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Contribution rennaise au Livre vert sur la cohésion territoriale :

Le projet stratégique de Metropole adopté en 2006 et qui affirme son ambition de métropole européenne du XXIe siècle, son positionnement géographique au cœur de la Bretagne, son inscription dans de nombreux réseaux, son modèle d’aménagement urbain durable légitiment cette contribution au livre vert sur la cohésion territoriale.

Rennes Métropole, capitale de la Bretagne, métropole européenne du XXIe siècle.

Rennes est la capitale de la Bretagne, région dynamique à la pointe de l’Europe.

Rennes Métropole, Communauté d’agglomération de plus de 400 000 habitants, regroupe 37 communes autour de Rennes, sa ville centre (220 000 habitants). Elle est au cœur d’une aire urbaine de 600 000 habitants. M. Daniel Delaveau, Maire de Rennes, est le Président de Rennes Metropole.

Rennes Métropole affiche un dynamisme attractif : 3e aire urbaine française en terme de dynamisme démographique, 3e pôle d’enseignement supérieur français avec 60 000 étudiants, 44 000 emplois créés dans les services de 1993 à 2007. Tête de réseau de l’Université européenne de Bretagne, elle est également le cœur de trois pôles de compétitivités majeurs organisés en clusters interrégionaux (Image et Réseaux, Valorial et Automobile Haut de Gamme).

L’audit urbain (Rapport sur l’état des villes européennes, 2007) positionne Rennes Métropole comme « centre industriel moderne », regroupant plate- formes d’activités multinationales et entreprises locales exportatrices, et caractérisée par un haut niveau d’innovation technologique.

1 Ce dynamisme, conforté par un « effet réseau » qu’elle entretient à différentes échelles, confère à la capitale bretonne la « qualité critique » pour jouer un rôle d’entraînement sur l’ensemble de sa région, et plus généralement, sur le Grand Ouest de la .

Le réseau se concrétise d’abord, physiquement, par la qualité des connexions favorisant son accessibilité malgré sa relative périphéricité : nœud routier majeur (9 routes à deux fois deux voies), aéroport de proximité, ligne à grande vitesse positionnant Rennes à moins d’1h30 de en 2014…. Rennes joue ainsi le rôle de porte d’entrée de la Bretagne et se situe au cœur du réseau du Grand Ouest.

Rennes Métropole renforce cet effet réseau par les coopérations qu’elle entretient avec d’autres villes : Espace Métropolitain Loire Bretagne, regroupant les agglomérations de , St Nazaire, Rennes, Angers et Brest visant à renforcer l’attractivité européenne du Grand Ouest ; coopération de proximité avec St Malo, port de Rennes, pour renforcer l’attractivité et la complémentarité de l’axe Rennes-St Malo ; échanges avec les grandes agglomérations du Grand Ouest ; Conférence des Villes de Bretagne, lieu d’échanges et de diffusion de bonnes pratiques entre toutes les villes de Bretagne dont le secrétariat est positionné à Rennes Métropole; Conférence des villes de l’Arc Atlantique, enfin, initiée et hébergée par Rennes qui en préside la Commission culture et qui vise à porter en commun les enjeux urbains de l’espace Atlantique, frontière maritime et occidentale de l’Union européenne. La position de Rennes Métropole, au barycentre de ces réseaux, s’inscrit donc pleinement dans une logique de polycentrisme maillé telle que défendue notamment dans le Schéma de Développement de l’Espace Atlantique (réalisé par la Commission Arc Atlantique de la Conférence des Régions Périphériques Maritimes en 2005).

Enfin, l’organisation en réseau est également le fondement de l’aménagement du territoire de la métropole rennaise. Le modèle de « Ville Archipel » permet de conjuguer trois objectifs stratégique : le rayonnement métropolitain, les fonctions de centralité et la logique de proximité. Ce modèle qui s’inspire du polycentrisme préserve l’alternance ville/ campagne et donne vie à la notion de ville des proximités favorisant la mise en réseau des communes périphériques. Cet équilibre entre le développement et la préservation des espaces naturels est au service des habitants qui vivent dans ce territoire où la qualité de vie est reconnue. Basée sur les solidarités, la cohésion et la mobilité, la ville archipel structure le territoire durable, la ville durable pour tous.

2 Renforcer la cohésion territoriale, pilier de la politique européenne

La cohésion territoriale est régie par deux principes complémentaires :

- le principe d’égalité des chances entre tous les européens, et notamment leur égal accès, quel que soit leur lieu d’habitation, à des infrastructures et services d’intérêt économique général de qualité. - Le principe de solidarité entre les territoires, ce qui renvoie à l’idée que les territoires les plus dynamiques doivent entraîner les autres pour contribuer à la compétitivité de l’ensemble du territoire européen.

La cohésion territoriale constitue un concept clé de toute politique publique d'aménagement du territoire, quelle qu'en soit l'échelle, locale, régionale, nationale ou européenne. C’est également un concept transversal à prendre en compte dans l’ensemble des politiques sectorielles.

Dès lors, compte tenu des caractéristiques démographiques et économiques de l'espace européen, marqué par un décalage entre la présence des populations et celle des activités économiques, il est indispensable d'affirmer le rôle déterminant et structurant des grands pôles urbains.

Le développement durable de ceux-ci doit se décliner dans un schéma polycentrique, favorisant à une échelle pertinente l'équilibre entre les zones urbaines denses et leurs périphéries moins peuplées mais dotées d'atouts naturels indéniables contribuant à la qualité de vie des habitants. Chaque pôle urbain ayant, selon son importance, un rôle d’entrainement pour sa périphérie, son bassin de vie ou sa région.

Le schéma d’aménagement adopté par Rennes Métropole puis développé dans l’aire urbaine rennaise constitue une illustration de ce concept à l'échelle locale d'un développement durable et équilibré, articulant de manière efficiente urbanisation et politique de transports, dans une logique de « Ville archipel ».

SCOT 2007 de Rennes Métropole - AUDIAR

La cohésion territoriale, par sa dimension spatiale, complète les volets économique et social de la politique européenne de cohésion.

Ainsi, le renforcement de l’accessibilité et le soutien aux principales zones urbaines, pôles de développement régional, contribueront à améliorer la compétitivité de l’ensemble de l’Europe. A l’inverse, l’intégration de l’objectif de cohésion territoriale dans l’ensemble des politiques communautaires obligera à prendre en compte les impacts territoriaux de ces politiques.

3 Centrer la politique de cohésion territoriale sur les enjeux stratégiques européens

La prise en compte de l'objectif de cohésion territoriale comme objectif stratégique de l'Union, tel qu'il est affirmé dans le Traité de Lisbonne, et sa traduction systématique dans toutes les politiques sectorielles, est une façon, pour l'Union européenne, de garantir son respect et de favoriser l'obtention de résultats concrets. Cette approche transversale doit se refléter dans l’organisation interne de la Commission européenne, en étant portée directement par le Président de la Commission. Elle doit, au préalable, mais également à l'avenir, être en mesure d'évaluer les effets des politiques sectorielles sur le territoire de façon à garantir qu'elles n'ont pas d'effets contraires à la cohésion.

Dans le respect du principe de subsidiarité, l’action européenne doit se concentrer sur les priorités européennes, notamment en termes de compétitivité, et sur les espaces qui transcendent les frontières nationales.

Dans le respect des stratégies de Lisbonne et de Göteborg, l’Union peut favoriser la compétitivité de son territoire par un soutien direct aux principaux pôles de développement que sont les grandes villes européennes. Le rôle des villes est particulièrement important en Europe, les zones urbaines étant aujourd'hui les principaux lieux de concentration de populations, de services et d’activités économiques mais également les zones où se jouent les enjeux les plus importants de la cohésion sociale et économique et de la préservation de l'environnement, car les plus impactées par la concurrence mondialisée. Dans le prolongement de la Charte de Leipzig qui les reconnaît comme lieu de concentration des richesses et des difficultés, le soutien européen permettrait aux villes de jouer leur rôle de piliers de la compétitivité européenne, tout en ayant les moyens de faire face aux disparités infra urbaines. Les Etats membres et autorités régionales complèteraient cette politique en veillant aux maintien des équilibres intra et inter régionaux et à l’effectivité de l’effet moteur joué par les villes.

En plus d’un soutien direct aux agglomérations dans le cadre par exemple d’une politique urbaine européenne qui reste à affirmer, l'Union aurait ici un rôle majeur à jouer pour associer les métropoles, aux côtés des régions, dans la mise en œuvre de ses politiques sectorielles, les collectivités locales précitées, au vu de leurs compétences en termes d’aménagement du territoire, devant être force de proposition pour la mise en œuvre des politiques européennes sur leur territoires.

L’Union européenne peut également compléter l’action des Etats membres en matière de coopération territoriale en se concentrant sur des espaces dépassant les frontières nationales (zones transfrontalières, bassins maritimes, montagnes…) ou ayant un sens particulier à l’échelle européenne (frontières extérieures, zones périphériques éloignées du cœur de l’activité européenne). Pour les zones périphériques, il s’agit notamment de renforcer leur accessibilité et le développement d’activités. La position de Rennes Métropole au cœur de l’Arc Atlantique rend cette question prégnante de notre point de vue et ce d’autant plus que le schéma de réseaux transeuropéens de transports (RTE) ne prend pas en compte la périphéricité bretonne.

Favoriser une politique de coopération territoriale tournée vers l’opérationnel

La promotion des échanges, des réflexions et des actions communes entre les territoires doit également être source de solutions pour qu'ils se développent de manière harmonieuse. Les différents programmes de coopération territoriale doivent donc être consolidés et développés, notamment lorsqu’ils correspondent à des réalités vécues (zones maritimes, transfrontalières, pays accédants…). Cependant, et bien que ses résultats soient plutôt positifs, la coopération territoriale ne peut se limiter à un simple échange d'expériences. Elle doit être l'occasion de réflexions et d'actions conjointes permettant de répondre aux défis stratégiques d'ensembles territoriaux donnés, en renforçant l'implication de tous les partenaires de cet ensemble à tous les niveaux de décisions et d'actions.

Plutôt que la création de nouveaux instruments, il s'agirait davantage de renforcer les coopérations existantes, la valeur ajoutée des coopérations interrégionale, transfrontalière et transnationale dans la cohésion des territoires étant indiscutables. Ce renforcement pourrait se traduire par l'attribution de financements plus importants mais également par la promotion de réalisations stratégiques conjointes

4 Les associations de coopération entre acteurs d’un même espace transfrontalier ou transnational pourraient être encouragées et soutenues par l’Europe, en tant qu’espaces d’émergence d’une vision stratégique commune et de projets opérationnels.

A ce titre, l’existence sur l’Espace atlantique de différents réseaux (Conférence des Villes de l’Arc Atlantique, Commission arc Atlantique de la CRPM, C3A, Réseau transnational Atlantique…) et leur capacité à travailler en commun mérite d’être soulignée. La présence également de réseaux régionaux ou interrégionaux, le travail engagé autour d’axes métropolitains tel que celui de St Malo Rennes Nantes St Nazaire sont autant d’opportunités pour contribuer activement à la mise en œuvre de la coopération territoriale.

Faire de la cohésion territoriale un objectif commun des politiques territoriales et sectorielles de l’Union.

La cohésion territoriale n’est pas une politique à part de l’Union. Elle est un objectif commun de ses politiques sectorielles et territoriales, et rend nécessaire leur coordination.

Si les politiques territoriales (politique régionale dans ses trois composantes actuelles : convergence, compétitivité et coopération) reprennent les objectifs des politiques sectorielles et plus généralement ceux des stratégies de Lisbonne et de Göteborg, les politiques sectorielles n’intègrent que rarement une dimension territoriale. Avec l’inscription de la cohésion territoriale comme objectif de l’Union, il conviendra de mesurer les impacts territoriaux des toutes les politiques sectorielles. Pour la période actuelle, les politiques des transports, de l’environnement et de l'énergie et de la recherche et de l'innovation pourraient être les premières concernées par une adaptation de leur portée au niveau local. Dans un premier temps, une évaluation des impacts des politiques sectorielles sur les territoires est nécessaire car elle permettrait de vérifier quels sont les effets pervers à corriger d'une non-prise en compte du territoire.

La concentration de la politique territoriale européenne sur des enjeux européens (compétitivité des villes, zones transfrontalières, zones périphériques), permettra aux politiques territoriales nationales et régionales de s’inscrire en complémentarité pour assurer que le développement bénéficie réellement à l’ensemble du territoire. La définition des programmes opérationnels régionaux est une première expérience que tous les Etats mettent déjà en œuvre. La complémentarité des contrats de projets Etat-Région avec les programmes opérationnels en France montre qu'il est possible de rechercher une cohérence entre les actions urbaine et régionales, nationales et européennes sur un territoire.

Stimuler le partenariat territorial

Un territoire ne vit que parce qu'il est la rencontre d'acteurs de nature différente qui agissent et échangent. La participation des acteurs de la société civile est donc importante pour la prise en compte de tous les aspects de la vie locale, le renforcement de la cohérence des politiques mises en œuvre, le renforcement de la gouvernance et le sentiment d'appartenance à l'Union européenne. L’organisation de la gouvernance locale et la consultation de tous les acteurs du territoire dans la définition des différents programmes européens déclinés territorialement resterait de la responsabilité locale ou régionale, tout en étant soutenue au niveau européen.

L’expérience rennaise est en la matière exemplaire. Dès 1984, une concertation « institutionnalisée » a été mise en place entre élus et partenaires économiques, sociaux, et associatifs, qui se retrouvent au sein du Codespar, le Conseil de développement de Rennes Métropole et sont associés à toutes les réflexions structurantes de la métropole. En complément, Rennes Métropole a développé dans le cadre de son Agenda 21 des formes innovantes d’association des communes, de la population, et notamment des jeunes.

5 Engager une refonte des indicateurs de la cohésion territoriale

La politique de cohésion économique et sociale de l’Union européenne a longtemps reposé sur les écarts de richesses constatés (sur la base du PIB uniquement) entre les régions européennes, et une aide attribuée aux régions les moins riches.

Le PIB ne peut être un indicateur suffisant et devrait être remplacé ou complété par d'autres indicateurs existants (revenus disponible, mesure des flux réels ou virtuels à l’intérieur et entre les différents pôles…) ou à agréger (l'indice de développement humain par exemple).

La cohésion territoriale ne peut se mesurer à l’échelle unique des régions. Les disparités se retrouvent également à une échelle infrarégionale et même infra urbaines. En effet, comme rappelé dans la communication « La politique de cohésion et les villes: la contribution des villes et des agglomérations à la croissance et à l'emploi au sein des régions », du 13 juillet 2006, les disparités sociales et spatiales infraurbaines sont très fortes, parfois plus élevées qu’entre régions. Les données statistiques globales positives des villes masquent les difficultés sociales auxquelles les villes font face. Faute de données infraurbaines comparables au niveau européen, un indice de disparité intraurbaine pourrait être envisagé.

Rennes Métropole a développé un outil transversal de suivi de l’évolution du territoire au regard des différents enjeux de développement (économique, environnemental, social) sur la base d’une centaine d’indicateurs, regroupés en 15 thématiques. Cet outil, baptisé « Baro’Métropole », pourrait utilement nourrir une réflexion européenne sur la refonte des indicateurs de cohésion.

CONCLUSION :

Il est souhaitable que, suite à cette consultation, la réflexion sur la cohésion ne s'arrête pas au Livre vert. C'est pourquoi, en écho aux demandes de diverses associations de villes, Rennes Métropole demande à ce qu'un livre blanc puisse être publié pour poursuivre les échanges, une fois les résultats de cette première consultation connus.

Ce livre blanc devra intégrer pleinement les enjeux spécifiques auxquels doivent faire face les villes et pour lesquels une mobilisation prioritaire des crédits FEDER doit être envisagée:

- densité et préservation de l’espace, de la biodiversité et d’une agriculture périurbaine durable - renouvellement urbain, - transports collectifs en sites propres, - maitrise de l’énergie intégrée dans les outils de planification et les normes de construction et de réhabilitations - fonctions technopolitaines favorisant une nouvelle économie de la connaissance

Si l'Union européenne veut être un territoire solidaire et de justice, un lieu d'opportunités sociales, économiques et environnementales donné en exemple dans le monde, et atteindre les objectifs qu'elle s'est fixé à Lisbonne ou Göteborg, la mise en place d'une politique de cohésion dotée de moyens substantiels est nécessaire. La reconnaissance des grandes villes européennes comme interlocuteurs directs de la Commission témoigne de l’importance d’un maillage du territoire en proximité pour assurer sa cohésion territoriale. La situation de crise économique à laquelle l'Union est confrontée démontre que la solidarité européenne doit rester le mot d'ordre et que cette politique de cohésion est plus que jamais nécessaire. La voie permettant de conjuguer de manière équilibrée les objectifs de compétitivité et de solidarité est plus que jamais à rechercher à l’échelle européenne.

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