour l'élection du Président de la République 2 Madagascar Tribune du 19 décembre 2001, n°3935 74 soit illégale, il peut y être procédé pour désamorcer la crise. Mamy Nohatrarivo propose une solution en ce sens : la confrontation des procès verbaux. Proposition retenue par la HCC mais qui au final ne sera pas mise en œuvre.

CHAPITRE II : L’EXPRESS DE MADAGASCAR, TEMOIN D’UNE CRISE ENCHAINEE

I- DE LA CRISE POLITIQUE A LA CRISE SOCIO-ECONOMIQUE

A- Une crise politique

La HCC envisage un second tour des élections présidentielles. Donnant leur candidat gagnant dès le premier tour, la foule du 13 mai et les alliées de Marc Ravalomanana refusent la décision. Il, s’engage à prendre le pouvoir le 22 février, après maintes hésitations sur la base des résultats recueillis par le KMMR. De l’autre coté, la réaction se précipite. La capitale, est désormais épargnée sans recours à la force après la première embuscade du 7 janvier. Dans les autres provinces, les forces de l’ordre sont particulièrement actives. Les différentes forces nationales et internationales ont menées des tentatives de médiations sans succès. La convention signée en province sénégalaise re-ouvre la porte de dialogue.

1- De la contestation à l «’autoproclam ation »

Les partisans de Marc Ravalomanana rétorquent massivement à l’appel de grève générale lancé par ce dernier pour exprimer leur refus de la décision de la Haute Cour mettant les deux candidats face-à-face pour le second tour d’une élection fortement entachée de suspicion. La machine administrative est paralysée, la Banque centrale fermée, des comités de vigilance s’installent un peu partout dans la ville. De leur côté les partisans de Didier Ratsiraka contre-attaquent en procédant au blocus de la capitale. Dans chacun des deux camps, l’entêtement est de règle. Le KMMR-KMSB1 monte les enchères et décide de procéder à l’investiture de « leur » président. 1 Komity Manohana ny Safidim-Bahoaka, allié du candidat Ravalomanana 75

a- Le pouvoir à la rue

Les mouvements populaires déclenchés dès le début du mois de janvier s’intensifient. L’Express de Madagascar a toujours manifesté sa désapprobation sur le procédé de la contestation. Il insiste à plusieurs reprises sur l’illégalité du mouvement et ne cesse de donner l’alerte sur les conséquences néfastes qu’il aura sur l’économie du pays.

La riposte ne se fait pas attendre du côté du régime. Le recours à l’intervention militaire après « la grave escalade de la violence »1 du 7 janvier dans la capitale, où « les unités de maintien de l’ordre n’étaient pas apparues sous leur meilleur jour »2 en opérant un repli est exclu. Faute de pouvoir rétablir « l’ordre » dans la capitale, et face à l’ampleur du mouvement de contestation, certaines personnalités proches du pouvoir, ainsi que le révèle le journal, donnent l’ordre d’ériger des barrages au niveau des routes nationales. Cette réponse, classique afin de « priver la capitale de tout approvisionnement aussi bien en carburants qu’en autres produits dont elle peut avoir besoin », profite pourtant à Marc Ravalomanana, annonce l’Express de Madagascar3. Avec l’embargo de la capitale et les engourdissements en carburant, la grève ne peut que se généraliser, ce qui ferait l’affaire du Maire. Par ailleurs, la paralysie ne se limiterait plus à la capitale mais s’étendrait à toutes les provinces, ce que d’ailleurs, toujours selon le journal recherche l’opposition.

La victoire au premier tour et le refus du second sont scandés sur la place du 13 mai. Cependant, ajoute le journal, le mot d’ordre « la victoire au premier tour » de la foule du 13 mai ne cache pas des indicateurs de « oui au deuxième tour mais … » de la tribune officielle4. L’équipe administrative du mouvement, en effet, malgré les banderoles refusant cette alternative, n’a jamais caché sa volonté d’aller au second tour à condition toutefois que confrontation des procès verbaux ait lieu. Nous avons relevé quelques indices de cette volonté. La demande de report de la date du second tour aux motifs que la situation politique du pays n’est pas propice à l’organisation d’une consultation populaire est comme une volonté manifeste d’aller au second tour5. Le journal ne manque d’ailleurs pas de relever l’interview accordée par le maire de la capitale au journal catholique « La Croix » et dans laquelle il annonce son acceptation du second tour.

1 L’Express de Madagascar du 8 janvier 2002 n°2082 2 L’Express de Madagascar du 9 janvier 2002, n°2083 3 L’Express de Madagascar du 11 février 2002, n°2111 4 L’Express de Madagascar du 8 février 2002, n°2109 5 L’Express de Madagascar du 18 février 2002, n°2117 76

Mais si le régime n’est pas contre l’idée d’un report, il ne cède pas sur la question de la confrontation des procès verbaux. Selon l’Express de Madagascar, la décision de la HCC de « refiler la patate chaude de la confrontation des procès-verbaux au CNE » n’aurait pas été du goût du gouvernement, qui affirme son intransigeance sur la question. Ainsi, le camp Ratsiraka entre en campagne en attendant que Marc Ravalomanana adresse une demande officielle de report de la date du second tour, et alors que l’avenue de l’indépendance n’évacue pas et, que les banques soient fermées. Une campagne qui, selon l’Express de Madagascar, aurait déjà commencé alors que les résultats du premier tour n’ont pas encore été officiellement proclamés. Preuve, les affiches placardées sur les panneaux géants louant les mérites et les performances du régime, stratégies déjà utilisées au cours de la campagne pour le premier tour.

Et c’est dans une telle atmosphère de tension et de dialogue de sourds que le camp Ravalomanana augmente les enchères en procédant à l’investiture de son président. Une investiture vite qualifiée par la presse internationale d’ « autoproclamation. »

b- La première investiture ou l’ « autoproclamation »

Le 20 février, les staffs du camp Ravalomanana débattaient l’idée de prendre le pouvoir et portaient la décision devant la foule du 13 mai. Cependant le maire de la capitale pris en otage par la foule ne peut qu’avancer. Les candidats malheureux représentés par le professeur Zafy Albert tentent vainement de calmer la place .Le 22 février 2002, ce que le journal avait craint depuis le Noël de la victoire organisée par le KMMR, arrive. Marc Ravalomanana s’autoproclame Président de la République. En décembre déjà, lorsque le KMMR décide de tenir une manifestation populaire sur le stade de Mahamasina, l’Express de Madagascar s’inquiète d’un coup d’état1. Pour le journal, la proclamation des résultats par une entité autre que la HCC n’est rien moins qu’une autoproclamation ou un coup d’état. Cette idée est déjà dans l’air du côté des partisans de Marc Ravalomanana. Mais selon Tovonanahary Rabetsitonta, « Marc Ravalomanana (qui) pourrait, s’il le veut, se faire proclamer aujourd’hui même président de la République à la demande et sous la pression

1 L’Express de Madagascar du 20 décembre 2001, n°2068 77 populaire (…) voudrait épuiser toutes les voies avant d’envisager cette autoproclamation »1. Ainsi, dans cette déclaration, un des dirigeants du KMMR pense que quand bien même la prise de pouvoir serait-elle due à la forte pression populaire, l’investiture, à partir du moment où elle n’a pas reçu l’aval de la Haute Cour constitue une autoproclamation. Maître Francisque Ravony, dans une émission diffusée sur MBS parle, lui, d’une insurrection. Ce terme, largement utilisé par la presse internationale pour désigner celui qui « serait » le nouveau Président de la République de Madagascar est cependant rejeté par les partisans de Ravalomanana. A l’instar de la Lettre mensuelle de Jureco, nombre d’entre eux se demandent « pourquoi les chancelleries et les média occidentaux traitent Monsieur Ravalomanana d’autoproclamé, un terme plus que péjorant dans la mesure où ce n’est pas lui qui a dit « je me proclame président de la République ! », mais plutôt le peuple qui a exigé son adoubement »2. Pour eux, malgré une affirmation contraire antérieure, Ravalomanana ne s’est donc pas autoproclamé, c’est le peuple qui l’a investi dans ses fonctions. Quelque soit le terme utilisé pour qualifier cette investiture, pour le journal les partisans de Marc Ravalomanana versent une fois de plus dans l’illégalité et cette fois-ci constitutionnelle.

En riposte à l’investiture qualifiée d’ « exceptionnelle » et de « surréaliste »3 par le journal, en raison d’une prestation de serment sur la Bible et non sur la Constitution comme le voudrait la tradition républicaine malgache, le régime établit l’état de nécessité nationale sur l’ensemble du territoire, puis la loi martiale dans la capitale au début du mois de mars. Aucune de ces mesures restrictives n’empêchent la prise des Ministères par les partisans de Ravalomanana. Une autre stratégie est alors adoptée par le régime : la proclamation de Toamasina capitale économique de Madagascar par les gouverneurs des cinq autres provinces. A son tour, le camp qui s’est toujours réclamé de la légalité écrase au pied la Constitution. L’Express de Madagascar crie à la violation de la législation. Et en citant toutes les mesures tout aussi illégales les unes que les autres et l’incapacité du gouvernement qui se dit « légal » à gouverner, et à faire respecter les lois, le journal déclare que « à bien y réfléchir, on s’en passerait volontiers »4. La rupture avec le camp Ratsiraka est définitivement consommée.

Les médiations initiées de tous bords dans le pays ne réussissent pas à dénouer la crise. Il a fallu que les deux principaux protagonistes se déplacent à Dakar pour qu’un accord soit trouvé. 1 Midi Madagasikara du 6 février 2002, n°5623 2 Lettre mensuelle de Jureco du 4 mars 2002 3 L’Express de Madagascar du 23 février 2002 4 L’Express de Madagascar du 26 mars 2002, n°2148 78

2- Le point d’équilibre précaire

Le point de non retour est franchi. Le camp de Ravalomanana s’est déversé dans l’illégalité mais légitime par le biais de l ’ « autoproclamation1.». Les partisans de Didier Ratsiraka emboîte le pas en érigeant Tamatave comme capitale économique de Madagascar. Différentes médiations infructueuses ont été entretenues depuis le mois de février tandis que le pays est en vide de pouvoir.

a- Les infructueuses tentatives de médiations

Aussi bien internes qu’externes, les essais de rapprochement entre les deux protagonistes de la crise malgache n’ont pas réussi à empêcher Ravalomanana Marc de prendre le pouvoir.

La Fédération des Eglises Chrétiennes de Madagascar a essayé à trois reprises. Une première fois, les représentants du camp de Ratsiraka n’étaient pas venus. Une deuxième fois, deux personnalités du même camp sont venus mais à titre individuel et dans un cadre informel : le Vice Premier Ministre chargé du Budget et le Secrétaire de la Primature. La troisième rencontre devait être la suite de la seconde dans un cadre formel avec des envoyés dûment mandatés par les deux camps. Malheureusement, aucun représentant du candidat Ratsiraka n’était pas venu participer à la réunion. Les quatre candidats malheureux ont appelé les deux rivaux électoraux pour la table de la négociation sans suite intéressante.

Deux tentatives de médiations ont été effectuées sous l’égide des organisations internationales : l’Association Interparlementaire Francophone et l’OUA. La première n’a pas réussi à nouer le dialogue. Sous l’auspice du Secrétaire Général de l’OUA, M. Amara Essy, la seconde s’annonce prometteuse : « En vue du second tour, les rivaux électoraux assis à la même table 2». Le SG de l’OUA a proposé un comité paritaire composé de 5 membres de part et d’autre. Du 13 au 19 février, a été convenu l’examen de l’ordre du jour suivant :

Examens des questions sur lesquelles il y a eu accord de principe lors de la rencontre entre les deux protagonistes : envoi des observateurs internationaux, report du deuxième tour

1 YAMAL (Dan) « L’éveil d’un peuple ». Antananarivo, 2002, MAPOM, 361p

2 L’Express de Madagascar du 15 février 2002, n°2115 79 du scrutin présidentiel, réaménagement du Conseil National Electoral, engagement à ne pas prendre des sanctions contre les grévistes.

Examens des questions qui n’ont pas fait l’objet accord de principe et qui ont été proposé par la délégation du Maire candidat : confrontation des procès verbaux électoraux du 16 décembre 2001, formation d’un gouvernement de consensus, réaménagement des membres de la HCC

Pour le second groupe de questions, selon le journal, « Ravalomanana fait de la confrontation des procès verbaux une condition pour négocier 1». Durant cette semaine de controverse à l’Hilton Madagascar, le dirigeant de la réunion se prononce optimiste en déclarant à la presse que «les ponts de sortie de la crise ne sont pas coupés2 ». Cependant le journal présage un climat nébuleux constatant que « le ton monte dans chaque camp et la tension dans le pays3 ». Le dialogue post-électoral n’a pas abouti à ses fins et demande une seconde rencontre. A cela, le journal se montre pessimiste « second tour inutile, Ravalomanana prendra le pouvoir dès vendredi ». La porte de la conversation se referme. Madagascar a désormais deux présidents, deux gouvernements, deux capitales, deux autorités provinciales. La crise ne fait que s’amplifier pour deux mois.

b- Le vide du pouvoir

C’est l’expression que Vanf a utilisé pour illustrer le pouvoir restreint du Maire dans la capitale et la maîtrise de Ratsiraka des 5 autres provinces.

Didier Ratsiraka ne maîtrise plus rien de la ville de Tananarive, et la population de la capitale le rejette au profit de son challenger. Depuis son retour du « traversé du désert », l’Arema est victime d’une lente et inexorable érosion de son assise politique dans la Capitale : au deuxième tour des présidentielles du 29 décembre 1996, il a eu 47,57%, le referendum du 15 mars 1998, il a eu 14 ; 15%, et 8,20% pour la municipalité du 14 novembre 1999, 16,65% pour le 16 décembre 2001. Les fonctionnaires se sont mis en grève à l’appel du Maire de la capitale. L’opération ville morte de la journée du 5 février, comme « un jour du seigneur en pleine semaine4 » a été largement suivie à Tananarive. Les Ministres du

1 L’Express de Madagascar du 12 février 2002, n°2112 2 L’Express de Madagascar du 14 février 2002, n°2114 3 L’Express de Madagascar du 19 Février 2002 n°2119 4 L’Express de Madagascar du 6 février 2002 n°2107 80 gouvernement « légal » doivent déserter les Ministères que vient tranquillement occuper le gouvernement « légitime ». Les militaires demeurent spectateurs. Les policiers se font désarmer aux barrages populaires. Les medias publiques n’émettent plus, isolant complètement les tenants du régime, et ne reconnaît que les Ministres du Gouvernement « légitime ». Le gouverneur militaire ne dispose d’aucun moyen de large diffusion prévue par l’ordonnance 62 - 041. La loi martiale n’existe que sur un papier signé à Iavoloha, et dont l’application reste nulle.

Marc Ravalomanana ne maîtrise pas encore les autres provinces. Il lui reste à gagner leur cause. Pour le journal, malgré ces démonstrations de force, le Maire candidat demeure « impuissant au delà des frontières psychologiques de l’Imerina1». Si ce n’était pas le cas, « ….jamais aucune attaque n’aurait visé les Merina de Nosy-Be, les barrages de Brickaville seraient depuis longtemps levés, le Lieutenant-colonel Coutiti déjà traduit devant un tribunal militaire ».

Dans ce statu quo, selon le journal, Ratsiraka et Ravalomanana ne se disputaient pas; ce sont les intermédiaires qui s’insultaient. La solution passe toujours par le dialogue entre deux puissances qui s’annulent.

B- Les crises socio-économiques

Les premiers signes avant coureurs de la tension post-électorale remontent à la journée du 4 janvier 2002 : la manifestation du comité de soutien de Marc Ravalomanana sur la place du 13 mai. L’équipe éditoriale du journal craint le retour des déboires de 1991 « puisque tout indique que c’en est un « remake » qui se prépare 2». Depuis l’appel à la grève générale du 28 janvier, l’appareil étatique se paralyse petit à petit. Cette mort lente est due directement au blocus de la capitale et a entraîné par la suite l’escalade de la violence.

1- Le blocus de la Capitale

En contre partie de la grève générale entretenue par les partisans de Ravalomanana, les affiliés de l’autre camp ont dressé le premier barrage anti-économique sur les routes nationales menant à Tananarive. Les répercussions économiques en sont lourdes.

1 L’Express de Madagascar du 5 mars 2002 n°2130 2Expression du 5 janvier 2002 n°2080 81

a- Les obstacles sur les principales routes nationales

Le 5 février, un groupement répondant au nom de ACEM édifie le premier blocage à Brickaville. Le barrage consiste à arrêter les ravitaillements de la Capitale en carburant et l’approvisionnement en produit de première nécessité. En riposte les partisans de Ravalomanana élèvent à leur tour la vigilance populaire et des genres de barrages qui visent à identifier les « intrus ».Sur les routes nationales jusqu’à la sortie de la crise, on comptait 48 barrages à différentes finalités1dont nous ne prendrons que les obstacles anti-économiques.

Après celui de Brickaville, un autre s’installe sur la RN 4 au niveau du pont de la Betsiboka empêchant touts trafics entre la ville des fleurs et la Capitale. Il y a aussi celui de Bevilany, à 167 Km nord-est de Tuléar pas loin de Sakaraha sur la RN7.

1 Nicolas PESLE., 2002- Neuf ponts dynamités…plus un. Mars- Juin 2002, Foi et Justice, 62p. 82

De mars en juin 2002, 10 ponts ont été dynamités et détruits dont voici la liste par ordre chronologique :

• Le pont de Fatihita sur la RN7 au point kilométrique 233 à 22 Km d’Ambositra le 29 mars

• Le pont de Mangoro sur la RN2 au PK 95 entre Anjiro et Moramanga le 13 avril

• Le pont d’Ambohimandroso sur la RN7 au PK 88 entre Ihazolava et Ambohimandroso le 16 avril

• Le pont d’Andranomaitso sur la RN25 au PK 83 entre Ifanadina et Irondro le 30 avril

• Le pont d’Amboasary sur la RN 7 au PK 35 à 5 Km au nord de Behenjy le 03 mai

• Le pont de Mamokomita sur la RN 4 au PK 202 entre Andriba et Mahatsinjo le 21 mai.

• Le pont de Zazafotsy sur la RN 7 au PK 564, juste au nord de village le 24 mai

• Le pont de Mahajamba au PK 35 au début de la RN6 depuis la RN4 le 4 juin

• Le pont d’Ampandra sur la RN7 entre Le col des Tapia et Sakaraha le 13 juin 83

Avec ces 10 ponts cassés et les barrages aux multiples intentions, le blocus d’Antananarivo et la cessation des systèmes de transports sont jurés. Les indicateurs économiques du tableau de bord sont en rouge.

b- Les indicateurs économiques en rouges

La crise socio-économique atteint son paroxysme. A Tananarive la vie micro économique connaît une lourde perturbation, tandis que dans touts les territoires malgaches, la vie quotidienne chamboulée, a atteint la côte d’alarme.

À partir de la grève général et de l’implantation du premier barrage de Brickaville, la vie économique du pays ralentit progressivement. Le mois d’avril s’avère le plus difficile. Les premiers effets sont tangibles dans la capitale. Rien ne va plus « L’usine textile d’Antsiranana ferme ses portes. ne sait plus à quel « pilote» obéir. Les transporteurs nationaux s’arrêtent et cessent de desservir les provinces1 ». Les zones franches mettent fin à leurs travaux. Les pénuries en PPN et en carburant frappent de plein fouet les citadins. La crise est totale.

La cessation d’activité de la COTONA est présentée comme un chômage technique dans la mesure ou la direction de l’entreprise a demandé au personnel de prendre leur congé réglementaire. Cet arrêt est essentiellement dû au fait que l’unité de production se trouvait à court de combustible : manque de fuel.

Bilan 4500 emplois vacants. Quand on sait que les professionnels du secteur multiplient par 8 les effets induits de l’industrie textile, on peut avancer plus de 30000 malgaches qui sont en passe d’être dénués de source de revenu du fait de cet arrêt de la chaîne de production. La Banque Mondiale estime que « la crise a suspendu ou supprimé 140000 emplois -chacun fait vivre en moyenne 5 personnes- notamment dans les entreprises de la zone franche industrielle2 ». 9 sur les entreprises étrangères qui opéraient à Madagascar dans la filière textile et de l’habillement indiquent qu’elles ont dû interrompre leurs activités pour diverses raisons entre autre la non disposition des matières premières et de combustibles, la difficulté de l’acheminent des produits finis et semi finis, le manque de commande, et les désordres politiques et sociaux.

1 L’Express de Madagascar du 4 avril 2002 n°2554 2 BLANC-PAMARD (Chantal) & RAKOTO RAMIARANTSOA (Hervé) « Madagascar sortie de crise ? » In L’Espace Géographique, 2003-2 pp185 84

L’association des transporteurs a décidé d’arrêter le travail. Elle se manifeste contre la vente illicite des carburants, la destruction des ponts et l’érection des barrages. Le gouvernement Tantely Andrianarivo ordonne au DG de l’Air Madagascar de cesser les services tandis que celui de Jaques Sylla nomme un autre homme à la tête de la compagnie. Dans la journée du 3 avril aucun vol n’a pas pu se faire suite à la suspension des assurances de vol. Total Madagascar Aviation ne pourra plus assurer le ravitaillement en carburant dans les provinces alors que le « gouvernement bis » exige la continuité du travail.

Quant à la pénurie, la raréfaction des PPN et des carburants renvoie les usagers aux marchés noirs où le litre de l’essence ordinaire s’achète à 40000fmg, au lieu de 5000fmg.

Constatant les dégâts incommensurables de l’économie en général et aux entreprises en particulier, le Groupement des Entreprises de Madagascar fait appel aux deux « rivaux électoraux » à trouver un consensus.

2- L’escalade de la violence

Tous les territoires de Madagascar ne sont pas épargnés des échauffourées perpétrées par la crise politique post-électorale. Cependant par rapport à la Capitale les autres provinces sont les plus touchées.

b- Les violences dans les provinces

Pendant que les discussions entre les deux protagonistes sous l’auspice du Secrétaire Général de l’OUA bat son plein, « de Toliara à Mahajanga, en passant par Fianarantsoa, les accrochages entre partisans rivaux se multiplient1 ». Dans la ville du sud ouest, des affrontements ont lieu le 18 février après midi entre les fédéralistes et les membres du KMMR. Des éléments des Kotavo, des fédéralistes ont brutalisé le pasteur du temple FJKM de Toliara. Les membres du KMMR ont très vite rappliqué sous les lieux et se sont affrontés contre les Kotavo.

Le 13 et le 14 avril, Fianarantsoa a été le théâtre de deux journées sanglantes. Dans le but de destituer de son poste le gouverneur Emilson du camp « Iavoloha »de l’Amiral et de mettre en place le PDS Pety Rakotoniaina du camp « Ambohitsorohitra »de Ravalomanana, des graves affrontements ont eu lieu sur les hauteurs d’Andohanatady. La logique du combat

1 L’Express de Madagascar du 19 février n°2119 85 a entraîné des éléments des forces de l’ordre, militaires, gendarmes et policiers contre leurs frères d’armes. Le lendemain tôt dans la matinée, les contacts continuent au niveau de deux barrages à l’entrée de la ville de Fianarantsoa. Des élèves de l’Ecole Nationale de Sous- Officiers d’Antsirabe, venus en renforts pour aider « le camp d’Iavoloha » sur ordre de l’Etat Major Mixte National ont été la cible des forces armées du camp « d’Ambohitsorohitra »1. Le bilan fait état de 20 morts et plus de 50 blessés.

b-Les brutalités dans la capitale

Le premier carambolage a eu lieu sur la place du 13 mai. Le 7 janvier, lorsque les membres du KMSB2 nouvellement organisé, et du KMMR le s’apprêtaient à occuper la place de l’indépendance. Les forces de l’ordre les y attendent, des armes à la main. Dans les principales villes des provinces où des manifestations identiques devaient se tenir, aucun débordement n’a été signalé. Les forces de l’ordre se servaient des grenades. Bilan un blessé grave et une détresse respiratoire de nourrisson à l’hôpital des enfants de Tsaralalàna. C’était la toute première.

Le 27 février, les partisans des deux camps ont pris la décision de faire une manifestation à Anosy. Des provocations venaient d’un camp comme d’un autre. Les affrontements prennent place entre les sympathisants de chaque coté comme le dit le journal « composés de ces même troupes de chocs recrutés parmi les déshérités de la cité ». Le coup a été violent. La brutale flambée de la violence de la matinée s’est ensuite poursuivie dans l’après midi sur les hauteurs d’Antananarivo avec l’incendie de la station Radio Tsioka Vao, pro-Ratsiraka. Le journal condamne cette mise à feu en disant qu’il serait prêt à « s’élever avec la même vigueur contre la destruction des stations radio appartenant à Ravalomanana3 ».

Les « trezemeiens » dirigés par les membres du « gouvernement bis » se ruaient le 15 mars 2002 pour prendre le palais de la primature sise à Mahazoarivo. Le palais a été fortement gardé : « des tireurs d’élites, un blindé, trois barrages militaires, depuis le carrefour de Fenomanana jusqu’aux environs du palais de Mahazoarivo ressemblant plus à une caserne

1 L’Express de Madagascar du 15 avril 2002 n°2163 2 Komity Manohana ny Safidim-Bahoka allié du Kmmr 3 Expression du 28 février 2002n°2126 86 qu’à un bureau administratif1 ». Après plus de deux heures de négociation avec les deux femmes fonctionnaires que Tantely Andrianarivo y a laissées, Jaques Sylla a été autorisé à franchir le portail sans accéder aux bureaux. La foule entraînée par des éléments surexcités perd patience et force les barrages militaires. Bilan : 43 blessés et 1 mort confirmé.

II- LE RENVERSEMENT DE LA VAPEUR

Le 9 avril 2002, l’Express de Madagascar livre que les recours contre le décret de nomination des membres de la HCC seraient jugés en audience publique. Le tribunal a eu lieu le 10 avril au sein de la Chambre administrative de la Cours Suprême. Le procès a été sous haute surveillance. Du coté plaidoirie, le journal relève que Maîtres André Randranto et Julien Andriamadison se sont relayés pour soutenir les bien fondés des requêtes présentés respectivement par Messieurs Marc Ravalomanana et Jean Michel Rasolonjatovo. De l’autre coté la représentation de l’Etat s’est illustrée par son absence. La dite Chambre a annulé le décret relatif à la nomination et la constatation et de désignation ou l’élection des membres de la HCC aménagée le 24 novembre 2001. Le juge administratif a déclaré après délibération que le décret n°2001-1080 du 22 novembre mis en cause est « annulé avec toutes conséquences de droit ». Par conséquent, l’ancienne Haute Cour présidée par Maître Boto Victor sera « ressuscitée ». C’est dans ce contexte que « les accords de Dakar » s’émergent.

A- « L’accord boiteux de Dakar »

Pour sortir de la crise, les organisations internationales ont organisé une rencontre « de l’ultime dernière chance2 »pour mettre les deux « rivaux » à la table de la négociation. Il s’agit de l’accord de Dakar du 18 avril. La convention trouve une issue mais des points restent à éclaircir. Dans un premier temps la convention entre les deux principaux acteurs de la crise faite à la Capitale sénégalaise est porteuse d’espoir. Cependant les non dits sont souvent source d’ennuis.

1- La lettre de Dakar

1 L’Express de Madagascar du 16 mars 2002 n°2140 2 L’Express de Madagascar du 16 avril 2002 n°2164 87

Sous les auspices du Secrétaire Général de l’OUA, Amara Essy, et de l’ONU, Ibrahim Fall, assistés par des chefs d’Etat africain facilitateurs, dont Abdoulaye Wade Président de la République du Sénégal, Mathieu Kerekou, Président de la République du Bénin, Laurent Gbagbo, Président de la République de la Cote d’Ivoire, Joaquim Alberto Chissano, Président de la République du Mozambique, « nos Présidents » ont signé un accord de consensus nommé « Dakar I ». Basé sur l’arrêt n°4 du 16 avril 2001, il contient 5 articles qui mettent « fin immédiatement à la violence et aux barrages 1» et dresse un plan de sortie de crise pour « l’intérêt supérieur de la nation ».

Au de-là du contenu même de l’accord, il est à noter que Marc Ravalomanana a du consentir à l’abandon de son statut présidentiel pour apposer sa signature en qualité de Président de la République : « Marc Ravalomanana, candidat à la présidence de la République de Madagascar d’autre part ». Didier Ratsiraka de son coté s’est prévalu son statut de Président sortant et a signé es qualité : « Didier Ratsiraka, Président de la République, candidat à la présidence de la République de Madagascar d’une part». Ainsi tous les deux se sont engagés à faire respecter dès la signature du dit accord « la liberté de circulation des biens et des personnes, l’arrêt immédiat de toutes les menaces et violences, sur les personnes et les biens, le dynamitage des ponts ainsi que la levée de tous les barrages sur toute l’étendue du territoire national2 ». Une disposition attendue et qui devrait être bien accueillie au sein de l’opinion. Selon leurs propres visions et commentaires, Didier Ratsiraka a évoqué que « les ambitions personnelles qui ont cédé devant l’intérêt supérieur de la Nation ». Ravalomanana a convenu que l’accord constitue « une sortie honorable à la crise». L’unique visa de l’accord implique un nouveau décompte contradictoire des voix. A partir de là, dans l’hypothèse ou aucun candidat n’obtiendrait pas la majorité absolue pour être élu au premier tour, l’accord stipule l’organisation d’un référendum dans 6 mois au maximum, pour les départager suivant la proposition initiale de l’OUA3 , un « gouvernement de réconciliation nationale » serait mis en place pour gérer la transition. Les deux parties ont convenu de mettre en place « dès la proclamation des résultats » un « conseil supérieur de la transition » qui aura pour mission de veiller au bon déroulement de la transition. Une institution dont la présidence reviendra à Marc Ravalomanana, qui « serait la deuxième personnalité de l’Etat par le rang

1 L’Express de Madagascar du 19avril 2002 n°2167 2 Article 5 de la convention de Dakar 3 Proposition avancée lors de la médiation du 12 au 19 février 2002 au Hilton Madagascar 88

protocolaire1 ». Dans la même ordre d’idée, si le principe de la création d’une « Commission Electorale Indépendante »est acquis, celle-ci serait chargée de « la préparation et de l’organisation de la consultation référendaire ». Mais si l’accord dresse une maquette de débouché temporaire, il ne défait pas la crise dans sa totalité.

2- L’esprit de Dakar

Selon Vanf, la lecture sincère « stricto sensu » de l’accord, , augure de la bonne foi des uns et des autres à sortir réellement le pays de la crise actuelle2, les deux personnages ayant fait des concessions. Or, sur ces deux points d’entente, les deux parties se sont toujours montrées inflexibles. Ravalomanana estime qu’il est et demeure président de la République en maintenant son gouvernement. « Son premier ministre » Jaques Sylla en restant optimiste qualifie la convention de Dakar d’une « bataille de gagnée3 ». Le camp de Didier Ratsiraka de son côté, depuis le début de la crise a toujours été contre l’idée d’une confrontation des PV, « dénomination très mal choisie » et devenue décompte contradictoire4 selon les termes de l’accord.

Mais la lecture, ne s’est pas du tout effectuée « stricto sensu », loin s’en faut. D’un côté comme de l’autre, il a été procédé à « une savante analyse du texte de cet accord », et comme l’a prédit l’Express de Madagascar, chacun y a trouvé ce qu’il gagne ou ce qu’il perd, pour décider finalement lequel des deux protagonistes a été « le dindon de la farce ».

Dans leur lecture de l’accord, qui pourtant, est « sans ambiguïté »5, « concis et dépourvu de toute possibilité d'interprétation autre que celle qu'expriment à peine 250 mots utiles »6, « transparent et parfaitement lisible »7 les partisans de Marc Ravalomanana clament le statu quo durant la première phase de l’accord, celle qui précède la proclamation des résultats du décompte contradictoire. Ainsi, les deux parties dans leurs exposés de l’accord, stationnent sur leurs « acquis respectifs »8, Marc Ravalomanana demeurant Président, Chef de gouvernement, Pety Rakotoniaina, PDS de Fianarantsoa, occupant d’Andohanatady, et ainsi de suite. Ainsi, pour le camp Ravalomanana, selon les termes de

1 Article 3 de l’accord de Dakar 2 L’Express de Madagascar du 19 avril 2002, n°2167 3 L’Express de Madagascar du 19 avril 2002 n°2167 4 L’Express de Madagascar du 19 avril 2002, n°2167 5 L’Express de Madagascar du 19 avril 2002, n°2167 6 L’Express de Madagascar du 18 avril 2002, n°2166 7 L’Express de Madagascar du 20 avril 2002, n°2168 8 Midi Madagasikara du 19 avril 2002 89 l’article 5 de l’accord, les barrages doivent être immédiatement levés, tandis que le dédoublement du pouvoir demeure, nonobstant le fait que Marc Ravalomanana a signé l’accord en gardant son « simple » statut de candidat à la Présidence de la République, contrairement à Didier Ratsiraka qui a paraphé en sa qualité de Président de la République.

« Ca flotte aussi beaucoup »1 dans l’autre camp, quant à l’interprétation à donner au texte. La première porte sur la question de savoir tout ce qui est postérieur à 22 novembre, date exacte du décret de nomination des membres de la Haute Cour dont la composition a été annulée par l’arrêt n°3 qu’interprète l’arrêt n°4 de la Chambre administrative, seul visa de l’accord, doit être annulé2. La seconde est relative au maintien des décisions prises par Marc Ravalomanana découlant de la fonction et de l’autorité d’un Président de la République qu’il n’a pas, d’autant qu’il admet expressément selon les termes de l’accord que Didier Ratsiraka est le seul Président de la République. Ainsi, tant que « ces barrages beaucoup plus importants que ceux de Brickaville, à savoir les manifestations d’Antananarivo, le blocage de la Banque centrale qui empêche tout notre commerce extérieur ou ce gouvernement », tout aussi illégal que les Président de la République, Président de l’Assemblée nationale ou Présidents de Délégations Spéciales « autoproclamés » ne sont pas levés, les barrages implantés sur les routes nationales n’ont pas lieu de l’être ainsi que le stipule l’accord de Dakar. En d’autres termes, pour le camp Ratsiraka, si l’accord de Dakar n’est pas respecté, c’est avant tout parce que l’autre partie ne le fait pas.

Le journal, pour sa part, se demande si le maintien du gouvernement Sylla ou le retour de celui de Tantely Andrianarivo peuvent effectivement apporter des solutions. « Pour ce qu'Ambohitsirohitra gouverne on ne saisit pas trop bien l'importance »3, lit-on dans le journal, qui s’interroge également pourquoi faire revenir le gouvernement Andrianarivo, si ce n’est pour déclencher une nouvelle grève. « Aussi toute tentative, même symbolique, par les partisans de M. Ratsiraka de reconquête d’un pouvoir qui leur a bel et bien échappé par la volonté du peuple, cette fois, ne servirait à rien pour résoudre la crise », car « au même titre que le gouvernement Sylla, ce gouvernement n’existe plus »4. Pour le journal, le gouvernement nommé par Marc Ravalomanana qui a reconnu n’avoir aucune autorité pour le faire n’existe pas, de même que n’existe un gouvernement confiné en province, n’ayant aucune autorité sur l’administration. En tenant compte de cette double vide du pouvoir,

1 L’Express de Madagascar du 20 avril 2002, n°2168 2 Id. 3 L’Express de Madagascar du 20 avril 2002, n°2168 4 Id. 90 conclut l’Express de Madagascar, l’esprit de l’accord de Dakar, celui de la réconciliation, doit être respecté.

Ainsi, les barrages, malgré la stipulation expresse de l’article 5, ne sont pas levés. La Haute Cour aux membres « reconduits », de son côté a commencé à procéder au «décompte contradictoire » et a proclamé le résultat. Dans cette circonstance, les entêtements ne font que s’intensifier.

B- La conquête « ravalom ananienne » du pouvoir

1- La « re- proclamation » et la « re-investiture »

Le premier acte nul et non avenu suite à l’annulation du décret qui nomme les membres de la HCC du 24 novembre 2001 est l’arrêt n°1-HCC/AR du 25 janvier 2002. Il porte sur la proclamation officielle des résultats du scrutin du 16 décembre 2001 pour l’élection du Président de la République. Un nouvel arrêt doit ainsi être rendu.

Toutefois, la « nouvelle composition » fait l’objet d’un ombrage de la part des affiliés de l’Amiral. Une « suspicion légitime », selon le journal dans la mesure où quatre de ses membres ont présidé en tenue d’apparat « l’investiture » de Marc Ravalomanana du 22 février 2002. C’est dans ce sens qu’une réclamation en dénégation a été déposée. Pour L’Express, cette méfiance de préférence s’inscrit dans la même logique que celle qui a conduit les adhérents du camp Marc Ravalomanana à contredire la nomination des membres déchus accusés de ne pas être indépendants et, à la solde du président sortant. L’Express de Madagascar lui-même a qualifié la composition de la HCC du 22 novembre comme une « Haute Cour taillée sur mesure pour le régime ». Mais cela n’enlève en rien, selon le journal, le fait que ce soit la seule autorité apte à proclamer les résultats de l’élection.

Par ailleurs, selon toujours les partisans du président sortant, la Chambre administrative n’a aucune compétence de juger un acte de gouvernement, ce qu’était le décret de nomination des « anciens » membres de la Haute Cour. Pour justifier leur thèse, un encart de deux pages est inséré dans les quotidiens de la capitale y compris l’Express de Madagascar.

Malgré les doutes émises, par les partisans du président sortant notamment, la « nouvelle ancienne » Haute Cour Constitutionnelle proclame les résultats le 29 avril 2002 qui 91 donnent Marc Ravalomanana victorieux avec plus de 51% des voix. Une sentence contestée par le camp Ratsiraka aux raisons qu’elle ne respecte pas l’accord de Dakar dont le « postulat de base voulait qu’aucun des candidats ne gagne au premier tour ». Le journal craint le « retour à la case…Dakar1 ». Mais l’investiture « légale » a eu lieu le 6 mai 2002 au légendaire stade de Mahamasina devant les membres de la HCC nouvellement reconduits.

La seconde manche de la rencontre entre Ratsiraka et le Président Ravalomanana a été remise sur le tapis par le camp de l’Amiral. Après l’investiture du 6 mai, ce camp s’apprête à aller dans la capitale Sénégalaise tandis que le Président Ravalomanana reconduit son Premier ministre Jaques Sylla pour un gouvernement d’ouverture selon les consignes de Chefs d’Etat facilitateurs. Le 23 mai, le journal annonce à sa une ce titre « Dakar II en instance2 ». Deux jours plus tard, il semble être optimiste itérant que « Dakar II, ce sera les 29 et 30 mai pour un accord politique et un plan d’urgence concerté3 ». Vers la fin du mois « Dakar II s’éloigne pour Madagascar 4» selon les termes d’Eric Ranjalahy.

2- L’évolution de la situation sur le terrain

Mais bien que le nouveau Président soit enfin officiellement et légalement investi dans ses fonctions, la situation ne redevient pas tout de suite normale. Le pouvoir de Marc Ravalomanana commence à être reconnu par tous ceux qui ont préféré garder une position plus ou moins neutre. Ainsi, Herizo Razafimahaleo, candidat à la présidentielle et propriétaire de L’Express de Madagascar et qui est d’ailleurs l’un des hommes politiques à avoir été reçu en audience par le nouveau président, ou le général Marcel Ranjeva, ancien Ministre des Forces Armées du gouvernement Tantely Andrianarivo, ou même l’armée, du moins une grande partie de celle-ci, reconnaissent enfin la légalité du pouvoir Ravalomanana. Mais les partisans du président sortant ne capitulent pas tout de suite. Ainsi, les provinces se sont-elles engagées sur « la voie risquée de l’indépendance », tandis que les barrages installés sur les routes nationales sont maintenus.

Mais fort de sa nouvelle casquette de « légal », le camp Ravalomanana va progressivement gagner sur le terrain ce que le camp Ratsiraka perd. Son armée est désignée

1 L’Express de Madagascar du12 juin 2002 n°2208 2 L’Express de Madagascar du 23 mai 2002 n°2191 3 L’Express de Madagascar du 25 mai 2002 n°2193 4 L’Express de Madagascar du 31 mai 2002 n°2198 92

« forces régulières » ou « troupes gouvernementales » par une grande partie de la presse malgache, dont l’Express de Madagascar, tandis que celle de l’Amiral n’est constituée, toujours selon la presse malgache, que d’une « milice ». La communauté internationale, au vu de l’évolution de la situation sur le terrain finit par reconnaître le nouveau pouvoir. Exception faite de l’OUA se mutant en UA1 qui a pris du temps pour admettre le nouveau pouvoir à Madagascar. En effet, « l’armée régulière » continue d’avancer et fait tomber petit à petit les remparts de l’ancien régime. Cette conquête n’a pas été facile car elle a coûté des vies et des matériels:les accrochages d’Ambanja avec l’arrivée des renforts de part et d’autre, les difficiles batailles de Sambirano à Nosy-Be du mois de juin, la libération des barrages dont ceux de Betsiboka, de Brickaville et de Bevilany. Des dignitaires pro-Ratsiraka, à l’instar de Etienne Razafindehibe, le Gouverneur de la province autonome de Mahajanga « s’efface » et « quitte la scène »2, le Maire de la capitale de Toamasina qui a levé le drapeau blanc : la « décision de sagesse » qui s’impose selon L’Express car évitant qu’il n’y ait bain de sang. A partir de là, les événements s’accélèrent. Vanf, « le Jeune », l’ancien des Jésuites au même titre que « l’Ancien » demande à son « aîné » d’arrêter, de laisser tomber. Didier Ratsiraka finit par quitter le pays le 5 juillet. L’Express annonce la fin de la crise post-électorale le 6 juillet 2002.

1 Union Africaine 2 L’Express de Madagascar du 11 juin 2002, n°2209 93

Conclusion partielle

La science historique met en exergue la loi de la causalité suivant une logique chronologique. A cet effet, toute recherche en histoire se doit de dévoiler les origines, le déroulement et les conséquences d’un évènement étudié. Le choix de la source pour se faire doit être mené d’une façon très stricte dans le but de ressortir un travail objectif et digne de confiance.

Pour notre part, il s’agissait, à partir des écrits du journal quotidien l’Express de Madagascar, de déceler les causes lointaines et immédiates du chaos politico socio- économique, de discerner l’agencement des faits manifestant les crises et d’en déduire l’issue à l’impasse.

Un fait historique ne cesse jamais de produire des répercussions. Autrement dit, il existe des enchaînements logiques entre les évènements, auxquels l’historien doit porter son attention. Il doit ensuite les dégager. D’après L’Express de Madagascar, le déclenchement de sept mois de crise politico socio-économique, sous prétexte d’une querelle de résultat des élections présidentielles du 16 décembre 2001, puise ses sources dans un ras le bol général surtout de la population de la Capitale, de 25 ans de pouvoir de l’Amiral. Mais quelque soit les causes de ce mécontentement, le journal éveille l’esprit critique de ses lecteurs qu’il n’existe pas de messie providentielle compte tenue du vécu de notre pays en 42 années d’indépendance.

Depuis la contestation des résultats officieux émanant du Ministère de l’Intérieur et de l’Administration Territoriale, Marc Ravalomanana et ses alliés ont tout tenté pour prouver qu’ils ont eu la majorité absolue lors du dit scrutin. De l’autre coté, Didier Ratsiraka et ses alliés restent optimistes pour la tenue imminente d’un second tour du scrutin. L’Express de Madagascar n’apprécie guère la façon de mettre le pouvoir sous les règles de la rue. De même, le déversement dans l’illégalité, que chacun des deux camps ont choisi d’appliquer, ne serait jamais du goût du journal. De toutes les désobéissances à la loi, l’intention séparatiste des cinq des provinces de Madagascar, est jugé la plus grave par le journal car contraire à ce que stipule la constitution : « Madagascar est une et, indivisible». 94

Les conséquences en sont lourdement significatives, surtout sur le plan économique. L’analyse d’une série des chiffres pourrait être l’objet d’une étude quantitative pour montrer l’ampleur conjoncturelle de l’impasse.

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CONCLUSION GENERALE

La publication dès 1934 de l'ouvrage de Georges Weill1 montre que l'intérêt des historiens pour la presse est ancien. C'est la presse quotidienne, facilement accessible, qui a intéressé ces derniers pour devenir rapidement un matériel essentiel pour faire de l'histoire. A partir des années cinquante et soixante, la presse a surtout été utilisée par les historiens de la politique afin de restituer les évolutions des opinions publiques, mais elle a peiné à s'imposer sur le plan institutionnel. L’Express de Madagascar, reflet des conditions sociales, culturelles et politiques de la période de crise politique de 2002 à Madagascar, est ainsi devenue un instrument essentiel dont nous disposons pour comprendre les sociétés, leurs évolutions et pour pousser les frontières de notre champ de recherche. Elle doit être également appréhendée, notamment dans la période contemporaine, comme sujet, comme acteur et comme vecteur de l'histoire, créant ou véhiculant des courants d'idées nouveaux, des modes ou des bouleversements parfois majeurs. Enfin, le thème choisi amène à s'interroger sur les liens qu'entretiennent l'historien et l'homme de presse, sur ce qui les rapproche ou qui les différencie, et à souligner que l'histoire constitue aussi un cadre indispensable à la presse permettant ainsi au journaliste de remettre son témoignage en perspective. Rares sont les objets étudiés par les historiens du contemporain qui échappent à une médiatisation ou qui ne transparaissent pas dans la production médiatique. Afin d'apporter le meilleur éclairage possible à la question faire l'histoire des évènements 2001-2002, nous nous sommes arrêté d'abord sur l'importance de l’Express de Madagascar comme source pour faire de l'histoire. Dans un deuxième temps, nous y avons ressorti les différentes phases d’agencement de la crise. La crise malgache de 2001-2002 se démarque des autres désenchantements que le pays a subis durant le XXème siècle par son ampleur nationale et, son envergure internationale. Les problèmes de 1972-1975 n’ont pas toujours trouvé des solutions en 2002. La première répétition, en mai 1972. La seconde en 1991 et espérons la dernière, en 2002. Les événements de 1972 se sont résolus entre Malgaches. Ceux de 1991 débouchent à un point de consensus

1 WEILL (Georges) « Le journal, origine, évolution et rôle de la presse périodique » Renaissance du livre, Paris 1934, 451p. 96 entre les Forces Vives et l’Amiral. Mais pour ceux du 2002, il a fallu faire appel à de nombreuses médiations internationales, et en terre étrangère pour reprendre le cours normal de la vie quotidienne. Depuis l’officialisation par la « politique de races » de Gallieni, la classe politique s’est évertuée à se détourner pudiquement du problème ethnique, scandant par incantation une unité nationale mais volontaire que résigné. En 1946, alors que les merina désiraient déjà l’indépendance, les notables côtiers s’y étaient opposés, encourageant leur journal « Ny Voromahery » à se répandre en invectives contre l’anniversaire de l’annexion du 6 août 1896. En 1972, le régime aux abois de Philibert Tsiranana a retrouvé son naturel PADESM après avoir, 10 ans durant, favorisé l’octroi des bourses extérieures à des fonctionnaires, magistrats et étudiants sur le quota de la promotion sociale. En 1991, Didier Ratsiraka, réputé avoir crée une « bourgeoisie » côtière depuis 1975, brandit le fédéralisme quand la contestation gagna les rues de Tananarive. Entre 1993 et 1996, la « géométrie variable » du régime Forces vives n’eut d’encrage fin que la « cause côtière » publiquement dénoncée par le Premier Ministre Ravony Francisque. Voici qu’une fois de plus en 2002, désavoué par les urnes de Tananarive (75%) et de l’Imerina (63%), le Betsimisaraka Didier Ratsiraka se replia vers la mer, à Ambodiatafana, ou il convoqua les Gouverneurs des 5 autres « provinces périphériques » le dimanche 3 Mars 2002 pour coordonner le blocus de la Capitale.

L’Express de Madagascar, choisissant le camp de la légalité, celle qui signifie conforme à la loi et non celle dont se prévaut la partie « non légitime », prend le parti de critiquer les deux camps pour un certain nombre de leurs actions. En adoptant une attitude qui tranche avec celle de la plupart des médias de la capitale, et en refusant d’être le porte-parole d’un seul des deux sons de cloche, le journal aura permis de maintenir la liberté d’expression et la pluralité d’opinions dans ce qui risquait de devenir une dictature de la « masse ».

Ainsi, lorsque dans un des ses éditoriaux, le journal parle d’une ligne éditoriale sinusoïdale, car tantôt penchant pour une partie, tantôt pour une autre, tantôt ni pour l’une ni pour l’autre, nous dirons plutôt qu’il suit sa propre logique, celle d’informer et de donner aux citoyens l’éclairage indispensable à leur éducation, leur choix et leur décision, dans le respect de la légalité et de l’éthique.

Considérés comme partisan du camp de l’Amiral, les journalistes de l’Express de Madagascar ont eu du mal à effectuer la couverture médiatique des agissements quotidiens 97 sur la place du 13 mai. Ce qui constitue la limite de ce journal comme témoins de ces évènements.

Par défaut de distanciation, nous ne prétendons pas être exhaustif dans nos recherches et d’autres témoignages pourront s’ajouter aux notre. Ainsi, d’autres postulants pourront se servir de notre travail pour mieux élucider l’énigme. 98

ANNEXE : Titre des parutions de l’Express de Madagascar du 2mai 2001 au31 juillet 2002 99

DATE Numéro Titre d’ouverture Pages Mercredi 2 mai 2001 1878 De Tsimbazaza à Anosy en passant par Ambohijatovo : un 20p. premier mai très dispersé Jeudi 3 mai 2001 1879 Les gouverneurs des provinces autonomes seront élus le 10 20p. juin Vendredi 4 mai 2001 1880 On est sans nouvelles de Richard parti de la Réunion sur un 24p. bateau de sa fabrication pour rejoindre la femme de sa vie à Madagascar Samedi 5 mai 2001 1881 Exercice « Tanzanite 2002 ». les ministres malgaches à 28p. l’épreuve continentale Lundi 7 mai 2001 1882 La HCC oppose son veto au surplus de privilèges demandés 20p. par les députés Mardi 8 mai 2001 1883 Atelier de « réparation » pour une vanille déglinguée par la 20p. spéculation post-cyclonique Mercredi 9 mai 2001 1884 Opération « Rova » dans l’impasse : la direction nationale 24p. démissionne Jeudi 10 mai 2001 1885 Mairie et Tiko : Marc Ravalomanana décidé à résister 24p. Vendredi 11 mai 2001 1886 Le Sénat est structuré, organisé et va pouvoir se mettre au 28p. travail Samedi 12 mai 2001 1887 « Business plan » pour redonner du tonus à Air Madagascar 32 p. Lundi 14 mai 2001 1888 Le drame de la « Samsonnette » doit mettre fin au laxisme qui 24p. régit la navigation côtière Mardi 15 mai 2001 1889 Un comité de conciliation mis en place pour régler les 20p. différends douaniers Mercredi 16 mai 2001 1890 Délires télévisuels. Julie, une Malgache dans « Loft Story » 20p. Jeudi 17 mai 2001 1891 Une chaise et une radio, priorités des ménages en biens 20p. d’équipements Vendredi 18 mai 2001 1892 Aménagement urbain : « un enjeu de partenariat, non de 20p. tutelle », selon Herivelona Ramanantsoa Samedi 19 mai 2001 1893 Attention danger ! 2000 tonnes de farine pourrie sont 28p. + 4 annoncées sur le marché ²Lundi 21 mai 2001 1894 Les cadres malgaches entre le marteau privé et l’enclume 24p. publique Mardi 22 mai 2001 1895 Les dissidences AREMA sont « un signe de diversité » pour 24p. Pierrot Rajaonarivelo Mercredi 23 mai 2001 1896 Auguste ne parraine pas la façon de l’AREMA de désigner ses 32p. + 4 candidats Samedi 26 mai 2001 1897 Eclipse du soleil : le temps qu’il a fait le 21 juin juin ces 30 32p. + 4 dernières années Lundi 28 mai 2001 1898 L’APDS dénonce le refus de franchise pour l’entrée de 70 24p. tonnes d’aide alimentaire Mardi 29 mai 2001 1899 L’autonomie, c’est parti ! Baptême de feu pour les conseillers 20p. provinciaux Mercredi 30 mai 2001 1900 Face aux ultrarégionalistes : « personne n’est propriétaire d’une 24 p. province » précise le Vice-PM Rajaonarivelo Jeudi 31 mai 2001 1901 Pour le candidat Tsizaraina, les intérêts de la province passent 20p. avant ceux des partis 100

DATE Numéro Titre d’ouverture Pages Vendredi 1er juin 2001 1902 L’éducation et la santé pour tous en l’an 2000 ! C’est pas pour 24p. + 4 demain… Samedi 2 juin 2001 1903 La vérité, rien ( ?) que la vérité sur l’AREMA par Pierrot 32p. Rajaonarivelo Mardi 5 juin 2001 1904 Onze cnadidats connus pour 6 sièges au poste de futur 24p. gouverneur Mercredi 6 juin 2001 1905 Patrick Bruel : « J’arrive pour faire la fête » 24p. Jeudi 7 juin 2001 1906 Coup de théâtre à Diégo : Andriamanasina se désiste au profit 20p. du candidat officiel Vendredi 8 juin 2001 1907 Coopération décentralisée : le sexe était à l’ordre du jour des 24p. ébats municipaux Samedi 9 juin 2001 1908 Provinces autonomes : l’AREMA face à lui-même pour choisir 32p. le mailleur Lundi 11 juin 2001 1909 L’AVI et l’AFFA, trouble-fêtes d’une élection sans surprise 28p. des gouverneurs officiels Mardi 12 juin 2001 1910 Pour protéger le « vita malagasy », vers une hausse d’neviron 20p. 25% des produits alimentaires importés Mercredi 13 juin 2001 1911 Naufrage de « Saifia » au large de Mananara Nord : 26 24p. disparus, 5 naufragés récupérés par « la boudeuse » Jeudi 14 juin 2001 1912 Le Nord du gouverneur Gara sera solidaire et uni à l’ensemble 20p. du pays Vendredi 15 juin 2001 1913 Le patronat fait bloc contre « l’illégalité » de « l’impôt 24p. maritime » Samedi 16 juin 2001 1914 Première scientifique mondiale : Madagascar met au point un 32p. test de dépistage immédiat de la peste Lundi 18 juin 2001 1915 A trois jours de l’éclipse : l’observation du soleil ne sera pas 24p. obligatoire Mardi 19 juin 2001 1916 Une éclipse solaire sous Ranavalona I : prière et impôt 20p. Mercredi 20 juin 2001 1917 Les retombées espérées de l’éclipse ont fondu sous le soleil des 24p. illusions Jeudi 21 juin 2001 1918 Des frayeurs aux nuages : l’éclipse solaire ne sera pas vue par 20p. tout le monde Vendredi 22 juin 2001 1919 Tana « capitale du silence », soleil invisible dans le Sud pour 24p. l’éclipse du Président » Samedi 23 juin 2001 1920 Un accord en vue : Tana aura son podium place du 13 mai 32p. Lundi 25 juin 2001 1921 Sorti de prison, Voninahitsy espère s’aligner dans la course à l 20p. présidence en cas d’amnistie Mercredi 27 juin 2001 1922 Didier Ratsiraka choisit la fête nationale pour briguer un 5ème 20p. mandat présidentiel Jeudi 28 juin 2001 1923 La privatisation de TELMA dans l’air, son personnel donne 20p. son point de vue Vendredi 29 juin 2001 1924 Marc Ravalomanana libère la capitale de ses zones rouges 24p. Samedi 30 juin 2001 1925 Coup de semonce ? Ajustement ? Suppression des exonérations 24p. douanières de la société Tiko 101

DATE Numéro Titre d’ouverture Pages Lundi 2 juillet 2001 1926 Attention ! Toute ressemblance … Les réalités malgaches 20p. inspirent les auteurs de romans policiers Mardi 3 juillet 2001 1927 A la Présidentielle : l’AVI décide de faire cavalier seul et de 20p. voter Ratsirahonana Mercredi 4 juillet 2001 1928 La sagesse l’emporte : reflux de la redevance sur les 20p. conteneurs… ! Jeudi 5 juillet 2001 1929 Pour Tiko « harcelé », l’Etat ne respecte pas ses engagements 20p. Vendredi 6 juillet 2001 1930 Forte augmentation des vols de crevettes, en mer et à terre en 20p. dessous d’un nid de ripoux Samedi 7 juillet 2001 1931 Les gouverneurs informés de possibles « menaces » sur la 24p. cohésion sociale Lundi 9 juillet 2001 1932 Transfert de compétences et ressources : les gouverneurs 20p. rassurés par l’Etat central Mardi 10 juillet 2001 1933 20p. Mercredi 11 juillet 2001 1934 Sommet à Tsimbazaza : la crise universitaire en voie de 20p. règlement Jeudi 12 juillet 2001 1935 Survivance éhontée du samedi soir en pays bara. Le « marché 20p. aux filles » Vendredi 13 juillet 2001 1936 Le meurtre de Walter Arnold bloque encore les relations entre 24p. la Suisse et Madagascar Samedi 14 juillet 2001 1937 Interpellé sur Tiko, le premier ministre donne sa version 24p. Lundi 16 juillet 2001 1938 Plus de devoirs que de droits dans le projet de statut des 20p. « nouveaux fonctionnaires » Mardi 17 juillet 2001 1939 Investco en cessation de paiement, le CSBF décide la 20p. liquidation Jeudi 19 juillet 2001 1940 Albert Zafy sollicité par l’opposition devrait annoncer sa 20p. candidature Vendredi 20 juillet 2001 1941 Avec « Tsinjo », TELMA met fin aux abus des factures 24p. impayées du « Fanjakana » Samedi 21 juillet 2001 1942 Mahazoarivo à Tsimbazaza : le Gouvernement affiche ses 24p. bonnes performances Lundi 23 juillet 2001 1943 Grand oral à Tsimbazaza pour les ministres du département 20p. enseignement Mardi 24 juillet 2001 1944 Un « cyclone Soaline » agite la campagne vanille et met en 20p. danger les exportations Mercredi 25 juillet 2001 1945 Le retrait sud-africain impose la redistribution du lot logistique 20p. de la SOLIMA Jeudi 26 juillet 2001 1946 Les télécommunications devant l’Assemblée : on pouvait faire 20p. mieux Vendredi 27 juillet 2001 1947 « L’union sacrée » des forces de l’ordre, meilleur rempart 20p. contre l’insécurité publique Samedi 28 juillet 2001 1948 Après une bévue, Diégo Suarez admise au club très fermé des 24p. plus belles baies du monde Lundi 30 juillet 2001 1949 Les élection à la Chambre de commerce d’Antananarivo 20p. entachées de suspicions ! Mardi 31 juillet 2001 1950 Le préfet de police d’Antananarivo cède sa place à son adjoint 20p. 102

DATE Numéro Titre d’ouverture Pages Mercredi 1er août 2001 1951 Provinces autonomes : Pierrot Rajaonarivelo fait l’état des 20p. lieux Jeudi 2 août 2001 1952 La campagne perturbée : le Gouvernement lance un « SOS 20p. vanille » Vendredi 3 août 2001 1953 « La guerre de la Sobika » est déclarée entre Maurice et 20p. Madagascar » Samedi 4 août 2001 1954 Bivac succède à Bivac, portion congrue à SGS. Le secteur 24p. privé fâché Lundi 6 août 2001 1955 « Tiako Madagasikara » : Marc Ravalomanana dans l’arène 20p. présidentielle Mardi 7 août 2001 1956 L’incompétence de la justice affichée dans l’affaire Antoinette 20p. Mercredi 8 août 2001 1957 Sur les présidentielles: très ferme mise en garde et défiance du 20p. FFKM vis-à-vis du pouvoir Jeudi 9 août 2001 1958 Un naufrage mais pas d’épave : « la Boudeuse » est repartie 20p. sans retrouver « la Samsonnette » Vendredi 10 août 2001 1959 Les 10 ans du 10 août : le Préfet dit « oui », le maire dit 24p. « non » Samedi 11 août 2001 1960 Nouveaux défis à Air Mad. La qualité de service. Renouer avec 24p. les profits Lundi 13 août 2001 1961 Les jeux de l’OI … brouillés par les bisbilles politiques entre 20p. les Comores et Mayotte Mardi 14 août 2001 1962 Ne dites et n’écrivez plus Vohémar et Iharana, 27 noms sont 20p. officialisés Jeudi 16 août 2001 1963 Les patrons des zones franches sondés estiment que la main 20p. d’œuvre peut mieux faire Vendredi 17 août 2001 1964 La « mafia de la crevette » sévit à nouveau en toute impunité à 20p. Mahajanga Samedi 18 août 2001 1965 A l’approche de l’élection et pour des promesses non tenues, 24p. les bas quartiers grognent Lundi 20 août 2001 1966 La récolte de riz est bonne … mais les paysans sont sacrifiés à 20p. des importations politiques Mardi 21 août 2001 1967 Pierrot Rajaonarivelo met fin aux rumeurs : « je soutiens 16p. Ratsiraka » Mercredi 22 août 2001 1968 Sans ambiguïté, le FFKM place la présidentielle sous le signe 16p. du renouveau Jeudi 23 août 2001 1969 SOS fret aérien : 100 t bloquées à Ivato saturé 16p. Vendredi 24 août 2001 1970 Nouvelle tendance à la hausse des prix 6,6% sur 12 mois 16p. Samedi 25 août 2001 1971 Blandin Razafinjato réagit aux rumeurs: « Ratsiraka est 20p. candidat » Lundi 27 août 2001 1972 Présidentielles: les textes examinés cette semaine en Conseil 16p. des ministres Mardi 28 août 2001 1973 Actionnaires vigilants : sa situation financière fragiliserait Ny 16p. Havana Mercredi 29 août 2001 1974 Joli coup des douanes. Un flagrant délit de fraude à l’Africa 16p. Bill Jeudi 30 août 2001 1975 Pluie d’étoiles sur l’armée et caution à 125 millions pour être 16p. candidat-président Vendredi 31 août 2001 1976 Meurtre d’Yves Lombardo. Trois peines de mort sont 20p. prononcées à Fianarantsoa 103

DATE Numéro Titre d’ouverture Pages Samedi 1er septembre 1977 Présidentielle : la der des ders pour Zafy Albert 20p. 2001 Lundi 3 septembre 2001 1976 La date de la présidentielle connue ce jour : Ratsiraka a 16p. confirmé sa candidature Mardi 4 septembre 2001 1977 Pour la présidentielle du 16 décembre, l’Etat fixe des balises à 20p. la publicité politique Mercredi 5 septembre 1978 Politiques contre hommes d’affaires : une nouvelle donne 20p. 2001 électorale fixée Jeudi 6 septembre 2001 1979 L’Etat en rembourse 10% : 17,5 millions de bulletins à fournir 20p. par candidat Vendredi 7 septembre 1980 L’enseignement supérieur privé au rendez-vous de l’ouverture 20p. 2001 régionale Samedi 8 septembre 1981 2001 Lundi 10 septembre 1982 Les quartiers populaires de la capitale de plus en plus courtisés 20p. 2001 par les politiques Mardi 11 septembre 1983 Les problèmes des cartes d’identité soulevés par Manassé 20p. 2001 Esoavelomandroso Marcredi 12 septembre 1984 3 avions suicide s’écrasent sur New York et Washington. Les 20p. 2001 Etats-Unis sous le choc d’un Pearl Harbor terroriste Jeudi 13 septembre 2001 1985 « Day after » aux Etats-Unis : le désir de riposte cède à la 20p. terrible question : qui ? Vendredi 14 septembre 1986 Contre le terrorisme : des mesures de sécurité impopulaires 20p. 2001 sont prises Samedi 15 septembre 1987 Sur fond de litige financier, Tovonanahary Rabetsitonta fait sa 24p. 2001 « rentrée politique » Lundi 17 septembre 1988 Avec la mort de Rakoto Ratsimamanga, la Nation perd don 20p. 2001 « fils de la Lumière » Mardi 18 septembre 1989 De l’eau exportée à la place de crevettes… : un « gang de l’or 20p. 2001 rose » repéré à Toliara Mercredi 19 septembre 1990 Sur décision de la BAD, les Chinois doublés par les Français 20p. 2001 sur la RN6 Jeudi 20 septembre 2001 1991 La crainte de l’autonomie subsiste et le progrès est encore 24p. illusoire pour les habitants de la capitale Vendredi 21 septembre 1992 Un incendie chez Tiko à Tanjombato détruit des pièces 28p. 2001 comptables Samedi 22 septembre 1993 Albert Rakoto Ratsimamanga a reçu de la Nation l’hommage 28p. 2001 dû à sa mémoire universelle Lundi 24 septembre 1994 Le « Leader Fanilo » présente Herizo Razafimahaleo pour une 20p. 2001 relève sécurisante Mardi 25 septembre 1995 Mahajanga privé de carburant. Un avion tourisme s’écrase à 5 20p. 2001 minutes d’Ivato : 7 morts Mercredi 26 septembre 1996 Ben Laden blanchirait sesdollars dans l’importation de riz à 20p. 2001 Madagascar, selon RFI Jeudi 27 septembre 2001 1997 Pour Ratsiraka : « turpitudes, complicités et laxisme » 24p. américains sont à l’origine du drame du 11 septembre Vendredi 28 septembre 1998 Importation de riz : l’opacité règne sur certaines opérations 24p. 2001 Samedi 29 septembre 1999 Air Madagascar première touchée par les éclats de l’après 11 24p. 2001 septembre 104

DATE Numéro Titre d’ouverture Pages Lundi 1er octobre 2001 2000 Les liaisons aériennes avec l’île Maurice vont être rétablies 20p. Mardi 2 octobre 2001 2001 Zafy Albert passe à l’attaque pour un « remake » de 91 20p. Mercredi 3 octobre 2001 2002 Jean Eugène Voninahitsy prône à Maintirano l’idée d’un 20p. président non côtier Jeudi 4 octobre 2001 2003 Une ferveur populaire authentique a entouré l’adieu à Rakoto 20p. Frah Vendredi 5 octobre 2001 2004 Deux jours avant sa mort, Willy léonard s’inquiétait 20p. « d’élections sans électeur » Samedi 6 octobre 2001 2005 Leader Fanilo quitte le gouvernement pour des raisons 24p. d’éthique Lundi 8 octobre 2001 2006 Réactions sans relief du Premier Ministre au départ de Leader 20p. Fanilo Mardi 9 octobre 2001 2007 Flagrant délit de viol de la correspondance privée par les 20p. services … postaux Mercredi 10 octobre 2008 Journées pour le dialogue entre les civilisations pour mettre fin 24p. 2001 au désordre du monde Jeudi 11 octobre 2001 2009 L’Assemblée nationale se dote d’une nouvelle loi statutaire 24p. avec des prétentions amendées Vendredi 12 octobre 2010 La « cellule de crise crée la surprise en choisissant aujourd’hui 28p. 2001 un candidat Samedi 13 octobre 2001 2011 Petite phrase, gros suspense : Ratsiraka souhaite à son 28p. successeur de faire mieux que lui Lundi 15 octobre 2001 2012 Assemblée ordinaire sous haute surveillance par les 20p. responables centraux FJKM Mardi 16 octobre 2001 2013 Transport ferroviaire : le réseau FCE enfin sur la bonne … voie 16p. Mercredi 17 octobre 2014 2001 Jeudi 18 octobre 2001 2015 Soutien et ordre de vote, 95% des lecteurs de Tana n’en 20p. tiendront pas compte Vendredi 19 octobre 2016 « Chants de corail et d’argent » : le roman de Laurence Ink 20p. 2001 salué comme un événement littéraire Samedi 20 octobre 2001 2017 Ratsiraka à Arivonimamo s’explique sur la HCC et prône la 24p. continuité Lundi 22 octobre 2001 2018 Après l’expulsion des Tabbagh, le scandale foncier du 16p. « Baobab » de Nosy Be éclate à l’étranger Mardi 23 octobre 2001 2019 Mémorandum des entreprises franches au gouvernement face à 16p. de nouveaux défis Mercredi 24 octobre 2020 « Union sacrée » des 6 candidats pour le respect de la liberté et 20p. 2001 de la sincérité du vote Jeudi 25 octobre 2001 2021 Les magistrats s’initient à la banque pour juger sans erreur ni 24p. omission Vendredi 26 octobre 2022 Les services, principaux facteurs de hausse sur les prix des 12 20p. 2001 derniers mois Samedi 27 octobre 2001 2023 « Pour le bien de la Nation » : désistement de Ratsirahonana en 24p. faveur de Ravalomanana Lundi 29 octobre 2001 2024 Mardi 30 octobre 2001 2025 Le premier tour de la présidentielle mettra aux prises 6 20p. candidats Mercredi 31 octobre 2026 Banques : la levée du secret ne se conçoit pas sans décision de 20p. 2001 justice 105

DATE Numéro Titre d’ouverture Pages Vendredi 2 novembre 2027 Le tableau d’honneur pour Madagascar distingué lors du 1er 20p. 2001 forum de l’AGOA Samedi 3 novembre 2028 Zafy se dote d’un projet de société pour « restaurer le pacte 24p. 2001 républicain » Lundi 5 novembre 2001 2029 Déjà 493 nouveaux bureaux de vote recensés à 42 jours de 20p. l’élection présidentielle Mardi 6 novembre 2001 2030 Ratsiraka à Ambondromamy. Pour un coup de pouce dans une 20p. région très convoitée Mercredi 7 novembre 2031 Nouveau cadre juridique pour la HCC en attendant le 20p. 2001 renouvellement des membres Jeudi 8 novembre 2001 2032 Présenté hier aux députés, le budget 2002 affiche des 20p. perspectives optimistes Vendredi 9 novembre 2033 L’approche de l’échéance contraint l’AREMA à taire les 24p. 2001 guéguerres intestines Samedi 10 novembre 2034 Engagement militant des chrétiens : le pasteur Rakotonirainy 24p. 2001 témoigné Lundi 12 novembre 2001 2035 TELMA : Constant Horace confirme les retouches aux termes 20p. de l’appel d’offres Mardi 13 novembre 2036 A la tribune de l’ONU, Madagascar demande une réforme de 20p. 2001 l’institution Mercredi 14 novembre 2037 A J-33 de la présidentielle : le point sur les préparatifs 20p. 2001 électoraux et les « innovations » Jeudi 15 novembre 2001 2038 Observation des élections : les bailleurs de fonds invités à 20p. « ignorer » le consortium Vendredi 16 novembre 2039 Selon la conférence episcopale, l’Eglise catholique ne soutient 24p. 2001 aucun candidat Samedi 17 novembre 2040 Pour 300 milliards de redressements fiscal, les usines Tiko 24p. 2001 fermées Lundi 19 novembre 2001 2041 Le président Ratsiraka ne juge pas utiles les observateurs 20p. étrangers Mardi 20 décembre 2001 2042 Dans l’affaire « Tikogate », Francisque Ravony assurera la 20p. défense de Ravalomanana Mercredi 21 novembre 2043 Le budget 2002 voté par une Assemblée fantôme est transmis 24p. 2001 au Sénat Jeudi 22 novembre 2001 2044 69% des tananariviens opposés à l’engagement politique des 24p. Eglises Vendredi 23 novembre 2045 Les billets d’epulsion des Tabbagh de Nosy Be payés par un 28p. 2001 Vazaha Samedi 24 novembre 2046 HCC taillée sur mesure pour le pouvoir avant le scrutin 32p. 2001 présidentiel Lundi 26 novembre 2001 2047 Herizo Razafimahaleo défie les dahalo et la corruption sur le 20p. terrain Mardi 27 novembre 2048 Et pendant ce temps là, les vols de crevettes continuent à 20p. 2001 Mahajanga Mercredi 28 novembre 2049 Le « chief of staff » d’Antananarivo prive Ratsiraka de 20p. 2001 Mahamasina Jeudi 29 novembre 2001 2050 Duel serré sur le terrain, entre Leader Fanilo et l’AREMA 20p. Vendredi 30 novembre 2051 Politique rizicole : on se trompe depuis 20 ans 20p. 2001 106

DATE Numéro Titre d’ouverture Pages Samedi 1er décembre 2052 Au moins deux morts : la première semaine de campagne 28p. 2001 électorale gagnée par la violence Lundi 3 décembre 2001 2053 Herizo Razafimahaleo détaille son projet politique 20p. Mardi 4 décembre 2001 2054 Grave « ampamoaka » du camp Zafy Albert sur Marc 20p. Ravalomanana Mercredi 5 décembre 2055 Tana ne respire plus… enfumée et polluée par les « feux de la 24p. 2001 colère » Jeudi 6 décembre 2001 2056 Pas un Euro de l’Europe pour l’observation du scrutin du 16 24p. décembre Vendredi 7 décembre 2057 La privatisation de TELMA victime d’une nouvelle … coupure 28p. 2001 Samedi 8 décembre 2001 2058 Observation des élections : nation dépolitisée cherche 32982 32p. citoyens de confiance Lundi 10 décembre 2001 2059 Aux urnes citoyens ! Oui, mais pour quel changement réel ? 24p. Mardi 11 décembre 2001 2060 52 expulsés d’Andohatapenaka gagnent leur procès contre la 20p. mairie d’Antananarivo Mercredi 12 décembre 2061 Surchauffe électorale à Antsiranana avant le meeting de 28p. 2001 Ravalomanana Jeudi 13 décembre 2001 2062 L’intérieur rassure : tous les électeurs de la capitale pourront 28p. voter Vendredi 14 décembre 2063 A trois jours du scrutin. Rapide incursion dans les états-majors 28p. 2001 électoraux Samedi 15 décembre 2064 2001 Lundi 17 décembre 2001 2065 Tendance au coude à coude Ravalomanana-Ratsiraka dans 4 24p. grandes villes sur 7 Mardi 18 décembre 2001 2066 Ravalomanana perd de son avance et le « deuxième tour » 20p. pourrait se jouer à la HCC Mercredi 19 décembre 2067 Ravalomanana se maintient au-dessus de 50% aux deux-tiers 24p. 2001 des résultats connus Jeudi 20 décembre 2001 2068 Ravalomanana plonge en dessous de 50% : un deuxième tour 24p. semble inévaitable Vendredi 21 décembre 2069 La perspective d’un deuxième tour fait monter une tension 32p. 2001 partisane dans chaque camp Samedi 22 décembre 2070 Le « Noël de la victoire » placé sous le signe des rumeurs les 32p. 2001 plus folles Lundi 24 décembre 2001 2071 Les électeurs imposent une tr^^eve : Ratsiraka à Toamasina, 20p. Ravalomanana à l’étranger Mercredi 26 décembre 2072 La trêve de Noël respectée. Les lendemains électoraux 20p. 2001 suspendus à Ravalomanana Jeudi 27 décembre 2001 2073 Bible et pouvoir : vers un retour à la fausse case départ du 24p. XIXè !? Vendredi 28 décembre 2074 Ratsiraka à la campagne pour ramener le calme électoral dans 24p. 2001 les villes Samedi 29 décembre 2075 Résultats complets : Ravalomanana 46,44% et Ratsiraka 24p. + 4 2001 40,61% Lundi 31 décembre 2001 2076 Deux offres de 12,6 millions et 11,9 millions de dollars pour 20p. 34% des actions de TELMA 107

DATE Numéro Titre d’ouverture Pages Mercredi 2 janvier 2002 2077 Les Malgaches ont enterré 2001 dans la joie sur fond de 20p. compétition présidentielle Jeudi 3 janvier 2002 2078 Pour le consortium aussi, Ravalomanana à 50,22% se 20p. rapproche d’un second tour Vendredi 4 janvier 2002 2079 Journée teste pour le pouvoir : la rue rameutée pour assurer la 20p. victoire de Ravalomanana Samedi 5 janvier 2002 2080 A la démonstration de force du camp Ravalomanana, la HCC 20p. répond « Etat de droit » Lundi 7 janvier 2002 2081 Pour le président de l’ACM, l’espace aérien ne doit pas être 20p. une pétaudière Mardi 8 janvier 2002 2082 Grave escalade de la violence hier dans la bataille des résultats 16p. Mercredi 9 janvier 2002 2083 Face à une foule record, Ravalomanana appelle à la médiation 16p. des Eglises Jeudi 10 janvier 2002 2084 Contre-attaque du camp Ratsiraka dans les médias étrangers 16p. Vendredi 11 janvier 2085 De Mahamasina à Iavoloha : journée teste dans le coup de 16p. 2002 force électoral Samedi 12 janvier 2002 2086 De Iavoloha à Mahamasina. Un desir partagé de calme renvoie 24p. la crise à la HCC Lundi 14 janvier 2002 2087 Tout conduit à un second tour dont Ravalomanana sera, cette 16p. fois, le favori Mardi 15 janvier 2002 2088 Honoré Rakotomanana sur RFO : « Hors de la légalité, point de 20p. salut ! » Mercredi 16 janvier 2089 La HCC refile … « la patate chaude » de la comparaison des 16p. 2002 procès verbaux au CNE Jeudi 17 janvier 2002 2090 Confrontation des résultats : Ravalomanana récuse le CNE. Le 16p. Consortium dit « oui mais… » Vendredi 18 janvier 2091 Confrontation des PV : la solution autorise la HCC à se saisir 24p. 2002 d’office Samedi 19 janvier 2002 2092 Marc Ravalomanana exige une confrontation limitée à « ses » 28p. PV et ceux de la HCC Lundi 21 janvier 2002 2093 Le Président Ratsiraka : « où va-t-on si le pouvoir est au bout 16p. de la rue ? Mardi 22 janvier 2002 2094 Confrontation des PV : des « préalables » poussent le CNE à 20p. renvoyer la balle à la HCC Mercredi 23 janvier 2095 La disqualification de Ratsiraka jugée à Mantasoa par la HCC 16p. 2002 Jeudi 24 janvier 2002 2096 Le tribunal de Mantasoa rendra son verdict avec les résultats du 24p. 1er tour Vendredi 25 janvier 2097 Surchauffe maximale ce jour place du 13 mai à l’écoute du 24p. 2002 vrdict de la HCC à Mantasoa Samedi 26 janvier 2002 2098 La HCC a tranché : le second tour en suspens au 13 mai 28p. + 4 Lundi 28 janvier 2002 2099 Ravalomanana conteste les résultats de la HCC et appelle à la 20p. grève générale Mardi 29 janvier 2002 2100 La grève bien suivie dans la capitale, Ravalomanana en appelle 20p. désormais à l’armée Mercredi 30 janvier 2101 Les Nations Unies pour un second tour sous contrôle 16p. 2002 d’observateurs étrangers Jeudi 31 janvier 2002 2102 Ravalomanana ne veut pas d’un second tour : il veut le pouvoir 20p. 108

DATE Numéro Titre d’ouverture Pages Vendredi 1er février 2002 2103 Le second tour suspendu à une mission préalable de la 16p. Communauté internationale Samedi 2 février 2002 2104 La place du 13 mai fait preuve de réalisme, au moins pour le 20p. week-end Lundi 4 février 2002 2105 Mardi 5 février 2002 2106 Opération ville morte à Antananarivo tandis que la province se 20p. calme Mercredi 6 février 2002 2107 Un « jour de seigneur » en pleine semaine : opération ville 20p. morte largement suivie à Antananarivo Jeudi 7 février 2002 2108 Avertissement de bailleurs de fonds : le prix de la grève sera 20p. lourd pour l’économie Vendredi 8 février 2002 2109 Le Premier Ministre confirme que Ratsiraka est disposé à 20p. rencontrer Ravalomanana Samedi 9 février 2002 2110 Lundi 11 février 2002 2111 Une nouvelle initiative du Leader Fanilo en faveur de la 20p. confrontation des PV Mardi 12 février 2002 2112 Ravalomanana fait de la confrontation des PV une condition 24p. pour négocier Mercredi 13 février 2002 2113 Pour le SG de l’OUA Essy Amara, les ponts de sortie de crise 20p. ne sont pas coupés Jeudi 14 février 2002 2114 Amara Essy (OUA) a réussi : Ratsiraka-Ravalomanana, OK 24p. pour un comité conjoint » Vendredi 15 févreir 2002 2115 En vue du second tour, les rivaux électoraux assis à la même 20p. table Samedi 16 février 2002 2116 La place du 13 mai souffle le chaud et le froid sur la 24p. négociation du Hilton Lundi 18 février 2002 2117 Le dialogue post-électoral : accord en vue sur le report mais 20p. pas encore sur la date Mardi 19 février 2002 2118 Le ton monte dans chaque camp et la tension dans le pays 24p. Mercredi 20 février 2002 2119 Ni OK ni KO au Hilton, un second round de dialogue est prévu 20p. Jeudi 21 février 2002 2120 Second tour inutile, Ravalomanana prendra le pouvoir dès 16p. vendredi Vendredi 22 février 2002 2121 Prise de pouvoir ou temps de réflexion ? Le doute plane sur 20p. Mahamasina Samedi 23 février 2002 2122 L’investiture de Mahamasina : à situation exceptionnelle, le 20p. pouvoir répond par l’état d’exception sur tout le pays Lundi 25 février 2002 2123 « Président, je suis, je reste ». mais Marc Ravalomanana 16p. n’exclut pas un référendum Mardi 26 février 2002 2124 Le PM a été bloqué chez lui. RNM et TVM disparaissent. 16p. Guerre des nerfs à Tana Mercredi 27 février 2002 2125 Marc Ravalomanana choisit l’avocat Jacques Sylla pour former 16p. un gouvernement-bis Jeudi 28 février 2002 2126 La capitale a connu hier sa première flambée de violences 16p. 109

DATE Numéro Titre d’ouverture Pages Vendredi 1er mars 2002 2127 Gouvernement militaire et loi martiale pour Antananarivo Ville 12p. Samedi 2 mars 2002 2128 Sous couvert de loi martiale et de gouvernement Sylla, on 12p. discute pour sortir de la crise Lundi 4 mars 2002 2129 Nosy Be sous le choc après des violences qui font un mort et 2 12p. blessés graves Mardi 5 mars 2002 2130 Le pouvoir change de main. Un gendarme à la défense. Les 12p. ministères sont cuieillis Mercredi 6 mars 2002 2131 Dans les deux camps hier, la prudence l’a emporté sur toute 12p. précipitation Jeudi 7 mars 2002 2132 Les Forces armées courtisées alors que la mission de l’OUA est 12p. là pour dénouer la crise Vendredi 8 mars 2002 2133 Plus de 200 officiers hier à Ambohitsorohitra tentent de faire 12p. basculer le pouvoir Samedi 9 mars 2002 2134 La démission du ministre des forces armées, le général Ranjeva 12p + 4 Lundi 11 mars 2002 2135 Les gouverneurs des provinces autonomes dans la ligne de mire 12p. du gouvernement Sylla Mardi 12 mars 2002 2136 Les tractations s’activent dans tous les milieux pour trouver 12p. une issue à la crise Mercredi 13 mars 2002 2137 Toamasina touchée par la violence politique, 4 morts et des 12p. blessés Jeudi 14 mars 2002 2138 Toamasina s’organise en camp retranché et Sylla « persona non 12p. grata » à Antsiranana Vendredi 15 mars 2002 2139 La « conquête » de Toamasina crée une confusion propice à de 12p. nombreuses violences Samedi 16 mars 2002 2140 Prise symbolique du palais de Mahazoarivo : un mort et 43 12p. blessés Lundi 18 mars 2002 2141 L’armée divisée en trois. L’impasse politique inspire une 12p. troisième voie rapide Mardi 19 mars 2002 2142 Toamasina durcit sa position et s’organise tant bien que mal en 12p. « capitale économique » Mercredi 20 mars 2002 2143 Sur pression de l’armée, une rencontre Ratsiraka et 12p. Ravalomanana est en vue Jeudi 21 mars 2002 2144 Ravalomanana conditionne sa rencontre avec Ratsiraka à la 12p. levée du « blocus économique » Vendredi 22 mars 2002 2145 Iavoloha rappelle la légalité de son pouvoir. Ambohitsorohitra 12p. nomme des PDS en province. Samedi 23 mars 2002 2146 Ravalomanana met fin à la grève générale et rejette le second 12p. tour Lundi 25 mars 2002 2147 Si les PDS sont confiants … les gouverneurs solidaires 12p. condamnent cette décision Mardi 26 mars 2002 2148 Economie nationale en péril cherche désespérément des 12p. interlocuteurs crédibles Mercredi 27 mars 2002 2149 De 3 à 6 morts à Fianar dans la bataille du gouvernorat. 12p. Tsimbazaza reçoit M. Sylla Jeudi 28 mars 2002 2150 Ultimatum du gouverneur de Fianar et démission du 12p. gouverneur de Tana Samedi 30 mars 2002 2151 Tragique intoxication alimentaire : 21 morts par de l’alcool 12p + 4 frelaté 110

DATE Numéro Titre d’ouverture Pages Mardi 2 avril 2002 2152 Deux nouveaux ponts sont inutilisables. L’isolement 12p. d’Antananarivo est bouclé Mercredi 3 avril 2002 2153 La direction générale d’Air Madagascar interrompt son 12p. exploitation à partir de ce jour Jeudi 4 avril 2002 2154 Cotona ferme ses portes. Les transporteurs arrêtent. Le petit 12p. peuple est assassiné Vendredi 5 avril 2002 2155 La crise vue par l’OUA : Madagascar va vers la « guerre 12p. civile » Samedi 6 avril 2002 2156 Ravalomanana lance un appel à la Nation contre le 12p. « terrorisme » intérieur Lundi 8 avril 2002 2157 Evasion de 123 détenus à Antanimora. Sept étaient encore 12p. recherchés hier soir Mardi 9 avril 2002 2158 Actes de violences hier dans la capitale contre des dignitaires 12p. pro-Ratsiraka Mercredi 10 avril 2002 2159 L’armée légaliste active une politique des petits pas entre 12p. Ratsiraka et Ravalomanana Jeudi 11 avril 2002 2160 La Cour Suprême annule le décret de nomination des membres 12p. de la HCC Vendredi 12 avril 2002 2161 La province sous tension avec les ultimatums de Fianar et de 12p. Brickaville Samedi 13 avril 2002 2162 Les premiers affrontements entre forces de l’ordre ont eu lieu 12p. hier à Fianarantsoa Lundi 15 avril 2002 2163 Embuscade sanglante entre militaires à Fianarantsoa : 5 morts, 12p. 18 blessés Mardi 16 avril 2002 2164 Ravalomanana attend Ratsiraka à Dakar mais … le KMMR 12p. durement réprimé à Mahajanga : 37 blessés Mercredi 17 avril 2002 2165 Un général assassiné. Violences à Antsirabe. Le pays suspendu 12p. à Dakar Jeudi 18 avril 2002 2166 Ratsiraka-Ravalomanana : la rencontre a débuté par une 12p. embrassade Vendredi 19 avril 2002 2167 L’accord de Dakar met fin immédiatement à la violence et aux 12p. barrages Samedi 20 avril 2002 2168 Ravalomanana de retour. Ratsiraka de séjour à Paris. Une 12p. pause de réflexion Lundi 22 avril 2002 2169 La levée des barrages suspendue au retour de Ratsiraka attendu 12p. ce jour Mardi 23 avril 2002 2170 Les gouverneurs refusent de lever les barrages sans retour à la 12p. légalité Mercredi 24 avril 2002 2171 L’Europe disposée à aider au rétablissement de la liberté de 12p. circulation Jeudi 25 avril 2002 2172 12p. Vendredi 26 avril 2002 2173 Les gouverneurs mettent la pression avant l’arrêt de la HCC 12p. prévu pour lundi Samedi 27 avril 2002 2174 Faute d’auto-récusation, une femme et cinq hommes décident 16p. + 8 du sort du pays Lundi 29 avril 2002 2175 Ravalomanana serein. Ratsiraka ambigu avant la décision de la 12p. HCC Mardi 30 avril 2002 2176 Ravalomanana déclaré président. Les provinces sur la voie 12p. risquée de l’indépendance 111

DATE Numéro Titre d’ouverture Pages Jeudi 2 mai 2002 2177 Des généraux prêts à obéir. Ravalomanana reporte son 12p. investiture tandis que les provinces s’auto-fédèrent Vendredi 3 mai 2002 2178 Des généraux aux gouverneurs. De Ratsiraka à Ravalomanana. 12p. L’OUA reçu par un pays inquiet Samedi 4 mai 2002 2179 L’investiture est fixée lundi. Ratsiraka et Ravalomanana ont 48 12p. heures pour faire la paix Mardi 7 mai 2002 2180 L’investiture du Président Ravalomanana ternie par un Dakar II 12p. et Ratsiraka Mercredi 8 mai 2002 2181 De Tsimbazaza à Mahajanga. La bataille parlementaire s’ouvre 12p. sur un match nul Vendredi 10 mai 2002 2182 Violences à Mahajanga. Sylla reconduit PM et Dakar II ou pas 12p. Dakar II ? Samedi 11 mai 2002 2183 Dakar II est reporté et Sylla annonce un simple remplacement 12p. Mardi 14 mai 2002 2184 Nouvelle impasse à Dakar. Inondations à Toamasina et course 12p. gouvernementale Mercredi 15 mai 2002 2185 Un gouvernement élargi pour structurer l’action nationale de 12p. Jacques Sylla Jeudi 16 mai 2002 2186 De quoi demain sera fait si, en plus, l’annulation de la dette ne 12p. sert à rien Vendredi 17 mai 2002 2187 Un nouveau barrage d’une autre envergure : la RN2 12p. impraticable après Kesiny Samedi 18 mai 2002 2188 Herizo Razafimahaleo se retire de la scène politique dès ce jour 12p. Mardi 21 mai 2002 2189 L’annulation des élections aux conseils provinciaux et au Sénat 12p. à nouveau mise sur le tapis Mercredi 22 mai 2002 2190 La « légalité » divise toujours autant le haut commandement 12p. militaire Jeudi 23 mai 2002 2191 « Dakar II » toujours en instance. Ravalomanana réunit les 12p. chefs de parti à Ambohitsorohitra Vendredi 24 mai 2002 2192 Addis-Abeba serait finalement retenue pour accueillir la 12p. « réunion de la dernière chance » Samedi 25 mai 2002 2193 « Dakar II », ce sera les 29 et 30 mai pour un accord politique 12p. + 4 et un « plan d’urgence » concerté Lundi 27 mai 2002 2194 Les comités de vigilance ont voulu s’en prendre à l’antenne 12p. relais de Canal 6 Mardi 28 mai 2002 2195 Tantely Andrianarivo assigné à résidence. Jacques Sylla 12p. nouveau maître de Mahazoarivo Mercredi 29 mai 2002 2196 Jacques Sylla durcit le ton mais déclare ne pas fermer la porte 12p. aux négociations Jeudi 30 mai 2002 2197 Les premières délégations sont déjà sur place mais Dakar II 12p. reste incertain Vendredi 31 mai 2002 2198 Le Sénégal ouvre le bal au mondial ce jour. « Dakar II » 12p. s’éloigne pour Madagascar 112

DATE Numéro Titre d’ouverture Pages Samedi 1er juin 2002 2199 L’échec des appels à la négociation apparaît consommé 12p. Lundi 3 juin 2002 2200 Le PDS Jaosoa Jean Pascal reprend son fief de Sambava avant 12p. la conquête du Nord Mardi 4 juin 2002 2201 Premier accrochage sérieux à Sambava avec l’arrivée des 12p. renforts de part et d’autre Mercredi 5 juin 2002 2202 La nouvelle taxe en faveur des provinces autonomes agite les 8p. milieux pétroliers Jeudi 6 juin 2002 2203 Les troupes pro-Ratsiraka ont débarqué à Sambava devenue 12p. objet de surenchère militaire Vendredi 7 juin 2002 2204 Les médiateurs de Dakar restent optimistes malgré la réticence 12p. des « invités » Samedi 8 juin 2002 2205 Ravalomanana affrontera Dakar II avec la caution militaire 12p. Lundi 10 juin 2002 2206 Dakar II s’ouvre dans un climat tendu et la fermeté des 12p. positions Mardi 11 juin 2002 2207 Ni « oui » de Ratsiraka, ni « non » de Ravalomanana au plan de 12p. sortie de crise de Dakar II Mercredi 12 juin 2002 2208 Retour à la case … Dakar. Ravalomanana cède rien, Ratsiraka 12p. va-t-en guerre Jeudi 13 juin 2002 2209 A l’Ouest, du nouveau, la RN4 libérée et le gouverneur 12p. s’efface Vendredi 14 juin 2002 2210 Ratsiraka a quitté hier Toamasina pour Paris en promettant de 12p. « revenir » Samedi 15 juin 2002 2211 Mahajanga, Toliara et Vohémar sont « tombées ». Ratsiraka 12p. résiste à Paris Lundi 17 juin 2002 2212 Ravalomanana dit OK à Wade. Sylla chargé de former un autre 8p. gouvernement de réconciliation Mardi 18 juin 2002 2213 Du Sambirano à Nosy Be, la bataille du Nord s’annonce 8p. difficile Mercredi 19 juin 2002 2214 Six nouveaux ministres pour la réconciliation politique. Sylla 12p. avance à petits pas Jeudi 20 juin 2002 2215 La France stoppe le vol de « douze salopards » recrutés pour se 12p. battre à Madagascar Vendredi 21 juin 2002 2216 Des mercenaires, c’est trop. Le président Ravalomanana veut la 12p. tête de Ratsiraka Samedi 22 juin 2002 2217 La psychose des affreux et plusieurs attentas hypothèquent 12p. Addis Abeba Lundi 24 juin 2002 2218 Madagascar « chaise vide ». Ravalomanana et Ratsiraka 8p. renvoyés dos-à-dos par l’OUA Mardi 25 juin 2002 2219 Jeudi 27 juin 2002 2220 Bush reconnaît Ravalomanana et pour la première fois, la 12p. France se défile un 26 juin Vendredi 28 juin 2002 2221 Avoirs malgaches débloqués et Diégo connaît ses premiers 12p. pillages par le gang Coutiti Samedi 29 juin 2002 2222 « Diégo » ville morte hier à l’approche des troupes de 12p. libération du Nord 113

DATE Numéro Titre d’ouverture Pages Lundi 1er juillet 2002 2223 Temps de réflexion ce week-end à Ambilobe pour les forces 12p. armées Mardi 2 juillet 2002 2224 Ambilomagodra est tombé. Ratsiraka prêt à accepter un cessez- 12p. le-feu garanti Mercredi 3 juillet 2002 2225 « Diégo » : c’est fini ! De Villepin arrive, Constant se rallie 12p. Jeudi 4 juillet 2002 2226 Relations avec la France « au beau fixe » qui appelle l’OUA à 12p. accueillir Madagascar Vendredi 5 juillet 2002 2227 « Diégo » fête sa délivrance. Premier accrochage à l’Est et le 12p. Sénat « désarématisé » Samedi 6 juillet 2002 2228 La crise est finie. Ratsiraka est parti hier de Toamasina 16p. Lundi 8 juillet 2002 2229 Arrivé à Paris, Ratsiraka se dit « indésirable » dans son pays 12p. « pour l’instant » Mardi 9 juillet 2002 2230 Création d’une « commission d’enquête » sur les crimes et 12p. délits du régime Ratsiraka Mercredi 10 juillet 2002 2231 La caisse après la casse : réunion-test des « amis » à Paris pour 8p. Ravalomanana Jeudi 11 juillet 2002 2232 Le général Bory Jean Paul arrêté avec Joseph Sydson hier 12p. matin à Toamasina Vendredi 12 juillet 2002 2233 La police à contribution pour un coup de torchon citoyen sur la 12p. capitale Samedi 13 juillet 2002 2234 Le général Mamizara appelle au respect des droits de la 16p. défense Lundi 15 juillet 2002 2235 Fin de la « chasse à l’homme » mais « impunité zéro » 12p. Mardi 16 juillet 2002 2236 Forte activité hier à Ambohitsorohitra sur le profil économique 8p. Mercredi 17 juillet 2002 2237 Agriculture t bâtiment : les engrais et le ciment exonérés par le 8p. Président Jeudi 18 juillet 2002 2238 Ordre de la Couronne de fer. Décoration sans existence légale 8p. qui surprend et gêne Vendredi 19 juillet 2002 2239 L’Europe appuie la relance, Ravalomanana confirme ses 12p. promesses à la paysannerie Samedi 20 juillet 2002 2240 Madagascar, trublion ? Wade critiqué à Dakar et Mozambique 12p. à l’affût Lundi 22 juillet 2002 2241 Les ministres payés l’équivalent de 3.500 dollars mensuels 12p. pour mieux combattre la corruption Mardi 23 juillet 2002 2242 L’alternative à la conquête du bureau permanent du Sénat 8p. Mercredi 24 juillet 2002 2243 Rajemison Rakotomaharo élu président du Sénat, mais la 8p. palme est restée à l’ouverture Jeudi 25 juillet 2002 2244 La volonté de « retour au beau fixe » confirmée au cours de la 12p. visite à Paris de Jacques Sylla Vendredi 26 juillet 2002 2245 177,7 milliards FMG en trop ! L’utilisation des fonds spéciaux 12p. pour 2001 « épinglée » par l’IGE Samedi 27 juillet 2002 2246 Madagascar obtient 2,3 milliards de dollars du club de « ses 16p. amis » pour la relance de son économie Lundi 29 juillet 2002 2247 Ravalomanana à Antsirabe lève un pan sur sa politique 12p. sectorielle Mardi 30 juillet 2002 2248 Le précédent cabinet du ministère du budget mis en cause dans 12p. des affaires de fraudes douanières Mercredi 31 juillet 2002 2249 Le comité directeur de l’AREMA réagit face aux attaques dirigées contre le secrétaire national 114

BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages généraux

1- CRN « Voafitaka ny Malagasy, miala an’Ankatso dia Ambohidepona »2003, 52pages 2- RAZAFIMAHEFA (Edmond) « Tantaran’ny fietseham-bahoaka tsy nisy herisetra 1991. » Antananarivo, Antso, 1995, 140p 3- RAZANAMASY (Guy Willy) « Livre blanc de la deuxième à la troisième République à Madagascar. Le gouvernement de transition août 1991- août 1993. » Graphoprint, Antananarivo, 1993, 86p. 4- SOULET (Jean François) « L’histoire immédiate ». Presse Universitaire de France, Que sais-je ? n°2841, Paris 1994,136p. 5- VEYENE (Paul) « Comment on écrit l’histoire », Paris, Seuil, 1971, pp25-66

6- BLOCH (Marc) « Apologie pour l’Histoire ou Métier d’historien, » Paris, Armand Colin. 1993-pp 9 7- MASSIOT (Michel), « Les institutions politiques et administratives de la République malgache. » Ecole Nationale de la promotion sociale, Antananarivo, 1967, 561p. 8- BLOCH (Marc) « La Société féodale », Paris, Albin Michel, 1978, pp 16- 26 9- PROST (Antoine) « Douze Leçons sur l’histoire », Seuil, Collection Points Histoire, Paris, 1996 pp 36 10- POITELON (Jean Claude) RAZAFINTSALAMA (Germaine), RANDRIANARIVELO (Rasoahanta) « Aperçu sur les journaux à Madagascar jusqu’en 1938 ». Bulletin de Madagascar, Octobre Novembre, 1970, n°293-294 11- MAESCHER (Jacques), AUCHELIN (Antoine) - Introduction à la linguistique contemporaine. Armand Colin, Paris, 1997. 192p. 12- DUBOIS (Jean) et consorts. , « Dictionnaire de linguistique ». Librairie Larousse, Paris. 2002, 250p. 13- CALVET (Louis Jean) « La sociolinguistique. » PUF, Que sais-je, Paris, 1993, 127p. 14- BELEIGNER (Aude), LEDEGEN (Gurdun) « Sécurité/ Insécurité linguistique, terrain et approches diversifiés, proposition théorique et méthodologique. » L’Harmattan, Collection Espaces Francophones, 2002, 346p. 115

15- MOREAU (Marie Louise) « Sociolinguistique, concept de base. » Mardaga, Liege, 1997, 312p. 16- MARTIN – LAGARDETTE (Jean Luc) « Guide de l’écriture journalistique. » La découverte, 2003, 251p. 17- SIMONIN (Jacky) & WOLF (Eliane) « Communications médiatisées et territoires insulaires. » L’Harmattan, AIF, 2003, 213p. 18- MAINGUENEAU (Dominique) « Analyser les textes de communication», Nathan, Collection Lettres Sup. 200, 211p. 19- RAMAMBAZAFY (Jean Jack) « Nouvelles lois pour la presse », Madagascar. 1991, pp 12 20- BRACHET (Bernard) « Droit public : Droit constitutionnel et libertés publiques ». Paris, 1988, pp257-259

Ouvrages spécifiques

1. AYER (Gerald) « L’avenir de Madagascar, idées forces pour un grand changement. » Foi et justice, Madagascar, 2001,173 p. 2. JULIEN (G.) « Les institutions politiques et sociales à Madagascar ». Paris, 1908, 320p. 3. PESLE (Nicolas) « Neuf ponts dynamités…plus un mars- juin 200 », Foi et Justice, Tananarive, 2002, 62p. 4. PESLE (Nicolas) « Résurgence d’une nation » Foi et Justice, Antananarivo, 2003, 331p. 5. RABARY (Mathilde) « S.O.S aux victimes de non droit,...... plus jamais ça. » Antananarivo, Madagascar, 2002, Tome I-II-III 493p. 6. RAFENOMANJATO (Charlottes Arisoa), « Du Président de la rue au Président du palais ». Sainte-Marie, Azalées Edition, 2003, 214p. 7. RAISON JOURDES (Françoise) - Madagascar les urnes et la rue. Edition Karthala Paris, 2002, 211p. 8. RANARIVELO (Elysé) « Evénement 2002 : une place pour deux ». Antananarivo, Alizé, 2004, 76p. 116

9. RAZAFINDRAKOTO (Mireille), ROUBAUD (François) « Le scrutin présidentiel du 16 décembre 2001. » 2003,12p. 10. URFER (Sylvain) « Le doux et l’amer Madagascar au tournant du millénaire » Foi et Justice, Antananarivo, 2003,267p. 11. VARGA (Eugène). - « La crise économique, sociale, politique. » Edition Sociale, Paris, 1976, 367p. 12. YAMAL (Dan) « L’éveil d’un peuple ». Antananarivo, 2002, MAPOM, 361p 13. ALBERT (Pierre) « La presse ». PUF, Que Sais- Je, Paris, 1991, 132p. 14. ALBERT (Pierre) « Les médias dans le monde ». ELLIPSE, Paris, 1994, 236p. 15. B. PRINIERES., « La presse sans politique. » LGDJ, Paris, 1972. pp 1-45 16. BATAILLE (Francine), SCHIFFRES (Alain), TANNER (Jean Claude) « Analyse de la presse, l’idéologie du Canard Enchaînés. » Paris 1963, PUF, pp 5-29 17. BRADLEY (Duane) « Qu’est-ce que la presse ? » .Edition France Empire, Paris1966, 176p. 18. CAYROL R « Les médias, la presse écrite, la radio, les télévisions, thèmes sciences politiques ». PUF, Paris 1991, 480 p. 19. DENOYER (Pierre) « La presse moderne. » Que sais-je n°414 PUF, Paris 1994, 128p. 20. FAUCIER (Nicolas) « La presse quotidienne, ceux qui la font, ceux qui l’inspirent. » Les Editions Syndicalistes, Paris 1965, 347p. 21. JAEGLE (Eugène) « La presse à Madagascar. » Antananarivo, 1927, 4p. 22. JUNQUAD « La presse écrite et l’audio visuelle ». CFPJ, Paris, 1995. pp 28-77 23. KAYSER (Jaques) « Le Quotidien français. » Cahier de la fondation nationale des sciences politiques n° 122, Armand Colin, Paris 1963, 171p. 24. LE TARGAT (François) « Journalisme et information. » André bon éditeur, Paris 1967, 221p. 25. Madagascar, annuaire du monde politique- administratif- diplomatique de la presse. , 1973 .Antananarivo, Edition Madprint and Press Company, 134p. 26. MARON (Claude) « L’hebdomadaire Lumière de Madagascar 1935 à 1975. » Aix Marseille. Presse Universitaires d’Aix Marseille, 231 p. 27. ROY (JL), «Presse et démocratie». In la francophonie, le Projet Communautaire pp 83-86 28. VOYENNE (Bernard) « La presse dans la société contemporaine ». Edition Armand Colin, Paris 1962, 221p. 117

29. WEILL (Georges) « Le journal, origine, évolution et rôle de la presse périodique » Renaissance du livre, Paris 1934, 451p.

Journaux quotidiens et périodiques • l’Express de Madagascar du 1er février 2001 au 31 juillet 2002 n°1878-2249 • Les 10 premiers numéros de l’Express de Madagascar n°0001-0010 • Midi Madagascar 22 août 2001 n°5482 28 août 2001 n°5487 19 December n°5583 18 December n° 5583 29 December n°5598 6 février 2002 n°5623 19 avril 2002 n°5673 • Tribune de Madagascar n°3935 , 19 décembre 2001 • La lettre mensuelle du JURECO, 4 mars 2002 • Journal Officiel de Madagascar et Dépendances, n°593, 13 avril 1901 • Chantal BLANC-PAMARD &Hervé RAKOTO RAMIARANTSOA, 2003- Madagascar sortie de crise ? In L’Espace Géographique, 2003 pp 184-191 118

RESUME

TITRE DE MEMOIRE : Les évènements, 2001-2002 à travers le journal l’Express de Madagascar

NOMBRE D’ILLUSTRATIONS : 8

NOMBRE DE PAGES : 96

NOMBRE DE FIGURES : 6

RESUME Faire de l’Histoire veut dire rendre intelligible les situations du passé et du présent. La presse s’y présente comme un réel intérêt. Etant un document écrit, elle constitue une source historique et, conserve des faits ou événements à travers des rubriques selon une éthique professionnelle se basant sur la légalité- l’impartialité- la liberté. C’est le cas du journal quotidien et d’information l’Express de Madagascar qui véhicule le déroulement de la vie contemporaine. Ses articles, ses communiqués, ses chroniques et ses éditoriaux créent un forum d’idées, d’opinions divergentes, qui contribuent à l’éclosion de la vérité spécialement à propos de la crise qui a récemment frappé Madagascar afin de servir à l’intérêt général. Il n’y a rien d’aussi puissant que la vérité et c’est elle qui nous rendra libre.

Descripteurs : Evènements – crises – presses – source historique – Madagascar- grève- élections présidentielles