LeMonde Job: WMQ2311--0001-0 WAS LMQ2311-1 Op.: XX Rev.: 22-11-99 T.: 11:03 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 09Fap: 100 No: 0409 Lcp: 700 CMYK

LE MONDE ÉCONOMIE

a Numéro spécial

OMC ACTIVE:LMQPAG:W a Emploi : 12 pages busy d’annonces classées

www.lemonde.fr

55e ANNÉE – No 17052 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE MARDI 23 NOVEMBRE 1999 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI

« Malbouffe » : OMC : comprendre les enjeux de Seattle les Français b Agriculture, services, environnement et culture sont au centre de la gigantesque bataille réclament commerciale de Seattle b « Le Monde Economie » consacre huit pages aux négociations un label qui s’ouvrent le 30 novembre b Aux Etats-Unis comme en Europe, les anti-OMC s’organisent À UNE SEMAINE de l’ouver- Unis. Pour permettre de ture de la conférence de l’Organi- comprendre les enjeux de cette de qualité sation mondiale du commerce conférence, Le Monde lui (OMC), prévue à Seattle, sur la consacre un numéro spécial de LES DIVERS SCANDALES qui côte ouest des Etats-Unis, du huit pages dans son supplément ont touché le secteur agroalimen- 30 novembre au 3 décembre, la « Economie ».

taire ont fait surgir des comporte- mobilisation contre la libéralisa- Prévue dès la signature des ac- JEAN-PIERRE MULLER/AFP ments de consommateurs éclairés. tion des échanges internationaux cords de Marrakech, en 1994, qui RPR Tel est un des enseignements du s’intensifie. Alors que des mani- devait donner naissance à l’OMC, sondage IFOP réalisé pour l’hedo- festations sont prévues samedi 27 cette réunion doit rassembler les madaire Elle et Le Monde. Cette en- en France, des cinéastes de vingt- 135 pays membres en vue d’enga- La surprise quête montre que les Français sont trois pays ont lancé, lundi 22, un ger une nouvelle négociation, dite vigilants mais sereins à propos du nouvel appel pour défendre « round du millénaire », sur la li- Alliot-Marie contenu de leur assiette, même si l’« exception culturelle ». José béralisation du commerce mon- les femmes et les plus de cinquante Bové, animateur de la Confédéra- dial. L’ouverture des secteurs de Un petit tiers (31,01 %) des militants ans manifestent des inquiétudes. La tion paysanne, se rend dès lundi l’agriculture et des services op- du RPR appelés à choisir, samedi viande de bœuf suscite ainsi un ré- aux Etats-Unis, où il doit partici- pose violemment l’Europe et les 20 novembre, le président de leur par- flexe de méfiance chez 29 % des per, le 30 à Seattle, à la manifesta- Etats-Unis. Dans leur volonté personnes sondées. Une large majo- tion des organisations non-gou- commune d’intégrer la question ti, ont voté pour Michèle Alliot-Marie rité (68 %) de consommateurs sont vernementales (ONG). Plus de des normes sociales (travail des (photo). 35,06 % des 51 043 votants prêts à changer de commerçant si 1 200 ONG de quatre-vingt-sept enfants, droits syndicaux, etc.) et ont suivi la consigne de vote de l’Ely- un autre leur offre de meilleures ga- pays ont signé une déclaration la défense de l’environnement, ils ranties. Ils sont favorables (75 %) à appelant à « un moratoire sur sont confrontés à la résistance sée, inventeur et promoteur de la can- la création d’un label garantissant toutes négociations qui étendent la des pays en développement ,qui y didature de Jean-Paul Delevoye. Tout l’origine et la qualité des produits portée et le pouvoir de l’OMC ». voient les instruments d’un pro- dépendra, au second tour, le 4 dé- vendus. Animée par des associations re- tectionnisme déguisé. présentatives de la société civile, cembre, des électeurs de François Fil- Lire page 10 la mobilisation contre l’OMC est Notre supplément lon (24,48 %) et de Patrick Devedjian et un point de vue page 15 particulièrement active aux Etats- et nos informations page 2 (8,87 %), éliminés. p. 6 et 7 Airbus A-3XX Au Pérou, le triomphe de Fray Pablo Zabala, curé des pauvres CUZCO (Pérou) qu’il dit la messe, on ne s’endort plus à l’of- dont il ne se sépare jamais. « Monseigneur ne super-jumbo de notre envoyée spéciale fice. » m’a reçu que quelques minutes, une seule fois, Expulsé de sa paroisse de San Cristobal Mgr Alcides Mendoza, en revanche, passe treize mois après ma nomination », explique APRÈS plusieurs années (Pérou) par Mgr Alcides Mendoza, arche- pour une sorte de grand Satan : « Il nous em- le curé. Il nous a été impossible d’obtenir la a d’études, le constructeur vêque de Cuzco, le curé des pauvres Fray Pa- pêche d’allumer nos bougies devant les saints version des faits de l’archevêque : il ne reçoit d’avions européen Airbus a décidé blo Zabala, dominicain d’origine espagnole, de notre dévotion. Maintenant, le système est que le mardi matin, de 9 heures à 11 heures.

de lancer son super-jumbo, de 480 n’a pas pu quitter ses ouailles. Il a été litté- électrique. Une pièce pour une minute d’illu- Les déboires du Père Pablo ressuscitent de AFP à 650 places. Le conseil de surveil- ralement enlevé, à l’aéroport d’où il s’apprê- mination. Pendant la procession de Corpus vieux souvenirs. En 1985, lorsque l’arche- SPORTS lance du 8 décembre devrait ac- tait à rentrer à Lima, par deux cents fidèles Christi, il ne veut plus ni danses, ni fanfares, ni vêque est arrivé à l’aéroport de Cuzco, les cepter le lancement commercial, qui l’ont porté à bout de bras sur trois kilo- tapis de fleurs, ni images saintes dans la cathé- membres du comité de réception ont vu des- pendant une période test, de mètres, jusqu’au cœur de la ville. Là, ils l’ont drale. » L’archevêque a en effet annoncé qu’il cendre un homme en grande tenue de géné- Allô, dopage? l’A-3XX, concurrent direct du assis sur le capot d’une voiture blanche, pour voulait purger cette fête « du paganisme et ral. La réception de bienvenue a lieu au Casi- En un an d’activité, le numéro vert (0- Boeing 747. Si le nombre de une tournée triomphale sur la place de la ca- de la ripaille ». Le plus grave reproche est no militaire. Ancien aumônier de l’armée, commandes est suffisant, Airbus thédrale, le couvrant de fleurs et de confettis, qu’il ait cédé en concession, pour cinquante Mgr Mendoza conserve son grade et un 800-15-20-00) d’Ecoute dopage, mis recevra l’accord définitif de son sous les ovations des passants. ans, l’ancien séminaire San Antonio de Abad garde du corps. C’est avec une mentalité de en place par Marie-George Buffet, mi- conseil pour démarrer la produc- Bravant le risque d’excommunication, ils à une entreprise touristique qui l’a converti chef d’armée qu’il a l’ambition de « désarmer nistre de la jeunesse et des sports (pho- tion en 2000. Les premiers exem- chantent les louanges d’El Padre Pablito, en hôtel cinq étoiles, El Monasterio. les noyaux de communistes enkystés dans le ca- to), a répondu à 6 630 personnes plaires de cet avion à double pont missionnaire de cinquante-deux ans venu de Le Frère Pablo a, il est vrai, un comporte- tholicisme régional », c’est-à-dire de mener la seront livrés en 2005. Ils pourront Navarre. « Le Père est un saint homme, tou- ment original. Il administre les sacrements vie dure à l’« Eglise des pauvres », héritière confrontées au problème. Aucun comprendre des couchettes, un sa- jours au service des laissés-pour-compte », as- ou dit la messe gratuitement, alors que les ta- de la théologie de la libération. Son efficacité sport, aucune génération n’échappe lon de coiffure, une salle de sport sure Paulina. Ses voisines renchérissent : «Il rifs en usage sont l’équivalent de 10 à 100 dol- est remarquable. En une dizaine d’années, il au dopage. Beaucoup (30 %) s’inter- et des magasins « duty free ». Vir- restaure lui-même l’église, abandonnée pen- lars, une fortune dans une région où les dés- est parvenu à la déstabiliser en changeant ses rogent sur la créatine ou consomment gin Atlantic souhaite même y ins- dant trente ans aux rats, qui mangeaient les hérités survivent avec moins de 1 dollar par membres d’affectation et en leur coupant les taller des casinos. fleurs et rongeaient les statues, la nuit. Sa tu- jour. Le clergé s’enferme entre quatre murs vivres. du cannabis (21 %). D’autres (16 %) nique blanche n’est pas toujours immaculée, alors que le dominicain répond sans cesse utilisent des corticoïdes, des anaboli- Lire page 18 mais manier le pic et la pioche, ça salit. Depuis aux SOS reçus sur son téléphone portable, Nicole Bonnet sants ou de l’EPO. p. 26 L’Europe POINT DE VUE face à la drogue Pourquoi je reste par Jean Tiberi

ÉSISTANT silencieux, honneur a été « jeté aux chiens ». DR durant des mois, face On abreuve les lecteurs de son- VENTES R à ce que les journaux, dages orientés. On y propose des de guerre lasse, ont questions soigneusement biaisées fini par baptiser eux-mêmes comme, récemment, un modèle 26 records GEORGES ESTIEVENART « curée » ou « lynchage », j’ai ac- du genre où l’on me mettait dans quis une sérénité intérieure qui le même lot que MM. Papon et à New York PLUS DE 40 MILLIONS d’Euro- me permet, enfin, de parler haut Crozemarie. C’est un procédé vi- Vingt-six records de prix ont été battus péens auraient consommé du can- et clair. Jusqu’à présent, j’ai tout cieux et abject, dont le but est nabis au moins une fois dans leur affronté sans un mot. Je sais au- évident : salir. Pourquoi pas Pino- en trois jours à New York lors des tradi- vie et 3 à 5 millions auraient es- jourd’hui, à la lumière des remous chet ou Pol Pot ? J’ai laissé faire. tionnelles ventes d’automne d’art sayé l’héroïne, selon le rapport de judiciaires qui agitent la majorité Ma femme, qui a gardé son hu- contemporain. Ainsi, Pink Panther, cé- l’Observatoire européen des de gauche, que j’ai eu tort de me mour, aime y voir les premiers ramique réalisée par Jeff Koons en drogues et toxicomanies dirigé par taire si longtemps. signes d’une sainteté trop rare en 1988 (photo), a été adjugée Georges Estievenart. Bouc émissaire idéal pour une politique. Plus sérieusement – je droite aux longs couteaux, cible n’ai, faut-il le dire ?, aucun goût 1 817 500 dollars (11,4 millions de Lire page 3 rêvée et facile pour une gauche pour la flagellation ni pour le mar- francs) chez la britannique Christie’s, marchant au combat comme à la tyre –, pourquoi ce silence ? Ce qui rivalise d’ambition avec sa concur- Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, parade, je n’ai bénéficié ni du sou- n’est ni par hauteur ni par mépris rente américaine, Sotheby’s. p. 31 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; tien du petit milieu nanti et in- face à des insultes et à des men- Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; Espagne, 225 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, fluent qui gouverne l’opinion, ni songes qui m’ont profondément International ...... 2 Aujourd’hui ...... 26 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, des renvois d’ascenseur qui sont affecté. Etait-ce par discipline po- 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, France ...... 6 Météorologie...... 28 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; la providence des politiciens en litique, pour me conformer aux Société...... 10 Jeux ...... 28 Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,10 FS ; difficulté. J’ai été seul. On a atta- Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. règles du mouvement auquel j’ap- Régions ...... 13 Ann. immobilier...... 29 qué ma femme. Exhibée dans les partiens ? Sans doute. Horizons ...... 14 Culture ...... 31 médias, elle a été raillée pour son Entreprises ...... 18 Guide culturel...... 33 style et la modestie de ses origines Lire la suite page 15 Communication ...... 21 Kiosque...... 34 familiales. Comme d’autres avant Tableau de bord...... 22 Abonnements...... 34 moi, partis de peu et qui, comme Carnet ...... 25 Radio-Télévision...... 35 moi, plaçaient haut un idéal, mon Jean Tiberi est maire de Paris. LeMonde Job: WMQ2311--0002-0 WAS LMQ2311-2 Op.: XX Rev.: 22-11-99 T.: 10:50 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 09Fap: 100 No: 0410 Lcp: 700 CMYK

2 INTERNATIONAL LE MONDE / MARDI 23 NOVEMBRE 1999

COMMERCE La contestation du Commerce (OMC), le 30 no- de la ville. b 1200 associations issues d’une plus grande libéralisation » et caractère nouveau parce qu’elle se s’annonce particulièrement impor- vembre. Très actifs, syndicats et de 87 pays ont publié une « Déclara- exigeant une réforme de l’OMC. développe en dehors des partis tra- tante à Seattle (Etats-Unis), avant ONG américains annoncent la pré- tion des membres de la société civile Certains y voient l’ébauche d’une ditionnels et, souvent aussi, des syn- l’ouverture de la conférence minis- sence d’un millier d’associations ve- internationale » récusant « toutes nouvelle « Internationale antilibéra- dicats, s’appuie beaucoup sur le ré- térielle de l’Organisation mondiale nues du monde entier dans les rues négociations allant dans le sens liste ». b CETTE MOBILISATION, d’un seau Internet. Les ONG contre l’OMC : naissance d’une « Internationale civile » « Malbouffe », travail des enfants, non respect de l’environnement mobilisent écologistes, paysans, artistes et syndicalistes du monde entier. A une semaine de l’ouverture de la conférence de l’OMC à Seattle, les négociateurs ne se sont toujours pas mis d’accord sur son ordre du jour

A UNE SEMAINE du début du membres de la société civile interna- du débat sur la libéralisation des adapte le débat général aux condi- sommet de l’OMC (Organisation tionale s’opposant aux négociations échanges et un des principaux orga- tions particulières de son pays ; par mondiale du commerce) à Seattle de commerce du cycle du Millénaire » nisateurs de la manifestation de exemple, en France on insistera sur la (Etats-Unis), les négociateurs (lire ci-dessous). Pour la première Seattle. Outre Internet, l’information culture, alors qu’en Inde, les questions n’étaient toujours pas parvenus ce fois, cette société civile mondiale circule par de nombreuses ren- de protection de l’industrie domes- week-end à boucler le texte qui ser- pèse assez lourd pour faire sortir contres aux quatre coins du monde, tique sont très importantes ». Ce vira de base aux discussions (Le une négociation internationale de qui permettent aussi d’arrêter la mode de fonctionnement corres- Monde du 16 novembre). L’exercice son cercle habituel de diplomates et stratégie. Ainsi la réunion à la Car- pond tout à fait à la pensée du mou- est d’autant plus difficile qu’il est de lobbyistes. Mieux, elle opère, se- toucherie de Vincennes, en octo- vement qui veut, comme l’explique dramatisé par la vigueur de la lon un mode décentralisé lui aussi bre 1998, a lancé la lutte internatio- l’IFG, « renverser le processus de glo- contestation. Le mouvement mon- sans précédent : sans calendrier for- nale contre l’OMC. Celle de Genève, balisation en encourageant les idées et dial des associations opposé aux né- mel, sans procédure écrite de dis- en mars 1999, a adopté le texte fon- les activités qui revitalisent les écono- gociations prépare, pour l’ouverture cussion. dateur de la Déclaration des mies locales et les communautés ». du sommet, une grande manifesta- membres de la société civile. Ce sont tion à laquelle participeront, outre MÉTAPHORE POLITIQUE là des dates importantes, mais elles SOUTIEN INESPÉRÉ les contestataires américains, Utilisant intensément Internet, ne sauraient pour autant résumer Enfin, une certaine façon de ne 2 500 délégués de près de l’« Internationale civile » fonctionne l’intense activité du réseau, qui a pas trop se prendre au sérieux est un 1 200 ONG (organisations non gou- comme une métaphore politique du multiplié les meetings régionaux ingrédient essentiel. Ronnie Hall, qui vernementales) du monde entier. réseau des réseaux : le monde est (par exemple à Kampala, en Ougan- coordonne aux Amis de la Terre le « C’est un tournant historique : couvert par des mailles aux nœuds da, en mars 1999, pour informer les recueil des signatures de la Déclara- nous vivons la constitution d’une In- plus ou moins forts, mais dont au- délégations et ONG africaines, ou tion, travaille chez elle – parce que ternationale antilibéraliste. » Une cun n’est réellement dominant. Elle aux Philippines en janvier 1999 pour c’est le moyen le plus simple de s’oc- nouvelle « Internationale » : le mot est ainsi en train d’inventer une nou- analyser l’effet de la mondialisation cuper des enfants, qu’on entend de Jean-Claude Amara, de l’associa- velle façon de vivre la démocratie, sur l’Asie). jouer quand on lui téléphone. tion Droits devant ! ! s’appuie sur le face à l’usure des rouages tradition- « Les réunions de stratégie, ex- Le mouvement de contestation de fait que le mouvement de lutte nels, partis et syndicats, souvent ab- plique la publiciste américaine Su- l’OMC a déjà une histoire. C’est contre l’OMC a pris des formes et sents de ce happening. Aucun des parti politique. Comment fonc- retrouve dans les ONG les plus ac- san George, de l’Observatoire de la en 1985 que le Third World Net- une ampleur sans précédent, ras- principaux personnages de cette ga- tionne l’« Internationale civile » ? tives à travers le monde. Friends of mondialisation à Paris, définissent work, basé en Malaisie, a commencé semblant désormais des associations lerie mondiale – Martin Khor, Agnès Elle n’a pas de coordination unique, the Earth (les Amis de la Terre – des temps communs d’action. Mais à incriminer les institutions finan- de la Terre entière et de tous les ho- Bertrand, José Bové, Lori Wallach, même si certains pôles jouent un www.foe.org) centralise, au dans ces moments, chaque pays ou cières internationales et les accords rizons – écologistes, paysans, sans- Vandana Shiva, Chakravarthi Rag- rôle important : l’International Fo- Royaume-Uni, les signatures de la région fait ce qu’il veut ». « Le succès de libre-échange comme les princi- papiers, cinéastes, syndicalistes, etc. havan, Maude Barlow, pour ne citer rum on Globalization (IFG- Déclaration des membres de la so- du travail global, dit Martin Khor, du pales menaces au développement et Plus de 1 200 ONG, dans 87 pays, que quelques exemples notoires – www.ifg.org), créé en 1994, a réuni ciété civile. Public Citizen (www.citi- Third World Network, à Penang, en à l’environnement. Des campagnes ont signé la « Déclaration des n’ont d’ailleurs milité dans aucun nombre de têtes pensantes que l’on zen.org), aux Etats-Unis, est un pilier Malaisie, vient de ce que chacun ont commencé à se développer, no- tamment contre le GATT en 1993. Les organisations paysannes, coor- Des cinéastes de vingt-trois pays défendent données à travers le monde dans « Pour un moratoire des négociations et une réforme de l’OMC » Via Campesina, s’y sont progressive- « l’exception culturelle » ment joints. Par ailleurs, la critique LA « DÉCLARATION des membres de la société civile procédures de l’OMC sont antidémocratiques, non aux Etats-Unis, au Canada et au Dans la perspective des négociations à l’OMC, les représentants internationale s’opposant aux négociations de transparents (...). Mexique à l’égard du traité de libre- d’associations de cinéastes de 23 pays (dont la France, l’Allemagne, commerce du cycle du Millénaire » a été signée par plus » nous nous opposons à toutes négociations allant échange en Amérique du nord (Ale- la Grande-Bretagne, la Nouvelle-Zélande, le Canada et l’Australie) de 1 200 organisations de 87 pays – essentiellement des dans le sens d’une plus grande libéralisation, spéciale- na) s’est constituée en 1994 en un ont adopté, le 20 novembre à Bastia (Haute-Corse), un texte défen- ONG, mais aussi des syndicats et des partis politiques – ment celles qui visent à introduire de nouveaux sec- mouvement structuré. C’est du Ca- dant « l’exception culturelle », dans le cadre du Forum mondial des opposées au mode actuel de fonc- teurs sous la tutelle de l’OMC, tels que l’investisse- nada qu’a émané ensuite l’alerte sur cinéastes, tenu en marge du 15e Festival du film méditerranéen, or- tionnement de l’OMC. ment, la concurrence et les marchés publics. Nous l’AMI (Accord multilatéral sur l’in- ganisé par la Société des réalisateurs de films (SRF), coprésidée par « Dans les cinq dernières an- nous engageons à mener campagne pour rejeter toute vestissement), dans la contestation Cédric Klapisch, Nicolas Philibert et Jean-Henri Roger. La « déclara- nées, écrivent-ils, l’OMC a contri- proposition dans ce sens. En particulier, nous nous duquel allaient se fédérer – avec suc- tion de Bastia » a été ratifiée par les cinéastes de l’ensemble des bué à la concentration de la ri- opposons aux accords de droits de propriété intellec- cès – mouvements d’Amérique, pays représentés, à l’exception des Américains de la Directors Guild chesse entre les mains d’une tuelle relatifs au commerce. d’Europe et d’Asie. Il ne restait plus of America. Les signataires demandent à leurs gouvernements de minorité de riches, développant la » Nous appelons à un moratoire sur toutes négo- au réseau international qu’à s’atta- refuser tout accord qui « mettrait en danger le principe du droit d’au- pauvreté pour la majorité de la ciations qui étendent la portée et le pouvoir de l’OMC. quer à l’OMC, trouvant dans le rejet teur moral et patrimonial » et « limiterait la capacité des Etats à régle- population mondiale et des mo- (...) Une révision et une évaluation concrète et appro- public des organismes génétique- menter et à soutenir les industries cinématographiques et audiovi- dèles non durables de production et de consomma- fondies des accords existants doivent être menées. (...) ments modifiés, du bœuf aux hor- suelles ». tion. Les accords issus du cycle de l’Uruguay ont été Une telle réforme devrait permettre d’évaluer l’impact mones ou encore du travail des en- principalement orientés vers l’ouverture des marchés de l’OMC sur les communautés marginalisées, le dé- fants le soutien de l’opinion au bénéfice des entreprises transnationales, aux dé- veloppement, la démocratie, l’environnement, la san- publique, inespéré étant donnée la pens des économies nationales, des travailleurs, des té, les droits humains, les règles du travail et les droits technicité du dossier OMC. agriculteurs et des autres, ainsi que de l’environne- des femmes et des enfants. Elle doit être conduite ment. De plus, le fonctionnement, les règles et les avec la pleine participation de la société civile. » Hervé Kempf Syndicats et ONG américains préparent une importante mobilisation

WASHINGTON force de décoder le double langage syndicale AFL-CIO, John Sweeney, Américains ».Voilà qui explique de notre correspondant destiné à semer le trouble : par que la Maison Blanche avait pourquoi plusieurs fédérations Lorsque s’ouvrira la conférence exemple, comment l’administra- convaincu de soutenir ses efforts à syndicales de l’AFL-CIO, comme ministérielle de l’OMC, le spec- tion américaine tient des propos Seattle en échange de la création les Teamsters (camionneurs), iront tacle sera dans la rue, pas dans la contradictoires à Hollywood et à d’une commission de travail sur à Seattle, où ils organiseront le 30 salle de réunion. Un millier d’orga- Paris sur l’exception culturelle. Ou les droits syndicaux, a qualifié un grand défilé. Les Teamsters nisations non-gouvernementales à faire la différence entre « l’initia- cette promesse de moraliser vont transporter des milliers de (ONG) – écologistes, sociales, syn- tive de charme » de Bill Clinton et l’économie mondiale de « dégoû- manifestants en autocar. « Nous dicales, professionnelles ou reli- la réalité. « Il nous raconte de belles tante et hypocrite ». sommes réalistes, nous ne voulons gieuses, dont des dizaines de fran- histoires sur la protection des tra- Selon Don Stillman, du syndicat pas la fin de l’OMC. Nous voulons çaises – se sont en effet invitées à vailleurs, l’environnement ou la de l’automobile UAW, « l’adminis- un commerce juste plutôt que libre. Seattle pour rappeler leur exis- mondialisation à visage humain, tration ne se préoccupe pas sérieu- Le GATT et l’Association de libre- tence aux politiques et aux multi- mais son administration n’a pas sement des droits sociaux. Alors que échange nord-américaine ont dé- nationales. truit six cent mille emplois aux États- Depuis un an, l’ONG américaine Unis en six ans. On nous promet de Public Citizen s’est chargée de L’Eglise méthodiste priera pour les négociateurs belles paroles à Seattle, mais au- coordonner cette mobilisation et cune action concrète », dit leur de battre le rappel des adversaires, La Première Eglise méthodiste unie de Seattle organisera des ser- porte-parole, Rob Black. Il ne des sceptiques et des critiques de vices multiconfessionnels et des veillées de prière quotidiennes de- s’agit pas là de groupuscules extré- la mondialisation à la sauce OMC. vant la salle où se tiendra la conférence de l’OMC. On y priera, ex- mistes : les organisateurs sont Lori Wallach est à la pointe de ce plique J. D. Hanson, dirigeant de l’Église méthodiste, « pour les « raisonnables », rationnels, réa- combat. Avocate spécialisée dans ministres et pour un bon résultat ». Pourquoi cette implication reli- listes et non-violents, mais ils en- le commerce international, elle gieuse ? « Il s’agit d’une affaire touchant la religion et la morale, dit tendent capter l’attention de l’opi- vient de publier un ouvrage dont M. Hanson. L’économie est peut-être l’œuvre des hommes, mais l’hu- nion internationale par des gestes le titre reprend les initiales de manité a été créée par Dieu. Nous voyons une économie globale qui ne spectaculaires. l’OMC en anglais – WTO – en les reflète pas les Écritures mais les déséquilibres socio-économiques. La Sur place, tout s’organise. Paral- détournant de leur sens : WTO, une politique de l’OMC risque d’avoir de graves conséquences pour les lèlement, les sites Internet se mul- organisation du commerce pour pauvres, les femmes, les travailleurs. (...) Nous sommes aussi inquiets de tiplient, expliquant comment s’y qui ? Elle y détaille les abus dont voir que l’OMC permet même de breveter des embryons humains ! » – prendre pour se rendre à Seattle, elle accuse l’institution, ainsi que (Corresp.) pour y être logé : « Accepteriez- ses faiblesses inhérentes dans des vous de coucher sur la moquette domaines comme le travail des en- chez des gens ? », demande-t-on fants, les droits syndicaux ou la modifié sa position pro-business l’on fête le dixième anniversaire de aux militants. On publie les mots défense de l’environnement. d’un iota (...). L’empereur Clinton la chute du Mur de Berlin, mar- d’ordre et le vaste programme des « L’OMC doit être refondue de fond est tout nu : la population améri- quant la fin d’une ère antidémocra- réjouissances, bien plus télégé- en comble, limiter ses ambitions aux caine ne le suit plus et il faut qu’on tique, ici on défend une des institu- niques que les délégués en droits de douane et aux quotas et le sache. » tions les plus antidémocratiques, qui complet sombre, qui croiseront abandonner celle de réguler le Le récent accord sino-américain a le pouvoir de s’ingérer dans les des cohortes colorées de protesta- monde. Si nous avons besoin de pour l’entrée de la Chine à l’OMC plus petits gestes de notre vie privée. taires. Les volontaires affluent, et règles pour policer le commerce in- a servi de détonateur. En traitant L’OMC n’a pas été élue, elle n’est plusieurs Eglises sont de la partie. ternational, elles ne doivent pas être avec un pays qui foule aux pieds la pas transparente, elle se réunit en Cette mobilisation sera-t-elle suf- discriminatoires », explique-t-elle liberté du travail et l’environne- secret, ses juges viennent d’un mi- fisante, face aux ambitieuses pro- au Monde. ment, « il a détruit les résultats de lieu très étroit et elle a le droit de positions du Round du Millé- Non contente d’écrire la bonne mois d’efforts de relations pu- décider de la qualité de ce que nium ? parole, elle s’employée à la ré- bliques », estime Lori Wallach. mangent les Français ou de l’envi- pandre. Ainsi, Public Citizen s’ef- Le président de la confédération ronnement dans lequel vivent les Patrice de Beer LeMonde Job: WMQ2311--0003-0 WAS LMQ2311-3 Op.: XX Rev.: 22-11-99 T.: 10:29 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 09Fap: 100 No: 0411 Lcp: 700 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / MARDI 23 NOVEMBRE 1999 / 3

Toxicomanie : les pays de l’Union européenne Grozny est « cernée à 80 % » s’éloignent d’une politique purement répressive par les forces russes L’Observatoire européen des drogues se félicite des convergences parmi les Quinze La capitale tchétchène est soumise à d’incessants L’OEDT (Observatoire européen des drogues et après sa création, l’agence communautaire se rité est donnée à la prévention et au traitement bombardements. De violents combats ont également toxicomanies) a rendu public son rapport an- félicite de la convergence de vues de plus en des consommateurs de drogue, en réservant les nuel, lundi 22 novembre, à Berlin. Cinq ans plus grande qui règne parmi les Quinze. La prio- sanctions pour les trafiquants. lieu au sud-ouest, à Ourous-Martan BERLIN sieurs pays membres. Pour fonder les Américains affirment que la co- manes reste plus importante. MOSCOU Samedi, Anatoli Tchoubaïs, an- de notre envoyé spécial les politiques décidées dans l’UE caïne va nous submerger. Mais Dans cette population d’usa- de notre correspondant cien vice-premier ministre « libé- « On va vers une harmonisation sur des informations fiables et notre connaissance a progressé : le gers plus ou moins occasionnels, L’armée russe s’est employée, sa- ral », conseiller toujours influent au sein de l’Union européenne », se comparables, l’OEDT a amélioré rapport annuel montre que l’hé- les « consommateurs probléma- medi 20 et dimanche 21 novembre, de Boris Eltsine, s’est rendu à Gou- réjouit Georges Estievenart, le di- ses thermomètres de la toxicoma- roïne reste notre principal pro- tiques » – principalement des hé- à consolider ses positions et à dermès, pour rétablir l’alimenta- recteur français de l’Observatoire mie. Le rapport 1999 fournit un blème, alors que les nouvelles roïnomanes par voie intravei- avancer vers Grozny, la capitale de tion en gaz de la ville et promettre européen des drogues et toxi- état des lieux basé sur l’expertise drogues synthétiques constituent un neuse, repérés lors de leur accès la Tchétchénie. Selon l’état-major, le retour de l’électricité. M. Tchou- comanies (OEDT), qui a rendu pu- des observatoires et des réseaux phénomène assez particulier à au système de soins – continuent ses troupes se trouvent à trois kilo- baïs, président du monopole blic son rapport annuel lundi nationaux (Reitox). Ses banques l’Europe. Nous pouvons désormais de poser les problèmes cruciaux. mètres de la ville qui « est cernée à d’électricité SEU et fervent partisan 22 novembre à Berlin. Cinq ans de données européennes dé- sortir de ce faux débat transatlan- L’OEDT estime qu’ils sont entre 80 % ». L’objectif est de mettre en de cette guerre, a également rallu- après sa création, l’Agence cryptent les évolutions des modes tique, discuter utilement avec les 1 et 1,5 million de personnes. place un blocus de la capitale et de mé la flamme au soldat inconnu, communautaire des drogues de consommation, ainsi que l’effi- Américains, voire nous mettre en L’Italie, le Luxembourg et le prendre le contrôle de toutes les éteinte depuis la dernière guerre. constate que « l’Europe s’éloigne cacité des divers traitements sani- état de coopération. » Royaume-Uni sont proportion- voies de communication par les- progressivement d’une réponse pu- taires et sociaux. Fin 1998, l’UE a Les toxicomanes n’en repré- nellement les plus touchés, tandis quelles seraient acheminés vivres « AUCUNE PAUSE » rement répressive ». chargé son agence de mettre en sentent pas moins une part signi- que l’Allemagne, l’Autriche, la et armement. Plus de deux cents Une administration provisoire Les signes de convergence sont Finlande et la Suède sont les pays raids aériens ont été effectués ce est en cours d’installation. Nikolaï en effet nombreux et le tout-ré- les plus préservés. Un total de week-end et, selon des journalistes Kochman, représentant spécial du pressif n’a plus le vent en poupe Recul de l’ecstasy, progression des drogues de synthèse 6 000 à 7 000 décès par surdoses russes, les bombardements sur Kremlin pour la Tchétchénie, a an- sur le Vieux Continent. « L’équi- est recensé chaque année. Grozny sont presque incessants. noncé que les retraites allaient être libre entre la réduction de la de- Les drogues synthétiques liées aux soirées rave ou techno, comme Plus globalement, relève De violents combats ont égale- versées, les écoles et les hôpitaux mande et de l’offre de stupéfiants l’ecstasy et les amphétamines, sont produites principalement dans l’OEDT, les consommateurs ment lieu à Ourous-Martan, une réouverts. « La vie recommence, les est devenu une préoccupation poli- des laboratoires des Pays-Bas, de Pologne, d’Espagne et du d’opiacés par voie intraveineuse ville située à 30 kilomètres au gens sont contents, on peut enfin se tique majeure » pour les Quinze, Royaume-Uni, note l’Observatoire européen des drogues et toxi- « présentent un risque 20 à 30 fois sud-ouest de Grozny, considérée reposer », a expliqué, sur la télévi- note le rapport. « Les nouvelles comanies (OEDT). Plusieurs pays ont cependant signalé « une stabi- supérieur de décès pour des raisons comme la place-forte des waha- sion publique ORT, une respon- stratégies se concentrent sur des as- lisation ou une chute » des substances vendues sous la dénomination diverses (surdose, sida, accident ou bistes et qui serait défendue, sable de cette administration. pects tels que la prévention et le d’ecstasy. suicide, etc.) que les non-consom- selon l’état-major russe, par A quelques journalistes occiden- traitement pour les consommateurs Dans le même temps, les drogues de synthèse se sont développées mateurs du même âge ». Les taux 3 500 combattants tchétchènes. La taux autorisés par l’armée russe à de drogues (même s’il s’agit de dé- hors de la culture techno, pour se répandre dans des boîtes de nuit d’infection de VIH (virus de l’im- tactique suivie est toujours la se rendre à Goudermès, des habi- linquants condamnés) et les sanc- classiques où elles sont davantage associées aux alcools, ce qui en munodéficience humaine) varient même : villes et villages sont pilon- tants ont fait état de violences et tions pour les trafiquants (même accroît les risques sanitaires. Mais la mortalité causée par ces pro- toutefois grandement d’un pays à nés par l’artillerie et l’aviation du- de pillages des soldats russes. Se- s’ils sont eux-mêmes toxi- duits reste beaucoup moins importante que par l’héroïne. l’autre, passant de 1 % au rant des jours, jusqu’à ce que les lon plusieurs témoignages, des comanes). » Royaume-Uni à 32 % en Espagne. combattants tchétchènes se re- combattants tchétchènes revien- Quelque 300 000 héroïnomanes De nouvelles générations de tirent et que la population négocie draient la nuit mener une guerre dans l’Union européenne (UE) re- place des « indicateurs-clés har- ficative des 375 millions d’habi- toxicomanes viennent renforcer avec les Russes l’entrée de leurs d’embuscade dans ces territoires çoivent désormais des traitements monisés », dont le calcul des décès tants de l’UE. « Plus de 40 millions les rangs des « consommateurs troupes. dits « libérés ». de substitution, principalement liés à la drogue – vieux sujet de de personnes auraient consommé problématiques », avec « de nou- La ville de Samachki et plusieurs Samedi, le premier ministre Vla- par la méthadone, qui font l’objet polémique statistique entre la du cannabis, estime le rapport. De veaux groupes de fumeurs d’hé- villages au sud-ouest de Grozny dimir Poutine a rejeté un nouvel d’« un consensus général ». Dans France et les Pays-Bas. 3 à 5 millions de personnes au- roïne – notamment parmi les ont ainsi été pris ce week-end. Le appel en faveur des négociations la plupart des pays, « la simple Ce faisant, l’UE se dote peu à raient pu essayer de l’héroïne au jeunes de milieux aisés –, des usa- siège de Grozny, défendue selon par les autorités de Grozny. « Nous consommation de drogues ne peu des moyens d’une politique moins une fois. » Dans cet en- gers lourds d’ecstasy, d’amphéta- les Russes par 6 000 combattants, n’allons faire aucune pause et conti- semble pas faire l’objet de pour- régionale autonome. « Il y a dix semble, les singularités nationales mines et d’autres drogues à des fins pourrait durer des semaines, l’en- nuerons à agir comme nous l’avons suites pénales » mais de traite- ans, les Etats-Unis nous avaient as- demeurent. Les usagers d’amphé- récréatives (...), ainsi que de per- gagement des troupes fédérales fait jusqu’à maintenant, a affirmé ments thérapeutiques ou de sanc- suré qu’une vague de crack allait tamines arrivent ainsi en troi- sonnes plus âgées connaissant éga- dans des combats de rue étant ex- M. Poutine. Comment pourrait-on tions administratives. Enfin, la déferler sur l’Europe, en nous pres- sième place (derrière le cannabis lement des problèmes d’abus d’al- clu. Moscou prévoit de faire de engager des négociations politiques distinction entre drogues illicites sant de prendre des mesures ré- et l’héroïne, partout en tête) dans cool et/ou de médicaments », Goudermès, deuxième ville du avec les terroristes internatio- (cannabis ou cocaïne) et subs- pressives. Nous n’avions pas d’ar- la plupart des pays communau- s’inquiète enfin le rapport. pays prise il y a dix jours, la nou- naux ? » tances récréatives licites (alcool et gument sérieux à leur opposer. Le taires, sauf en Espagne et en velle capitale de la république « li- tabac) « devient floue » dans plu- crack n’est pas arrivé. Cette année, France, où la part des cocaïno- Erich Inciyan bérée ». François Bonnet « L’Etat fonctionne mal en Belgique », estime le premier ministre Guy Verhofstadt, en visite à Paris

BRUXELLES essayons de mettre en œuvre avec gences répétées l’image d’un pays qui de notre correspondant notre concept d’Etat social actif. » ne fonctionne pas bien. » Guy Verhofstadt, premier mi- Sous ce vocable, il faut entendre Guy Verhofstadt ne se cache pas nistre belge depuis juillet, devait l’un de ces compromis « à la que ses concitoyens sont souvent effectuer, lundi 22 novembre, sa belge » qui permet à chacune des rétifs à toute forme d’autorité, mais première visite officielle à Paris et composante de la coalition de faire il ne désespère pas : « Les derniers rencontrer successivement Jacques valoir ses priorités. Guy Verhof- événements nous ont fait prendre Chirac et Lionel Jospin. Le nouveau stadt, le libéral, insiste sur les conscience que nous avions besoin chef du gouvernement belge a déjà baisses de charges salariales ren- d’un Etat et d’une autorité modernes. eu, certes, la possibilité de ren- dues possibles par la bonne En cette fin de siècle nous vivons contrer son homologue français conjoncture (3 % escomptés pour dans une société où l’autorité ne doit dans le cadre de réunions multilaté- l’an 2000). Sa collègue socialiste mi- pas être omniprésente, mais s’affir- rales, au niveau européen notam- nistre de l’emploi se vante, elle, de mer là où c’est nécessaire : justice, sé- ment, mais n’avait pas eu encore la mise en place d’un plan volonta- curité, protection sociale. » Et la Bel- l’occasion de rencontrer les auto- riste d’emploi des jeunes, dit «plan gique et son interminable querelle rités françaises en tête à tête. Rosetta » (référence au film primé communautaire entre Flamands et A l’Elysée comme à Matignon, on à Cannes en 1999), et Isabelle Du- francophones ? On peut mettre au pourra constater qu’à l’alternance rant, ministre écologiste des trans- crédit du nouveau gouvernement politique, en Belgique, s’est ajoutée ports, peut arguer devant des et de son chef une visible accalmie l’alternance... morphologique. Au- troupes plutôt sceptiques sur le sur ce front, alors que les derniers tant le prédécesseur de Guy Ver- bien-fondé de la participation verte mois de l’ancienne équipe avait été hofstadt, Jean-Luc Dehaene, était au gouvernement, de la rallonge marqués par de violentes attaques rond et massif, ce qui lui valut en obtenue pour la modernisation des verbales de part et d’autre de la son pays le surnom de « taureau de transports en commun... frontière linguistique. Dans ce do- Vilvorde », autant le nouveau pre- maine, Guy Verhofstadt, qui ne re- mier ministre est mince, élancé, et APRÈS LES CATASTROPHES nonce pas cependant à des convic- présente, à quarante-six ans, une Guy Verhofstadt est bien tions identitaires flamandes très allure d’éternel adolescent avec ses conscient que la défaite de la coali- ancrées, se veut un pacificateur lunettes rondes et sa mèche rebelle. tion sortante et son arrivée au pou- pragmatique : « Dans un passé Mais l’allure de « grand dadais voir sont étroitement liées au scan- récent, c’était la stratégie de la naïf » de Guy Verhofstadt ne doit dale de la dioxine, un révélateur confrontation. Chacun campait sur pas faire illusion. Cet avocat né supplémentaire des dysfonctionne- ses positions. Le nouveau gouverne- dans la province de Gand est entré ments de l’Etat et des administra- ment dit, lui : nous sommes prêts à très tôt dans le sérail : président des tions du royaume. Il reconnaît parler de tout. Nous avons créé à cet étudiants libéraux à dix-neuf ans, qu’en Belgique « l’Etat fonctionne effet une conférence intergouverne- député à vingt-cinq ans, président mal, en dépit d’une pléthore de fonc- mentale, un forum où pour la pre- du parti à vingt-neuf ans, ministre à tionnaires. C’est pourquoi le mière fois toutes les entités fédérées trente-deux ans, il fait figure d’en- deuxième grand défi de notre gou- sont représentées. Chaque fois fant prodige de la classe politique vernement est la modernisation de la qu’une solution aboutira à un flamande. Il sut, en 1995, tirer les fonction publique. Nous avons consensus au sein de la conférence, conséquences de l’échec électoral commencé certaines choses dans ce elle sera soumise et votée au Parle- de son parti en démissionnant de sa domaine, en particulier relatives à la ment. » présidence et en « recentrant » un dépolitisation des nominations à des A Paris, enfin, les dirigeants fran- discours libéral doctrinaire qui postes importants. » çais pourront constater que sur les l’avait fait surnommer « Baby That- Il veut renverser l’habitude qui grands dossiers multilatéraux – ré- cher » par ses détracteurs. consiste, selon lui, à ne changer les forme des institutions de l’Union, Aujourd’hui, il se réclame plutôt choses qu’après les catastrophes : défense européenne, négociations de l’exemple de Tony Blair et ne « Nous avons ainsi tiré les leçons du dans dans le cadre de l’Organisa- voit aucune contradiction à diriger drame de la dioxine en créant une tion mondiale du commerce, les une coalition comprenant les libé- Agence fédérale de contrôle de la positions belges sont extrêmement raux, les socialistes et les écolo- chaîne alimentaire. Nous avons éga- proches sur le fond, de celles défen- gistes flamands et francophones. lement mis en œuvre une réforme de dues à Paris. Il restera aux Français « Dix ans après la chute du mur de la police. Nous voulons faire cesser, à persuader leurs amis d’outre- Berlin, les clivages ne sont plus les dans la fonction publique, les habi- Quiévrain de faire état au bon mo- mêmes, explique-t-il, nous pouvons tudes faisant que les appartenances ment et avec la force nécessaire de nous entendre pour faire fonctionner politiques comptaient plus que la ces convictions dans les enceintes une économie de marché que per- compétence. Les mentalités internationales, ce qui n’est pas sonne ne conteste dans son fonde- commencent à changer. On a pris toujours le cas. ment en préservant le caractère so- conscience qu’il était important cial de l’Etat. C’est ce que nous d’éviter de donner par des négli- Luc Rosenzweig LeMonde Job: WMQ2311--0004-0 WAS LMQ2311-4 Op.: XX Rev.: 22-11-99 T.: 11:05 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 09Fap: 100 No: 0412 Lcp: 700 CMYK

4 / LE MONDE / MARDI 23 NOVEMBRE 1999 INTERNATIONAL Les rebelles tchadiens revendiquent Les « réformateurs » de Florence favorables une victoire sur l’armée à Aozou LIBREVILLE. La localité d’Aozou, dans l’extrême nord du Tchad, « est à une régulation de la globalisation économique passée samedi sous le contrôle exclusif » des rebelles du Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad (MDJT), a annoncé un communiqué reçu, dimanche 21 novembre, par l’AFP à Libreville. «Le bilan provisoire du côté ennemi est de 80 morts, 47 prisonniers, 42 ralliés », MM. Clinton, Jospin, Blair, Schröder et D’Alema ont amorcé la recherche d’un consensus indique le communiqué. La prise d’Aozou est intervenue « en réaction à la lâche attaque surprise des positions du MDJT le 2 novembre » près Les dirigeants des principaux gouvernements de tenu, samedi 20 et dimanche 21 novembre, à l’économie et à la révolution de l’information. d’Omou, dans le Tibesti, par l’armée qui « se cachait derrière des média- gauche européens, Tony Blair, Massimo D’Ale- Florence leur premier sommet sur les réformes à Un nouveau rendez-vous a été convenu en Alle- teurs civils », affirme le mouvement dirigé par l’ancien ministre tchadien ma, Lionel Jospin et le chancelier Schröder ont enviager pour faire face à la globalisation de magne pour permettre le suivi des discussions. de la défense puis de l’intérieur, Youssouf Togoïmi. N’Djamena n’a pas confirmé la perte d’Aozou. Le MDJT avait indiqué auparavant avoir tué FLORENCE un système d’institutions internatio- pas laisser les économies des pays ments occidentaux ont fait part de plus de 200 soldats tchadiens lors des combats d’Omou. Ce mouvement de nos envoyés spéciaux nales renforcé, le premier ministre émergents ou pauvres affronter leur expérience, de leurs succès, de mène une lutte armée dans la région du Tibesti depuis octobre 1998, et La présence du président Fernan- s’est déclaré convaincu que la dis- seules les effets déstabilisants de la leurs doutes dans la conduite des af- a annoncé qu’il comptait « entrer victorieusement à N’Djamena d’ici la do Cardoso, son évocation sans fard cussion était loin d’avoir été inutile. mondialisation a en effet trouvé une faires de leur pays. Massimo D’Ale- fin de l’année ». – (AFP.) des dures réalités que la mondialisa- Face au Brésilien Cardoso, qui a oreille attentive chez les sociaux-dé- ma, a rendu un hommage vibrant à tion de l’économie impose aux pays très crûment dépeint les risques mocrates européens. la vision politique de Lionel Jospin. DÉPÊCHES émergents, ou en voie de développe- énormes que font courir les flux et « Il faut une plus grande transpa- « La France est un exemple qui nous a GOLFE DE GUINÉE : sept pays africains réunis à Libreville (Ga- ment, a marqué le sommet sur le reflux de capitaux sur les tentatives rence, plus de contrôle des circuits fi- donne du courage. Elle prouve que le bon) ont créé, vendredi 19 novembre, la Commission du Golfe de Gui- « progressisme au XXIe siècle », pour de réformes des pays en développe- nanciers internationaux, y compris dynamisme est compatible avec un née (CGG), première tentative concertée des Etats de cette zone mari- reprendre le thème de cette ren- ment, il a bien fallu que chacun se privés », a déclaré le chancelier succès de la justice sociale », a fait re- time riche en ressources halieutiques et pétrolières pour résoudre contre qui s’est tenue, samedi 20 et découvre. Le sommet de Florence Schröder, qui a profité de l’occasion marquer le médiateur de cette ren- pacifiquement leurs conflits. La CGG réunit le Gabon, le Nigeria, Sao dimanche 21 novembre, à Florence. n’a pas été un sommet entre les an- pour se faire l’avocat de la pleine as- contre qui a appelé de ses vœux un Tomé et Principe, le Congo-Brazzaville, la Guinée Equatoriale, le Came- Le chef de l’Etat brésilien est venu ciens et les modernes, mais entre sociation de la Chine dans le jeu « réformisme courageux, radical dans roun et l’Angola. – (AFP.) jouer les trouble-fête dans le débat trois pôles qui ont chacun leur spéci- mondial, défendant sa participation ses objectifs, mais souple et pragma- a JORDANIE : quatre dirigeants du mouvement de la résistance is- américano-européen entre Bill Clin- ficité. « C’est une rencontre entre la aux réunions du G8. « Réguler la tique dans ses recettes, lesquelles lamique palestinien Hamas ont été expulsés, dimanche 21 novembre, ton et quatre dirigeants sociaux-dé- puissance, l’expérience et l’émer- de Jordanie vers le Qatar. L’expulsion a été jugée anticonstitutionnelle mocrates du Vieux Continent sur les gence », a résumé Lionel Jospin. par l’avocat du mouvement à Amman. Parallèlement, la Jordanie a libé- orientations du progressisme : Tony L’expérience de la vieille Europe, qui Les compliments de Bill Clinton à Lionel Jospin ré 20 membres du Hamas emprisonnés depuis août. – (AFP.) Blair et Lionel Jospin, premiers mi- a su s’unir en respectant sa « diversi- a ISRAËL : les Eglises chrétiennes ont fermé, lundi 22 novembre, et nistres britannique et français, leur té » ; la puissance des Etats-Unis, qui Dimanche, M. Jospin ne boudait pas son plaisir. Il a pris place à la pour deux jours, les lieux saints en Israël, à Jérusalem-Est et dans les homologue italien Massimo D’Ale- doivent savoir en « faire un usage dé- gauche du président américain. Le premier ministre a plaidé pour la territoires palestiniens, pour protester contre la construction d’une ma, hôte de cette conférence, et le licat » ; l’émergence d’un pays, le « régulation » au niveau international et a dénoncé les risques d’un mosquée à Nazareth (Israël), près de la basilique de l’Annonciation. Le chancelier allemand Gerhard Schrö- Brésil, « qui a connu la difficile re- « capitalisme chimiquement pur », en soulignant que les « quatre cin- conseil suprême islamique, lié à l’Autorité palestinienne, a dénoncé pu- der. conquête de la démocratie ». quièmes de la planète » sont à l’écart de la « nouvelle économie ». bliquement l’autorisation donnée par Israël à la construction de la mos- Deux thèmes de réflexion – la Il a surtout goûté les compliments de M. Clinton, qui l’a félicité quée et demandé aux musulmans de Nazareth de la reporter. – (AFP.) nouvelle économie et la démocratie « ÉCHAPPER A L’UNIFORMITÉ » pour la « croissance importante » de l’économie française et s’est in- a PAKISTAN : huit personnes ont été tuées et 17 autres blessées par au XXIe siècle – avaient été proposés Le premier ministre a insisté, «au terrogé sur les différences entre les aides à l’emploi en France et en l’explosion d’une bombe, samedi 20 novembre, dans un marché très aux six dirigeants face à un public moment du passage du siècle », sur Allemagne. Le président américain, qui a eu un aparté remarqué fréquenté de Lahore, au centre du Pakistan. L’attentat a été revendiqué d’intellectuels et de politiques réunis « la responsabilité commune » qui in- avec le premier ministre français, a repris la formule de M. Jospin par un groupe inconnu affirmant soutenir l’ancien premier ministre, dans la Salle des cinq cents du Palaz- combe aux dirigeants progressistes. – « oui à l’économie de marché, non à la société de marché » –, en Nawaz Sharif, déposé par un coup d’Etat militaire le 12 octobre. Lahore zo Vecchio sous les auspices de l’Ins- « Le révolutionnarisme est derrière constatant, entre eux, « une façon très similaire de voir le monde ». est le chef-lieu du Pendjab, région d’origine de M. Sharif. – (AFP.) titut universitaire européen, de Flo- nous, a-t-il dit. Il n’y a pas de modèle M. Jospin n’avait plus ensuite qu’à inviter les Etats-Unis à faire «un a TIMOR-ORIENTAL : la France réduira à la mi-décembre son dis- rence, et de l’université de New alternatif. Il faut avoir confiance pour exercice délicat » de leur puissance, tout en plaidant pour « la diversi- positif militaire au sein de l’Interfet, considérant, selon le ministère de York. Un dialogue inédit sur la glo- pouvoir convaincre. Cela se fait à tra- té culturelle » et l’abolition de la peine de mort. la défense, que « la situation s’est stabilisée » au Timor-Oriental. De balisation entre l’ancien et le nou- vers l’échange. S’ouvrir aux autres, 600 hommes, autour d’une antenne chirurgicale, le dispositif français veau monde dans ce cadre renais- c’est échapper à l’enfermement, à ne devra plus compter que 140 hommes autour d’un dispensaire, le sance prestigieux, qui tombait à pic l’uniformité. » mondialisation par le biais d’instru- doivent varier selon les expériences temps pour les ONG présentes de relayer son assistance médico-chirur- une semaine avant le lancement, à « Fernando Cardoso a posé les pro- ments supranationaux sera la nouvelle nationales ». « La démocratie, a fait gicale. Seattle, d’un nouveau round de né- blèmes en terme globaux », s’est féli- frontière de la politique », a lancé de remarquer Bill Clinton, doit toujours a CROATIE : le président croate, Franjo Tudjman, hospitalisé, n’a gociations sur les règles du cité le nouveau président de l’Inter- son côté Massimo D’Alema. Même être perfectionnée. C’est beaucoup pas signé à temps le décret fixant les élections législatives au 22 dé- commerce international. nationale socialiste, le premier Tony Blair et Bill Clinton ont re- plus que les règles de la majorité. Elle cembre, a indiqué, dimanche 21 novembre, la radio, confirmant de fac- « J’ai ressenti en dépit des diffé- ministre portugais Antonio Gu- connu que la leçon des crises finan- doit reconnaître les droits de toutes les to le report du scrutin. Son parti, la Communauté démocratique croate rences de situation politique de cha- terres, qui a assisté aux débats cières asiatique et russe de 1998 de- minorités ». (HDZ) a entamé des conversations avec l’opposition, pour débloquer le cun sur un certain nombre d’ap- comme observateur. « La réponse a vait être retenue. « Il nous faut un La « troisième voie » s’est faite dis- processus politique. Les élections doivent avoir lieu au plus tard le proches des proximités auxquelles je été un peu timide, mais on voit se des- cadre, un ensemble de règles, mais ac- crète à Florence. L’expression chère 27 janvier. – (AFP.) ne m’attendais pas », a estimé Lionel siner, sinon un accord, au moins des compagnés de principes. Il faut trou- à Tony Blair n’a été citée que quel- a VATICAN : le pape a reçu les évêques allemands, samedi 20 no- Jospin à l’issue de la rencontre. Sur convergences entre les sociaux démo- ver de nouvelles voies pour aider le que fois. Les discussions se sont sur- vembre, lors de leur visite quinquennale à Rome. Tout en se disant un point au moins, la nécessité d’en- crates européens et peut-être avec les monde au développement », a déclaré tout orientées vers les nécessités de « convaincu » de la nécessité d’une présence catholique dans les centres cadrer la mondialisation des rap- démocrates américains. » Le plai- le premier ministre britannique. construire certains garde-fous face à de conseil sur l’avortement, il a fait savoir qu’il attendait d’eux « un té- ports économiques et financiers par doyer du président brésilien pour ne Tour à tour les chefs de gouverne- la globalisation. Comme l’a dit Lio- moignage unanime et sans équivoque » en faveur de « la défense de la nel Jospin, « Il faut pousser la logique vie ». Il a d’autre part réitéré son refus de l’ordination de femmes de la globalisation jusqu’au bout. Il prêtres. – (AFP.) COMMENTAIRE ropéenne à l’administration démo- timent, exprimé chez certains du faut trouver des réponses globales a IRLANDE : le premier ministre, Bertie Ahern, a annoncé, samedi crate américaine, excédé par les bout des lèvres, que la globalisa- pour tout ». Et de citer l’écrivain co- 20 novembre, que son gouvernement se réunirait le 2 décembre, date LA LEÇON DE BON SENS pressions constantes de Washing- tion appelle des gouvernements lombien Gabriel Garcia Marquez – du transfert des pouvoirs de Londres à l’Irlande du Nord, pour modifier ton pour faire céder les Européens des réponses concertées, qu’elle qui a dit « n’attendez rien du deux articles controversés de la Constitution irlandaise. En vertu de DE M. CARDOSO sur l’exception culturelle, sur leur n’annule pas le pouvoir politique. XXIe siècle, c’est le XXIe qui attend tout l’accord de paix d’avril 1998, s’était engagé à supprimer deux ar- conception de la sécurité alimen- En attirant l’attention sur les de nous » – avant d’ajouter : « J’es- ticles fondateurs de la Constitution, stipulant que la République d’Ir- Ce devait être un sommet de la taire, Lionel Jospin paraissait redou- graves dysfonctionnements qu’une père qu’il attend quelque chose de lande est constituée de « toute l’île d’Irlande » et prévoyant la réunifica- « troisième voie », une discussion ter de mettre le doigt dans un en- globalisation non contrôlée peut vous. » tion du Sud et du Nord. Ils devraient être remplacés par la mention que docte sur gouvernance et gouver- grenage qui fasse la part trop belle engendrer dans les processus de ré- Massimo D’Alema, hôte d’une l’éventuel rattachement de l’Irlande du Nord à la république du Sud ne nement, sur le sens du progres- aux tenants d’une gauche libérale, forme des pays les moins riches, sur rencontre qu’il a qualifiée de « belle pourra se faire que par consentement de ses habitants. – (AFP, Reuters.) sisme dans un monde révolutionné incarnée par Tony Blair, dont les ob- le risque de voir le fossé se creuser expérience », a salué la présence à ce a COLOMBIE : l’un des principaux trafiquants d’héroïne de Colom- par les nouvelles technologies de jectifs le rendaient méfiant. Il s’est encore davantage entre ceux dis- dialogue de Bill Clinton et a insisté bie, Jaime Orlando Lara Nausa, a été extradé dimanche 21 novembre l’information. Mais ce fut d’abord finalement déclaré rassuré par posant des technologies et les sur le fait qu’il ne s’agit pas de vers les Etats-Unis. C’est la première extradition d’un trafiquant colom- une interrogation sur la capacité du « des proximités plus proches que autres, le président brésilien a utile- « trouver un nouveau modèle, de re- bien depuis huit ans. – (AFP.) monde de l’après-guerre froide, li- je n’aurais pu attendre ». ment rappelé à ses interlocuteurs noncer à nos identités mais d’établir a FORT BENNING (Etats-Unis) : près de dix mille personnes ont béré des totalitarismes, à recréer un Les débats n’ont pas effacé les di- d’Amérique du Nord et d’Europe une comparaison permanente des manifesté, dimanche 21 novembre, à Fort Benning (Géorgie), devant ordre international plus juste où les vergences sur la place respective de de faire preuve de « bon sens » idées et des expériences ». C’est en ce- l’Ecole des Amériques, pour protester contre les violations des droits de pays émergents et en voie de déve- l’Etat et l’individu dans la construc- dans leurs débats parfois un peu la sans doute que ce rendez-vous l’homme commises par les militaires latino-américains ayant été formés loppement ne soient pas écrasés tion du modèle démocratique soli- abstraits sur un Etat-providence qui des réformateurs a été ressenti par dans cette académie militaire dépendant du Pentagone. Soixante-cinq par les débordements anarchiques daire que la nouvelle gauche aspire reste pour les plus pauvres de la tous comme une première approche manifestants ont été interpellés. – (Reuters.) de la globalisation. à opposer aux forces conservatrices planète un mirage très lointain. positive. Echaudé par les enjeux des luttes de droite qu’elle accuse de « laisser commerciales opposant l’Union eu- faire ». Mais ils ont confirmé le sen- M. B.-R. et H. de B. Michel Bôle-Richard INTERNATIONAL SCHOOL OF MANAGEMENT et Henri de Bresson ISM FULLY ACCREDITED * Stock-options et affaire des GAL, deux scandales à Madrid Pour cadres et dirigeants de 30 à 45 ans, diplômés de l’enseignement supérieur, le seul MBA accrédité USA Europe compatible avec votre vie professionnelle : International Executive Premières escarmouches signalant l’entrée en campagne pour les législatives du printemps 2000 MADRID vait avec une valeur boursière de « bouquet » adverse, celui du a valu, en 1998, une condamnation ieMBA Master of Business Administration de notre correspondante 10,2 milliards d’euros (67 milliards groupe d’El Pais, favorable aux so- à dix ans de prison à son ancien mi- a 520 h de formation intensive en management international : Les élections législatives n’au- de francs), soit à la neuvième place cialistes. Quoi qu’il en soit, l’affaire nistre de l’intérieur, José Barrio- b 10-18 séminaires mensuels à PARIS ront lieu qu’au printemps, mais des entreprises espagnoles, devant des stock-options a éclaté en pleine nuevo. Les socialistes pensaient b l’Espagne est déjà entrée en cam- des « poids lourds » comme Taba- effervescence pré-électorale, et si que le plus dur était passé. Après 1-2 mois à NEW YORK et thèse pagne électorale. De la pire façon calera (équivalent de Seita) ou l’archevêque de Barcelone, Ricard tout, Felipe Gonzalez avait été b diplôme ieMBA accrédité * qui soit, car c’est à propos de deux Banco Popular. Bref, du jamais vu Maria Carles, se permettait de dire « blanchi » par le Tribunal su- d scandales, dont l’un touche l’oppo- avec des gains colossaux et... un à la presse « qu’il s’agissait là d’un prême, en novembre 1996. C’était sition socialiste et l’autre écla- tollé général. scandale moral qui interpelle jus- sans compter avec Baltasar Gar- Master of Business Administration bousse, au moins symboliquement, qu’au ciel », les socialistes ne pou- zon, le « tombeur » d’Augusto Pi- le Parti populaire (PP) du premier « BOUQUET DIGITAL » vaient pas faire moins que d’atta- nochet. MBA in International Management ministre, José Maria Aznar. L’ennui, pour M. Aznar, c’est que quer « l’enrichissement éhonté des A la surprise générale, le juge a a Diplômés de l’enseignement supérieur, 27 à 35 ans, avec expérience professionnelle Une première polémique a écla- l’image de Telefonica, ce géant aus- amis du gouvernement ». On en annoncé, vendredi 19 novembre, té, il y a quelques jours, à propos si prospère qu’agressif, reste atta- était là, et certains spéculaient qu’il avait de nouveaux indices per- a 10 mois dont 6 mois à NEW YORK : MBA accrédité * des gains spectaculaires, rapportés chée à celle du gouvernement. Le même sur l’opportunité ou non mettant d’inculper Felipe Gonza- d par un lot de stock-options, à président, Juan Villalonga, est un d’une démission de M. Villalonga, lez, et a demandé au Tribunal su- l’équipe dirigeante de Telefonica ami très proche de M. Aznar, qui pour ne pas gêner la campagne de prême de se prononcer. Ce qu’il (équivalent espagnol de France Té- l’avait nommé à la tête de Telefoni- M. Aznar. Lorsque l’autre affaire a devrait faire en ce début de se- lécom). Le problème n’est pas nou- ca, du temps où la compagnie ap- éclaté. maine. Sur quoi se base le juge, DBA Doctorate of Business Administration veau, ni l’Espagne la seule à se po- partenait à l’Etat, et M. Villalonga Il s’agit, en quelque sorte, d’une peu suivi par ses pairs ? Sur des pa- a Pour cadres ou dirigeants, 35 à 45 ans, titulaires d’un MBA ou équivalent ser des questions sur cette est resté à son poste à travers toute résurgence de l’affaire des GAL, ces piers du Cesid (services secrets mi- a pratique. la privatisation. Ce qui faisait dire à Groupes antiterroristes de libéra- litaires) « déclassifiés » il y a trois Sur une période de deux ans, compatibles avec votre vie professionnelle : Seulement, au moment où la po- beaucoup que le gouvernement es- tion, responsables entre 1983 et ans, et dont la presse a tout publié. lémique prenait corps, Telefonica pagnol avait ainsi toujours un pied 1987 de vingt-huit assassinats, dans Pourquoi avoir attendu tant de Séminaires intensifs spécialisés et thèse réussissait un coup en Bourse dans ce secteur-clé. les milieux basques radicaux du temps ? Les socialistes, furieux, ne DBA accrédité * comme il y en a rarement, avec la On a pu d’ailleurs s’en rendre sud de la France. Or, l’affaire des veulent voir d’autre explication mise sur le marché, en fin de se- compte, il y a deux ans, lors de la GAL, dont un des procès s’ouvre le qu’une manœuvre issue du gou- International School of Management maine dernière, de sa filiale spécia- grande bataille de la télévision digi- 13 décembre, c’est le chemin de vernement, pour faire oublier... les 148, rue de Grenelle, 75007 Paris lisée sur Internet, Terra Networks, tale, où Telefonica était au centre croix des socialistes : en 1996, l’ex- stock-options et mettre leur parti Tél. : 01-45-51-09-09 – Fax : 01-45-51-09-08 dans un vent de spéculation : le de la création d’un « bouquet digi- président du gouvernement, Felipe dans l’embarras avant les élections. Programmes exclusivement gérés par International School of Management USA ISM prix des actions triplait en huit tal », proche du gouvernement et Gonzalez, a perdu, en partie, les Internet : http://ism-mba.edu e.mail : [email protected] heures et la compagnie se retrou- destiné à contrecarrer l’avance du élections à cause de ce scandale qui Marie-Claude Decamps LeMonde Job: WMQ2311--0005-0 WAS LMQ2311-5 Op.: XX Rev.: 22-11-99 T.: 10:37 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 09Fap: 100 No: 0413 Lcp: 700 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / MARDI 23 NOVEMBRE 1999 / 5 La réouverture de la frontière avec l’Iran limite l’impact des sanctions contre l’Afghanistan Mais les restrictions pakistanaises continuent de frapper durement les Afghans Les talibans ont annoncé, le dimanche 21 no- Les relations entre les maîtres de Kaboul et nien de Mazar-i-Sharif. Cette réouverture per- vembre, la réouverture de la frontière afgha- Téhéran s’étaient dégradées après le meurtre, met de réduire l’effet des sanctions de l’ONU no-iranienne, fermée depuis dix-huit mois. l’été 1998, de dix diplomates du consulat ira- et des restrictions pakistanaises.

KABOUL semaine dernière dans les princi- de notre envoyée spéciale Ouverture avec l'Iran, refroidissement avec le Pakistan pales villes afghanes, étaient Ironiquement, c’est d’Iran qu’est Mer OUZBÉK. TADJ. toutes organisées par les talibans. venue enfin, dimanche 21 no- Caspienne TURKMÉNISTAN Ils avaient réquisitionné pour l’oc- vembre, une bonne nouvelle pour casion, les enfants des écoles, les les Afghans. Une semaine après Mazar-i- étudiants et les fonctionnaires. l’imposition des sanctions onu- TÉHÉRAN Sharif Une chose est sûre toutefois, les siennes, la réouverture de la fron- Machhad Jalalabad talibans bénéficient d’un large tière irano-afghane a été accueillie soutien populaire dans leur refus avec espoir par les Kaboulis : ils Hérat KABOUL de livrer l’islamiste saoudien, prin- ont vu simultanément les prix cipale raison avancée pour les baisser et l’afghani se redresser AFGHANISTAN Peshawar sanctions. par rapport au dollar et à la roupie IRAN « Certes nous préférerions le voir

pakistanaise, désormais les deux Kandahar s’en aller. S’il veut le faire, nous ne monnaies de référence. Chacun se le retiendrons pas, mais nous ne le prend à espérer que la réouverture PAKISTAN donnerons jamais », affirme Abdul de la frontière iranienne n’est que 150 km Wakil, un employé d’une organisa- le premier pas sur la voie de la tion non gouvernementale. « Se- normalisation avec Téhéran. ZONE CONTRÔLÉE PAR LES TALIBANS lon la tradition afghane, vous ne « C’est un pas positif. Nous avons de pouvez pas rendre un hôte malheu- l’espoir pour le futur », nous a affir- reux. Nous désirons trouver une mé, dimanche 21 novembre, le population afghane, la réouver- bureaucratie pakistanaise aussi se bonne solution qui ne la contre- nouveau ministre afghan des af- ture de la frontière iranienne signi- montre plus prudente dans ses au- dise », ajoute-t-il, faisant écho à

faires étrangères, le mollah Wakil fie l’arrivée de farine, de blé, de torisations. Le résultat est que le un sentiment très largement par- Ahmad Mutawakil. Prudemment, fuel, autant de produits de pre- prix de la farine – dont le Pakistan tagé. De plus, la majorité des Afg- le ministre ajoute toutefois que mière nécessité qui avaient ren- fournit un tiers des besoins afg- hans rencontrés sont convaincus cette réouverture « est une affaire chéri ces dernières semaines, à la hans – a doublé, et le prix du pain que M. ben Laden n’est qu’un pré- commerciale, séparée de la poli- suite des contrôles plus stricts aussi. texte pour les Etats-Unis. « Si nous tique ». Selon M. Mutawakil, elle opérés par le nouveau régime pa- « Une large section de la popula- donnons M. ben Laden, les Etats- est le résultat d’une rencontre à kistanais à sa frontière. tion de Kaboul était déjà à la limite Unis créeront un autre problème, la Machhad (Iran), la semaine der- pour couvrir ses besoins alimen- drogue, le droit des femmes... », nière, d’une délégation d’hommes LE PRIX DU PAIN A DOUBLÉ taires », affirme M. Goossens. Sans souligne Mohammad Ibrahim, di- d’affaires afghans, conduite par le Car beaucoup plus que les sanc- aide, un tiers des 1,2 million de Ka- recteur de l’école secondaire de directeur du département du tions très limitées de l’ONU, qui ne boulis ne peuvent couvrir leur be- Kaja, près de Jalalabad. « Le véri- commerce, avec leurs homologues portent que sur l’arrêt des vols in- soin caloriques minimum et le table problème est l’Islam, parce iraniens, suivie d’une rencontre, ternationaux de la compagnie aé- PAM distribue, chaque jour, que les Etats-Unis ne veulent pas samedi, entre le gouverneur d’Hé- rienne Ariana et le gel des comptes cinq pains de 400 grammes à voir un gouvernement islamique en rat (principale ville chiite d’Afgha- des talibans à l’étranger, ce sont 53 000 familles, dont la situation Afghanistan », dit-il. nistan) et le consul iranien. les mesures prises au Pakistan qui va empirer. Une délégation Dans leur majorité, les Afghans Quatorze mois après que l’Iran ont eu le plus d’effet sur les Afg- commerciale talibane a signé cette blâment les Etats-Unis et les Na- eut massé ses troupes à la fron- hans. « L’augmentation des prix du semaine un accord avec le gouver- tions unies, « marionnette dans les tière afghane en réponse au blé payés aux paysans pakistanais nement pakistanais pour la fourni- mains de Washington », pour ces meurtre de dix de ses diplomates à pour stimuler la production, la res- ture de blé et de farine, mais celui- sanctions qui, selon M. Aurang- Mazar-i-Charif, cet assouplisse- triction des permis d’exportation et ci ne permettra pas de réduire zeb, marchand de blé à Jalalabad ment de la position iranienne ne leur coût plus élevé ont eu un effet drastiquement les prix. « ne vont affecter que les produits peut être que bien accueilli par les immédiat sur les prix en Afghanis- Dans ce contexte, l’imposition de luxe dont nous n’avons pas be- talibans, qui, affirme M. Mutawa- tan », affirme M. Peter Goossens, des sanctions n’a été vécu par soin alors que nous luttons pour kil « n’ont pas de problèmes avec directeur du Programme alimen- l’homme de la rue que comme un manger ». Alors que l’hiver est là, l’Iran ». Selon le ministre, les Ira- taire mondial (PAM) à Kaboul. En épisode de plus dans une longue la seule préoccupation des Afg- niens, qui ont reçu des talibans le plus de cela, si aucune restriction saga de mauvaises nouvelles, qui hans est de survivre dans un envi- résultat de deux enquêtes faites formelle n’a été imposée par les se sont accumulées depuis les ronnement de plus en plus diffi- sur l’assassinat de leurs diplo- militaires pakistanais à la fron- frappes américaines, d’août 1998, cile. Et aucun espoir mates, n’insisteraient plus sur le tière, ceux-ci ont remplacé la po- contre les camps de l’islamiste d’amélioration politique ne pointe sujet. M. Mutawakil espère que lice et se montrent beaucoup plus saoudien Oussama ben Laden. Les à l’horizon. « graduellement, tout deviendra stricts sur ce qui passe en Afgha- manifestations de protestations normal ». En attendant, pour la nistan. Par crainte de sanctions, la contre les sanctions, qui ont lieu la Françoise Chipaux En Côte d’Ivoire, un conflit foncier provoque une « chasse » aux Burkinabés TABOU (Côte d’Ivoire) vembre, lorsque de jeunes Krou- Palm - Côte d’Ivoire ne cessent Taï au nord et les plantations in- de notre envoyée spéciale mens du village de Bézéréké, à leurs va-et-vient, chargés dustrielles à l’est, la région est su- « Il faut chasser tous les étran- vingt kilomètres de Tabou, ont d’hommes, de femmes et d’en- rexploitée et les terres manquent. gers. Ici, quand il y a mort voulu récupérer quelques hec- fants entassés. Tout au long du « Les Ivoiriens ont toujours fait tra- d’homme, le coupable est banni tares pour s’y installer, dans le chemin, les « guerriers » krou- vailler les étrangers. Aujourd’hui, cadre d’un projet « plantations mens, des jeunes initiés à la hâte, les jeunes autochtones déscolarisés REPORTAGE clés en main » qui leur permet, en ont formé des barrages. Le visage veulent s’installer. On ne compte Le nouveau code lisière des plantations indus- noirci au charbon, « en se proté- plus les litiges fonciers », explique trielles de cocotiers, de palmiers geant mystiquement », le front Charles Tahi, un technicien agri- stipule que seuls et d’hévéas, de développer leurs ceint de feuilles de palme tres- cole. les Ivoiriens peuvent cultures. Le terrain choisi était sées, munis de machettes, de En décembre dernier, la Côte accéder à la propriété occupé depuis des années par des gourdins, parfois de vieilles cara- d’Ivoire a adopté un nouveau Lobis, une ethnie qui vit dans la bines artisanales, ils « protègent code foncier rural, qui stipule, zone frontalière entre le Burkina les villages », contrôlent les allées entre autres, que seuls les Ivoi- pendant au moins quatre ans, et sa et la Côte d’Ivoire. Machette à la et venues « pour être sûrs que tous riens peuvent accéder à la pro- case détruite. J’ai fait des études main, les Kroumens de Bézéréké les Burkinabés s’en vont ». A Dé- priété. Les étrangers, qui oc- de droit, je connais la loi, mais je sont allés discuter avec les Lobis. hié, un pagne, une botte, une ga- cupent souvent les terres avec ne peux me soustraire au milieu Bilan : un mort dans chaque melle ont été abandonnés sur la une seule autorisation coutu- dans lequel je vis. » Ses études de camp. piste. Le chef de village kroumen mière, ne pourront les léguer à droit, le député de Tabou (sud- s’est opposé au départ des étran- leurs descendants qu’à des condi- est de la Côte d’Ivoire), Pierre VA-ET-VIENT DE CAMIONS gers. Ses « sujets » l’ont ligoté et tions draconiennes. « C’est une Koffi N’guessan, les a faites en En quelques jours, dans tous ont brûlé les cases des Burkina- façon de virer en douceur tous les France, « avec M. Le Pen », dont il les villages environnants, le mes- bés. étrangers du pays », estime un of- « admire le comportement ». Pour sage est passé : « Les Lobis ont tué Faiblement peuplée, la région ficiel burkinabé sous couvert lui, les Kroumens, l’ethnie locale un des nôtres, il faut les chasser. » Krou abritait une population d’anonymat. Le Burkina, qui se qui a entrepris depuis quinze « Difficile, dans la forêt, de savoir étrangère devenue majoritaire. A dit préoccupé par le retour de jours l’expulsion systématique de qui est lobi et qui ne l’est pas. Ouéguiré, huit cents Burkinabés milliers de ses ressortissants, a tous les Burkinabés travaillant Alors, on a demandé à tous les cohabitaient avec deux cent cin- négocié des prix réduits auprès sur les plantations, ne font qu’ap- Burkinabés de partir ; c’est par quante Kroumens. Les derniers des transporteurs pour aider à pliquer la coutume. « Je dois faire précaution », argumente le dépu- ont été poussés dans des ca- leur rapatriement. A contrecœur, respecter la tradition », martèle le té N’guessan. Depuis, le tam-tam mions, sous la menace des ma- car l’affaire de Tabou crée un député. Dans la petite salle de la parleur résonne. De village en vil- chettes. Manœuvres agricoles, précédent, et le Burkina, pays mairie de Tabou, qui surplombe lage, la consigne est appliquée. les étrangers avaient obtenu des parmi les plus pauvres du monde, l’océan, les Kroumens et leurs Sur la longue piste de latérite autochtones de petits lopins de aurait bien du mal à supporter un chefs traditionnels approuvent qui mène de Tabou à Grabo, les terre. Coincée entre la frontière retour massif de ses ressortis- l’intervention du député, venu à camions bennes de la société du Liberia à l’ouest, la forêt de sants, qui sont trois millions en une réunion organisée par le mi- Côte d’Ivoire. Quinze jours après nistre de l’intérieur pour tenter le drame de Tabou, le flux des dé- de mettre fin à l’exode. Le maire Repli nationaliste placés diminue, grâce notam- de Tabou, Denis Barou Balou, ment à l’intervention du ministre plaide lui aussi pour le départ des Sur quinze millions d’habitants, la Côte d’Ivoire compte environ de l’intérieur, qui a ordonné aux étrangers. « Nous sommes débor- 35 % d’étrangers, dont trois millions de Burkinabé. Un taux désor- Kroumens d’« arrêter immédiate- dés, nous n’avons plus les moyens mais considéré comme trop élevé par les Ivoiriens. A l’indépen- ment la chasse à l’homme ». Mé- de les accueillir. » Son homologue dance, le président, Félix Houphouët-Boigny, avait poursuivi la poli- nageant les susceptibilités lo- de Grabo vit également une «si- tique de transfert de main-d’œuvre, du Burkinabé vers la Côte cales, il a réussi à calmer le tuation cauchemardesque », avec d’Ivoire, entamée par le pouvoir colonial. Mais la crise économique député N’guessan, qui a fini par deux cent cinquante déplacés. A des années 80, la pression foncière, la montée de la criminalité, ont prôner l’apaisement, au moins à Tabou, plus de 5 000 étrangers, conduit, entre autres, à l’adoption d’une politique de préférence na- la télévision nationale. Toutefois, essentiellement burkinabés, se tionale en matière d’emploi, à l’instauration d’une carte de séjour, pour l’évêque de San Pedro, Bar- sont regroupés dans la cour de la et à l’adoption d’un nouveau code foncier rural qui interdit désor- thélemy Djabla, « c’est un pro- mission catholique et dans deux mais l’accès à la propriété aux non-Ivoiriens. Les étrangers s’in- blème national ». « Ce qui s’est « centres d’accueil », dont l’un quiètent de ce « repli nationaliste », relayé par le concept d’« ivoiri- passé à Tabou n’est qu’un indice servait jusqu’alors de parc à té », développé depuis cinq ans par le président Henri Konan Bédié, de ce qui couve un peu partout. » bœufs. qui accuse l’opposant Alassane Ouattara, candidat à la présiden- L’affaire a débuté le 4 no- tielle d’octobre 2000, d’être... burkinabé. – (Corresp.) Fabienne Pompey LeMonde Job: WMQ2311--0006-0 WAS LMQ2311-6 Op.: XX Rev.: 22-11-99 T.: 11:02 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 09Fap: 100 No: 0414 Lcp: 700 CMYK

6 FRANCE LE MONDE / MARDI 23 NOVEMBRE 1999

DROITE Les 51 043 militants du parti, ont choisi, dans l’ordre, Jean- du candidat de l’Elysée, M. Dele- Philippe Séguin, et M. Devedjian, tour, qui aura lieu le 4 décembre. RPR, sur plus de 80 000 officielle- Paul Delevoye (35,06 % des voix), voye, et le bon score de la députée balladurien, ont mené des cam- b AU RPF, qui tenait son congrès ment recensés, qui ont participé, sa- Michèle Alliot-Marie (31,01 %), Fran- des Pyrénées-Atlantiques ont créé la pagnes qui devraient inciter leurs fondateur à Paris, dimanche 21 no- medi 20 novembre, au premier tour çois Fillon (24,48 %) et Patrick De- surprise. b ÉLIMINÉS au premier électeurs à se reporter majoritaire- vembre, une ligne politique nette- de l’élection du président de leur vedjian (8,87 %). Le score médiocre tour, M. Fillon, longtemps proche de ment sur Mme Alliot-Marie au second ment ancrée à droite a prévalu. Michèle Alliot-Marie déjoue les calculs de l’Elysée pour le RPR Jean-Paul Delevoye, candidat suscité et promu par le président de la République, n’a devancé que de peu, avec 35,06 % des voix, la députée des Pyrénées-Atlantiques (31,01 %) au premier tour de scrutin pour l’élection du président du parti

MICHÈLE ALLIOT-MARIE et petite équipe de campagne – ani- l’appareil chiraquien. Et c’est une dans sa campagne, elle a compris rénées-Atlantiques ! » Elle a ré- tique. Mme Alliot-Marie a, bien sûr, Jean-Paul Delevoye seront en mée, il est vrai, par un vieux de ses forces. qu’« on ne remplace pas Chirac » ponse à tout. Le machisme de ses obtenu son meilleur résultat dans concurrence, samedi 4 décembre, connaisseur du mouvement gaul- Mme Alliot-Marie connaît et qu’il fallait inventer un nouveau « compagnons » ? « A Saint-Jean- sa fédération des Pyrénées-Atlan- lors du second tour de l’élection liste, Jean-François Probst, qui fut M. Chirac depuis une trentaine profil de poste. M. Chirac, c’était le de-Luz aussi, on me disait qu’une tiques, mais elle arrive aussi en pour la présidence du RPR. La dé- le directeur du cabinet du premier d’années. Le président, qui était père, explique-t-elle en substance. femme ne pourrait jamais être tête dans les Yvelines, le Val- putée des Pyrénées-Atlantiques secrétaire général du RPR, Jérôme encore tout jeune ministre, avait Les militants sont en manque d’af- maire », se souvient cette fille de d’Oise et dans plusieurs départe- est parvenue à devancer nette- Monod, et le secrétaire du groupe voulu l’embaucher dans son cabi- fection. Qui mieux que « MAM » rugbyman, qui a elle-même prati- ments du sud : les Hautes-Alpes, ment François Fillon, qui rivalisait RPR du Sénat –, Mme Alliot-Marie net. Fille de député, elle n’aimait peut leur en donner ? « Le rôle du qué ce sport. Elle mesure son effet, l’Aude, le Gard, la Gironde, l’Hé- avec elle pour affronter M. Dele- a déjà été secrétaire générale ad- pas, alors, la politique. Depuis, elle futur président sera de protéger les puis enchaîne dans un sourire, un rault, les Landes, le Lot-et-Ga- voye dans le deuxième épisode de jointe du rassemblement. Depuis a d’autant mieux appris qu’elle sait militants », dit-elle. rien provocateur : « Ce qui peut ronne, le Var. cette élection. C’est la plus mau- sa première élection à l’Assemblée garder un regard distancié. Quand être amusant, si je suis élue, c’est vaise chose qui pouvait arriver au nationale, en 1986, elle a pris l’ha- elle parle, par exemple, des rap- UN STYLE QUI A SÉDUIT que moi, je vais dire les choses. » FAIBLES RÉSERVES DE VOIX candidat « officiel ». bitude de rendre visite environ ports – compliqués s’il en est – La députée a pris le soin de ne Ce style a plu, pas seulement M. Delevoye, quant à lui, profite En dépit de la suppression du une fois par mois à une fédération entre M. Chirac, Alain Juppé et pas se faire d’ennemis. Ses concur- aux militantes du RPR. Si le pré- du report sur son nom de M. Mu- vote par correspondance et de la du RPR. C’est dire qu’elle connaît Philippe Séguin, c’est pour s’en rents, en cas de victoire, seraient sident de la République espère ré- selier : avec 1 478 voix, il écrase ses compression du scrutin sur une le mouvement. Avec Roselyne Ba- moquer, vivement : « C’est inima- intégrés à son équipe de direction. nover le mouvement, une femme concurrents dans les Bouches-du- seule journée, le taux de participa- chelot, Françoise de Panafieu et ginable, des cas psychologiques François Bayrou, le président de déterminée vaut peut-être mieux Rhône, devenue cette année la tion (63,46 %) a été plus important quelques autres, elle fait partie des pour étudiants de première an- l’UDF ? « Mais je le vois toutes les qu’un notable dont le discours deuxième fédération par ordre que ne le prévoyaient générale- rares femmes qui ont émergé de née!», s’étonne-t-elle. Très tôt semaines au conseil général des Py- souffre d’être assez peu synthé- d’importance. Il arrive aussi en ment les organisateurs de l’élec- tête dans la première, celle de Pa- tion. Grâce à l’« effet dynamisant » ris, où le maire, Jean Tiberi, avait du vote, le nombre des adhérents pris position en sa faveur. Il y est du RPR est passé, en un peu moins La fronde des militants contre les « conseillers » toutefois talonné par M. Fillon, ce de trois mois, de 55 000 à la fin du qui peut être un bon indicateur mois d’août à plus de 80 000 le « MAM »... ILS ONT DIT « MAM », comme nus à la rescousse. Par surcroît, M. Delevoye a être suivi systématiquement », avait-elle dit au dans la perspective d’une candida- 20 novembre ; 51 043 militants ont Michèle Alliot-Marie, ce qui ne veut pas dire raconté l’épisode en détail, au moment où il an- lendemain du pèlerinage des parlementaires ture de M. Séguin aux prochaines fait l’effort de se déplacer, confir- tout à fait « président ». Reste que, comme on nonçait officiellement sa candidature, au grand gaullistes à Colombey-les-Deux-Eglises. élections municipales. Le libéral mant en cela l’assiduité dont il ont pouvait s’y attendre, la députée des Pyrénées- dam de quelques-uns de ses proches. Mais, obstinément, des proches du président Patrick Devedjian, de son côté, souvent fait preuve lors des réu- Atlantiques s’est ouvert la voie du second tour Par la faute de conseillers trop zélés, il ressort ont fabriqué, « sponsorisé » la candidature de s’impose dans sa fédération des nions organisées par les candidats donc de l’élection du 20 novembre une manière M. Delevoye. Ils étaient à ce point mal assurés Hauts-de-Seine, qui était aussi, il y pendant la campagne. ANALYSE de désavœu pour M. Chirac. La bévue est si évi- de leur candidat qu’à la veille du scrutin, ils ont a peu, celle de Charles Pasqua. dente que le président du groupe RPR de l’As- Le dépouillement montre que Philippe Séguin a réussi fait donner Alain Juppé. C’est tout simplement Cependant, le sénateur du Pas- 17 897 d’entre eux, soit 35,06 % des semblée nationale, Jean-Louis Debré, a pris le ne pas savoir ce qu’est devenu le Rassemble- de-Calais dispose, pour le second suffrages exprimés, ont choisi le son meilleur coup soin de tenter de la corriger, dimanche 21 no- ment pour la République au fil des ans. tour, de peu de réserves. Il a mobi- président de l’Association des en introduisant dans les statuts vembre, en publiant un communiqué dans le- A Paris, pendant la campagne, des militants lisé l’essentiel des réseaux chira- quel il « note avec satisfaction que tant Jean-Paul maires de France ; 15 830 (31,01 %) un piège à retardement ont osé conspuer leur maire, qui est aussi leur quiens. Cela transparaît en Cor- se sont prononcés pour la députée Delevoye que Michèle Alliot-Marie ont très claire- secrétaire départemental. Ils ont dit leur ras-le- rèze et dans plusieurs ment affirmé leur appui à l’action du président de des Pyrénées-Atlantiques. Les bol des « affaires », qu’ils traînent comme un départements ou territoires la République ». M. Debré, qui connaît son deux candidats éliminés pour le de l’élection du président du RPR. Elle talonne boulet. Partout, les adhérents se sont plaints d’outre-mer. L’ancien premier mi- mouvement comme sa poche, avait d’ailleurs second tour, François Fillon et Pa- de deux mille voix seulement Jean-Paul Dele- des « entourages ». Ils ont réclamé des places nistre Alain Juppé, qui s’était en- indiqué dès la fin du mois de septembre qu’il trick Devedjian, ont recueilli res- voye, « le candidat officiel », si mal propulsé par pour les jeunes, pour les femmes, ils veulent gagé à ne pas faire connaître sa n’y avait pas de candidat soutenu par l’Elysée. quelques membres de l’entourage du président qu’on les écoute, ils veulent la démocratie. Lors préférence, s’est finalement décla- pectivement 12 497 (24,48 %) et Que n’a-t-il été entendu ! 4 528 voix (8,87 %). Ils sont en me- de la République. Elle peut espérer bénéficier de son bref passage à la tête du RPR, Philippe ré en sa faveur, à la veille du pre- Mme Alliot-Marie est, certes, chiraquienne. En sure de faire la décision. du report des voix qui se sont portées sur les présentant sa candidature, elle avait discrète- Séguin a réussi son meilleur coup en introdui- mier tour de scrutin. Il n’a pas été L’un et l’autre, pendant la cam- deux candidats éliminés au premier tour. ment indiqué que l’Elysée – sans autre précision sant dans les statuts un piège à retardement : suivi par ses militants. Sans doute, pagne, ont vitupéré le candidat de L’histoire est connue. C’était à la fin du mois – n’y était pas opposé. Pendant la campagne et, l’élection du président du mouvement au suf- à l’Elysée, ressentait-on la nécessi- l’Elysée. Quoi qu’ils disent dans les de juin. Maurice Ulrich, sénateur de Paris et, notamment, après le désistement anticipé de frage universel des militants est devenu un fait té d’un ultime coup de pouce en prochains jours – simple retrait ou par ailleurs, conseiller de Jacques Chirac, avait Renaud Muselier, député des Bouches-du- irréversible. Faute d’avoir pu le remettre en faveur du président de l’AMF. Au désistement en bonne et due sollicité son collègue du Pas-de-Calais pour Rhône, en faveur de M. Delevoye, elle avait fer- question, certains ont voulu des consignes risque de donner le sentiment forme –, leur électorat doit logi- qu’il accepte de briguer une présidence délais- mement remis « les conseillers » à leur juste d’« en haut ». Cela ne marche plus, même dans d’avoir échoué, une fois encore, à quement se reporter dans de sée, coup sur coup, par Philippe Séguin et puis place. « Les conseillers, n’ayant pas par eux- un parti fortement hiérarchisé. la manœuvre. larges proportions sur la candidate par Nicolas Sarkozy. Aussitôt après, très peu mêmes une légitimité puisqu’ils n’ont pas été élus, non officielle. Dotée d’une toute discrètement, nombre de sénateurs étaient ve- peuvent donner un avis, mais cet avis n’a pas à J.-L. S. Jean-Louis Saux LES RÉSULTATS DU PREMIER TOUR

Adhérents Adhérents Adhérents Adhérents M. ALLIOT-MARIE J.-P.DELEVOYE P. DEVEDJIAN F. FILLON M. ALLIOT-MARIE J.-P.DELEVOYE P. DEVEDJIAN F. FILLON 1998 1999 1998 1999

Ain ...... 356 382 59 105 27 56 Meurthe-et-Moselle ...... 722 450 47 137 18 125 Aisne ...... 862 724 147 217 57 85 Meuse ...... 81 58 6 13 1 13 Allier ...... 434 331 121 58 14 63 Morbihan ...... 480 430 80 155 14 57 Alpes-de-Hte-Provence ...... 179 153 34 84 3 16 Moselle ...... 1 209 1 125 164 142 25 209 Hautes-Alpes ...... 241 222 118 25 2 5 Nièvre ...... 422 317 91 21 22 76 Alpes-Maritimes ...... 3 069 1 930 221 612 56 386 Nord ...... 2 714 2 131 130 880 85 269 Ardèche ...... 216 136 15 26 3 38 Oise ...... 810 644 157 206 14 98 Ardennes ...... 447 379 125 34 9 47 Orne ...... 343 383 37 67 14 130 Ariège ...... 193 120 15 42 1 40 Pas-de-Calais ...... 965 421 48 563 12 59 Aube ...... 597 550 61 167 7 86 Puy-de-Dôme ...... 547 447 107 66 36 56 Aude ...... 446 462 191 74 21 83 Pyrénées-Atlantiques ...... 2 052 1 826 946 99 27 91 Aveyron ...... 473 416 49 148 37 34 Hautes-Pyrénées ...... 293 183 80 21 7 35 Bouches-du-Rhône ...... 3 028 4 169 437 1 478 93 370 Pyrénées-Orientales ...... 917 671 132 125 109 161 Calvados ...... 525 472 68 142 31 79 Bas-Rhin ...... 826 696 142 153 21 84 Cantal ...... 383 327 34 117 3 20 Haut-Rhin ...... 1 058 983 199 289 26 121 Charente ...... 461 402 150 37 39 25 Rhône ...... 1 407 1 144 165 189 41 313 Charente-Maritime ...... 829 824 161 255 21 77 Haute-Saône ...... 336 262 61 70 36 21 Cher ...... 470 422 152 122 7 42 Saône-et-Loire ...... 1 014 878 71 372 11 138 Corrèze ...... 1 171 1 390 206 471 24 66 Sarthe ...... 571 611 18 9 0 484 Corse ...... 812 496 66 189 20 134 Savoie ...... 713 566 51 183 9 99 Côte-d’Or ...... 700 744 129 161 18 161 Haute-Savoie ...... 561 548 83 146 17 57 Côtes-d’Armor ...... 341 309 74 91 20 40 Paris ...... 7 214 6 318 792 1 344 482 1 017 Creuse ...... 466 329 95 51 12 67 Seine-Maritime ...... 1 067 851 241 152 48 186 Dordogne ...... 1 326 1 167 323 294 46 187 Seine-et-Marne ...... 1 852 1 888 208 250 407 306 Doubs ...... 805 748 233 183 24 57 Yvelines ...... 3 269 3 011 678 462 185 462 Drôme ...... 505 878 53 91 6 59 Deux-Sèvres ...... 246 182 32 21 8 39 Eure ...... 879 709 118 238 38 126 Somme ...... 460 458 92 189 12 27 Eure-et-Loir ...... 417 364 52 116 19 93 Tarn ...... 697 523 156 63 25 163 Finistère ...... 934 876 113 300 75 108 Tarn-et-Garonne ...... 327 262 81 41 14 36 Gard ...... 1 289 814 251 165 56 85 Var ...... 2 643 1 784 324 248 204 294 Haute-Garonne ...... 1 167 823 190 135 42 161 Vaucluse ...... 1 049 820 250 153 57 154 Gers ...... 456 350 121 30 61 49 Vendée ...... 407 392 36 24 2 183 Gironde ...... 2 703 1 923 728 432 76 178 Vienne ...... 512 433 95 90 23 59 Hérault ...... 1 746 907 280 197 35 117 Haute-Vienne ...... 662 451 124 68 19 77 Ille-et-Vilaine ...... 429 383 71 119 22 67 Vosges ...... 678 640 135 77 13 189 Indre ...... 267 158 36 29 4 40 Yonne ...... 317 228 48 66 6 43 Indre-et-Loire ...... 629 543 118 130 23 101 Territoire de Belfort ...... 612 561 88 194 14 46 Isère ...... 803 657 113 139 22 144 Essonne ...... 2 025 1 481 377 217 160 193 Jura ...... 725 683 130 189 14 70 Hauts-de-Seine ...... 4 306 3 211 582 293 726 400 Landes ...... 850 682 412 36 10 30 Seine-Saint-Denis ...... 1 925 1 466 418 284 62 166 Loir-et-Cher ...... 305 211 111 27 4 25 Val-de-Marne ...... 1 807 1 535 301 310 94 318 Loire ...... 449 391 130 34 36 41 Val-d’Oise ...... 1 739 1 545 454 274 79 199 Haute-Loire ...... 226 168 35 36 3 44 Guadeloupe ...... 262 363 52 17 3 19 Loire-Atlantique ...... 879 960 104 107 31 503 Martinique ...... 135 87 10 58 2 4 Loiret ...... 579 504 185 67 10 60 Guyane ...... 140 58 5 16 2 17 Lot ...... 182 124 30 48 6 17 Réunion ...... 787 666 41 363 12 59 Lot-et-Garonne ...... 459 345 157 51 8 34 St-Pierre-et-Miquelon ...... 28 17 5 10 0 0 Lozère ...... 110 86 30 19 3 8 Mayotte ...... 210 116 10 47 0 9 Maine-et-Loire ...... 438 420 47 73 15 177 Wallis-et-Futuna ...... 11 124 11 108 2 2 Manche ...... 354 367 52 120 8 80 Nouvelle-Calédonie ...... 47 n.c. n.c. n.c. n.c. n.c. Marne ...... 786 761 179 228 37 86 Polynésie française ...... 11 182401 Haute-Marne ...... 389 343 24 29 3 152 Français de l’étranger ...... 1 602 3 280 199 113 57 189 Mayenne ...... 191 157 14 67 3 25 Total ...... 93 064 80 424 15 830 17 897 4 528 12 497 LeMonde Job: WMQ2311--0007-0 WAS LMQ2311-7 Op.: XX Rev.: 22-11-99 T.: 10:58 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 09Fap: 100 No: 0415 Lcp: 700 CMYK

FRANCE LE MONDE / MARDI 23 NOVEMBRE 1999 / 7 Le congrès constitutif du RPF est dominé par les partisans d’un ancrage résolument à droite À L’HEURE de fonder officielle- discours nettement plus marqués à RPF en Provence-Alpes-Côte vert sur sa gauche ont eu moins de ment le Rassemblement pour la droite. Philippe de Villiers, élu d’Azur, a été la vedette incontestée succès. Le député européen Paul- France (RPF), ses quelque six mille vice-président du RPF, n’a pu que de la matinée. Il a expliqué com- Marie Coûteaux juge ainsi que le militants présents à Paris, di- s’en féliciter. L’ancien président du ment il avait réuni des anciens «du projet « dérisoire » de fonder un manche 21 novembre, lui ont aussi Mouvement pour la France a ainsi RPR, du FN, de l’UDF, du MN, de parti situé « entre la droite extrême imprimé une couleur politique dépeint le pays auquel il s’adresse : DL et, surtout, ceux qui n’avaient eu (...) et la droite européiste » n’abou- sans équivoque : celle de la droite. « La France que nous aimons n’est jusqu’à présent aucun engagement tirait qu’à « rassembler la moitié du Des discours qui se sont succédé pas celle dans laquelle les dealers et politique », ou encore ceux qui ont quart des Français ». Son propos au Parc des expositions de la porte les récidivistes tiennent la rue, (...) mené « combat contre le groupe n’a pas été autant apprécié que ce- de Versailles, les plus applaudis ont dans laquelle certains étrangers Nique Ta Mère et ses complices, les lui de Philippe Pémezec, maire du été aussi les plus éloignés de la vo- voudraient venir nous imposer leur Léotard, Philippe Douste-Blazy et Plessis-Robinson (Hauts-de- lonté initialement exprimée par mœurs et leurs lois. » « Nous vou- Jack Lang ». « Avant de faire venir à Seine), qui a dénoncé « l’immigra- Charles Pasqua de rassembler dans lons donner à nos enfants autre nous des gens qui sont dans le camp tion qui dévore nos banlieues ». une même formation des militants chose que le choix entre les rave adverse, il faut rassembler notre « Pour bousculer le clivage droite- venus de la gauche tout autant que parties et la Love Parade de Jack propre camp », a soutenu M. Mar- gauche, il faudrait des circonstances de la droite. Elu président du RPF Lang », a-t-il ajouté. chiani en vantant la « France char- exceptionnelles, telles qu’en 1940, a avec 95,8 % des voix, l’ancien co- Dans la même veine, l’ancien nelle, la France des cathédrales, de plaidé ce coordinateur du RPF fondateur du RPR, qui se propose préfet du Var, Jean-Charles Mar- notre terre, de notre histoire et de dans le département de M. Pasqua. Jean-Paul Delevoye, le candidat de diriger « le parti de la France », chiani, aujourd’hui député euro- nos valeurs ». Nous n’en sommes pas là. » a consacré l’essentiel de son dis- péen et responsable régional du Les partisans d’un parti plus ou- Dans ce contexte, Alain Robert, cours à la dénonciation de « la dic- responsable du RPF de Paris, a dû « consensuel » de l’Elysée tature du libre-échange » et du « fé- jouer d’habileté pour expliquer le déralisme européen ». Rejetant M. Pasqua propose deux réformes de la Constitution choix de l’ancien syndicaliste poli- LE RPR s’était emparé du Sé- néral de Bapaume en 1980, avec l’accusation de former le « parti de cier Jean-Louis Arajol pour repré- nat en 1998, le sénateur n’a pas le soutien du RPR. L’année sui- la peur », l’ancien ministre de l’in- Dans le discours qu’il a prononcé, dimanche 21 novembre, au senter le RPF dans l’élection légis- encore enlevé la présidence du vante, il adhère au parti gaulliste, térieur a moqué « les répète-Jac- congrès fondateur du RPF, Charles Pasqua a expliqué pourquoi, à lative partielle du 28 novembre de RPR. Avec 35,01 % des voix, Jean- avant de devenir maire de sa quot de la pensée unique » : « Nous ses yeux, « la France est en danger, comme elle l’a déjà été dans l’His- la 21e circonscription de la capitale. Paul Delevoye (Pas-de-Calais) ne commune natale, en 1982. sommes le parti qui a toujours surgi toire, mais cette fois-ci d’une façon inédite et sournoise ». « La France Insistant sur le passé professionnel C’est le sénateur Maurice Ul- des profondeurs de notre pays, du n’est plus attaquée dans sa chair et dans son sang. (...) La France est dé- du candidat, il a mis en parallèle PORTRAIT rich, conseiller de Jacques Chirac, cœur de notre peuple, de l’âme de sormais attaquée dans son cerveau, dans sa mémoire et dans sa person- son adhésion au RPF et celle de Sa devise – « écouter le qui souffle son nom au président notre histoire, dès lors que ceux qui nalité la plus intime », a assuré M. Pasqua. l’ancien mégrétiste Jean-Christian de la République, au mois de avaient en charge son destin Pour lui, ce « danger s’appelle l’Empire » et réside dans « cette vo- Tarelli, conseiller régional de Pro- local pour rassembler » juin. Au lendemain des élections l’avaient abandonné, trahi, déserté lonté de domination sur les peuples, les langues et les nations ». Pour vence-Alpes-Côte d’Azur : « Ils ont – fait moins recette européennes du 13 juin, la cote ou tout bonnement délaissé. » Il a s’y opposer, le président du RPF a souhaité deux réformes de la tous les deux leur place chez nous. au RPR de Nicolas Sarkozy, qui a mené la confirmé que le RPF sera « présent Constitution, l’une soumettant à référendum « tout projet portant Tout cela, comme disait Maurice liste RPR-DL, est au plus bas. A dans toutes les échéances futures ». atteinte aux conditions essentielles d’exercice de la souveraineté natio- Chevallier, ça fait d’excellents Fran- l’Elysée, le président du Sénat, Nombre de ses amis et, en tout nale », l’autre consistant à permettre au Conseil constitutionnel çais. » dispose que d’une faible avance Christian Poncelet (RPR), plaide cas, ceux qui ont été les plus accla- d’exercer « un contrôle avant toute ratification des traités internatio- sur Michèle Alliot-Marie aussi en faveur de M. Delevoye, més par les participants ont eu des naux » pour « garantir la suprématie de la Constitution française ». Christiane Chombeau (31,12 %) à l’issue du premier comme le sénateur de l’Oise Phi- tour. Le soutien officiel, puis offi- lippe Marini (Le Monde du 18 cieux, de l’Elysée, le parrainage septembre), artisan, par ailleurs, de l’Association des amis de de la « prise du Sénat » par le Jacques Chirac, présidée par Ber- RPR. Le 12 septembre, au « Club nard Pons, le désistement en sa de la presse », M. Delevoye offi- faveur du député Renaud Muse- cialise sa candidature à la prési- lier (Bouches-du-Rhône) n’ont dence du RPR, au terme d’une pas suffi au président de l’Asso- prestation jugée très moyenne. ciation des maires de France (AMF). La devise qui semble lui D’AUTRES PARLENT POUR LUI avoir si bien réussi à l’AMF – Le sénateur de Bapaume n’est « écouter le local pour rassem- pas un « as » des médias. Il le bler » – fait moins recette au sait, il en joue même, se présen- RPR. tant volontiers comme « le con de Il y sept ans, presque jour pour service qui monte ». Peu importe, jour, M. Delevoye se hissait à la d’autres parlent pour lui. Les dé- tête de l’AMF. Le 19 novembre putés Dominique Perben (Saône- 1992, le maire de Bapaume suc- et-Loire) et Hervé Gaymard (Sa- cède alors à Michel Giraud voie) prennent position en sa fa- (RPR). M. Delevoye l’emporte au veur, ainsi que Jacques Toubon, second tour contre Michel Cha- ancien secrétaire général du RPR, rasse (PS, Puy-de-Dôme) avec et Jean Tiberi. M. Delevoye as- 51,93 % des suffrages. Réélu en sume le soutien gênant du maire 1995 puis en 1998, son « bon sens de Paris. « Je résisterai à toute paysan » et son art du consensus pression, à caractère émotionnel expliquent, semble-t-il, son suc- ou médiatique », a-t-il juré (Le cès. L’ancien négociant en grains Monde du 23 octobre). Rassem- et en céréales est entré tardive- bleur avant tout. ment en politique. Né le 22 jan- vier 1947, il est élu conseiller gé- Clarisse Fabre Michèle Alliot-Marie, figure libre de la « chiraquie »

RÉCONCILIATION et rassem- d’une campagne charmeuse, blement. Tels sont les maîtres mots comme le plus grand dénomina- de Michèle Alliot-Marie. Au plus teur commun des candidats en fort de la lutte qui opposait lice. Jacques Chirac et Edouard Balla- Figure libre de la « chiraquie » face au candidat officiel, elle a ras- PORTAIT semblé ses souvenirs avant le pre- Elle a toutes chances mier tour : la dernière fois qu’elle a obéi à un ordre, assure-t-elle, d’être entendue par c’était il y a... quarante-sept ans. des militants las de la Elle avait alors six ans. Après avoir « guerre des chefs » goûté aux joutes politiques lors des premières campagnes électo- rales de son père, Bernard Marie, dur avant l’élection présidentielle ancien député et maire de Biarritz, de 1995, celle qui était alors mi- elle s’est bardée de diplômes – par- nistre de la jeunesse et des sports mi lesquels une maîtrise d’ethnolo- parlait le même langage. A gie et un doctorat en droit – avant l’époque, elle se voulait une « pas- de se mettre à son compte. serelle » entre les deux hommes. A contre-temps, puisqu’il fallait alors SOLIDE IMPLANTATION LOCALE choisir son camp. Tardivement, Après avoir participé à plusieurs elle prit parti pour le futur vain- cabinets ministériels, elle s’était vu queur, gardant en mémoire les mé- confier, par Jacques Chirac, en chants sobriquets, tels celui de 1981, les questions de l’administra- « balance », dont l’avaient affublée tion et de la fonction publique au certains de ses « compagnons ». sein du RPR. Cinq ans plus tard, La députée des Pyrénées-Atlan- elle avait dû laisser la place à Fran- tiques savoure aujourd’hui sa re- çoise de Panafieu sur la liste de vanche. Elle qui se targue de n’ap- l’opposition pour les élections lé- partenir à aucun «clan» pourrait gislatives à Paris. Succédant à son en effet devenir la première père comme députée en mars femme présidente du RPR en ral- 1986, elle entre dans le gouverne- liant sur son nom, au soir du 4 dé- ment de M. Chirac en tant que se- cembre, la majorité des suffrages crétaire d’Etat chargée de l’ensei- qui se sont portés sur les candidats gnement. Parallèlement à son éliminés au premier tour. Ses ad- ascension dans les instances du versaires n’ont pas manqué, avant parti, elle a conforté son implanta- la premier tour, de dénoncer le peu tion locale. Constamment réélue de consistance de son programme. députée, vice-présidente du Mais, outre que la modestie de son conseil général des Pyrénées- message avait toutes chances Atlantiques – présidé par François d’être entendue par des militants Bayrou –, elles est, depuis 1995, las de la « guerre des chefs », nul maire de Saint-Jean de Luz. n’a pu dénier la force de caractère de celle qui s’est affirmée, au fil Jean-Baptiste de Montvalon LeMonde Job: WMQ2311--0008-0 WAS LMQ2311-8 Op.: XX Rev.: 22-11-99 T.: 10:50 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 09Fap: 100 No: 0416 Lcp: 700 CMYK

8 / LE MONDE / MARDI 23 NOVEMBRE 1999 FRANCE

Le gouvernement consulte les syndicats Robert Hue prend garde en prévision de la réforme des retraites de ne pas précipiter La stratégie du patronat perturbe celle de Lionel Jospin la rénovation du PCF Matignon entame, du lundi 22 au vendredi retraites. A travers cette consultation infor- gouvernement cherche à anticiper sur l’attitude 26 novembre, une série de rencontres bilaté- melle, destinée à préparer les orientations que des confédérations syndicales en cas de retrait rales avec les partenaires sociaux au sujet des Lionel Jospin devrait annoncer en janvier, le du Medef des organismes paritaires. Il doit faire face aux demandes de clarification LE CALENDRIER constitue déjà cial (CES) devrait avoir remis le secteur public verraient cette durée collectivités locales (CNRACL). Cet EN PRÉVISION de son Excepté l’accroc, vite réparé, en soi un problème. Lionel Jospin dernier rapport attendu sur les re- augmenter de trois mois chaque organisme, géré pour le compte de 30e congrès, qui se tiendra en mars concernant le vote du groupe envisage d’annoncer les orienta- traites, après celui, en avril, du année dès l’an 2000. La même mé- l’Etat par la Caisse des dépôts et 2000, le PCF réunit, lundi 22 et communiste à l’Assemblée natio- tions qu’il compte prendre sur les commissaire au Plan, Jean-Michel thode serait appliquée au secteur consignations, s’occupe des re- mardi 23 novembre, son comité nale sur le budget de la Sécurité retraites dans la seconde moitié du Charpin, et celui, en octobre, de privé, mais de façon plus espacée – traites de la fonction publique et national. Le rendez-vous s’an- sociale – les députés communistes mois de janvier 2000. Or, le 17, au l’économiste Dominique Taddéi. aucune augmentation en 2004 et hospitalière. Ponctuelle, cette déci- nonce important pour Robert ont envisagé jusqu’à la dernière cours d’un conseil exécutif suivi, le Cette fois, c’est l’ancien ministre 2005, par exemple –, de façon à sion permet au gouvernement de Hue, qui est pressé par de nom- minute de se prononcer contre le lendemain, de son assemblée gé- des affaires sociales René Teulade combler les différences. De quoi passer le cap des élections munici- breux cadres de son parti de préci- texte, avant de rentrer dans le nérale annuelle, le Medef pourrait qui s’est saisi du dossier. contrarier un peu plus ceux qui, pales de 2001. « Ça, c’est de l’impro- ser le détail de ses projets. Le se- rang –, le PCF s’est montré le plus annoncer son départ des orga- comme la CGT, avaient estimé que visation », s’est insurgé Jacques crétaire national réagit vivement à loyal possible. Reste que, si nismes sociaux paritaires. Pour le DES SOLUTIONS QUI FÂCHENT le rapport Charpin, en tous points Barrot. L’ancien ministre des af- tout ce qu’il perçoit comme une M. Hue sait ce qu’il ne veut pas premier ministre, cela change Il y a quelques jours, M. Teulade semblables, était allé un peu vite faires sociales, qui participait à un tentative d’influer sur le rythme de – le retour à l’isolement qui avait toute la donne. Il ne peut annon- a donc fait parvenir aux membres en besogne. colloque, vendredi 19 novembre, à préparation du prochain congrès. prévalu après le départ des mi- cer, face à un éventuel absent de du conseil une première mouture La CFDT, elle, possède un autre Paris, dans le cadre du premier Sa- Pierre Zarka, directeur de L’Hu- nistres communistes du gouverne- taille, l’ouverture de négociations de ses travaux, datée du 29 octo- motif de mécontentement et ne lon de la prévoyance et de la re- manité vient d’en faire les frais. ment, en 1984 –, il peine à définir avec les partenaires sociaux. Sur- bre, largement inspirée des travaux manquera pas de le faire savoir à traite, estime que « le gouverne- M. Hue n’a pas du tout apprécié ce qu’il veut. A la question «A tout, il doit mesurer quelle sera de la mission Charpin. Figure ainsi, Matignon. La centrale de Nicole ment est pris à la gorge ». Les que son journal mette en avant quelles formes de rassemblement à l’attitude des organisations syndi- parmi les solutions envisagées, l’al- Notat estime en effet que le gou- partenaires sociaux, eux, n’ont dé- l’idée que ce prochain congrès soit gauche, faut-il travailler ? » posée cales. Assumeront-elles, seules, la longement de la durée de cotisa- vernement a porté « un premier couvert la mesure qu’avec le projet un « congrès fondateur » alors que par les militants, la direction ré- responsabilité de dialoguer avec le tions. L’auteur préconise de faire coup de canif » dans sa méthode de loi de financement de la Sécuri- cette proposition fait débat au pond en souhaitant promouvoir gouvernement sur un sujet aussi passer cette durée à quarante et un dite de concertation en relevant, il té sociale : elle figure, pour partie, sein du PCF. M. Hue y a vu une « un équilibrage des forces à sensible ? Cette question devrait ans d’ici à 2013, et à quarante-deux y a un mois, sans crier gare, le taux dans l’enveloppe de dépenses des pression intolérable, au moment gauche ». Le mot a été trouvé, il être au centre d’une série de ren- ans au-delà, selon un système pro- de cotisation de 0,5 %, pour 2000 et hopitaux. où il s’est mis lui-même en pos- faut désormais le doter d’un contres bilatérales, prévues du lun- gressif de départ en retraite. Un ta- 2001, des employeurs de la Caisse ture d’attente et qu’il hésite à croi- contenu. di 22 au vendredi 26 novembre, bleau précise que les salariés du nationale de retraite des agents des Isabelle Mandraud ser le fer au sein de sa majorité. entre le cabinet de M. Jospin et les Les questions tournant autour L’ART DE L’ELLIPSE syndicats. du caractère fondateur ou non du Dans ses déclarations publiques, Un livre-entretien (L’Avenir des prochain congrès du PCF vont M. Hue se garde, certes, de laisser retraites, Editions de l’Atelier, 90 F, Les rocardiens réaffirment leur identité pourtant être de nouveau au cœur transparaître la difficulté de la 13,72 ¤, à paraître le 25 novembre) des débats. Les refondateurs, l’aile tâche à laquelle il est confronté. apporte une partie de la réponse. ALAIN BERGOUNIOUX, secré- groupe communiste », insiste Gé- où l’ensemble du socialisme euro- moderniste du parti, emmenée Fêtant, vendredi 19 novembre, le « Comme syndicaliste, nous revendi- taire national du PS, historien et rard Gouzes, député du Lot-et- péen est soumis à l’offensive de la notamment par Patrick Braoue- dixième anniversaire de la quons d’être acteur social et non théoricien du socialisme, le Garonne, en affirmant, en écho au « troisième voie » venue du New zec, n’entendent pas baisser la Convention internationale des l’informateur ou le bouclier du poli- confiait avec un demi-sourire : thème du colloque – « Vers un Labour britannique, il était signifi- garde sur le sujet. Ils y sont d’au- droits de l’enfant, il a ainsi opposé tique », écrit Jean-Marie Toulisse, « C’est notre petit Florence à nouveau compromis social » –, catif d’entendre ce mélange de tant moins résolus qu’une diffé- la mondialisation « des marchés fi- responsable du dossier retraites à nous », expliquait-il à propos de la que son courant représente la réalisme hérité du mendésisme et rence d’appréciation est percep- nanciers et de l’argent pour la CFDT. « Le jeu à trois – gouverne- journée organisée, samedi 20 no- « gauche du faire ». de relative orthodoxie social-dé- tible entre M. Hue et son fidèle l’argent » qu’il combat à celle du ment, syndicats, patronat – qui pre- vembre, par l’Action pour le re- Plusieurs membres du gouver- mocrate propre à la démarche ro- mentor Pierre Blotin sur le rythme « codéveloppement » et de la nait tantôt la forme d’une gestion nouveau socialiste (ARS), club qui nement s’étaient déplacés devant cardienne. Si le nom de Marx a été du changement. Le « numéro « coopération » qu’il défend. Des déléguée aux partenaires sociaux, regroupe des responsables socia- un parterre composé d’élus, de prononcé à la tribune, ce fut au deux » du parti, qui a annoncé son formules bien rodées mais qui ne tantôt celle d’un paritarisme plus listes de sensibilité rocardienne. militants et de syndicalistes. Aux côté de ceux d’Hannah Arendt et départ à l’issue du 30e congrès, est doivent pas faire illusion : M. Hue classique, a atteint ses limites », es- Les rocardiens existent, et ont te- rocardiens Alain Richard, ministre du philosophe américain Ivan Il- partisan de changements plus ra- se montre beaucoup plus ellip- time pour sa part son homologue nu à le faire savoir, même si l’an- de la défense et animateur de lich, apôtre de la « société convi- dicaux et plus rapides. tique, quand, dans les débats in- de la CGT, Jean-Christophe Le Dui- cien premier ministre y joue dé- l’ARS, et Catherine Trautmann, viale ». Pour le secrétaire national du ternes du PCF, on le presse de dire gou. A l’origine, le moment choisi sormais plutôt le rôle de référence ministre de la culture et de la C’est à la révision d’une des réa- PCF, le débat s’annonce d’autant quelles sont ses ambitions pour le par Matignon, mi-janvier, était calé porteuse d’émotion que de diri- communication, s’était jointe lisations auxquelles le souvenir du plus délicat qu’il porte aussi sur la prochain congrès. sur une autre actualité : à cette geant. « Nous rassemblons cin- Martine Aubry, ministre de l’em- gouvernement Rocard est parti- stratégie politique à tenir, alors date, le Conseil économique et so- quante-quatre députés, plus que le ploi et de la solidarité. A l’heure culièrement lié – le revenu mini- que la cohabitation s’est tendue. Alain Beuve-Méry mum d’insertion (RMI) – que l’as- sistance a été conviée à réfléchir. Ici, le welfare to work blairiste re- trouvait quelques échos quand Deux élections cantonales partielles certains intervenants, comme l’économiste Daniel Cohen, ont ESSONNE déploré que l’effet du RMI ait été Canton de Mennecy (premier tour). d’isoler un peu plus ses alloca- I., 21 745 ; V., 6 274 ; A., 71,15 % ; E., 6 040. taires du monde du travail. Pour Ball. : Elisabeth Doussain, PS, 1 647 (27,27 %) ; Joël Monnier, div. d., l’économiste Roger Godino, au- 1 049 (17,37 %). teur des Sept Piliers de la réforme Elim. : Patrick Imbert, UDF, m. de Ballancourt, 857 (14,19 %) ; Alain (Albin Michel, 1997), la possibilité Coste, Verts, 636 (10,53 %) ; Gérard Hébert, RPR, 617 (10,22 %) ; Hubert pour un RMiste de conserver une de Mesmay, FN, 508 (8,41 %) ; Patrick Muller, PCF, 499 (8,26 %) ; Mi- partie de son allocation à l’occa- chèle Sakoschek, MNR, 227 (3,76 %). sion de la reprise d’un emploi pré- [Cette élection fait suite à la démission du RPR Xavier Dugoin. Sur ce canton détenu par caire devrait prendre la forme la droite depuis trente-six ans, la candidate socialiste, Elisabeth Doussain, devance de d’une allocation compensatoire de 10 points Joël Monnier, en congé du RPR et qui bénéficie du soutien de M. Dugoin. Le candi- revenu. Cela équivaudrait, selon dat officiel du RPR, Gérard Hébert, soutenu par Franck Marlin, député et maire d’Etampes, ses calculs, à un effort supplémen- connaît un sérieux revers, enregistrant un résultat inférieur à celui des Verts. taire pour l’Etat de 25 milliards de 20 mars 1994 : I, 20 296 ; V., 11 306 ; A., 44,29 % ; E., 10 855 ; Xavier Dugoin, RPR, 4 532 francs (3,8 milliards d’euros). Ce (41,75 %) ; Elisabeth Doussain, PS, 2 420 (22,29 %) ; Hubert de Mesmay, FN, 1 736 (15,99 %) ; serait un nouvel aménagement ro- Alain Coste, Verts, 1 228 (11,31 %) ; Guy Leclerc, PCF, 939 (8,65 %).] cardien des exigences d’un monde HAUTS-DE-SEINE du travail en mutation, à la « sou- Canton de Villeneuve-la-Garenne (premier tour). plesse » duquel il conviendrait de I., 11 348 ; V., 4 367 ; A., 61,52 % ; E., 4 303. s’accommoder. Ball. : Alain-Bernard Boulanger, div. d., m. de Villeneuve-la-Garenne, 2 137 (49,66 %) ; Gabriel Massou, PCF, c. r., c. m. de Villeneuve-la-Ga- Nicolas Weill renne, 892 (20,73 %). Elim. : Jean-Yves Le Gallou, MNR, c. r., c. m. de Colombes, 584 (13,57 %) ; Arnaud Péricard, PS, 362 (8,41 %) ; Alain Gallais, FN, 146 (3,39 %) ; Alain Rouat, Verts, 119 (2,77 %) ; Erick Chatenet, MDC, 63 (1,46 %). [Dans cette cantonale organisée à la suite du décès de Roger Prévot (RPF), conseiller gé- néral et maire de Villeneuve-la-Garenne, son successeur à l’hôtel de ville, Alain-Bernard Boulanger (divers droite) a frôlé l’élection dès le premier tour. Il sera opposé, au second tour, au communiste Gabriel Massou. 20 mars 1994 : I, 11 577 ; V., 6 371 ; A., 44,97 % ; E., 6 204 ; Roger Prévot, UDF, 3 198 (51,55 %) ; Jean-Claude Rolinat, FN, 1 087 (17,52 %) ; Christian Comes, PS, 816 (13,15 %) ; Francis Langlade, PCF, 782 (12,60 %) ; Alain Rouat, Verts, 321 (5,17 %).]

DÉPÊCHE a PARTI RADICAL : le député du Bas-Rhin François Loos a été élu, dimanche 21 novembre, président du Parti radical lors du 100e congrès du parti. Il succède à Thierry Cornillet, qui ne se représentait pas. Fran- çois Loos, soutenu par la plupart des responsables du parti et des par- lementaires, a obtenu 312 voix, contre 161 au président de la fédération régionale Midi-Pyrénées, Stéphane Baumont, et 13 au maire des Ave- nières (Isère), Emile Vasquez. La volonté d’autonomie au sein de l’UDF des radicaux a été défendue par plusieurs orateurs. « Ce n’est pas en gommant ses différences qu’on fera progresser ce pays, c’est au contraire en les affirmant haut et fort », a ainsi affirmé M. Loos. LeMonde Job: WMQ2311--0010-0 WAS LMQ2311-10 Op.: XX Rev.: 22-11-99 T.: 09:34 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 09Fap: 100 No: 0418 Lcp: 700 CMYK

10 SOCIÉTÉ LE MONDE / MARDI 23 NOVEMBRE 1999

ALIMENTATION Le Monde, (« vache folle », poulet à la dioxine, sonne sur deux cite un aliment dont b UN COMPORTEMENT de TION D’UN LABEL, délivré par les l’hebdomadaire Elle et France Inter etc.). b CETTE ENQUÊTE fait ressor- la consommation est facteur d’in- « consommateur éclairé » se des- pouvoirs publics et garantissant la ont commandé un sondage à l’IFOP tir que les Français sont vigilants sur quiétude. b LE BŒUF est l’aliment sine, montrant que les réflexes de provenance et la qualité des pro- pour évaluer l’impact sur l’opinion leur nourriture sans pour autant cé- qui suscite les plus fortes réticences vigilance et de précaution sont déjà duits, est plébiscitée par une large des différentes crises alimentaires der à la panique : moins d’une per- (29 % des personnes interrogées). passés dans les mœurs. b LA CRÉA- majorité de Français (75 %). Face à la « malbouffe », un label de qualité rassurerait les consommateurs Selon un sondage IFOP réalisé pour « Le Monde » et « Elle », les Français sont vigilants sur le contenu de leur assiette tout en restant sereins. Ils sont majoritairement soucieux de l’origine des aliments, montrant que les réflexes de précaution sont déjà passés dans les mœurs DE LA VIGILANCE, mais pas de moins de 35 ans et des habitants de ans (44 %, contre 34 % pour les plus panique chez les consommateurs. l’agglomération parisienne. Les Français seraient rassurés par un label des pouvoirs publics de 35 ans), par les artisans- Ainsi apparaissent les Français de- Tous les aliments ne suscitent pas commerçants, les professions libé- vant leur assiette, à la lecture du le même degré d’inquiétude. En PERSONNES INQUIÈTES À L' ÉGARD DES PRODUITS SUIVANTS : SI LES POUVOIRS PUBLICS CRÉAIENT UN LABEL rales et les cadres supérieurs (47 %), sondage IFOP réalisé pour l’hebdo- tête des aliments qui suscitent les apposé sur le produit garantissant sa provenance par les écologistes (46 %) et par les et sa sécurité, CE LABEL SERAIT-IL DE NATURE madaire Elle et pour Le Monde, réa- réticences les plus fortes figure, cela BŒUF 29% personnes se déclarant inquiètes À VOUS RASSURER ? lisé les 28 et 29 octobre auprès d’un ne surprendra personne, le bœuf : sur aucun produit (41 %). En re- VOLAILLE 24% échantillon de 1 003 personnes re- 29 % des personnes interrogées se vanche, c’est parmi les personnes présentatives de la population âgée déclarent inquiètes lorsqu’elles PORC 19% âgées de 50 à 64 ans (33 %) et celles de 15 ans et plus. consomment du bœuf, 5 % étant se déclarant inquiètes vis-à-vis d’au ŒUFS 16% 25 % Cette enquête montre que moins très inquiètes et 24 % plutôt in- NON 75% OUI moins un produit (42 %) que l’on d’une personne sur deux (44 %) cite quiètes. Là encore, ce sont les POISSON 12% compte le plus d’individus quali- au moins un aliment dont la femmes (32 %, contre 26 % pour les fiant d’insuffisante l’information consommation est un facteur d’in- hommes) et les personnes âgées de MOUTON 11% sur la sécurité alimentaire. quiétude, tandis que 56 % n’en 50 à 64 ans (35 %) dont la confiance FRUITS/ 11% L’un des autres faits marquants citent aucun. Les consommateurs envers le bœuf est la plus altérée. LÉGUMES de ce sondage est l’opinion expri- inquiets se recrutent plutôt chez les La volaille arrive en deuxième FROMAGE 10% mée sur un éventuel label : délivré femmes, chez les personnes âgées position, avec 24 % en moyenne de par les pouvoirs publics et apposé Source : Ifop pour Elle / Le Monde de 50 à 64 ans et chez les cadres su- réactions inquiètes. Le fromage sur les produits alimentaires, celui- périeurs et professions libérales. (10 %), les fruits et légumes, ainsi moins forte. Les comportements ne et la qualité des produits alimen- diatisation privilégierait les situa- ci pourrait garantir l’origine et la Les moins inquiets appartiennent que le mouton sont les aliments sont pas exactement en adéquation taires ? » Cette éventualité est envi- tions de crise. sécurité d’un aliment. La création davantage plutôt à la catégorie des pour lesquels l’inquiétude est la avec les sentiments affichés : 60 % sagée « très certainement » par 37 % d’un tel label représenterait un fac- des consommateurs affirment véri- des personnes interrogées. La mo- teur rassurant pour trois personnes fier plus souvent qu’avant l’origine dification du lieu d’achat est le plus Les résultats sur quatre. Les personnes les plus La « malbouffe » en débat de la viande qu’ils consomment et souvent envisagée par les moins de favorables à une telle initiative sont 49 % font de même avec la volaille, 35 ans (72 %), par les professions li- traduisent le besoin les femmes (78 %, contre 73 % pour Le Monde, l’hebdomadaire Elle et France-Inter se sont associés pour tandis qu’un tiers environ a la bérales et les cadres supérieurs les hommes), les professions libé- évaluer l’impact des différentes crises alimentaires sur l’opinion. Un même attitude avec les œufs, le (81 %). de transparence rales et les cadres supérieurs (81 %). sondage commandé à l’IFOP, publié et analysé par Elle et Le Monde poisson ou le fromage. Le compor- Les médias ont-ils tendance à su- Il est notable que, même parmi les dans leurs éditions du lundi 22 novembre fait ressortir qu’une large tement de « consommateur éclai- révaluer ou, au contraire, à sous- et de traçabilité personnes se déclarant inquiètes majorité de Français (75 %) sont favorables à l’institution d’un label ré » est donc plus répandu que le évaluer les risques alimentaires ? vis-à-vis d’aucun produit alimen- garantissant la provenance et la qualité des produits. Sur France- sentiment d’inquiétude. On peut en Selon le sondage IFOP-Elle- taire, un label gouvernemental se- Inter – si les programmes de la chaîne ne sont plus perturbés par la déduire que les réflexes de vigilance Le Monde, cela n’est pas l’opinion Les personnes de 65 ans et plus rait très majoritairement bien ac- grève –, l’émission « Le téléphone sonne », présentée par Alain Be- et de précaution sont vraisembla- des consommateurs. Si 34 % des sont les premières à penser qu’il y a cueilli (73 %). Ces résultats douet, sera consacrée, lundi 22 novembre à 19 h 20, au thème blement déjà passés dans les personnes interrogées estiment que une surmédiatisation (47 %). Sur le traduisent le besoin de transpa- « Bonne bouffe, malbouffe et sécurité alimentaire ». Les invités se- mœurs. la sécurité alimentaire constitue un champ politique, les sympathisants rence et de traçabilité des aliments ront Ambroise Martin, l’un des responsables de l’Agence française de Cette observation est corroborée problème dont on parle trop, 28 % de droite sont plus enclins à pen- de la part des consommateurs en sécurité sanitaire des aliments, Marie-Jeanne Husset, directrice de la par les 68 % de réponses positives à sont d’avis qu’on n’en parle pas as- cher pour une surmédiatisation que même temps qu’ils soulignent l’im- rédaction de 60 millions de consommateurs, et Paul Benkimoun, jour- la question : « Envisageriez-vous de sez. Ces chiffres et les 37 % de son- les sympathisants de gauche (41 % portance accordée à l’engagement naliste au Monde, spécialiste des questions de santé. Pour participer changer de lieu d’achat si un dés qui jugent l’information suffi- contre 30 %). L’information est ju- de l’Etat. en direct à l’émission ou poser vos questions, vous pouvez appeler le commerçant vous offrait de meil- sante sont probablement gée suffisante avant tout par les 01-45-24-70-00 dès 17 heures, ou par Internet : www.franceinter.com. leures garanties concernant l’origine l’expression d’une lassitude : la mé- personnes âgées de moins de 35 Paul Benkimoun

UNE MINORITÉ DE CONSOMMATEURS EST INQUIÈTE UNE PLUS GRANDE VIGILANCE VIS-À-VIS DE L'ORIGINE DES PRODUITS UNE ATTENTE DE GARANTIES DES AVIS PARTAGÉS SUR LA MÉDIATISATION

% DE PERSONNES INQUIÈTES À L'ÉGARD DE ... VÉRIFIEZ-VOUS PLUS SOUVENT QU'AVANT L'ORIGINE DES PRODUITS ? Envisageriez-vous de changer de Avez-vous le sentiment que les risques alimentaires, lieu d'achat si un commerçant vous c'est un problème dont aujourd'hui en France ... ? OUI NON AUCUN PRODUIT 44 % AU MOINS UN PRODUIT offrait des meilleures garanties NSP sur les produits alimentaires ? ON NE PARLE ON PARLE TROP PAS ASSEZ VIANDE 60 % 39 % 1% 10 % 1 à 4 produits OUI 28 % VOLAILLE 49 % 50 % 1% 34 % 68 % 56 % 1% 34 % 5 à 8 produits ŒUFS 38 % 61 % NON 1 % 31 % POISSON 35 % 63 % 2% NSP 37 % 1% ON PARLE FROMAGE 31 % 68 % 1% Ne se prononcent pas SUFFISAMMENT

Source : Ifop pour Elle / Le Monde Martin Hirsch, directeur général de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments « La traçabilité des produits est une notion-clé » DEPUIS six mois, l’Agence fran- domaine de la sécurité alimentaire : culation de l’information entre les çaise de sécurité sanitaire des ali- agriculture, consommation et santé acteurs. Ces échanges permettent à ments (Afssa) fournit des expertises ont désormais un outil commun. En l’un d’entre eux de tirer le signal rapides et indépendantes. Les ca- troisième lieu, des règles du jeu d’alarme si nécessaire : « Attention, à nettes de Coca-Cola, les poulets strictes pour l’élaboration de l’exper- plusieurs reprises, il y a eu le dépasse- belges, le bœuf britannique... Sur tise. Et puis, quatrième point essen- ment de tel seuil ! ». La vigilance est chacun de ces problèmes, l’Agence a tiel, la loi organise une circulation ainsi permanente. Enfin, des ré- rendu son verdict, écouté par le gou- fluide de l’information entre les dif- flexions de fond sont menées, qui vernement. férents acteurs de la sécurité alimen- n’attendent pas la survenue de « A quoi sert l’Agence fran- taire. crises. Nous avons ainsi lancé une çaise de sécurité sanitaire des – En cas de crise alimentaire, réflexion prospective sur les biotech- aliments, dont vous êtes le direc- quel est votre temps de réac- nologies de la reproduction. Non teur général ? tion ? pas qu’il y ait un risque actuel, mais – Son rôle est de mobiliser les – Dans le cas des dioxines, au MARTIN HIRSCH parce qu’il est intéressant d’exami- compétences scientifiques afin printemps dernier, quand des conta- ner dès aujourd’hui, sous l’angle qui d’évaluer les risques liés à l’alimenta- minations de poulets ont été décou- – Cet événement a mis en lumière, nous concerne, celui de la sécurité tion et de permettre de fonder des vertes en Belgique, nous avons don- aux yeux du consommateur, la no- alimentaire, les problèmes que décisions sur une expertise rigou- né des réponses parfois dans les tion de traçabilité. Rien n’empêche peuvent poser des nouvelles tech- reuse. Avec une douzaine de labora- 24 heures, car il était essentiel de un consommateur habitant en niques comme celle du clonage. Ceci toires, elle est un des nouveaux mail- pouvoir prendre des décisions ra- France d’acheter une canette en Bel- permet, justement, de procéder à lons du dispositif de sécurité pides. Et, si les autorités sanitaires ne gique. La traçabilité des produits est une évaluation du risque avant alimentaire : son action s’inscrit en peuvent pas fonder leurs décisions une notion-clé, qui vise à remonter d’être confronté concrètement au étroite articulation avec l’organisa- sur une analyse scientifique, elles le plus rapidement à la source quand problème. tion stricte des contrôles, le renfor- peuvent être contraintes de choisir un problème se pose pour pouvoir – Des animaux clonés sont-ils cement de la réglementation, les exi- entre deux solutions extrêmes ; soit trouver son origine, cerner son am- déjà consommés dans certains gences auxquelles sont soumis les tout retenir et tout bloquer, ce qui pleur, interrompre ses effets. Elle re- pays ? professionnels, la sensibilisation des risque d’aggraver inutilement la pose sur des techniques d’organisa- – Il existe depuis dix ans une tech- consommateurs aux questions liées crise ; soit l’inverse, laisser faire, avec tion de la production et de la nique de clonage embryonnaire qui aux comportements alimentaires. l’éventualité de voir a posteriori que distribution, avec par exemple des a conduit à la production d’animaux Elle a été conçue, par la loi et par le des consommateurs ont été exposés numéros d’identification par lots qui qui ont été consommés dans plu- gouvernement, comme un instru- à un risque. Pour sortir de cette al- sont difficiles à mettre en œuvre sur sieurs pays. En revanche, les clones ment scientifique pouvant apporter ternative, il nous a été demandé de l’ensemble de la chaîne. En effet, la dont on parle aujourd’hui, comme une expertise dans des conditions proposer des seuils pouvant servir traçabilité complète doit aller de la Dolly, ne sont pas introduits dans la d’indépendance et de transparence. de critères pour les différents pro- matière première jusqu’au consom- chaîne alimentaire. Tous les avis de l’Agence sont ren- duits. Nous avons pris en compte les mateur. – Les aliments bio entrent-ils dus publics. habitudes alimentaires de la popula- – L’Afssa travaille-t-elle en dans votre champ de surveil- – Quelles avancées ce nouveau tion. Pour fixer des valeurs limites amont, sur des problèmes qui ne lance ? dispositif apporte-t-il, dans la dans les laits, les viandes, les œufs, se posent pas encore ? – Comme tous les aliments, les mesure où des contrôles exis- les poissons ; il faut savoir la quanti- – Bien entendu, l’AFSSA conduit produits bio doivent répondre à un taient déjà ? té absorbée de chacun de ces pro- de tels travaux destinés à anticiper et certain nombre de critères en ma- – D’abord, un renforcement des duits par la population et connaître prévenir. D’abord parce qu’elle a des tière de sécurité alimentaire. » moyens consacrés à l’expertise. En- les teneurs moyennes en dioxines laboratoires qui ont des activités de suite, un positionnement de observées. recherche appliquée, et qui parti- Propos recueillis par l’Agence auprès des trois ministères – Sur le problème du Coca- cipent à la veille. Ensuite parce qu’il Paul Benkimoun et qui ont en charge la politique dans le Cola, quelle a été votre action ? y a un suivi des alertes avec une cir- Florence Ben Sadoun (Elle) LeMonde Job: WMQ2311--0011-0 WAS LMQ2311-11 Op.: XX Rev.: 22-11-99 T.: 11:04 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 09Fap: 100 No: 0419 Lcp: 700 CMYK

SOCIÉTÉ LE MONDE / MARDI 23 NOVEMBRE 1999 / 11

Polémique sur la publication Le Commissariat au Plan réclame un renforcement du nom d’un éventuel du dispositif de lutte contre l’alcoolisme informateur du préfet Bonnet Selon l’instance d’évaluation, la loi Evin n’est pas suffisamment efficace Attendu depuis six ans, le rapport d’évaluation Si ce texte législatif a eu un réel impact en ce qui été vidée de sa substance, explique le rappor- de la loi Evin relative à la lutte contre le taba- concerne le tabac, ses effets ont été quasi nuls teur, Guy Berger, il faut en revenir à l’intention Il est cité dans le rapport des députés sur la Corse gisme et l’alcoolisme fournit un bilan « mitigé ». s’agissant de l’alcool. « Cette partie de la loi a première du législateur. » LA PUBLICATION des rapports blée nationale qui alimente la polé- ATTENDU depuis six ans, le par le renversement de la norme « Pour l’alcool, l’instance estime la loi de 1991. » Elle en appelle de l’Assemblée nationale et du Sé- mique. Dans le tome II, les députés rapport d’évaluation de la loi Evin collective que la loi a entraîné. » que les affaiblissements successifs donc à un débat « où serait exami- nat sur les forces de sécurité en publient en effet le texte de l’audi- du 10 janvier 1991 a été rendu pu- Ces conclusions rejoignent de la loi Evin trouvent en partie leur née la cohérence des règles de droit Corse continue de provoquer des tion d’un policier des renseigne- blic lundi 22 novembre. En ce qui l’avis des cinq « pères » de la loi origine dans la contradiction qui au regard des enjeux de santé pu- remous (Le Monde des 18 et 19 no- ments généraux de Corse. Ce fonc- concerne la lutte contre l’alcoo- Evin – les professeurs Dubois, existe entre la persistance d’une blique et de protection de la jeu- vembre). La polémique porte désor- tionnaire, pressé de questions par lisme, ses conclusions sont sans Got, Grémy, Hirsch et Tubiana –, promotion publicitaire importante nesse ». mais sur la révélation du nom d’une les membres de la commission, livre ambages : la loi Evin a subi « des qui, dans un communiqué publié et continue des boissons alcoo- Dès le 14 novembre, Entreprise personne supposée être un infor- le nom d’une personne qui pourrait modifications substantielles en ma- avant de prendre connaissance du liques, alors que les campagnes de et prévention, qui regroupe 17 en- mateur de l’ancien préfet de Corse, être l’informateur. Même si l’identi- tière de publicité pour l’alcool par rapport, indiquaient : « La loi Evin, prévention contre l’abus d’alcool treprises du secteur alcoolier, Bernard Bonnet. Le rapport des dé- té de cet homme circulait déjà, en voie d’affichage », au point, peut- dans son versant alcool, n’aura ja- demeurent limitées et espacées. » avait publié un communiqué indi- putés mentionne en effet un cercle restreint, depuis décembre on lire dans le rapport de l’ins- mais eu de véritable application à quant : « Les professionnels des homme qui pourrait avoir livré, en 1998, sa publication le place dans tance d’évaluation présidée par cause de son effeuillage progressif. LA PUBLICITÉ EN ACCUSATION boissons alcoolisées ne peuvent 1998, à M. Bonnet, des renseigne- une situation pour le moins déli- Guy Berger, président de chambre (...) Pendant que la loi Evin était vi- Le rapport aborde la question qu’approuver les rapporteurs lors- ments concernant l’assassinat de cate. à la Cour des comptes, que « les dée de son sens sous la pression des de la publicité en faveur de l’al- qu’ils constatent que n’est toujours son prédécesseur, Claude Erignac. dispositions relatives à la loi contre alcooliers, on ne peut que constater cool : « Les décrets d’application et pas démontré le lien entre publicité Ces éléments sont à l’origine de « GRAVE ERREUR » l’alcoolisme ont été (...) soit vidées l’augmentation chez les jeunes de la surtout les amendements apportés et niveau de consommation d’al- ce qu’il est convenu d’appeler les Selon le Figaro du 22 novembre, de leur sens par des amendements consommation d’alcools forts et du à la rédaction de 1991 par des tex- cool. » Un argument auquel le « notes Bonnet », qui livraient les celui-ci a toujours nié être la législatifs ultérieurs, soit d’une por- nombre d’états d’ivresse répétés. » tes législatifs ultérieurs [notam- rapport Berger répond de la ma- noms de plusieurs personnes sus- « source humaine » de M. Bonnet. tée limitée ». En revanche, précise Dans son rapport, la commis- ment la loi du 8 août 1994, qui nière suivante : « On ne peut affir- ceptibles d’avoir participé à l’assas- De même le préfet a-t-il toujours le commissaire au Plan Jean-Mi- sion Berger souligne que « les rendait la liberté à l’affichage], ont mer que la publicité n’a aucun effet sinat. Les documents ne citaient publiquement assuré qu’il ne s’agis- chel Charpin, dans l’avant-propos moyens de contrôle sont mal adap- néanmoins, peu à peu, privé ces sur les comportements des indivi- toutefois pas Yvan Colonna, que les sait pas de son informateur. Inter- du rapport, « en ce qui concerne le tés au respect des mesures en cause. dispositions de leur portée restric- dus et investir autant d’argent dans policiers allaient par la suite soup- rogé lundi 22 novembre sur RMC, le tabac, [l’instance d’évaluation] at- (...) La non-intervention des ser- tive initiale. L’état du droit positif cette même publicité. » « Au- çonner d’être l’assassin. Le préfet a haut fonctionnaire a répété que son tribue la baisse de la consommation vices de l’Etat est montrée du doigt est aujourd’hui presque plus “libé- jourd’hui, explique au Monde Guy toujours officiellement caché l’iden- informateur « n’était pas identifié » principalement à l’augmentation quant au respect de la loi Evin. » ral” que celui qui existait avant Berger, puisque la partie de la loi tité de son informateur, rencontré à et « ne risquait strictement rien ». des prix facilitée par la sortie de Elle pointe « l’absence d’autorité l’intervention de la loi Evin. » Et la Evin consacrée à l’alcool a été vidée plusieurs reprises entre juin et sep- Pourquoi les députés ont-ils né- l’indice général, sans exclure ce- spécifique désignée pour veiller au commission Berger de conclure : de sa substance, il faut revenir à tembre 1998. Dans son livre, Préfet gligé toute prudence ? Dans un en- pendant un rôle d’appoint joué par respect de l’application de la loi ». « Le statu quo n’est pas acceptable. l’intention première du législa- en Corse, il l’affuble du nom de code tretien au Figaro du 22 novembre, l’interdiction de la publicité. Elle re- Le rapport fustige l’insuffisance Il faut désormais soit achever la “li- teur. » « Corte ». Christophe Caresche, député (PS) connaît l’importance de la loi Evin des actions de prévention contre béralisation” de la publicité, soit Les parlementaires n’ont pas pris de Paris, rapporteur de la commis- pour la protection des non-fumeurs, l’alcoolisme et le tabagisme : revenir aux intentions d’origine de Paul Benkimoun tant de précautions. En annexe de sion d’enquête de l’Assemblée na- leur rapport, les sénateurs publient tionale, justifie cette révélation en la note du 8 février 1999 adressée indiquant que le « nom était sur la par M. Bonnet aux services du pre- place publique ». « Les conditions mier ministre. Or, dans cette note, le dans lesquelles la commission d’en- préfet donnait des précisions qui quête a rendu publiques les auditions pouvaient permettre aux spécia- sont protectrices, même si cela peut listes du terrorisme corse d’identi- paraître paradoxal, ajoute M. Ca- fier sa source. resche. Ne pas publier aurait été pire Mais c’est surtout le rapport de la que de publier, compte tenu du commission d’enquête de l’Assem- contexte ». Yves Fromion, député (RPR) du Cher, et vice-président de la M. Chevènement commission, a affirmé au Monde que « l’opposition avait exprimé ses défend Roger Marion réserves les plus vives et les plus for- melles » sur la publication des Jean-Pierre Chevènement a comptes-rendus d’audition, et «a réaffirmé, dimanche 21 no- fortiori des noms » des informateurs. vembre, son soutien à l’inspec- « C’est une grave erreur au regard de teur général Roger Marion, an- la situation en Corse » ajoute cien chef de la division nationale M. Fromion, qui partage, sur ce antiterroriste (DNAT), lors de point, les critiques du ministre de l’émission de TF 1 « 19 heures, di- l’intérieur, Jean-Pierre Chevène- manche ». « Je ne protège pas ment. M. Marion, a dit le ministre de Dans les rangs policiers, cette l’intérieur. Mon problème, c’est fuite provoque une vive émotion. qu’il obtienne des résultats. Je Mettant en avant « une erreur déon- m’efforce de promouvoir les gens tologique », une source policière ex- qui ont du mérite. » M. Chevène- plique en substance que les parle- ment réagissait ainsi notam- mentaires auraient pu publier leur ment aux propos du président de rapport sans faire état du nom. Ain- la commission de l’Assemblée si désigné, cet informateur supposé nationale sur la Corse, Raymond est « objectivement mis en danger », Forni (PS, territoire de Belfort), estime-t-on par ailleurs. Le travail qui regrette, dans le Journal du de la police en Corse, particulière- dimanche du 21 novembre, la ment en matière de recherche de promotion récente de M. Ma- renseignement, risque d’être pro- rion. « On veut occulter un succès fondément affecté par cette révéla- remarquable, a ajouté le mi- tion, souligne la même source. nistre, l’élucidation de l’assassinat Comment désormais convaincre les du préfet Erignac, en essayant de habitants de l’île de briser la loi du monter en épingle le fait que sur silence si les informations ne sont sept membres du commando, un plus couvertes par l’anonymat ? seul a échappé », avant de Cette dangereuse transparence fait conclure : « Cette tempête ridicule également courir le risque, juge-t- (...) ne peut s’expliquer que par la on, de voir réapparaître en Corse tentative de déstabiliser soit un des services parallèles, qui n’ont ministre, ce qui n’est pas grave, rien à voir avec la police nationale. soit peut-être un service et le mé- canisme centralisé d’enquêtes qui Philippe Broussard existe depuis 1986. » et Pascal Ceaux

DÉPÊCHES a MAL-LOGÉS : 300 à 400 mal-logés ont manifesté, dimanche 21 novembre à Paris, à l’appel de Droit au logement (DAL) et du Comité des sans-logis (CDSL) pour réclamer au gouvernement un nouveau plan de réquisition d’immeubles vides. Les manifestants vi- saient, notamment, un immeuble appartenant à Hachette, dans le 5e arrondissement, ainsi qu’une propriété du ministère de la culture, dans le 2e. Une vingtaine d’autres immeubles ont été répertoriés par le DAL, qui estime qu’il y aurait actuellement 40 000 mètres carrés vides dans le capitale. a SANS-PAPIERS : une cinquantaine de sans-papiers qui étaient installés depuis deux ans dans un ancien pavillon du Centre hospi- talier régional (CHR) de Lille, au titre d’une convention négociée avec la mairie, la Ligue des droits de l’homme et le MRAP, ont été expulsés, vendredi 19 novembre au petit matin par un important dispositif poli- cier. Le 5 novembre, alors que la convention trois fois renouvelée était arrivée à échéance, Pierre Mauroy, maire (PS) de Lille, signait un arrêté municipal d’interdiction d’exploitation de ce bâtiment pour des raisons de sécurité et de salubrité. Dans la foulée, le CHR avait saisi le tribunal de grande instance, qui avait autorisé l’expulsion. – (Corresp.) a INONDATIONS : deux victimes supplémentaires ont été décou- vertes dans le département de l’Aude, ce qui porte à 33 le nombre des morts à la suite des inondations qui ont frappé, vendredi 12 et samedi 13 novembre, une partie du sud de la France. En outre, deux per- sonnes sont encore portées disparues. a PAPON : Maurice Papon a été transféré dimanche 21 novembre à la suite d’un « léger malaise » de la maison d’arrêt de la Santé à l’hô- pital Cochin, pour être mis en observation pendant 48 heures. L’ex- fonctionnaire de Vichy purge une peine de dix ans de réclusion cri- minelle pour complicité de crimes contre l’humanité. LeMonde Job: WMQ2311--0012-0 WAS LMQ2311-12 Op.: XX Rev.: 22-11-99 T.: 10:38 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 09Fap: 100 No: 0420 Lcp: 700 CMYK

12 / LE MONDE / MARDI 23 NOVEMBRE 1999 SOCIÉTÉ Les spéléologues de Gramat sauvés grâce à des moyens exceptionnels Polémique après le blocage Bloqués durant dix jours dans le gouffre des Vitarelles par la montée des eaux d’un torrent souterrain, les sept hommes sont sortis sains et saufs, dans la nuit de dimanche à lundi. L’opération de sauvetage a été très complexe par la neige Les spéléologues bloqués durant dix jours moins été placés en observation. Les sept a pu être établi entre eux et les sauveteurs accéder à la salle où étaient réfugiés les spé- dans le gouffre des Vitarelles, près de Gra- hommes, originaires de la région, avait été dans l’après-midi de dimanche, au terme léologues par une galerie naturelle, reliée au de l’autoroute A7 mat (Lot), sont sortis à l’air libre, tous sains et bloqués par la montée des eaux d’un courant d’une opération très complexe, qui a mobili- torrent souterrain, découverte grâce à un des saufs, dans la nuit du dimanche 21 au lundi souterrain et avaient trouvé refuge dans une sé des moyens exceptionnels en hommes et multiples forages effectués au cours des dix 22 novembre. En bonne forme, ils ont néan- des cavités naturelles du gouffre. Le contact en matériel. Les secours ont finalement pu jours de recherches. dans la vallée du Rhône GRAMAT (Lot) de sauveteurs parvient à descendre VALENCE de notre envoyé spécial Le gouffre des Vitarelles qui a piégé les spéléologues jusqu’à la rivière et commence à la de notre correspondant A 14 heures, dimanche 21 no- Forage par lequel Forage de 28 m par où sont entrés remonter. Las ! Même en se re- Des milliers de voitures et de ca- vembre, la sirène retentit deux fois Entrée du gouffre une première équipe les sauveteurs et sortis les 7 spéléologues layant jour et nuit, les équipes pro- mions se sont retrouvés coincés Puits naturel dans le ciel de Gramat (Lot). C’est de sauveteurs est passée gressent à moins de cent mètres à sur l’autoroute A7 enneigée, same- la délivrance. Elle indique aux 3 700 GRAMAT ISSENDOLUS FLAUJAC l’heure. Mousqueton par mousque- di 20 novembre, dans la vallée du habitants de ce gros bourg du ton, les hommes rampent littérale- Rhône. L’autoroute a dû être fer- causse du Quercy, recroquevillé ment le long des parois ou en s’ac- mée entre Valence (Drôme) et sous une neige hésitante, que les Cavité crochant à la voûte, avec l’eau qui Orange (Vaucluse) et n’était pas sept spéléologues disparus du naturelle se fracasse juste en dessous. C’est totalement rouverte lundi matin, à gouffre des Vitarelles − sept Forage Forage trop long, trop dur, trop dangereux. la suite d’un grand embouteillage. hommes de la région − sont enfin « Si les bonnes mesures avaient été Galerie 100 m retrouvés. Cela faisait dix jours naturelle DEUX JOURS DE « CARBURE » prises au bon moment, on n’aurait qu’ils s’étaient fait surprendre par Samedi, un autre forage est alors pas ce week-end catastrophe », af- une violente montée des eaux − à la tenté à la verticale supposée de la firmait Eric Besson, député (PS) de suite de précipitations que la météo Clé de voûte. Dans ce trou de la Drôme, maire de Donzère, en n’avait pas prévues – et qu’on était Puits artificiel Salle de la 28 mètres de profondeur et d’un s’interrogeant « sur la capacité de sans nouvelles d’eux. inondé Salle du Clé de voûte diamètre de 44 centimètres, seuls la société des Autoroutes du sud de La rencontre entre les sauveteurs Cône où les 7 spéléologues se sont les plus minces peuvent être des- la France [ASF] à gérer les équipe- Salle des réfugiés à l'abri de la rivière et les spéléos a eu lieu à 100 mètres Zobépines cendus par treuil, un bras en l’air. ments dont elle a la responsabilité ». sous terre, à 12 h 30 exactement. Quatre hommes se glissent et « Le plan neige a prouvé son inef- Rivière l'Ouysse Un des rescapés crie « Tout va Sens du courant Avec la crue, le ruisseau est aboutissent à une cavité inconnue. ficacité », déclarait le député, fai- bien » en direction des secouristes. devenu un fleuve de 10 m Ils sentent « un petit courant d’air ». sant allusion au plan créé après les Un autre leur tend même un bis- de large et 20 m de haut Dimanche matin, après avoir « dé- chutes de neige de janvier 1997 qui cuit. A 13 heures, Michel Sappin, le Siphon sobstrué » un passage, ils trouvent avaient entraîné la fermeture de la préfet du Lot, annonce la bonne un accès jusqu’à la rivière, même autoroute dans les mêmes nouvelle aux familles, puis à la 2 200 m 90 mètres plus bas. La paroi conditions : « Encore une fois, et presse : « Ils sont sains et saufs, 2 800 m Gramat abrupte n’est pas un obstacle pour comme il y a trois ans, alors que l’on mieux portants qu’on pouvait le pen- 4 000 m ces spéléologues chevronnés. sait que les véhicules vont buter sur ser. » Tout l’après-midi de di- Grâce aux repères goniométriques un mur, sur une impasse, on a conti- manche, des vivres et du matériel Meunier. « Nous avons toutes les dif- l’autoroute A 20, entre Cahors et Gomez, responsable des opéra- installés par des techniciens en sur- nué à les laisser rouler vers le sont acheminés dans le gouffre par ficultés du monde », confirme le Brive. Et, surtout, on fait venir des tions de surface. face, ils parviennent à se repérer. Ils piège. » « Si on devait fermer l’auto- la cheminée d’un forage par la- lieutenant des pompiers, Pierre hommes, les meilleurs que la fa- L’entrée naturelle du gouffre sont en amont de la Clé de voûte ; route chaque fois qu’on nous an- quelle une équipe médicale des- Maisonneuve. Déjà, des psycho- mille de la spéléologie française étant condamnée par les eaux, une 300 mètres environ qu’ils fran- nonce un flocon de neige, on aurait cend. « Nous allons les examiner, les logues entourent les familles. puisse réunir − une centaine, spé- stratégie de contournement est dé- chissent en quelques heures. A beaucoup de fermetures qui ne se- remettre en forme puis les aider à re- Alors on décide de mettre le pa- cialisés dans la plongée, l’escalade, cidée, par la surface. Dès mardi, on 12 h30, la jonction est établie. Le raient pas comprises », répondait monter, petit à petit », explique Ber- quet. Un matériel impressionnant le kayak, le transport, les explosifs − se met à forer la roche pour at- message est envoyé à la surface par Olivier Desachy, le directeur régio- nard Tourte, conseiller technique est acheminé sur le site. Des ca- et autant de techniciens de forage, teindre la galerie principale, à une un téléphone de campagne : les nal adjoint des ASF, en admettant du Secours spéléo français, respon- mions, des bulldozers, trois im- de gendarmes, de pompiers et de centaine de mètres au dessous. Plu- sept s’étaient bien réfugiés en hau- toutefois que la société des ASF sable opérationnel des secours. menses foreuses (louées secouristes. Une mobilisation sieurs trous sont ainsi creusés, par teur dans la Clé de voûte, ils étaient « n’a pas pu faire face à tout ». Pour lui, il n’y a désormais plus au- 75 000 francs chacune, plus 2 000 F d’ampleur exceptionnelle pour un lesquels on descend des caméras au sec et avaient su s’organiser « Les chutes de neige ont été fortes cune inquiétude. Effectivement : par heure d’utilisation), des sauvetage aux caractéristiques hors pour repérer les lieux. On fait pour rester saufs. Ne disposaient- et soudaines, on a été surpris », af- dans la nuit de dimanche à lundi, compresseurs, des treuils, des ca- du commun. « Dans la centaine même mugir des sirènes pour ras- ils pas encore de deux jours de firmait le responsable de la Société les rescapés reviennent à l’air libre, méras, des kilomètres de cordes et d’opérations de secours que j’ai me- surer les disparus. Jeudi, par une « carbure » pour les lampes ? des autoroutes. sourire aux lèvres. En bonne forme, de câbles. On réquisitionne des en- nées, je n’ai jamais vu un paquet de cheminée creusée à 2 kilomètres en Le directeur de la protection ci- ils sont cependant placés en obser- gins sur le chantier tout proche de moyens pareil », constate Ruben aval de la Clé de voûte, une équipe Jean-Paul Besset vile à la préfecture de la Drôme, vation. Patrick Savidan, note que les Une issue aussi heureuse n’était chutes de neige ont été bien supé- pas garantie. Le gouffre des Vita- rieures aux estimations de Météo- relles est un quasi-inconnu. Im- France (40 centimètres dans la ré- mense dédale de boyaux, de gale- gion de Montélimar, au lieu des 10 ries et de grottes dans le sous-sol à 15 centimètres prévus). La déci- poreux du causse, long de 6 kilo- sion de fermer l’autoroute A7, mètres environ, il ne possède pas prise à 18 heures par le préfet de la de relevé topographique précis. On région Rhône-Alpes dans le cadre n’y accède que par un trou situé sur du plan neige, n’a été effective le terrain militaire du Centre qu’à 18 h 50. Les difficultés de cir- d’études de Bèdes, près de Gramat, culation étaient toutefois apparues où la Direction générale de l’arme- bien plus tôt. Un poids lourd ment se livre à des expérimenta- s’était mis en portefeuille (cabine tions sur l’effet des armes. Terrain dans un sens et remorque dans privé donc et, de surcroît, interdit. l’autre) à 14 h 20 à Montélimar, en- Les sept qui s’y sont fait piéger, traînant la formation d’un bou- membres de l’association Culture chon qui atteignait vingt kilo- et loisirs du Centre, sont ceux qui le mètres quand la décision de connaissaient le mieux. fermeture a été prise. « Quand je vois les dégâts provoqués par STRATÉGIE DE CONTOURNEMENT 40 centimètres de neige, poursui- Or la montée des eaux s’est avé- vait Eric Besson, je ne peux m’em- rée impressionnante. Un ruisseau pêcher de penser à ce qu’il arrive- souterrain − l’Ouysse − s’est brus- rait s’il y avait un accident majeur quement changé en un véritable dans cette région à haut risque avec fleuve, large de 10 mètres et haut les industries nucléaires et de 20 à 30 mètres. La fureur sou- chimiques et le transport qui passe daine de son débit interdit toute dans cette vallée. » approche en canot. Les sauveteurs Dans les Bouches-du-Rhône, qui s’y essaient en début de se- 3 500 foyers restaient privés d’élec- maine voient leurs bateaux pneu- tricité lundi matin dans la région matiques jetés violemment et dé- d’Aix-en-Provence, d’Aubagne, de chirés sur les parois rocheuses. Pertuis et de Gardanne, où la neige On sait les sept spéléologues ex- est tombée en abondance di- périmentés et disposant de maté- manche. Quelque 200 agents riel de survie. On espère qu’ils sont d’EDF, assistés d’une dizaine d’en- parvenus à se réfugier en hauteur, treprises, équipées d’hélicoptères, dans une salle appelée la Clé de ont travaillé tard dans la nuit pour voûte. On mise sur l’union de leur dégager les arbres abattus sur les groupe, sur leur résistance. « S’ils lignes, redresser des pylônes ou ré- ont anticipé la montée des eaux, s’ils parer les conducteurs rompus, en ont trouvé un bivouac, s’ils ne sont espérant un retour à la normale pas mouillés, si leurs duvets restent dans la soirée de lundi. Dans le secs, s’ils ont économisé les rations et Vaucluse, les pannes affectaient les lampes, ils peuvent tenir trois se- 200 foyers, surtout dans le Lubé- maines », se rassurent les sauve- ron. Les électriciens espéraient ré- teurs. Cela fait beaucoup de si. tablir le courant dans la plupart « C’est le sauvetage le plus difficile des foyers lundi matin. de mémoire de spéléo », estime le sous -préfet de Gourdon, Marc Gérard Méjean Lisez l’Avenir 21 questions sur le XXIe siècle 0123 Avec NUMÉRO DE COLLECTION – 40 PAGES – 10 F daté Avec Le Monde du jeudi 25 novembre 26 LeMonde Job: WMQ2311--0013-0 WAS LMQ2311-13 Op.: XX Rev.: 22-11-99 T.: 10:45 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 09Fap: 100 No: 0421 Lcp: 700 CMYK

13 RÉGIONS LE MONDE / MARDI 23 NOVEMBRE 1999 L’Etat consacrera plus de 120 milliards aux contrats de plan avec les régions Un comité interministériel, réuni lundi 22 novembre, devait conclure un an de négociations sur l’enveloppe consentie pour la période 2000-2006. Le gouvernement a accordé une rallonge de 10 milliards de francs par rapport à ses prévisions, notamment pour aider les exécutifs régionaux fragiles « LE CHIFFRE vous surprendra liards, les régions estimaient leurs régionales – ont renforcé l’Etat régionaux, de nouvelles exigences agréablement », avait lancé Domi- besoins à 34 milliards. La « ral- dans sa volonté de redistribuer les sont apparues. « Quand la négo- nique Voynet, jeudi 18 novembre longe » sera finalement de 25 mil- crédits entre les régions. Mais rat- ciation a démarré, il y a un an, les aux députés réunis à l’Assemblée liards. Sachant qu’en annonçant trapage ne veut pas dire « copi- premières propositions [des ré- nationale. « C’est un peu Noël 105 milliards au départ, « nous nage envers les régions de gauche », gions, relayées par les] préfets, avant l’heure », observe un nous étions fixé la barre de 110 », soutient un conseiller de Mati- étaient extrêmement décevantes, se conseiller à Matignon. Le montant explique un conseiller de Mati- gnon. Sur 12O milliards, le mar- souvient un conseiller ministériel. des crédits de l’Etat pour les pro- gnon, le gouvernement déborde chandage entre le gouvernement et Mais au fur et à mesure, nous avonc chains contrats de plan Etat-ré- effectivement de 10 milliards sur les régions, qu’elles soient de gauche vu naître des projets imaginatifs. » gions sur la période 2000-2006 son bugdet initial. Malgré tout, ou de droite, n’a porté que sur 1 mil- La Bretagne a mis en œuvre avec s’élèvera à 120,3 milliards de francs alors que l’augmentation avait été liard », assure un conseiller minis- l’Etat un programme pour la quali- (18,34 milliards d’euros). Moins de 32 % (en francs constants) pour tériel. té de l’eau. Le Centre et la que les demandes des régions – la dernière période 1994-1999, l’en- Franche-Comté ont exigé des cré- dans leur rêve les plus fous, celles- veloppe budgétaire n’augmente « NOYAUX DURS » dits pour développer les nouvelles ci avaient pu caresser l’espoir cette fois, en tenant compte de L’Etat a contractualisé dans des technologies de l’information et d’obtenir 140 milliards de francs –, l’inflation, que de 10 %, par rap- domaines jusqu’ici peu pourvus. de la communication. Le Limousin mais beaucoup plus que la pro- port aux crédits programmés dans « On a débétonné l’esprit des a souhaité financer des PME de messe du gouvernement faite en la précédente génération. « Tous contrats de plan », constate le l’artisanat. Quant à la Corse, elle a avril de débloquer 105 milliards. les crédits Balladur n’ont pas pu même conseiller. Le gouverne- obtenu des crédits pour son appa- Le 23 juillet, à Arles (Le Monde être consommés », rappelle un ment a étoffé les crédits de la poli- reil de formation. Le gouverne- du 24 juillet) lors du dernier comi- conseiller de Matignon. tique de la ville : 2,8 milliards de ment a infléchi les demandes des té interministériel d’aménagement francs. L’aménagement du terri- régions en matière de transports. et de développement du territoire SOUCIS D’ÉQUITÉ toire obtient 7,3 milliards, dont Aux 120,3 milliards alloués à des (Ciadt), Lionel Jospin avait annon- Plusieurs facteurs expliquent le 1,6 milliard dans la seconde enve- projets régionaux, l’Etat a ajouté cé une première tranche de crédits décalage entre le budget initial et loppe, l’environnement (3,2 mil- 5 milliards pour des grands projets de 95,3 milliards de francs. Ce les efforts finalement consentis liards) a ajouté 300 millions sup- interrégionaux : au total 125,3. Il montant est consacré aux projets par le gouvernement. Les vœux surenchéri dans leurs demandes désavantager celles dont le sort plémentaires au titre des prévoit, en outre, 15 milliards pour régionaux jugés prioritaires par des régions ont pu être d’autant que leur opposition agitait la me- avait été plus enviable. Ainsi, Pro- programmes de prévention des financer de grands travaux régio- l’Etat. Depuis le mois d’août, une plus facilement pris en compte nace de ne pas voter le contrat de vence-Alpes-Côte d’Azur voit les risques naturels, après les récentes naux, non soumis à contractualisa- seconde concertation s’est enga- que les prévisions économiques se plan. Le gouvernement s’est donc crédits de l’Etat passer de inondations dans le sud. l’emploi tion, déjà annoncés en juillet à gée entre l’Etat et les régions. A sont améliorées au cours de l’an- montré ouvert aux demandes, 970 francs par habitant, dans le obtient 3,1 milliards, la santé Arles. Au total, l’Etat consacre charge pour celles-ci de faire va- née. Les majorités régionales fra- pour éviter d’essuyer un refus de précédent contrat, à 1 800 francs 2,7 milliards. Le plan de rénova- 140,3 milliards pour ses investisse- loir, cette fois, leur propres priori- giles ont aussi eu, pour une fois, contractualiser de la part des ré- dans la future enveloppe. Idem tion des universités (U3M) défen- ments régionaux. En tenant tés. Lundi 22 novembre, Lionel un effet positif pour les exécutifs. gions. pour la région Centre, qui passe de du par Claude Allègre est entière- compte de quelques compléments, Jospin devait réunir un ultime En Ile-de-France gouvernée par la Soucieux d’« équité », l’Etat a 900 francs par habitant à 1 900 ment financé par la Matignon met en avant une addi- comité interministériel pour arbi- gauche, en région Rhône-Alpes surtout « rattrapé » certaines ré- francs. Malgré le doublement de contractualisation. Il capte 18 mil- tion qui s’élève à 145 milliards. trer le montant de cette seconde présidée par la droite, les prési- gions, lésées dans les contrats de l’enveloppe de l’Etat dans ces deux liards, sur un total de 20 pour A terme, le succès de la contrac- tranche. L’Etat avait prévu 10 mil- dents de région ont d’autant plus plan précédents, sans pour autant régions, PACA et Centre de- l’éducation nationale. L’agri- tualisation avec les régions meurent toutefois parmi les moins culture obtient 9,6 milliards. Dans comporte une rançon pour l’Etat : bien loties. Inversement, la Bre- chaque secteur, le gouvernement a celle de se voir réclamer un nou- tagne, plutôt bien traitée par le retenu les projets jugés créateurs veau transfert de compétences par Une priorité pour le transport ferroviaire gouvernement Balladur, maintient d’emploi, respectueux de la solida- des régions qui refuseraient de ses avantages en passant de 1 791 rité sociale, et conforme à la no- rester des « supplétifs » de l’Etat, francs dans la période 1994-1999 à tion de développement durable. selon Jean-Paul Huchon, président plus clairement affichée 2 000 francs par habitant dans la Aux nouveaux « noyaux durs » PS de l’Ile-de-France, alors qu’elles prochaine période. Les écarts de l’Etat – transports ferrés, ville, sont sollicitées pour prendre une LA DEUXIÈME enveloppe des pour peut-être frôler les 30 mil- pourront d’autant mieux être fi- entre les régions se sont donc res- emploi – les régions ont ajouté les part de plus en plus grande dans contrats de plan devrait montrer, liards : ce point a suscité jusqu’au nancés que les opérations lourdes treints. Les résultats du dernier re- leurs. Lors de la concertation sur la les investissements de la nation. de façon évidente cette fois, une tout dernier moment les dis- – type TGV – seront réalisées hors censement – qui confirme l’émer- deuxième enveloppe, celle consa- priorité « absolue », selon le quali- cussions les plus serrées. enveloppe des contrats de plan. gence de grandes métropoles crée prioritairement aux projets Béatrice Jerôme ficatif retenu dans les sphères gou- Plusieurs éléments ont contri- Les crédits pour le rail pour- vernementales, des pouvoirs pu- bué à cette évolution. D’abord la raient être augmentés de façon blics pour le développement du ténacité du ministre de M. Gays- d’autant plus significative que ceux transport ferroviaire dans les pro- sot, qui manifeste régulièrement, des routes n’ont pas eu besoin chaines années. Le Comité inter- depuis près de deux ans, sa volon- d’une forte rallonge entre les deux ministériel d’aménagement et de té de transférer rapidement une réunions du gouvernement. La rai- développement du territoire partie du transport des marchan- son tient à un contrôle plus sévère (Ciadt) d’Arles n’avait pas entière- dises de la route vers le rail. En- des tentatives de « saupoudrage », ment convaincu les intéressés sur suite, la croissance économique à savoir la méthode qui consiste, ce chapitre, même s’il voyait les actuelle a eu comme mérite, parmi pour certains élus, à donner la crédits d’Etat pour le rail passer, de d’autres, de prouver par l’absurde priorité à de micro-opérations lo- moins d’un milliard dans le pré- que les grands axes autoroutiers cales dans une perspective électo- cédent contrat de plan, à 3,5 mil- n’ont pas été faits pour voir cir- raliste. « Les grands axes plutôt que liards de francs : un chiffre bien culer en permanence une – voire les déviations », avait demandé le modeste comparé aux 20,5 mil- deux – files ininterrompues de ministère de l’équipement. De fait, liards attribués aux routes. poids lourds. les projets présentés par les élus, La somme avait été, en tout cas, souvent grâce à des accords inter- jugée insuffisante par la SNCF, qui OPÉRATIONS STRUCTURANTES régionaux, privilégient les opéra- n’y voyait pas les moyens néces- L’émotion provoquée par la tions structurantes en terme saires pour désengorger le réseau catastrophe du tunnel du Mont- d’aménagement du territoire. et permettre le développement des Blanc a également contribué à ce La nouvelle répartition des cré- différents trafics, en particulier du que ne soit plus contesté le coût dits d’Etat pour les transports de- fret ferroviaire. Jean-Claude Gays- économique et humain du tout- vrait également permettre de don- sot, ministre de l’équipement, des routier, encore mis en lumière ce ner en partie satisfaction aux transports et du logement, aurait week-end par l’implication des ca- régions déçues par la première en- donc obtenu de Matignon le mions dans les gigantesques bou- veloppe. Ce sera le cas pour le presque doublement des crédits chons de l’A7 (lire page 12). Signe Nord-Pas-de-Calais. Jean-Paul Hu- annoncés en juillet pour le rail, ce des évolutions des esprits sur ce chon, président (PS) du conseil ré- qui devrait faire au bout du sujet : plusieurs présidents de ré- gional d’Ile-de-France, qui ne dis- compte près de dix fois plus que gion sont venus demander des cré- pose que d’une majorité relative et les sommes engagées entre 1993 et dits de la deuxième enveloppe n’est pas assuré de voir voter le 1999. Mais les crédits des routes avec des projets de régénération contrat de plan par son assemblée, eux aussi devraient augmenter de leurs réseaux ferrés. Ceux-ci pourrait également y trouver quel- ques garanties pour l’avenir : la quasi-totalité des moyens jugés nécessaires pour que puisse être Les transports publics reprennent engagée dans la région-capitale une nouvelle phase de développe- ment des transports en commun progressivement à Lyon et à Marseille – soit 20 milliards de francs – de- vraient pouvoir être rassemblés LES MOUVEMENTS de grève qui affectaient depuis une semaine les par M. Huchon. La construction transports en commun de Lyon et de Marseille étaient en voie d’être sus- des fameuses liaisons ferroviaires pendus, lundi 22 novembre. Un accord est intervenu dimanche soir à de banlieue à banlieue, dont l’ab- Lyon entre la direction de la Société lyonnaise des transports en sence est largement à l’origine de commun (SLTC) et l’intersyndicale qui avait lancé le mouvement mardi la thrombose quotidienne des 16 novembre pour protester contre le projet de réduction du temps de principaux axes routiers de la ré- travail. Cet accord n’attendait plus que sa ratification lundi en cours de gion parisienne, pourrait ainsi être matinée. lancée. Un réseau intermodal, fai- A Marseille, la direction de la régie des transports marseillais (RTM) a an- sant largement appel au tramway, noncé lundi matin, après sept jours de conflit, être parvenue dans le cou- devrait commencer à être mis en rant de la nuit à un projet d’accord avec les organisations syndicales pour place en première couronne avec sortir de la grève. Mais la CGT reste prudente sur le contenu de l’accord le prolongement de trois lignes de portant sur la politique salariale et la réorganisation des effectifs chargés métro. d’assurer la sécurité des réseaux. Un volet important du contrat A la SNCF, quelques perturbations affectaient encore les trains de ban- de plan avec l’Ile-de-France porte- lieue sur le réseau Paris est, avec un train sur deux. Le trafic était normal ra enfin sur la qualité du service : sur les grandes lignes. grâce à des trains censés devenir plus sûrs et plus confortables, mais DÉPÊCHE surtout avec la multiplication des a FUSION : les électeurs de Bagnoles-de-l’Orne et de Tessé-La- voies réservées aux bus. Dans les Madeleine (Orne) ont adopté, dimanche 21 novembre, par 67 % des suf- autres régions, les transports en frages exprimés, la fusion de leurs deux communes lors d’un référen- commun ne sont pas inclus dans dum. Le principe de cette fusion simple avait été décidé en conseil muni- les contrats de Plan, car ils font cipal de Tessé-La-Madeleine (1 091 habitants) le 8 septembre et de l’objet de négociations au niveau Bagnoles-de-l’Orne (875 habitants) le 13 septembre. Cette fusion doit de chaque agglomération. être officialisée par un arrêté préfectoral. Christophe de Chenay LeMonde Job: WMQ2311--0014-0 WAS LMQ2311-14 Op.: XX Rev.: 22-11-99 T.: 08:51 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 09Fap: 100 No: 0422 Lcp: 700 CMYK

14 / LE MONDE / MARDI 23 NOVEMBRE 1999 HORIZONS PORTRAIT L’univers naufragé de «Chairman Kim»

HEVEUX argentés ornant un front dégarni et grandes lunettes qui lui mangent le visage, l’homme de petite stature est animé C d’une prodigieuse énergie. Bien que physiquement affaibli et ruiné, Kim Woo-choong, président et fonda- teur de Daewoo, second conglo- mérat sud-coréen (chaebol) en quasi-faillite, avec un endettement récemment réévalué à la hausse (72 milliards de dollars), qui pour- rait se transformer en l’une des plus retentissantes banqueroutes de ce siècle, a fait front jusqu’au dernier moment. En présentant le 1er novembre sa démission (qui n’a pas encore été acceptée par les banques), il pour- rait ne pas avoir encore dit son der- nier mot, jouant une ultime partie de poker pour obtenir des garan- ties de sortie honorables. Avec son retrait inéluctable à plus ou moins court terme, c’est une page de la saga économique de la Corée du Sud, passée en moins d’une géné- ration de la situation de pays pauvre à celle de membre de l’OC- DE, qui se tournera. A la suite du passage, en août, des douze unités de Daewoo sous le contrôle des banques, Kim Woo- choong s’était replié dans sa der- nière forteresse : l’usine de Dae- woo Motors, aux environs de Séoul. Il avait quitté son duplex au sommet de l’hôtel Hilton (qui lui appartenait) pour un modeste ap- partement dans les logements du personnel de l’usine. Il a vendu ses collections d’œuvres d’art et offert une partie de sa fortune person-

nelle (1 milliard de dollars d’actions SYGMA du groupe) en garantie aux crédi- teurs. Une goutte d’eau, certes, Les lois du travail étaient inexis- l’ex-général président Roh Tae- taux d’endettement par rapport dans l’océan de dettes de son em- Malgré les efforts ultimes tantes et, en 1970, Chong Tae-il, un woo dans la seconde moitié des aux fonds propres dépasse les pire. Mais à l’âge – soixante-trois ouvrier d’un petit atelier textile du années 80. Il est vrai qu’au banc 500 %. ans – où beaucoup seraient tentés de son fondateur marché de Tong Dae-mun, à Séoul, des accusés figurait aussi le reste Depuis un an, le naufrage de de dire « après moi le déluge », s’immolait par le feu pour protes- du gotha industriel coréen. Daewoo tenait de la chronique Kim Woo-choong voulait sauver ce Kim Woo-choong, l’empire ter contre le sort des ouvrières. Le Tous les chaebols pratiquaient d’une mort annoncée. Mais per- qui peut l’être d’un groupe qui fi- « miracle », ce fut aussi beaucoup certes la même fuite en avant, avec sonne au gouvernement ne sem- gurait parmi les vingt-cinq plus Daewoo, littéralement de sacrifices, de sueur et de souf- l’aval du pouvoir, mais le « sur- blait disposé à prendre cette « pa- grandes entreprises de la planète. france ; une jeunesse et des intel- feur » Kim Woo-choong avait quel- tate brûlante ». Septembre 1998 : Vêtu du blouson et du pantalon « Le Grand Univers », lectuels bâillonnés. Autant de cris ques longueurs d’avance. De la Li- l’alliance stratégique négociée de- gris-beige de ses employés, il par- étouffés dont le poète emprisonné bye des années 70, où il se lance puis des mois avec General Motors tage leur cantine et ne dort que a vécu. Avec lui disparaît Kim Chi-ha, ou plus tard des écri- dans des projets de construction capote. Octobre : de nouvelles ré- quatre heures par nuit. Il fait des vains tels que Cho Se-hui ou Yi audacieux, à l’Afrique du Sud, où il glementations sur l’émission des comptes et échafaude des plans. un des conglomérats Munyol, se feront l’écho. ouvrit une usine de téléviseurs obligations par les conglomérats Lui, qui avait élevé la « cavalerie » C’est dans cette Corée, sur la- avant même la stabilisation poli- étranglent davantage Daewoo. Dé- en modèle de gestion, fait penser qui avaient sorti la Corée quelle tombera en 1972 la chape de tique, puis aux pays à risque (Eu- cembre : Chairman Kim est aujourd’hui à ces personnages du plomb de la loi martiale, que Dae- rope de l’Est, Vietnam), Daewoo se contraint d’accepter un échange cinéma muet se précipitant d’une du Sud de la pauvreté. woo allait prendre son essor. Kim projette à l’étranger. d’activités voulu par le gouverne- cloison à une autre pour essayer de Woo-choong passa aussi des nuits ment : Daewoo s’engage à re- les retenir alors qu’elles s’ef- Portrait d’un patron blanches pour satisfaire aux IM WOO-CHOONG mise prendre Samsung Motors et à cé- fondrent. Un jour, il est en Libye commandes. Mais sa destinée sur l’automobile et entend der sa branche électronique à pour essayer de persuader Kadhafi mégalomane, parfois changea lorsqu’il fut présenté à K faire de Daewoo Motors Samsung. Avril 1999 : Daewoo an- de régler ses dettes ; le lendemain Park Chung-hee : lycéen, celui-ci l’un des dix premiers constructeurs nonce la mise en vente de ses en Pologne, centre névralgique de génial, mais qui n’a pas vu avait été élève de son père. A la de- mondiaux. Il investit à tout va en chantiers navals. Juin, le deal avec Daewoo Motors en Europe de mande de Park, il commença par Pologne, en Roumanie, en Ukraine, Samsung avorte. Les espoirs des l’Est, pour assurer que tout conti- que son pays changeait redresser une usine de machines. en Inde, en Asie centrale, en Chine, créditeurs, qui avaient pensé que nue. Tel le capitaine Nemo, dont le Puis ce fut le quitte ou double : le tissant la « ceinture » Daewoo. cet échange pourrait rabibocher Nautilus est aspiré dans les mons- démarrage des chantiers navals Considéré par Paris comme un Daewoo avec le pouvoir et enrayer trueux tourbillons du maelström Dans la débâcle, il conservait son tard la chaîne d’hôtels et le Musée d’Okpo piétinait. Furieux de ce re- « ami de la France », il s’implante la débâcle, volent en éclats. En juil- au large des côtes norvégiennes, il charisme auprès de certains. «Je de Daewoo), démarchait les ban- tard, le dictateur avait lancé : « Ap- en Lorraine puis, en 1996, avec l’ap- let, les banques rééchelonnent reste accroché aux manettes. Il n’ai pas voulu changer le nom de quiers, leur fils ficelé sur le dos, pelez Kim Woo-choong ! » Celui-ci pui des plus hautes instances de 7 milliards de dollars de dettes arri- n’est plus maître à bord, mais il est mon entreprise, car, en Corée, il est pour boucler les fins de mois, Kim accepta à condition d’obtenir des l’Etat français, il se porte acquéreur vées à échéance puis, en août, sur le pont, présidant au naufrage. toujours prestigieux, nous dit Kim Woo-choong, surnommé « Tricot prêts gouvernementaux. Avec ce de Thomson Multimédia. Sans suc- placent douze unités du groupe Submergé par les dettes, Daewoo, Yong-sub, président de Daewoo Kim », forçait la porte des importa- coup de poker, Tricot Kim s’était cès, en raison de l’opposition de la sous leur contrôle. La saga de Dae- Le Grand Univers, se désagrège. Info-Systems, qui s’est séparé du teurs américains. Il arrivait sans propulsé parmi les grands patrons commission de privatisation. Un woo s’achève. Ce n’est pas la première fois que groupe avant le naufrage. Et Chair- rendez-vous et, une fois sur deux, il de la « Corée battante », tel que émissaire de Paris alla s’excuser à « Tout ce que j’entreprends est un « Chairman Kim », comme on l’ap- man Kim reste celui qui nous a per- était reçu... Si bien qu’il remporta Chang Ju-young, le fondateur de Séoul. succès », déclarait Kim Woo- pelle en Corée, va se battre au mi- mis d’être où nous sommes. » le prix du meilleur exportateur et Hyundai, qui avait commencé les La crise financière de la Corée, choong au Asian Wall Street Journal lieu de ses troupes. En 1987, déjà, il Rarement un empire industriel fut remarqué par l’ex-général Park mains dans le cambouis en répa- en automne 1997, ne freine pas son en 1996. La mégalomanie de Chair- passa un an dans ses chantiers na- fut davantage identifié à un Chung-hee, qui avait pris le pou- rant des camions de l’armée améri- élan. En qualité de président de la man Kim n’est qu’un élément d’ex- vals d’Okpo parmi les grévistes. homme. La phénoménale expan- voir à la faveur d’un coup d’état plication du naufrage de Daewoo. C’est là qu’il écrivit ses réflexions- sion de Daewoo comme son nau- militaire en 1961. Park avait mis le Car cette mégalomanie fut aussi à recettes du succès publiées sous le frage, c’est Kim Woo-choong, avec pays en coupe réglée et les Coréens Il fait penser aujourd’hui à ces personnages l’origine de son extraordinaire ex- titre éloquent de Chaque rue est pa- ses coups de génie comme ses bé- au travail : sous sa férule avait pansion. Daewoo s’effondre non vée d’or. On y trouve quelques clefs vues, qui en fut l’artificier. De son commencé le « miracle » coréen. du cinéma muet se précipitant parce que les unités qui le de la psychologie d’un homme qui enfance dans la débâcle des lende- La Corée de la fin des années 60 composent manquent de compéti- affirme n’avoir jamais pris un jour mains de la guerre de Corée, lors- était encore dans le dénuement. d’une cloison à une autre pour essayer tivité mais parce qu’elles ont été de repos – sinon pour assister aux qu’il vendait des journaux dans les Séoul était une ville basse, non entraînées dans le naufrage par des funérailles de son fils – et vit son rues pour nourrir sa famille, se exempte de taudis, à la circulation de les retenir alors qu’elles s’effondrent erreurs de jugement. A partir de rôle de chef d’entreprise comme un substituant à son père fait prison- rare : en l’absence de métro, des ar- 1997, Kim Woo-choong n’a pas « mandat du Ciel ». Kim Woo- nier par les Coréens du Nord, Kim mées de vieux autobus blanc et senti que, sous le double effet de la choong y explique son rapport à Woo-choong a acquis un sens de la bleu bondés, des Jeep de l’armée caine. Kim Woo-choong se taillait Fédération des industries co- crise et de la globalisation, la Corée l’argent : un moyen, rien de plus débrouillardise qui allait en faire américaine carrossées et peintes en une place de golden boy de l’ex- réennes, il prône de sortir de la changeait. Trop gâté par le pouvoir, (« L’argent est neutre, il dépend de une sorte de maquignon des af- noir, des vélos à long cadre dispa- pansion. Et il continua à foncer, en- crise par le haut en faisant de la su- il n’a pas compris qu’une époque ce que vous en faites ») et qui, de faires. raissant sous les fardeaux, des tretenant d’excellents rapports renchère dans l’expansion. Sourd s’achevait : celle où les chaebols surcroît, ne manque pas (« Partout charrettes à bras et de vieux taxis avec les régimes musclés qui succé- aux directives du gouvernement étaient « trop gros pour tomber ». où je vais, je sens l’argent »). Et, ef- ANS la rue, il fit l’expé- japonais sillonnaient les rues. A mi- dèrent à celui de Park, assassiné en Kim Dae-jung, qui presse les Le gouvernement n’était pas mé- fectivement, pendant trente-deux rience de la concurrence et nuit, c’était le couvre-feu et la 1979. conglomérats-champignons de content de faire un exemple et le ans, Kim Woo-choong s’est D course pour rentrer. Mais une M. Kim vivait à cent à l’heure, les concentrer leurs activités, il pour- tigre a attaqué l’antilope la plus apprit qu’on peut gagner comporté avec les banques comme avec de l’astuce et parfois un coup énergie prodigieuse animait le deux tiers de l’année en globe-trot- suit son programme d’implanta- vulnérable : par son surendette- « un renard dans un poulailler », se- de poing (il fut boxeur amateur). pays. Les ateliers surgissaient de ter, faisant deux dîners de travail tion à l’étranger et rachète un petit ment à court terme, Daewoo était lon l’expression d’un financier à En 1967, il fonda avec trois terre. Partout, on récupérait, on ré- par soirée. Pour cet homme pressé, constructeur automobile en faillite la victime désignée. Le 25 août, le Séoul. Il reniflait les « coups », compères une petite société de parait, on revendait. Et sous la animé d’une énergie peu commune (Ssangyong). La cavalerie s’accé- président Kim Dae-jung recevait « même s’il y a 1 % de chances de commerce (Le Grand Univers, dé- houlette du gouvernement qui or- au service d’un appétit démesuré, lère : Daewoo gage ses demandes les barons de l’industrie. Chairman réussite, un entrepreneur digne de ce jà...) au capital de 10 000 dollars. Il chestrait l’expansion en exaltant le tout était à vendre ou à acheter. Et de crédit sur des profits escomptés Kim était présent, mais il n’a pas nom y voit l’étincelle », et le finance- paria sur un nouveau type de patriotisme, les petites mains s’af- il n’hésitait pas à emprunter des et, pour trouver des liquidités, desserré les dents. Il était lâché. Le ment était relégué à une question rayonne, et sur le marché améri- fairaient à produire des tissus tan- chemins de traverse : à deux re- émet une montagne d’obligations lendemain son Grand Univers pas- d’intendance. Les banques cain. dis que des chaebols naissants sor- prises, il fut inculpé dans des af- (pour 10 milliards de dollars). Si sait sous le contrôle des banques. n’avaient qu’à suivre. Ce qu’elles Pendant que sa femme, Hee-ja taient acier, navires et bientôt faires de pots-de-vin, dont 30 mil- bien que, en mars 1999, la dette du firent, jusqu’en août. (forte personnalité qui gérera plus automobiles. lions de dollars versés à groupe a augmenté de 40 % et le Philippe Pons LeMonde Job: WMQ2311--0015-0 WAS LMQ2311-15 Op.: XX Rev.: 22-11-99 T.: 10:05 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 09Fap: 100 No: 0423 Lcp: 700 CMYK

HORIZONS-DÉBATS LE MONDE / MARDI 23 NOVEMBRE 1999 / 15 Le secret maçonnique, McGault par Philippe Faure parlons-en N rhétorique, on appel- Corrèze, mais les aime-t-il tous les maître de ses cuisines ; une ten- Guy Savoy ou Bernard Loiseau, qui lerait ça un oxymoron. deux en France ? Plus profondé- dance à l’accessoirisation des plats, multiplient les bistrots mais restent par Jean-Claude Bousquet Soit le rapprochement, ment, c’est la définition même du comme le pense l’historien Antho- dans leur restaurant, refusent avec E restaurant français qui se trouve ny Rowley, où chacun choisit de violence de franchir ce pas qui dans une même phrase, ES récentes attaques de commentaire. Et il faudrait ajou- de deux termes dont les significa- engagée : un chef peut-il, à terme, composer les assiettes à l’aide contribuerait à périmer définitive- lancées à l’encontre de ter les persécutions d’Espagne et du tions paraissent se contredire. s’affranchir du temps, de la géo- d’une palette de condiments, selon ment la figure du chef-artisan. L la franc-maçonnerie Portugal mais aussi celles des dicta- Exemple : « José Bové démonte le graphie et des saisons ? Peut-il se son humeur ou ses propres goûts ; Difficile, dans ce contexte, même font apparaître deux tures de l’Est. Aujourd’hui encore, McDonald’s de la petite ville de Mil- contenter d’appliquer une tech- une tendance, pour le dire d’un en ayant enquêté sur la plus questions : l‘une d’ordre conjonctu- dans un registre heureusement lau ». D’un côté, la fameuse « mal- nique française à des produits ex- mot, à faire plier la cuisine aux grande partie des tables de France, rel, porte sur les « réseaux » niçois ; moins tragique, mais néanmoins si- bouffe » importée d’Amérique ; de cellents, certes, mais importés règles du marketing. de savoir quel sera le statut du l’autre, d’ordre structurel, est celle gnificatif, beaucoup constatent que l’autre, la cuisine française réin- pour se libérer des rythmes natu- Et il n’est pas innocent que ce « restaurant français » ces pro- du secret maçonnique. l’appartenance à la franc-maçonne- ventée, voilà trente ans, par un cer- rels, des contraintes climatiques et soit le chef le plus coté de France, chaines années. Un conservatoire Sur le premier point, il suffit de rie constitue un handicap, dans cer- tain Millau et un certain Gault. du calendrier dicté par le terroir ? le défenseur le plus rigoureux du des arts et traditions populaires ? rappeler une position de principe : tains milieux et dans diverses pro- En 1969, les fast-food n’exis- A en croire l’enquête auprès des terroir, qui introduise subreptice- Un diorama « France éternelle » toutes les fois que des griefs précis fessions. taient évidemment pas en France, grands chefs français sur la « mal- ment ici cette logique et entende la pour riches clientèles étrangères, ont été retenus à l’égard de l’un de Respectons par conséquent la mais les deux fondateurs de ce qui bouffe » que vient de publier Le propager dans le monde, avec l’ou- avec toute la difficulté qu’il y a à ses membres, la Grande Loge de discrétion d’appartenance. Le se- s’est rapidement appelé la « nou- Monde (14 novembre), les avis sur verture d’un Spoon à l’Île Maurice, évaluer ce type d’établissements France a pris instantanément les cret de fonctionnement serait de velle cuisine » planchaient déjà sur la question semblent pour le moins au Japon et, un jour ou l’autre, aux remplis de Japonais, d’Allemands mesures qui s’imposaient, notam- tout autre nature : il caractériserait un décalogue dont le deuxième partagés : si le respect des saisons Etats-Unis. Serait-ce cela, la ré- et d’Américains, venus se ressour- ment la radiation de celui qui, ayant une véritable société secrète. Mais commandement n’aurait pas déplu et du terroir demeure visiblement ponse française à McDo ? cer dans des lieux pour ainsi dire manqué à l’éthique maçonnique, j’écris tout cela au conditionnel car à José Bové lui-même : face aux un gage essentiel de qualité, l’im- Tout est en place, en tout cas, désertés par les Français ? Ou alors n’était plus digne de figurer en son ce secret n’existe plus. Depuis plu- conséquences désastreuses de portation apparaît aussi comme un pour le développement d’une un espace de résistance active à la sein. Il convient toutefois d’ajouter sieurs années, nous multiplions les l’agriculture intensive, Gault et moyen de se procurer des produits chaîne de restaurants, dont seuls la mondialisation, à la malbouffe, aux que la nécessité d’une telle sanction efforts pour aller vers le public, à la Millau ordonnaient en effet de ne pratiquement disparus en France tête pensante et le savoir-faire se- aberrations transgéniques, aux vo- n’est apparue que très rarement. La télévision, dans la presse, lors de travailler que des produits dont lailles à la dioxine, aux attaques de Grande Loge de France peut se féli- conférences ou des colloques. Il est l’origine et la qualité soient absolu- prions ? citer de la qualité de ses membres, donc navrant de voir cette dé- ment irréprochables. C’est la définition même du restaurant La multiplication des scandales due à un choix qui tient moins marche méconnue par de hauts D’où la promotion de la « cuisine alimentaires dessine, en tout cas, compte de la situation socio-pro- responsables de la société fran- du marché », à une époque où l’ali- français qui se trouve engagée : un chef une tendance dont personne au- fessionnelle que de la ferveur d’un çaise. mentation française était déjà «de jourd’hui ne mesure exactement idéal. S’il ne dépendait que de nous plus en plus citadine et industrielle, peut-il, à terme, s’affranchir du temps, l’ampleur mais que le succès des Elevons le débat. Qui trouvons- d’aller plus loin et plus vite, ce se- la restauration “rapide” et “collec- produits bio illustre parfaitement : nous au centre de la chronique ju- rait fait. Mais combien de fois tive”, les plats précuits et aseptisés » de la géographie et des saisons ? réconcilier la santé et la consom- diciaire des derniers mois (je le dis avons-nous entendu des journa- (Pascal Ory, Le Discours gastrono- mation. En la matière, les chefs dans un total respect de la pré- listes nous dire : « Vous, francs-ma- mique français). Et c’est « la cuisine français ont autant de légitimité somption d’innocence) ? Des çons, n’intéressez le public qu’en cas de restaurant, au contraire des pré- (les grenouilles des Balkans rem- ront français. Et c’est peut-être là, que José Bové pour défendre une hommes politiques, de jadis, de na- de crise. » Propos d’ailleurs confir- dictions pessimistes, [qui] profit[a] plaçant, selon Georges Blanc, à terme, un troisième effet de la agriculture biologique, ou au guère ou de maintenant ; des res- mé par l’épisode actuel. Je suis prêt de cette situation pour concentrer en celles de la Dombre), voire comme mondialisation : la tentation pour moins saine, et les produits de qua- ponsables d’associations caritatives à participer quand on voudra à une elle la charge affective et festive qui le signe d’une modernisation iné- les chefs, du moins les plus talen- lité, « génétiquement naturels » ou de mutuelles ; des sportifs ; un émission sur la franc-maçonnerie, à se retir[ait] du repas privé ». luctable qui affecte aussi les ter- tueux ou les plus malins, de systé- (Ducasse). prêtre ; un guide de haute mon- une heure de grande écoute ; à une Le McDo de (Gault) Millau, c’est roirs et dont il serait puéril, au matiquement franchiser leurs ta- L’écho rencontré jusque chez les tagne... Un inventaire à la Prévert. émission se déroulant dans la séré- donc plus qu’un hasard : la jacque- fond, de s’offusquer. lents dans le monde entier. Avec agriculteurs américains par le croi- Que viennent ici faire les «ré- nité, hors de toute polémique et rie de José Bové contre les fast-food Le deuxième effet induit par la pour devise « savoir faire, faire sé de la Confédération paysanne seaux maçonniques » ? Comment destinée à faire savoir à tous com- et les ravages de l’agriculture mon- mondialisation tient en un mot : faire, faire savoir ». Alain Ducasse, semble en tout cas indiquer qu’en ne pas voir qu’il s’agit d’un pro- ment est organisée la Grande Loge dialisée ramène en droite ligne au Spoon. Dans ce restaurant créé par toujours à l’avant-garde et presque la matière, comme le dit Joe Fit- blème de société et non de société de France, comment travaillent ses restaurant, dernier sanctuaire d’une Alain Ducasse à Paris, la carte (en en rupture, se vante ainsi de ne chett du Herald Tribune, « le monde secrète ? Comment ne pas voir que membres, quels sont leurs sujets de qualité et d’une convivialité en péril. anglais) invite les clients à un plus être aux fourneaux d’aucun de est à l’écoute de la France », le recours à Ia franc-maçonnerie re- réflexion, leurs objectifs, leur idéal. Pour autant, inutile de jouer à se « zapping » (sic) entre les produits, ses restaurants. Et la nécessité et pourquoi pas de ses chefs, pour lève alors de la technique éprouvée Sans doute le public serait-il sur- faire peur, le spectre du fast-food les condiments, les accompagne- d’être présent partout dans le mener ce combat. Le midi et le soir, du bouc émissaire ? Quand une so- pris de savoir que nous avons été n’est qu’un aspect marginal (et cari- ments, les modes de cuisson et les monde conduira peut-être les en salle ou aux fourneaux, ils sont ciété doute et se démoralise, elle parmi les premiers en France à dé- catural) du problème : il va de soi origines géographiques. On peut chefs à déserter les cuisines pour se en tout cas déjà nombreux à le cherche des responsables. Souvent, noncer le danger des sectes, lors que Bernard Loiseau ne servira ja- ainsi manger du saumon «a la consacrer au développement de livrer. dans l’histoire récente, les francs- d’un colloque public. Sans doute mais de « Big Mac » ou de « dou- plancha » accompagné de légumes leurs maisons. maçons ont joué ce rôle. Les juifs serait-il intéressé par notre position blecheese » à Saulieu. En revanche, sautés au wok et d’une sauce satay, Pour le moment, certains des aussi ; et parfois, on les réunit, dans sur la laïcité ; loin de traduire une la mondialisation peut affecter la des « barbecue ribs » recouverts plus grands comme Bernard Pa- Philippe Faure est président- le complot judéo-maçonnique de idée de combat, elle correspond de cuisine française par le haut : le dé- d’une épaisse couche de caca- caud, Oliver Roellinger et même directeur général de Gault-Millau. sinistre mémoire. nos jours à une recherche de tolé- veloppement des transports et des huètes, et goûter au dessert des Alors se pose la seconde ques- rance et d’échanges permettant à moyens de communication, déjà es- « doughnuts » arrosés de « mapple tion, celle du secret. Au risque de tous les courants spirituels de se sentiel dans la propagation de la syrup », une pizza au chocolat ou surprendre, j’affirmerai sur ce point rencontrer et de confronter leur dé- « nouvelle cuisine » qui vouait à la une boule de glace au Malabar, va- une part de responsabilité des marche pour s’apercevoir que ce fraîcheur un culte fanatique, per- riation française sur le « pink bub- francs-maçons. Hors d’un secret qui les unit est infiniment plus fort met aujourd’hui d’importer – en blegum flavor » américain. véritable, mais qui est d’ordre pure- que ce qui paraissait les diviser. Car toute saison et presque en temps Pour certains, qui préfèrent se ment symbolique et ne saurait in- ce qu’ils ont en commun c’est une réel – la totalité des produits servis rassurer, ce « concept » ne durera téresser des non-maçons, nous exigence d’élévation spirituelle, à la table d’un grand chef. que le temps de la mode, la clien- nous sommes trop longtemps c’est un idéal de construction de Imaginons – c’est à peine de la tèle de « fashion victims » étant, complu dans un faux secret qui a l’homme. science-fiction – un dîner en 2005 par nature, volatile et infidèle. entretenu les fantasmes. Encore Il est par trop réducteur et intel- chez Michel Guérard ou Antoine Mais sans doute faut-il considérer faut-il introduire ici une distinction lectuellement peu honnête de mé- Westermann, composé de bœuf ce restaurant comme le premier entre secret d’appartenance et se- connaître cet élément fondamental d’Argentine, de chevreuil en été, de symptôme, en France, d’une ten- cret de fonctionnement. pour ne voir en la franc-maçonne- cèpes toute l’année et, au dessert, dance venue de New York et de Le premier relève de la discrétion rie qu’un système de réseaux au des framboises d’Afrique du Sud. Londres où, pour des raisons histo- individuelle et se comprend aisé- service d’un pseudo-secret dont on Un repas chez ces deux grands riques, la « fusion cuisine » et la ment si l’on veut bien se rappeler n’a jamais autant parlé. chefs aura-t-il alors le même sens ? « world food » existent depuis les persécutions subies au cours des L’enjeu n’est ici ni le patriotisme beaucoup plus longtemps. Une siècles. Au bas du grand escalier de fiévreux, ni le terroir barbelé, ni tendance qui voit la logique de la notre siège parisien est gravée la Jean-Claude Bousquet même la qualité des produits ou demande, issue des désirs de la liste des francs-maçons morts en est grand-maître de la Grande leur traçabilité – Jacques Chirac clientèle, remplacer celle de l’offre, déportation. Sa longueur dispense Loge de France. aime le bœuf de Kobe et celui de venue d’un chef démiurge et seul

ment. D’un seul coup, les bons es- née, je défends et je prépare un de la vie à Paris. Les Parisiens pour- prits dénoncent la manière dont les budget pour Paris. J’aimerais que ront rencontrer les équipes munici- Pourquoi médias ne respectent plus le secret l’on regarde ces chiffres, que l’on pales, dialoguer avec les respon- de l’instruction. On s’est enfin scan- commente ces résultats. Je voudrais sables de l’administration. J’ai lancé dalisé des photographes dans les que les médias donnent aux ci- une vaste consultation. Des milliers je reste prétoires, des auditions annoncées toyens les moyens de se forger une de questionnaires sont revenus, Suite de la première page à la télévision, des prévenus atten- opinion. Je ne crois qu’au terrain et remplis d’idées et de suggestions dus devant les tribunaux par la ru- au dialogue. constructives. Les Parisiens ont Mais surtout, si je n’ai rien dit, meur des caméras et des micros. La C’est dans cet esprit que j’assiste- bien résisté au bourrage de crânes. c’est d’abord parce que je crois en « présomption de culpabilité », no- rai, mercredi, au congrès des maires Cela ne me surprend pas. Nous la justice et que j’ai autant tion juridico-médiatique nouvelle, de France et je compte bien, parlerons, le 4 décembre, des confiance en elle que dans le juge- dope l’Audimat et fait vendre du comme chaque année, participer à modes de déplacement dans Paris, ment solide des électeurs parisiens. papier. la réflexion de tous les maires. de l’accueil dans les grands équipe- Je crois simplement ce que me Cependant, un maire ne rend des Maire de Paris, j’ai conscience de ments, de ces questions d’environ- dicte ma conscience. Je n’ai rien comptes qu’à ses électeurs. Il n’est disposer d’une administration et de nement qui sont un souci constant commis de contraire à la loi. Je l’af- pas, comme un ministre, respon- moyens d’action sans commune pour moi – les résultats sont, je firme. Si ce n’était pas le cas, l’hon- sable devant le chef du gouverne- mesure avec mes collègues. Actuel- crois, très sensibles en matière de neur m’interdirait de paraître de- ment qui l’a nommé. M. Strauss- lement, nombreux sont ceux qui propreté et de pollution –, nous dé- vant mes concitoyens et devant Kahn a fait exactement la même sont mis en cause dans des « af- battrons aussi de la sécurité, de mes collègues élus du peuple. analyse : il a démissionné de son faires ». J’ai entendu, dans ces l’animation des quartiers. C’est ain- Je suis magistrat, je suis le dis- poste ministériel, il est resté pre- congrès, l’angoisse des maires mis si que je comprends mon travail de ciple de René Capitan, le garde des mier adjoint au maire de Sarcelles. en examen personnellement sur maire. La lecture de ces question- sceaux du général de Gaulle : j’ai Ce que j’aime dans ce mandat de des points liés à leur gestion. Ce naires m’a donné chaud au cœur toujours eu pour règle de laisser, en maire, c’est qu’il est peut-être, de n’est plus seulement l’association – autant que les intelligents articles toute confiance, agir les juges. J’au- tous, celui qui est d’esprit le plus des médias et de la justice qui est de presse qui, enfin, à l’occasion du rais pu expliquer tout cela aux Pari- démocratique. Les ministres en cause. C’est le rôle et l’action départ du ministre des finances, ont siens et aux Français. Je ne l’ai pas conçoivent des lois, bâtissent des même de la justice. osé exprimer ce que je pense de- fait. J’ai peut-être eu tort. Au- projets. Le maire, sur le terrain, Une vraie justice responsable est- puis longtemps à propos du secret jourd’hui, j’en paye le prix. règle les problèmes de ses adminis- elle une justice qui met des élus en de l’instruction. Ce prix est élevé. Avec ma trés. Je crois bien connaître mes examen pour montrer qu’elle a du Journalistes, encore un effort femme, on nous « juge » partout électeurs. Ils m’écrivent, ils me pouvoir ? Sur cette interrogation pour être parfaitement républi- en France, dans les cafés, sur la parlent. Pendant ces derniers mois, essentielle, nous attendons d’en- cains ! La France a besoin d’une moindre estrade électorale et sous avec mon équipe, mes collabora- tendre la position actuelle du chef vraie réforme de la justice. Elle s’ac- la plume du premier éditorialiste en teurs, sans battage ni trompettes, du gouvernement. Cette réflexion compagnera d’une réflexion sur la mal d’inspiration. j’ai beaucoup travaillé. Les Parisiens sur la justice concerne tous les ci- responsabilité des juges et sur la La justice en France est-elle vrai- le savent. Ils n’osent même plus le toyens, et je suis heureux de voir, manière dont, dans ce type d’af- ment réduite à ce tribunal popu- dire, tellement ils sont assourdis dans ce domaine, que les idées faires, les citoyens doivent être in- laire, à ce jeu de massacre, à cette par le tohu-bohu des enquêtes et commencent à faire leur chemin. formés. Voilà pourquoi, au- « opinion publique » manipulée des comptes-rendus de prétoires. Car la réalité de la gestion pari- jourd’hui plus encore qu’hier, je par quelques-uns ? J’ai beaucoup Les débats du Conseil de Paris, réu- sienne, c’est autre chose. conduirai jusqu’à leur terme, avec réfléchi en écoutant, ces dernières nis tous les mois, sont passion- Ainsi, j’invite tous les Parisiens à confiance, les mandats que les Pari- semaines, l’orchestration politico- nants, souvent neufs et toujours venir dans leur maison commune, à siens m’ont confiés. médiatique de la défense du mi- utiles pour l’avenir de la capitale. l’Hôtel de Ville, le 4 décembre. Une nistre des finances du gouverne- Personne n’en parle. Chaque an- journée sera consacrée à la qualité Jean Tiberi LeMonde Job: WMQ2311--0016-0 WAS LMQ2311-16 Op.: XX Rev.: 22-11-99 T.: 10:31 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 09Fap: 100 No: 0424 Lcp: 700 CMYK

16 / LE MONDE / MARDI 23 NOVEMBRE 1999 HORIZONS-ENTRETIENS Daniel Cohen, généticien « Economiquement parlant, les maladies rares n’intéressent personne » Ce pionnier de la cartographie du génome humain, passé dans le privé, estime que la réflexion éthique et sociale autour de la génétique est insuffisante « Cofondateur du Généthon en ra donc pas forcément d’avoir “greffer” de tels gènes dans les cel- 1990, vous avez mis depuis 1996 compris le rôle d’un gène pour lules malades était beaucoup plus votre connaissance de la géné- corriger son action ? difficile et dangereux que prévu. tique humaine au service de la so- – Absolument, et c’est l’une des C’est pourquoi, pour le moment, on ciété privée Genset, dont l’objectif grandes révolutions à attendre. En ne réserve cette perspective qu’aux est de découvrir les gènes associés matière de pharmacologie géné- maladies incurables ou mortelles. aux pathologies les plus répan- tique, on a longtemps espéré – Les progrès de la génétique dues. Quelles seront les consé- comprendre avant d’agir. On humaine peuvent avoir d’autres quences médicales de cette commence à admettre qu’il faut applications que le traitement des course aux gènes ? adopter la stratégie inverse : cher- maladies. Diagnostic prénatal ou – Les pathologies les plus cou- cher à l’aveugle le partenaire molé- préimplantatoire, enfants “à la rantes, maladies psychiatriques, car- culaire d’une protéine, puis, éven- carte”, tests génétiques à l’em- dio-vasculaires ou métaboliques, tuellement, comprendre grâce à lui bauche, assurances à plusieurs vi- cancers, obésité ou ostéoporose, quelle est la fonction du gène qui tesses selon l’évaluation des ont toutes une composante géné- contrôle cette protéine. risques : quelle société future ce tique. Ces maladies, une trentaine – Revenons à la prévention des typage génétique préfigure-t-il ? au total, concernent des centaines maladies courantes, que vous si- – Toutes ces techniques peuvent de millions de personnes dans le tuez dans un avenir plus lointain. être très dangereuses si elles sont monde. Si elles sont souvent diffi- Celle-ci se fera-t-elle par des cock- utilisées à des fins eugénistes ou ciles à traiter, c’est, entre autres, tails de médicaments semblables discriminatoires, et il y aura sûre- parce que tous les patients ne réa- à celui que vous venez de dé- ment des dérapages, notamment gissent pas de la même façon à un crire ? dans un contexte totalitaire. Dans même traitement. Nous recher- – On peut imaginer une autre les pays démocratiques dans les- chons précisément les gènes res- perspective, plus naturelle : prescrire quels existe déjà une réflexion ponsables de cette diversité. Identi- une hygiène de vie plus adaptée à forte (notamment grâce aux fier les gènes associés à la réponse chaque profil génétique. Pour y par- comités d’éthique), il faudrait que des patients aux médicaments mo- venir, il faudra développer un axe de cette réflexion s’étoffe, que la so- difiera radicalement les modes de recherche encore peu défriché, la ciété soit plus impliquée. Les pro- prescription : à l’empirisme actuel “phénotypologie”. La question est blèmes complexes ne s’appré- succédera l’ère de la prescription ra- la suivante : au-delà des tests géné- hendent pas à travers les médias, tionnelle, établie en fonction des ré- tiques, quels sont les facteurs (va- et il y a un grand travail éducatif à sultats d’un test diagnostique. riables d’un individu à un autre) à faire dans tous ces domaines. – Quel sera le but de ces pres- prendre en compte pour évaluer au Pour savoir, demain, choisir ce qui criptions : prévenir ou guérir ? mieux les risques que chacun pré- sera bon pour le plus grand – L’avenir, c’est la prévention, sente de développer telle ou telle nombre, apprendre le sens du mais elle ne sera pas efficace avant maladie ? Quand on aura progressé partage et de la responsabilité so- plusieurs décennies. Avant, il faudra dans cette voie, on comprendra ciale face au typage génétique, donc guérir. Et pour trouver les mieux pourquoi le même gène, se- c’est maintenant qu’il faut cibles de traitements véritablement lon ceux qui le portent, entraîne un commencer à éduquer les jeunes efficaces, il faudra passer par les risque faible ou fort de développer générations. gènes qui contrôlent les trente ma- une pathologie. Et on découvrira – Quels seront, dans vingt ans, ladies concernées. Actuellement, que, très naturellement, rien que les enjeux de la génétique hu- seuls quelques-uns ont été identi- dans notre alimentation, il existe des maine, quand tout notre patri- fiés, mais on estime qu’ils sont envi- produits qui modulent les effets de moine héréditaire aura été dé- ron un millier. Il reste donc à fournir ces facteurs. Dans trente ans, 90 % crypté ? un extraordinaire effort de re- de la prévention des maladies cou- – Il n’y aura plus de génétique cherche. C’est la grande bataille de rantes devrait pouvoir être faite non menée sur les maladies courantes, la “génomique”, dans laquelle sont par des médicaments, mais par une tout aura déjà été fait. Peut-être actuellement engagées Genset et la bonne adaptation à l’environne- pensera-t-on alors à s’occuper des plupart des firmes pharmaceu- ment dans lequel on vit, en parti- maladies rares, ou à creuser tiques. Et cette bataille industrielle, à culier l’alimentation. blème dramatique. Il en existe envi- ou non, le système public est un sys- de francs par an, quand ça se passe d’autres voies que celles de la mé- la vitesse où vont les choses, sera – Qu’en sera-t-il du traitement ron trois mille, qui, toutes, tème de marché, et il revient aussi bien), personne ne fait rien pour decine. Je vois deux axes possibles terminée d’ici cinq ans. de graves maladies héréditaires, impliquent des gènes dont le dérè- cher de développer un médicament ceux qui en sont atteints – pas plus de recherche : le vieillissement et – Cinq ans pour trouver les telles la myopathie ou la mucovis- glement suffit, à lui seul, à provo- pour une maladie rare que pour une que pour les maladies courantes des le comportement. Mais si le pre- gènes, et combien pour soigner cidose, contre lesquelles avait été quer l’apparition d’une maladie maladie commune : en moyenne pays du tiers-monde, tel le palu- mier de ces axes paraît promet- les maladies correspondantes ? fondé le Téléthon et, par voie de souvent gravissime. Or ces patholo- 3 milliards de francs. Résultat : au- disme qui fait 3 millions de morts teur (on ne cesse de trouver de – Certainement plusieurs années conséquence, le laboratoire Géné- gies ne touchent, au total, que 0,5 % cun Etat ne veut investir dans la re- par an rien qu’en Afrique. Il y a là un nouveaux gènes impliqués dans la de plus, mais avec une caractéris- thon ? de la population. Autrement dit : cherche sur les maladies rares. Asso- grave problème moral. Il faudrait biologie du vieillissement), le se- tique générale : cette prochaine gé- – Ces maladies, que l’on a appe- économiquement parlant, elles n’in- ciations mises à part (mais le développer l’esprit de solidarité uni- cond me laisse plus sceptique. nération de médicaments traitera lées “orphelines”, posent un pro- téressent personne. Qu’on le veuille Téléthon ne récolte que 400 millions verselle, et, dans ce domaine, l’Etat Non qu’il n’y ait pas de gènes im- les causes, et non plus les symp- ne montre pas l’exemple. pliqués dans les comportements tômes. Pour comprendre, prenons – Vous ne dites rien de la théra- humains (comme les maladies, un gène, impliqué dans une mala- pie génique, que l’on évoquait ceux-ci comportent forcément die. Ce gène gouverne la synthèse beaucoup il y a quelques années. une part d’inné), mais parce que d’une protéine, et c’est sans doute Un spécialiste de la « big science » Les résultats n’ont-ils pas été à la je vois mal ce que l’on pourrait en celle-ci qui, d’une manière ou d’une ENTRE LA MUSIQUE et la méde- sant ainsi prendre à la France une hauteur des espérances ? faire. autre, exerce un effet pathogène. Or cine, Daniel Cohen a longtemps hé- place enviable dans la course au dé- – La thérapie génique représente » Autant la phénotypologie des une protéine n’a d’action que si elle sité. Pianiste de talent, diplômé de cryptage de notre patrimoine héré- peut-être une voie d’avenir pour le maladies peut être relativement interagit avec un partenaire – ADN, médecine (il fit son externat à l’hô- ditaire. Dans la foulée, il lance le traitement de certaines maladies, claire, autant elle risque d’être ef- enzyme, protéine, glucide, lipide, vi- pital Saint-Louis, au service des leu- concept du Génopole d’Evry, im- mais pas avant plusieurs décennies. froyablement complexe pour des tamine ou ion. Aujourd’hui, on dis- cémies du professeur Jean Bernard), portant centre de séquençage sou- Son principe est d’introduire dans fonctions comme l’intelligence, la pose de méthodes très subtiles et il est finalement devenu chercheur. tenu par les pouvoirs publics qui une cellule cible un “gène-médica- nervosité, l’émotivité ou l’homo- très puissantes pour déterminer Généticien. Dans les années 80, à ouvre ses portes en 1997. ment”, afin de corriger ou pallier un sexualité. Plus un comportement quel est le partenaire d’une protéine l’époque où l’on commençait tout Mais, déjà, Daniel Cohen est ail- dysfonctionnement génétique. En est complexe, plus l’environne- donnée. Une fois celui-ci trouvé, on juste à travailler sur l’ADN humain. leurs. En 1996, à l’âge de quarante- théorie, cela peut s’appliquer à l’en- ment joue sans doute un rôle im- teste, parfois sur un million de mo- L’aventure du génome commence cinq ans – il est né à Tunis en 1951 –, semble des maladies génétiques, portant... Et il n’est pas impossible lécules différentes, quels sont les alors, et Daniel Cohen est en pre- DANIEL COHEN il a rejoint Genset, petite société de mais, dans la pratique, personne n’a que la génétique humaine du composés capables d’augmenter ou mière ligne. Il n’en bougera plus. biotechnologies créée en 1989 et de- jamais pensé que cette technologie comportement se solde, finale- de diminuer leur interactivité, et Devenu directeur du Centre d’étude du polymorphisme venue aujourd’hui leader européen de la génomique. allait rapidement bouleverser toute ment, par un fiasco total. Mais ce comment se traduit cette variation humain (CEPH), il fonde, avec l’Association française Directeur général et directeur de la recherche génome, la thérapeutique. Pendant un temps, n’est pas une raison pour ne pas sur la cellule malade. Le médica- contre les myopathies (AFM), le laboratoire Généthon, Daniel Cohen n’y a qu’un objectif : trouver, dans les cinq cependant, on a espéré que cette faire les recherches, pourvu que ment adéquat sera une de ces molé- créé en avril 1990 pour identifier les gènes impliqués ans à venir, le millier de gènes impliqués dans les mala- voie serait moins chère que celle de celles-ci soient bonnes ! » cules, qui agira sur la protéine de fa- dans les maladies héréditaires. En 1992, soit trois ans dies les plus courantes. la pharmacologie, parce que le gène çon à mimer sa fonction normale. avant les prévisions les plus optimistes, son équipe pu- serait lui-même le médicament. Propos recueillis par – Cette démarche ne nécessite- blie la première carte physique du génome humain, fai- C. V. Mais très vite, on s’est aperçu que Catherine Vincent

Laurent Fabius, président de l’Assemblée nationale, au « Grand Jury RTL-“Le Monde”-LCI » « La République des crocs-en-jambe n’est pas un régime souhaitable pour le pays » « Avez-vous le sentiment que, dera. Sept ans, c’est trop long pour – Etes-vous favorable au à d’autres moments, il est beau- Et puis la justice – est-ce que ça suffisamment fort pour permettre depuis une quinzaine de jours, le mandat du président de la Ré- maintien du droit de dissolu- coup plus lourd, et il est vraisem- fonctionne bien, est-ce que ça une inflexion de jugement. le climat a changé et que la co- publique. Il faudrait passer au tion ? blable qu’à mesure qu’on s’appro- fonctionne mal ? –, et puis la poli- – Vous préconisez, sur le plan habitation n’est plus la même ? quinquennat. Les Français de- – Oui, de même qu’à celui du chera de l’échéance – si c’est tique au sens large. Et, de ce point judiciaire, un régime spécial – Je suis assez réservé sur ce mo- vraient d’abord élire un président poste de premier ministre. Je re- l’hypothèse qui effectivement est de vue-là, en ce moment, il faut pour les élus locaux, alors que dèle de cohabitation. Je crois qu’il et, un mois après, voter pour les joins, sur ce point, l’analyse faite retenue – il le deviendra davan- bien dire que le contexte n’est pas les Français veulent une justice serait préférable d’avoir la cohé- élections législatives. Je pense que, par le général de Gaulle lors des tage. En général, la cohabitation très favorable... Est-ce que, d’ici au identique pour tous... rence, d’abord parce que, dans la dans 99 % des cas, on aurait une travaux préparatoires à la Consti- commence entre gentlemen et fi- mois de janvier, on arrivera à se – Si la question se posait dans cohabitation, on ne sait plus très cohérence entre la majorité prési- tution de 1958. Il avait dit : “Peut- nit entre pitbulls... concentrer sur le texte et sur lui ces termes, la réponse serait dans bien qui fait quoi et, du coup, au dentielle et la majorité législative. être qu’on modifiera la Constitution, – La réforme de la justice est seulement ? Est-ce qu’on arrivera la question ! Ce n’est pas du tout moment où il faudra sanctionner, – C’est ce que conteste, no- mais il faut garder le droit de disso- aujourd’hui au cœur de la coha- à améliorer suffisamment le cela. Beaucoup d’entre nous pro- positivement ou négativement, les tamment, Jacques Chirac, pour lution.” bitation. Faut-il renforcer la res- contexte ? Ou bien un certain posent que les élus ne soient pas uns et les autres, il risque d’y avoir qui rien ne garantit que les élec- – Dans l’immédiat, vous met- ponsabilité des juges et sa sanc- nombre de parlementaires de au-dessus des lois, mais qu’ils ne un peu de confusion. Ensuite, se- teurs votent les deux fois dans le tez en garde contre la “Répu- tion ? droite diront-ils : “Eh bien oui, on soient pas, non plus, au-dessous lon une formule de Nicolas Bave- même sens... blique des crocs-en-jambe”. Y – On va soumettre au Congrès, avait voté le texte dans nos assem- des lois. Quand je parle d’un statut rez, la cohabitation risque d’abou- – Si on vote le même jour pour aurait-il moyen d’en sortir avant en janvier, un texte constitution- blées, mais on ne peut pas le voter moderne des élus, c’est quelque tir au “plus petit réformateur le président de la République et le terme constitutionnel de nel qui porte sur la réforme du au Congrès” ? Moi, je pense qu’il chose de plus général. commun”. Enfin, on observe un pour la majorité législative, effec- 2002 ? Conseil supérieur de la magistra- faudrait voter le texte, mais, en – Est-ce une condition pour durcissement du climat qui, s’il de- tivement, il est très possible que – Oh ! il y a toujours des possibi- ture. Ce texte a déjà été voté par même temps, je discute avec les que les textes sur le cumul des vait durer, nous ferait entrer dans les Français votent dans un sens lités, mais je crois qu’on n’est pas les deux Assemblées à une très collègues et j’entends bien ce mandats soient votés ? la République des crocs-en- pour telle personne et dans un dans cette situation ! Les deux grande majorité ; donc, si on re- qu’ils disent. – S’agissant de la responsabilité jambe ; je ne pense pas que ce soit autre sens pour la majorité parle- protagonistes principaux, on peut garde uniquement le texte, on se – Qu’est-ce que le gouverne- pénale des décideurs publics, ce le régime souhaitable pour le pays. mentaire. Mais, si on attend de envisager, sans révéler de “scoop”, dit qu’il n’y a pas de raison qu’il ne ment doit faire pour améliorer n’est pas une condition au sens ju- – Comment assurer la “cohé- connaître le résultat de l’élection qu’ils seront probablement ou soit pas voté par le Congrès qui les le “contexte” ? ridique, mais cela créerait peut- rence” ? présidentielle avant de voter pour qu’ils voudront être candidats à réunit. La difficulté, c’est que –Mme Guigou, la ministre de la être un climat un peu différent. » – Il faut une modification insti- une majorité parlementaire, je l’élection présidentielle suivante. beaucoup de parlementaires ne se justice, nous a dit qu’elle allait tutionnelle. J’espère qu’après la crois – et l’expérience historique Du même coup, cela rend toutes préoccupent pas seulement du rendre public un projet de loi sur Propos recueillis par prochaine élection présidentielle, nous l’indique – que les Français leurs décisions, leurs réflexions un texte, mais du contexte : le contex- la responsabilité, qui doit être un Anita Hausser, dès que le futur président de la Ré- donneront une majorité à ce nou- petit peu difficiles. Ce climat-là, de te judiciaire, les autres textes, le corollaire de l’indépendance du Patrick Jarreau publique aura été élu, on y procé- veau président. temps en temps, est positif, mais, problème de la responsabilité, etc. parquet. On va voir si ce projet est et Olivier Mazerolle LeMonde Job: WMQ2311--0017-0 WAS LMQ2311-17 Op.: XX Rev.: 22-11-99 T.: 11:04 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 09Fap: 100 No: 0425 Lcp: 700 CMYK

HORIZONS-ANALYSES LE MONDE / MARDI 23 NOVEMBRE 1999 / 17 Le Maroc change, l’Algérie attend 0 123 EN ALGÉRIE comme au Maroc, ont incarné le règne de Hassan II de l’Etat, rend certains choix moins une lassitude parmi les Algériens, 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD - 75242 PARIS CEDEX 05 une même soif de changement se ont fait leur temps. Le coup de ba- urgents.Le chef de l’Etat attribue et un désintérêt pour la politique. Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 206 806 F manifeste, pour l’heure pacifique- lai qui a suivi, à quelques jours ce retard aux exigences des partis S’y ajoute le sentiment que la loi Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 ment. Elle était perceptible au d’intervalle, dans les médias pu- de la coalition gouvernementale. sur la concorde nationale, approu- Internet : http : //www.lemonde.fr printemps dernier en Algérie, où la blics — éviction du patron de L’opinion y voit plutôt la preuve vée par référendum, est en train ÉDITORIAL campagne pour l’élection prési- l’agence de presse officielle et du d’un désaccord entre la hiérarchie d’échouer. Les groupes armés ne dentielle a été l’occasion d’un dé- directeur de la télévision – va dans militaire et le chef de l’Etat. se bousculent pas pour rendre bat passionné sur l’état de la socié- le même sens. Sur quoi porte le litige entre le leurs armes aux autorités. Et la té et l’avenir du pays, un peu L’engouement pour Moham- président et ceux qui ont permis violence demeure. Depuis l’été, L’audiovisuel public en crise moins de quarante ans après son med VI ne s’arrête pas aux fron- son élection ? Le cœur du pouvoir plus de 500 personnes ont péri, indépendance. Le référendum sur tières du royaume. Les chancelle- est d’une telle opacité que la ré- victimes des groupes armés. Ainsi, E constat est sans ap- lions de foyers équipés d’un télé- la « concorde civile », à l’automne, ries sont au diapason. Au Quai ponse est incertaine. A Alger, les mardi 16 novembre, au moins pel : le secteur audiovi- viseur. Malgré plusieurs dizaines a prolongé ce questionnement de d’Orsay, par exemple, les diplo- hypothèses fleurissent. Le désac- 27 militaires auraient été tués dans L suel public n’a plus la de milliards de francs d’investis- tout un peuple et laissé entrevoir mates ne tarissent pas d’éloges sur cord porte sur le portefeuille de la l’explosion d’une bombe au pas- puissance de la SNCF sement, le câble compte moins de une issue à la crise. Les talents de le sens politique du souverain, sur défense, assurent les uns. Le candi- sage d’un convoi militaire, en Ka- ou de la RATP. Alors qu’une grève trois millions d’abonnés. Le satel- tribun du président Bouteflika et son habileté. Certains d’entre eux dat du chef de l’Etat n’est pas celui bylie. « Je suis en train d’éteindre des transports publics met la lite, dopé par la concurrence son franc-parler ne sont pas pour n’hésitent pas à le comparer au de l’armée, affirment-ils. C’est le l’incendie », rappelait M. Boutefli- France en panne ou les grandes entre TPS et le groupe Canal+, rien dans cette espérance nouvelle jeune Louis XIV prenant le pou- ministère des hydrocarbures qui ka en Italie, où il vient d’effectuer villes à la marche à pied, les télé- montre plus de dynamisme, mais qui a saisi l’Algérie. Liamine Ze- voir. A l’époque, les sujets du roi pose problème, jurent d’autres une visite officielle. Les Algériens spectateurs et les auditeurs du son audience reste encore confi- roual était un chef de l’Etat terne attendaient tout d’un prince jeune, personnes tout aussi bien infor- n’en sont pas vraiment convain- service public ne manquent pas née : fin 1999, TPS table sur et sans projet. Son successeur a imposant le respect par sa majesté mées. A moins qu’il ne s’agisse de cus. Ils aimeraient que le change- de « médias de substitution ». Dé- 900 000 souscripteurs, tandis que trouvé les mots pour redonner au naturelle, mais il allait pousser la gestion du dossier du Sahara oc- ment ne se limite pas au discours. sormais entré dans son septième CanalSatellite devrait en rassem- pays des raisons d’espérer. Mais le l’absolutisme royal à un niveau ja- cidental. jour, le conflit n’a pas l’impact po- bler un peu moins de 1,5 million. temps presse. mais égalé... Cette valse-hésitation a nourri Jean-Pierre Tuquoi litique des années de monopole : Bref, pour la grande majorité des Au Maroc voisin, la disparition Certes, quelques intellectuels il n’est pas sorti du cadre étroit Français, la télévision se résume brutale de Hassan II, au cours de marocains s’inquiètent de voir les des pages « médias » des quoti- toujours aux cinq télévisions gé- l’été, a également permis de mesu- proches de Mohammed VI, diens. néralistes, quand ils sont en me- rer l’espérance fébrile de tout un compagnons du souverain au Col- En moins de vingt ans, depuis sure de toutes les recevoir. royaume. Le nouveau roi a très ha- lège royal pour certains, truster les par Kerleroux l’élection de François Mitterrand La grève a donc quand même bilement pris en compte la soif de postes laissés vacants au ministère Les gens en 1981, le paysage audiovisuel perturbé les habitudes de nom- justice et de considération du de l’intérieur ou dans les médias. français a été complètement re- breux Français. Infidèles malgré peuple. A peine monté sur le Cette mainmise du Palais, le fait dessiné. A la radio, des dizaines eux, reviendront-ils tous dans le trône, quelques gestes (comme que le gouvernement ne soit pas de stations indépendantes et as- giron du service public ? Celui-ci l’allègement du service d’ordre en- informé à l’avance des change- sociatives, puis des grands ré- est en effet soumis à la forte tourant les déplacements du roi), ments de responsables, et des mé- seaux ont capté les habitudes des concurrence des chaînes privées quelques mots, une longue visite thodes inutilement humiliantes auditeurs. Le dernier sondage généralistes ou payante (Canal+) dans les provinces du Nord, répu- pour évincer les hommes irritent Médiamétrie a encore placé RTL, et à la surenchère commerciale tées frondeuses, ont suffi à Mo- certains esprits libres. Mais l’espé- mais aussi les antennes du des opérateurs du câble et du sa- hammed VI pour incarner une mo- rance du changement est telle que groupe NRJ, au premier rang des tellite. Ses problèmes traduisent narchie décrispée, moins hautaine, les critiques demeurent margi- stations les plus écoutées. France une crise identitaire, tant en ce plus attentive aux soucis du nales. L’état de grâce est toujours Inter et France Infos ont déploré qui concerne sa stratégie face à peuple. de saison. une légère érosion de l’audience. l’émergence des nouvelles Ce n’est plus le cas en Algérie. Sur le petit écran, le boulever- technologies (numérique hert- MAINMISE DU PALAIS Au cours de ses multiples interven- sement est encore plus manifeste zien, internet, etc) que ses conte- Où en est-on aujourd’hui dans tions dans les médias, le chef de depuis la privatisation de TF 1 et nus. ces deux pays ? Avec le temps, l’es- l’Etat ne manque pas une occasion la montée en puissance de M 6. Paradoxalement, les inquié- pérance est-elle toujours vivace ? de critiquer l’administration de Avec la mise en place du câble et tudes des personnels se mani- Et les deux chefs d’Etat l’in- son pays, de fustiger la corruption, du satellite, et plus encore le lan- festent au moment où un signe carnent-ils encore ? Au Maroc, la de promettre d’éradiquer la vio- cement, en 1996, de la télévision politique fort a été donné par réponse ne fait pas l’ombre d’un lence, et, au total, de « faire entrer numérique, ce sont des dizaines l’Etat actionnaire. Le Parlement doute. L’attente du peuple conti- [l’Algérie] en paix dans le de programmes qui font concur- vient d’entériner une hausse his- nue à reposer sur les seules XXIe siècle ». Mais que pèsent ces rence aux traditionnelles chaînes torique de 4,8 % du budget de épaules du souverain, malgré sa odes au changement, ces pro- hertziennes. La profusion est telle l’audiovisuel public, destinée à jeunesse et son inexpérience. messes d’un avenir meilleur quand qu’une grève n’entraîne plus la compenser le manque à gagner Après quelques mois de règne, sa des signes de blocage se mani- crainte de l’écran noir ou de la de la diminution du temps de pu- cote de popularité est au zénith, festent au sommet de l’Etat et que pénurie d’images. blicité sur les chaînes publiques toutes catégories politiques les mêmes hommes occupent les Et pourtant, cette abondance contenue dans le projet de loi confondues. Tout se passe comme mêmes postes ? de l’offre de chaînes reste hors de Trautmann en cours de dis- si les Marocains avaient reporté Tout chef d’Etat fraîchement élu portée de la majorité des 23 mil- cussion. sur Mohammed VI l’espoir de inaugure son mandat par un chan- changement qu’incarnait, lors de gement de gouvernement. Ce de- 0123 est édité par la SA LE MONDE sa nomination à la tête du premier vait être le cas en Algérie. M. Bou- Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; gouvernement d’alternance, le so- teflika avait promis de se Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint cialiste Abderrahmane Youssoufi, débarrasser d’une équipe pour la- Directeur de la rédaction : Edwy Plenel et auquel il n’a pas su répondre. quelle il n’avait pas caché son peu Directeurs adjoints de la rédaction : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau S’il ne parle pas ou peu – il n’a d’estime. Or, six mois après son ar- Directeur artistique : Dominique Roynette pas encore rencontré de journa- rivée à la tête du pays, le chef de Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment Rédacteurs en chef : listes – le roi agit. Et il le fait dans l’Etat n’a toujours pas remplacé le Alain Frachon, Erik Izraelewicz (Editoriaux et analyses) ; le sens souhaité par une majorité gouvernement de son prédéces- Laurent Greilsamer (Suppléments et cahiers spéciaux) ; Michel Kajman (Débats) ; Eric Fottorino (Enquêtes) ; des Marocains. Le limogeage du seur, Liamine Zeroual. Du coup, la Eric Le Boucher (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Franck Nouchi (Société) ; Claire Blandin (Entreprises) ; ministre de l’intérieur Driss Basri, machine gouvernementale tourne Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Christian Massol (Secrétariat de rédaction) le mardi 9 novembre, en est le plus à vide et les décisions, en parti- Rédacteur en chef technique : Eric Azan récent exemple. En congédiant culier dans le domaine écono- Médiateur : Robert Solé brutalement l’homme qui symboli- mique, se font attendre, au grand Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg sait la monarchie autoritaire vou- dam des – rares – investisseurs Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet ; lue par Hassan II, son fils a répon- étrangers. Heureusement pour partenariats audiovisuels : Bertrand Le Gendre du à un souhait profond. La l’Algérie, la hausse des cours du Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président rupture est claire : les hommes qui pétrole, en regarnissant les caisses Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994)

Le Monde est édité par la SA Le Monde Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. Le crépuscule de Jordi Pujol Capital social : 1 003 500 F. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, Fonds commun de placement des personnels du Monde, Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, « TE DEUM » du sacre ou chant Et pourtant, l’autre jour à Barce- nalistes épisodiques, comme ce d’ERC. Ces derniers, rêvant d’un Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Iéna Presse, Le Monde Prévoyance, Claude Bernard Participations. du départ ? Être réélu président de lone, ce qui devait être justement « pacte de Barcelone » conclu il y éclatement futur de CiU, clament : la Généralité catalane, pour un la fête du sacre avait tout, déjà, a deux ans entre nationalistes gali- « Le pujolisme est mort, mais pas le historique sixième mandat, après des prémices de l’entrée au Pan- ciens, catalans et basques pour catalanisme. » ILYA50 ANS, DANS 0123 dix-neuf ans d’un règne sans par- théon. Qu’est-ce à dire ? M. Pujol obtenir plus de souveraineté, et Quant à M. Aznar, il n’a pas fait tage, est à coup sûr un couronne- n’a-t-il pas été désigné dès le pre- qui avait tant agacé Madrid. De une mauvaise affaire : son parti, ment pour Jordi Pujol. Du jamais mier tour au Parlement catalan ? même, pour obtenir, faute de sou- en monnayant son appui en Cata- L’avenir des colonies italiennes vu dans l’histoire fluctuante de Si, bien sûr, et en cela il sauve sa tien, la neutralité et l’abstention logne à M. Pujol, ne fait, après nos démocraties de l’alternance. « mauvaise » élection (son parti a des 12 députés d’Esquerra Repu- tout, que lui rendre le même ser- L’ASSEMBLÉE générale des Na- administrées par la Grande-Bre- Un record mérité, sans doute, car perdu 4 sièges) avec brio, mais il a blicana (indépendantistes républi- vice intéressé que ce dernier lui tions unies a enfin pris des déci- tagne, le Fezzan par la France, sous ce petit homme de soixante-neuf dû arracher son mandat par cains), Jordi Pujol a dû signer un prodigue au niveau national. Mais, sions sur l’avenir des colonies ita- le contrôle d’un haut-commissaire ans, à la volonté de fer et aux 68 voix favorables, 55 contre et autre compromis, en sens inverse si José Maria Aznar gagne large- liennes, sauf l’Erythrée où sera de l’ONU assisté d’un conseil convictions nationalistes passion- 12 abstentions. Un mandat prépa- celui-là, quoique de moindre im- ment les élections législatives du envoyée une commission d’en- consultatif. La Somalie est placée nées, qui a sous le franquisme ré par des semaines de tractations portance. printemps et n’a plus besoin de quête. sous la tutelle de l’Italie pour dix payé de deux ans de prison ses frénétiques, poursuivies jusqu’à Déjà la bataille des chiffres, au l’aide de M. Pujol, une probable On sait que les Nations unies ans ; après quoi, l’indépendance lui idées, n’a eu de cesse de faire de la l’ultime minute du scrutin par les soir des élections, qui, en raison redistribution des cartes est à pré- sont intervenues en vertu du traité sera également conférée. Catalogne ce qu’elle est au- députés de Convergencia i Unio, la des caprices du découpage électo- voir. de paix avec l’Italie, les Etats-Unis, Ces décisions ont été prises à de jourd’hui : un des moteurs de l’Eu- coalition nationaliste de centre ral ayant donné la victoire en voix la Grande-Bretagne, l’URSS et la fortes majorités. Les principaux rope. droite de M. Pujol, et qui repose aux socialistes, avait jeté nette- ALTERNATIVE SOCIALISTE France n’ayant pu se mettre d’ac- opposants étant l’URSS et l’Ethio- Région-phare qui, avec 15 % de sur des bases fragiles. Face aux ment une ombre, sur la victoire en Bref, ce sixième et crépusculaire cord sur le sort de ces territoires. pie. La première aurait préféré en la population du pays, assure à 55 parlementaires verts et socia- sièges, du parti de M. Pujol. De dernier mandat s’annonce à « géo- Une première solution attribuant Libye une tutelle des Nations elle seule 20 % du PIB et 25 % de la listes qui ont voté contre lui, Jordi plus, ces dernières semaines, où métrie variable ». Et nul doute que la tutelle de la Tripolitaine à l’Italie unies, qui lui aurait permis d’être production industrielle espagnole. Pujol, pour parvenir à la majorité somme toute CiU a négocié de Jordi Pujol, le visionnaire, qui pré- et celle de la Cyrénaïque à l’Angle- présente dans l’Afrique du Nord. Une région, enfin, dont 80 % des absolue exigée (68 sièges), n’a pu deux côtés diamétralement oppo- fère prendre du champ, en géné- terre fut près d’aboutir au prin- L’Ethiopie affirme que le voisinage habitants parlent leur propre compter que sur les 56 votes de sés, à la fois avec le PP et avec ral, et parler de globalisation au- temps dernier. Il lui manqua quel- de l’Italie sera un danger pour elle. langue, le catalan, et qui, dans le son parti, auxquels se sont joints, ERC, une gêne nouvelle s’est ins- près d’instances européennes, va ques voix pour obtenir la majorité Un territoire aussi peu important concert des autonomies régionales in extremis, les 12 députés du Parti tallée. Y compris auprès d’élec- devoir redescendre, et se battre en des deux tiers. que la Somalie ne saurait pourtant dont est charpentée l’Espagne, a populaire (PP, au pouvoir à Ma- teurs qui, dans le passé, ont appré- personne, dans une arène poli- La solution qui vient d’être justifier l’envoi d’une garnison obtenu, avec le Pays basque, plus drid). cié les brillants équilibres de tique catalane où chaque voix lui adoptée est assez différente. Elle considérable ; les rancunes et les de compétences que n’importe funambulisme politique auxquels sera comptée. Comme il devra fait de la Libye un tout, pays qui appréhensions éthiopiennes se- quel Land allemand. L’AGACEMENT DE MADRID le président catalan, dans sa ges- préparer une succession sans deviendra indépendant le 1er jan- raient-elles justifiées par le passé ? En fait, presque rien ne s’est fait Et encore, pour cela, après avoir tion très personnelle, les avait ha- cesse repoussée. D’autant que, do- vier 1952. Jusqu’à cette date, la Cy- en Espagne sans ce nationaliste juré durant toute la campagne bitués. Comme si le projet de tran- pés par leur score inespéré aux rénaïque et la Tripolitaine seront (23 novembre 1949.) catalan qui insupporte les Espa- qu’il ne pactiserait pas avec le PP, quille révolution nationaliste, rêvé élections, les socialistes catalans, gnols. Lui dont le modèle de rap- qui, en Catalogne plus qu’ailleurs, par M. Pujol et déjà très largement emmenés par Pasqual Maragall, se port avec Madrid évoque celui a l’image marquée d’un parti « na- accompli, s’était normalement es- posent déjà en alternative de fu- 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS d’une Autriche-Hongrie où la tionaliste espagnol », a-t-il dû pas- soufflé et, vidé de sa substance, ne tur. C’est, pour la première fois, Hongrie aurait, en sous-main, tiré ser sous les fourches Caudines de montrait plus que sa trame. Cer- une alternative crédible, avec le Adresse Internet : http : //www.lemonde.fr bien des ficelles. Surtout celles du M. Aznar, signant un document tains, comme le pourtant courtois projet d’une Catalogne aussi exi- Télématique : 3615 code LEMONDE pouvoir. De fait, aucun gouverne- qui reconnaît la pluralité de la Ca- éditorialiste de La Vanguardia, Xa- geante sans doute, mais plus ou- Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC (5,57 F/mn) ment espagnol, des socialistes au talogne. Et, surtout, la validité de vier Batalla, se disent écœurés par verte et sûre d’elle-même, après ou 08-36-29-04-56 (9,21 F/mn) centre réformateur de José Maria son statut d’autonomie, auquel il « cette commedia dell’arte de bas les combats revendicatifs – néces- Le Monde sur CD-ROM : 01-44-88-46-60 Aznar, n’a gouverné, sans l’appui n’est pas question de toucher, hors niveau » ; d’autres parlent d’au- saires mais appartenant au passé – Index du Monde : 01-42-17-29-33. Le Monde sur microfilms : 03-88-71-42-30 – chèrement négocié – de celui du cadre de la Constitution. Ce qui tant plus de « fin de règne » qu’ils du nationalisme à la Pujol. que ses détracteurs appellent le revient à dire que le « vice-roi » aspirent à le remplacer, comme les Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 « vice-roi ». devra adoucir ses flambées natio- républicains indépendantistes Marie-Claude Decamps LeMonde Job: WMQ2311--0018-0 WAS LMQ2311-18 Op.: XX Rev.: 22-11-99 T.: 10:40 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 09Fap: 100 No: 0426 Lcp: 700 CMYK

18 ENTREPRISES LE MONDE / MARDI 23 NOVEMBRE 1999

AÉRONAUTIQUE Après plu- b LE CONSEIL DE SURVEILLANCE du b SI LES COMPAGNIES aériennes chaine. b CET AVION à double pont Atlantic souhaiterait même y instal- sieurs années d’études, le construc- 8 décembre devrait donner son feu passent un nombre suffisant de pourra comprendre des couchettes, ler des casinos. b LA FUSION AN- teur d’avions européen Airbus a dé- vert au lancement commercial pen- commandes fermes, Airbus recevra un salon de coiffure, une salle de NONCÉE d’Aerospatiale Matra et de cidé de donner vie à son projet de dant une période test de l’A-3XX, l’accord définitif de son conseil pour sport, des magasins duty free, ou DaimlerChrysler Aerospace a contri- « super-jumbo » de 480 à 650 places. concurrent direct du Boeing 747. démarrer la production l’année pro- encore des salles de massage. Virgin bué à faire avancer le projet. Airbus donne le coup d’envoi à son futur paquebot des airs Le conseil de surveillance du constructeur européen doit donner son feu vert au lancement commercial de l’A-3XX le 8 décembre. Si les commandes s’avèrent suffisantes, ce super-jumbo de 480 à 650 places sera mis en production dès l’an prochain pour être livré en 2005 APRÈS PLUSIEURS années soit une trentaine de millions de vélé ce calendrier à l’occasion du anonyme. Les quatre partenaires d’étude, le super-jumbo A-3XX L'isolement britannique plus que pour le 747, avec une cen- Salon aéronautique de Dubaï qui industriels savent qu’ils ne pour- d’Airbus est prêt. Le projet de pa- LES PARTENAIRES D'AIRBUS taine de places en plus. L’objectif s’est achevé vendredi 19 novembre. ront réaliser seuls cet investisse- quebot des airs, un avion de 480 à d’Airbus était de battre les perfor- Les équipes du constructeur euro- ment colossal de 10 milliards d’eu- 650 places, devrait être soumis aux BRITISH AEROSPATIALE Airbus est actuellement un mances de son concurrent Boeing, péen, ingénieurs et commerciaux, ros, malgré les avances AEROSPACE MATRA groupement d'intérêt partenaires industriels du qui domine le ciel avec son « su- ont mené à leur terme les études remboursables qu’ils devraient re- (GB) (France) économique (GIE) dont ses constructeur européen, lors du 37,9 % per-jumbo ». Une vingtaine de de marché et les études techniques. cevoir de leurs gouvernements res- quatre partenaires industriels conseil de surveillance du mercredi compagnies aériennes, dont Uni- « Nous savons maintenant que nous pectifs (au maximum 30 % du détiennent des parts. La 8 décembre. Le français Aerospa- En cours ted Airlines, Virgin, Lufthansa, Air pouvons faire cet avion, mais nous montant du projet). Ils ont donc 20 % de fusion transformation du GIE en tiale-Matra, l’allemand Daimler- société anonyme est en projet. France, KLM, Japan Airlines, Singa- devons savoir si les compagnies aé- l’intention d’inviter d’autres indus- Chrysler Aerospace, qui doivent fu- Les partenaires transféreraient pore Airlines, Qantas et Emirates, riennes sont prêtes », confirme triels à partager les coûts et les bé- sionner prochainement, l’espagnol alors les bureaux d'études et ont participé aux études prélimi- Jean-François Bigay, vice-président néfices de ce programme. « Nous 4 % 37,9 % Casa et British Aerospace de- les usines à Airbus. Seuls le naires et à la définition du nouvel chargé du secteur aéronautique avons pour objectif de faire rentrer vraient autoriser le constructeur à CASA DAIMLER appareil. d’Aerospatiale-Matra, l’un des des partenaires extérieurs à hauteur (Espagne) CHRYSLER marketing, la politique proposer ce nouvel avion, futur ri- AEROSPACE commerciale et le service principaux actionnaires d’Airbus. de 40 % du programme », précise val du 747 de Boeing, aux compa- (DASA, Allemagne) après-vente sont actuellement UN INVESTISSEMENT COLOSSAL La fusion annoncée d’Aerospa- M. Leahy. L’italien Alenia, le co- gnies aériennes. Ce seront elles qui PROJET DE SOCIÉTÉ CONJOINTE du ressort du consortium. Airbus leur demande désormais tiale-Matra et de DaimlerChrysler réen Samsung, le canadien Bom- décideront de la vie ou de la mort de concrétiser leur engagement... Aerospace a certainement contri- bardier, le brésilien Embraer, voire du projet. En effet, seul un nombre et de verser un premier acompte bué à faire avancer le projet de l’américain Lockheed, grand rival suffisant de commandes fermes sera mis en service en 2007, suivi pas ces services, certaines préférant sur la base des prix fermes qui de- l’A-3XX, que bloquaient certains de Boeing, pourraient saisir l’invi- permettra à Airbus de recevoir l’ac- par l’A-3XX-50R avec 481 sièges. installer le maximum de sièges », vraient être annoncés le 8 dé- partenaires dans l’attente de la tation qui leur est faite pour entrer cord définitif de son conseil pour Cet avion à double pont pourra nuance M. Leahy. Ces compagnies cembre. Commencera alors un constitution des alliances indus- sur le marché des avions civils de lancer le nouvel avion dans le cou- comprendre des couchettes, un sa- charters pourraient ainsi faire voler compte à rebours de très exacte- trielles. Avec 75,8 % des droits de plus de 100 places. rant de l’année 2000. lon de coiffure, une salle de sport, jusqu’à 800 passagers ! ment cinquante-deux mois avant la vote, et même 80 % avec son allié Plusieurs versions de l’A-3XX se- des magasins duty-free, ou encore Pour ce nouveau paquebot du livraison du premier appareil, espagnol, la nouvelle société fran- VISION OPPOSÉE ront proposées. L’A-3XX-100 offri- des salles de massage. Virgin ciel, les compagnies aériennes de- en 2005. co-allemande devrait concéder à la Boeing a longtemps tenté de dis- ra 555 places, en version trois Atlantic souhaiterait même y ins- vront débourser environ 230 mil- C’est John Leahy, le vice-pré- partie britannique la transforma- suader Airbus de se lancer dans classes dès 2005. L’A-3XX-200, al- taller des casinos. « Toutes les lions de dollars (223 millions d’eu- sident d’Airbus Industrie, chargé tion des statuts du groupement l’aventure. Dans ces dernières longé, comprendra 650 places et compagnies aériennes n’offriront ros) pour la version de 555 places, des affaires commerciales, qui a ré- d’intérêt économique en société études de marché, l’américain éva- lue le marché pour les avions de plus de 500 places à 80 exemplaires au cours des dix prochaines an- L’entrée de groupes français dans le constructeur Embraer inquiète l’armée brésilienne nées, alors qu’Airbus parie sur 1 200 unités, soit une vision du RIO DE JANEIRO Grande vedette du dernier Salon du Bour- que le constructeur établi à Sao José dos Il y a quatre ans, à l’issue d’une intense marché diamétralement opposée. de notre correspondant get, au cours duquel la compagnie régionale Campos (Etat de Sao Paulo) est le dernier guérilla commerciale entre l’Elysée et la Avec une croissance du marché aé- Des généraux brésiliens assimilent la ré- suisse Crossair lui a officiellement passé joyau rescapé d’une industrie d’armement Maison Blanche, Thomson-CSF avait perdu, rien de 5 % par an et l’engorge- cente entrée, à hauteur de 20 %, du consor- commande de 200 appareils, pour un mon- national qui eut jadis son heure de gloire au profit de sa rivale américaine Raytheon, ment des aéroports, Airbus est tium français, formé par Aerospatiale Ma- tant de 4,9 milliards de dollars (4,7 milliards avant de péricliter irrémédiablement, dans un juteux contrat de 1,4 milliard de dollars « convaincu que le marché aura be- tra, Dassault Aviation, Snecma et d’euros), Embraer livre désormais au cana- les dernières années de la dictature militaire (1,3 milliard d’euros) relatif à l’installation, soin d’appareils de plus en plus Thomson-CSF, dans le capital du groupe aé- dien Bombardier, sur le créneau de l’avia- (1964-1985). Embraer a écoulé, en quinze dans le nord du pays, du réseau de couver- gros », explique M. Bigay. ronautique national Embraer (Le Monde du tion régionale, un duel comparable à celui ans, 650 avions militaires d’entraînement ture satellite du système de vigilance de Au-delà de la rentabilité écono- mardi 26 octobre) à l’installation d’une tête qui oppose Boeing à Airbus sur le marché Tucano dans quatorze pays, dont la France l’Amazonie (Sivam). Avec son entrée dans le mique propre de ce projet, les res- de pont destinée à préparer une conquête des moyen- et long-courriers. La firme bré- et le Royaume-Uni. capital d’Embraer, le groupe français conso- ponsables d’Airbus sont de toute en règle. C’est en tout cas l’interprétation silienne n’avait cependant plus les moyens, Source de spéculation, l’arrivée des Fran- lide une présence ancienne au Brésil, le par- façon convaincus qu’il est indis- recueillie par La Gazeta Mercantil, principal ni financiers ni technologiques, de ses ambi- çais coïncide avec la décision d’Embraer, ar- tenariat amorcé dans l’équipement électro- pensable pour assurer une saine quotidien économique du pays, auprès de tions planétaires. rêtée en début d’année, de relancer ses in- nique de l’EMB-145 SA. Cet appareil, dont concurrence entre les deux « militaires préoccupés par la possible cession vestissements dans l’industrie de défense. huit exemplaires ont déjà été commandés constructeurs rivaux. De nom- du contrôle actionnaire de l’entreprise à des UNE ÉCLIPSE DE CINQ ANS Au terme d’une éclipse de cinq ans, sans par l’armée de l’air brésilienne, participera breux observateurs estiment que compagnies étrangères ». Son directeur général, Mauricio Botelho, lancement de nouveaux modèles intéres- au contrôle du trafic aérien dans le cadre du Boeing réalise des marges impor- Ces officiers anonymes « ne croient pas, a donc opté pour l’ouverture tous azimuts. sant ce secteur, le groupe a présenté, en Sivam. tantes sur le Boeing 747, seul avion précise le journal, que les Golden Shares, ac- Le changement de cap vient de se concréti- mai, la première version militaire de Les visées stratégiques de Dassault sont de la gamme de l’américain à ne tions donnant un droit de veto – détenues par ser, coup sur coup, par le « partenariat stra- l’ERJ-145. Adapté, grâce au radar arrière plus nébuleuses. L’un de ses porte-parole pas rencontrer la concurrence de le gouvernement fédéral – puissent garantir le tégique » scellé avec le consortium français. Erieye du suédois Ericsson et aux systèmes s’est même empressé de préciser, dès l’an- l’européen. Airbus, qui enregistre contrôle des décisions stratégiques d’Em- Sur le point de se transformer en authen- de communication et d’autodéfense fournis nonce officielle de l’accord, que celui-ci cette année des performances braer ». Seule certitude pour l’heure : la tique multinationale prometteuse (les par Thomson-CSF, à la surveillance aé- n’était lié « à aucun produit ou marché parti- commerciales exceptionnelles, banque d’affaires Bozano Simonsen, action- seules commandes fermes se montent ac- rienne et au transport logistique, culier ». Il n’empêche que le Mirage 2 000-5, avec plus de 400 appareils naire de référence avec 20,5 % du capital tuellement à 7,5 milliards de dollars ou l’EMB-145 SA a remporté, aux dépens de qui tenait déjà fermement la corde, fait dé- commandés, contre moins de 200 (ses partenaires, les fonds de pension Previ 7,15 milliards d’euros), Embraer attend concurrents aussi prestigieux que Lockheed sormais figure d’intouchable favori à l’ap- pour Boeing, sait qu’il ne pourra et Sistel en possèdent 20 % chacun), s’est inexorablement un processus de « dénatio- Martin et Northrop Grumman, un appel proche du renouvellement programmé des renouveler cette performance s’il engagée, lors de la privatisation, en dé- nalisation » susceptible, à en croire la d’offre de 600 millions de dollars (570 mil- vétustes escadrilles de chasse de la force aé- n’offre pas aux compagnies aé- cembre 1994, de l’avionneur aujourd’hui grogne des états-majors, de s’étendre bien- lions d’euros) concernant la livraison de rienne brésilienne. riennes une gamme complète. classé au quatrième rang mondial, à mainte- tôt aux postes de pilotage de l’entreprise. La quatre appareils de ce type à l’armée de l’air nir ses positions jusqu’en 2007. mutation en cours les inquiète d’autant plus grecque. Jean-Jacques Sévilla Christophe Jakubyszyn En cédant sa participation dans LuK, Valeo se donne les moyens d’accélérer sa croissance

VALEO a décidé de se donner retrouve, en effet, dans une si- prévu son objectif de réaliser japonaise de l’allemand Bosch, 65 % des coûts de production dépasseront les 10 milliards de les moyens de ses ambitions. tuation d’excédent de trésorerie 60 milliards de francs de chiffre en signant une lettre d’intention d’une voiture. « Nous pensons chiffre d’affaires », prophétise L’équipementier français a an- alors que, fin juin, l’endettement d’affaires », prévoit M. Goutard, le 27 octobre (Le Monde du que cette tendance va se pour- M. Goutard ! noncé, lundi 22 novembre, la du groupe s’élevait à un peu plus qui parle d’un « horizon proche ». 29 octobre). L’accord prévoit la suivre, explique M. Goutard. Les Si la cession de 50 % de LuK cession des 50 % qu’il détenait de 20 % des fonds propres. Le groupe compte notamment création de deux sociétés constructeurs ne peuvent être spé- devrait « sensiblement amélio- dans la société allemande LuK, « Cette opération renforce notre poursuivre sa politique d’acqui- communes et des participations cialistes en tout ! » rer » les résultats du groupe en spécialisée dans les embrayages capacité d’endettement. Le sition en Asie du Sud-Est. Cette croisées dans les activités ther- Dans ce contexte, les équipe- 1999 et offrir de nouvelles pers- et les transmissions. L’opération groupe est aujourd’hui capable de année, l’équipementier a racheté miques (refroidissement des mo- permet à Valeo d’empocher mettre immédiatement 1,2 mil- le sud-coréen Mando, spécialisé teurs et climatisation). Grâce à 1,21 milliard d’euros (8 milliards liard d’euros sur la table. » dans les alternateurs et les dé- l’opération, qui doit être finali- Renault de retour au Mexique avec la Scenic et la Clio de francs), soit une plus-value marreurs. Mais surtout, Valeo a sée au début 2000, Valeo se hisse après impôts de 641 millions DANS LE SILLAGE DE RENAULT commencé à s’implanter au Ja- parmi les trois acteurs mondiaux Renault pourrait vendre la Scenic et la Clio au Mexique. Louis d’euros. En rachetant la part de Valeo compte utiliser ses nou- pon, dans le sillage de l’alliance de cette activité, avec un chiffre Schweitzer, son PDG, avait annoncé en octobre que le retour de Re- Valeo, INA Holding-Chaeffer velles capacités financières de entre Renault et Nissan. L’arri- d’affaires de 2,4 milliards d’eu- nault sur le marché mexicain constituerait l’une des premières réali- Group détient désormais la tota- deux façons. D’une part, le vée du français Carlos Ghosn à la ros. sations concrètes de l’alliance avec Nissan. Le groupe français avait lité du capital de LuK. Valeo était groupe va pouvoir accélérer ses tête de Nissan change la donne D’autres acquisitions de- quitté le pays en 1987. M. Schweitzer doit révéler le contenu de ce pro- entré au capital de LuK en 1967. investissements en recherche et d’un marché japonais des équi- vraient rapidement suivre. Le jet le 8 décembre, lors du salon de l’automobile de Mexico. Il serait « L’activité de LuK était en développement et accentuer sa pementiers réputé jusque-là fer- groupe français souhaite réaliser question notamment d’assembler dans les usines Nissan une Clio tri- concurrence directe avec celle de politique de réduction des coûts. mé. M. Ghosn souhaite notam- dès 2002 10 % de son chiffre d’af- corps, la L65, qui serait commercialisée sous marque Nissan. Cette Valeo, et avec nos 50 % nous ne L’équipementier souhaite, ment réduire le nombre de ses faires en Asie, contre 3 % actuel- voiture pourrait remplacer à terme le modèle phare local du construc- pouvions exercer le contrôle de d’autre part, poursuivre sa stra- fournisseurs de moitié. D’autre lement. « Nous avons plusieurs teur japonais, la Tsuru GS. Parallèlement, Renault introduirait sur le LuK », explique Noël Goutard, le tégie d’« acquisition d’activités part, il n’exclut pas de vendre les dossiers ouverts concernant de marché mexicain son Scenic qui, lui, resterait badgé du losange. PDG de Valeo. « Le groupe se dé- rentables à forts effets syner- nombreuses participations de nouvelles acquisitions, confie Actuellement, Nissan détient 21,4 % d’un marché local estimé à gage ainsi d’une situation bloquée giques », indique le groupe dans Nissan dans plusieurs équipe- M. Goutard. La trésorerie déga- 500 000 véhicules. L’alliance avec Renault doit permettre la réduction de longue date », ajoute-t-il. Mais un communiqué. mentiers. Valeo profite de l’ou- gée grâce à la cession des 50 % de des surcapacités des deux usines mexicaines de Nissan, qui ne le principal intérêt de cette ces- Valeo prévoit de réaliser cette verture qui est en train de se pro- LuK a pour vocation à être utilisée tournent qu’à 50 % de leur potentiel. Renault, qui compte développer sion est de dégager de nouvelles année un chiffre d’affaires de duire. le plus rapidement possible, nous son propre réseau de distribution avec l’aide de Nissan, vise à terme ressources qui « permettront 7,7 milliards d’euros, en progres- Après la reprise d’une usine de ne sommes pas une banque », ré- 5 % à 10 % de parts de marché. d’accélérer encore la croissance sion de 25 %. Cette croissance pièces d’embrayage (Le Monde pète-t-il. rentable du groupe dès 2000 », devrait s’accélérer l’an prochain. du 22 octobre), l’équipementier Cette politique de croissance souligne M. Goutard. Valeo se « Valéo va atteindre plus tôt que français s’est allié à Zexel, filiale est motivée par l’évolution pro- mentiers sont amenés à investir pectives de croissance à Valeo, fonde et rapide du secteur auto- de plus en plus, une évolution son PDG veut rester prudent à mobile. Les constructeurs se gourmande en capitaux qui a propos de l’endettement du concentrent de plus en plus sur pour corollaire la concentration groupe. « Les équipementiers l’architecture du véhicule et les du secteur. En 1985, il existait américains, qui affichent un taux services qui accompagnent sa 30 000 équipementiers, réalisant d’endettement sur fonds propres commercialisation, laissant aux 450 milliards de dollars de chiffre de 50 %, sont pénalisés par la équipementiers une part crois- d’affaires. En 1998, ce chiffre est Bourse », constate-t-il. La crois- sante du développement de l’in- passé à 930 milliards de dollars, sance reste le leitmotiv de Valeo, novation des composants. On es- répartis entre 8 000 fournisseurs. mais pas à n’importe quel prix. time aujourd’hui que l’apport « En 2005, nous ne devrions plus des équipementiers représente être que 2 000, dont une vingtaine Stéphane Lauer LeMonde Job: WMQ2311--0019-0 WAS LMQ2311-19 Op.: XX Rev.: 22-11-99 T.: 10:52 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 10Fap: 100 No: 0427 Lcp: 700 CMYK

ENTREPRISES LE MONDE / MARDI 23 NOVEMBRE 1999 / 19

La justice américaine Le groupe de BTP allemand Philipp Holzmann nomme un médiateur est en cessation de paiement dans le procès Microsoft Le numéro deux national du secteur, surendetté, a échoué dans sa négociation avec les banques Les banques créancières de Philipp Holzmann, le terme de plus de quinze heures de négociations lariés directs, la direction de Philipp Holzmann deuxième groupe allemand de BTP, ont rejeté le dans la nuit de dimanche à lundi. Le groupe est évalue entre 30 000 et 40 000 le nombre d’em- Trois issues à l’affaire paraissent envisageables plan d’assainissement de la dernière chance au menacé de faillite. Outre les quelque 28 000 sa- plois menacés dans la sous-traitance. QUINZE JOURS après la publi- pas que l’on réduise sa capacité à FRANCFORT son rival, Philipp Holzmann a lar- laborateurs qui n’auraient pas in- La direction du groupe a présen- cation des conclusions acca- ajouter de nouvelles fonctionnali- de notre correspondant gement participé à la reconstruc- formé de l’ampleur de la situation té un plan de redressement, qu’il blantes du juge américain Thomas tés à Windows, son système d’ex- L’hypothèse d’une faillite de Phi- tion du pays après la seconde une direction largement renouvelée sera sans doute très difficile de Jackson confirmant que Microsoft ploitation, ni que l’on procède à la lipp Holzmann, lourde de consé- guerre mondiale. Récemment, le depuis 1997. Un grand nombre de mettre en œuvre sans le soutien profite de sa position dominante vente aux enchères de Windows. quences sur le plan social, se ren- groupe avait contribué aux travaux projets immobiliers se seraient ré- des banques. Il prévoyait la sup- sur le marché des systèmes d’ex- Pour leur part, les observateurs force. Le numéro deux allemand du de rénovation du Reichstag, le siège vélés particulièrement coûteux. pression de 3 000 emplois, essen- ploitation pour ordinateur pour avancent régulièrement trois is- bâtiment et des travaux publics du Bundestag à Berlin. Certaines filiales étrangères ont tiellement en Allemagne, et la ces- s’imposer dans d’autres domaines, sues possibles pour ce procès. La (BTP) devait décider, lundi 22 no- Philipp Holzmann n’en est pas à creusé les déficits, à l’instar de Nord sion d’activités non rentables, l’heure est à la négociation. Ven- première consiste à démanteler vembre, de se mettre en cessation sa première alerte. Heinrich Binder, France dans l’Hexagone, actuelle- entraînant le départ de 1 800 autres dredi 19 novembre, le juge Jackson Microsoft en trois activités dis- de paiement. A la surprise générale, arrivé à la présidence du directoire ment en liquidation après avoir gré- personnes. « Il s’agit de réduire nos a annoncé la nomination d’un mé- tinctes : une pour les systèmes le groupe avait annoncé en début en 1997, avait entrepris un long et vé les comptes d’environ 620 mil- capacités de production, de mieux diateur en la personne de Richard d’exploitation (Windows, Win- de semaine dernière des pertes difficile exercice de redressement, lions de deutschemarks ces sélectionner les contrats et d’amélio- Posner, soixante ans, responsable dows NT et Windows CE), une (2,4 milliards de deutschemarks qui a déjà coûté 3 milliards de dernières années. rer nos coûts », indiquait Heinrich de la 7e cour d’appel à Chicago. pour les logiciels applicatifs pour 1999, 1,23 milliard d’euros) et deutschemarks. Ces derniers mois, Binder, vendredi 19 novembre. Cette initiative du juge Jackson a (comme la suite bureautique Of- un endettement record. Il n’est pas lors de la célébration des 150 ans de PROJETS HASARDEUX Mais ce dispositif n’a pas convaincu été acceptée par Microsoft. « C’est fice) et une troisième pour les acti- parvenu, après quinze heures d’ul- la maison, le patron du groupe Le directoire actuel a mis en les actionnaires. Le groupe belge potentiellement un grand pas en vités Internet (le portail MSN, le times négociations, dans la nuit de mettait encore en avant le rétablis- cause les procédures de contrôle in- Geveart n’est pas venu à la res- avant effectué pour résoudre le fournisseur de boîtes aux lettres dimanche à lundi, à se mettre d’ac- sement de sa santé financière... De- terne, jugées « inexistantes » jus- cousse du groupe, dont il détient cas », a déclaré Jim Cullinan, le électroniques Hotmail...). Une cord avec ses banques créancières puis, différentes expertises ont dé- qu’en 1997. Certains évoquent aussi 30 %. La vingtaine de banques porte-parole de Microsoft. Malgré deuxième hypothèse consiste à sur un plan d’assainissement finan- voilé un trou inquiétant, et l’ont le rôle insuffisant des cabinets d’au- créancières n’ont pu se mettre d’ac- la nomination d’un médiateur, le créer plusieurs petits Microsoft cier et de restructuration indus- incité à tirer la sonnette d’alarme, dit mandatés par le groupe. Ces dé- cord sur la participation de chacune juge Jackson a prévenu que la pro- conservant chacun tous les do- trielle. provoquant, lundi 15 novembre, la faillances successives n’auraient pas au plan d’assainissement financier, cédure judiciaire engagée se pour- maines d’activité. Enfin, une troi- La chute brutale du groupe pour- stupéfaction des actionnaires et des permis d’apprécier assez tôt le qui prévoyait l’effacement de cer- suivrait pendant que les deux par- sième piste consiste à rendre pu- rait avoir de graves répercussions fournisseurs. Outre les 2,4 milliards poids financier des chantiers les taines dettes et une augmentation ties rechercheront un accord à bliques les lignes de programmes dans un secteur du BTP actuelle- de deutschemarks de pertes, l’en- plus risqués. Entre 150 et 200 pro- de capital. Le rôle de la Deutsche l’amiable. de Microsoft afin que des concur- ment en difficulté en Allemagne. dettement de Philipp Holzmann jets hasardeux, selon un avocat du Bank (deuxième actionnaire, à hau- Les bases d’un accord sont loin rents puissent s’en inspirer et Outre les quelque 28 000 salariés di- approcherait les 9 milliards de groupe, seraient responsables des teur de 15 %, et principal créancier) d’être évidentes. Bill Gates, le pré- commercialiser leurs propres pro- rects, la direction de Philipp Holz- deutschemarks. pertes. Philipp Holzmann a d’ail- a semblé insuffisant aux autres sident du géant mondial des logi- duits. mann évalue entre 30 000 et 40 000 Acculé, Heinrich Binder rejette la leurs porté plainte contre les res- banques. ciels, a réaffirmé tout au long de la le nombre d’emplois menacés dans responsabilité de cette dérive sur ponsables présumés de ces diffi- semaine que sa firme n’accepterait Enguérand Renault la sous-traitance. Avec Hochtief, les dirigeants précédents et des col- cultés. Philippe Ricard SAS Institute ou le paternalisme à l’heure de la high-tech CARY (Caroline du Nord) 35 heures par semaine – mais les de notre envoyé spécial équipements sportifs sont ouverts Une piscine comportant dix cou- de 6 heures à 20 heures, ainsi que loirs de natation, un centre sportif le dimanche après-midi. Lui-même doté de salles de squash, de ter- affirme quitter son bureau à 17 heures. « Nous faisons souvent REPORTAGE plus de 35 heures mais nous travail- Un management à part lons beaucoup moins que dans les autres entreprises informatiques », qui fait, selon « Fortune », confie une salariée. « Comme je les plus heureux suis célibataire, ils n’hésitent pas à des salariés américains faire appel à moi le soir ou le week- end », reconnaît un de ses col- lègues. « Moi, c’est l’inverse. rains de volley, de salles de ping- Comme je suis célibataire, je n’en- pong, des courts de tennis, une tends pas sacrifier ma vie privée et, salle de musculation, une crèche, jusqu’à récemment, je n’avais pas une maternelle, deux médecins, d’ordinateur chez moi », n’hésite huit pédiatres, le tout dans un su- pas à expliquer une jeune em- perbe parc ombragé de plus de ployée de 24 ans. 80 hectares... Les 3 000 salariés de James Goodnight, qui se conduit SAS Institute à Cary (Caroline du en autocrate – aucun organi- Nord) ne sont pas à plaindre. Se- gramme de la direction n’est pu- lon le classement du magazine blié –, reste discret sur le coût de Fortune, ils font même partie des cette politique sociale. « Elle nous salariés américains les plus heu- rapporte de l’argent, affirme-t-il, le reux. simple fait que le renouvellement du Un signe ne trompe pas : alors personnel ne dépasse pas 4 % nous que, dans l’industrie du logiciel, le fait gagner 75 millions de dollars renouvellement du personnel dé- par an en frais de recrutement ». La passe allègrement 20 %, seuls 4 % DRH affirme que le service médi- des salariés de SAS quittent l’en- cal interne (31 000 consultations treprise chaque année. James en 1998) est aussi un facteur Goodnight, fondateur en 1976 et d’économies. toujours seul maître à bord, en a « Moi, pour des raisons de confi- fait une philosophie : « Des salariés dentialité, je préfère aller voir un gagnants, des clients gagnants, une médecin en ville. En revanche, entreprise gagnante ». Dans une in- l’école maternelle est formidable et dustrie hyper-compétitive, SAS ne coûte presque rien », raconte Institute mise sur sa spécialité : une employée à la cantine. « Nous rassembler toutes les données avons un enseignant pour huit en- dont dispose une entreprise pour fants, contre un pour dix en ville, ex- les transformer en informations. plique fièrement la directrice de Grâce à ses logiciels, la plupart des cette école. Nous sommes une école compagnies aériennes dans le Montessori où l’enfant est très auto- monde ou des tour-opérateurs, nome ». « L’école ne coûte que comme Nouvelles Frontières, sont 250 dollars par mois alors qu’en capables d’optimiser la planifica- ville il faut compter 700 dollars », tion de leurs vols six mois à précise le maire de Cary, qui, de- l’avance. De même les laboratoires puis sept ans, s’occupe des rela- pharmaceutiques utilisent SAS tions publiques de SAS Institute. pour prouver l’efficience de leurs Celui-ci est à la fois son employeur médicaments face aux autorités et son principal contribuable ! sanitaires. Les salariés de SAS sont donc Non cotée en Bourse, SAS Insti- « heu-reux ». Est-ce parce qu’ils tute emploie 6 000 personnes, ré- n’ont pas d’actionnaires ? « Non. Il parties dans une cinquantaine de y a même des inconvénients, comme filiales à travers la planète, dont l’absence de stock-options. Certains 200 en France. Chaque année, le quittent l’entreprise pour des raisons chiffre d’affaires – qui devrait fran- financières. Mais ils travaillent chir le cap du milliard de dollars en beaucoup plus et ont moins de liber- 2000 – progresse d’environ 15 % à té », note une cadre qui travaille 20 %. James Goodnight y mène un au service recrutement. management teinté de paterna- La question se posera dans deux lisme high-tech. Une sorte de ans. Agé d’une soixantaine d’an- François Michelin du XXIe siècle nées, James Goodnight sait que qui materne ses salariés et leurs fa- ses enfants ne sont pas prêts à milles : non pour mieux les exploi- prendre la relève. Pour préparer ter, affirme-t-il, mais parce qu’il se l’avenir, l’homme a annoncé son dit convaincu que, dans l’écono- intention de mettre sur le marché mie du savoir, les salariés ne 15 % du capital de l’entreprise dans donnent le meilleur d’eux-mêmes deux ans. Les salariés de SAS Insti- que s’ils sont épanouis et se tute commenceront à voir si, oui sentent bien à leur poste de tra- ou non, le paternalisme peut résis- vail. ter à la retraite du père. Dès 1976, « Jim » a décidé de li- miter le temps de travail à Frédéric Lemaître LeMonde Job: WMQ2311--0020-0 WAS LMQ2311-20 Op.: XX Rev.: 22-11-99 T.: 10:51 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 10Fap: 100 No: 0428 Lcp: 700 CMYK

20 / LE MONDE / MARDI 23 NOVEMBRE 1999 ENTREPRISES

Les prix des vins se sont stabilisés La jurisprudence sociale aux enchères des Hospices de Beaune de plus en plus favorable La vente de charité a rapporté 31 millions de francs

e aux salariés La 139 vente aux enchères des vins des Hos- exprimés en euros. La discrète décrue des cours tant au final d’enregistrer une baisse (– 0,5 %) pices de Beaune s’est tenue dimanche 21 no- observée en 1998 (+ 12 %) par rapport aux som- dont la portée symbolique rassure les négo- vembre. Pour la première fois, les prix étaient mets de 1997 (+ 47 %) s’est amplifiée, permet- ciants de la place. Un ouvrage analyse 12 000 arrêts BEAUNE d’euros) au plus célèbre des établis- fruit de la vente 1999 est supérieur commençant, après deux années LONGTEMPS, les salariés et leurs le CDD ne peut être rompu par le de notre envoyé spécial sements hospitaliers de la Côte d’Or. de 6,4 millions de francs à celui de euphoriques, un net mouvement de représentants étaient réticents à salarié de façon anticipée en démis- C’est par un froid de gueux et La progression a été de 3 % pour les 1998 du fait de la substantielle aug- recul. Un repli particulièrement porter une affaire devant la justice. sionnant. S’il accepte, par exemple, sous un divin drapé neigeux que vins rouges, les 614 pièces de mentation des volumes. « Nous at- marqué est observé au Japon A leurs yeux, le juge était trop un emploi plus stable dans une s’est tenue, dimanche 21 novembre, 228 litres chacune atteignant tendions une baisse beaucoup plus (– 40 %). « C’est, tout bien pesé, un souvent favorable « au patron ». autre entreprise, il devra au préa- la 139e vente aux enchères des vins 41 080 francs en moyenne avec une grande des cours. Pour autant nous atterrissage en douceur après de très Depuis plus lable verser des dommages-intérêts des Hospices de Beaune, la pre- hausse record de 27 % pour les huit sommes satisfaits de voir qu’au total fortes turbulences et plusieurs années d’une dizaine à son employeur (arrêt no 97- mière à se faire en euros, la dernière pièces de la cuvée Auxey Duresses nous n’avons pas enregistré une nou- de surchauffe », analyse Louis Tré- d’années, on 40 261). Notons au passage que si à proposer un millésime commen- « Boillot ». Les vincs blancs, en re- velle hausse dont les effets auraient buchet, président du Bureau inter- sait qu’il n’en les juges surveillent de près l’utilisa- çant par le chiffre 1. Ce fut aussi une vanche, chutaient de 9 %, à été catastrophiques, explique Ber- professionnel des vins de Bour- est plus ainsi. tion du CDD par une entreprise pri- vente marquant la fin d’un cycle de 50 554 francs en moyenne la pièce. nard Hervet, directeur général de la gogne. Au fil de la ju- vée, l’administration peut, elle, em- hausse des prix amorcé en 1994 et Adjugée 146 000 francs en 1997 et maison Bouchard Père et fils. A une Les premières transactions entre risprudence de ployer des contrats qui avait en 1997 atteint des som- 155 000 francs en 1998, la pièce de la époque normale la baisse aurait sans vignerons et négociants, qui se si- la Cour de cas- emploi-solidarité dans un emploi mets (+ 47 % en moyenne) jugés sui- célèbre cuvée de bâtard-montrachet aucun doute été plus importante mais tuaient à des cours en baisse de 20 % sation, le correspondant à une activité nor- cidaires tant par les professionnels Dames de Flandres a, cette fois, été nous sommes aujourd’hui confrontés pour des bourgognes génériques, contrat de travail apparaît comme male et permanente de l’entreprise bourguignons que par les amateurs acquise pour 123 320 francs. à une série de facteurs qui poussent à vont donc pouvoir se poursuivre une véritable forteresse. Comme si (arrêt no 97-40 271). français pour lesquels les plus belles la hausse, au premier rang desquels il dans le calme à la lumière de la le- les juges cherchaient à compenser expressions des Côtes de Nuits et de AUGMENTATION DES VOLUMES y a l’impact du dernier millésime du çon donnée par la vente des Hos- un rapport de force économique fa- LE DROIT DE REFUSER Beaune devenaient inaccessibles. La De l’avis de tous les spécialistes, siècle. L’essentiel est que le marché pices. Une vente où la charité bien vorable aux employeurs par un En ces temps de recherche per- discrète décrue observée en 1998 ce décalage entre blancs et rouges perçoive le résultat de cette vente ordonnée aura, sous la souriante fé- ordre public social davantage en fa- manente de flexibilité, les juges font (+ 12 %) s’est amplifiée permettant n’est que l’un des symptômes de comme le signal d’un nécessaire re- rule de Kristin Scott-Thomas, permis veur des salariés. donc du contrat de travail un rem- au final d’enregistrer une baisse l’accroissement de la production, tour, durable, à la stabilité. » aux laboratoires pharmaceutiques Telle est l’une des principales part derrière lequel le salarié peut se (– 0,5 %) dont la portée symbolique dans l’hémisphère Sud notamment, Le signal des Hospices s’inscrit japonais Eisai d’acquérir la « pièce conclusions de l’ouvrage que vient protéger. Celui-ci repose sur quatre rassure les puissants négociants de de vins de qualité issus du cépage dans le contexte plus général d’un de charité » pour un montant re- de publier Françoise Champeaux piliers fondamentaux : la durée du la place. chardonnay alors que la Bourgogne retour à une forme d’équilibre. C’est cord de 460 000 francs (70 000 eu- aux Editions Liaisons. Sous le titre travail « telle que mentionnée dans le Au total ce qui, au fil des ans, s’af- demeure la région qui sait sculpter ainsi qu’avec 161 millions de bou- ros) aussitôt remis à l’association Jurisprudence sociale 1998-1999, ce- contrat constitue en principe un élé- firme comme la plus grande vente les plus grands vins de pinot noir du teilles, le total des ventes réalisées France-Alzheimer. lui-ci établit la synthèse des arrêts ment du contrat de travail qui ne de charité du monde a rapporté monde. entre septembre 1998 et août 1999 a de la Cour de cassation en droit du peut être modifié sans l’accord du sa- 31 millions de francs (4,7 millions En dépit de la baisse de 0,5 %, le baissé de 10 %, les exportations Jean-Yves Nau travail et a demandé à diffférents larié » (arrêt no 96-40 614) ; la quali- experts d’analyser la portée des fication qui, en fonction du même principales évolutions. raisonnement, permet au salarié de Durant ces deux années, les ma- refuser un déclassement mais aussi Les meubles Gautier sous bannière vendéenne gistrats de la chambre sociale ont une promotion ; la rémunération publié plus de 12 000 arrêts. Si l’au- dont ni le mode, ni le montant ni la LA ROCHE-SUR-YON Axa Private Equity Fund détien- sident du directoire de Seribo, qui nancier de Seribo, coupable, à leurs teur s’est bien gardé de faire une structure ne peuvent être modifiés de notre correspondant dra un peu moins de 50 % de la fu- emploie 1 400 personnes dans le yeux, d’avoir fragilisé ou revendu statistique entre les arrêts favo- de manière unilatérale (arrêts A l’issue d’une assemblée extra- ture société. La majorité du capital meuble en France et en Belgique plusieurs entreprises du groupe. rables aux salariés et ceux qui nos 95-40 275, 95-43 273, 96-43 342). ordinaire des actionnaires qui se sera entre les mains d’un pool d’in- reconnaît les « incompréhensions » donnent raison aux employeurs, la Reste le quatrième pilier : le lieu de tiendra le 10 janvier 2000, Seribo ne vestisseurs vendéens : trois socié- qui ont mené au conflit de sep- FONCTIONNEMENT IMPOSSIBLE balance penche clairement en fa- travail. La jurisprudence est encore contrôlera plus les meubles Gau- tés, et des directeurs des meubles tembre. Il faudra la médiation de Didier veur des premiers, ou plus exacte- imprécise. Un salarié commet une tier, 950 salariés au Boupère (Ven- Gautier, dont Dominique Soulard, Le 9 septembre, une grève éclate Pineau-Valencienne, président ment en faveur de leur protection. faute s’il refuse une mutation à l’in- dée). Un protocole d’accord vient l’actuel directeur général, qui de- dans les trois sites de production d’honneur de Schneider, pour sortir Ainsi, lors de l’embauche, un salarié térieur d’un même « secteur géo- d’être signé. Il prévoit que les 75 % vrait détenir près d’un quart du ca- vendéens. Huit cents salariés récla- du conflit. Seribo accepte, sous la peut enjoliver son CV en y appor- graphique », mais celle-ci n’est pas du capital de Gautier-France déte- pital. ment le retour de Dominique Sou- pression, de réintégrer M. Soulard, tant une mention imprécise même encore définie précisément (arrêt nus par le groupe d’ingénierie pari- Cette opération met un terme à lard, congédié par le nouveau PDG, « le dirigeant issu du pays », garant si elle est « susceptible d’une inter- no 97-40 576). sien seront vendus à une équipe un long conflit entre d’un côté le di- M. Odinet. Les grévistes consi- de l’emploi, disent les grévistes. Ce prétation erronée ». Il faudra que Que se passe-t-il si le salarié re- d’investisseurs pour 630 millions de recteur général et les salariés et de dèrent que seul leur directeur géné- dernier a confirmé au Monde que l’employeur démontre que l’em- fuse une modification de son francs. l’autre Seribo. Bernard Odinet, pré- ral « est un rempart » à l’appétit fi- « depuis trois semaines il faisait le bauche a été motivée par cette in- contrat ? Beaucoup croient qu’il tour » des acquéreurs potentiels. Il formation pour que le contrat de s’agit là d’une faute. C’est une er- estime qu’en vendant Gautier avec travail soit annulé (arrêt no 96-45). reur. « Le salarié est toujours en droit une prime de cession de 27,3 % par En revanche, un employeur ne peut de refuser la modification de son rapport à la moyenne des vingt der- plus licencier un salarié « pour perte contrat de travail ; le motif de la mo- niers cours de Bourse, Seribo « tire de confiance » (arrêt no 95-43 889) dification peut constituer une cause les leçons d’une impossibilité de fonc- même s’il a de bonnes raisons pour réelle et sérieuse de licenciement Manière de voir tionnement ». cela. « Ce sont seulement ces raisons dans l’hypothèse où l’employeur dé- Le bimestriel édité par De son côté, Jean-Michel Car- et non le sentiment qu’en a l’em- cide de licencier le salarié qui refuse teau, secrétaire CFDT du comité ployeur qui peuvent, le cas échéant, la modification proposée, ce refus, en d’établissement, accueille favora- constituer une cause réelle et sérieuse revanche, ne peut constituer par lui- blement la nouvelle du rachat. de licenciement », explique Jean- même une cause de licenciement » « Gautier retrouve sa liberté. Les ré- Yves Fouin, conseiller référendaire à (arrêt no 96-41-713). sultats de notre société serviront à la Cour de cassation. Certains se plaindront de l’évolu- TUNISIE : 8 000 M ț son développement. » Le militant cé- Par ailleurs, pour tenter de réé- tion de la jurisprudence, d’autres SUISSE : 12SUISSE : FS ț Bimestriel NOVEMBRE- détiste précisait cependant que la quilibrer une relation trop favorable s’en féliciteront. Sans prendre parti, DÉCEMBRE 1999 SÉNÉGAL : 4 500 F CFA ț confiance accordée au nouveau pa- aux employeurs, les juges ont fait cet ouvrage montre qu’elle fait, en RÉUNION : 49 F ț tron n’équivaut pas à « un blanc- du contrat à durée déterminée un tout cas, preuve d’une rare cohé- seing ». contrat très formaliste. Générale- rence. PORTUGAL CONT. : 14 : PORTUGAL CONT. 00 PTE ț ment ce formalisme bénéficie aux MAROC : 70 DH ț Gaspard Norrito salariés. Une exception cependant : Frédéric Lemaître LUXEMBOURG : 290 FL ț

Ignacio Ramonet ITALIE : 14 : ITALIE 000 LIRES ț Alain Gresh Pourquoi Florence Beaugé Maurice Lemoine GRANDE-BRETAGNE : 5,95GRANDE-BRETAGNE £ ț Sadik Jalal Al-Azm Alejandro Alem Joseph Algazy Paul Ariès ÉTATS-UNIS : 10 : ÉTATS-UNIS $US ț Mohammed Arkoun Michel Arseneault Chantal Aubry Jacques Berque ESPAGNE : 1 : ESPAGNE 200 PTA

ț Jean-François Boyer Jean-Pierre Dardaud Jacques Decornoy Graham Fuller Rolf Gauffin William S. Hatcher CÔTE-D’IVOIRE : 4 500 F CFA un tel renouveau ț Rémy Hebding Manière de voir 48 - L’OFFENSIVE DES RELIGIONS François Houtart Azadeh Kian Frédéric Lenoir CANADA : 12 $CAN. 12 CANADA : ț Henri Madelin Stanislas Maillard Albert Memmi François Normand BELGIQUE : 290 FB ț Guy Petitdemange Pierine Piras Tariq Ramadan Alain Renon AUTRICHE : 100 ATS ATS 100 AUTRICHE : ț Illustrations : Selçuk ANTILLES/RÉUNION : 49 F ț spirituel ALLEMAGNE : 15 DM 15 ALLEMAGNE :

a Géopolitique des religions, par Ignacio Ramonet. a L’Europe sanctifiée de Jean Paul II, par Jacques Decornoy. a L’Opus Dei, arme secrète du pape, par François Normand a La force du mouvement charismatique, par Stanislas Maillard. a Les nouvelles légions du Vatican, par Michel Arseneault. a Théologie de la libération, par Guy Petitdemange. a Ces prêtres qu’on assassine en Amérique latine, par Maurice Lemoine. a Drewermann l’imprécateur, par Rémy Hebding. a Rome et la Shoah, par Henri Madelin. a Au miroir de l’Occident, par Sadik Jalal Al-Azm. a De puissantes forces modernisatrices, par Graham Fuller. a Du Coran et de la tradition, par Alain Gresh. a Maghreb : que veulent les islamistes ? par Jacques Berque. a Mobilisation des femmes iraniennes, par Azadeh Kian. a Oppressions afghanes, par Chantal Aubry. a Dans l’attente de l’Europe, par Mohammed Arkoun. a Les musulmans du Vieux Continent sortent de l’isolement, par Tariq Ramadan. a L’ascension des « hommes en noir » en Israël, par Joseph Algazy. a L’Inde sous la marée hindouiste, par Rolf Gauffin. a L’extrémisme sikh, par Jean-Pierre Dardaud. a Les ambitions de la secte Fa Lun Gong, par François Houtard. a La foi baha’ie contre les fanatismes, par William S. Hatcher. a Vers une religiosité sans Dieu, par Florence Beaugé. a Controverses à propos des sectes, par Frédéric Lenoir. a L’international Moon, par Jean-François Boyer et Alejandro Alem. a La Scientologie contre la République, par Paul Ariès. a La « tentation » bouddhiste, par Alain Renon. a Nouveaux mysticismes, par Pierine Piras. a Intégrismes et laïcité, par Albert Memmi. Chronologie, glossaire, bibliographie

EN VENTE CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX – 45 F – 6,86 ¤ LeMonde Job: WMQ2311--0021-0 WAS LMQ2311-21 Op.: XX Rev.: 22-11-99 T.: 10:34 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 10Fap: 100 No: 0429 Lcp: 700 CMYK

21 COMMUNICATION LE MONDE / MARDI 23 NOVEMBRE 1999 La grève illustre la diversité des problèmes de l’audiovisuel public Au septième jour d’un conflit qui dépasse largement les enjeux de la négociation sur les 35 heures, les programmes n’étaient toujours pas revenus à la normale, lundi 22 novembre, sur les radios et les télévisions publiques LE RETOUR à la normale n’était ment occupées, lundi matin, par et observaient à la loupe la signa- dont ils redoutent qu’elles en- A France 2, M. Tessier est férentes organisations sont en toujours pas intervenu, lundi matin des programmes de remplacement. ture d’accords créateurs d’emplois traînent une modification du statut confronté à des personnels rendus concurrence et cèdent facilement à 22 novembre, sur les antennes des France Culture, France Musiques et dans d’autres entreprises, par des salariés, tel qu’il est défini dans moroses par une mauvaise année la surenchère. Relativement in- entreprises du secteur audiovisuel les FIP étaient totalement paraly- exemple à Canal+. la convention collective de l’audio- en matière de résultat d’audience fluent chez les journalistes, le syn- public. Tout au long du week-end, sées. En revanche, dans les régions, visuel. et à une rédaction, certes pacifiée, dicat national des journalistes le mot d’ordre de grève de la CGT une majorité de stations locales MODIFICATION DES STATUTS C’est la raison pour laquelle ils mais où les crises successives ont (SNJ) joue actuellement un rôle et du SNJ a empêché la diffusion avaient repris le travail. Les nombreuses questions que ont d’abord demandé à Catherine laissé des stigmates. Tous sont plus moteur dans la contestation. Quant normale de certaines émissions en L’importance prise par ces mou- soulève le thème de la réduction du Trautmann, ministre de la commu- ou moins inquiets des consé- à la CGT, elle ambitionne de damer direct et des journaux de France 2 vements sociaux est due à la temps de travail auraient nécessité nication, la négociation d’un ac- quences qu’aura la baisse de la du- le pion à la CFDT, traditionnelle- et de France 3. Les personnels des convergence de plusieurs facteurs. qu’on débute la discussion bien cord-cadre sur les 35 heures rée des écrans publicitaires sur leur ment puissante dans l’audiovisuel. deux chaînes devaient tenir une as- En ce qui concerne la réduction du avant la mi-octobre, c’est-à-dire à commun à toutes les sociétés. La budget. A France 3, la lenteur dans En outre, ces deux organisations semblée générale lundi matin. Une temps de travail, la manière tardive deux mois et demi à peine de la ministre leur a répondu par la né- le choix, puis dans la prise de fonc- n’abordent pas de la même ma- autre AG devait rassembler tous les avec laquelle ont débuté les négo- date couperet du 31 décembre fixée gative, mais les a assurés que la tions, de Rémy Pflimlin au poste de nière la négociation sur la réduc- salariés des entreprises audiovi- ciations a contribué à en aggraver par la loi. Il semble que certains convention collective serait préser- directeur général, a exaspéré des tion du temps de travail. suelles publiques à la Maison de la les difficultés. En effet, pendant (notamment au gouvernement) vée. Alors que tout le monde salariés prompts à se sentir délais- Sur plusieurs points, tout de radio. Du côté de Radio-France, les que leurs PDG attendaient le feu ont cru qu’il suffisait de réduire le convient que sur certains points, sés. Par ailleurs, la situation tendue même, les syndicats font chorus : ondes de France Inter et de France vert du gouvernement, les salariés délai pour que les discussions aient notamment les définitions de qua- qui règne dans plusieurs stations ils réclament une réduction signifi- Info étaient encore majoritaire- de ces entreprises s’impatientaient lieu rapidement. C’était faire fi du lification, elle ne correspond plus régionales aggrave ce malaise. cative de la durée du travail, des cérémonial inhérent à toutes négo- aux fonctions actuelles de ces en- créations d’emploi et des garanties ciations importantes qui supposent treprises. PLAN DE RÉORGANISATION sur le financement de toutes ces TROIS QUESTIONS À... A quel titre ? Chacun d’entre eux la durée. Ce cadre général se complique A Radio-France, le début d’ac- mesures. A propos des créations avait bien préparé sa plate-forme Car, à l’exemple de ce qui s’est de la situation spécifique de cha- cord sur la réduction du temps de d’emploi, les directions et les orga- HERVÉ BOURGES de négociations, et le feu vert ve- passé lors des accords signés dans cune des sociétés. Celles-ci ont ce- travail a rapidement été obéré par nisations syndicales bataillent pour nait de leur être donné pour en dis- le secteur privé, les patrons de l’au- pendant en commun que leurs l’annonce du plan de réorganisa- savoir si l’intégration des per- En tant que président du cuter avec les syndicats. Comme diovisuel veulent profiter des avan- PDG ont été nommés ou renom- tion des radios locales, qui mé- sonnes en situation précaire fait 1 Conseil supérieur de l’audiovi- toujours dans le service public, tages qu’ils vont accorder pour dis- més il y a moins d’un an et qu’ils contente ou inquiète les personnels partie des effectifs. Sur le finance- suel (CSA), comment appréciez- l’idée subsiste que les arbitrages se cuter organisation du travail et sont en pleine élaboration ou ap- concernés. A RFI, journalistes et ment, ils s’inquiètent du manque vous la situation de l’audiovisuel font plutôt à Bercy que dans les en- productivité. Ces deux approches plication de leur stratégie. C’est techniciens recourent facilement à de précision apporté par leur direc- public au moment de cette grève ? treprises elles-mêmes : d’où la vo- s’imposent particulièrement au particulièrement vrai pour Marc des actions fortes pour soutenir tion et par le gouvernement. C’est une situation consolidée : lonté des syndicats de faire pression moment où radios et télévisions Tessier, PDG de France Télévision, leurs revendications. les budgets annoncés pour 2000 par la grève autant sur l’Etat que entrent dans la technique du nu- dont le mandat sera remis en jeu Les PDG doivent composer avec F. Ch. marquent pour la première fois de- sur leurs employeurs. Pourtant, les mérique. Mais les syndicats n’ap- sans doute à la fin de l’été à l’issue des situations syndicales difficiles, puis longtemps un véritable sou- longues grèves de ces dernières an- précient pas beaucoup ces notions du vote de la loi sur l’audiovisuel. plutôt en perte de vitesse. Les dif- Lire aussi notre éditorial page 17 tien de l’Etat à l’audiovisuel public nées n’avaient pas vraiment ému les qui permet aux sociétés de se tour- téléspectateurs, qui s’étaient repor- ner vers l’avenir. Cette orientation tés sur d’autres chaînes. conforte la loi Trautmann et la création de la holding France Télé- Quel doit alors être le rôle de vision. Les équipes nouvelles à la 3 l’Etat, comme unique action- tête des groupes publics font des naire ? choix neufs en matière de pro- L’audiovisuel public sera de moins grammes, de diffusion, de déve- en moins un bloc monolithique sou- loppement : l’audiovisuel public mis à des règles uniformes, et de aborde donc l’étape numérique en plus en plus un ensemble d’entre- ordre de bataille. Ainsi, c’est uni- prises modernes, capables d’ap- quement une grève conjoncturelle, puyer leur développement sur des visant à obtenir le maximum d’une stratégies différentes, y compris en négociation sociale délicate et at- matière sociale. Ainsi, l’Etat doit tendue, celle des 35 heures. Il ne fixer les orientations et accompa- faut pas lui donner d’autre signifi- gner les adaptations nécessaires. cation. Mais il ne peut pas se substituer aux dirigeants des entreprises. Les présidents des sociétés pu- 2 bliques peuvent-ils être fragili- Propos recueillis par sés par la grève ? Françoise Chirot Plan social et restructuration dans la presse de l’Est LA RESTRUCTURATION de la siège d’Haudemont (Meurthe-et- presse régionale dans l’est de la Moselle) après le transfert d’im- France avance à marche forcée. pression des éditions vosgiennes Trois semaines après avoir pris le (environ 30 000 exemplaires) à l’im- contrôle, à 51 %, de La Liberté de primerie de La Liberté, à Epinal. Le l’Est, son concurrent dans les Vos- plan ne devrait se traduire par au- ges, cédé par La Voix du Nord (Le cun licenciement « sec » : la direc- Monde du 30 octobre), la direction tion envisage des redéploiements de L’Est républicain s’apprête à en- dans le groupe ainsi qu’aux DNA. gager un plan de réorganisation Avec une diffusion de entre les deux titres. 29 000 exemplaires et un effectif de La première étape a été, jeudi 160 salariés, le quotidien départe- 18 novembre, la nomination à la mental vosgien qui, il y a quelques tête de La Liberté de l’Est de Gérard semaines, mobilisait pour sa survie, Colin, vice-président de L’Est répu- s’en tire bien et sort même renfor- blicain et, par ailleurs, des Dernières cé. Il assurera une grande partie nouvelles d’Alsace (DNA). Lors du des pages locales de son puissant conseil d’administration, le nou- concurrent et, en contrepartie, re- veau PDG avait affirmé sa volonté cevra des pages d’information gé- de « maintenir les deux titres dans nérale. les Vosges, d’assurer la garantie ré- Avec la réorganisation du réseau gionale de l’emploi pour les person- des correspondants (400 à La Liber- nels et de renforcer l’imprimerie té et 250 à L’Est), la multiplication d’Epinal ». des pages communes fait craindre La seconde phase de cette opéra- aux syndicats une fusion progres- tion de « coopération » ne s’est pas sive dans un journal unique, mal- fait attendre. Lundi 22 novembre, à gré le maintien des deux titres. Re- quelques heures d’intervalle, les né Mangin, député (PS) de comités d’entreprise des deux titres Meurthe-et-Moselle, a déjà saisi devaient être informés des modali- Martine Aubry, ministre de l’em- tés et du calendrier envisagés. Dans ploi et de la solidarité, à propos du les faits, ce plan devrait se traduire plan social présenté par la direction par un retrait massif de L’Est répu- de L’Est républicain, qui, a-t-il dé- blicain dans les Vosges au profit de claré, « encourage les atteintes au son rival et désormais « allié ». pluralisme en ne respectant pas l’or- donnance sur la concentration de la SUPPRESSIONS D’EMPLOIS presse ». Selon les syndicats, la direction Avec France-Antilles (groupe du quotidien nancéen dirigé par Hersant) pour actionnaire minori- Gérard Lignac, qui diffuse à taire (27 %), L’Est républicain, qui 462 000 exemplaires et emploie contrôle également les DNA et Le 950 salariés, envisage un plan social Journal de la Haute-Marne, a ré- de 98 suppressions d’emplois. cemment été accusé d’avoir servi « Tempéré » par des mesures de ré- d’intermédiaire en souscrivant, duction du temps de travail et des pour 105 millions de francs, à un départs en préretraite (FNE), ce emprunt obligataire qui a permis plan devrait être ramené à 46 sup- au groupe belge Rossel et à son al- pressions nettes. La plupart – 73 – lié, la Socpresse, d’acquérir 49 % du concernent le département des capital de La Voix du Nord. Quel- Vosges, où seraient fermées les édi- ques mois plus tard, le quotidien tions de Neufchâteau, Saint-Dié et lillois se désengageait de l’Est en Remiremont et supprimé le service cédant le journal vosgien qu’il avait des sports de l’agence d’Epinal. Des contribué à redresser. postes administratifs et techniques seront également supprimés au Michel Delberghe LeMonde Job: WMQ2311--0022-0 WAS LMQ2311-22 Op.: XX Rev.: 22-11-99 T.: 10:59 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 10Fap: 100 No: 0430 Lcp: 700 CMYK

22 / LE MONDE / MARDI 23 NOVEMBRE 1999 FINANCES ET MARCHÉS

EUROPE

TABLEAU DE BORD ÉCONOMIE

FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT 100 PARIS CAC 40

SWWIDTS SPVUDWU

TRVPDQH a FRANCE : la reprise des ex-

SWWI SPVU

AGENDA b LAFARGE : le groupe de TSVP M. Clinton vante portations des industries

SVIU SIPW

matériaux de construction, qui a TRRH agroalimentaires (IAA) et le re-

STRP RWUH

déjà acquis l’an dernier Redland, TPWU la rigueur budgétaire cul des importations portent l’ex-

MARDI 23 NOVEMBRE Sunday Times SRTV RVIP étudierait, selon le du TISR cédent agroalimentaire de sep-

a BCE : réserves monétaires heb- 21 novembre, une offre de rachat de Le président américain Bill Clin- tembre à 7 milliards de francs, SPWQ RTSQ

domadaires de l’Eurosystème son concurrent britannique Blue THII ton a exhorté les partis de gauche soit 1,5 milliard de francs de plus SIIW RRWS

a FRANCE : Insee : consomma- Circle pour 3 milliards de livres [[[SVTW [[[ [[[dans les pays industrialisés à deve- qu’en septembre 1998, a indiqué

PT eF U yF PP xF PT eF U yF PP xF tion des ménages en produits ma- (1,9 milliard d’euros). Lafarge refuse PT eF U yF PP xF nir les partis de la discipline bud- vendredi le ministère de l’agri- nufacturés (octobre) ; production de commenter l’information. Indices cours Var. % Var. % gétaire, dimanche 21 novembre culture. industrielle (septembre) ; Europe 09 h 50 f se´lection 22/11 19/11 31/12 lors du sommet des dirigeants ré-

a FFFF FFFF

ALLEMAGNE : deuxième et b NISSAN : le constructeur EUROPE i ‚y ƒ„yˆˆ SH HDHH formistes, à Florence (Italie). a FRANCE : une majorité de

H FFFF FFFF

troisième lectures du budget au japonais a annoncé lundi une EUROPE ƒ„yˆˆ SH « Equilibrer le budget et avoir des Français sont inquiets (55 %),

HDHH FFFF FFFF

Bundestag perte de 323,5 milliards de yens EUROPE i ‚y ƒ„yˆˆ QPR excédents est une idée progressiste voire hostiles (6 %) devant la

FFFF FFFF a GRANDE-BRETAGNE : estima- (2,86 milliards d’euros) pour les six EUROPE ƒ„yˆˆ TSQ HDHH si vous êtes un pays riche au- mondialisation des échanges à la-

e

SPVUDWU HDRU QRDIP

tion PIB 3 trimestre premiers mois (avril-septembre). Ces PARIS geg RH jourd’hui », a affirmé M. Clinton, quelle ils reprochent d’affaiblir la

HDHH FFFF FFFF

a ETATS-UNIS : commandes de résultats ne vont pas avoir d’autre PARIS wshgeg en expliquant que cela permettait démocratie et d’accroître les iné-

QSUUDQS HDRU QRDTU

biens durables (juillet) impact sur les comptes de Renault PARIS ƒfp IPH de maintenir des taux d’intérêt galités sociales, selon un sondage

HDHH FFFF FFFF

a JAPON : résultats semestriels que ceux déjà prévus, a prévenu le PARIS ƒfp PSH bas, de créer de l’emploi à CSA publié dimanche par l’heb-

Â

HDHH FFFF FFFF

des principales entreprises (toute groupe français. PARIS ƒigyxh we‚gri moindre coût et de dégager des domadaire Marianne.

HDHH FFFF FFFF

la semaine). AMSTERDAM eiˆ ressources pour permettre aux

± QQRHDRV HDQR RDWS

b PFIZER : la plainte du groupe BRUXELLES fiv PH pays pauvres d’emprunter à des a SUÈDE : la croissance sué-

SWWIDTS HDTH IWDTV

MERCREDI 24 NOVEMBRE pharmaceutique américain Pfizer FRANCFORT heˆ QH taux raisonnables. doise, officiellement évaluée à

± TRVPDQH IDHS IHDIW

a JAPON : excédent commercial contre son compatriote LONDRES p„ƒi IHH En tirant les conclusions des dis- 3,4 % pour le premier semestre

HDHH FFFF FFFF

(octobre) ; production automobile Warner-Lambert, contre lequel il a MADRID ƒ„ygu iˆgrexqi cussions, M. Clinton a résumé la 1999, a été « gonflée » à la suite

QSITIDHH HDST HDHQ

(octobre) lancé une OPA hostile, sera MILAN wsf„iv QH politique qu’il menait aux Etats- d’une erreur commise par le

UQWPDPH HDQR QDPQ a ALLEMAGNE : prix à la examinée dès le 24 janvier 2000, mais ZURICH ƒ€s Unis en affirmant qu’elle était fon- constructeur Volvo (utilitaires) consommation (novembre). Warner-Lambert et American Home dée « sur la discipline budgétaire et dans le calcul de ses exportations, a ETATS-UNIS : PIB au 3e tri- Product doivent voter leur fusion à AME´ RIQUES le plein-emploi, la responsabilité in- et se situerait en fait à 2,8 %, se- mestre ; indice de confiance des l’amiable le 15 mai. dividuelle et la justice sociale, lon le quotidien suédois Dagens consommateurs (novembre) l’identité individuelle et de groupe Industri

NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq ¤URO / DOLLAR (DI) de vendredi.

dans une communauté nationale ».

IIHHQDE QQTWDPS

JEUDI 25 NOVEMBRE SERVICES IDHQ Il a également souligné que les a POLOGNE : la Pologne a enre-

IIQPT QQTW

a FRANCE : prix à la consomma- b OLIVETTI-TELECOM ITALIA : le IDHW nouvelles technologies permet- gistré un déficit de sa balance

IIHTR QPQQ tion, indice Insee définitif octobre ; groupe italien Olivetti, qui a pris le IDHV taient d’assurer la croissance commerciale totalisant 11,9 mil-

résultats André (98/99) IHVHQ QHWT contrôle de Telecom Italia, a dû IDHU économique tout en protégeant liards d’euros sur les neuf pre-

a JAPON : ventes de la grande dis- abandonner son projet de l’environnement. miers mois de l’année, a annoncé IHSRP PWTH

tribution (octobre) restructuration prévoyant la prise de IDHS samedi le Bureau des statistiques

IHPVH PVPR

a UNION EUROPENNE : réunion contrôle de Tim, la filiale de IDHR a FMI : le directeur général du polonais.

IHHIW PTVV

des ministres du budget à téléphonie mobile, par Tecnost, une [[[ [[[IDHQ [[[Fonds monétaire européen, Mi-

PT eF U yF IW xF PT eF U yF IW xF Bruxelles holding financière d’Olivetti. PT eF U yF PP xF chel Camdessus, qui a annoncé a ALGÉRIE : les réserves en de- a ALLEMAGNE : prix à la produc- sa démission le 9 novembre, es- vises de l’Algérie ont baissé de Indices cours Var. % Var. % tion et à l’importation (octobre) b FRANCE TÉLÉCOM : l’opérateur Ame´rique 09 h 50 f se´lection 19/11 veille 31/12 time que son successeur ne sera plus de 32 %, passant de 6,8 mil-

a PHILIPPINES : réunion à Ma- . ± IIHHQDVW HDPW IWDVS historique a répondu aux E´TATS-UNIS hy‡ tyxiƒ pas forcément européen liards de dollars en 1998 à 4,6 mil-

nille des ministres des affaires ± IRPPDHH HDPI ISDTV accusations d’abus de position E´TATS-UNIS ƒ8€ SHH liards de dollars en 1999, selon un

a

QQTWDPS HDTT SQDTT étrangères, de l’économie et des fi- dominante dans l’accès à Internet E´TATS-UNIS xeƒhe gyw€yƒs„i G 8 : les pays membres du G 8 rapport du Conseil national

UTWQDII HDTI IVDTI nances de l’ASEAN formulées, jeudi 18 novembre, par TORONTO „ƒi sxhiˆ doivent plus se concentrer sur économique et social (CNES).

IQRTQDHH PDVU WVDRS Club Internet. Selon France Télécom, SAO PAULO fy†iƒ€e leur rôle de coordination de

VENDREDI 26 NOVEMBRE a QSSDUP IDRP SQDHI Wanadoo paye toutes les prestations MEXICO fyvƒe l’économie mondiale, a estimé PÉTROLE : le Koweit prévoit

a ± SPRDUT PDHV PPDHP FRANCE : conjoncture dans l’in- fournies par sa maison mère au prix BUENOS AIRES wi‚†ev dimanche le chancelier allemand de porter sa capacité de pro-

± IQPDWT HDHQ UPDTV dustrie (novembre) ; du marché. De plus,il nie toute SANTIAGO s€ƒe qixi‚ev Gerhard Schröder lors du sommet duction de pétrole à plus de

a SSRVDHS HDHR ISDVT JAPON : prix à la consommation utilisation des informations CARACAS ge€s„ev qixi‚ev des réformistes à Florence. 3 millions de barils par jour d’ici (octobre, novembre à Tokyo) contenues dans la facture dix ans, a déclaré samedi le chef a ITALIE : inflation novembre, téléphonique des abonnés pour a ÉTATS-UNIS : l’économie de la diplomatie, Sabah al-Ah- première estimation (Istat) promouvoir Wanadoo face à ses ASIE - PACIFIQUE américaine devrait croître de mad al-Sabah. a ETATS-UNIS : demandes heb- concurrents. 3,7 % en 1999 et de 3,1 % sur l’en- a La situation sur le marché pé- ¤ domadaires d’allocations chô- b AGENCES DE VOYAGES : trois TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng URO / YEN semble de l’année 2000, selon une trolier mondial est « bonne mais

non exemplaire », IVVPPDIP IHWDHP mage ; revenus, dépenses et réseaux d’agences de voyages ISPVSDHQ étude réalisée par la Banque fédé- a déclaré ven-

épargne des ménages octobre indépendantes, Manor, ATA et rale de réserve (FED) de Philadel- dredi le ministre saoudien du pé- IVVPP IIU

AFAT, se sont alliés pour devenir le ISPVS phie auprès de 43 économistes. trole, Ali ben Ibrahim al-Nouaï- IVRPI IIS

DIMANCHE 28 NOVEMBRE premier groupement français dans la IRTSQ mi, à son arrivée à Koweit.

IVHPI IIQ

a ALLEMAGNE : réunion du distribution de voyages avec 1 104 IRHPI a CANADA : la hausse des prix à

IUTPI III

Conseil de surveillance de Man- agences de voyages et un volume IQQVW la consommation au Canada a AFRIQUE : le continent afri-

IUPPI IHW nesmann sur l’offre hostile de Vo- d’affaires – ensemble des services IPUSU s’est élevée à 2,3 % en octobre en cain est un marché à fort poten-

ITVPI IHU dafone AirTouch facturés aux clients – de 17,4 milliards IPIPS glissement annuel, après 2,6 % en tiel mais à grands risques pour

de francs (2,65 milliards d’euros). [[[ [[[ [[[septembre, a indiqué vendredi les investisseurs, ont souligné PT eF U yF PP xF PT eF U yF PP xF

PS eF U yF PP xF l’organisme officiel canadien Sta- les intervenants d’un colloque sur b MEDIA : Paul Allen, cofondateur Indices cours Var. % Var. % tistique Canada. les « corridors du développement » AFFAIRES Zone Asie 09 h 50 f

de Microsoft, a racheté la chaîne se´lection 22/11 19/11 31/12 vendredi au Sénat.

IVVPPDIP IDQS QSDWV

thématique ZDTV au groupe de TOKYO xsuuis PPS a UNION EUROPÉENNE : le L’Afrique n’a reçu que trois mil-

ISPVSDHQ IDRI SPDII

INDUSTRIE presse informatique américain Ziff HONGKONG rexq ƒixq marché du travail « rigide » en liards de dollars d’investisse-

HDHH FFFF SWDPP SINGAPOUR ƒ„‚es„ƒ „swiƒ

b THAMES WATER : la Davis. La cession, annoncée Europe constitue la principale ments étrangers directs en 1996,

± IIWDQT IDUI VQDVH SE´OUL gyw€yƒs„i sxhiˆ

compagnie d’eau britannique a vendredi 19 novembre, porte sur source de chômage et il devrait contre treize pour le Brésil et

± QHTQDIH HDRR VDVV SYDNEY evv y‚hsxe‚siƒ

annoncé lundi le rachat de son 64 % du capital de ZDTV pour un être assoupli, a affirmé vendredi à trente et un pour la Chine, selon

± PVDSV HDWH IIDPW BANGKOK ƒi„

homologue américaine E’Town montant de 195 millions d’euros Varsovie le chef économiste de la des données récentes du Pro-

RTQQDSQ IDHV SIDTS BOMBAY ƒixƒs„s†i sxhiˆ

Corporation pour 931 millions de (204,8 millions de dollars). Paul Allen Banque centrale européenne gramme des Nations unies pour

PIHRDTP HDRI IDWH WELLINGTON xƒiERH dollars (912 millions d’euros). détenait déjà 33 % de ZDTV. (BCE), Otmar Issing. le développement (PNUD).

VALEUR DU JOUR SUR LES MARCHÉS Taux de change fixe zone ¤uro Hors zone ¤uro

¤uro contre f Taux contre franc f Taux ¤uro contre f 19/11

HDISPRS UDRQUU FRANC...... TDSSWSU ¤URO ...... COURONNE DANOISE.

´ QDQSQVS VDIUWS

Action Seguin-Moreau DEUTSCHEMARK ...... IDWSSVQ DEUTSCHEMARK ...... COUR. NORVEGIENNE

PARIS NEW YORK ´ QDQVUUR VDTHPH LIRE ITALIENNE (1000). IDWQTPU LIRE ITAL. (1000) ...... COUR. SUEDOISE ......

Seguin Moreau et ` QDWRPQV QTDQQQ

en euros à Paris LA BOURSE de Paris a entamé la LA BOURSE DE NEW YORK PESETA ESPAG. (100).... IDTTQVT PESETA ESPAG. (100) .... COURONNE TCHEQUE

QDPUIWH IDTHVH ESCUDO PORT. (100).... PDHHRVP ESCUDO PORT. (100).... DOLLAR AUSTRALIEN .

76

RDUTUHQ IDSHSQ

Radoux International séance du lundi 22 novembre sur une avait terminé en baisse, vendredi SCHILLING AUTR. (10).. IDQUTHQ SCHILLING AUTR. (10).. DOLLAR CANADIEN ....

72,3 ´ ´ VDQPVWR PDHPIT

hausse de 0,06 %, l’indice CAC 40 19 novembre. L’indice Dow Jones PUNT IRLANDAISE...... HDUVUST PUNT IRLANDAISE...... DOLLAR NEO-ZELAND

´ ´ PDWUTTH QPVDVH le 18 nov. PDPHQUI

s’inscrivant à 5 266,17 points. Vendre- avait cédé 31,81 points (– 0,29 %) à FLORIN NEERLANDAIS FLORIN NEERLANDAIS DRACHME GRECQUE ..

IDTPTHU PSRDTR

se marient 74 FRANC BELGE (10) ...... RDHQQWW FRANC BELGE (10) ...... FLORINT HONGROIS ..

IDIHQPR RDQRRV di, l’indice vedette du marché pari- 11 003,89 points, tandis que l’in- MARKKA FINLAND...... SDWRSUQ MARKKA FINLAND...... ZLOTY POLONAIS...... MÊME les tonneliers français ne sien avait battu un nouveau record, dice composite de la Bourse élec- sont pas épargnés par le vaste mou- 72 le vingt-septième depuis le début de tronique Nasdaq atteignait un Cours de change croise´s vement de fusion que connaît le l’année. L’indice CAC 40 avait gagné nouveau record avec un gain de monde des entreprises. Les tonnelle- 0,32 % et atteint 5 263,23 points. 22,01 points (+ 0,66 %) à Cours Cours Cours Cours Cours Cours 70 22/11 09 h 50 f DOLLAR YEN(100) ¤URO FRANC LIVRE FR. S.

ries Seguin-Moreau et Radoux Inter- 3 369,12 points. Enfin, le Standard

DOLLAR ...... FFFF HDWRTQW IDHQISS HDISUPW IDTIWWH HDTRQSH national, respectivement numéro un and Poor’s 500 avait perdu YEN ...... IHSDTTSHH FFFF IHWDHPHHH ITDTPHHH IUIDPIHHH TUDWWSHH

68 FRANCFORT

et quatre sur le secteur en France, 2,95 points (- 0,21 %) à ¤URO...... HDWTWRI HDWIUPT FFFF HDISPRS IDSUHQS HDTPQUS

ont décidé de s’unir vendredi 19 no- LA BOURSE ALLEMANDE a débuté 1 421,99 points. FRANC...... TDQSUUS TDHITWH TDSSWSU FFFF IHDQHPRH RDHWIVS LIVRE...... HDTIUQP HDSVRIH HDTQTVH HDHWUHS FFFF HDQWUPH

vembre pour donner naissance à 66 en très légère baisse lundi 22 no- FRANC SUISSE ...... IDSSRHH IDRUHTH IDTHQPH HDPRRQS PDSIUVH FFFF Diosos. Comme pour les mariages vembre, l’indice DAX cédant 0,07 % récents dans le secteur bancaire ou dans les tout premiers échanges à TAUX des télécoms, ce rapprochement se 64 5 951,70 points. Vendredi, la Bourse LES MARCHÉS obligataires eu- Taux d’inte´reˆt(%) Matif fera par l’intermédiaire d’une offre MSJ J A O N de Francfort avait battu pour la qua- ropéens ont ouvert en légère 1999 Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier publique d’échange (OPE) et d’une trième fois en cinq jours son record hausse, lundi 22 novembre. Après Taux 19/11 f j. j. 3 mois 10 ans 30ans Cours 09 h 50 f 22/11 prix prix

Source : Bloomberg

Notionnel 5,5 PDVR SDIV SDUU

offre publique d’achat (OPA). Le plus de l’année, l’indice DAX gagnant quelques minutes de transac- FRANCE ...... PDTT

´ FFFF FFFF

DECEMBRE 99. FFFF QDRR SDHU SDUI

petit des deux, Radoux Internatio- francs (152 millions d’euros). Rémy 0,10 % à 5 955,97 points à la clôture. tions, le rendement de l’obliga- ALLEMAGNE .. PDTS

SDQP SDIQ RDIV GDE-BRETAG. SDHT Euribor 3 mois

tion assimilable du Trésor (OAT) ´ FFFF FFFF FFFF QDRI SDQH SDWH nal, va absorber le plus gros, Seguin Cointreau, actionnaire important du ITALIE...... PDTS DECEMBRE 99.

HDHS IDVS PDTW Moreau. L’OPE à titre principal pré- tonnelier Seguin-Moreau, et qui gar- français à dix ans s’inscrivait à JAPON...... HDHS

´ SDPQ TDHV TDIV

voit l’échange de 7 actions Seguin- dera « une participation significa- LONDRES 5,15 %. ETATS-UNIS... SDRI IDWV QDPW RDQR

tive » SUISSE...... I Pe´trole QDRI SDPI SDVP Moreau contre 15 actions Radoux dans le nouveau groupe, a jugé L’INDICE FOOTSIE des cent princi- Vendredi, les emprunts d’Etat PAYS-BAS...... PDTH « sera parti- International, tandis que l’OPA à vendredi que Diosos pales valeurs a ouvert lundi 22 no- américains avaient terminé sur Cours Var. %

titre subsidiaire prévoit le paiement culièrement bien armé pour répondre vembre en légère hausse, à une note stable, le rendement du En dollars f 19/11 veille

FFFF de 85,40 euros par action Seguin- aux enjeux de la mondialisation et de 6 488 points, soit une progression de titre à 30 ans s’inscrivant à 6,16 %. Matie`res premie`res BRENT (LONDRES) ...... PSDHU

FFFF

la croissance soutenue des vins de WTI (NEW YORK) ...... FFFF

Moreau. Lundi matin, l’action Se- 0,08 %. Vendredi, la Bourse de Cours Var. % IDUP LIGHT SWEET CRUDE .... PTDTI guin Moreau cotait 72,3 euros. Déjà, qualité ». Les deux tonneliers sont Londres avait clôturé en recul. L’in- En dollars f 19/11 veille

en juin 1998, les deux tonneliers cha- complémentaires géographique- dice Footsie avait terminé à MONNAIES ME´TAUX (LONDRES) $/TONNE FFFF

rentais avaient surpris en s’introdui- ment. Seguin Moreau est davantage 6 482,3 points, en baisse de 1,05 %. L’EURO était stable, lundi matin CUIVRE 3 MOIS...... IURP Or FFFF ALUMINIUM 3 MOIS ...... ISHP

± HDTP

sant quasiment simultanément en implanté aux Etats-Unis et en Aus- 22 novembre, lors des premières PLOMB 3 MOIS ...... RUW

Cours Var %

± HDRP SVWS ¤

Bourse, Seguin Moreau au second tralie que Radoux International, tan- transactions entre banques sur les ETAIN 3 MOIS ...... En uros f 19/11 18/11

± HDIU

TOKYO ZINC 3 MOIS...... IITP

C

HDSU

marché, Radoux International au dis que ce dernier est très présent en places financières européennes. Il OR FIN KILO BARRE ...... VVSH

± HDIQ

NICKEL 3 MOIS ...... UVVS

C HDSS

OR FIN LINGOT...... WIRH

nouveau marché. Unis, ils vont for- Espagne. Les équipes des deux en- LA BOURSE de Tokyo a terminé en cotait 1,0315 dollar. De nombreux ME´TAUX (NEW YORK) $/ONCE

FFFF ONCE D’OR (LO) $ ...... QHU

HDIH

mer le numéro un mondial du ton- treprises devraient garder leur indé- hausse de 1,4 % lundi 22 novembre, analystes s’attendent à un nouvel ARGENT A TERME ...... SDIW ` C HDSV

PIECE FRANCE 20 F...... SPDIH

± HDQI

PLATINE A TERME ...... WWSHUDIH ` FFFF neau. Les ventes annuelles cumulées pendance. Michel de Tapol, pré- toujours soutenue par les records accès de faiblesse de l’euro qui PIECE SUISSE 20 F...... SPDSH

´

` C HDUV

des deux entreprises, fin septembre, sident de Radoux International, établis en fin de semaine par l’indice pourrait contraindre la Banque GRAINES DENREES $/BOISSEAU PIECE UNION LAT. 20 F . SIDWH

´ ± PRPDS HDQI ` ± HDRT BLE (CHICAGO)...... PIECE 10 DOLLARS US ... PIT

s’élevaient à près de 190 000 fûts. Le deviendra directeur général du nou- centrale européenne (BCE) à in- C HDIQ américain Nasdaq des valeurs IWPDS ` HDTQ MAI¨S (CHICAGO)...... PIECE 20 DOLLARS US ... RHIDSH

C HDHU IRT ` HDUT nouveau groupe affichera un chiffre vel ensemble, tandis que Bernard technologiques et par la progression tervenir pour la première fois. SOJA TOURTEAU (CHG.). PIECE 50 PESOS MEX...... QQQ

d’affaires de 560 millions de francs Cordier, président de Seguin Mo- du dollar contre le yen. L’indice Nik- Face à la devise japonaise, la SOFTS $/TONNE

IDWV CACAO (NEW YORK)...... VPT

(85,3 millions d’euros), pour une ca- reau, présidera le directoire. kei a clôturé à 18 822,12 points, son monnaie européenne s’inscrivait ´ HDSH CAFE (LONDRES) ...... IQWU Cotations, graphiques et indices en temps

FFFF pitalisation boursière sur le nouveau plus haut niveau depuis plus de deux à 109,25 yens. Le billet vert cotait SUCRE BLANC (PARIS) ... FFFF re´elsurlesiteWebdu«Monde». marché de près de 1 milliard de Joël Morio ans. pour sa part 105,95 yens. www.lemonde.fr/bourse LeMonde Job: WMQ2311--0023-0 WAS LMQ2311-23 Op.: XX Rev.: 22-11-99 T.: 10:53 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 10Fap: 100 No: 0431 Lcp: 700 CMYK

FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / MARDI 23 NOVEMBRE 1999 / 23

STOXX 653 sur un an sur 5 jours EURO STOXX 50 sur un an sur 5 jours

RPWRDQP

VALEURS EUROPE´ENNES QQUDUI

QQV RPWR

RHQW QPP QQVDWS RPWRDQP

RPVVDSP QQTDHU

QUVQ b Le titre Adolfo Dominguez a et que plusieurs analystes eurent re- QHT

QQSDSV

RPPHDVV

QQUDUI QSPV bondi de 15 %, vendredi 19 no- vu positivement leurs appréciations PWH RPITDWR

vembre, à 12,43 euros. Le designer sur la société. QQRDSR QPUQ

espagnol a conclu un accord de dis- b L’action Dresdner a progressé PUR RIWWDVT

QHIU

tribution avec le magasin britan- vendredi de 3,4 %, à 51,89 euros PSV [[[[[[[[ [[[[[[[[

vwwt † PR xy†F PT wes IW xy†F vwwt † nique Harrod’s pour sa ligne de prêt- après que la troisième banque PR xy†F PT wes IW xy†F à-porter pour femmes. commerciale allemande eut annoncé

e e e e C HDSW FFFF s„ IDSV FFFF ps SS FFFF s„ QDVT IDSV b L’action Azkoyen a connu ven- une filialisation prochaine de ses ac- HPI s„ MONTEDISON POHJOLA YHTYMAE ITALGAS

e C ± ± PRDT FFFF gr IUWPDTT HDQV qf ITDSU HDIW qf UDST HDPI

dredi sa plus forte chute en une tivités de banque d’investissement. HUNTER DOUGLAS xv NESTLE N PRUDENTIAL NATIONAL GRID G

e e e C

± PSDRS FFFF xv QUDPR FFFF s„ VDUS HDTV qf TDWU PDQI

b Marks & KLM xv KONINKLIJKE NUM RAS NATIONAL POWER

seule séance depuis 1991. Elle a per- Le titre du distributeur e e C ± ± QDPR IDWH s„ IDPI FFFF qf TDQW IDPS e„ IQHDHV PDHV HILTON GROUP qf PARMALAT ROYAL SUN ALLIA OESTERR ELEKTR

Spencer e e e C C C ± WDII IDUW p‚ THDU HDTT ps QRDS PDQU qf VDTW HDWH du 15 %, à 9,47 euros. Le fabricant a reculé vendredi de 6,1 %, MOULINEX /RM p‚ PERNOD RICARD / SAMPO -A- POWERGEN

e C C ± PDUV FFFF ps TDV HDIS gr PHTIDSH HDIS qf WDPP IDIV

espagnol de distributeurs pourrait à 235,5 pence, sous l’effet de baisse NCL HLDG xy RAISIO GRP -V- SWISS RE N SCOTTISH POWER

e C ± QDVT HDVP xy SDQP FFFF €„ SPDQ FFFF qf IPDIV HDWH PERSIMMON PLC qf RIEBER & SON -B SEGUROS MUNDIAL SEVERN TRENT

souffrir de l’interdiction des distribu- de prévision de bénéfices par plu- e e C C ± SP HDVU qf UDQV FFFF ƒi PRDHT HDWV p‚ ISQDR HDSV PREUSSAG AG hi SCOTT & NEWCAST SKANDIA INSURAN SUEZ LYON EAUX/

C ± ± PDWR IDSV qf WDRR QDSR xy UDPU FFFF ƒi PPDUW PDHV teurs de cigarettes proposée par les sieurs analystes. RANK GROUP qf SOUTH AFRICAN B STOREBRAND SYDKRAFT -A-

C ± PHPDIH IDPS qf TDUU IDIS qf VDPP FFFF ƒi IUDRR FFFF

ministres de la santé européens. b L’action Telecom Italia a gagné SAIRGROUP N gr TATE & LYLE SUN LF & PROV H SYDKRAFT -C-

C

± ± ± WDVI IDQS qf RDVV HDWT gr SUSDUP HDPP qf IRDPV IDVR

b Le titre Lufthansa a gagné ven- 4,8 %, à 10,06 euros. Le groupe de té- SAS DANMARK A/S hu UNIGATE PLC SWISS LIFE REG THAMES WATER

e e e C C ± SVDU IDHQ xv SS QDUU hu PPDIV FFFF fi ITWDR HDPR SEB /RM p‚ UNILEVER TOPDANMARK TRACTEBEL

dredi 5,4 %, à 21,07 euros après que lécoms a abandonné son plan de re- e e C ± ± ± ITS HDQH qf TDWR HDTV gr SUWDRU HDII iƒ IRDWS HDQQ SODEXHO ALLIANC p‚ UNILEVER ZURICH ALLIED N FENOSA

C C C ± UWVDRH HDVU qf WDIH IDHS QSQDUS HDPH qf VDTW IDTT la compagnie aérienne eut annoncé groupement avec sa filiale de télé- THE SWATCH GRP gr WHITBREAD f DJ E STOXX INSU P UNITED UTILITIE

e C C ITRDWV FFFF PHUDRP HDHU hi ITDVQ IDHV

une hausse de 1,5 % de son résultat phone mobile Telecom Italia Mobile. THE SWATCH GRP gr f DJ E STOXX F & BV P VIAG

e C HDWQ FFFF p‚ USDT IDHU WW/WW UK UNITS si VIVENDI/RM

C IHDSV FFFF PWWDII HDPI WILSON BOWDEN qf MEDIAS f DJ E STOXX PO SUP P

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f DJ E STOXX CYC GO P ITTDWS e ± UQDW HDIR

Code Cours % Var. CANAL PLUS /RM p‚ PHDUW FFFF

22/11 09 h 56 f ¤ BOC GROUP PLC qf

gr ISSWDQV FFFF pays en uros veille C

VDPS IDQS

e ABB PARTI CARLTON COMMUNI qf ± IUDI HDVU

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e gr TIUDSI FFFF

WDQW FFFF

ADECCO N ELSEVIER xv ± UPDSI HDPI

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AUTOMOBILE PHARMACIE ALSTOM EM.TV & MERCHAN hi EURO C RQPDPT HDUQ

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e ASSA ABLOY-B- EMAP PLC qf C C ______ƒi QHDUS HDQV hi QRDU IDRT ± RQDVV HDHU

AUTOLIV SDR DEGUSSA-HUELS ASTRAZENECA qf

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QRS HDVT

e e ASSOC BR PORTS HAVAS ADVERTISI p‚

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BASF AG DSM ELAN CORP qf

± e ƒi PSDUS IDUU

RDWS FFFF

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e ATLAS COPCO -A- INDP NEWS AND M C

hi PUDQ IDII xy PRDHP FFFF C PVDWP IDPU

BMW DYNO GLAXO WELLCOME qf

± e ƒi PSDII PDWP

C

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e ATLAS COPCO -B- LAGARDERE SCA N p‚ C C

hi PHDR HDWW RSVIDRT HDQR gr e C RUDTS IDPV

CONTINENTAL AG EMS-CHEM HOLD A HOECHST AG hi ´

e q‚ IUDQR FFFF

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e BBA GROUP PLC REED INTERNATIO qf Cours % Var. C

± s„ IQDQI HDQH IHDQI ITDSS qf e ± PIDR HDRU

FIAT PRIV. LAPORTE ORION B ps 22/11 09 h 56 f en ¤uros veille

xy IRDTU FFFF

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e BERGESEN REUTERS GROUP qf C C

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MICHELIN /RM LONZA GRP N RHONE POUL./RM p‚

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e e BONHEUR SCHIBSTED xy C ±

p‚ IVVDT HDPI p‚ IUDUS HDPQ ±

ITSTQDUS HDIU

PEUGEOT RHODIA ROCHE HOLDING gr AMSTERDAM ±

qf RUDTW PDIH

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± s„ PDIP HDRU s„ IDHP PDVT C IIUPWDTU HDQU

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e e COOKSON GROUP P TF1 p‚ AIRSPRAY NV C ±

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hu WWRWDQI FFFF

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e e DAMPSKIBS -A- UNITED NEWS & M qf ANTONOV C p‚ TTDUS FFFF

RTDWW RDRP fi e C IIWDS HDSH

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FFFF

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e DAMPSKIBS -B- UNITED PAN-EURO xv C/TAC C ± hi SHDR HDPT

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VOLKSWAGEN f DJ E STOXX CHEM P SMITHKLINE BEEC qf

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e T hu ISUQHDTU FFFF

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± PQDVQ QDHU ƒi e ±

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f DJ E STOXX AUTO P PQSDUV CONGLOMERATS

e IWDHS FFFF ± IDPV HDUV

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COMMERZBANK hi EUROMICRON

C

IWDRT IDSI

HELLENIC TELE ( q‚

C HDSW e VDSS

± QHDHT IDPV

CREDIT LYONNAIS p‚ GRAPHISOFT NV

e

SUDT FFFF

KONINKLIJKE KPN xv

C IRDV RDPQ

C IIVDQP HDSU

DEN DANSKE BK hu HOEFT & WESSEL

RIDQP FFFF

NETCOM ASA xy COMMERCE DISTRIBUTION

IIDU FFFF

R FFFF

DEN NORSKE BANK xy HUNZINGER INFORMAT

IIDIQ FFFF

PANAFON HELLENI q‚

± QR HDVU e C qf VDTR IDVT

± TVDHS IDVU

DEUTSCHE BANK N hi BOOTS CO PLC INFOMATEC

e

RTDS FFFF

PORTUGAL TELECO €„

C RDRW e e IWV ± p‚ IVQDT HDIT ±

ISPDP HDUV

DEXIA CC fi CARREFOUR /RM INTERSHOP COMMUNIC

e

± QTDS QDWS

SONERA ps

C UV

e IDQH e C C p‚ PTQ QDIR

ISIDI RDTR

DEXIA FCE RM p‚ CASTO.DUBOIS /R KINOWELT MEDIEN

C

QPVDHW PDQQ

SWISSCOM N gr

± PQDW

e e HDHV ± iƒ IVDPI HDTS

SP FFFF

DRESDNER BANK N hi CENTROS COMER P LHS GROUP

C

TSDSR HDSP

TELE DANMARK -B hu

C RDIP e VVDS C iƒ PQDQ HDVU

RIDRI FFFF

EFG EUROBANK q‚ CONTINENTE LINTEC COMPUTER

e

IPDVU FFFF

TELECEL €„

TDT FFFF ± qf IUDWV HDIU

WIDSS FFFF

ERGO BANK q‚ DIXONS GROUP PL LOESCH UMWELTSCHUT

e C

IHDSS PDWQ

TELECOM ITALIA s„

± PUDS e RDIV e C hi QUDV HDIQ

±

SIDT HDPW

ERSTE BANK e„ GEHE AG MENSCH UND MASCHIN

e

C

SDQ PDSI

TELECOM ITALIA s„

C TQDT PDTH C qf TDQI HDSH ±

ISDWQ HDUP

FOERENINGSSB A ƒi GREAT UNIV STOR MOBILCOM

e

C

PHDIW HDHS

TELEFONICA iƒ

C IR e RDHW C xv VPDRS FFFF

IHDUV IDIV

HALIFAX GROUP qf GUCCI GROUP MUEHL PRODUCT & SE

e C

UDHP HDVT

TIM s„

± TP

e QDIQ

C ±

p‚ IPTDI IDRV IQDIR IDSV qf MUEHLBAUER HOLDING

HSBC HLDG e e GUILBERT /RM

± xv TPDQI FFFF p‚ PPV HDVU

C ROYAL DUTCH CO LEGRAND /RM RDRR PDWP

VODAFONE AIRTOU qf C

PVDT IDUV

ƒi PVDRV FFFF

SHDIV FFFF q‚ PFEIFFER VACU TECH

IONIAN BK REG.S e HENNES & MAURIT

± s„ QDVU IDSQ xy IHDUT FFFF

C

IDQI

f DJ E STOXX TCOM P WHVDUI SAIPEM LEIF HOEGH C

QDVP

e ISDUV

e C C hi QWDU IDPV

SSDV IDUQ fi PLENUM

KBC BANCASSURAN e KARSTADT QUELLE

C

±

UDWP PDUI hi SPDR IDUS

SHELL TRANSP & qf LINDE AG

C

QUDWS IDRU

± qf IHDPW RDQW ±

IQDHS HDRV qf PSI

LLOYDS TSB e KINGFISHER

C

IHDVV FFFF hi QHDR HDVQ

SMEDVIG -A- xy MAN AG

C

TIDW

e HDTS ± qf QDUQ HDRP ± T PDPV ps QIAGEN NV

MERITA e e MARKS & SPENCER C C

IQSDU IDPU hi IWTDS IDPW

CONSTRUCTION TOTAL FINA /RM p‚ MANNESMANN N

± VDT e QDUH

± hi SR HDIV TRDQT FFFF

q‚ REFUGIUM HOLDING A

NAT BANK GREECE e METRO

C C

HDIW hi IVDU IDQT

f DJ E STOXX ENGY P QIUDWI METALLGESELLSCH

± HDRH

e e IPDR C ± qf VDPH PDWV ± iƒ RUDPS HDSQ

URDT HDSQ p‚ SACHSENRING AUTO

NATEXIS BQ POP. ACCIONA e NEXT PLC

IVDPS FFFF

METRA A ps

C

IP e QDRS C

C p‚ IWP IDQP q‚ PUDQR FFFF

PIDSS HDUR qf SALTUS TECHNOLOGY

NATL WESTM BK AKTOR SA e PINAULT PRINT./ C

IHDW HDWQ

METSO ps

± TR

e RDRV

e C s„ TDQU IDPU ± ± ps ISDU HDTQ SDWW HDWT

NORDBANKEN HOLD ƒi ASKO -A- RINASCENTE SCM MICROSYSTEMS

±

QDWH PDUS

SERVICES FINANCIERS MORGAN CRUCIBLE qf

C HDQQ

e e QHDS C ± gr PRPDHP HDVW iƒ IVDQW PDIU

PHDI FFFF

ROLO BANCA 1473 s„ AUMAR R VALORA HLDG N SER SYSTEME

QDPT FFFF

NFC qf

SDV FFFF

e ± qf IPDWI QDRP C ± qf SDPW IPDUQ ± iƒ IHDTW HDVS PHDHI HDQI ROYAL BK SCOTL qf ACESA R 3I W.H SMITH GRP SERO ENTSORGUNG

SSDIH FFFF

e NKT HOLDING hu ± C STDW TDQR

SSDU PDQW e fi C qf UDTQ FFFF ± qf SDSI UDQT

IPDIS HDTS

SAN PAOLO IMI s„ BLUE CIRCLE IND ALMANIJ WOLSELEY PLC SINGULUS TECHNOLOG

C

IUDSR QDIS

OCEAN GROUP qf

QQ FFFF

C VQ FFFF e q‚ C RPIDHQ HDRT ± p‚ RQU IDTQ

IHDPQ HDST ƒi ALPHA FINANCE f SOFTM SOFTWARE BER

S-E-BANKEN -A- BOUYGUES /RM e DJ E STOXX RETL P

±

IIDPS HDRR

PARTEK ps

C

C ISDQ P

qf WDPU HDVT ± qf SDWV FFFF

IQDVP PDIP

STANDARD CHARTE qf BPB AMVESCAP TDS

C

ISDTW HDTI

PENINS.ORIENT.S qf

e C IDRW

e RHDV HDQP FFFF e s„ C C s„ II PDQQ

PIQDI I

STE GENERAL-A-/ p‚ BUZZI UNICEM BENI STABILI TECHNOTRANS

SDIW FFFF

PREMIER FARNELL qf

e C QDQH IHDWS

€„ RDII FFFF ± ± HAUTE TECHNOLOGIE qf PDRR HDTR IRDRP PDUS

SV HANDBK -A- ƒi CARADON BPI R TELDAFAX

±

ITDRV IDTW

RAILTRACK qf

C

C HDVP

e PRDS qf UDSP HDPI C C

fi IHWDS HDWP

PWVDRU HDUR

gr BRITISH LAND CO e TELES AG

UBS REG CBR C

PHDUS HDPR

e AEROSPATIALE MA p‚

SPDR FFFF

RANDSTAD HOLDIN xv

C

SDHI HDPH

±

SDHV HDTP e e qf

± €„ ISDTI FFFF

RDSU HDVU

s„ CANARY WHARF GR e TIPTEL UNICREDITO ITAL CIMPOR R C

IUTDU HDII

ALCATEL /RM p‚

IIPDWR FFFF

RATIN -A- hu

QW FFFF

e ± qf TDQH HDSH C

p‚ IWPDI TDUV UQDPV FFFF

hu CAPITAL SHOPPIN TRANSTEC UNIDANMARK -A- COLAS /RM C

PVDSW PDUQ

ALTEC SA REG. q‚

IITDPS FFFF

e RATIN -B- hu ± QUDV HDUW

±

fi TPDS HDIT

± qf PWDVR FFFF PQDHR QDSH

XIOSBANK q‚ CRH PLC COBEPA e W.E.T. AUTOMOTIVE

VQDS FFFF

ASM LITHOGRAPHY xv

±

QDUW PDHQ

e RENTOKIL INITIA qf FFFF FFFF

±

TPDQ QDPT e hi C

± iƒ WDU P HDIR

f DJ E STOXX BANK P PWWDQT GRUPO DRAGADOS CONSORS DISC-BR e IQDIS FFFF

BAAN COMPANY xv

±

QDWU HDUW

e REXAM qf FFFF FFFF

e ± iƒ PVDR IDHS C

PPDV IDQQ

iƒ CORP FIN ALBA e

FCC C IPWDS IDWU

e BARCO fi

±

UVDI IDUT

REXEL /RM p‚

C FFFF

e FFFF gr IVW HDTT C

WRDW HDPI p‚ CS GROUP N

GROUPE GTM C

SDST IDUQ

e BRITISH AEROSPA qf

±

PTDIT IDTS

e RHI AG e„ C FFFF FFFF

p‚ SVHDS HDHW

± UDWH HDRH

PRODUITS DE BASE HANSON PLC qf EURAFRANCE /RM e ±

IUQDI IDHQ

CAP GEMINI /RM p‚

± STPDTP HDQQ

e RIETER HLDG N gr FFFF

e FFFF fi QS FFFF

C

VQDP IDRT hi FORTIS (B)

e HEIDELBERGER ZE C

±

hu WUDRV IDRH QHDUI HDPW

ACERINOX R iƒ COLOPLAST B

±

PTDHR HDRR

e SANDVIK -A- ƒi FFFF FFFF

xv QSDHI FFFF

QVDWQ FFFF q‚ FORTIS (NL)

C HELL.TECHNODO.R ±

qf QIDUH QDIU SUQDPQ HDRR

ALUSUISSE LON G gr COLT TELECOM NE

±

PTDPI HDVV

e SANDVIK -B- ƒi FFFF FFFF

±

p‚ IIPDR HDRR

QIDQH FFFF

HERACLES GENL R q‚ GECINA /RM e ±

p‚ RIDSS IDPI RUDUS FFFF

ALUMINIUM GREEC q‚ DASSAULT SYST./

± RQQDSI I

SAURER ARBON N gr

FFFF

e FFFF qf UDSW FFFF

C

QTDS SDVH hi HAMMERSON

HOCHTIEF ESSEN ±

ƒi RTDTV IDRU PDWR FFFF

ARJO WIGGINS AP qf e ERICSSON -B-

±

UHDQ HDUI

e SCHNEIDER ELECT p‚ FFFF FFFF

xv SWDV FFFF

±

IPRHDHP HDIH

gr ING GROEP e

C

C HOLDERBANK FINA

s„ HDWV IDHQ ISDWQ HDUR

ASSIDOMAEN AB ƒi e FINMECCANICA

±

IDSV IDPS

SEAT-PAGINE GIA s„

C FFFF FFFF

RTDTS HDSV e hu

±

IQPDQ IDTR

p‚ KAPITAL HOLDING

C IMERYS /RM

ƒi WDSQ FFFF RDWQ HDWS

AVESTA ƒi GAMBRO -A-

WDTV FFFF

SECURICOR qf

FFFF

e FFFF qf IIDTQ FFFF

C

IIDPR RDHU

e s„ LAND SECURITIES e

C ITALCEMENTI

xv SWDI FFFF SHT HDRH

BEKAERT fi GETRONICS

±

ITDPV IDHT

SECURITAS -B- ƒi

FFFF FFFF

e ± qf UDSW HDVP

C

WPDQS HDTH

LAFARGE /RM p‚ LIBERTY INTL

±

hu QVDUP FFFF RDUI IDQP

BILLITON qf GN GREAT NORDIC

C

QDVT HDRI

e SHANKS GROUP qf

FFFF FFFF

±

s„ WDTS IDUQ

PPDUP FFFF

q‚ MEDIOBANCA

e C C MICHANIKI REG.

q‚ RPDSV QDUH RQDSQ PDIV

BOEHLER-UDDEHOL e„ e INTRACOM R

C WTDPS IDQP

SIDEL /RM p‚

C FFFF FFFF

qf UDSP HDTQ

C

VDVS HDQT

e qf MEPC PLC

TARMAC ±

qf IUDUT TDQW ISDPI FFFF

BUHRMANN NV xv LOGICA

±

SDPR HDQH

e INVENSYS qf FFFF FFFF

±

iƒ IWDI HDPT

± IDQU IDIR

PILKINGTON PLC qf METROVACESA

xy WDVR FFFF SDQS FFFF

BUNZL PLC qf MERKANTILDATA

±

PHDWQ PDUH

SKF -A- ƒi

FFFF FFFF

±

qf IHDTP HDUR

C

IRDIR IIDTW

e qf PROVIDENT FIN

C RMC GROUP PLC ±

qf IHDVT IDPW

TDWW IDRS

CART.BURGO s„ MISYS

±

PPDPH IDHR

e SKF -B- ƒi FFFF FFFF

xv QUDV FFFF

PDHV FFFF qf RODAMCO UK

C RUGBY GRP

xy PDVI FFFF PDHQ HDUV

CORUS GROUP qf NERA ASA

C

PSDIR HDSR

e SOPHUS BEREND - hu FFFF FFFF

QUDUS FFFF

e xv C

ITUDU HDUP

SAINT GOBAIN /R p‚ RODAMCO CONT. E e ±

ps IPUDW HDIT IUDTH FFFF

ELKEM ASA, OSLO xy NOKIA

±

TIWDQW HDRH

e SULZER FRAT.SA1 gr FFFF FFFF

xv QSDW FFFF

QQDSR FFFF

SKANSKA -B- ƒi RODAMCO NORTH A ± qf SDWH IDQP

ISDIV FFFF

ELVAL q‚ NYCOMED AMERSHA

±

ITDIT HDQT

SVEDALA ƒi

C FFFF FFFF

qf IVDQP IDQI

PIDSI FFFF

SUPERFOS hu SCHRODERS PLC e

xv IUDR FFFF IHDQW FFFF

JOHNSON MATTHEY qf OCE

C

UDPI HDTT

e T.I.GROUP PLC qf

C FFFF FFFF

p‚ VIDSS HDTV

C

PDRT HDTS

qf SIMCO N /RM e e TAYLOR WOODROW C

s„ PDPQ QDUP RPDPS FFFF

MAYR-MELNHOF KA e„ OLIVETTI

QQDSH FFFF

TOMRA SYSTEMS xy

FFFF FFFF

e ± qf SDQP HDPW

±

WVDS HDIH

e TECHNIP /RM p‚ SLOUGH ESTATES e

± xv IIR FFFF

WDQS HDSQ

METSAE-SERLA -B ps e KON. PHILIPS

C

TIDS HDVP

e VA TECHNOLOGIE e„ FFFF FFFF

±

p‚ IQQ HDSP

IIQDRR FFFF q‚ UNIBAIL /RM

TITAN CEMENT RE C

qf QDPT HDWV QPDHW FFFF

MODO -B- ƒi ROLLS ROYCE

C

HDWW

e f DJ E STOXX IND GO P RQWDRT

HDRW FFFF

e s„

± IWDWI HDSS WIENERB BAUSTOF e„ UNIM ± qf TIDRU IDIR RQDRH FFFF

NORSKE SKOGIND- xy SAGE GRP

e C

iƒ UDRR IDTR

±

RDWU HDTQ e qf VALLEHERMOSO e C WILLIAMS p‚ UTH FFFF IPDIU IDRP

OUTOKUMPU OY -A ps SAGEM

e ±

hi QT PDUH

C

IDHT

e f DJ E STOXX CNST P PIWDHI WCM BETEILIGUNG e ± hi QRV FFFF SRDS HDSS

PECHINEY-A- p‚ SAP AG

±

SDUH HDVP

e WOOLWICH PLC qf e ± hi RIV HDRV TDST FFFF PORTUCEL INDUST €„ ASSURANCES SAP VZ

±

HDHP

e f DJ E STOXX FINS P PTQDIU C

qf IUDHW FFFF T PDHR RAUTARUUKKI K ps e SEMA GROUP VVDI FFFF AEGON NV xv

e C

± hi WWDR HDRH IVDVW PDRR

RIO TINTO qf CONSOMMATION CYCLIQUE e SIEMENS AG N ± SSDVS HDPU AGF /RM p‚

C

qf IQDTW HDVI PQDTQ FFFF q‚ e e C SIDENOR C SMITHS IND PLC PPQ HDWH s„ WDQ HDSR ACCOR /RM p‚ ALLEANZA ASS

e

C ±

IIIDI HDHW ALIMENTATION ET BOISSON p‚ RIDQT HDVP SILVER & BARYTE q‚ e e STMICROELEC SIC ± ± URDP HDTU hi PWWDS HDHQ ADIDAS-SALOMON hi ALLIANZ AG

e C

C

p‚ QHDI HDQQ PDTQ HDTH SMURFIT JEFFERS qf e THOMSON CSF /RM ± ± ± ISDSI HDSV qf SDIP HDWI qf IPDHT HDTS AIR FCE p‚ ALLIED DOMECQ ALLIED ZURICH

e e ±

ps QVDR HDPT IQDQP FFFF €„ e C SOPORCEL C TIETOENATOR ± SDUQ HDVQ qf SDRV IDIT p‚ IQTDV HDIS AIRTOURS PLC qf ASSOCIAT BRIT F AXA /RM

e C

hu WQDVP FFFF IQDV HDUQ

ps e C STORA ENSO -A- C WILLIAM DEMANT ± PDRW HDRH qf IHDHW IDPT gr VHHDWH HDQI ALITALIA s„ BASS BALOISE HLDG N

e C C

TIRDHR HDHS IQDVQ HDTT

ps e e f STORA ENSO -R- C DJ E STOXX TECH P ± IW HDPT e„ RQ FFFF qf IRDTU HDVU AUSTRIAN AIRLIN e„ BBAG OE BRAU-BE CGU

C

PTDPU HDVW ƒi e e C SVENSKA CELLULO C QSDQT HDUU e„ RRDIS FFFF p‚ QIDHU HDPQ BANG & OLUFSEN hu BRAU-UNION CNP ASSURANCES

e C

PSDS IDSW

hi e C THYSSEN KRUPP C RDWW UDRT qf SDUQ IDTV iƒ IU FFFF BARRATT DEV PLC qf CADBURY SCHWEPP CORP MAPFRE R

± VDTH HDTU ƒi e SERVICES COLLECTIFS TRELLEBORG B C PDRT FFFF hu QSDPQ IDSS hi IPHDU FFFF BEAZER GROUP qf CARLSBERG -B- ERGO VERSICHERU

e C

QWDV IDWP UNION MINIERE fi e e ± ± PDHT PDVQ hu QRDHP FFFF q‚ RPDRW FFFF s„ PDTT IDRV BENETTON GROUP s„ CARLSBERG AS -A ETHNIKI GEN INS AEM

e

± ps QPDQ HDTP UPM-KYMMENE COR C ± ± ± IIDHS IDIS hu RHDQR HDTT hu VHDTU IDHP qf IHDQW IDHS BERKELEY GROUP qf DANISCO FORSIKRING CODA ANGLIAN WATER

e ± IRDSW HDUS

p‚ e e

C USINOR C ± SDVU HDVI p‚ PPUDT HDQI fi QS FFFF qf SDTU IDQU

BRITISH AIRWAYS qf DANONE /RM FORTIS (B) BRITISH ENERGY e

± RIDSH UDII q‚ e e CODES PAYS ZONE EURO VIOHALCO C IHHDP HDIH q‚ RSDHI FFFF s„ PVDUP FFFF qf PDRR FFFF CLUB MED. /RM p‚ DELTA DAIRY GENERALI ASS CENTRICA

e C

QIDPI IDQQ

e„ e e FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne VOEST-ALPINE ST C ± IIDVP HDSQ qf VDSQ FFFF e„ IRWDWW IDQR s„ UDSU FFFF COMPASS GRP qf DIAGEO GENERALI HLD VI EDISON

C

HDVT f PHWDUR e e e IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande C DJ E STOXX BASI P ± PIDQS HDRU q‚ RPDWR FFFF s„ PDUT PDIQ fi QRPDS FFFF DT.LUFTHANSA N hi ELAIS OLEAGINOU INA ELECTRABEL

e e LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche ± ± PH IDIS p‚ IIIDI HDVH q‚ QSDSR FFFF €„ IRDQ FFFF ELECTROLUX -B- ƒi ERID.BEGH.SAY / INTERAM HELLEN ELECTRIC PORTUG

e FI : Finlande - BE : Belgique. C ± UDTS RDPW qf PDQT FFFF qf IHDSH FFFF iƒ IWDSU HDTT EMI GROUP qf GREENCORE GROUP IRISH LIFE & PE ENDESA

CHIMIE e e e C ± IDHU HDWR xv QQDWS FFFF qf PDUP FFFF e„ IRQDII HDSR

EURO DISNEY /RM p‚ HEINEKEN HOLD.N LEGAL & GENERAL EVN CODESPAYSHORSZONEEURO

e e e C C C C C IRRDP HDHU qf PDHW HDUT q‚ PRDQH PDIU s„ UDTP HDPT ps RDTP HDRQ

AIR LIQUIDE /RM p‚ G WIMPEY PLC HELLENIC BOTTLI MEDIOLANUM FORTUM CH : Suisse - NO : Norve`ge - DK : Danemark

e e e C C ± RPDSQ FFFF qf VDVW SDRI q‚ PUDIT FFFF hi PQHDS HDUU iƒ PQDVU HDPW

AKZO NOBEL NV xv GRANADA GROUP HELLENIC SUGAR MUENCH RUECKVER GAS NATURAL SDG GB : Grande-Bretagne - GR : Gre`ce - SE : Sue`de.

e e e C ± ± RR FFFF p‚ IPUDP IDHI qf IIDTS FFFF qf UDHR HDPP iƒ IRDPW HDWW BASF AG hi HERMES INTL KERRY GRP-A- NORWICH UNION IBERDROLA LeMonde Job: WMQ2311--0024-0 WAS LMQ2311-24 Op.: XX Rev.: 22-11-99 T.: 10:53 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 10Fap: 100 No: 0432 Lcp: 700 CMYK

24 / LE MONDE / MARDI 23 NOVEMBRE 1999 FINANCES ET MARCHÉS

C C C C ± ± RIDSH PUPDPP PDPP IPDIT QTDVV QSDHP PPWDUP SDHR TVDWQ UWDRS VH SPRDUU HDTW RDWV BIC...... RHDTH GR.ZANNIER (LY) ...... SOGEPARC (FIN) ......

C C C C C FFFF FFFF FFFF IQDSW WRDUH WRDWH TPPDSH HDPI UDQP PTDPS PTDSV IURDQS IDPT ISDRI BIS...... WHDHS GROUPE GTM ...... SOMMER-ALLIBERT......

C C C C C ± WIDQH SWVDVW HDQQ QHDIR TU TUDSH RRPDUU HDUS PDSH RHDQW RHDPP PTQDVQ HDRP IIDIH B.N.P...... WI GROUPE PARTOUCHE ... SOPHIA ......

C C ± ± ITSDQH IHVRDQH FFFF RDWT IPV IPTDIH VPUDIT IDRV IHDPW PTDHP PTDHP IUHDTV FFFF IUDPT VALEURS FRANC¸AISES BOLLORE ...... ITSDQH GUILBERT...... INTERBAIL ......

C C ± ± ± ± QPQ PIIVDUR HDQI ISDPR RVP RUSDSH QIIWDHV IDQS PRDRT UU UTDWH SHRDRQ HDIQ PUDRH BONGRAIN ...... QPR GUYENNE GASCOGNE... SOPRA # ......

C C C C ± ± RQU PVTTDSQ IDTQ ISIDSV SSDRH SS QTHDUV HDUP QTDTU TSDVH TS RPTDQU IDPP PUDVS BOUYGUES ...... RQH HACHETTE FILI.ME...... SPIR COMMUNIC. # ......

C C C C

± ± QVDIS PSHDPS QDIT WRDIR QRV QRS PPTQDHS HDVT IRPDHS IUTDUH IUSDSH IISIDPH HDTV TVDHU b Le titre Alstom progressait de 1,82 %, à 28 euros lun- BOUYGUES OFFS...... QTDWV HAVAS ADVERTISIN ...... SR TELEPERFORMAN ....

C C C ± ± ± TDTS RQDTP HDUT RDPQ IQRDSH IQPDQH VTUDVQ IDTR SRDWU ISRDQH ISQDVH IHHVDVT HDQP IPDII

di 22 novembre quelques minutes après le début des BULL#...... TDTH IMERYS(EX.IMETAL ...... SUEZ LYON.DES EA ......

C C C C WIDSH THHDPH QDHR FFFF IWDRH IWDRH IPUDPT FFFF IDVW QQPDWH QRHDQH PPQPDPP PDPP IPRDQS BUSINESS OBJECTS...... VVDVH IMMEUBLES DE FCE ...... TF1 ......

C C C cotations. Le groupe a annoncé samedi la signature C ± ± UQDRH RVIDRU HDVI PTDPW IIT IIWDPH UVIDWH PDUT IIIDQR WVDTH WVDSH TRTDIP HDIH PPDVR CANAL + ...... UR INFOGRAMES ENTER .... TECHNIP......

C C C ± ± ± IUQDQH IIQTDUU HDWI PTDUQ PUDWH PUDRH IUWDUQ IDUW IHDVV QH QHDIU IWUDWH HDSU IUDSP

d’un contrat de 100 millions d’euros pour construire CAP GEMINI ...... IURDWH INGENICO ...... THOMSON-CSF......

C C

± ± QWDII PSTDSR HDPV QDIT RIT FFFF FFFF FFFF SPDSQ QHDPT QH IWTDUW HDVT FFFF

deux ferrys destinés à l’armateur grec Nel Lines. CARBONE LORRAINE..... QW INTERTECHNIQUE...... THOMSON MULTIMED.

C C C ± ± IVQDWH IPHTDQH FFFF UIDST TIDTH SWDWH QWPDWP PDUT IDSI IQR IQSDVH VWHDUW IDQR SUDQW CARREFOUR ...... IVQDWH ISIS ...... TOTAL FINA SA......

C C C C ± ± IPIDUH UWVDQH HDPS QUDIU WRDSH WRDPH TIUDWI HDQP VDRI IQQDUH IQQ VUPDRP HDSP UDHS b L’action Carrefour reculait de 0,11 %, à 183,7 euros, CASINO GUICHARD ...... IPIDRH KLEPIERRE COMP.F ...... UNIBAIL ......

C C C C ± VP SQUDVV HDRQ RWDVS IITDVH IITDVH UTTDIT FFFF PVDRS URDSH UPDSS RUSDWH PDTP WTDTT

lundi matin. Selon le journal portugais Semanario CASINO GUICH.ADP ...... VIDTS LABINAL...... UNILOG ......

C C C C C

±

PTPDWH IUPRDSI QDIH QSDPS WIDVH WPDQS THSDUV HDTH IRDHV IPQ IPH UVUDIS PDRR TDHW

Economico, le leader de la distribution dans le pays, So- CASTORAMA DUB.(L...... PSS LAFARGE...... UNION ASSUR.FDAL ......

C C C C C ± IIVDVH UUWDPV HDUT SHDIS RP RPDUH PVHDHW IDTU IUDWS IRDUH IRDSS WSDRR IDHP SQDWT C.C.F...... IIUDWH LAGARDERE...... USINOR......

C C C ± IVR IPHTDWT FFFF IVDRR TI TIDQH RHPDIH HDRW HDUV TTDUS FFFF FFFF FFFF HDST nae, aurait décidé de vendre Modelo Continente à Car- CEGID (LY) ...... IVR LAPEYRE ...... VALEO ......

C C C

± ± UDRQ RVDUR FFFF IHDHU RWDWH RVDIS QISDVR QDSI PVDWV RHDSH QWDSH PSWDIH PDRU IVDVT

refour. CERUS...... UDRQ LEBON (CIE)...... VALLOUREC......

C ± ± ± ± ± RTDTS QHT HDPI HDTQ PQH PPV IRWSDSV HDVU HDWV PTDWH PTDTV IUSDHI HDVP VDWR

b L’action EuroDisney s’appréciait de 0,94 %, à CGIP ...... RTDUS LEGRAND ...... VIA BANQUE ...... C C C ± ± SIDSH QQUDVP FFFF WDQR IQIDSH IQH VSPDUR IDIR RDIU URDVH USDSS RWSDSV I RDRQ CHARGEURS...... SIDSH LEGRAND ADP ...... VIVENDI ......

C C ± ± ± ±

RSDTH PWWDIP SDWV QRDTV QWDRH QVDSH PSPDSR PDPV UDUV IRDTS IRDVH WUDHV IDHP IHDQT 1,07 euro, lundi matin. Selon le président du groupe de CHRISTIAN DALLOZ ...... RVDSH LEGRIS INDUST...... WORMS (EX.SOMEAL .....

C C C C

± ± IUW IIURDIT HDST WH IIQDVH IIIDSH UQIDQW PDHP WDIR IVIDWH IVQDWH IPHTDQH IDIH HDTW

loisirs, l’ouverture du deuxième parc à thèmes pourrait CHRISTIAN DIOR ...... IUV LOCINDUS...... ZODIAC......

C C ± ± VV SUUDPR HDST PQDVU TSH TRTDSH RPRHDUT HDSR RDWU CIC -ACTIONS A...... VVDSH L’OREAL ......

C C C générer entre 1,2 et 1,3 milliard de francs de chiffre C TRDVH RPSDHT IDPS QTDPR QQPDIH QQQ PIVRDQR HDPU IIUDPR CIMENTS FRANCAIS ...... TR LVMH MOET HEN......

C C ± ± IHIDSH TTSDVH HDRW WRDHU ISHDRH ISHDSH WVUDPP HDHU IHDPS

d’affaires supplémentaire dès la première année. CLARINS ...... IHP MARINE WENDEL ......

C C C

IHHDPH TSUDPU HDIH QHDWR UDRH UDRH RVDSR FFFF IIHDPP

b Le groupe de luxe LVMH pourrait ouvrir un service CLUB MEDITERRANE .... IHHDIH METALEUROP ......

C C C C QIDHU PHQDVI HDPQ PHDHS RHDQH RHDTV PTTDVR HDWR IWDRH CNP ASSURANCES ...... QI MICHELIN......

C C ± ± VHDSH SPVDHS HDTP QWDQR QHDTS QHDTT PHIDIP HDHQ IPDSR bancaire en ligne au début 2000 selon un article du Fi- COFLEXIP...... VI MONTUPET SA......

C C C ± IWPDVH IPTRDTW UDIU UDSR VDWS WDII SWDUT IDUW QHDSI

garo publié samedi. L’action LVMH progressait de COLAS ...... IUWDWH MOULINEX ......

C C ± % Var. PDHW IQDUI FFFF PTDTT US URDTH RVWDQR HDSQ QSDWQ

COMPTOIR ENTREP...... PDHW NATEXIS BQ POP...... Pre´ce´dent Cours Cours % Var.

0,12 %, à 332,5 euros lundi matin. 31/12 C International ± ± f RRDIS PVWDTI HDST IPDPS QVDUH QVDQH PSIDPQ IDHQ FFFF

CPR ...... RRDRH NEOPOST...... en ¤uros en ¤uros en francs veille

(1)

C C

± IVDSH IPIDQS FFFF RQDSP PPDQH PQ ISHDVU QDIR PQDUW b Le titre Renault cédait 0,95 %, à 44 euros lundi ma- CRED.FON.FRANCE ...... IVDSH NORBERT DENTRES......

C C C C C ±

PWDWS IWTDRT IDSQ IUDPT PSDUI PSDUU ITWDHR HDPQ IPDUP ISH ISIDPH WWIDVI HDVH URDHI

tin. Nissan Motor, dans lequel il détient une impor- CFF.(FERRAILLES) ...... PWDSH NORD-EST...... AMERICAN EXPRESS......

C C ± ± QHDHT IWUDIV IDPV FFFF TW FFFF FFFF FFFF SDTW RSDUH RSDUQ PWWDWU HDHU RDHP CREDIT LYONNAIS...... QHDRS NORDON (NY)...... A.T.T. #......

C C C tante participation, a annoncé une perte nette consoli- C ± ± RPDUH PVHDHW HDHP QIDTV RIVDVH RPRDPH PUVPDSU IDPW IUVDPU IUDSH IUDQS IIQDVI HDVT RDPT CS SIGNAUX(CSEE)...... RPDTW NRJ # ...... BARRICK GOLD #......

C C C ± ± ±

VHDIS SPSDUS IDWU WDUT WDHI W SWDHR HDII PHDWT PIDIH PIDHS IQVDHV HDPR IWDUI dée de 323,5 milliards de yens (2,86 milliards d’euros) DAMART ...... UVDTH OLIPAR...... CROWN CORK ORD.#.....

C C C C

± PPUDUH IRWQDTI HDQS TDTR IIHDQH IIHDQH UPQDSP FFFF RVDWU PRDUP PRDVH ITPDTV HDQP IPQDHP

pour les six premiers mois de l’année fiscale 1999. Cette DANONE...... PPTDWH PARIBAS...... DE BEERS # ......

C C C ± ± ± IWIDPH IPSRDIW PDRS IHDHI SRDVH SRDSH QSUDSH HDSS WSDWH SWDPH SWDIH QVUDTU HDIU PTDPV DASSAULT-AVIATIO ...... IWT PECHINEY ACT ORD ...... DU PONT NEMOURS.....

C C C C ± ± RIDSS PUPDSS IDPI QDUU QQW QQUDVH PPISDVP HDQS RPDHR RUDPT RUDSH QIIDSV HDSI IQPDQV perte ne devrait pas avoir d’impact plus fort que prévu DASSAULT SYSTEME...... RPDHT PENAUILLE POLY.C ...... ERICSSON # ......

C C C C ± ± SVDQS QVPDUS IDWQ PWDUS THDQH THDVH QWVDVP HDVQ WDVV RVDTH RW QPIDRP HDVP RDUT

sur les comptes de Renault. DE DIETRICH...... SWDSH PERNOD-RICARD...... FORD MOTOR # ......

C C C ± ± ± TU RQWDRW IDPI RPDQW IVW IVVDUH IPQUDUW HDIT RQDIH IQRDTH IQQDVH VUUDTU HDSW SPDQU DEVEAUX(LY)# ...... TTDPH PEUGEOT...... GENERAL ELECT. #......

C C C C ± FFFF FFFF FFFF QSDIQ IVWDSH IWP IPSWDRR IDQP IUDWP TUDRH TTDVS RQVDSI HDVP QIDPQ DEV.R.N-P.CAL LI...... IR PINAULT-PRINT.RE...... GENERAL MOTORS # .....

C C C C C ISIDQH WWPDRT RDUV ISDPU IIS IIS USRDQS FFFF RI IPDHS IPDVH VQDWT TDPP ISHDWV DEXIA FRANCE ...... IRRDRH PLASTIC OMN.(LY) ...... HITACHI #......

C C C

± ± TDUS RRDPV HDIS QIDWS VR VR SSI FFFF QDWU WW IHHDVH TTIDPH IDVP PUDRH

RE`GLEMENT MENSUEL DMC (DOLLFUS MI)...... TDUT PRIMAGAZ...... I.B.M # ......

C C C C ± ±

PSDWH ITWDVW HDWP TDQP IHQH IHRH TVPIDWS HDWU TUDVT VV VTDVS STWDUH IDQI SSDRS

______DYNACTION...... PTDIR PROMODES...... ITO YOKADO #......

C C C C C ± TQDUH RIUDVR IDII SDTW QHHDIH QHR IWWRDII IDQH WWDRP PQDTR PQDWH ISTDUU IDIH TSDVS EIFFAGE ...... TQ PUBLICIS #...... MATSUSHITA #......

C C C C C ± ISV IHQTDRI HDPS THDRQ PHDTH PHDRH IQQDVP HDWU PIDIR RRDTH RSDRQ PWV IDVT QWDUR ELF AQUITAINE ...... ISUDTH REMY COINTREAU...... MC DONALD’S #......

v xhs PP xy†iwf‚i Cours releve´sa` 09 h 50

C C C ± ± ± SQDQS QRWDWS PDVP IHVDRU RRDRP RQDWQ PVVDIT IDIH IRDVI UTDVH UTDSS SHPDIR HDQQ PHDPV ERAMET ...... SRDWH RENAULT ...... MERCK AND CO # ......

C C ± ± ± ±

IIIDSH UQIDQW HDRS PRDQT UWDSH UVDIH SIPDQH IDUT QDSP UDWH VDHR SPDUR IDUU TVDWH ERIDANIA BEGHIN...... IIP REXEL...... MITSUBISHI CORP...... viquid—tion X PQ novem˜re

C C C C ± PVS IVTWDRV IDRP ISDHP IUDUI IUDUT IITDSH HDPV QUDIR IQQ FFFF FFFF FFFF RSDRI ESSILOR INTL ...... PVI RHODIA ...... MORGAN J.P. # ......

C C C C C ± QHUDSH PHIUDHU HDUP QDRR SWDUH THDRH QWTDPH IDIU QUDUU IIDTT IIDVQ UUDTH IDRT IHDSV ESSILOR INTL.ADP...... QHSDQH RHONE POULENC A...... NIPP. MEATPACKER......

C C C ± ± ± UPDSH RUSDSU HDIR HDQQ TDSH TDHS QWDTW TDWP IRQDWS PSDPH PS ITQDWW HDUW RSDPP ESSO...... UPDRH ROCHETTE (LA) ...... PHILIP MORRIS # ......

C C C C C % Var. C SVHDSH QVHUDVQ HDHW PDWI TTDVH TU RQWDRW HDQH PSDSV IHSDSH IHT TWSDQI HDRU QQDRT

Pre´ce´dent Cours Cours % Var. EURAFRANCE...... SVH ROYAL CANIN...... PROCTER GAMBLE ......

31/12 C C C C France C f ± IDHU UDHP HDWR SDWR IWPS IVSH IPIQSDPH QDWH WPDHI IWDPH IWDVV IQHDRH QDSR WDPQ

en ¤uros en ¤uros en francs veille EURO DISNEY...... IDHT RUE IMPERIALE (L...... SEGA ENTERPRISES ......

(1)

C C C ± IDPW VDRT FFFF PPDVS QWDQH QWDQH PSUDUW FFFF IPDSU TRDWH TQDSS RITDVT PDHV THDTH EUROTUNNEL...... IDPW SADE (NY) ...... SCHLUMBERGER #......

C C C C C ± ± IRQDSH WRIDQH HDQS SDVT TS TSDSS RPWDWV HDVS TDIU QPR QPTDSH PIRIDUH HDUU FFFF IUHDSH IUQ IIQRDVI IDRU IVQ B.N.P. (T.P)...... IRR FACOM SA...... SAGEM S.A...... SONY CORP. #......

C C C C ± ± ± IQV WHSDPP HDQT IDHT STDSH STDSH QUHDTP FFFF PDRT ITTDSH ITUDUH IIHHDHR HDUP QWDRP ISDQP ISDHQ WVDSW IDVW USDWW CR.LYONNAIS(TP) ...... IQUDSH FAURECIA ...... SAINT-GOBAIN...... SUMITOMO BANK #......

C C C C ± ± QRQ PPRWDWQ HDPW IUDUT IHSDUH IHTDSH TWVDSW HDUT RDVW UT UTDIH RWWDIV HDIQ TDVW RENAULT (T.P.)...... QRR FIMALAC SA...... SALVEPAR (NY) ......

C C ± ± ± IUIDIH IIPPDQR PDHT TDVS PPDQH PPDSH IRUDSW HDWH PTDIW RPDPH RPDIP PUTDPW HDIW FFFF SAINT GOBAIN(T.P...... IURDUH FINEXTEL...... SANOFI SYNTHELAB......

C C C C

± IRU WTRDPT FFFF PDSV VR VRDWH SSTDWI IDHU PIDQQ UPDQS UIDQH RTUDUH IDRS PHDPU

THOMSON S.A (T.P ...... IRU FIVES-LILLE...... SAUPIQUET (NS) ...... ABRE´VIATIONS

C C C C ± ± PPQ IRTPDUV HDWH PHDVW IPSDRH IPSDTH VPQDVV HDIT TDIT UHDVH UHDRH RTIDUW HDST QTDPP

ACCOR ...... PPI FONC.LYON.# ...... SCHNEIDER ELECTR......

B = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille; Ny = Nancy; Ns = Nantes.

C C C C ± PHDUT IQTDIV HDPW FFFF IIIDWH IIQDTH URSDIU IDSP TUDVR RPDST RQDRR PVRDWS PDHU PPDVT AEROSPATIALE MAT ...... PHDUH FRANCE TELECOM...... SCOR......

C C C

± ± SSDWH QTTDTV HDIV WDVT USP USP RWQPDVH FFFF WDVQ SVDIH SVDUH QVSDHS IDHQ IUDIV AGF ...... ST FROMAGERIES BEL...... S.E.B...... SYMBOLES

C ± ± ± ± ISDSH IHIDTU HDTR FFFF IQV IQUDPH VWWDWU HDSV SHDHI SHDQH SH QPUDWV HDTH TDPU

AIR FRANCE GPE N ...... ISDTH GALERIES LAFAYET ...... SEITA...... 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ; a coupon

C C C ± ± ± IRRDPH WRSDVW HDHU UDUI SSDPH SSDWH QTTDTV IDPU QDSH IQDWW IQDTS VWDSR PDRQ PRDRQ

AIR LIQUIDE ...... IRRDIH GAUMONT #...... SELECTIBANQUE...... de´tache´; b droit de´tache´; # contrat d’animation ; o = offert ;

C C C C C ± IUUDUH IITSDTR HDTV UHDRP RTDSH RTDWW QHVDPQ IDHS VDWU RPDHT RPDHR PUSDUT HDHS SDPS

ALCATEL ...... IUTDSH GAZ ET EAUX ...... SGE...... d = demande´; x offre re´duite ; y demande re´duite; d cours pre´ce´dent.

C C C C C ±

PVDHI IVQDUQ IDVS RHDPT IIPDWH IIPDRH UQUDQH HDRR IHDVV WS WTDPS TQIDQT IDQP QQDIW

ALSTOM...... PUDSH GECINA...... SIDEL...... `

C C C C ± DERNIERE COLONNE RM (1) : RPWDSH PVIUDQR PDUQ IHW SHDQH SHDIS QPVDWT HDQH IPDVW ITT ITT IHVVDVW FFFF RDVH ALTRAN TECHNO. #...... RIVDIH GEOPHYSIQUE ...... SILIC CA ......

C C C C C C IRRDWH WSHDRV SDTI RPDPW WS WUDVH TRIDSQ PDWS IIIDUQ VI VIDSS SQRDWQ HDTV SDSI ATOS CA...... IQUDPH GFI INFORMATIQUE...... SIMCO...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi : montant du

C C C ± ± ± IQTDUH VWTDTW HDPP IHDUH QHDQS QH IWTDUW IDIS RHDSV ISDQV ISDIS WWDQV IDSH PPDUU AXA...... IQU GRANDVISION ...... SKIS ROSSIGNOL...... coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement dernier coupon ;

C C C C C C IPV VQWDTP HDSS QDIS IUH IUHDPH IIITDRR HDIP TIDVI PII PIQDIH IQWUDVR I SRDRT BAIL INVESTIS...... IPUDQH GROUPE ANDRE S.A ...... SOCIETE GENERALE...... Jeudi date´ vendredi : compensation ; Vendredi date´ samedi : nominal.

C C C C ± ± IPHDSH UWHDRQ IDPT IDQQ UT UWDVS SPQDUV SDHU IPDRH ITSDSH ITS IHVPDQQ HDQH IQDRI BAZAR HOT. VILLE ...... IIW GASCOGNE...... SODEXHO ALLIANCE......

C C IPRDUH HDHS PDPI IRDSH FFFF STDPH QTVDTS FFFF PPDSH IRUDSW IDIU GROUPE D #...... IWDHI DAPTA-MALLIN....d MANUTAN INTE .. GPE GUILLIN ......

C RTWDHI SDIS TWDVH RSUDVT FFFF VV SUUDPR FFFF IQDRS VVDPQ FFFF GUILLEMOT #...... UIDSH GROUPE J.C.D ...... MARC ORIAN...... d JEANJEAN # ...... d

SECOND C ± ± PDRW PDST IPHDPH UVVDRT FFFF TWDWH RSVDSI PDUW QS PPWDSV QDVS NOUVEAU GUYANOR ACTI .... HDQV DAUPHIN ...... d MARIONNAUD P . HBS TECHNOLO ..

± RTWDHI HDTQ QWDVP PTIDPH FFFF QT PQTDIR FFFF IQU VWVDTT FFFF UIDSH ______d d HF COMPANY...... DECAN GROUPE... MECATHERM #.... HOT.REG.PARI .....

C C ± ±

QIUDVI HDWP TUDWH RRSDQW HDVV QTDSH PQWDRP IDSH IRS WSIDIR HDHU

´ HIGH CO...... RVDRS ´ DU PAREIL AU...... MGI COUTIER...... HUREL DUBOIS.... ± ± PTPDQV FFFF RRDWH PWRDSP HDPP IRQDVH WRQDPU HDHU IPHDIH UVUDVH FFFF

MARCHE HOLOGRAM IND .. RH MARCHE ENTRELEC CB ...... MICHEL THIER .... IDI...... d

C C ± QRDHR TDUW WVDHS TRQDIU HDPT IPDWH VRDTP HDRT PH IQIDIW FFFF IGE + XAO...... SDIW ENTREPRISE I...... NAF-NAF #...... IMV TECHNOLO...d

C ± ± VQDWT ITDRU PWDUP IWRDWS IDSW PP IRRDQI IDUW QV PRWDPT FFFF

ILOG # ...... IPDVH ETAM DEVELOP.... ALES GPE EX...... INTER PARFUM....d

†ixh‚ihs IW xy†iwf‚i

v xhs PP xy†iwf‚i

C PPDWT PDWR IIR URUDUW FFFF UI RTSDUQ FFFF RSDUQ PWWDWU FFFF IMECOM GROUP .. QDSH EUROPEENNE C ... POCHET...... d IPO (NS) # ...... d

C C

± IRRDQI IQDUH RRDSH PWIDWH HDWI UTDIH RWWDIV RDVV ISDSH IHIDTU FFFF

INFOSOURCES...... PP EUROP.EXTINC..... RADIALL #...... LABO.PHARMYG...d

 le™tionF

ne se Cours releve´sa` 17 h 35 Une se´lection. Cours releve´sa` 09 h 50

± ± ± QHIDRI HDII SU QUQDWH IDSS UQ RUVDVS HDTV WI SWTDWP FFFF INFOTEL #...... RSDWS EXEL INDUSTR..... RALLYE(CATHI ..... M.B.ELECTRON....d

C C IWQDSI HDUP QP PHWDWI HDQV SQDQS QRWDWS FFFF WW TRWDRH FFFF INTERCALL # ...... PWDSH EXPAND S.A...... REYNOLDS...... d NSC GPE (NY) ...... d

Cours Cours % Var. Cours Cours % Var. C ± PQWDRP WDPV ISHDIH WVRDSW FFFF PPDUS IRWDPQ HDWI RSDPU PWTDWS FFFF

KALISTO ENTE...... QTDSH FACTOREM...... d RUBIS #...... NOCIBE...... d

Valeurs f en ¤uros en francs veille Valeurs f en ¤uros en francs veille

C ± ± IPIDQS QDTS IQ VSDPU FFFF IISDIH USSDHI HDHW IRVDPH WUPDIQ HDHU LEXIBOOK #...... IVDSH FAIVELEY # ...... SABATE SA # ...... ONET #......

± ± ± ± ± VHDTV HDVI TDHS QWDTW WDHP SQDVS QSQDPQ HDHW RDTT QHDSU HDPI UPDQH RURDPT FFFF IQDUH VWDVU RDUW ADL PARTNER...... IPDQH JOLIEZ-REGOL...... ADA...... FINACOR...... SEGUIN MOREA...d ORGASYNTH ......

C C ± ± RWDPH PDTH HDIS HDWV UDIR WT TPWDUP I IIIDUH UQPDUH FFFF ISS IHITDUQ IDPU UQ RUVDVS FFFF AB SOFT...... UDSH JOLIEZ-REGOL...... AIGLE # ...... FINATIS(EX.L ...... d SIDERGIE...... PARIS EXPO...... d

C C ± ± STDRI QDWI SDIP QQDSV UDPS UT RWVDSQ HDSQ IWT IPVSDTV FFFF PUDWH IVQDHI IDRS IPDWH VRDTP FFFF ALPHAMEDIA...... VDTH LACIE GROUP...... ALGECO #...... FININFO...... d SIPAREX (LY)...... PAUL PREDAUL....d

C C ± ± PVDHI SDII PI IQUDUS FFFF IQH VSPDUR RDHV QW PSSDVP HDQQ PIDHV IQVDPV FFFF VDSQ SSDWS QDHU ALPHA MOS ...... RDPU MEDIDEP #...... APRIL S.A.#( ...... FLO (GROUPE) ..... SOCAMEL-RESC ...d PIER IMPORT......

C C ± VWPDIH IDRW SDIH QQDRS FFFF UHDIH RSWDVQ HDSU US RWIDWU QDQI TDPH RHDTU FFFF IV IIVDHU FFFF ALTAMIR & CI...... IQT MILLE AMIS #...... d ARKOPHARMA # .. FOCAL (GROUP .... SPORT ELEC S...... d PISC. DESJOY ...... d

C C C ± ± IPDRH QDHV U RSDWP QDRS WR TITDTH HDSQ UWDQH SPHDIU FFFF ISDSS IHP PDWV PT IUHDSS IDST APPLIGENE ON .... IDVW MONDIAL PECH ... ASSUR.BQ.POP..... FRAIKIN 2#...... STALLERGENES ... PLAST.VAL LO......

C C C ± VDSQ VDQQ WDUH TQDTQ PDII QS PPWDSV PDWR SIDIH QQSDIW HDSV RVDQQ QIUDHP FFFF QHDHQ IWTDWV FFFF ASTRA ...... IDQH NATUREX...... ASSYSTEM #...... GAUTIER FRAN .... STEF-TFE # ...... REGIONAL AIR .....d

C ± ± ± QPDTU IDIW TH QWQDSU WDRQ PIUDQH IRPSDQW HDWV IDPS VDPH FFFF IDTR IHDUT FFFF RT QHIDUR PDUS ATN...... RDWV OLITEC ...... BENETEAU CA# .... GEL 2000...... d SUPERVOX (B)...... d SECHE ENVIRO.....

C C ± VVRDVW IPDRP HDRS PDWS RDPT RDUQ QIDHQ FFFF RQDWH PVUDWU FFFF SQDIH QRVDQI HDIW TQ RIQDPS FFFF AVENIR TELEC...... IQRDWH OXIS INTL RG...... BISC. GARDEI...... d GENERALE LOC ....d SYLEA...... SERVICES ET ...... d

C C C ± RIQDWI HDTR IVDWH IPQDWV HDSQ TRDSH RPQDHW HDQI TRDIH RPHDRU SDUR ISDPQ WWDWH FFFF PUDIW IUVDQS FFFF BELVEDERE...... TQDIH PERFECT TECH..... BOIRON (LY)# ...... GEODIS ...... TOUPARGEL (L ....d SICAL...... d

C C ± WRDUW PDUU UDQH RUDVV FFFF PSDHI ITRDHS FFFF HDUP RDUP FFFF UW SIVDPI QDWS RPDVH PVHDUS HDRU BIODOME #...... IRDRS PHONE SYS.NE..... BOISSET (LY)...... d G.E.P PASQUI ...... d TRANSICIEL # ...... SMOBY (LY) #......

C C C C ± QPVDWT RDRV IVDSH IPIDQS RDVP WQDQH TIPDHI HDQP IWDRH IPUDPT IDSU UHDPH RTHDRV PDUU IISDSH USUDTQ FFFF BVRP EX DT S...... SHDIS PICOGIGA...... BOIZEL CHANO ... GFI INDUSTRI...... TRIGANO...... SODICE EXP.( ...... d

C ± ± SIDIT FFFF IUHDPH IIITDRR UDVT IUDSH IIRDUW PDUV TUDSH RRPDUU FFFF ISQ IHHQDTI PDQH SHDRS QQHDWQ FFFF CAC SYSTEMES .... UDVH PROSODIE # ...... BONDUELLE ...... GO SPORT...... d UBI SOFT ENT ..... SOFIBUS...... d

± ± WIDVQ IDHT RRDWS PWRDVS IDPI SDSH QTDHV FFFF PQDUH ISSDRT FFFF PTDIR IUIDRU FFFF QVDII PRWDWW FFFF CEREP ...... IR PROLOGUE SOF.... BOURGEOIS (L.....d GPRI FINANCI...... d VIEL ET CIE...... d SOGEPAG(PARC ...d

C C ± ± QDTI SDIU QDVP PSDHT IDHR TQ RIQDPS HDHV SQSS QSIPTDSH FFFF UTDVH SHQDUU HDQW IPR VIQDQW FFFF CHEMUNEX #...... HDSS QUANTEL ...... BRICE...... GRAND MARNIE ..d VILMOR.CLAUS.... SOLVING # ...... d

C C ± ± PRPDUH IDQQ RR PVVDTP FFFF TVDRS RRW HDVV SU QUQDWH FFFF SUDIH QURDSS PDWU WDWW TSDSQ HDRH COIL...... QU R2I SANTE ...... BRICORAMA #...... GROUPE BOURB ..d VIRBAC ...... S.T. DUPONT......

C ± ± ± IWWDRI PDQT QW PSSDVP FFFF WRDIH TIUDPT HDPI PIDPH IQWDHT PDHQ WVDWH TRVDUR HDIH RS PWSDIV FFFF CRYO INTERAC .... QHDRH RADOUX INTL ...... d BRIOCHE PASQ .... GUERBET S.A...... WALTER # ...... STEDIM # ...... d

C C ± IUTDUV HDIW IWDTH IPVDSU HDSI UIDIH RTTDQW FFFF PW IWHDPQ QDQQ QV PRWDPT FFFF IS WVDQW FFFF CYBER PRES.P...... PTDWS RECIF #...... SOLERI...... d GUY DEGRENNE .. AFIBEL ...... d SURCOUF # ...... d

C C C ± QSDRW IDTW PQDQS ISQDIU FFFF PWDVP IWSDTI HDIQ STDUS QUPDPT HDRR QUDVS PRVDPV FFFF ISRDVH IHISDRP QDHT CYRANO # ...... SDRI REPONSE #...... CDA-CIE DES...... GUYOMARC H N .. ARFEO (NS)#...... d SYLIS # ......

C ± ± ± TSDTH IDWT VDSH SSDUT PDQH TRDPH RPIDIP FFFF IPV VQWDTP HDQW RHDWW PTVDVV IDPI UIDTS RTWDWW FFFF DESK # ...... IH REGINA RUBEN.... CEGEDIM # ...... HERMES INTL ...... ALAIN MANOUK .. TEAMLOG #...... d

± ± ± ± QDPV FFFF ISDTS IHPDTT SDIS IIP UQRDTU HDVH IIWDIH UVIDPR HDRP UWDPH SIWDSP FFFF RS PWSDIV HDRH DESK BS 98 ...... d HDSH SAVEURS DE F ...... CERG-FINANCE.... HYPARLO #(LY...... BQUE TARNEAU...d THERMADOR GP..

C ± SWDHR IDIH PS ITQDWW ITDPV TQDSH RITDSQ FFFF QS PPWDSV FFFF WU TQTDPV FFFF IPDSH VIDWW FFFF DMS # ...... W SILICOMP # ...... CGBI ...... I.C.C.#...... d C.A.GIRONDE...... d THERMOCOMPACd

C C ± QRDII HDWU IHVDVH UIQDTV FFFF RDSU PWDWV FFFF SIDPH QQSDVS QDRH RS PWSDIV FFFF IQI VSWDQH HDHV DURAND ALLIZ.... SDPH SERP RECYCLA .....d CLAYEUX (LY)...... d IMMOB.BATIBA .... C.A.LOIRE/H...... d UNION FIN.FR .....

C C C ± ± VDTU IDHS RDWV SQRDTH RV QIRDVT RIDWW PUSDRR WDRH TIDTT IDHS THDIH QWRDPQ FFFF SH QPUDWV HDUW DURAN DUBOI..... VIDSH SOI TEC SILI ...... CNIM CA# ...... IMS(INT.META ..... C.A. MIDI CC...... d VRANKEN MONO.

C C C TITDPU FFFF PUDSH IVHDQW IIDUW SR QSRDPP FFFF QR PPQDHQ IDRW STDRS QUHDPW HDHW RPDTW PVHDHQ FFFF DURAN DUBOIS...d WQDWS STACI #...... COFITEM-COFI ....d INFO REALITE ...... C.A. SOMME C ..... VULCANIC # ...... d

C ± IHIDRV QDIQ HDTR RDPH SDVV UIDTS RTWDWW FFFF PDVR IVDTQ FFFF SS QTHDUV FFFF EFFIK #...... ISDRU STELAX ...... CIE FIN.ST-H...... d INT. COMPUTE.....d CR.AG.SUD RH.....d ......

C C ± ± PQTDIR RDTS IQDVH WHDSP PDPP ISP WWUDHS HDPT PQTDTH ISSIDWW IDQV PR ISUDRQ FFFF ESKER ...... QT SYNELEC #...... C.A. PARIS I...... JET MULTIMED .... CIDER SANTE ......

C C ± SSSDTH HDWS IDUH IIDIS WDTV RWDSH QPRDUH FFFF IIPDUH UQWDPT IDWI VS SSUDST FFFF EUROFINS SCI...... VRDUH LA TETE D.L...... C.A.ILLE & V...... LATECOERE # ...... CODETOUR...... d ......

C C SSDHQ FFFF PU IUUDII FFFF SPDQH QRQDHU FFFF VVDIS SUVDPQ PDPH T QWDQT IDTW EURO.CARGO S ....d VDQW THERMATECH I.... C.A.LOIRE AT...... d L.D.C...... COFIDUR # ......

± ± ± ± IIUHDVV HDVW QQ PITDRU PDVT RVDPH QITDIU IDTQ TDRT RPDQU PDUI PVDVV IVWDRR FFFF EUROPSTAT #...... IUVDSH TITUS INTERA ...... C.A.MORBIHAN.... LECTRA SYST...... CORA INDUSTR ...d ......

C C ± ± VUDPR PDQI PTDPV IUPDQW IDHV VTDVH STWDQU IDVI PPDSS IRUDWP IDWT IRHDSH WPIDTP FFFF FABMASTER # ...... IQDQH TRANSGENE # ...... C.A.DU NORD#..... LEON BRUXELL .... DELACHAUX S...... d ......

C ± ± ISIVDSR IDRW IT IHRDWS HDTP TUDPS RRIDIQ FFFF ITDQH IHTDWP QDIT QUDRH PRSDQQ FFFF FI SYSTEM #...... PQIDSH TEL.RES.SERV ...... C.A. OISE CC ...... d LOUIS DREYFU..... DELMON INDUS..d ......

C C C ± STDRI PDPU UDWH SIDVP IDPV IHR TVPDPH HDRV PSDVH ITWDPR HDUV PHDRR IQRDHV FFFF FLOREANE MED... VDTH V CON TELEC...... C.A.PAS CAL ...... LVL MEDICAL ...... DIGIGRAM # ...... d ......

C C ± ± QHVDWT PDQW V SPDRV PDST UUDTH SHWDHP FFFF PTVDSH IUTIDPR UDRI RQ PVPDHT HDWP GENERIX # ...... RUDIH WESTERN TELE .... C.A.TOULOUSE.....d M6-METROPOLE .. DISTRIBORG G ......

C IRQDTS HDRT TWDPS RSRDPS FFFF PDHS IQDRS FFFF PWDIH IWHDVV FFFF GENESYS # ...... PIDWH ...... CRCAM TOUR.P ...d MEDASYS DIGI..... FLAMMARION S ..d ......

C PIQDIW FFFF RW QPIDRP FFFF RRDSH PWIDWH IDIR ISDPH WWDUI FFFF GENSET...... QPDSH ...... CROMETAL ...... d MANITOU #...... GRAVOGRAPH .....d ......

´ ´ ´ ´ ´ ´ PTUDHR PIGII IVSDIQ IPIRDQU PPGII IVHDPQ IIVPDPQ IWGII IVIDHQ IIVUDRV PIGII ECUR. CAPITALISATION C.... RHDUI MONE ASSOCIATIONS...... ACTILION PEA EQUILIBRE *. KALEIS SERENITE D ......

´ SIDIR QQSDRT PIGII PQDWU ISUDPQ PIGII IQIPDRR PPGII IUIDQH IIPQDTS IWGII ECUR. DYNAMIQUE+ DPEA UNIVAR C ...... PHHDHV ACTILION PRUDENCE C *.... LATITUDE C ......

´ ´ RVDIT QISDWI PIGII PHDVV IQTDWT PIGII ITUDWP IIHIDRV IWGII IPHIDQW PPGII

SICAV ECUR. ENERGIE D PEA...... UNIVAR D...... IVQDIS ACTILION PRUDENCE D * ... LATITUDE D......

´ IQTPWDHV VWRHHDWH PIGII IHQDIW TUTDVV PIGII IHPDUS TUR IWGII PRWDHU IWGII ECUR. EXPANSION C...... UNIVERS-OBLIGATIONS ...... QUDWU LION ACTION EURO ...... OBLITYS D......

´ PSTDVI PIGII QWDIS ´ RUDQP QIHDRH PIGII TVQDSU IWGII

ECUR. EXPANSIONPLUS C.... Fonds communs de placements LION PEA EURO...... IHRDPI PLENITUDE D PEA ......

´ SVDRH QVQDHV PIGII ISVWPDPT PIGII

ECUR. INVESTIS. D PEA...... POSTE GESTION C ...... PRPPDUT

PIQTDTS IVGII

FCP ´ ´ INDOCAM VAL. RESTR...... QPSDUQ PHWDTI IQURDWS PIGII IRVTQDRT PIGII

EC. MONET.C/10 30/11/98...... POSTE GESTION D...... PPTSDWP

QIVDPU IUGII

´ ´ MASTER ACTIONS ...... RVDSP IPHVDWQ PIGII IVRDQH ` RQPWUDTP PIGII

EC. MONET.D/10 30/11/98...... POSTE PREMIERE SI...... TTHHDTV

IVSDTR IUGII

´ MASTER OBLIGATIONS ...... PVDQH ITIDTW IHTHDTP PIGII PRDQP ISWDSQ IWGII  le™tionF ne se ` PSTPUUDTI PIGII

Cours de cloˆ ture le 19 novembre ECUR. OBLIG. INTERNAT. C. CM EURO PEA...... POSTE PREMIERE 1 AN...... QWHTWDPU

IRHDVQ IVGII

´ OPTALIS DYNAMIQ. C ...... PIDRU IVHUDTW PIGII QWDUQ PTHDTI IWGII PUSDSV ` SRTIIDQU PIGII

ECUR. TRIMESTRIEL D...... CM FRANCE ACTIONS ...... POSTE PREMIERE 2-3...... VQPSDRS

IQUDIT IVGII

´ OPTALIS DYNAMIQ. D...... PHDWI PVDRP IVTDRP PIGII QIDHQ PHQDSR IWGII SIISDVU PIGII

e EPARCOURT-SICAV D...... ´ CM MID. ACT. FRANCE...... REVENUS TRIMESTR. D ...... UUWDWI IPWDPW IVGII Valeurs unitaires Date IWDUI

´ ´ OPTALIS EQUILIB. C ...... PIIRDSW IQVUHDVH PIGII PSPPDHW IWGII

QVRDRW ´ IIHTDRU PIGII Emetteurs f ITVDTV

¤ ee GEOPTIM C ...... ´ CM MONDE ACTIONS...... THESORA C ...... IPQDQP IVGII

uros francs cours OPTALIS EQUILIB. D...... IVDVH

SRTDQW QSVRDHV PIGII TUTDRP IWGII IHQDIP ´ WSQDSH PIGII HORIZON C...... CM OBLIG. LONG TERME.... THESORA D...... IRSDQT

IPVDII IVGII

´ ´ OPTALIS EXPANSION C ...... IWDSQ ISDPI WWDUU PIGII PISDQS IWGII QPDVQ ´ PVTUWQDTS PIGII AGIPI PREVOYANCE ECUR. D...... CM OPTION DYNAM...... TRESORYS C...... RQUPIDRI

IPUDSP IVGII

OPTALIS EXPANSION D...... IWDRR ´ SIDSI QQUDVV IWGII PQST PIGII

Fonds communs de placements CM OPTION EQUIL...... SOLSTICE D...... QSWDIU IUWDPI IWGII PUDQP ´ ´ ´ IIQDVU IVGII

AGIPI AMBITION (AXA) ...... OPTALIS SERENITE C...... IUDQT

WWIDWR IWGII

´ ´ CM OBLIG. COURT TERME .. ISIDPP QTDWQ PRPDPR PIGII

IWIDUR IWGII PWDPQ ´ ´ ´ IHTDRH IVGII

AGIPI ACTIONS (AXA)...... ECUR. EQUILIBRE C ...... OPTALIS SERENITE D ...... ITDPP Fonds communs de placements

PHPRDWR IWGII

´ CM OBLIG. MOYEN TERME . QHVDUH QPDRU PIPDWW PIGII

VQDQQ SRTDTI PIGII SPPDRU ITGII

ECUR. PRUDENCE C...... PACTE SOL. LOGEM...... UWDTS POSTE EUROPE C......

IHTWDSR IWGII

´ ´ CM OBLIG. QUATRE...... ITQDHS RR PVVDTP PIGII SPWDHQ PIGII ECUR. VITALITE C...... VHDTS SQVDHV ITGII 3615 BNP PACTE VERT T. MONDE...... VPDHQ POSTE EUROPE D ......

` IIURDIH PIGII Fonds communs de placements POSTE PREMIERE 8 ANS C... IUVDWW

` VSUDWQ IWGII IQHDUW ´ IIVDPU IWGII IUPDVS IIQQDVP PIGII

BNP ACTIONS EURO...... CRE´DIT AGRICOLE CIC BANQUES CM OPTION MODERATION . IVDHQ POSTE PREMIERE 8 ANS D...

IISUDHR IWGII BNP ACTIONS FRANCE...... IUTDQW

08 36 68 56 55 (2,23 F/mn) LCF E. DE ROTHSCHILD BANQUE SG ASSET MANAGEMENT IPIDRQ UWTDSQ IWGII PRVDTI IWGII BNP ACT. MIDCAP EURO..... FRANCIC...... QUDWH

´ Serveur vocal : RWDPH QPPDUQ IWGII RSDIW PWTDRQ IWGII WSDQR TPSDQW IUGII PHUDIS IWGII BNP ACT. MIDCAP FR...... ATOUT AMERIQUE ...... FRANCIC PIERRE...... QIDSV ASIE 2000......

(2,23 F/mn) IUPDWV IWGII PTDQU 08 36 68 36 62

IQIWDWV IWGII PHIDPQ ´ PISQPDPS IVGII ATOUT ASIE...... ´ QPVPDSU QSVDUR IWGII BNP ACTIONS MONDE...... EUROPE REGIONS...... SRDTW SAINT-HONORE CAPITAL ....

QVVDTR PSRWDQI IWGII

IRHVDIR IWGII PIRDTU ´ ´ UPDWV RUVDUP IUGII IHQRDUI IWGII BNP ACTIONS PEA EURO..... ATOUT CROISSANCE...... ST-HONORE MAR. EMER. .... CADENCE 1 D...... ISUDUR

PHTQDIV IWGII ´ QIRDSQ PHWDRS IWGII QIDWQ ´ IRIDHW WPSDRW IUGII IHPRDHI IWGII

BNP EP. PATRIMOINE...... ATOUT FONCIER...... CIC PARIS ST-HONORE PACIFIQUE ...... CADENCE 2 D...... ISTDII

IRPSDSQ IWGII

´ PIUDQP PPWDRS IWGII QRDWV ´ ´ PIVUDSS IUGII ATOUT FRANCE EUROPE ..... QQQDRW IHPQDRP IWGII BNP EPARGNE RETRAITE .... ST-HONORE VIE SANTE ...... CADENCE 3 D...... ISTDHP

QRPDTU IWGII

´ SPDPR ISITPDUU IWGII

PQIIDSS ATOUT FRANCE MONDE...... QRHDUH IWGII BNP MONE COURT TERME . SIDWR IIHTDPI PIGII

ASSOCIC ...... ITVDTR INTEROBLIG C ......

IRSTDVV IWGII

´ PPPDIH SURHDSR IWGII

VUSDIR ATOUT FUTUR C ...... ´ SSPDRS IWGII BNP MONETAIRE C...... VRDPP

SURDHW IWGII

AURECIC...... VUDSP LEGAL & GENERAL BANK INTERSELECTION FR. D......

IQSIDHI IWGII

´ PHSDWT SPVQDWQ IWGII VHSDSQ ATOUT FUTUR D...... ´ ´ IPITDWQ IWGII BNP MONETAIRE D ...... IVSDSP PIPQDPH IWGII

CAPITAL AVENIR...... QPQDTV SELECT DEFENSIF C......

´ UPVDSU IWGII

´ IIIDHU VQSTQDUR IWGII

IPUQWDPI ATOUT SELECTION ...... ´ ITURDUP IWGII

BNP MONE PLACEMENT C.. PSSDQI

PPWDWV IWGII

CICAMONDE...... QSDHT ´ SELECT DYNAMIQUE C ......

IWQPDSI PIGII

SECURITAUX ...... PWRDTI

PHVWDPP IWGII

´ QIVDSH UTQVIDWQ IWGII

IITRRDQS COEXIS ...... ´ ´ IIPQDSW IWGII

BNP MONE PLACEMENT D.. IUIDPW

SIVDWQ IWGII

CONVERTICIC...... UWDII ´ SELECT EQUILIBRE 2......

ISIPDII IVGII

` STRATEGIE IND. EUROPE .... PQHDSP PWSVDWT IWGII

´ ´ ´ RSIDHW

IISHRDII IWGII

IUSQDUW DIEZE ...... ´ IIHSDHW IWGII BNP MONE SECURITE ...... ITVDRU

SPPUDSP PIGII

EPARCIC ...... UWTDWQ ´ SELECT PEA 3...... PIRRDTS IVGII

STRATEGIE RENDEMENT .... QPTDWS

QWVWDRT IWGII

´ ´ THVDIW WRTHVWDVH IWGII

IRRPQHDRT EURODYN...... QHWWDTT IWGII

BNP MONE TRESORIE ...... RUPDSR QHWQDIU IWGII

EUROCIC LEADERS...... RUIDSS SG FRANCE OPPORT. C......

IQHDRP VSSDSH IVGII

IHWPDIH IWGII ITTDRW INDICIA EUROLAND......

PWIRDHP IWGII BNP OBLIG. CT ...... RRRDPR WSQTDTQ IWGII

MENSUELCIC...... IRSQDVS Sicav Info Poste : SG FRANCE OPPORT. D ......

RTQDVS QHRPDTT IVGII

PPTDQU IWGII QRDSI INDICIA FRANCE......

QRQSDTR IWGII BNP OBLIG. LT...... SPQDUT RQVQDIH IWGII

OBLICIC MONDIAL...... TTVDPH 08 36 68 50 10 (2,23 F/mn) SOGENFRANCE C......

PSUDUQ ITWHDTH IWGII

IIVVDHU IWGII IVIDIP INDOCAM CONVERT. C...... QIHTDRP IWGII

BNP OBLIG. MONDE...... RUQDSU IITIDTQ IWGII IUUDHW SOGENFRANCE D......

OBLICIC Re´GIONS ...... ´ PVDQI IVSDUH PIGII

IRWRDTH IWGII PPUDVS AMPLITUDE AMERIQUE C ...

WPWDQT IWGII IRIDTV INDOCAM CONVERT. D ...... TUQDWQ IWGII

BNP OBLIG. MT C...... IHPDUR ISWDIR IWGII PRDPT SOGEOBLIG C......

RENTACIC...... ´

PVDHT IVRDHT PIGII

IPWRTDIT IVGII IWUQDTQ AMPLITUDE AMERIQUE D...

VVRDVP IWGII

IQRDVW INDOCAM EUR. NOUV...... ´ PWPDIT IWGII

BNP OBLIG. MT D...... SOGEPARGNE D...... RRDSR PRHIDWP PIGII

SECURICIC...... QTTDIU

QWDSS PSWDRQ PIGII

IIWWDHP IWGII IVPDUW AMPLITUDE EUROPE C......

IHTWDQR IWGII

ITQDHP INDOCAM HOR. EUR. C ...... IUHPDWQ IWGII

BNP OBLIG. REVENUS ...... SOGEPEA EUROPE...... PSWDTI PIUHDTW PIGII

SECURICIC D ...... QQHDWP

QVDTQ PSQDRH PIGII

IHSVDPT IWGII ITIDQQ AMPLITUDE EUROPE D ......

IIIIDQP IWGII ITWDRP INDOCAM HOR. EUR. D...... SRRDVR IWGII

BNP OBLIG. SPREADS...... SOGINTER C...... VQDHT

PUUDIR IVIUDWP PIGII

WVIDTR IWGII

´ IRWDTS AMPLITUDE MONDE C...... IIWURDQT IWGII

BNP OBLIG. TRESOR...... IVPSDRV INDOCAM MULTI OBLIG...... Fonds communs de placements

PSQDVT ITTSDPI PIGII PTUDRQ IVGII

RHDUU AMPLITUDE MONDE D ......

WPRDVQ IWGII IRHDWW INDOCAM ORIENT C......

BNP SECT. IMMOBILIER ...... ´ IISDQP IVGII

DECLIC ACTIONS EURO...... IUDSV

PTDTP IURDTP PIGII

PQVDSI IVGII

INDOCAM ORIENT D ...... QTDQT ´ AMPLITUDE PACIFIQUE C ... IRQVDSI IWGII

EURCO SOLIDARITE ...... PIWDQH ´ QSRDHP IVGII

www.cdc-assetmanagement.com DECLIC ACTIONS FRANC ..... SQDWU

PTDPQ IUPDHT PIGII

IRTWDTI IWGII

INDOCAM UNIJAPON...... PPRDHR AMPLITUDE PACIFIQUE D...

THPWDST IWGII

LION 20000 C/3 11/06/99 ...... WIWDPH ´ QHSDSR IVGII

´ DECLIC ACTIONS INTER...... RTDSV SHDIU QPWDHW PIGII PHUPDVW IWGII

INDOCAM STR. 5-7 C ...... QITDHI ELANCIEL FRANCE D PEA....

SQUWDSU IWGII

LION 20000 D/3 11/06/99 ...... VPHDII ´ QTUDIR IVGII

´ DECLIC BOURSE PEA ...... SSDWU IPRDPV VISDPP PIGII IRIVDVQ IWGII

INDOCAM STR. 5-7 D...... PITDQH ELANCIEL EURO D PEA......

IPQIDTW IWGII

SICAV 5000 ...... IVUDUU ´ ´ IIHDUQ IVGII

´ DECLIC BOURSE EQUILIBRE ITDVV PRHDQR PIGII

´ QTDTR IHQRRDRR IVGII

ISUU EMERGENCE E.POST.D PEA. IQSIDRH IVGII

LIVRET B. INV.D PEA...... PHTDHP MONEDYN ......

PIIUDTQ IWGII

SLIVAFRANCE ...... QPPDVQ ´ IISDIP IVGII

´ DECLIC OBLIG. EUROPE...... IUDSS UHRDQU PIGII ´ IHUDQV IPTHWDTT PPGII

MONE.J C ...... IWPPDQQ GEOBILYS C ......

PSUDPU IWGII

SLIVARENTE ...... QWDPP ´

IQVDSR IVGII

´ DECLIC PEA EUROPE ...... PIDIP TSSDPR PIGII MULTI-PROMOTEURS ´ WWDVW IITUHDWV PPGII

MONE.J D...... IUUWDPQ GEOBILYS D......

IPSUDPI IWGII

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SLIVINTER ...... DECLIC SOGENFR. TEMPO .. TWDHT

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TRILION...... USPDQW ......

IUDIR IIPDRQ PIGII SQSDSW IWGII ´ VIDTS PRSUDTI IVGII

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CARNET LE MONDE / MARDI 23 NOVEMBRE 1999 / 25

DISPARITIONS AU CARNET DU « MONDE » – M. et Mme Pierre-Paul Lasserre, – M. Pierre Saint-Jean, – Les 25 et 26 novembre, Gilbert- COLLÈGE INTERNATIONAL ses parents, ses enfants et petits-enfants, Lucien Salmon, professeur à l’université DE PHILOSOPHIE Naissances M. et Mme Bruno Despretz-Lasserre M. et Mme Bernard Saint-Jean, de Haute-Alsace, centre de recherches sur b Séminaires et leurs enfants, leurs enfants et petits-enfants, l’Europe littéraire, organise à Guebwiller Natacha Michel : « Le roman de Catherine MONROY Mlle Quitterie Lasserre, M. et Mme Mathieu Agostini, et Mulhouse le colloque scientifique inter- l’auteur contre l’autobiographie ». Amintore et Laurent VACHAUD ses sœurs, beau-frère et neveux, leurs enfants et petite-fille, national : Jean Schlumberger et La 1er et 8 décembre, amphi A, 15 dé- ont l’immense joie d’annoncer la venue ont la douleur de faire part du décès de M. Philippe Saint-Jean Nouvelle Revue française, avec cembre, amphi B, 12, 19 et 26 janvier, au monde de et ses enfants, Roger Kempf, Pascal Mercier, Cornel amphi A, 18 heures-20 heures, Carré Alexandre, M. et Mme Dominique Saint-Jean Meder, Dominique Millet, Michel des sciences, 1, rue Descartes, Paris. Alice et Benjamin, et leurs enfants, Drouin, André Guyaux. me Fanfani survenu le 13 novembre 1999, dans sa M. et M Marc Saint-Jean Faculté des lettres de Mulhouse. Beppe Sebaste : « Pour une éthique de le 17 novembre 1999. vingt-huitième année. et leurs enfants, Renseignements : 03-89-33-63-80. la prose (II). De la “confession” ». Les familles Assemat et Saint-Jean, 29 novembre, 6, 13 et 17 décembre, Démocrate-chrétien L’inhumation aura lieu au cimetière de ont la tristesse de faire part du décès de 18 heures-20 heures, amphi A, Carré des Isabelle, Frédéric METTAS Preignac (Gironde), dans la plus stricte sciences, 1, rue Descartes, Paris. et Léonie intimité. Mme Marcel SAINT-JEAN, La Nouvelle Lettre internationale née Marguerite ASSEMAT, à la fibre sociale sont heureux d’annoncer la naissance de Natalie Depraz et Pierre Vermersch : invite ses lecteurs et ses amis « Atelier de lecture : Expérience FIGURE historique de la Démo- Martin, leur mère, grand-mère et arrière- au colloque international grand-mère, et jugement et De la synthèse passive de cratie chrétienne (DC) italienne, Philippe LION, Husserl ». LA CULTURE, le vendredi 29 octobre 1999. 1913-1999, 25 novembre, 19 heures-21 heures, Amintore Fanfani est mort à Rome, qui s’est endormie dans la paix du MAL-AIMÉE DE L’EUROPE « Un des derniers Justes 27 janvier, 18 heures-20 heures, amphi A, samedi 20 novembre, à l’âge de n’est plus. » Seigneur, le 19 novembre 1999, au cours avec des représentants 52, rue des Gabelles, de sa quatre-vingt-douzième année. Carré des sciences, 1, rue Descartes, Paris. quatre-vingt-onze ans. Ce « cheval 94370 Sucy-en-Brie. ICP, licencié ès sciences, des institutions européennes, de race » – ainsi qu’il avait été sur- ancien préparateur particulier de différents pays d’Europe Ils associent dans leurs prières le Rado Riha et Jelica Sumic : « Le “pour nommé, de même qu’Aldo Moro, Ecole polytechnique, et du monde culturel. croix de guerre, souvenir de son époux, Samedi 27 novembre 1999 tous” face au réel ». son rival – d’un parti qu’il a large- Décès commandant-colonel FFI, Assemblée nationale, 2 et 9 décembre, amphi A, 16 dé- ment marqué de son empreinte a en chef des laboratoires, M. Marcel SAINT-JEAN, salle Colbert, à 14 h 30, cembre, amphi B, 18 heures-20 heures, effet longtemps dominé la vie poli- – Michel et Anne Faucherre, enseignant (lycée Louis-le-Grand), professeur honoraire place du Palais-Bourbon, Paris-7e Carré des sciences, 1, rue Descartes, Paris. Lucie et Solène, tique italienne de l’après-guerre, jus- ancien ingénieur à l’Afnor, de mathématiques spéciales, (entrée : 126, rue de l’Université). Vincent et Aline Faucherre, Inscription obligatoire L’accès à toutes les activités du qu’en juillet 1989, date à laquelle il auteur de livres de chimie Théophile, Anaïs et Numa, (Dunod-Doin), qui nous a quittés le 7 mars 1982. Tél. : 01-45-65-26-29 Collège est libre et gratuit (dans la quitta son dernier poste ministériel. Nicolas et Françoise Faucherre, traducteur d’allemand, ou fax : 01-45-65-90-01 limite des places disponibles). Le célèbre journaliste italien Indro Camille, Samuel, Cécile et Jules, ingénieur en chef honoraire du matériel La messe sera célébrée le mardi (se munir d’une carte d’identité). Renseignements sur salles, Montanelli l’avait baptisé « rieccolo » Rémi Faucherre, et Koddou Tamarin, ministère de l’agriculture, 23 novembre, à 10 heures, en l’église répondeur : 01-44-41-46-85. Autres ses enfants et petits-enfants, (le revoilà) : deux fois secrétaire de la Saint-Stanislas des Blagis, 104, avenue renseignements : 01-44-41-46-80. ont la tristesse de faire part du décès de Edel sei der Mensch, Gabriel-Péri, à Fontenay-aux-Roses, sa DC, six fois président du conseil, hilfreich und gut (Goethe). paroisse. Cérémonie maintes fois président du Sénat, de- Denise FAUCHERRE, Communications diverses venu sénateur à vie dès 1972, Amin- Il l’était. L’inhumation aura lieu dans le caveau CÉRÉMONIE DE LA FLAMME du 24 novembre 1999 tore Fanfani, Toscan né le 6 février le 19 novembre 1999, à Montpellier. de famille, au cimetière de Capbreton – L’Association des anciens élèves du Profondes tristesse, affection et (Landes), le mercredi 24 novembre, à 1908 dans la province d’Arezzo, aura A l’invitation de MM. Thierry du Per- lycée Carnot-Tunis vous offre L’ensevelissement a eu lieu à Géné- gratitude. 14 h 30. droit à des funérailles d’Etat. Toute la ray, président de l’Union fraternelle des l’occasion de poser toutes les questions rargues (Gard) le lundi 22 novembre, à Vendéens de Paris ; Michel Dillange, pré- sur Internet et les nouveaux moyens de classe politique a rendu hommage a 11 heures. Eric, Ni fleurs ni couronnes. l’information à Laurent Cohen-Tanugi, son fils, sident du Souvenir vendéen de Clemen- cet homme dont Giulio Andreotti, 26, rue de la Marne, ceau, La Flamme sous l’Arc de Triomphe, qui vient de publier aux Editions Odile autre pilier de la DC, aurait dit : Marguerite, Jacob Le Nouvel ordre numérique. – Paris, le 19 novembre 1999. sa femme. 92330 Sceaux. place de l’Etoile, à Paris, sera ravivée par « Dans la politique italienne, il y a M. Louis Guédon, député et maire des Dîner-débat, mardi 30 novembre Villa Délia, 1999, au restaurant de l’Unesco. deux choses impossibles, cohabiter La Cimade Sables-d’Olonne, le mercredi 24 no- 14, rue des Artisans, vembre, à 18 h 30, jour du soixante- Renseignements : ALCT. avec Fanfani et faire sans lui. » a la grande peine d’annoncer à ses – Nicolas Lublin, 40130 Capbreton. dixième anniversaire de la mort de Tél. : 01-40-74-35-75. nombreux amis le décès de sa chère et Ses amis, Cet économiste de formation, Georges Clemenceau. Fax : 01-49-10-09-82. longtemps professeur à l’université fidèle équipière, Et tous les amis de Léa, ont l’infinie tristesse de faire part du catholique de Milan, puis à l’univer- Denise FAUCHERRE. décès de Remerciements UFVP - Tél. : 01-30-21-11-99. sité de Rome, fut élu député pour la – Geneviève, Soutenances de thèse première fois en 1946 à l’Assemblée Son amitié chaleureuse et sa disponibi- Léa LUBLIN, son épouse, constituante. C’est à lui que l’on doit lité pour toutes les tâches au service des – M. Eyal Chvika soutiendra sa thèse remercie tous ceux qui lui ont apporté Enseignement de droit privé intitulée : « Les clauses cet article de la Constitution selon le- autres et en particulier des étrangers réfu- survenu le 17 novembre 1999, à Paris. aide et affection à l’occasion du décès de giés, que la Cimade s’efforce d’accompa- limitant la libre disposition des quel « l’Italie est une République fon- INSTITUT MONGE, actions » sous la direction de M. le gner, resteront un souvenir exemplaire. L’incinération aura lieu le mercredi Jacques BERTIER, enseignement supérieur privé. dée sur le travail ». Il obtint son pre- 24 novembre 1999, à 11 h 15, au professeur Paul Didier. architecte DPLG, AEEB, LA PRÉPA DE QUALITÉ. La soutenance aura lieu le samedi mier portefeuille en 1947 dans le crématorium du Père-Lachaise. 01-43-25-35-48. gouvernement De Gasperi, avant – Paris. Le Mans. le 9 novembre 1999. 27 novembre 1999, à 10 heures, à la salle des Conseils de l’université Panthéon- d’accéder pour la première fois à la Nicolas Lublin, Mme Fricaud-Chagnaud, 22, rue Quincampoix, 50700 Yvetot-Bocage. Assas - Paris-II, 12, place du Panthéon, présidence du gouvernement en jan- e entourée de toute sa famille et de ses 75004 Paris. Séminaires Paris-5 . vier 1954, seulement pour douze amis, jours. Un record. a la douleur de faire part du décès du « Accidents industriels, – L’ambassade d’Argentine Colloques C’est à ce moment qu’il est amené retraits de produits, – Natalie La Balme soutiendra sa a la tristesse de faire part du décès de thèse de doctorat en science politique sur à conduire les destinées de la DC, général C.A. – L’Association des Amis d’Angkor risques agroalimentaires..., FRICAUD-CHAGNAUD organise, avec le soutien de l’Unesco, un dix ans de gestion de crises ». « L’influence de l’opinion publique sur dont il devient secrétaire après la Léa LUBLIN, colloque sur la « Préservation du Mardi 30 novembre les décisions de politique extérieure en mort de son fondateur, Alcide Charles-Georges, prestigieuse patrimoine du Cambodge » le samedi Le Grand Hôtel France : une “contrainte permissive” », Grand Croix de l’ordre national artiste-peintre argentine. 27 novembre 1999, de 9 heures à 2, rue Scribe, 75009 Paris, sous la direction de Samy Cohen, le mer- De Gasperi. Il en fait une formation du Mérite, moderne et forge le statut de parti- 18 heures, salle II, Unesco, 7, place de de 8 heures à 13 heures. credi 24 novembre 1999, à 14 h 30, uni- commandeur de la Légion d’honneur, La cérémonie aura lieu le mercredi Fontenoy, Paris-7e , montant de la Pour tout renseignement : versité Paris-I - Panthéon-Sorbonne, salle Etat en le sortant des paroisses, en le commandeur de l’ordre allemand 24 novembre 1999, à 11 h 15, au participation : 100 francs. Billets à retirer agence Edelman, des Commissions, entrée rue Saint- réorganisant, en étendant son em- du Mérite, crématorium du Père-Lachaise. sur place. tél. : 01-56-69-75-00. Jacques (face au 158), escalier F. prise dans toutes les structures de la ancien du réseau Jade-Amicol et du maquis D3 de la Vienne-Sud, (Le Monde du 20 novembre.) société italienne. Proche à ses débuts de Giuseppe Dossetti, théoricien de survenu le 18 novembre 1999, dans sa la gauche chrétienne, Amintore Fan- soixante-dix-septième année. – Noëlle Furet, sa sœur, fani s’en éloignera tout en restant Colin et Marie-Pierre Maclvor, néanmoins sensible aux préoccupa- La cérémonie aura lieu le mardi 23 novembre, à 15 h 15, au crématorium Françoise Moine, tions sociales et à la pauvreté. Il fut du Père-Lachaise à Paris-20e (accès par la André et Marie-Rose Bérélowitch donc un partisan de l’intervention de place Gambetta). et leurs enfants, l’Etat dans l’économie et l’artisan de Raphaël et Anne-Sophie Naudin Ni fleurs ni couronnes. et leurs enfants, la nationalisation de l’industrie élec- Richard et Florence Leduc trique. A l’époque du « miracle ita- Une quête sera faite au bénéfice de et leurs enfants, lien », il a toujours eu le souci de l’Institut Curie. Anne et René Hernandez compléter les déficiences du système et leurs enfants, par des programmes d’assistance Cet avis tient lieu de faire-part. François et Juliette Bergès et leurs enfants, parrainés par l’administration cen- 22, rue de l’Etoile, Pierre-Jean Furet, trale. Gilles Langlois et Adrienne Furet 72000 Le Mans Ce n’est donc pas tout à fait une et leurs enfants, Avant-Seine, surprise si ce démocrate-chrétien ses neveux et nièces, 4, rue Robert-Deflers, ont le chagrin d’annoncer le décès de bon teint à la fibre sociale fut un ré- 75015 Paris. formiste et le promoteur d’une coo- (Le Monde du 21-22 novembre.) Michèle RICHET, pération avec la gauche sous la conservateur honoraire forme d’un gouvernement soutenu des Musées de France, par le Parti socialiste en 1962. Une – Mme Hellé Kopolovici, chevalier de la Légion d’honneur, sorte de compromis historique avant son épouse, me survenu le 19 novembre 1999. la lettre qui ne dura pas très long- M et M. Ianco, Mme et M. Sismann temps puisqu’en 1963, la DC perd et leurs enfants, La cérémonie religieuse sera célébrée 1 million de voix aux élections. Il Ses amis, en l’église Saint-Pierre de Neuilly-sur- tente alors sa chance au Quirinal, la ont la grande tristesse de faire part du Seine (90, avenue du Roule), le mercredi 24 novembre 1999, à 11 heures. présidence de la République, décès de d’abord en 1964, puis en 1971. Deux M. Branco Cet avis tient lieu de faire-part. échecs qui le laisseront un peu amer KOPOLOVICI-COPEAUX, et l’éloigneront de son léger pen- 45, rue Henri-Barbusse, 75005 Paris. chant à gauche. survenu brutalement le samedi En 1965, devenu brièvement pré- 13 novembre 1999. sident de l’Assemblée de l’ONU, Amintore Fanfani se forge une sta- Les obsèques ont eu lieu à Paris, dans la plus stricte intimité. CARNET DU MONDE ture internationale qu’il avait commencé à établir comme ministre Fax : 01-42-17-21-36 – M. et Mme Jean-Jacques Raffel, des affaires étrangères. Sa deuxième Téléphone : nomination au secrétariat de la DC ses enfants, en 1973 sonnera en fait le déclin de Sa famille, 01-42-17-39-80 ont le profond chagrin de faire part du 01-42-17-38-42 sa carrière politique. Il lance en effet décès de son parti dans la bataille contre le di- 01-42-17-29-96 vorce et la perd. Il devient donc pré- Mme Georges-Emmanuel LANG, sident du Sénat en 1976, puis en née Juliette GOLDNER, 1979, puis en 1985. « Ce grand inter- survenu le 10 novembre 1999, dans sa prète de la modernité et de l’actualité quatre-vingt-neuvième année, et du catholicisme politique », comme rappellent le souvenir de son mari, l’a défini Ciriaco De Mita, consacre le reste de sa vie à ses livres et à sa Georges-Emmanuel LANG, peinture. En dépit de sa petite taille, mort pour la France sur le front d’Alsace, Amintore Fanfani avait néanmoins le 2 mai 1945. été surnommé « le De Gaulle ita- lien », une comparaison qui n’était L’incinération a eu lieu dans l’intimité pas pour lui déplaire. familiale. 17, rue de l’Eglise, Michel Bôle-Richard 92200 Neuilly.

a Mgr JACQUES DELAPORTE, archevêque de Cambrai et pré- Nos abonnés et nos action- naires, bénéficiant d’une sident de la commission épisco- réduction sur les insertions pale française Justice et paix, est du « Carnet du Monde », mort dimanche 21 novembre à Jé- sont priés de bien vouloir rusalem. Le Monde publiera dans nous communiquer leur une prochaine édition l’article né- numéro de référence. crologique qui lui est consacré. LeMonde Job: WMQ2311--0026-0 WAS LMQ2311-26 Op.: XX Rev.: 22-11-99 T.: 10:48 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 10Fap: 100 No: 0434 Lcp: 700 CMYK

26 AUJOURD’HUI LE MONDE / MARDI 23 NOVEMBRE 1999

SPORTS En douze mois d’activité, le angoisses et répondu aux questions de d’œuvre de l’opération, qu’aucune dis- cannabis (21 %) et d’autres (16 %) uti- au problème du dopage, mais une numéro vert (0-800-15-20-00) quelque 6 630 interlocuteurs. b UN cipline et aucune génération n’échappe lisent des corticoïdes, des anabolisants « sorte d’observatoire des conduites à d’« Ecoute dopage », mis en place par le PREMIER BILAN permet d’établir, selon au dopage. b LA PLUPART DES « APPE- ou de l’érythropoïétine (EPO). b DE risques, qui permet aux institutions ministère de la jeunesse et des sports, a Jean Billard, professeur de psychologie LANTS » (30 %) s’interrogent sur la L’AVEU MÊME DE SES PROMOTEURS, d’accéder à une meilleure connaissance recueilli les « confessions », écouté les à la faculté de Montpellier, maître créatine, beaucoup consomment du ce numéro vert n’est pas une solution d’un phénomène ». « Ecoute dopage » révèle le profond désarroi des sportifs anonymes Créé le 24 novembre 1998, alors que les affaires battaient leur plein, le numéro vert (0-800-15-20-00) mis en place par le ministère de la jeunesse et des sports permet de dresser un état du dopage en France : aucune discipline, aucune génération ne semble échapper au phénomène MONTPELLIER jeunes adolescents. » Stéphane a une confrontés à toutes sortes de situa- (21 % des cas), tandis que corticoïdes, de notre envoyé spécial trentaine d’années. Psychologue à la tions. L’ordinaire quotidien varie de anabolisants, érythropoïétine (EPO) « Je ne soupçonnais pas l’ampleur direction régionale de la jeunesse et la souffrance à la simple demande de et hormones de croissance « amé- du dopage dans le sport. Ce qui m’a le des sports du Languedoc-Roussillon renseignements, de la nécessité quasi liorent » souvent le régime (16 % des plus surpris, c’est ce qui se passe au ni- à Montpellier, il travaille depuis cinq thérapeutique de parler à l’urgence cas). Les amphétamines occupent veau amateur ; particulièrement les ans sur les préventions du dopage. absolue d’intervention médicale. encore une place non négligeable pressions qu’exercent dans les centres Intervention auprès des jeunes dans « Pour le milieu sportif, parler du do- (9 % des cas), et le quart restant s’ali- de formation pour l’accès au haut ni- les clubs, stages ou cycles de forma- page reste un choix très difficile »,re- mente en produits divers mais tous veau l’entourage et l’encadrement de tion des éducateurs et des entraî- marque pourtant Stéphane. autant illicites au regard des lois neurs, enseignement auprès des for- sportives. mateurs du centre régional ÉTABLIR UN CONTACT Souvent le numéro vert est le Création d’un Institut d’éducation physique et spor- Avec près de 45 % des appels, le moyen d’établir un contact, d’obte- tive (CREPD) qui préparent les pro- cyclisme se révèle être la discipline la nir un début d’information. « On a national de la prévention fessorats d’EPS, agrémentent l’es- plus exposée. « Mais peut-être faut-il beaucoup d’appels à propos de la sentiel de ses missions. aussi y voir un paradoxe ? interroge créatine, remarque l’équipe. Des per- du dopage Lui et huit de ses confrères, spécia- Jean Bilard, professeur de psycholo- sonnes qui n’en ont pas encore pris, lisés dans cette même discipline, ont gie à l’université de Montpellier et mais cherchent à se rassurer sur les L’Institut national de la préven- ajouté, voilà un an, une trentaine maître d’œuvre de cette opération. conséquences en matière de santé : tion du dopage (INPD) devrait voir d’heures mensuelles de vacations à Toutes les affaires ayant trait à ce sport “Quels sont les effets ? Est-ce bon pour le jour au printemps 2000. Créé à leurs emplois du temps. A eux neuf, et qui ont récemment défrayé la chro- moi ?“ Notre démarche n’est pas de l’initiative de Jean Bilard, il devrait ils forment l’équipe des psycho- nique ont pu avoir un effet libéra- juger, ni même de lutter contre. Sim- être financé au départ par la fonda- logues du sport qui, du lundi au ven- teur. » Et de citer ces témoignages plement nous essayons d’interroger les tion d’entreprise de la Française des dredi, de 8 heures à 12 heures et de d’anciens coureurs, professionnels sujets quant à leur motivation. Der- jeux. Cet établissement public, par 14 heures à 20 heures, écoutent les ou amateurs, qui pendant une heure rière la consommation ou la tentation ailleurs engagé dans le cyclisme appels à l’aide ou les témoignages de racontent à leur interlocuteur invi- de dopage, il y a toujours un malaise. professionnel, consacrerait environ sportifs jeunes et moins jeunes, de sible leur voyage au bout du dopage. C’est en l’identifiant qu’on peut aider 2 millions de francs à cette entre- parents ou de proches, en besoin de « Mais il ne faut pas s’y tromper,in- les victimes. » prise. Celle-ci vise à la mise en place communication sur le dopage. Le siste Jean Bilard, pas une discipline ne Depuis l’ouverture de ce service, il d’actions de prévention contre le numéro vert d’Ecoute dopage (0- peut désormais prétendre qu’elle ne s’est pas passé un jour sans ap- dopage au sein des pôles élites 800-15-20-00) mis en place par le mi- échappe au phénomène. » pels. Mais leur nature évolue. «Le jeunes des différentes disciplines nistère de la jeunesse et des sports le Hommes ou femmes – elles repré- mois dernier, on a eu 35 % d’appels de sportives. L’INPD comprendra un 24 novembre 1998 – alors que les af- sentent un quart des appels –, médecins et de professionnels paramé- conseil scientifique de 12 membres, faires battaient leur plein – souffle adultes ou adolescents – ils sont dicaux. Ils veulent connaître les pro-

dont la moitié des sièges reviendrait ces jours-ci sa première bougie. AFP 32 % entre quatorze et vingt ans à duits interdits, des adresses de centres à l’université de Montpellier. En re- Au dernier relevé effectué le 31 oc- « Ecoute dopage » est né après la révélation du dopage massif avoir dialogué avec le numéro vert –, spécialisés, ou accéder à des banques vanche, le conseil d’administration, tobre, ce service anonyme et gratuit dans le peloton cycliste à l’occasion du Tour de France 1998. évoluent dans leur club ou dans leur de données. La plupart sont assez dé- composé également de comptabilisait 22 500 appels émis association avec le dopage en tête munis par rapport au dopage »,af- 12 membres, serait le reflet des ins- pour 6 630 réceptionnés qui ont statut, la durée et le thème des ap- plus souvent, ils ne savent même pas quand ce n’est pas au corps. La plu- firme Jean Bilard. Est-ce cela qui ex- titutions concernées par le dopage : donné lieu à l’ouverture de pels. ce qu’on leur fait prendre. Ils sont dé- part s’intéressent à la créatine (30 % plique la défiance des sportifs ministère de la jeunesse et des 3 500 feuilles d’écoute. Des feuilles « Des gamins de quatorze ou quinze semparés. » Séverine, Dorian, Phi- des cas recueillis) – produit énergé- vis-à-vis du monde médical et le sports, de l’éducation, représentant sous forme de fiches informatisées ans nous appellent et nous racontent le lippe et Stéphane ont l’oreille pla- tique proscrit en France mais non in- – triste – succès du numéro vert ? du Comité national olympique et façon enquête d’opinion, sur les- discours auquel ils sont soumis : “Soit quée contre le combiné et, au cours terdit sur les listes antidopage –, sportif français (CNOSF), de la san- quelles ne figure aucune indication tu prends ça, soit tu ne joues plus.“ Le des douze mois écoulés, ils ont été beaucoup consomment du cannabis Y. B. té, etc. L’INPD développera notam- susceptible de trahir l’origine de l’ap- ment des programmes de forma- pelant. Il s’agit d’un « matériel » apte tion destinés aux cadres des à établir une banque de données, à fédérations sportives qui en feront dresser quelques statistiques qui ren- « L’entraîneur de mon fils le contraint à prendre des corticoïdes » la demande. seignent sur l’âge moyen, le sexe, le MONTPELLIER malgré la fiabilité des tests, lui refuse de re- que je vais être dénoncé et qui sera au courant de notre envoyé spécial connaître les faits : « Je n’en ai pas pris et je des résultats ? » Ce jeune cycliste, coureur en TROIS QUESTIONS À... toutes les autres. On a même eu « En douze mois, on a entendu toutes sortes suis tout de même suspendu pendant un an. » élite, dresse la liste de ce qu’il a absorbé et in- des appels émanant de joueurs de discours : des questions, des troubles, de la Un autre encore attend, inquiet, les résultats jecté. Il dépense beaucoup d’argent, a JEAN BILARD d’échecs qui témoignaient de pra- souffrance. » Le professeur Jean Bilard dresse d’une analyse. Quelques jours avant d’être conscience d’être prisonnier d’un cycle infer- tiques dopantes. Ce que le numé- un bilan triste, mais prévisible de l’action contrôlé, il a fumé du cannabis. Il veut savoir nal : « Ça s’aggrave de jour en jour. » Psychologue spécialisé dans le ro vert a révélé, c’est que toutes d’Ecoute dopage, ce numéro vert organisé se- si ses urines renferment encore les traces de Puis, il y a cet ancien cycliste professionnel 1 sport, professeur à l’université les personnes en relation avec le lon le modèle des services d’appels télépho- ce produit prohibé. de 55 ans. Il pourrait avoir une belle carrière de Montpellier, vous êtes depuis sport d’élite, nationale ou régio- niques gratuits, confidentiels et anonymes tel derrière lui, mais, « dans ce milieu, celui qui un an responsable du numéro nale, jeunes le plus souvent, par- « Sida info service ». En veillant à ne rien le- « QUELS SONT LES RISQUES ? » refuse de se doper est déconsidéré ». « On le vert financé par le ministère de la fois encore adolescents, sont ver du secret professionnel que lui impose sa Une mère raconte que son fils de 19 ans li- prend pour une lopette, assure-t-il. C’est pas un jeunesse et des sports. D’où est confrontées à la possibilité de mission, il évoque de mémoire quelques pro- cencié dans un club cycliste prend des anabo- homme. J’avais des copains, Un tel, Un tel et née cette initiative et quel effort prendre un produit. Aucun sportif pos lâchés dans le combiné. lisants sous contrôle médical. Torturée par le encore Un tel, ils auraient mon âge, mais ils ne représente-t-elle ? n’éprouve la moindre difficulté à Ainsi ces phrases d’un sportif contrôlé posi- doute, mais portée par son rêve de le voir de- sont plus là. Tous morts. » Voilà dix ans qu’a été mise en se fournir en produits illicites. tif et sanctionné par sa fédération. « Je serais venir un champion, elle voudrait se rassurer. Et puis, il y a du désarroi. Une mère dé- place, ici à Montpellier, une un taulard, on m’aiderait à me réinsérer. Je ne « Quels sont les risques ? » interroge-t-elle. Un couvre des produits dans le sac de sport de consultation de psychologie du Un numéro vert d’écoute, est- suis qu’un sportif ayant subi un contrôle positif. père se renseigne : « Mon fils est en cadet. Son son garçon. Un père constate que son fils dé- sport. Lors des rencontres que 3 ce suffisant pour lutter contre Alors on se désintéresse de moi. Pis, on me re- entraîneur le contraint à prendre des corti- pense beaucoup d’argent et commence à nous menions avec des gens en ce phénomène ? jette, on m’exclut. » Celui-là a appelé plusieurs coïdes. S’il refuse, il ne disputera plus aucune grossir. « Comment aborder ces questions à la souffrance, des consommateurs Sûrement pas. Comme tous les fois. Même s’il reconnaît les faits qui lui ont course. Comment peut-il se défendre ? » Un maison ? », demande-t-il. Un culturiste affirme de produits, nous avons pris autres numéros verts, « écoute été reprochés, il n’accepte pas la sanction rugbyman explique qu’avant les matches il in- que, dans la salle qu’il fréquente, des prospec- conscience de la nécessité qu’il y dopage » est une sorte d’observa- prise à son égard. Elle pèse lourd, hypothèque hale du cannabis pour ne pas ressentir les tus circulent ouvertement qui vantent les mé- avait à réfléchir sur leurs toire des conduites à risques qui probablement la suite de sa carrière et boule- chocs et la douleur et demande si la créatine rites de tel produit illicite et propose de pas- conduites. Il me semble qu’une permet aux institutions d’accéder verse sa vie. « Le sens de notre écoute, c’est de est décelable lors des contrôles. ser des commandes : « Est-ce que ce produit problématique personnelle est au à une meilleure connaissance d’un lui faire prendre conscience de la réalité et Un médecin voudrait obtenir la liste ex- est dopant ? Il renferme de l’IGF 1 (NDLR, Insu- cœur de cette pratique addictive. phénomène. Cette expérience d’essayer de la lui faire accepter », explique haustive des produits interdits et cherche des line Grow Factor, une hormone de croissance). D’où la nécessité de créer une unique en Europe doit s’inscrire Jean Bilard. informations sur les compléments nutrition- Il est vente libre aux Etats-Unis. » plus large structure d’écoute. dans la durée. Chaque mois, Un autre appel provient d’un cycliste positif nels. « N’est-ce pas du dopage ? » Un athlète Mais le numéro vert est une j’adresse au ministère un état des aux amphétamines. Contre toute évidence et pense avoir été pris positif anticipé : « Est-ce Y. B. composante d’un projet global en appels et un commentaire de ce matière de prévention du do- qu’ils révèlent, dans le respect ri- page. Pour les douze premiers goureux d’un strict anonymat. En mois, cela représente un coût de général les sportifs vivent dans un Les 150 professionnels du peloton cycliste français 840 000 francs débloqués par le milieu clos qui ne pose pas beau- ministère auquels s’ajoutent quel- coup de questions. L’appel confi- ques dégrèvements de taxes que dentiel permet de libérer un peu ont tous bénéficié du suivi médical longitudinal la fondation France Telecom nous de parole et fait émerger des in- accorde. terrogations ou des problèmes CHASSER l’hypocrisie, lever les jusqu’aux professionnels de au cours de la saison. Les 150 pro- draient dangereuse pour la santé qui sans ce recours ne s’exprime- silences pesants, prévenir en l’élite. fessionnels du peloton français ont du sujet la pratique sportive du Toutes les disciplines spor- raient pas. Parler peut créer une amont et – quand il le faut –, agir Elle consiste en deux volets : tous bénéficié de la totalité du sys- vélo. « Nous ne cherchons pas à 2 tives sont-elles concernées prise de conscience et, pourquoi en aval : c’est la quadrature d’une un examen médical à l’effort, an- tème de suivi longitudinal. » savoir si le sujet se dope ou non, par le dopage ? pas, une rupture. action qui vise à éveiller la nuel et approfondi, sur un pla- Pour la saison sportive qui s’il prend tel ou tel produit, nous Incontestablement. Cyclisme, conscience sur les pratiques de teau technique, qui s’intéresse vient de s’écouler, les opérations nous inquiétons simplement de sa athlétisme, culturisme, mais aussi Propos recueillis par dopage. Propulsé sur le devant aux fonctionnements cardiaques de suivi ont démarré dès les pre- santé, et en tant que médecins, rugby, football, natation et Yves Bordenave de la scène par la multiplication et respiratoires, et un prélève- miers jours de janvier et se sont nous prescrivons un traitement des affaires et des révélations, le ment biologique trimestriel censé achevées le 31 octobre. Pour la adapté aux pathologies que nous cyclisme, sport le plus touché par analyser des paramètres san- saison 2000, qui débutera en fé- constatons », explique Armand le fléau, est aussi celui dont les guins. vrier, les premiers tests ont déjà Mégret. instances fédérales déploient les « Au total, 600 cyclistes des dif- commencé. Ils devront se termi- Durant l’année, cette démarche efforts les plus importants dans férentes élites, hommes et femmes, ner avant la fin du mois de jan- a conduit la FFC à orienter cer- ce domaine auprès de ses prati- ont subi les contrôles médicaux du- vier. « Aucune licence ne sera si- tains coureurs mal en point vers quants. rant l’année, affirme Armand Mé- gné par l’autorité fédérale tant que des services hospitaliers spéciali- Voilà maintenant un peu plus gret, responsable de la commis- je n’aurai pas reçu le certificat de sés et à mettre au repos pour des d’un an que la Fédération fran- sion médicale au sein de la FFC. non-contre-indication à la pra- périodes plus ou moins longues çaise de cyclisme (FFC) a mis en Tous n’ont pas été soumis aux tique du cyclisme, indispensable ceux dont l’état de santé l’exi- place un système de suivi médical mêmes visites, en raison de diffi- pour chaque coureur », indique geait. Ce fut le cas pour une longitudinal, coordonné par le cultés auxquelles nous avons dû Armand Mégret. soixantaine de professionnels, docteur Armand Mégret. Véri- faire face au printemps avec l’uni- Un des buts affirmés au mo- notamment lors de la promulga- table instrument de surveillance té mobile de prélèvement. Mais ces ment de l’adoption des proto- tion des résultats du deuxième sanitaire, cette opération 600 coureurs sont passés sur le pla- coles en vigueur sur les plateaux relevé biologique au mois de mai concerne l’ensemble des pelotons teau technique pour y effectuer techniques est le dépistage d’ano- (Le Monde du 29 mai). féminins et masculins, des jeunes l’examen approfondi et ont eu au malies physiologiques ou biolo- rassemblés dans les pôles espoirs minimum deux relevés biologiques giques éventuelles, lesquelles ren- Y. B. LeMonde Job: WMQ2311--0027-0 WAS LMQ2311-27 Op.: XX Rev.: 22-11-99 T.: 10:32 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 10Fap: 100 No: 0435 Lcp: 700 CMYK

AUJOURD’HUI-SPORTS LE MONDE / MARDI 23 NOVEMBRE 1999 / 27 Bernard Laporte veut inculquer Tennis : Lindsay Davenport s’adjuge les Masters au XV de France les méthodes de l’hémisphère Sud L’AMÉRICAINE LINDSAY DAVENPORT, tête de série numéro 2, a ga- gné le Masters féminin, en battant (6-4, 6-2) la Suissesse Martina Hin- gis, numéro 1 et tenante du titre, dimanche 21 novembre, à New York. L’Américaine, victorieuse à Wimbledon cette année, a mis 61 minutes A trente-cinq ans, l’entraîneur du Stade français succède à Jean-Claude Skrela pour s’adjuger son premier Masters, après deux finales perdues en 1994 contre l’Argentine Gabriela Sabatini et en 1998 face à son adver- Le président de la Fédération française de rugby à la tête du XV de France, en remplacement de français présente la caractéristique d’être parti- saire du jour. Cette victoire, acquise notamment grâce à la puissance et (FFR), Bernard Lapasset, a officialisé, dimanche Jean-Claude Skrela, qui avait annoncé son re- culièrement jeune pour le poste et de n’avoir ja- la précision de ses services – 9 aces au total –, lui a permis d’empocher 21 novembre, la nomination de Bernard Laporte trait, mardi 16 novembre. L’entraîneur du Stade mais été retenu en sélection nationale. un chèque de 500 000 dollars (contre 250 000 dollars à Martina Hingis). « Je voulais être celle dictant la cadence et les échanges. J’avais décidé SI LA FÉDÉRATION française de connaître ce natif de Gaillac, iden- une tête de mule. Il insiste énormé- existe dans ce milieu que je voudrais d’attaquer et de lâcher mes coups. C’est sans doute le meilleur match que rugby (FFR) n’a jamais eu dans tifiable à son front dégarni et ses ment sur la rigueur et sur la disci- que l’équipe de France soit le reflet j’ai jamais disputé », a jugé la Californienne. « Il n’y a pas de doute, c’est l’idée de nommer à la tête du XV de petites lunettes ovales, à l’occasion pline, tout en responsabilisant les du travail effectué aux quatre coins la meilleure de toutes en ce moment », a reconnu la Suissesse, avant d’al- France un entraîneur originaire de de la Coupe du monde de rugby, joueurs. Je préviens d’avance tous du pays. » Avant d’engager la cam- ler disputer et d’emporter la finale du double avec la Russe Anna Kour- l’hémisphère Sud – tendance très événement qu’il commenta sur ceux qui seront sélectionnés en pagne du Tournoi des six nations, nikova face à la paire Larisa Neiland - Arantxa Sanchez (6-4, 6-4). en vogue, notamment en Europe, TF 1. équipe de France : avec lui, il vaut qui débutera, pour les Bleus, par un depuis quelques années –, l’homme mieux bosser », met en garde le déplacement au pays de Galles le 5 qu’elle a désigné, dimanche 21 no- PAS D’ENNEMIS troisième ligne du Stade français, février, Bernard Laporte réalisera Patinage artistique : les Français vembre, pour remplacer Jean- A trente-cinq ans, Bernard La- Christophe Juillet. un tour de France des clubs de Claude Skrela n’en demeure pas porte présente la double caractéris- Pour une raison purement ma- l’élite afin d’exposer son projet. moins l’un des plus farouches par- tique d’être le plus jeune entraî- thématique, il aurait été injuste que se distinguent au Trophée Lalique tisans du jeu puissant et discipliné neur que l’équipe de France ait Bernard Laporte ne fût pas un jour LIBRE PENSEUR tel qu’il se pratique aux Antipodes. connu et de n’avoir jamais revêtu désigné à la tête du XV de France. D’ici là, il aura dévoilé l’identité LE TROPHÉE LALIQUE, quatrième des six levées de la Série des cham- Bernard Laporte n’a pas attendu le maillot bleu. « Je n’ai pas de pas- Depuis son arrivée à Paris, onze de de son adjoint (qui sera chargé des pions, cette sorte de Coupe du monde de patinage artistique, organisée la finale de la Coupe du monde sé d’international. Je pense que c’est ses joueurs ont été retenus par lignes arrière), il aura également au Palais omnisports de Paris-Bercy (POPB), a vu, dimanche 21 no- 1999, gagnée par l’Australie aux dé- un avantage, car je n’ai jamais été Jean-Claude Skrela. En Coupe du couché une liste d’intervenants ex- vembre, la victoire des Français Sarah Abitbol et Stéphane Bernadis, en pens des Bleus (35-12) le 6 no- mêlé aux querelles qui ont toujours monde, ils étaient six au sein du térieurs qui « viendront travailler à couple, et de Marina Anissina et Gwendal Peizerat, en danse. Chez les vembre à Cardiff, pour arrêter ses divisé le rugby français. Cela me per- groupe des futurs finalistes : David la pige sur des secteurs de jeu déter- hommes, c’est le Russe Alexei Yagudin, champion du monde 1998 et convictions. « L’équipe de France a met de ne pas avoir d’ennemis », Auradou, Christophe Dominici, minés » et n’aura pas manqué de 1999, qui s’est imposé devant le junior français Vincent Restancourt, réussi un exploit fabuleux en battant clame l’ancien demi de mêlée et ca- Christophe Juillet, Marc Lièvre- confronter ses vues avec Pierre Vil- dix-huit ans, auteur d’une quadruple boucle piquée encore rare et d’une la Nouvelle-Zélande en demi-finale, pitaine de Bègles-Bordeaux, vain- mont, Sylvain Marconnet, Pieter de lepreux, nouveau directeur tech- combinaison triple axel - triple boucle piquée, tandis que l’Américain mais je ne suis pas sûr du tout qu’elle queur d’un bouclier de Brennus en Villiers. Découverts par Bernard nique national du rugby français, et Michael Weiss, 3e des championnats du monde 1999, n’a pu prendre que ait pu rééditer la même performance 1991. Laporte, ou relancés par celui-ci Jo Maso, qui restera manager des la 5e place. Chez les dames, la Russe Maria Butyrskaya, championne du le samedi suivant. Il ne faut pas se Passé sans transition du statut de après des situations d’échec dans équipes de France, mais avec monde en titre, s’est logiquement imposée devant sa compatriote Vic- voiler la face : le rugby qui gagne, joueur à celui de coach alors qu’il d’autres clubs, tous lui re- moins d’implication dans le do- toria Volchkova et l’Américaine Sarah Hughes, quatorze ans. aujourd’hui, c’est le rugby du Sud », évoluait au sein de l’autre club de connaissent une importante res- maine technique. confiait-il ainsi quelques instants l’agglomération girondine, le Stade ponsabilité dans leur carrière inter- Libre penseur, Bernard Laporte DÉPÊCHES après sa titularisation par le pré- bordelais université club (SBUC), nationale. Sa désignation à la tête indiquait, dimanche, avoir été cho- a ATHLÉTISME : Michael Johnson et Gabriela Szabo ont été nom- sident de la FFR, Bernard Lapasset, Bernard Laporte incarne cette nou- des Bleus ne fait donc que consa- qué par le comportement de cer- més athlètes de l’année 1999, Carl Lewis et Fanny Blankers-Koen rece- au cours de l’émission « Stade 2 ». velle génération de techniciens crer un travail entrepris voilà main- tains joueurs français pendant la vant les honneurs pour le siècle, par la Fédération internationale d’ath- Annoncée en coulisse depuis pour qui l’activité d’entraîneur est tenant quatre ans à la tête du XV Coupe du monde. Il confiait paral- létisme (IAAF), dimanche 21 novembre, à Monaco. plusieurs semaines, la nomination devenue, avec la professionnalisa- du Stade français. lèlement son admiration pour la a BASKET-BALL : la 11e journée du championnat de France n’a ap- de Bernard Laporte au poste le plus tion du rugby, un métier à part en- La tâche qui attend désormais méthodologie employée par porté aucune modification en tête du classement, puisque les cinq pre- prestigieux et le plus exposé du tière. Bernard Laporte se situe dans une l’équipe d’Australie pour parvenir miers : Pau-Orthez, Villeurbanne, Limoges, Le Mans et le PSG-Racing se rugby français ne constitue pas une Porté aux nues par les joueurs du autre dimension. Engagé pour au titre mondial. « Le rugby est ma sont tous imposés, respectivement à Chalon (71-74), contre Dijon (84- surprise. Les amoureux du ballon Stade français et littéralement quatre ans au sein de la FFR, le vie, insistait-il, enfin. Je n’aime pas 67), face à Montpellier (81-61), à Evreux (85-88) et contre Nancy (71-65). ovale suivent attentivement ses pas pleuré, aujourd’hui, par le pré- technicien annonce son credo : «Je qu’on dise du mal de l’équipe de Au classement, les Palois disposent d’un point d’avance sur Villeur- depuis 1995 au sein du Stade fran- sident du club parisien, Max Guaz- veux que derrière mon nom il y ait le France et de ceux qui en ont la res- banne. çais, club qu’il emmena au titre de zini, l’homme a construit sa réputa- rassemblement de tous les entraî- ponsabilité. » a BOULES : l’équipe de France, avec deux titres obtenus, en tir pro- champion de France en 1998. Le tion à grandes doses d’intuitions et neurs de France. J’ai tellement souf- gressif, avec Sébastien Grail, et en simple, avec Xavier Majorel, s’est grand public, lui, a appris à mieux de remontées de bretelles. « C’est fert du manque de cohésion qui Frédéric Potet classée première nation des championnats du monde de boules, qui se sont achevés dimanche 21 novembre, à Lyon. a FOOTBALL : Guingamp, après sa victoire à Créteil samedi 20 no- vembre (1-3), possède désormais 9 points de retard sur Lille, tenu en Bordeaux et Marseille retrouvent la Ligue des champions échec à Nîmes (3-3) lors de la 20e journée du championnat de France de D2. Toulouse, grâce à deux buts en trois minutes de Vladimir Petrovic, a Le championnat de France de football de D1 LES GIRONDINS de Bordeaux – Lyon, Monaco, Auxerre et Pa- battu Cannes (2-1) et pointe à dix longueurs. et l’Olympique de Marseille ont ris-SG – ont creusé l’écart sur a Le Bayern Munich a écrasé Fribourg (6-1), samedi 20 novembre, lors 16e JOURNÉE CLASSEMENT décidément du mal à assumer leurs éventuels poursuivants. de la 12e journée du championnat d’Allemagne. Les Bavarois comptent e ts ts leur rang de champion et de vice- C’est sans convaincre, toutefois, désormais trois points d’avance sur Hambourg, propulsé à la 2 place in g ries Bordeaux-St-Etienne 1-2 o iff. h é P J G N P D C S champion de France 1999. A quel- que les Lyonnais sont venus à par le Ghanéen Anthony Yeboah, auteur d’un triplé contre Bielefeld Metz-Montpellier 2-2 1 Lyon 31 16 94 3+ 9 = GPGNG ques jours du deuxième tour de la bout du RC Lens (1-0) à la faveur (5-0). Dortmund, 3e à 5 points, compte un match de retard après le re- Paris-SG-Bastia 2-0 2 Monaco 30 15 93 3+ 17 = GGNGG Ligue des champions qui les verra d’un penalty transformé par le port de son match suite à des intempéries. Strasbourg-Le Havre 0-1 3 Auxerre 29 15 92 4+ 5 = GGPPG affronter respectivement Valence Brésilien Sonny Anderson. Im- a Manchester United, en s’imposant à Derby (1-2), samedi 20 no- Rennes-Troyes 2-2 4 Paris-SG 27 16 83 5+ 5 = GPGPG et la Lazio Rome, mardi 23 et pression similaire au stade Louis- vembre, a conservé la tête du championnat d’Angleterre. Les hommes Monaco-Sedan 2-1 5 Rennes 23 16 65 5+ 2 3 GNNGG mercredi 24 novembre, Aquitains II, où Monaco s’est imposé à Se- d’Alex Ferguson, après quinze journées, disposent de 1 point d’avance 6 Bordeaux 16 GNNPP et Phocéens ont chuté de concert dan (2-1). Seul le Paris-SG semble sur Leeds, victorieux face à Bradford (2-1), et 4 sur Arsenal, qui a écrasé Lyon-Lens 1-0 23 65 5 + 1 1 7 St-Etienne 23 16 65 5 Ð 1 3 PGPNG à domicile à l’occasion de la avoir apporté une plus-value à Middlesbrough (5-1). Marseille-Auxerre 0-1 8 Sedan 23 16 72 7Ð 3 2 PGNGP 16e journée du championnat de cette journée en battant Bastia a Le Deportivo La Corogne a pris le commandement du championnat Nantes-Nancy 2-0 9 Marseille 22 16 57 4+ 5 2 PGNNP première division. (2-0). d’Espagne, grâce à sa victoire (5-2) sur Séville, dimanche 21 novembre, e LES CARTONS 10 Metz 21 16 49 3+ 5 1 GPNNN Les hommes d’Elie Baup, qui lors de la 12 journée. Le Deportivo se retrouve à égalité de points avec R J 11 Bastia NGNNP s’étaient fait étriller 3 à 0 au le Celta Vigo, vainqueur à Valladolid (1-3), mais le club de La Corogne o a 19 16 47 5 0 = STRASBOURG EN CRISE u u g n e e 12 Nantes 19 16 61 9Ð 2 3 PPGNG Havre lors de la précédente jour- Dans le bas du classement, devance son frère ennemi galicien grâce à une meilleure différence de s s 1 Nantes 0 22 13 Le Havre 19 16 54 7Ð 6 3 PGPGG née, se sont fait surprendre (1-2) Troyens et Montpelliérains se buts (+ 10 contre + 7). Valence, adversaire de Bordeaux en Ligue des e 2 Bastia 0 35 14 Lens 19 16 54 7 Ð 6 2 GNNGP par l’AS Saint-Etienne, vendredi sont donnés un peu d’air en ob- champions, a battu le FC Barcelone (3-1) et pointe à la 14 place. 3 Sedan 0 36 15 Troyes 19 16 61 9Ð 10 2 PPGGN 19 novembre. Le lendemain, l’OM tenant le même match nul (2-2), à a La Juventus, qui a brillamment dominé le Milan AC (3-1), a rejoint 16 Nancy 2 PNGPP 16 Nancy 4 36 16 16 44 8Ð 2 a enregistré sa quatrième défaite distance, sur les terrains de en tête du classement la Lazio Rome, futur adversaire de Marseille en Paris-SG 4 36 17 Strasbourg 16 16 44 8Ð 11 = GPPPP de la saison en s’inclinant (0-1) Rennes et de Metz, alors qu’ils Ligue des champions et largement battue (4-1) par l’AS Rome, lors de la 18 Le Havre 7 31 18 Montpellier 13 16 34 9Ð 8 = NPPPN face à l’AJ Auxerre. Le public du étaient menés par 2 à 0. Le revers 10e journée du championnat d’Italie, dimanche 21 novembre. Stade-Vélodrome a peu goûté de Strasbourg à domicile (0-1) a RUGBY : avec cinq victoires en six matches, les clubs français ont LES ATTAQUES 1 Monaco 32 buts ¥ 2 Paris-SG et Bordeaux 25 buts. cette avanie supplémentaire et a face à un autre mal classé, bien réussi leur entrée dans l’édition 1999-2000 de la Coupe d’Europe, LES DÉFENSES 1 Lyon 11 buts ¥ 2 Metz 13 buts ¥ 3 Monaco 15 buts. réclamé la démission de l’entraî- Le Havre, plonge le club alsacien dont la première journée a été marquée par la défaite de la province ir- neur Rolland Courbis ainsi que le dans une crise profonde (Le landaise d’Ulster. Les tenants du titre ont chuté (26-12) samedi 20 no- LES BUTEURS 1 Anderson (Lyon) 12 buts ¥ 2 Simone (Monaco) et Trezeguet (Monaco) 10 buts. « retour à Paris » de Robert Louis- Monde daté 21-22 novembre). vembre, à Bourgoin, pendant que le Stade toulousain, grâce à un triplé Dreyfus, propriétaire du club. d’Emile N’Tamack, négociait parfaitement son déplacement à Bath (25- 17e JOURNÉE : samedi 27 novembre : Nancy-Marseille ; Montpellier-Paris-SG ; Saint-Etienne-Strasbourg ; Rennes-Auxerre ; Troyes-Metz ; Le Havre-Monaco. Dans la partie haute du ta- F. Po 32). Le lendemain, Colomiers a dominé Saracens (19-16). Si le Stade Dimanche 28 novembre : Sedan-Nantes ; Lens-Bordeaux ; Bastia-Lyon. bleau, les quatre équipes de tête (avec AFP) français n’a pas été inquiété sur sa pelouse face aux Ecossais des Glas- gow Caledonians (37-18), Montferrand a souffert pour s’imposer in ex- tremis à Trévise (15-21). Après avoir bien résisté, Grenoble s’est incliné dans les dix dernières minutes en Ecosse, face aux Reivers Edimbourg A dix mois des Jeux olympiques de Sydney, les entraîneurs français se mobilisent (18-23). ARLES La remise de ce 1er Trophée de capitaliser, estime Hervé Madoré. premier rang des préoccupations de notre envoyé spécial l’entraîneur de l’année a été l’un Toutes les disciplines ne sont pas au des entraîneurs, chez lesquels la Ski : première victoire en slalom Quelques heures plus tôt, Mau- des moments forts des Rencontres même niveau de développement et il question du village olympique re- rice Houvion, le doyen présumé des de l’encadrement olympique, orga- est essentiel d’aller chercher auprès vient fréquemment. entraîneurs nationaux (il occupe nisées à Arles (Bouches-du-Rhône) des fédérations les plus avancées les « L’ambiance qui règne au village pour Christelle Saioni cette fonction depuis 1966), l’avait du 15 au 17 novembre par la Prépa- points desquels les autres fédérations olympique est une ambiance de fête, affirmé : « La qualité essentielle que ration olympique (PO). « Le métier pourront s’inspirer pour progres- qui empêche même les plus expéri- LA FRANÇAISE Christelle Saioni a pris la première place du slalom de doit posséder un entraîneur pour d’entraîneur n’est pas encore re- ser. » mentés de se concentrer correcte- Copper Mountain (Colorado), samedi 20 novembre, ex-aequo avec la réussir et progresser est l’humilité. » connu comme il devrait l’être, assure Cent dix cadres techniques ont ment sur la préparation de leur Slovène Spela Pretnar. La Française, vingt-six ans, qui signe son premier Aux côtés du mentor du perchiste Hervé Madoré, le directeur de la participé à ces Rencontres d’Arles, compétition », a ainsi déclaré un succès en Coupe du monde, et la Slovène, vingt-six ans également, dont Jean Galfione, qui s’exprimait de- PO. Ce Trophée doit contribuer à qui ont reçu les visites de Marie- participant. Daniel Costantini, l’en- c’est la troisième victoire et le deuxième succès en slalom, ont réalisé vant un auditoire d’une centaine de cette reconnaissance. » George Buffet, ministre de la Jeu- traîneur de l’équipe de France mas- toutes les deux un temps total de 1 min 31 s 92, devançant de 30/100 la cadres techniques, se trouvait alors nesse et des Sports, Henri Séran- culine de handball, a étayé ce pro- Norvégienne Trine Bakke, vingt-quatre ans, qui avait réalisé le meilleur Gérard Quintyn, l’homme à qui le « INSTAURER LA CONFIANCE » dour, président du Comité national pos en racontant comment le temps de la première manche. La victoire de Christelle Saioni, originaire cyclisme sur piste français doit une L’objectif de ces Rencontres, olympique et sportif français, et comportement de ses joueurs dans de Nice, intervient au lendemain de celle de Régine Cavagnoud en sla- bonne partie de sa réussite. premières du genre mais appelées Jean-François Lamour, chargé de les jours suivant leur arrivée à lom géant à Copper Mountain. C’est aussi la première victoire d’une Quand le même Gérard Quintyn à devenir annuelles, était de ras- mission Jeunesse et Sports à la pré- Atlanta et sa propre incapacité à Française en slalom depuis celle de Patricia Chauvet à Haus (Autriche), a été ovationné par ses pairs, qui sembler les cadres techniques (di- sidence de la République. Ancien contrôler la situation avaient suffi en 1993. « C’est un jour merveilleux, mais j’espère que ce n’est qu’un début, venaient de le désigner à une large recteurs techniques nationaux et champion olympique d’escrime, ce à réduire à néant les efforts a déclaré la Française, tout à sa joie. Je me suis entraînée durement et j’ai majorité « entraîneur de l’année », entraîneurs nationaux) de l’en- dernier a livré l’un des témoignages consentis pour préparer les der- beaucoup essayé. J’utilise les skis courts depuis 1998. C’est certainement un c’est non seulement l’un des plus semble des fédérations olym- les plus édifiants de ces journées. niers JO. avantage. Ç’a été payant. » compétents et des plus passionnés piques. Certains étaient venus à re- « S’il y a un élément à privilégier Les cadres techniques présents à d’entre eux qu’ils applaudissaient, culons, se demandant à quoi bon dans la relation entraîneur-athlète, Arles ont également pu recevoir mais certainement aussi l’un des interrompre le rythme des entraî- c’est bien la confiance qui doit obli- une initiation au boomerang et au a LOTO : résultats des tirages no 93 effectués samedi 20 novembre. plus humbles. « Etre élu par des mo- nements pour aller s’enfermer gatoirement s’instaurer », a-t-il sou- didgeridoo, instrument de musique Premier tirage : 1, 2, 25, 41, 48, 49, numéro complémentaire : 24. Rap- numents comme Daniel Costantini deux jours durant dans un village ligné. Le facteur humain a d’ail- aborigène. Mais s’ils ont ressenti la ports pour 6 numéros : 2 071 455 F, 315 791 ¤ ; 5 numéros et le complé- ou Fernand Urtebise, par tant de vacances avec des spécialistes leurs été au centre des discussions, proximité de l’échéance austra- mentaire : 9 160 F, 1 396 ¤ ; 5 numéros : 5 990 F, 913 ¤ ; 4 numéros et le d’autres que j’admire, cela me fait d’autres disciplines. Tous sont re- au point que les questions liées à la lienne, où l’objectif, maintes fois complémentaire : 324 F, 49,39 ¤ ; 4 numéros : 162 F, 24,69 ¤ ; 3 numéros et tout drôle », déclarait avec une sin- partis convaincus de l’utilité d’un technique et à la préparation phy- répété, sera de faire « au moins le complémentaire : 34 F, 5,18 ¤ ; 3 numéros : 17 F, 2,59 ¤. cérité et une émotion non feintes tel rassemblement. sique ont souvent été tout juste ef- aussi bien » qu’à Atlanta (37 mé- Second tirage : 2, 10, 19, 25, 45, 46, numéro complémentaire : 8. Rapports cette homme de 52 ans, dont les « La richesse des interventions a fleurées. A dix mois des Jeux olym- dailles), c’est avant tout à la parole pour 6 numéros : 22 544 575 F, 3 436 898 ¤ ; 5 numéros et le complémen- élèves ont rapporté dix-neuf titres confirmé qu’il existait dans le sport piques de Sydney (15 septembre au de leurs pairs qu’ils le doivent. taire : 31 935 F, 4 868 ¤ ; 5 numéros : 5 105 F, 778 ¤ ; pour 4 numéros et le olympiques ou mondiaux au sport français une somme d’expériences 1e octobre 2000), la gestion des re- complémentaire : 244 F, 37,19 ¤ ; 4 numéros : 122 F, 18,59 ¤ ; 3 numéros et français. qu’il est important de partager et de lations humaines semble être au Gilles van Kote le complémentaire : 26 F, 3,96 ¤ ; 3 numéros : 13 F, 1,98 ¤. LeMonde Job: WMQ2311--0028-0 WAS LMQ2311-28 Op.: XX Rev.: 22-11-99 T.: 10:37 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 10Fap: 100 No: 0436 Lcp: 700 CMYK

28 / LE MONDE / MARDI 23 NOVEMBRE 1999 AUJOURD’HUI ------Redoux mais neige dans le Nord-Est 23 NOVEMBRE 1999 Oslo Stockholm LE CARNET Prévisions Moscou Ensoleillé MARDI. Les hautes pressions peu de neige. Les températures se- vers 12h00 DU VOYAGEUR sur l’Atlantique vont se décaler ront encore négatives le matin, jus- vers la France. Une perturbation qu’à – 3 degrés. Elles remonteront Peu peu active va traverser la France entre 1 et 5 degrés l’après-midi. Belfast nuageux a MALDIVES. Le voyagiste Kuoni lundi et mardi. Elle apporte de la Poitou-Charentes, Aquitaine, Liverpool met en place, à partir du mercredi Dublin douceur, mais, sur le Nord Est et la Midi-Pyrénées. – Le ciel sera cou- Varsovie Kiev 22 décembre, un vol charter, sans région Rhône-Alpes, les précipita- vert avec quelques gouttes. Voi- escale, en Boeing 747, chaque se- Amsterdam Berlin Brèves tions se feront sous forme d’un sines de 0 degré le matin, les tem- éclaircies maine, de Paris à Malé, capitale peu de neige et de verglas. pératures monteront entre 9 et 11 Londres des Maldives. Les préachemine- 50 o Bruxelles Bretagne, pays de Loire, Basse- degrés l’après-midi. Prague ments aériens ou ferroviaires Normandie. – Le ciel sera souvent Limousin, Auvergne, Rhône- Couvert (TGV), de province à Paris, sont ef- couvert avec quelques gouttes. Les Alpes. – Beaucoup de nuages pour Paris Strasbourg Vienne fectués à tarif préférentiel. Ce vol températures minimales seront cette journée avec quelques chutes Budapest est exclusivement vendu en forfait Brume comprises entre 4 et 8 degrés. de neige faibles ou des pluies ver- Nantes avec une réservation hôtelière, Berne brouillard Celles de l’après-midi monteront glaçantes. Les précipitations s’atté- Bucarest mais permet d’éviter un transit qui entre 10 et 12 degrés. nueront l’après-midi. Les tempéra- Lyon rallonge d’autant le voyage. Possi- Milan Belgrade Nord-Picardie, Ile-de-France, tures, encore négatives le matin, Sofia Averses bilité de surclassement en classe Centre, Haute-Normandie, Ar- monteront entre 2 et 6 degrés Toulouse Istanbul « grand large » pour 890 F, 135 ¤, dennes. – Le matin, quelques l’après-midi. par trajet. Au choix, 12 atolls pri- Pluie brouillards se formeront, puis les Languedoc-Roussillon, Pro- Rome vés et hôtels-bungalows. Réserva- nuages seront dominants, avec vence-Alpes-Côte d’Azur, Corse. Barcelone Naples tion au 01-43-37-85-90, 01-43-27- quelques gouttes en matinée. Il fe- – Le temps sera ensoleillé. Le mis- 40 o Madrid 01-20 et agences. ra plus doux avec 1 à 3 degrés le tral et la tramontane souffleront Lisbonne Athènes Orages a HÔTELS. Le groupe des hôtels matin et 7 et 10 degrés l’après- vers 80-90 km/h le matin, puis fai- Concorde vient de publier un ré- midi. bliront l’après-midi. Il y aura des Séville pertoire 2000 qui présente ses gelées matinales, surtout dans l’in- 70 établissements de prestige à Champagne, Lorraine, Alsace, Tunis Neige Bourgogne, Franche-Comté. – térieur, puis l’après-midi le ther- Alger travers le monde. Ce catalogue est Pendant une bonne partie de la momètre remontera entre 8 et diffusé gratuitement sur simple journée, les nuages donneront un 12 degrés. Rabat 0o 10o 20o Vent fort appel au 0800-05-00-11.

PRÉVISIONS POUR LE 23 NOVEMBRE 1999 PAPEETE 24/29 S KIEV -2/2 C VENISE 0/7 S LE CAIRE 19/31 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 25/28 P LISBONNE 9/14 S VIENNE -3/1 N NAIROBI 16/23 C et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; ST-DENIS-RÉ. 21/27 S LIVERPOOL 9/11 C AMÉRIQUES PRETORIA 19/32 S EUROPE LONDRES 6/11 N BRASILIA 18/24 P RABAT 8/17 S C : couvert ; P : pluie ; * : neige. AMSTERDAM 7/9 N LUXEMBOURG -1/3 * BUENOS AIR. 14/24 S TUNIS 7/15 P FRANCE métropole NANCY -1/4 * ATHENES 14/20 S MADRID 2/9 S CARACAS 24/30 C ASIE-OCÉANIE AJACCIO 3/13 S NANTES 2/9 P BARCELONE 4/13 S MILAN 2/9 S CHICAGO 6/19 P BANGKOK 24/31 C BIARRITZ 2/10 P NICE 4/13 S BELFAST 8/11 P MOSCOU -10/-5 C LIMA 18/20 C BEYROUTH 20/25 S BORDEAUX 2/10 N PARIS 2/8 P BELGRADE -2/1 N MUNICH -5/2 * LOS ANGELES 9/15 S BOMBAY 20/32 S BOURGES 0/8 P PAU -1/9 S BERLIN -2/2 N NAPLES 8/11 S MEXICO 5/22 S DJAKARTA 26/30 P BREST 6/11 N PERPIGNAN 2/11 S BERNE -4/1 * OSLO -4/2 C MONTREAL 7/14 S DUBAI 21/29 S CAEN 6/11 P RENNES 4/10 N BRUXELLES 6/7 N PALMA DE M. 2/14 S NEW YORK 13/16 C HANOI 20/28 S CHERBOURG 4/11 P ST-ETIENNE -5/4 P BUCAREST 1/15 N PRAGUE -4/-1 C SAN FRANCIS. 9/14 S HONGKONG 20/28 S CLERMONT-F. -2/6 P STRASBOURG -1/4 N BUDAPEST -2/1 N ROME 2/10 S SANTIAGO/CHI 10/25 S JERUSALEM 16/29 S DIJON -3/3 * TOULOUSE -1/7 P COPENHAGUE 2/6 C SEVILLE 4/15 S TORONTO 8/12 C NEW DEHLI 11/27 S GRENOBLE -4/4 * TOURS 1/7 P DUBLIN 8/12 C SOFIA 0/12 N WASHINGTON 13/21 C PEKIN 4/15 C LILLE 3/8 N FRANCE outre-mer FRANCFORT 2/5 * ST-PETERSB. -3/0 C AFRIQUE SEOUL 7/16 S LIMOGES -1/5 P CAYENNE 23/33 S GENEVE 1/3 C STOCKHOLM -2/1 C ALGER 5/16 N SINGAPOUR 25/31 S LYON -2/3 * FORT-DE-FR. 25/30 S HELSINKI -4/1 * TENERIFE 13/18 C DAKAR 24/29 C SYDNEY 16/23 S MARSEILLE 0/9 S NOUMEA 21/26 S ISTANBUL 11/20 P VARSOVIE -5/-3 C KINSHASA 22/27 P TOKYO 10/18 C Situation le 22 novembre à 0 heure TU Prévisions pour le 24 novembre à 0 heure TU

ASTRONOMIE Les satellites galiléens de Jupiter : Io, terre de volcans

LA SURFACE d’Io, telle que la Prométhée il y a vingt ans, les en fait un demi et Ganymède un vembre, Galileo, ainsi nommée en virent pour la première fois, en scientifiques pensaient que le vol- quart. L’effet de marée qui en ré- hommage à un savant italien qui, 1979, des astronomes médusés par canisme à l’œuvre sur Io délivrait à sulte soumet Io à des déformations une nuit de janvier 1610, eut l’idée les images envoyées par la sonde sa surface des laves à base de et à des frottements internes dont de lever une lunette vers Jupiter, Voyager 1, ne ressemble à rien de soufre liquide. Une idée que l’énergie se dissipe sous forme de tentera de s’approcher à seule- connu. On s’attendait à une multi- confortaient les vives couleurs vi- chaleur. D’où le volcanisme. ment 300 kilomètres de la surface tude de cratères : il n’y en a pas ou sibles sur le satellite, toute la pa- Une autre source possible d’Io. Pour donner peut-être les très peu. Pas de glace non plus, lette des composés soufrés. Cepen- d’énergie pourrait être le champ plus belles images jamais prises de contrairement aux trois autres sa- dant, des mesures effectuées à magnétique de Jupiter dans lequel ce satellite. Ou peut-être pour tellites galiléens. Non. Rien de ba- partir de la Terre à la fin des an- Io baigne, étant donné sa proximi- mourir. nal sur Io qui aurait plutôt dû s’ap- nées 80 prouvent que la tempéra- té avec la planète géante peler Vulcain... Car cette voisine de ture de la lave dépasse parfois les (422 000 kilomètres, soit un peu Pierre Barthélémy Jupiter est une véritable forge cé- 1100oC, ce qui est beaucoup trop plus que la distance Terre-Lune). leste, l’astre le plus volcanique du élevé pour du soufre et a réorienté Les interactions de ce satellite avec ૽ Pour plus de précisions sur les système solaire. les théories vers des laves de la magnétosphère jovienne inté- informations qu’a apportées Gali- Les taches d’Io ne révèlent donc roches en fusion telles qu’on les ressent les scientifiques qui savent leo sur les quatre grosses lunes de pas des impacts météoritiques. Ces trouve sur notre planète. aujourd’hui que Io se fait ainsi ar- Jupiter, on peut se référer à un ar- pustules sont des caldeiras, Grâce à ses volcans, dont les pa- racher des particules, qui sont ioni- ticle paru dans le numéro du 1er oc- d’autres d’immenses volcans, dont naches de fumée – qui résultent du sées et accélérées sous l’effet du tobre de la revue Science. certains témoignent d’une belle ac- contact des laves avec des neiges champ magnétique pour former tivité. Ainsi, lors du survol d’Io à de dioxyde de soufre – peuvent at- un tore autour d’elle. Une ceinture SOLEIL ET LUNE DE LA SEMAINE seulement 610 kilomètres d’alti- teindre les 300 kilomètres d’alti- de radiations dans laquelle un • vendredi 26 novembre 1999 (à Paris) • tude, qu’elle a effectué le 10 octo- tude en raison des faibles pression homme ne pourrait survivre plus bre, la sonde Galileo a-t-elle pu atmosphérique et gravité d’un sa- de quelques heures. Une zone éga- prendre des images haute résolu- tellite à peine plus gros que notre lement dangereuse pour toute tion du volcan Prométhée qui, se- Lune, Io dégage une phénoménale l’électronique embarquée à bord lon Laszlo Keszthelyi, chercheur de énergie. Celle-ci lui est probable- de Galileo. C’est pour cette raison 8 h 17 16 h 58 l’université d’Arizona associé à ce ment en grande partie apportée que la NASA a attendu la fin de la Lever Coucher programme spatial, « présente des par de fantastiques effets de marée mission de la sonde pour la faire caractéristiques remarquablement dus aux interactions avec Jupiter, Les laves qui se déversent sur Io en rajeunissent plonger dans ce nuage « toxique ». semblables à celles du volcan Ki- mais aussi avec Europe et Gany- continuellement la surface, qui ne garde pas trace Quelques incidents ont déjà émail- lauea à Hawaï, bien que Prométhée mède, avec lesquelles Io est en ré- des anciens impacts météoritiques qu’elle a connus. Le fond lé le rendez-vous du 10 octobre. soit bien plus grand ». sonance orbitale : pendant que Io de l’image est clair parce que la photographie a été prise Mais cela n’était rien. Dans les pre- 19 h 28Lever Coucher 11 h 28 Quand la NASA a découvert effectue un tour de Jupiter, Europe alors que le satellite passait devant Jupiter. mières heures du vendredi 26 no- (le 25/11)

Ł SOS Jeux de mots : MOTS CROISÉS PROBLÈME No 99277 3615 LEMONDE, tapez SOS (2,23 F/min). AFFAIRE DE LOGIQUE PROBLÈME No 147

7. Pour interrompre quand on manque d’espace. Règle sur la table. – 8. L’Europe des étoiles. L’architecte négligent Lieu de travail. – 9. Desserts glacés. UN ARCHITECTE négligent a cées. Pourtant, l’architecte remarque comprise entre 1 et 17 cm. – 10. Mis au faîte. Sans aucun inté- laissé traîner sous la pluie sa règle qu’en lisant convenablement sa Combien y a-t-il au minimum de rêt. – 11. Refus. Poète, il nous a graduée de 17 cm de long. Les trois règle entre deux graduations res- marques non effacées et où sont-elles laissé les Sosies. – 12. Met fin. premières graduations (marquées 1, tantes, entre une graduation et l’un situées ? Espaces verts. 2 et 3 cm) sont restées intactes, mais des bords ou entre les deux bords, il Intrigué par ce phénomène, notre la plupart des autres ont été effa- peut mesurer toute longueur entière architecte remarque que si pareille Philippe Dupuis mésaventure lui arrivait avec sa règle de 36 cm, 8 marques seule- SOLUTION DU No 99276 Solution du problème n0 146 pa- ment lui suffiraient à mesurer toute ru dans Le Monde du 16 novembre. longueur entière comprise entre 1 et HORIZONTALEMENT On commence par montrer que 36 cm. dans tout carré enchanté, la case Où devraient-elles être placées ? I. Effeuilleuse. – II. Maestro. centrale représente le tiers de la Vrac. – III. Pers. Riviera. – IV. Anti- somme enchanté, ce qui entraîne ici, Elisabeth Busser gènes. – V. Taie. Scout. – VI. Luxu- en utilisant la deuxième colonne, et Gilles Cohen rieuse. – VII. Mie. Il. Cri. – VIII. Es. que cette case centrale est occupée © POLE 1999 Laitue. Fe. – IX. Narine. Levée. – par 14 (la moyenne de 16 et 12) et X. Tri. Grues. Us. que la somme enchantée vaut 42. Solution du problème dans On complète encore aisément la Le Monde du 30 novembre. VERTICALEMENT deuxième ligne (troisième colonne) HORIZONTALEMENT Définition. – IX. Du poison dans les par 18. blés. On l’apprécie ronde et bien 1. Empâtement. – 2. Faena. Isar. – On appelle alors a le nombre en I. Propos discret. – II. Prépara- plate. – X. Choisies par les autres. 3. Fertile. Ri. – 4. Essieu. Li. – 5. Ut. haut à droite, et on complète la pre- tion italienne à la sauce française. Riches et confortables. Xiang. – 6. Irrégulier. – 7. Loin. – mière ligne et la troisième colonne Apprécie le chef mais le chef ne 8. Vésicule. – 9. Eviscérées. – en fonction de a. En écrivant les l’apprécie guère. – III. Juste la VERTICALEMENT 10. Ure. Oui. – 11. Sar. US. Feu. – sommes magiques, il en résulte moyenne. Le tiers de treize. Prise 12. Ecartelées. a = 11 et le carré ci-contre. en attendant. – IV. Appellation 1. Evite les bouchons dans la des- d’origine non contrôlée. Fait tom- cente. – 2. Tenue de cérémonie. ber le roi. – V. Cruautés physiques Son coup peut faire plaisir. – 3. On Avec trois cases préremplies, on et mentales. Tous nos faits et les trouve en rayons. Borde la peut toujours compléter en un carré gestes les intéressent. – VI. D’un combe. Attrapé. – 4. La plus grosse enchanté, sauf si les trois cases ap- auxiliaire. En barre ou en feuille au potager. – 5. Son rôle est plus partiennent à une même rangée selon l’usage. – VII. Métal blanc. grand chez Corneille que chez (ligne, colonne ou diagonale) et que Gros porteur infatigable. – Molière. Personnel. – 6. Saint ren- la somme enchantée n’est pas égale VIII. Attend les retours en cave. versé. Eau chaude aromatisée. – au triple de la case centrale. LeMonde Job: WMQ2311--0031-0 WAS LMQ2311-31 Op.: XX Rev.: 22-11-99 T.: 10:05 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 10Fap: 100 No: 0439 Lcp: 700 CMYK

31 CULTURE LE MONDE / MARDI 23 NOVEMBRE 1999

VENTES La maison de ventes ment... placés sous le signe du gigan- plein cœur de Manhattan. L’atmo- tie’s fait débuter cette période avec boom du marché de l’art contempo- américaine Sotheby’s a agrandi son tisme et de la modernité. b CHRIS- sphère y est plus intime. b CONTRAI- les années 70. b VINGT-SIX RECORDS rain. b ŒUVRE emblématique des immeuble new-yorkais, et va dispo- TIE’S, sa concurrente britannique, REMENT à la maison américaine, qui mondiaux ont été établis en trois années 80, « Pink Panter », de Jeff ser de 40 000 mètres carrés de salles s’est quant à elle installée depuis six inclut dans les ventes d’art contem- jours de ventes, du 16 au 18 no- Koons, a atteint le prix record de des ventes, d’exposition, de range- mois sur la Rockefeller Plaza, en porain des artistes historiques, Chris- vembre, témoignant d’un nouveau 1 817 500 dollars. Voyage à New York chez les deux colosses du marché de l’art Les maisons de ventes Sotheby’s (américaine) et Christie’s (britannique) ont agrandi leurs installations et s’affrontent à Manhattan avec deux philosophies différentes NEW YORK faisait que quatre petits étages, en d’artistes contemporains. J’espère de notre envoyé spécial tout, environ 16 000 malheureux faire mieux cette fois. » Politiques et fonctionnaires, qui mètres carrés. Pari gagné : dix-huit artistes ont discutent à Bruxelles de l’unifica- Après avoir bataillé un temps vu leur cote exploser dans la vente tion du marché de l’art européen, contre Christie’s pour des locaux prestigieuse du 16 novembre, seraient bien inspirés de faire un plus spacieux, dans un des rez-de- quatre autres dans celle, plus sage, tour à New York, durant l’une des chaussée du Rockefeller Center, du lendemain. Et pas les mêmes sessions de ventes aux enchères, Sotheby’s a préféré rester dans son qu’à la session de printemps : par- au printemps ou à l’automne. S’ils sweet home, en l’agrandissant un mi les recordmen, seul Jeff Koons, y font un achat, ils auront la joie de peu : le bâtiment a été surélevé, en passe de devenir le nouveau hé- régler aux douanes, en rentrant, la non sans soucis techniques, jus- ros de l’Amérique, après Andy taxe à l’importation de 5 % qu’ils qu’à atteindre dix étages. Il est tou- Warhol, est commun au deux jugent nécessaire d’imposer à leurs jours en travaux, mais fonctionne ventes. Même les petits Français se concitoyens, amateurs d’art, qui déjà, pour l’essentiel. A terme, sont bien comportés : Bustamante n’ont pas les moyens d’entretenir l’ensemble de la surface avoisinera a sextuplé une estimation il est vrai une résidence secondaire aux les 40 000 mètres carrés. Pour mé- beaucoup trop basse, Sophie Calle Etats-Unis ou en Suisse. Surtout, moire, la surface du Centre ou Annette Messager ont triplé la ils y constateront – hormis les re- Georges-Pompidou tourne autour leur. C’est que la définition du cords, dont sont toujours friands de 70 000 mètres carrés... contemporain n’est pas la même, les gazetiers – les investissements chez Sotheby’s ou chez Christie’s. colossaux qu’ont réalisés cette an- LIFTIERS SOURIANTS Pour les premiers, elle inclut les ar- née Sotheby’s et Christie’s dans Au dixième et dernier étage, l’ar- tistes historiques, dont les œuvres leurs locaux de Manhattan. chitecte Richard Gluckman, qui a atteignent des sommes colossales, À Paris, les deux maisons de travaillé pour le Whitney Museum, comme Marcel Duchamp ou Mark ventes anglo-saxonnes ont certes le Musée Andy-Warhol à Pittsburg Rothko. consenti des efforts financiers ou le Philadelphia Museum of Art, Les artistes plus jeunes ou plus considérables pour installer leurs a dessiné des salles d’exposition exotiques, comme les Français, sièges sociaux, respectivement à éclairées par la lumière du jour : passent inaperçus dans cette défer- l’emplacement de l’ancienne et 2 200 mètres carrés, de plain-pied. lante de millions de dollars. Chris- mythique galerie Charpentier, A comparer avec celles de la Fon- tie’s range ses grosses pièces du 76, rue du Faubourg-Saint-Hono- dation Cartier, à Paris, qui n’en XXe siècle dans la catégorie art mo- ré, et dans l’immeuble occupé an- font que 1 200, sur deux niveaux. derne, et fait débuter le contempo-

ciennement par la galerie Artcurial, C’est également à la Fondation D. R. rain avec les années 70, ce qui au 9, avenue Matignon, dans le Cartier que fait, de loin, penser « Pink Panther », céramique réalisée en 1988 par Jeff Koons, a été adjugée 1 817 500 dollars, donne une visibilité plus grande 8e arrondissement (Le Monde du l’immeuble de Sotheby’s : là aussi, record mondial pour une œuvre de l’artiste américain. aux artistes actuels. Cela séduit 6 janvier 1998). Elles attendent que la façade joue de la transparence également les yuppies, la jeunesse la loi leur permettant de réaliser du verre. Les concepteurs du bâti- A l’intérieur, des escaliers rou- 5e Avenue, mais aussi très proche by’s, due à l’intervention de l’archi- dorée enrichie par la Bourse, qui des ventes en France soit enfin vo- ment, l’agence Kohn Pederson Fox lants desserviront tous les étages. des délires lumineux et touris- tecte d’intérieur française Rena préfèrent aux vieilles lunes des tée. Pendant ce temps, elles ex- Associates, ont été moins radicaux Pour l’heure, des ascenseurs ma- tiques de Broadway. Plus de Dumas, à l’exception des réserves gens de leur âge. « Avant la vente, portent l’art : Sotheby’s a sorti de que Jean Nouvel, mais leur façade nœuvrés par des liftiers souriants 60 mètres de façade, une entrée du sous-sol, énormes, où les objets dit Philippe Ségalot, nous avons or- France, en 1999, pour environ révèle un atrium qui ouvre sur et stylés conduisent les visiteurs spectaculaire, dominée par un gi- sont rangés impeccablement, par ganisé une “Pink Party”, en l’hon- 900 millions de francs (137,2 mil- toute la hauteur de l’immeuble, un vers le département de leur choix : gantesque wall drawing de Sol Le- catégories. Une grande salle d’ex- neur de La Panthère rose de Jeff lions d’euros) d’œuvres. Christie’s véritable puits de lumière et un sa- art primitif, art asiatique ? 5e étage. witt, inhabituellement brillant et position très claire, sur la rue, et Koons. L’artiste est venu, Nan Gol- ne communique pas de chiffres, crifice de surface utile qui, au prix Maîtres anciens ? 6e. Au 7e, la prin- ondulant de la part d’un artiste qui d’autres plus petites, pour accro- din aussi, et il y a eu en tout mille mais le montant de ses exporta- du mètre carré à New York, tient cipale salle de vente. Elle peut a plutôt coutume de préférer les cher des œuvres sur papier. Là, à quatre cents personnes qui ont fait tions doit être équivalent. du potlatch. contenir 1 500 personnes assises. tons mats et les lignes droites. trois ou quatre jours de la vente une telle fête que nous avons dû pla- Tout cela se retrouve, pour l’es- Ce sont eux aussi qui ont imagi- Avec, à mi-hauteur des murs, une d’art contemporain, Philippe Séga- cer deux gardes du corps pour proté- sentiel, exposé et vendu outre- né les élévateurs très spéciaux qui série de loges vitrées : elles sont ré- PARI GAGNÉ lot, qui dirige le département, s’en ger la sculpture... Mémorable. Le Atlantique, dans des buildings desservent les salles d’exposition : servées aux gros collectionneurs A l’intérieur, des surfaces plus donne à cœur joie : « J’imagine même soir, Sotheby’s organisait une conçus à la dimension de l’Amé- partant du principe que toute ma- qui, dans le confort et l’anonymat, raisonnables que chez Sotheby’s : d’abord l’exposition idéale. Après conférence sur Marcel Duchamp... rique. Comme le dit un haut res- nipulation excessive d’œuvre peuvent enchérir au téléphone. In- 31 500 mètres carrés seulement... seulement, je me mets en quête des Chacun son truc ! » ponsable de Sotheby’s, « comparer comporte des dangers et fait visibles de la salle, ils peuvent voir Mais les bureaux sont dans des im- œuvres. Pour cette vente de no- Petite vacherie qui montre que notre siège de Paris à celui de New perdre du temps, la camionnette leurs concurrents au parterre. Un meubles adjacents et la maison vembre, la plus importante de l’an- les buildings ne sont pas la seule York, c’est comparer une orange à de transport entre au parking du avantage non négligeable. conserve deux autres adresses, née, j’essaie de ne prendre que le différence entre Paris et New une pomme ». Une très grosse rez-de-chaussée, s’engouffre dans Le même système existe chez dont une entièrement dévolue aux meilleur. Il m’est même arrivé de re- York : la concurrence entre les pomme. Situé non loin des quar- l’ascenseur, qui grimpe le véhicule Christie’s, qui a depuis six mois pi- ventes privées, que dirige la Suis- fuser d’y inclure des œuvres que l’on deux maisons est aussi nettement tiers chics de l’Upper East Side, au jusqu’au dixième étage. Là, le gnon sur la Rockefeller Plaza, une sesse Dominique Lévy (Le Monde me proposait, mais que je ne trou- moins policée sur l’île de Manhat- 1334 York Avenue, pas très loin du chauffeur redémarre, et va déchar- des plus prestigieuses adresses de du 3 mars 1999). vais pas au niveau. Avec un tel sys- tan. Guggenheim et du Whitney Mu- ger ses caisses au plus près de la ci- Manhattan, à deux pas du MOMA On y ressent aussi une atmo- tème, en mai, nous avons battu seum, l’immeuble de Sotheby’s ne maise : c’est ça, l’Amérique... et des boutiques de luxe de la sphère plus intime que chez Sothe- douze records mondiaux sur les prix Harry Bellet 26 records mondiaux en trois jours Boom sur l’art très contemporain Chez Sotheby’s : 1,8 million $ (1,6 million ¤, b Mark Rothko (1903-1970), No 15, 10,9 millions F). DURANT la semaine du 8 au 12 novembre, à veaux jeunes acheteurs. Tobias Meyer, trente- conseillers de gros collectionneurs, comme le 1952 : 11 millions de dollars b Chuck Close (1940), Cindy II, New York, les collectionneurs ont dépensé plus six ans, qui tenait le marteau chez Sotheby’s, a Suisse Simon de Pury, qui a aussi beaucoup dé- (10,16 millions ¤, 66,6 millions F). 1988 : 1,2 million $ (1,1 million ¤, de 463 millions de dollars (427,5 millions d’eu- reconnu des enchérisseurs de son âge. Philippe pensé ; il y a enfin les particuliers, qui tiennent b Alexander Calder (1898-1976), 7,2 millions F). ros, 2,8 milliards de francs), en quatre soirées Ségalot, de Christie’s, confirme : « Sur certaines généralement à l’anonymat, à l’exception no- Brazilian Fish, 1947 : 3,9 millions de b Martin Kippenberger d’enchères pour des œuvres impressionnistes pièces, nous avions dix enchérisseurs, dont la table du Grec Dimitri Daskalopoulos, nouveau dollars (3,6 millions ¤, (1953-1997), Sans titre, 1988 : et modernes. Soit, grosso modo, le produit an- moitié avaient moins de quarante ans. Au-dessus propriétaire de la célèbre Fountain, l’urinoir de 23,6 millions F). 717 500 $ (662 000 ¤, nuel des ventes aux enchères françaises. Si les de un million de dollars, ils n’étaient plus que Marcel Duchamp, et qui était fier de posséder b Sam Francis (1923-1994), 4,3 millions F). ventes d’art contemporain, du 16 au 18 no- cinq... » Cette inconscience de la jeunesse une icône de l’art moderne. L’autre icône, des Towards Disappearance I, 1958 : b Carl Andre (1935), vembre, ont un produit moins spectaculaire choque certains marchands qui, déjà, ne années 80 cette fois, c’est la sculpture de Jeff 3,4 millions $ (3,14 millions ¤, Lead-Magnesium Plain, 1969 : – 74,5 millions de dollars tout de même peuvent plus suivre. Pour le galeriste de Man- Koons, elle aussi en céramique... 20,6 millions F). 354 500 $ (326 850 ¤, (68,7 millions d’euros, 451,2 millions de hattan Edward Nahem, cité par le New York Les prix atteints par ces deux œuvres, res- b Marcel Duchamp (1887-1968), 2,1 millions F). francs) –, elles témoignent d’un nouveau boom Times, « C’est le début d’un marché malsain. Il y pectivement 10,6 millions et 10,9 millions de Fountain, édition Schwartz, 1964 : b Damien Hirst (1965), My Way, du marché de l’art. a tout simplement trop d’argent dans le circuit. » francs, témoignent aussi d’un autre phéno- 1,7 million $ (1,6 million ¤, 1990 : 354 500 $ (326 850 ¤, Mais il serait trop simple de parler de spé- Mais pour Philippe Ségalot, il s’agit juste d’un mène, également perceptible dans le marché 10,6 millions F). 2,1 millions F). culation. Celle des années 80 avait un mode de rééquilibrage : « En décidant que la frontière de des photographies : l’unicité de l’œuvre n’est b Eric Fischl (1948), Time for Bed, b Thomas Struth (1954), Musée du fonctionnement bien déterminé : des collec- l’art contemporain serait déterminée par l’appa- plus un critère : le Duchamp est édité à huit 1981 : 783 500 $ (723 000 ¤, Louvre 4, édition de 10, 1990 : tionneurs achetaient en galerie des œuvres rition de l’art minimal, nous avons créé, structuré exemplaires, le Koons à quatre. Mieux, il est 4,7 millions F). 178 500 $ (164 350 ¤, 1,07 million F). qu’ils revendaient presque aussitôt aux en- un nouveau marché. Des artistes importants qui plus facile encore de les vendre, comme le pré- b Vija Celmins (1938), Big Sea #2, Records également chez Sotheby’s chères. Les galeries faisaient financer leurs n’avaient pas d’œuvres majeures en vente pu- cise Philippe Ségalot : « Deux des Koons sont 1969 : 398 500 $ (368 000 ¤, pour Joseph Kosuth, et chez achats par les banques, qui prêtaient sans rete- blique jusqu’à maintenant trouvent la reconnais- dans des musées, à Chicago et à New York, et le 2,4 millions F). Christie’s pour Andreas Gursky, nue. Et elles vendaient à leur tour aux en- sance des acheteurs. » troisième dans une collection privée en Alle- b Julian Schnabel (1951), Maria Mike Kelley, Richard Prince, chères, alimentant ainsi une spirale infernale magne, dont on sait qu’il ne sortira pas. C’était Callas, n° 4, 1982 : 321 500 $, Gertrudis Goldschmidt Gego, brisée net, en 1990. UNE ICÔNE DE L’ART MODERNE la dernière chance d’acquérir une Pink Pan- (296 000 ¤, 1,9 million F). Rosemarie Trockel, Janine Antoni, La situation a changé. Les banques sont Le public en question est de trois sortes : il y ther.»Ils étaient cinq enchérisseurs à se battre Chez Christie’s : Marina Abramovic, Andres échaudées, et l’argent vient d’ailleurs. D’au- a d’abord les marchands, principalement euro- pour elle. b Jeff Koons (1955), Pink Panther, Serrano, Nan Goldin, Luc Tuymans, cuns regardent vers la Colombie. Il y a plus péens, comme le Londonien Anthony D’Offay edition San Marco, 1988 : Andrea Zittel, et Jack Leirner. près, du côté de Wall Street, vivier de nou- qui a acheté à tour de bras ; il y a ensuite les Ha. B. LeMonde Job: WMQ2311--0032-0 WAS LMQ2311-32 Op.: XX Rev.: 22-11-99 T.: 09:58 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 10Fap: 100 No: 0440 Lcp: 700 CMYK

32 / LE MONDE / MARDI 23 NOVEMBRE 1999 CULTURE

DÉPÊCHES a MUSIQUE : Christian Thiele- Succès de la troisième édition mann, directeur musical du Deutsche Oper de Berlin, a an- noncé, vendredi 19 novembre, qu’il ne demanderait pas la pro- du Salon Paris Photo longation de son contrat au-delà de 2001. Christian Thielemann a accusé le directeur désigné de l’opéra, Udo Zimmermann, qui Il a confirmé l’actuel engouement des collectionneurs prendra ses fonctions en 2001, de ne le considérer que comme «un À ÉCOUTER la grande majorité épreuves anciennes associées à des content » après avoir vendu des chef d’orchestre titulaire bien des 80 galeristes présents au Salon pièces de l’entre-deux-guerres, voire pièces de Burkhard, Wegman ou faible » qui n’aurait pas son mot à Paris Photo, qui a eu lieu au Carrou- d’aujourd’hui. Tosani. dire sur les choix artistiques. Udo sel du Louvre du 18 au 21 novembre, Le marché et les collectionneurs Les prix les plus chers accompa- Zimmermann a indiqué qu’il était la 3e édition de cette foire est un sont en effet en train de faire tom- gnaient une accumulation sans égal satisfait de cette démission et a grand succès. Ce rendez-vous inter- ber les clivages entre les genres et de chefs-d’œuvre des années 20 précisé qu’il tenterait de trouver national semble désormais bien ins- les époques. De la même façon, le et 30 à la galerie zurichoise Zur un successeur au directeur musical tallé et intervenait dans une profond mépris que se renvoyaient Stockeregg : un portrait de Tina à la fin de l’année. L’Américain conjoncture économique très favo- les tenants de la photo pure et les Modotti par Edward Weston à Kent Nagano serait pressenti. rable. Il a prolongé l’engouement in- artistes utilisant la photographie 450 000 dollars (2,83 millions de Seule scène lyrique de l’ex-Berlin- dédit dont bénéficie la photogra- semble caduc. francs ; 431 000 ¤) et une étude de Ouest, le Deutsche Oper s’est re- phie, manifeste dans quelques Kertész à 350 000 dollars (2,2 mil- trouvé après la chute du mur en ventes aux enchères récentes « GROS CHÈQUES » lions de francs ; 335 000 ¤). La gale- concurrence directe avec les deux (Le Monde du 19 novembre). Reste qu’une foire est d’abord dé- rie, qui fêtait ses vingt ans, a au opéras de l’ex-Berlin-Est, le Staats- Bien que le prix d’entrée soit finie par l’argent qu’elle génère. moins vendu sept photos pour oper et l’Opéra-Comique. conséquent (70 F ; 10,67 ¤), Même en tenant compte de l’inévi- 210 000 dollars (1,32 million de a PATRIMOINE : cent vingt bas- 37 000 personnes, contre 30 000 en table part d’intox, il est clair que francs ; 201 000 ¤), dont un Outer- reliefs arrachés aux temples 1998, ont vu le plus important ras- cette édition est, de loin, la plus per- bridge à 80 000 dollars (540 000 F ; d’Angkor et saisis en Thaïlande semblement de photographies de formante. Presque partout on dit 82 300 ¤). viennent d’être restitués aux auto- l’année – autour de 2 500, de tous avoir « bien vendu », voire « très L’explosion du marché a un effet rités cambodgiennes. Depuis 1993, genres, époques, formats, prix – bien vendu ». « Il y a eu de gros direct : une forte demande pour les autorités thaïlandaises ont saisi avec en prime de modestes exposi- chèques dès le premier soir », affirme l’icône des années 20 à 60. Pour cent vingt-quatre pièces khmères tions centrées cette année sur la Rik Gadella. Beaucoup constatent l’image connue, facilement lisible, chez des contrebandiers ou des

mode. Le public serait bien plus aussi que les prix enflent. « Ça me rassurante, efficace et spectaculaire, D. R. antiquaires. connaisseur, disent les galeries. Il a fait peur, ça va trop vite », commente et, si possible, réalisée par un auteur Le portrait de Tina Modotti, « Head of an Italian Girl » a VENTES : Naïade, un plâtre ainsi pu se faire son opinon sur deux Baudoin Lebon, qui affiche célèbre. « Le public est un peu perdu (1921), d’Edward Weston, présenté par la Galerie Zur original réalisé par Constantin tirages d’une même image de Car- 600 000 F (91 470 ¤) de chiffre d’af- avec ces prix qui voltigent, et il est in- Stockeregg, était la plus grosse cote du Salon. Brancusi, a été adjugé à 3 millions tier-Bresson, un autoportrait où on faires, dont un rare portrait de cité à se replier sur des noms », de francs (460 000 euros), vendredi distingue surtout son pied (1933) : le femme signé Aguado à 250 000 F confirme Agathe Gaillard. Deux les choses, auréolant ce salon d’un Mais sans doute aussi les quelques 19 novembre, à Drouot. Il s’agit de premier est de l’époque de la prise (38 110 ¤). Alain et Françoise Paviot photos incarnent ce phénomène. côté showbiz : le stand prétentieux galeries contemporaines qui la réplique en plâtre d’une tête de de vue et il était proposé 176 000 F ont vendu un Brassaï, également à Etude de mouvement (1925) de Ru- de Karl Lagerfeld, les one man shows montrent des images plus difficiles à femme en pierre, également de (26 830 ¤) dans une galerie améri- 250 000 F. Arnaud Delas, de la gale- dolf Koppitz, était la seule image à désastreux de David LaChapelle ou prix modestes et sans noms célèbres Brancusi, qui appartenait à Guil- caine ; le second, récent et signé, rie Hypnos, dit avoir vendu « une se retrouver sur trois stands. Très de Bruce Weber. Autre succès acca- ont été les victimes, à Paris Photo, laume Apollinaire. Cette réplique était à 19 000 F (2 900 ¤) chez vingtaine d’images », dont un pano- souvent reproduite, elle a été ven- blant, celui d’Olaf à la galerie néer- de cette évolution du marché. avait été réalisée à la demande de Agathe Gaillard. rama du camp de Châlons, de Le due 485 000 F (73 900 ¤) par la gale- landaise Flatland : 16 photos ven- Serge Plantureux a le mieux réussi la veuve du poète qui voulait une Paris Photo est aussi en passe Gray, à 150 000 F (22 870 ¤). «Le rie autrichienne Johannes Faber dues entre 21 000 F (3 200 ¤) et à montrer un grand artiste – Raoul œuvre lui rappelant cette statue d’obtenir une stature internationale succès de la vente Jammes a eu un ef- avant même le vernissage. La Dolce 37 000 F (5 640 ¤) de femmes d’âge Hausmann – sans tomber dans la pour sa maison de campagne. Au avec la venue d’amateurs et collec- fet indéniable », explique Arnaud Vita (1953), une photo anecdotique plus que respectable, aux prénoms fétichisation. Cela tient à la délicate cours de la même vente, conduite tionneurs étrangers. « J’ai déjà Delas. de Thurston Hopkins qui représente de top model – Claudia, Karen, publication qui accompagne l’accro- par l’étude Couturier-Nicolay, une 20 demandes supplémentaires pour Dans le contemporain, la satisfac- un chauffeur de voiture avec un ca- Christy – posant en tenue sexy ou chage. Mais aussi au parti pris de ne huile peinte par Guillaume 2000, explique Rik Gadella, directeur tion est également de mise. Surtout niche à ses côtés, est la plus vendue nues. C’est assez insupportable et pas accumuler les chefs-d’œuvre, de Apollinaire, Femme nue sur un so- du salon, qui a retenu l’autoportrait chez ceux qui ont de grosses signa- du salon : douze fois à 3 000 F racoleur. cerner le regard d’Hausmann, fra- fa, a été adjugée 240 000 francs comme thème pour cette prochaine tures au catalogue. La galerie Art et (457 ¤). Le retour en force du modèle pic- gile et puissant, autour du portrait (3 658,84 euros). édition. Il faudra faire des choix, Public aurait vendu « 4 ou 5 photos L’icône trouve un prolongement tural, aux couleurs décoratives et lé- et de l’érotisme. Un accrochage a ARTS : Samuel Keller, l’assis- d’autant que je veux au moins une de Cindy Sherman à 80 000 dollars contestable dans les choix contem- chées, atteint son paroxysme avec pour dire que les images, avant tant de Lorenzo Rudolf, qui a quit- galerie de plus pour le XIXe siècle.» pièce ». Michel Durand-Dessert, qui porains, sous la forme généralisée les Voyages imaginaires et acadé- d’être à la vente, sont d’abord desti- té la direction de la Foire d’art de Hypnos était la seule galerie de Paris avait fortement grogné l’an dernier de grands formats Cibachrome, miques, de Didier Massard, à la ga- nées à l’œil. Bâle pour celle de la Foire du livre Photo dévolue au XIXe . Mais on re- – la photo contemporaine n’avait tape-à-l’œil et assez vulgaires. Le lerie Julie Saul. Sans doute le public de Francfort, vient d’être nommé trouvait sur plusieurs stands des pas trouvé son public – se dit « très thème de la mode n’a pas arrangé se rassure-t-il dans ce côté fine art. Michel Guerrin en remplacement de ce dernier. La pop française des Innocents dans son jardin anglais CONCERTS Rencontre avec les deux leaders du groupe à l’occasion de la sortie de leur quatrième disque SALLE GAVEAU À LEURS débuts phonogra- gine des chansons que j’ai du mal à Tél. réserv. : 01-49-53-05-07 phiques, en 1989, les Innocents réaliser. Jean-Chri est plus proche 30 novembre 1999 – 20 h 30 cumulaient assez de handicaps de son outil, la guitare, le piano. Je Gary pour se faire étriller par une cri- n’ai pas ses facultés techniques pour HOFFMAN tique toujours sévère lorsque des aboutir, je lance des pistes, des violoncelle « froggies » ont l’audace d’entrer idées. » Philippe dans ce pré carré britannique Curieuse association entre un BIANCONI qu’est la pop : un nom creux, fan de pop, convaincu par les An- piano Prokofiev-Chostakovitch souvent confondu avec un autre glais de Prefab Sprout et les Aus- groupe de rock (les Infidèles) traliens de Crowded House de se Salle Chopin-Pleyel quand ce n’était pas avec des hu- lancer dans ce métier, « un déni- Samedi 4 décembre - 20 heures moristes (les Inconnus), deux me- cheur de raretés anglo-saxonnes, Récital du guitariste neurs portant des diminutifs de qui a passé sa jeunesse à traquer moniteurs de colonie de vacances des imports » et un musicien ou- MARCO TAMAYO (« Jipé », au béret et lunettes vert à toutes les influences, qui 3 Grands Prix internationaux 1999 rondes, et « Jean-Chri »), une écoute les nouveautés « de loin, à Espagne, Autriche, Italie image sans piment. Les « Z’In- la radio », mais passe six mois à se Scarlatti, Guiliani, Paganini, nos » ? Un groupe sans histoires. plonger dans les musiques tahi- Turini, Brouwer, Ginastera Loc : 0-825-000-252 A partir de Fous à lier, deuxième tiennes pour « comprendre ». Valmalete album paru en 1992, il fallut se ran- ger à cette étrange évidence : avec l’Affaire Louis Trio, les Innocents Curieuse association étaient bien, comme l’annonce crâ- nement la promotion de leur nou- entre un fan de pop vel opus, « le meilleur groupe pop de ce côté de la Manche ». Celui qui et un musicien souffre sans peine la comparaison avec ses voisins d’Albion, se siffle ouvert à toutes sous la douche et donne envie de

prendre la tangente vers les ERIC MULET les influences, champs. Réduits à trois après le départ de leur bassiste, les Innocents C’est précisément à la campagne, sont désormais cinq. Le « meilleur groupe pop de ce côté de la qui écoute près de Beauvais, que Jean-Chris- Manche » est allé enregistrer son nouvel album à Bath. tophe Urbain trouve une inspira- les nouveautés tion mélodique terrienne que l’on Réduits à trois après le départ de ou Lennon et fêlures. Cette asso- rapprochera de celle de Paul leur bassiste, Rico, les Innocents ciation de treize ans fait encore « de loin, à la radio » McCartney. Son compère, Jipé Na- sont désormais cinq avec l’introni- écho à un autre tandem, modèle taf, Parisien du Nord, reste à sation de deux musiciens de tour- avoué par les deux Innocents en l’écoute des rumeurs de la cité, fier nées, Christopher Board (claviers) chef. « Quand j’étais gamin, j’ai- Ce mariage des contraires peut- quand, dans son quartier, des rap- et Bernard Viguié (basse), qui mais bien Souchon et Voulzy, cette il durer ? « Il y a des choses qu’on peurs chantent le refrain d’Un s’ajoutent au batteur britannique idée du duo qu’ils représentaient », ne montre pas aux autres et donc monde parfait lorsqu’ils le croisent. Michael Rushton. Cet élargissement reconnaît Urbain. On trouvera une une énorme part de frustration Pour donner un successeur à Post- menace-t-il le leadership des deux d’ailleurs sur le disque des clins pour le compositeur, regrette Jean- partum (1995), album dont ce tube autres, responsables du chant, des d’œil au goût de Souchon pour les Christophe Urbain. Mais je ne suis était extrait, les Innocents ont tra- guitares et des compositions ? titres en nom propre (Somerset pas sûr que j’y arriverais sans le versé le Channel. « Nous avons le pouvoir du binôme, Maugham, Arlette Laguillier): Dan- groupe. Depuis deux albums, on fait A Bath, dans le cadre bucolique Michael a le bénéfice de l’ancienneté. ny Wilde associe un amour (ou vraiment ce qu’on veut. Je ne pense des studios RealWorld de Peter Ga- Les autres interviennent de façon dis- ami ?) perdu à l’inoubliable géné- pas qu’on gagnera en liberté. La briel, ils sont arrivés avec des bribes crète, mais on sollicite leur avis », af- rique d’Amicalement vôtre et Susan seule raison qui nous pousserait à de mélodies, des paroles en firme Jipé Nataf, lors d’une ren- Sarandon est une réponse directe arrêter serait la fatigue, l’usure du construction, ont privilégié le son contre entre deux répétitions dans de Jipé Nataf au désarroi de Foule groupe. Et puis, plus cyniquement, il live et la prise directe. Même s’ils un studio parisien. « Nous sommes sentimentale : « J’ai jamais été y a l’alimentaire. On possède main- s’en défendent en évoquant une un groupe live à cinq... avec deux Claudia Schiffer. On peut en fait tenant une petite entreprise. » Il « influence d’enfance et donc in- compositeurs », précise Jean-Chris- choisir les célébrités qu’on aime. faut souhaiter la pérennité de consciente », l’objet rappelle dans tophe Urbain. C’est une chanson sur la résistance cette bonne enseigne : depuis les son esprit un autre album sans titre, Autre nouveauté, l’affirmation culturelle. » Innocents, on peut écouter de la The Beatles (comparer, par exemple, de la voix de Jean-Christophe Ur- La complémentarité entre les pop en langue française sans se le pont de Tu sais lire et celui de Mo- bain qui, désormais, chante l’en- deux hommes semble parfois re- couvrir la tête de cendres. ther Nature’s Son) : même volonté semble de ses compositions. Deux poser sur un complexe, celui de Ji- de ne pas lisser la production que sensibilités se distinguent désor- pé Nataf : « Je peux passer une se- Bruno Lesprit sur le célèbre double blanc, même mais clairement, que l’on choisira maine sans toucher une guitare. Je tentation de l’inachevé, même refus selon que l’on est plus porté vers chantonne dans la rue. Je me sens ૽ Les Innocents, 1 CD Virgin de chasser les accidents sonores. une veine McCartney et douceur plus chanteur que musicien. J’ima- 7243 8484902 3. LeMonde Job: WMQ2311--0033-0 WAS LMQ2311-33 Op.: XX Rev.: 22-11-99 T.: 08:51 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 10Fap: 100 No: 0441 Lcp: 700 CMYK

CULTURE LE MONDE / MARDI 23 NOVEMBRE 1999 / 33

SORTIR

A la Cartoucherie de Vincennes, Jorge Lavelli Sheppard, remarqué chez George PARIS Russell, soliste majeur avec Gary Compagnie O Vertigo Valente et Lew Soloff du big band Absente des scènes parisiennes de la dame. Du gospel à la met en scène une pièce inédite de Copi depuis 1991, la chorégraphe ballade, ce trio inventif aime Ginette Laurin, pionnière de la explorer tous les styles du jazz. danse contemporaine québécoise, New Morning, 7-9, rue des Une traversée en cariole de l’Amérique latine est de retour en Ile-de-France Petites-Ecuries, Paris-10e. avec En dedans, pièce créée en Mo Château-d’Eau. Le 23, Ecrite en espagnol, L’Ombre de Venceslao date leurs pièces de l’auteur sud-américain, où l’on la mise en scène de Jorge Lavelli mettent en va- 1998 pour neuf danseurs. Sa 21 heures. Tél. : 01-45-23-51-41. A de 1977, un an après le coup d’Etat militaire du retrouve l’humour, la grâce et la noirceur qui leur l’originalité de cette œuvre de son ami, au- formation de gymnaste alliée à Bourg-la-Reine, le 26, 20 h 45. Tél. : général Videla en Argentine. C’est une des meil- sont la marque de son univers. L’adaptation et jourd’hui disparu. une puissante énergie ont 01-46-61-36-67. 120 F. contribué à bâtir une danse Eggstone, Etienne Charry de sa sédition, l’inattendu de ses turel, un rudimentaire – accompa- d’action qui transfigure le théâtre, ancrée dans le dépassement Une soirée placée sous le signe L’OMBRE DE VENCESLAO, de embardées, l’enfer et le ciel de son gnements comme instinctifs d’une accompagne Copi comme s’il physique. Au fil du temps, Ginette chic et pop du label Tricatel de Copi. Traduction et mise en « théâtre du cœur », son sourire si stricte pénurie – à toute une ma- l’embrassait au-delà de la grande Laurin a délaissé la performance Bertrand Burgalat, qui, avant le scène de Jorge Lavelli. Avec Ma- aussi, a gravé cette fois-ci, d’une nifestation de délicatesses, d’élé- absence. Et lorsque l’on aime Co- pour tenter de percer les mystères très attendu album de Michel ryline Even, Joan Titus, Miloud pointe plus frugale, plus candide, gances de cœur, de présences d’es- pi, c’est émouvant. de l’intériorité. Sur des musiques Houellebecq, propose en concert Khétib, Jorge Rodriguez, Domi- son grand retable du monde. prit, de sautes d’humour pour Pourquoi se priver d’observer d’Arvo Pärt, Gavin Bryars, Peter deux produits de son écurie. nique Pinon... Né en Uruguay, puis passé en chasser les coups de noir, de gestes deux choses. Le tango, en Argen- Appleton, En dedans témoigne de Eggstone, auteurs du bien THÉÂTRE DE LA TEMPÊTE, Car- Argentine, comme Copi, le chef de et mots de rien qui aident à enjam- tine, c’est beaucoup plus que le cette descente vibrante au fond nommé Ça chauffe en Suède, qui toucherie de Vincennes, route famille de la pièce, ce Venceslao, ber des gouffres. Pas surprenant : tango, c’est toute une mémoire, de soi. prouve la verve mélodique et du Champ-de-Manœuvre, 12e . qui va se pendre au dernier acte, toute une hantise de Copi est là. tout un monde. Et c’est passion- Théâtre, place Jacques-Brel, l’intelligence de la scène Tél. : 01-43-28-36-36. Mo Château est, dans une campagne sèche, nant à contempler, lorsque c’est 78500 Sartrouville. Le 23, scandinave. Etienne Charry, de Vincennes, puis navette. Mar- vide, un traîne-misère au pas ra- LE TANGO, CETTE MÉMOIRE accompli avec autant d’art que sur 21 heures. Tél. : 01-30-86-77-77. ancien leader de Oui Oui, di, mercredi, vendredi, samedi, à pide, à l’humeur brusque. Une Pièce de lui, différente aussi en ces planches de Lavelli. Mais les 135 F. fondateur d’une pop faussement 20 h 30 . Jeudi, à 19 h 30. Di- compagne, des enfants, un cheval ce qu’elle est sans coups de soleil, performances de tango sont là si Nina Morato naïve, qui sur son album solo, manche, à 16 heures. Jusqu’au qui ne tient pas debout, une car- sans accents vifs. Les figures sont nombreuses, si virtuoses, qu’elles Révélation féminine aux Victoires 36 erreurs, jongle avec ses 23 décembre. 1 h 50 (sans en- riole, c’est la vie réduite à ses plus juste profilées, les entreprises dé- décalent un peu l’œuvre de Copi, de la musique en 1994, Nina obsessions d’hier et l’électronique tracte). minces hasards, mais la vie quand composées ; nous sommes, non peut-être. D’autre part, l’un des Morato, ce sont des désarrois, des d’aujourd’hui. même, en lancée, comme le jour, pas dans la chose, mais tout au rôles essentiels de la pièce est un dissonances, des flottements, des La Maroquinerie, 23, rue Boyer, Copi avait écrit L’Ombre de Ven- chaque jour, remorque la nuit. Il y moins dans l’esprit des premiers perroquet, qui a très souvent son lézardes, de grandes brassées Paris-20e . Mo Gambetta. ceslao en 1977, un an après la prise a ici une telle précarité que les films muets. Les scènes filent à la mot à dire, et dont les interven- d’amour aussi et des flèches de Tél. : 01-40-33-30-60. du pouvoir par la junte de Videla. actes naturels, se verser un seau va-vite. Quelque chose de crucial tions, cinglantes, atroces, lumière. Nina Morato, c’est une Le 23, 20 heures. 80 F. Il l’avait écrite en espagnol. Une d’eau pour se doucher, ou défé- manque, dans le sang, sous les comiques, stimulent et étayent écriture passionnée et pudique à Soirée Polysons : chose de lui qui restait, à ce jour, quer, ou sexuellement s’accoupler, pieds, sur le chemin devant soi, l’action. Pour démarquer le re- la fois. Parolière inspirée, elle folklore moderne inédite. C’est l’une de ses plus ou tirer tant bien que mal la tête alors l’action n’a pas lieu, pour de gistre de la voix éraillée des perro- s’essaie aussi à la composition Composé de Serge Adam belles pièces, d’un tissu un peu dif- ou les pieds de l’enfant qui va vrai, même si l’on tue ou meurt. quets, l’acteur Rosario Audras dé- avec un certain savoir-faire dans (trompette), François Merville férent, et Jorge Lavelli, parce qu’il naître, oui, tout cela est du même Et, là, Jorge Lavelli, par tout un forme les sons au point que le son tout neuf troisième album, (batterie), Pierre-Olivier Govin et sauvegarde cette différence, allant, du même naturel à décou- jeu de trouées d’ombre, de nuées, texte des répliques est inacces- Moderato (Polydor), auquel ont Jean-Rémy Guédon (saxophones), donne ici l’une de ses plus grandes vert, que des nécessités plus aver- de rythmes syncopés, d’acces- sible. C’est une faute à laquelle La- participé Lokua Kanza, ., le collectif Polysons aime mises en scène. Aussi pouvez-vous ties, comme savoir réparer la roue soires presque de parade foraine, velli devrait sans attendre remé- Princess Erika et le rappeur Black organiser des soirées à thèmes vivre là un soir de théâtre d’un de la charrette, ou, épreuve mon- par une métamorphose magique dier. Il a parfaitement orienté tous Jack, du groupe Democrate D. avec invités. Après un spécial Pink rare bonheur. diale, savoir lire. de la densité de l’espace, de la pe- les autres comédiens, merveilleux. Le Divan du monde, 75, rue des Floyd, Polysons s’intéresse au Différent, en ce que Copi, sans Les femmes et les hommes de santeur des corps, par la poésie, il Martyrs, Paris-9e. Mo Pigalle. Les folklore moderne avec Pierre estomper si peu que ce soit l’aigu cette maison errante allient un na- n’y a pas d’autre mot, d’une liberté Michel Cournot 23, 24 et 25, 19 h 30. Tél. : Charial et son orgue de Barbarie 01-44-92-77-66. 90 F. et Valentin Clastrier et sa vielle à Carla Bley, Steve Swallow roue.La Clef/L’Eclipse, 46, rue de et Andy Sheppard Mareil, 78 Saint-Germain-en-Laye. Carla Bley (pianiste) et Steve Le 23, 21 heures. La musique de Wolfgang Rihm ou le génie de l’imprévisible Swallow (bassiste électrique) sont RER A Saint-Germain-en-Laye. de la nostalgie tonale, Rihm ne représente en gées rugissantes (par deux tubas et trois parfois rejoints par le Tél : 01-39-21-54-90. FESTIVAL D’AUTOMNE A PARIS. WOLF- fait que lui-même, un compositeur prodigieu- trombones) et oscillations nerveuses (par une saxophoniste britannique Andy De 30 F à 60 F . GANG RIHM. Trigon : Sphinxirène I (créa- sement doué (peut-être même génial) qui se harpe et une contrebasse promus gardes du tion), Form/Zwei Formen I, Sphinxirène II met au défi d’entretenir à long terme une ex- corps de la soliste) témoigent de la dualité qui (création), Form/Zwei Formen II, Responso- pression inclassable mais nullement chao- régit la musique jusque dans son intimité (le GUIDE rium. Jagden und Formen (création de la tique : « L’essence de la structure musicale est marimba tantôt feutré, tantôt rageur). version intégrale). Salome Kammer (voix), le changement continuel, le saut brusque, la Apôtre de l’énergie brute avant l’entracte, Ensemble Modern, Dominique My (direc- rupture elle-même. » Les deux polyptyques Rihm passe pour un tenant du recyclage so- Salle Gaveau, 45, rue La Boétie, Paris TROUVER SON FILM e o tion). Théâtre du Châtelet, le 18 novembre. (d’une quarantaine de minutes chacun), don- phistiqué en seconde partie. Jagden und For- 8 . M Miromesnil. Le 23, 20 h 30. Tél. : 01-49-53-05-07. De 85 F à 200 F. Tous les films Paris et régions sur le Mi- nés en création par le bondissant Ensemble men (1995-99) s’apparente à un continuum de The Hilliard Ensemble nitel, 3615-LEMONDE ou tél. : 08-36- Ouvert de superbe manière avec des Modern de Francfort placé sous la ferme di- haute qualité cinétique traversant de nom- Œuvres de Tallis, Anon, de La Rue, 68-03-78 (2,23 F/mn) œuvres de Luigi Nono (Le Monde du 9 octo- rection de Dominique My, ont conféré une breux champs stylistiques identifiables : vo- Garbarek, Moody, Bingen, Perotin, bre), le cycle « Fresques et miniatures » pro- éclatante légitimité à ce propos de référence. lutes bouléziennes, tourbillons spectraux, ENTRÉES IMMÉDIATES Morales et Brumel. David James posé par le Festival d’automne a connu un Trigon (1996-99) est constitué de cinq volets boucles répétitives, riffs jazzy... (haute-contre), John Potter, Rogers nouveau temps fort avec le concert monogra- qui associent de manière inédite une voix fé- Pour certains, on parlerait volontiers de Le Kiosque Théâtre : les places du jour Covey-Crump (ténors), Gordon Jones phique consacré à Wolfgang Rihm (né en minine et une vingtaine d’instrumentistes crise d’identité. Pas pour Rihm, dont on re- vendues à moitié prix (+ 16 F de (baryton), Jan Garbarek (saxophone). 1952). La musique de cet Allemand précoce (il (dont cinq percussionnistes). La soliste est connaît le mode de création : « La pièce qui commission par place). Place de la Ma- Eglise Saint-Roch, 296, rue Saint-Ho- deleine et Parvis de la gare Montpar- noré, Paris 1er .Mo Tuileries. Le 23, s’est émancipé très tôt de la tutelle de ses pre- d’abord assise avec les vents et émet (bouche naît est la recherche articulée de cette pièce. » nasse. De 12 h 30 à 20 heures, du mardi 20 h 30. Tél. : 01-44-70-64-10. 50 F. miers maîtres, Karlheinz Stockhausen et fermée) des sons filés qui évoquent les Voué à la relance permanente, Jagden une au samedi ; de 12 h 30 à 16 heures, le Sheila Jordan, Steve Kuhn Klaus Huber) et prolifique (son catalogue plaintes d’une scie musicale ! Elle impose peu Formen transcende l’impulsion rythmique et dimanche. Au Duc des Lombards, 42, rue des compte plus de 200 pièces), illustre comme à peu une expression féline, toute en caresses la performance virtuose pour s’achever non Danser à Lughnasa Lombards, Paris 1er .Mo Châtelet. Les peu d’autres la liberté esthétique qu’in- de velours et en brusques coups de griffe. dans un sommet jubilatoire mais dans une de Brian Friel, mise en scène d’Irina 23 et 24, 21 heures. Tél. : 01-42-33-22- voquent si souvent les compositeurs d’au- Sensible aux mutations de la chanteuse (la plage de repos idyllique. Wolfgang Rihm se si- Brook. 88. 120 F. jourd’hui. très charnelle Salome Kammer), le groupe tue toujours là où on ne l’attend pas. Maison de la culture, 1, boulevard Lé- Carlos Zingaro, Daunik Lazro o Rattaché abusivement aux courants de la instrumental s’engage dans une forme d’éti- nine, 93000 Bobigny. M Bobigny - Pa- Instants Chavirés, 7, rue Richard-Le- blo-Picasso. Du 23 novembre au 19 dé- noir, 93000 Montreuil. Le 23, 20 h 30. Nouvelle Simplicité, du néo-romantisme ou rement qui rappelle le saut à l’élastique. Plon- Pierre Gervasoni cembre. Du mardi au samedi, 20 h 30 ; Tél. : 01-42-87-25-91. dimanche, 15 h 30. Tél. : 01-41-60-72- Zebda 72. De 60 F à 140 F. Zénith, 211, avenue Jean-Jaurès, Paris L’Incorruptible 19e. Mo Porte-de-Pantin. Les 23 et 24, Un « Idoménée » inégal à l’Opéra de Lyon d’Hugo von Hofmannsthal, mise en 20 heures. Tél. : 01-42-08-60-00. 130 F. scène de Philippe Adrien. Bill Deraime comme Mozart ne réussit qu’une fois pose un tempo rapide, maintient le La réalisation théâtrale mélange Comédie-Française Théâtre du Vieux- Bataclan, 50, boulevard Voltaire, Pa- IDOMENÉE, de Mozart, livret de dans sa vie. » Créé en 1781 (le discours musical, soutient les chan- les époques, passant du bosno-turc Colombier, 21, rue du Vieux-Colombier, ris 11e. Mo Voltaire. Le 23, 20 heures. e o Giovanni Battisto Varesco. Avec compositeur a vingt-cinq ans), teurs. Mais il force parfois le trait, (soldats à fusil et fils de fer barbe- Paris 6 . M Saint-Sulpice. Du 23 no- Tél. : 01-43-14-35-35. 171 F. vembre au 30 décembre. Du mardi au Dikès Bruce Ford (Idoménée), Laura l’opéra prend sa source dans l’Anti- alourdit certains effets, y compris lés, chéchias et costumes balka- samedi, 20 h 30 ; jeudi, 19 heures ; di- Lavoir Moderne Parisien, 35, rue Polverelli (Idamante), Veronica quité. Roi de Crète retournant dans avec les chœurs, et l’ouverture a niques) au japonais (paravents à manche, 16 heures. Tél. : 01-44-39-87- Léon, Paris 18e.Mo Château-Rouge. Cangemi (Ilia), Elzbieta Szmytka son pays après la guerre de Troie, paru sonner sèchement dans claire-voie et arbre en fleurs) et à 00. De 85 F à 160 F. Jusqu’au 11 décembre, 21 heures. (Electra), Alain Gabriel (Arbace), Idoménée échappe à la tempête et l’acoustique impitoyable de la salle l’antique (toge et bâton de berger). La Plume et le couteau Tél. : 01-42-52-09-14. De 80 F à 120 F. Peter Jaffes (le Grand Prêtre), Jé- promet de sacrifier le premier être reconstruite par Jean Nouvel. Ce salmigondis esthétique brouille d’après Maïssa Bey et des contes ka- Afro Cuban All Stars rôme Varnier (la Voix), Or- humain qu’il rencontrera : c’est son La distribution est inégale. Bruce la mise en scène de Stephen Taylor byles, mise en scène de Jean-Marie Le- Cabaret Sauvage, parc de la Villette, chestre et Chœur de l’Opéra de fils Idamante qui devient la victime Ford (Idoménée) est un vrai ténor qui s’efforce de dessiner, dans le jude. Paris 19e.Mo Porte-de-la-Villette. Le Lyon, Louis Langrée (direction). expiatoire. Tragédie familiale, pi- mozartien, et son aisance, vaste cadre gris muraille de Laurent Théâtre international de langue fran- 23, 20 h 30. Tél. : 01-40-03-75-15. 110 F çaise, parc de la Villette, 211, avenue et 130 F. Stephen Taylor (mise en scène). mentée de rivalités amoureuses qui contrainte au premier acte, se délie Peduzzi, des trajectoires simples et Jean-Jaurès, Paris 19e. Mo Porte-de- Mohammad Reza Lofti, Laurent Peduzzi (décors). Natha- prend fin sur un happy end divin, par la suite. La voix de Laura Polve- fluides. Pantin. Les 23 et 24, 20 h 30. Tél. : 01- Mohammad Ghavi Helm lie Prats-Berling (costumes). Joël Idoménée est surtout le premier relli (Idamante), d’abord un peu Il planait une ombre sur cette 40-03-93-95. 50 F. Maison de Radio-France, 116, avenue Hourbeigt (éclairages). LYON : grand ouvrage lyrique de Mozart, rentrée, se projette plus claire, plus première représentation de la sai- Compagnie Ultima Vaez du Président-Kennedy, Paris 16e. Opéra, le 18 novembre. Pro- celui où, houspillant son librettiste, forte, au fur et à mesure du déve- son lyrique de l’Opéra de Lyon : il y Wim Vandekeybus : In Spite of Wis- Mo Passy. Le 23, 20 heures. Tél. : 01- chaines représentations : les 23, l’abbé Varesco, il bouscule les loppement de l’œuvre. Le timbre a un mois et demi, le directeur mu- hing and Wanting. 42-30-15-16. 50 F. 25, 27, 29, 1er décembre, à règles rigides de l’opera seria et menu de Veronica Cangemi (émou- sical Louis Langrée a décidé de Théâtre de la Ville, 2, place du Châte- e o RÉSERVATIONS 20 heures. Tél. : 04-72-00-45-45. jette les fondements du drame mu- vante Ilia) montre davantage ses li- quitter ses fonctions dès septembre let, Paris 4 . M Châtelet. Les 23, 24, 26 et 27, 20 h 30. Tél. : 01-42-74-22-77. De Prix : de 50 F à 380 F (de 7,62 ¤ à sical, tel qu’il se déploiera au mites. Mais c’est surtout Elzbieta 2000 (un an avant la fin de son Aldo Romano 95 F à 140 F. e Duc des Lombards, 42, rue des Lom- 57,93 ¤) XIX siècle. Szmytka qui peine à assumer les contrat) pour cause de « désaccords Martha Graham Dance Company bards, Paris 1er . Du 3 au 13 décembre. La nouvelle production lyonnaise colères d’Electra, notamment les profonds avec la direction générale Frontier, Heretic, Lamentation, Primi- Tél. : 01-42-33-22-88. 120 F. « Idoménée, écrivait Albert Eins- donne moins d’occasions de s’en- vocalises du grand air final. Et l’Ar- de l’Opéra sur la politique musi- tive Mysteries, Satyric Festival Song, Sylvain Luc, Jean-Marc Jafet, tein, [est] une de ces œuvres que flammer. A la tête de l’Orchestre de bace d’Alain Gabriel est réellement cale ». Le jeune chef d’orchestre Sketches from Chronicles, Deep Song. André Ceccarelli Maison des arts, place Salvador-Al- même un génie de tout premier ordre l’Opéra de Lyon, Louis Langrée im- catastrophique. avait, semble-t-il, de plus en plus de Sunset 60, rue des Lombards, Paris lende, 94 Créteil. Mo Créteil-Préfec- mal à exercer ses responsabilités. 1er . Les 14, 15 et 16 décembre. Tél. : ture. Du 23 au 27, 20 h 30 ; le 28, Le directeur général Alain Durel, 01-40-26-46-60. De 50 F à 120 F. 15 h 30. Tél. : 01-45-13-19-19. 120 F. en poste depuis 1998, s’est expliqué Compagnie Non de nom, DERNIERS JOURS publiquement sur ces désaccords Compagnie du Cercle tout en adressant une lettre re- Pascale Houbin : Parole. 27 novembre : commandée avec accusé de récep- Théâtre de l’Agora, place de l’Agora, Sapho tion à Louis Langrée, lui interdisant 91000 Evry. Le 23, 20 h 30. Tél. : 01-60- Auditorium Saint-Germain, 4, rue Fé- d’en faire autant, le rappelant à 91-65-65. libien, Paris 6e. Tél. : 01-44-07-37-43. « son devoir de réserve vis-à-vis de La Périchole De 110 F à 150 F. tout interlocuteur extérieur à l’entre- Opéra bouffe en trois actes de Jacques Jean-Marie Straub et Danièle Huillet prise pendant toute la durée de son Offenbach, livret de Meilhac et Halévy. Exposition-dossier sur l’œuvre des Les Tréteaux Lyriques. Laurent Goos- préavis » et le menaçant de « pour- deux cinéastes. saert (direction musicale), Hervé Van Ecole supérieure des beaux-arts, suites judiciaires immédiates » s’il der Meulen (mise en scène), Jean-Marc 28, avenue Rostov-sur-le-Don, 72000 passait outre. Le choix d’un succes- Hoolbecq (chorégraphie), Sabrina Ma- Le Mans. Tél. : 02-43-47-38-53. Entrée seur (on parle du Hongrois Ivan hot (chef de chœur). libre. Fischer) s’annonce difficile, tant Théâtre Le Trianon, 80, boulevard Ro- 28 novembre : que les compétences des multiples chechouart, Paris 18e .Mo Anvers. L’Autre Visage - masques africains intervenants dans la politique artis- Les 23, 29 et 30 novembre et les 2, 3 et Mona Bismarck Foundation, 34, ave- tique de l’Opéra n’auront pas été 4 décembre, 20 h 30 ; le 5, 15 h 30. nue de New-York, Paris 16e. Tél. : 01- Tél. : 01-53-41-10-07. De 90 F à 170 F. délimitées. 47-23-38-88. Entrée libre. Quatuor Kandinsky Rivages Œuvres de Schumann, Brahms et Doh- Espace Electra, 6, rue Récamier, Paris Pierre Moulinier nanyi. 7e. Tél. : 01-53-63-23-45. 20 F. LeMonde Job: WMQ2311--0034-0 WAS LMQ2311-34 Op.: XX Rev.: 22-11-99 T.: 10:39 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 10Fap: 100 No: 0442 Lcp: 700 CMYK

34 KIOSQUE LE MONDE / MARDI 23 NOVEMBRE 1999 EN VUE a Selon le porte-parole officiel du Cherie Blair, l’événement gouvernement britannique, Cherie Blair n’aurait pas été fécondée par son mari, premier La nouvelle a été officiellement annoncée par le « 10, Downing Street » et elle réjouit la presse britannique : ministre en exercice, au mois d’août en Toscane, « mais à l’épouse du premier ministre, Tony Blair, attend un quatrième enfant Saint-Martin-d’Oydes, bourgade des environs de Pamiers ». A la une du Daily Telegraph, Che- assurent d’autres, ce fut durant en pénalisant, par exemple, les C’est la première fois depuis 1848 rie Blair, rayonnante, assure : «Je l’étape française, en pays de Gas- mères célibataires. que l’épouse d’un chef du gouverne- a La délégation de Kosovars vais bien » ; en première page de The cogne, de ces mêmes vacances... En- Catholique convaincue, Cherie ment de Sa Majesté est enceinte. venue demander aux policiers de Independent, elle éclate de rire en re- suite parce que, dans la vie poli- Blair est opposée à la contraception Dans les mois qui viennent, le chef l’ONU à Pristina d’abattre Unmik, cevant une gerbe de fleurs d’un ad- tique, ce premier ministre et à l’avortement. Cette primauté de des tories, William Hague, qui a évo- une chienne serbe, recueillie mirateur ; The Guardian la dit « épa- autoritaire est animé par l’inflexible la vie de famille tient sans doute à qué « une nouvelle merveilleuse », va en septembre, la mascotte du nouie ». « Une véritable surprise » : détermination de veiller à ce que l’itinéraire personnel chaotique de être contraint d’attaquer le futur poste, enceinte de Kfor, un chien l’expression choisie par le porte-pa- rien n’échappe à son contrôle. la future Mme Blair, fille d’un célèbre père et son gouvernement à fleuret noir, n’a pas obtenu satisfaction. role de Downing Street pour annon- comédien coureur de jupons et al- moucheté. cer l’autre soir la grossesse tardive, à VIE FAMILIALE CLASSIQUE coolique, qui quitta le foyer alors Quand il a franchi, il y a deux ans, a Samedi 20 novembre, dans la quarante-cinq ans, de Cherie Blair, Avec leurs trois enfants – Ewan, qu’elle avait cinq ans. la porte noire du « Dix », Tony Blair basilique de la Vallée des morts, l’épouse de Tony Blair, a double- quinze ans, Nicky, quatorze ans, et sa tribu à Chequers, la résidence of- Alors que le gouvernement, à mi- pouvait nourrir quelques inquié- sous une immense croix ment fait rire dans les chaumières. Kathryn, onze ans –, les Blair ficielle de campagne. Le contraste mandat de la législature, commence tudes sur le rôle qu’allait jouer son construite par les républicains D’abord, parce qu’il y a polé- évoquent, dans l’appartement sous est saisissant entre les Blair et leurs à ressentir les premiers effets de épouse Cherie. Brillante avocate condamnés aux travaux forcés au mique entre les experts : selon les les combles de « Number Ten », un prédécesseurs, les Major, qui l’usure du pouvoir, l’affaire est éga- comme Hillary Clinton, cette lendemain de la guerre civile, savants calculs des uns, c’est par une modèle plutôt chromo de la vie fa- avaient des enfants plus âgés, ou les lement politique. « Ravis » : à l’ins- femme au caractère bien trempé, mille fidèles de Franco chaude après-midi en Toscane que miliale citadine. Le premier ministre Thatcher, qui semblaient fort loin tar de la manchette du quotidien ayant des opinions très tranchées à commémoraient l’anniversaire de la conception a eu lieu, au cours des s’occupe comme « un » mère-poule des leurs. La politique sociale tra- Evening Standard, même la presse gauche, s’est toutefois contentée, en sa mort. dernières vacances du couple dans de ses trois enfants, petit-déjeune vailliste vise à créer un climat inci- conservatrice salue le quatrième en- public, de soutenir son mari. la région de Florence ; pas du tout, en famille et emmène le week-end tant à développer la cellule familiale fant Blair qui devrait naître en mai. a Mortifiée, la direction de APPLAUDIE PAR LE PAYS l’établissement israélien Ofek Tout en restant très présente au- promet de sanctionner les lycéens DANS LA PRESSE naux. En décidant de monter lui- naires de Mannesmann aurait des Brits dont la seule familiarité avec les près de ses enfants, Cherie a pour- des deux sexes qui, lors d’un même très vite en première ligne conséquences profondes. Les inves- cow-boys vient de l’importation chez suivi sa carrière de Queen’s Counsel voyage en Pologne, avaient loué LA TRIBUNE pour s’opposer aux OPA hostiles, le tisseurs internationaux pénaliseraient eux des films de John Wayne. Comme (QC) du barreau de Londres, un uni- les services d’une stripteaseuse et Philippe Reclus chancelier Schröder a montré l’am- le marché allemand des capitaux (...) en France, les élites de gauche alle- vers très masculin, où elle aura été d’un stripteaseur, le soir, à l’hôtel, a L’offensive mûrement réfléchie du pleur du défi. ce qui élèvera le coût du capital pour mandes, auxquelles appartient amenée à montrer les dents. entre deux visites de camps britannique Vodafone sur Mannes- les entreprises allemandes. M. Schröder, préféreraient garder à En regard des scandales des d’extermination nazis. mann vient de placer sous tension THE FINANCIAL TIMES distance le capitalisme de l’actionna- joyeux héritiers Windsor ou des tous les ingrédients qui constituaient a [Dans la bataille Vodafone-Man- THE WALL STREET JOURNAL riat (...) La globalisation affaiblit la ca- tromperies de la Maison Blanche, il a Un juge de Miami vient jusqu’ici la force du modèle allemand nesmann] La question maintenant a Les entreprises allemandes ont pacité des dirigeants nationaux à n’a jamais rien transpiré de la vie d’accorder des dommages et de capitalisme (...) L’affaire Voda- est de savoir si les dirigeants de la réussi à nouer des liens avec de nom- exercer de l’influence, par le biais de privée du couple Blair. Récemment, intérêts à une jeune femme de fone-Mannesmann a tout pour de compagnie allemande, poussés dans breuses sociétés hors de leurs fron- réglementations strictes, sur ce qu’ils Mme Blair, qui est loin de figurer par- Fort Lauderdale chargée nouveau traduire, à l’échelle euro- cette direction par les responsables tières. On pense à Daimler et Chrys- considèrent comme des entreprises mi les femmes les mieux vêtues d’échauffer en se masturbant les péenne cette fois, les limites de l’em- politiques allemands, à commencer ler, tout comme à Volkswagen et « nationales ». Leur instinct naturel d’Angleterre et dont le salaire est clients d’un téléphone rose, prise du politique sur la logique des par le chancelier Gerhard Schröder, Rolls Royce (...) Il est alors un peu sur- est de bloquer cette évolution inexo- trois fois supérieur à celui de son atteinte pour finir d’un affaires. (...) Après le débat en France vont chercher à peser sur le cours des prenant d’assister aux réactions que rable. Mais, dans la mesure où ils y mari, a dénoncé le coût exorbitant « syndrome du canal carpien ». provoqué par l’aveu d’impuissance événements en faisant valoir des provoque en Allemagne l’OPA hostile réussissent, les économies de leurs de la garde-robe nécessaire pour re- de Lionel Jospin à intervenir pour em- considérations nationalistes plutôt du téléphoniste britannique Voda- pays en souffrent. Ils seraient plus présenter l’Etat avec dignité lors des a Mardi 16 novembre, Nathaniel pêcher les suppressions d’emplois que purement économiques. Ils fone sur le géant allemand de l’ingé- avisés de laisser libre cours aux choses cérémonies officielles. Fatigué du Abraham, enfant noir de onze chez Michelin, l’Allemagne, à son doivent comprendre qu’il y aurait un nierie Mannesmann (...) Entendre et d’engranger les bénéfices d’une ef- style de vie « glamour » de feu Dia- ans, qui, en 1997, pour la fête de tour, se voit poser la question de la coût à une stratégie nationaliste. Une certains responsables politiques alle- ficacité industrielle accrue, tout na, le pays a applaudi. Halloween, avait tué par balle un place de l’Etat face à une logique du solution qui ferait fi de l’offre de Vo- mands parler de « capitalisme de cow- comme de marchés des capitaux plus jeune homme dans une rue de marché qui déborde les cadres natio- dafone et désavantagerait les action- boys » a dû laisser pantois tous ces liquides et plus transparents. Marc Roche Pontiac au Michigan, tremblait comme une feuille, les mains menottées à la taille, au moment SUR LA TOILE où, devant un jury populaire, le juge prononçait sa culpabilité. www.ntsb.gov PAS DE « PLOMBIERS » a L’Internet Engineering Task a La communauté Force, organisme chargé d’édicter afro-américaine de New York Le Bureau américain pour la sécurité dans les transports détaille le crash du vol EgyptAir 990 des normes pour le Réseau, vient organise des « cours de survie » à de rejet la proposition faite par la l’intention des Noirs aux prises POUR L’OCCASION, le site du manche à balai manœuvre la gou- police fédérale américaine (FBI) avec des représentants de la loi, Bureau américain pour la sécurité verne de profondeur située sur la d’inclure dans la prochaine version depuis que des policiers d’un dans les transports (National Trans- queue de l’appareil... Et, pour du protocole de communication corps d’élite, se trompant portation Safety Board, NTSB) a conclure, une courbe d’altitude en d’Internet, IPv6, des spécifications d’adresse, ont bondi et tiré sans bousculé sa très sage page d’ac- fonction de l’heure relie toutes ces techniques permettant les écoutes sommation 41 coups de feu sur cueil. D’un rien : un lien hypertexte informations en un synopsis pro- légales. L’IETF considère, en effet, Amadou Ahmed Diallo, immigré qui annonce laconiquement «Vol bable. que « toute méthode de surveillance guinéen. EgyptAir 990 » et qui distingue le C’est donc une analyse technique créera des failles exploitables [par cas « DCA00MA006 » des autres ac- du crash qu’offre le site du Bureau, les pirates informatiques] dans la a Si pour la société de cidents d’avions civils répertoriés et faute de s’avancer à élaborer une sécurité ». supermarchés Superbaze, citée à analysés par cette agence fédérale explication humaine de l’accident, comparaître devant le tribunal indépendante. De beaucoup, pour- comme n’hésitèrent pas à le faire UN SITE RESSOURCE ANTI-SIDA correctionnel de Marseille, il tant : le NTSB n’avait mis en place ABCNews qui a a la Fondation américaine pour la n’était pas question d’affecter un tel dispositif qu’à l’occasion de parlé d’une intrusion dans le cock- recherche sur le sida a lancé un site Yvette Orville au rayon « fromage l’accident du vol Air Korea 801 en pit, ou MSNBC Web qui s’engage à fournir les der- à la coupe », la vendeuse noire 1997 et, auparavant, pour celui du qui évoqua une conspiration du nières informations sur des théra- « n’aurait pas posé de problème vol TWA 800 en 1996. Saoudien Oussama Ben Laden, au pies approuvées et expérimentales dans le cadre d’une animation A première vue, le résultat n’est prétexte qu’on compterait 30 mili- concernant le HIV. – (AFP) antillaise ». pas très spectaculaire : une carte de taires égyptiens dans l’appareil. Pas www. amfar. org/td situation montrant où le de copilote suicidaire, pas un mot a Sur le « Monument des Boeing 767 s’est abîmé, le 31 octo- d’une prière remettant le sort de PATRIMOINE MONDIAL siècles », symbole de l’esprit bre, au large de l’île de Nantucket, l’appareil « à la grâce de Dieu », pas a L’Unesco a décidé la création créateur des Chinois, édifié à dans le Massachusetts, la liste et le de polémique sur les soupçons qui d’un portail présentant les Pékin, « rien, d’après l’architecte texte des comptes-rendus réguliers pourtant quelques documents désengager le pilotage automatique ont pesé sur l’agence et sur le FBI, 582 sites classés au patrimoine Zhu Xiangyuan, ni le vent, ni la du président du NTSB, Jim Hall, les éclairants. A l’adresse et réduire la poussée des moteurs, accusés un instant de vouloir oc- mondial pour « rassembler sur In- pluie, pas même un tremblement de communiqués de presse et le plan , une photographie dé- qui avertissent les pilotes de dys- de Boeing. Tout cela n’est pas l’af- chacun de ces sites classés, que ce flanquée d’un brûleur de secours ». times. taille le cockpit du 767 et ses princi- fonctionnements, comment peut faire du NTSB. soient les études historiques, scienti- En approfondissant un peu, de pales commandes, des schémas dé- être désactivée la vérification du ni- fiques ou bibliographiques ». Christian Colombani lien en lien, le visiteur découvre crivent comment on peut veau de carburant, comment le Vincent Truffy – (AFP)

A bon rat, bon chat ! par Alain Rollat SI CANAL + A DIT VRAI, si son New York des rats » en était-il fie la victoire des rats. On voit fascinant documentaire de di- vraiment un ? Le doute est permis. même un habitant de Brooklyn manche après-midi n’était pas du Pour trois raisons. La première leur rendre hommage en disant : genre bidonné, si les rats ont déjà tient au mélange des genres qui le « Regardez un rat dans les yeux, conquis New York, à la barbe des caractérise. Reportages et re- vous verrez qu’il a une âme... » Le New-Yorkais, sans que l’ONU s’en constitutions s’y confondent telle- comble de la glorification du rat émeuve, alors, il y a urgence à dé- ment qu’on ne distingue plus la est atteint quand la soi-disant di- ratiser notre vocabulaire. Il ne réalité de la fiction. La deuxième rectrice du service de dératisation faut plus dire « être fait comme un tient au choix des témoins. Ils sont de Harlem passe à l’ennemi en rat » mais « être fait comme un tous si parfaits dans leur rôle de proclamant : « Le rat est une créa- New-Yorkais ». Il ne faut plus victimes, ils rejouent leurs propres ture qui n’est pas moins digne de écrire « les rats quittent le navire » mésaventures avec tant de convic- respect que n’importe quel autre mais « ils y sont, ils y restent, ils y tion, ils disent des textes si forts, être vivant. Nous sommes dans l’im- prolifèrent ». Car, si ces effarantes qu’on finit presque par ne pas en- passe... » images de l’envahissement de tendre qu’ils survalorisent la vic- Quant à la troisième raison, New York par les rats ne mentent toire des rats de New York sur nos celle qui amène à conclure que ce pas, les jours de l’humanité à la congénères d’outre-Atlantique. prétendu documentaire n’était surface de la croûte urbanisée Ce montage ridiculise les ex- qu’une œuvre de propagande ra- sont désormais comptés. Et notre perts en raticides. On les voit tière, elle tient à la technique em- seul espoir de repli en sous-sol ré- jouer les exterminateurs puis se ployée. Trop belle pour être hon- side dans l’apprentissage accéléré lamenter sur leur impuissance : nête. Aucune caméra humaine de la spéléologie au fond du trou « On n’arrivera jamais à s’en dé- n’est capable de filmer avec au- des Vitarelles, le seul, à notre barrasser... » Il tourne en dérision tant de familiarité tant de rats, en connaissance, où des hommes les pauvres bougres obligés de dé- gros plans, dans des trous de sou- aient pu se sortir en bonne santé ménager. On assiste à leur déban- ris. Il y avait sous cette manigance d’un piège à rats. dade : « Les rats ont gagné, je ne le museau complice d’une « ca- Mais ce documentaire sur « Le m’en remettrai jamais. » Il magni- mérat»! LeMonde Job: WMQ2311--0035-0 WAS LMQ2311-35 Op.: XX Rev.: 22-11-99 T.: 08:51 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 10Fap: 100 No: 0443 Lcp: 700 CMYK

RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / MARDI 23 NOVEMBRE 1999 / 35 LUNDI 22 NOVEMBRE GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 19.15 JFK, la question TÉLÉFILMS 20.30 Edward TÉLÉVISION ARTE de la conspiration. [2/2]. Histoire aux mains d’argent aaa 15.10 Le Monde des idées. 20.15 La Vie en feuilleton. 19.50 Le Héros de la patrouille. Tim Burton (Etats-Unis, 1990, TF 1 19.00 Nature. Lutter contre le DDT. Thème : Kosovo, l’après-guerre. Je veux mon entreprise. Savage S. Holland. Disney Channel 105 min) &. Ciné Cinémas 1 19.45 Météo, Arte info. Invités : Antoine Garapon, [1/4]. Le travail, c’est la santé. Arte 20.30 Les Feux de la Saint-Jean. Pierre Hassner LCI 18.25 Exclusif. 20.15 La Vie en feuilleton. [1/4]. 20.45 L’Espagne sauvage. François Luciani [1 et 2/2]. Festival 20.40 Pain et chocolat aa 21.00 Homosexuels, le droit e 19.00 Etre heureux comme... [4 volet]. L’été [1/2]. Odyssée 22.40 Noël sanglant. Film. Franco Brusati (v.o.). à l’indifférence. Forum Planète Thomas Stiller. Arte 19.05 Le Bigdil. 21.55 Les Indiens d’Amérique 22.35 Court-circuit. Faim. Carsten Strauch. 21.50 Le Plaisir au féminin. RTBF 1 racontés par eux-mêmes. 22.50 Un sosie dangereux. 19.55 L’Air d’en rire. Stephen Stafford. %. M6 19.57 Clic et net. 22.40 Noël sanglant. 23.00 Sétif, détonateur de la guerre [4/6]. Les plaines Téléfilm. Thomas Stiller. d’Algérie. Forum Planète ou l’âge d’or des chevaux. Odyssée 23.15 Shadowzone. 20.00 Journal, Météo. J.S. Cardone. RTL 9 0.10 Court-circuit. Spécial Brest. 22.45 Le Guerriers de Sumba. Odyssée 20.50 5 millions pour l’an 2000. Dialogue de sourds. Bernard Nauer. MAGAZINES 0.50 La Case de l’oncle Doc. Alaska, 23.20 Frankenstein. 20.55 Justice. Sortie de bain. Florence Henrard. le berceau des tempêtes. France 3 Jack Smight [1/2]. %. France 3 Blessures d’enfance. Clinique de l’horreur. 18.20 Nulle part ailleurs. 22.35 Y a pas photo ! Rainer Matsutani (v.o.). Le Rock de la soucoupe volante. Vincent Elbaz et Sami Naceri ; Jude ; COURTS MÉTRAGES Les histoires étonnantes SPORTS EN DIRECT Enda Hugues (v.o.). Sabine Azema ; Charlotte Gainsbourg ; et drôles des frères et sœurs. Emmanuelle Beart. Canal + 20.55 Football. Championnat anglais : 22.35 Faim. Carsten Strauch. Arte 0.05 Football. 18.30 L’Invité de PLS. Coventry - Aston Villa. Canal + vert 0.10 Dialogue de sourds. 0.40 TF 1 nuit, Météo. M6 Bernard Thibault. LCI Bernard Nauer. Arte 18.25 Stargate SG-1. 20.55 Jour après jour. MUSIQUE 0.20 Sortie de bain. FRANCE 2 Se découvrir surdoué. France 2 Florence Henrard. Arte 19.15 Unisexe. 21.00 Lundi soir. 18.30 Cesaria Evora. 0.25 Clinique de l’horreur. 18.20 Hartley, cœurs à vif. 19.50 La sécurité sort Invités : Luc Alphand Bataclan 1995. Mezzo Rainer Matsutani. Arte 20.40 Pain et chocolat aa de la bouche des enfants. et Michel Barnier. Eurosport 19.10 1 000 enfants vers l’an 2000. 21.00 Les Vêpres siciliennes. Franco Brusati. 19.54 Le Six Minutes, Météo. 23.10 Argent public. 0.40 Le Rock de la soucoupe volante. 19.15 Qui est qui ? Opéra de Verdi. Enda Hugues. Arte Avec Anna Karina, 20.10 Une nounou d’enfer. Les maladies de l’amiante : le combat Dir. Riccardo Chailly. Muzzik 19.50 Un gars, une fille. Nino Manfredi (Italie, 1973, v.o., 20.40 Décrochages info, Le Six Minutes des victimes pour l’indemnisation. 21.45 Les Quatre Saisons, de Vivaldi. 115 min) &. Arte 20.00 Journal, Météo. Œuvres sur commande. Les cocus Avec Enrico Onofri, violon. SÉRIES 20.45 Yakuza aa sur le siècle, Les Produits stars. du Lyonnais. La gestion contestée Par Il Giardino Armonico, 20.55 Jour après jour. Sydney Pollack (Etats-Unis, 1975, Se découvrir surdoué. 20.55 Le Cobaye. Film. Brett Leonard %. de l’Office national des forêts. dir. Giovanni Antonini. Mezzo 20.50 3e planète après le Soleil. Invitée : Roselyne Bachelot. France 2 110 min) &. 13me Rue 23.10 Argent public. 22.50 Un sosie dangereux. 22.30 Mozart. Sonate pour piano KV 279. The Big Angry Virgin From Outer Téléfilm. Stephen Stafford. %. 0.50 L’Entretien. Jean Daniel. France 2 Space (v.o.). Série Club 20.55 Police aa 0.30 Journal, Météo. Avec Daniel Barenboim, piano. Mezzo Maurice Pialat (France, 1985, 0.30 Culture pub. La bataille du ciel. 22.45 Symphonie no 1 de Sibelius. 21.45 New York Police Blues. De quoi je 110 min) %. France 3 0.50 L’Entretien. Quand le ridicule fait vendre. DOCUMENTAIRES Par l’Orchestre philharmonique de me mêle ? (v.o.). Canal Jimmy 20.55 Le Château 1.45 Mezzo l’info. 0.55 Jazz 6. Jan Garbarek. Vienne, dir. Leonard Bernstein. Mezzo 22.00 The PJ’s, les Stubbs. des amants maudits aa 19.00 Nature. Lutter contre le DDT. Arte 23.55 Symphonie no 5 de Sibelius. Rich Man, Poor Man (v.o.). Série Club Riccardo Freda (Fr. - It., 1956, FRANCE 3 19.00 Les Massacres de Sétif. Par l’Orchestre Philharmonique de 23.20 New York District. Le loup 95 min) %. TMC RADIO Un certain 8 mai 1945. Planète Vienne, dir. Leonard Bernstein. Mezzo dans la bergerie (v.o.). 13ème RUE 22.15 Trois hommes 18.13 Comment ça va aujourd’hui ? et un couffin aa 18.20 Questions pour un champion. Coline Serreau (France, 1985, 18.48 Un livre, un jour. FRANCE-CULTURE 95 min) &. TV 5 22.25 Robocop aa 18.55 Le 19-20 de l’information, Météo. 20.30 Prima - la musica. Paul Verhoeven (EU, 1987, 20.05 Fa si la. 21.20 Expresso - Poésie sur parole. v.o., 100 min) ?. Ciné Cinémas 3 20.35 Tout le sport. 21.30 A voix nue. 22.35 Transamerica Express aa 20.55 Police aa 22.10 Carnet de notes. Arthur Hiller (Etats-Unis, 1976, Film. Maurice Pialat %. 22.30 Surpris par la Nuit. ARTE ARTE SÉRIE CLUB 110 min) &. Canal Jimmy 22.45 Météo, Soir 3. 22.50 Miss Missouri aa 20.15 Je veux mon entreprise 20.40 Pain et chocolat aa 22.00 The PJ’s : les Stubbs 23.20 Frankenstein. Elie Chouraqui (France, 1989, Téléfilm. Jack Smight [1/2]. %. FRANCE-MUSIQUES Didier Lannoy, réalisateur régulier Œuvre atypique du réalisateur de Cette série d’animation humoristique 105 min) &. Paris Première 0.50 La Case de l’oncle Doc. 0.55 Les Tontons 20.00 Spécial Châtelet. de l’émission belge « Strip-Tease » chroniques de mœurs amères et est la chronique d’un immeuble d’un Alaska, le berceau des tempêtes. Par le Monteverdi Choir et l’Orchestre (retour sur France 3, en France, à désenchantées qu’est Franco Bru- quartier noir américain, mené par un flingueurs aa révolutionnaire et romantique, dir. Georges Lautner (France, 1963, partir de janvier) a filmé ces « His- sati, ce film tourné en 1974 valut concierge irascible, que tente d’adou- CANAL + John Eliot Gardiner : Œuvres de Gluck. N., 110 min) &. Cinétoile 22.30 Jazz, suivez le thème. toires d’en sortir » – premier titre au cinéaste douze récompenses cir son épouse. Cocréée et copro- 1.05 Trois hommes f En clair jusqu’à 20.40 23.00 Le Conversatoire. choisi pour ce feuilleton en quatre internationales. La mise en scène duite par l’acteur américain Eddy et un couffin aa 18.20 Nulle part ailleurs. épisodes –, c’est-à-dire les dé- glisse constamment de l’émotion Murphy, qui prête sa voix au person- Coline Serreau (France, 1985, 20.30 Le Journal du cinéma. RADIO CLASSIQUE 115 min) &. TV 5 marches de chômeurs et de à l’humour en se gardant d’en ti- nage principal, cette série de treize 20.40 Soirée Titanic. 1.20 Y’a bon les Blancs aa Le Cinéma de James Cameron. 20.15 Les Soirées. Œuvre de Beethoven. RMistes au bout du rouleau qui se rer trop d’effets. L’interprétation épisodes de vingt-six minutes, en Marco Ferreri (France - Italie, 21.30 Titanic 20.40 Visconti et la musique. débrouillent pour créer leur propre de Nino Manfredi, en exclu qui se version originale sous-titrée, s’appa- 1987, 95 min) &. Cinéstar 1 Film. James Cameron &. Œuvres de Bruckner, Verdi, Strauss, 0.35 Tragédies minuscules. &. Wagner, R. Schumann, Mahler. entreprise. De l’émotion humaine demande qui il est, est boulever- rente à une satire sociale très abou- 1.50 Pulsions aa Brian De Palma (EU, 1980, 0.40 Te souviens-tu de Dolly Bell ? a 22.26 Les Soirées... (suite). Œuvres et un vrai regard. sante. tie. 110 min) !. Cinéfaz Film. Emir Kusturica (v.o.). %. de Verdi, Mozart, Henze, Brahms.

MARDI 23 NOVEMBRE GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 20.15 La Vie en feuilleton. 22.45 Le Chevalier à la rose. 16.20 Les Virtuoses aa TÉLÉVISION LA CINQUIÈME/ARTE Je veux mon entreprise. [2/4]. Arte Opéra de Strauss. Par l’Orchestre et Mark Herman (GB, 1997, 21.00 Vikings, nos ancêtres 20.30 Le Britannic, le Chœur de l’Opéra d’Etat de Vienne, 105 min) &. Ciné Cinémas 2 TF 1 14.35 La Cinquième rencontre... dir. Carlos Kleiber. Mezzo 16.35 Vampires aa Justice, société. venus du nord. Forum Planète jumeau oublié du Titanic. Odyssée 23.20 Johnny Griffin Quartet. John Carpenter (Etats-Unis, 1998, 16.00 Le Temps des souris. [4/6]. 22.00 Le Roller, mode ou phénomène 20.45 La Vie en face. Jazz à Vienne 1998. Muzzik 105 min) ?. Canal + Vert 15.40 Sydney Police. La Fabrique des juges. Arte 16.40 Sunset Beach. 16.35 Alf. de société ? Forum Planète 17.05 Les Incorruptibles aa 20.45 Radovan Karadzic, poète, Brian De Palma (Etats-Unis, 1987, 17.30 Melrose Place. 17.00 Abécédaire du polar. 23.00 Cachemire, TÉLÉFILMS 17.10 Histoires de profs. médecin et criminel de guerre. 115 min) %. Cinéfaz 18.25 Exclusif. la poudrière. Forum Planète 17.30 100 % question. [2/2]. Histoire 18.10 Lorfou. Daniel Duval. Festival 17.10 Robocop aa 19.00 Etre heureux comme... Paul Verhoeven (Etats-Unis, 1987, 17.55 Côté Cinquième. 20.45 Donatello. Mezzo 19.05 Le Bigdil. 20.30 L’Education sentimentale. v.o., 100 min) ?. Ciné Cinémas 3 MAGAZINES Marcel Cravenne [1/2]. Festival 19.55 L’Air d’en rire. 18.25 Météo. 21.15 L’Héritage des Vikings. Planète 17.20 La Peau aa 21.25 Anna en Corse. 20.00 Journal, Météo. 18.30 Le Monde des animaux. 13.50 C’est mon choix. Je me suis 21.25 Otjikoto, Liliana Cavani (Italie, 1981, v.o., 19.00 Archimède. fait refaire le corps. France 3 Carole Giacobbi. RTBF 1 130 min) ?. Cinétoile 20.55 Le Plus Beau Métier du monde la légende du lac. Odyssée Film. Gérard Lauzier. 19.45 Météo, Arte info. 14.35 La Cinquième rencontre... 22.45 La Manipulatrice. 17.20 Voir l’éléphant aa 21.35 Thema. SM ou le jeu Rob Spera. %. M6 22.50 Célébrités. 20.15 La Vie en feuilleton. [2/4]. L’itinéraire d’un enfant pas gâté. du sexe et du pouvoir. Arte Jean Marbœuf (France, 1990, 0.10 Les Rendez-vous de l’entreprise. Invité : Pascal Vivet. La Cinquième 23.20 Frankenstein. 75 min) &. Cinéstar 1 20.45 La Vie en face. 21.45 Nathalie Sarraute. [2/6]. Histoire Jack Smight [2/2]. %. France 3 0.40 TF 1 nuit, Météo. La Fabrique des juges. 16.05 Saga-Cités. 18.15 Trois hommes 0.53 Clic et net. Le dancing baby. Metropolitan Police. France 3 22.05 Jazz sous influences. 21.35 Thema. [2/13]. Couleur latino. Planète et un couffin aa 0.55 Reportages. SM ou le jeu du sexe et du pouvoir. 16.05 Ushuaïa nature. COURTS MÉTRAGES Coline Serreau (France, 1985, L’amour pour unique remède. 21.40 Tourments aaa La molécule bleue. Odyssée 22.45 Lieux mythiques. 85 min) &. TV 5 Film. Luis Bunuel (v.o.). 17.00 Les lumières du music-hall. [9 et 10/10]. Histoire 1.00 Face à face. FRANCE 2 23.15 Tops and Bottoms. Tino Rossi. Sheila. Paris Première 23.30 Les Derniers Huskies. Planète Yannis Vamvacas. France 3 0.40 Les Nuits de la pleine lune. 18.20 Nulle part ailleurs. 23.40 JFK, dossier Garrison. Canal Jimmy 14.55 Le Renard. Les 100 Tubes du siècle [2/2]. Invités : Tom Jones ; Jacques Salomé ; 23.40 La Vie en face. SÉRIES 16.05 La Chance aux chansons. Marie Gillain. Canal + Une fille contre la Mafia. TSR 17.10 Des chiffres et des lettres. M6 19.00 Archimède. Livres en péril. L’hépatite 23.45 Yougoslavie, suicide 18.25 Stargate SG-1. 17.40 et 23.10 Un livre, des livres. C, ennemie du foie. Mangeurs de La tête à l’envers. M6 17.45 Cap des Pins. 15.10 La Belle et la Bête. mercure. Cartes en 3D. Puces optiques d’une nation européenne. [3/6]. 19.30 Clair de lune. 16.05 M comme musique. La guerre commence : 1991. Histoire 18.20 Hartley, cœurs à vif pour Internet. Rock Around Shakespeare. Série Club 17.20 Les Bédés de M 6 Kid. Walter Christoph Zimmerli. Arte 23.45 La Dernière OU Coupe de l’UEFA. 20.50 La Vie à cinq. Vent de révolte. Téva 19.10 1 000 enfants vers l’an 2000. 18.25 Stargate SG-1. 20.50 De quel droit ? Reine d’Hawaï. Odyssée 19.15 Unisexe. Interdit aux mineurs. M6 21.35 Le Caméléon. 19.15 Qui est qui ? 0.40 Les 100 Tubes du siècle. [2/2]. Arte Servir et protéger. Série Club 19.50 La sécurité sort 21.00 Le Gai Savoir. Les intolérances. 19.50 Un gars, une fille. 21.40 Ally McBeal. In Dreams (v.o.). Téva de la bouche des enfants. Invités : Frédéric Mitterrand ; SPORTS EN DIRECT 20.00 Journal, Météo. Jacques Le Goff ; Marc de Lacharrière ; 21.40 Au cœur de la loi. 20.55 Tuer n’est pas jouer 19.54 Le Six Minutes, Météo. Philippe Séguin ; Vladimir Volkoff ; Echange de bons procédés. 13ème RUE Film. John Glen. 20.10 Une nounou d’enfer. Laurent Joffrin ; 14.00 et 19.30 Tennis. 22.00 That 70’s Show. 23.15 La Vie à l’endroit. 20.40 Décrochages info, Le Six Minutes Jean-Marc Barr. Paris Première Masters messieurs.. Eurosport Joyeux Noël. Canal Jimmy Vous avez dit porno ? sur le siècle, E = M 6 découverte. 22.50 Célébrités. Invités : Michel Leeb ; 20.30 Basket-ball. Championnat Pro A : 22.15 Nestor Burma. COLLECTION CHRISTOPHE L. 0.50 Journal, Météo. Denise Fabre. TF 1 Dijon - Cholet. Pathé Sport 20.50 De quel droit ? Le soleil naît derrière le Louvre. TV 5 18.50 Edward 1.15 Ciné-club. Cycle Ken Loach. Interdit aux mineurs. Ladybird a 22.55 Sud. Invités : José Bove ; 20.40 Football. 22.25 Friends. Celui qui 22.45 La Manipulatrice. Ligue des champions : Fiorentina - aux mains d’argent aaa Film. Ken Loach (v.o.). Isabelle Chatou. TMC était très jaloux (v.o.). Canal Jimmy Téléfilm. Rob Spera. %. Manchester United. Canal + vert Tim Burton. 23.15 La Vie à l’endroit. 22.30 Sex and the City. Vingt ans Avec Johnny Depp, 0.30 Zone interdite. Sécurité civile : 20.45 Football. Ligue des champions : Vous avez dit porno ? France 2 et des poussières (v.o.). Téva Winona Ryder (Etats-Unis, 1990, FRANCE 3 les commandos de l’espoir. 0.30 Zone interdite. Valence - Bordeaux. Canal + v.o., 100 min) &. Ciné Cinémas 3 22.45 The Practice. 14.58 Questions au gouvernement. Sécurité civile : Un jour de plus (v.o.). Série Club 19.30 Les Professionnels aa les commandos de l’espoir. M6 MUSIQUE Richard Brooks (Etats-Unis, 1966, 16.05 Saga-Cités. 22.50 Les Soprano. Isabella. Canal Jimmy 120 min) &. Cinétoile 16.35 Les Minikeums. DOCUMENTAIRES 18.00 La Symphonie no 1 22.55 Millennium. Le bruit de la mort. TSR 19.50 Peter Pan aa 17.40 Le Kadox. RADIO de Mozart, par Böhm. 23.00 La Loi de Los Angeles. Hamilton Luske (Etats-Unis, 1953, 18.13 Comment ça va aujourd’hui ? 17.05 Les Tambours de Tokyo. Mezzo Par l’Orchestre philharmonique Monsieur Osgood. 70 min) &. Disney Channel 18.20 Questions pour un champion. 17.15 Le Temps des cathédrales. de Vienne, dir. Karl Böhm. Mezzo Fiscalement vôtre. Téva 21.00 Tandem aa 18.48 Un livre, un jour. FRANCE-CULTURE [4/9]. La cathédrale, 19.30 Les Leçons de musique 23.20 New York District. Patrice Leconte (France, 1986, 18.55 Le 19-20 de l’information, Météo. ème 90 min) &. Ciné Cinémas 3 20.30 Prima la musica. la ville, l’école. Histoire de Leonard Bernstein. Mezzo Le témoin du passé (v.o.). 13 RUE 20.05 Fa si la. 21.20 Expresso - Poésie sur parole. 18.00 L’Actors Studio. 20.25 Nuits d’été, de Berlioz. 23.30 Docteur Katz. 21.40 Tourments aaa Luis Buñuel (Mexique, 1952, N., 20.35 Tout le sport. Denis Hopper. Paris Première Avec Barbara Hendricks, soprano. Par Miles Away (v.o.). Série Club 21.30 A voix nue. v.o., 95 min) &. Arte 20.50 Questions pour un champion. 18.10 Le Cinéma muet. [2/5]. De la l’Orchestre de chambre de Lausanne, 0.13 La Nuit de la pleine lune : 22.10 Carnet de notes. 22.30 Les Conquérants d’un nouveau Spéciale Juniors. chronique au spectacle. Ciné Classics dir. Jesus Lopez Cobos. Muzzik Opération vol. 22.45 Météo, Bogue 22.30 Surpris par la Nuit. 18.10 Les Indiens d’Amérique racontés 21.00 Symphonies nos 2 et 4 Concurrence. Le coffre du casino. monde aa ou pas bogue ?, Soir 3. 0.00 Du jour au lendemain. de Brahms, par Masur. Opération centaure [1 et 2/2]. Cecil B. DeMille (EU, 1947, v.o., 23.20 Frankenstein. par eux-mêmes. [4/6]. Les plaines 145 min) &. Ciné Cinémas 3 ou l’âge d’or des chevaux. Odyssée Par l’Orchestre du Gewandhaus Les doigts de fée. Téléfilm. Jack Smight [2/2]. %. De la part d’Alexandre. 13ème RUE FRANCE-MUSIQUES 18.20 Bombe H sur Bikini. Planète de Leipzig. Muzzik 1.00 Libre court. Courts d’ailleurs. 21.50 Stabat Mater, de Pergolèse. 2.15 Star Trek, Voyager. Face à face. Yannis Vamvacas. 19.07 A côté de la plaque. 18.30 Le Monde des animaux. Héros et démons (v.o.). Canal Jimmy 1.20 Le Magazine olympique. Le Caribou. La Cinquième Avec Katia Ricciarelli, soprano. 20.00 Un mardi idéal. Par l’Orchestre de la Scala de Milan, 3.00 Star Trek, Deep Space Nine. [2/2]. 1.50 Nocturnales. Intégrale Chopin, 1837. 22.30 Jazz, suivez le thème. 20.00 Le Grillon dans le métro. Planète dir. Claudio Abbado. Mezzo Passé décomposé (v.o.). Canal Jimmy 23.00 Le Conversatoire. CANAL + 0.00 Tapage nocturne. 15.45 1 an de +. RADIO CLASSIQUE 16.30 Le Journal du cinéma. 16.40 La Cité de la peur 20.15 Les Soirées. Water Music (extraits), de Film. Alain Berberian &. Haendel, par Le Concert des nations, f En clair jusqu’à 20.45 dir. Jordi Savall. RADIO BLEUE M6 ARTE 20.40 Paul Prey, chef d’orchestre. 18.20 Nulle part ailleurs. Œuvres de R. Schumann, Beethoven, 8.50 Livres en tête 20.50 De quel droit 21.40 Tourments aaa 20.15 Football. Ligue des champions. Haydn, Wagner, Liszt, Schmitt. Valence - Bordeaux. 22.38 Les Soirées... (suite). Cinq détenus du centre de déten- Ce magazine consacré au droit Un film de Luis Bunuel, tourné en 23.45 Fear. Film. James Foley (v.o.). !. Œuvres de Thomas, Poulenc, tion de Melun parlent des livres traite des mineurs en butte aux 1952, et qui s’inscrit dans le cadre 1.15 Football NFL. Debussy, Fauré, Chausson. qu’ils lisent, de leur influence sur règles, voire aux aberrations de la d’une Thema consacrée au « SM, leur moral, de ce que signifie la lec- loi. Militant et responsable de ou le jeu du sexe et du pouvoir ». 23.50 Rome-Paris-Rome a Luigi Zampa. SIGNIFICATION DES SYMBOLES ture en prison, « seul moyen d’éva- mouvement, jeune mariée de seize Ce long métrage offre un tableau Avec Aldo Fabrizi, sion légal ». Certains lisent en plus ans, entrepreneur trop jeune pour de la jalousie et une description Sophie Desmarets (Italie, 1951, N., Les codes du CSA Les cotes des films v.o., 105 min) &. Ciné Classics la presse, et d’autres collaborent à exercer, etc. Des cas décrits par le des perversions amoureuses rare- & Tous publics a On peut voir 1.10 Possession aa % aa la rédaction d’ouvrages. Mais cette magazine avec la présence, en ou- ment atteinte, sur fond d’anticléri- Andrzej Zulawski (Fr. - All., 1981, Accord parental souhaitable A ne pas manquer 120 min) !. Ciné Cinémas 2 ? Accord parental indispensable aaa Chef-d’œuvre ou classique série ne fait oublier ni les barreaux verture, de Muriel F. Une présence calisme, de fantasmes et de dissi- ou interdit aux moins de 12 ans Les symboles spéciaux de Canal + ni le fait que plus de 50 % des déte- médiatique paradoxale pour l’édu- mulation. Un documentaire, Tops 2.30 Les Pirates ! Public adulte DD Dernière diffusion de la mode aa d nus ne savent ni lire ni écrire. Du catrice condamnée récemment and Bottoms, de Christine Richey, William Dieterle (1934, v.o., Interdit aux moins de 16 ans Sous-titrage spécial pour lundi au vendredi. pour sa liaison avec un mineur. clôt cette Thema. 80 min) &. Ciné Classics # Interdit aux moins de 18 ans les sourds et les malentendants LeMonde Job: WMQ2311--0036-0 WAS LMQ2311-36 Op.: XX Rev.: 22-11-99 T.: 10:59 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 10Fap: 100 No: 0444 Lcp: 700 CMYK

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MARDI 23 NOVEMBRE 1999 La CDU de Helmut Kohl éclaboussée La bonne nouvelle par Pierre Georges par une affaire de pots-de-vin CE QUI EST plutôt drôle – mais avait été « probablement » dans est-ce tout à fait vrai ? –, c’est que, son pays. Et que l’enfant était très dans le rituel des sondages de po- certainement « british ». Elle conserne la vente controversée de blindés à l’Arabie saoudite pularité, l’heureuse nouvelle a Ce dont, ici, nous n’avons vrai- provoqué une hausse sensible. ment jamais douté. Admirable, en BERLIN chancelier à l’hebdomadaire Welt térêt de notre pays, d’informer le compte à Francfort, elle a été par- Etes-vous satisfaits de la politique tout cas, ce « probablement ». Car, de notre correspondant am Sonntag, estimant que « la dé- chancelier » Kohl du souhait des tagée en octobre 1992 entre le fon- conduite par Tony Blair ? 53 % de voici que, lancés sur la piste du L’Allemagne semblait épargnée cision [d’autoriser l’exportation Saoudiens de recevoir les blindés dé de pouvoir de M. Kiep, la socié- oui avant. 58 %, après. probablement, les fins limiers de par les affaires de corruption poli- des blindés] avait été prise exclusi- Fuchs. Une semaine plus tard, le té de M. Weyrauch, et M. Kiep De l’importance d’une gros- presse osent, ce lundi, une hypo- tique depuis l’affaire Flick au dé- vement pour des raisons de poli- conseil de sécurité fédéral, présidé lui-même, qui aurait utilisé sa part sesse sur le bonheur sondagique thèse écossaisse. Pour eux, il ne but des années 80. Un an après la tique fédérale, étrangère et de sé- par M. Kohl, donne son feu vert à pour payer ses frais d’avocats dans des peuples. Car voici bien que fait plus de doute que la concep- défaite électorale de Helmut Kohl, curité, et en accord étroit avec les l’exportation, alors que, depuis une affaire précédente. l’annonce par le 10, Downing tion aurait eu lieu au château de son parti, l’Union chrétienne-dé- partenaires de l’OTAN ». l’automne, les ministères alle- Pour compliquer l’affaire, les Street que « nous » serions dans Balmoral. Une résidence royale en mocrate (CDU), est éclaboussé par Le même jour, Wolfgang mands des affaires étrangères, de blindés commandés par l’Arabie une situation intéressante, inat- Ecosse qui en vit d’autres, puisque un scandale qui concerne un Schäuble, président depuis un an la défense et de l’économie saoudite n’étant pas disponibles tendue mais intéressante, a pro- la chronique, déjà, y établit une contrat de vente d’armes du de la CDU, a affirmé qu’il n’y avait avaient multiplié les avis négatifs en 1991, c’est finalement la Bun- voqué, dans tout le royaume et au jurisprudence : c’est là-bas qu’au- groupe Thyssen à l’Arabie saou- pas de « caisse noire » à la CDU, sur la vente. Aujourd’hui, M. Kohl deswehr qui a dû fournir ses delà, un ravissement sans bornes. raient été conçus naguère, en dite, en 1991. L’enjeu est de savoir tout en précisant qu’il ne pouvait affirme que la décision de vendre propres véhicules, grâce, selon la Enfin une bonne et même, dira le 1963, la petite Sarah, fille de la si l’autorisation d’exportation de pas être responsable des cin- les véhicules Fuchs a été prise dès presse allemande, à l’intervention chef de l’opposition conservatrice, princesse Anne et de Lord Snow- 36 véhicules blindés Fuchs donnée quante années d’histoire du parti. le 16 septembre 1990 lors d’une du secrétaire d’Etat à la défense, William Hague, une « merveil- don, et en 1981, le prince William, par le gouvernement allemand, en Les groupes parlementaires so- rencontre avec le secrétaire d’Etat Holger Pfahls, membre de la CSU, leuse » nouvelle. royal rejeton de la princesse Dia- pleine guerre du Golfe, a été ob- ciaux-démocrates et Verts de- américain, James Baker. branche bavaroise de la CDU. Cet Cherie Blair, quarante-cinq ans, na et du prince Charles. tenue par le versement de pots- vaient débattre, lundi 22 no- ancien chef des renseignements attend, pour le mois de mai, ce Un lieu chargé d’histoire donc. de-vins, alors que la loi allemande vembre, de la mise en place en UN MILLION DANS UNE MALLETTE généraux aurait touché de Thyssen qu’il est convenu d’appeller un Et ce serait donc au mois de sep- interdit normalement l’exporta- janvier d’une commission parle- Pourtant, le 26 août 1991, lors 3,8 millions de marks (1,9 million heureux événement, un qua- tembre que le couple Blair, venu tion d’armes à des régions en mentaire sur cette affaire, qui d’une rencontre qui se déroule en d’euros). En fuite, il fait l’objet trième enfant donc. Tony Blair est assister à d’étranges jeux annuels, guerre. Au total, 219,7 millions de tombe à pic pour le gouvernement Suisse, au bord du lac de d’un mandat d’arrêt international. enchanté, surpris mais enchanté, les Braemer games, sorte de joutes marks (110 millions d’euros) sur les Schröder, après une série de dé- Constance, le marchant d’armes Cette agitation fait remonter de et amoureux, il fallait voir comme écossaisses un rien bizarroïdes qui 446,4 millions (223 millions d’eu- confitures électorales. Schreiber rencontre sur le parking nombreuses affaires à la surface, sur les photos du sommet de Flo- consistent, par exemple, à procé- ros) payés par les Saoudiens se- A l’origine des soupçons, une d’un supermarché Horst Wey- comme celle des éventuels pots- rence. Et tout ce que l’univers mé- der au lancer du mélèze par la raient partis en pots-de-vin et lette écrite par le marchand rauch, conseiller fiscal de la CDU, de-vin qu’aurait reçus la CDU lors diatique insulaire compte d’inves- pointe, aurait suivi ce royal commissions diverses. d’armes Karlheinz Schreiber, le et lui donne – en présence de de la reprise de la raffinerie Leuna tigateurs enquête pour savoir où exemple. L’affaire ne cessant de grossir, 20 février 1991, au trésorier de la M. Kiep –, une mallette contenant par le français Elf. D’où une ques- et quand fut conçu cet enfant de Tous détails intéressants certes, Helmut Kohl est monté au cré- CDU de l’époque, Walther Leisler un million de marks (500 000 ¤). tion lancinante : le « système l’amour. mais dont on se doute bien que neau, dimanche 21 novembre : Kiep, aujourd’hui âgé de soixante- Mais la somme n’est visiblement Kohl » était-il propre ? D’où la question osée par un bon nombre de lecteurs vont se « Ces supputations sont fausses et treize ans, dans laquelle M. Schrei- jamais arrivée sur les comptes du confrère de la très sérieuse BBC demander s’ils le sont vraiment. diffamantes », a déclaré l’ancien ber le prie « instamment, dans l’in- parti. Placée pendant un an sur un Arnaud Leparmentier qui, n’écoutant que son devoir, Ce en quoi ils auraient bien tort. demanda au premier ministre si, Car voici d’évidence que cette ainsi que l’indiquaient les pre- grossesse est promise au plus bel mières spéculations, ce bébé avait avenir médiatique. La nouvelle a été commandé lors d’un séjour de occupé pour partie le sommet de vacances en France. Ce dont nous Florence. La preuve. Hillary Clin- aurions été légitimement fiers. Ou ton a fait savoir qu’elle viendrait à en Italie, peut-être, ce qui n’aurait Londres juste après la naissance et pas déplu là-bas. A quoi, Tony qu’elle était plus que volontaire Blair, un peu rosissant paraît-il, ré- pour aider. Romano Prodi s’est fé- pondit que non, que la question licité de cette heureuse exception était bien embarrassante, et que à la dénatalité européenne. Et les détails l’étaient encore plus. Il Gerhard Schröder a cru y voir l’es- se tut une vingtaine de secondes. quisse d’un modèle blairiste avec Puis il finit par avouer que cela lequel il ne saurait rivaliser. La Chine lance sa première capsule spatiale habitable UNE CAPSULE spatiale habitable a été lancée puis récupérée par la Chine après 14 orbites terrestres, a annoncé l’agence Chine nouvelle, dimanche 21 novembre. « Shenzhou » (vaisseau divin), prévue pour héberger deux spationautes, mais inhabitée pour ce vol, a été empor- tée par une fusée Longue Marche, tirée depuis le centre spatial de Jiu- quan, dans la province de Gansu (nord-ouest). L’engin a volé 21 heures, avant d’atterrir dans le désert de Gobi, samedi 20 novembre à 20 h 41 (heure de Paris). L’agence officielle chinoise a qualifié l’évé- nement « de grand pas en avant dans la technologie de l’exploration de l’espace par l’homme ». Le premier vol spatial humain, réalisé par le Soviétique Youri Gaga- rine, remonte à 1961. Seuls les Américains et les Russes maîtrisent pour l’heure cette technologie, mais la Chine a lancé en 1992 le « pro- jet 921 » afin d’être la troisième puissance à envoyer des « taïko- nautes » (équivalent chinois des cosmonautes) en orbite. Les ambi- tions spatiales chinoises sont prises très au sérieux par les Occidentaux. Avant de connaître une série d’échecs meurtriers en 1995 et 1996, la fusée Longue Marche faisait figure de lanceur commercial tout à fait compétitif, ce qui n’a pas manqué d’intéresser les militaires. C’est l’une des raisons pour lesquelles la Chine aurait été écartée par la NASA du projet de station spatiale internationale (ISS), et fait aujourd’hui cavalier seul dans la conquête de l’espace habité.

DÉPÊCHES a ISRAËL/PALESTINIENS : un député du Parti travailliste israé- lien, Yossi Katz, a estimé, dimanche 21 novembre, que l’Etat hébreu devrait accueillir 100 000 réfugiés palestiniens, dans le cadre d’un rè- glement de paix définitif. « Israël doit faire un geste significatif pour ab- sorber 100 000 réfugiés dans les limites de la Ligne verte », a déclaré Yos- si Katz après avoir visité le camp de réfugiés de Chouafat, près de Jérusalem. La « Ligne verte » délimite les frontières d’Israël avant la guerre dite des Six Jours, en 1967, au cours de laquelle les Israéliens se sont emparés de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. – (Reuters.) a IRAK : Bagdad a rejeté un projet de l’ONU, prévoyant la suspen- sion des sanctions et la reprise du contrôle de son armement. Réuni dimanche 21 novembre, le gouvernement irakien a proclamé son « re- fus catégorique du projet britannique de résolution, même avec les modi- fications de pure forme qui sont actuellement en discussion » au Conseil de sécurité. Dans le même temps, Bagdad a rejeté la résolution 1275 du Conseil de sécurité, adoptée vendredi, prolongeant le pro- gramme « pétrole contre nourriture » pour 15 jours. – (AFP.) a SRI LANKA : des rebelles tamouls ont bombardé une église dans le nord du Sri Lanka, tuant 32 personnes et en blessant 56 parmi les civils qui s’étaient réfugiés dans son enceinte, a affirmé, dimanche 21 novembre, l’armée sri-lankaise. Les rebelles ont démenti être les auteurs de l’attaque. – (Reuter, AFP.) a PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE : le maire de Paris, Jean Tiberi, qui avait demandé à la ministre de la culture, Catherine Traut- mann, de « prendre toutes les mesures de protection » pour que la li- brairie des PUF, boulevard Saint-Michel, à Paris, reste « un lieu voué au livre », s’est dit « étonné » que la ministre n’ait pas retenu l’idée du classement de l’immeuble qui l’abrite. La ministre a estimé « inappro- prié » le classement de l’immeuble. Elle souligne qu’une telle mesure n’aurait « aucun effet sur le devenir du fonds de commerce ». La librairie des PUF est menacée de disparition, avant la fin de l’année, au profit de la marque de vêtements Zara. La librairie Joseph Gibert étudierait la possibilité d’une reprise.

Tirage du Monde daté dimanche 21-lundi 22 novembre 1999 : 581 890 exemplaires. 1-3 LeMonde Job: WDE4799--0001-0 WAS MDE4799-1 Op.: XX Rev.: 19-11-99 T.: 21:24 S.: 111,06-Cmp.:22,09, Base : LMQPAG 18Fap: 100 No: 0101 Lcp: 700 CMYK

MARDI 23 NOVEMBRE 1999

Ce supplément CONTESTATION AGRICULTURE ÉTATS-UNIS exceptionnel Charlene Barshefsky, la négociatrice est entièrement Bœuf américaine, est une juriste à la poigne consacré aux de fer formée à la troisième 800 hormones, à l’école des conférence C’est le nombre d’organisations maïs transgénique... cabinets de l’Organisation non gouvernementales Les contentieux s’accumulent d’avocats mondiale du commerce attendues. Relais des craintes sur les questions alimentaires. américains OFFRES D’EMPLOIS qui se tiendra de la société civile, Et les aides versées aux producteurs (page VI) De la page IX du 30 novembre elles s’opposent vont donner lieu à une belle bataille à la page XX au 3 décembre à une mondialisation de chiffres entre Bruxelles à Seattle, aux Etats-Unis non contrôlée (page II) et Washington (page IV)

135 pays se réunissent pour tenter L’OMC pour tous de définir de nouvelles règles du jeu pour les échanges et chacun pour soi internationaux

’est le dernier grand ren- exemple en date, Sol Melia, la l’Uruguay Round, conclu à Marra- Les milliards du libre-échange dez-vous international chaîne hôtelière espagnole, très kech en 1994, a laissé un souvenir C du siècle qui s’achève. présente à Cuba, est menacée par amer. Les concessions consenties Dans une semaine, les la loi Helms-Burton, qui autorise à alors n’ont pas été payées en retour LE COMMERCE MONDIAL EN 1998 135 pays membres de l’Organisa- infliger de lourdes sanctions aux so- d’un meilleur accès aux marchés tion mondiale du commerce (OMC) ciétés faisant affaire avec les enne- des pays riches. Ils feront donc bloc EXPORTATIONS 5 225 milliards de dollars IMPORTATIONS 5 410 milliards de dollars se retrouveront à Seattle pour don- mis de Washington. pour refuser deux sujets que plu- Répartition en % ner le coup d’envoi d’un nouveau En face, les Européens ne veulent sieurs pays industrialisés s’obs- AMÉRIQUE cycle de négociations commer- pas se laisser enfermer dans un tinent à inscrire à l’ordre du jour : AMÉRIQUE ASIE DU NORD ciales, le neuvième du genre. tête-à-tête et cherchent à étendre le les normes sociales et environne- ASIE DU NORD 24,7% 17,1% Pour la première fois, les Améri- champ du round à de nouveaux su- mentales, dans lesquelles ils voient 20,1% 21,3% cains en seront les hôtes. Ils n’ont jets comme la concurrence et les in- les instruments d’un protection- MOYEN- pas choisi Seattle par hasard. La vestissements. Poussés par les nisme déguisé. MOYEN- ORIENT ville de Microsoft et de Boeing est Français, ils défendent aussi l’idée Enfin, l’invité le moins attendu de ORIENT AMÉRIQUE 2,5% 2,7% AMÉRIQUE la vitrine de la réussite américaine que la libéralisation des échanges ce sommet ne sera peut-être pas le LATINE et de sa « nouvelle économie », qui doit s’accompagner de mécanismes moins important. La société civile AFRIQUE LATINE 5,3% fait tourner le pays à plein régime de régulation, prolongeant ici le dé- fait son entrée en force dans les en- AFRIQUE 2,4% 6,3% 2,1% depuis huit ans. Une vitrine certes bat engagé avec le Fonds monétaire ceintes officielles sous une bannière un peu obscurcie par les déboires international (FMI) au lendemain très critique à l’égard de la mondia- PAYS judiciaires de Bill Gates et les mé- de la crise asiatique de l’été 1997. lisation. ONG, syndicats, associa- EUROPE PAYS EUROPE EN TRANSITION saventures du constructeur aéro- Seattle sera un vrai test de crédibili- tions de consommateurs se sont OCCIDENTALE EN TRANSITION OCCIDENTALE nautique, rattrapé par son vieux té pour l’Union, un an après la créa- donné rendez-vous à Seattle pour 3,4% 43,6% 44,7% 3,8% concurrent européen, Airbus. Mais tion de l’euro. dénoncer les dérives et les dangers l’affiche reste emblématique de la Arbitres, acteurs à part entière ou d’un monde « tout marché ». puissance de la première économie témoins forcés ? De leur côté, les 50 000 manifestants sont attendus mondiale, dont le modèle libéral a pays en développement feront tout dans les rues dès le 30 novembre. fini, peu ou prou, par s’imposer au pour ne pas se laisser écraser par reste de la planète. A Seattle, l’hégémonie économique des pays Laurence Caramel l’OMC proposera d’aller encore un industrialisés. Le dernier cycle de et Serge Marti peu plus loin sur la voie de la libéra- lisation en plaçant au cœur de cette logique d’une ouverture toujours croissante deux secteurs hautement sensibles : les services et l’agri- culture. Le premier fait de ce round du Millénium le cycle le plus ambi- tieux depuis que les négociations multilatérales sur le commerce ont Les produits industriels dominent les commencé il y a cinquante ans, car transactions multilatérales... il s’agit ni plus ni moins d’ouvrir dé- finitivement à la concurrence une 62,5% activité qui représente 60 % de la ri- chesse mondiale produite chaque année. Le second est le point de cristalli- sation de tous les conflits car, au- delà de ses enjeux économiques, il touche aux modes d’organisation 20% des sociétés et à la question émi- 3,5% nemment politique de la sécurité alimentaire. AGRICULTURE INDUSTRIE SERVICES Pour l’heure, le succès est tout sauf acquis. Le marathon de ces Les barrières douanières tombent, dernières semaines pour parvenir à ...mais ce sont les services qui sont le les échanges explosent fixer « l’agenda », c’est-à-dire le simple périmètre des futures dis- moteur de la richesse et l'un des NIVEAU MOYEN principaux enjeux de Seattle DES DROITS DE DOUANES indice cussions, a fait apparaître sous une 1950=100 en% échelle de gauche lumière crue la profondeur des conflits et donné un avant-goût de 60% 50 ÉCHANGES 1 700 la guerre que se préparent à livrer 40 échelle de droite 1 300 30 les négociateurs. Les Etats-Unis, PIB RÉEL 900 20 échelle de droite dont le déficit commercial atteint 500 10 un niveau record, veulent une né- 32% 0 100 gociation classique, limitée à des 1947 1962 1972 1987 1994 questions sectorielles. Leur priorité Instauration Après le cycle Après le cycle est l’accès à de nouveaux marchés. 4% du GATT KENNEDY de l'URUGUAY Et ils ont montré qu’au besoin ils Avant le cycle Après le cycle étaient toujours prêts à se servir de KENNEDY de TOKYO AGRICULTURE INDUSTRIE SERVICES leur puissant arsenal protection- niste pour parvenir à leurs fins et Sources : Banque mondiale, OMC, CEPII imposer leur diplomatie commer- ciale aux autres pays. Dernier LeMonde Job: WDE4799--0002-0 WAS MDE4799-2 Op.: XX Rev.: 19-11-99 T.: 20:58 S.: 111,06-Cmp.:22,09, Base : LMQPAG 19Fap: 100 No: 0102 Lcp: 700 CMYK

II / LE MONDE / MARDI 23 NOVEMBRE 1999 LE ROUND DU MILLÉNIUM ̄ COMMERCE MONDIAL Europe - Etats-Unis : le match continue as moins de 135 pays L’Union européenne est favo- américaine au commerce, Charlene vont se retrouver à la fin Les Américains rable à un agenda très large qui lui Barshefsky, celle-ci représente du mois à Seattle. éviterait de se retrouver nez à nez 60 milliards de dollars par an de P subventions et 85 % des subven- Questions-réponses Savent-ils tous ce qu’ils se concentrent avec les Etats-Unis sur l’épineux su- en attendent ? Pas sûr. Les pays les jet de l’agriculture. Pour l’Europe, le tions mondiales totales aux expor- Comment s’est organisé tée d’une sorte de juge de paix moins avancés et certains pays en sur un objectif grand Satan commercial habite de tations de produits agricoles, et « est le commerce mondial chargé de faire prévaloir la règle développement ne voyaient pas en- l’autre côté de l’Atlantique. Elle ré- sans doute le système au monde qui 1 après-guerre ? de droit entre les Etats membres, core la nécessité d’aller plus loin sur presque unique : pète donc inlassablement l’impor- crée le plus de distorsions au sein du Au lendemain de la seconde actuellement au nombre de 135. la route du libre-échange, alors que tance qu’elle attache à la primauté commerce agricole, et pourrait aussi guerre mondiale, les Etats-Unis Dans les faits, l’ORD, devenu l’un les dispositions de l’accord de Mar- faire plier du système commercial multilatéral être qualifiée de la plus grande distor- souhaitaient revenir à la liberté des éléments essentiels de la ré- rakech, signé en 1994 à l’issue d’un comme garantie contre le protec- sion commerciale toutes catégories ». des échanges (après la montée du gulation du commerce mondial, cycle interminable de sept ans, le Vieux Continent tionnisme et l’unilatéralisme. Le Le discours est d’assez mauvaise protectionnisme des années 30) saisi, dès sa naissance, par de n’ont pas toutes été mises en commissaire au commerce, Pascal foi – les Etats-Unis disposant d’un et réformer en même temps le nombreux pays du Sud comme œuvre. sur l’agriculture Lamy, plaide donc pour la poursuite large éventail d’aides à leurs agri- système monétaire international. du Nord, a parfois du mal à as- Le bilan de ces années de baisse de la libéralisation des échanges culteurs – mais cohérent : pour les La création, en 1944, du Fonds seoir son autorité. méthodique des tarifs douaniers n’a puisque, sans en apporter vraiment Américains, la libéralisation s’arrête monétaire international (FMI) et Les critiques qui lui sont adres- d’ailleurs pas été fait. Et si, pour les (la propriété intellectuelle, la poli- la preuve, il affirme que celle-ci là où la défense des différents ac- de la Banque mondiale devait sées, ravivées à l’approche de la pays industrialisés et certains pays tique de la concurrence, les marchés obéit à la règle du « gagnant-ga- teurs économiques exige le protec- être complétée par une Organisa- conférence de Seattle, portent émergents, l’ouverture des fron- publics), ou en freiner le pas et gnant », c’est-à-dire que tous les tionnisme. tion internationale du aussi bien sur la transparence et tières et la plus grande circulation conserver l’agenda prévu par l’ac- pays en sont bénéficiaires. S’ils ont de profonds désaccords commerce (OIC). Sa base consti- sur l’objectivité des décisions des biens et des services ont permis cord de Marrakech, c’est-à-dire se sur l’agriculture et l’agenda, les tutive, connue sous le nom de prises – et c’est notamment la de gagner des points de croissance limiter à réduire les entraves au MAUVAISE FOI Etats-Unis et l’Europe se rejoignent Charte de La Havane, ne sera ja- position française – que sur la né- et de créer des emplois, la libéralisa- commerce de l’agriculture et des Les Etats-Unis se concentrent sur sur la nécessité de prendre en mais adoptée, en raison de l’op- cessaire articulation entre la poli- tion du commerce se fait de façon services ? un objectif presque unique : faire compte l’impact du commerce sur position du Congrès américain. tique d’ouverture commerciale « très déséquilibrée et partiale »,a Doivent-ils intégrer ou non de plier l’Europe sur l’agriculture, en l’environnement. Les deux parte- C’est finalement sur la base prônée par l’OMC et le besoin de récemment rappelé la Cnuced. Avec nouveaux sujets comme les normes exigeant notamment l’élimination naires commerciaux souhaitent d’un accord a minima, le GATT prendre en compte « les valeurs une constante : elle s’est effectuée sociales ou l’environnement ? La ré- des subventions aux exportations. également aborder la question des (Accord général sur les tarifs supérieures du développement, de dans les secteurs qui présentent un ponse est évidemment différente Leur discours est rodé et la cible normes sociales. Sur ces deux su- douaniers et le commerce, selon l’environnement et de la santé ». intérêt pour les exportations des selon le niveau de développement identifiée : la politique agricole jets, ils se heurtent à l’opposition l’acronyme anglais), signé en Le recours à la procédure de vote pays industrialisés (technologies de et d’ouverture de chacun. commune. Selon la représentante des pays en voie de développement, 1947 par 23 pays et comportant (un pays, une voix) marque aussi l’information, télécommunications, notamment l’Inde et le Pakistan qui un code de bonne conduite vi- en théorie la fin de la règle du services financiers) et beaucoup y voient des velléités de protection- sant à abaisser les barrières tari- consensus qui avait si longtemps moins dans ceux présentant un in- La France profite de l’ouverture nisme déguisé. faires, que sera plus ou moins paralysé le GATT. térêt pour les pays en développe- Les « grandes » puissances bien régi le commerce mondial. ment (textile, habillement, agri- En vingt-cinq ans, la France est devenue une économie très ou- commerciales affirmées ou émer- Le 14 avril 1994, à Marrakech, Quels ont été culture). verte sur l’extérieur. Alors que dans les années 70 la part de la pro- gentes finiront par trouver entre 123 pays entérinent le dernier les résultats Ce sont donc les représentants de duction manufacturée exportée ne dépassait pas 20 %, elle atteint elles un équilibre fait de concessions cycle de négociations commer- 3 des rounds du GATT ? quatre blocs d’intérêts divergents 41 % en 1996. Les effets de l’ouverture économique se traduisent glo- mutuelles. L’enjeu du cycle du Mil- ciales du GATT (l’Uruguay Huit cycles de négociations, qui vont se retrouver à Seattle : les balement par un gain net en emplois, rappelle le Conseil d’analyse lénaire est d’intégrer les autres, les Round) et donnent le coup d’en- appelés effectivement rounds, se Etats-Unis, l’Union européenne, les économique dans son rapport sur « Le cycle du millénaire ». En 1997, plus pauvres, en leur ouvrant large- voi à l’Organisation mondiale du sont tenus, à ce jour, sous l’égide pays en développement et les pays 500 000 emplois auraient ainsi été gagnés grâce au solde commercial ment l’accès des marchés dévelop- commerce (OMC) qui allait lui du GATT. Les quatre premiers les moins avancés. Leur objectif est excédentaire. pés. Et d’aboutir ainsi à une réparti- succéder le 1er janvier 1995. (Genève en 1947, Annecy en commun : favoriser la prospérité Mais ce gain global n’empêche pas que l’ouverture économique tion plus équitable des avantages de 1949, Torquay en 1950-1951 et dans leur propre pays. Pour cela, détruise des emplois dans les secteurs plus faibles, notamment ceux la mondialisation. Les 48 pays les En quoi l’OMC Genève en 1955-1956) ont sur- doivent-ils adopter le rythme de la qui utilisent de façon intensive de la main-d’œuvre non qualifiée. La moins avancés, représentent au- diffère-t-elle tout porté sur l’admission de mondialisation des capitaux qui cir- libéralisation qui se poursuit via les négociations commerciales fait jourd’hui... 0,5 % du commerce 2 du GATT ? nouveaux membres et sur un dé- culent en toute liberté grâce aux ainsi peser des risques sur les secteurs les moins compétitifs de mondial. A sa naissance, le GATT ne but d’abaissement des barrières progrès de la technologie, et tout l’économie française (textile, confection, chaussure...) ou les plus s’appliquait qu’au commerce des douanières. mettre sur la table des négociations protégés (l’agriculture). Babette Stern marchandises. Depuis, le Le Dillon Round (1961-1962) a commerce mondial s’est considé- été marqué par l’arrivée, sur la rablement modifié, tant en vo- scène de la négociation, de la lume (il a été multiplié par dix de- Communauté économique euro- puis 1947 et dépasse aujourd’hui péenne, née du traité de Rome plus de 5 000 milliards de dollars) (1957). Au cours du Kennedy Mike Moore, le Néo-Zélandais aux deux visages qu’en nature (la part des services Round (1964-1967) sera élaboré a considérablement augmenté). un nouveau code antidumping écidément, les mi-mandats né- combrante et finir par l’emporter, Mike pas neutre. De son côté, le Maroc a été long- La nouvelle Organisation mon- du GATT parallèlement à une gociés d’avance sont à la mode. Moore, cinquante ans, a su habilement inter- temps soutenu par la France avant que Paris diale du commerce, dont le siège importante réduction des tarifs Après l’accord boiteux qui per- préter auprès des Européens. qui avaient ne lâche prise à la suite, sans doute, d’un est à Genève, devait tenir compte sur les produits industriels por- D d’abord soutenu la candidature asiatique, la obscur donnant-donnant. Si le nom du can- mettra – en principe – à Jean- de cette évolution. Aussi l’OMC tant, alors, sur les trois quarts du Claude Trichet, l’actuel gouverneur de la partition du libéralisme quand il a fallu sé- didat néo-zélandais est finalement sorti du a-t-elle considérablement élargi commerce mondial. Le Tokyo Banque de France, de succéder, dans trois duire les gouvernements conservateurs, et, à chapeau genevois, avec l’aval des pays du le champ de ses compétences à Round (1973-1979) prolongera ans, au Néerlandais Wim Duisenberg, pré- l’inverse, ressortir sa carte d’ancien leader Nord, ceux du Sud, conscients de l’enjeu, d’autres domaines tels que la les résultats du cycle précédent sident de la Banque centrale européenne travailliste et de membre de l’Internationale n’ont pas totalement renoncé à diriger une question des biens et des services en matière d’abaissement des (BCE), un « deal » identique a permis, après socialiste pour convaincre ses homologues grande organisation internationale. C’est ou encore les droits de la pro- droits de douane et en s’atta- six mois d’âpres marchandages, de désigner politiques de l’Europe rose de son attache- ainsi qu’il faut interpréter la nomination, priété intellectuelle. chant à réglementer les barrières le deuxième directeur général de l’Organisa- ment aux normes sociales, un des points sans doute moins médiatique mais très em- Le GATT avait, en réalité, une non tarifaires. A l’issue de ces tion mondiale du commerce (OMC) depuis faibles de l’OMC. blématique, du Chilien Juan Somavia à la triple mission : fixer les règles de sept premiers cycles et en un peu sa création en janvier 1995. tête du Bureau international du travail, une bonne conduite du commerce, plus de trente années de négo- Le 1er septembre, le Néo-Zélandais CHOC DE DEUX PERSONNALITÉS institution qui a nécessairement partie liée organiser les cycles de confé- ciations, les droits de douane ap- Mike Moore s’est finalement installé dans le Cet affrontement n’est pas seulement le avec l’OMC. rences pour libéraliser plus rapi- pliqués à des milliers d’articles fauteuil laissé vacant par son prédécesseur, choc de deux personnalités, toutes deux de A présent, les dés sont jetés. Pragmatique, dement les échanges et sanction- auront été ramenés en moyenne l’Italien Renato Ruggiero, et ce pour un de- stature internationale. Il est aussi la réplique autodidacte (il a quitté les bancs de l’école à ner les membres qui ne de 40 % à moins de 5 %. mi-mandat de trois ans à l’issue duquel il de- du duel auquel s’étaient déjà livrés les Euro- quinze ans avant de trouver à s’employer respectent pas les règles du jeu. L’Uruguay Round (1986-1994), vra laisser la place, en août 2002, à son ex- péens et les Etats-Unis lorsqu’il avait fallu dans une ferme puis à manier la truelle du Mais la « sanction » résultant le plus long et le plus ambitieux rival, le Thaïlandais Supachai Panitchpakdi. désigner le premier directeur général de maçon), Mike Moore a vite appris ce que d’un manquement aux règles du de ces cyles de négociations, Celui-ci, âgé de cinquante-deux ans, actuel cette très importante organisation multilaté- valent les rapports de forces. Pugnace et vo- GATT, faute de tribunal pour concernait moins les tarifs doua- vice-premier ministre et ministre du rale. Washington s’était finalement rallié à la lontaire – il a été, à vingt-trois ans, le plus pouvoir véritablement la pro- niers, fortement abaissés, que les commerce, soutenu par l’ensemble de l’Asie candidature de Renato Ruggiero à la condi- jeune député de son pays –, sa déjà longue noncer et, surtout, la faire appli- nouvelles règles du commerce (notamment par le Japon) et présenté tion que son successeur ne soit pas un Euro- carrière politique et syndicale plaide en fa- quer, se bornait le plus souvent à mondial. Les négociations, mar- comme le porte-parole des pays émergents, péen. Deux autres candidats, non européens, veur d’un sens du dialogue. Seattle est son une recommandation de peu quées par l’entrée en lice de nou- a mis très longtemps avant de consentir à étaient également en lice : Roy MacLaren, premier test de crédibilité. Du nouveau hé- d’effet. veaux pays industrialisés, ont été s’effacer devant l’ex-premier ministre néo- ancien ministre canadien du commerce in- raut du libre-échange comme de l’ancien mi- En créant en son sein l’Organe particulièrement difficiles. L’agri- zélandais, lui aussi ancien ministre du ternational, et Hassan Abouyoub, ancien mi- litant travailliste qui, autrefois, savait s’in- de règlement des diffé- culture et l’audiovisuel ont dé- commerce extérieur (et des affaires étran- nistre marocain et ambassadeur de son pays surger contre une société qu’il jugeait rends (ORD), instance de recours bouché sur de véritables affron- gères) et considéré comme « l’homme des auprès de l’OMC. « injuste et détestable ». et d’arbitrage dont les décisions tements entre Européens et Américains ». Face aux visées des Etats-Unis, la candida- sont exécutoires, l’OMC s’est do- Américains. Pour se défaire de cette étiquette en- ture du Canada, son voisin immédiat, n’était Serge Marti Les citoyens se donnent rendez-vous à Seattle Bibliographie b De la mondialisation subie au développement contrôlé, les enjeux de la conférence de Seattle, les mouve- contre la « malbouffe » depuis les discussions sur le commerce rait conforté les droits des multina- Seattle (rapport de la délégation ments anti-OMC pour- Avec les ONG l’opération menée, l’été dernier, à mondial. tionales, en passant outre aux pour l’Union européenne de A raient bien voler la ve- Millau contre McDonald’s. « Le problème de l’OMC, c’est que législations locales. l’Assemblée nationale, sous la dette aux ministres qui la société civile c’est une organisation qui n’est pas « Dès la victoire contre l’AMI, nous direction de Béatrice Marre, se réuniront officiellement pour DÉTERMINATION élue, qui ne rend de comptes à per- nous sommes mis à travailler sur septembre 1999, 506 p., 80 F, lancer le round du nouveau Millé- entend peser Les leaders des grands pays in- sonne et qui a le pouvoir de s’immis- Seattle, raconte Agnès Bertrand, 12,2 ¤). nium. La mobilisation promet dustrialisés ont aussi compris qu’ils cer dans la politique des Etats, de re- fondatrice de la Coordination pour b Commerce et développement d’être sans précédent. Et Internet sur les négociations auraient tort de prendre à la légère mettre en cause la protection sociale, le contrôle citoyen de l’OMC (rapport 1999 de la Cnuced, 151 p.). aura fortement contribué à ce suc- cette agitation d’un nouveau type. d’aller contre l’intérêt des consom- (CCOMC). Nous nous sommes répar- b Commerce international, de cès. Depuis des mois, les guerriers « L’absence d’adhésion des opinions mateurs, et, au nom des vertus du tis les tâches, les militants français ré- Patrick Messerlin (PUF, 1998, de l’antimondialisation ont utilisé ner les Etats récalcitrants à ce publiques est la principale menace libre-échange, d’ignorer le respect de fléchissent sur la question des acquis 416 p., 198 F, 30,18 ¤). la Toile pour inonder la planète de nouvel ordre mondial. au système du commerce multilaté- l’environnement », explique Mike sociaux, les Américains sur le droit du b Les Nouvelles Théories leurs messages. Les organisateurs, conscients de ral », a ainsi déclaré récemment Dolan, le directeur de Citizens Trade consommateur et sur l’environne- du commerce international, de Organisations non gouverne- l’ampleur de la mobilisation, ont Charlene Barshefsky, la négocia- Campaign, une des associations les ment, les Indiens planchent sur l’agri- Michel Rainelli (La Découverte, mentales (ONG), syndicats, mou- pris les devants. Ils ont invité huit trice américaine à Seattle. Pascal plus actives contre le lancement culture et le droit des peuples à se 1997, 128 p., 49 F, 7,47 ¤). vements de consommateurs et lob- cents ONG qui pourront s’expri- Lamy, le commissaire européen au d’un nouveau cycle de négociations nourrir eux-mêmes... Notre objectif est b Le Commerce international bies en tout genre, du Sud comme mer à l’occasion d’un forum qui commerce, estime, lui aussi, qu’il commerciales. de remettre l’OMC sous contrôle grâce du Gatt à l’OMC, de Chantal du Nord, ont mobilisé leurs mili- leur sera exclusivement consacré. n’est plus possible d’ignorer « cette L’Américain Ralph Nader, de Pu- à la pression des sociétés civiles. » Buhour (éditions Le tants, alerté l’opinion publique, et Quelques-uns de leurs représen- résistance de l’opinion à l’internatio- blic Citizen, une association qui re- Objectif ambitieux, utopique, Monde-Marabout, 1996, 222 p., affûté leurs arguments pour don- tants pourront participer, en obser- nalisation ». groupe des mouvements de disent certains. Pour autant, les 39 F, 5,95 ¤). ner à leur contre-sommet un écho vateurs, à la réunion ministérielle Cette soudaine attention a toute- consommateurs, milite aussi pour le campagnes de sensibilisation me- b Quel cadre pour l’ouverture ? à la mesure du rejet de plus en plus et être ainsi directement en contact fois peu de chance d’entamer la dé- report du nouveau round «d’au nées sur les différents continents de Jean-Louis Guérin, (La Lettre large que suscite la globalisation de avec les quelque cinq mille partici- termination des mouvements qui moins six mois pour faire un bilan des ont reçu un accueil inattendu. Beau- du Cepii, disponible sur le site l’économie. L’OMC en est un des pants officiels. Le directeur de se sont donné rendez-vous à précédentes étapes de la libéralisation coup d’ONG se disent surprises www.cepii.fr). symboles et un de ses plus puis- l’OMC, Mike Moore, s’est, de son Seattle le 30 novembre, date de des échanges ». La victoire rempor- voire dépassées par les demandes b www.wtoseattle.org (adresse sants instruments à travers la libé- côté, lancé dans une opération de l’ouverture officielle du sommet, tée contre L’Accord multilatéral sur d’informations qu’elles recoivent. du site officiel du troisième ralisation du commerce mondial. Il séduction auprès des leaders de pour organiser « la plus grande ma- l’investissement (AMI) en octobre Signe que l’OMC, au-delà de sa vo- sommet de l’OMC à Seattle). était donc logique que la protesta- cette guérilla antimondialiste. A nifestation jamais vue contre le 1998 a donné une solide assurance cation à organiser le commerce b www.ifg.org, (site tion se focalise sur cette jeune ins- quelques semaines du sommet de commerce mondial ». Plus de aux militants qui espèrent bien re- mondial, est bien l’espace où se d’International Forum on titution, qui plus est la seule à être Seattle, il a ainsi accueilli à Genève, 50 000 personnes sont attendues. nouveler l’exploit. Il y a un an, en ef- joueront à l’avenir de vrais enjeux Globalisation, association fondée dotée, à travers son Organe de rè- le Français José Bové, cofondateur Parmi elles, beaucoup de citoyens fet, l’activisme de quelques-uns de société. en 1994 par soixante économistes, glements des différends, d’un pou- de la Confédération paysanne, pro- qui n’avaient, jusqu’alors, jamais avait permis de faire avorter l’adop- qui propose des points de vue voir judiciaire capable de sanction- pulsé héros mondial de la lutte manifesté le moindre intérêt pour tion par l’OCDE d’un texte qui au- Laurence Caramel critiques). LeMonde Job: WDE4799--0003-0 WAS MDE4799-3 Op.: XX Rev.: 19-11-99 T.: 20:58 S.: 111,06-Cmp.:22,09, Base : LMQPAG 19Fap: 100 No: 0103 Lcp: 700 CMYK

LE ROUND DU MILLÉNIUM LE MONDE / MARDI 23 NOVEMBRE 1999 / III La libéralisation des échanges ne réduit pas La difficile mission la « fracture mondiale » du « Doctor Youssef »

as de perdants, que des sur le même créneau, plus les concentre ses efforts sur les in- gagnants ! » Si l’OMC L’année dernière, risques de surproduction au ni- dustries de haute technologie. M. Boutros-Ghali, « super-ministre » égyptien, P n’était pas cette maison veau mondial augmentent, et Ce jeu de chaises musicales entre sérieuse où se discute la moitié avec elle grandit son corollaire, la nations doit, en théorie, permettre représentera son pays lors de la réunion et cherche l’avenir du commerce mondial, il chute des prix et des revenus. Les aux plus pauvres d’entrer un jour serait tentant de reprendre cette des investissements pays producteurs de matières dans la course. Cela suppose toute- des alliés dans le monde arabe et en Afrique formule de fête foraine pour résu- premières en ont fait l’amère ex- fois que les Etats disposent des res- mer l’état d’esprit de l’institution directs étrangers périence depuis les années 80. sources suffisantes pour investir et LE CAIRE Le gouvernement a dû intervenir genevoise. La trentaine de pays « Pour réussir dans la compéti- moderniser leur appareil de pro- de notre correspondant la semaine dernière pour sauver – tous des pays en développe- a profité à trois pays tion internationale, il faut être ca- duction. Ce qui est rarement le cas. ’y a-t-il personne les Sucreries égyptiennes. L’en- ment – qui se pressent à sa porte pable de produire et d’exporter des Les investisseurs étrangers ne d’autre en Egypte que treprise publique avait accumulé, confortent, en apparence, cette seulement : la Chine, produits manufacturés », précise portent leurs choix que sur une N Boutros-Ghali ? » en deux ans, 3 millions de tonnes idée qu’il y a tout à gagner à faire Tetless Kotte, économiste à la liste de happy few. Cette boutade, lancée de sucre invendu, les prix de pro- partie du club des partisans du le Brésil et le Mexique Cnuced. Mais, en réalité, cela ne La moitié des investissements di- il y a quelque temps par un ban- duction étant supérieurs à ceux libre-échange et, à l’inverse, tout suffit déjà plus. Dans le textile, les rects étrangers – soit 160 milliards quier, reflétait le rôle central que du sucre importé. Le gouverne- à perdre à s’en trouver exclu. sées jusqu’à présent ne permettent « dragons » asiatiques, après de dollars l’an dernier – sont allés jouait M. Youssef Boutros-Ghali ment a donc relevé la barrière Quel est l’argument magique pas en tout cas d’établir un lien in- avoir concurrencé les pays indus- vers trois pays : la Chine, le Brésil dans le programme de restructu- douanière de 5 % à 23 % pour qui a permis, progressivement, de discutable entre une libéralisation trialisés, où plus de 1 million et le Mexique, dont plus d’un quart ration de l’économie égyptienne permettre aux Sucreries de respi- terrasser les plus rigides défen- accrue des échanges et les perfor- d’emplois furent supprimés en dix pour la Chine. Les trois quarts se démarré en 1991. Entre-temps, rer. seurs du protectionnisme ? En mances en matière de croissance », ans, sont à leur tour contraints de sont concentrés sur dix pays. Ce M. Ghali a pris un deuxième cha- fait, rien de très nouveau, puisque explique Jean-Louis Guérin, délocaliser leurs usines dans les qui explique que certains ne pro- peau puisque, depuis le mois der- AGRICULTURE SACRIFIÉE c’est sur les travaux développés économiste au Centre d’études pays où la main-d’œuvre est fitent absolument pas de l’ouver- nier, il est ministre de l’économie Ce type de situation n’est pas par l’économiste anglais David prospectives et d’informations in- moins chère. ture. et du commerce extérieur. En un monopole des entreprises pu- Ricardo au début du XIXe siècle ternationales (Cepii). Tous les L’arrivée de nouveaux concur- Pour être plus juste sur les bien- réalité, il est même devenu « su- bliques. L’industrie automobile, que s’appuient les plaidoieries en pays, en effet, ne sont pas égaux rents aux coûts salariaux plus faits de la libéralisation, mieux vau- per-ministre » chargé de tout ce qui a fleuri ces dix dernières an- faveur de l’ouverture. Selon Ri- devant l’ouverture. La taille, la si- faibles est une menace perma- drait donc dire qu’il y a eu jusqu’à qui a trait à l’économie, avec le nées dans la vallée du Nil, serait cardo, n’importe quel pays est ca- tuation géographique, les infras- nente pour les industries de main- présent beaucoup d’inscrits mais soutien actif du président Mou- condamnée en cas de levée des pable de tirer son épingle du jeu tructures, le cadre macro-écono- d’œuvre, qui permettent aux pays peu d’élus. Pour autant, aucun pays barak en personne. barrières douanières, qui varient du commerce mondial. Il suffit mique et la situation politique pauvres de gravir les premières ne prendrait le risque de refuser le Le « Doctor Youssef », comme aujourd’hui de 50 % à 200 %. pour cela qu’il se spécialise dans sont autant de facteurs qui feront marches du développement. Pour billet que lui tend l’OMC. L’appar- on l’appelle en Egypte, a pris une L’agriculture, qui emploie près du le secteur dans lequel il est le pencher la balance dans un sens cette raison, les pays, une fois ce tenance à cette institution est per- stature telle dans la vallée du Nil tiers de la main-d’œuvre, serait, mieux placé et le plus performant ou dans l’autre. premier pas franchi, sont çue par la communauté internatio- qu’on le compare maintenant à elle aussi, menacée. Dans un pays par rapport à ses concurrents. condamnés à évoluer, à « monter nale et par les investisseurs comme son oncle, M. Boutros Boutros- où le taux de chômage frise les C’est la fameuse théorie des AMÈRE EXPÉRIENCE en gamme », comme disent les in- un signal fort de la volonté de se Ghali, l’ex-secrétaire général des 20 %, selon différentes estima- « avantages comparatifs » qui doit A condition aussi d’adopter la dustriels. C’est à ce prix qu’il est plier aux règles du commerce mon- Nations unies qui a joué un rôle tions, ce serait risquer une explo- permettre à tous de s’insérer dans bonne stratégie en se spécialisant possible de préserver ses « avan- dial. Et, à tort ou à raison, pour les déterminant dans le processus de sion sociale comparable aux le commerce international. sur un ou des produits où les tages comparatifs ». L’île Maurice petits pays, qui n’ont pas la puis- paix égypto-israélien. Comme émeutes de 1977, qui avaient né- La réalité est un peu plus concurrents ne seront pas trop affiche, pour le moment, un par- sance de la Chine, comme une son aîné, Youssef a enseigné à la cessité l’intervention musclée de complexe. Un peu plus décevante nombreux. Car le syndrome de la cours sans faute dans cette transi- condition presque indispensable faculté de sciences politiques et l’armée. aussi. « Si toutes les politiques pro- généralisation est le fléau qui tion. Après s’être spécialisée dans pour garder une chance de sortir économiques de l’université du L’Egypte cherche donc des al- tectionnistes se sont soldées par un guette tous les pays qui jouent le textile, une activité qu’elle dé- des soutes de la mondialisation. Caire. Seule différence, Youssef y liés dans le monde arabe et en échec, l’ouverture n’est pas en soi leur réussite sur les exportations. localise maintenant sur le a enseigné l’économie et non la Afrique pour présenter un front un gage de succès. Les études réali- Plus ils sont nombreux à se lancer continent africain voisin, elle L. C. politique. Il a même été confé- uni. Déjà, la Ligue arabe a de- rencier au très prestigieux Massa- mandé à être admise à l’OMC chusetts Institute of Technology comme observateur, tandis que (MIT), aux Etats-Unis, après en sept pays (Liban, Jordanie, Oman, avoir obtenu, en 1981, un docto- Arabie saoudite, Soudan, Yémen Les pays en développement entrent en scène rat en économie. La partie améri- et Syrie) vont rejoindre les neuf caine de la carrière de M. Ghali Etats arabes déjà membres de comprend aussi un passage de l’OMC (Egypte, Koweït, Bahreïn, ette fois-ci, ils ne joueront pas les invi- mieux : 14 quotas sur 219 ont été supprimés. Dans prêts à d’immenses concessions. A l’inverse des près de six ans (1981-1986) au Qatar, Emirats, Tunisie, Djibouti, tés de la dernière heure. Echaudés par le même temps, les procédures antidumping, qui Etats-Unis, l’Union refuse que les produits agri- Fonds monétaire international Mauritanie et Maroc). Par ail- C le dernier cycle de l’Uruguay, où Amé- permettent de retarder pendant des années l’en- coles entrent dans le champ des importations (FMI). leurs, l’Egypte accueillera, en fé- ricains et Européens avaient largement trée de produits suspectés d’être vendus à un prix non taxées en provenance des PMA. Or les ex- vrier, la première conférence orienté le compromis final, les pays en dévelop- inférieur à celui des marchés d’origine, se sont portations des PMA sont, à l’exception du Ban- PARFAIT FRANCOPHONE économique du Marché commun pement (PVD) ont décidé de prendre les devants. multipliées. gladesh, exclusivement composées de produits Mais Youssef Boutros-Ghali des Etats d’Afrique de l’Est et du Ils représentent aujourd’hui un tiers du agricoles. Plus épineuse encore est la question n’est pas « américanisé » pour Sud (Comesa) afin de discuter de commerce mondial et un ensemble de plus de MANQUE DE MOYENS des normes sociales et environnementales autour autant. Ce parfait francophone la création d’une zone de libre- 5 milliards d’habitants. En septembre dernier, le La colère des PVD ne serait certainement pas si de laquelle tous les PVD font bloc. « Nous nous n’a rien du golden boy obsédé échange. Ces projets de marchés groupe des 77, qui les représente à la Cnuced, a grande si, en échange de cette promesse d’un opposons catégoriquement à un lien quelconque par la Bourse et par la finance. Il communs arabe et africain visent adopté un texte qui exprime à la fois leur décep- meilleur accès aux marchés des pays riches, ils entre ces normes et le commerce », affirme le est resté indépendant et doué non seulement à faire face à la tion et définit une sorte de plate-forme commune n’avaient été contraints de signer un accord sur la groupe des 77. d’un sens de l’humour qui fait concurrence des pays du Nord, devant servir de plan d’action à Seattle. propriété intellectuelle – l’accord Trips (Trade Re- Les pays en développement réussiront-ils à im- que, à l’approche des cinquante mais aussi à renforcer la position Depuis, le ton monte. Certains ténors comme lated aspects of Intellectual Property rights) – qui poser leurs vues ? « Aucun compromis ne pourra ans, il reste classé comme « jeune des négociateurs à l’OMC pour l’Inde ou la Malaisie récusent l’idée même d’un les met en demeure, d’ici au 1er janvier 2000, être trouvé sans l’accord des PVD », affirme Has- ministre ». obtenir une forme de nouveau nouveau round, expliquant qu’avant de se lancer d’avoir élaboré un arsenal législatif et pénal pour san Abouyoub, le candidat marocain éconduit C’est M. Ghali qui sera chargé moratoire avant la levée de dans une autre négociation mieux vaudrait au sanctionner les contrefaçons ou le piratage de lors la dernière élection au poste de directeur de de défendre les couleurs de toutes les barrières protection- préalable faire le bilan du cycle précédent. Or toute nature. Outre que cet accord est souvent l’OMC et dont le pays préside actuellement le l’Egypte lors de la réunion de nistes. l’OMC ne l’a jamais vraiment voulu, car de nom- perçu comme un moyen de freiner les transferts groupe des 77. Pour l’heure, les PVD avancent l’Organisation mondiale du L’Egypte veut d’autre part dé- breux pays, en particulier les pays industrialisés, de technologie vers le Sud, il implique des ré- d’un front uni. Mais rien ne dit que sur la dis- commerce (OMC) à Seattle. Une noncer ce qu’elle considère se trouveraient en situation délicate. formes que peu de pays, faute de moyens, ont été tance, au moment où se joueront les intérêts in- mission difficile car l’Egypte, comme le « protectionnisme » du L’accord de Marrakech signé en 1994 prévoyait à ce jour capables de mettre en œuvre. dividuels, le Mexique, la Corée du Sud ou encore comme beaucoup de pays émer- Nord face à ses produits accusés la levée sur dix ans de tous les obstacles au La liste des sujets à conflit ne s’arrête pas là. En le Brésil, dont la réalité et les préoccupations se gents, est loin d’être prête pour de « dumping » du fait du faible commerce de produits textiles. Mais, à mi-par- dépit d’un discours en faveur de l’insertion des rapprochent davantage de celles des pays indus- une ouverture des frontières coût de sa main-d’œuvre. Autant cours, rien ou presque n’a été fait. Sur les 750 va- pays les plus pauvres dans le commerce mondial trialisés, sauront garder cause commune avec les économiques. L’industrie égyp- de défis pour M. Youssef Bou- riétés de quotas réglementant l’entrée de pro- – les 48 pays appartenant à la catégorie des pays Africains du Sahel. tienne est en pleine restructura- tros-Ghali. duits textiles sur le territoire américain, seuls les moins avancés (PMA) y participent pour tion. Le secteur public reste, pour 13 ont été levés. L’Union européenne n’a pas fait moins de 1 % –, les Européens ne semblent pas L. C. une bonne partie, peu compétitif. Alexandre Buccianti

Rubens Ricupero, secrétaire général de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) « Non au lien institutionnel entre commerce et amélioration des conditions de travail »

« Qu’attend l’organisation que coopération technique, afin qu’ils trialisés ne touchent que 6 % de Seattle, car l’OIT peut aider à ciations commerciales, le pouvoir vous représentez, et que puissent apprendre à produire l’ensemble du commerce. mieux appréhender la question du marché varie selon sa taille peuvent espérer les pays en voie mieux et à être plus compétitifs. – Dans ces conditions, com- des conditions de travail. Mais je et ses dimensions. Il est facile de développement (PVD), de la – Jusqu’à présent, qu’est-ce ment intéresser les pays en dé- partage la position des PVD dans de comprendre qu’un marché prochaine conférence ministé- que l’OMC a apporté aux pays en veloppement aux discussions de le sens où il ne doit pas y avoir un comme celui des Etats-Unis rielle de l’OMC à Seattle ? développement, et que peut-elle Seattle ? lien institutionnel entre commerce pèse davantage que celui de la – Nous attendons qu’une place leur apporter ? – Il faut d’abord leur prouver et amélioration des conditions de Mongolie. plus importante soit accordée aux – Je vous dirai franchement que qu’ils peuvent en tirer des gains travail. Ce dernier aspect est clai- » Pour équilibrer ces diffé- revendications des pays en déve- le GATT, qui a précédé l’OMC, ne appréciables en participant active- rement du ressort de l’OIT. C’est rences, il faut donc encourager la loppement. Récemment, plusieurs leur a pas apporté grand-chose en ment aux négociations. C’est ce dans son cadre que le sujet doit coopération technique pour aider personnalités en vue ont exprimé près de cinquante ans. Pour une que nous essayons de faire. Paral- être abordé, et ce n’est pas par des les pays à améliorer leur capacité le souhait que le prochain cycle raison facile à comprendre : pen- lèlement, on ne peut ignorer leur sanctions commerciales via le sys- de négociation. Il y a aussi la tac- soit celui du développement. dant longtemps, le GATT était, au hostilité aux nouveaux thèmes de tème de règlement des différends tique via, par exemple, la forma- Cette idée a été reprise par Mike fond, un club de riches qui ̄ négociations du millénaire comme que l’on fera avancer les choses. tion d’alliances entre pays qui ont Moore, le nouveau directeur gé- comprenait à l’origine un peu plus la concurrence ou les investisse- » Les PVD ont donc raison de des vues similaires. néral de l’OMC, ce qui représente de vingt pays dont la majorité dis- Rubens Ricupero ments. Cette opposition reflète redouter qu’un certain nombre de » Ce constat s’applique aussi au un véritable tournant dans la prise posaient d’économies industriali- leur préoccupation de voir ces né- points qui ne sont pas du ressort système de règlement des diffé- de position de son organisation. sées. A cette époque, la plupart b Né en 1937 à Sao Paulo, Rubens gociations aboutir à de nouvelles de l’OMC soient néanmoins à rends, dont les coûts sont très éle- » Il faut maintenant que les dis- des PVD étaient encore des colo- Ricupero est secrétaire général de contraintes qui les priveraient des l’ordre du jour de Seattle. Il est vés en raison de l’appui fourni par cours soient suivis d’actes. Cela ne nies. la Cnuced depuis 1995. Ancien moyens qu’avaient largement uti- faux de penser que les sanctions des bureaux spécialisés d’avocats dépend pas seulement des bonnes » Dans un premier temps, le ministre des finances du Brésil, il lisés les pays industrialisés pour commerciales soient les solutions qui restent hors de portée finan- intentions de quelques-uns mais GATT s’est surtout penché sur les supervise, en 1994, le lancement favoriser leur propre développe- ad hoc à tous les problèmes du cière des PVD. C’est d’ailleurs de la volonté de l’ensemble des intérêts des pays industrialisés, du programme de stabilisation de ment. Voilà pourquoi je pense monde. pourquoi j’avais suggéré de créer pays industrialisés. Il faut que le qui portaient sur la réduction des l’économie du pays. qu’ils ont tout intérêt à participer – Les structures du système une organisation d’Avocats sans calendrier des prochaines négo- barrières tarifaires pour les pro- b Durant les négociations du aux négociations afin d’éviter de commercial multilatéral sont- frontières, sur le modèle de Méde- ciations donne aux PVD des rai- duits industriels et la protection cycle de l’Uruguay, qui ont donné se voir imposer des normes res- elles suffisamment démocra- cins sans frontières. sons d’espérer et que tout ce qui de leur agriculture. Ce qui ex- naissance à l’OMC, il a été le treignant la flexibilité dont ils ont tiques pour prendre en compte – Pour vous, le prochain cycle n’a pas encore été réalisé dans le plique que tous les domaines in- président et le porte-parole du besoin. les intérêts des pays en dévelop- sera-t-il celui du développe- sillage de l’Uruguay Round soit fi- téressant les pays en développe- groupe des pays en voie de – Quelle est votre position sur pement et leur offrent-elles des ment ? nalement concrétisé. Je pense no- ment soient restés à la traîne. Le développement (PVD). les normes sociales et sur la garanties suffisantes ? – Franchement, je préfère at- tamment à la question des sec- résultat ? Un système commercial question de la mise à l’ordre du – En théorie, le système est dé- tendre de voir les résultats. Car, teurs du commerce, où les PVD structurellement déséquilibré aux jour des conditions de travail à mocratique parce que les déci- ayant été moi-même un des négo- sont plus compétitifs, comme le dépens des PVD. compte l’agriculture et le secteur Seattle ? sions sont généralement prises ciateurs du GATT, j’ai été souvent textile par exemple. Ces pays de- » Par la suite, il est vrai, des ef- du textile, mais sans beaucoup de – Je regretterais que le directeur par consensus. En pratique, déçu. » vraient aussi pouvoir bénéficier de forts ont été accomplis, en parti- résultats concrets. Ainsi, pour général de l’Organisation interna- comme dans toute la vie interna- davantage de souplesse au cours culier depuis le cycle de l’Uruguay, prendre l’exemple du textile, les tionale du travail (OIT), Juan So- tionale, le pouvoir joue un rôle Propos recueillis par des périodes de transition ou de afin de prendre graduellement en mesures prises par les pays indus- mavia, ne puisse pas s’exprimer à central. Dans le cadre des négo- Jean-Claude Buhrer LeMonde Job: WDE4799--0004-0 WAS MDE4799-4 Op.: XX Rev.: 19-11-99 T.: 20:58 S.: 111,06-Cmp.:22,09, Base : LMQPAG 19Fap: 100 No: 0104 Lcp: 700 CMYK

IV / LE MONDE / MARDI 23 NOVEMBRE 1999 LE ROUND DU MILLÉNIUM Les premiers pas habiles La guerre culturelle n’aura pas (encore) lieu

’« exception culturelle », suels et informatiques) tendan- De fait, il semble que le modus vi- bannière des combats Productions ciellement hégémonique, méta- vendi établi à Marrakech en 1994 de Pascal Lamy puisse être conservé sans trop de menés par la France lors phoriquement située à Hollywood. L Le libre jeu de la circulation des difficultés, sauf si la culture deve- des négociations GATT de nationales contre 1994, est devenue dans les discours biens et services et les mécanismes nait monnaie d’échange dans une « Techno de choc », le commissaire européen officiels la « diversité culturelle », machines de la concurrence privent les na- négociation plus vaste, mélangeant lifting sémantique destiné à rendre tions (ou toute autre collectivité) différents secteurs. Mais les enga- au commerce extérieur apprécie l’économie moins tricolore un dossier auquel hollywoodiennes. de la possibilité de mettre en place gement solennels pris par le pré- un certain nombre de pays pou- des mesures spécifiques de soutien sident et le premier ministre fran- de marché et les Américains avec qui il devra négocier vaient envisager de se rallier à Quid de la question à sa production culturelle, mais çais, vigoureusement soutenus par condition de ne pas sembler s’ali- gênent aussi la diffusion d’autres certains autres dirigeants (dont, BRUXELLES l’agriculture et des relations exté- gner simplement sur Paris. « Ex- de la propriété productions culturelles que celles c’est une surprise, des Anglo- (Union européenne) rieures. ception » ou « diversité », le dos- portées par le marché. Archi-domi- Saxons, au Canada et en Nouvelle- de notre correspondant De fait Pascal Lamy, s’il potasse sier culturel sera en tout cas l’un intellectuelle ? nantes à l’échelle mondiale (à titre Zélande) rendent improbable une ans le camp libéral, encore les quelques dossiers du des enjeux importants de la confé- d’exemple : le déficit annuel des défaite à plate couture des défen- on s’est étranglé de futur round qui ne lui sont pas fa- rence de Seattle, et surtout du cycle sée, qui aurait rendu caducs tous échanges entre l’Union euro- seurs de la culture... telle qu’elle est D fureur lorsque l’on a miliers – on devine que ses du Millénium auquel elle prélude. les systèmes d’aide à la production péenne et les Etats-Unis pour les définie (implicitement) au- appris que Romano proches le souhaiteraient parfois Ce statut vedette est paradoxal, et à la diffusion, d’autre part la films et programmes audiovisuels jourd’hui. Cette définition Prodi, le président de la Commis- plus hédoniste – apparaît bien puisque l’objectif de ceux qui en mise en place de l’Organisation est évalué à 6 milliards d’euros), les concerne essentiellement les indus- sion européenne, avait confié à préparé à sa nouvelle mission. ont fait leur cheval de bataille est mondiale du commerce peut se industries de programmes améri- tries culturelles « classiques » de Pascal Lamy le portefeuille D’abord par les années passées à précisément de l’exclure du champ faire en acceptant que les pays ne caines pèsent de tout leur poids cette deuxième moitié du siècle : ci- convoité du commerce extérieur. construire le « Marché unique ». d’application de l’OMC. soient pas contraints de s’engager pour qu’aucune entrave ne soit néma, télévision, disque, livre. Ainsi, c’était ce Français, supposé Le grand marché de 1992, c’est, C’est le résultat auquel était par- à libéraliser la culture comme les mise à une libre circulation qui Il n’en va pas de même sur le ter- protectionniste presque par ins- en effet, comme il l’explique, la venu in extremis le précédent cycle autres secteurs économiques. Cette tend à se faire à leur avantage ex- rain du droit d’auteur ou de la créa- tinct, amoureux du service public globalisation au niveau de l’Eu- de négociations, après que ce sujet dernière possibilité a d’ailleurs été clusif. tion de logiciels, et a fortiori des im- au point d’avoir consacré cinq rope, avec, à l’instar de ce qui se eut menacé de faire capoter tout mise à profit par la très grande ma- menses territoire inconnus ouverts ans de sa vie au redressement du passe aujourd’hui, des réactions l’Uruguay Round : non pas, comme jorité des pays concernés : 116 des AVANTAGE SYMBOLIQUE par les possibilités de diffusion, Crédit lyonnais, ce militant socia- parfois vives, lorsque des do- le revendiquent les défenseurs de 135 Etats membres de l’OMC. On a vu pourtant le discours sur mais aussi demain de création ori- liste, collaborateur de l’ancien maines sensibles pour les ci- l’exception (ou de la diversité) La question de la diversité cultu- la culture, dont la France s’est faite ginale sur Internet, ces domaines premier ministre Pierre Mauroy, toyens, tels l’environnement ou culturelle, en prenant explicite- relle semble pourtant simple : la le champion dans les arènes inter- où les Américains possèdent une puis, à Bruxelles, pendant neuf la politique sociale étaient abor- ment en compte le caractère parti- culture n’est pas une denrée nationales, marquer des points. Ce avance technique et économique ans, directeur du cabinet de dés. Le commissaire se souvient, culier des produits et services que comme une autre, sa diversité est discours a rencontré d’autant plus considérable constituent les nou- Jacques Delors, qui allait piloter en 1992, des paysans, pourtant sont les œuvres de l’esprit pour un bien qui doit être préservée d’écho que, comparé à d’autres do- velles frontières d’un affrontement au nom de l’Union, le nouveau grands bénéficiaires de la leur appliquer un droit positif origi- comme une valeur spirituelle supé- maines conflictuels, un secteur qui qui sera peut-être différé à Seattle, cycle de négociations multilaté- construction européenne, vouant nal, mais en inscrivant dans la dé- rieure, face au risque d’uniformisa- peut faire monter à la tribune des où tous les autres participants ont rales dans le cadre de l’Organisa- Delors aux gémonies et re- claration de Marrakech de 1994 tion qu’engendre la mondialisa- stars du grand et du petit écran bé- intérêt à jouer la montre, mais qui tion mondiale du commerce ! commandant de voter « non » au deux acquis a minima : d’une part tion, avec comme centre une néficie d’un avantage symbolique ne pourra pas ne pas avoir lieu. Une provocation ! référendum sur Maastricht, à l’audiovisuel est exempté de la industrie de programmes (cinéma- non négligeable. Ce discours fait cause du GATT (déjà !) et d’une clause de la nation la plus favori- tographiques, musicaux, audiovi- donc son chemin. Jean-Michel Frodon ESPRIT D’OUVERTURE réforme de la Politique agricole En septembre, à la veille des commune (PAC) qui s’est pour- auditions des commissaires dési- tant révélée fructueuse. gnés devant le Parlement euro- L’Uruguay Round et la PAC Le dossier agricole au cœur des discussions péen, des eurodéputés conserva- firent son quotidien de « sherpa » teurs britanniques annonçaient de Delors. Il y a acquis, sur la du- leur intention de malmener celui rée, la pratique de la négociation lors que des pays « intermé- blée permanente des chambres d’agriculture : Congrès n’ont pas hésité à répondre aux de- qu’ils ressentaient comme un internationale. Cet adepte résolu diaires » comme l’Australie, l’Ar- baisse substantielle des prix garantis d’ici à mandes. » Et le ministre de conclure : les agri- dangereux partisan de la « forte- de l’économie de marché connaît, gentine la Nouvelle-Zélande et 2006, diminution des restitutions pour facili- culteurs américains sont, statistiquement, les resse Europe ». Mais ils se turent et apprécie, les Américains A ter la conquête de marchés extérieurs (qui plus aidés du monde puisque chaque exploi- d’autres (quinze au total) formant avec, peut-être, le sentiment de (quand le journal d’HEC lui de- le « Groupe de Cairns » voudraient que, dans passeront de 14 % du budget européen en tant reçoit en moyenne 9 500 dollars (9 800 ¤) ne pas être capables d’affronter mandait en 1992 quel était son le cycle du Millénium, l’agriculture soit traitée 1998 à 7 % dans six ans), taux de jachère obli- par an, contre 5 500 (5 700 ¤) pour le fermier quelqu’un qui venait de démon- pays étranger préféré, il répon- banalement comme les autres secteurs, les gatoire de 10 % pour maîtriser la production européen. « Je ne dis pas que c’est une bonne trer son excellente connaissance dait les Etats-Unis). Etats-Unis et l’Europe – chacun pour des rai- de céréales, réorientation d’une part notable ou mauvaise chose, c’est un choix politique qui des dossiers, ainsi qu’un véritable sons différentes – accentuent la pression pour des crédits vers l’aménagement rural. C’est appartient aux pouvoirs publics américains, et esprit d’ouverture. BUT UNIQUE que la partie des négociations qui s’y rapporte donc une politique globale et collective, plu- que je respecte », a-t-il souligné. Depuis les critiques se sont cal- « Sur beaucoup de dossiers, soit au cœur du dispositif. Mais si les Quinze tôt qu’une politique de soutien financier aux Toute la querelle entre Bruxelles et Was- mées. Le « techno de choc », à la nous ne sommes pas loin des dé- (et singulièrement la France, première puis- produits, qui sera défendue par Pascal Lamy, hington tient non pas tant à la réalité des réputation de brutalité bien éta- mocrates », souligne-t-il. Cepen- sance agricole du Vieux Continent et ou encore, selon le terme inventé par Paris, aides qu’à leur nature : sociales (aides excep- blie, se révèle habile : il a choisi, dant, même s’il se dit convaincu deuxième au niveau mondial) insistent pour une vision « multifonctionnelle » de l’agri- tionnelles d’urgence), commerciales (expor- pour diriger son cabinet, un que « le négoce, c’est le premier que soit préservé un « modèle » forgé depuis culture : les services que peut rendre l’agri- tation, garantie de crédit), fiscales, environ- Belge socio-chrétien, c’est-à-dire pas vers la civilisation », la libéra- le début des années 60 et privilégient une culture à la société doivent être autant pris en nementales ou territoriales. plutôt à droite, bon connaisseur lisation des échanges ne consti- approche qualitative, voire culturelle, les compte que la production rémunérée par le Quant au principe de précaution, invoqué à de la machinerie communautaire tue pas, pour lui, le but unique du Etats-Unis, eux, se focalisent sur les masses marché. tout instant (OGM, bœuf aux hormones, que- mais aussi du tiers-monde, et a prochain cycle. L’attention que ce globales et les chiffres, exigeant que relle franco-britannique sur la viande, vache recruté également deux fonction- militant du christianisme social Bruxelles, qui parlera au nom des Etats- BATAILLE DE CHIFFRES folle...), Paris souhaite qu’il apparaisse en naires britanniques, comme prête aux intérêts des pays en dé- membres, réduise drastiquement les aides L’Europe ne se dérobera pas pour autant à toute lettre dans le programme des négocia- souvent parmi les meilleurs. veloppement n’est pas de façade. communautaires. une bataille de chiffres contre Washington s’il tions. « La France demandera à Seattle qu’on Lorsque Romano Prodi, inquiet Epris de justice, il croit que Diversité, droit à la différence, exigence des le faut. Le ministre français de l’agriculture et réfléchisse à l’articulation entre nos règles en du tour pris par la préparation de l’OMC, face à la globalisation, consommateurs, qualité identifiée, cam- de la pêche, Jean Glavany, en visite le 8 no- matière de commerce et le travail des agences la conférence de Seattle, décide peut contribuer à bâtir un monde pagnes vivantes sont des termes qui, dans les vembre dans la capitale américaine, a déclaré qui sont chargées d’édicter les normes sani- d’aller rencontrer Bill Clinton, plus équitablement gouverné. argumentaires européens, reviennent aussi devant l’European Institute : « Qu’il s’agisse taires ou environnementales » au niveau inter- loin de s’estimer court-circuité, Tout en gardant les pieds sur souvent que crédits, milliards d’euros, restitu- des soutiens directs aux agriculteurs améri- national et ou européen, dit-on à Paris. Sur ce Pascal Lamy se félicite de la dé- terre, l’homme d’action devient tions ou compensations. L’Europe estime que cains, passés de 7 milliards de dollars en 1997 à plan, il n’y a entre le gouvernement, l’Elysée marche. Il s’affirme confiant homme de réflexion, avec cinq la réforme de la Politique agricole commune 22 en 1999, ou de l’aide alimentaire, multipliée et les puissants lobbies de la profession au- quant à sa coopération avec ans pour réussir sa mission. (PAC) de mars 1999, qui prolonge voire ampli- par cinq en volume dans la même période, ou cune divergence sur le fond. Franz Fischler ou Chris Patten, fie celle de 1992, représente beaucoup d’ef- encore de l’utilisation assez généreuse des ga- ses collègues responsables de Philippe Lemaître forts, voire de « sacrifices », dit-on à l’Assem- ranties à l’exportation, l’Administration et le François Grosrichard

François Dufour, porte-parole de la Confédération paysanne « « Allons plus loin que la suppression des subventions à l’exportation. Parlons aussi des modes de production »

« Pourquoi une large partie du européenne avait pour but la sé- grands pays producteurs. Comme sans veulent accéder au marché – Comment appréciez-vous la mouvement paysan est-elle op- curité alimentaire à travers l’auto- il s’agit d’un marché de surplus, il mondial, qu’ils le fassent, mais position européenne ? posée à l’OMC ? suffisance. Elle a réussi, notam- ne fait aucune référence à des sans le soutien de la collectivité. – Il est rassurant que la notion – Dans notre conception d’une ment grâce au principe de la coûts de production ou à des Mais il faut aller plus loin. Il y a de multifonctionnalité de l’agri- agriculture paysanne, celle-ci a préférence communautaire. De la normes sociales. De plus, la plu- aussi un dumping écologique : culture soit devenue son cheval de trois missions : produire, bien sûr, même façon, tout pays ou groupe part des pays qui visent au- c’est le cas, par exemple, quand la bataille. Ce concept doit s’adapter mais pas seulement ; l’agriculture de pays doit pouvoir chercher l’au- jourd’hui le marché mondial le firme Monsanto diffuse son coton à tous les pays pour définir la sou- doit aussi avoir un rôle sur l’emploi tosuffisance alimentaire. On doit font avec des produits de base de transgénique en Inde en rachetant veraineté alimentaire, ce qui chan- et ne pas mettre en péril les éco- aussi pouvoir définir des critères plus en plus industrialisés. En Ar- des terres dans le Sud pour y dé- gerait les règles du jeu. Mais l’Eu- systèmes. Or la mondialisation de de production permettant de ne gentine, par exemple, le dévelop- velopper la monoculture. Il y a de rope n’est pas cohérente : d’un l’économie et la création de zones pas transformer l’agriculture pay- pement de l’agriculture y est basé même un dumping social quand côté on affiche la multifonctionna- de libre-échange nous inquiètent sanne en agriculture industrielle. complètement sur la production on fait partir les paysans de leurs lité, de l’autre on développe un parce qu’en ce qui concerne l’agri- Or les accords de Marrakech im- de soja et de maïs transgéniques. terres pour y implanter une pro- modèle dual où le productivisme culture, elles privilégient la seule posent à chaque pays d’importer Depuis 1995, les pays du Mercosur ̄ duction industrielle. Lorsque les domine encore, avec la concentra- production à bas prix. Nous 5 % de sa consommation inté- (Brésil, Argentine, Uruguay, Para- petits et moyens paysans auront tion de gros volumes de produc- constatons déjà la dérive induite rieure. guay) ont délaissé l’agriculture vi- François Dufour disparu, les firmes s’approprieront tion dans quelques régions, et ail- par les premiers accords de l’OMC » Cette pression pour l’ouver- vrière. b Porte-parole de la Confédération les sols et l’alimentation. Donc, il leurs des niches de qualité pour les signés à Marrakech en 1994. ture des marchés agricoles se pro- » Résultat : dans ces quatre paysanne depuis avril 1995, François faut aller plus loin que la suppres- consommateurs plus riches. Parler – Quelle dérive ? duit alors même que, pour beau- pays, les agricultures locales Dufour est vice-président d’Attac sion des subventions à l’exporta- de multifonctionnalité, c’est bien, – A sa création, la Communauté coup de produits, une tendent à disparaître, les paysans (Association pour une taxation des tion, et parler des modes de pro- mais cela ne doit pas se faire dans surproduction est en train de s’ins- sont menacés par des milices pri- transactions financières pour l’aide duction. le cadre d’une agriculture duale taller à l’échelle mondiale. Les vées qui veulent récupérer les aux citoyens). – L’OMC prévoit le maintien pour une société duale. En pra- cours s’effondrent, la restructura- terres pour y semer du soja. Dans b Agé de quarante-six ans, il gère, des aides à l’agriculture quand tique, l’Europe s’adapte en perma- tion bat son plein et risque de le monde, 50 % des populations dans la Manche, une exploitation elles visent la protection de l’en- nence aux accords de Marrakech et pousser à l’exode rural de plus en travaillent encore dans le milieu agricole de 30 hectares produisant vironnement : n’est-ce pas sou- aux futurs accords de Seattle. Par plus de paysans. rural – 65 % en Chine, 50 % au du lait et des pommes à cidre. haitable ? exemple, elle a renforcé une prime – Mais en quoi le développe- Brésil et en Argentine, 55 % ou – Sur ce point, nous sommes au maïs ensilage de 2 000 à ment des échanges de produits 58 % en Inde. Si on laisse les d’accord. Mais il faut raisonner au- 2 450 francs à l’hectare alors que la agricoles accroît-il cette ten- grands pays mener une spécula- tions à l’exportation ? delà, et s’interroger sur la situation prime à l’herbe est restée à dance ? tion acharnée entre grandes mo- – Nous sommes d’accord sur des pays du Sud. Il y a un grave 300 francs. L’Europe soutient le – Pour le lait, les céréales ou la nocultures, on détruira les agri- cette question : pas de dumping. danger qu’en interdisant toute bar- productivisme plutôt que l’envi- viande, le marché européen ab- cultures locales et on enlèvera aux On est favorable à ce qu’il y ait un rière à l’importation on facilite trop ronnement, pour préparer en fait sorbe 92 % à 95 % de notre produc- pays le droit de choisir leur souve- soutien à l’agriculture pour la re- l’approvisionnement à bas prix sur certaines productions au marché tion. Nous ne mettons sur le mar- raineté alimentaire. centrer sur ses missions, c’est-à- le marché mondial au détriment de mondial. » ché mondial que des surplus – Mais certaines dispositions dire distinguer entre le soutien au l’agriculture locale. Ces pays marginaux. Il en va de même pour de l’OMC vont dans votre sens, marché mondial et le soutien aux doivent conserver le droit de don- Propos recueillis par les Etats-Unis et les quelques telle la suppression des subven- politiques intérieures. Si des pay- ner des aides à la production. Hervé Kempf LeMonde Job: WDE4799--0005-0 WAS MDE4799-5 Op.: XX Rev.: 20-11-99 T.: 11:41 S.: 111,06-Cmp.:22,09, Base : LMQPAG 19Fap: 100 No: 0105 Lcp: 700 CMYK

LE ROUND DU MILLÉNIUM LE MONDE / MARDI 23 NOVEMBRE 1999 / V

EUROPE Les chiffres de l’économie mondiale Premier exportateur mondial de services ÉTATS-UNIS JAPON ALLEMAGNE BELGIQUE ESPAGNE FRANCE ITALIE PAYS-BAS ROY.-UNI EURO 11 UE 15 VENTILATION DES TRANSACTIONS EN 1998 en pourcentage PRODUCTION INDUSTRIELLE (en %) VOYAGES Sur un an ...... 3,2 (juillet) 0,6 (juillet) – 2,5 (juillet) – 2,7 (juillet) 1,5 (juin) 1,3 (juin) 0,4(juillet) 1,8 (juillet) – 1,2 (juillet) – 0,1 (juillet) – 0,2 (juillet) Royalties, Autres Sur trois mois ...... 1,1 (juillet) 0,3 (juillet) – 0,4 (juillet) – 0,6 (juin) 0,7 (juin) 0,6 (juin) 0,2 (juillet) 1,2 (juillet) 0,2 (juillet) 0,4 (juillet) 0,5 (juillet) Droits d'auteur Matériel TAUX DE CHÔMAGE (en %) 28 informatique 6 46 2 1999...... 4,2 (août) 4,7 (août) 9,2 (août) 9,1 (août) 15,7 (août) 11,0 (août) 12,0 (mai) 3,2 (juillet) 6,1 (mai) 10,2 (août) 9,3 (août) Finance 4 PRIX À LA CONSOMMATION (en %) 24 Assurance 2 26 Sur un an...... 2,0 (juillet) 0,4 (mai) 0,8 (sept) 1,3 (sept) 2,5 (sept) 0,6 (sept) 1,9 (sept) 2,0 (sept) 1,2 (sept) 1,2 (sept) 1,2 (sept) 4 Sur un mois ...... 0,0 0,0 – 0,3 + 0,3 + 0,2 + 0,2 + 0,3 + 0,5 + 0,4 0,0 0,1 Construction 2 2 PIB EN VOLUME 2e trimestre 2e trimestre 2e trimestre 1er trimestre 2e trimestre 2e trimestre 2e trimestre 2e trimestre 2e trimestre 2e trim. 2e trim. (dernier trimestre connu, en %) 1999 1999 1999 1999 1999 1999 1999 1999 1999 1999 1999 TRANSPORTS Communications Loisirs Sur un an...... 3,9 1,1 0,6 1,7 3,6 2,1 0,8 3,2 1,4 1,6 1,6 Sur trois mois ...... 0,5 0,2 0,0 0,3 1,1 0,6 0,4 0,8 0,6 0,4 0,4

Source : Eurostat DÉFICIT PUBLIC / PIB (en %)

a L’UNION EUROPÉENNE, avec 25 % de parts de marché en 1998, 1997...... 0,1 – 3,3 – 2,7 – 2,1 – 2,6 – 3 – 2,7 – 1,4 – 1,9 – 2,5 – 2,3 est le premier exportateur de services au monde, juste devant les 1998*...... 1,4 – 5,5 – 2,1 – 1,3 – 1,8 – 2,9 – 2,7 – 0,9 – 0,6 – 2,1 – 1,5 Etats-Unis (23 %) et loin devant le Japon (5,8 %). DETTE PUBLIQUE / PIB (en %) a SES PRINCIPAUX POSTES d’exportation dans ce domaine sont le 1998...... ND ND 61 117,3 65,6 58,5 118,7 67,7 49,4 73,8 69,5 tourisme (26,5 %), à égalité avec les services de transport. Viennent ensuite, mais avec une importance moindre, les services financiers BALANCE COURANTE** (5,2 %). (en % du PIB annuel) 3e trimestre 3e trimestre 4e trimestre 4e trimestre 4e trimestre 4e trimestre 4e trimestre 4e trimestre 4e trimestre 4e trim. 4e trim. a LES ÉTATS-UNIS sont le premier partenaire commercial des Eu- Solde trimestriel 1997 ...... – 0,4 0,4 0,1 1,4 0,1 0,6 0,6 1,4 0,2 0,4 0,3 ropéens, qui y réalisent 34 % de leur chiffre d’affaires. Solde trimestriel 1998 ...... – 0,90 0,76 – 0,03 1,54 – 0,61 0,81 0,39 1,17 0,24 0,32 0,26 L’Asie arrive en deuxième position avec 21 % des exportations. Cette situation vaut aussi en sens inverse, puisque près d’un tiers des ser- * prévisions Commission européenne ** y compris les flux intrazones pour UE15 et EURO11. Le chiffre de la balance courante belge inclut celui du Luxembourg. vices importés par l’Union proviennent des Etats-Unis et 19 % du continent asiatique. Source : Eurostat. Pour plus d’informations : http://europa.eu.int/eurostat.html

FRANCE CHINE Les chiffres de l’économie française La chute du nombre des exploitations agricoles Reprise du commerce extérieur DERNIER MOIS VARIATION Glissement annuel en % en milliers CONNU SUR UN AN 70 2 307 CONSOMMATION DES MÉNAGES - 3,1 % (aôut) + 3,6 % (aôut) 60 50 TAUX D’ÉPARGNE 16,7 % (1er trim. 99) + 0,1 % 40 1 588 POUVOIR D’ACHAT DES MÉNAGES + 14 % (1er trim. 99) 16 % 30 1 299 20 TAUX DE SALAIRE HORAIRE OUVRIER + 0,4 % (2e trim. 99) + 1,6 % 1 017 10 INVESTISSEMENT 20,3 % (1er trim. 99) + 3,5 % 0 680 702 - 10 COMMERCE EXTÉRIEUR 390 - 20 244 172 192 (en milliards de francs / euros) + 9,5 MdF / + 1,4 milliard d’euros (août) – 55 % 95 131 (solde cumulé sur 12 mois) + 146 MdF / + 22,1 milliards d’euros (98/99) + 5,8 % - 30 1986 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 1999 Ensemble plus de ENQUÊTE MENSUELLE SUR LE MORAL moins de – 3 (oct) – 10** des exploitations 10 hectares 50 hectares DES MÉNAGES EXPORTATIONS EXPORTATIONS (en % des exportations mondiales) 1955 1970 1988 1997 ENQUÊTE MENSUELLE DANS L’INDUSTRIE* IMPORTATIONS Source : INSEE opinion des chefs d’entreprise + 16 (oct) 21** Source : Datastream sur les perspectives générales

a LE PAYSAGE de l’agriculture française a été profondément modifié en TAUX DE CHÔMAGE DES JEUNES (– de 25 ans) + 21,0 % (septembre) – 1,07 % a LA PART DE LA CHINE dans le commerce mondial n’a cessé de pro- 40 ans. Le nombre des exploitations a diminué de plus de 70 %, passant gresser depuis le début des années 90. Les exportations chinoises repré- de 2 307 000 en 1955 à 680 000 en 1997. Cette baisse ne concerne que les PART DU CHÔMAGE DE LONGUE DURÉE sentent maintenant 3,3 % des exportations mondiales. La part des impor- (UN AN) DANS LE CHÔMAGE TOTAL 37,1 % (septembre) – 1,3 % exploitations de moins de 10 hectares (qui passent de 1 299 000 à 244 000) tations est pour le moment de 2,6 %. et profite du coup à celles de plus de 50 hectares, dont le nombre passe de EMPLOIS AIDÉS DANS LE SECTEUR a APRÈS LE RALENTISSEMENT lié aux effets de la crise asiatique et au 95 000 à 192 000. MARCHAND 1 514 500 (septembre) + 0,6 % ralentissement domestique, le commerce extérieur chinois se redresse

a CE CHANGEMENT a surtout bénéficié à la production céréalière. En EMPLOIS AIDÉS DANS LE SECTEUR nettement depuis quelques mois. De juillet à septembre, les exportations 1997, la France a produit 33 millions de tonnes de blé tendre (contre 12,3 NON MARCHAND 420 659 (septembre) – 5,57 % ont augmenté de 15 %, les importations de 24 %. en 1970) et 16,8 millions de maïs (contre 7,5 en 1970). a L’EXCÉDENT COMMERCIAL chinois devrait toutefois continuer à se a PLUS GLOBALEMENT, la production agricole française a augmenté INTÉRIM 503 923 (mai) + 11 % contracter. Sur les trois premiers trimestres, il a été de moins de 20 mil- de 1,8 % (en volume) par rapport à 1997 grâce aux céréales et aux vins de * solde des opinions négatives et positives, données CVS ** solde net douze mois auparavant liards de dollars, contre 43 milliards en 1998. (Caisse des dépôts, risque Champagne. Celle de porcins et de volailles continue de croître. Source : Insee, Dares, Douanes et Unedic. pays). Le protectionnisme domine encore largement les échanges commerciaux internationaux

e nouveau round lancé s’explique essentiellement par la rope ou aux Etats-Unis. Il est et aux biotechnologies. C’est, sans et de « souveraineté » que permet par la réunion ministé- Quotas et mesures moindre protection de l’agri- évident qu’il existe de meilleures nul doute, la source des peurs les l’OMC en ces domaines est très L rielle de l’OMC suscite culture américaine. politiques pour sauver les emplois plus puissantes, et qui explique en vaste. Que Seattle aide à faire dans de nombreux pays antidumping Ce niveau de protection globale menacés. Enfin, la protection en grande partie les levers de bou- comprendre ce point essentiel la réticence, voire l’hostilité, des est relativement stable depuis Europe a une caractéristique tout cliers contre l’OMC. Mais en fait, serait son plus beau succès. opinions publiques. Ce sentiment multiplient par deux 1990. Mais il varie énormément par à fait indésirable : elle crée et contrairement à ce qui est est nourri par l’idée que l’écono- secteur – avec des pointes de pro- d’énormes rentes capturées par souvent avancé, le degré de liberté Patrick A. Messerlin * mie mondiale a déjà été énormé- le niveau officiel tection pouvant aller jusqu’à des intérêts particuliers, lesquels ment libéralisée au cours des quin- 100 %, voire bien plus si l’on définit sont d’autant plus désireux de ze dernières années et qu’il des barrières les secteurs de façon fine. Ces maintenir le niveau de protection pourrait être dangereux ou en tout pointes s’observent dans l’agri- existant. cas néfaste d’aller au-delà. Pour- douanières culture, mais aussi dans une partie Mais ces résultats posent aussi tant, contrairement à ce que l’on notable du secteur industriel. En une question : qu’est-ce qui peut croit, tout n’a pas été libéralisé, niveaux encore très élevés (les 1997, le niveau de protection bien nourrir cette impression de loin s’en faut. « pics tarifaires »), par exemple de globale est supérieur à 20 % pour forte libéralisation au cours des L’idée que l’Union européenne 50 % à 70 % pour certains produits environ 20 % de l’industrie euro- quinze dernières années, puisque (UE) ou les Etats-Unis se sont de l’industrie chimique dans péenne. la réponse ne se trouve pas dans le beaucoup ouverts au commerce l’Union européenne. commerce international ? La place international depuis quinze ans re- Deuxièmement, mesurer les COÙT ÉLEVÉ prise par l’investissement direct in- pose d’abord sur un chiffre, celui obstacles au commerce unique- Tous ces résultats sont-ils vrai- ternational, en forte expansion de- de la moyenne des droits de ment à l’aune des droits de douane ment étonnants ? Pas vraiment. puis le milieu des années 80, est douane imposés par l’Europe ou fournit une vision bien imparfaite D’abord, parce que la mise en une réponse possible. A travers les Etats-Unis, estimée à 5 % ou des méthodes utilisées par les gou- œuvre de la libéralisation décidée des investissements internatio- 6 %. Pour mesurer le chemin par- vernements pour fermer leurs ter- lors de l’Uruguay Round s’étale naux, les multinationales étran- couru, on rappelle souvent que ce ritoires aux produits étrangers. jusqu’en 2005 alors que, il faut le gères apportent une vision nou- droit de douane moyen était de Pour se faire une idée plus juste, il rappeler, ce Round a commencé velle des marchés dans lesquels 40 % au lendemain de la seconde faut aussi prendre les autres ins- en 1986. Mais tenir compte de elles entrent. Elles ont des idées et guerre mondiale, lorsque débu- truments de protectionnisme que cette libéralisation à venir ne fera des audaces que les firmes locales tèrent les premières négociations constituent par exemple les res- baisser le niveau de protection des n’ont pas eues pendant des an- du GATT (Accord général sur les trictions quantitatives aux impor- Quinze que de 1 ou 2 points de nées : en achetant une marque du tarifs douaniers). Or ce chiffre est tations, autrement dit les quotas, pourcentage. Ensuite, ces résultats pays dans lequel elle entre, une partiel au point de donner une vue ou encore les procédures antidum- ne sont pas incohérents avec l’évo- multinationale cherche à lui don- fausse de la réalité. D’abord, il ne ping, etc. Il est d’ailleurs intéres- lution du « taux d’ouverture » de ner une nouvelle jeunesse en l’in- couvre que l’industrie, celle-ci ne sant de constater que les querelles l’Europe ou des Etats-Unis. Si ce tégrant dans sa stratégie régionale représentant qu’un quart du pro- entre Etats sur les pratiques taux, égal à la somme des importa- ou mondiale. duit national brut mondial, et il commerciales portent désormais tions et des exportations par rap- Cela exige des moyens, mais, ignore la protection dans le reste le plus souvent sur ces obstacles port au PNB, a progressé dans les contrairement aux idées reçues, les des autres secteurs d’activité, à sa- non tarifaires aux échanges. années 90, c’est à un rythme beau- multinationales ne cherchent pas voir l’agriculture et les services. Or Proposer une estimation qui coup plus lent que dans les an- au loin ce qu’elles peuvent trouver ces deux secteurs restent très pro- tienne compte de toutes ces nées 70 par exemple. tout près. Puisque le fameux ham- tégés. En fait, leur commerce n’a formes de protection est difficile, Ces résultats soulignent l’intérêt burger McDonald’s est souvent été que très peu libéralisé, et pour et elle n’a été faite avec quelque d’un nouveau round. Une protec- pris comme exemple, on peut rap- certains services il ne le sera pas précision que pour l’Union euro- tion aussi élevée a un coût néces- peler qu’il est composé – à plus de avant très longtemps (voire peut- péenne. En appliquant la même sairement élevé. Estimer ce coût 95 % – de viande, de pommes de être jamais dans le monde que approche aux Etats-Unis mais de est très difficile. Une estimation terre, de logistique et d’emballage nous connaissons). façon plus grossière, on obtient grossière de 500 milliards d’euros français : frapper McDo, c’est frap- Ensuite, ce chiffre, comme toute trois résultats essentiels. Le niveau – presque le PNB espagnol – per des producteurs français. moyenne, sous-estime systémati- de protection globale – tous ins- semble, pour ce qui est de l’Union L’autre explication à cette im- quement le niveau réel de protec- truments de protection confondus, européenne, raisonnable. Plus im- pression d’ouverture est, bien sûr, tion. Pour le calculer, on prend en mais services exclus – se situe au- portant encore est le fait que cette le progrès technique, notamment compte aussi bien les importations tour de 13 %-14 % pour l’Union eu- protection ne protège que peu les celui lié aux télécommunications fortement taxées que celles qui pé- ropéenne, et de 10 %-12 % pour les travailleurs, et que, quand c’est le nètrent sur le territoire sans (ou Etats-Unis, ce qui est plus de deux cas, elle le fait à un coût très élevé * Directeur du Groupe d’écono- quasiment) droits de douane. Les fois le chiffre affiché pour les deux pour la société – plusieurs fois le mie mondiale de l’Institut tarifs peuvent ainsi atteindre des zones. L’écart entre les deux blocs salaire moyen –, que ce soit en Eu- d’études politiques de Paris. LeMonde Job: WDE4799--0006-0 WAS MDE4799-6 Op.: XX Rev.: 19-11-99 T.: 20:58 S.: 111,06-Cmp.:22,09, Base : LMQPAG 19Fap: 100 No: 0106 Lcp: 700 CMYK

VI / LE MONDE / MARDI 23 NOVEMBRE 1999 LE ROUND DU MILLÉNIUM Charlene Barshefsky Les procédures de règlement des litiges ou la dame de pierre sont toujours insatisfaisantes

WASHINGTON GENÈVE ne se conforme pas au verdict final. certains cas. Dans le cadre de la ré- de notre correspondant de notre correspondant Même si des progrès La procédure d’arbitrage dure ap- vision du mémorandum d’accord e n’est pas pour rien que orum de négociations proximativement un an sans appel, sur le règlement des différends, il a l’on a surnommé Char- entre ses membres, ont été réalisés, et jusqu’à un an et demi avec ap- été proposé d’améliorer la partici- C lene Barshefsky « mur F l’OMC se fonde sur des pel. pation des pays les plus pauvres de pierre ». Représen- règles et dispose d’une le système mérite L’OMC est saisie d’un nombre par des aides financières et la mise tante des Etats-Unis pour le structure, l’Organe de règlement croissant de différends. Au 18 octo- en place d’une assistance tech- commerce international (USTR) des différends (ORD), pour les faire d’être réformé bre, en moins de cinq ans, 183 li- nique. avec rang d’ambassadeur, ce petit respecter. Pierre angulaire du sys- tiges avaient été portés devant bout de femme – 48 kilos pour tème commercial multilatéral de facile de bloquer une décision d’ar- l’ORD, à peu près autant que pen- OUVERTURE 1,65 mètre – dissimule derrière un l’OMC et principale innovation in- bitrage et nombre d’affaires traî- dant le demi-siècle d’existence du Le manque de transparence du sourire que l’on dit parfois char- troduite par les accords de l’Uru- naient en longueur sans aboutir à GATT. Si quelques affaires specta- système fait également l’objet de meur les talents d’une redoutable guay Round, cette procédure est un résultat. Même condamné pour culaires, comme le conflit de la ba- critiques. Alors que certains pays négociatrice. ̄ plus rapide, plus automatique et, violation des règlements du nane ou celui du bœuf aux hor- veulent maintenir le caractère Cette fille d’émigrés juifs de Po- surtout, plus contraignante que commerce international, un pays mones, ont beaucoup fait parler confidentiel des délibérations d’ar- logne et de Russie, née à Chicago Charlene Barshefsky celle naguère en vigueur à l’époque n’était pas tenu à se soumettre et d’elles, une trentaine ont déjà pu bitrage, d’autres pensent au en 1950, a été formée à la rude du GATT. pouvait continuer à agir à sa guise. être réglées par un compromis au contraire que la crédibilité de école des cabinets d’affaires amé- b Docteur en droit, Charlene Comme se plaisait à le souligner Plus crédible que celui de son pré- stade des consultations. Parmi les l’ORD aurait tout à gagner d’une ricains : elle a passé dix-huit ans Barshefsky est la représentante le premier directeur général de décesseur, le système de l’OMC en- autres disputes recensées, 96 sont plus grande ouverture à la société chez Steptoe & Johnson, spéciali- officielle des Etats-Unis pour le l’OMC, l’Italien Renato Ruggiero, il tend consacrer le règne du droit et en consultation, 24 soumises à civile. Selon eux, il serait souhai- sés dans les litiges commerciaux. commerce international depuis s’agit sans doute là de « la contri- s’est donné un tribunal pour en as- l’examen d’un groupe spécial, 27 table que sur des questions d’envi- Son père – qui avait fait des études décembre 1996, avec le rang bution la plus originale de l’OMC à surer l’application, réduisant du en procédure d’appel, et seulement ronnement ou de dimensions ex- pour devenir rabbin – aurait sou- d’ambassadeur. l’économie mondiale ». Mais si le même coup la possibilité de me- 8 décisions d’arbitrage ont été tra-économiques, les ONG haité qu’elle devienne universi- b Agée de quarante-neuf ans, elle progrès est sensible, il est apparu à sures unilatérales. Sous l’autorité mises à exécution. Les Etats-Unis puissent faire entendre leur point taire, elle a préféré le droit et a fait ses armes juridiques dans le l’usage que le système avait aussi de l’ORD, qui comprend l’en- se taillent la part du lion avec de vue et que les débats soient ren- (coïncidence ?) son premier dos- cabinet d’avocats des limites, ne serait-ce que l’accès semble des membres, le système de 60 plaintes déposées et 38 mises en dus publics. sier concernait un problème de Steptoe & Johnson. des pays pauvres au mécanisme ju- l’OMC est régi par une procédure cause. L’Union européenne arrive D’autres carences sont apparus dumping. ridique mis en place, ou la trans- stricte assortie d’un calendrier. en deuxième position, suivie par le dans l’application des sanctions. parence de son fonctionnement. Japon, avec respectivement 47 et Ainsi conviendrait-il d’éviter de pé- MOTS DURS natoires ou de dumping, et avec Conscients du problème, les fonda- TRAITEMENT SPÉCIAL 7 plaintes. naliser des secteurs – à l’instar des Elle a donc fait ses armes dans Pékin sur la propriété intellectuelle teurs de l’OMC avaient d’ailleurs Après une première étape de A l’origine de 47 plaintes et cités producteurs de roquefort boycot- un milieu procédurier – le droit et sur l’OMC. Elle n’a jamais hésité prévu un réexamen du système de consultation pour tenter de trouver 61 fois, les pays en développement tés par les autorités américaines en est, pour les Américains, une arme à menacer, à user de mots durs, à règlement des différends après une un arrangement à l’amiable, le plai- sont également partie prenante au représailles à la décision française politique et commerciale – à deux faire la leçon, accusant par période d’observation de cinq ans. gnant peut demander l’établisse- nouveau système d’arbitrage, mais de ne pas importer du bœuf aux pas du centre du pouvoir ; elle a exemple les Européens, trop peu Alors que l’échéance approche, ment d’un groupe spécial dont les les plus pauvres d’entre eux se hormones – qui ne sont pas partie aussi représenté les intérêts du accommodants à son goût à pro- plus d’un an et demi de débats conclusions sont soumises à l’ap- sentent pénalisés par le manque de prenante à un litige. La réforme du lobby forestier canadien. C’est là pos des organismes génétique- n’ont cependant pas suffi aux probation de l’ORD. Les deux par- moyens et de compétences suffi- système reste sans doute à l’ordre que Mickey Kantor, son prédéces- ment modifiés (OGM), d’avoir 135 membres pour se mettre d’ac- ties ont ensuite la possibilité de santes pour faire valoir leurs droits. du jour, mais sur ce point aussi, il seur, est venu la chercher pour en « fortement politisé et pas toujours cord sur une réforme. faire appel de la décision tandis Un traitement spécial avec une est ardu d’arriver à un consensus. faire son adjointe, avant qu’elle géré avec compétence » ce dossier. Le GATT connaissait déjà pa- que l’ORD est habilité à autoriser procédure accélérée est déjà prévu prenne sa place en 1996. Dans un Ses homologues japonais n’ont reilles procédures, mais il était plus des mesures de rétorsion si un pays pour les pays les plus démunis dans Jean-Claude Buhrer monde politique où chacun pèse pas oublié avoir négocié vingt- ses mots, elle ne mâche pas les deux heures d’affilée avec elle. Ni siens. Questionnée au Sénat sur les Chinois les menaces de sanc- les négociations qui n’en finissent tions qu’elle a agitées. Elle sait pas sur l’entrée de la Chine au sein L’ouverture chinoise reste un pari aussi se montrer prévenante, mais de l’Organisation mondiale du elle ne veut pas que la presse commerce (OMC), elle a répondu : puisse titrer qu’elle a cédé à un in- PÉKIN qu’alors très protégées – et permettre à terme caine, en raison notamment de la question « Ce qui s’est passé, comme je l’ai terlocuteur. « Je crois parfois que de notre correspondant aux banques étrangères de prêter en renmin- toujours explosive de Taïwan, peut très bien dit à mes collaborateurs, c’est que des pays signent des accords près treize ans de candidature in- bi, la monnaie locale, à des clients chinois. empoisonner le scénario de l’ouverture. les hommes ne demandent jamais commerciaux avec Charlene simple- fructueuse, la Chine devrait, selon Sur le papier, l’accord est empreint de la Le pari est donc risqué. Les réformateurs leur chemin. C’est pourquoi nous ment pour que leurs négociateurs A toute vraisemblance, adhérer à philosophie libérale propre à l’OMC. Il serait devront batailler pour dissiper le fantasme avons bombardé par erreur l’am- puissent enfin dormir ! », a pu dire l’OMC. L’accord bilatéral signé à pourtant naïf de penser que le cinquième de la d’un capital étranger subvertissant la souve- bassade de Chine à Belgrade » pen- une de ses adjointes. Pékin le 15 novembre entre négociateurs amé- planète, héritier d’une tradition autarcique, se raineté chinoise. Après des mois de repli tac- dant la guerre du Kosovo. « Et cela Charlene Barshefsky est la per- ricains et chinois vient de lever le plus gros convertira sans mal au libre-échangisme. tique, ils ont redonné de la voix ces dernières a gelé nos relations pendant près de sonnification de la vision du obstacle à la pleine intégration de l’empire du semaines pour rappeler que les entreprises à cinq mois. » Elle faisait allusion au monde de Bill Clinton, pour qui les Milieu dans l’économie internationale. GUÉRILLA PERMANENTE participation étrangère emploient 11 % des ac- fait que la CIA avait utilisé des négociations commerciales ont Ce compromis historique, qui devrait main- Trois séries de difficultés s’annoncent à tifs urbains, comptent pour la moitié du cartes périmées et n’avait pas jugé remplacé la diplomatie tradition- tenant être suivi de négociations avec l’Union l’horizon. En premier lieu, le démantèlement commerce extérieur et enregistrent, dans le bon de vérifier où se trouvait l’am- nelle. Ainsi a-t-elle déclaré que européenne, consacre un retournement brutal des barrières sera progressif, selon des moda- secteur industriel, un taux de croissance supé- bassade avec des personnes « les autres pays doivent du climat économique entre la Chine et l’Oc- lités encore floues qui donneront lieu à une rieur de 7,8 points à celui des entreprises connaissant bien Belgrade. comprendre que nous vivons une cident, « pollué » ces derniers mois par la cris- guérilla permanente. Il faudra s’attendre no- d’Etat. Les négociations qu’elle a inlas- époque dans laquelle ils définiront pation nationaliste consécutive au bombarde- tamment à de longs atermoiements dans un Des études prospectives étrangères incitent sablement menées et les accords essentiellement leurs relations avec ment de l’ambassade de Pékin à Belgrade. Il secteur bancaire plombé par les mauvaises à l’optimisme. Selon la BNP, les exportations qu’elle a emportés à la force du l’Amérique au travers de leur inter- illustre, sinon le retour en grâce, en tout cas la créances et qui ne survit qu’en raison d’une chinoises croîtront, dans le cadre de l’OMC, à poignet sont nombreux. Elle a fait action économique avec elle ». persistance de l’influence en coulisse du pre- liquidité due à l’absence de placements un rythme annuel de 9,5 % sur les cinq pro- mordre la poussière à l’Union eu- Avec une telle mission, elle n’a mier ministre réformateur Zhu Rongji, récem- alternatifs. chaines années. A en croire Goldman Sachs, ropéenne à propos de la banane et guère de temps de s’occuper de ment déstabilisé par une virulente offensive En deuxième lieu, l’entrée à l’OMC précipi- les investissements étrangers progresseront du bœuf aux hormones, lancé la ses deux filles, sans doute son du camp conservateur et protectionniste. tera une cascade de faillites d’entreprises de 100 milliards de dollars (103 milliards d’eu- négociation sur la zone de libre- principal regret. Mais elle sait y Aux termes de cet accord, la Chine s’engage d’Etat dans les secteurs de l’automobile, de ros) par an (ils étaient de 45 milliards à 46 mil- échange des Amériques (FTAA), trouver de nouveaux arguments à abaisser ses droits de douane du niveau ac- l’acier, de la pétrochimie, de la mécanique et liards d’euros en 1998) et la croissance redonné du tonus à l’APEC (Coo- pour sa mission : « J’ai appris tuel de 22,1 % à 17 %. Le démantèlement des surtout de l’agriculture, qui alimenteront des chinoise gagnera 0,5 point. Mais ce ne sont pération économique en Asie-Pa- beaucoup sur la stratégie de négo- barrières sera radical pour le secteur automo- tensions sociales déjà vives. Dans ce contexte, pas ce genre de chiffres qui tranchent le débat cifique), impulsé le partenariat ciation en leur lisant des histoires » bile (de 80 %-100 % à 25 %), et touchera des on ne peut exclure que la tendance conserva- en Chine. Pour le Parti communiste, la vraie transatlantique avec les Quinze et comme celle de Winnie-the-Pooh domaines aussi politiquement et socialement trice et protectionniste ne cherche à exploiter question reste : l’OMC va-t-elle, oui ou non, l’initiative sur le commerce avec (Winnie l’Ourson). sensibles que l’agriculture. Simultanément, la la situation pour mettre en difficulté les diri- saper son emprise sur la société ? l’Afrique. Elle a bataillé avec To- Chine devra ouvrir au capital étranger des sec- geants réformateurs. Enfin, la moindre dégra- kyo, accusé de pratiques discrimi- Patrice de Beer teurs comme les télécommunications – jus- dation de la relation stratégique sino-améri- Frédéric Bobin De la difficulté de négocier avec les Etats-Unis

WASHINGTON en vertu de la séparation des pou- double péché d’exterritorialité et bœuf aux hormones, et les sanc- tionnisme ? » Dans un document de notre correspondant L’interlocuteur officiel voirs. Il délègue seulement le pou- d’unilatéralisme. Le premier tions unilatérales imposées avant sur les avantages de l’OMC « pour ashington arbore voir de négocier au chef de l’exé- consiste à vouloir imposer ses même que l’OMC ait pris une déci- les travailleurs et les familles améri- une parfaite bonne n’a pas le pouvoir cutif. Le Congrès ne dispose pas propres lois à d’autres personnes, sion définitive sont connues. caines », l’USTR explique que «la W conscience à la seulement de la prérogative d’ava- physiques ou morales, qui ne sont D’autres méthodes le sont moins, décision des Etats-Unis de négocier veille du Sommet de décision finale. liser ou de rejeter un texte comme pas sous sa juridiction. Le meilleur comme par exemple la protection volontairement et d’accéder à un ac- de Seattle. A en croire les Améri- dans un système parlementaire. exemple en est la loi Helms-Burton du marché de l’acier. Gros importa- cord qui développe le commerce et cains, le protectionnisme est avant C’est le Congrès « Il est partie prenante à la négocia- qui menace de sanctions les entre- teurs d’acier avec environ 25 mil- crée des emplois est un exercice de tout un défaut étranger. Dans un tion du début jusqu’à la fin », prises étrangères qui violent l’em- lions de tonnes par an – l’UE est souveraineté, et non un abandon de monde où les barrières tombent un qui, en réalité, confirme Pietro Nivola. Il a donc le bargo imposé par Washington son premier fournisseur, suivi du celle-ci (...) Nous bénéficions de la peu plus chaque jour, il est normal droit de revenir sur certains termes contre Cuba. Ou la loi sur les sanc- Japon et de pays comme la Corée, procédure de résolution des conflits que l’attention se concentre sur tire les ficelles d’un accord ou de les modifier uni- tions contre l’Iran et la Libye qui le Brésil ou le Canada – les États- de l’OMC par le biais de règles qui celles qui restent, d’un côté ou de latéralement. prévoit des sanctions obligatoires Unis adoptent en même temps une rendent les autres pays comptables l’autre de l’Atlantique. « Depuis 50 est en faveur d’une libéralisation des Bill Clinton ne doit pas heurter contre les compagnies pétrolières attitude défensive, voire agressive de leurs actes. En même temps, notre ans, les Américains ont avancé une échanges et d’une intégration écono- de front les républicains, majori- investissant plus de 20 millions de contre ces mêmes fournisseurs, gouvernement a fait attention à ce vision spécifique et claire de leur po- mique globale. Mais le Congrès, taires au Congrès, ni braquer les dollars dans ces pays. L’UE a négo- comme l’explique un expert améri- que cette structure préserve nos litique commerciale », déclarait le même s’il s’y intéresse, est plus adversaires de la mondialisation cié des exemptions, qui ont en par- cain du dossier qui a voulu rester droits. L’OMC ne peut nous forcer à 19 novembre Charlene Barshefsky, préoccupé par la protection de qui votent habituellement démo- ticulier bénéficié à Total. Mais la anonyme. changer nos lois. Seuls les Etats-Unis représentante pour le commerce groupes d’intérêts. » crate, comme les syndicalistes et menace pèse toujours et le déterminent exactement comment ils international (USTR), ajoutant les Verts, ni menacer les intérêts Congrès est souvent intraitable. PROTECTIONNISME répondront aux recommandations « nous avons toujours montré le che- PRESSIONS CONTRADICTOIRES des agriculteurs, des éleveurs ou L’unilatéralisme, ce sont ces me- Selon lui « ce système d’antidum- d’un panel de l’OMC, ou s’ils y ré- min vers une économie mondiale La marge de manœuvre d’un Bill des sidérurgistes, dont le vote est sures que Washington s’arroge le ping est fondamentalement protec- pondront, conservant ainsi leur plus ouverte, juste et libre ». Clinton est donc réduite. Comme important en temps normal, cru- droit de prendre contre des pays tionniste. Pour satisfaire les sidérur- pleine souveraineté de décision. » Négocier avec les Etats-Unis le reconnaissait l’ambassadeur cial en période préélectorale. ou des entreprises accusés de ne gistes et les syndicats, on prend des L’OMC ne peut pas non plus « li- n’est pourtant pas toujours chose Barshefsky à propos du nouveau La Maison Blanche a fait de sa pas respecter la législation mesures qui, si elles ne violent pas les miter la capacité américaine à défi- facile. Ainsi que l’explique l’écono- Round de Seattle : « Aucun pré- politique commerciale le fonde- commerciale américaine, de prati- règles, visent à rendre prohibitif le nir ses standards concernant l’envi- miste Pietro Nivola, de la Broo- sident n’a jamais eu le pouvoir de ment de sa diplomatie. « L’impé- quer le dumping ou le protection- coût de toute défense, d’épuiser les ronnement, l’emploi, la santé et la kings Institution : « Ici il n’y a pas conclure un accord multilatéral au rialisme américain », militaire et nisme. On peut citer la « Section ressources financières voire morales. sécurité au niveau que nous considé- vraiment de gouvernement. Je ne moment où il était lancé. » D’autant politique hier, est désormais au 301 » et ses corollaires, « Super En 1992, par exemple, l’avocat du rons comme approprié ». veux pas seulement parler de la ré- plus que les différentes administra- service de la puissance industrielle, 301 » et « Spécial 301 » en vertu lobby de l’acier a demandé au dé- Les Etats-Unis sont-ils prêts à re- partition des prérogatives entre pou- tions et les deux grands partis poli- commerciale, financière et scienti- desquelles l’USTR a engagé, en partement du commerce de récla- connaître aussi ces droits à voir fédéral et Etats. A Washington, il tiques sont aussi soumis à des fique des Etats-Unis. Ceux-ci ont su 1999, une enquête contre la France mer aux exportateurs étrangers qu’ils d’autres pays, comme à ces Euro- existe différents systèmes qui ont, pressions contradictoires en leur utiliser à leur profit les nouvelles (sur les subventions aux équipe- expliquent les méthodes employées péens qui rejettent leur bœuf aux chacun, un impact différent sur le sein. règles de l’OMC – mais pas tou- ments aéronautiques) et contre pour convertir les tonnes métriques hormones et les organismes géné- pouvoir. Il y a beacoup d’intérêts en En fait, le représentant des Etats- jours – sans négliger la panoplie l’UE (concernant les indications en tonnes américaines. Il s’agissait tiquement modifiés pour les compétition : ceux qui sont favo- Unis, aussi haut placé soit-il, n’a d’armes traditionnellement à leur géographiques des produits ali- avant tout de gagner du temps, d’al- mêmes raisons d’environnement rables à la mondialisation, au pro- pas le pouvoir de décision finale. disposition. mentaires et agricoles). longer la facture des avocats pour ou de santé ? tectionnisme ou à la défense de la En matière de commerce interna- C’est ainsi qu’ils ont pu être ac- Les actions engagées contre les tenter de lasser l’autre partie. souveraineté nationale. Le président tional, le Congrès a le dernier mot cusés par l’Union européenne du Quinze à propos de la banane et du Qu’est-ce que c’est sinon du protec- P. de B. LeMonde Job: WDE4799--0007-0 WAS MDE4799-7 Op.: XX Rev.: 22-11-99 T.: 08:16 S.: 111,06-Cmp.:22,09, Base : LMQPAG 19Fap: 100 No: 0107 Lcp: 700 CMYK

LE ROUND DU MILLÉNIUM LE MONDE / MARDI 23 NOVEMBRE 1999 / VII Un paquet de café La bataille perdue de Kindy

l’automne 1998, Jean- plus compétitifs, nos concurrents pourtant de plus en plus grignoté « militant », contre les dégâts Yves Bloquert s’éclipsait Le fabricant de étant restés à 39 heures », raconte par les importations. A de Kindy, incapable de chaussettes se trouve Michel Gambier, ancien délégué FO Intéressement, développement de se résoudre à faire ce aujourd’hui retraité. la polyvalence, temps partiel annua- contre quoi il s’est toujours battu : Aux syndicalistes de l’entreprise, lisé, préretraites progressives : au- de la mondialisation délocaliser. La mondialisation a eu contraint de produire Jean-Yves Bloquert tient alors un tant de mesures que Kindy sera, là raison de l’obstination de ce patron discours direct, provocateur même encore, une des premières entre- qui, au cours des trente-quatre an- à l’étranger pour l’époque : « Si nous voulons prises à appliquer pour s’adapter 700 000 familles du Sud vivent plus décemment nées passées à la tête de l’entreprise rester français, il faut que nous ga- aux exigences toujours plus fortes de chaussettes, a toujours été clients habituels ne s’y retrouvent gnions en flexibilité. » Le mot est en- du marché. Mais en vain. Cela n’em- de leurs cultures grâce au commerce équitable, convaincu que la délocalisation plus et l’entreprise, pour s’en sortir, core tabou. Il leur propose de reve- pêchera pas l’écart de coût de pro- pouvait être évitée, à condition de se voit contrainte de travailler à nir à 38 heures, mais aussi duction avec les pays à bas salaires un système mis en place par une association d’ONG savoir innover. 40 % comme façonnier pendant d’annualiser le temps de travail en de continuer à se creuser. Innover sur le plan technologique deux ans, le temps que s’impose la organisant des semaines de 24 à n consommateur choi- cratique, sans discriminations déjà. Lorsqu’en 1964 il reprend l’en- marque Kindy, lancée dès 1966. 44 heures selon les périodes, d’ins- « INÉVITABLE » sit sur les gondoles sexuelles ou raciales ; elle exige une treprise créée en 1863 par son Pour Jean-Yves Bloquert, l’avenir de taurer une quatrième équipe du Prise en tenaille entre des impor- U d’un hypermarché qualité du produit. Elle demande grand-père, Jean-Yves Bloquert l’entreprise passe par la promotion week-end et d’adopter une produc- tations en constante augmentation – (Carrefour, Atac, Le- aux importateurs, qu’elle met en commence par moderniser l’appa- d’une véritable marque, et par une tion en continu douze mois sur aujourd’hui plus de trois paires ven- clerc, Auchan, Monoprix, Prisunic, contact avec les coopératives, de reil de production. Cette initiative offensive vers la grande distribu- douze. Un réaménagement complet dues sur quatre ont été fabriquées à Match) un paquet de café arabica s’engager sur un prix minimum ga- permettra de doubler en trois ans la tion. Pari audacieux mais pari ga- de l’organisation du travail, en l’étranger – et les marques distribu- Malongo, arborant le label « Max ranti de 1,26 dollar par livre, quel capacité de production. Il n’hésitera gné : Kindy est aujourd’hui l’un des somme, que les syndicats se résou- teurs qui réalisent près du tiers des Havelaar » qu’il accepte de payer que soit le cours mondial du café pas à renouveler la démarche, trois leaders français du marché de dront à entériner dans un accord. ventes actuelles, Kindy prenait en 15,95 francs, soit 10 % à 15 % plus (en septembre, 0,8 dollar ; en no- comme le confirme Patrick Bidois, la chaussette, où 60 % de la Son application ne se fera pas sans juin la décision de céder son usine cher qu’une autre marque de quali- vembre, 1 dollar), 1,21 dollar allant délégué FO, qui reconnaît à Jean- consommation passe par la grande quelques grincements de dents. «Le de Dambach (Bas-Rhin) et d’opter té équivalente. C’est un achat mili- au producteur et 0,5 dollar à la Yves Bloquert le mérite d’avoir tou- distribution. faire comprendre aux salariés n’a pas pour la délocalisation afin d’abaisser tant car, en amont de la chaîne, au coopérative, qui peut ainsi soit jours su s’adapter aux évolutions été facile, se souvient Patrick Bidois. ses prix de revient. A terme, selon la Costa Rica, Edgar a pu ainsi acheter des terres qu’elle louera technologiques. ANTICIPATION Mais l’avenir de l’entreprise était en nouvelle direction, la moitié de la vendre, pendant dix ans, son café aux plus défavorisés, soit Innover sur le plan stratégique et Innover sur le plan social enfin. jeu. Cela nous permettait d’éviter des production de chaussettes devrait cueilli sur un microscopique demi- construire une école, soit servir de marketing aussi. Non seulement En 1982, Jean-Yves Bloquert décide licenciements. » être fabriquée à l’étranger. Jean-Yves hectare à un prix suffisamment ré- caisse de crédit coopératif ou in- Jean-Yves Bloquert se lance dans d’anticiper le mouvement de réduc- Une telle évolution n’aurait sans Bloquert ne pouvait se résoudre à munérateur pour lui permettre de vestir, comme au Nicaragua, dans une série d’acquisitions externes qui tion du temps de travail que le nou- doute pas été possible sans le climat accepter une telle perspective. L’ex- construire une maison capable une usine de dépulpage de la « ce- porteront de 250 à 1 585 salariés, en veau gouvernement socialiste sou- de confiance qui régnait. « Il existait patron reconnaît néanmoins qu’il d’héberger décemment sa famille rise » de café pour conserver sur 1986, l’effectif de l’entreprise, mais, haite impulser et signe avec ses une compréhension réciproque entre n’y a plus guère de marges de ma- de sept personnes et d’envoyer ses place un peu plus de valeur ajou- très vite aussi, il décide de rénover syndicats un accord organisant le nous et la direction. Nous savions nœuvre. « Je sentais depuis quatre, enfants à l’école. tée. Beaucoup d’importateurs son offre. Les articles de premiers passage aux 35 heures. Une initia- qu’elle était sincère », soulignent l’un cinq ans que cela deviendrait inévi- L’histoire commence, en 1986, au avancent aux producteurs jusqu’à prix, qui constituaient jusque-là l’es- tive qu’aujourd’hui il passe étrange- comme l’autre Michel Gambier et table », avoue-t-il tout en ajoutant : Mexique. Lors de la rencontre an- 60 % des récoltes. sentiel de la production, sont liqui- ment sous silence, mais qui fera de Jean-Pierre Bellanger, son homo- « Maintenir l’emploi en France est un nuelle avec l’ONG néerlandaise So- dés, au profit d’articles moyen-haut Kindy un précurseur en la matière. logue de la CGT, lui aussi retraité devoir. Mais le devoir est aussi de faire lidaridad qui les secourt régulière- HÉROS D’UN ROMAN de gamme aux couleurs avant-gar- En 1988, l’entreprise doit faire ma- aujourd’hui. Cet accord permettra perdurer l’entreprise. » ment, des petits producteurs de Troisièmement, FLO accorde aux distes. L’impact de cette décision ne chine arrière. « Nous avons été de en tout cas à l’entreprise de conti- café disent à leurs interlocuteurs : torréfacteurs qui choisissent sa fi- sera pas immédiat : au début, les l’avant mais, du coup, nous n’étions nuer à se défendre sur un marché Laetitia Van Eeckhout « Nous avons honte de vous deman- lière le label « Max Havelaar » de- der sans cesse de l’argent. Ne pour- vant figurer sur l’emballage. Elle riez-vous pas plutôt nous aider à perçoit un droit de marque de vendre notre café à un prix plus juste 1 franc par kilo vendu et s’efforce que celui pratiqué par les “coyotes”, de persuader les grandes surfaces les intermédiaires qui nous de placer les cafés portant ce label l’achètent six mois à l’avance pour dans leurs rayons et les consomma- nous permettre de survivre en atten- teurs de les acheter. Max Havelaar dant la récolte, mais à un prix déri- est le nom du héros d’un roman soire ? Sans parler des chutes bru- néerlandais du XIXe siècle dénon- tales des cours mondiaux du çant l’exploitation des petits plan- café... » teurs indonésiens de café par les courtiers. DEUX PARIS Les résultats sont là : l’Allemagne En effet, depuis le début des an- consomme 3 600 tonnes de café nées 80, la spéculation a fait fluc- « équitable » par an (1 % du mar- tuer le prix mondial dans des pro- ché) ; les Pays-Bas, 3 400 tonnes portions spectaculaires, car un (2,8 %) ; la Suisse, 1 400 tonnes même grain de café est vendu en (3,3 %). La France, qui n’est pas en- Bourse dix-sept fois, en moyenne. core familière de ce commerce res- Et quand les cours montent, pectueux, n’en a acheté que 300 comme en 1997-1998, ce n’est ja- tonnes (moins de 0,2 % du marché) mais le cultivateur qui en profite. en 1999 et vise 1 000 tonnes l’an Solidaridad se met alors à réflé- prochain. chir à un système qui corrigerait Victor Ferreira, directeur de Max ces graves inconvénients. Vendre le Havelaar France, est confiant. Les café des petits paysans dans les campagnes d’opinion menées avec boutiques « alternatives » ou une cinquantaine d’associations « tiers-monde » qui ont fleuri à comme Agir ici, Artisans du partir de 1970 ? Le risque aurait été monde, le Comité catholique Un prix garanti

PRIX DU CAFÉ en dollars constants/livre

160

150 PRIX MAX HAVELAAR 140

130

120

110

100 PRIX MONDIAL 90 M A M J J A S O N D J F M A 1998 1999 Source : Max Havelaar France

de ne toucher que les militants contre la faim et pour le développe- avertis. L’ONG fait alors deux pa- ment ou la Ligue de l’enseignement ris : d’abord, pour atteindre le portent leurs fruits : les cafés Cerro grand public, elle choisit de faire Azul, Tazamaya, Carazao, Kalinda, confiance à l’« ennemi », à la filière Solela, Beneficio ou Organico traditionnelle qui va de l’importa- trouvent des amateurs jusqu’à l’Ely- teur à la grande surface en passant sée, Matignon et au Sénat français. par le torréfacteur ; ensuite, elle « C’est une façon d’agir, non prédit que tous les consomma- contre la mondialisation, mais contre teurs, et pas seulement les mili- les effets négatifs de celle-ci, affirme- tants, accepteront de surpayer lé- t-il. Le consommateur prend place gèrement un produit pour aider aux côtés des salariés et des action- des producteurs dans le besoin. naires comme contre-pouvoir à Ce commerce, baptisé « équi- l’économie purement financière. Le table », est devenu une machine commerce équitable est “libéral”, en imposante et internationale qui ce qu’il repose sur la responsabilité épaule 700 000 familles du Sud. Les des acteurs, et pas du tout “libéral”, dix-sept associations nationales qui car il suppose le respect de règles pré- y souscrivent n’interviennent pas cises. Il faudra bien qu’on nous en- dans la commercialisation du café ; tende lorsque nous disons que l’ar- elles se sont regroupées dans une ticle 3 du GATT doit être revu afin association, FLO-International que les consommateurs du monde (Fair Trade Labelling Organiza- entier puissent tenir compte du pro- tions), qui joue, avec ses membres, cédé de fabrication d’un produit un triple rôle : premièrement, FLO avant de l’acheter. » détermine les critères du Une banane bio et convenable- commerce équitable et les adapte ment payée à la coopérative Carib- aux différents produits, car le miel, bean, de Saint-Domingue, n’a pas le thé, le cacao, le sucre, les ba- grand-chose à voir avec sa sœur nanes et le jus d’orange ont rejoint cueillie par de pauvres hères em- le café. ployés en Equateur par une multi- Deuxièmement, FLO agrée les nationale. La preuve par le choix différents partenaires ; elle de- des consommateurs. mande aux paysans de fonctionner en coopérative et de façon démo- Alain Faujas LeMonde Job: WDE4799--0008-0 WAS MDE4799-8 Op.: XX Rev.: 19-11-99 T.: 20:58 S.: 111,06-Cmp.:22,09, Base : LMQPAG 19Fap: 100 No: 0108 Lcp: 700 CMYK

VIII / LE MONDE / MARDI 23 NOVEMBRE 1999 LE ROUND DU MILLÉNIUM Brad G. Figel, conseiller juridique pour les échanges internationaux chez Nike Au Brésil, « Les entreprises doivent reconnaître « Lula » évoque leurs responsabilités sociales et environnementales »

« Que signifie, pour une entre- apprendre comment une telle poli- « l’escroquerie du millénaire » que soit abordé le problème de la tion, cette tendance est irréver- prise comme Nike, la session de protection de la propriété intellec- sible. Il ne s’agit pas seulement de tique peut, pratiquement, se négociations qui débute à tuelle (marques déposées, droits se doter de codes de conduite, mais mettre en place. A Seattle, nous al- Seattle ? d’auteur...). Nike et son symbole également de contrôler leur appli- lons évoquer notre expérience. Même s’il a perdu un peu de son aura – C’est un rendez-vous impor- sont fortement copiés un peu par- cation. Le président Bill Clinton » Sur ce sujet, il y a cependant tant. L’Uruguay Round avait déjà tout dans le monde. Nous souhai- nous a demandé de réfléchir avec beaucoup de belles paroles, pas charismatique l’ex-candidat aux élections eu une grande portée, et cette nou- terions que le dispositif de protec- des syndicats et des ONG dans un seulement à l’OMC, mais aussi au velle session va nous permettre de tion existant soit renforcé. groupe de travail créé il y a plu- Congrès américain et aux Etats- présidentielles s’insurge contre l’hégémonie soulever des problèmes qui – De nombreuses associations sieurs années et intitulé « The ap- Unis en général. Les Etats ont cer- n’avaient pas été abordés la fois ont dénoncé les conditions de parel industry partnership » (Parte- tainement un rôle à jouer. L’OMC des pays développés et leur double langage précédente. De nouveaux diffé- travail dans les usines qui fa- nariat de l’industrie du vêtement). mais aussi l’Organisation interna- rends sont apparus entre Etats, et briquent vos produits. Vous vous Nous avons mis en place un mo- tionale du travail (OIT) doivent RIO DE JANEIRO barbu, il a la voix rauque et la l’OMC peut aider à les résoudre. êtes, depuis un an, engagés pu- dèle de démarche pour l’industrie. trouver des moyens pour encoura- de notre correspondant prononciation imparfaite. » Nike, et l’industrie de la chaus- bliquement à améliorer la situa- D’autres entreprises peuvent venir ger les Etats à renforcer leurs dis- e président d’honneur Mais il jouit d’un grand cha- sure en général, a, par exemple, un tion. Où en êtes-vous ? positifs légaux concernant le tra- du Parti des travailleurs risme depuis l’époque où il est différend avec l’Argentine qui veut – Nous avons augmenté l’âge vail. Des améliorations peuvent L (PT-gauche), l’ancien entré dans le mouvement syndi- imposer de nouvelles barrières minimum des travailleurs dans nos être obtenues, sans qu’il soit néces- tourneur qui a frôlé trois cal et a participé aux premiers douanières pour les importations usines. L’application de notre code saire d’en venir aux sanctions. fois la présidence du Brésil, Luis meetings ouvriers dans la ban- de ces produits. Les Etats-Unis, de conduite est désormais contrô- Mieux vaut, en la matière, la ca- Inacio « Lula » da Silva, ne se fait lieue industrielle de Sao Paulo, en l’Europe et même certains pays en lée par de multiples acteurs, des rotte que le bâton. « aucune illusion » sur la Ronde 1974, en pleine dictature mili- voie de développement, comme consultants externes font ainsi des – Seattle sera aussi le lieu de du millénaire de Seattle : taire. L’année suivante, il est élu l’Indonésie, doivent porter ce dos- audits. Mais cela n’était pas suffi- rencontre de nombreuses asso- « Ronde, ou escroquerie du millé- président du syndicat des métal- sier devant l’OMC pour tenter de le sant. Des salariés de Nike sont dé- ciations qui veulent s’opposer à naire ? » – un jeu de mots en por- lurgistes. En 1978, 1979 et 1980, il résoudre. Mais ce genre de dé- sormais à demeure chez nos sous- la mondialisation du commerce. tugais entre « rodada » (ronde) et commande les grandes grèves marche prend du temps. Une fois traitants ; nous demandons égale- Comment percevez-vous ces « roubada » (escroquerie) – dont les meetings ont rassemblé l’affaire tranchée, il faut ensuite vé- ment à des organisations non mouvements ? lance-t-il d’emblée. « Nous allons plus de 100 000 métallos, ce qui rifier que le pays applique correcte- gouvernementales (ONG) de venir – Je ne pense pas que combattre encore assister à la traditionnelle lui vaudra d’être arrêté et empri- ment la décision. Si cela n’est pas le faire leurs propres vérifications. En la mondialisation ait un sens : la pression des économies dévelop- sonné pendant trente et un jours. cas, l’affaire doit être présentée à partenariat avec ces ONG, nous mondialisation est là et personne pées pour une plus grande ouver- Vaincu de justesse par l’ex-pré- nouveau... Pour plus d’efficacité, avons également lancé un pro- ̄ ne peut l’arrêter. Depuis quinze à ture des pays émergents, or tout, sident Fernando Collor (qui sera nous voudrions rendre ces procé- gramme qui est soutenu par la vingt ans, les entreprises natio- pratiquement, a déjà été concédé destitué deux ans plus tard pour dures plus transparentes et plus Banque mondiale. Les ONG, en en- Brad G. Figel nales, pour rester compétitives, au cours de ces années de libérali- corruption) à la présidentielle de ouvertes au public. quêtant dans nos usines, vont nous b Avocat de formation, pour le sont parties à la recherche de nou- sation commerciale. » 1989, la première après vingt et – Concrètement, qu’allez-vous éclairer sur les besoins des travail- commerce international à la veaux marchés. C’est une évolution un ans de dictature, « Lula » faire à Seattle ? leurs. Cela va nous permettre d’une commission des finances du naturelle des affaires. La vraie « PRATIQUES PROTECTIONNISTES » avait, au cours de sa campagne – Je vais participer à ce sommet part d’améliorer leurs conditions Sénat américain de 1986 à 1995. question est : comment faire pour Pour « Lula », cinquante- de 1994, tenté de se débarrasser en tant qu’observateur, comme de travail, d’autre part de mettre en b Il a mené au Congrès les que cette globalisation soit juste quatre ans, qui dit parler pour les définitivement de son image d’autres entrepreneurs. Cela per- place des programmes dont pour- modifications de la législation pour tout le monde ? Les entre- 30 millions de Brésiliens (33 % d’homme de gauche radical en met d’influencer les négociations, ront bénéficier leur environnement du commerce, notamment prises doivent reconnaître qu’elles des voix) ayant voté pour lui en utilisant un discours simple et soit à travers des associations et leurs communautés : formation, après le North American Free ont une responsabilité dans la ré- 1998, quand le social-démocrate modéré pour défendre plus de – Nike fait partie de la Chambre micro-crédits... Trade Agreement (novembre ponse à apporter à cette question. Fernando Henrique Cardoso a justice sociale. américaine du commerce et de la – Croyez-vous que les enga- 1993) et l’Uruguay Round C’est ce que Nike essaie mainte- été réélu pour un mandat de « Lula » – l’un des fondateurs Fédération nationale de la vente au gements environnementaux et (décembre 1994). Il a rejoint nant de faire. » quatre ans grâce à son alliance du Parti des travailleurs, en 1981, détail –, soit en parlant directement sociaux des entreprises de- Nike en 1995, où il est aussi avec la droite et les centristes, le plus propre d’entre tous les aux négociateurs. viennent indispensables ? directeur des affaires Propos recueillis « les pays avancés gardent leurs partis politiques du pays – est » Nous aimerions, par exemple, – Compte tenu de la mondialisa- gouvernementales. par Laure Belot pratiques protectionnistes, qu’ils huitième et dernier enfant d’un justifient en nous accusant notam- agriculteur pauvre de l’intérieur ment de dumping ». de l’Etat du Pernambuco (Nord- « Les représentants des Etats- Est) ; il a sept ans quand sa fa- Unis et de la vieille Europe fein- mille, chassée par la sécheresse, La « brevetabilité » du vivant suscite toutes les convoitises dront de ne pas comprendre nos émigre vers le port de Santos réclamations contre les barrières (Sao Paulo) pour échapper à la i la possibilité de breveter les in- Un exemple, pris en France. Il y a moins américain Monsanto vient (provisoirement ?) non tarifaires et toutes les ruses faim. ventions biotechnologiques occupe d’un an, le gouvernement annonçait le lance- de renoncer. qu’ils utilisent avec génie pour em- sa place parmi les débats de ment d’un vaste programme de recherche Conçu dans les laboratoires du ministère pêcher l’entrée de l’acier, du soja, PROFONDÉMENT CATHOLIQUE S – 1,4 milliard de francs (210 millions d’euros) américain de l’agriculture (USDA) en collabo- du jus d’orange, de la viande et Aujourd’hui marié et père de Seattle, ce n’est pas tant pour des raisons bioéthiques qu’économiques. Il y a dix sur cinq ans –, visant à accumuler de nouvelles ration avec la firme Delta & Pine Land (rache- autres marchandises exportées par cinq enfants, il reste en « bon ans, pourtant, le droit européen commençait connaissances sur le génome des plantes de tée par Monsanto), Terminator est une les pays émergents », poursuit Nordestin » profondément ca- à peine à envisager de considérer les gènes, grande culture, afin de pouvoir les valoriser construction génétique sophistiquée dont « Lula », qui ajoute : « sans parler tholique, lié au courant progres- les plantes et les animaux comme des « ob- sous forme de brevets et de nouvelles variétés. l’une des applications possibles est la stérilisa- des copieux subsides à l’agri- siste de l’Eglise. Mais il attire la jets » brevetables. Mais, compte tenu de la vi- Financée à 40 % par des fonds privés, cette tion des variétés agricoles. Autant dire l’une culture, qui rendent bon marché méfiance des industriels et des tesse à laquelle se développent les biotechno- course aux brevets est sans aucun doute cru- des armes biologiques les plus efficaces jamais une bonne partie des produits banquiers par ses critiques du logies, et surtout face à la concurrence ciale pour les industriels français des se- imaginées pour garantir la propriété indus- agricoles européeens et améri- gouvernement Cardoso et de son américaine, il convenait de trancher rapide- mences et de l’agrochimie, menacés par les trielle du vivant. Pour les firmes détentrices cains. » vaste programme de privatisa- ment. développements fulgurants des biotechnolo- d’un brevet de ce type, il suffirait en effet de Même si, aujourd’hui, après tions, estimant que les entre- La directive européenne 98/44 sur la protec- gies que dominent les Américains. coupler ce « suicide programmé » des se- avoir essuyé trois défaites à prises brésiliennes ont été « bra- tion juridique des inventions biotechnolo- Mais, par là même, elle participe à l’appro- mences à une autre manipulation génétique, l’élection présidentielle (contre dées » au capital étranger. giques, adoptée en juillet 1998, reconnut ainsi priation des données génétiques et des res- conférant à la plante un avantage agrono- Fernando Collor en 1989 et « Il est inadmissible que des pays une situation de fait : le vivant, sauf réserve sources naturelles par les grandes firmes, au mique, pour que l’agriculteur se retrouve contre Fernando Henrique Car- comme le Brésil – huitième puis- d’exception, est brevetable. Le texte fait la dis- détriment des paysans et des scientifiques des pieds et poings liés : obligé, chaque année, de doso en 1994 et 1998), l’image du sance économique du monde – tinction entre le brevetage d’inventions obte- pays en développement. renouveler son stock de semences. « Lula charismatique » s’est quel- supportent des déficits commer- nues à partir de tissus d’embryons humains à Dans ce cas, comme dans tous ceux où des « D’un point de vue commercial, la technolo- que peu ternie, l’homme est en- ciaux avec les Etats-Unis et l’Eu- visée commerciale (interdit) et celui à des fins produits biotechnologiques seront obtenus à gie est brillante. D’un point de vue social, elle est core le seul à faire l’unanimité au rope à travers des artifices et des de recherche (autorisé). Mais il permet aussi partir de ressources génétiques originaires pathologique », résumait l’Américain Jeremy sein du PT, rongé par des que- barrières commerciales qui l’usage commercial d’une séquence génétique des pays du Sud, quelles seront les conditions Rifkin, spécialiste des biotechnologies. Le dé- relles intestines, et même au sein contredisent le discours officiel de en vue d’une application industrielle (fabrica- d’accès à cette ressource intellectuelle d’un veloppement de Terminator, depuis lors, a de la gauche. Un récent sondage l’OMC », conclut Lula, en souli- tion de médicaments, de produits biologiques nouveau genre et celles de son utilisation ? Et cessé d’être à l’ordre du jour. Mais il ne re- indique que c’est toujours « Lu- gnant que « celle-ci devrait moins ou de plantes transgéniques), quelle que soit quelles taxes, quelles contraintes doivent re- présente qu’une infime partie du fossé que la » qui arrive en tête des candi- s’inquiéter des pays émergents et l’origine – végétale, animale ou humaine – des douter les pays et les agriculteurs les plus dé- creusera la brevetabilité du vivant entre le dats de gauche pour la prochaine jouer un rôle plus énergique contre gènes considérés. Un droit de propriété intel- munis face aux mutations agronomiques qui Nord et le Sud. A moins que de nouveaux ac- présidentielle de 2002, avec 23 % les aides déguisées des pays lectuelle qui, dans le cadre des rapports Nord- s’annoncent ? Le danger n’a rien d’irréel, cords viennent rééquilibrer la donne. des intentions de vote. Pourtant, riches ». Sud, pose la question de l’accès aux ressources comme en témoigne la technologie « Termi- « Lula » n’a pas la prestance des génétiques. nator » au développement de laquelle le géant Catherine Vincent grands orateurs : petit, trapu et (Intérim) Les Américains veulent utiliser Internet pour imposer leur conception du commerce

nternet n’est pas dans les pays participants à la conférence Américains, ou « des services », ternet, mais aussi éventuellement infrastructures de télécommunica- priorités de l’agenda de Dossier jugé ministérielle de l’OMC à Genève comme le disent les Européens ? La aux livres, aux logiciels... », préve- tions. « Assurer l’accès au I l’OMC, il figure pourtant en avaient signé un moratoire pré- réponse est lourde de consé- nait David Aaron, sous-secrétaire commerce électronique et aux in- toutes lettres à l’ordre du non « prioritaire », voyant une suppression tempo- quences économiques. En les clas- d’Etat au commerce extérieur des frastructures pour tout le monde ; jour de l’administration Clinton raire des droits sur ces produits sifiant comme « services », ils Etats-Unis. « La question de la clas- faire en sorte que des règles suffi- pour Seattle : « Les Etats-Unis feront le réseau – les biens commandés sur Inter- échapperaient à l’ensemble des rè- sification est prématurée »,ré- santes existent pour que chacun le maximum pour augmenter encore net, mais livrés physiquement glements de l’OMC concernant torque-t-on outre-Atlantique. puisse se connecter » doit aussi être les chances des fabricants améri- des réseaux continuant d’être soumis aux « les biens ». Dans le cas inverse, au centre des discussions à Seattle, cains de vendre leurs produits aux règles de l’OMC. Il avait été admis non. C’en serait fini de l’exception MÉFIANCE INDIENNE estime-t-on à Bruxelles. Plus prag- 96 % de consommateurs qui vivent devrait surgir qu’une meilleure connaissance du culturelle et de la possibilité pour Les Japonais pencheraient plutôt matique : « En échange du mora- en dehors de leur territoire. » Appli- dossier était nécessaire avant de un Etat de subventionner certaines du côté des Américains, fait-on re- toire, nous mettrons en œuvre un qué au secteur du commerce élec- dans les discussions décider. Chose qui devait être productions. marquer à Bruxelles : « Ils sont de programme intensif de construction tronique ou plus généralement des faite... à Seattle. Pour y parvenir, « Les Etats peuvent réglementer gros producteurs de CD et donc ne d’infrastructures pour aider les PVD technologies de l’information, le de 600 milliards de dollars selon les des groupes de travail ont été mis les prestations de service, explique veulent pas d’entrave sur le marché à accéder à Internet », dit-on à message a le mérite d’être clair. Les estimations américaines. A Seattle, en place. Mais, après dix-huit mois Karl Falkenberg, chef d’unité à la de la musique. » Quant aux pays en Washington. Etats-Unis étant le premier expor- la délégation américaine se battra de négociations, aucun consensus direction générale commerce, char- développement, ils risquent de En revanche, de part et d’autre tateur mondial de produits ou de pour faire adopter l’Accelerated n’a été atteint. gé du dossier OMC à Bruxelles. Si compliquer le débat. A la diffé- de l’Atlantique, on s’accorde pour services du secteur, l’une de ses Tariff Agreement (ITA 2). Y seront les Américains considèrent les pro- rence des grandes puissances qui considérer que tous les autres pro- priorités va être d’obtenir la sup- désormais inclus des machines EXCEPTION CULTURELLE duits audiovisuels, mais aussi la télé- estiment qu’un service (bancaire blèmes liés au commerce électro- pression des droits de douane sur pour fabriquer des circuits impri- Les Américains insistent pour médecine ou les systèmes de téléen- par exemple) doit obéir aux mêmes nique, comme la protection du l’essentiel du domaine. C’est-à-dire més, quelques biens électroniques que « les engagements pris dans le seignement comme des biens règles, qu’il soit rendu traditionnel- consommateur ou le respect de la sur tout produit acheté et acquis de grande consommation, des ra- cadre du moratoire deviennent per- immatériaux, on perd le droit de les lement ou par Internet, ils ne vie privée, ne peuvent être traités sur Internet ou traditionnellement. dars et autres équipements d’aide à manents ». Mais, du côté européen, réglementer. Si un pays veut limiter veulent pas prendre d’engagement. dans le cadre de l’OMC. Ces sujets Les précédentes discussions la navigation. Si certains PVD on se refuse à une telle éventualité, la télémédecine sur son territoire, il Même l’Inde, pays pourtant très en vont peut-être servir de future avaient déjà ouvert la voie. En (comme l’Inde ou la Malaisie) se en plaçant le débat sur un autre aura alors des problèmes », pointe en matière de services infor- monnaie d’échange. A moins que 1997, l’Information Technology sont opposés à cet accord, l’Union terrain. « Il y a des questions bien s’alarme-t-il. Cet enjeu est beau- matiques, se méfie, craignant, par chacun considère qu’il n’a pas inté- Agreement (ITA 1) avait décidé la européenne se montre pour l’ins- plus importantes, comme celle de sa- coup plus stratégique que celui des exemple, une délocalisation de ses rêt à polluer le débat, pour se suppression des droits de douane tant assez ouverte. voir comment classifier les produits droits de douane. Les Américains services bancaires. concentrer sur les questions aux sur toute une série de matériels Il n’en sera pas de même de la téléchargés », dit-on au secrétariat ne s’y trompent pas, voyant dans la Pour amadouer les PVD, les Eu- conséquences économiques plus (ordinateurs, composants, etc.). suppression des droits de douane d’Etat au commerce extérieur fran- position européenne un moyen ropéens comme les Américains immédiates. Ces produits représentent un sur tous les produits acquis par té- çais. Ceux-ci sont-ils « des biens vir- « non seulement de restreindre l’ac- leur feront miroiter une améliora- chiffre d’affaires mondial annuel léchargement. En mai 1998, les tuels », comme le souhaiteraient les cès aux œuvres audiovisuelles sur In- tion de leur possibilité d’accès aux Annie Kahn