Fantasque Time Line | 1940
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
21 avril L’affaire d’Irak Arbil – Larminat réorganise ses forces. Il a prévu de faire éclater ses forces en dispositif opérationnel. Dès le lendemain, son premier groupement tactique, le GTA (A pour Algériens), descendra vers Shaykh en longeant le Tigre. Le deuxième, le GTB (B pour British, colonel Arbuthnot), se dirigera sur Dibs et Altun Kupri. Enfin, le troisième, le GTZ (Z pour zouaves), doté des véhicules les plus rapides, sera lancé en direction de Taqtaq et de Dokan. Larminat est soucieux de coopération entre alliés, mais peu convaincu de la totale sincérité britannique depuis que certains épisodes regrettables qui se sont déroulés à Dunkerque lui ont été rapportés ; de plus, comme la majorité des coloniaux, il est traditionnellement anglophobe (non sans raisons, d’ailleurs). C’est pourquoi il encadre les unités du colonel Arbuthnot entre les siennes. Il va jusqu’à lui rattacher la compagnie mobile de fusiliers-marins de Lattaquieh, en renfort de leurs éléments de reconnaissance : « La Marine – que Dieu et Maurras me pardonnent – me servira d’Œil de Moscou » ricane le général, que personne n’accuserait pourtant de sympathies pour le communisme. La progression devrait s’accélérer, puisqu’on sera enfin en Irak “utile”, où les besoins de l’exploitation du pétrole ont conduit, depuis 1920, à la construction d’un dense réseau de routes de bonne qualité. Peut-être sera-t-il aussi possible de réquisitionner dans les parcs des compagnies pétrolières des poids lourds modernes ou des tracteurs et des remorques, pour suppléer les vieux porte-chars Berliet et Saurer qui ont mal digéré le sable des déserts. La 3e Demi-Brigade du Levant, regroupée, restera en garnison à Mossoul, à l’exception du bataillon du Levant. ……… Fallujah, 16h00 – La brigade motorisée irakienne prend ses dispositions de marche. Les reconnaissances des avions d’Habbaniyah ne parviennent pas à déterminer si les Irakiens ont l’intention de monter une attaque de nuit contre la base ou s’ils veulent rejeter “Kingcol” au- delà de la frontière. ……… Aérodrome de Mossoul, 16h30 – Arrivée en Bloch 200 du général Massiet, nommé par Alger « gouverneur par intérim de l’Irak du nord, provinces de Mossoul et Kirkouk ». Cette nomination n’a pas été annoncée aux Britanniques. Elle vise à empêcher Londres de mettre la main sur la totalité des ressources pétrolières après la crise. De fait, l’ambassade de France à Londres a été informée de l’existence d’un mémorandum du Board of Trade suggérant de mettre à profit le renforcement de la présence britannique dans la région pour évincer les Français du pays et réduire à 10 %, sinon à zéro, la part de la CFP dans l’exploitation des pétroles irakiens. On ne sait pas si ce texte – très bien reçu, semble-t-il, au Colonial Office – a été approuvé ou même lu par Churchill et Eden. Mais, du côté français, on n’a pas voulu risquer d’être pris au dépourvu. ……… Ar Ramadi, 17h30 – Situation bloquée, comme la veille. Les troupes du Brigadier Kingstone ont fait dans la matinée une nouvelle tentative de percée, sans plus de succès. Il semble, par contre, que les attaques répétées de la Habbaniyah Strike Force, qui se sont poursuivies toute la journée, aient réduit au silence une partie au moins des batteries irakiennes. Kingstone décide d’attendre de pouvoir monter avec les forces d’Habbaniyah une opération conjointe. ……… Bassorah – Après quatre jours de combats parfois intenses, où les Britanniques ont subi des pertes sensibles et où il a fallu faire appel aux Swordfish du porte-avions HMS Hermes, toute la région de Bassorah est sécurisée. Le 2/8th Gurkha Rifles et les automitrailleuses Rolls Royce du 4/13th Frontier Force Rifles ont joué un rôle déterminant. Les troupes irakiennes se sont repliées vers le nord le long du Tigre, jusqu’à hauteur de Qurna. Seuls quelques dizaines de policiers et de civils en armes refusent encore de déposer les armes dans le quartier commerçant d’Ashar. Les préparatifs des opérations Regatta et Regulta commencent aussitôt. Il s’agit principalement d’équiper des barges réquisitionnées d’un pont improvisé, de façon à pouvoir y embarquer des véhicules. 22 avril L’affaire d’Irak Bassorah, 06h30 – Le 2/8th Gurkha Rifles de la 20e Brigade Indienne s’engage sur la route de Bagdad et le long de la voie ferrée. De son côté, le 3/11th Sikh Regiment doit remonter, également par la route, jusqu’à Qurna, au confluent du Tigre et de l’Euphrate. RAF Shaibah, 07h00 – Le sharqi a soufflé sur le sud du pays depuis la veille, en fin de la soirée. Chargé d’électricité, ce vent sec et poussiéreux brouille les communications, perturbe la navigation sur le Golfe et le Chatt el-Arab et interdit aux avions de décoller et de se poser. Au vu des prévisions de la météo pour les jours à venir, Sir Arthur Longmore décommande le raid de Wellington prévu contre Rasheed Air Base. Bassorah, QG de l’Iraqforce, 08h00 – Quinan envoie un message bref mais comminatoire à Massiet et Larminat, leur ordonnant de cesser toute progression vers le sud tant que leurs gouvernements n’auront pas réglé la question politique de la responsabilité des territoires irakiens. Malgré la mauvaise qualité de la réception, Massiet et Larminat ont parfaitement saisi les intentions de Quinan. En réalité, cette situation les arrange, car elle leur permet d’asseoir leur contrôle de Mossoul et de consolider leur logistique à partir de la Syrie, qu’ils jugent trop fragile du fait de la présence des avions allemands et malgré la présence de la voie ferrée. ……… “Front” français (nord) – Stehlin limite l’activité de ses deux groupes à des missions de reconnaissance au-dessus des positions de la 2e division irakienne et à la protection des trois GT de Larminat. En fin de matinée, quatre Morane 410 interceptent deux Bf 110 et deux He 111 qui tentent de bombarder les positions de la DML. Les deux chasseurs allemands s’interposent pour permettre aux bombardiers de s’enfuir et l’un des deux est abattu. ……… “Front” ouest, Ar Ramadi, 10h45 – L’AVM Smart arrive d’Habbaniyah aux commandes d’un Audax. Accompagné du colonel Roberts, il vient rencontrer le Brigadier Kingstone. La conférence dure moins d’une heure. Il est convenu que, dès le lendemain matin, la Habbaniyah Strike Force concentrera tous ses moyens contre les unités irakiennes qui bloquent la progression de “Kingcol”. Simultanément, la garnison d’Habbaniyah conduira un simulacre de sortie pour pousser les Irakiens à diviser leurs forces. ……… Rasheed Air Base – La 155e Squadriglia est au complet – mais elle a déjà perdu deux de ses huit CR.42 lors du second raid sur la principale base irakienne. Rome a d’ailleurs prévenu qu’il n’y aurait pas de renforts, les SM.82 étant décidément trop précieux. ……… Alger, 11h30 – À sa demande, le haut-commissaire britannique, Sir Harold Nicolson, est reçu par Roland de Margerie. Il lui fait part officieusement de la « surprise anxieuse » du gouvernement de Sa Majesté : Londres a appris que le général Massiet serait sur le point de se proclamer gouverneur de l’Irak du Nord. Margerie est lui aussi surpris, car les Français croyaient le secret bien gardé – mais le colonel Carbury connaît son métier. Sans perdre son sang-froid, le sous-secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères se borne à répliquer, la main sur le cœur, que Whitehall ne devrait pas accorder d’importance à des racontars de journalistes ou à des bruits de couloirs. De son côté, ajoute-t- il, la France n’a tenu aucun compte des rumeurs selon lesquelles certains, au Colonial Office, souhaiteraient mettre à profit les événements pour la priver de sa part du pétrole irakien – rumeurs dont l’évocation soulève chez Sir Harold un murmure scandalisé. Match nul. Diplomates d’élite, les deux interlocuteurs ont réussi à ne pas sourire en débitant leurs mensonges respectifs. Après avoir partagé un doigt de porto, ils se quittent donc bons amis. 23 avril L’affaire d’Irak Bassorah – Toute la journée, le sharqi continue de souffler sur le sud de l’Irak et interdit, comme la veille, la poursuite des opérations. Le brouillage des communications empêche également le général Quinan de recevoir des nouvelles autres que fragmentaires de la bataille en cours à Ar Ramadi comme du siège d’Habbaniyah. ……… Ar Ramadi (“front” ouest), 07h00 – La Habbaniyah Strike Force pilonne les lignes irakiennes. Son intervention est plus efficace, car les bombardiers utilisent des bombes de 50 kilos apportées de Bassorah par la voie des airs. D’autre part, “Chieffy” Mac Cornell, le chef mécanicien de la base, a improvisé des dispositifs de visée pour les Oxford, qui en étaient jusqu’à présent dépourvus. Il faut cependant que les petits bimoteurs bravent les mitrailleuses de DCA en descendant à moins de mille mètres (entre 2 400 et 2 500 pieds) pour que les improvisations de Mac Cornell deviennent efficaces. 07h40 – Les unités de tête de “Kingcol” montent à l’assaut, soutenues par un barrage roulant d’artillerie. 08h00 – Les lignes irakiennes plient sans céder. Contre toute attente, les fantassins de la brigade motorisée reculent en assez bon ordre, couverts par leurs tankettes, et se rétablissent vers 10h00 sur la rive gauche de l’Euphrate. Leur feu continue à interdire le passage du pont et la circulation sur la route d’Habbaniyah. Il n’est guère possible d’envisager d’atteindre dans la journée la base aérienne. Devant cette situation, Kingstone, Smart et Roberts décident d’annuler la sortie. Ils se contentent de demander à O’Shea quelques tirs de harcèlement, avec l’espoir qu’ils interdiront – plus ou moins – le ravitaillement des Irakiens.