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24 images

Jim Jarmusch Alexandre Fontaine Rousseau

100 cinéastes qui font le cinéma contemporain Number 163, September 2013

URI: https://id.erudit.org/iderudit/70308ac

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Publisher(s) 24/30 I/S

ISSN 0707-9389 (print) 1923-5097 (digital)

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Cite this article Fontaine Rousseau, A. (2013). Jim Jarmusch. 24 images, (163), 25–25.

Tous droits réservés © 24/30 I/S, 2013 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/

This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/ Jim Jarmusch im Jarmusch peut de prime abord Dog: The Way of the Samurai (1999) sans sembler peu prolifique. En 2012, il le hip-hop spectral de RZA ? Peut-on penser J a pourtant fait paraître pas moins de à Broken Flowers (2005) sans avoir en tête trois albums en duo avec le luthiste néer- Yègellé Tezeta du pianiste éthiopien Mulatu landais Jozef van Wissem – Apokatastasis, Astatke ? Grand cinéaste mélomane, l’auteur Concerning the Entrance Into Eternity et The de Down by Law trouve à chaque film le Mystery of Heaven – sur lesquels les élans dis- moyen de se renouveler par le biais de la sonants de sa guitare électrique évoquaient le musique. souvenir de ces océans de distorsion qu’avait Depuis Dead Man, Jim Jarmusch n’a improvisés Neil Young pour accompagner réalisé que cinq films. Cette cadence s’avère, les images du superbe Dead Man (1995). somme toute, à l’image d’un cinéma aussi On apprenait, par la même occasion, que calme et imperturbable que le sont ses héros. van Wissem allait signer la trame sonore Cette élégante désinvolture avec laquelle d’Only Lovers Left Alive, premier film du opère l’Américain a même, sans contredit, cinéaste depuis le formidable The Limits of contribué à ce que plane autour de son œuvre débarque en salles alors qu’on ne l’attendait Control (2009). une aura quasi mystique. En fait, cette œuvre plus – résurgence qui, d’une fois à l’autre, Cette nouvelle n’a rien d’anodin puisque, semble de plus en plus clairement exister en confirme un peu plus la pertinence de sa dans le cinéma de Jarmusch, la musique dehors de son époque, l’observer de biais démarche. – Alexandre Fontaine Rousseau occupe, et ce, depuis toujours, une place qui depuis la marge, depuis un autre temps est tout sauf superficielle. Bien au contraire, qu’elle construit patiemment, en résistant « … cette œuvre semble de plus il s’agit de l’une des pierres d’assise de son tranquillement à un présent dont elle se en plus clairement exister en dehors travail formel irréprochable, d’une extension dissocie comme par effacement. Si bien que de son époque, l’observer de biais parfaitement naturelle de son impeccable l’on attend désormais le nouveau Jarmusch depuis la marge, depuis sens du rythme… Peut-on concevoir Ghost sans vraiment l’attendre, jusqu’à ce qu’il un autre temps… » Rodrigue Jean que sur celui de la diffusion (capsules Web subversion, voire de guérilla (le choix de et longs métrages subséquents : États du l’anonymat et la simple « intensité de ce monde, États du moment). L’ homme qui est » dans Insurgence coordonné par est un visionnaire qui rêve une approche le réalisateur), qui s’érige contre tous les expérimentale de son art et un accès direct pouvoirs pour documenter le réel (voir le aux œuvres, loin des diktats de l’industrie. pouvoir biopolitique sur la vie des corps Depuis le beau et trop méconnu La voix d’un sous-prolétariat banni de la société et des rivières (1997) habité par le deuil, instrumentalisé dans Hommes à louer). Si Rodrigue Jean n’a eu de cesse de multiplier elle se nourrit volontiers de philosophie pour les projets, tant en documentaire qu’en penser notre époque (Debord, Foucault, fiction, qui induisent une certaine idée du Agamben, Rancière), l’œuvre est tout sauf

État du monde cinéma basée sur l’idée de communauté et théorique. Le désir s’y incarne avec force, le sens du collectif. Peut-être faut-il y voir les corps y sont traversés d’affects et les

Image tirée d’ une manière acadienne d’être au monde, mots s’y embrasent pour donner lieu à une l’expression d’une identité forgée dans la expérience de beauté, unique dans notre ar leur brûlante singularité et leur résistance qui s’appuie sur la mise en place cinématographie, où « les formes sensibles portée résolument politique, les films de réseaux affectifs et la prise de parole de de la vie collective » défient toutes les forces P de Rodrigue Jean campent à l’avant- communautés marginalisées, empressées d’enfermement et de mort. – Gérard Grugeau poste des mutations actuelles de l’image. de « dire nous dans les débris du monde ». Matière incandescente dans le champ À l’image de la poésie allumée de Gérald « … son cinéma se mesure déjà documentaire, son cinéma se mesure déjà Leblanc, issue de la contre-culture améri- à l’aune de demain, ouvrant à l’aune de demain, ouvrant de nouvelles caine, dont le cinéaste a célébré « l’infini de nouvelles voies tant voies tant sur le plan de la pratique (ateliers des mots » dans L’extrême frontière (2007). sur le plan de la pratique d’écriture et formation de jeunes techniciens Mais la signature frontale, sans concession, que sur celui de la diffusion… » pour Hommes à louer et le projet Épopée) est avant tout marquée d’émancipation, de

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