UNIVERSITE D’ FACULTE DES LETTRES ET DES SCIENCES HUMAINES

DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

COMMERCE INFORMEL DANS LE PREMIER ARRONDISSEMENT

DE LA COMMUNE URBAINE D’ANTANANARIVO

Philothé T.T. MANJAKAHERY

Sous la direction de : Monsieur Gabriel RABEARIMANANA Maître de Conférences et Directeur de recherche au Département de la Géographie d’Antananarivo Jury : Président : Madame Jocelyne RAMAMONJISOA, Professeur titulaire Rapporteur : Monsieur Gabriel RABEARIMANANA, Maître de Conférences

Juge : Madame Céline RATOVOSON, Maître de Conférences

1 COMMERCE INFORMEL DANS LE PREMIER ARRONDISSEMENT DE LA COMMUNE URBAINE D'ANTANANARIVO

AVANT- PROPOS DEDICACE

Le présent mémoire n’a pu être élaboré sans le concours de tout un ensemble de personnes àJ quie je voudraisdédi icie app orterce mes mtémoignagesémoir de reco nnaisà sance et mes remerciements.ma fa J’adremilsse,l eplus partiqculièrementui, mesdu vifrsa remerciementsnt à : - Mesdames et Messieurs les membres du jury : - tPrésideoutnte :s Madame me Jos selynelo RAMAMONJISOA,ngues an Professeurnées titulaire - Rapporteur : Monsieur Gabriel RABEARIMANANA , Maître de Conférences

- dJuge’é t: Madameude ,Céline n RATOVOSON,’a jam Maîtreais de cConféreessncesé de m’encourager à - M. Gabriel RABEARIMANANA, Maître de Conférences, Directeur de

precerhercshesév aué Départementrer d Géographieans m dea la Facultévoi dees ,Lettres et Sciences

Humaines d’Antananarivo, rapporteur du présent mémoire, qui n’a pas ménagé

ses efforts pour nous conseiller et apporter ses critiques constructives tout

au long de ce mémoire.

- Tous les enseignants et personnels administratifs du Département de

Géographie d’Antananarivo, sans qui, je n’aurais pas acquis le savoir-faire

nécessaire pour tous mes travaux et recherches en tant que géographe,

- L’ ASSOCIATION REALITES Lot SIAD 15 Ambondrona Antananarivo, pour

la disponibilité de leurs responsables et leur encadrement technique et

logistique ayant permis la présentation de notre travail

- Mes amis qui m’ont soutenu surtout au plus dur des épreuves

Je remercie infiniment aussi :

- Tous les responsables de la Commune Urbaine d’Antananarivo pour leur

franche collaboration

- Les commerçants informels et personnes enquêtées qui ont fait preuve de

compréhension.

Grâce à vos contributions, ce mémoire est arrivé à son terme.

RESUM E

Le commerce informel, omniprésent dans le Premier Arrondissement est un métier difficile et multiforme. Cette activité à caractère insaisissable, se pratique surtout dans les bas quartiers et le centre ville. C’est un métier de la rue et exercé en majorité par des Merina. Comme la rue n’est pas un terrain de chasse facile, il faut être un chasseur habile et fin stratège pour y survivre. Tous les commerçants informels sont obligés d’être solidaires, entre eux et avec les autres acteurs des secteurs formel et informel, face aux répressions, malgré l’existence de la concurrence.

Le commerce informel du Premier Arrondissement est lié à l’évolution des marchés d’Antananarivo et à la politique y afférente. Aujourd’hui, les dirigeants essayent de réparer les erreurs de leurs prédécesseurs en adoptant la politique de la répression. Mais une partie de la population a acquis l’habitude de pratiquer ses activités sur la voie publique.

Les marchands exerçant sur les trottoirs et les marchands à la sauvette constituent aussi la résultante de l’incohérence de la politique de développement et de l’absence d’une véritable politique de travail apte à absorber une main-d’œuvre en perpétuelle évolution. Mais là où le bât blesse c’est l’insouciance collective favorisant le laxisme, manquant presque de réaction ou de sursaut d’orgueil mais se complaisant dans une sorte de complicité mesquine voire morbide. Malgré un semblant d’avantages et services acquis par bon nombre de gens, y compris l’Etat, cette frange de sa population ne participe pas au développement économique et se trouve même en marge du circuit.

En conséquence le commerce informel génère des problèmes inhérents à ses acteurs comme à ses bénéficiaires sans oublier les récalcitrants à ce genre d’activité. La grande discussion, objet du présent mémoire, repose sur l’utilité de ce commerce et de son avenir.

MOTS CLES : - Tertiarisation de l’économie- Informel-– Petits métiers ––

Commune urbaine d’Antananarivo

TABLE DES MATIERES I .AMPLEUR DU COMMERCE INFORMEL ...... 7 I.1 Le nombre des commerçants informels ...... 7 I.2 Les espaces occupés ...... 12 ...... 14 I I LA DIVERSITÉ DU COMMERCE INFORMEL ET DE SES ACTEURS ...... 14 II.2 La répartition des commerçants informels dans les 44 fokontany ...... 62

LISTES DES CROQUIS – FIGURES- TABLEAUX – GRAPHIQUES –– PHOTOS

Listes des croquis

Croquis n°01 : La localisation du Premier Arrondissement……………………………………………

…………………….1b

Croquis n°02 : Commune Urbaine d’Antananarivo……………………………………………………………

……………………...1b’

Croquis n°03 : Les 44 fokontany du Premier Arrondissement de la Commune

Urbaine d’Antananarivo………………………………………………………………………………

………………………………..1b’’

Croquis n°04 : Localisation des commerçants informels dans le Premier

Arrondissement…………..13b

Croquis n°05 : Localisation des commerçants informels d’Analakely…………………………

…………………...34b

Croquis n°06 : La spécialité de chaque fokontany en matière de commerce informel………………….61b Croquis n°07 : Répartition du commerce informel dans les 44 fokontany du

Premier Arrondissement……………………………………………………………………………

……………………………… 68b

Listes des figures

Figure n° 01 : Répartition des commerçants informels………………………………………………

…………………….. 10b

Figure n° 02 : Répartition de la population du Premier Arrondissement suivant

leur sexe………… 19

Figure n° 03 : Synthèse de la classification des acteurs de commerce informel……

……………………. .24

Figure n° 04 : Données sur les réponses des commerçants informels su Premier

Arrondissement face à la question de formalisation…………………………

……………………………………………… …49

Figure n° 05 : Représentation quantitative des réponses des commerçants

informels su Premier Arrondissement…………………………………………………

…..…………………………………………50

Figure n° 06 : Evolution de la population du Premier Arrondissement………………………

………………………..54

Figure n° 07 : Les raisons de la fréquentation du commerce informel par la

population tananarivienne…………………………………………………………………………

…………………………………….. 73

Figure n° 08 : La répartition des produits dans les boutiques spécialisées……………

………………………… V

Figure n° 09 : La répartition des produits des vendeurs des produits

alimentaires……………………….IV

Figure n° 10 : La répartition de chaque spécialité dans le Fast Food………………………

………………….. .VII Figure n° 11 : Pourcentage des brocanteurs et des quincaillerie………………………………

…………………….VIII

Figure n° 12 : Répartition des autres commerces informels………………………………………

…………………… ..IX

Listes des tableaux

Tableau n°01 : Comptage du commerce informel dans les 44 Fokontany du 1er

arrondissement de la Commune Urbaine d'Antananarivo ……………………………………

…………………………………………………………09

Tableau n°02 : Récapitulation sur la Typologie du commerce informel……………………

……………………….16

Tableau n°03 : Caractéristiques et classifications des commerçants informels……

…………………………18

Tableau n°04 : Répartition générale de la population du Premier Arrondissement…

……………………….19

Tableau n°05 : Répartition moyenne des catégories de client du commerce

informel……………………20

Tableau n°06 : La répartition moyenne des marchandises achetées par les clients

du commerce informel……………………………………………………………………………………………………

……………………………………………….21

Tableau n°07 : Classification des fournisseurs………………………………………………………………

………………………..22

Tableau n°08 : Evolution de la population du Premier Arrondissement……………………

………………………..54

Tableau n°09 : Répartition détaillée de la population du Premier

Arrondissement…………………………55 Tableau n°10 : Infrastructure de marchés de la Commune Urbaine

d’Antananarivo……………………….60

Tableau n°11 : l’agriculture et l’élevage dans la CUA……………………………………………………

…………………………87

Listes des photos

Photo n°01 : Rue Prince Ratefinanahary dans le fokontany Ambatonakanga. Marquée par l’absence du commerce informel, témoin de la presque absence du commerce informel dans la ville haute……………………………………………………………………… ……………………………………….12b

Photo n°02 : Un bac à ordures installé en pleine rue et des commerçants qui occupent les trottoirs le long de la rue Ny Avana Ramanantoanina…………………… ………………………………………………………………………………………………………………12b.

Photo n°03 : Contrastes frappants, encore occupé par des commerçants informels avant le coucher du soleil l’escalier Rahoerason : les habitations … …………………………………………………………44b

Photo n°04 : L’actuelle place du 13 mai 1972 ; lieu de rencontre de toute forme de commerce ambulant que ce soit informel ou illicite ………………………………………… …………………………………………… 44b

Photo n°05 : Le côté Ouest du jardin d’Antaninarenina. L’une des merveilles du Premier Arrondissement……………………………………………………………………………………………… ……………………………………84b

Photo n°06 : Un terrain vague, eaux sales et des ordures dans le fokontany d’Andavamamba Anatihazo II.Le premier Arrondissement sur le tiers- monde………………………………………………… 84b

Photo n°07 : La rizière dans le fokontany d’Andohatapenaka II. Une activité rurale dans une commune urbaine……………………………………………………………………………… ……………………………………………….88b

INTRODUCTION

Dans un souci géographique, la présente étude sera effectuée essentiellement à l'échelle locale, c'est-à-dire le Premier Arrondissement de la

Commune Urbaine d'Antananarivo. Elle sera aussi placée dans le contexte de la capitale tout en se référant à d'autres espaces à titre de comparaison. Cet arrondissement a une importance particulière par rapport aux cinq autres arrondissements de ladite commune urbaine. C'est le cœur de la capitale de

Madagascar (voir croquis n°01 : ). Il est limité au Nord par le sixième

Arrondissement, au Sud par le quatrième Arrondissement, à l'Est par les deuxième et troisième Arrondissements et à l'Ouest par la commune rurale de

Bemasoandro ( voir croquis n °02 : Commune Urbaine d’Antananarivo). Sa superficie est de 8,64 km2 pour 44 fokontany (voir croquis n°03 : Présentation des 44 fokontany du

Premier Arrondissement de la C.U.A.). C'est un arrondissement très marqué par le commerce informel. En effet, celui-ci a attiré un grand nombre de personnes et cette attraction ayant dépassé une certaine limite, a poussé les autorités communales

à mettre au point une organisation, suivie d'une répression contre le commerce informel depuis plusieurs années

Ce commerce informel est un thème assez vague et n’a attiré que très peu l'attention des scientifiques. Les auteurs comme HUGON (P), POURCET (G),

LAUTIER (B) se sont intéressés seulement au secteur informel en général. Or ce secteur possède plusieurs branches qui constituent les composantes d'un ensemble.

Les études entreprises n'ont donné que des analyses de cet ensemble; peu d'auteurs ont pensé à étudier les composantes.

En géographie, la priorité n'a jamais été donnée aux différentes branches dudit secteur. Ces différentes branches, qui couvrent aussi bien l'industrie, le transport que le commerce, ont leurs spécificités. Le secteur informel est ainsi multiforme. C'est pourquoi il serait nécessaire d'examiner une par une chacune de ces branches. Mais comme il n'est pas possible de prendre en compte

1

en même temps toutes les branches, il est plus intéressant de choisir l'une d'entre elles : " le commerce informel". La raison de ce choix vient de deux faits. D'une part ce genre de commerce prend une place importante dans l'arrondissement sur le plan spatial, économique et social, et d'autre part les opinions sont divergentes à son propos.

Le commerce informel concerne toute activité de vente ou de revente, permanente ou occasionnelle, fixe ou mobile, qui ne respecte pas les normes existantes. Les normes varient en fonction du type de commerce et de l'autorité concernée. Cette variation entraîne une difficulté de précision dans la qualification des commerçants informels. Mais néanmoins trois critères fondamentaux permettent de les identifier :

- L'absence de Numéro d'Identification Fiscal (NIF)

− l'absence de comptabilité moderne

− Le non-respect de la fonction de chaque type d'infrastructure tels que

les routes, les trottoirs, les jardins publics, etc…

Ces critères ne sont pas cumulatifs. Ils peuvent être utilisés séparément pour identifier un commerce informel. De ces critères, trois formes de commerce doivent aussi être distingués : le commerce informel, le commerce illicite et le commerce irrégulier. Le commerce illicite est une forme d'infraction pénale et le commerce irrégulier est un commerce formel non régularisé à temps. Cette distinction sera nécessaire pour cadrer le domaine du commerce informel du premier

Arrondissement dans la commune Urbaine d'Antananarivo

Les différentes mesures prises par l'autorité communale ont créé une situation de crainte et de méfiance chez les commerçants informels. Mais malgré cette situation, ils continuent toujours à pratiquer leurs activités. A vrai dire, ils y sont obligés.

P ROBLÉMATIQUE

Dès lors, des questions se posent : Le commerce informel arrive-t-il à satisfaire les besoins de ses acteurs ?

2 Ces acteurs peuvent- ils espérer améliorer leur situation dans le commerce informel ?

A partir de là, il y a lieu d'examiner, tout d'abord, les aspects du commerce informel dans l’espace qui est le Premier Arrondissement, c'est-à-dire son ampleur, son fonctionnement interne et externe, les acteurs qui s' y consacrent, selon leur âge, leur sexe, leur terre d'origine,… Ensuite, une rétrospective pour appréhender les changements, les mutations de ce commerce et de la situation de ses acteurs.

Enfin, il importe de montrer les avantages et les inconvénients du commerce informel, pour les commerçants eux mêmes, pour les diverses autorités de la ville et pour les tiers.

D ÉMARCHE DE RECHERCHE

Cette triple exigence de la problématique nous a conduit à suivre une démarche de recherche comprenant trois phases : la documentation, l'observation et les enquêtes. La première phase a été effectuée dans cinq endroits différents à

Antananarivo : la bibliothèque du département de Géographie de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines, le Centre d'Information Technique et Economique (CITE), le

Centre Culturel Albert Camus (CCAC), l'Institut National des Statistiques (INSTAT) et le Bureau du Développement d'Antananarivo (BDA). Cette documentation a permis de recenser, d'exploiter les diverses publications : ouvrages et revues traitant le secteur informel ; et de recueillir les données nécessaires et utiles sur la population et le commerce formel. Elle a aussi permis l'élaboration des différents croquis illustrant le présent mémoire.

Après la documentation, il y a eu l'observation directe de la répartition spatiale des commerçants informels, du fonctionnement de leurs activités et du premier

Arrondissement que nous avons visité de manière systématique. Pendant cette phase de recherche, l'objectif a été de déterminer le nombre de commerçants informels en les comptant. Mais au cours du comptage qui a pris beaucoup de temps, nous avons pu observer de près le paysage des différents quartiers. Nous avons alors relevé et enregistré méthodiquement les faits géographiques. Cette deuxième phase, qui a été longue, a offert l’avantage de préparer celle des enquêtes dans la mesure où, avec

3 une vision d'ensemble, il nous a été facile d'identifier et de sélectionner les acteurs à enquêter. Ce sont les autorités, les commerçants informels et leurs clients. Après cette sélection, sont venus l'établissement des questionnaires et le choix des

échantillons.

A propos des questionnaires (voir annexe pages VIII à XII ) des précautions1ont été prises pour mettre le locuteur en confiance et pour avoir des réponses quantifiables. Quant à l'échantillonnage, le taux retenu a été de 25%, soit 11 fokontany sur 44. Cet échantillonnage raisonné a été fondé sur deux critères : d'une part la représentativité du fokontany et d'autre part son importance en matière de commerce informel. Dans chacun des fokontany choisis, le nombre de commerçants et de leurs clients enquêtés a été limité en fonction des types de commerce informel qui s'y trouvent2. En tout, il y a eu 80 clients et

80 commerçants informels enquêtés.

Pour la présente étude, il y a eu des difficultés dès la phase de documentation. Le commerce informel a intéressé peu d'auteurs, la plupart des travaux déjà publiés n'ont traité que le secteur informel en général. Ainsi il a

été difficile de trouver une définition précise du commerce informel ce qui a constitué un handicap pour les travaux effectués. Au niveau des données, l'informel en général est réputé par son absence des registres officiels et des documents statistiques.

De ce fait les données disponibles sont très insuffisantes. Celles utilisées ici proviennent essentiellement de nos enquêtes personnelles, y compris le recensement. Faute de recoupement, elles ne sont pas certaines, d'autant plus que dans ce domaine, les changements sont rapides. En plus, lors des comptages, certains commerçants informels ont pu être comptés plus d’une seule fois à cause de leurs déplacements incessants. Pour les cartes et croquis utilisés, ils n'étaient pas

à jour lors de leur acquisition. Ils comportent même des contradictions. Sur les croquis officiels, il y avait 47 fokontany alors que dans la réalité, le premier

1 Pas de mention de nom ni d’adresse 2 Les taux d’échantillonnage ont varié pour chaque catégorie enquêtée dans les fokontany en fonction des possibilités tout en tenant compte de leur représentativité.

4 Arrondissement n'en compte que 44. Certains fokontany n'ont pas de limites administratives bien définies, d'autres ont leur nom placé hors de leur territoire.

Ces erreurs n'ont été corrigées par la commune qu'après la fin de nos

enquêtes. Ainsi pendant les travaux sur terrain, parallèlement aux enquêtes, nous avons dû effectuer des corrections. Cela a alourdi nos problèmes.

En effet, il a été très difficile de faire le comptage exact des commerçants informels à cause de leur dispersion à travers les ruelles, du manque de temps et de la variation rapide de leur nombre3. En outre, les commerçants informels se déplacent beaucoup. Tantôt ils se regroupent dans un fokontany et tantôt dans un autre. Ils peuvent aussi arrêter et reprendre leurs commerces à n'importe quel moment en fonction des saisons ou de leur disponibilité.

Mais malgré ces difficultés, les comptages effectués ont permis de donner une évaluation de l'ampleur du commerce informel dans le Premier

Arrondissement d'Antananarivo. Les autres problèmes, en particulier l'impossibilité d'enquêter les acteurs indirectement concernés par ce sujet, à savoir les commerçants formels, leurs clients ou les responsables du service de la contribution fiscale, nous ont fait prendre conscience des lacunes de la présente

étude. Mais les résultats de ce travail, exposés en trois parties:

− PREMIÈRE PARTIE : Ampleur, diversité et organisation du commerce

informel dans le Premier Arrondissement

− DEUXIÈME PARTIE : Les racines du commerce informel du Premier

Arrondissement

− TROISIÈME PARTIE : Les résultats contrastés du commerce

informel ; éclairent tout de même l'importance de la place et du rôle

que joue le commerce informel dans le premier Arrondissement et

dans toute la ville d'Antananarivo.

3 La variation de ce nombre a été due au changement de stratégie de vente et de la politique des autorités lors des périodes de tolérance, le nombre des commerçants informels augmente brusquement et lors des répressions, il diminue très rapidement.

5 PREMIERE PARTIE : AMPLEUR, DIVERSITE, ET

ORGANISATION DU COMMERCE INFORMEL DANS LE

PREMIER ARRONDISSEMENT

6 CHAPITRE I : UN COMMERCE INFORMEL OMNIPRESENT,

MULTIFORME ET DIFFICILE

Le commerce informel est un métier difficile, même s'il ne requiert pas de qualification précise ni de diplôme spécifique. Il faut à la fois s'organiser et improviser.

Malgré cette complexité, il attire quand même un grand nombre de personnes qui bénéficieront de la multitude de choix en ce qui concerne le type de commerce à pratiquer. Ainsi le commerce informel est, d'une part, omniprésent et multiforme, et d’autre part, organisé et improvisé, en fonction des circonstances.

Le commerce informel fait partie de la vie de tous les jours de la population du

Premier Arrondissement. On le retrouve presque partout, avec une nuance manifeste dans sa répartition dans les 44 fokontany. Il se présente sous différentes formes avec plusieurs acteurs.

I. Ampleur du commerce informel L'ampleur de ce commerce se mesure aisément par : le nombre des commerçants informels et l’étendue des espaces occupés.

I.1 Le nombre des commerçants informels

Les recensements qu’on a effectués en décembre 2003 nous ont donné le chiffre de 8742 commerçants informels dans le Premier Arrondissement (voir tableau n° 01). Comparé au nombre de la population du premier Arrondissement en

2001, 242 560 (Source : Enquête de la Direction de la démographie et des statistiques sociales de l’INSTAT), ce nombre paraît peu important. Il n'y a eu que 3,6% des habitants du premier Arrondissement qui travaillent dans le commerce informel. Ce chiffre est très inférieur au nombre de commerçants formels4 . En effet, le centre fiscal Faravohitra, responsable de la perception des taxes professionnelles, a enregistré 16859 commerçants, regroupant les personnes physiques et les personnes morales. Donc 34,15% seulement de la totalité des

4 Commerçants enregistrés au niveau de l’administration fiscale

7 commerçants du Premier Arrondissement sont informels. Cela montre une faible place de l’informel dans les marchés du Premier Arrondissement.

Mais cette apparence est trompeuse. En réalité ce nombre de commerçants informels est déjà énorme pour un arrondissement dont la superficie est de 8,64 Km², ce qui donne 1012 commerçants informels par Km², 988m² pour chacun d’entre eux.

Cette superficie doit encore être partagée avec les commerçants formels, les bâtiments d'habitation, les rues et ruelles, les jardins publics, les trottoirs, etc. Alors, chaque commerçant informel n'opère que sur quelques mètres carrés de surface ce qui explique leur empiètement sur les lieux publics tels que les trottoirs et les parkings. En plus ce nombre ne prend en compte ni les commerçants informels ambulants5, ni ceux opérant la nuit. Ce chiffre de décembre 2003 peut encore augmente si des mesures ne sont pas prises et au total si on se fie seulement à ces données, le commerce informel est en plein épanouissement.

L'effectif de 8742 ne doit pas être considéré comme le nombre exact des commerçants informels du premier arrondissement. Ce n'est qu'une évaluation effectuée dans une circonstance bien précise en l’occurrence la fête de fin d'année

2003. Il faut, aussi, tenir compte du fait que ce chiffre est variable. Il augmente et diminue en fonction des circonstances. Durant toute l'année il y a une succession de périodes d'expansion, de déclin et de stagnation du commerce informel. Les chiffres augmentent aux alentours des périodes de fête telles que pâques, la fête de l'indépendance ou celle de fin d'année. Pendant ces périodes, les autorités sont impuissantes face à l’effervescence du commerce informel. Elles essaient toujours de temporiser l’ardeur des commerçants, mais elles sont confrontées aux réticences parfois violentes de ces derniers. Par ailleurs les forces de l'ordre, travaillant avec les agents utilisés par la commune, sont toujours en nombre insuffisant.

5 Un commerce ambulant est un commerce qui se déplace sans cesse et n’a pas d’installation

8 Tableau n°01 : Comptage du commerce informel dans les 44 Fokontany du 1er arrondissement de la Commune Urbaine d'Antananarivo

Nombre de commerce informel Nom du Fokontany Commerces N° Groupe Commerces (Par ordre alphabétique) informels sur des informels sur des Totaux % stands stands fixes démontables 1 Ambalavao-Isotry 21 189 210 2,40% 2 Ambatonakanga-Ambohitsirohitra 3 96 99 1,13% 3 Ambatovinaky 2 9 11 0,13% 4 Ambondrona-Ambodifilao-Soarano II S 4 270 274 3,13% 5 Ampandrana-Ankadivato 4 7 11 0,13% 6 Amparibe-Avaratr'Imahamasina 10 18 28 0,32% 7 Ampasamadinika-Amboasarikely 8 251 259 2,96% 8 Anatihazo Isotry 25 71 96 1,10% 9 Andavamamba-Anatihazo I 32 84 116 1,33% 10 Andavamamba-Anatihazo II 14 30 44 0,50% 1 11 Andavamamba-Anjezika I 12 15 27 0,31% 12 Andavamamba-Anjezika II 43 70 113 1,29% 13 Andohatapenaka I 77 83 160 1,83% 14 Andohatapenaka II 2 45 126 171 1,96% 15 Andohotapenaka III 19 19 38 0,43% 16 Andranomanalina Afovoany 7 88 95 1,09% 17 Andranomanalina I 3 19 95 114 1,30% 18 Andranomanalina Isotry 10 35 45 0,51% 19 Ankasina 28 25 53 0,61% 20 Antanimalalaka Analakely 0 1557 1557 17,81% 21 Antetezana Afovoany I 14 121 135 1,54% 4 22 Antetezana Afovoany II 8 94 102 1,17% 23 Antohomadinika Afovoany II F 8 79 87 1,00% 24 Antohomadinika Atsimo 31 1172 1203 13,76% 25 Antohomadinika Antanaivo 5 0 61 61 0,70% 26 Antohomadinika FAAMI 27 212 239 2,73% 27 Antohomadinika III G Hangar 12 72 84 0,96% 28 Avaratetezana Bekiraro 4 58 62 0,71% 29 Cité Ambodin'Isotry 3 142 145 1,66% 30 Cité Ampefiloha 12 385 397 4,54% 31 Cité 67 Ha centre-ouest 11 80 91 1,04% 32 Cité 67 Ha Sud 2 150 152 1,74% 6 33 Cité 67 Ha Nord-Ouest 14 42 56 0,64% 34 Cité 67 Ha Nord-Est 27 195 222 2,54% 35 Faravohitra Ambony 0 5 5 0,06% 36 Faravohitra- Mandrosoa-Ambatonakanga 0 43 43 0,49% 37 Isoraka-Ampatsakana-Ambalavao-Anosy 14 154 168 1,92% 38 Lalamby sy ny manodidina 30 200 230 2,63% 39 Manarinstoa Afovoany 14 80 94 1,08% 40 Manarinstoa Anatihazo 13 28 41 0,47% 7 41 Manarintsoa Atsinana 22 147 169 1,93% 42 Manarintsoa Isotry 7 33 40 0,46% 43 Soarano-Ambondrona-Tsiazotafo 1 122 123 1,41% 44 Tsaralalàna-Isotry- FIATA 9 1263 1272 14,55% Total 666 (7,62%) 8076 (92,38%) 8742 100,00% Source : Enquête personnel effectué du 01 décembre 2003 au 15 Janvier 2004

9 Figure n ° 1 : Répartition des commerçants informels

2000 Nombre des commerçants informels

1000

0 1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29 31 33 35 37 39 41 43 n° des Fokontany

commerces informels sur stands fixes commerces informels sur stands démontables

10 On peut dire seulement que le nombre des commerçants informels a atteint maximal lors des comptages. En effet, en période de fête, les commerçants informels sont autorisés par la commune urbaine pour occuper certaines routes à l’exemple de celles d'Antetezandramala Isotry, 67ha. Il y a là aussi des occupations non autorisés comme celles d'Antanimalalaka Analakely. Ces indices permettent de conclure que les 8742 représentent l’effectif maximal des commerçants informels travaillant du jour

Ce comptage fait apparaître l'importance des commerçants à stand mobile par rapport aux commerçants à stand fixe (voir tableau n°01 et figure n° 01). Les 92,38% ou

8076 des commerçants informels du premier Arrondissement n'ont que des stands démontables. Il en résulte une fluctuation du nombre des commerçants, pendant une même année, qui montre le caractère insaisissable du commerce informel. On ne peut pas obtenir des données très fiables. On doit toujours tenir compte de l'espace et du temps. Il est difficile alors de confirmer que le commerce informel est en phase d'épanouissement. Son nombre n'est pas stable au cours d’une année. Mais si on effectue une analyse à long terme en se référant à ce que l’on constaté, il y a dix ou vingt ans, on peut remarquer que le commerce informel beaucoup changé.

Le nombre obtenu lors des comptages peut varier mais légèrement à une dizaine ou centaine près, sauf s'il y a des événements imprévisibles comme les cataclysmes naturels ou les répressions. L'augmentation excessive de l’effectif peut entraîner le désordre et le chaos car celle que la libre circulation et met en cause la salubrité.

Tous les fokontany sont touchés par le commerce informel, et l’on peut dire qu’il a toujours été présent dans les différents endroits du premier arrondissement. On a aussi recherché la formalisation par l'insertion de commerçants au sein des grands marchés communaux, mais tant qu'ils échappent au contrôle de l'administration fiscale, ils restent encore dans l'informel. Ils peuvent être formels devant l'autorité communale mais ils ne le sont pas devant l'administration fiscale. C'est pour cela que le critère de payement de ticket, ne signifie pas formalisation. Ce n'est pas un payement d'impôt. Ce n'est que le payement du loyer de l'espace occupé

11 I.2 Les espaces occupés

Le nombre très important des commerçants informels entraîne une occupation quasi complète de tous les espaces vides du premier arrondissement. Les seuls espaces non conquis par le commerce informel sont les routes, les parcelles où sont bâties des maisons, les zones de cultures, les zones marécageuses. Sinon, dès qu'il existe un espace vide, on y rencontre des commerçants informels

Mais il y a des nuances entre ville basse, ville haute et le centre ville dans le premier

Arrondissement. Il y a surtout une très forte contradiction entre ville haute et ville basse

( Voir photo n°01 et 02). Dans la première, le commerce informel est peu important. Tandis que dans la seconde, on note une très forte concentration du commerce informel. Entre les deux, le centre ville est une zone de transition, caractérisée par sa vocation commerciale et financière6.

Ainsi le centre ville et la ville basse sont les lieux de concentration du commerce informel qui s’y épanouit sous forme de foyers permanents ou de foyers temporaires. Dans la ville basse, on peut parler de promiscuité et de sureffectif. L'étude du commerce informel du

Premier Arrondissement concernera donc essentiellement les zones basses, zones chaudes du commerce informel.

La répartition spatiale du commerce informel dans la ville basse se caractérise par un certain équilibre. En effet, plusieurs foyers de concentration de ce type de commerce s’y trouvent à divers endroits. Par contre, dans la ville haute le commerce informel est de faible importance et à la limite, on peut presque dire qu’il n’y existe pas. ( Voir photo n° 01)

Le commerce informel occupe différents types d’espace. Les terres vacantes, les escaliers ( Voir photo n° 03), et surtout les rues et les trottoirs qui ont la préférence des commerçants. Les rues les plus utilisées par les commerçants informels sont ce qui connaissent une forte circulation de population telles l'Avenue de l'Indépendance et l'Avenue Andrianampoinimerina.

Il n'y a pas de point central de concentration, celle-ci se prolonge le long des axes de communication (voir croquis n°04: Localisation des commerçants informels dans le

Premier Arrondissement). Mais on peut noter que ce sont les grands marchés communaux,

6 on y trouve la plupart des banques surtout la banque centrale

12 Photo n°01 : Rue Prince Ratefinanahary dans le fokontany Ambatonakanga. Marquée par l’absence du commerce informel, témoin de la presque absence du commerce informel dans la ville haute

Photo n°02 : Un bac à ordures installé en pleine rue et des commerçants qui occupent les trottoirs le long de la rue Ny Avana Ramanantoanina

13 les arrêts d’autobus comme ceux d’Analakely et de 67 ha qui servent de point de départ. Les commerçants informels commencent par envahir les alentours de ces pôles d'attraction. Puis après avoir occupé tous les espaces vides, ils s’en éloignent en suivant les axes de communication les plus passants en suivant les axes de communication les plus fréquentés par les passants.

Mais il y a des cas où le commerce informel a débuté sur les voies de communication. C'est le cas de la rue Ny Avana Ramanantoanina (voir croquis n°04 et photo n° 02) Cela résulte du besoin d'approvisionnement des fokontany et de l'inexistence d'espaces vacants pour accueillir un grand marché. Il y a des petits commerçants informels, des pratiquants de micro commerçants, dispersés dans les différentes ruelles de chaque fokontany. Ils pratiquent un commerce de proximité. Ils ne s'éloignent pas de leur résidence en raison de la faiblesse de leur investissement ou de peur d'être pourchassés par les autorités communales.

La rencontre de l'extension de deux pôles d'attraction entraîne une jonction comme du marché du petite vitesse et celui d'Isotry. Cette jonction se manifeste surtout en période de fête.

En période normale, on peut mettre en évidence quelques foyers de concentration du commerce informel : petite vitesse, Ambalavao, Andranomanalina - Manarintsoa (voir annexe page I et croquis n°04). Mais en période de fête, ces foyers se rejoignent et constituant un ensemble continu.

Le commerce informel le long de la rue Ny Avana Ramanantoanina témoigne l'insuffisance du nombre de marchés communaux dans le premier Arrondissement. En plus, la plupart de ceux-ci se trouvent dans le centre ville : Analakely, Tsaralalana , Ambalavao et

Isotry. Dans le premier arrondissement, le seul marché communal situé hors du centre c'est celui d'Ambodin'Isotry. Les commerçants de la rue Ny Avana Ramanantoanina pourraient constituer un nouveau marché communal dans cette partie sud-ouest de la ville basse, celui de 67 ha servant la partie Ouest et Nord Ouest de l'arrondissement. Il est du reste spécialisé et propose surtout des produits artisanaux. Il n'y a pas de vente de produits alimentaires comme les légumes répondant aux besoins quotidiens. Une telle insuffisance entraîne le développement des commerces informels permanents dans les zones éloignés comme Andavamamba et Andranomanalina qui notons le ont le déjà une longue tradition dans ce domaine.

13

II La diversité du commerce informel et de ses acteurs

Comme le commerce informel ne se caractérise pas seulement par son ampleur mais aussi par sa diversité. Alors, il est nécessaire d’en faire la typologie, aussi bien du commerce informel que de ses acteurs.

II 1. Diversité du commerce informel

On distingue les commerçants informels nocturnes de ceux qui travaillent durant la journée. Parmi ces derniers: il y a ceux qui possèdent une installation fixe, même si c'est précaire, et les autres qui se déplacent de fokontany en fokontany, et même d’arrondissement en arrondissement : ce sont les commerçants informels ambulants.On peut au moins retenir six critères pour faire une typologie du commerce informel: le type de stand utilisé le mode d’implantation, les heures de fonctionnement, les périodes de fonctionnement, les marchandises vendues et l’importance du capital utilisé.

Les commerçants informels utilisent soit un stand fixe soit un stand mobile. Les stands fixes sont utilisés par ceux qui s’implantent dans un lieu pour une longue durée.

L’informalité de cette implantation résulte en général, non pas du choix du lieu, mais de la réticence à payer des impôts et des taxes. Ce type de commerce informel est difficile à détecter du fait de sa ressemblance avec le commerce formel. Pour l’identifier une grande investigation rigoureuse de la part de l’administration fiscale est nécessaire, mais cela nécessite beaucoup de moyens.

Les stands mobiles, quant à eux sont utilisés par ceux qui s’installent provisoirement dans un lieu déterminé. La mobilité implique la précarité de l’installation, qui est toujours démontable. En général, l’installation se trouve sur un lieu non destiné au commerce. Il s’agit des trottoirs, ou des voies publiques. La nature des stands permet de distinguer le commerce informel fixe, de celui ambulant, prépondérant dans le Premier arrondissement (voir tableau n°01). Ce qui montre clairement la précarité de ce commerce

14 en principe provisoire mais qui devenu permanent( (rester définitivement dans le provisoire).

Le commerce informel ambulant résulte surtout d’une stratégie qui vise à offrir un service de proximité pour les clients. Il s’agit d’un commerce dynamique et insaisissable et il est difficile de connaître le nombre exact des commerçants à cause de leurs déplacements incessants. Cela pose des problèmes insolubles pour l’administration fiscale qui a préféré adopter la politique du laissez faire. Elle ne cherche à faire payer les taxes et impôts qu’à

Antanimalalaka Analakely et aux 67 ha. A Antanimalalaka Analakely la répression effectuée par la Commune Urbaine a obligé les commerçants informels à changer de stratégie : ils se comportent comme les commerçants et n’utilisent plus leur installation, mais ils ne se déplacent pas. Ils se tiennent debout, longent les trottoirs, tenant dans leurs mains leurs marchandises, et effectuent quelques mouvements soit pour convaincre les clients, soit pour fuir les agents de la commune. Mais ils reviennent toujours à leur place.

Sur un tout autre plan, on distingue bien le commerce informel de jour du commerce informel de nuit. Le premier type se déroule entre quatre heures du matin et dix huit heures. Il répond aux besoins quotidiens des populations. Le commerce informel nocturne, quant à lui se déroule entre dix huit heures et quatre heures du matin. Il est destiné aux noctambules. Ces commerces là fonctionnement en permanence toute la semaine et durant toute l’année.

Mais il y a aussi d’autre types de commerce informel : hebdomadaire, mensuel ou saisonnier. Dans le premier arrondissement, le commerce informel hebdomadaire suit les jours de marché. Le commerce informel mensuel, quant à lui coïncide avec la paye de chaque fin de mois. Le commerce informel saisonnier accompagne les différents périodes de fêtes : fête nationale, fête de nouvel an…

Il va aussi sans dire que l’on peut différencie le commerce informel en fonction des marchandises proposées. Les observations faites sur le terrain nous ont permis de répertorier six types de commerce : les boutiques spécialisées, le commerce des produits alimentaires, les fast food, les brocanteurs et quincailleries, les épiceries et les autres commerces hétéroclites. Les boutiques spécialisées, le commerce des produits alimentaires, et les fast food sont les plus faciles à identifier. Les brocanteurs et les

15 quincailliers exercent leur commerce sur les rebords des trottoirs ou occupent des espaces qui leur sont réserves. Au total, on doit souligner la très grande diversité des marchandises offerts par le commerce informel : nous avons recensé une bonne centaine (voir annexe page

III ). Au total, compte tenu des multiples critères qu’on peut considérer (voir tableau n°02) faire la typologie du commerce est une entreprise très difficile mais intéressante pour le géographe.

Tableau n°02: Récapitulation sur la Typologie du commerce informel Critères Types de commerce informel Stand utilisé par le commerçant -stand fixe informel -stand mobile -commerce informel fixe Mode d’implantation -commerce informel mobile -commerce informel de jour Heures de fonctionnement -commerce informel nocturne -commerce informel permanent -commerce informel non permanent : Période de fonctionnement - hebdomadaire - mensuel - saisonnier -Boutiques spécialisées -vendeur de produit alimentaire -fast food Marchandises vendues -brocanteur et quincaillerie -épicerie -autres -micro commerce Capital utilisé -commerce moyen -commerce à gros investissement Source : Enquête personnelle effectuée entre 01 décembre 2003 et 15

Janvier 2004

II 2 –Diversité des acteurs

Le commerce informel, implique d’une part les acteurs directs c'est-à-dire les commerçants, les clients, les fournisseurs et l’Etat et d’autre part, les acteurs indirects : les transporteurs et les forces de l’ordre

Les commerçants informels sont constitués par une population de tout âge. Il y a des enfants, des vieillards et surtout des jeunes : c‘est un métier ouvert à tous car il 16 suffit de savoir compter pour le pratiquer. Toutefois, c’est la tranche d’âge entre 30 et 50 ans qui est particulièrement concernée. C’est à cet âge en effet que l’on doit faire face à différentes obligations familiales même si l’on n’est pas forcement soutien de famille. Mais les jeunes de 18 à 30 ans, s’adonnent aussi au commerce informel pour marquer leur entrée dans la vie active et pour quitter le foyer des parents. C’est une manière de se libérer, d’acquérir son autonomie mais aussi d’éviter le chômage quand on n’a pas de formation professionnelle particulière ou de moyens indispensables pour embrasser un autre métier.

Les vieux commerçants de 50 à 70 ans ont en général d’autres sources de revenus que le commerce informel. Ils exercent dans l’ensemble, juste pour rester dans la vie active.

Mais le fait le plus frappant est la faible importance des personnes de moins de dix huit ans et de plus de soixante dix ans : ils représentent moins de 10% des commerçants informels.

Ces catégories de personnes moins habiles pour jouer à cache-cache avec les autorités supportent difficilement la répression épisodique exercée par les forces de l’ordre.

Sous un autre angle, on note parmi les commerçants informels, une prépondérance des femmes par rapport aux hommes. En effet 73,47% d’entre eux sont des femmes (voir tableau n°03). Ce qui ne correspond pas à la répartition de la population du premier

Arrondissement où l’on note un faible déséquilibre en faveur des femmes (voir tableau n°40 : Répartition générale de la population du Premier Arrondissement). Cette prépondérance des femmes s’explique par le fait que dans une famille, les hommes préfèrent se consacrer à des métiers plus durs : chauffeur, tireur de pousse-pousse. Ils laissent le commerce aux femmes et ne le pratiquent que très exceptionnellement. Sur un tout autre plan, on peut souligner que 82,35% des commerçants informels sont originaires de la province d’Antananarivo. Parmi eux, 42,86% viennent d’Antananarivo ville. Certes, il y a de nombreuses ethnies qui participant au commerce informel, mais la prédominance des Merina est indiscutable.

Après avoir relevé ces quelques caractéristiques concernant les commerçants, intéressons-nous aux clients.

17 Tableau n°03 : Caractéristiques et classifications des commerçants informels

Critères Répartition des commerçants informels

Moins de 18 ans et plus de 70 ans ______(5,88%)

18 à 30 ans ______(17,65%) Age 30 à 50 ans ______(52,94%)

50 à 70 ans ______(23,53%)

Homme ______(26,47%) Sexe Femme ______(73,47%)

Province ______(17,65%)

Antananarivo ______(82,35%) Origine - Commune Urbaine d'Antananarivo (CUA) ______(42,86%)

- Commune en dehors de la CUA ______(57,14%)

Habitant du Premier Arrondissement ______(82,35%) Domicile Habitant des communes hors de la CUA ______(17,65%)

Célibataire ______(17,65%)

Situation de Marié ______(82,35%)

famille - Marié à un commerçant ______(17,86%)

-Marié à un non commerçant ______(82,14%)

Novice (1 ans plus) ______(26,47%)

Durée de Expérimenté (1 à 10 ans)______(52,94%)

l'expérience Ancien (plus de 10 ans) ______(20,59%)

Source : Enquête personnelle effectuée du 01 Janvier au 05 Mars 2004

Nombre de personnes enquêtées :

• 80 commerçants informels

• 80 clients du commerce informel

18 Tableau n°04 : Répartition générale de la population du Premier Arrondissement

Tranche d'âge Masculin Féminin Total 0-10 28 772 28 010 56 782 11-20 26 963 29 164 56 127 21-30 24 101 26 288 50 389 31-50 28 038 28 461 56 499 51-70 7 965 8 845 16 810 70 ans et plus 1 513 2 132 3 645 Ensemble 117 352 122 900 240 252 Source : Enquête du service Etudes et Enquêtes Economiques CUA

Figure n°2 : répartition suivant le sexe de la population du Premier Arrondissement effectif

30 000 0-10 11-20 31-50 21-30

20 000

10 000 51-70 70 ans et plus 0 0- 1 2 3 5 70tranche d'âge Ma1s0culin 1- 1- 1-Fémin1in- an 20 30 50 70 s

Pour les clients, ils sont presque exclusivement des Malgaches, les étrangers représentent moins de 1% d’entre eux : ce sont des Chinois, des Africains, des Comoriens.

Il n’y a parmi eux ni Européen ni Karana. La règle pour eux, c’est d’envoyer les employés de maison pour acheter au marché le produits alimentaires. Sinon, ils effectuent personnellement leurs achats dans les grandes surfaces.

Tableau n°05 : Estimation moyenne des catégories de client du commerce informel

Classes sociales Nationalité Fonction Quantité achetée

19 Riche 6,47% Malgache 99,5 Producteur 5,25% Grosse 0% % Classe 58,53% Etrangère 0,5% Revendeur 0,91% Moyenne 2,65% moyenne Pauvre 35% Consommateur 93,84% Petite 97,35%

Source : Enquête personnelle effectuée du 01 Janvier au 05 Mars 2004

Les clients malgaches viennent de toutes les classes sociales, mais ce sont surtout ceux issus couches défavorisées et des classes moyennes qui sont intéressés par le commerce informel. Les gens aises, selon les commerçants informels eux-mêmes, ne représentent que 6,47% de leurs clients. Ils affirment aussi que ce ne sont pas les pauvres, mais bien les ménagers ayant des revenus moyens qui constituent l’essentiel de leur clientèle. En effet, ce sont ceux la qui achètent régulièrement et de manière signification leurs produits. Les ménagers pauvres n’achètent pas quotidiennement, et de toute façon les quantités qu’ils achètent sont réduites. Contrairement aux ménagers moyens qui s’approvisionnent tous les jours, ou qui éventuellement, achètent en quantité pour quelques jours, généralement pour une semaine. Pour en terminer avec les clients, notons qu’outre les consommateurs que nous venons d’évoquer, les commerçants informels du Premier arrondissement ont aussi un autre type de clients : les revendeurs.

Quant aux marchandises achetées par les clients, on peut les classer en plusieurs catégories : les produits de consommation, les produits de fabrication ou intermédiaires, les produits d’équipement, et les services. Ce sont les produits de consommation qui sont les plus demandés et parmi eux, les produits alimentaires qui occupent la place la plus importante.

Tableau n°06 : Estimation moyenne des marchandises achetées par les clients du commerce

informel

20 Type de produit Pourcentage moyen Produit de consommation: 90% -Produit alimentaire………………………. 63% -Produit d’habillement…………………… 08% 7% 5% 1% -Produit thérapeutique …………………..01% 5% -Fourniture scolaire……………………….. 05% 1% -Appareil électronique…………………… 01% -Parfumerie et cosmétique…………… 07% -Autres……………………………………………… 05% 63% 8%

Produit de fabrication (Produit intermédiaire) 01% Produit d’équipement : 01% -Equipement agricole -Equipement industriel -Equipement pour bâtiment -Autres Services 07% Autres 01% Source : Enquête personnelle effectuée entre 01 Janvier et 05 Mars 2004

Parmi les acteurs directs, il y a aussi les fournisseurs, que l’on peut classer en fonction de quelques critères. Le fournisseur peut appartenir au secteur formel ou au secteur informel, il peut être de nationalité malgache ou de nationalité étrangère, il peut

être producteur ou vendeur des marchandises qu’il offre. Enfin, il peut être un grossiste ou un détaillant. Sur ces bases, nous avons pu, à l’issue de nos enquêtes, synthèse les résultats dans le tableau n°07 ci-dessous.

Ce tableau permet de corriger l’idée reçue selon laquelle tous les produits vendus dans le commerce informel proviennent des commerçants karana ou chinois. Il est clair que, les étrangers ne fournissent pas tous les produits qu’on peut trouver sur le marché informel.

Tableau n°07: Classification des fournisseurs

Catégorie Nationalité Fonction Capacité 21 Secteur formel 38,24% Malgache 85,88% Producteur 25,29% Grossiste 67,94% Secteur 61,76% Etrangère 14,12% Revendeur 74,71% Détaillant 26,18% Mixte 05,88% informel Source : Enquête personnelle effectuée entre 01 janvier et 05 mars 2004

Beaucoup des produits sont fournis par des Malgaches : fruits, légumes, produits de pêche notamment. D’autres faits sont à souligner : 74,71% des commerçants informels ne s’adressent pas directement aux fournisseurs étrangers mais à des revendeurs des intermédiaires. 60% des fournisseurs évoluent aussi dans la sphère de l’informel. Ce dernier point marque avec éclat la complémentarité des différents niveaux du secteur informel.

Dans les relations entre les fournisseurs, les commerçants informels et les clients, il y a une intervention de l’Etat. Ce dernier est un acteur direct du commerce informel, car il impose l’organisation aux autres. Entre l’Etat et les autres acteurs, il est très rare qu’il y ait négociation ou concertation avant toute prise de décisions. C’est ainsi que l’Etat est perçu par comme un dictateur. Au sein de l’Etat, il y a deux autorités : celle de la commune et celle du pouvoir central. C’est la première, l’autorité communale, qui est en contact direct avec le commerce informel et intervient de manière décisive. Ses missions qui consistent à maintenir l’ordre public et à veiller sur l’intérêt général. Elle est conduite à faire pression sur les commerçants informels. Il en résulte une tension constante entre les deux acteurs. Cette tension s’exerce à trois niveaux: celui de la commune, celui de l’arrondissement, et celui du fokontany.

Deux services s’intéressant particulièrement au commerce informel: celui des marchés communaux et celui de la voirie. Quant au pouvoir central, il n’intervient que très rarement dans la réglementation du commerce informel. Toutefois la police nationale, chargée de la circulation, est parfois emmenée à faire usage de la force pour aider la

commune dans les opérations de nettoyage des trottoirs et des voies publiques. Outre les clients, les fournisseurs et l’Etat, deux autres acteurs participent aussi mais de manière indirecte au commerce informel : les transporteurs et les forces de l’ordre.

22 Il n’est pas possible dans le cadre de ce travail d’examiner minutieusement la contribution de transporteurs car elle se confond avec leur rôle pour le commerce formel.

On remarque néanmoins l’existence d’un lien entre les arrêts d’autobus ou de taxi-brousse et le commerce informel. Ce lien donne un rôle secondaire au transporteur dans le développement des marchands de trottoirs. Il s’agit d’un effet non intentionnel de l’action de l’un sur l’autre.

Dans le rôle principal de faire déplacer des voyageurs, il y a un acte de rapprochement des clients et des vendeurs. D’un côté, les gens de la périphérie d’Antananarivo ne veulent effectuer leurs achats à Analakely que s’il y a les taxi-be. De l’autre côté, les commerçants aiment aussi interpeller les clients dès leur descente de la voiture de transport, pour remédier à la concurrence peut-être, mais surtout pour faciliter le contacte entre les clients et les produits qu’ils cherchent, ou carrément créer un nouveau besoin chez un client pour lui faire changer d’avis dans ses programmes d’achat. Mais le plus important, c’est que tout le monde utilise les taxi-be. C’est une occasion pour faire du commerce en créant des besoins d’acheter chez les personnes transportées.

Par contre, il faut noter que les forces de l’ordre jouent un rôle tantôt direct, tantôt indirect sous l’égide de la municipalité ou celle de l’Etat quand il s’agit de la police nationale. Les opérations d’éradication du vol à la tire donne plus de sentiment de sécurité, et attire aussi bien les commerçants que les clients. L’insécurité est l’un des arguments utilisés par les marchands pour refuser d’aller dans les endroits que la commune leur a conseillés

23 Figure n°03 : Synthèse de la classification des acteurs du commerce informel

Autorité communale Commerçant informel -Niveau communal

service des marchés communaux service des voiries Client Acteurs -Niveau arrondissement directs -Niveau fokontany Fournisseur

Autorité centrale Etat (autorité -Police nationale publique) -Administration fiscale

Transporteur: Attraction des commerçants informels dans les arrêts et stationnements des transports publics

Acteurs indirects Force de l'ordre: Attraction des commerçants informels dans les zones sécurisés et refus de ces derniers d'aller dans les zones non sécurisés CHAPITRE II : UN COMMERCE INFORMEL A LA FOIS

ORGANISE ET IMPROVISE EN FONCTION DES

CIRCONSTANCES

Dans le premier Arrondissement le commerce informel s’organise en fonction de l’intérêt de chaque commerçant et de celui de tous les commerçants informels. Mais il est soumis aux réglementation imposées par les autorités publiques qui l’obligent à réagit et à improviser. Ce sont ces deux aspects, organisation et improvisation qu’il convient d’examiner.

I- L’organisation interne du commerce informel

Chaque commerçant informel a un emploi du temps très chargé. Il doit planifier tous ses mouvements, adopter des stratégies aussi bien pour les ventes que pour les achats.

Il y a un savoir faire à acquérir, car le commerce informel est une activité complexe. Les commerçants deviennent au fil du temps, des professionnels de l’informel à force d’expérience et de pratique. Ce professionnalisme se manifeste par une organisation interne et une organisation externe.

I- 1- L’organisation interne

Le commerce informel peut fonctionner 24 heures sur 24, 07 jours sur 07 et 12 mois sur 12. C’est au commerçant de choisir l’horaire, les jours et les périodes de son travail. Son choix détermine son emploi du temps: l’heure du départ du foyer, celles de l’ouverture du commerce, de la restauration; de la fermeture de la vente, le moment d’approvisionnement auprès des fournisseurs.…C’est un plan élaboré mentalement, mémorisé qui doit devenir rapidement un réflexe. Les commerçants évitent les écritures pour simplifier leur vie. Ils automatisent leurs faits et gestes allant jusqu’à une maîtrise de leur sommeil et de leurs besoins physiques : se réveiller à heure fixe et manger en peu de temps et le moins possible pour faire des économies. Tous les actes au quotidien, sont calculés organisés. Nous avons pu observer cette organisation durant le jour de marché.

25 Pour le commerce nocturne, le sommeil doit être maîtrisé car le travail commence 18 heures et ne se termine qu’à 02 ou 03 heures du matin. Ainsi, le commerçant dormira durant la journée pour être en forme pendant la nuit. Il a besoin d’autres personnes pour acheter les marchandises et pour les préparer. Car en général, le commerce informel nocturne c’est du fast food. Ce qui nécessite un temps d’achat et de cuisson des aliments. Quelquefois le commerçant achète et prépare lui-même ses marchandises pour limiter les dépenses. Dans ce cas il ne doit dormir que dans la matinée. A côté des fast food, il y a aussi quelques épiceries informelles qui fonctionnent la nuit. Ceux qui s’en occupent n’ont pas beaucoup de temps pour récupérer, car très souvent dans la journée, ils exercent d’autres activités, des petits métiers comme le gardiennage de voitures.

Pour le commerce informel de jour, l’organisation varie en fonction du type de stand utilisé et du type de marchandises vendues. L’utilisation d’un stand mobile nécessite un temps de montage et de démontage et implique le transport du stand depuis le domicile du commerçant jusqu’au point de vente avant l’ouverture, puis le trajet inverse après la fermeture. En somme, le stand mobile n’est rentable que pour le commerce de proximité.

Ceux qui veulent commencer loin de chez eux utilisant des stands fixes, ou se contentent de couvrir le sol avec des nappes en plastique pour y installer directement les marchandises.

Cette dernière pratique est la plus utilisée par les commerçants informels car elle permet une installation et un ramassage rapide des produits en cas de besoin.

Dans ce commerce informel de jour, l’organisation dépend aussi du type de marchandises vendues. Les commerçants qui vendent des fruits changent leur organisation du fonction des saisons : il y a une saison où l’activité principale porte sur les letchis, une autre où elle porte sur les pommes ou les ananas….

Il est intéressant d’observer le rythme imposé au commerce de jour par les paysans qui amènent leurs récoltes, notamment des légumes, aux marchés, et qui sont les fournisseurs des commerçants formels ou informels.

En effet, les paysans ont des horaires très précis. Ils quittent leur foyer des environs de la capitale vers du 02 heures de matin, et arrivent à 04 heures dans les grands marchés d’Antananarivo. En principe, à 06 heures, leurs marchandises sont écoules. Ils achètent les produits qu’ils ne peuvent pas trouver dans leur village et terminent leur passage en ville par une vente de porte en porte, s’il leur reste des invendus. De retour au village avant le repas du midi, ils consacrent leur après midi aux travaux des champs et naturellement à récolter les marchandises qu’il faut transporter aux marchés le lendemain. 26 Tous les revendeurs qui veulent avoir des produits de première main et de premier prix7 doivent donc se rendre sur les grands marchés de la commune avant 06 heures. C’est l’heure des transactions avec les paysans fournisseurs. Après, les revendeurs rejoignent leur point de vente car c’est à partir de 08 heures et jusqu’à 11 heures que les clients consommateurs font leur achat journalier : c’est le moment de grande affluence dans les marchés et leurs alentours.

Ces organisations strictes auxquelles se soumettent les commerçants informels sont nécessaires mais pas suffisantes pour réussir. Il leur faut aussi trouver une bonne stratégie. C’est à dire bien choisir le point de vente et savoir attirer et séduire les clients.

Tout lieu vacant peut servir de point de vente pour le commerce informel. La superficie minimale exigée n’étant que de quelques mètres carrés. Mais des endroits sont plus propices que d’autres. Ce sont ceux qui attirent beaucoup de gens. Il s’agit des voies publiques, des grands marchés communaux et des stationnements de transports publics que le commerçant repère, évalue et expérimente. Pour cela, il procède en testant chaque endroit. S’il a des relations, il peut éviter les tests en fondant son choix sur des renseignements. Ce procédé est généralement utilisés par les paysans originaires d’un même village qui d’une façon ou d’une autre, peuvent être guidés par un des leurs qui connaît les lieux. Le tout est de pouvoir choisir les bons points de vente.

Après la localisation, le commerçant s’y installe et doit séduire les clients de manière active. Le vendeur présente au public ses marchandises et vente leur qualité. Il attire l’attention des clients potentiels en engageant la conversation qui aboutit à un pourparler et à une négociation sur les prix. L’observation de tous ces faits qui s’enchaînent et constituent un véritable rituel, permet d’affirmer que le commerçant informel est un véritable comédien dont l’objectif est de séduire pour pouvoir vendre.

Il est impossible d’avancer une quelconque mesure quant à l’efficacité réelle de ce genre d’animation, mais on peut dire que le savoir faire, l’intriguent et la capacité de communication constituaient un plus pour un vendeur face à la multiplicité des concurrents.

7 (1) Les produits de première main et de premier prix sont ceux achetés aux vrais producteurs, tandis que les produits vendus par des revendeurs sont des produits de seconde main et de deuxième prix (2) deuxième prix veut dire prix de vente du producteur plus les bénéfices du revendeur) 27 I-2- L’organisation externe

Toutefois, un commerçant informel doit savoir organiser son activité c’est à dire, tenir compte de cette concurrence mais aussi assumer l’interdépendance entre tous les commerçants. Mais en plus il doit gérer l’articulation de son métier avec le secteur formel et les professions non commerciales. Car au fond, le monde des affaires est intégré. Même si on peut penser que le commerce est informel, la réalité est qu’il est complémentaire d’autres activités.

I.2.1 Complémentarité avec les autres activités informelles

Le commerce objet de notre étude a besoin du transport pour l’acheminement des marchandises, de l’artisanat pour fournir certains produits, car toutes les marchandises ne proviennent pas du secteur formel. Pour pouvoir vendre à bas prix, il faut de préférence trouver des fournisseurs informels. C’est un élément très important de la stratégie d’approvisionnement. Sur ce point, les options sont variables

Le commerçant informel peut choisir des fournisseurs fixes. Il peut aussi choisir de changer de fournisseur en fonction des avantages comparatifs que les uns et les autres lui proposent au moment de l’approvisionnement. Mais dans ce jeu, l’atout du secteur informel est l’existence du payement différé et la vente à crédit. Il suffit d’établir un climat de confiance entre les deux parties contractantes. Pour établir ce climat, il faut que les commerçants soient fidèles aux fournisseurs et leur donnent une solide garantie du payement ultérieur. Ce procédé permet d’effectuer une activité avec un faible capital de départ pour l’une des parties et d’obtenir un débouché fixe pour l’autre.

Une autre facette de la complémentarité concerne les transports8 à propos desquels toutes sortes de moyens sont utilisées dans le commerce informel : les carrosses, les pousse- pousse, les transports à dos d’homme, les charrettes à bras. Ce sont des transports informels et qui font partie de la stratégie de réduction des dépenses pour avoir le plus de bénéfice, dans un meilleur prix de vente.

Mais ils ont des inconvénients compte tenu de la réglementation de la circulation.

Les carrosses ne peuvent circuler qu’entre 03 heures et 07 heures du matin.. De même, les

8voir la partie sur «les transports non mécanisés et la circulation des marchandises » (page 12-47) dans l’ouvrage de Philippe Hugon, les petites activités marchandes à Tananarive. Exemple d’un processus involutif, IEDES, Antananarivo, 84pages 28 pousse-pousse sont interdits de circuler dans certains endroits. Pour ce qui est des transports à dos d’homme, ils ne peuvent couvrir que de très faibles distances et ne peuvent transporter que de faibles quantités de marchandises. Ces inconvénients doivent être pris en compte dans l’organisation du commerce afin d’éviter divers problèmes.

La restauration du commerçant informel apparaît aussi dans l’organisation externe du commerce. C’est une autre dépense qu’il faut limiter au strict minimum nécessaire. Pour se faire, il est utile de faire appel au service de l’informel. Les restaurants informels ont une réputation d’être les moins chers avec une facilité de payement. Ils ont aussi une stratégie de vente exceptionnelle. Ils vont vers les consommateurs, contrairement aux restaurants formels, qui attendent que les clients viennent vers eux. En effet, dans l’informel la plupart des restaurants sont ambulante. Ils se déplacent pour se rendre dans tous les grands marchés du Premier Arrondissement à chaque jour de marché. Ils servent leurs clients dans leurs lieux de travail. Ce qui permet à leurs clients consommateurs d’économiser le temps et d’effectuer une journée continue de travail.

I.2.2 Complémentarité avec le commerce formel

En dehors de la sphère de l’informel, l’organisation externe doit aussi régler les relations avec les commerçants formels. Ces relations sont obligatoires, même si elles ne constituent que 38,24% des relations d’affaire de chaque commerçant informel9. Ce sont les produits qui ne peuvent être fournis que par des producteurs ou des commerçants formels.

Ce sont en général des produits à forte valeur ajouté que ne peuvent pas fabriquer. Ce qui est hors de portée les petites industries informelles. Parfois, ces produits proviennent carrément de l’étranger.

Ainsi, des relations existent entre le commerce formel et celui informel. Le formel effectue les importations, et distribue les produits auprès de la clientèle aisée. Le secteur informel quant à lui, assure la vente des produits auprès des clients moins favorisés et auprès des pauvres.

Aujourd’hui, ce système fonctionne toujours, mais il s’effrite car on assiste de plus en plus à deux circuits de distribution dans la mesure où la clientèle aisée exige des

9 voir tableau sur la répartition moyenne de l’origine des marchandises vendues par les commerçants informels du Premier Arrondissement 29 produits hauts de gamme auxquels ne peuvent accéder les pauvres. Ce qui entraîne une subdivision des importations en deux catégories : les importations destinées à alimenter le circuit formel et celles destinées à alimenter le circuit informel.

Dans le circuit informel la distribution n’est pas très structurée. La séparation des grossistes et des détaillants n’est pas très nette parce que les grossistes effectuent aussi des ventes directes aux consommateurs. La seule différence se trouvant dans le prix.

Il y a le « prix de gros » et le « prix de détail ». Cela fait désordre et ce désordre complique l’approvisionnement des commerçants informels, qui se voient concurrencer par leurs fournisseurs grossistes. Ceux-ci dominent donc clairement les commerçants informels qui sont obligés de se plier devant aux. Cette soumission se manifeste à travers les dialogues où le « patron » revient souvent pour désigner le fournisseur alors qu’il n’est que l’interlocuteur.

Les difficultés de l’approvisionnement résultent aussi de l’insuffisance de publicité sur les produits. Pour dénicher les nouveaux produits, les commerçants informels créent des liens d’amitié avec les employés des grossistes. Souvent même, ils les soudoient pour avoir les informations sur les produits porteurs.

On le voit, le commerce informel est une activité complexe qui exige une organisation et la mise en œuvre d’une véritable stratégie, contrairement à l’apparence et aux idées reçues. En plus, c’est une profession qui exige des adaptations répétées et permanentes quand elle est pratiquée dans des lieux interdits. Les improvisations, plus que l’organisation, sont alors nécessaires.

II- Les improvisations

Les organisations imposées par les autorités publiques perturbent le commerce informel. Elles entraînent des affrontements même si les commerçants n’ont aucun moyen pour contrecarrer les actions des autorités publiques. La seule issue, c’est la fuite devant les agents de l’Etat ou de la Commune. Cette fuite efficace au début, a amené les autorités à changer de tactique en fonction des circonstances. Les commerçants eux aussi sont ainsi obligés d’adapter leurs stratégies de fuite et ont dû improviser. Les

improvisations se traduisent par une grande mobilité et des déplacements incessants pour

éviter le face à face avec les agents des autorités.

30 II- 1- Les déplacements

Les déplacements, d’un point de vente à l’autre, peuvent relever d’une organisation réfléchie, mais il faut aussi improviser, si on veut répondre aux répressions imposées par les forces de l’ordre

La violence de ces répressions est différente d’un fokontany à l’autre dans le

Premier Arrondissement. Qu’elles soient menées par la commune ou l’Arrondissement, elles sont toujours ponctuelles. Elles ne sont pas généralisées et laissent donc des endroits de refuge pour les commerçants pourchassés de leur lieu de travail.

Quand les agents communaux arrivent dans les zones cibles, les commerçants informels quittent immédiatement les lieux et s’installent dans des endroits plus calmes, choisis après réflexion. Cette installation n’est que provisoire car les commerçants reviennent tôt ou tard, dans leur lieu de travail habituel.

L’expérience est importante lors de la stratégie de fuite dans la mesure où elle permet d’identifier les fokontany de l’arrondissement dont les responsables sont tolérants à l’égard de l’informel.

Le retour sur les lieux de travail habituel est précédé par plusieurs tentatives destinées à tester la détermination de l’autorité publique. A partir du moment où la pression des autorités a suffisamment baissé, les commerçants informels réoccupent les lieux jusqu’à ce qu’il y ait un nouvel assainissement. Ainsi, à une longue attente de retour sur les lieux de travail succède une période d’activité que l’on peut assimiler à l’attente d’une nouvelle fuite.

Comme les intervalles entre les répressions sont imprévisibles, les commerçants formels fuient toujours dans l’improvisation.

Tous leurs déplacements s’effectuent les quartiers du centre et ceux de la ville basse. Il est très rare que les commerçants fuient vers la haute ville. On peut noter que les déplacements à l’intérieur du centre ville sont difficiles et risqués pour les commerçants.

Mais, les déplacements dans les quartiers de la ville basse, plus aisés sont moins rentables.

C’est pour cela que la stratégie de fuite la plus utilisée consiste en un va et vient entre le centre ville et ces derniers.

A vrai dire, la partie basse du Premier Arrondissement est une terre de refuge pour les commerçants informels. Elle est investie à la fois par les habitués, les fugitifs et les novices de l’informel. Les premiers, ce sont ceux qui y ont pratiqué le commerce depuis

31 longtemps. Les fugitifs, étrangers à l’environnement commercial y sont temporairement pour éviter la répression. De ce point de vue ils ressemblent aux novices qui s’y installent provisoirement, avant de trouver un point de vente plus définitif.

Le centre ville, attire les commerçants les plus ambitieux, qui l’utilisent comme lieu de travail principal. Ils l’occupent quand les circonstances le permettent mais le quittent dès que les actions d’assainissement sont déclenchées pour y revenir tout de suite après la trêve. Ainsi, les occupations n’y sont jamais définitives. Il convient de noter que même si les quartiers de la ville basse ne sont pas touchés par la répression dite « actions d’assainissement » par rapport au centre ville, ils ne sont pas totalement épargnés. Ainsi l’ensemble de l’espace du premier arrondissement pose problème aux commerçants informels car il y a toujours la répression qui se présente sous différentes formes. Mais l’autorité publique n’est pas la seule perturbatrice de l’organisation du commerce informel. Le sureffectif des commerçants constitue aussi un handicap.

Outre l’âpreté de la concurrence, l’insuffisance de place crée une tension entre les anciens et les nouveaux commerçants. C’est un conflit souvent grave dans lequel se manifeste la solidarité des anciens face aux nouveaux venus, considérés comme des intrus.

C’est la raison pour laquelle les commerçants informels fugitifs ne sont pas très appréciés par les commerçants habituels de la ville basse. Certes, il n’y a pas de confrontation directe, mais les relations sont manifestement antagonistes.

Dans cette guerre froide, les anciens occupants ont le dessus. Ils sont bien perçus par les clients, par les responsables de fokontany qui les considèrent comme faisant partie de leur cercle. En cas de conflit, avec les nouveaux venus, ils bénéficient généralement de la protection du fokontany qui les reconnaît.

Lors de leur fuite, les commerçants fugitifs sont dispersés dans les fokontany de la ville basse et ils y sont isolés et affaiblis.

Tous ces problèmes finissent par décourager les commerçants fugitifs. Ils sont toujours pressés de retourner au centre ville car en plus de ces problèmes, ils constatent aussi que le commerce dans ces quartiers refuge est moins rentable que dans leur lieu de

travail habituel. L’instabilité est donc l’une des caractéristiques du commerce informel.

Ceux qui le pratiquent sont obligés de faire des va et vient improvisés, rythmes par les opérations d’assainissement menés par les autorités.

32 II-2-Les cache-cache avec l’autorité communale

Mais ces opérations ne conduisent pas toujours à un changement de travail. Une autre forme de résistance se traduit par ce que l’on pourrait appeler le cache-cache avec les agents de la force publique. Ce cache-cache consiste à fuir sans changer de point de vente. Les commerçants qui adoptent cette tactique restent sur leur lieu de travail habituel en évitent les affrontements avec les autorités.

Cette tactique exploite les défaillances des opérations d’assainissement entreprises par la commune générés par l’insuffisance du nombre des agents et aussi par la mauvaise qualité des renseignements dont ils disposent concernant la capacité de résistance des commerçants informels au demeurant difficiles à cerner. Au total, malgré la répétition et l’intensité des opérations d’assainissement, les forces publiques n’arrivent pas à contrôler l’ensemble du territoire du premier arrondissement.

Il y a des positions délaissées. Les agents n’arrivent à maîtriser que les endroits les plus fréquentés par les passants qui, aux yeux des pouvoirs publics, donnent l’image de la capitale de Madagascar. Pour bien illustrer ce cache-cache entre commerçants informels et autorités, on peut évoquer le cas concret d’Analakely10. C’est à la fois un quartier du centre ville et le lieu d’un grand marché communal.

Il est entouré par cinq fokontany: Lalamby, Ambodifilao, Ambohitsirohitra,

Amboasarikely et Tsaralalàna 11 qui constituent une zone de retrait12 à l’exception du dernier cité. A Analakely les commerçants informels sont en permanence sur leurs gardes.

Dès qu’ils aperçoivent les forces de l’ordre ou les agents de la commune, ils ramassent prestement leurs marchandises et se dispersent dans les dédales de la zone de retrait où

chaque fokontany possède des issues de secours que les commerçants connaissent parfaitement.

A Analakely, il y a deux axes de concentration du commerce informel (voir croquis n°05 : Localisation des commerçants informels d’Analakely): le long de l’avenue

10 Les zones de concentrations des opérations sont : Analakely, Tsaralalàna, Isotry, 67 Ha, Ambohijatovo, Petite vitesse et Ambalavao ,

11 Au niveau de l’administration, ces fokontany sont appelés respectivement Lalamby sy ny manodidina, Ambondrona-Ambodifilao-Soarano, Ambatonakanga-Ambohitsirohitra, Ampasamadinika-Amboasarikely et Tsaralalàna-Isotry FIATA 12 la différence entre zone de retrait et terre de refuge est la continuation de l’activité commerciale. Les commerçants ne continuent plus ses commerces dans les zones de retrait) 33 Andrianampoinimerina et le long de la rue Refotaka. Entre les deux, des commerçants informels s’installent devant les portes des grands magasins le long de l’avenue de l’indépendance. Quand les agents chargés de les appréhender arrivent, les commerçants informels de l’avenue Andrianampoinimerina se retirent vers le fokontany d’Ambodifilao et ceux de la rue Refotaka se replient vers celui d’Amboasarikely. En cas d’urgence absolue, les bâtiments commerciaux et d’habitation servent aussi de refuge pour les commerçants informels. Mais ils ne sont pas sûrs car les occupants dérangés font parfois appel à la police et livrent les intrus.

A Analakely toujours, les commerçants informels n’ayant pas beaucoup de marchandises, trompent les agents qui les pourchassent en se transformant rapidement en simples passants. A condition de bien s’y préparer à l’avance, cette technique qui consiste à cacher sur soi ou à se débarrasser des marchandises est efficace car les agents ne connaissent ni le visage ni l’identité de ceux qu’ils sont chargés de réprimer. On voit bien à travers cet exemple l’ampleur des problèmes et des risques auxquels sont confrontés les commerçants informels.

Même s’ils ne sont pas appréhendés et arrêtés, ils sont toujours sur le qui-vive et perdent des marchandises dans ces déplacements attendus, mais toujours improvisés.

Notons que la commune a aussi changé de méthode. Elle a abandonné les courses poursuites et installé des agents fixes sur les lieux d’installation habituelle des commerçants informels.

En somme, le commerce informel est indiscutablement une activité à risque. Les acteurs ne sont pas pour autant découragés, car c’est leur seul gagne paie. Mais c’est une aventure intéressante qui relie improvisation et organisation, comme on a essayé de la montrer. Toutefois, il faut bien admettre qu’il faut beaucoup de persévérance et de qualités pour évoluer et réussir dans cette activité où la répression vient toujours à l’improviste.

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DEUXIÈME PARTIE : LES RACINES DU COMMERCE

INFORMEL DU PREMIER ARRONDISSEMENT

35 CHAPITRE III : LES LIENS ENTRE LE MARCHÉ D’ANTANANARIVO ET LE COMMERCE

INFORMEL DU PREMIER ARRONDISSEMENT

L’état actuel du commerce informel ne s’est pas fait du jour au lendemain. Il a fallu du temps pour remplir les marchés et voir les commerçants débordés des lieux qui leur ont été destinés. Il y a lieu de chercher des explications en puisant dans l’histoire des marchés d’Antananarivo, du paysage urbain et des modes de vie de la population.

Le premier Arrondissement en tant qu’espace a été touché par tous les événements qui ont marqué l’histoire de la capitale de Madagascar et ont façonné l’état actuel des marchés d’Antananarivo. De nombreuses décisions ont été prises par les pouvoirs successifs.

Elles ont entamé des changements dans les relations entre vendeurs et acheteurs, entre vendeur et son lieu de travail ou encore entre vendeur et l’administration. Elles ont permis des progrès dans certains domaines.

13 I- Bref historique des marchés d’Antananarivo

A Antananarivo, les marchés ont vu le jour à l’époque des royaumes ceux-ci ont donc une longue tradition. Ils ont évolué avec le temps et les types de régimes politiques.

Pour simplifier on peut distinguer trois périodes avant les années soixante dix, entre les années soixante dix et quatre vingt dix et après les années quatre vingt dix.

I.1 Avant les années soixante dix

Cette période a été marquée par la monarchie, la colonisation et la perte de la souveraineté nationale puis l’obtention de l’indépendance qui a donné naissance à une république

13 sources : compte-rendu dans le MAG 79 009/82011 et enquêtes personnelles effectuées auprès de

certains habitants du Premier Arrondissement

36 I.1.1 L’époque royale

Le marché d’Analamanga ou d’Antananarivo se tenait à Andohalo. Au début, le jour du marché d’Analamanga était le Samedi, mais le roitelet Andriamboatsimarofy a décidé de changer ce rendez-vous populaire en vendredi, origine l’appellation « Zoma » (vendredi).

Antananarivo n’était pas la seule à avoir un marché. Les différentes collines de l’Imerina ont eu toutes les leurs. Il y avait eu une douzaine qui porte le nom du jour de la semaine où ils se tenaient. Ce sont des lieux de rencontre et d’échanges.

Sous le règne d’Andrianampoinimerina, le rôle du marché s’est renforcé. Et le roi décida d’installer des marchés secondaires à Faliarivo, Amparihindrasahala,

Ambahanoroka et Ambohitsirohitra. A côté de celui d’Andohalo, un autre grand marché s’était tenu lui aussi le vendredi à Ankadimbahoaka, dans l’actuel quartier de Soanierana. Ce dernier a été favorisé par la proximité du pont de Tanjombato sur l’Ikopa, qui a augmenté rapidement son importance.

Mais comme Ankadimbahoaka est un peu excentré, le marché a été transféré à

Ambohitsirohitra à l’époque de Radama I. Ce nouvel emplacement possédait deux atouts : le creusement du canal d’Ivanga14 et le développement de la ville moyenne vers le Nord Ouest.

Ainsi le vieux marché d’Andohalo, affaibli par l’altitude et ses voiries défectueuses, trouva un adversaire qui va le supplanter. D’autres marchés périphériques s’étaient aussi développés sous le règne de Radama I, tels Andravoahangy, Antanimena et Isotry.

Notons que les marchés disposaient de réglementations depuis

Andrianampoinimerina. Il leur donna le statut des résidences royales (lapa). Il y avait eu plusieurs règles dont la plus remarquable est l’interdiction de faire des transactions hors des places du marché, à l’intérieur duquel chaque type de marchandise avait un emplacement bien précis. La fréquentation du marché était une obligation pour tous les sujets du royaume, car c’est aussi un lieu de diffusion de diverses informations et de transmission des édits royaux. Les rois ne prélevaient pas de taxe sur les vendeurs ou les transactions mais après le règne de Ranavalona I, le Premier ministre revendique

14 Le canal d’Ivanga joignait Mahazoarivo et lac Anosy 37 la propriété de la place du marché principal et exige une lourde redevance de la part des marchands.

I.1.2 La colonisation

Immédiatement après la perte de la souveraineté de Madagascar, les Français ont apporté des aménagements sur le paysage d’Antananarivo. Le plus remarquable a été celui du nivelage d’Ambohitsirohitra. Ce qui créa une plate-forme nommée Antaninarenina, qui sera le nouvel emplacement du « Zoma ». Plus tard, ce « Zoma » d’Antaninarenina sera transféré

à Analakely.

Une fois la conquête coloniale terminée, de nombreux Européens vont arriver à

Antananarivo. Des routes charretières ont été ouvertes et une voie ferrée reliant

Antananarivo Brickaville a été construite. Ce qui augmenta les demandes et les offres sur le marché. Les produits importés ont triplé, et les paysans ont augmenté la superficie de leurs champs de culture pour satisfaire les besoins des Européens. La plate-forme d’Antaninarenina n’arrivant plus à contenir le « Zoma », les commerçants débordèrent et se rapprochèrent de la plaine d’Analakely où des aménagements furent entrepris. Le pouvoir colonial a construit des routes, des drains et des tunnels. Le Zoma d’Analakely devient au lieu de convergence des voies de communication. Il fut équipé et modernisé. Des pavillons modernes faits de briques, reçurent l’eau courante et l’électricité. Les places occupées par les vendeurs de légume furent bétonnées, et les boucheries dotées de chambre frigorifique.

C’est donc sous la colonisation que, le marché du « Zoma » fut installé définitivement

à Analakely. Le commerce y prospérait avec des intermédiaires spécialisés. Mais rapidement, il a fallu dissocier les ventes en gros du détail, en la transférant à Isotry. Mais cela n’a pas affecté la position occupée par le marché d’Analakely au cœur de la capitale.

I.1.3 L’après indépendance

Héritant des infrastructures et des aménagements laissés par la colonisation.

Les Malgaches ont continue à respecter les règles établies dans les marchés. Ce qui a

38 permis de maintenir le bon état et le bon fonctionnement des diverses infrastructures, sous la première République.

Dans les années soixante-dix, les souffrances et traumatismes laissés par la colonisation font place à une montée excessive du nationalisme conduisant à la dégradation de la situation. Il y avait eu un rejet quasi systématique de tous les héritages coloniaux Les marchés d’Antananarivo ont subi les contrecoups tous ces changements. Mais ils continuaient d’attirer les marchands et les marchandises. Les grands marchés d’Anosibe et d’Andravoahangy accueillirent les paysans qui viennent approvisionner la capitale. Celui d’Isotry, abrite les détaillants, tout en continuant d’assurer son rôle de marché de gros.

Analakely, prit une dimension nationale en attirant les commerçants et les acheteurs venus de tout Madagascar. Ainsi, il y eut désormais 4 grands marchés.

A l’exception d’Anosibe, chacun occupe un jour de marché hebdomadaire : le mercredi pour Andravoahangy, le vendredi pour Analakely et le Samedi pour Isotry. Mais ils s’activent aussi les autres jours ouvrables de la semaine. Analakely fait exception car si les pavillons fonctionnent tous les jours, le « Zoma » ne se déroule que le vendredi. Les quatre grands marchés vont être submergés par les commerçants et devenir des lieux d’épanouissement du commerce informel dans la mesure où l’Etat ne réalise pas de nouvel aménagement. Les nouveaux marchands, de plus en plus nombreux s’installent à l’extérieur des marchés pour s’étendre de plus en plus en longeant les voies de communication.

I.2 Entre les années soixante dix et quatre vingt dix

La pauvreté des Malgaches s’est accentuée avec la crise des années 80. Ce fait majeur influencera le comportement aussi bien de l’administration que de la population. Il y avait eu plus de souci de survie que d’ordre dans les marchés. Le commerce s’était rapidement gonflé avec le phénomène de l’exode rural. Le slogan « fanjakan’ny madinika »

(république des petits), alors en vogue avait généré une politique du laissez faire et amplifié le commerce informel.

I.2.1 Fanjakan’ny madinika

Le pays a été sensible à ce slogan de la « république des petits », et a été convaincu qu’il faut travailler pour les petits contre les grands et les privilégiés. Ce slogan a

été lancé et approprié par le parti politique créé par Manandafy RAKOTONIRINA en 1973

39 et portait le nom de MFM (Mpitolona ho an’ny Fanjakan’ny Madinika). Cette attitude a été suivie de près pendant la deuxième république avec la révolution socialiste des années 1975

Cela va bouleverser le fonctionnement des marchés. Il n’y a pas de changement du jour ni de lieu de marché, mais les normes seront négligées petit à petit.

Sont perçus comme étant des petits, toutes les personnes faibles et sans défense, c’est à dire les paysans et ceux qui sont sans emplois fixes, constituant la grande majorité de la population. Ils sont à la fois un atout et une menace pour le pouvoir en place.

Mobilisés ou manipulés, ils permettent de gagner des élections ou de renverser un gouvernement.

Le terme petit (madinika) renvoie au « mpitrongy vao homana » celui qui ne peut manger qu’en fouillant le sol (Le prolétaire). Les petits, ce sont ceux qui ont la vie dure, ceux qui sont de la survie. Ils relèvent du secteur informel et sont à la fois, le signe et le résultat de la pauvreté. L’Etat prétend prendre leur parti dans leur lutte pour la survie et ferme les yeux sur les effets négatifs de leurs activités.

Dans cette optique, le respect des normes a été considéré comme un excès gênant et un snobisme, qui ne satisfait que les intérêts des minorités riches. La politique du laissez faire devient la règle.

I.2.2 Laissez faire

Cette politique populiste traduit une attitude de crainte. Les autorités ont peur d’une révolte de la majorité de la population qui vit dans la misère et qui essaye de survivre en faisant un travail honnête, mais en créant du désordre. Une mesure d’interdiction, pour maintenir l’ordre dans les marchés serait comprise comme une atteinte au droit des pauvres de vivre dignement, l’Etat étant incapable de leur fournir un travail.

Ainsi les autorités tolèrent toutes les activités et ignorent leurs effets, pourvu qu’il n’y ait pas d’infraction pénale. Un tel état d’esprit permet le développement de deux phénomènes : les constructions illicites et le secteur informel. La population d’Antananarivo fait tout pour se loger et pour trouver une source de revenu dans l’agriculture ou l’élevage ou encore dans les industries informelles. En ce qui concerne le tertiaire, les

40 « jonobotry15 » se multiplient. C’est ainsi que des agents informels remplissent les couloirs des bâtiments publics, pour préparer et suivre divers dossiers administratifs, moyennant un pot de vin plus ou moins conséquent.

Mais c’est le commerce qui a attiré beaucoup de monde provenant du monde rural.

Le nombre de marchands augmente très vite et les marchés n’arrivent plus à les accueillir.

Alors ils envahissent les trottoirs et les terres vacantes. Il y a deux sortes de marché : ceux implantés dans un emplacement qui leur a été destiné et ceux qui se déroulent dans la rue. Les commerçants se divisent aussi en deux : les formels et les informels, faisant leurs propres lois.

Progressivement, les autorités ont pris conscience des méfaits de ce désordre, et ont entrepris des opérations dites « de nettoyage » dans la ville d’Antananarivo. Des agents de police surnommés « bemidina » ont été envoyés rafler les commerçants informels à la faveur « de descentes inopinées pour mâter les récalcitrants » .Ce revirement d’attitude a eu pour but de contrôler les prix et la quantité de produits offerts sur le marché. Pour cela, l’état a voulu éradiquer le commerce informel devenu synonyme de marché noir. Mais ses efforts n’ont pas abouti à cause du manque de soutien de l’opinion publique.

I.2.3 L’opinion publique et le commerce informel

La population d’Antananarivo s’est accommodée de l’existence du commerce informel, qui pourtant, lui cause des souffrances.

Ce commerce a été toléré car il crée de l’emploi. Le problème des années quatre vingt n’est pas uniquement la pénurie des produits vivriers sur le marché formel, mais aussi l’insuffisance de revenu dans une grande majorité de foyers. Alors tout le monde se débrouille dans l’informel. Le faible taux de scolarisation, entraîne un faible niveau d’instruction et limite la vision de la majorité de la population d’Antananarivo concernant les fonctionnements et les organisations d’une ville. Ce qui la laisse indifférente face aux désordres aggravés par l’exode rural. Les paysans qui affluaient vers la capitale ont

15 Activité informelle dans le transport urbain à l’origine, puis il s’est élargi et désigne aussi d’autres activités illicites générant de petites commissions. 41 continué leur mode de vie rural au cœur de la ville. Ainsi, l’opinion publique des années quatre vingt a été embrouillée par la pauvreté et l’insuffisance d’éducation.

I.3 Après les années quatre vingt dix

Comme dans beaucoup d’autres pays, un vent de changement a soufflé et le socialisme a fait place au libéralisme. A Antananarivo, les initiatives de la commune urbaine vont changer les marchés. On a assisté à une intensification de la répression du commerce informel ayant abouti à la disparition du marché du Zoma.

I.3 .1 La répression du commerce informel

Le libéralisme a fait revenir la loi de la concurrence et le marché règle lui- même les prix des marchandises. Ainsi le marché noir se dissout peu à peu, devient un problème mineur. Le motif économique n’est donc plus une raison pour réprimer le commerce informel. Au contraire, ce motif devrait être une raison pour encourager tout genre de commerce légal. Il faut augmenter le nombre des fournisseurs dans les marchés pour faire baisser les prix.

Cependant, il y a deux motifs, fiscal et d’ordre public, qui imposent la lutte contre les marchands des trottoirs. La formalisation de ces marchands peut augmenter les recettes de l’Etat si l’administration fiscale joue son rôle. Sur le plan de l’ordre public, ces commerçants gênent la circulation, causant des embouteillages et des accidents, sans parler de la dégradation de l’image de la capitale.

Le motif fiscal a été minimisé parce qu’on ne dispose pas d’un système efficace pour dénombrer et surveiller les activités hors norme. L’administration ignore l’existence de certaines activités et même si elle est au courant, elle ne peut les identifier.

En général, l’administration se contente de faire appel au civisme. Toute répression n’est qu’une perte de temps et un gaspillage d’effort. Mais aux yeux des marchands des trottoirs le payement de ticket au niveau du Fokontany est déjà considéré comme un impôt. En fin de compte, le seul vrai motif qui a poussé les autorités à pourchasser les commerçants informels, est le maintien de l’ordre public.

42 Le slogan « fanjakan’ny madinika » tombe petit à petit en désuétude. L’autorité communale s’est donnée un nouvel objectif : la propreté de la ville16. Le protecteur des faibles et des démunis devient le protecteur de l’ordre et de l’image de la capitale. Cette nouvelle politique est en fait, une rupture avec le passé. Un lieu historique va disparaître pour atteindre le nouvel objectif.

I.3.2 La disparition du marché du « Zoma »

Le marché du « Zoma » a plus d’un siècle d’histoire et répondait aux besoins de réunion et d’échange d’une société. Son emplacement, Analakely lui a donné un rôle très important. Il est le centre de la capitale et même de Madagascar. Ce rôle a été accentué par les aménagements coloniaux qui ont fait passer par ce centre tous les axes de circulation.

D’autres aménagements ont suivi, notamment l’enlèvement du marché de gros. Mais ils n’ont pas été à la hauteur du développement des activités du Zoma.

Finalement, cette insuffisance a abouti au désordre.

Le marché s’est déroulé de plus en plus sur les parkings et les rues d’Analakely et le vendredi, les marchands ont occupé l’avenue de l’indépendance. La circulation des biens et des personnes est devenue très pénible et la distinction entre commerçants informels et formels était impossible. Les pickpockets ou vols à la tire ainsi que les détrousseurs font des ravages. Certains d’entre eux, pris en flagrant délit étaient brûlés vifs. L’insécurité régnait.

Pour apporter la propreté à Antananarivo, il fallait bien commencer par le nettoyage d’Analakely. Il y avait bien sûr, les ordures laissées par les commerçants après chaque vendredi mais aussi les entraves à la libre circulation des voitures. Il fallait soit agrandir, soit déplacer le marché. La première option est impossible vu les constructions qui entourent le lieu. Reste le déplacement, une telle option aurait pu être évitée s’il y avait eu auparavant une limitation du nombre des occupants du lieu.

L’autorité communale devait trouver un vaste espace pour accueillir les commerçants avant de pouvoir maintenir le marché du Zoma. Mais Antananarivo est devenue une grande ville densément occupée. Sauf à l’extérieur de la ville, il n’y avait plus d’espace disponible. Il a donc fallu répartir les marchands formels et réguliers dans différents

16 Antananarivo madio no tanjona ka tadidio ; littéralement : la propreté d’Antananarivo est l’objectif, il faut y penser 43 endroits en fonction de leur type de commerce. Quant aux commerçants informels, la commune leur a conseillé d’aller s’implanter dans le marché de leur fokontany respectif.

Tous ces changements qui s’imposaient, ont été source de conflits entre la Mairie et les commerçants. Ces derniers ont estimé que tout déplacement est injuste et sans fondement et que la commune voulait seulement les importuner. Des rumeurs ont même couru à propos d’un soi-disant contrat de vente de l’ancien hôtel de ville et de ses environs.

Occupée aujourd’hui par un jardin public ( voir photo n° 04), cette place abritait tous les jours des commerces, des coiffures. Les tensions ont été vives entre les deux parties et ont conduit à des affrontements violents. Il y eut intervention des forces de l’ordre. Avant de capituler, les commerçants ont incendié le centre de contrôle du marché.

II- L’état actuel des marchés d’Antananarivo

La commune a su surmonter tous les obstacles et la confrontation avec les commerçants n’était que passagère, même si elle a failli tourner au pire. La commune a pu prouver le bien fondé de ses actes. Et l’opinion publique a fait un revirement. La disparition du marché du « Zoma » a fait réfléchir la population d’Antananarivo. Le commerce informel a perdu du terrain sans disparaître totalement. Les normes ne sont pas toutes respectées à l’intérieur des marchés et à l’extérieur, c’est le désordre complet, l’anarchie totale.

II.1 Le respect des normes dans les marchés

Les anciens marchands patentés de l’avenue de l’Indépendance ont été dispersés dans divers endroits dont sept sont situés à l’intérieur du Premier Arrondissement. Ces endroits constituent de nouveaux points de vente qui ont chacun leur spécialité. La commune fait tout pour que les normes y soient respectées. Malgré ses efforts, elle n’est pas arrivée

à créer un marché digne d’un Antananarivo propre.

44 Photo n°03 : Les escaliers Rahoerason : Avant même les premières lueurs du jour , le lieu s’anime

Photo n°04 : L’actuelle place du 13 mai 1972 ; lieu de rencontre de toute forme de commerce ambulant que ce soit informel ou illicite

II.1.1 Les marchés de la ville

Désormais, la commune possède au moins vingt marchés : Analakely,

Isotry,Bekiraro, Petite vitesse, Place Andrianjaka, Ambohijatovo, Ambodin’Isotry, Coum 67 ha, Ambanidia, Anjohy, Camp Pochard, Besarety, Andravoahangy, Anosibe, Mahamasina,

Soanierana, Analamahitsy, Ampasampito, Nanisana et Ambohimanarina. Ils sont inégalement répartis dans les six arrondissements17 . Le premier arrondissement est le plus pourvu et le sixième, le plus démuni. C’est le résultat, tout d’abord du manque d’espace, puis de la division et de la répartition des marchands du Zoma. Parmi les sept marchés nouvellement créés issus du Zoma18 cinq sont restés dans le premier Arrondissement, un est allé au troisième et un autre au quatrième.

La tradition du marché hebdomadaire est maintenue pour chacun d’eux. Tous les jours de la semaine sont devenus un jour de marché, excepté le dimanche. A chaque jour correspond donc un marché propre à chaque lieu d’implantation. Cependant, les lieux qui sont proches les uns des autres ont une journée réservée pour un grand marché accueillant plus de commerçants que lors des marchés journaliers. Un marché quotidien peut aussi disposer d’une journée de la semaine pour permettre à plus de commerçants de venir vendre leurs produits et qui n’ont pas de place quotidienne dans ce marché. On constate donc l’existence de trois catégories de marché à savoir, les quotidiens, les hebdomadaires et les mixtes.

Chaque marché hebdomadaire possède son propre jour d’ouverture. Un marché quotidien peut aussi avoir un jour dans la semaine pendant lequel il accueille plus de marchands que d’habitude. Aux alentours des périodes de fêtes, les autorisations données par la commune, permettant au commerce de s’étendre à l’extérieur des marchés, ont crée un lieu de rencontre de marchands et de plus grand que le « Zoma ». La commune n’a donné d’autorisations que pour quelques fokontany :67 ha, Isotry, Mahamasina, Andravoahangy.

Mais les commerçants informels en ont profité pour envahir les autres endroits. Ainsi, depuis 67 ha jusqu’au centre ville, les marchandises de toutes sortes envahissent les

17 Le tableau n°10 ne mentionne que dix neuf (19) marchés 18 Les nouveaux marchés issus du Zoma sont : Camp Pochard, Petite vitesse, Place Andrianjaka, Ambohijatovo, Ambodin’Isotry, Coum 67 ha et Mahamasina 45 trottoirs, à même le sol ou sur des étalages, créant un gigantesque marché journalier pendant toutes les périodes de fête.

Au niveau des fokontany, quelques marchés tel que Andranomanalina,

Antohomadinika, Ambondrona, Ankadifotsy, s’ajoutent au paysage de la commune urbaine d’Antananarivo.

II.1.2 Les normes respectées dans les marchés

La première remarque, après la disparition du Zoma est la transformation d’Analakely qui a retrouvé ses splendeurs de jadis. Il est redevenu un lieu de promenade de nuit comme Antaninarenina. Tous les jours de la semaine, il accueille les voitures sur ses parkings, même le vendredi. Les marchands n’osent plus s’installer sur la place du 13 Mai.

(Voir photo n° 04) L’ancien hôtel de ville, est resté longtemps un espace vide avant de devenir un jardin public. Ainsi on est loin des soucis causés par la promiscuité d’autrefois.

Ailleurs, à l’intérieur de tous les marchés, la commune a établi des réglementations. Elle a imposé la règle de propreté à tous les commerçants. Les occupants du lieu sont tenus aux nettoyages, collectivement ou individuellement. Les maisons en bois doivent être peintes aux couleurs de la commune : c’est à dire en jaune et bleu. C’est un moyen pour contraindre les propriétaires à régulariser leur situation fiscale car ils ne peuvent plus échapper aux agents du fisc. Toutes les ventes à même le sol sont interdites à l’intérieur des marchés. Seuls les commerces sur étalage au-dessous du sol peuvent rester

à l’intérieur. Ce qui constitue un progrès palpable dans le respect des normes sanitaires.

II.1.3 Les normes non respectées dans les marchés

Trois marchés communaux Mahamasina, Coum 67 ha et Andravoahangy rappellent ce qui s’était passé autrefois tous les vendredis à Analakely. Il s’agit de reconversion des routes en un lieu d’accueil des marchands. A Mahamasina, la route qui passe devant le stade municipal a été reconvertie. Aux 67 ha, c’est la route qui longe la porte sud du Coum qui a

été sacrifiée. Pour Andravoahangy, c’est la rue Ramananarivo Romuald qui a été utilisée. Ces rues servent en temps normal à la circulation des voitures. La commune les a sacrifiées parce que leur reconversion entraîne moins d’embouteillage qu’ailleurs.

46 Dans les autres marchés, malgré les efforts de nettoyage, l’insalubrité persiste.

Les résidus de poussière, mélangés aux eaux usées des commerçants et aux eaux de pluie, donnent des boues impossibles à éliminer. L’insalubrité peut être permanente ou saisonnière.

Elle est permanente pour les vendeurs de légumes qui utilisent beaucoup d’eaux pour humidifier en permanence leurs marchandises. Pour les marchands qui n’utilisent pas d’eau, l’insalubrité existe en période de pluie seulement.

Le manque d’esthétique dans l’installation des étalages dégrade aussi l’image des marchés.

Les planches en bois utilisées sont de mauvaise qualité et sont assemblées n’importe comment. L’étroitesse des espaces qui séparent les installations aggrave le problème. Elle ne facilite pas les circulations des clients. Il y a cependant quelques marchés qui échappent à cette mauvaise images : ceux d’Ambanidia, et les nouveaux marchés d’Anosibe.

II.2 La persistance du commerce informel à l’extérieur des

marchés

Si à l’intérieur des marchés, la réalité traduit une certaine réussite, à l’extérieur elle exprime l’échec total des stratégies de rétablissement et de maintien de l’ordre dans la capitale. Les commerçants informels continuent d’occuper les trottoirs. Non seulement dans le Premier Arrondissement, mais dans toute la commune Urbaine.

II.2.1 La situation des commerçants informels

Il faut dire que les commerçants informels n’ont pas été totalement expulsés des marchés communaux et ceux qui sont partis, ne sont pas allés loin pour continuer leurs activités, justifiant leur résistance par la pauvreté. Ils ont en réalité du mal à envisager un autre avenir. En tout cas, la politique de répression adoptée par les autorités les a traumatisés. Ils se sentent de plus en plus marginalisés au sein de la société, et constatent que les améliorations effectuées dans la ville ne sont pas pour eux. Ils sont marginalisés par rapport à la société et par rapport aux autres citoyens.

La résistance des commerçants informels est très surprenante. Ils occupent les trottoirs, mais ne sont plus tranquilles comme autrefois. Ils ont conscience que leur

47 installation est tout à fait précaire, mais ils sont obligés de continuer. Et on peut même noter que malgré ces difficultés, il y a encore des nouveaux venus qui les rejoignent.

Actuellement, les seuls endroits où le commerce informel peut prospérer se trouvent hors du centre ville. Ainsi, le Premier Arrondissement devrait être en principe libéré progressivement. Mais comme il détient beaucoup d’infrastructures par rapport aux autres arrondissements, il attire davantage les commerçants informels. On ne peut donc espérer leur élimination totale. Nous avons demandé leurs opinions sur leur situation.

II.2.2 Les opinions des commerçants informels ( figures

n°04 et n°05)

Comme la répression a été très dure, les victimes ont voulu régler leurs différends avec les autorités : plus de 80% de ceux que nous avons enquêtés dans le Premier

Arrondissement, ont déclaré être prêts à se formaliser. Mais ils ne sont pas passés à l’acte.

Sur le plan de l’action, les intéressés n’ont rien fait qui permettent de prouver leur volonté.

Au moins ils auraient dû prendre une décision. Toute réalisation commence par une décision qui détermine les chemins à suivre. Même pour ceux qui ont l’intention de se régulariser, ils ont tous des idées différentes. Les uns acceptent la formalisation, les autres refusent.

En fait, ils se divisent aussi en deux groupes. Une partie accepte sans poser des conditions car elle pense que la régularisation est bénéfique à tous points de vue tandis que l’autre exige un dialogue préalable avec l’Etat et qui permettra de définir les concessions réciproques. En d’autres termes elle veut des garanties pour ses revenus, ses droits…

Parmi les 20% qui disent non à la formalisation, il y a ceux qui récusent la politique de l’Etat, ceux qui ne croient pas à la possibilité d’une formalisation et les radicaux.

A l’issue de l’enquête effectuée dans le Premier Arrondissement nous constatons que 56% des commerçants informels disent oui à la formalisation, 41% disent non et 3% n’ont donné aucune réponse. La moitié de ceux qui disent oui a posé des conditions, tandis que la moitié de ceux qui disent non a accusé la politique de l’Etat.

48 Figure n°04 : Les réponses des commerçants informels du Premier Arrondissement face à la question de formalisation

OUI 56 % Oui conditionnel 28% des enquêtés

Conditions imposées : Ne plus payer le ticket du fokontany Pouvoir travailler tranquillement Respect de la part de l’Etat Proportionnalité activité impôt Dialogue entre Etat commerçants

Oui sans condition 28% des enquêtes

Raison de la formalisation sans condition La loi qui l’exige Le commerçant travaille dans le formel auparavant C’est nécessaire pour le pays et pour le commerçant lui-même Pas de raison personnelle (pour les commerçants qui se formalisent parce qu’on leur a demandé de le faire seulement

NON 41% Non à cause de l’inefficacité de la politique de l’Etat 20,5%

- Les lieux destinés aux commerces sont insuffisants et inadéquats - Dans les lieux donnés, il n’y a pas assez de place pour tous les commerçants

Non car la formalisation est difficile 14,76%

Difficulté : Insuffisance des moyens financiers Ignorance des procédures à suivre Faiblesse du capital utilisé Les fortes têtes Ils veulent rien savoir. Ils combattent le 5,74% feu par le feu

NI OUI NI NON 03%

Source : Enquêtes personnelles effectuées du 01 janvier au 15 Mars 2004

II.3 Diversité dans l’opinion du public sur le

commerce informel d’aujourd’hui

Dans tous les conflits opposant l’Etat et les commerçants informels, le public a joué le rôle d’arbitre. Il juge l’attitude des uns et des autres. Il n’était pas toujours un juge impartial. Depuis les années quatre vingt, il s’est rangé du côté des commerçants. L’Etat a dû travailler seul. Mais après les années quatre vingt dix, il a donné un coup fatal qui a fait réfléchir le public. Désormais, le public possède sa propre vision de la situation, une vision qui n’est pas homogène. Une partie voit dans le commerce informel une activité répressible alors qu’une autre le considère comme une activité légitime.

II.3.1 Les partisans du commerce informel

Ils estiment que c’est une activité honnête qui fait vivre des gens honnêtes. Mieux vaut voir les gens travailler dans le commerce informel que de les voir en train de commettre des vols. C’est une question de moralité. L’Etat n’a pas seulement le devoir de maintenir l’ordre, il doit aussi garantir la survie de son peuple. Pour cela, il doit leur donner la liberté d’entreprise. Chaque citoyen est libre de créer une activité ou d’entrer dans une profession quelconque à condition de ne pas enfreindre la loi. Ce dernier passage constitue l’argument utilisé par l’Etat.

L’Etat, en se fondant sur l’arrêté N°580-FVP/ANT/RV/DEL du

1985 (voir annexe pages XV à XIX), persiste sur le fait que les commerçants informels enfreignent la loi. D’après l’article premier de cet arrêté ; « toute opération commerciale, l’offre ou la mise en vente des objets, produits ou denrées divers, ne peuvent s’opérer que dans l’enceinte des marchés et sont formellement interdits sur la voie ou place publique, sauf autorisation du Fivondronampokontany d’Antananarivo Renivohitra19, à l’exception du lait qui peut être vendu à domicile ».

Mais les défenseurs des commerçants informels continuent leur plaidoirie, en distinguant les lois destinées aux voleurs des lois réservées aux honnêtes gens. La différence entre les deux c’est que ces dernières sont et doivent être susceptibles de dérogation. Elles doivent faire l’objet d’un assouplissement quand elles remettent en question la survie ou la dignité humaine d’un citoyen.

19 C’est l’actuelle Commune Urbaine d’Antananarivo 51 L’arrêté N°580 est considéré par ces opposants comme une loi pour les honnêtes gens. Il devrait faire l’objet d’un assouplissement vu que la majorité de la population est sans travail. Ils sont obligés de faire du commerce pour vivre et les marchés ne sont pas assez grands pour les accueillir tous.

II.3.2 Les opposants du commerce informel

Si autrefois ces opposants sont constitués seulement par les riches et les étrangers, aujourd’hui une partie de la classe moyenne y adhère aussi. Ces nouveaux venus ont été touchés par les changements de la ville, depuis l’intensification des luttes menées par l’Etat après les années quatre vingt dix. Pour eux, les commerçants informels sont aveuglés par leur pauvreté. Cet aveuglement empêche toute réflexion et discernement, créant un esprit de travers chez les personnes victimes.

La seule solution pour remettre chaque citoyen sur le droit chemin est l’application de la loi. Il n’y a pas lieu de savoir si c’est immorale ou pas. Il ne s’agit pas de créer un être parfait, mais un être social. Ce n’est pas à la société de changer, mais à l’individu de s’y intégrer. Si la société se soumet à toutes les demandes de ses membres, une anarchie va apparaître à cause des conflits d’intérêts. Ce qu’il faut, c’est de trouver un point d’entente, un accord et conclure un contrat qui engage tout le monde et le met sur le même pied d’égalité. C’est ainsi que naît la loi. La loi est dure mais c’est la loi (Duralex cedelex).

De tout ce qui précède, le problème du commerce informel doit être réglé par l’application de la loi. Il n’y a pas lieu de faire la différence entre lois destinées aux voleurs et lois des honnêtes gens. Elles ont toutes le même but, mais avec des sujets différents. Elles obéissent à la règle du tout ou rien. Si on assouplit une loi, on devra en faire autant pour les autres.

52 CHAPITRE IV : LA PARTICIPATION DU PREMIER ARRONDISSEMENT AU DÉVELOPPEMENT

DE SON COMMERCE INFORMEL

La population, le commerce et les marchés du Premier Arrondissement contribuent au développement du commerce informel. Le nombre et la structure de la population, le progrès de l’esprit mercantile, le nombre, le type et la répartition des marchés communaux sont autant d’indices permettant d’expliquer le nombre de 872 commerçants informels.

I. La population et le commerce dans le Premier

Arrondissement

La population participe à l’existence du commerce informel en devenant client, fournisseur ou vendeur. L’intensité des participations dépend du nombre et de la structure de la population tandis que dans le développement du commerce, il y a des facteurs qui attirent les acteurs vers le secteur informel.

I.1 L’étude de la population du Premier Arrondissement

En 2001, la population du Premier Arrondissement était de 242 557 selon l’INSTAT. Or, 3,6% des habitants seulement travaillent dans le commerce informel. Le reste constitue soit des clients et des partenaires soit de futurs candidats dans le métier.

Les marchands sur les trottoirs formant tous les 8742 marchands informels recensés, peuvent donc augmenter si on se fie seulement au nombre de la population.

Il est vrai que le nombre de 8742 ne tient pas compte des commerçants ambulants, des commerçants nocturnes ni des commerçants informels travaillant dans une maison en dure. Mais cela n’a pas de grande importance. Les commerçants ambulants sont peu nombreux. Le problème de leur comptage n’est pas une question d’effectif mais de déplacement. Leur déplacement a faussé toutes les données et il y en a qui se font compter deux ou trois fois. Pour les commerçants nocturnes, ils sont peu nombreux vu l’insécurité qui règne la nuit dans la capitale, surtout dans la ville basse, zone de concentration du

53 commerce informel. Quant aux commerçants informels travaillant dans une maison en dure, ils sont rares et difficiles à détecter.

Donc les 8742 représentent l’essentiel du commerce informel du Premier

Arrondissement. Ce chiffre est le résultat d’une augmentation incessante de la population.

Depuis 1997 jusqu’en 2001 la population du Premier Arrondissement a augmenté d’au moins

6820 habitants par an selon la statistique de la commune (voir tableau n°08 évolution de la population du Premier Arrondissement)

Tableau n°08 : Evolution de la population du Premier Arrondissement

Années 1997 1998 1999 2000 2001 Nombre de 211 426 218 246 225 285 232 552 240 052

population Sources : Arrondissements

C.U.A. Sce Etudes et Enquêtes Economiques Circonscription du Plan

Antananarivo

Les augmentations annuelles étaient de 6820 habitants entre 1997 et 1998, de

7039 habitants entre 1998 et 1999, de 7267 habitants entre 1999 et 2000 et de 7 499 habitants entre 2000 et 2001. Ce qui donne une croissance moyenne de 3,22% par an aboutissant à un accroissement de 13,54% en quatre ans. Ce rythme parait être normal si le premier Arrondissement ne connaissait pas déjà une densité de 24 470 habitants par 54 kilomètre carré en 1997. Une telle densité accentue la dureté de la vie urbaine, et une croissance, même de 2% par an rend cette vie encore plus difficile à vivre.

Au niveau des tranches d’âges (voir tableau n°09). 60,93% de la population du

Premier Arrondissement sont âgés de 16 à 50 ans. Donc, il y a 146 267 personnes qui sont en âge de travailler et qui prennent en charge les 93 788 autres. Cela a des impacts positifs et négatifs. D’un côté, il devait y avoir assez de population active pour entreprendre le développement économique de l’Arrondissement. De l’autre, il y a trop de demandeurs d’emploi qui accentuent le problème du chômage.

Tableau n°09 : Répartition détaillée de la population du Premier Arrondissement

Année 2001

Tranche d'âge Masculin Féminin Total 0-5 15 847 15 421 31 268 6-10 12 925 12 589 25 514 11-15 13 319 13 864 27 183 16-20 13 644 15 300 28 944 21-25 12 882 14 276 27 158 26-30 11 219 12 012 23 231 31-40 18 080 18 338 36 418 41-45 6 233 6 383 12 616 46-50 3 725 3 740 7 465 51-60 5 204 5 428 10 632 60-70 2 761 3 417 6 178 70 et + 1 513 2 132 3 645 Ensemble 117 352 122 900 240 252

Source: 1er Arrondissement C.U.A. Sce Etudes et Enquêtes Economiques

La difficulté se pose surtout sur la question du moyen de vivre ou l’emploi. La concurrence est féroce en matière de recherche ou de maintien d’un poste de travail. Il y a plus de demandeurs que d’offres d’emploi. Seuls les meilleurs seront pris parmi toutes les personnes qualifiées. Dans une telle situation, personne n’est sûre d’être embauchée sous le seul critère de sa compétence. Il faut toujours être excellent pour demander un poste de travail. Le critère d’excellence se base à la fois sur le niveau de diplôme et la durée d’expérience

55 Ce critère d’excellence comporte quelquefois des contradictions. La demande d’expérience est accompagnée d’une limitation d’âge. Les employeurs ont une préférence pour les jeunes à cause de leur dynamisme. Mais la majorité des jeunes ne dispose pas de la durée d’expérience exigée à cause de l’insuffisance de leurs parcours professionnels. Les instituts, établissements et universités privés ont essayé de remédier à ce problème en offrant à leurs étudiants des stages de formation dans des entreprises.

Pour les personnes qui ont du travail, ils ont toujours peur de perdre leur emploi par insuffisance de leurs compétences. Les rapides évolutions de la technologie sont difficiles à suivre pour certains travailleurs, alors que les prétendants à leurs postes sont nombreux et au courant de toutes les nouvelles technologies. Tous ces problèmes découragent les demandeurs d’emploi et les poussent à entrer dans le domaine de la profession libérale. Il est préférable de travailler pour soi-même en créant son propre emploi. Dans le domaine de la créativité, il faut beaucoup de moyens. Mais il y a un secteur qui demande peu d’argent, surtout si on le pratique de manière informelle. Il s’agit du commerce, d’où le phénomène de son développement.

I.2 Le développement du commerce

Aujourd’hui tout le monde sait comment faire des bénéfices en vendant quelque chose. C’est le développement du sens du commerce chez chaque individu, qu’il soit riche ou pauvre, citadins ou ruraux, en profitant d’une société tournée vers une économie de consommation. L’augmentation des consommateurs par rapport aux producteurs et des consommations par rapport aux épargnes constitue autant de faits sociaux qui favorisent l’esprit mercantile.

Le recul de l’agriculture et de l’élevage doublé de la faiblesse de l’industrie participe activement à l’épanouissement du commerce. L’insuffisance des appuis techniques et financiers accordés aux paysans détériore les conditions de vie à la campagne en y apportant la misère rurale et toutes ses conséquences. En ville les industries existantes n’arrivent pas à satisfaire les demandes d’emploi. A ces deux problèmes s’ajoute l’anarchie dans les activités d’exploitation minière à Madagascar provoquant l’accélération de la

56 tertiarisation de l’économie nationale. Pour l’Etat, le tourisme et l’exportation sont devenus des clés de la lutte contre la pauvreté.

Pour la population, la stratégie de survie passe par les activités de service et le commerce car elles permettent à chacun de créer son propre emploi, de ne pas être dépendant à l’égard d’un autre, bref de satisfaire la soif d’autonomie, d’être son propre patron. C’est particulièrement le cas du commerce informel.

Ces trois observations qui remontent jusqu’à l’échelle nationale ne sont que l’une des explications du développement du commerce. Un développement qui suit deux directions : internationale et nationale. Dans le commerce international, Madagascar exporte des produits à l’état naturel, tels que le litchi, la vanille ou le girofle, et importe des produits de haute valeur ajoutée, tels que l’automobile, les machines industrielles ou les appareils

électroniques. Toutes ces opérations sont enregistrées au cours du passage des marchandises à la douane. Si cette formalité n’est pas respectée alors le commerce sera illégal. Donc, le commerce externe ne peut jamais être informel. L’informel ne peut se faire que dans le commerce interne.

I.3 L’origine du commerce informel

Dans le commerce interne, le choix entre le secteur formel et le secteur informel se fait selon deux critères : l’habitude et la volonté des autres d’une part et la circonstance économique, accompagnée par la politique de l’Etat d’autre part. La circonstance économique détermine la limite de la capacité de formalisation de chaque commerçant. Cette limite peut être aggravée par la politique de l’Etat. S’il y a trop de laissez faire,les gens ne vont plus se soucier du respect des règles de leur profession.

Il faut aussi tenir compte du mode de vie de la population car ce mode de vie définit l’habitude de chaque personne. Pour les riches, leur rang social les empêche d’aller pratiquer des petits commerces sur les trottoirs. S’ils viennent à transgresser cette règle de conduite, ils seront en conflit avec eux-mêmes et avec l’image que la société leur a donnée. Tandis que pour les pauvres, la vie dans la rue n’est rien d’autre que l’expression au public de leurs vécus au foyer. On peut voir aussi ce comportement chez les ruraux.

57 L’habitude de vivre avec les basses cours se traduit par l’insouciance du rôle exact des voies publiques. De même, l’habitude de croupir dans les boues entraîne une négligence de la santé d’autrui.

Mais tout le monde peut changer avec un peu de volonté. Quiconque qui a su surmonter ses hontes peut travailler dans l’informel. Cela arrive quand une personne vient de perdre tous ses biens et qu’elle n’a de choix qu’entre cette profession ou le vol. A l’inverse, quiconque qui a les moyens et le courage peut sortir de l’informel. Cela peut arriver pour les personnes ayant une grande soif de progrès et qui ont trouvé des financements pour un meilleur projet. Ce sont cependant des exceptions qu’on ne rencontre que très rarement.

Ainsi, le commerce informel du Premier Arrondissement découle des conditions de vie des habitants de la ville basse. La pauvreté et l’instabilité sont les maîtres mots de la description et de l’explication de l’ampleur de ce commerce. Le choix de l’activité la plus facile, suivi de la transposition des problèmes du foyer dans la conduite de la carrière professionnelle, explique le nombre de 8742 commerçants informels. Reste à savoir si c’est une bonne ou mauvaise stratégie de survie. Pour répondre à cette question, il faut voir les résultats.

Les explications ne s’arrêtent pas au niveau du développement du commerce. Il y a aussi une part de responsabilité des marchés communaux.

II. L’étude des marchés Communaux du premier Arrondissement

Les marchés sont communaux quand ils sont liés directement à la commune, c’est-

à-dire qu’ils échappent aux contrôles de l’Arrondissement et des fokontany. C’est ce qui les différencie des marchés de fokontany. Ils sont destinés à répondre aux besoins de plusieurs fokontany, voire même de plusieurs arrondissement. Ils sont en nombres insuffisants et mal répartis.

II. 1 L’insuffisance des marchés communaux

Au moment de nos enquêtes en 2003 le Premier Arrondissement avait dix marchés communaux : le Grand marché d’Isotry, la Petite Vitesse, le marché Andrianjaka, le

58 marché du côté Ambodin’Isotry, le marché d’Andranomanalina Isotry, le marché du Coum 67

Ha, le marché des fleurs à Anosy, les pavillons d’Analakely, les marchés d’Ambohijatovo et le marché des meubles en bambou d’Ampefiloha.

Mais dans la statistique de 2001 de la Commune il n’y avait que sept marchés communaux (voir tableau n°10 : Les infrastructures des marchés de la Commune Urbaine d’Antananarivo). En matière d’infrastructure de marché, le Premier Arrondissement prend la première place, avec sept marchés contenant 1066 pavillons. Le Troisième Arrondissement prend la deuxième place avec trois marchés contenant 644 pavillons. Le Quatrième

Arrondissement occupe la troisième place avec trois marchés contenant 167 pavillons. Le

Cinquième Arrondissement arrive à la quatrième place avec trois marchés pour 159 pavillons.

Le cinquième rang revient au Deuxième Arrondissement avec deux marchés contenant 24 pavillons. Tandis que le sixième Arrondissement termine à la sixième place avec un seul marché contenant 87 pavillons.

Donc le Premier Arrondissement est plus équipé que les autres. Il possède presque la moitié des 2147 pavillons de la commune. Il y a un marché pour 34 295 habitants, alors que dans le sixième Arrondissement, c’est un marché pour 109 332 habitants. Mais en matière de nombre de parcelles, il est dépassé par le Troisième Arrondissement .Pour le

Premier Arrondissement, il ne dispose que de 1678 parcelles pendant les jours ordinaires et

3 625 parcelles pendant les jours de marché hebdomadaires alors que le Troisième

Arrondissement dispose de 2776 parcelles pendant les jours ordinaires et de 4325 parcelles pendant les jours de marché hebdomadaires.

D’après ces chiffres, le Premier Arrondissement a assez de marché pour répondre aux besoins de sa population en matière d’achats. Le problème se situe au niveau des ventes. Il n’y a pas assez de marché pour tous les marchands de cet arrondissement.

C’est la raison pour laquelle la commune encourage le développement des marchés de fokontany. Elle cherche avant tout à maintenir les petits marchands dans leurs fokontany respectifs. Selon cette approche, les marchés communaux ne devraient plus accueillir les petits marchands que pendant les jours de fête et les jours de marché hebdomadaires.

59 Tableau n°10: Infrastructure des marchés de la Commune Urbaine d’Antananarivo

Année 2001

Nombre Nombre parcelles Arrondis Jour de marché Marchés communaux de Jour Jour marché sement hebdomadaire pavillons ordinaire hebdomadaire Analakely I --- 917 - - Isotry et Bekiraro I samedi 111 713 1 900 Petite vitesse I --- 38 430 - Place Andrianjaka I . . . - 300 - Ambohijatovo I . . . - 235 - Ambodin’Isotry I samedi - - 1 195 Coum 67 Ha I samedi - - 530

Ambanidia II . . . 12 45 - Anjohy II . . . 12 - - Besarety III Mardi 38 89 300 Andravoahangy III Mercredi 606 1 537 2 650 Camp Pochard III Jeudi- vendredi - 1 150 1 375 Anosibe IV . . . 128 770 - Mahamasina IV jeudi 21 75 1 780 Soanierana IV . . . 18 - - Analamahitsy V . . . 38 - - Ampasampito V . . . 111 - - Nanisana V . . . 10 - -

Ambohimanarina VI Lundi 87 95 250 Total 19 6 2 147 5 439 9 980 Source : Budget C.U.A.

Les jours ordinaires sont réservés aux commerçants patentés et enregistrés au service des statistiques. Ce système est très efficace pour stopper le développement du commerce informel à condition que les fokontany disposent des espaces et des moyens nécessaires à une telle opération. Cependant, tous les fokontany n’ont pas assez d’espace vacant et ceux qui en ont ne bénéficient pas de moyens suffisants. Il faut toujours chercher des bailleurs de fonds. Or les organismes et les associations ne s’intéressent que très rarement aux marchés de fokontany. Même la commune ne peut compter que sur elle-même pour développer les marchés de proximité.

60 Ainsi, l’existence des marchés sur trottoir est inévitable à cause de l’insuffisance des marchés communaux et des marchés de fokontany. Chacun des 44 fokontany prétend avoir des marchés alors qu’il s’agit des marchés improvisés implantés dans des lieux inadéquats. C’est le cas par exemple des marchés le long de la rue Ny Avana Ramanantoanina.

Leur ancienneté leur a donné la qualité de marché de fokontany malgré leur implantation sur des trottoirs.

D’après la présentation sur le croquis n°04, les marchés communaux sont bien répartis dans tout le Premier Arrondissement. Le problème ne se situe pas au niveau de leur nombre ni de leur répartition. Ce sont leurs tailles qui sont insuffisantes. La superficie de chaque surface qu’ils occupent n’est plus convenable pour contenir tous les commerçants. Il y a un débordement des marchands hors des lieux de marché. La bonne répartition des marchés contribue au développement des commerces informels des fokontany. C’est ce qui explique l’émiettement des 8742 commerçants informels à travers les 44 fokontany (voir tableau n°01 : Comptage du commerce informel dans les 44 fokontany du Premier

Arrondissement)

Les seuls axes de concentration du commerce informel qui ne dépendent pas d’un marché communal sont les axes 20, 22 et 23 (voir annexe : la liste des axes de concentration du commerce informel du Premier Arrondissement avec leur localisation). Ils répondent aux besoins quotidiens des habitants des alentours. Ces habitants peuvent toujours aller au centre ville pour les besoins spécifiques, puisque cela ne nécessite que quelques dizaines de minute. Donc l’existence de ces axes ne devrait pas être interprétée comme une mauvaise répartition ou une insuffisance du nombre des marchés communaux. Il y a aussi l’axe 12 qui résulte plutôt de l’existence des magasins karana de Tsaralalana que de l’existence du

Grand marché d’Isotry.

La spécialisation de chaque marché communal participe aussi à la diversification du commerce informel et à la spécialisation de chaque fokontany (voir croquis n°06 sur la spécialité de chaque fokontany en matière de commerce informel). Les fokontany 07,

20, 22, 24, 29, 34, 38, 43 et 44 sont influencés par la spécialisation du marché de Petite vitesse, des pavillons d’Analakely, du Grand marché d’Isotry, du Marché d’Ambodin’Isotry et des Magasins karana et chinois. Il s’agit d’une simple imitation.

61 1 – Vendeur de produit alimentaire

2 – Fast food ° ° ° 3 – Brocanteur et quincaillerie

4 – Boutique spécialisée

5 – Epicerie ° ° ° ° 6 – Autres commerces

Dans d’autres fokontany, le commerce informel complète le marché communal.

C’est le cas des fokontany qui entourent le marché du Coum 67 Ha. Le seul type de produit que ce marché fournit ne satisfait pas à tous les besoins des populations environnantes. Les produits artisanaux ne répondent qu’aux besoins utiles mais exceptionnels. Les commerçants informels des alentours proposent alors les produits alimentaires. Ainsi les 8742 commerçants informels sont repartis dans les 44 fokontany afin de donner plus de satisfaction aux habitants du Premier Arrondissement. Ce qui rend nécessaire l’examen de la répartition des commerçants informels par fokontany pour faire une transition avec la troisième partie

II.2 La répartition des commerçants informels dans les 44 fokontany

Il y a deux faits à noter : d'une part l'émiettement du commerce informel du

Premier Arrondissement à travers ses 44 fokontany et d'autre part le déséquilibre entre commerce à stand fixe et commerce à stand mobile.

Aucun fokontany n’atteint 20% du total des commerçants faisant de l’informel.

Seul Analakely arrive à accueillir 1557 commerçants sur les 8742, soit 17,81% (voir tableau n°01). A l’autre extrémité, le fokontany de Faravohitra Ambony n’a que 05 commerçants informels, soit 0.06% au total. Ce tableau montre bien qu’il y a une dispersion du commerce informel à travers les 44 fokontany.

Cette dispersion s’explique par l’absence d’un espace assez grand pour contenir tous les commerçants informels. Ils veulent bien être intégrés dans les marchés, mais comme il n’y a pas assez de places, ils sont obligés de s’éparpiller. Mais il y a aussi les commerçants de proximité qui n’aiment pas s’aventurer trop loin de chez eux. Par ailleurs, des commerçants informels approvisionnent les élèves des divers établissements scolaires

éparpillés dans tout le Premier Arrondissement. Au total, chaque fokontany est concerné par le commerce informel.

Dans cette répartition par fokontany, les données chiffrées ne rendent pas compte exactement de la réalité car elles n’indiquent pas la superficie occupée par les commerçants informels, et de ce fait, ne permettent pas de saisir la densité du commerce informel par Fokontany. Comme les chiffres sur les superficies ne sont pas disponibles,

62 nous avons dû nous contenter de nos observations pour montrer que les Fokontany qui ont une plus grande densité de commerce informel sont : Antanimalalaka Analakely, Tsaralalana,

Isotry, FIATA, Antohomadinika Atsimo, (Voir croquis n°07 : Répartition du commerce informel par fokontany dans le Premier Arrondissement)

Sur un autre plan, dans les 44 fokontany, il y a un déséquilibre entre le commerce informel à stand fixe et celui à stand mobile. Cela traduit sans doute l'insuffisance du commerce informel à stand fixe, mais il ne faut pas non plus oublier que l’une des caractéristiques du commerce informel est sa précarité et son instabilité. Cette remarque signifie que les données manquent pour saisir le commerce informel dans toute sa complexité. Toutefois, on peut avancer qu’il y a deux distinctions à faire entre les 44 fokontany : d'une part, en fonction de la situation spatiale de chaque fokontany, et d'autre part en fonction de l'infrastructure commerciale dont il dispose. Ainsi les différences sont nettes entre les fokontany de la haute ville, de la ville basse et du centre ville.

Les premiers se caractérisent par un commerce informel permanent qui ignore l’influence des périodes de fête. On peut dire qu’il a un point d’ancrage. Il y a, une raison solide qui justifie son implantation : c’est l’existence d’une clientèle à la fois stable et solvable. Pour les fokontany de la ville basse d’autres raisons priment car il y a des clients stables avec un faible pouvoir d’achat, mais en nombre massif. Pour les fokontany du centre ville, le commerce informel est fluctuent car il subit nettement la succession entre périodes normales et périodes de fête.

Par ailleurs, il faut souligner qu’un grand marché communal constitue un pôle d’attraction pour le commerce informel. Ainsi, les fonkontany Antanimalalaka Analakely, de

Tsaralalana Isotry (FIATA) et d’Ambodin’Isotry qui disposent chacun d’un marché communal voient affluer sur leur territoire un nombre important de commerçants informels.

Toutes ces explications méritent d’être élargies vers l’étude des résultats du commerce informel. Une étude qui sera exposée tout au long de la troisième et dernière partie.

63

TROISIÈME PARTIE : LES RÉSULTATS CONTRASTÉS DU

COMMERCE INFORMEL

64 CHAPITRE V : COMMERCE INFORMEL, UNE ACTIVITÉ À DOUBLE FACE POUR LES

CITOYENS

Les enquêtes menées dans le Premier Arrondissement ont montré que 35% des commerçants informels ont choisi leur profession par préférence aux autres activités. Cela sous entend des avantages certains, offerts par le commerce informel. Mais 56% des enquêtés ont aussi répondu qu’ils sont forcés d’y travailler alors que 09% n’ont pas donné de réponse satisfaisante. Cela fait penser à l’existence des inconvénients qui entourent ce métier. Ce dualisme du côté positif et du côté négatif mérite d’être examiné à partir de l’observation de chaque acteur. La réalisation d’une telle étude se fera d’un côté au niveau des citoyens et de l’autre au niveau des autorités étatiques.

Afin de montrer le caractère objectif de notre étude, une répartition en deux de la population s’est avérée nécessaire. D’une part, il y a les commerçants informels et d’autre part le reste de la société. Ils ne perçoivent pas tous les mêmes profits et ne subissent pas les mêmes dommages.

I- Pour les commerçants informels : commerce

informel, un métier ouvert, mais difficile

D’accès facile, le commerce informel est exercé par tous ceux qui sont attirés par l’appât du gain et le hasard de l’enrichissement. Mais en contre partie, ils doivent faire face

à plusieurs difficultés.

I-1- Le commerce informel, un métier ouvert à tout le monde

Aucune compétence particulière n’est exigée ; il suffit simplement de connaître les rudiments du calcul pour pouvoir s’en sortir. Il n’est pas nécessaire d’être bardé de diplômes de hautes études. Dans les autres professions comme le travail de bureau, les difficultés apparaissent dès la présentation de la demande d’emploi et de la lettre de

65 motivation. Les illettrés sont systématiquement mis de côté sans parler de l’inacceptabilité d’une rédaction en langue maternelle, à savoir le malagasy. Et pour tout terminer, un minimum de qualification et d’expérience est requis.

En matière de commerce informel, les qualifications professionnelles constituent des atouts non négligeables et un plus pour le développement des activités. Il n’est pas nécessaire de savoir parler le français puisque 99,5% des clients sont des malgaches. Les diplômes ne servent pas à grande chose. Ceux qui ont la maîtrise, la licence ou le baccalauréat sont tous mis dans le même panier que ceux qui ne disposent d’aucune référence intellectuelle. Le seul point commun avec les autres réside dans l’expérience. Mais elle n’est pas obligatoire comme dans les travaux de bureau ou les travaux sur les machines où les expérimentés sont plus avantagés que les novices. Cependant, les informations essentielles sur les ficelles du métier relèvent de la connaissance du milieu et des liens de longue date avec tout le monde. Donc, les risques à courir par manque de pratique sont moindres par rapport à ceux des autres professions. Le dynamisme est de rigueur et il faut rivaliser de malice comme d’opportunité pour devancer les concurrents Ce sont des qualités qui s’acquièrent aisément dans l’exercice du métier.

Ainsi la liberté d’entreprendre et d’exploiter, qui sont des aspects de la liberté de commerce et de l’industrie et le fondement d’un Etat libéral, sont scrupuleusement appliqués, alors que dans le secteur formel, ces libertés connaissent des limites. Tout le monde ne peut devenir commerçant formel. Il y a un souci de protection de l’intéressé et de ses futurs contractants. Certaines catégories de personne doivent s’abstenir de faire du commerce en raison de leur âge ou de leur état d’esprit.

La loi n’autorise jamais un mineur à être commerçant par immaturité d’esprit et par inconscience des risques du métier convoité. Même l’émancipation ne lui permet pas de faire un acte de commerce, alors que celle-ci lui donne le droit de faire des actes civils. Son tuteur ne peut pas non plus se substituer à lui par la voie de la représentation20. La loi ne punit pas les infractions à ces règles mais les actes qui en découlent ne seront pas validés.

Pour les personnes majeures, le commerce est autorisé mais ne peut être cumulé avec certaines professions. C’est le cas par exemple de la fonction publique. En effet, la

20 La représentation est un procédé juridique par lequel une personne, appelée représentant, agit au nom et pour le compte d’une autre personne, appelée représenté ; 66 liberté offerte par la fermeture des bureaux le samedi doit permettre de faire le commerce, d’autant plus que leurs heures de travail journalier se terminent aux alentours de seize à dix-sept heures. Mais la loi a estimé que la recherche de profit et les préoccupations mercantiles sont nuisibles à l’exercice normal de leur fonction. Les fonctionnaires qui se déclarent officiellement être commerçants risquent d’écoper une sanction disciplinaire même s’ils remplissent correctement leurs obligations de service.

La profession commerciale peut être strictement interdite à certaines catégories de personne majeure pendant un certain temps. Cela concerne les anciens détenus. Cette interdiction se base sur le défaut d’honorabilité de l’intéressé. Il n’y a pas lieu de savoir le changement comportemental ou non après sa mise aux fers. Toutes ces mesures rendent difficile l’accès au statut de commerçant formel et limitent la liberté d’entreprendre une profession commerciale en bonne et due forme. Il ne suffit pas d’y accéder, il faut aussi respecter des formalités dans l a conduite des affaires. Il est impératif de faire une déclaration de l’existence du commerçant et de l’évolution du commerce pour calculer les impôts à percevoir. Ce sont des contraintes qui peuvent être évitées dans le secteur informel et donnant des avantages aux commerçants informels.

La possibilité de faire du commerce avant l’âge requis par la loi, même si c’est informel, permet de prendre de l’avance dans la recherche de la fortune. Faire des bénéfices sans attendre l’arrivée des autres, c’est devancer soi même. Il est vrai qu’un enfant a plus besoin d’aller à l’école que de vendre des pistaches dans la rue. On ne devra pas débuter à l’âge de dix ans. Mais dans un pays pauvre comme Madagascar, tout le monde ne dispose pas du privilège de continuer ses études jusqu’à ses vingt et un ans. Mieux vaut entrer dans la vie active dès qu’on se sent capable. Les éventuels échecs constitueront un enseignement pour acquérir l’expérience et la maturité d’esprit.

Avec le commerce informel, on peut aussi faire beaucoup avec peu de choses.

Selon les enquêtes, le capital de départ peut varier entre trois milles à cent mille ariary. On débute avec le micro commerce, on fait des sacrifices pour accumuler des fonds. Puis on change de type de commerce à chaque augmentation du capital. Donc il y a une ascension progressive des affaires. Si un commerçant commence, à l’âge de dix sept ans, à vendre

67 des pistaches et des cigarettes, après quelques années d’effort, à l’âge de vingt deux ans, il peut devenir un grand spécialiste de la vente des appareils électroniques ou des téléphones portables. Pendant les quelques années d’acharnement au travail, il bénéficiera des appuis de ses parents pour subvenir à ses besoins alimentaire, vestimentaire et en logement.

Tous les efforts sont concentrés sur la constitution d’un grand capital social. Vu sous cet angle, le commerce informel devient un moyen de financement d’un commerce formel. Une fois que le capital a atteint un certain seuil permettant d’entreprendre une affaire sérieuse et plus rentable, alors le commerçant a le choix de continuer dans la voie de l’informel ou d’intégrer le secteur formel. C’est une décision difficile puisqu’il y a encore des avantages à tirer dans la promiscuité de l’aventure souterraine. Le jeu du double emploi et le non paiement d’impôt sont des moyens d’enrichissement qu’on peut toujours exploiter de façon non officielle.

La pratique de deux emplois en même temps donne deux sources de revenus différents. En cas de mauvais résultat de l’un, on peut compter sur l’autre. Au mieux, on peut espérer un double bénéfice. La différence des deux activités réduit les risques d’une double perte. Si les choses se compliquent ou si les résultats escomptés ne sont pas atteints, on peut abandonner facilement l’une et la reprendre quand la situation revient à la normale sans causer de préjudice à l’autre car elles sont toutes les deux autonomes.

Dans le monde formel, ce mode d’enrichissement ne peut être effectué qu’entre mari et femme. Donc les célibataires ont plus d’intérêt à exercer dans les professions non officielles. Le cumul des fonctions est largement pratiqué pour se mettre à l’abri des poursuites fiscales car ils ne sont pas identifiés. Ils tirent des bénéfices de leur commerce sans jamais contribuer à l’enrichissement des caisses de l’Etat.

De tout ce qui précède, tout le monde devrait exercer dans le secteur du commerce informel et tous les commerçants informels devraient être riches. Le problème de la pauvreté à Madagascar s’en trouve facilement résolu. Mais ce n’est qu’une pure théorie.

Dans la pratique il en est autrement. Le commerce informel est un métier difficile, à tel point qu’il n’attire en majorité que des populations défavorisées incapables de faire autrement.

68 I-2- Le commerce informel, un métier difficile

Sous ses caractères omniprésents et multiformes, le commerce informel est confronté à de nombreuses difficultés et à différents niveaux. Il y a les problèmes propres

à chaque commerçant, liés à chaque type de commerce et enfin ceux qui sont communs à tous les commerçants informels.

Nous ne considérons ici que les dernières catégories de difficultés en les examinant à partir de leurs causes ou de leurs origines qui sont respectivement : le climat, les autorités publiques et la concurrence.

I.2.1 Les effets néfastes du climat

Le climat demeure une première source de problèmes pour le commerce informel.

Les précipitations sont dangereuses pour les marchandises, causant ainsi des pertes pour les commerçants, même s’ils s’efforcent de mettre leurs produits à l’abri. Ceux qui ont un stand fixe sont avantagés par rapport aux autres, obligés d’arrêter leurs activités dès que la pluie tombe. Cet arrêt peut durer plusieurs heures, une journée ou voire plus en cas d’intempéries.

Le climat constitue toujours un handicap pour les commerçants informels sur le plan de la santé, notamment pour les nombreuses femmes qui exercent le métier, accompagnées par des enfants en bas âge. Les boues insalubres résultant des pluies sont préjudiciables aussi bien pour la qualité des marchandises étalées souvent à même le sol, que pour la bonne santé des acteurs.

Par ailleurs, la chaleur, source de dégradation des marchandises, pose aussi un problème permanent. En effet, les fruits, les boissons et autres aliments sont facilement avariés par la chaleur. Comme partout dans Madagascar, le climat à Antananarivo est un risque réel pour le commerce informel car il explique en grande partie la mauvaise réputation du commerce informel, accusé d’être un danger pour la santé publique.

Cette situation qui prévaut au sein même de ce secteur justifie en partie la répression que les autorités publiques exercent contre le commerce informel.

69 I.2.2 La répression des autorités publiques

Les autorités publiques entreprennent presque tous les jours des opérations de nettoyage des trottoirs et des autres lieux publics. D’abord, les policiers poursuivent les commerçants informels, les arrêtent et les jettent en prison. Ensuite, la commune s’empare des produits à vendre et este en justice les commerçants. Les produits ramassés ont moins de chance d’être récupérés par leurs propriétaires. Ils sont, en général, distribués aux

établissements qui font des œuvres de bienfaisance, pour les produits alimentaires, ou finissent dans une vente aux enchères si ce sont des marchandises non périssables comme les téléphones portables ou les appareils électroménagers. Si un commerçant essaye de récupérer ses marchandises, il doit d’abord établir une promesse écrite de non récidive et payer ensuite les amendes éventuelles.

Toutes les opérations de nettoyage s’effectuent autour des grands marchés comme Analakely, Petite vitesse, 67 ha et Ambodin’Isotry. Or ce sont les endroits les plus propices au commerce informel. Ils accueillent plus de passants qu’ailleurs. Exercer son commerce dans l’un de ces endroits exige soit la formalisation, soit la capacité à ne pas se faire prendre par les agents de police et les agents de la commune. La voie de la formalisation apparaît presque impossible vu les diverses circonstances.

La seule solution est d’adopter la tactique d’évitement c’est-à-dire jouer à cache-cache avec les autorités publiques. Ce jeu occasionne des pertes de temps, des manques à gagner. D’ après mes observations et les réponses recueillies auprès des commerçants informels, la moitié du temps est engloutie par ce cache-cache et récemment la commune urbaine a durci le ton par une nouvelle tactique. En effet elle a placé des agents dans les endroits les plus fréquentés par les passants pour empêcher les commerçants informels de pénétrer dans les lieux publics. Mais par manque d’effectif, la stratégie n’est appliquée qu’en centre ville, autour d’Antanimalalaka Analakely, Tsaralalana, Petite Vitesse et

Behoririka. . Ainsi, pour exercer le commerce informel en toute tranquillité, il faut aller dans les bas quartiers, ou attendre les périodes de fête pour profiter de la tolérance temporaire.

Mise à part cette répression des autorités, le commerce informel éprouve aussi des difficultés venant de la concurrence.

70 I.2.3 La concurrence inévitable

Même si les commerçants informels s’éloignent des endroits très protégés par la

Commune, ils ne peuvent éviter la concurrence.

D’abord, il y a la concurrence avec les commerçants formels. Ces derniers disposent légalement de la représentation de vendre des produits de bonne qualité constituant ainsi une publicité à laquelle sont sensibles les clients aisés et aussi ceux de la classe moyenne.

Ensuite, il y a la concurrence entre commerçants informels. En effet, on y découvre plus d’imitation que de création. Dès qu’une activité est créée, tout le monde cherche à l’exercer, entraînant un sureffectif de commerçants dans chaque domaine alors que le nombre de clients n’évolue pas. Attirer les clients est une entreprise difficile sachant qu’il faut trouver des arguments de vente plus convaincants que ceux des autres pour un même produit. Dans ces conditions, la rivalité entre commerçants est vive à tel point que même devant les traces imposées par les autorités publiques, il n’y a quasiment pas de solidarité, l’égoïsme, l’individualisme et le chacun pour soi dictent leur loi. Il est vrai que dans la politique du commerce informel, la concurrence ne peut jamais être loyale.

Toutefois, il y a quelques exceptions de solidarité à signaler. Certains commerçants informels sont obligés d’être solidaires à cause des liens familiaux, d’amitié, ou d’origine.

Tous ces liens relèvent du « fihavanana » et donnent une connotation d’humanité dans ce monde sans pitié de l’informel.

Tous ces problèmes ne touchent que ceux qui pratiquent l’activité. Ce qui devrait

épargner le reste de la société. Mais il y a d’autres problèmes qui touchent d’autres citoyens. Ainsi, après avoir étudié les résultats du commerce informel auprès de ses acteurs, nous allons maintenant voir les résultats pour le reste de la société.

II- Pour le reste de la société : commerce informel, une aide pour certains, une gène pour d’autres

Le reste de la société est composé essentiellement des clients du commerce informel et des commerçants formels, des clients habitués à ce genre de commerce et de

71 ceux qui n’y effectuent leurs achats qu’occasionnellement. Ces trois groupes qu’on les examine successivement.

II-1- Pour les clients habitués

Le commerce informel offre plusieurs avantages tels que la faiblesse des coûts et la simplicité de l’acquisition. Les clients y sont aussi attirés par sympathie avec le commerçant. D’après les enquêtes menées sur les gens qui font leurs achats habituels chez les marchands informels, 55% y sont attirés pour une question de coût, 07% par la simplicité de l’achat, 02% par sympathie avec le marchand, 02% n’ont pas de raison apparente et 34% associent ensemble plusieurs raisons.

Dans un pays pauvre comme Madagascar il faut savoir économiser. On doit dépenser le moins possible. Cette stratégie passe par une économie d’argent d’une part et de temps d’autre part. Le commerce informel répond bien à ces deux exigences. Il offre des produits à bas prix par rapport à ceux des marchés formels. Il se rapproche aussi des clients par le procédé de commerce de proximité et l’interpellation des clients. Parmi les

55% des enquêtés ayant opté pour la question de coût, 24% ont répondu vouloir acheter des produits à bas prix, 16% pour faire leurs achats pas trop loin de chez eux et 15% ont combiné les deux réponses.

Cependant, toutes les marchandises n’offrent pas la possibilité de faire des

épargnes. Il y a des produits qui doivent être achetés en un seul endroit comme Analakely,

Tsaralalana ou Isotry, par exemple les fournitures scolaires, les appareils électroniques ménagers ou les matériaux de construction et d’équipement pour les industries informelles.

Les clients peuvent trouver tous ces produits dans tous les marchés des quartiers mais à de qualité et quantité médiocres, contrairement à ceux proposés par les marchands spécialisés, concentrés dans des endroits bien précis comme Ambalavao. Ces concentrations ont conféré une certaine spécialisation à chaque fokontany (voir croquis n°05) et en conséquence engagé un frais de déplacement pour acquérir des produits de meilleure qualité donc une augmentation du prix de revient.

72 Le prix des produits vendus dans les endroits spécialisés peut être égal à celui pratiqué par les commerçants formels. Dans ce cas, le choix de l’achat chez le marchand informel se justifie par sa simplicité et la sympathie avec les commerçants. On préfère plutôt entretenir des relations d’affaire entre malgaches En effet, les affaires sont plus simples quand elles sont traitées selon le principe de la confiance mutuelle et du

« fihavanana »(atao amin’ny ady gasy)

Figure n°05 : fréquentation du commerce informel par la population tananarivienne

- Faible coût 55%

Bas prix ------24%

Faible distance------16%

Les deux à la fois ------15%

- Simplicité de l’achat 07%

- Sympathie avec le commerçant 02%

- Autres raisons 02%

- Combinaison de plusieurs raisons 34%

Pourtant, en marge de ces avantages, les clients habitués des marchés informels effectuent des achats risqués. Le bas prix pratiqué est synonyme de basse qualité. Pour vérifier ce principe, la classification des marchandises s’impose en distinguant les produits alimentaires, des produits non alimentaires. Cette analyse concerne surtout les commerces mobiles sur les trottoirs.

D’après l’Expresse de Madagascar du 18 juin 2005 : « les produits périmés sont en vente libre ces derniers temps ». Cela concerne les denrées alimentaires. Aucun commerçant informel ne se soucie de la date de péremption des produits qu’il vent. Il se contente de vendre tout ce qui est à bas prix. Presque tous les commerçants connaissent l’existence d’un délai de consommation pour les produits alimentaires. Mais ils font la

73 sourde oreille tout en falsifiant les dates, ou en persuadant les acheteurs que l’expiration de ces dates n’a pas de très grande importance. En effet, les produits périmés n’ont dépassé leur date de péremption que de quelques jours ou de quelques mois tout au plus. Rares sont les produits qui ont dépassé un an et peu de preuves rapportent l’existence de personnes victimes d’une quelconque maladie à cause de ces marchandises.

Dans la fabrication, il y a une intervention illicite des importateurs. Ils changent l’emballage des produits un procédé qui n’est pas à la portée de tout le monde.

Selon des rumeurs, les Chinois sont les spécialistes de ces pratiques frauduleuses. Mais ce ne sont que des accusations sans justification ni preuve. Les gens se réfèrent seulement à l’existence des produits contrefaits chinois qui s’écoulent sur le marché international. Un procédé très simple consiste aussi à enlever l’emballage et vendre les produits en vrac. C’est le cas des biscuits qui seront ensuite broyés et vendus en poudre. Les pâtes et les amuse- gueules peuvent aussi faire l’objet d’une vente en vrac. Ce qui augmente encore les dangers pour la santé des acheteurs, les produits se trouvant en contact direct avec les agents pathogènes.

Pour les produits non alimentaires, certains d’entre eux sont endommagés, soit

à cause des conditions de leur transport depuis l’importation jusqu’à la mise en vente dans les rues d’Antananarivo, soit à cause des négligences des marchands ambulants quand ils les manipulent. Ces produits sont encore en état de marche, mais ils n’ont plus la même durée de vie que ceux vendus par les commerçants formels. C’est pourquoi ils ont un prix bas car ils ont fait l’objet d’une vente au rabais.

Il n’est pas rare aussi de voir des produits de seconde main parmi ceux offerts aux clients. Cela résulte de l’existence d’un système d’échange. Certains commerçants informels reprennent les appareils déjà utilisés de leurs clients et les échangent contre des neufs moyennant le payement d’une partie du prix de ces derniers. On rajoute un peu d’argent et on obtient quelque chose de neuf. Vu sous cet angle, le système semble avantager les clients. Les vieux appareils seront ensuite nettoyés, reconditionnés et revendus. Les commerçants, à leur tour, ne font pas non plus de perte et la revente se fait au même prix que celui d’un neuf. Les inconvénients de ce système retombent sur les derniers acquéreurs. Ils paient un article au prix d’un produit neuf sans obtenir la qualité équivalente. La situation demeure identique avec les friperies, sauf que le

74 dernier acquéreur sait à quelle qualité de produit il a à faire et qu’il l’achète à prix juste et

équitable et en toute connaissance de cause.

Les produits non alimentaires connaissent aussi le problème des contrefaçons.

On rencontre dans les rues de la capitale des produits de grande marque telle que SONY,

SHARP, PANASONIC,. . . à des prix incroyablement bas. Ils ont toutes les apparences et les esthétiques d’un produit d’origine. Leur défaut réside dans leur durée de vie qui est incroyablement courte. Tous ces inconvénients ne causent que des préjudices pécuniaires aux clients. Dans l’Express de Madagascar du 05 mai 2004, on a signalé l’existence de dangereux « yoyo chinois » sur le marché informel. Ce sont des produits qualifiés de

« jouets malins mais toxiques »et constituant des menaces pour la santé des clients de l’informel en plus des produits alimentaires

II-2- Pour les commerçants formels

Le commerce informel est une activité complémentaire et concurrente du commerce formel. D’après le tableau n°07 , 38,24% des fournisseurs des marchands informels sont en règle avec les administrations. Donc les rues d’Antananarivo constituent l’un des débouchés des grands magasins de la capitale, surtout pour les marchandises importées. Ce n’est pas seulement un élargissement du champ de diffusion des produits mais aussi un moyen pour réduire les risques dans les affaires.

Le procédé de vente en petite portion donne aux pauvres l’accès à des produits chers. Cette adaptation de la vente au pouvoir d’achat de la majorité des malgaches augmente le nombre de clients dans les opérations d’importation. Le prix n’est plus un obstacle aux négoces, du moment qu’on peut fractionner les marchandises. Le cumul des achats par tranche de vingt ou cent ariary permet de vendre de l’huile à cinq mille ariary le litre. De même, le cumul des achats par pièce facilite l’écoulement d’un biscuit de trois mille le paquet.

L’existence du circuit de distribution informel évite aussi aux opérateurs de faire des ventes au rabais. En effet, les produits endommagés par les transports et ceux

75 qui ont subi des défauts de fabrication, peuvent nuire à la réputation d’un établissement commercial, même s’ils sont vendus à bas prix. Mieux vaut s’en débarrasser le plus rapidement possible afin de garder un certain prestige vis-à-vis de la clientèle. Pour cela, il n’y a pas de système plus efficace que les ventes dans la rue.

Sous un autre regard purement égoïste, qui ne défend que l’intérêt des commerçants uniquement, l’informel est aussi un moyen pour échapper à certaines pertes. La lenteur de l’écoulement des produits sur le marché formel peut conduire à l’arrivée du terme de leur délai de consommation. Selon toujours l’Express de Madagascar du 18 juin 2005 :

« Les produits près d’être périmés, écoulés avec des remises considérables, intéressent les importateurs. Mais l’éloignement de la Grande île par rapport aux pays exportateurs et le délai d’acheminement jouent à leur détriment ». Il ne s’agit par forcément d’une mauvaise foi de la part des opérateurs économiques malgaches. Ces marchandises sont censées être faciles à commercialiser à cause de leur prix à la portée de toutes les bourses. Elles devraient donc être liquidées et consommées avant la date de péremption. Cependant cette

évaluation ne correspond pas à la réalité des marchés internes. Alors un choix s’impose : récupérer les prix de revient ou supporter les pertes, voire faire faillite en respectant les droits des consommateurs.

Les inconvénients de la séparation des importations destinées aux couches défavorisées de celles destinées aux classes aisées se font ainsi sentir dans la rue. Comme ceux des consommateurs, les droits de certains commerçants formels sont aussi bafoués.

L’insuffisance des contrôles de qualité permet aux produits contrefaits de circuler librement préjudiciables aux distributeurs agréés des grandes marques. Ces derniers sont, contrairement aux autres pairs, en concurrence permanente avec les marchands à la sauvette.

Cette situation certifie que la concurrence subie par le secteur formel est souvent déloyale. Elle est prédominée par le parasitisme du secteur informel. La perfection des copies crée une confusion chez les clients car il est difficile d’identifier les produits d’origine. La différence de prix ne signifie pas grand-chose puisqu’on peut très bien vendre

76 les faux au prix des produits d’origine. Tout cela diminue la crédibilité des distributeurs agréés et entraîne la perte de la clientèle, malgré l’existence de garantie de qualité.

Les contrefacteurs profitent de la notoriété des grandes marques pour attirer la clientèle. Ils se font des bénéfices en jouant sur la renommée d’autrui sans se soucier des préjudices qui peuvent en résulter pour le propriétaire de la marque et du nom utilisé. Aucune des marchandises importées n’échappe à ce problème mais celles du domaine de la mode et de l’habillement subissent plus de souffrance que les autres. Les vêtements et les chaussures sont à la fois victimes des contrefaçons et des friperies.

Les friperies sont issues des vrais produits d’origine. Ils conservent certains des qualités et prestiges malgré leur vétusté. Un avantage plus que suffisant pour attirer les clients pauvres. Donc il n’y a plus que très peu de débouché pour les grandes boutiques prestigieuses. Elles concentrent leur publicité sur le snobisme. La qualité d’acheteur a été

écartée de leurs objectifs et remplacée par la qualité. Peu importe le nombre de clients ; pourvu que chacun d’eux soit capable d’effectuer une grosse dépense.

Le parasitisme du secteur informel touche aussi les produits locaux. Les marchandises fabriquées à Madagascar dans la sphère du formel, qu’elles soient alimentaires ou non, sont victimes de la concurrence déloyale de l’informel. Seuls les produits agricoles non transformés tels que les fruits et les légumes échappent à la nuisance de l’informel en matière d’attraction des consommateurs nationaux. C’est l’une des difficultés que subissent les artisans malgaches. Déjà ils sont en concurrence avec les magasins chinois, mais en plus ils doivent aussi affronter les vendeurs dans les rues. Ces deux types de commerçant accaparent les débouchés dans les classes pauvres et moyennes.

Il ne reste plus pour les artisans formels que les consommateurs étrangers ; à l’extérieur comme à l’intérieur de Madagascar. Les riches et personnes aisés malgaches sont plutôt attirés par les grandes marques étrangères.

Donc les commerçants en règle avec l’administration sont répartis en deux. D’un côté, il y a ceux qui profitent de l’existence de l’informel et de l’autre, ceux qui en souffrent. Cette distinction existe aussi entre les personnes non commerçantes. Les clients habitués sont soulagés tandis que les clients occasionnels et les autres sont gênés par les commerçants sur les trottoirs. Les embarras subis par ces dernières catégories de citoyen

77 méritent d’être étudiés en détail pour montrer un autre aspect de la nuisance du commerce informel. Ce qui nous amène à l’examen de la situation des clients occasionnels.

II.3 Pour les clients occasionnels et autres

Il est vrai que le commerce à proximité des routes répond aux besoins urgents de certains passants. Un conducteur pressé par le temps, mais qui a besoin d’acheter une cigarette, n’a qu’à faire un signe de la main aux marchands ambulants se trouvant sur cette route pour que ces derniers viennent le servir. De même, une mère de famille, très pressée de rentrer chez elle le soir mais ayant oublié de faire ses petites courses habituelles, n’a qu’à les faire aussi chez les marchands se trouvant sur sa route. Par ailleurs, un parent qui n’a pas eu le temps préparer le goûter de ses enfants, avant de les envoyer à l’école le matin, n’ a qu’à leur donner de l’argent pour qu’ils puissent acheter quelque chose à grignoter chez les petits commerçants ambulants installés devant l’entrée de leur école.

Ces genres de situation ne concernent que les personnes riches, c’est à dire les

6,47% des clients de l’informel (voir tableau n°05). Leurs demandes peuvent être satisfaites autrement avec un peu de sacrifice et de volonté de leur part. Ils ont d’ailleurs intérêt à se mettre à l’écart de l’informel puisqu’il leur inflige plus de mal qui de bien. Les embouteillages et les pollutions sont des gênes qui accompagnent les petits services rendus. Ce sont des effets indésirables mais inséparables des métiers qui s’exercent à ciel ouvert, dans les rues, quels que soient les clients touchés. Seulement ils sont plus supportables pour les habitués vu l’importance des services rendus. Alors que pour les gens qui n’ont qu’une fréquentation occasionnelle, il y a un déséquilibre flagrant entre préjudice et intérêt perçu.

Le nombre de population attiré par les marchés aux puces ou sur les trottoirs rend la vie plus stressante pour les personnes riches. Il y a trop de monde pour un si petit espace. Les gens finissent vraiment par s’écraser les pieds à force de se déplacer dans une

étendue si restreinte. En plus, les trottoirs sont réservés aux emplacements des bacs à ordures et des parking. Donc, les piétons partagent l’espace qui leur est destiné avec les

78 commerçants, les acheteurs, les voitures et les infrastructures publiques. Ils sont ainsi obligés de descendre et emprunter les rues pour pouvoir circuler plus librement. Ce qui crée des problèmes de circulation quand on conduit une voiture. Chaque conducteur doit faire très attention et ralentir s’il ne veut pas écraser des piétons. Les ralentissements des voitures combinés avec les arrêts fréquents pour diverses raisons, occasionnent des embouteillages surtout en période de fête.

Quand on est pris dans un embouteillage, en plein centre ville, pendant les périodes de fête ou chaque soir avant le coucher du soleil, on entend les criées des marchands à la sauvette en train de vanter les mérites de leurs marchandises. Cette technique de publicité destinée à attirer les passants constitue une source de pollution acoustique. Elle se combine avec les bruits des voitures et crée une cacophonie. Les gens, habitués au calme de leur foyer, supportent mal cette pollution acoustique et sont très facilement saisis par le stress et la fatigue.

Malgré ces troubles, l’existence des services rendus confirme la qualification d’activité à double face attribuée au commerce informel. Tous les habitants d’Antananarivo et surtout du Premier Arrondissement qu’ils soient riches ou pauvres, hommes ou femmes, commerçants ou non, peuvent en tirer des profits tout en supportant les inconvénients. Ces deux effets sont indissociables de la vie des citoyens qui qu’ils soient. Au niveau du pouvoir public, les problèmes se présentent si différemment qu’une contradiction des intérêts des autorités apparaît.

Il faut d’abord séparer l’autorité communale de l’autorité centrale. L’autorité centrale regroupe les actions menées par la police, le service des Contributions, le ministère du commerce ou le ministère de la santé21 qui intervient dans le commerce informel. Mais ce n’est pas sa seule préoccupation en ce qui concerne les activités commerciales. Elle intervient également dans le commerce illicite et le commerce formel tout en accordant plus d’importance à ces deux domaines par insuffisance des moyens pour couvrir tous les domaines et aussi par partage des tâches entre les administrations publiques. Elle sera aussi

écartée de cette étude des résultats du commerce informel pour faire place à un acteur majeur et plus dynamique en la matière : l’autorité communale.

21 Le ministère de la santé e t du planning familial a sous sa tutelle l’unité de contrôle de qualité des denrées alimentaires (UCQDR) selon l’article apparu dans l’Express de Madagascar du 18 Juin 2005) 79 CHAPITRE VI- LA CONTRADICTION DES INTÉRÊTS DES AUTORITÉS

Il faut ensuite mettre en évidence l’opposition entre l’intérêt de la Commune d’Antananarivo et l’intérêt de ses 192 fokontany.

I- Au niveau de la commune

L’autorité communale est chargée tout d’abord de maintenir l’ordre public.

Ensuite, elle doit prendre soin de l’image de la ville. Le commerce informel constitue justement un obstacle à l’accomplissement de ces deux obligations. Dans toutes les solutions retenues par la commune, que ce soit la répression, la réglementation ou le laissez faire, elle a toujours agit au nom et sous prétexte de la défense de l’intérêt général. Ce qui a ouvert le débat sur l’opposition entre l’intérêt général et l’intérêt des marchands de trottoir. En effet nul ne peut contester l’existence des entraves à l’ordre public et des effets néfastes sur le paysage urbain.

I-1- Les troubles à l’ordre public

Les deux facteurs essentiels de trouble sont : l’insalubrité et l’insécurité. Ce sont des conséquences directes ou indirectes des activités effectuées sur les trottoirs. Direct quand il s’agit d’un effet propre et indirect s’il s’agit d’un effet secondaire du commerce informel. C’est une question de lien. Il y a des troubles plus liés aux activités hors norme que d’autres. Des liens de cause à effet qui peuvent être classés selon leur degré et créer une

échelle d’imputabilité.

La conséquence directe des commerces improvisés est l’insalubrité des marchands laissant derrière eux des ordures : Les résidus des nourritures qu’ils ont mangées pendant leur présence sur les lieux. Très peu d’entre eux ont pensé à utiliser des corbeilles. Soit ils jettent par terre les objets qui ne leur servent plus à rien, soit ils les mettent dans un bac

à ordure s’il y en a autour d’eux. Mais même pour cette seconde option,

80 le problème persiste encore puisque la capacité du bac à ordures est insuffisante vu qu’il est aussi destiné à recevoir les matières viles des passants et des rebuts ménagers des habitants de la localité.

La commune Urbaine d’Antananarivo a déjà fixé des heures pendant lesquelles les foyers peuvent utiliser les bacs22, de même pour les heures des vidages des bacs par les agents de la voirie23. Cela a réduit les désordres dans les lieux où il y a trop de commerçants informels mais n’a pas empêché les ordures de déborder partout. La vraie source du problème se situe au niveau de la surpopulation du lieu. Il n’y a pas assez de place pour mettre plusieurs bacs à ordures, alors chacun se débrouille pour mettre de l’ordre sur son lieu d’emplacement. Il y en a même qui ne se soucie pas des désordres qui règnent autour d’eux, menaçant ainsi la santé de leurs clients.

A part les résidus de nourriture, les commerces improvisés laissent aussi des résidus de marchandise après leur fermeture journalière. C’est le cas des vendeurs de fruits et légumes. Les légumes non vendus de la journée ou les fruits qui ont pourri à cause de la chaleur sont jetés sur place. Les marchands informels comptent sur les agents de la voirie pour les ramasser le soir après leur départ. Ce manque de responsabilité est l’une des raisons invoquées par la commune pour entreprendre les opérations de chasse aux commerçants sur les trottoirs. Un manque de responsabilité issu d’une certaine insouciance face aux intérêts communs.

On ne peut pas mettre tous les commerçants informels dans le même panier. Si quelques uns ne se soucient guère de la santé de leurs clients, d’autres essaient tant bien que mal de respecter leur environnement. C’est le cas par exemple des commerçants le long de l’escalier Rahoerason. Des corbeilles installées tout au long de cet escalier permet d’éviter l’éparpillement des ordures. Ces corbeilles sont utiles aussi bien pour les commerçants que pour les passants. Une telle action peut servir d’exemple aux autres même si elle n’est pas facile à faire. Il faut savoir qui du fokontany ou des commerçants va prendre l’initiative et qui des agents de la voirie ou des commerçants vont se charger de les ramasser. Autant de questions qui freinent l’enthousiasme des gens de bonne volonté.

22 Entre 17 heures et 20 heures en général 23 Pendant toute la nuit à partir de 20 heures en général 81 Les emballages, de quelque nature que soit, demeurent aussi un problème pour la salubrité de la capitale. Les consommateurs les jettent partout et n’importe où. La majorité des gens ne se soucient que des gênes occasionnées par la conservation trop longue des emballages après la consommation des produits emballés. Ils se hâtent de s’en débarrasser et ne prennent même pas la peine de trouver un bac à ordures. Ce sont, en général, les gargotes informelles qui sont pointées du doigt. Elles ne prennent pas les précautions nécessaires pour inciter leurs clients à respecter l’environnement. Il revient toujours aux agents de la voirie de ramasser les divers morceaux de papier éparpillés ici et là à travers les rues et ruelles de la capitale.

Pourtant, ces agents ne sont pas en nombre suffisant pour couvrir toutes les rues et ruelles, et pour surveiller les passants en matière de jets d’ordures. Il faut savoir que le taux de fréquentation des quartiers entre en ligne de compte. Lorsqu’il y a trop de passants et de gargotes informelles dans un quartier, il y a toujours trop d’ordures éparpillées. C’est ce qui explique la différence entre ville haute et ville basse ; les heures de goûter et les autres heures de la journée. Dans la ville haute, il y a peu de commerçants informels, donc faible importance de l’éparpillement des ordures accompagnée d’un faible taux de fréquentation des passants. Ce qui arrange bien les affaires des agents de la voirie.

Par contre, dans la ville basse, le trop grand nombre de commerçants informels et de passants génèrent une grande quantité d’ordures difficiles à gérer. Ce qui explique la mauvaise réputation de ses lieux. Les opérations normales de nettoyage effectuées par la commune n’arrivent plus à maintenir convenablement la salubrité des bas quartiers. A l’heure des goûtes, aux alentours de 10 heures de matin et de 16 heures l’après-midi, les gens aiment se promener dans la rue pendant ces heures tout en dégustant leurs goûters. C’est à ces moments là que les jets d’emballage par terre atteignent leur taux maximal.

Donc l’emballage en lui-même constitue déjà un facteur de désordre, sans oublier les matières utilisées24. Si autrefois, les commerçants n’utilisent que des emballages de papier, aujourd’hui, l’usage des sachets en plastique est à la mode dans tous les commerces et rend la situation critique. Toutes les ordures qui ne sont pas ramassées par le service de voirie de la commune finissent dans les canaux d’évacuation des eaux usées. L’eau arrive

24 Les emballages peuvent être des papiers, des feuilles de végétation ou des plastiques 82 très vite à désagréger les papiers mais n’a aucun effet sur les plastiques. Les canaux d’évacuation comme les égouts sont vite bouchés et provoquent des inondations en période de pluie.

Les inondations sont très fréquentes non seulement dans les bas quartiers du

Premier Arrondissement, mais aussi dans d’autres arrondissements, tel que le quartier de

Besarety. La commune Urbaine d’Antananarivo avance plusieurs hypothèses pour expliquer leur origine. La plus remarquable de ces explications est celle de l’effet des sachets en plastique jetés n’importe où par leurs usagers. Ces sachets finissent par boucher les canaux d’évacuation des eaux usées et entraînent le débordement des eaux, inondant ainsi les zones basses.

De ce fait, on peut créer un lien direct entre insalubrité et commerce informel.

Les résidus de nourriture, de marchandises et les emballages laissés par ce genre de commerce salissent l’image de certains quartiers de la capitale et par contrecoup, ternissent l’image des dirigeants de la Commune Urbaine d’Antananarivo. On leur reproche d’avoir échoué dans leur mission de maintenir l’ordre et la salubrité. Les critiques mentionnent aussi l’existence de l’insécurité. Un problème encore en liaison avec le commerce informel mais de manière indirecte. Les réunions de foule dans un endroit inadéquat engendrées par les commerces improvisés occasionnent toujours des vols et des accidents.

Ce genre de constat a été déjà fait à l’époque du marché du « Zoma ». Il y a une attraction de foule et la foule attire les détrousseurs. Seulement aujourd’hui, cela ne se passe plus sur un vaste espace comme autrefois à Antanimalalaka Analakely. La majorité des marchés informels sont maintenant installés sur les trottoirs. Cela diminue mais n’élimine pas les vols. Les gens malintentionnés profitent toujours des contacts et des bousculades occasionnés par l’entassement des passants suite à la lenteur de la circulation piétonnière.

Ils ne ratent jamais les occasions pour mettre leur main dans la poche d’un passant afin de le dépouiller. Donc les clients des commerçants informels ne sont pas les seules victimes.

Pour observer ces faits on peut prendre l’exemple de l’avenue Rainibetsimisaraka, du côté de la Petite vitesse, des rues Ramamonjisoa et Raketamanga Ratsimba autour du grand marché d’Isotry. Non seulement on peut voir des voleurs en pleine action, mais

83 quelquefois on peut assister à des accidents. A cause de l’encombrement des trottoirs les piétons sont obligés d’emprunter la rue pour circuler. Ainsi, ils sont en contact avec les voitures et risquent d’être écrasés par ces dernières. Certains habitants de cette localité racontent que dans les années quatre vingt ‘1986 ou 1987), ils étaient témoins d’un accident grave, sans précédent. Deux commerçants se sont poursuivis le long du trottoir de la Rue

Raketamanga Ratsimba. Malheureusement, l’un des deux joueurs a terminé sa course sous les pneus d’un camion en marche.

Les dangers de la circulation concernent tous les individus qui se trouvent sur le lieu. Les commerçants informels disent eux- même qu’ils s’inquiètent aussi bien de la vie des

écoliers qui empruntent les trottoirs que de la vie de leurs enfants qui les accompagnent. Il est du devoir de l’autorité publique de prendre toutes les mesures préventives possibles pour éviter l’apparition brusque de ces accidents. Il semble que la mesure la plus efficace est la suppression des marchés improvisés, éradiquant du même coup les autres effets secondaires relatifs à ces genres de marché, entre autres, l’effet sur les paysages urbains.

I-2- Les effets du commerce informel sur le paysage

urbain du Premier Arrondissement

La distinction entre ville haute et basse est rendue très nette par le commerce informel (voir photos n° 01 et 02). Une sorte de dualité instaurée par l’histoire et le mode de vie de la population (voir photos n° 05 et 06), mais aggravée par l’existence des marchés informels. Les différences entre citadins et ruraux, entre riches et pauvres, qui ont existé depuis longtemps, ont creusé un fossé entre la vie dans la ville haute et celle dans la ville basse.

Vivant dans de belles maisons et bénéficiant du confort matériel, les riches disposent de tous les signes extérieurs d’une vraie vie urbaine : utilisation d’une ou plusieurs voitures pour les déplacements scolaires des enfants vers les écoles prestigieuses, appartenance à une catégorie à niveau d’instruction élevé. Ils sont au sommet de la hiérarchie sociale et leur statut en tant que haute société leur confère une place de choix, des quartiers particuliers.

84

Photo n°05 : Le côté Ouest du jardin d’Antaninarenina. L’une des merveilles du Premier Arrondissement

Photo n°06 : dans le fokontany d’Andavamamba Anatihazo II dans le Premier Arrondissement : Vue sur le Tiers Monde ; terrain vague, eaux sales et ordures Dans le Premier Arrondissement, les quartiers allant d’ Andohalo jusqu’à Faravohitra et Ambondrona sont considérés comme la ville haute. Cette localisation est le fruit de l’histoire. A l’époque royale, les hauts dignitaires du royaume et les étrangers tels les missionnaires qui se sont installés en Imerina, ont occupé ces quartiers devenus le lieu idéal d’habitation pour les riches. Mais d’autres quartiers de la ville ont été investis au cours de l’histoire.

A partir de l’époque coloniale, l’Etat a décidé d’implanter le centre d’impulsion de la capitale ailleurs. Il a commencé par la création du marché du Zoma et l’installation des bâtiments administratifs dans les quartiers d’Ambohitsirohitra et d’Ambohidahy. Les centres d’affaires ont été implantés à Antaninarenina, à Antsahavola et à Tsaralalana. La plupart des familles qui y habitent possèdent un niveau de vie élevé, augmentant en conséquence l’étendue du lieu d’habitation de la haute société.

Aujourd’hui, on constate la multiplication des belles constructions dans la ville basse. Elles sont dispersées, profitant des réhabilitations des infrastructures de communication de la capitale. Elles appartiennent soit à des descendants des membres de la haute société tananarivienne, soit à de nouveaux membres. Ces propriétaires sont connus sous le sobriquet de « belamba »25,

En somme, la ville haute et le centre ville sont les quartiers des riches par excellence même si on y trouve des pauvres.

Contrairement aux riches, les pauvres consacrent tous leurs temps à la lutte pour la survie. Les plus démunis ne possèdent même pas de toit et vivent dans des habitats précaires fabriqués à partir de matériaux de récupération. Ceux qui ont un niveau de vie un peu plus élevé possèdent une maison en dur avec étages, généralement en mauvais état à cause du manque d’entretien. Ils ne disposent même pas des normes sanitaires élémentaires et négligent les principales règles d’hygiène, faute de moyens et d’instruction…..Ici la pauvreté a poussé tout le monde à entrer prématurément dans le monde du travail, ce qui n’est pas sans conséquence sur le comportement individuel et social. Ainsi malgré leur respect du

« fihavanana », valeur héritée de l’ancienne société malgache, ils sont devenus

de plus en plus cupides. L’importance prise par l’argent a dévalorisé le «fihavanana » et a détérioré la s

25 Le terme belemba veut dire littéralement quelqu’un qui se couvre d’une grande étoffe celle-ci est le signe de la richesse. Ce sobriquet est donné par les pauvres. 85 olidarité sociale. C’est cela qui a développé l’insécurité et la violence faisant la triste renommée de la ville basse.

Cette dernière, lieu de l’insalubrité, de l’insécurité et de la pauvreté est composée essentiellement par des zones marécageuses offrant un paysage rural (voir photo n°06). On y voit en effet des cabanes plus ou moins groupées, marquées par de petites ruelles érigées en digue et abritant des populations difficiles à classer. D’un côté, il s’agit bien de paysans, vu la forme de leurs cabanes et de leur mode de vie. Mais de l’autre ce sont des citadins puisqu’elles n’effectuent plus des activités rurales que très rarement.

En réalité, ce sont des citadins pauvres qui n’ont pas pu suivre l’évolution de la ville d’Antananarivo.

Dans d’autres zones de la ville basse, les maisons sont moins espacées et ne laissent aucun espace vacant. Le niveau de vie y est un peu plus élevé malgré la persistance de l’insalubrité, de l’insécurité et de la pauvreté. Les habitants essayent tant bien que mal d’imiter le genre de vie des gens du centre ville, par l’achat des divers produits modernes, comme les appareils électroniques. C’est dans ces zones que sont construites les belles maisons des « belamba ». Elles contribuent à densifier le paysage et à améliorer quelques quartiers par leur image. Mais la ville basse reste la demeure par excellence des pauvres.

Face à ces citadins, on rencontre aussi des ruraux dans le 1er arrondissement

Le Premier arrondissement est habité par des paysans présents depuis des générations, et de nouveaux paysans emmenés récemment par l’exode rural. Antananarivo est une ville dans laquelle subsistent des activités rurales. En 2000, sur 1012344 habitants, il y avait 2693 cultivateurs, soit 0,27% de la population totale. Ce faible pourcentage est sensiblement le même pour tous les arrondissements.

86 Tableau n° 11: l’agriculture et l’élevage dans la CUA

Riziculture Année 2000

Arrondissement Superficie (ha) Cultivateur Production (T) Nombre de

population I 128 475 269 232 552

II 152 408 334 138 068 118 III 216 236 147 710

IV 130 334 290 158 914

V 526 457 229 184 218 VI 283 734 679 105 916

Total 1 029 2 693 2 265 1 012 344 Source : Arrondissement

CUA Sce Etudes et Enquêtes Economique

Circonscription du Plan d’Antananarivo

Estimation : Base de donner CIRVA 90

Elevage Année 2000

Arrondissement Bovin Porcin Volailles Ovin- Caprin

I 177 52 6 085 40 140 II 87 5 668 0 203 III 308 51 4 989 0

IV 100 34 146 50 175 V 2 6 105 0 447 33 652 15 VI 88

Total 1450 400 90 645 105 Source : Circonscription de l’élevage Antananarivo

Ces deux tableaux montrent l’existence des activités rurales mais de moindre importance dans chaque arrondissement. Dans l’espace, les paysans côtoient les citadins pauvres des zones marécageuses de la commune. Ce sont les seuls voisins capables de

supporter les inconvénients de l’emplacement des petites fermes en pleine ville. Ainsi, pour le Premier Arrondissement, c’est la ville basse qui est le terrain d’action pour les activités 87 rurales. Mais elles y sont en régression, qu’ils s’agissent de la riziculture ( Voir photo n°07) ou de la culture de cresson. Ce qui signifie une lente intégration des cultivateurs à la vie urbaine. Est-ce aussi le cas des nouveaux paysans issus des exodes ruraux ?

La misère des campagnes malgaches a augmenté le nombre de paysans de la

Commune Urbaine d’Antananarivo. Cette nouvelle couche de population, marquée par le ruralisme y maintient ses modes de vie habituels marqués par les basses-cours, l’agriculture.

Sans qualification professionnelle, ces nouveaux venus comptent s’en sortir par l’ardeur au travail. Ils deviennent vendeurs, dockers ou tireurs de pousse-pousse. Mais certains d’entre eux créent leur propre emploi en devenant des éleveurs, des commerçants ou les deux à la fois. L’élevage reste en conséquence une des sources de revenus.

Quelque soit leur intention, ils restent définitivement à Antananarivo. Ils y séjournent temporairement et maintiennent toujours des relations avec leur lieu d’origine.

Ils financent les travaux agricoles effectués par les membres de la famille qui y sont encore restés. Ils hébergent et guident les autres habitants de leur village qui, comme eux, ont quitté la compagne.

Cette nouvelle couche de population côtoie et fréquente les citadins pauvres et les paysans installés depuis des lustres. Cette cohabitation tourne autour de la disponibilité de l’espace et du prix des terrains, en relation avec la localisation des stationnements de taxis- brousse, ceux-ci étant des lieux propices au commerce. On y trouve plus facilement qu’ailleurs, du travail et du logement. C’est pour ces raisons qu’Anosibe et Andravohangy sont devenus célèbres par leurs populations rurales en pleine ville.

Anosibe a pris une place très importante pour les nouveaux paysans du Premier

Arrondissement. C’était leur zone d’accueil avant qu’ils n’aient commencé à envahir les quartiers environnants. Il y avait eu un éloignement progressif de cette zone aboutissant à l’occupation actuelle de la ville basse.

88 Photo n°07 : La rizière dans le fokontany d’Andohatapenaka II. Une activité rurale dans une commune urbaine.

Ainsi une qualification de monde rural de la ville basse, avec ses populations à majorité pauvre, et de monde urbain de la ville haute, avec ses populations à l’apparence riches, semble être une réalité. Le commerce informel vient conforter ce dualisme.

L’insalubrité et l’insécurité qui l’accompagnent et sa concentration dans la ville basse agrandissent le fossé qui sépare les deux parties du Premier Arrondissement. Il y a un degré d’ordre et de tranquillité qui augmente au fur et à mesure qu’on s’éloigne des bas quartiers.

Il est dans le devoir de l’autorité communale d’éliminer ce déséquilibre pour éviter une trop grande opposition entre l’image de tous les quartiers. Si une telle opposition existe, il y a risque de marginalisation de certaine partie de la commune et pouvant aboutir à une tension sociale. La présence des commerçants informels dans la rue alourdie la tâche de l’autorité communale dans l’accomplissement de son devoir. Donc il est dans l’intérêt de la commune urbaine d’Antananarivo d’éliminer le commerce informel alors qu’au niveau des fokontany, la situation se présente autrement.

II- Au niveau des fokontany

Selon la règle de la subordination et de la hiérarchie, tous les fokontany devraient

être en conformité avec la position de la commune. Donc ils ont un devoir d’obéissance et de solidarité envers l’autorité communale. Ils devraient éliminer toute forme de marché informel pour satisfaire l’intérêt de la commune. Cependant la réalité indique le contraire. La majorité des responsables des fokontany montrent une certaine réticence dans l’éradication du commerce informel. Il est vrai qu’ils ont peur de subir la colère de la population mais surtout ils essaient de défendre l’intérêt de leur fokontany. En effet, les marchés informels permettent de combler l’insuffisance du budget des fokontany et de diminuer les problèmes sociaux issus du chômage.

89 II.1 Le commerce informel, un moyen pour combler

l’insuffisance du budget des fokontany

Les fokontany n’ont pas d’autonomie financière. Selon le principe de la décentralisation, ils bénéficient d’une subvention de leur supérieur hiérarchique. Ils ne font que gérer le budget qu’on leur verse. Donc à première vue ; ils ont tort de se plaindre de l’insuffisance budgétaire. D’ailleurs, les prestations administratives qu’ils fournissent aux administrés sont payantes. L’octroi de certificat de résidence, de certificat de vie collective ou de légalisation de signature n’est pas gratuit. Cette forme de participation des contribuables est encore renforcée par l’existence des « adidy »26 (droits et obligations).

Donc toute demande d’augmentation de subvention est injuste et sans fondement.

Mais les responsables des fokontany ont d’autres arguments pour justifier leur demande.

Tout d’abord, ils se plaignent d’être mal payés dans leurs fonctions. Leur rémunération ne suffit pas à nourrir leurs familles. C’est la raison pour laquelle la plupart des présidents de fokontany (nommé aussi chef quartier ou chef fokonolona) ont d’autres activités pour pouvoir subvenir à sa subsistance et à celle de sa famille. Ils ne sont alors présents dans le bureau de fokontany que de quelques heures par jour (deux à quatre heures par jour).

Pendant leur absence ils font une délégation de signature à leurs adjoints pour les lettres ordinaires à usage administratif comme le certificat de résidence. Les lettres importantes qui nécessitent obligatoirement la signature du président du fokontany doivent l’attendre dans son bureau. Ce qui entraîne une certaine lenteur administrative.

Pour les autres responsables, comme les secrétaires qui doivent rester en permanence dans le bureau du fokontany pour garantir son fonctionnement, ils souffrent plus que les autres. Ils n’ont pas la possibilité d’avoir d’autres sources de revenu. Certains

26 L’adidy ou devoir désigne la cotisation annuelle que doit payer chaque famille dans son fokontany et qui sera sanctionnée d’intérêt en cas de retard ou des « dina » Dina : dans les fokontany, le « dina » signifie une sanction pécuniaire des manquements aux obligations de chaque famille dans son fokontany . 90 d’ entre eux n’ont pas hésité à nous confier leur mécontentement vis-à-vis des responsables de la commune sur la question de leur rémunération. D’autres se défoulent sur les personnes qui viennent leur demander des lettres administratives, par des gestes et paroles insolentes.

Cependant, il n’est pas rare de voir des fokontany qui fonctionnent normalement avec la présence permanente du président de fokontany, parce que ce dernier étant un fonctionnaire retraité tout comme ses collègues de bureau.

Le pire des constats27effectués sur terrain a été la découverte de fokontany qui ne fonctionnent qu’en dehors des heures de bureau. Ils ouvrent leur porte de six à huit heures le matin et de dix sept à dix neuf heures le soir.

Ou encore, l’existence d’un adjoint de président de fokontany qui ne sait ni lire ni comprendre le français. Et le plus incroyable est l’existence d’un fokontany qui n’a pas de bureau. Les habitants de ce fokontany vont au domicile de leur président quand ils réclament des lettres à usage administratif. La source de tous ces problèmes est une question de budget.

Il faut engager des personnes compétentes et disponibles pour remplir les fonctions de responsable du fokontany. Puis il faut les motiver par des rémunérations justes et suffisantes. Enfin, il faut bien équiper les fokontany à commencer par un bureau adéquat et tous les matériels nécessaires à l’agencement. Tout cela implique une augmentation du budget des fokontany. Donc, soit l’Etat donne plus d’argent, soit les fokontany cherchent des sources supplémentaires de revenu. Cette deuxième solution parait être la plus raisonnable vu que l’Etat a d’autres préoccupations plus importantes. C’est là qu’entrent en jeu les tickets de marché.

Les tickets de marché que doivent payer au fokontany les commerçants non patentés, peuvent combler les manques à gagner dans le budget des fokontany. Ce type de recette existe déjà, mais il faut seulement la consolider car si tous les commerces sur trottoirs28 viennent à s’éteindre, alors cette recette va beaucoup diminuer, voire même

27 Les enquêtes qui ont permis de faire ces constats ont été effectués en décembre 2003 et janvier 2004 28 Parmis les commerces informels seul les commerces sur trottoir qui subissent la politique de répression prise par la commune 91 disparaître. En effet, le paiement de ticket ne concerne pas seulement les commerçants dans le marché de fokontany. Il concerne toute personne exerçant une activité commerciale fixée sur un emplacement déterminé du moment qu’elle n’est pas en règle avec l’administration fiscale du fokontany.

Dans le Premier Arrondissement, tous les fokontany n’ont pas de marché au sens strict du terme par faute d’espace. Un marché en bonne et due forme demande un espace libre qui n’a d’autres fonctions que d’accueillir les marchands. Or la plupart des lieux considérés comme marché de fokontany sont des trottoirs ou des ruelles. Donc certains fokontany vont voir s’anéantir leurs recettes de ticket si la commune applique à la lettre la répression du commerce informel. C’est le cas par exemple des fokontany qui sont traversés par la rue Ny Avana Ramanantoanina (voir liste des axes de concentration de la localisation).

Toute cette situation pousse la majorité des dirigeants de fokontany à défendre le commerce informel de manière directe ou indirecte. Il y a une discussion qui s’ouvre et s’élargit jusqu’aux problèmes sociaux et au chômage.

II.2 Le commerce informel, un moyen pour diminuer les

problèmes sociaux issus de la pauvreté

A part les fonctions administratives, les fokontany ont aussi des fonctions sociales.

Ils règlent les problèmes sociaux tels que les vols, les délinquances juvéniles, les violations des droits des enfants ou les troubles de voisinage. Le règlement de ces problèmes nécessite une prise de mesure préventive à part la résolution des conflits qui en résultent.

Puis, il faut chercher leurs sources pour les éradiquer. Les diverses observations effectuées ont démontré l’importance du rôle du chômage. Le manque de travail produit des effets divers dans la vie en société.

Chez les jeunes, l’oisiveté les pousse à faire des actes nuisibles à la société. Les vols, les tapages nocturnes, les graffitis sur les murs ou les petites bagarres sont les fruits d’une absence ou d’insuffisance d’autres activités plus bénéfiques pour tout le monde.

92 L’abandon très tôt du banc de l’école et l’insuffisance des offres d’emploi transforment les gens en une personne agressive et susceptible à toute tentation surtout à l’heure actuelle où la violence à la télévision s’est beaucoup accrue. Toutes les familles n’ont pas de poste téléviseur chez eux, mais avec les salles de vidéo tout le monde est au courant de tous les inconvénients des excès de liberté audiovisuelle.

Le mimétisme posé à l’extrême et le rêve d’une vie à l’américaine incitent les jeunes à

être violents et égoïstes. Ce qui se termine par des troubles à l’ordre public, des vols, des viols et des détentions en prison. Mais les incarcérations n’ont pas résolu en entier les problèmes. Selon les habitants de la ville basse, la plupart des détrousseurs et des voleurs à la tire sont des récidivistes. Il n’y a pas de solution plus efficace que l’éradication du chômage ou l’encouragement des jeunes à aller très loin dans leurs études scolaires.

Chez les adultes, les problèmes deviennent des insuffisances de revenu au foyer. Soit il y a trop de bouches à nourrir que de personnes qui travaillent, soit les personnes qui travaillent n’ont qu’un salaire dérisoire ou les deux à la fois. Le niveau de qualification des travailleurs et la valeur du travail effectué entrent en jeu. C’est le résultat de l’insuffisance quantitative et qualitative des emplois à Madagascar. Donc les causeurs de troubles ne sont pas seulement les chômeurs mais aussi certains travailleurs. Les personnes sans emploi cherchent désespérément à avoir une activité lucrative. Certains d’entre eux tombent dans le banditisme. Une fois dedans, elles ne peuvent plus sortir et viennent grossir les rangs des bandes de récidiviste.

Pour les personnes qui travaillent avec des salaires dérisoires, elles ont un sentiment de souffrance et de rejet. Elles souffrent de ne pas pouvoir satisfaire toutes leurs obligations de père ou de mère de famille. Elles souffrent de voir leurs enfants mal nourris et mal habillés. Elles se sentent aussi rejetées par la société à cause de l’indifférence de cette dernière. Alors elles vont chercher des moyens de soulagement en allant soit dans les salles de projection vidéo, soit dans les bars. Les salles de vidéo procurent à leurs clients des moments de détente et d’oubli du vécu quotidien tout comme dans les débits de boisson.

Seulement, les gens qui se saoulent dans les bars créent des problèmes à autrui.

93 L’excès d’alcool pousse les pères de famille à battre leur femme et leurs enfants. La plupart des femmes battues n’osent pas demander de l’aide à autrui afin de préserver l’honneur de leur famille.29 Mais les voisins, excédés par les tapages qui accompagnent les passages à tabac, saisissent le fokontany pour rétablir l’ordre et la tranquillité. Cela augmente la lourdeur des fonctions des responsables de fokontany. Les ivrognes eux-mêmes sentent l’inconvénient des excès d’alcool. En effet, l’ivresse sur la voie publique leur enlève le peu de dignité qui leur reste.

Dans le Premier Arrondissement il y a une certaine coïncidence entre les zones agitées par les vols et la violence et les zones de concentration du commerce informel. Ces zones se trouvent dans la ville basse et elles se coïncident parce qu’elles ont une seule et même source : la pauvreté. L’oisiveté chez les jeunes et l’insuffisance des revenus dans les foyers engendrent l’insécurité et les troubles de l’ordre public, d’une part, et la débrouillardise des populations d’autre part.

Selon les responsables des fokontany, les pauvres trouvent dans le commerce informel, soit un moyen principal de survie, soit un apport supplémentaire de revenu.

L’élimination systématique et complète de tous les commerces sur les trottoirs oblige les classes défavorisées à pratiquer les vols et les escroqueries, sans oublier l’augmentation des problèmes dans chaque foyer. Donc, en leurs propres noms et au nom de l’intérêt des populations qu’ils défendent, les responsables des fokontany sont obligés de contester les politiques de répression à outrance. C’est l’une des explications de la non extension des opérations de nettoyage des trottoirs à tous les 44 fokontany du Premier Arrondissement.

29 Ces femmes respectent la philosophie du « tokantrano tsy ahahaka » qui se base sur la non divulgation à autrui des affaires de famille. 94 CONCLUSION

Le commerce informel arrive-t-il à satisfaire les besoins de ses acteurs ?

Le commerce informel rend plus de services qu’on ne le croit. Répondant à des besoins précis de la population, sa création ne s’est pas faite dans le simple désir de déranger autrui. Les inconvénients qui en résultent ne sont que des effets non voulus et incontournables du métier. Un caractère qu’il a en commun avec toutes les activités humaines.

Mais la société a d’autres considérations. Elle accorde plus d’importance aux aspects néfastes qu’aux avantages que l’on peut en tirer. Ce qui explique l’intensification des répressions et la divergence dans l’opinion du public. L’amélioration du paysage de la capitale a été un moyen efficace pour faire taire la voix des pauvres.

Les commerçants informels continuent l’occupation des trottoirs de quelque façon que soit, tant des clients et des fournisseurs continuent à les solliciter. Tout le monde enregistre à la fois des bénéfices et des pertes, mais l’activité subsiste en raison d’une certaine marge de profit que chaque auteur perçoit. Seulement les profits qui en résultent ne donnent pas une entière satisfaction.

La recherche d’un emploi serein, une rémunération suffisante et stable, la soif d’une dépense garantissant l’efficacité à faible coût et sans risque, la réclamation d’un partenaire efficace, solvable et loyal, l’exigence du respect de l’ordre établi, sont autant de demandes non satisfaites qui alimentent les critiques sur cette activité.

Les acteurs ont adopté une attitude de résignation et essayent de s’adapter à l’évolution de la situation. Le seul qui soit capable de faire basculer les choses est l’Etat. Ce dernier essaye tant bien que mal d’arranger les choses mais les solutions adoptées ne réjouissent pas tout le monde.

95 Les acteurs du commerce informel peuvent-ils espérer améliorer leur situation

dans le commerce informel ?

Le commerce informel influence d’abord, la mentalité, puis limite les moyens à la disposition de ses acteurs. Il les maintient dans un état d’insouciance permanente. C’est un facteur d’adaptation de la population à la pauvreté. Il permet aux pauvres de vivre et aux classes moyennes d’économiser. Cependant il met aux oubliettes les soifs de qualité et de progrès. Il est vrai que les services rendus aux clients s’améliorent au fil des temps, mais cela n’a changé en rien la façon de faire le commerce. Seules les prestations fournies ont

évolué partiellement.

Une telle situation ne permet pas aux acteurs de voir l’avenir. Ils se contentent seulement de vivre au jour le jour, en ne se préoccupant que de l’instant, et considérant toute vision d’un monde meilleur comme utopique.

Et même s’ils arrivent à surmonter cette contrainte psychologique, les moyens offerts par le secteur informel ne leur permettent pas d’aller plus loin. Pour réaliser de grandes ambitions il faut se formaliser.

Donc, personne ne peut espérer améliorer sa situation dans le commerce informel.

Ce n’est qu’un outil de sauvetage pour certains, et un moyen de combler les manques à gagner d’une activité officielle et principale pour d’autres. Un métier censé être provisoire qui s’est prolongé et devenu stable jusqu’à ce que l’Etat vienne perturber le fonctionnement habituel des choses. Cette perturbation a donné plus de souffrances aux commerçants informels qu’aux autres acteurs. Une telle inégalité de traitement est inévitable dans la recherche d’une solution. Il n’y a pas de formule capable de satisfaire tout le monde.

L’existence du commerce informel a déjà causé des problèmes à la commune mais son éradication en a créé aussi d’autres. Quelle que soit la politique à adopter il y a toujours des parties laissées-pour-compte. Les acteurs à sacrifier varient seulement d’une politique à une autre. Il appartient aux autorités compétentes la lourde tâche de les choisir sous la contrainte du respect des droits de tous les citoyens. C’est une grande responsabilité que les dirigeants assument seul. Il n’y a pas suffisamment d’intégration de tous les acteurs dans les luttes contre les commerçants des trottoirs.

96 Les diverses opérations entreprises jusqu’ici n’ont concerné que les marchands et l’Etat. On a peu sollicité l’intervention des clients et des fournisseurs. L’Etat compte trop sur ses moyens de contrainte et les marchands sur leurs moyens de résistance. Ce qui prolonge le bras de fer entre les deux parties. Pour avoir une victoire rapide, l’une d’elles doit demander l’aide d’un tiers qui possède en même temps un intérêt dans le conflit. Les démonstrations de force devraient s’accompagner d’une campagne de sensibilisation : incitations des citoyens à ne pas faire leurs achats n’importe où et à acquérir l’habitude de fréquenter les lieux destinés à accueillir les commerçants informels. Une forme d’éducation déguisée qui peut redonner aux gens ciblés le goût de la qualité et du prestige. On peut aussi demander aux grossistes l’établissement d’une fiche sur leurs clients pour bénéficier de la fidélité du fournisseur tout d’abord, mais surtout pour encadrer les professionnels de l’informel. Une sorte de formalisation déguisée dans un but de rationaliser les circuits de distribution des produits commerciaux à Antananarivo.

C’est ce que l’Etat peut faire face au développement du sens du commerce chez chaque individu. Aujourd’hui dans une société tournée vers une économie de consommation, il n’est pas difficile de faire des bénéfices en vendant quelque chose. L’augmentation des consommateurs par rapport aux producteurs et des consommations par rapport aux

épargnes est autant de faits sociaux qui favorisent l’esprit mercantile.

Le recul de l’agriculture et de l’élevage doublé de la faiblesse de l’industrie participe activement à l’épanouissement du commerce. L’insuffisance des appuis techniques et financiers accordés aux paysans détériorent les conditions de vie à la campagne et apportent la misère rurale avec toutes ses conséquences. En ville les industries existantes n’arrivent pas à satisfaire les demandes d’emploi. A ces deux problèmes s’ajoute l’anarchie dans les activités d’exploitation minière à Madagascar, provoquant l’accélération de la tertiarisation de l’économie nationale.

Tous ces phénomènes devraient faire réfléchir sur les stratégies de lutte contre la pauvreté, et y accorder un peu plus de place à la créativité de la population. Les conséquences du sous-développement pourraient bien être l’une des voies vers le développement, si tous les acteurs essayent d’avoir une même vision et un même objectif à partir de leurs intérêts communs.

97 GLOSSAIRE

• Administration : Corps d’employés d’un • Demande : besoins en produits, en service,

service public chargés d’une partie de la que le consommateur est prêt à acquérir

direction des affaires publics pour un prix donné

• Anarchie :Etat de désordre et de • Devoir : tout ce qu’un individu doit accomplir

confusion qu’entraîne la faiblesse de pour la société au nom de la morale, de la loi et des convenances l’autorité publique • Droits : ensemble des prérogatives • Automatisme : accomplissement des attribués à un individu dans son intérêt lui

mouvements sans participation de la permettant de jouir d’une chose, d’une

volonté qui se traduit par un valeur ou d’exiger d’autrui une prestation

comportement qui échappe à la • Emigration : action de quitter son pays pour volonté ou à la conscience réfléchie aller s’établir dans un autre • • Autoritarisme : caractère Exode rural : départ en masse des populations des campagnes vers les villes arbitraire, autoritaire du pouvoir qui • a tendance à abuser de son autorité Fiscalité : ensemble des lois et des mesures destinés à financer par impôt, le trésor d’un • Campagne : paysage rural présentant des Etat champs non clôturés et un habitat groupé • Gardiennage : service de garde et de • Canaux d’irrigation : tranché creusé pour surveillance de quelqu’un ou de quelque chose amener des eaux nécessaires aux cultures • Immigration : entré, établissement • Caniveau : rigole au bord de la chaussé temporaire ou définitif dans un pays, de servant à l’écoulement des eaux personnes non autochtones

• Centre-ville : quartier central d’une ville pas • Impôt : taxe, droit dont sont frappées les forcement le plus ancien mais le plus animé personnes ou les choses pour subvenir aux

• Commerce : négoce, achat et vente de besoins publics

marchandise et de biens • Informel : tout ce qui n’est pas organisé

• Concurrence déloyale : ensemble des avec rigueur, qui n’est pas soumis à des

procédés concurrentiels contraires à la loi règles strictes

ou aux usages, constitutifs d’une faute • Juste : tout ce qui est conforme au droit et intentionnelle ou non et de nature à causer à la justice préjudice aux concurrents

98 • Justice : vertu morale qui réside dans la nécessairement de confusion, de la

connaissance et le respect des droits réputation d’un concurrent, ou des

d’autrui investissements réalisés par celui-ci

• Karana : l’ensemble de la population • Pouvoir d’achat : ce que repercent les

indopakistanais revenus individuelles d’une catégorie ou d’une catégorie sociale à un moment • Légitime : tout ce qui est consacré par la loi déterminé en potentiel d’acquisition de biens • Libertés : possibilités assurées par la loi ou ou de services le système politique et social, d’agir comme • Produit de consommation : des on l’entend, sous réserve de ne pas porter marchandises qui sont destinées aux atteinte aux droits d’autrui ou à la sécurité consommateurs pour satisfaire leurs besoins publique quotidiens • Libre concurrence : système économique • Produit d’équipement : des outils ou laissant à chacun la liberté de produire et de machines nécessaires à un type d’activité vendre aux conditions qu’il souhaite professionnelle • Loi : règes édictées par une autorité • Produit de fabrication (produit souveraine et imposée à tous les individus intermédiaire) : produit qui sert à produire d’une société d’autre produit • Marché : lieu couvert ou en plein air où l’on • Qualité : état caractéristique d’une met en vente des marchandises marchandise et qui fait sa valeur • Migration : déplacement d’une population • Rabais : diminution du prix d’une passant d’une région à une autre pou s’y marchandise à cause d’un défaut quelconque établir • Remise : diminution du prix d’une • Noctambule : personne qui passe ses nuits à marchandise pur inciter un client à acheter se divertir et à faire la fête • Ruralisme : idéalisation de la vie à la • Nocturne : tout ce qui a lieu pendant la nuit campagne • Obligation : tout ce qui est imposé par la loi, • Ruralité : appartenance d’un individu ou la morale ou les circonstances d’une chose au monde rural • Offre : quantité de marchandises ou de • Rurbanisation : phénomène de peuplement services proposées sur le marché des villages proches des villes par des • Parasitisme : fait pour un commerçant de personnes travaillant dans celle-ci chercher à profiter, sans créer

99 • Service : prestation ou satisfaction fournie • Travail : activité rémunérée qui aboutit à un

à titre onéreux ou gratuit par les résultat utile et nécessitant des efforts et

entreprises ou l’Etat des peines sous la direction d’un employeur

• Société : ensemble d’individus unis au sein • Urbanité : ensemble des indices permettant

d’un même groupe par des institutions, un d’identifier une ville

culture, etc… • Valeur ajoutée : différence entre la valeur

• Taxe : prix fixé par l’autorité publique pour d’un produit et le coût de ce qui est

certaines marchandises ou pour certains nécessaire à sa production

services

100 ABREVIATIONS

B.D.A : bureau de développement d’Antananarivo

C.U.A : commune urbaine d’Antananarivo

N.I.F : numéro d’identification fiscale

O.M.C : organisation mondiale du commerce

U.C.Q.D.A : unité de contrôle de qualité des denrées alimentaire

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ii Liste des axes de concentration du commerce informel du Premier Arrondissement avec leur localisation 1-Rue 26 juin 1960 dans le fokontany Antanimalalaka Analakely 2-Rue de la Révolution Socialiste Malgache dans le fokontany Ambatonakanga Ambohitsirohitra 3-Escalier dans le fokontany Ambatonakanga Ambohitsirohitra 4-Escalier Ranavalona entre les fokontany Ampasamadinika-Amboasarikely et Antanimalalaka Analakely 5-Escalier Rahoerason dans le fokontany Ambondrona Ambodifilao Soarano 6-Avenu Rabezavana entre les fokontany Ambondrona-Ambodifilao-Soarano et Antanimalalaka Analakely 7-Avenue Andrianampoinimerina 8-Avenue de l’Indépendance dans le fokontany Antanimalalaka Analakely

9-Avenue Lieutenant Andriamaromanana dans le fokontany Ambondrona Tsiazotafo 10-Rue Refotaka entre les fokontany Ampasamadinika-Amboasarikely et Antanimalalaka Anakely 11-Rue Indira Gandhi qui sépare les fokontany d’Ampasamadinika Amboasarikely et Tsaralalana Isotry FIATA 12-Rue Razafindranovoha qui traverse le fokontany Tsaralalana Isotry FIATA 13-Avenu Rainibetsimisaraka dans le fokontany Tsaralalana Isotry FIATA du côté de la Petite Vitesse 14-Rue docteur Ranaivo

15-Rue Ramamonjisoa dans le fokontany Tsaralalana Isotry FIATA autour du grand marché d’Isotry 16-Rue Raketamanga Ratsimba

17-Rue Alexandre Randriambololona entre les fokontany Ambalavao Isotry et Isoraka Ampatsakana Ambalavao 18-Rue Ampefiloha dans le fokontany Ambalavao Isotry 19-Rue Rasoa Rainiharison entre les fokontany Ambalavao Isotry et cité Ampefiloha 20-Rue Ny Avana Ramanantoanina qui traverse les fokontany suivant : - Andranomanalina Isotry - Andranomanalina Afovoany - Andranomanalina I - Anatihazo Isotry - Manarintsoa Isotry - Manarintsoa Afovoany - Manarintsoa Anatihazo 21-Rue Docteur Charles Rabemananjara qui traverse les Fokontany Antohomadinika Atsimo et Antetezana Afovoany II 22-Rue Razafinjohary Albert 23-Rue Rainikibory dans le Fokontany Antohomadinika FAAMI 24-Rue Fernand Andriamananto dans le Fokontany du cite 67 ha Avaratra Andrefana 25-Rue Pierre Rajaonah entre les fokontany du cité 67 ha Avaratra Andrefana, cité 67 ha Avaratra Atsinanana, cité 67 ha Afovoany Andrefana, cité 67 Atsimo et Antohomadinika Atsimo

Liste n° 2 : les 44 fokontany par ordre alphabétique N° Nom du Fokontany 1 Ambalavao-Isotry

2 Ambatonakanga-Ambohitsirohitra

3 Ambatovinaky

4 Ambondrona-Ambodifilao-Soarano II S

5 Ampandrana-Ankadivato

6 Amparibe-Avaratr'Imahamasina

7 Ampasamadinika-Amboasarikely

8 Anatihazo Isotry

9 Andavamamba-Anatihazo I

10 Andavamamba-Anatihazo II

11 Andavamamba-Anjezika I

12 Andavamamba-Anjezika II

13 Andohatapenaka I

14 Andohatapenaka II

15 Andohotapenaka III

16 Andranomanalina Afovoany

17 Andranomanalina I

18 Andranomanalina Isotry

19 Ankasina

20 Antanimalalaka Analakely

21 Antetezana Afovoany I

22 Antetezana Afovoany II

23 Antohomadinika Afovoany II F

24 Antohomadinika Atsimo

25 Antohomadinika Antanaivo

26 Antohomadinika FAAMI

27 Antohomadinika III G Hangar

28 Avaratetezana Bekiraro

29 Cité Ambodin'Isotry

II 30 Cité Ampefiloha

31 Cité 67 Ha centre-ouest

32 Cité 67 Ha Sud

33 Cité 67 Ha Nord-Ouest

34 Cité 67 Ha Nord-Est 35 Faravohitra Ambony

36 Faravohitra- Mandrosoa-Ambatonakanga

37 Isoraka-Ampatsakana-Ambalavao-Anosy

38 Lalamby sy ny manodidina

39 Manarinstoa Afovoany

40 Manarinstoa Anatihazo

41 Manarintsoa Atsinana

42 Manarintsoa Isotry

43 Soarano-Ambondrona-Tsiazotafo

44 Tsaralalàna-Isotry- FIATA

III

Liste1 n° 3 : les Produits dans les commerces informels5 2du GouPremierdron Arrondissement Accessoires auto 53 Guitare 2 Accessoire de bureau 54 Habillement Appareil 55 Insecticide 3 électroménager 56 Jiafotsy 4 Appel téléphonique 57 Jouet 5 Argile verte 58 Journaux 6 Art Malgache 59 Jus naturel 7 Article de cadeau 60 Lambamena 8 Article de décoration 61 Laona 9 Autre aliment 62 Légume 10 Baguette de brochette 63 Livre 11 Balai 64 Lunette 12 Balai en plastique 65 Magazine 13 Balance Marchandises 14 Ballon en cuir 66 générales 15 Batterie 67 Miel 16 Bêche 68 Montre et accessoire 17 Bible 69 Morceau de cuir 18 Bijoux 70 Œuf 19 Biscuit et bonbon 71 Outillage métallique 20 Bois de chauffage 72 Ouvrage métallique 21 Bois de chauffage 73 Panier 22 Boisson gazeuse 74 Papeterie 23 Boîte métallique 75 parapluie, parasol 24 Boucherie 76 Pâtisserie 25 Brique 77 Peinture et ciment 26 Briquet 78 Perruque 27 Broderie Pièces des 28 Brouette 79 quincailleries 29 Cachet 80 Plante médicinale 30 Calendrier 81 Pneumatique 31 Carreau 82 Portable et accessoire 32 Carrière 83 Produit de beauté 33 Carton 84 Produits de pêches 34 CD, VCD, DVD, jeu Produits des 35 Charbon 85 brocanteurs 36 Chaussure 86 Provende 37 Chiffon 87 Riz 38 Cigarette importée 88 Sable 39 Cire 89 Sac 40 Coffre en bois 90 Sac en plastique 41 Corde 91 Savon 42 Dépliant 92 Tabac malgache 43 Encens 93 Tambavy 44 Eponge 94 Tapis 45 Fandrehatra(sapin) 95 Tissu 46 Fil à coudre 96 Tsihy et sobika 47 Fleur 97 Ustensile de cuisine 48 Fourniture scolaire 98 Vitre 49 Fruit 99 Volaille 50 Gargote 51 Glace III Ta bleau n 12 : donnée brute sur le commerce informel du Premier Arrondissement

Vendeur de Boutique Fast Food Brocanteur et Num. produits EPICERIE Autres spécialisée Gargotes quincaillerie Total % Fkt alimentaire

nb % nb % nb % nb % nb % nb % 01 51 24.29 7 3.33 29 13.81 * 85 40.48 6 2.86 32 15.24 210 2.40 02 19 19.19 13 13.13 7 7.07 11 11.11 * 49 49.49 99 1.13 03 2 18.18 2 18.18 * 7 63.64 11 0.13 04 86 31.39 * 91 33.21 33 12.04 19 6.93 10 3.65 35 12.77 274 3.13 06 * 8 72.73 1 9.09 2 18.18 11 0.13 07 1 3.57 * 19 67.86 8 28.57 28 0.32 08 * 145 55.98 13 5.02 35 13.51 14 5.41 52 20.08 259 2.96 09 6 6.25 * 35 36.46 34 35.42 9 9.38 12 12.50 96 1.10 10 2 1.72 * 54 46.55 33 28.45 14 12.07 13 11.21 116 1.33 11 18 40.91 * 19 43.18 4 9.09 3 6.82 44 0.50 12 * 12 44.44 9 33.33 3 11.11 3 11.11 27 0.31 13 2 1.77 * 49 43.36 33 29.20 6 5.31 6 5.31 17 15.04 113 1.29 14 3 1.88 49 30.63 * 68 42.50 2 1.25 24 15.00 14 8.75 160 1.83 15 5 2.92 * 86 50.29 48 28.07 2 1.17 11 6.43 19 11.11 171 1.96 16 1 2.63 9 23.68 * 11 28.95 3 7.89 8 21.05 6 15.79 38 0.43 17 1 1.05 * 58 61.05 26 27.37 7 7.37 3 3.16 95 1.09 18 3 2.63 * 67 58.77 29 25.44 10 8.77 5 4.39 114 1.30 19 4 8.89 12 26.67 * 25 55.56 3 6.67 1 2.22 45 0.51 20 * 28 52.83 18 33.96 6 11.32 1 1.89 53 0.61 21 * 708 63.96 125 11.29 89 8.04 35 3.16 150 13.55 1107 12.66 22 8 5.93 * 63 46.67 28 20.74 14 10.37 11 8.15 11 8.15 135 1.54 23 23 22.55 * 61 59.80 6 5.88 3 2.94 9 8.82 102 1.17 24 1 1.15 * 43 49.43 6 6.90 34 39.08 2 2.30 1 1.15 87 1.00 25 * 706 58.69 299 24.85 77 6.40 38 3.16 37 3.08 46 3.82 1203 13.76 26 6 9.84 * 42 68.85 4 6.56 8 13.11 1 1.64 61 0.70 27 14 5.86 * 132 55.23 53 22.18 8 3.35 15 6.28 17 7.11 239 2.73 28 4 4.76 15 17.86 * 33 39.29 24 28.57 5 5.95 3 3.57 84 0.96 29 13 20.97 * 30 48.39 9 14.52 8 12.90 2 3.23 62 0.71 30 * 63 43.45 37 25.52 22 15.17 11 7.59 12 8.28 145 1.66 31 21 5.29 11 2.77 108 27.20 * 182 45.84 29 7.30 46 11.59 397 4.54 32 22 24.18 * 37 40.66 19 20.88 6 6.59 7 7.69 91 1.04 33 36 23.68 * 59 38.82 38 25.00 4 2.63 15 9.87 152 1.74 34 0.00 * 32 57.14 13 23.21 3 5.36 8 14.29 56 0.64 35 * 96 43.24 55 24.77 36 16.22 1 0.45 6 2.70 28 12.61 222 2.54 36 5 13.51 5 13.51 2 5.41 * 25 67.57 37 0.42 37 1 20.00 * 3 60.00 1 20.00 5 0.06 38 7 16.28 1 2.33 13 30.23 3 6.98 * 19 44.19 43 0.49 39 34 20.24 * 57 33.93 35 20.83 16 9.52 26 15.48 168 1.92 40 * 80 34.78 38 16.52 44 19.13 10 4.35 28 12.17 30 13.04 230 2.63 41 2 2.13 * 37 39.36 28 29.79 13 13.83 6 6.38 8 8.51 94 1.08 42 2 4.88 * 16 39.02 15 36.59 5 12.20 3 7.32 41 0.47 43 18 10.65 * 54 31.95 38 22.49 34 20.12 8 4.73 17 10.06 169 1.93 44 2 5.00 * 25 62.50 6 15.00 2 5.00 5 12.50 40 0.46 45 181 43.83 * 182 44.07 11 2.66 1 0.24 38 9.20 413 4.72 46 * 83 67.48 23 18.70 4 3.25 2 1.63 11 8.94 123 1.41 47 * 664 52.20 189 14.86 91 7.15 153 12.03 73 5.74 102 8.02 1272 14.55 3127 35.77 2280 26.08 1287 14.72 643 7.36 491 5.62 914 10.46 8742 100.00

* Spécialité de chaque fokontany IV nb : nombre

NB : - Il n’y a pas de fokontany n°05 - Le n°36 et n°45 font partie du fokontany n°21 - En tout, il n’y a que 44 fokontany dans le Premier Arrondissement

V

N°Tableau n ° 13 : La part des boutiques spécialisées dans le commSpéciaercelité infor desmel du Premier Arrondissement boutiques Nombre % 1 Habillement 1403 16,05 2 Chaussure 549 6,28 3 Jouet 313 3,58 Ustensile de 4 cuisine 232 2,65 Article de 5 décoration 167 1,91 Appareil 6 électroménager 136 1,56 7 Produit de beauté 101 1,16 8 Lunette 78 0,89 Montre et 9 accessoire 64 0,73 10 Tissu 24 0,27 11 Sac 19 0,22 12 Lambamena 14 0,16 13 Morceau de cuir 7 0,08 14 Savon 4 0,05 15 Cire 3 0,03 16 Perruque 3 0,03 17 Chiffon 2 0,02 18 Tapis 2 0,02 19 Broderie 1 0,01 20 Article de cadeau 5 0,06 Total 3127 35,77

Figure n °6 : la répartition des produits dans les boutiques spécialisées

Habillem ent Chauss ure Jouet Us tencile de cuis ine Article de décoration Appareil éléctrom énager Produit de beauté Lunette Montre et acces soire Tiss u Sac Lam bam ena Morceau de cuir Savon Cire Péruque Chiffon Tapis Broderie Article de cadeau

V Tableau n° 14 : La part des vendeurs de produits alimentaires dans les commerces

informels du Premier Arrondissement Spécialité des vendeurs N° Nombre % 1 Fruits 919 10,57 2 Légumes 866 9,91 3 Boucherie 124 1,42 4 Produits de pêche 83 0,95 5 Volailles 62 0,71 6 Miel 1 0,01 7 Riz 8 0,09 8 Œufs 30 0,34 9 Biscuits et bonbons 66 0,75 10 Autres aliments 121 1,38 Total 2280 26,08

Figure n° 7: La répartition des produits des vendeurs de produits alimentaires

Miel Œuf Biscuit et bonbon Riz 0% 1% 3% 0% Volaille 3% Fruit 43% Boucherie 6%

Produits de pêches 4% Légume Etat des produits par vendeur 40% Fruit Legume Boucherie Produits de pêches Volaille Miel Riz Œuf Biscuit et bonbon

VI Tableau n° 15 : La place des Fast Food dans les commerces informels du Premier Arrondissement N° Spécialité Nombre % 1 Gargotte 1096 12,54 2 Jus naturel 140 1,49 3 Patisserie 45 0,57 Boisson 4 gazeuse 16 0,18 Total 1287 14,72

Figure n °8 : La répartition de chaque spécialité dans le Fast Food

Patisserie Boisson 4% gazeuse 1%

Jus naturel 10%

Gargotte 85% Etat des produits par Fast Food

Gargotte Jus naturel Patisserie Boisson gazeuse

Tableau n°16 : La place des brocanteur s et quincailleries dans les commerces informels du Premier Arrondissement Brocanteur 453 5,18% Quincaillerie 190 2,17% Total 643 7,35% Figure n° 9 : Pourcentages des Brocanteurs et Quincaillerie

VII Figure n° :Pourcentages des Brocanteurs et Quincaillerie

Quincaillerie 30% Brocanteur 70%

VIII

N° Tableau n° 17 : Les autres commerces i41nformelsGuitare du Premier 4 0,05 Spécialité NombreArrondissement 42 Insecticide 4 0,05 1 Accessoire auto 22 0,25 43 Jiafotsy 18 0,21 Accessoire de 44 Journaux 54 0,62 2 bureau 2 0,03 45 Laona 1 0,01 3 Album photo 4 0,05 46 Livre 19 0,22 4 Appel téléphonique 137 1,57 47 Magazine 5 0,06 5 Argile verte 6 0,07 Outillage 6 Art Malgache 23 0,26 48 métallique 5 0,06 Baguette de Ouvrage 7 brochette 1 0,01 49 métallique 4 0,05 8 Balai 3 0,03 50 Panier 13 0,15 9 Balai en plastique 10 0,11 51 Papeterie 40 0,46 10 Balance 4 0,05 52 parapluie, parasol 6 0,07 11 Ballon en cuir 2 0,02 53 Peinture et ciment 20 0,23 12 Batterie 4 0,05 54 Plante médicinale 34 0,39 13 Bêche 5 0,06 55 Pneumatique 17 0,19 14 Bible 7 0,08 Portable et 15 Bijoux 31 0,35 56 acce/re 32 0,35 16 Bois de chauffage 5 0,06 57 Provende 1 0,01 17 Bois de chauffage 3 0,03 58 Sable 3 0,03 18 Boîte métallique 2 0,02 59 Sac en plastique 35 0,4 19 Brique 2 0,02 60 Tabac malgache 20 0,23 20 Briquet 3 0,03 61 Tambavy 6 0,07 21 Brouette 5 0,06 62 Tsihy et sobika 6 0,07 22 Cachet 21 0,24 63 Vitre 8 0,09 23 Calendrier 9 0,1 Total 914 10,46% 24 Carreau 10 0,11 25 Carrière 5 0,06 26 Carton 5 0,06 27 CD, VCD, DVD, jeu 29 0,33 28 Charbon 91 1,04 29 Cigarette importé 12 0,14 30 Coffre en bois 1 0,01 31 Corde 4 0,05 32 Dépliant 4 0,05 33 Encens 7 0,08 34 Eponge 6 0,07 35 Fandrehatra(sapin) 22 0,25 36 Fil à coudre 30 0,34 37 Fleur 11 0,13 38 Fourniture scolaire 3 0,03 39 Glace 2 0,02 40 Goudron 6 0,07 VIII 9

Figure n°10

Autres Commerces informels

Accessoire auto Accessoire de bureau Album photo Appel téléphonique Argile verte Art Malgache Baguette de brochette Balai Balai en plastique Balance Balon en cuir Batérie Bêche Bible Bijoux Bois de chauffage Bois de chauffage Boîte m étalique Brique Briquet Brouette Cachet Calendrier Carreau Carrière Carton CD, VCD, DVD, jeu Charbon Cigarette im porté Coffre en bois Corde Dépliant Encens Eponge Fandrehatra(sapin) Fil à coudre Fleur Fourniture scolaire Glace Goudron Guitare Insecticide Jiafotsy Journaux Laona Livre Magazine Outillage m étalique Ouvrage m étalique Panier Papéterie parapluie, parasol Peinture et cim ent Plante m édicinale Pneum atique Portable et acce/re Provende Sable Sac en plastique Tabac m algache Tam bavy Tsihy et sobika Vitre QUESTIONNAIRES POUR LES AUTORITES ADMINISTRATIVES

La division de la Commune Urbaine d’Antananarivo A D Commune Urbaine d’Antananarivo C Arrondissements Fokontany B Grands marchés Identité de l’enquêté • La responsabilité de l’enquêté ………………………….…………………………. • L’ancienneté de l’enquêté ………………………….……………………………… • Le nom de son prédécesseur ………………………….……………………………

Questions (1) Quelle est l’importance du secteur informelA dansB C D (……………… ……………………… ………………………….………………………….………………………….……………………) ? Réponse Explication (Manifestation, cause) Très grande Moyenne Faible Autres :

(2) Quelle est la perspective d’avenir du secteur informeA l dansB C D (………….… ……………….. ………………………….………………………….………………………….……………………) ? Réponse Explication (Manifestation, cause) Très grande Moyenne Faible Autres :

(3) Quelle est l’importance du commerce informel par rapport aux autres activités informelles dans A B C D (….……………………….………………………….………………… …) ?

Réponse Explication (Manifestation, cause) Très grande Moyenne Faible Autres :

(4) Quel genre de personne pratique le commerce informeA l dansB C D (………… ……………….. ………………………….………………………….………………………….……………………) ? Réponse Remarque Homme…… …% Sexe Femme…… ….%

Enfant…… ….% Âge Adulte……… % Vieillard……. %

Autres : (5) Est-ce qu’il y a des foyers spéciaux de concentration des commerces informA Bels dansC D (….………………………….……………………….……………………) ?

Réponse Explication (Manifestation, cause) …… si ou, où ? Oui Non Autres : A B C D (6) Depuis quand avez-vous enregistré l’existence du commerce informel dans ( ……………………..….………………………….………………………….………………… …) ?

Date Mois (approximation) Année (approximation)

(7) Quelles sont les marchandises vendues par le secteur informeA l dansB C D (…… ……………. …..………….……………….………………………….………………………….………………… …) ? Réponse Remarques Produit alimentaire % Produit d’habillement % Produit de Produit thérapeutique % consommation Fourniture scolaire % Appareil % électroménagère Parfumerie et % cosmétique Autres % Produit de fabrication (Produit intermédiaire % Agricole % Produit Industriel % d’équipement Bâtiment % Autres % Services % Autres %

8 – Comment qualifiez-vous vos rapports avec les acteurs du commerce informel ? XI Réponse Explication (Manifestation, cause) Calme Tendu Autres :

9 – Pensez-vous que l’informel est utile ? Réponse Explication (Raison) Oui Non Autres :

10 – Quelle est la politiqueA B C D (….………………………….……………………… ….……….. ….………………………….………………………….…) à propos du commerce informel ? Explication (Manifestation, raison) Réponse Laissez faire Répression Formalisation Autres :

11 – Comment organisez-vous le commerce informel ? Emplacement Fiscalité Période Autre

(très important – Il faut des croquis)

XII QUESTIONNAIRES POUR LES COMMERCANTS DU SECTEUR INFORMEL

Identité du commerçant : * Age...... Sexe…………………………….. * Origine...... * Domicile...... * Situation de famille...... * Profession du conjoint(e)...... * Durée d’expérience dans le commerce informel...... * Profession antérieure...... * Lieu de l’ancien travail......

Question 1) Pourquoi avez vous choisi de pratiquer ce commerce informel ? Réponse Explication (Manifestation, cause) Pas d’autres choix Par préférence par rapport aux Autres activités Autres :

2) – Est-ce que c’est votre seule source de revenu ? Réponse Explication (Manifestation, cause), sinon, quelle autre ? Oui Non Autres :

3) Capital mobilisé et résultat Dépenses (en Recettes (en Pertes (en Fmg/A) Bénéfices (en Fmg/A) Fmg/A) Fmg/A) En début d’exercice Par jours Par semaine Par mois En fin d’exercice(*) Autres

(*) A l’épuisement des marchandises achetés au début d’exercice.

4) – Nombre de personne au foyer Homme Femme Enfant Travailleur Adulte Vieillard Enfant Non travailleur Adulte Vieillard TOTAL………………………….

5) Comment se manifeste la concurrence dans votre métier ? Réponse Explication (Manifestation, cause) XIII Beaucoup Normal Dél oyal Moyenne Faible Autres :

XIV 6) Quels types de fournisseurs avez-vous ? catégorie Nationalité Fonction capacité secteur formelle SF % Malgache % Producteur % Grossiste % M P G Secteur informel SI % Etrangère % Revendeur % Détaillant % E R D mixte % M Réponses :

7) – Quels types de clients avez-vous ? Classe sociale Nationalité Fonction Quantité achetée Riche R…… Malgache M………... Producteur Grosse Gr………… ……% ….% P...... % …..% Classe moyenne Etrangère E………… Revendeur R…... moyenne Mo .………. Cm…...... % ….% …..% …% Pauvre Pa….. Consommateur C…… Petite Pt…. …… ……% ….% …...% Réponses

8) Comment organisez-vous votre activité ? Temps d’achat Temps de vente Déplacement Autres

Réponses

9) Avez vous l’intention de formaliser votre commerce ? Réponse Explication (raison) Oui Non Autres :

XV 10) – Comment jugez-vous la politique de l’autorité publique ? Réponse Explication (Manifestation, cause) Normale à appliquer à la lettre à modérer Inacceptable Autres :

XVI QUESTIONNAIRES POUR LES CLIENTS DU COMMERCE INFORMEL

Identité du client * Âge...... * Origine...... * Domicile...... * Durée d’expérience dans la fréquentation du commerce informel...... * Profession...... Questions 1) Pourquoi faites vous vos achats ici ? Réponse Explication (Manifestation, cause) Question coût Prix Distance Question de simplicité de l’achat Question de sympathie Autres

2) Quel genre de marchandise achetez vous ici ? Réponse Remarques Produit alimentaire % Produit d’habillement % Produit de Produit thérapeutique % consommation Fourniture scolaire % Appareil % électroménagère Parfumerie et % cosmétique Autres % Produit de fabrication (Produit intermédiaire % Agricole % Produit Industriel % d’équipement Bâtiment % Autres % Services % Autres %

3) Êtes vous satisfaits des services rendus par le commerce informel ? Réponse Explication (Manifestation, cause) Oui Non Autres :

4) Qui est-ce qui vous donne plus de satisfaction, le secteur formel ou informel ? Réponse Explication (Manifestation, cause) Secteur formel Secteur informel Autres :

5) Pensez-vous que le commerce informel est utile ?

XVII Réponse Explication (Manifestation, raison) Oui Non Autres :

6) Quelle politique devrait-on adopter face au commerce informel ? Réponse Explication (Manifestation, raison) Laissez faire Répression Formalisation Autres :

REPOBLIKA DEMOKRATIKA MALAGASY Tanindrazana-Tolom-piavotana-Fahafahana FIVONDRONAMPOKONTANY ______ANTANANARIVO RENIVOHITRA ______ARRETE N°580 – FVP/ANT/RV/DEL/1985 portant organisation et fonctionnement des marchés à l’intérieur du périmètre du FIVONDRONAMPOKONTANY D’ANTANANARIVO RENIVOHITRA ______

Vu la Constitution ; Vu l’Ordonnance N°76, fixant les règles relatives à l’organisation, au fonctionnement et aux attributions des Collectivités décentralisées et les textes subséquents qui l’ont modifiés ; Vu le Décret N° 77-037 du 16 Février 1977, fixant les règles du fonctionnement administratif, les attributions et les responsabilités des Collectivités décentralisées du Comité Exécutif des Collectivités décentralisées, en tant que Représentant du Pouvoir National Révolutionnaire ;

A R R E T E :

- TITRE I -

ARTICLE PEMIER. –Toute opération commerciale, l’offre ou la mise en vente des objets, produits ou denrées diverses, ne peuvent s’opérer que dans l’enceinte des marchés et sont formellement interdites sur la voie ou place publique sauf autorisation de la Commune Urbaine d’Antananarivo à l’exception du lait qui peut être vendu à domicile. ART. 2.- Les dispositions de l’article précédent ne s’appliquent pas aux colporteurs munis d’une patente qui devront préalablement à l’exercice de leur commerce, en faire la déclaration auprès des délégations des autorités des collectivités décentralisées de leur passage. Ils doivent également se conformer aux règlements en vigueur dans la Commune Urbaine en matière de droits et taxes. ART.3.- Les marchés sont établis par décision du Comité Exécutif du Fivondronam-pokontany d’Antananarivo Renivohitra. ART.4.- Sont réputés marchés sous le contrôle et la responsabilité du fivondronam-pokontany d’Antananarivo Renivohitra. (la suite de cette article est illisible) ART.5.- A l’intérieur des marchés peut s’implanter : - marchands producteurs - grossistes - détaillants - les gargotiers

XVIII ART.6.- Les jours de grands marchés hebdomadaires qui se tiennent de 4 heures à 18 heures, sont fixés comme suit : - ANALAKELY……………………….(la suite de cette article est illisible) - ANDRAVOAHANGY…………………. (la suite de cet article est illisible) ART.7.- Les heures d’ouverture et fermeture des marchés quotidiens sont fixées comme suit : - Jours ouvrables………………………………de 5 à 18 heures - Dimanche et jours fériés……………………..de 5 à 12 heures - Gargote de nuit……………………………….de 16 à 21 heures

- TITRE II -

- MARCHES HEBDOMADAIRES -

ART.8.- A l’intérieur des marchés hebdomadaires, l’offre et la mise en vente des objets marchandises, produits et denrées divers sont librement ouvertes à toute personne physique ou morale qui satisfait aux obligations exigées par les lois et règlement en vigueur en matière de commerce, ainsi qu’aux règlements régissant l’organisation et le fonctionnement de ces marchés. L’occupation des emplacements prévus pour des genres de marchés ne pourra se faire que la veille à partir de 18 heures.

- MARCHES QUOTIDIENS - - PRODUCTEURS - ART.9.- Toute personne physique ou morale certifié par les autorités des Collectivités décentralisées de leur domicile, comme étant producteur des marchandise proposées, à la faculté de vendre leurs produits aux marchés de producteurs, sous réserve de se conformer aux dispositions ci-après : ART.10.- Tout achat de produits, quelle que soit la qualité de l’acheteur, est considéré comme une opération réalisée au stade de gros aux marchés de producteurs. ART.11.- Ces marchés sont ouverts, tous les jours de 4 à 7 heures du matin sauf pour Anosibe dont l’heure de fermeture est fixée à 10 heures du matin. ART.12.- Après la fermeture des marchés, l’emplacement devra être libre de toute occupation et de tout dépôt de produits. ART.13.- Avant d’exercer leur commerce, les producteurs devront se munir de : - La carte d’identité nationale - Carnet de produit dûment signé par les autorités de Collectivités décentralisées d’où proviennent les produits. Les catégories et les quantités devront y être mentionnées. ART.14.- Ces papiers devront être présentés à tout contrôle des autorités compétentes.

- TITRE III - - GROSSISTES - ART.15.- Le commerce en gros est aux marchands titulaires d’un titre de patente correspondant à la catégorie de son commerce. ART.16.- La vente en gros des produits agricoles, pêches, s’effectue tous les jours de 4 à 16 heures aux marchés de gros d’Isotry et d’Anosibe.

XIX Entre 19 heures et le lendemain 4 heures, l’accès du marché ne peut se faire que sur autorisation du Fivondronam-pokontany d’Antananarivo Renivohitra ; ART.17.- La vente minimum autorisée au marché de gros, est fixé comme suit : 10 kilos pour les marchandises se vendant par kilos 10 Unité pour les marchandises se vendant par kilos 10 Unité pour les marchandises se vendant par sceau, caisses ou soubiques ART.18.- Avant d’exercer leur commerce ; les grossistes devront être titulaires des pièces administratives ci-dessous et exigibles à chaque contrôle fait par les autorités compétences : - Carte d’identité nationale - Patente en son nom valable pour l’année en cours et correspondant à la catégorie de son commerce - Justification de l’attribution d’un emplacement de vente à l’intérieur du marché

- TITRE IV -

- DETAILLANTS -

ART.19.- Les détaillants ont l’obligation de ne vendre que les marchandises et denrées diverses homogènes, de qualité sain, loyale et marchande. ART.20.- Les détaillants devront être titulaire de pièces administratives désignées ci-dessous et exigibles à chaque contrôle effectué par les autorités compétentes : - Carte d’identité nationale - Patente en son nom, valable pour l’année cours et correspondant à la catégorie de la commerce - Facture pour les produits manufacturés - Pièces justificatives pour les autres produits ou marchandises mis en vente - Carte statistique - Autorisation d’attribution d’un emplacement d’un emplacement à l’intérieur du marché

- TITRE V -

- GARGOTES -

ART.21.- Le commerce de gargote est strictement interdit en dehors des emplacements réservés et spécialement aménagés à cet effet à l’intérieur du marché

ART.22.- l’emploi des bois de chauffage y est interdit. Chaque gargotier a l’obligation d’installer les réchauds à charbon ou à gaz sous sa table de vente de façon à ne gêner la circulation des piétons. ART.23.- Les gargotiers devront être titulaires des pièces administratives suivantes exigibles à chaque contrôle : - Carte d’identité nationale - Patente en son nom et valable pour l’année en cours - Autorisation justifiant l’attribution d’un emplacement de vente à l’intérieur du marché

XX - Agrément du Service Médico-Sociale du Fivondronam-pokontany d’Antananarivo Renivohitra sur l’homogénéité des denrées mises en vente qui devra être à l’abri de toute pollution, souillure et contamination. ART.24.- Le commerce de gargote s’effectue de 4 heures à 19 heures et celui de gargote de nuit de 16 à 21 heures. ART.25.- Les emplacements attribués aux gargotiers doivent être lavés et nettoyés par leur soin, une heure avant le fermeture. Après la fermeture, l’accès y est formellement interdit même aux gargotiers.

- TITRE VII -

- HYGIENE ET SALUBRITE -

ART.26.- Les producteurs et marchands autorisés à s’installer sur les marchés doivent entretenir en parfait état de propreté les emplacements, pavillons, stands ou parcelles de vente qui leur sont attribués ainsi que les passages réservés à la circulation, situés devant et autour de leur étal ou pavillon ART.27.- Les producteurs et marchands sont responsables de tout jet de détritus, ordures ou immondices dans ces passages. ART.28.- Tout commerçant doit posséder un balai et une poubelle individuelle dans laquelle, il doit dépenser tous les déchets provenant de l’exercice de son commerce. Le déversement de ces déchets dans les bacs à ordure, doit être effectué par les marchands eux- mêmes, aux heures prévues par les règlements en vigueur. ART.29.- L’accès de l’enceinte des marchés est rigoureusement interdit aux chiens et autres animaux, même tenus en laisse, ainsi qu’à tous véhicules tels que bicyclette, mobylette, charrette à bras, pousse-pousse ou autres matériels à traction humaine. ART.30.- Il est interdit aux enfants de jouer dans les allées et passage réservés au public ART.31.- Tout dépôt de marchandises est rigoureusement interdit sur les marchés après leur fermeture, exception faite pour les grossistes aux marchés de gros et ceux autorisés par le Fivondronam-pokontany d’Antananarivo Renivohitra. ART.32.- La vente des denrées alimentaires telles que, gâteaux, aliments préparés doit se faire sous vitrine ART.34.- La vente de boissons contenant de l’alcool est formellement interdite sur les marchés ART.35.- En dehors des locaux spécialement réservés à cet effet, il est rigoureusement interdit de boire de boissons alcooliques sur la place du marché. Il y est également interdit de fumer ou de vendre des produits stupéfiants ART.36.- La vente de gibier est également interdite en dehors de la période d’ouverture de la chasse.

- TITRE VII -

- MISE EN PLACE DES MARCHANDS -

ART.37.- Toute personne mettant des marchandises en vente sur un marché est tenue d’acquitter les droits de place ou les droits d’occupation des pavillons, stands ou parcelles, suivant le tarif fixé par délibération du Conseil Municipal Les marchands, commerçants et vendeurs en tous genres doivent être titulaires de la patente afférente à leur commerce sans préjudice du paiement des droits de place prévu à l’alinéa précédent. Les patentes d’établissement fixe qui exercent sur les places des marchés en dehors des limites de leur établissement, sont astreint à une patente supplémentaire de marchand ambulant dans les conditions fixées par la réglementation sur les patentes.

XXI ART.38.- Le droit de place perçu ne peut être inférieur au moment fixé pour la superficie occupée. Toute fraction en plus étant comptée pour une unité. ART.39.- Les marchandises et produits mis en vente sur les marchés sont répartis par classe et catégorie de taxe à percevoir soit d’après la surface occupée, soit d’après les poids, les dimensions, le volume, soit à la place ou au nombre. ART.40.- Le contrôle du paiement de droits de place est exercé à tout moment par le personnel du service des Marchés ou par le Trésorier du Fivondronam-pokontany d’Antananarivo Renivohitra. ART.41.- La justification du paiement des droits de places perçues à la journée est exigible dès l’ouverture du marché.

ART.42.- Toute occupation de place sans acquittement préalable des droits correspondants, sera frappé d’une quintuple taxe exigible immédiatement, en cas de refus de paiement de la pénalité ainsi prononcée, l’autorisation pourra être retirée temporairement ou, en cas de récidive définitivement et avec interdiction d’exercer toute activité commerciale à l’intérieur du Fivondronam-pokontany d’Antananarivo Renivohitra. ART.43.- Indépendamment des conditions particulières d’installation imposées aux marchands exposant leurs marchandises sur les trottoirs, escalier ou sur porter aucune gêne à la circulation des piétons ou véhicules ne saurait avoir lieu. ART.44.- Il est interdit au titulaire d’un emplacement ou d’un pavillon d’y exercer d’autre commerce que celui pour lequel il est autorisé ou l’utiliser à d’autres fins. Il ne pourra en aucun cas, ni céder ni sous louer l’emplacement qui est affecté. Toute infraction aux dispositions de l’alinéa ci-dessus entraînera l’annulation de l’autorisation d’occupation avec interdiction d’exercer, toute activité commerciale à l’intérieur du Fivondronam- pokontany d’Antananarivo Renivohitra et sans préjudice de toutes autres sanctions administratives ou pénales en vigueur. ART 45. La répartition des emplacements par catégories de marchandises mises en vente sera fixée par décision du Maire ART 46.- L’installation des marchands sur les trottoirs, devra être à 0,50 mètres du bord des jardins

-TITRE VIII- -PAVILLONS – STANDS - PARCELLES-

ART 47.- L’autorisation d’occupation d’un pavillon ou d’un stand est accordée par décision du Comité Exécutif du Fivondronam-pokontany d’Antananarivo. Il ne peut être accordé qu’un pavillon ou stand à une personne ART 48.- La durée d’occupation des pavillons et des stands est fixée à une année à compter de la date de la décision s’attribution ; elle est renouvelable par tacite reconduction, sauf, dénonciation par l’une ou l’autre des parties par lettre recommandée avec accusé de réception, un mois au moins avant l’expiration de l’occupation en cours ou par voie d’huissier. ART 49.- Sauf cas de force majeure dûment constaté, les locataires des pavillons devront les tenir ouverte tous les jours ouvrables. ART 50.- Le droit mensuel de location est déterminé suivant la catégorie de commerce exercé. ART 51.- Nonobstant les dispositions de l’article 40 ci-dessus, les occupants des pavillons ou des stands sont tenus d’acquitter les locations mensuelles suivant le tarif fixé par délibération du Conseil Populaire du Fivondronam-pokontany d’Antananarivo au plus tard avant le 5 du mois suivant. Les droits impayés font l’objet d’ordres de recette. ART 52.- Les locataires des pavillons ou stands ont la faculté des payer d’avance le montant de droit d’occupation pour une période ne dépassant pas l’exercice en cours.

XXII ART 53.- Les dépenses résultant des menues résultant des menues réparation telles que : réparation des ouvertures, remplacement ou renforcement des clefs et cadenas, badigeonnage intérieur etc….sont à la charge du locataire. ART 54.- Aucun aménagement ou transformation ne pourra être apporté au pavillon par l’occupant, sans une autorisation du Comité Exécutif du Fivondronam-pokontany d’Antananarivo Il est interdit également : - d’installer un étalage extérieur qui pourrait gêner la circulation des piétons et nuire à l’exposition des marchandises des pavillons voisins. - de fermer le pavillon pendant deux mois successifs. La présente interdiction ne s’applique pas aux pavillons dont les locataires malades pourront produire des certificats médicaux. - de faire du feu à l’intérieur du pavillon. ART 55.- Au cas où le locataire ne pourra plus exercer son commerce dans le pavillon, les clefs devront être remis au Service des Marchés après constatation des lieux et règlement des arrières éventuels

-SOUS TITRE- -ANNULATION DE L’AUTORISATION DE LOCATION-

ART 56.- Toute infraction, même à l’une seulement des dispositions citées aux articles 49, 51, 52, 53, 54 entraîne l’annulation de l’autorisation de location du pavillon ou stand. L’expulsion du locataire peut se faire au cours de l’année, après notification d’une lettre de rupture, en recommandée avec accusé de réception ou par voie d’huissier. ART 57.- Tout commerçant en plein air qui n’exerce pas son commerce pendant quinze jours successifs, l’emplacement lui sera retiré d’office. -TITRE IX- -AFFICHAGE DES PRIX-

ART 58.- La dissimulation et refus de vente des marchandises et denrées alimentaires apportées pour la vente sur les marchés sont rigoureusement interdits.

ART 59.- L’affichage des prix des marchandises proposées à la vente est obligatoire. ART 60.- Dans les marchés à l’intérieur du Fivondronam-pokontany d’Antananarivo Renivohitra, les marchands doivent mettre ou suspendre devant leurs étalages, le numéro en caractère très lisible de leur emplacement, pavillons ou stands de vente. -DISPOSITIONS PARTICULIERES- ART 61.- Après 19 heures, l’accès du marché est rigoureusement interdit à toute personne y compris les marchands et producteurs eux-mêmes Toutefois, cette interdiction ne s’applique pas aux agents et employés régulièrement désignés pour assurer la sécurité et appliquer les réglementations en vigueur. Ces agents et employés doivent être munis de leur carte d’identité nationale et de leur carte professionnelle. ART 62.- Les gardiens des marchés ont la faculté d’appréhender tout individu en infraction aux dispositions de l’ alinéa de l’article 61 ci-dessus ART 63.- Les opérations de chargement et déchargement des marchandises sont réglementées comme suit : - Matin de 5 à 7 heures - Soir : sur autorisation du Président Exécutif du Fivondronam-pokontany d’Antananarivo Renivohitra pour une durée de six mois renouvelables ART.64.- La circulation et stationnement de tous véhicules sont interdits sur les trottoirs attenants aux arcades de l’avenue de l’indépendance tous les vendredi de 4 à 10 heures. ART 65.- Toutes infractions aux dispositions du présent arrêté seront constatées par procès-verbal et seront punies par les peines prévues aux articles 472 et 473 du code pénal sans préjudice du paiement d’une amende de : XXIII - Première infraction…………………..300Fmg (Trois cent francs malagasy) - Deuxième infraction………………….600Fmg (Six cent francs malagasy) - Troisième infraction………………… 500 Fmg (Cinq cent francs malagasy) En cas de récidive flagrante : interdiction de toute activité commerciale à l’intérieur du marché de la Commune Urbaine. ART 66.- Sont et demeurent abrogées toutes dispositions antérieures contraires à celles du présent arrêté. ART 67.- Le Président du Comité Exécutif du Fivondronam-pokontany d’Antananarivo Renivohitra, le commissaire central de Police le directeur du Développement Urbain et de l’Esthétique, le directeur des Affaires Economiques, le chef du service des marchés et tous agents de la force publique, sont chargés chacun en ce qui concerne de l’exécution du présent arrêté qui sera publié et communiqué partout où besoin sera VU ET APPROUVE Antananarivo le 24 Mai 1985 LE PRESIDENT DU COMITE EXECUTIF signé : RAKOTOVAO ANDRIATIANA DU FARITANY D’ANTANANARIVO Signé : Roland RAMAHATRA « POUR COPIE CONFORME A L’ORIGINAL » LE DIRECTEUR DE LATUTELLE ET DU CONTROLE

XXIV GUIDE D’ OBSERVATION DU COMMERCE INFORMEL

Comptage dans le Fokontany de : Type de marchandises Nombre Fixe Mobile

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