Tèt Grenné / GUADELOUPE

Heremakono / MAURITANIE En attendant le bonheur Daresalam / TCHA

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Libre / SÉNÉGAL

I.T. Immatriculation temporaire / GUINÉE

Roues libres / CÔTE D’IVOIRE Merci à Titouan Lamazou et aux Éditions Gallimard pour les dessins du dossier

3 Un cycle de six fictions

Six visions des mondes noirs d’aujourd’hui, six fictions tournées en Afrique et aux Antilles

Diffusion sur ARTE à partir du 3 mai 2002

Regards noirs et les interviews vidéo de tous les réalisateurs sont sur le site www.arte-tv.com

Contact presse: Virginie Doré / Florence Bouché - 01 55 00 70 46 / 48 v-dore@.arte.fr / [email protected]

en partenariat avec

et Entretien avec Pierre Chevalier directeur de l’Unité Fictions d’ARTE France

Comment est née cette idée d’un cycle de Quand avez-vous réellement rencontré téléfilms africains ? l’Afrique noire ? J’avais depuis longtemps envie de me Je suis allé à Ouagadougou, au FESPACO, en 4 confronter à la cinématographie africaine que 1999. Ce fut l’étincelle ! J’ai visionné beau- je connaissais assez mal, à l’exception de coup de documentaires, de courts et longs grands noms comme Souleymane Cissé, métrages, de fictions, et ai été frappé par la Ousmane Sembene, Med Hondo, Désiré créativité extraordinaire qu’il y avait en Afrique. Ecaré ou Idrissa Ouedraogo. C’est au fil de J’en suis reparti en me disant qu’il fallait absol- voyages, de découvertes photographiques – ument travailler avec ce continent. Quelques Martine Barrat, Marie-Laure de Decker –, de mois plus tard, je me retrouvais à Djibouti sur lectures – de Rimbaud à Koltès et Hampaté le tournage de Beau travail de Claire Denis, et Bâ–, d’échanges, que le projet s’est mis en la beauté des lieux, les gens, leurs regards, place. Une rencontre essentielle a été celle m’ont entraîné définitivement vers l’Afrique. d’Abderrahmane Sissako, dès 1992, à l’occa- Les réalisateurs ont commencé à échanger sion d’Octobre. Pour la collection «2000 vu des idées et à m’en parler. J’ai rencontré Issa par…», j’ai proposé à Abderrahmane de Serge Coelo grâce à Abderrahmane, puis travailler à nouveau ensemble avec La Vie sur Sidiki Bakaba sur le tournage de Daresalam. Ter re, l’histoire d’un petit village malien à la Ça s’est fait par contagion, par rhizome, en veille de l’an 2000. quelque sorte. Avez-vous donné une orientation plutôt l’idée de donner la parole à ceux qui ne de créer un cinéma du Sud, qui soit aussi un d’ensemble à ce projet ? la prennent pas. Je me suis dit qu’il y avait là cinéma du monde, reconnu autant en Je souhaitais que les réalisateurs évoquent la possibilité de regards différents, de factures Afrique qu’en Europe, à l’Est qu’à l’Ouest ! l’Afrique vivante, l’Afrique contemporaine, nouvelles – d’une télévision que ne se fait pas autant urbaine que villageoise, aussi bien et qu’on ne voit pas. Nous avons constamment Comptez-vous poursuivre ce travail avec dans le politique que dans le rapport social échangé. C’était une façon d’approcher l’ob- des réalisateurs africains ? ou amoureux. Il s’agissait d’affirmer la multi- jectif du tournage et d’apprivoiser les diffi- Oui, bien sûr, mais sans doute pas d’une plicité africaine en échappant à la dimen- cultés, les différences et aussi le hasard. façon aussi ramassée, plutôt selon un rythme sion du conte, du mythe et même de d’un à deux téléfilms par an. D’ailleurs, l’histoire coloniale. Quelles ont été les conditions de travail et Mohamet Saleh Haroun vient de terminer, avec de tournage ? la participation de l’Unité son premier long 5 Quelles ont été vos rela- Les tournages ont été effectués avec le métrage de fiction, Abouna, tourné au Tchad tions avec les réalisa- matériel que les réalisateurs souhaitaient : en automne 2001, et Gahité Fofana écrit un teurs ? 35 mm, Super 16, numérique. Je ne voulais nouveau projet qui pourrait se concrétiser Souvent fortes ! Les pas imposer, dans cette entreprise spéci- début 2003. Et puis l’Afrique est présente méthodes de travail fique, un format unique, celui de la DV, utilisé dans d’autres films de l’Unité, par exemple des cinéastes m’ont pour d’autres collections comme «Petites dans les collections : Bernard Stora a tourné constamment étonné. Caméras» ou «Masculin/Féminin». Ces tour- au Mali, avec Édouard Baer et Hélène Fillières, Leur re p è res sont davan- nages ont été souvent mouvementés, entre l’épisode qu’il a réalisé pour tage ceux du temps que de la les difficultés liées à la logistique, aux «Masculin/Féminin» (10 x 90 minutes). Radu narration, de l’image que équipes mixtes, aux problèmes d’autorisa- Mihaileanu vient d’achever Richesse nationale de l’histoire des person- tion, à l’absence quasi totale d’industrie au Cameroun, dans le cadre de la collection nages. Il n’y a pas cinématographique… Au total, même si les «Aux quatre coins du monde». Vous voyez, ce de notion d’auteur six films expriment une absolue pluralité de n’est qu’un début ! au sens occi- points de vue et de styles chez tous les réal- dental, mais isateurs, je ressens une volonté forte et unie sommaire

7 Libre vendredi 3 mai à 20.45 de Jean-Pierre SAUNÉ

11 I.T. (Immatriculation temporaire) samedi 4 mai à 22.40 de Gahité FOFANA

6 15 Daresalam samedi 11 mai à 22.40 d’Issa Serge COELO

19 Roues libres samedi 18 mai à 22.40 de Sidiki Sijiri BAKABA

23 Tèt Grenné samedi 25 mai à 22.40 de Christian GRANDMAN

27 Heremakono En attendant le bonheur d’Abderrahmane SISSAKO diffusion en juin à 22.40 SÉNÉGAL Libre de Jean-Pierre Sauné

Mention spéciale d’interprétation pour les trois enfants au FIPA 2002

vendredi 3 mai à 20.45

Hôr, un jeune Peul, quitte son village à la mort de ses parents et gagne Dakar. Hôr a promis à son père de ne jamais voler. Grâce à l’amitié d’un jeune garçon, d’un médecin blanc et d’un vieux griot, Hôr pourra tenir sa promesse. 7 Hôr est un jeune Peul de 13 ans que la guerre a profondément marqué. Il va à Dakar pour tenter d’y gagner sa vie. Il y rencontre Tierno, un peu plus âgé que lui, également venu tenter sa chance à Dakar. Tierno protège Désiré, 8 ans, originaire du même village que lui. Si Tierno et Désiré n’hésitent pas à voler ou à se livrer à tous les genres de trafics pour survivre, Hôr refuse. Il a promis à son père de ne jamais voler, de ne jamais tricher, et veut tenir sa promesse. Bien qu’irrité par cette attitude, Tierno est impressionné par l’honnêteté et le courage de Hôr. Les trois enfants se mettent à rêver d’un autrement possible, d’un bateau qui les mènerait loin des rues de Dakar. Mais la réalité a vite fait de rattraper les trois amis. Tierno comprend qu’Astou, la jeune Malienne dont il est épris, se prostitue la nuit. Et surtout, le petit Désiré est mortellement blessé par le chef d’une bande de malfrats, le même qui a mis Astou sur le trottoir. Philippe, le médecin blanc de l’hôpital du quartier, ne parvient pas à sauver Désiré. Tierno, désespéré, tue le chef de la bande et se retrouve en prison. Grâce à l’influence de Philippe et à l’aide d’un vieux griot, ami du docteur, Tierno est libéré. Philippe a promis d’emmener les deux jeunes loin de la ville. Un long voyage commence, mais si Hôr reste parmi les siens, Tierno décide de retourner à Dakar pour retrouver Astou et essayer de s’en sortir à deux... En débarquant en Mauritanie, j’ai pu rencon- Vous mettez en lumière un dysfonction- LE RÉALISATEUR trer les gamins de la rue et j’y ai aussitôt senti nement majeur de l’économie du pays : Jean-Pierre Sauné une amorce de sujet. Une de mes grandes l’économie parallèle, le système D, où l’on- émotions a été de visiter la prison pour enfants s’assure une place sur la décharge d’or- Je a n - P i e rre Sauné est né en France en juin 1955. de Nouakchott qui venait de se créer : certains dures de la ville… Chef opérateur, puis directeur de casting, il enfants n’avaient volé qu’un sachet de thé au Ce que je voulais montrer, c’est qu’au cœur réalise entre 1984 et 1987 deux courts métrages marché ! Au terme de ce voyage, j’ai d’abord même de cet enfer, très difficile à supporte r, on de fiction, Em p reintes forcé e s et Moments de pensé que ce sujet était impossible à traiter : peut ren c o n t rer des êtres porteurs d’espoir et du rel â c h e . Son premier long métrage, Co u p e je craignais de verser dans la sensiblerie. J’ai désir de vivre. D’ailleurs, toute l’Afrique joue ce fr a n c h e , interprété par Julie Jézéquel, Pierre- ensuite fait un deuxième voyage, au Sénégal, rôle de régénérescence pour nous, Occidentaux. Loup Rajot, Serge Reggiani et Guy March a n d , grâce à des associations en contact direct so rt en 1989. De ses nombreux voyages en Inde avec les enfants de la rue. Et là, le travail Le personnage de Hôr, ce Peul égaré dans la et en Afrique (Gabon, Mauritanie, Sénégal) et de d’écriture s’est fait et s’est nourri de mes ville, m’a fait penser à une figure quasi sa ren c o n t re avec les enfants des rues naît Li b re , re n c o n t res avec des gens d’ONG, de mystique, angélique. Une sorte de juste refu- son deuxième long métrage. Il écrit actuellement l’UNESCO, des gens de terrain. Au total, il y a sant le vol par engagement moral envers son le troi s i è m e . eu cinq versions du scénario et vingt-deux père. Il a quelque chose d’illuminé aux yeux 8 voyages de préparation en Afrique. S’est de Tie r n o . ensuite posée la question de savoir comment Tout à fait. Il représente un électrochoc pour les faire jouer des enfants de la rue – il n’était pas au t res. L’idée de ce personnage a déclenché le question d’avoir des acteurs – et de les faire scénario. Ce que je voulais, c’était révéler des ENTRETIEN participer à un tournage. J’ai donc créé une personnages et non pas des «cas» étiquetés avec Jean-Pierre Sauné association, indépendante de la production, «SDF», «enfants de la rue»… Il me fallait donc qui donne un espace de liberté à ces enfants. un révélateur susceptible de dévoiler leurs Vous êtes français et votre premier film, désirs – ce que leur quotidien ne permet pas de Coupe franche, n’a pas de rapport avec Les premiers plans du film, à Dakar, sont quasi fa i re . l’Afrique. Comment avez-vous eu l’idée de documentaires, même s’il s’agit du regard que Li b r e ? Pourquoi un film autour de l’Afrique ? porte Hôr sur la ville. Il y a d’ailleurs tout au Le personnage de Bohringer est-il une Ce sont les hasards de la vie qui m’ont long du film des prises de vues documen- évocation des «French doctors» ? d ’ a b o rd conduit en Inde, re n c o n t rer les taires, presque en caméra cachée. Oui, même s’il représente toute l’ambiguïté de gamins de la rue. Après, c’est grâce à une Je le prends comme un compliment car tout l’humanitaire en Afrique. Il incarne à la fois le journaliste de RFI, qui m’a sensibilisé à ces est mis en scène, même s’il y a une volonté de désir de solidarité et un certain individualisme. questions, que je me suis retrouvé en Afrique. donner cette impression de documentaire. Car le médecin est aussi là pour se réparer. Finalement, pour vous, lequel des deux personnages, entre Hôr et Tierno, est vraiment libre ? Est-ce qu’être libre, c’est refuser de voler et vivre selon ses principes moraux ? Le plus beau personnage du film, c’est Tie rn o . C’est le personnage qui a le plus d’épaisseur humaine. Hôr est un personnage plus théorique, po rteur d’une mission. C’est un personnage qui nous échappe. Tie rno a toutes les composantes du spectre humain. Il accepte d’être bousculé par Hôr et ret rouve finalement sa foi.

Comment avez-vous choisi les trois princi- paux comédiens ? Comme les enfants grandissent et mûrissent très vite à l’adolescence, on a été obligé de 9 fa i re un casting immédiatement avant la prépa- ration du tournage. Pour trouver les enfants de Richard Bohringer ACTEUR EN AFRIQUE la rue, je me suis reposé sur mon association, qui a une grande connaissance du terra i n . Il débute sa carrière en 1970 dans La Maison de Gérard Brach mais il est surtout remarqué dans C’est là qu’on a rencontré le petit Désiré. On a Diva, le premier film de Jean-Jacques Beineix en 1980. Il passe de petits rôles au statut de eu plus de mal à trouver Tie rno. Je me suis dit vedette avec J’ai épousé une ombre de Robin Davis (1983) et Péril en la demeure de Michel que c’est un gamin qu’on trouverait dans les Deville (1985). En 1988, il obtient le César du meilleur acteur pour Le Grand Chemin de Jean- milieux de la boxe ou du karaté, un gamin Loup Hubert, aux côtés d’Anémone. Grâce à son talent et à ses choix (Mocky, Jugnot, Leconte, pouvant faire du sport malgré les conditions de Miller) il devient l’un des principaux acteurs français. Il est également écrivain et publie en 1988 la rue. Ce qui s’est confirmé. Pour les répéti- C’est beau une ville la nuit. Il tourne aussi pour la télévision : les épisodes de la série Un homme tions, j’ai engagé un metteur en scène de en colère (1997), Telle mère, telle fille d’Élisabeth Rappeneau (1998), Retour aux sources son t h é â t re sénégalais, parfaitement bilingue deuxième téléfilm en tant que réalisateur (2000) et pour le cinéma : Les Caprices d’un fleuve de français/wolof, possédant une expérience Bernard Giraudeau (1996), La vérité si je mens de Thomas Gilou (1997), Rembrandt de Charles auprès d’enfants en rup t u re. Entre les «comé- Matton (1999), Mauvais genres de Francis Girod (2001). Il vient de terminer Total Khéops d’Alain diens» et les gens de mon association, on a Bévérini d’après le roman de Jean-Claude Izzo et interprète, en ce moment, le rôle principal de créé une dynamique de groupe pour éviter à Au bout du rouleau de Thierry Binisti, d’après l’oeuvre de Joseph Conrad, dans la collection tout prix le côté individualiste du cinéma. ÇAux quatre coins du mondeÈ pour ARTE (4x90 minutes). LISTE ARTISTIQUE FICHE TECHNIQUE

Charles Correa Réalisation Costumes Hôr Jean-Pierre Sauné El Haj Malick Sy

Mamadou Tall Scénario Réalisation musicale Tierno Jean-Pierre Sauné Georges Baux Inspiré d’une idée originale de Carmen Bader Siradiou Dia Produit par Désiré Adaptation et dialogues Sahbi Aloui et Jean-Luc Pellier, Jean-Pierre Sauné Rougemarine N’Deye Sirra Biteye Astou Avec la collaboration de Direction de l’Unité Fictions d’ARTE France Michel Meyer Pierre Chevalier Adama Kouyate 10 le griot Image Une coproduction Matthieu Poirot-Delpech ARTE France Maurice Sonar Senghor Rougemarine le juge Son Ludovic Escallier Avec la participation Khaly Diakhate du Centre national de Malick, jeune aveugle Montage la cinématographie, Didier Ranz de la Procirep.

Mixage et montage son France – 2002 – 1h34mn Avec la participation exceptionnelle Ludovic Escallier de Richard Bohringer (le médecin) Décors Moustapha Picasso Ndiaye GUINÉE

I. T . (Immatriculation temporaire) de Gahité Fofana

Prix spécial du jury du Festival international du film francophone de Namur 2001

samedi 4 mai à 22.40

En Guinée, un métis, Mathias, recherche un père inconnu dans un pays qui lui est étranger. 11

Mathias, fils d’une Française, ret o u rne en Guinée pour essayer de ret ro u v e r son père biologique. À peine arrivé, il est dépouillé de ses effets personnels et de ses papiers. Dans un bar, il fait la connaissance de John Tra, un chef de bande qui lui présente sa sœur, Rama. Le lendemain, Mathias part avec elle pour Fria, une ville industrielle moribonde où son père, qui travaillait pour les usines Péchiney, est supposé se trou v e r. Le soir, Mathias ret rouve John Tra dans un bar de la ville tenu par un certain Sylla. Le Français est loin de se douter que ce sont les hommes de Sylla qui l’ont dépouillé le jour de son arrivée. Mathias partage son temps entre Rama et ses soirées avec John Tra, dans le bar de Sylla. Le Français ret rouve finalement son père, un homme usé et alcoolique. Mathias décide de ren t rer à Paris. Il se rend à Co n a k ry pour ref a i re son passeport. Mais l’ambassade refuse de lui en dé l i v rer un. Par besoin d’argent, Mathias accepte de participer au braquage d’une villa que John Tra et Sylla ont préparé. Leur équipée tourne mal… D'autant que ce n'était pas prévu et que j'ai dû LE RÉALISATEUR ENTRETIEN remplacer au pied levé l'acteur qui tenait le avec Gahité Fofana Gahité Fofana rôle après une semaine de tournage… Dans le chaos général, ça ne s'est pas trop vu. De Gahité Fofana est né en Guinée en 1969. Ce Quelle est l'origine du projet ? toutes façons, je n'avais pas le choix. jeune réalisateur s’est principalement J'avais réalisé un documentaire intitulé distingué comme documentariste, avec Mathias, le procès des gangs, l'histoire d'une Le regard de Mathias – et du cinéaste – sur Tanun (1994), qui reçoit le Prix Black Movies soixantaine de jeunes qui avaient semé la la ville est quasi documentaire… au Festival de Genève en 1995, Une parole, terreur dans Conakry pendant six mois : ils C'était mon intention. Ce que je voulais, c'était un visage (1995), témoignages d’hommes et avaient été arrêtés et leur procès avait été télé- capter des moments de vie et ensuite les de femmes séropositifs en Afrique. Son court visé. J'avais envie de traiter de ce même sujet assembler au montage. C'était plus simple métrage de fiction Témédy, réalisé pour la à travers une fiction pour montrer une autre qu'une mise en scène très précise, d'autant collection «Les artistes africains et le sida», facette de ces jeunes qui cherchent à survivre. qu’aucun comédien sur le tournage n'avait reçoit en 1996 le Prix spécial du jury à la Quitte à participer à des braquages et à tuer fait de cinéma auparavant. Mostra de Venise. En 1999, son documentaire des gens. Mathias, le procès des gangs (1997), l’histoire Tourner avec des non-professionnels, 12 d’un jeune homme condamné à mort, atten- Le fait que vous interprétiez le protagoniste c'était un choix délibéré ou le résultat des dant son exécution dans une prison laisse penser qu'il s'agit d'un récit autobio- contraintes de tournage en Guinée ? guinéenne, obtient le Prix Radio Canada graphique… Un choix délibéré. Car dès le stade du Télévision de Montréal et le deuxième prix Ce n'est pas du tout autobiographique. J'ai scénario, en décrivant les personnages, je vidéo au FESPACO à Ouagadougou. I . T. campé le personnage principal tout simple- pensais tourner avec ces interprètes que je (Immatriculation temporaire) est son premier ment parce que je n'arrivais pas à trouver un connais tous. En outre, en Guinée, je connais long métrage de fiction. métis pouvant jouer ce rôle et donner le ton surtout des acteurs de théâtre. Et pour avoir que je recherchais. J'ai d'abord tenté le coup ce ton réaliste que je recherchais, ça ne avec un comédien professionnel – contraire- pouvait pas fonctionner avec des gens de ment aux autres interprètes, tous non profes- théâtre. Je préférais donc prendre des gens sionnels –, et ça ne passait pas. dont la personnalité ressemblait à mes personnages. Pour un premier long métrage de fiction, ce n'était pas trop difficile d'être à la fois Deux scènes laissent entendre que vous devant et derrière la caméra ? dénoncez l'acculturation : la diffusion d'un C'était compliqué psychologiquement. programme télé exclusivement blanc et la solitude de brousse. C'est d'ailleurs une ville très mal Mathias, isolé desservie, presque sans route pour la relier au par la barrière reste du pays. Ce qui m'intéressait, c'était que linguistique. ce personnage qui vient des banlieues fran- Sous le régime çaises se retrouve un peu dans le même de Sékou décor. Avec ces immeubles autour de lui, il Touré, jusqu'au était moins dépaysé. coup d'État de 1984, chaque Le personnage de Mathias semble impas- écolier appre- sible, on dirait que tout glisse sur lui. nait la langue Il vient à la recherche d'une Afrique qu'il a de sa région. imaginée. En plus, dès son arrivée, il est déva- Aujourd'hui, toute une génération ne parle lisé et, symboliquement, se fait endormir au donc pas le français, ce qui a créé une géné- chloroforme. Il se trompe aussi de chemin en ration d'exclus, la langue officielle du pays recherchant des liens de sang avec son père. étant encore le français… D'autre part, s'agis- Ce qui explique son état permanent «en déca- 13 sant de la télévision, les séries brésiliennes lage». Ce sont davantage les personnages de inondent les télés africaines. Aujourd'hui, tout Tra, Rama et Sylla qui vont le faire exister. Il est le monde regarde ça, ce qui crée des repères constamment en quête de son identité, et je totalement décalés par rapport au quotidien. voulais montrer qu'il est plus à la recherche de quelque chose en lui qu'autour de lui. Vous pointez également du doigt le mode Malgré plusieurs scènes de nuit, vous de vie urbain qui a été plaqué sur cette n'avez pas tourné en DV ? partie de l'Afrique : paysages industriels Non, j'ai tourné en Super 16. Si j'ai tourné de désolés, barres d'immeubles HLM, etc. nuit, c'est pour montrer que beaucoup de En fait, la ville de Fria où se passe le film a été choses sont cachées et qu'il y a une impossi- construite par Péchiney dans les années 60 bilité de discerner le monde clairement. En pour exploiter les mines de bauxite. Avec des quelque sorte, je voulais montrer ce qu'on ne bâtiments de style Le Corbusier, des maisons voyait pas. pour les cadres et des immeubles pour les ouvriers – le tout autour de l'usine, en pleine LISTE ARTISTIQUE FICHE TECHNIQUE

Fatoumata Kanté Scénario et Réalisation Produit par Rama Gahité Fofana Guy Marignane, Léo & Cie

Gahité Fofana Image Direction de l’Unité Fictions Mathias Lénault Peter Chappell d’ARTE France Pierre Chevalier Yves Guichard Traoré Montage John Tra Yannick Kergoat Une coproduction Ibrahima Sano ARTE France Sylla Son Léo & Cie, F.G.F. Maguette Sala, Jérôme Ayasse, Avec la participation de Olivier Busson Avec la participation Moussa Kémoko Diakité, du Centre national 14 So Baïlo, la troupe Péssé, Montage son de la cinématographie Les étoiles de Boulbinet Junior Béatrice Wick et du ministère français des Affaires étrangères. Mohamed Dinah Sampil Mixage Alhassane Anne Le Campion France/Guinée – 2000 – 1h13mn Alsény Bah Les trois voleurs Musique originale Sékou Kouyaté Houraye Bah Dyaraye

Mamadou Dian Diallo M. Camara

Taye, Fatoumata et Kadiatou Les trois filles

Ibrahima «B» Soumah L’homme de la villa TCHAD Daresalam d’Issa Serge Coelo

samedi 11 mai à 22.40

Dans un Tchad en pleine rébellion, une chronique réaliste de la guerre civile par deux jeunes paysans...

Le Tchad, de nos jours. Au village de Galbal, Djimi, fils aîné du paysan Yacoub, et son ami Koni, le neveu du vieux Moussa, 15 travaillent à la récolte du mil. Les villageois s’apprêtent à vendre le fruit de leur travail quand ils reçoivent la visite du chef du poste administratif venu collecter l’impôt. Une première altercation a lieu. Djimi doit quitter Djabal pour accompagner sa mère au dispensaire d’un bourg voisin afin de soigner le dernier-né de la famille, un nourrisson fiévreux et anémié. Pendant leur absence, le village reçoit la visite du préfet puis du ministre accompagné de militaires. Une sévère répression éclate contre les villageois qui trouvent l’imposition trop lourde. Sur le chemin du retour au village, le bébé meurt. Djimi retrouve Koni. Ils fuient ensemble pour rejoindre les rebelles du Front révolutionnaire de l’armée populaire (FRAP), persuadés qu’ils pourront construire un pays où la population ne sera plus victime d’injustices. Dans le désert, ils découvrent la vie communautaire des soldats rebelles. L’apprentissage est dur ; les premiers combats, implaca- bles. Malgré les victoires sur l’armée régulière, des dissensions apparaissent au sein du FRAP. Bientôt le capitaine Bichara fera scission et rejoindra l’armée gouvernementale. Koni le suivra aban- donnant ainsi Djimi à l’autre camp. Se sentant trahi, Djimi restera désemparé devant la tournure que prendront les événements. Chacun connaîtra sa destinée dans un pays à feu et à sang. dans les années 80, la guerre était à son LE RÉALISATEUR ENTRETIEN comble et je suis allé vivre d’autres aventures avec Issa Serge COELO Issa Serge Coelo dans des pays voisins comme le Mali. Et ensuite en France pour faire mes études de Issa Serge Coelo est né en 1967 au Tchad. Il Quel a été le point de départ du film ? cinéma. C’est donc une histoire inspirée de fait des études d’histoire, puis de cinéma à C’est un livre sur le mythe d’Abel et Caïn qui l’Histoire avec un grand H, celle du Tchad des l’ESRA (Ecole supérieure de réalisation audio- m’a beaucoup appris : je l’ai transposé à la années 65 aux années 80, et de ma propre visuelle) à Paris. Après des débuts en tant que réalité tchadienne, et plus particulièrement à expérience. cadreur TV, puis comme assistant réalisateur, l’histoire du Tchad de ces trente dernières en particulier de Souleymane Cissé, il réalise années, que j’ai racontée à travers le parcours Le film analyse très finement les mécan- en 1994 son premier court métrage, Un taxi de deux amis paysans. Ces deux person- ismes du déclenchement concret de la pour Aouzou, qui obtient l’année suivante une nages s’engagent dans une lutte idéologique guerre civile. nomination au César du meilleur court qui démarre comme une jacquerie, puis J’avais envie de relater certains événements métrage. Suivent deux documentaires, Dans devient un mouvement de rébellion, de dissi- qui ont vraiment eu lieu au Tchad. Et c’est vrai les sables de Bourème (1995), consacré aux dence armée. Les deux pro t a g o n i s t e s que le fait de partir des paysans, avec leurs ravages de la sécheresse au Mali, et espèrent y trouver les moyens de combattre la terribles difficultés matérielles, m’a permis de 16 L’Auberge du Sahel (1998), portrait de cinq terrible injustice qu’ils subissent. tisser le fil autour d’événements précis qui personnages ayant en commun d’habiter le amènent mes personnages à faire la guerre. Sahel. D a re s a l a m est son premier long Quel est le sens du titre, Daresalam ? Je voulais détailler leurs motivations – car on métrage, et c’est également le premier film C’est un nom arabe qui signifie à la fois «le ne part pas en guerre comme ça, sur un coup réalisé en 35 mm au Tchad. pays du salut», «le havre de paix», «la maison de tête – et leurs espoirs de changement. du repos» et même «la terre des purs» dans un sens plus spirituel. Il y a une dénonciation très claire du pouvoir central. Le ministre de l’Intérieur, Avez-vous mené un travail de recherche et en dépit de sa barbarie, apparaît comme un de documentation ou avez-vous davantage pantin, une marionnette du pouvoir. puisé dans vos souvenirs personnels ? La plupart des personnages qui détiennent le C’est un mélange des deux. J’ai vécu la pouvoir dans le film – du côté du gouverne- guerre au Tchad dans les années 70. Je vivais ment ou des rebelles – apparaissent comme dans un village où on suivait de très près l’at- des marionnettes, non pas parce qu’ils sont mosphère politique. Quand j’ai quitté le Tchad manipulés, mais parce qu’ils ne savent pas eux-mêmes où ils vont. Personne ne sait où il Le tournage a été épique ! Il s’est étalé sur la Sissako au FESPACO, le plus grand festival de va. La réalité politique les dépasse tous. moitié du pays et a été compliqué parce qu’on cinéma africain, il y a sept ans et Sidiki a tourné avec des gens qui n’étaient pas Bakaba joue même dans mon film. On travaille Pour évoquer la guerre, vous optez pour un habitués à faire du cinéma… Il y avait donc un tous dans la complémentarité et la singularité. montage d’images très violentes, proches vrai problème de compréhension : les du documentaire, avec un seul fond paysans qu’on a rencontrés ne musical pour toute bande sonore. savaient pas vraiment ce qu’é- On a choisi la musique au montage pour tait un film, ils ne compre- renforcer le côté dramatique de ces scènes-là. naient pas notre démarche On a effacé le son direct pour garder une sorte et nous trouvaient un peu de vent qui souffle sur cette partie de l’histoire, envahissants. On nous comme une horrible brise qui ensable les conseillait même de faire personnages… un «vrai travail» plutôt que du cinéma, qui, J’ai eu le sentiment très net que vous cher- pour eux, n’a aucune chiez à mettre en évidence que trois formes valeur ajoutée ! 17 d’idéologie et de croyances s’entrecroi- saient et entraient parfois en contradiction : Avez-vous montré le le socialisme révolutionnaire, l’islam et le film au Tchad ? poids des traditions africaines. Oui, dans la capitale et Oui, car le Tchad est un pays charni è re, il est au en province. Il a tourné ce n t re de l’Afrique. Il subit l’influence des pays dans des salles de musulmans, de la tradition animiste et de vidéo-club et les salles l’héritage colonial français. Le pays a donc du sont combles ! mal à se trouver une identité culturelle prop re , d’autant que la guerre nous a encore fait Avez-vous rencontré les pre n d re du ret a rd pour construi re cette identité. autres réalisateurs de “Regards Noirs” ? Comment s’est passé le tournage ? Je crois Pour la plupart, ce sont des amis. Gahité qu’il s’agit du premier film tourné au Tchad. Fofana, notamment, est sorti de la même C’est le premier film en 35 mm tourné là-bas. école que moi. J’ai rencontré Abderrahmane LISTE ARTISTIQUE FICHE TECHNIQUE

Haikal Zakaria Réalisation Produit par Djimi Issa Serge Coelo Pierre Javaux, PJP

Abdoulaye Ahmat Scénario Direction de l’Unité Fictions d’ARTE France Koni Issa Serge Coelo, Ismael Ben Cherif, Pierre Chevalier Pierre Guillaume Gérard Essomba Une coproduction Adoum Image ARTE France Jean-Jacques Mrejen Pierre Javaux Productions Sidiki Bakaba Parenthèse Films Félix Son Le Ministère de la Communication André Rigaut et de la Culture du Burkina Faso. Youssouf Djaoro Cherif Youssouf 18 Tom Montage Avec la participation Catherine Schwartz du Centre national Garba Issa Malloum de la cinématographie, Yacoub Musique du Fonds Sud Cinéma, Khalil Chahine du ministère des Affaires étrangères, Fatime Baba Hassan de l’Agence de la francophonie Achta Costumes et de la République du Tchad. Fanny Djiengard Khalite Deye France/Burkina-Faso – 2000 – 1h40mn la mère

Adam Idrissa Bichara

Moussa Atim le chef du village CÖTE D’IVOIRE Roues libres de Sidiki Sijiri Bakaba

samedi 18 mai à 22.40

Un thriller pas banal dans la nuit d’une ville africaine, mené tambour battant par des braqueurs handicapés moteur et un chauffeur de taxi kidnappé...

Dans une grande ville d’Afrique qui pourrait être , Fofana, un chauffeur de taxi, fait sa tournée quotidienne tant bien que mal dans les tourbillons du trafic. Profitant de l’afflu- 19 ence, Patcheco et Guelé, deux handicapés, s’approchent de sa voiture, arme au poing. Ils abandonnent leurs chaises roulantes, montent et ordonnent aussi sec : direction le supermarché «Froid Industriel». La tournée en taxi vire alors à la nuit de braquages. Fofana vole pour eux sous la menace de leurs armes. Devant le cinéma «Liberté», ils prennent en otage Rock, un autre handicapé, et volent la recette de la soirée. L’équipée se complique. D’autant que le commissaire Blazo qui connait bien la ville s’est lancé à leurs trousses. Ils sont bientôt repérés. La cavale se poursuit et ils continuent à dépouiller tous ceux qui c roisent leur chemin. Un riche commerçant passe à leur moulinette et repart sans argent ni vêtement. Puis il faut déposer Rock à «l’O.N.U.», un refuge-ghetto pour handicapés. Mais les flics se rapprochent et la fuite s’arrête sur la plage au petit matin, où les «bracos» sont tués par Blazo. Un peu plus tard, le commissaire est victime d’un accident de voiture, et il se retrouve dans un fauteuil roulant… Le chauffeur de taxi, dont on entend les LE RÉALISATEUR ENTRETIEN pensées en voix off, est-il le double du réali- avec Sidiki Bakaba Sidiki Sijiri Bakaba sateur ? Effectivement. C'est d'ailleurs moi à l'origine Sidiki Sijiri Bakaba est né en 1949 à Ben Qu'est-ce qui vous a donné l'idée de qui devais tenir ce rôle, mais on s'est rendu Abengourou, Côte d’Ivoire. Après des études tourner ce drôle de polar ? compte que c'était un personnage complexe d’art dramatique à Abidjan, il poursuit sa Je voulais filmer la ville. On a suffisamment qu'il valait mieux confier à un très grand comé- formation par des stages au Living Theater et filmé l'Afrique des cases. La ville me rappelle dien, Adama Dahico, qui joue un vrai rôle de auprès de Grotowsky. Parallèlement à une aussi le village car on a simplement transposé composition. C'est vrai qu'il y a des conni- importante carrière d’acteur, il enchaîne des les problèmes des villages dans les villes… Le vences évidentes entre ce personnage et le réalisations de courts et longs métrages film est tiré d'un fait divers : il y a trois ans, metteur en scène. depuis le début des années 1980. Tourné en deux handicapés ont pris en otage un chauf- 1988, Les Guérisseurs, Prix «Voix de l’espoir» feur de taxi. Je trouvais intéressant de réaliser J'ai eu le sentiment que le film militait au FESPACO de Ouagadougou, est un film un film d'action avec des personnages qu'on contre la «victimisation» des handicapés… policier qui porte un regard critique sur les cantonne en général dans leur rôle de handi- Absolument. Les handicapés sont encore c a d res des pays africains formés en capés. considérés en Afrique comme ayant un 20 Occident. En 1992, il réalise deux courts pouvoir magique ou maléfique : quand un métrages, La Paro l e et L’ A n n i v e r s a i re de Il y a un renversement des codes du genre couple croise un handicapé au détour d'une Daymio, avant de mettre en scène le téléfilm et une constante ironie dans le film : les rue, ils se disent souvent que c'est peut-être Tanowé des lagunes deux ans plus tard pour traditionnelles victimes – les handicapés – un diable ! Ce que je voulais montrer, c'est la télévision ivoirienne. Réalisateur de 1995 à sont ici les malfaiteurs… que les handicapés sont des gens comme 1998 de l’émission Le nord est tombé sur la Oui, d'autant que le regard sur les handicapés tout le monde et qu'ils peuvent même devenir t ê t e pour TV5 Sidiki Bakaba est l’actuel en Afrique n'est pas du tout le même qu'en présidents, à l'image de Franklin Roosevelt ! d i recteur général du Palais de la culture Europe. Quand on les voit dans des villes d’Abidjan. Réalisateur de Roues libres, il a comme Dakar ou Abidjan, on se demande Il y a aussi un côté fable dans le film, avec également joué en tant qu’acteur dans un vraiment comment ils font pour surv i v re ! une morale à la fin de l'histoire puisque le a u t re film du cycle «Regards Noirs» : D'ailleurs, je ne les ai pas du tout entraînés commissaire de choc se retrouve lui aussi Daresalam d’Issa Serge Coelo. pour le film : ce qu'on voit dans Roues libres, privé de ses jambes… c'est leur mode de vie bien à eux ! Il y a deux chansons qui ont été composées pour le film, dont l'une dit qu'on peut naître handicapé, mais qu'on peut aussi finir handi- capé… Et c'est effectivement ce qui arrive au Avez-vous rencontré d'autres réalisateurs Je lui ai expédié timidement mon projet, en me commissaire, même s'il ne s'arrête pas de de ÇRegards NoirsÈ ? disant que si personne n'en voulait, je le tour- travailler dans la police pour autant. J'ai travaillé sur Daresalam et c'est à cette nerais quand même, quitte à filmer en VHS ou occasion que j'ai rencontré Pierre Chevalier. avec les moyens du bord… Pourquoi avoir tourné en vidéo numé- r i q ue ? Cela vous a-t-il donné plus de liberté et de souplesse ? En fait, la plupart des comédiens se sentaient beaucoup plus rassurés de tourner devant une caméra numérique, plus légère qu'une caméra 35 mm. Par ailleurs, on tournait l'es- sentiel du film de nuit et le numérique permet de tourner en basse luminosité presque sans éclairage. Et je dois dire que l'équipe fran- çaise qui nous a aidés a été formidable. Si je devais re c o m m e n c e r, je tournerais de 21 nouveau en numérique.

Comment avez-vous choisi les comé- diens ? Pour un tel film, je craignais au départ que les handicapés ne viennent pas délibérément : certains n'aiment pas se montrer en public, d'autres ont peur que leur famille les recon- naisse à l'image, etc. Pourtant, quand ils ont su que c'était moi qui voulais faire un film sur les handicapés, ils sont venus me voir. Ils savaient que je les traiterais comme n'importe qui. D'ailleurs, sur le tournage, quand je n'étais pas content, je leur disais, et quand j'étais satisfait, je le leur disais aussi… LISTE ARTISTIQUE FICHE TECHNIQUE

Adama Dahico Réalisateur Produit par Fofana, dit Café serré Sidiki S. Bakaba Ayala Bakaba, Afriki Projection et Berti Dichi, Image Resource Placide Bayoro Scénario et dialogues Guelé, dit Pirate 1 Sidiki et Ayala Bakaba Directeur de l’Unité Fictions d’ARTE France Pierre Chevalier Daouda Traoré Image Patcheco, dit Pirate 2 Alain Levent Une coproduction ARTE France Sidiki S. Bakaba Image 2e équipe Afriki Projection Commissaire Blazo Joseph Muganga Image Resource

Michel Gohou Son Avec la participation 22 Amara, dit Rock Pascal Armant du ministère français des Affaires étrangères Alomo Ignace Konan Son 2e équipe (Coopération et Francophonie), Sergent Kra Sébastien Imbona du Centre national de la cinématographie, Corinne Haccandy Musique originale avec la contribution Ema Amara Meiway de l’Union européenne, du ministère de la Culture Maho Monké Montage de Côte d’Ivoire (CENAC Pablo Vera Memmi et CNACCNC Côte d’Ivoire), de la Radio Télévision Ivoirienne Décors et avec le soutien de l’Agence Timothé Ziagnon, Sidiki Bakaba, de la francophonie (ACCT). Alassan Souma France/Côte d’Ivoire – 2001 – 1h25mn Costumes Assiatou Traoré, Ciss Saint Moise GUADELOUPE Antilles Françaises Tèt Grenné de Christian Grandman

samedi 25 mai à 22.40

La Guadeloupe aujourd’hui, vue à travers le destin d’une famille de sans-abri des faubourgs de Pointe-à-Pitre...

Tèt Grenné est le nom d’un terrain vague à la périphérie de Pointe-à-Pitre. C’est là que Roland, un sexagénaire très porté sur le rhum, et les siens ont 23 élu domicile dans un baraquement sommaire composé de trois bus réaménagés. Ils partagent un quotidien précaire et difficile. Muriel, la fille de Roland, âgée de trente ans, souffre de trou- bles mentaux. Richard, le fils adoptif de Roland, survit en jouant aux dés dans des parties qui se terminent souvent en bagarre générale. Régulièrement, Teddy, un gamin âgé de douze ans, s’échappe de la HLM de sa mère pour suivre Richard à la trace et lui donner des cours de lecture. Ils sont bientôt rejoints par Sally, jeune Dominicaise de trente ans poursuivie par les hommes de main de son ancien employeur à qui elle vient de dérober une mallette pleine d’argent… partout, à Paris pour commencer, et d’ailleurs Ce qui frappe dans le film, c’est cette appar- LE RÉALISATEUR dans la première version du scénario, l’histoire ente tranquillité derrière laquelle la violence Christian Grandman se passait à Paris. Et comme j’étais aux est omniprésente, à la fois dans les situa- Antilles à ce moment-là, je me suis dit qu’il tions que vous décrivez et les rapports Né en 1969, Christian Grandman est originaire fallait situer l’histoire là-bas, où l’on retrouve la sociaux. de Guadeloupe. Auteur-réalisateur et produc- même marginalité. Je voulais montrer ce contraste entre cette teur, il coréalise en 1997 avec Hugues Poulain apparente nonchalance, en grande partie due un court métrage, Chaussée glissante. Il est La dimension sociale est de toute évidence au climat, et la violence soudaine. Quand je ensuite lauréat de la Fondation Hachette pour au cœur de vos préoccupations. Avez-vous suis là-bas, je ressens une violence latente, le scénario de Tèt Grenné, son premier long été tenté de réaliser un documentaire ? permanente, tout le temps. métrage de fiction. Jamais. Mais je voulais faire un film en étant à la limite du documentaire. Même si dès le Vous n’aviez pas peur qu’on vous accuse départ il s’agissait de réaliser une fiction, dans de forcer le côté dramatique de la situation ENTRETIEN la façon dont je voulais la filmer et dans la sociale des protagonistes (le vieil avec Christian Grandman liberté que je voulais conserver sur le film. alcoolique, la fille perturbée psychologiquement, le fils adoptif 24 Quel a été le point de départ du film ? En dehors de vos souvenirs personnels, illettré…) au risque d’entamer la crédi- Souhaitiez-vous depuis longtemps aborder est-ce que vous vous êtes documenté sur bilité? le problème de la marginalité en le mode de vie de ces marginaux, de ces Non, parce qu’il s’agit d’une tragédie, et la Guadeloupe ? sans-abri ? tragédie est aussi dans la vie. J’y ai pensé au Je n’ai pas grandi aux Antilles, mais ma famille Pas vraiment. Le sujet du film n’a pas moment de l’écriture, mais je savais qu’avec la vient de là-bas et j’y passais presque toutes commencé quand j’ai écrit le scénario. Ce manière dont je voulais traiter cette histoire, je mes vacances quand j’étais petit. sont des choses que j’ai en moi depuis bien ne risquais pas de basculer dans quelque Progressivement, en vieillissant, j’y allais – en plus longtemps et qui sont nourries par des chose de trop mélo. D’ailleurs, on ne voit le vacances toujours – mais avec un regard qui films, des documentaires, des lectures, etc. père boire qu’une fois, c’est plutôt un senti- changeait. Je commençais à me raconter des Bien sûr, il a fallu que je m’imprègne d’une ment diffus qu’on a à son égard, quelque histoires sur les gens que je voyais et puis je réalité créole qui me manquait. Après les chose de suggéré. Je suis tout le temps resté faisais aussi beaucoup de photos. Les premières versions du scénario, j’ai travaillé sur le fil pour mes personnages. Et la dimen- personnages du film sont donc nés de ces avec un écrivain, Roland Brival, qui m’a sion documentaire que je voulais m’a aidé à photos et de ces récits imaginaires. Quant à la apporté beaucoup d’éléments de cette iden- amener constamment du réalisme et de la marginalité, c’est un thème que je ressens tité créole. crédibilité. Étant donné le sujet et le traitement, vous n’avez jamais été tenté de tourner en DV ? J’aime bien la matière film, le grain que le film renvoie. C’est plus naturel pour moi.

Vous n’avez tourné qu’avec des comédiens professionnels ? Non, pas tous. On a fait un casting en Guadeloupe et en pour tous les seconds rôles : l’interprète de Roland, le père, n’est pas professionnel. Globalement, les rapports entre professionnels et non-profes- sionnels se sont très bien passés. 25 Comment s’est passée la rencontre avec la série «Regards Noirs »? C’est surtout une rencontre avec les gens L’ACTEUR PRINCIPAL d’ARTE que je retiens. Il y a eu une grande qualité de lecture de mon scénario et de Alex Descas compréhension de ce que je voulais faire. J’ai ressenti une très grande liberté. Né en 1958, Alex Descas débute dans L’Arbalète de Sergio Gobbi en 1984. Acteur fétiche de Claire Denis, elle lui donne ses plus beaux rôles dans S’en fout la mort avec Isaac de Bankolé Le film a-t-il été vu en Guadeloupe ? (1990), J’ai pas sommeil (1993), Nénette et Boni (1996) et Trouble Every Day avec Béatrice Oui, et il a été extrêmement bien accueilli. Le Dalle (2001). Il tourne également avec Yolande Zauberman (Clubbed to death,1995), Olivier film a été projeté sur un écran géant en plein Assayas (Irma Vep en 1996 et Fin août, début septembre en 1997 avec Francois Cluzet, Jeanne air, sur une place animée de Pointe-à-Pitre, et Balibar et Mathieu Amalric), Raoul Peck (Lumunba,1999). À la télévision, on l’a vu dans Le c’était fabuleux : les voitures s’arrêtaient, les Manteau de saint Martin de Gilles Béhat (1985), Un si joli bouquet de Jean-Claude Sussfeld gens regardaient le film depuis leur voiture… (1995), L’Honneur de ma famille de Rachid Bouchareb (1997)… Parallèlement, il fait également C’était merveilleux. carrière au théâtre. LISTE ARTISTIQUE FICHE TECHNIQUE

Alex Descas Réalisation Produit par Richard Christian Grandman Sophie Salbot, Athénaïse

CCH Pounder Scénario et dialogues Direction de l’Unité Fictions d’ARTE France Sally Christian Grandman et Roland Brival Pierre Chevalier Avec la participation d’Agnès de Sacy Mbembo Une coproduction Muriel Image ARTE France Jean-Michel Humeau Athénaïse Christian Joseph Mathurin RFO Roland Son Martin Boisseau et Joël Rangon Avec le concours de

Thérence Brouta la Région Guadeloupe 26 Teddy Musique originale Michel Korb Avec la participation Mostéfa Djadjam du Centre national Tafo Montage de la cinématographie Joëlle Dufour et du secrétariat d’état à l’Outre-mer, de la Fondation Hachette. Montage son Pierre Choukroun France – 2001 – 1h25mn

Décors Nikos Mélétopoulos

Costumes Maryse Bernabé MAURITANIE Heremakono En attendant le bonheur d’Abderrahmane Sissako diffusion en juin à 22.40

A Nouadhibou, sur la côte mauritanienne, portraits d’Africains qui attendent des jours meilleurs...

Nouadhibou est une petite ville de pêcheurs plantée sur une presqu’île de la côte mauritanienne, au bord de l’océan Atlantique, 27 où les jours s’écoulent à un rythme lent. Abdallah, un jeune Malien âgé de 17 ans, y attend depuis longtemps son départ vers l’ E u rope. La petite concession où habite sa mère rassemble une communauté autour d’une cour carrée sur laquelle ouvrent des chambres au confort rud i m e n t a i re. Abdallah y dispose d’une pièce sans lumière, avec une fenêtre basse à même le sol, ne laissant ap e rcevoir que des parties de corps : jambes, pieds, roues de charrettes, etc. Dans la cour, une griotte apprend à une petite à ch a n t e r. La jeune et sensuelle Nana, habitant la chambre en face de celle d’Abdallah, reçoit parfois des hommes, un policier.. . La cinquième chambre de la concession sert de dépôt à Makan, un Malien qui rêve de partir lui aussi en Europe. Il vit dans un cabanon sur la plage qu’il garde. Pour se nourri r, il pêche. Le reste du temps, il devise avec Maata, un ancien pêcheur rec o n v e rt i en électricien, qui ne parvient pas à faire fonctionner l’ampoule qu’il a installée dans la chambre d’Abdallah. Le vieil électricien a pour apprenti Khatra, un tout jeune garçon que la lumière fascine. Maata est triste que Makan veuille encore parti r, il n’aime pas quand quelqu’un part. Il a vu bien des départs, qui se sont toujours soldés par des retours. À l’image de l’océan qui fait s’échouer les cargos et revenir les corps des candidats malheureu x … Pour Abdallah, le séjour est un moment hors du temps. Auprès de Khatra, il apprend des rudiments de ha s s a n i y a , une des langues parlées en Mauritanie Et dans le reg a rd de Khatra qui se rêve en bleu d’électricien passe la douce mélancolie de ces jours sans dé p a rt, dans ce lieu d’exil, de solitude et de très fragiles espoirs. Mais aussi un lieu de bonheur, de tranquillité, presque d’éterni t é . . . tion «Africa Dreaming», coproduite par ARTE transit où l’on trouve du travail. On y vient pour LE RÉALISATEUR France et sélectionnée à la Mostra de Venise. gagner un peu d’argent, avant d’en repartir. Abderrahmane En 1997, il réalise Rostov-Luanda, une œuvre Ces «lieux provisoires» se nomment au Mali Sissako documentaire pour laquelle il part en Angola à «Heremakono» qui veut dire «En attendant le la recherche d’un ami et nous fait découvrir bonheur». Ce qui m’a intéressé, c’était l’idée Abderrahmane Sissako est né en 1961 à Kiffa, l’histoire terrible de ce pays. En 1998, dans le de transiter quelque part avant d’aller vers un en Mauritanie. Après une enfance au Mali et cadre de la collection «2000 vu par…», il lieu qu’on n’atteindra peut-être jamais. L’exil un bref retour en Mauritanie, il part en Union réalise La Vie sur terre, l’histoire d’un cinéaste avant le voyage. soviétique afin de suivre des études de africain vivant en France et qui, à la veille de cinéma à Moscou de 1983 à 1989. Cette l’an 2000, part pour KSokolo au Mali, retrouver Le déracinement est aussi au cœur du film: d e rn i è re année marque un tournant pour son père. Un «retour au pays natal» qui puise Abdallah souffre d’être coupé du reste de la A b d e rrahmane Sissako. Sorti diplômé du son inspiration dans les textes d’Aimé Césaire, communauté à cause de la barrière linguis- VGIK, l’Institut fédéral d’état du cinéma, il que Sissako considère comme «le soutien de tique… tourne un film de fin d’études, Le Jeu, court sa vie». Le film a obtenu de nombreux prix On peut même être déraciné dans son propre métrage qui est sélectionné à la Quinzaine internationaux. pays, et cette dimension m’intéressait. Et il est des réalisateurs au Festival de Cannes 1991. vrai que lorsqu’on est coupé d’une relation 28 En 1993, il tourne en Russie un moyen linguistique avec l’autre, on ne va pas bien. métrage, Octobre, l’histoire d’un amour impos- ENTRETIEN J’ai voulu raconter le parcours de quelqu’un à sible entre une jeune Moscovite et un étudiant avec Abderrahmane Sissako qui il manque quelques béquilles pour passer africain. Une fiction dont les thèmes princi- inaperçu. paux, à savoir l’expérience de l’exil et les Quelle est l’origine de ce projet ? rapports Occident / Afrique, sont représen- J’avais déjà travaillé pour l’Unité Fiction Une scène nous montre Abdallah devant la tatifs de l’œuvre de Sissako. O c t o b re a d’ARTE avec La Vie sur terre. Et j’avais envie télévision française en train de remporté de nombreux prix internationaux. de retravailler avec Pierre Chevalier. Je lui ai regarder Les chiffres et les lettres : est-ce Après une participation en tant que directeur alors proposé le scénario de En attendant le un lien à la fois affectif et économique entre a rtistique sur le film de Marie Jaoul de bonheur. la France et une partie de l’Afrique fran- Poncheville Molom, conte de Mongolie (1994), cophone que vous avez voulu mettre en Abderrahmane Sissako réalise deux courts Que représente pour vous la communauté avant ? métrages, dont Le Chameau et les bâtons flot - de Nouadhibou ? Il y a un lien très fort – parfois affectif, parfois tants (1995) inspiré d’une fable de Jean de La Je suis moi-même parti de Nouadhibou pour dramatique – entre le Nord et le Sud. Ce lien Fontaine et Sabriya, un épisode de la collec- aller en Russie. C’est surtout une ville de s’inscrit dans un rapport d’inégalité, et la télévision contribue à implanter une culture C’est d’une terrible violence, très feutrée, On sent que la transmission du chant est extérieure au détriment d’une culture exis- mais bien présente. importante dans le film. Est-ce une allusion tante. L’un des drames de l’Afrique, c’est que Oui, c’est une violence dont on ne parle pas. à la tradition et à la pérennité d’une culture son peuple n’est jamais confronté à sa Quand trois Américains sont tués à Kaboul, orale ? propre image. En allumant la télévision tout le monde en parle. Mais quand une Pas consciemment. C’est davantage une là-bas, on ne voit que l’Europe et pirogue tombe à l’eau à Tanger, on n’attire allusion au principe de l’apprentissage. C’est l’Occident. presque jamais l’attention des gens sur ce pour exprimer que tout ce qu’on fait est drame. répétition et que la création consiste à s’ap- Les corps échoués p rocher de quelque chose qui nous sublime sur le rivage sont- Les personnages, Abdallah en premier lieu, et nous fascine. La petite «griotte» a peut- ils une dénonciation observent le monde à travers des filtres : à ê t re une plus belle voix que son maître, mais sévère de l’impuis- travers son étroite fenêtre pour Abdallah, elle est fascinée par cette femme qui lui sance des pouvoirs ou encore à travers les rideaux ou des transmet quelque chose. C’est la même publics ? Et des lois sur draps en train de sécher … chose entre le vieux Maata et l’enfant : la l’immigration des pays Je crois que le regard est un mode de commu- transmission du savoir est une métaphore de occidentaux ? nication qui s’aiguise chez ceux qui ne parlent la vie. 29 Oui. Il y a ce sentiment pas. Je pense que quand la langue manque à qu’aucun Européen ne vit quelqu’un, il devient plus attentif : on voit Le rythme du film, assez contemplatif, : le sentiment de ne beaucoup plus loin. C’est ce que j’essaie d’ex- participe pleinement à la mise en scène. pouvoir aller «là-bas», primer avec le cinéma. Quels sont les autres éléments de mise en d’être privé de sa liberté scène que vous avez voulu mettre en d’homme. Cette fru s t r a- Vous accordez une grande importance aux avant ? tion est terrible. Ce refus couleurs : les rouges, oranges, jaunes et J’ai privilégié les improvisations et tout ce qui de l’autre se traduit par le bleus des draps qui sèchent et des vête- peut se substituer au scénario. Car lorsqu’on rejet de corps humains ments des femmes tranchent avec le travaille avec des acteurs non professionnels sur les rivages de paysage désertique et les tons mono- et qu’on filme dans un lieu jamais exploré par Nouadhibou, Tanger ou chromes des maisons. le cinéma, on est plus élève que maître. On est Tarifa. C’est le reflet d’un lieu. J’ai voulu être fidèle à moins réalisateur que spectateur attentif qui ce lieu. Les costumes des gens racontent essaie de profiter des qualités humaines d’im- aussi l’optimisme des gens. Malgré les diffi- provisation de l’autre. Chaque jour, il fallait être cultés, ce lieu est aussi un lieu de bonheur et disponible et abandonner ce qui était écrit de tranquillité, presque d’éternité. pour aller vers la vie. LISTE ARTISTIQUE FICHE TECHNIQUE

Khatra Ould Abdel Kader Scénario et Réalisation Produit par Khatra Abderrahmane Sissako Duo Films

Maata Ould Mohamed Abeid Image Production exécutive Maata Jacques Besse Guillaume de Seille

Mohamed Mahmoud Ould Mohamed Montage Direction de l’Unité Fictions d’ARTE France Abdallah Nadia Ben Rachid Pierre Chevalier

Nana Diakité Son Une coproduction Nana Antoine Ouvrier Duo Films, ARTE France Alioune Mbow

Fatimetou Mint Ahmeda Avec la participation 30 Soukeyna, la mère Mixage du Fonds Européen Laurent Dreyer de développement, Makanfing Dabo du ministère français, Makan Décors des Affaires étrangères, Joseph Kpobly de l’Agence Intergouvernementale Santha Leng Laurent Cavero de la Francophonie. Tchu Costumes 2002 – 1h30mn Maji-da Abdi Entretiens réalisés par Franck Garbarz Dessins de Titouan Lamazou – Ed. Gallimard Conception du dossier Isabelle Pailler

© LIBRE : Matthieu Poirot-Delpech / DARESALAM : Marie-Laure de Decker ROUES LIBRES : Luc Gnago / TÈT GRENNÉ : Éric Guyenon / HEREMAKONO : Jérôme