UNIVERSITE D’ ------ECOLE SUPERIEURE DES SCIENCES AGRONOMIQUES ------Mention AGRICULTURE TROPICALE ET DEVELOPPEMENT DURABLE ------Parcours : AGRICULTURE TROPICALE

Mémoire de fin d’études en vue de l’obtention du Diplôme d’ingénieur agronome au grade master II

Contribution à l’étude de potentialité et exploitation durable de Drosera madagascariensis sur les hautes-terres centrales malgaches

Soutenu publiquement, le 31 mai 2017 par RANDREMASINJARA Lantoarisoa Manitriniaina Promotion " ANDRISA " (2012-2017)

Devant les membres du jury composés de :

Président du jury : Dr. ANDRIAMANIRAKA Jaona Harilala Examinateur : Dr. RANDRIAMAMPIONONA Dénis Maître de stage : Mr. ANDRIAMANALINTSOA Jean Joseph Encadreur : Dr RAZAFINDRAMANANA RAKOTONIAINA Norosoa Christine

Société d’exploitation

agricole de Ranopiso

REMERCIEMENTS

e présent mémoire signé sous mon nom est issu d’un fruit d’une collaboration entre nombreuses personnes morales et physiques envers qui j’aimerais bien ici manifester L mes profondes reconnaissances. Ainsi, nous avons le plaisir de remercier tous ceux, à qui nous devons beaucoup, d’avoir vu aboutir nos propres efforts. Tout d’abord, je tiens à remercier Dieu tout Puissant de m’avoir donné la force, le courage et la santé durant ces cinq années d’études à l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques. Ce mémoire de fin d’études n’aurait lieu sans sa volonté et sa bénédiction. Mes remerciements vont ensuite aux membres du jury de cette soutenance qui ont accepté de consacrer du temps pour juger ce travail, malgré leurs lourdes tâches et multiples responsabilités. Je tiens à remercier tout particulièrement : . Monsieur ANDRIAMANIRAKA Jaona Harilala, Docteur et HDR en Sciences Agronomiques, Enseignant Chercheur et Responsable de la Mention Agriculture Tropicale et Développement Durable (AT2D) à l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques (ESSA) d’avoir bien voulu présider cette séance de soutenance ; . Monsieur RANDRIAMAMPIONONA Dénis, Docteur en Science de la Vie qui a accepté de siéger parmi les membres du jury et bien voulu juger ce travail ; que vos regards critiques constructifs soient les bienvenus pour améliorer la version finale de ce manuscrit ; . Monsieur Jean Joseph ANDRIAMANALINTSOA, Ingénieur agronome de formation, DGA chargé des opérations SEAR S.A, notre encadreur pédagogique et qui nous a proposé ce sujet de mémoire, et qui nous a fournis tous les appuis financiers et techniques et des précieuses directives lors de l’élaboration des travaux sur terrain ; . Madame RAZAFINDRAMANANA RAKOTONIAINA Norosoa Christine, Docteur en Sciences Agronomiques, Enseignant Chercheur à l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques, mon encadreur pédagogique, pour ses appuis et précieux conseils durant mon cursus à l’ESSA et d’avoir alloué beaucoup de temps lors de la rédaction de ce manuscrit. Je réserve aussi un vif remerciement à : . Monsieur RAZAFIMANDIMBY Philibert, responsable de la collection des plantes médicinales à Antananarivo du SEAR, pour ses aides précieuses et sa grande contribution durant les activités sur terrain, ce qui faciliterait mon imprégnation dans les différents sites d’intervention ; . Tous les ramasseurs, collecteurs et vendeurs de mahatanando qui ont accepté de collaborer avec nous et de répondre à toutes les questions que nous avons posées. Sans leurs collaborations, les activités de terrain n’auraient pu être achevées; . Toutes les familles qui m’ont hébergées; . Tous les enseignants et les personnels administratifs au sein de la mention Agriculture Tropicale et Développement Durable de l’ESSA ; . Ma grande famille, plus particulièrement à mes parents, mon frère, ma sœur et Aina Christian qui m’ont toujours soutenu durant toutes mes études et surtout lors de l’élaboration de ce mémoire ; . Mes amis ; l’Association des Guides et Eclaireuses Anosivavaka ; et . Toute la promotion ANDRISA pour ces cinq années passées ensemble. J’adresse également ma plus profonde reconnaissance et gratitude envers ma famille.

Que ceux que je n’ai pas pu citer ici veuillent bien m’excuser et qu’ils puissent trouver dans cet ouvrage, l’image de leur contribution et ma sincère gratitude.

Veuillez bien accepter mes sincères reconnaissances !

Lanto

SOMMAIRE

INTRODUCTION ...... 1

PARTIE 1 : MATERIEL ET METHODES ...... 4 1.1 Présentation des sites d’étude ...... 4

1.2 Enquête ethnobotanique ...... 8

1.3 Prélèvement sur terrain ...... 9

1.4 Traitements des données ...... 11

PARTIE 2 : RESULTATS ...... 12 2.1. Nombre et caractéristiques de personnes enquêtées ...... 12

2.2. Calendrier phénologique du Drosera madagascariensis : ...... 13

2.3. Ecologie du Drosera ...... 14

2.4. Utilisations du drosera ...... 19

2.5. Filière de l’exploitation du drosera ...... 20

PARTIE 3 : DISCUSSION ...... 26 3.1. Aire de développement de Drosera madagascariensis ...... 26

3.2. Situation de collecte et stratégies pour la durabilité de Drosera madagascariensis sur les hautes-terres malgaches ...... 27

3.3. Pistes d’amélioration de la production du Drosera madagascariensis ...... 28

CONCLUSION ...... 31

REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUE ...... 32

ANNEXE ...... I

LISTE DES TABLEAUX Tableau 1 : Code de recouvrement ...... 11 Tableau 2 : Caractéristique de la population enquêtée en pourcent (%) ...... 12 Tableau 3 : Calendrier phénologique du drosera dans le District d’ ...... 13 Tableau 4 : Calendrier phénologique du drosera dans le District de ...... 13 Tableau 5 : Calendrier phénologique du drosera dans le District de ...... 14 Tableau 6. Calendrier phénologique du drosera dans le District de – Anjanadoria ...... 14 Tableau 7. Calendrier phénologique du drosera dans les hautes terres centrales malgaches ... 14 Tableau 8 : Taux de recouvrement ...... 17 Tableau 9 : Résultats de la texture du sol ...... 18 Tableau 10 : Plantes accompagnatrices du drosera sur les rochers ...... 18 Tableau 11 : Plantes accompagnatrices du drosera sur les marécages ...... 19 Tableau 12 : Quantité obtenue par semaine pendant la saison humide ...... 23 Tableau 13 : Calendrier de la culture du riz sur les hautes terres centrales ...... 29 Tableau 14 : Calendrier favorable pour la collecte ...... 29

LISTE DES FIGURES Figure 1: Carte des quatre régions d’Antananarivo et de la région ...... 4 Figure 2 : Courbe ombrothermique de Gaussen (2011 à 2015) ...... 6 Figure 3 : Zone de relevé ...... 10 Figure 4. Nombre des personnes enquêtés selon le site d’intervention ...... 12 Figure 5 : Bas fond à Manjakandriana ...... 15 Figure 6 : Drosera sur marécage...... 15 Figure 7 : Rocher sur le versant de la colline à ...... 15 Figure 8 : Drosera sur rocher ...... 15 Figure 9 : Box plots ...... 16 Figure 10 : Couleur du sol pour le développement du drosera ...... 17 Figure 11 : Schéma illustrant la filière de drosera sur les hautes-terres ...... 20 Figure 13 : Etapes de traitement du drosera ...... 22 Figure 12 : Une femme entrain de cueillir le drosera ...... 22 Figure 14 : Imperata cylindrica ...... 24 Figure 15 : Feu non géré sur la colline d’Anjanadoria ...... 24

LISTE DES ABREVIATIONS

APA : Accès et Partage des avantages

COREMA SARL : Comptoir d’Exportation à

DREEFA : Direction Régionale de l’Environnement, de l’Ecologie et des Forêts Analamanga

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

PFL : Produit Forestier Ligneux

PRONAMA : PROduits NAturels MAlagasy

SEAR : Société d'Exploitation Agricole de Ranopiso

GLOSSAIRE

Raokandro malagasy : Plante médicinale malgache ou remède à base de plantes malgaches

Sarakantsaha : Ouvrier agricole payé par jour

Vary aloha : Riz de la première saison qui se sème en hiver, littéralement « riz en avance » ; riz contre saison.

Vary vakiambiaty : Deuxième saison de riz semé aux premières pluies, riz grande saison.

RESUME

Le mahatanando ou Drosera madagascariensis figure parmi les plantes médicinales les plus exportées. Il est aussi le drosera le plus importé et demandé dans le continent européen. Sur les hautes-terres centrales, il est récolté à l’état sauvage tout en arrachant l’ensemble de la plante. Ce mode de collecte risque de décimer la population de Drosera madagascariensis. Pour contribuer à la durabilité de son exploitation ; une étude a été entreprise sur les hautes-terres malgaches ; dans quatre District Anjozorobe–commune Mangamila, District Manjakandriana, District Ankazobe, et District Ambohidratrimo durant 4 mois. Elle a pour objectif d’essayer de mettre en place une piste d’action pour une exploitation durable de mahatando sur les hautes- terres malgaches. L’étude est basée sur des enquêtes, 86 personnes ont été enquêtées durant l’étude. Les femmes âgées de 40 à 60ans sont majoritaires dans le ramassage de la plante. Et cette activité permet aux paysans une source de revenu pendant les périodes de soudure. Le système de collecte est la collecte en brousse. Une restructuration de la filière par le groupement des ramasseurs dans chaque commune est proposée pour faciliter cette collecte. D’après l’enquête entrepris et les observations sur terrain, la plante est en période végétative pendant la saison humide et chaude et elle fleurisse pendant la fin de cette saison. L’utilisation de ce calendrier sur la phénologie de drosera incite de faire la récolte pendant ces périodes et de sensibiliser les ramasseurs à ne pas cueillir les plantes jeunes et ceux en floraison. Le mahatanando pousse sur trois différents lieux dans les hautes-terres ; sur les marécages ou « heniheny », sur le sol vierge ou « tany vao » et sur les suintes des rochers. Ces données sur la phénologie de la plante, sur son écologie permettent une orientation vers la culture de mahatanando.

Mots clés : Inventaire floristique, Heniheny, Calendrier phénologique, Mahatanando.

ABSTRACT

Mahatanando or Drosera madagascariensis admit in the most medicinal plants exported. It is the most drosera imported and wanted in the continent European. In the high land central of Madagascar, it harvested in the wild over roping totally the plant. This way of collection peril for destroys the plant population of Drosera madagascariensis. For contribute of his exploitation durable; one research undertaken in the middle high land Malagasy; in four districts; district of Anjozorobe - township Mangamila, district of Manjakandriana, district of Ankazobe and district of Ambohidratrimo; during four months. This research has as object to try to place the durable way for exploitation of mahatanando in the high land Malagasy. This research based on inquiry, 86 persons interpose in this research. The woman aged of 40 years old until 60 years old are majority in the plant’s collection. And this activity permits for farmer one source of receipts during the welding period. The system of collection is the collection in scrubland. The restructuring of this spinneret by grouping of the collector in each township proposed to facilitate the collection. Subsequent of the inquiry and the observation in the ground, this plant is in the vegetative period during rainy and hot season and flower during the end of this season. The usage of this calendar of the plant development irritate to harvest during these periods and to do the sensitization of the collector to not collect the young plant and the plant with flower. The mahatanando grows in three sites; in the fen, in the greenfield and in the rock seepage. These data of development of the plant, of his ecology permit one direction to growing the mahatanando.

Keywords: Floristic inventory, heniheny, calendar of plant development, mahatanando

FINTINA

Ny mahatanando na Drosera madagascariensis dia isan’ireo zava-maniry fanaovana fanafody aondrana betsaka indrindra. Isan’ireo drosera afarana sy tadiavina be eo anivon’ny kaontinanta eoropeanina izy. Eto amin’ny faritra avo eto afovoantanin’i Madagasikara, mbola alaina eny amin’ny toerana aniriany izy ary alaina manontolo miaraka amin’ny fakany. Izay fomba fanao izay dia mitondra ho any amin’ny fahalanina tamingana ny taranaky ny Drosera madagascariensis. Noho izany dia fikarohana iray no natao teto afovoantany teo anivon’ny distrika efatra dia ny distrika Anjozorobe–kaominina Mangamila, distrika Manjakandriana, distrika Ankazobe, distrika Ambohidratrimo nandritra ny efa-bolana; mba hanampy amin’ny fitrandrahana maharitra ny mahatanando. Ny tanjon’ity fikarohana ity dia miezaka ny hametraka lamin’asa ho amin’ny fitrandrahana maharitra ny mahatanando eto afovoantany. Ny fikarohana dia niainga tamin’ny fanadihadiana ary olona 86 teo no nohadihadiana nandritra izany fikarohana izany. Ny vehivavy ao anatin’ny 40 taona hatramin’ny 60 taona no betsaka indrindra amin’ny fangalana izany zava-maniry izany. Ity asa ity dia isan’ny loharanom-bola ho an’ny tantsaha rehefa maintso ahitra. Ny tetika fanangonana azy dia mbola fanangonana miainga eny ambanivohitra. Noho izany dia fanovana ny rafitry ny vondro-tsampam- pamokarana toy ny fampivondronana ireo mpanangona eny ambanivohitra; no hatao mba hahamora ny fanangonana ilay zava-maniry. Araka ny fanadihadiana natao sy ny fandinihina teny amin’ny toerana fanirian’ny mahatanando dia hita fa manomboka mitsiry ny mahatanando rehefa fotoam-pahavaratra ary mamelana rehefa mifarana izany vanim-potoana izany. Ny fampiasana izany marikandro fivoaran’ny drosera izay dia mandrisika hanao fanangonana mandritra ireo fotoana ireo ihany. Manampy izany koa ny fanentanana ireo mpanangona mahatanando mba tsy haka ireo zava-maniry eo an-dalam-pitomboana na ireo izay mamelana sy mamoa. Ny mahatanando dia maniry amin’ny toerana telo karazana eto afovoantany; eny amin’ny heniheny, eny amin’ny tany vao ary eny amin’ny riam-bato. Ireo voka-pikarohana mikasika ny marikandro, ny haitontolo-iainany dia mitarika ho amin’ny fambolena ny mahatanando.

Teny fanalahidy : Tetikisa zava-maniry, heniheny, marikandro fivoaran’ny zava-maniry, Mahatanando INTRODUCTION

employe des plantes en phytothérapie est très ancienne, depuis la haute antiquité, les L Hommes se sont soignés avec les plantes qu’ils avaient à leur disposition. Elles connaissent actuellement un grand intérêt auprès du public, selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) (2003), environ 65-80% de la population mondiale ont recours à la médicine traditionnelle pour satisfaire ses besoins en soins de santé primaire. A Madagascar, l’utilisation des plantes médicinales est également caractéristique de la société malgache (Faranirina, 2003). Depuis des siècles, les malgaches ont utilisé les plantes trouvées dans la nature, pour traiter et soigner des maladies (Raharinirina, 2009). Cette médecine malgache représente une culture toute entière par les savoir-faire hérités de la tradition (Manana, 2010). Ces plantes médicinales que ce soient fraîches ou sèches symbolisent dans la célébration de certains événements et préparées avec des rites traditionnels comme la circoncision et la naissance (Rabearivony, 2010; Ratsimiala, 2010).Outre, les soins quotidiens, les plantes médicinales font aussi l’objet d’une exportation à l’état brut ou transformé. La requête des plantes médicinales malgaches par les industries pharmaceutiques et les laboratoires de recherche étrangers connaît une explosion, depuis le début du 20ème siècle (Raharinirina, 2009). Cette situation attise les gens à exploiter de façon abusive les plantes médicinales malgaches puisqu’elles constituent une source de revenus saisonniers pour les paysans malagasy (Haingotiana, 2013). Dont, la majeure partie des plantes, les plus sollicitées par les importateurs sont endémiques (Rakotojaona, 2011) et sont poussées à l’état spontané dans la nature. La cueillette est le principal moyen pour se procurer de ces ressources biologiques (Leipzig, 1996). Elle se fait lors des passages en forêt au moins une fois par mois ou une fois par semaine (Rasamoelison, 2006; Rabearivony, 2010). Les collecteurs ont l’aptitude à arracher toute la plante entière au lieu de s’intéresser à la partie souhaitée (Rabearivony, 2010). Et dans la majorité des cas, du fait de la raréfaction des sociétés exploitantes de ces plantes ayant des plantations, l’approvisionnement se fait toujours à travers la cueillette directe dans la nature. Dans la plupart du temps, pour les plantes médicinales, le type de collecte est la collecte en brousse (Andriamihaja, 2006). Malgré les rôles bénéfiques des plantes médicinales du point de vue économique et sanitaire, elles subissent des pressions et menaces qui peuvent aboutir à la disparition de certaines espèces. Cette dégénérescence est probablement attribuée à des activités anthropiques telles qu’une surexploitation de l’espèce sans aucune mesure de conservation (Raharinirina, 2009; Ratsimiala, 2010; Randrianavony, 2015); l’absence de la formation formelle concernant les espèces collectées, telles que la période favorable à la cueillette, la connaissance du stade phénologique qui permet d’assurer la durabilité ou la conservation de l’espèce et la technique

1 de collecte (Haingotiana, 2013). Par ailleurs, la régénération naturelle qui assure la production n'arrive pas à suivre les prélèvements irrationnels et non contrôlés (Leipzig, 1996). A cela s’ajoute, la dégradation de l’aire de développement de ces flores. Le mahatanando ou drosera (Drosera madagascariensis) (Annexe 1) n’échappe pas à cette règle. Il est un produit forestier ligneux ou PFL et figure parmi les plantes les plus exportées telles que Catharantus roseus et Centella asiatica (Leipzig, 1996). Le drosera est une plante médicinale très recherchée. Actuellement, le Drosera madagascariensis est le drosera le plus importé et utilisé en Europe (Baranyai B. et Joosten H., 2016). A Madagascar, l’infusion de la partie aérienne de la plante est réputée pour ses vertus antitussives, surtout dans les toux quinteuses des enfants et la coqueluche. A part, la plante est utilisée pour ses propriétés antispasmodiques, antitussives, diurétiques et antipyrétiques (Randrianirina, 2004). La récolte à lieu au niveau de formations naturelles marécageuses. Dans son cas, les gens effectuent la cueillette à l’état sauvage en déracinant les plantes (Randriamampionona, 2010; Haingotiana, 2013).Sur ce prétexte, une surexploitation anarchique et son collecte perturbent son habitat, la plante est menacée d’extinction à Madagascar (Randrianirina, 2004; Rabarijaona, 2014). En addition, l’intérêt porté par les cueilleurs pour la conservation de cette espèce pour la fabrication de phytomédicaments et leur souci pour la pérennité de l’activité de collecte restent faible (Haingotiana, 2013). De la sorte, la conservation des plantes médicinales pourrait constituer une référence pour la conservation et la valorisation de la biodiversité végétale (Randriamampionona, 2010). Et face à ces problèmes, la culture des plantes médicinales n’est pas encore une pratique courante à Madagascar mais commence à se pratiquer (Leipzig, 1996). La question centrale de cette étude reprend tous ces problématiques liées à l’exploitation de la plante médicinale à Madagascar: «Quelles sont les pistes d’action pour une exploitation durable du Drosera madagascariencis ou mahatanando sur les hautes-terres malgaches?». Pour répondre au questionnement du départ, une étude est réalisée sur les hautes-terres malgaches, elle a pour objectif de mettre en place une piste d’action pour une exploitation durable de mahatanando sur les hautes-terres malgaches. De cet objectif général se dégage les objectifs spécifiques suivants: (i) déterminer les conditions écologiques favorables pour le développement de Drosera madagascariencis sur les hautes-terres malgaches; et (ii) identifier les pistes d’action possibles pour une exploitation durable du Drosera madagascariencis. Pour atteindre les objectifs cités ci-dessus, deux hypothèses ont été testées :

Hypothèse1 : Sur les hautes-terres malgaches, le drosera poussait sur la même aire de développement. Hypothèse 2 : il est possible de mettre en œuvre un plan stratégique durable de Drosera madagascariensis sur les hautes-terres malgaches. En termes d’organisation du manuscrit, il est articulé en trois parties : la première partie « matériel et méthode » trace la démarche méthodologique adoptée pour vérifier les deux

2 hypothèses testées, la deuxième et la troisième parties abordent successivement la présentation des résultats de l’étude et la discussion aboutissant à une perspective de la recherche.

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Partie 1 : MATERIEL ET METHODES

1.1 Présentation des sites d’étude

1.1.1 Choix du site d’intervention La Société d'Exploitation Agricole de Ranopiso (SEAR) est une filiale du groupe Pierre Fabre Médicament, ses principales activités se vouent à l’exportation vers des laboratoires pharmaceutiques français et européens de diverses plantes médicinales et plantes à vocation dermo cosmétiques. Drosera madagascariensis figure parmi ces plantes médicinales destinées à l’exportation. Ces produits d’exportation sont issus de la cueillette et de la collecte sur les hautes-terres centrales du pays. C’est une raison pour laquelle, les sites d’interventions choisies se localisent sur les hautes-terres centrales malgaches, entre autres l’équipe de la SEAR a déjà prospecté des sites des collectes de Drosera madagascariensis dans la région d’Analamanga qui couvre une superficie de 16 911 km² (Source : http://www.instat.mg).

1.1.2 Localisation La Région d’Analamanga est limitée au Nord par la Région Betsiboka ; à l’Est par la Région Alaotra Mangoro ; au Sud par la Région Vakinankaratra ; et à l’Ouest par les Régions Itasy et Bongolava. La région comprend huit districts (Figure 1) dont quatre: Anjozorobe, Manjakandriana, Ankazobe et Ambohidratrimo sont les sites d’intervention de la présente étude.

LEGENDE Noms des districts

Antananarivo renivohitra Antananarivo Avaradrano

Antananarivo Atsimondrano

Manjakandriana

Ambohidratrimo

Ankazobe

Anjozorobe

Andramasina

Figure 1: Carte des quatre régions d’Antananarivo et de la région Analamanga

 Site 1: District Anjozorobe–commune Mangamila Le premier site d’intervention se situe dans le district d’Anjozorobe, commune rurale de Mangamila qui se localise entre 18°09’53’’ et 18°55’’40’’ de latitude Sud et entre 47°51’28’’

4 et 48° 04’30’’de longitude Est dont la carte de la commune rurale de Mangamila est représentée dans l’Annexe 2. Elle se localise dans la partie Sud du district d’Anjozorobe.

 Site 2 : District Manjakandriana Le second site d’intervention se localise dans le district Manjakandriana qui se trouve entre la latitude 13°30' et 19°10' Sud et la longitude 47°10' et 48° Est. Situé à 47 km à l’Est d’Antananarivo. Ce district est limité au Nord par le district d’Anjozorobe, au Sud par le district d’, à l’Est par le district de Moramanga et à l’Ouest par le district d’Antananarivo Avaradrano (Annexe 3).

 Site 3 : District Ankazobe Ce troisième site d’intervention est délimité par le district d’Ankazobe qui est situé dans la partie Nord-Ouest de la Région Analamanga, avec les coordonnées géographiques de 18° 19’ latitude Sud et 47° 07’ longitude Est. Il est composé de 12 communes: Ambohitromby, Ambolotarakely, Ankazobe, , , Fiadanana, Fihaonana, , Mahavelona, , Talata Angavo et . La carte qui représente la répartition de ces communes sur le district est rapportée dans l’annexe 4.

 Site 4 : District Ambohidratrimo Le district d’Ambohidratrimo situé à l’Ouest de la Capitale, a une superficie de 1418 Km2. Il est délimité à l’Est par le district Antananarivo Renivohitra, au Nord par le district Antananarivo Avaradrano, à l’Ouest par le district Anjozorobe et Ankazobe et au Sud par le district Antananarivo Atsimondrano. Le district est entouré au Nord, à l’Est et à l’Ouest par des plateaux uniformes, surtout le Tampoketsa et au Sud par les plaines de Betsimitatatra. Le district possède 27 communes dont la carte représentant de ces communes est présentée dans l’annexe 5.

1.1.3 Climat La Région Analamanga est caractérisée par un climat tropical d’altitude avec deux saisons bien marquées : une saison chaude et pluvieuse (octobre à mai) et une saison froide et sèche (juin à Septembre) (Figure 2).

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350 175

300 150 250 125 200 100 150 75

itation (mm) 100 50

Température (°C) Température

Précip 50 25 0 0

Précipitation Température

Figure 2 : Courbe ombrothermique de Gaussen (2011 à 2015)

D’après cette courbe ombrothermique élaborée à partir des données collectées durant quatre ans (2011 à 2015) dans la station météorologique Ampandrianomby (Annexe 6). Les moyennes annuelles de la pluviométrie et la température sont respectivement de 104,92 mm et de 19,62°C. Le maxima de pluie se situe en décembre avec une moyenne mensuelle de 305,24 mm, tandis que le minima est en mois d’août avec une moyenne mensuelle de 1,64mm. Pour la température, le maximum se trouve toujours en décembre (22,5°C) tandis que le minimum en mois de juillet (15,73°C).

1.1.4 Relief Sur les hautes-terres, le relief est cloisonné en multiples dépressions allongées et cuvettes. Il est constitué par des séries de collines d'altitudes subégales, aux replats sommitaux bien marqués, tombant sur les talwegs par des pentes convexes fortes, pouvant dépasser 50%. Les lavaka ne se développent pourtant que dans la partie inférieure des versants, à pente atténuée et à sols plus épais. La concavité de bas de versant est inégalement marquée, et souvent très peu développée. (Bied–Charreton et al., 1981). Les vallées ont une morphologie très variée selon les conditions locales qui sont aménagées en rizières (Battistini, 1996).

1.1.5 Sol Les sols des hautes-terres sont des sols ferralitiques rajeunis, fortement désaturés et fortement allitiques (Bourgeat, 1972; Bied–Charreton et al., 1981). Ce sont des sols faiblement fertiles (Delubac et al., 1963). Sur les sommets et flanc de tanety, les sols sont peu épais et de couleur ocre ou jaune rouge (Bourgeat et, 1971). Ils sont lessivés, à pH bas ou acide entre 4,9 et 5,2 à texture limono argilo-sableux (Bourgeat, 1966). Les feux de brousse diminuent la teneur en matière organique du sol (Rakotondrainibe, 2006).

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Dans les bas-fonds, les sols sont en fonction des types de dépôt et de l'hydromorphie qui dépend des conditions du drainage (Bied–Charreton et al., 1981). Les sols hydromorphes d’apport alluvial sont des sols limono-argileux non micacés dans les zones basses inondables. Ils ont une fertilité naturelle. Ils présentent une couche de litière et d’humus brut en raison de la décomposition lente et incomplète selon la quantité d’eau qu’ils contiennent. Ils sont de couleur brune foncé en surface et grise tacheté de jaune orangé en profondeur (Allard et al., 1970). Dans les plaines d'inondation: on trouvera toute la gamme des sols hydromorphes allant des sols hydromorphes peu humifères à pseudo-gley dans les zones à engorgement temporaire aux sols à gley d'ensemble, puis aux sels hydromorphes moyennement organiques (semi-tourbeux) jusqu'aux sols hydromorphes organiques (tourbeux) dans les zones à submersion permanente (Bied–Charreton et al., 1981). Ces derniers sont riches en matière organique (Rakotondrainibe, 2006). En bas des pentes, les sols sont plus épais et de couleur plus foncée. Ces sols ferralitiques sont moyennement argileux, à structure dont le pH varie de 3,72 à 5,64 (Allard et al., 1970).

1.1.6 Végétation Généralement, sur les hautes-terres centrales, la végétation est dominée par la pseudo-steppe à Aristida spp qui couvre le sol de 20 à 50 % (Bourgeat, 1968 ; Bourgeat et Aubert, 1971). En Moyen-Ouest, sur les sommets, elle est marquée par la savane à Loudetia dans les secteurs les plus élevés, mais plus souvent à Hyparrhenia rufa et Heteropogon contortus, couvrant bien le sol jusqu’à 80 %. En bas de versant, sur colluvions et sols d'apport, la formation herbacée dense est dominée par Hyparrhenia, Imperata, Panicum maximum, plus des arbustes comme les goyaviers (Bourgeat, 1968). En association sur la mi-altitude, on rencontre la forêt à feuilles persistantes dense et humide comme Weinnannia (ounionacée), Canarium madagascariensis (Ramy), Eugenia sp (rotra), Tambourissa. A la forêt succède directement la pseudo-steppe ou savane ouverte où les espèces buissonnantes sont représentées par des Helichrysum, Senecio, Vernonia mudicaulis (ambiaty), Psiadia altisima (dingadingana), Philipia sp (anjavidy), Lantana camara (Radriaka) (Perrier de la Bathie, 1936 ;Humbert, 1955; Faramalala,1988 ; Faramalala et Rajeriarison,1999).

Sur les bas-fonds, l'ensemble de la végétation est fonction des conditions édaphiques. Elle se compose principalement de : plantes de marais, plantes aquatiques et semi-aquatiques ou de milieu humide, avec prédominance de Cyperus madagascariensis (zozoro), Cyperus latifolia (herana), Eleocharis plantaginea (harefo), Phragmites mauritianus (bararata), roseaux sur sols sableux, plantes de tourbières et arbustes de milieu humide. La graminée et cypéracée de milieu humide en abondance dans les rizières mal sarclées est Scirpus juncae (Perrier de la Bathie, 1936 ; Bied–Harreton et al., 1981).

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1.2 Enquête ethnobotanique L’enquête ethnobotanique met en exergue l’utilisation empirique de la population locale (distribution et voie de cheminement) de drosera. Elle permet sa valorisation et constitue une piste d’action possible pour la future recherche, en vue de la conservation de la plante. Outre l’intérêt de la connaissance d’utilisation empirique de la plante, cette partie est entreprise pour connaître la structure de la filière depuis la zone de collecte (aire de développement de la plante) par les ramasseurs jusqu’à sa destination finale en usinage et entre les mains des utilisateurs.

1.2.1. Visite préliminaire La visite préliminaire a pour objectif de faciliter l’intégration de l’étudiante dans la zone d’intervention et d’informer la population locale concernant les activités de recherches à mener sur place. Le personnel de la SEAR a pris en charge la réalisation de cette visite préliminaire. Il a avisé les responsables de la collecte pour chaque site. Il a expliqué le déroulement (période, questionnaires à poser aux groupes cibles) et les objectifs de l’enquête aux responsables. Ces derniers deviennent des premières ressources sur terrain pour donner des informations sur le lieu de collecte de la plante et les ramasseurs à enquêter dans la zone d’intervention.

1.2.2. Objectif de l’enquête et confections de fiches d’enquêtes Le principal objectif de l’enquête vise à connaitre les caractéristiques de la zone favorable pour le développement de drosera dans chaque région d’intervention. La connaissance des différents stades phénologiques de drosera dans chaque zone d’intervention est aussi indispensable afin de mettre en place un calendrier de collecte opportun pour la durabilité de cette activité. Après la mise au point de l’objectif de l’étude, une fiche d’enquête a été élaborée (Annexe 7), sommairement son contenu reprend : le nom vernaculaire de la plante, la phénologie de la plante, les caractéristiques du milieu de prélèvement; des données ethnobotaniques, et les modes d’exploitation de la plante. Le lieu d’approvisionnement de la plante y figure aussi afin de tracer le circuit de la plante collectée jusqu’à l’usinage.

1.2.3. Choix des personnes enquêtées Les informations reçues devraient être affirmées par les personnes qui ont plus de connaissance sur la plante étudiée. Les critères de choix des personnes enquêtées sont donc basés à partir de leur connaissance à la plante. Les ramasseurs de drosera et les personnes bénéficiaires dans la filière (collecteurs, tradi-praticiens et commerçants) sont les principales personnes enquêtées.

1.2.4. Méthodologie d’enquête Il faut bien choisir la période d’enquête en tenant compte du calendrier des activités des gens impliqués. La période d’enquête est divisée en deux. La première a lieu entre les mois d’octobre et novembre, moment où les paysans commencent le repiquage du riz. Ce choix est dû par l’accessibilité de ces personnes et la facilitation de l’enquête dont on les trouve la plupart sur les rizières.

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La deuxième période est entre les mois de février et mars, elle coïncide à la période de la moisson. Le moment considéré comme favorable pour faire l’enquête était aussi le jour du marché dont samedi pour Mangamila, lundi pour Ankazobe, lundi et jeudi pour Manjakandriana et mercredi pour Anjanadoria. En fait, le jour du marché, la majorité de la population dans la Commune est réunie dans ce lieu et que ce jour est destiné au pesage des plantes cueillies durant la semaine par les collecteurs. Ainsi, l’enquête au niveau des ramasseurs est réalisée en partie durant ce jour de pesage. Chaque site est visité chaque jour du marché selon la période posée pour l’enquête. Pour trouver d’autres ramasseurs que ceux qui étaient trouvés sur le marché, un appui du responsable de la collecte dans la zone d’intervention s’avère indispensable. Ces ramasseurs étaient ainsi visités porte à porte. Cette enquête requiert 5 jours dans la zone d’intervention afin de visiter toute les localités qui pratiquent cette activité. Les informations étaient transcrites sur des fiches d’enquêtes préalablement établies. Par ailleurs, les résultats de l’enquête sont vérifiés par une descente sur terrain comme les résultats des stades phénologiques de la plante.

1.3 Prélèvement sur terrain

1.3.1. Texture du sol en place et le milieu du développement du drosera Le prélèvement suivant a pour but d’évaluer la texture du sol. Il consiste à prélever le sol à l’aide de l’angady jusqu’à 5 cm de profondeur sur chaque site. Chaque site d’étude est représenté par deux échantillons. Puis un palpage à la main de l’échantillon du sol est fait. L’étape suivant comporte la confection du rouleau puis de l’anneau dont la méthode utilisée est dite « des rouleaux et des anneaux ». L’interprétation et l’évaluation de la texture est basée sur le tableau en Annexe 8.

1.3.2. Inventaire floristique

 Objectifs L’inventaire floristique vise à apporter des informations sur les espèces accompagnatrices du Drosera madagascariensis. La richesse floristique permet de recenser l’effectif des principaux rangs taxonomiques (familles, genres et espèces) de la flore. Sur la base des informations issues des échanges de terrain. Dans le cas où les noms de la plante ne sont pas identifiés, elles sont placées dans le carton à herbier et identifiées par la suite dans l’herbarium du Département de Biologie et Ecologie végétales du Parc botanique et zoologique de Tsimbazaza (Antananarivo).

 Méthode d’inventaire La méthode adoptée est celle de la quadrat (Dalbavie, 1901). Elle consiste à symboliser un carré servant d’échantillon du ou des milieux que l’on se propose d’étudier. Il est possible d’estimer la couverture végétale, de compter les plantes et/ou de dresser la liste des espèces. La superficie, la forme et le nombre des quadrats varient suivant le type de végétation à étudier. Pour

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échantillonner des formations de plantes de la prairie, des quadrats de 0,5 m2 jusqu’à 2m2 sont utilisés. L’ordre de grandeur de l’aire minimale est fonction du type de formation ou communauté végétale et augmente corrélativement avec l’espace vital des végétaux constitutifs (Gillet, 2000). En outre, l’aire minimale est plus réduite pour la strate herbacée. Elle est de quelques cm² pour les végétations annuelles de dalles rocheuses, des fissures de rochers, et de 10 à 25 m² pour les prairies, les pelouses maigres ou de montagne, les végétations aquatiques, roselières, mégaphorbiaies (Gorenflot et De Foucault, 2005 ; Delpech, 2006). Dans la présente étude, une surface de 10m2 est adopté, à l’intérieure de laquelle quatre quadrats (répétition) de 1m² de chaque est placé suivant l’indication dans la figure 3.

2 Surface de 10m

Surface 1m2

Figure 3 : Zone de relevé

 Abondance, recouvrement et mode de calcul Le recouvrement pour les plantes herbacées suit la charte pour l’estimation visuelle des rapports de surface. Ce coefficient est exprimé par un pourcentage, entre la surface occupée par le taxon, comparée à la surface totale de la station. Selon Godron et al. (1984), on peut considérer le code comme l’abondance numérique équivalente au recouvrement de la deuxième colonne ci- dessous.

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Tableau 1 : Code de recouvrement

Code Code Recouvrement (%) 1 <4 2 4 à 8,9 3 9 à 15,9 4 16 à 24,9 5 25 à 35,9 6 36 à 48,9 7 49 à 63,9 8 64 à 80,9 9 >81

1.4 Traitements des données Après la collecte des données, des traitements statistiques ont été faits. Les données brutes de l’enquête ont été saisies et prétraitées sous Microsoft Excel. Cela permettait de synthétiser les données brutes, d’en effectuer leur analyse interactive et d’en proposer les manières de les représenter. Et pour les prélèvements sur terrain (abondance et recouvrement), l’analyse statistique des données a été réalisée à l’aide du logiciel XLSTAT 2015 pour les statistiques descriptives et le test de comparaison des moyennes.

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Partie 2 : RESULTATS

2.1.Nombre et caractéristiques de personnes enquêtées Le nombre des personnes enquêtées varie selon le district (Figure 4), le nombre des enquêtées passe de 10 (Anjanadoria) à 31 (Ankazobe). Au total, 86 personnes ont été enquêtées.

35 30 25 20 15 10

Nombre personnes de Nombre 5 0 Manjakandriana Ankazobe Mangamila Anjanadoria Site d'étude

Figure 4. Nombre des personnes enquêtés selon le site d’intervention

Le tableau 2 synthétise les caractéristiques de la population enquêtée.

Tableau 2 : Caractéristique de la population enquêtée en pourcent (%)

Site d’étude Ankazobe Manjakadriana Anjozorobe Ambohidratrimo Mangamila Anjanadoria

Activité Ramasseur Ramasseuse Ramasseur Ramasseur Masculin 29 00 07 20 Sexe Féminin 71 100 93 80 -18 06 00 20 00 Age 18-40 42 54 33 40 (ans) 40-59 42 33 47 50 +60 10 13 00 10 Non Niveau 07 40 30 30 scolarisé de Primaire 87 33 50 70 scolarité Secondaire 06 27 20 00

D’après le tableau 2, les acteurs dans ces sites sont tous des ramasseurs de la plante dans son milieu naturel, majoritairement de sexe féminin. L’âge de la personne qui effectue cette activité

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se trouve généralement entre 20 à 60ans. Concernant le niveau d’étude, la plupart des gens enquêtés ont généralement resté au niveau primaire.

2.2.Calendrier phénologique du Drosera madagascariensis : La phénologie de la plante varie suivant le lieu de la collecte. Les calendriers de phénologie de la plante sont dressés à partir des enquêtes et d’observation sur terrain.

Dans le District d’Ankazobe (Tableau 3), 23% des personnes enquêtées n’ont pas eu connaissance du stade phénologique de la plante. Ce calendrier est donc élaboré à partir des réponses de la majorité des gens enquêtés (Tableau 3). Les résultats montrent que la période végétative s’étale sur 9 mois ; de septembre au mai ; la période de la floraison entre mars et septembre (7 mois) et la période de fructification entre avril et octobre (7 mois).

Tableau 3 : Calendrier phénologique du drosera dans le District d’Ankazobe

Phénologie Janv Fév Mars Avril Mai Juin Juillet Août Sept Oct. Nov. Déc. Végétatif Floraison Fructification

Dans le District de Manjakandriana, 13% des personnes enquêtées n’ont pas eu connaissance du stade phénologique de la plante. Ce calendrier est donc élaboré à partir des réponses de la majorité des gens enquêtés (Tableau 4). Les résultats montrent que la période végétative s’étale sur 8 mois ; de aout à mars ; la période de la floraison se situe entre novembre et mars (7mois) et la période de fructification entre février et mai (4 mois).

Tableau 4 : Calendrier phénologique du drosera dans le District de Manjakandriana

Phénologie Janv Fév Mars Avril Mai Juin Juillet Août Sept Oct. Nov. Déc. Végétatif Floraison Fructification

Dans le District Anjozorobe – Mangamila, le résultat de l’enquête a dévoilé que 23% des personnes enquêtées n’ont pas eu connaissance du stade phénologique de la plante. Le reste a indiqué des mois précis pour les stades phénologiques du drosera (Tableau 5). Les résultats montrent que la période végétative s’étale sur 8 mois ; de aout à mars ; la période de la floraison se situe entre septembre et mai (8mois) et la période de fructification entre octobre et décembre et entre mars et mai (6 mois).

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Tableau 5 : Calendrier phénologique du drosera dans le District de Anjozorobe – Mangamila

Phénologie Janv Fév Mars Avril Mai Juin Juillet Août Sept Oct. Nov. Déc. Végétatif Floraison Fructification Dans le district Ambohidratrimo – Anjanadoria, le résultat de l’enquête a dévoilé que 9% des personnes enquêtées n’ont pas eu connaissance du stade phénologique de la plante. Tous les mois indiqués par les personnes enquêtées qui ont eu de connaissances sur la phénologie de la plante sont considérées (Tableau6). Les résultats montrent que la période végétative s’étale sur 7 mois ; d’août en février ; la période de la floraison entre septembre et octobre, janvier et avril (6 mois) et la période de fructification entre octobre et novembre, mars et mai (5 mois).

Tableau 6. Calendrier phénologique du drosera dans le District de Ambohidratrimo – Anjanadoria

Phénologie Janv Fév Mars Avril Mai Juin Juillet Août Sept Oct. Nov. Déc. Végétatif Floraison Fructification

D’une manière générale, la superposition de ces calendriers donne le résultat suivant pour les stades phénologiques de la plante dans les hautes terres centrales malgaches (Tableau 7).

Tableau 7. Calendrier phénologique du drosera dans les hautes terres centrales malgaches

Phénologie Janv Fév Mars Avril Mai Juin Juillet Août Sept Oct. Nov. Déc. Végétatif Floraison Fructification

2.3.Ecologie du Drosera 2.3.1. Toposéquence L’aire de développement du drosera se trouve dans trois milieux différents. La première aire de développement se trouve sur les bas-fonds humides ou marécage sous le nom vernaculaire malgache « heniheny» (figure 5 et 6). Cette aire est toujours saturée d’eau. Cette observation est valable pour les quatre sites des prélèvements. La seconde aire de développement est le « tany vao» c’est-à-dire un sol vierge, non encore cultivé. Presque la majorité des gens enquêtés (85%) a confirmé que le drosera se développe dans ces deux aires.

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Figure 5 : Bas fond à Manjakandriana Figure 6 : Drosera sur marécage

Le troisième lieu de développement se trouve sur les rochers dont il y avait une source qui coule: « riam-bato ». 15% des personnes enquêtées qui sont dans le site d’Ankazobe l’ont affirmée. La racine de la plante fixe sur les sols emportés par la coulée ou en association avec la mousse et certaines plantes. Les figures 7 et 8 ci-dessus montrent cette aire de développement.

Figure 7 : Rocher sur le versant de la colline à Figure 8 : Drosera sur rocher Masindray Fihaonana

2.3.2. Abondance et recouvrement  Nombre de pieds : D’après le box plots (Figure 9), pour l’échantillon à Mangamila, la valeur minimale (10) et la maximale (50) ont un écart identique et la moyenne et le deuxième quartile sont proches. Pour Anjanadoria, la valeur minimale (30) et la maximale (70) ont un écart presque identique et la moyenne et la médiane sont proches également. Pour le prélèvement à Manjakandriana, la rectangle est plus proche du minimal et la moyenne et la médiane sont proches. Et enfin pour Fihaonana, la valeur minimale (20) et la maximale (40) ont un écart presque identique et la moyenne et la médiane sont presque coïncidées.

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Box plots 80 Anjanadoria Fihaonana 70 60 50 40 30 20 10 0 Mangamila Manjakandriana Figure 9 : Box plots

Et d’après le test de Kruskal-Wallis (Annexe 9), la p-value calculée est inférieure au niveau de signification alpha=0,05 donc les échantillons proviennent de populations différentes. Le nombre de pieds pour le prélèvement sur Anjanadoria 1 et Anjanadoria 2 ; Manjakandriana 1 et Anjanadoria ; ont une différence significative (Annexe 9). Le prélèvement sur rocher n’est pas significatif pour toutes les sites de prélèvement. Et par comparaisons multiples par paires suivant la procédure de Dunn / Test bilatéral (annexe 9), Anjanadoria 2 et Manjakandriana 1 se trouvent dans un même groupe ; Anjanadoria 1 est groupé dans un groupe spécifique et le reste dans un même groupe à part.

 Taux de recouvrement Suivant le tableau 8, le taux de recouvrement de la plante varie fortement suivant le lieu de prélèvement. Dans tous les sites confondus, Il varie de 4 à 64 %. Selon l’ordre décroissant du taux de recouvrement, le site d’Anjanadoria 1 a un taux de recouvrement le plus important, suivi respectivement par ceux de Mangamila 1, le groupe de Mangamila 2, Anjanadoria 2, Manjakandriana 1, Fihaonana 2 et enfin le groupe de Manjakandriana 2, Fihaonana 1 et sur rocher dans la commune de Fihaonana.

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Tableau 8 : Taux de recouvrement

Lieu de prélèvement Recouvrement (%) Sur rocher à Fihaonana 4 à 8,9 Mangamila 1 25 à 35,9 Mangamila 2 9 à 15,9 Anjanadoria 1 49 à 63,9 Anjanadoria 2 9 à 15,9 Manjakandriana 1 9 à 15,9 Manjakandriana 2 4 à 8,9 Fihaonana 1 4 à 8,9 Fihaonana 2 9 à 15,9

2.3.3. Sol La couleur et la texture sont les deux caractéristiques qui ont été prises en considération pour déterminer le sol pour chaque site de prélèvement. 2.3.3.1. Couleur La figure 10 montre la perception des gens enquêtés de la couleur du sol du développement de drosera. La plupart des gens (48 %) avancent que le drosera se pousse dans le sol noir. Et la perception des autres se penche vers d’autres couleurs telles que le rouge (35 %), jaune (13 %) et blanc (4 %).

60%

50%

40%

30%

enquêtées 20%

10% Pourcentage personnes des Pourcentage 0% sol noir sol rouge sol jaune sol blanc Couleur du sol

Figure 10 : Couleur du sol pour le développement du drosera

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2.3.3.3. Texture Les textures du sol dans les quatre sites d’intervention sont présentées dans le tableau 9.

Tableau 9 : Résultats de la texture du sol

Caractéristiques Site d’étude Répétitions Texture Type de texture Rouleau Anneau Manjakandriana T1 Rouleau continu Anneau continu Argile fine Texture très fine T2 Rouleau continu Anneau continu Argile fine Texture très fine Mangamila T1 Rouleau continu Anneau continu Argile fine Texture très fine T2 Rouleau continu Anneau continu Argile fine Texture très fine Pas de rouleau Sable Ankazobe T1 Texture grossière (rocher) limoneux T2 Rouleau continu Anneau continu Argile fine Texture très fine Rouleau continu qui se brise quand Limon fin Anjanadoria T1 Texture fine on forme l’anneau argileux

Anneau Limon T2 Rouleau continu Texture fine craquelé argileux fin

Sur les quatre sites, il est déduit que le drosera se trouve sur des sols à texture très fines (Manjakandriana, Mangamila) à fines (Anjanadoria). Seul le site d’Ankazobe a une texture plus grossies.

2.3.4. Etude phytosociologique Les tableaux 10 et 11 montrent les plantes accompagnatrices de Drosera madagascariensis sur les rochers et les marécages. Sur le rocher, il n’y a que 8 espèces des plantes appartenant à 5 familles. Le Poacées est la famille la plus représentée. Sur les marécages, 21 espèces des plantes ont été inventoriées, elles appartiennent à 13 familles. Les Poacées et les Cyperacées sont les familles les plus représentées.

Tableau 10 : Plantes accompagnatrices du drosera sur les rochers

Familles Espèces Nom vernaculaire PTERIDACEAE Pellaea viridis Ampangalahikely Rhytachne caespitosa Horondrano POACEAE Hexandra Swartz - Parvifolium Lamk. - Aristida similis - LYCOPODIACEAE Lycopodiella cernua Tongotsokona BRYOPHYTE Sphagnum moss Sphaigne POLYTRICHACEAE Polytrichum sp. mousses

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Tableau 11 : Plantes accompagnatrices du drosera sur les marécages

Familles Espèces Nom vernaculaire Hexandra Swartz - Leersia hexandra Sorindrano POACEAE Rhytachne caespitosa Horondrano

Evolvulus alsinoides Horompetaka Parvifolium Lamk. - Machaerina sp. - Pycreus tremulus Tsikerankerana CYPERACEAE Scleria griegifolia Vendrana

Scirpus corymbosus Azondrano Cyperus madagascariensis Zozoro FABACEAE Smithia chamaecrista Sorindrano GRAMINEAE Imperata cylindrica Saingona LYCOPODIACEAE Lycopodiella cernua Tongotsokona NYMPHAEACEAE Nymphaea stellata Voahirana PTERIDACEAE Pellaea viridis Ampangalahikely VAUCHERIACEAE Vaucheria sessilis Lomotra PONTEDERIACEAE Eichhornia crassipes Tsikafonkafombazaha ERIOCAULACEAE Pubescens Korn - ORCHIDACEAE Benthamia sp - BRYOPHYTE Sphagnum moss Sphaigne POLYTRICHACEAE Polytrichum sp. mousses

2.4. Utilisations du drosera Seulement 10% des gens enquêtés ont déjà utilisé le mahatanando, les autres l’utilisent comme des produits de vente. D’après l’enquête menée sur les gens qui l’utilisent à des fins médicinales. Ces quelques maladies ont été recensées : Comme son nom l’indique, le mahatanando est employé pour lutter contre l’envie fréquemment d’uriner surtout pour les enfants. Un litre d’eau est suffisant pour 5 g de plante. Le patient doit prendre une tasse deux fois par jour (matin et midi) jusqu’à ce que les symptômes disparaissent. La durée du traitement est d’environ trois à quatre jour. Il est accompagné d’un massage sur la partie postérieure du dos, près du bassin.

Il est aussi utiliser contre la toux, la fatigue et la maladie du foie. Le mode d’emploi est la même que celle de la maladie de l’envie fréquemment d’uriner. Mais pour le foie, le traitement dure deux semaines. Il est aussi utilisé comme fumoir pour atténuer les maux de tête. Les tradipraticiens la valorisent aussi pour les personnes anémiques. Du fait que sa couleur est rouge, ils pensent que celle-ci est liée à la couleur du sang.

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2.5.Filière de l’exploitation du drosera

2.5.1. Force

2.5.1.1. Zones de collecte D’après les résultats sur la localité des ramasseurs dans chaque zone d’intervention, l’activité sur la collecte du Drosera madagascariensis couvre presque la totalité des communes. Cette totalité est de 83% des communes pour le district d’Ankazobe et de Manjakandriana et 75% pour le district d’Anjozorobe et Mangamila, A part les sites d’intervention pour l’étude, certains districts des hautes terres centrales profitent aussi les avantages de cette filière comme le district d’Arivonimamo, Andramasina, les communes rurales d’, d’Ambatomanga.

2.5.1.2. Système de collecte et les acteurs Le système de collecte du drosera débute par les achats en brousse. La collecte est faite lors du jour de marché de chaque commune. Le schéma ci-après explique cette méthode de collecte (Figure 11).

Ramasseurs

Collecteurs locaux Collecteurs ambulants

Collecteurs Collecteurs des zones principaux très éloignées

SOCIETE CONSOMMATION EXPORTATRICE LOCALE

Figure 11 : Schéma illustrant la filière de drosera sur les hautes-terres

 Ramasseurs : Ces ramasseurs sont des agriculteurs qui font cette activité pendant les jours sans travail au champ. En tant que source de revenu permanent, cette activité est peu pratiquée. C’est une source de revenu complémentaire pour les paysans. Les ramasseurs livrent leur marchandise soit chez les collecteurs en brousse soit chez les vendeurs de « Raokandro malagasy » dans la ville d’Antananarivo. Mais ces derniers ne reçoivent qu’une faible quantité des produits.

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 Collecteurs : On distingue deux types de collecteurs en brousse : Les collecteurs locaux (natifs de la zone : sous collecteurs) dans le District qui assurent la collecte du drosera dans un milieu bien défini. Il peut être un foyer ou un box dans le marché public. Ils travaillent avec d’autres collecteurs. Ils viennent des endroits très éloignés du district où la plante est abondante. Ce sont eux qui approvisionnaient les collecteurs locaux ou principaux à chaque jour du marché. Cette méthode est utilisée pour faciliter le transport des produits. Le collecteur du district de Manjakandriana l’adopte le plus. Et ce sont ces collecteurs principaux, qui transportent la marchandise directement à la société exportatrice. Il y a aussi les collecteurs ambulants, ils visitent d’une commune à une autre ou d’un district à un autre. Le jour de marché reste aussi leur jour de collecte. Les collecteurs arrivent à collecter 100kg de drosera par semaine en moyenne pendant la saison humide et 50kg par semaine pendant la saison sèche. Chaque société a leurs propres collecteurs dans leurs zones d’intervention. Ils sont règlementés par une convention qui se renouvelle annuellement à la direction régionale de l’environnement, de l’écologie et des forêts Analamanga ou DREEFA.

 Les sociétés exportatrices : Une fois que les produits sont arrivés entre les mains des sociétés exportatrices ; elles ont vérifié leur état, leur nature d’abord et surtout le taux d’humidité qui engendre la dégradation rapide des produits. La pureté du produit aussi devrait être impeccable. La société fait donc le triage final du produit en enlevant les impuretés. Chaque kilo de plante exportée paye 120Ar par kg pour la redevance à la collecte.

 Consommateurs locaux Ce sont les vendeurs de « Raokandro malagasy » qui ravitaillent ce produit en petit bouquet sec de 5g pour Ar 300 à 400.

2.5.1.3. Traitement de la plante jusqu’au stockage Le traitement de la plante commence après son arrachage dans son aire de développement. Elle est séchée par les ramasseurs avant le pesage pour éviter la moisissure pendant le transport et le stockage. Après pesage, les collecteurs vérifient encore la pureté du produit donc ils font le désherbage afin d’avoir un produit pur. C’est la société exportatrice qui fait la mise en balles (pressage) du produit pour l’exportation. La figure suivante montre ces étapes.

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Drosera humide

SECHAGE Ramasseurs

Drosera sec

Ramasseurs, DESHERBAGE Collecteurs

Société exportatrice PRESSAGE (BALLES)

Figure 12 : Etapes de traitement du drosera

2.5.2. Faiblesse La plupart des ramasseurs (Tableau2) sont des personnes âgées qui n’ont plus de force de travailler aux champs. Les lieux des récoltes se trouvent généralement dans des zones très éloignées des villages. Parfois, les ramasseurs sont obligés de passer la nuit dans ces lieux. Puisque le drosera se développe dans des endroits non exploités par les paysans et loin des villages telles que les prairies marécageuses permanentes qui sont peu ou moyennement perturbées par la population locale. Il faut noter que ce sont les plantes entières que les ramasseurs récoltent dans la nature.

Figure 13 : Une femme entrain de cueillir le drosera

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La quantité récoltée par les ramasseurs varie suivant les saisons. 90% des ramasseurs mentionnent que le pic de prélèvement se situe pendant la saison des pluies (octobre jusqu’en mai). Pendant la saison sèche (juin- septembre), la plante est rare. Concernant la quantité hebdomadaire recueillie, elle varie de 2 à 6 Kg. Mais la plupart de ramasseur avance que la quantité obtenue n’excède pas 2 kg de plante humide par semaine. Tableau 12 : Quantité obtenue par semaine pendant la saison humide

Quantité obtenue par semaine (kg) Personnes enquêtées (%) <2 34% 1 à 2 20% 3 à 4 19% 5 à 6 12% >6 15%

Les ramasseurs livrent leur marchandise avec un prix de Ar 4000-6000 par kilo à l’état demi sec. Les sociétés exportatrices prennent le produit à Ar 7000 à 10 000 par kilo. Et selon les différents collecteurs existants, la filière présente un grand nombre d’intermédiaire.

2.5.3. Opportunité Huit sociétés travaillent dans l’exportation du drosera à Madagascar : SEAR (Société d'Exploitation Agricole de Ranopiso), COREMA SARL (Comptoir d’Exportation à Madagascar), PRONAMA (PROduits NAturels Malagasy), MADA PLANTES, VOHIMANITRA, VEGETALIA, SM SARL. Ces sociétés ont chacune leurs propres sociétés importatrices. Les pays destinataires sont l’Afrique du Sud, la France et l’Italie. Ce qui rend cette activité une source de développement durable pour les paysans natifs dans les zones de développement de Drosera madagascariensis.

La collecte de la plante permet un privilège important sur les ressources dans son territoire. Ce qui rappelle les éléments fondamentaux d’un « régime d’accès ». C’est-à-dire les éléments des législations APA (Accès et Partage des avantages). Ceux-ci permettent de s’assurer que le pays est en mesure de recevoir une partie des avantages découlant de l’utilisation des ressources génétiques issues de son territoire. De plus, l’activité est une source d’argent pendant les périodes de soudure pour les paysans car ils la font surtout après l’activité de transplantation du riz et son moisson. La transplantation du riz débute le mois de septembre jusqu’en mois d’Octobre pour les hautes terres centrales. Et la moisson aura lieu pendant les mois de janvier à mars. En addiction, la collecte de la plante est surtout une source de revenu pour les personnes âgées.

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2.5.4. Menace

2.5.4.1. Problèmes sur l’aire de développement Le feu de brousse reste le problème principal du drosera. Le feu non géré sur le sommital et le versant arrive jusqu’à cette aire de développement. Les prairies marécageuses de basse altitude (<1500 m) sont les plus exposées par le renouvellement des pâturages et l’aménagement en terrain de culture. L’exiguïté des surfaces cultivables et la difficulté du drainage et de l’irrigation expliquent ce phénomène. Ce problème est accentué par la présence de l’Imperata cylindrica (saingona) sur les environs (Figure 14). Et durant cet incendie, la plante se rétrécie. La figure 15 présente ce problème de feu.

Figure 15 : Feu non géré sur la colline Figure 14 : Imperata cylindrica d’Anjanadoria

Or, les ramasseurs ont affirmé que le passage du feu favorise la prolifération de drosera.

L’élargissement du bas fond figure aussi parmi ces problèmes majeurs. Quand ces zones marécageuses se dessèchent, et sont aptes à être cultivées, le propriétaire les convertit en rizière. Le nettoyage des bords de la rizière décime aussi le drosera dans ce milieu favorable pour leur développement.

L’aire de développement du drosera est également riche en plante fourragère, elle devient actuellement un lieu de pâturage pour les bétails.

2.5.4.2. Problèmes du produit et de sa collecte Pour augmenter la quantité des produits vendus, les ramasseurs les mouillent juste avant le pesage. Or, cette opération nuit à la qualité des produits ; ils ont une couleur noire et difficile à stocker. Les ramasseurs rencontrent aussi de problème financier, car les collecteurs ne payent pas leurs dus au moment de la livraison des produits. Les ramasseurs commencent à s’orienter vers

24 d’autres activités plus rémunératrices des revenus. Les collecteurs ambulants sont les plus concernés par le cas précité. Les collecteurs rattachés avec la société font un engagement de l’approvisionner. Or dans les cas généraux, ces collecteurs fournissent les sociétés dont le transport de la marchandise est facilité. Certaines sociétés facilitent ce transport par recevoir les marchandises dans les stationnements des taxi-brousses périphériques de la ville. Ainsi, elles assurent le transport jusqu’à leurs maisons de stockage. Dans ces cas, le problème reste sur l’engagement des collecteurs envers la société.

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Partie 3 : DISCUSSION

3.1.Aire de développement de Drosera madagascariensis Cette étude a mis en exergue que sur les hautes-terres de Madagascar, le Drosera madagascariensis se développe dans trois aires différentes. La première aire se trouve sur le bas-fond humide, le sol est caractérisé par une texture fine et ayant une coloration plutôt foncée. La seconde se trouve sur les marécages ou « heniheny », à texture fine et couleur rouge, ceci explique la présence des rouilles ou «tambiazina» évoquée par les paysans locaux. Et le dernier endroit se localise sur un sol en versant de colline dominée par des rochers humide. L’observation sur terrain combinée avec les résultats d’enquête stipulent que le Drosera madagascariensis vit à l'état naturel sur des sols marécageux et spongieux, des substrats toujours humides ou des tourbières. Le recoupement de ces informations permet de déduire que le Drosera madagascariensis est une plante hygrophile ou hygrophyte, c’est-à-dire une plante habitant dans des stations humides dont le sol contient toujours de l’eau en quantité suffisante, mais non excessive. Comme toutes les plantes dans la famille de Droséracées ; généralement carnivore, les milieux aquatiques pauvres font de parfaits biotopes pour son développement (Schlosser, 2016). Mais d’autres résultats de recherche stipulent que la plante a comme source d’eau soit de l’eau de pluie soit de l’eau quasiment déminéralisée. Cette condition est due par la toxicité en calcaire de la plante. Ce sont des plantes calcifuges. Dans ce cas, le pH favorisera la solubilisation des phosphates et des carbonates de calcium (Juniper et al., 1989 ; Slack, 2000). Suivant la physiologie de drosera, la plupart des plantes carnivores n’a pas besoin de capturer beaucoup de proies pour assurer ses besoins nutritifs. En effet, l’acidité du milieu et l’eau contenue dans la tourbe suffisent à assurer ses besoins les plus vitaux. Un organisme azoté capturé de temps en temps lui suffit à obtenir la quantité de nutriments nécessaire à la pérennité de son espèce (Schlosser, 2016). Ces biotopes, essentiellement observés dans les zones tropicales au pied des collines (Schlosser, 2016). Cette observation est en accord à celles trouvées dans d’autres recherches travaillant sur la Drosera madagascariensis. D’après la recherche entreprise par Keraudren-Aymonin (1982), il pousse dans les suintements en forêt ombrophile, rocailles, humides, rochers humides ensoleillés et dans les clairières marécageuses en forêt. Et la recherche par Schlosser (2016) affirme qu’un inselberg caractérisé par une haute pente raide et rocailleuse soumise à des températures extrêmes dues à de fortes rafales de vents et à une importante luminosité est une zone de développement pour les plantes carnivores. L’altitude de son aire de développement est aux bords de ruisseaux de 600-1600m ou encore dans le sol relativement pauvre selon l’étude à Beorana, commune rurale d’ district Manjakandriana (Haingotiana, 2013).

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D’après les résultats sur l’écologie favorable pour le Drosera madagascariensis, l’hypothèse 1 est vérifiée. Sur les hautes-terres malgaches, le drosera poussait sur une même aire de développement qui renferme toutes les caractéristiques adéquates pour le développement de la plante.

3.2.Situation de collecte et stratégies pour la durabilité de Drosera madagascariensis sur les hautes-terres malgaches La collecte de la plante dans son milieu naturel requiert du temps et de la persévérance. Dans les sites d’intervention ; les milieux où on peut les trouver en grande quantité se situent dans des endroits très éloignés du village où la zone non encore exploitée, de façon à ce que les ramasseurs sont souvent obligés de séjourner hors de leurs foyers de quelques jours pour pouvoir les recueillir . Au cela s’ajoute la faible quantité des produits collectés par site, de l’ordre de 10 à 70 pieds par mètre carré soit 7kg par hectare. Ces résultats rejoignent à ceux rapportés par Haingotiana (2013), elle a avancé que le Drosera madagascariensis se situe au niveau d’une strate inférieure ou formation herbeuse avec un recouvrement relativement (Rr) faible de 0,14 qui est inférieur à 1. D’où l’espèce est recouverte par celles qui lui sont associées.

Le Drosera madagascariensis est aussi menacé, car ses aires de développement subissent des pressions anthropiques. A titre illustratif dans les sites de Mangamila et Manjakandriana, la population commence à exploiter ces zones à des fins agricoles. Quand les marécages se dessèchent, et sont aptes à être cultivées, le propriétaire les converti en rizière. Le nettoyage des bords de la rizière ainsi que le feu de pâturage déciment aussi la population de drosera. Le mode de cueillette inadéquat, comme l’arrachage des jeunes plants immatures constituent aussi un autre facteur de la diminution de la population de drosera dans son aire de développement.

Pour la durabilité de la collecte de drosera ; des stratégies méritent d’être soulevées. La première s’adresse aux collecteurs et ramasseurs par la mise en place d’un système de formation sur la physiologie de la plante et de proposer un calendrier de collecte de drosera variés suivant les sites de collecte.

La seconde est la conservation in situ du drosera. C’est une stratégie plutôt délicate et difficile à réaliser vue de la raréfaction du bas fond par suite de l’explosion démographique.

Et la dernière est la mise en culture de la plante. Une stratégies envisageable et plus réaliste mais demande un peu de temps pour l’essai aux champs. La connaissance de l’écologie de la plante (Annexe 1) est indispensable pour espérer d’obtenir un meilleur résultat. Des nombreuses études antérieures ont déjà essayé de cultiver in vitro des espèces de drosera (Drosera anglica, Drosera binata et Drosera cuneifolia) avec des résultats intéressants (Banasiuk, Kawiak et Królicka, 2012). Par rapport à ces études, il est possible de cultiver le Drosera Madagascariensis, il reste à tester l’hypothèse émise pour les recherches antérieures.

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Les résultats de l’enquête ont données que les personnes les plus âgées surtout les femmes sont les plus actives dans la collecte de la plante dans l’aire naturelle de son développement. Par rapport au salaire journalier de sarakantsaha femme (Ar 2000 par jour), la collecte de drosera n’est pas du tout rentable, en se référant au gain d’un ramasser par semaine de l’ordre de 2 kg avec un coût de Ar 1600. Le travail est aussi fastidieux, lors de la cueillette, les personnes sont obligées de s’accroupir plusieurs heures et déplacer d’un endroit à un autre pour trouver quelques pieds. C’est pour cette raison que la majorité des gens s’est désintéressé à pratiquer la récolte ; sauf durant la période de soudure.

3.3.Pistes d’amélioration de la production du Drosera madagascariensis Les pistes d’amélioration de l’activité sur le Drosera madagascariensis affectent sur tous les acteurs de la filière.

 Compromis entre les ramasseurs et les collecteurs La piste envisageable dans ce groupe est de réunir ces acteurs afin de faciliter et d’assurer le produit. Cette méthode ramène à l’amélioration du système de collecte en brousse. Pour chaque district, l’installation d’un site de collecte pour chaque commune est nécessaire. Celle-ci permet de faciliter le transport et la collecte dans les zones éloignées du district. Puis ce sont les collecteurs de la commune qui vont transporter les produits dans le district central pendant le jour du marché. Ainsi, cette méthode incite les ramasseurs à pratiquer cette activité soit disant délaissée par la majorité des gens sauf durant la période de soudure. Par ailleurs, plus la collecte des plantes débute près de la zone, plus la vérification de la qualité ; l’état sec et la pureté du produit ; sont améliorées. Les collecteurs pensent toujours à leur profit qui les rend strict. En fonction de cette qualité, le prix des produits des ramasseurs devrait être évalué. Ce qui nous mène à une catégorisation des produits. Cela affecte les ramasseurs de bien purifier leurs produits. Cette catégorisation reste sur une estimation visuelle en estimant les quantités des impuretés et le taux d’humidité des produits. Sur le paiement, la méthode de collecte par commune est conjuguée à une épargne pour les ramasseurs. C’est-à-dire que cette collecte devrait focaliser deux fois par mois. Ainsi, les ramasseurs ont plus d’argent qui les seront utile pour leurs amples projets. Et pour chaque collecteur, les sociétés exportatrices devraient faire un accord pour leurs propres sites d’interventions. Cet accord permet de mettre au point une autorisation et règlementation de chaque collecteur vis-à-vis des lois de l’exploitation des ressources forestières. De plus, cet accord permet de supprimer les collecteurs ambulants pour éviter les conflits entre les ramasseurs et les collecteurs. Cette situation est toujours marquée par le manque d’assurance du paiement des produits des ramasseurs.

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 Potentialité sur la collecte de la plante D’après les nombres de personnes enquêtées par zone d’étude, le système de collecte pendant le jour de marché est plus réussi que par rapport au système de collecte à la maison. La visibilité de cette collecte sur le marché incite les personnes de la région de cueillir la plante. Et pour la collecte de la plante dans son aire de développement, selon le calendrier phénologique de la plante sur les hautes-terres centrales, elle est en période végétative pendant les périodes humides et fleurie et fructifie avant la saison sèche (Tableau 7). Et selon le calendrier des activités rizicoles qui est la culture principale dans les hautes-terres centrales (Tableau 13), la superposition de ces deux calendriers évoque un calendrier favorable pour l’activité de collecte du drosera.

Tableau 13 : Calendrier de la culture du riz sur les hautes terres centrales

Semis Repiquage Récolte Vary aloha Mai-Juin Septembre-Octobre Janvier-Mars Vary vakiambiaty Septembre-Octobre Novembre-Décembre Mars-Mai

Tableau 14 : Calendrier favorable pour la collecte

Janv Fév Mars Avril Mai Juin Juillet Août Sept Oct. Nov. Déc. Collecte favorable

Ainsi, la collecte favorable débute pendant la saison humide (Novembre en Février) pour avoir plus de quantité (Tableau 14). Et pour la période de floraison de la plante, les ramasseurs peuvent collecter les plantes à condition que les graines soient déjà tombées. C’est- à-dire que la panicule florale est sèche. Et de secouer les plantes qui portent des graines pour contribuer à la régénération de celles-ci. Et pendant la saison sèche, l’activité devrait s’arrêter car la plante est difficile à trouver.

 Potentialité sur la société exportatrice La société devrait trouver les solutions possibles de faire en sorte que les collecteurs sont fidèles à elle. Ce qui implique une installation d’un système d’accueil pour recevoir les marchandises venant des collecteurs. A l’occurrence, la société doit recevoir ces produits sur les zones périphériques de la ville pour faciliter le transport pour ces collecteurs. Une amélioration du lien entre les collecteurs et la société est aussi envisageable. C’est- à-dire que la société devait aider les collecteurs pour leur capital propre surtout pendant les périodes de pic de prélèvement. Autre que cette relation est la collaboration avec les ramasseurs groupés par commune. La société exportatrice a pour devoir de transférer et de faire connaitre à ces ramasseurs la valeur de la plante. Ce qui signifie que les informations sur l’utilité et l’utilisation de la plante devaient être sues par les ramasseurs. Elle peut aussi faire une démonstration d’une aire de

29 développement vitrine selon les périodes de collecte pour faciliter l’adaptation de la méthodologie et la période de la collecte de la plante sur sa zone de développement. L’essai de plantation sur chaque district est envisageable afin de mener l’activité durable.

A partir des analyses sur la structuration de la filière, l’hypothèse 2 est partiellement vérifiée. Sur les hautes-terres malgaches, il est possible de mettre en place un plan stratégique durable de Drosera madagascariensis à conditions que ces pistes donnent des résultats positifs. Ce plan touche les acteurs de la filière de l’amont à l’aval.

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CONCLUSION

L’exploitation de Drosera madagascariensis offre à la population locale dans son aire de développement des avantages bénéfiques. Que ce soit son utilisation par sa propriété thérapeutique, que ce soit les revenus obtenus par sa vente à l’état sec, cette plante possède un important privilège pour l’économie locale. Cependant, cette exploitation excessive perturbe l’aire de développement de la plante.

Cette étude a permis de caractériser cette zone où pousse le mahatanando, afin de trouver des pistes d’action pour la durabilité de cette activité. Evoqué dans cette étude que cette plante pousse sur diverses toposéquences mais de caractéristiques identiques pour combler les besoins vitaux de la plante. Les zones d’intervention de l’étude ont confirmé toutes ces caractéristiques. En comparant ces résultats, les hautes-terres centrales malgaches répondent à tous ces caractéristiques de zone de développement de Drosera madagascariensis.

Ces résultats peuvent être ainsi une piste d’action pour envisager la culture de la plante afin d’améliorer et d’augmenter les performances du pays sur l’exportation de cette plante médicinale. D’une autre part, l’analyse de la structuration de la filière a apporté des renouvellements et des innovations sur sa restructuration. Cette présente étude a permis d’évaluer tous les lacunes sur l’exploitation de la plante de son aire de développement jusqu’à son exportation. Ce qui nous donne l’occasion de combler ses lacunes pour assurer et retenir notre place sur le marché international surtout en Europe.

Ces pistes d’action débutent dès les acteurs qui sont en contact avec la plante ou les ramasseurs, passées par les collecteurs jusqu’aux sociétés exportatrices qui sont en contact avec les déboucheurs. Ainsi, chaque acteur de la filière a leur devoir d’améliorer son exploitation et sa durabilité.

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ANNEXE

Annexe 1 : Synthèse bibliographie sur le Drosera madagascariensis

Le Drosera madagascariensis est une plante tropicale carnivore de l’Afrique. 1. Botanique 1.1 Systématique Le Drosera madagascariensis ou Drosera ramantacea appartient au règne Végétal, embranchement des Spermaphytes et sous-embranchement des Angiospermes. C’est une plante dicotylédone appartient à la sous-classe de Dillaniidae, à l’ordre des Népenthales et à la famille des Droséracées (Baron, 1889). Environ une centaine d’espèces, la plupart en Australie. Il existe 5 espèces à Madagascar, dont une endémique (Keraudren-Aymonin M., 1982). Les noms vernaculaires malgaches sont: mahatanando pour les Merina, mahatonando ou capable de conserver la rosée.

1.2 Morphologie

1.2.1 Drosera Linné

Ce sont des plantes herbacées annuelles ou vivaces, insectivores, glanduleuses. Les tiges sont bien développées ou extrêmement réduites (acaules ou subacaules). Elles présentent parfois d’un tubercule souterrain. Le développement de racines adventives est sur les tiges. Les feuilles sont alternes si les plantes sont caulescentes ou en rosette basale et si acaules pétiole plus ou moins développé, parfois peu différent du limbe, souvent persistant à la base des tiges et réfléchis vers le bas. Le limbe est hérissé de poils glanduleux, collants, surtout denses sur la face supérieure et sur les bords. Les stipules sont bien développées et souvent lacinées au sommet ou absentes. Les inflorescences sont en cymes ou racèmes pauciflores ou parfois réduites à 1-2 fleurs. Elles ont 5 sépales, soudés à leur base. Les 5 pétales sont blancs, roses ou pourpres, spatulés ou obovales, marcescents et adhérant après la floraison aux anthères et aux stigmates pour former une sorte de capuchon au-dessus connectif un peu renflés. L’ovaire a un loculaire, à 3 placentas pariétaux et nombreux ovules anatropes. Les 3 styles sont divisés dès la base. Et le capsule à 3 valves est dans le calice persistant. Les graines sont petites, noirs, ovoïdes ou fusiformes et le testa est lisse ou réticulé ou un peu verruqueux (Keraudren-Aymonin M., 1982). 1.2.2 Clé des espèces A Madagascar, il existe 5 espèces de drosera. Les clés de détermination de ces espèces sont résumées dans le tableau suivant.

i

1. Plantes acaules ou subacaules ; feuilles 1’.Tiges bien développées, plantes caulescentes. en rosettes basales

2. Pétiole très 2’. Pétiole s’élargissant 3. Feuilles à limbe linéaire, 3’. Feuilles à limbe étroit limbe progressivement vers le longuement rétréci en lanière ; elliptique-ovale à suborbiculaire ; limbe, celui-ci spatulé pédoncule dressé spatulé ; pédoncule graine ovoïdes : graines fusiformes : 4. Plantes 4’. Plantes genouillé à la base, vivaces ; stipules annuelles ; la partie supérieure bien développées, stipules dressée : laciniées au abscentes : sommet : Drosera Drosera Drosera Drosera burkeana Drosera natalensis humbertii indica madagascariensis

Le schéma suivant illustre la distinction entre ces espèces .

Légende :  Drosera madagascariensis : 1, plante entière ; 2, feuille  Drosera humbertii : 3, plante entière ; 4, feuille ; 5 stipule  Drosera natalensis : 6, plante entière ; 7, feuille  Drosera indica : 8, plante entière ; 9, feuille ; 10, ovaire  Drosera burkeana : 11, feuille

ii

1.2.3 Drosera madagascariensis : Comme le Drosera Linné, ce sont des plantes herbacées, petites, vivaces. La tige peut atteindre jusqu’à 25cm de hauteur, glabre avec des feuilles alternes. Les plus âgées sont persistantes sur la partie inférieure de la tige, réduites au pétiole et pendantes vers le bas. Les plus jeunes serrées vers la partie supérieure de la tige, mais en jamais en rosette. Le pétiole est long de 10-30mm, glabre ou un peu pubescent sur la face inférieure lime elliptique-ovale à spatulé, de 5-10 × 2- 5mm. La face supérieure est pubescente-glandueuse surtout sur les bords. La face inférieure est pubescente, à poils apprimés un peu blanchâtres. Les stipules sont membraneuses, longues de 3-5mm et découpées profondément en lanières au sommet. Les inflorescences axillaires ont 1-3cymes par pieds. Les 2 à14 fleurs à pédoncule scapiforme, glabre ou un peu pubescent a de 20-40 cm de hauteur, genouillé à la base avec la partie supérieure dressée. Les pédicelles sont dressés, longs de 3-6mm et glanduleux-pubescents. Les bractées sont linéaires-spatulées ayant une longueur de 2-3mm, et ayant quelques poils glanduleux sur la face dorsale. Les 5 sépales sont oblongs-lancéolés, de 4-7 × 1-2mm, soudés à leur base, glanduleux sur la face externe. Les 5pétales sont obovales, en coin à la base, roses ou pourpres, de 6-8 × 3-4mm, glabres. Les étamines ont un filet long de 5mm, à connectif un peu renflé. L’ovaire subglobuleux est ovoïde de 2 × 2-1,5mm, et glabre. Les 3 styles sont divisés en deux à partir de la base. Les stigmates sont en massues, parfois bilobées. La capsule est globuleuse. Les graines sont nombreuses, fusiformes, noires, de 0,7-0,9 × 0,2mm. Le testa est réticulé à stries longitudinales et transversales (Keraudren-Aymonin M., 1982).

1.3 Physiologie La floraison de la plante se passe en mois d’Août en Février (Keraudren-Aymonin M., 1982).

2. Ecologie 2.1 Eau Le drosera pousse dans les suintements en forêt ombrophile, rocailles, humides, rochers humides ensoleillés et dans les clairières marécageuses en forêt (Keraudren-Aymonin M., 1982). Les plantes a comme source d’eau soit de l’eau de pluie soit de l’eau quasiment déminéralisée. Elles sont en effet calcifuges, c'est-à-dire qu’elles ne supportent pas le calcaire. Elles se développent dans des tourbières acides, où le pH favorisera la solubilisation des phosphates et des carbonates de calcium (Juniper et al., 1989 ; Slack, 2000). Et les eaux stagnantes se caractérisent par une très faible oxygénation, une température élevée ainsi qu’un pH bas. Ceci a pour effet d’acidifier le milieu et de le rendre pauvre en richesses nutritives (Barthlott et al., 2008). 2.2 Température et lumière Une colline proéminente et escarpée de roche solide, s’élevant de manière rude d’une plaine de faible relief ou inselberg (Witthow, 2005) se caractérisent par une haute pente raide et rocailleuse soumise à des températures extrêmes dues à de fortes rafales de vents et à une

iii importante luminosité. A cause de telles conditions, peu d’espèces végétales peuvent y subsister : les plantes carnivores font parties des rares végétaux qu’on y trouve (Schlosser, 2016). 2.4 Sol Selon les diverses recherches sur la famille des droséracées, elles sont des plantes héliophiles et elles poussent dans des zones humides. Les droseras craignent souvent la concurrence d’autres espèces végétales. Par conséquent, la capacité de vivre sur des sols très pauvres, défavorables à la croissance de nombreuses espèces végétales contrebalance cet handicap (Juniper et al., 1989 ; Slack, 2000). 2.5Altitude L’altitude de son développement est aux bords de ruisseaux de 600-1600m (Keraudren- Aymonin M., 1982).

3. Distribution géographique Le drosera pousse en Afrique tropicale et subtropicale, du Mali jusqu’en Afrique orientale et en Afrique du Sud. A Madagascar, il se développe dans la côte Est, le centre et la côte Ouest. La côte EST sont Tamatave, Matitananana, savoka d’Ampenetra, Vondrozo. Et dans le centre: Marovato- Ambanja, mont Ambatosoratra au nord d’Ambatavoniho et Belaoka, Beondroka au nord de Maroambihy ; nord de Mangindrano, haute Maevarano, aux origines de la Bemafo, haute Bemarivo, Analamaitso Ankaizinanana, Amabtondrazaka, Androvoranto, district Moramanga, au bord de la Sahantandra, Mandraka Androranga, Tampoketsa d’Ankazobe, Manankazo ; Imerina, forêt d’Andasibe ; Analanomby, forêt du nord du pays Sianaka ; Andramasina, Arivonimamo ; entre Arivonimamo et Soamananety, Andranovelona Ankavandra, Ambohimanga, Anosivato Alasora ; , Ouest de l’Itasy, Manjakatompo, Ankaratra ; Anakazodandy, Ambatolampy, Manjakandriana, entre Antsirabe et Fianarantsoa entre Vinanintelo et Ikango, Ambatofinandrahana, d’Itremo, pied du rocher d’Ingaro, ouest d’Ambalavao. Et dans la côte Ouest : Andriba, marais Betsiboka, Est de Tsiroanomandidy, retses de forêts du mont Ambohiby, Ouest de Tsiroanomandidy (Keraudren-Aymonin M., 1982).

4. Utilisations L’espèce est utilisée pour ses qualités antipasmodiques, béchiques et pectirales (Keraudren- Aymonin M., 1982). Les Drosera, sous forme d’extrait ou de teinture, sont employés couramment de nos jours dans la formulation de certains médicaments contre les affections respiratoires (Sven Walter, 2001 ; Randrianirina, 2004). 70% de l’extrait d’éthanol du Drosera madagascariensis et le quercétine flavonoïde, l’hyperoside et l’isoquercitrine inhibent l’élastase neutrophile humaine. De ce fait, il est usuellement appliqué comme aqueux ou éthanol en thérapie (Melzig, M.F., et al., 2001).

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5. Composition chimique Ces plantes sont très riches en métabolites secondaires : en flavonoïdes (Melzig et al., 2001 ; Marczak et al., 2005 ; Paper et al., 2005), et en naphthoquinones (Didry et al., 1998 ; Budzianowski, 2000 ; Krolicka et al., 2008). Actuellement, le Drosera madagascariensis est particulièrement utilisé par sa concentration faible en 1,4-naphthoquinones, flavonoïdes et les dérivés des acides ellagique par rapport au Drosera rotundifolia (Krenn et al. 1995, Blaschek 1998, Van Wyk et al. 2004, Paper et al. 2005, Zehl et al. 2011, Bäumler 2012). Cependant, le D. madagascariensisis est pauvre en composition mais il est accepté dans la pharmacologie (Kamarainen, T. et al. 2013). De ce fait, son remède est de faible qualité par rapport au Drosera rotundifolia (Baranyai et Joosten, 2016). La maximum concentration des matières actives allant de 60-70% est focalisée pendant la floraison de la plante. Les jeunes plantes moins d’un an peut être utilisé dans la pharmacologie mais il est meilleur de collecter les vielles plantes. C’est-à dire après la floraison (Baranyai et al., 2016).

6. Exportation Madagascar exporte cette plante médicinale depuis des années. Les données enregistrées à la Direction Régionale des Eaux et Forêts d’Analamanga ou DREF n’ont commencé qu’en 2007. L’histogramme suivant représente l’état d’exportation depuis cette année jusqu’en 2015.

Exportation du Drosera madagascariensis par Madagascar 5000 4500 4000 3500 3000 2500 2000

1500 Quantité (Kg) Quantité 1000 500 0 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 Année

Source : DREEFA En 2007, la quantité exportée est un échantillonnage pour l’Afrique du Sud. En 2010 jusqu’en 2012, la quantité exportée est très faible du fait de la demande de cette plante. Mais en 2013 jusqu’aujourd’hui, la demande de cette plante médicinale n’a cessé d’augmenter. Les pays destinataires sont l’Afrique du Sud, la France et l’Italie.

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La demande annuelle en pharmacologie sur le marché européen du drosera est de 6 à 20 tonnes de biomasse. La majorité de cette quantité est le D. madagascariensis venant de Madagascar et l’Afrique de l’Est avec une quantité de 2 à 20 tonne par an. Ce chiffre est suivi du D. rotundifolia de Finland de 1 à 3 tonnes par an. Et le D. peltata de l’Est d’Asie, de l’Inde, du Malaisie et de la Chine est de 0.1 à 0.5 tonnes par an.

7. Culture Le potentiel de régénération est bonne pour le Drosera madagascariensis qui est de 300 < TR < 999 dont le pourcentage exacte est de 597,8% (Haingotiana, 2013). Récemment, la culture de la sphaigne est établie comme une nouvelle alternative pour la production commerciale de la matière première du drosera dans les industries pharmaceutiques (Baranyai B.et al., 2016). La sphaigne se développe et prolifère en quantité importante dans les terrains humides. Possédant des propriétés de réhydratation étonnantes. Elle agit comme une éponge en absorbant jusqu’à vingt fois son poids en eau (Plantes-carnivores, 2003). Ainsi, grâce à toutes ces propriétés ; acidification du milieu, hydratation permanente, protection de l’apparition d’agents parasites ; les tourbières à sphaigne sont des milieux de prédilection pour le développement des plantes carnivores. Elle est capable de libérer des composés acides (Plantes-carnivores, 2003). Et d’après les recherches de Baranyai et al. (2016), la culture du drosera placée dans une pelouse de sphaigne n’a pas de différence sur la qualité et ni sur la quantité comme la concentration des matières actives et le temps nécessaire pour sa récolte comparé au drosera qui pousse dans les aires de développement des sphaignes. Néanmoins les résultats positives des cultures in-vitro de la plante, les droseras cultivés ne sont pas encore commercialisés. Ce fait est dû par le coût élevé et les temps nécessaires pour le maintien de la culture, la spécificité de l’écologie et les techniques demandées pour sa culture et en dernier lieu la disponibilité suffisante actuelle des plantes à l’état sauvage. De plus ces plantes sont rejetées par les industries pharmaceutiques car elles sont génétiquement identiques. C'est-à-dire des clones et des plantes artificielles.

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Annexe 2 : Carte de la commune rurale Mangamila

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Annexe 3 : Carte du district Manjakandriana

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Annexe 4 : Carte du district Ankazobe

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Annexe 5 : Carte du district Ambohidratrimo

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Annexe 6 : Données climatiques de 2011-2015

Pluviométrie J A S O N D J F M A M J 2011 0 0,4 1,3 48,2 47,1 188,5 361,2 48 152 175,5 28,3 0 2012 1,3 2,8 2,5 14,8 97,6 252,7 207,5 275,5 159,5 138,6 21,6 3,1 2013 0 0,1 0,1 105,1 223,2 306,2 281,1 190,4 163,4 51,9 24,6 8,1 2014 13 2,2 2,1 26,7 201,7 388,9 265,6 221,5 74,9 0,1 2,8 1,1 2015 2,7 2,7 11,4 1,4 56 389,9 308,9 509,2 212,8 0,4 14,2 2,4 Moyenne 3,4 1,64 3,48 39,24 125,12 305,24 284,86 248,92 152,65 73,3 18,3 2,94

Température J A S O N D J F M A M J 2011 16,1 17,35 17,9 20,45 22,3 23,05 22,4 21,5 21,5 21,8 19,15 17,25 2012 15,7 16,55 17,7 20,6 22,1 21,8 21,75 22,15 21,45 21,1 18,5 16,55 2013 15,35 15,5 18,3 19,95 22,85 22,3 22,2 22 21,75 20,15 18,8 15,1 2014 15,4 16,75 17,8 21,75 22,15 22,55 21,8 21,9 21,5 20,15 18,15 16,25 2015 16,1 15,9 16,25 17,95 20,45 22,8 21,45 21,6 22,15 21,1 17,2 17,15 Moyenne 15,73 16,41 17,59 20,14 21,97 22,5 21,8 21,9125 21,7125 20,86 18,36 16,46 Source : Station météorologique Ampandrianomby

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Annexe 7 : Fiche d’enquête

Date : Commune : Fokontany : Fiche n° : 1. Profil de l’informateur. Age A1 <18 □ A2 [18-40] □ A3]40-59] □ A4 >60 □ Sexe: Masculin □ Féminin □ Niveau d’étude Non scolarisé □ Primaire □ Secondaire □ Supérieur □ Situation familiale Marié □ Célibataire □

Personne enquêtée Collecteur/ramasseurs Tradipraticien □ Commerçants □ Autres à définir □

1. Caractéristiques du milieu de prélèvement Sol Type : Couleur : Toposéquence Sommital □ versant□ Bas de pente□ Plat ou bas- fonds□ % pente Exposition Autres à définir

2. MATERIEL VEGETAL Noms vernaculaires (local) :

Phénologie Mois  Etat végétatif  Floraison  Fructification 3. Inventaire floristique  Plantes environnantes :

 Abondance de la population : 1m² au moins quatre répétitions

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4. Caractéristique des produits a) Parties utilisées Tige □ feuille □ racine □ Autres à définir □ b) Utilisations c) Efficacité des produits Bonne □ Moyenne □ Mauvaise □ Autres à préciser □ a) Effets secondaires

b) Succédanées

c) Présentation des produits Forme Durée du Maladies Dose Posologie Toxicité d’emploie traitement

5. Mode d’exploitation (collecteurs/TRADIPRATICIEN) Période de cueillette : Lieu de collecte : Commune : ………………..Fkt…………………………… Pic de prélèvement : qté………………….. période : Période de soudures : qté………………….. période : Fréquence : jour □ semaine □ mois□ Quantité moyenne : Prix : Etat des plantes : Frais □ secs □ Autres à définir □ Destination des produits : Marché local □ Exportation □ Autres à définir □ Mode de transport :

Conditionnement/stockage :

6. Vendeurs/TRADIPRATICIENS Origine des produits : Etat de plantes vendues : Frais □ secs □ Autres à définir □ Emballage : Oui □ Non □

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Quantité vendue : Période de pic de la vente : Mode de stockage :

Durée de conservation : 7. Méthode de régénération Culture : Oui □ Non □ Si oui, comment :

Prise de graine : : Oui □ Non □ Entretien des zones de pousse : Oui □ Non □ Si oui, comment ? :

Appui aux ramasseurs : Oui □ Non □ Si oui, comment ? :

8. CLASSIFICATION IMPORTANCE DE L’UTILISATION DE DROSERA PAR RAPPORT AUX AUTRES PLANTES MEDICINALES

 RANG :  PLANTES PLUS IMPORTANTES :

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Annexe 8 : Interprétation de la texture selon la méthode des rouleaux et des anneaux

Forme de rouleau Texture Type de texture

Sable limoneux Texture grossière 1 Pas de rouleau Sable Texture très grossière

Limon très sableux 2 Début de rouleau Texture grossière Limon sableux

Limon fin argileux Texture fine Rouleau continu qui se brise 3 quand on forme un anneau Limon fin Texture moyenne Limon très fin

Limon argileux Rouleau continu mais anneau Texture fine 4 craquelé Limon argileux fin Limon argilo-sableux Texture moyenne

Argile fine Texture très fine 5 Rouleau continu, anneau continu Argile limoneuse Argile sableuse Texture fine

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Annexe 9 : Traitement des données

Données du nombre de pieds par m2 par site d’étude

Sur Mangamila Mangamila Anjanadoria Anjanadoria Manjakandriana Manjakandriana Fihaonana Fihaonana rocher 1 2 1 2 1 2 1 2 22 34 26 50 10 18 18 40 30 8 25 10 70 5 8 33 29 31 24 50 25 65 15 8 19 20 20 11 46 30 50 5 27 11 30 35

Test de Kruskal-Wallis : K (Valeur observée) 25,012 K (Valeur critique) 15,507 DDL 8 p-value (bilatérale) 0,002 alpha 0,05

Comparaisons multiples par paires suivant la procédure de Dunn / Test bilatéral :

Echantillon Effectif Somme des rangs Moyenne des rangs Groupes Anjanadoria 2 4 19,500 4,875 A Manjakandriana 1 4 40,500 10,125 A Sur rocher 4 45,500 11,375 A B Manjakandriana 2 4 60,000 15,000 A B Mangamila 2 4 69,000 17,250 A B Fihaonana 1 4 90,500 22,625 A B Fihaonana 2 4 93,500 23,375 A B Mangamila 1 4 110,500 27,625 A B Anjanadoria 1 4 137,000 34,250 B

Différences significatives :

Sur Mangamila Mangamila Anjanadoria Anjanadoria Manjakandriana Manjakandriana Fihaonana Fihaonana rocher 1 2 1 2 1 2 1 2

Sur rocher Non Non Non Non Non Non Non Non Non Mangamila 1 Non Non Non Non Non Non Non Non Non Mangamila 2 Non Non Non Non Non Non Non Non Non Anjanadoria 1 Non Non Non Non Oui Oui Non Non Non Anjanadoria 2 Non Non Non Oui Non Non Non Non Non Manjakandriana 1 Non Non Non Oui Non Non Non Non Non Manjakandriana 2 Non Non Non Non Non Non Non Non Non Fihaonana 1 Non Non Non Non Non Non Non Non Non

Fihaonana 2 Non Non Non Non Non Non Non Non Non

Niveau de signification corrigé de Bonferroni : 0,0014

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TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION ...... 1

PARTIE 1 : MATERIEL ET METHODES ...... 4 1.1 Présentation des sites d’étude ...... 4

1.1.1 Choix du site d’intervention ...... 4

1.1.2 Localisation ...... 4

1.1.3 Climat ...... 5

1.1.4 Relief ...... 6

1.1.5 Sol ...... 6

1.1.6 Végétation ...... 7

1.2 Enquête ethnobotanique ...... 8

1.2.1. Visite préliminaire ...... 8

1.2.2. Objectif de l’enquête et confections de fiches d’enquêtes ...... 8

1.2.3. Choix des personnes enquêtées ...... 8

1.2.4. Méthodologie d’enquête ...... 8

1.3 Prélèvement sur terrain ...... 9

1.3.1. Texture du sol en place et le milieu du développement du drosera ...... 9

1.3.2. Inventaire floristique ...... 9

1.4 Traitements des données ...... 11

PARTIE 2 : RESULTATS ...... 12 2.1. Nombre et caractéristiques de personnes enquêtées ...... 12

2.2. Calendrier phénologique du Drosera madagascariensis : ...... 13

2.3. Ecologie du Drosera ...... 14

2.3.1. Toposéquence ...... 14

2.3.2. Abondance et recouvrement ...... 15

2.3.3. Sol ...... 17

2.3.3.1. Couleur ...... 17

2.3.3.3. Texture ...... 18

2.3.4. Etude phytosociologique ...... 18

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2.4. Utilisations du drosera ...... 19

2.5. Filière de l’exploitation du drosera ...... 20

2.5.1. Force ...... 20

2.5.1.1. Zones de collecte ...... 20

2.5.1.2. Système de collecte et les acteurs ...... 20

2.5.1.3. Traitement de la plante jusqu’au stockage ...... 21

2.5.2. Faiblesse ...... 22

2.5.3. Opportunité ...... 23

2.5.4. Menace ...... 24

2.5.4.1. Problèmes sur l’aire de développement ...... 24

2.5.4.2. Problèmes du produit et de sa collecte ...... 24

PARTIE 3 : DISCUSSION ...... 26 3.1. Aire de développement de Drosera madagascariensis ...... 26

3.2. Situation de collecte et stratégies pour la durabilité de Drosera madagascariensis sur les hautes-terres malgaches ...... 27

3.3. Pistes d’amélioration de la production du Drosera madagascariensis ...... 28

CONCLUSION ...... 31

REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUE ...... 32

ANNEXE ...... I

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