N° / € NOVEMBRE/DU 2011 AUJOURD’HUI, ÊTRE LIBRE, C’EST ÊTRE INFORMÉ 574 3,50 POBL VREIZH/LE PEUPLE BRETON crever ne doit pas La pêche crever ne doit pas La pêche ! ! L’INVITÉ

Le dernier poisson ou le dernier pêcheur ?

E DÉBAT SUR LA RÉFORME de la Po- rue pour une tonne de hareng, cela temps par les pêcheurs. La dégrada- litique commune de la pêche de est lié au mode de gestion, qui est tion de la ressource a amené les pê- Ll’Union européenne est l’occa- absurde. Expliquer cela, c’est plus cheurs à multiplier les initiatives de sion d’un matraquage d’informa- compliqué que d’écrire dans Le gestion, en particulier en Bretagne, tions plus alarmistes les unes que les Monde (16-17 octobre 2011) « le comme l’a montré l’enquête réalisée autres sur la surpêche, la disparition chalutier semble vomir cette triste par le collectif Pêche et développe- des ressources, les rejets. On peut cargaison dont les pêcheurs n’ont ment en 2009. On peut faire ces s’interroger sur les raisons de cette cure » à propos du film Le Dernier constats sur toute la côte. La créa- unanimité apparente et la neutralité Poisson, diffusé sur Arte. Quel tion des conditions favorables à de la Commission européenne ou mépris pour les pêcheurs qui, dans l’auto-organisation des pêcheurs a des ONG qui les diffusent quand largement montré son efficacité, on sait qu’elles ont pour objectif comme le confirme Elinor Ostrom, commun de diminuer le nombre de prix Nobel d’économie en 2009. bateaux et de pêcheurs, officieu- sement en divisant par deux ou Profit maximum trois l’effort de pêche. Ce catastro- Au lieu de cela, la Commission phisme généralisé sert donc à jus- veut généraliser des droits de tifier auprès du public cette des- pêche transférables dont l’objectif truction programmée d’emplois et n’est pas une bonne gestion mais le d’infrastructures. profit maximum de quelques arme- Pour Maria Damanáki, la com- ments. Pour y arriver, il faut crier à la missaire européenne à la Pêche, et catastrophe justifiant des quotas de nombreux scientifiques, com- faibles qui amèneront les artisans à me pour certaines ONG, il faut faire vendre leurs droits de pêche. Les accepter une libéralisation et une acquéreurs financeront ainsi l’élimi- privatisation des ressources au nation des artisans. Pour rentabili- profit de quelques armements ju- ser leur investissement, ils pour- gés rentables. Plus profondément ront, au choix ou en même temps, encore, il faut décrédibiliser les pê- sélectionner la pêche des plus gros cheurs, présentés comme des poissons, réduire les salaires des irresponsables, pour confier le marins et même chercher une bais- pouvoir de gestion à la Commis- se des quotas pour augmenter leur valeur : c’est ainsi que l’OCDE justi- sion et aux scientifiques et pour DR cela nous servir le poncif de « la fie les quotas individuels transfé- tragédie des communs », la course rables (QIT). insensée jusqu’à la capture du der- Alain Le Sann L’objectif n’est donc plus de pê- nier poisson. Secrétaire du collectif cher de manière durable de la nour- riture mais de dégager le maximum Une gestion absurde Pêche et développement de profit pour les investisseurs. La réalité est bien plus complexe C’est le constat en Islande, où les et plus que d’une crise des res- QIT n’ont pas permis un redresse- sources, réelle mais non générali- ment des captures de morue mais sée et évolutive, il s’agit d’une crise leur majorité, sont révoltés par ces ont favorisé quelques seigneurs des de la gouvernance actuelle, centrali- rejets ! mers engagés dans des spécula- sée, bureaucratique, incapable de se En 2011, l’état des stocks n’est tions qui ont contribué à mettre le fonder sur une analyse correcte de pas celui de 2008, qui sert de réfé- pays au bord du gouffre. La sous- l’état réel des ressources au moment rence au « livre vert ». La majorité des pêche peut convenir à ces spécula- de la décision. Il est ainsi trop simple stocks sont au-delà du seuil de pré- teurs, comme à certains écologistes d’imputer la responsabilité des rejets caution, en cours de reconstitution obsédés par la surpêche. Une sur- aux seuls pêcheurs. Ils sont souvent ou même reconstitués. Le stock de pêche qui, même si elle a été réelle liés à l’inadéquation des quotas pour morue en mer Celtique se par le passé et l’est parfois encore gérer des pêcheries multispéci- reconstitue rapidement grâce aux aujourd’hui pour certaines espèces, fiques. Si, en Baltique, des pêcheurs repos biologiques sur les zones de est devenue à présent plus virtuelle de hareng rejettent une tonne de mo- reproduction proposés depuis long- qu’autre chose.

2 Le Peuple breton – novembre 2011

Souscription permanente Novembre/Du 2011 Pa vez c’hoant ober berzh, gwelloc’h ijin eget nerzh. Quand on veut le succès, mieux vaut ima- gination que force. Merci aux contributeurs pour cet effort ce mois-ci. Nous avons déployé et nous ARGARET THATCHER, fataliste dame de fer, préten- allons continuer à déployer des trésors d’imagi- dait qu’il n’y avait pas d’autre issue à la crise que nation pour nous faire voir, pour multiplier nos Mle libéralisme. Aujourd’hui encore, être crédible points de vente, bref pour crédibiliser notre jour- suppose se ranger derrière les partisans d’une austérité aussi nal. Pour nous aider, n’oubliez pas : faites-nous inefficace qu’absurde dans la mesure où les mêmes vantent la connaître les noms de personnes susceptibles d’être intéressées par Le Peuple breton. Nous sacro-sainte « croissance » ! Ce poison a si bien intoxiqué leur enverrons un exemplaire « découverte ». l’ensemble de la planète qu’aujourd’hui un idéaliste est traité Yann Mathelier, , 25 € ; Jeanne et Yvon Mourge, Orvault, de charlatan. 15 € ; Liliane Guérin, Audierne, 5 € ; Gérard Tautil, Signes, 5 € ; Annick Lécuyer, Lorient, 5 € ; Dominique Ado, Villeneuve-Saint- Et pourtant, il y a bien plusieurs voies face à la crise. La pre- Georges, 5 € ; Gilbert Guillonnet, Guipry, 5 € ; SARL Yoran em- mière consiste à s’engouffrer dans la brèche du capitalisme au banner, Fouesnant, 5 € ; Alain Le Bourhis, Baden, 5 € ; Odile risque de subordonner la puissance publique à la sphère finan- Kerzerho, , 5 € ; Jean-Pierre Pape, Clermont-Ferrand, 65 € ; Jean-Yves Le Corre, Clohars-Fouesnant, 5 € ; Pierre cière, complètement hors-sol. C’est le scénario que nous vivons. La Even, Nantes, 44 € ; Maxime Bédard, Gonesse, 15 € ; Michel seconde voie consiste à réduire les charges. C’est celle que nous sou- Kerrec, Nantes, 5 € ; Gérard Mérel, Nantes, 5 € ; Daïg Kervella, Martinique, 15 € ; Claude Reaubourg, Rennes, 5 € ; Michel Ma- haitons emprunter. En agissant pour la maîtrise de l’énergie, pour nach, Plourin-lès-Morlaix, 15 € ; Michel Le Gall, Saint-Ouen-du- l’isolation des logements, en luttant contre l’étalement urbain et le Breuil, 25 € ; Jean Quintin, Saint-Nazaire, 5 € ; Kawi Alemany, rapprochement des commerces des centres pour éviter l’exclusion Morlaix, 5 € ; Jean-Pierre Le Montreer, Ploubezre, 15 € ; Yannig Le Doujet, Langoëlan, 5 € ; Loïc Le Guillouzer, Trégastel, 15 € ; des moins mobiles, c’est l’ensemble de la société qui augmente son pouvoir d’achat Marc Iliou, Pluvigner, 15 € ; Marie-Thérèse Gorny, Pornic, 5 € ; en réduisant sa dépendance au pétrole, au nucléaire, au gaz... Soazig Quintin, Lorient, 5 € ; Yann Coatanoan, Parigné- l’Évêque, 15 € ; Jakez Louer, Concarneau, 15 € ; Gilbert Priol, La meilleure « aide » que nous pouvons apporter à la planète, c’est de révolutionner Cavan, 15 € ; Samuel Crand, Le Petit-Fougeray, 5 € ; Gérard notre système économique. Remettre ceux qui fabriquent la richesse Chevallier, , 25 € ; Ronan Divard, Loperhet, 10 € ; Rémy Garreau, Coutras, 5 € ; Jean-Yves Pensec, Orvault, 10 € ; Alain – réelle et non fictive – au cœur du dispositif, voilà la seule alternative Nevoux, Hennebont, 35 € ; Yves Morien, Paimpol, 5 € ; Gilbert à la sortie de crise. Finies les fables pour enfants d’un Robin des Bois Peron, Orvault, 15 € ; Pascal Henry, Saint-Etienne-de-Montluc, prenant aux riches pour donner aux pauvres. Non, l’enjeu est de refon- 15 € ; François Fougère, Tourch, 10 € ; Philippe Ducloux, Chelles, 35 € ; Joseph Leferrière, Camors, 15 € ; Goulven Ca- der un système qui ne générerait plus d’inégalités aussi criantes entre doret, Logonna-Daoulas, 10 € ; Henri Bideau, Rennes, 15 € ; les individus et les peuples. Voilà un projet bien plus ambitieux ! Alain Fenet, Sautron, 15 € ; Louis Nignol, Poligné, 10 € ; Yves Blanchard, Fontenay-aux-Roses, 5 € ; Paul Cornet, Nantes, Pas de fatalité, mais des choix. « C’est la vie », nous disent les parti- 15 € ; Mathieu Koulman, Louannec, 15 € ; Michel Lesbaches, sans du système en place. N’ayons pas peur de leur rétorquer que ce Talant, 15 € ; Yves Corbin, Pontchâteau, 5 € ; Jean-Paul Castel, Guipavas, 10 €. n’est pas celle que nous souhaitons. Et invitons-nous à la table des mi- JCLG Total du mois : 694 €. nistres pour leur prouver que notre vision idéale est viable. Gael Briand Total de l’année en cours : 4 296 €.

4. Courrier des lecteurs Éditorial Peuples du monde 6. Iffig 5. 22-23. L’avenir incertain 8. De Brest à Nantes Gwenael Henry de la culture cachoube 9. Nono « Sortir du nucléaire pour 16. Leurre de vérité permettre l’autonomie énergétique 17. Azia ar Gevred : de la Bretagne ! » al Liñvadenn Veur Social 6-7. CMB : quand les salariés grondent 24. Rencontres Bretagne- pays de Galles à Saint-Nazaire Pêche bretonne 18-19. Buhez ar greizenn Un jour avec… sevenadurel breizhek 10-11. Les conséquences el Liger-Atlantel de la politique communautaire 26-27. Gilles Servat Énergie 14-15. Le projet d’éoliennes en pays de Vilaine

20. Levrioù brezhonek Pages culturelles Environnement 28. Livres Histoire 21. 12-13. Ria d’Étel : dialogue entre 29. Livre du mois Internet 25. paysans de la terre 30. Musiques de Celtie 32. Mots croisés et de la mer 31. Selaouit 33. PB Services 32. UDBy 34. La page du PB Reuz er Vro : Crédit photo de couverture : Cyril Frionnet Le jeu du mois une belle réussite Le Peuple breton paraît le premier jour ouvrable du mois.

Le Peuple breton – Rédaction : BP 1 – 29850 GOUESNOU

3 Le Peuple breton – novembre 2011 Votre courrier

Il y a cinquante ans… Clôture de compte Je tiens à remercier l’UDB d’avoir rappelé avec clarté le drame des massacres d’Algériens à Paris en octobre 1961. J’ai ouvert il y a une trentaine d’années un compte à la Banque de J’ai lu avec satisfaction sur Internet sa prise de position qui Bretagne parce que j’attachais de l’importance à ce nom et à sa pré- tenait à dire combien la avait perdu toute humanité sence bancaire dans un département [la Loire-Atlantique] dont en ces circonstances tragiques. Avant de revenir en Bretagne l’identité bretonne est niée. Ce compte me permettait notamment pour la rentrée universitaire 1960, deux années auparavant de suivre distinctement mes dépenses militantes pour la réunifica- je militais à Paris parmi les soutiens aux nationalistes algé- tion et autres sujets liés à la Bretagne. riens, ceux que les médias ont désigné avec mépris sous le Les dirigeants m’ont fait connaître leur décision de remplacer le nom de « porteurs de valises ». Le hasard de ces engagements nom « Banque de Bretagne » par « BNP-Paribas » pour leurs établis- antérieurs fit qu’à la mi-octobre 1961 j’étais à Paris chez des sements de la Loire-Atlantique, et d’accoler les deux noms dans les camarades. quatre autres départements . Je n’ignorais pas, bien enten- du, les liens entre les deux réseaux, mais la raison de mon choix ini- Le 17 octobre, une soirée pluvieuse, je n’ai pas été le té- tial n’en disparaît pas moins. moin visuel des atrocités qui endeuillèrent les quais et les rues de Paris lorsqu’au moins trois cents hommes, femmes Je vais donc, dans les prochains jours, demander à cette banque et jeunes d’Algérie furent massacrés par des CRS, des harkis, de bien vouloir clôturer ce compte. Et j’invite ceux qui attachent de de policiers parisiens chauffés à blanc par l’ignoble Maurice l’importance à l’idée de réunification bretonne à faire de même Papon, préfet de police de Paris à cette époque… avant de ou, à défaut, à faire savoir leur mécontentement. devenir ministre de la Cinquième, puis d’être condamné en Michel François, 1998 pour complicité de crimes contre l’humanité pour des Saint-Herblain (44) actes commis alors qu’il était secrétaire général de préfecture en Gironde sous l’occupation allemande ! Mais ce dont j’ai été témoin, c’est du caractère pacifique La place de la gauche en Bretagne de la manifestation organisée par le FLN algérien : en loques pour ceux qui venaient des bidonvilles ou « sapés » pour les Ci-joint une réflexion que je n’ai pas lue dans le PB d’oc- autres, avec femmes parfois et des enfants en poussette ou tobre. Après les sénatoriales, la gauche s’est encore renfor- tenus par la main, j’ai croisé le cortège de ceux de Nanterre cée en Bretagne et, au sein de la gauche, celle qui défend les qui, parmi d’autres, cherchait à gagner le centre de Paris. idées les plus proches de celles de l’UDB. Elle détient quinze Et c’est cette population désarmée, qui avançait sur les sièges de sénateur sur les dix-huit des cinq départements. trottoirs pour ne pas gêner la circulation, qui fut attaquée à Parmi ces quinze, deux sont membres d’Europe Écologie- coup de matraque, de crosse de fusil, sur qui on tira, qu’on Les Verts, deux de Bretagne donc parmi les dix que compte pendit au bois de Boulogne, qu’on lyncha sur les quais et ce rassemblement au Sénat. Parmi eux, le Nantais Ronan dont on jeta les corps dans la Seine, qu’on interna dans des Dantec qui fut président du CUAB, l’ancêtre de Bretagne ré- centres de détention puis qu’on exécuta froidement. Des unie. centaines de morts. En France, le 17 octobre 1961 et dans Ce résultat complète celui de la Région Bretagne, à gauche les jours qui suivirent. Sous le gouvernement de Michel De- comme on le sait. Les scores de la gauche sur nos cinq dépar- bré et la présidence du général de Gaulle… « La répression tements sont les meilleurs pour ce camp après ceux du Li- d’État la plus violente et la plus meurtrière qu’ait jamais su- mousin et de Midi-Pyrénées et, là aussi, les votes d’extrême bie une manifestation de rue désarmée dans l’histoire droite ont été les plus faibles. On y trouve aussi les meilleurs contemporaine de l’Europe occidentale », selon les universi- résultats des Verts (alliés de l’UDB). Il complète aussi celui taires britanniques Jim House et Neil Mac Master. des départements (quatre à gauche sur cinq) et des députés On comprendra sans doute mieux pourquoi, trois ans (vingt à gauche sur trente, dont François de Rugy, député Vert plus tard en créant l’UDB, mes camarades et moi écrivions de la Loire-Atlantique, défenseur des langues régionales et dans l’édito du premier numéro du Peuple breton : « Jeunes, de la réunification administrative de la Bretagne). nous sommes d’une génération algérienne. » Pascal Henry, Ronan Leprohon, Saint-Étienne-de-Montluc (44) Gouesnou (29) C’est bien ce rtes, mais on ne fera p as l’autonomie sans les autonomistes !

Une collaboration fidèle J’ai été très honoré de découvrir un de mes anciens dessins à la page 14 du PB d’octobre. Pour l’anecdote, c’est la cinquième fois qu’il paraît dans vos colonnes : en septembre 1979, puis en octobre 1981, ensuite en avril 1993 et enfin en février 1995. Commencée en juillet 1975, ma collaboration (qui a porté sur quelque 110 dessins) a duré jusqu’en 2001, avec l’effacement des tours de New York. Je souhaite bonne continuation au Peuple breton. Yves Coriou, Houeilles (47) reste prêt à publier Lequel, en vous remerciant pour cette fidélité, inspirerait… un nouveau bon dessin que l’actualité chargée vous

4 Le Peuple breton – novembre 2011 Tchernobyl : Édito enquête épidémiologique en Corse ! Sortir du nucléaire pour permettre l’autonomie

DR énergétique de la Bretagne !

Nous étions 15 000 personnes à Rennes samedi 15 octobre pour dénoncer la politique nucléaire française et le tabou de la question énergétique dans ce

CTC/ Sve com Sve CTC/ pays. Mais malgré cette démonstration de force, les lignes bougent-elles ? À titre de comparaison, en mars dernier, 250 000 personnes avaient manifes- Après cinq ans d’efforts et vingt- cinq ans de combat associatif et poli- té en Allemagne. La chancelière allemande avait dû annoncer, peu après la tique, l’Assemblée de Corse a délibéré catastrophe de Fukushima, la fermeture temporaire des réacteurs les plus à l’unanimité le 7 octobre dernier anciens. Et cela avait été considéré comme une « manœuvre politicienne » ! pour lancer l’appel d’offres de l’en- Depuis, elle a engagé l’Allemagne dans une sortie du nucléaire en dix ans. On quête épidémiologique sur les consé- aimerait voir de telles manœuvres en France ! quences de la catastrophe de Tcherno- Depuis plus de trente ans, notre combat antinucléaire s’est construit prin- byl en Corse. cipalement autour du thème de la sécurité. Nous refusions le nucléaire parce La commission « Tchernobyl », qu’il est potentiellement dangereux (Three Mile Island, Tchernobyl et Fuku- créée il y a cinq ans, s’était fixée quatre shima). Or, en utilisant presque exclusivement l’argument sécuritaire, nous objectifs quantifiables : avons laissé le champ libre au lobby nucléaire pour convaincre la population – analyser la prévalence des patho- que l’atome était une solution techniquement valable et fiable (théorie qui a logies thyroïdiennes survenues dans la pris un sérieux coup de vieux il y a huit mois). période postérieure au passage du Nous devons maintenant, pour être écoutés, faire porter nos critiques éga- nuage radioactif ; – évaluer l’impact de ce nuage sur la lement sur la viabilité du nucléaire. Les limites géologiques et minières font catégorie la plus vulnérable, les en- du nucléaire un mauvais choix. Dans vingt ans, l’uranium manquera mais il y fants âgés de moins de six ans au mo- aura des déchets pour plusieurs centaines de milliers d’années. Le nucléaire ment des faits ; est donc bien loin de répondre à la croyance étatique d’une « indépendance – définir et mettre en œuvre un re- énergétique ». D’abord parce que l’uranium est importé. Notamment de pays gistre des cancers, outil que la collecti- où l’on n’a pas tenu compte des dégâts infligés aux populations locales, vité territoriale de Corse (CTC) re- avec un risque de prises d’otages (Areva au Niger) et de rupture d’approvi- vendique depuis de nombreuses sionnement ! Ensuite, parce que les centrales nucléaires offrent une produc- années ; tion de base, mais sont incapables de répondre aux variations d’appels de – et enfin étudier des facteurs spéci- puissance. D’où la multiplication ces derniers mois des projets de centrales fiques de vulnérabilité tels que le sta- électriques au gaz comme complément pour supprimer les « pointes ». Un tut tabagique et la carence en iode de couple d’enfer ! La menace hivernale de coupure de courant en Bretagne la population. Quatre cent mille euros ont été dé- permet à l’État, soutenu par Jean-Yves Le Drian et sa majorité, d’imposer aux gagés au budget supplémentaire pour Bretons une centrale électrique au gaz qui est loin de réduire notre dépen- répondre aux besoins de l’enquête. dance aux énergies fossiles. L’unanimité des groupes et le travail Face à l’exigence de sortie du nucléaire, la Bretagne a beaucoup d’atouts. de convergence fait par tous les Les énergies renouvelables bien sûr, mais avant tout l’efficacité énergétique. membres de la commission dans l’in- Dans le pays de Saint-Brieuc notamment, le dispositif Vir’Volt est une dé- térêt du peuple corse fait plaisir à voir. marche intéressante qui vise à faire baisser la facture d’électricité des mé- Saluons aussi l’engagement du prési- nages de 78 GWh/an (– 6%) et de réduire la puissance appelée en période de dent de l’exécutif, Paul Giacobbi, ac- pointe d’environ 20 MW (– 10%). En somme, maîtriser la consommation afin cédant à toutes les demandes de la d’éviter de multiplier les investissements et surtout réduire la charge finan- commission Tchernobyl et agissant cière des ménages. Il faut étendre Vir’Volt à toute la Bretagne. également à l’Assemblée nationale sur Attention toutefois aux fausses bonnes idées : l’énorme centrale à bois en ce sujet, puisqu’il a déposé un projet cours de réalisation au sud de Rennes, projet refusé par notre élue rennaise de loi relative à la reconnaissance et à l’indemnisation des personnes vic- Éliane Leclercq, risque de spolier d’autres territoires dotés de chaufferies à times d’accidents nucléaires. bois plus modestes et bien plus proches des sources d’approvisionnement. Cette enquête épidémiologique va Il est impensable de penser pouvoir se passer du nucléaire en utilisant les permettre, pour la première fois, de mêmes méthodes de gigantisme. rompre ce silence d’État qui a détruit La Bretagne a les capacités d’innover et de parier sur l’avenir en devenant la vie de tant de personnes, notam- maîtresse de sa politique énergétique, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. ment en Corse. La commission D’ailleurs, ce n’est pas non plus le cas de la France, dépendante du nucléai- Tchernobyl a d’ailleurs déposé une re. Ici encore, c’est plus de gouvernance et de gestion de l’énergie par les po- motion à la CTC s’offusquant du pulations locales que d’idées dont nous avons besoin. Les idées sont légion, non-lieu prononcé par la cour d’appel mais pas le pouvoir de les mettre en œuvre. Vous avez dit autonomie ? de Paris dans l’affaire des plaintes de l’Association des malades de la thyroï- Gwenael Henry de. Pour la commission, « on a voulu responsable du secteur Études et réflexions de l’UDB manifestement imposer une vérité ju- diciaire au moment où la vérité scien- tifique était à portée de main ». 5 Fabiana Giovannini Le Peuple breton – novembre 2011 élue du PNC Social Iffig Crédit mutuel de

– a reçu un courrier du conseil général d’Ille-et-Vilaine lui Quand les salariés confirmant que, res- triction budgétaire oblige, il ne bénéficie- rait plus de la prime au transport pour grondent… que sa fille, faute d’établissement de ce type dans le département, poursui- ve ses études au collège Diwan de Saint-Herblain. – se dit que ces économies de bout de chandelle (4 000 € au total pour l’ensemble des familles) sont une bonne excuse pour réduire un peu plus le soutien financier à la langue bretonne. O – a bien ri en lisant les propos de Thomas Dutronc dans son canard un dimanche matin : « Pour être heu- reux, il faut passer six mois de l’année en Corse. Ou en Bretagne. Il y a deux écoles… Enfin des pays avec des ca- ractères forts et une pellicule hermé- tique à une certaine connerie ! » – se demande si on y échappe com- plètement si l’on y vit toute l’année ? O – constate que si « les Bretons ne sont pas prêts pour l’autonomie » (dixit Le Drian), les Alsaciens si ! Le Modem alsacien vient en effet de vo- ter une résolution lors de son conseil défendant l’idée d’un « parlement

d’Alsace ». DR – a souhaité savoir si le Modem Bre- 1 500 salariés du CMB réunis au Relecq-Kerhuon. tagne était sur la même longueur d’ondes, mais est tombé sur un site écrit en japonais ! Encore un coup de la mondialisation ! En plus des contraintes imposées actuellement au monde du travail, O si les patrons des banques mutualistes se mettent à jouer aux « mul- – constate que la BNP-Paribas- tinationales », rien ne va plus. Le groupe Crédit mutuel-Arkéa a créé Banque de Bretagne veut se « breton- niser »… sans la Loire-Atlantique. en son sein une « Société des cadres dirigeants », ce qui a suscité la – a changé la domiciliation de son colère des salariés. Après plusieurs jours de grève dure, le mouve- compte bancaire pour signifier aux ment est sorti de l’impasse le 7 octobre dernier. Retour sur un conflit. dirigeants que cette décision accélère au contraire la « débretonnisation » de On aurait pu penser que le Crédit tions à toute visibilité. Malheureuse- la Loire-Atlantique. mutuel, banque mutualiste depuis ment pour la direction, ces pratiques O l’origine, échapperait aux phéno- ont été percées à jour et les augmen- mènes désormais courants de fractu- tations que se sont accordées les pa- – (et puisque l’on parle de banque) trons ont été jugées indécentes au re- a joué au Monopoly Bretagne chez re entre la masse des salariés et les des amis et s’est indigné de ne pouvoir grands patrons. Eh bien non ! Prétex- gard du niveau de rémunération des « acheter » ni le port de Saint-Nazaire, tant une simplification de gestion des salariés. ni le cours des 50-Otages à Nantes, carrières de ses plus hauts cadres, le La confiscation des résultats par la faute de Loire-Atlantique dans le jeu. groupe pensait avoir trouvé le moyen sphère dirigeante au détriment des de faire échapper leurs rémunéra- sociétaires et des salariés est en effet 6 Le Peuple breton – novembre 2011 « À un moment donné il faut que ça s’arrête ! » Bretagne Pierre Jubil, délégué syndical CFDT au somme. On est toujours dans ce jeu-là. Il CMB, s’exprime pour les lecteurs du faut beaucoup de pauvres pour qu’il y ait Peuple breton sur ce conflit qui quelques riches, et c’est la même règle qui a duré deux semaines. Deux s’applique partout ! semaines durant lesquelles pa- trons et salariés ont campé sur Les demandes salariales obtenues leurs positions. peuvent-elles mettre l’entreprise en dif- ficulté ? L’augmentation représente moins de

Le Peuple breton Peuple Le Le Peuple breton : Qu’est ce 10 % du résultat brut annuel. On ne peut qui a déclenché cette grève ? pas dire que cela soit déraisonnable. Sept Pierre Jubil : La revendica- pour cent pour les plus bas salaires et 30 % tion salariale vient en réponse à

Piere Fourel/ Piere pour les employeurs, où est la déraison ? la direction à la suite de la publi- Pierre Jubil. cation des comptes dans le rapport de ges- Peut-on parler de conflit identitaire ? une dérive, à l’opposé des valeurs tion annuel. Nous avons observé que les Nous sommes dans une entreprise mu- du mutualisme. Les salariés des salaires des dirigeants avaient augmenté tualiste, qui dit mutualiste dit solidarité. banques et établissements finan- de 30 % entre 2009 et 2010. Dans le cas présent, la solidarité ne trans- ciers sont loin d’être privilégiés et Alors que les médias transmettent les paraît pas. Où est l’acte solidaire si des n’échappent pas aux charges de tra- images des « indignés », les salariés ont gens qui n’ont besoin de rien s’augmen- trouvé ces pratiques indécentes juste- tent encore ? L’acte solidaire consiste à dire vail accrues, aux brimades, au ment. On s’en est indigné, mais on a sou- manque de formation, au stress, au stop. On n’agit pas ici comme dans une haité ne pas faire que s’indigner, on a sou- boîte du CAC 40 ! suicide parfois. Comme le dit un haité agir et l’option que nous avons journaliste anglais, pourtant de droi- Trente pour cent, cela représente une choisie, c’est la revendication salariale. En moyenne. Pour certains, l’augmentation te, « les riches dirigent un système quelque sorte, nous présentions nous aussi mondial qui leur permet d’accumuler est de 150 000 euros par an, cela fait plus une facture à nos dirigeants. Une facture de cent fois le SMIC. Les dirigeants doi- du capital et de payer le travail le sur leurs agissements ! Le plus frappant, vent comprendre qu’ils sont dans une en- moins cher possible. Ils sont les c’est que si l’on n’avait pas vu cette aug- treprise qui a des valeurs et qu’ils doivent seuls à profiter de la liberté qui en mentation de 30 %, il n’y aurait pas eu de respecter les salariés, les clients et les socié- découle. La majorité doit se conten- conflit social cette année dans l’entreprise. taires. ter de travailler plus dur, dans des conditions toujours plus précaires, Les salariés ont réagi vivement. Deux semaines de grève, c’est lourd ? pour enrichir une minorité. Le systè- Les salariés ont été choqués ! Nous aussi En grève, on n’a pas de salaire. À un mo- nous avons été atteints par le syndrome de me démocratique, qui vise à enrichir ment, on commence à comptabiliser la la comparaison. Il faut savoir que les diri- perte. Malgré cela, le degré de mobilisa- le plus grand nombre, est en fait geants des grandes entreprises se compa- confisqué par ces banquiers, barons tion n’a pas fléchi. Chacun a joué l’essouf- rent, ils font des « benchmarks ». Ils ont flement. La direction a dû se poser la ques- de la presse et autres magnats qui souhaité réajuster leurs rémunérations dirigent et possèdent tout ». tion : qu’est-ce qui est le plus urgent pour ne pas être décotés par rapport à leurs maintenant ? Et la réponse a été inévita- confrères. « Je suis aussi un patron, donc je blement : que cela s’arrête pour le bien de dois être aussi bien payé. » On trouve cela Un exemple à suivre tout le monde, des salariés comme des lamentable. C’est un débat sociétal natio- clients. À l’heure où l’on vient de fêter à nal et international. Mais c’est lamen- Landerneau les 100 ans du mutua- table ! Y avait-il des accords salariaux précé- lisme breton, le Crédit mutuel doit re- Nous estimons que notre entreprise demment ? venir aux principes qui l’ont fondé, mutualiste n’a pas à tomber dans ces tra- Nous avions signé les accords sur les sa- ceux de l’économie sociale et soli- vers. Ce devrait être d’ailleurs le cas aussi laires, même s’ils étaient insatisfaisants. dans les entreprises non mutualistes. Mais en les signant, c’était une manière daire. Comme j’ai eu l’occasion de le dire en En définitive, le Crédit mutuel et d’acter encore l’existence de la convention conseil d’administration : « Cet argent-là, collective par la direction, qui souhaiterait son P-DG Jean-Pierre Denis, ancien vous n’en avez pas besoin. Les salariés en la dénoncer. secrétaire général adjoint de l’Élysée ont besoin, mais vous, non ! » sous Chirac et admirateur de Jean- Comment se porte le Crédit mutuel ? Marie Messier, se sont pliés aux exi- Les salariés se sont sentis trahis ? Pas trop mal dans le contexte actuel. Ar- gences d’un mouvement salarial Comme n’importe quel citoyen devant kéa a épuré ses produits toxiques. Le Cré- sans faille. Un exemple à suivre dans de tels salaires ! Même si ce ne sont pas les dit mutuel reste sain au milieu d’un mon- les nombreuses sociétés nationales plus gros salaires dans la profession. Mais de bancaire qui l’est moins. La Banque on n’est pas non plus parmi les banques les fédérative du Crédit mutuel, à Strasbourg, ou multinationales dont les rémuné- plus grandes. On estime que chacun a sa rations flambent chez les patrons. qui détient les filiales, dont le CIC, est un place, mais, pour autant, l’étalonnage peu engagée dans les pays méditerranéens. Après un échange de deux heures, nous choque et à un moment donné il faut Mais on ne connaît pas les chiffres, car le l’accord du 7 octobre apportera que ça s’arrête ! Il devrait y avoir des li- nombre d’employés étant réduit, il n’y a entre autres une augmentation de mites acceptables dans les rémunérations. pas de comité d’établissement ; c’est vo- 100 euros mensuels en donnant la Évidemment, c’est un peu facile pour lontaire, pour rendre opaque tout ce qui priorité aux salaires les plus bas, ain- une société d’augmenter fortement s’y fait, ainsi il n’y a pas de comptes à si qu’une prime immédiate de 300 quelques individus. Cela n’impacte pas les rendre au personnel. grandes masses comptables, mais par euros en complément d’intéresse- contre, si l’on augmente de 150 euros six Propos recueillis par ment. mille cinq cents individus, cela fait une Pierre Fourel Pierre Fourel 7 Le PeupleLe Peuple breton breton – novembre – juin 2011 2011 LOIRE-ATLANTIQUE ILLE-ET-VILAINE

Une première formation Ouverture du dimanche : longue au breton le désaccord dure Le gérant de l’Intermarché de La Mézière a décidé en mars 2010, « pour des raisons économiques », d’ouvrir son magasin le dimanche matin. Or, il existe une charte sur le pays de Rennes qui entend régle- menter « l’ouverture des commerces les dimanches, dans un souci de protection des salariés, d’égalité des entreprises, de préservation des in-

Guy Castel Guy térêts des diverses formes de com- Damaris Merlet Damaris Michel François est un des artisans Une mobilisation qui dure merce et de satisfaction des de cette formation en breton contre le travail le dimanche. consommateurs ». Mais Intermar- ché préfère s’appuyer sur la régle- Une formation de six mois au breton se mentation nationale. Élus, syndicats et personnel de supermarchés environnants déroule depuis le 3 octobre au centre Yez- ont, dès le printemps 2010, manifesté en organisant des barrages filtrants chaque hoù ha Sevenadur de Saint-Herblain. Orga- dimanche. Dimanche 9 octobre, une centaine de manifestants a totalement bloqué nisée par Skol an Emsav et financée par le la station-service et l’Intermarché. Plus d’un an après, le conflit reste entier. conseil régional de Bretagne, elle s’adresse à douze stagiaires désireux d’acquérir une pratique courante du breton, à des fins no- CÔTES-D’ARMOR tamment professionnelles. Une cérémonie inaugurale s’est déroulée le 17 autour des Plan algues vertes : stagiaires et de leur formateur, de leur par- l’UDB s’abstient rain de promotion Gweltaz Adeux et des res- ponsables de Skol an Emsav, en présence Le 6 octobre, la communauté d’ag- de Lena Louarn, vice-présidente du conseil glomération de Saint-Brieuc a adopté régional (B4), des responsables de Yezhoù à l’unanimité moins l’UDB son avis ha Sevenadur, de l’Ofis ar Brezhoneg, d’as- sur le plan algues vertes. Tout en no- sociations présentes dans le centre, du col- tant les avancées du plan, l’UDB esti- lège Diwan et de deux élus herblinois. me qu’il ne permet pas un retour au

bon état écologique des eaux. Pour DR Robert Pédron, « les algues vertes étaient auparavant un problème environnemental, c’est désormais un enjeu de « Donner pour vivre » santé publique. La prolifération des algues vertes démontre que les politiques de reconquête de la qualité des eaux menées jusqu’alors n’ont pas été les bonnes. Plus grave, les politiques affichées aujourd’hui par les autorités dites compé- tentes ne s’attaquent pas franchement aux causes ».

FINISTÈRE

La Sobrena sans commande

Jean-Paul Chevrel Jean-Paul La direction de la Sobrena a Des greffés qui ont la Bretagne au cœur. annoncé fin septembre des me- sures de chômage partiel pour L’association Amigo a organisé un Tour de ses 245 salariés. Le carnet de Bretagne cycliste des greffés pour parler du commande du premier chantier don d’organes, du 10 au 16 octobre. Partis de français de réparation navale Nantes pour rejoindre Rennes en passant par est en effet à sec. Parallèlement, Vannes, Lorient, Brest, Lannion et Saint- depuis 2004, les ferries de Brit- Malo, ils étaient 45 coureurs, greffés du cœur, tany Ferries sont partis se faire des poumons ou du foie. Ils ont ainsi démon- entretenir en Pologne. Or, trois tré que la vie valait le coup d’être vécue et, ce, DR des neuf navires qu’elle exploite grâce à un don d’organe. L’aîné du groupe, (Armorique, Bretagne, Pont- âgé de 78 ans, a avalé les 160 km journaliers Aven) sont la propriété de la Sabemen et de la Somabret, sociétés d’économie sans difficulté. De passage à Lorient, le prési- mixte présidées par la Région, qui en est également le premier actionnaire. D’ores dent de l’association a aussi signalé le fait et déjà, la Ferries a annoncé (le 6 octobre) que les travaux de maintenance que ce tour de Bretagne se faisait dans son sur l’Armorique seraient assurés à Brest. Pour Christian Guyonvarc’h, élu régional entité historique, s’appuyant sur le discours de l’UDB, « c’est le maintien des compétences existantes qui conditionnera en d’accueil de l’adjoint à la santé de Lorient, partie la réussite des projets brestois et bretons dans le grand éolien offshore et Yann Syz, qui l’a félicité de cette initiative. l’hydrolien ». 8 Le Peuple breton – novembre 2011 OCTOBRE... vu par Nono

9 Le Peuple breton – novembre 2011 Pêche Politique commune des pêches

Dans un dossier spécial consacré aux ports de pêche, paru en mars 2011, le journal Le Marin dressait un bilan très complet de l’état de la pêche française en 2010. Le Peuple breton propose un aperçu de la situation bretonne et une ana- lyse de ce secteur embléma- tique, mais trop souvent traité en fonction d’intérêts politi- ciens et non professionnels par les décideurs.

Les négociations avec Bruxelles sur le dossier de la pêche sont tou- jours âpres. La commissaire euro- péenne aux Affaires maritimes et à la Pêche, María Damanáki, n’en- tend pas le point de vue des pê- cheurs bretons, ce qui risque de re- mettre en cause un secteur important pour l’économie breton- ne. « Nous ne sommes pas des hordes barbares venues ici [à Bruxelles] défendre le droit de piller Briand les océans », a rétorqué Isabelle Le port de Lorient risque d'être touché durablement par la PCP. Thomas, la vice-présidente à la mer Gael du conseil régional de Bretagne. Les ports bretons À noter que l’incendie de l’usine de en bref… transformation Capitaine Houat cet Seize criées bretonnes sont ré- été à Lorient aura sans doute des pertoriées par Le Marin en Bre- répercussions sur l’année 2011. tagne. Toute pêche confondue, Le Les ports du Croisic et de Loctudy Guilvinec et Lorient se disputent le accusent de nouvelles baisses, leadership avec respectivement tant en tonnage qu’en valeur. À 16 096 et 17 712 tonnes, équiva- Loctudy, les mareyeurs n’ont toute- lentes à une valeur d’environ 58 mil- fois pas déserté la place et ont lions d’euros pour le premier et constitué l’année dernière une so- 56 millions pour le second1. La ciété, Hent ar Bugale, pour soutenir pêche bretonne, en 2010, représen- l’installation de jeunes patrons. La tait 103 070 tonnes, soit 52 % du plupart des ports coquilliers (Erquy, tonnage français. Les seize criées Saint-Quay-Portrieux, Loguivy- rapportaient 50,9 % de la valeur pê- Paimpol, Saint-Malo) réalisent une chée en France, soit 300 millions bonne année. La réouverture de la d’euros sur les 590 millions totaux. pêche à l’anchois, après cinq ans En 2009, on comptait 6 046 marins d’arrêt, a permis quant à elle au en Bretagne. En 2010, ils n’étaient port de La Turballe d’augmenter plus que 5 690 pour 1 429 navires, son tonnage de 77 % et sa valeur soit 356 de moins, preuve que la de 55 %. pêche vit des heures sombres. G.B. L’année 2010 a été variable selon les ports. Ainsi, les gros ports de Lo-

rient et du Guilvinec sont en hausse n 1. Ces chiffres ne prennent pas en compte par rapport à 2009, « l’apport de na- les tonnages hors criées. Les prises de la

vires extérieurs ayant compensé les breto le pêche de plaisance, loin d’être négli- accidents ou arrêts techniques », geables notamment en ce qui concerne le

e Peup e bar, ne sont pas non plus évoquées. précise la CCI de Quimper au Marin. L

10 Le Peuple breton – novembre 2011 Les conséquences sur la pêche bretonne

Bras de fer avec Le point de vue d’un professionnel la commissaire Damanáki Le moins que l’on puisse dire, c’est que les propositions de Mme Damanáki n’ont Olivier Le Nézet est président du comité local des pêches de Lorient-Étel. guère trouvé d’écho favorable – et c’est Contacté par Le Peuple breton, il nous a brossé les incohérences de cette poli- un euphémisme ! – dans les régions re- tique faite au détriment des pêcheurs. groupées au sein du groupe pêche et aquaculture de l’ARF (Association des ré- « Il faudrait distinguer ce qui fonde la PCP et ce qui a été oublié. La PCP, ce sont trois piliers gions de France). principaux : les QIT (quotas individuels transférables), le zéro rejet et le RMD (rendement me La Bretagne, première région de pêche maximum durable). Je commencerai par la surexploitation et donc la nécessité, selon M Da- française, est au premier rang de la contes- manáki, d’imposer le zéro rejet aux pêcheurs. C’est tout simplement impossible ! À quelle tation. Elle s’est mobilisée – et il est juste de autre entreprise demande-t-on, tout en continuant à produire, de ne pas polluer du tout ? reconnaître, comme nous l’avons fait lors de Dans les années 70, on évaluait les taux de survie de la langoustine à 30 %. En 2001, on était la dernière session du conseil régional de à 60 % de survie. Autant vous dire que les pêcheurs reviennent de loin. Bretagne, l’engagement personnel du prési- « Oui, il y a trente ans, nos parents pensaient que la ressource était inépuisable, il y a donc eu dent et de la vice-présidente en charge du dossier, Isabelle Thomas – pour présenter de la surexploitation. Elle était d’ailleurs subventionnée et personne ne disait rien. Aujour- « une autre vision de la politique commune d’hui, la taille européenne de la langoustine, c’est 7,5 cm. En France, cette taille a été relevée à des pêches en Bretagne ». Cela s’est fait 9 cm avec une logique du pêcheur qui est « trier sur le fond et non sur le pont ». Il faut donc ar- lors de réunions de travail regroupant élus et rêter cet éternel discours sur des pêcheurs jugés irresponsables. Les marins savent pertinem- interprofession, en particulier le 1er octobre, ment que sans ressources, ils n’auront plus d’emploi. » à Quimper, en préalable du déplacement du 12 à Bruxelles. « Un os à ronger aux lobbies » Le consensus, dégagé à Quimper entre professionnels et collectivités, est résumé « Ce qui nous amène au RMD. Le principe, c’est que quand on vide la moitié d’un verre une dans l’équation figurant sur le tee-shirt du co- année, il soit rempli l’année suivante. Le renouvellement parfait. Mais obtenir ça pour 2015, mité régional des pêches : « Q.I.T. + R.M.D. + c’est de l’affichage politique. Bruxelles donne un os à ronger à divers lobbies et c’est tout. ZÉRO REJET = parodie de PCP de Mme Da- D’ailleurs, on n’évalue jamais l’impact des pollutions terrestres sur le milieu marin. Autrement manáki. » En clair, l’addition quotas indivi- dit, les pêcheurs aussi pourraient demander des comptes ! duels transférables, plus rendement maxi- mum durable, plus zéro rejet est bien trop « La PCP souhaite que les rejets soient inclus dans les quotas ! Mais les navires ne sont pas lourde pour un secteur essentiel de l’écono- faits pour. Et d’ailleurs, que vont-ils en faire si ce n’est de la farine animale destinée à l’aquacul- mie bretonne, déjà largement fragilisé. ture ? L’impact sur la ressource n’est pas neutre puisqu’il faut trois kilos de poisson sauvage pour produire un kilo de poisson d’élevage. Curieux mélange « Pour les grands fonds, le souhait des professionnels est de continuer leur activité tout en di- Ce qui est proposé est un curieux mélan- minuant leur impact dans la mesure du raisonnable. La PCP n’est pas pour une continuité ge de libéralisme, avec les quotas transfé- d’une pêche durable mais pour un arrêt durable de la pêche. Nous demandons simplement rables qui ne peuvent profiter qu’aux gros et plus de temps pour que les pêcheries s’adaptent. La PCP nous demande de changer notre mé- donc accélérer le déclin de la pêche artisa- tier en un an ! » nale, et d’environnementalisme dévoyé, avec le « zéro rejet », objectivement destiné « Intolérable » à favoriser le développement de la filière des farines animales. Sans parler de la gouver- « Quant au QIT, c’est tout simplement intolérable, car c’est la porte ouverte au libéralisme nance préconisée, qui vise à accroître le rôle total [il s’agit de vendre ses droits de pêche]. C’est une façon de diviser pour mieux régner et de des États au détriment des bassins mari- sortir les bateaux de pêche du circuit. Autrement dit, sacrifier les marins. Le grand oublié, c’est times. donc le volet social ! Ici, on fait des efforts sur les conditions de vie des marins en mer. Mais au- Le même jour que se réunissaient à Bruxelles les délégations des régions mari- jourd’hui, du poisson arrive en Europe sans aucun standard social et environnemental et à des times de l’ ARF, Mme Damanáki faisait escale prix cassés. Nous voulons que tout le monde soit à la même enseigne. à Paris. « À Bruxelles, on n’est pas sourds », « Nous savons comment faire pour consommer moins de gasoil. Mais les politiques s’imagi- a-t-elle dit… tout en restant sur ses posi- nent que c’est la taille d’un navire qui détermine sa capacité de pêche et légifèrent pour nous tions. Le bras de fer va donc continuer, d’au- imposer des normes inadaptées. Il ne faut pourtant pas confondre force motrice et taille ! Et il tant qu’entre en jeu un élément politique de faut séparer la question de la ressource avec celle de l’emploi. poids : désormais, le pouvoir de codécision donne au Parlement européen un rôle cen- « Moi, je pense qu’il est important de conserver tous les types de pêche. Mais prenons une tral dans l’élaboration de la future politique autre idée reçue, celle qui consiste à dire que la pêche artisanale serait meilleure que la pêche commune des pêches (PCP). industrielle. Ce n’est pas ainsi qu’il faut concevoir les choses. La pêche industrielle est ultrasur- L’enjeu est de taille. Il s’agit d’obtenir – si veillée et elle ne se pratique pas dans les mêmes zones. La Scapêche par exemple [armement In- ce n’est d’arracher – l’abandon du principe termarché à Lorient] prélève au large sur 4 % de la zone possible. Elle laisse donc 96 % des des QIT, la réduction des rejets par la sélec- zones inexploitées. Supprimer cet armement et vous vous retrouverez avec une pression énor- tivité et non par le débarquement de toutes me sur la côte ! les captures, la mise en œuvre graduelle et différenciée du RMD, l’organisation du mar- « Que les politiques de la Commission européenne aient des objectifs, c’est normal. Mais ché et enfin une gouvernance régionalisée. qu’ils en discutent et prennent en compte les avis des professionnels. Et qu’ils cessent de poin- Herri Gourmelen ter du doigt des « responsables » qui ne font que subir. » conseiller régional Propos recueillis par membre du comité consultatif G.B. pour la pêche et l’aquaculture

11 Le Peuple breton – novembre 2011 l Briand l Gae Environnement Ria d’Étel : quand paysans de la terre et de la mer font cause commune

Tout a commencé en 1995, lors- qu’un agriculteur de Locoal-Men- don s’est retrouvé embourbé au bord de la ria. Pour s’en sortir, il décide de vider sur place son char- gement de lisier, une manœuvre qui, si elle lui permet de se déga- ger, provoque une pollution ponc- tuelle de cette zone humide, qui aurait pu mettre en danger la pro- duction ostréicole, une des ri- chesses économiques du territoire.

Devant la colère des conchyliculteurs, une réunion alors est organisée entre les deux professions. Le dialogue fécond qui

s’instaure permet non seulement une sen- van sibilisation réciproque aux contraintes de

l’autre mais aussi le lancement de projets Mor D. communs visant à des pratiques plus res- pectueuses de la nature et du travail de Patrick chacun. Quelques mesures ponctuelles sont décidées, comme celle visant à mettre Progressivement, les autres collectivités les objectifs généraux du bassin versant et en place des bandes enherbées en bordure de la ria se sont jointes à ces réunions entre les appliquer à son exploitation à travers de la ria en profitant du Fonds de gestion « paysans de la terre et paysans de la mer » des engagements allant au-delà de la ré- des espaces ruraux (FGER). Elles permet- et, avec l’extinction du FGER en 1999, glementation. En 2002, l’alternance poli- tent d’éviter que les agriculteurs aient à les différents protagonistes ont décidé de tique a mis fin aux CTE. traiter des cultures en bord de rivière. se lancer dans un projet de bassin versant1 Aujourd’hui, le FGER n’est plus opéra- associant agriculteurs, conchyliculteurs Le contrat de bassin mais aussi collectivités et chambre d’agri- tionnel, mais beaucoup d’éleveurs ont Le projet de bassin, quant à lui, prenait gardé ces parcelles en herbe et d’autres, culture. Le principe ayant été retenu, trois orientations ont été définies : préserver la forme. Il a fallu dans un premier temps qui n’avaient pas bénéficié du fonds, ont établir un état des lieux pour définir le adopté la même démarche : il y a vraiment qualité de l’eau, favoriser le développe- ment économique et l’emploi sur la ria, contexte, identifier les pratiques à risques, eu prise de conscience des dangers de cer- recenser et sensibiliser les acteurs locaux. taines méthodes de travail. encourager le dialogue entre hommes de la mer et ruraux. Ce diagnostic participatif territorial, lan- cé en mars 2002 afin de jeter les bases du Un effet boule de neige En 2001, la communauté de com- programme d’actions, s’est fait en asso- Devant le succès de cette première dé- munes de la ria d’Étel a pris en charge la ciant tous les intervenants du littoral, soit marche, d’autres rencontres ont eu lieu, gestion administrative du projet. Parallè- l’ensemble des usagers et gestionnaires de permettant d’avancer sur la question des lement, à l’automne de la même année, la ria : collectivités (pays, communautés pratiques agricoles. On s’est ensuite ren- elle s’engageait dans un contrat territorial de communes…), organisations profes- du compte que l’on n’aurait pas de résul- d’exploitation collectif agricole et sionnelles (conchyliculteurs, pêcheurs, tats probants si l’on se contentait de réflé- conchylicole (CTE), qui portait une at- agriculteurs…), services administratifs, chir, comme c’était le cas jusque-là, dans tention particulière à l’assainissement et à économiques ou techniques (DDE, le simple cadre communal (les pollutions l’utilisation de produits moins polluants. DDAF, IFREMER, Affaires maritimes, ignorant évidemment les limites adminis- Le contrat, signé pour cinq ans, était indi- agence de l’eau…) et associations (ran- tratives). viduel. Chaque candidat devait reprendre donnée, chasse, environnement, pêche de 12 Le Peuple breton – novembre 2011 loisir, canoë-kayak, plaisanciers…). le but de prendre en compte les diffé- ronnement ». Il gère pour la période Après ce long travail de concertation, le rentes attentes des usagers pour un déve- 2010-2012 un budget de 1,5 million contrat de bassin a été signé en 2005. Il se loppement équilibré et concerté. Le dos- d’euros financé essentiellement par présentait comme un ensemble de dé- sier ayant été retenu, il a déjà permis un l’agence de l’eau Loire-Bretagne, les marches reprenant les trois objectifs défi- balisage de certains parcs à huîtres tant il communes, le conseil général (la part de nis précédemment. Il proposait par est vrai que l’absence de signalisation est l’État et de la Région étant plus modes- exemple un suivi de l’état de l’écosystè- un danger pour la navigation et une sour- te). Il est destiné à 80 % au contrat de me, en particulier de ses dix principaux ce de tension entre plaisanciers et ostréi- bassin. Ce dernier a été appliqué, pour cours d’eau, une analyse du plancton, culteurs. Un plan de prévention « hydro- une première tranche, de 2005 à 2008. une surveillance des algues vertes, un carbure », pour faire face aux risques de L’opération ayant été un succès (près programme agricole pour réduire le lessi- marée noire, a aussi été mis en place. des deux tiers des agriculteurs ont par vage des nitrates, les excédents en phos- Le territoire s’est enfin engagé en fa- exemple intégré la démarche), un deuxiè- phore et les risques de pollution ou de veur de la biodiversité et de la valorisa- me a été signé pour les années 2010-2012 avec les mêmes partenaires. Les princi- paux objectifs s’inscrivent dans la logique du précédent, avec un éventail d’actions tout aussi large et ambitieux comprenant des enjeux d’abord écologiques, comme la restauration des cours d’eau (dégradés par le recalibrage, le busage, le non-entre- tien des berges… ce qui peut entraîner des inondations), la lutte contre les ma- rées vertes, l’amélioration de la qualité microbiologique (les pics de pollution sont moins forts mais la contamination diffuse est aujourd’hui plus fréquente), la protection de la biodiversité, menacée par la pression humaine… Les enjeux so- cio-économiques ne sont pas oubliés : re- cherche d’un équilibre entre les diffé- rentes utilisations de la ria, maintien des activités traditionnelles menacées par la chute du prix du lait ou la surmortalité des huîtres. Vers une nouvelle étape ? Ainsi, à partir d’un dialogue entamé orvan après un accident écologique pour que deux professions d’une petite commune ick D. M D. ick se connaissent et se respectent, on est Patr progressivement arrivé à l’élaboration d’un programme global d’aménagement contamination bactériologique, un ap- tion du patrimoine naturel. Depuis du territoire dont la valeur est aujour- pui technique pour un maintien de 2007, il est l’opérateur local des quatre d’hui reconnue bien au-delà de la ria. l’agriculture et de la conchyliculture… mille hectares de la ria qui sont aujour- Ne peut-on dès lors envisager une nou- Des conseils individualisés visant à fai- d’hui inscrits dans le réseau Natura 2000. velle étape, qui pourrait être, pourquoi re le point sur les pratiques de l’agricul- Un document d’objectifs, visant à définir pas, la création d’un parc naturel régio- teur en matière de fertilisation et d’utilisa- les moyens contractuels de gestion du nal ? L’argument de la modestie du terri- tion des produits phytosanitaires, des site, a été élaboré. Désormais validé, il toire, le premier qui pourrait être utilisé, recommandations d’ordre agronomique, sera décliné en quarante-cinq proposi- ne tient pas. Il existe dans l’Hexagone des des interventions de professionnels spé- tions d’actions qui sont appliquées de- PNR qui sont moins étendus ou moins cialisés en bâtiment ou en gestion des puis 2011. Parmi elles on relève une lutte peuplés. Rien non plus n’empêche de fourrages ont également été programmés. contre les espèces invasives, le désem- l’étendre vers des lieux proches tout aussi Pour la conchyliculture, un diagnostic broussaillage des landes, une aide à la sur- fragiles : presqu’île de Gavres, Côte sur l’assainissement ainsi que sur la ges- vie de la loutre. sauvage… tion ou le stockage des produits à risque a Pour assurer la mise en œuvre et la syn- Patrick D. Morvan été proposé tandis qu’une démarche chronisation de ces trois programmes pour une production durable et solidaire complémentaires (le contrat de bassin (avec une culture 100 % en milieu natu- pour la qualité de l’eau, la GIZC pour un rel, une réduction des déchets…) était partage harmonieux de l’espace, Natura 1. Le bassin versant de la ria d’Étel accueille 40 000 habi- engagée avec le soutien du réseau écolo- 2000 pour la gestion et la protection des tants sur 36 000 hectares. C’est un pays agricole (350 ex- gique Cohérence. écosystèmes), un syndicat mixte regrou- ploitations, 25 000 ha de SAU) où dominent la produc- tion laitière (volailles, porc et cultures maraîchères pant les dix-sept communes du bassin a viennent plus loin derrière) et la conchyliculture (50 ex- Un projet exemplaire été créé en 2007. Il a pris le relais de la ploitations offrant 275 emplois, soit 150 équivalents communauté de communes de la ria temps plein, pour une production annuelle de quelque Le bassin a en outre répondu, en 2005, 3 000 tonnes d’huîtres, en année « normale »). On dé- à l’appel à projets lancé pour une gestion d’Étel (au périmètre plus restreint), qui nombre également 72 établissements industriels de plus intégrée des zones côtières (GIZC), dans pilotait jusque-là les projets « eau et envi- de 10 salariés.

13 Le Peuple breton – novembre 2011 Énergie e Vers un mie Le projet autono tique d’éoliennes énergé agne en pays de Vilaine en Bret

En France, l’énergie est l’affaire exclusi- créé le premier parc éolien coopératif et construire à l’automne 2011 et à l’été ve de l’État et de grands groupes indus- pédagogique de France à Béganne, dans le 2009. triels. Une situation qui déresponsabili- Morbihan ! Il est important de noter que Pour ce faire, et souhaitant rester maî- se totalement les territoires et le citoyen ce projet, s’appuyant dès l’origine sur une tresse du développement des projets lo- en les plaçant dans un simple statut de démarche participative exemplaire et tota- caux qu’elle avait lancés, l’association a consommateur. Au Danemark, en Alle- lement transparente, n’a suscité aucune ré- créé en 2007 la SARL « Site à watts ». Cet magne ou encore en Belgique, on consi- action de la part des riverains et popula- outil de capital-risque a permis de lever les dère que le vent est une ressource locale tions locales concernées. gérée par et pour les acteurs locaux (col- Au-delà de la promotion de l’éolien ci- lectivités, associations, particuliers, toyen et de la création de parcs pour la structures privées) et que le développe- production d’électricité, l’association ment des énergies renouvelables doit EPV souhaite sensibiliser les populations s’accompagner d’une démarche d’éco- aux questions d’économies d’énergie. nomies d’énergie. C’est la raison pour laquelle elle effectue Forts de ce constat et inspirés par des animations scolaires du primaire au d’autres modèles, quelques acteurs enga- collège sur le thème de l’éducation à gés du pays de Redon ont décidé de se l’énergie, en classe ou lors de sorties péda- prendre en main en créant en 2003 l’asso- gogiques. Elle contribue de plus à la for- ciation Éoliennes en pays de Vilaine mation d’adultes, notamment en forma- (EPV), avec l’ambition de porter des pro- tion continue, à la faveur de la jets éoliens citoyens sur le pays de Redon, construction de projets de territoire. mais aussi d’induire un changement de € pratiques énergétiques, de créer de la ri- Le souffle fonds nécessaires (300 k ) à la réalisation chesse locale autour de la maîtrise de de la coopération des études préalables incombant à ce type l’énergie et de développer les énergies re- C’est en 2005, après avoir essuyé moult de réalisation : études d’impact, de sécuri- nouvelables. refus administratifs de sites d’implanta- té, paysagères, faunistique, floristique, etc. tion dans le pays de Redon, qu’ont émergé Dès cette époque, l’association a fait preu- Cette association, qui compte au- les projets des parcs éoliens de Séverac- ve d’innovation sociale et économique re- jourd’hui plus de deux cents adhérents, a Guenrouet (44) et de Béganne (56). Ces marquable puisqu’au-delà de la sollicita- deux parcs de quatre éoliennes chacun ont tion des fonds publics via la SEM Énéé respectivement obtenu leur permis de (CG 44) elle a mobilisé trois « Cigales »

Manifestation anti-nucléaire à Rennes Oubliés, mais bien présents ! Obnubilée par la présence des trois candidats à la présidentielle que sont Eva Joly (EELV), Co- rinne Lepage (Cap 21) et Philippe Poutou (NPA), la presse en a presque oublié de parler des autres formations. Et pourtant, force est de constater que ce sont les anarchistes (CNT + Fédération anarchiste + Alternative libertaire) qui menaient la danse ! L’UDB, oubliée des médias tant francophones que bretonnants car reléguée en toute fin de cor- tège, rassemblait malgré tout 150 militants par- mi les 15 000 personnes que comptaient la ma- Pierre Morvan Pierre nifestation. Au final, pari réussi pour la coordination antinucléaire de mobiliser les citoyens autour de la sor- tie rapide du nucléaire ainsi que l’abandon des chantiers EPR et de la ligne à très haute tension (THT). Cette manifestation massive de Rennes a prouvé encore une fois que les Bretons sont préoccupés par les questions énergétiques et n’approuvent pas les choix étatiques de cette énergie centralisée et opaque qu’est le nucléaire. Pierre Morvan Pierre G.B. 14 Le Peuple breton – novembre 2011 (clubs d’investisseurs pour une gestion al- geables et, pour ce qui concerne le projet de une douzaine de citoyens. Elle a pour ob- ternative et locale de l’épargne solidaire), Béganne, les émissions d’actions seront jectif de développer les énergies renouve- ses adhérents et surtout un collège de proposées au prix unitaire de 100 € à lables sur le pays de La Roche-aux-Fées membres fondateurs d’EPV qui ont inves- l’adresse suivante : www.energie-parta- (sud de l’Ille-et-Vilaine) et travaille avec ti leurs deniers personnels à leurs risques et gee.org EPV sur un projet de parc éolien citoyen et périls… Au final, en terme de gouvernance, un participatif. Elle compte aujourd’hui plu- Cet outil, maintenant rodé, permet au- pacte d’actionnaires en cours de rédaction sieurs dizaines d’adhérents. jourd’hui de capitaliser les compétences déterminera les « droits » et les « devoirs » Enfin, depuis juillet 2010, EPV travaille autour de l’éolien dans les domaines de de chacun. Par exemple, chaque Cigales avec le conseil régional de Bretagne sur l’ingénierie juridique, technique, finan- actionnaire du projet disposera d’une voix l’émergence d’un réseau régional des cière et de l’exploitation des futurs parcs délibérative. porteurs de projets citoyens d’énergies re- éoliens au profit d’autres expériences en nouvelables en production éolienne, pho- cours de développement, en Bretagne Essaimage en cours en Bretagne tovoltaïque, bois-énergie ou micro- principalement. La « méthode » EPV fait tache d’huile. hydraulique. Le 7 octobre dernier a eu lieu Ainsi, Éoliennes en pays d’Ancenis est une à Bruz, en présence de Dominique Ra- Une gouvernance mard, conseiller régional de Bretagne en hors du commun association loi 1901, créée en 2010, qui re- groupe environ 100 adhérents. Elle déve- charge de l’énergie et du climat, la présen- La spécificité de ce parc, c’est que les loppera un premier parc éolien citoyen sur tation officielle du réseau Taranis (du nom parts du capital sont détenus en majorité les communes de Teillé, Trans-sur-Erdre et de la divinité celte du ciel, de la foudre et par des particuliers. De type coopératif, on Mouzeil (44). Elle bénéficie du soutien de du tonnerre). EPV est en charge de l’ani- y trouve plusieurs collèges : les membres la SEM Énéé 44, détenue à 80 % par le mation du réseau, constitué d’une vingtai- fondateurs (EPV, SAW, membres fonda- conseil général de la Loire-Atlantique qui ne d’associations et de collectivités. L’ob- teurs) ; les particuliers : clubs d’investis- finance les études de pré-faisabilité d’un jectif est de favoriser le portage de projets seurs (Cigales), Énergie partagée investis- projet éolien, et par la SAS Site à watts dé- énergétiques citoyens sans intérêt spécula- sement ; le public : société d’économie veloppement, qui accompagne les projets tif en ramenant au contraire de l’éthique, mixte, fonds Région ; des entreprises lo- éoliens citoyens sur les questions tech- de la solidarité et une cohérence écolo- cales de l’économie sociale. nique, financière et juridique (http://eo- gique dans les choix énergétiques des fu- On peut ainsi noter que via la CADES, liennes.ancenis.free.fr). tures démarches. pôle de développement de l’économie so- Énergie des fées est également une asso- F.D. ciale et solidaire du pays de Redon, 43 Ci- ciation loi 1901, créée en avril 2010 par gales dédiées au projet de Béganne ont été créées au printemps 2011. À titre de com- paraison, en trente ans d’existence de ce type d’outils, seuls 150 existent en France ! Le parc de Béganne Aujourd’hui, environ 500 particuliers ont investi dans ces Cigales pour un mon- Caractéristiques techniques tant d’environ 1 M€. Un deuxième appel • 4 éoliennes Repower (2e constructeur mondial) de 2 MW, soit 8 MW installés. à souscription publique sera effectué en • Hauteur du mât : 100 m, diamètre pales : 92 m. janvier 2012 pour lever des fonds complé- • Production estimée : 20 700 MWh par an, soit la consommation de 18 000 habi- mentaires. tants, soit le tiers de la population du pays de Redon.

Un outil financier Caractéristiques financières au niveau national • Investissement total de 12 M€ : La SCA (société en commandite par ac- – fonds propres (dont permis de construire) : 4 M€ ; tions) Énergie partagée investissement est – emprunt : environ 8 M€. un outil financier dédié agissant sur le plan • Des tarifs de rachat régulés sur 15 ans. national. Membre fondateur, Éoliennes • Des machines garanties et assurées pour 20 ans. en pays de Vilaine en a pris la vice-prési- dence. Après plus d’un an d’instruction, Calendrier Énergie partagée investissement a obtenu, • 1re ouverture du capital : fin octobre 2011. le 19 septembre 2011, le visa de l’Autorité • Consultation des entreprises : novembre 2011. des marchés financiers lui permettant de • 2de ouverture du capital et accord bancaire : janvier 2012. lancer une importante souscription ci- • Démarrage des travaux : février 2012. toyenne pour le développement des éner- • Mise en service : septembre 2012. gies renouvelables en France. Ceci signifie qu’à très court terme des bulletins de souscription seront téléchar- DR (photo montage) (photo DR

Les adresses à utiliser :

Pour c Pour tél ontacter hérer : éphoner : Pour ad int-Brieuc 02 9 les élus ré rue Pinot-Duclos – Sa 6 61 48 63 gionaux : UDB – 9, Groupe UDB 13 C, rue Franz Pour écrire : 35700 R -Heller ternet : ennes cedex 9, rue Pinot-Duclos – 22000 Saint-Brieuc Site In [email protected] www.udb-bzh.net

15 Le Peuple breton – novembre 2011 Leurre de vérité

Irrespirable !

L EST DES DÉCLARATIONS de responsables politiques qui nous grossir. Oui, ce climat de suspicion générale nous asphyxie. Ilaissent pantois. Il en va ainsi de propos récents de M. Brice Irrespirable ? Irrespirable, l’enfermement de la France dans ses Hortefeux, désormais conseiller spécial du président de la Ré- frontières que les vôtres, M. Hortefeux, ont sinistrement orga- publique. Quand les hommes importants ont un message im- nisé afin de surfer sur la vague lepéniste. On enferme, on enfer- portant à asséner au peuple, ils s’invitent au « 20 heures ». Le me, on enferme à tour de bras musclés des hommes et des plus souvent, c’est celui de TF1, la chaîne passée maîtresse dans femmes dont le seul crime est de ne pas avoir de papiers, des en- l’art d’attaquer les « cerveaux disponibles ». Ce soir-là, ce fut fants alors que c’est interdit, des malades au lieu de les soigner. pourtant le JT de France 2. Le thème de l’intervention de On expulse, on expulse, on expulse à tour d’avions réguliers des l’homme du Président ? Le climat des affaires ! hommes et des femmes menacés dans leur pays d’origine, des Il est sans doute temps pour le sommet de l’État, mis en cause enfants scolarisés dans nos écoles où ils font leur la langue fran- dans plusieurs affaires de corruption ou de financement occul- çaise. Oui, la traque à grande échelle que vous menez étouffe la te, d’envoyer au feu ses fidèles lieutenants. L’heure étant à l’indi- générosité foncière de la plupart des Français. gnation, il fallait bien que M. Hortefeux nous serve son petit Irrespirable ? Irrespirable, le développement de la xénophobie couplet en cette matière : « Trop c’est trop ! Cette avalanche de d’État dont les vôtres, M. Hortefeux, se sont rendus coupables boules puantes allant toutes dans la depuis cinq ans et qui a contribué à exa- même direction, pour affaiblir le prési- cerber la parole raciste pour laquelle dent de la République, produit une vous avez vous-même été condamné par atmosphère irrespirable pour les Fran- la justice de notre pays. Les tracasseries çais. » Le culot administratives à l’encontre des étran- Ainsi, pour le contre-feu télévisé d’un gers « légaux » se multiplient, les forma- soir ordinaire, les affaires, dont la justice d’un laquais lités à remplir et les documents à fournir semble enfin vouloir s’occuper sérieuse- lors de la moindre demande adressée à ment, doivent être considérées comme une préfecture deviennent démesurés de vulgaires boules puantes que empressé comme les queues durant des nuits en- quelques mauvais garnements auraient tières marquées par l’espoir de pouvoir lancées pour empoisonner l’atmosphè- d’embobiner enfin être reçu au sein des services pré- re. Nous n’aurions donc là qu’une péri- fectoraux. Nous n’hésiterons plus à par- pétie insignifiante, comme il en existe l’opinion ler de l’administration de la honte qui se tant dans les cours de récréation ou les double, comprenons-le bien, de la honte salles de classe accueillant de joyeux po- administrée aux étrangers par les procé- taches. Cette atténuation des faits est publique dures minables que vous avez mises en évidemment grotesque et ne mérite pas œuvre depuis votre ministère de l’Immi- que l’on s’y attarde plus longtemps. gration et de l’Identité nationale, minis- tère de funeste mémoire. Oui, de tout C’est ailleurs que s’exprime le culot du laquais empressé d’em- cela aussi nous suffoquons. bobiner l’opinion publique : à cause du tapage médiatico-judi- ciaire, l’atmosphère est irrespirable pour les Français. Voilà les Irrespirable ? Irrespirable, la kyrielle de pressions que le pou- Français brutalement regardés – et instrumentalisés – comme voir exécutif tenu par les vôtres, M. Hortefeux, exerce sur la ma- une totalité évidente. Des Français qui subitement auraient du gistrature de notre pays par l’intermédiaire de procureurs ser- mal à respirer parce que l’on embête le Président avec des pecca- viles placés au bon endroit. Les Français, que vous semblez dilles. appeler à la rescousse, devraient unanimement s’étonner que vous soyez si bien informé du contenu de certain dossier quand Eh bien, vous avez raison M. Hortefeux, l’atmosphère est le juge vient tout juste de s’en saisir. vraiment irrespirable. Non pas à cause du tapage médiatique ou Et que penser de ces écoutes illégales de journalistes enquêtant de l’avalanche de boules puantes dont vous parlez mais en raison sur les affaires sensibles que vous prétendez dérisoires ? Le chef de la conception que vous avez, vous et vos semblables, de la ma- du Renseignement vient d’être mis en examen pour de tels faits nière de gouverner notre pays. Oui, trop c’est trop. à l’encontre d’un journaliste du Monde couvrant l’affaire Irrespirable ? Irrespirable, le climat de suspicion et de peur Woerth-Bettencourt. À qui obéissait-il ? Qui l’a nommé à ce dont les vôtres, M. Hortefeux, ont recouvert avec ardeur notre poste stratégique, M. Hortefeux ? Oui, votre conception de la pays au fil des dix dernières années. Votre manie du fichage est justice et de la police nous incommode gravement. issue à l’évidence de votre sentiment intime que chacun de nous est un suspect à surveiller. Pardon, corrigeons vite cet excès de Si la République que vous êtes censé servir pouvait parler, langage : vous savez préserver de votre maladive attention les po- M. Hortefeux, elle vous rétorquerait : « Atmosphère ! tentiels délinquants en col blanc. C’est la France d’en bas qui Atmosphère ! Est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ? La vous préoccupe au plus haut poing ! Vous voyez en chacun des République est assurément bien autre chose que l’atmosphè- quatre millions et demi d’assujettis à la CMU – un exemple par- re de vos troubles manigances. » mi tant d’autres – un fraudeur possible alors même que les tri- Vous la salissez. Elle est là la vraie puanteur.La République cheurs ne représentent que 0,1 % de cette population déshéritée ne peut plus vous reconnaître. Vous ne la méritez pas. que votre politique économique néolibérale ne cesse de faire Yann Fiévet

16 Le Peuple breton – novembre 2011 Azia ar Gevred Al Liñvadenn Veur

Emañ Tailand o c’houzañv an dour- beuz evit an eil gwech hevlene. Dis- karet ez eus bet gant al liñvadenn daou vilion a zevezhioù arat er rize- gi. Seul zrastusoc’h eo an darvoud ma vez pourchaset gant ar vro-se 30 % eus ar pourvezioù riz war ar marc’had etrebroadel. En em as- tenn a ra reuz ha freuz an dour- beuz e meur a gornad eus ar rann- ved evit gwir, e Laos, Kambodjia ha Vietnam, ur vro a oa bet kollet ganti 34 % eus he fourvezioù riz warlene abalamour da-se. Kreñvoc’h kreñ- vañ e teu ar mousonoù da vezañ eus an eil bloaz d’egile ha peadra ’zo da gompren ne vo ket aodoù Azia evito a-benn dek pe ugent vloaz. Seul enkrezusoc’h eo an em- droadur ekologel ma ’z eus en Azia ar Gevred broioù eus ar re boble- kañ ha ma ’z eus bet dastumet enno unan eus kreñvañ nerzhioù

kêriekaat er bed*. Ashar Itesh Foto Liñvadenn e straedoù Bombay en India. Petra bennak e vez graet gant ur steuñv tri mil kempennet evit distreiñ an a strujusae o farkeier. Deuet e oant a- m’ez eus peder fempvedenn anezho o dour-beuz diwar Bangkok, ennañ implij benn gant ar skiant dastumet oc’h en chom e karterioù lochennoù. kanolioù ha reñvell-koll, e chom berr em ober ouzh ar seurt endro da vagañ servijoù ar riez da daliñ outi. E-kichen ur boblañs o kreskiñ. Ouzhpenn 165 kêrbenn gozh ar rouantelezh, Ayut- Repuidi an hin milion a dud ’zo o chom e Bangladesh thaya, ez eus bet lezet an dour da veu- hiziv an deiz, tost da beder gwech Jedet ez eus bet e vo beuzet gant an ziñ ar gourhent evit gellet gwareziñ an muioc’h eget e fin ar c’hantved diwe- dour mor 8 % eus douaroù Bangladesh uzinoù rak hepto e vefe kalz brasoc’h ar zhañ. Siwazh evito emañ kresk live ar ac’hanen da 2030, 10 % anezho ac’ha- c’holl evit ekonomiezh ar vro hag e vefe mor hag hini teuzerezh ar skornegi o nen da 2050 ha 16 % anezho ac’hanen lakaet dilabour kantadoù a viliadoù a kinnig beuziñ ha difrouezhiñ ul lodenn da 2100. Petra bennak e tiskenn ar feur vicherourien. Savet e oa bet Bangkok eus o ziriad. Emañ ar gêrbenn, Dhaka, genel e kendalc’ho ar boblañs da gres- er XVIIIvet kantved war un douar priek a- kiñ. 35 % muioc’h a dud a vo er vro e boan uheloc’h eget live ar mor hag aet 2050 endra ma tegaso al labour-douar donoc’h c’hoazh gant pouez ar c’hen- d’ar mare-se 30 % nebeutoc’h a bour- dier. Drastusoc’h eo aet ar jeu gant vezioù abalamour da efedoù an em- kresk live ar mor degaset gant kemm droadur ekologel. An divroañ a vo an an hin. En em astennet eo ar geoded diskoulm nemetañ. Kinnig a raio moar- betek re ouzhpenn-se war dakadoù vat milionoù a repuidi treuziñ harzoù In- maezeier a lakae an dour da redek kuit dia daoust d’an diegi a vez gant pen- gwechall. Hervez arbennigourien e vo noù ar vro-se diwezhañ da zegemer beuzet ul lodenn eus Bangkok da viken muzulmidi, ken feulz eo deuet da vezañ ac’hanen da 2030. an darempredoù etre ar c’humunie- zhioù relijiel enni. Klask a ra muioc’h Kornadoù o vont da get muiañ a Vangladeshiz henn ober dre guzh dija ha lakaet ez eus bet gant Indiz Peadra ’zo da vezañ enkrezet linennoù orjal dreinek evit mirout outo muioc’h c’hoazh gant gwallefedoù em- da dremen. draodur an hin war Vangladesh. Reiñ a ra arbennigourien da c’houzout e strizh miret gwir Pep Paol ar Meur c’hoarvezo dizale eno gwallzarvoud War ur radell feuzat e Vietnam. drastusañ planedenn mab-den. Dont a *Er rannved-se emañ Pakistan, ur vro bet gwal- ra betek ar vro vihan-se 92 % eus an laozet gant an dour-beuz ivez (lennit « Pakistan, doureier diskarget gant skornegi ar en un takad a c’hell bezañ gwallaozet reuz ha freuz an dour-beuz », Pobl Vreizh niv. menezeier Himalaya hag izel spontus gant an dour-beuz ivez. Seul enkrezu- 562, miz du 2010). emañ an hanter eus he gorread. Boas e soc’h eo ma ne baouez ket he foblañs oa ar vroiz koulskoude ouzh an dour- da greskiñ (tremenet eo eus 6 milion a Effets prévisibles des changements beuz a zegase ingal bep bloaz al lec’hid annezidi e 1990 da 14 milion e 2010) ha climatiques dans le Sud-Est asiatique.

17 Pobl Vreizh – Du 2011 Ur sizhunvezh Buhez ar greizenn

Tri bloaz a zo tremenet abaoe m’eo gezh Yezhoù ha sevenadur e-touez Lun 3 bet digoret ar greizenn e miz Gwen- darvoudoù Celtomania. Tri-ugent Poent loc’hañ eo evit ar c’hentañ golo 2008. Distro-skol kentañ ar den a zo en em gavet, en o zouez un stummadur hir e brezhoneg kinniget skolaj Diwan a oa neuze. Nav bugel ugent bennak a vugale, evit kerzhout, gant Skol an Emsav el Liger-Atlantel. a oa e-barzh ar c’hlasad c'hwec'hvet kanañ, dizoloiñ maezioù Sant-Erv- nemetañ. A-benn miz Mezheven e 13 stajiad a vo etre miz Here ha fin lan. Degemeret int bet gant Michel miz Meurzh o teskiñ ar yezh, soubet vo nav anezho o tremen ar breved François e anv aotroù maer Sant-Erv- hag o vont kuit d’al lise. en aergelc’h leun a startijenn ar skolaj. lan, Charles Gautier, en doa sinet E fin ar stummadur e vint divyezhek daou vloaz ’zo karta « Ya d’ar brezho- hag e c’hellint tapout an DCL-DBY Digoret e oa bet e memes koulz ar neg ». Loc’het eo neuze a-benn teir gKDSK, kreizenn dafar sevenadurel B2 war ar brezhoneg, roet gant skol- eurvezh bale troc’het gant sonerezh, veur Roazhon. keltiek, a ginnig d’al lennerien 13 000 ur gontadenn e gallaoueg, kanoù- diell diwar-benn danvez Breizh hag ar bale, istor sant Hermeland, tad-pae- broioù keltiek. KDSK a zo staliet ron ar geoded. Ur blijadur d’an holl, neuze war daou lec’h : unan e skolaj ar re vihan o flapañ gant o mignoned, Diwan Gwened hag egile e kreizenn ar re vras ivez… Dindan un heol ber- Yezhoù ha sevenadur e Sant-Ervlan. vus, ur souezhadenn e deroù miz Brendan a zo goprad KDSK hag e te- Here. gemer an dud o deus c’hoant da am- prestiñ pe da lenn pe da gavout diel- loù eus ar meurzh d’ar sadorn. Pep gwir miret strizh miret gwir Pep Poent loc’hañ ar stummadur hir e KDSK.

Petra eo o falioù ? Savet em eus un nebeud goulennoù ouzh ar stajidi. Broudet int holl gant ar c’hoant da

Pep gwir miret strizh miret gwir Pep zeskiñ, evit ar blijadur, met ivez gant Ur gontadenn e gallaoueg palioù micherel evit lod. Reoù o deus gant Yves Bourdaud. desket an diazezoù e Kentelioù noz,

Pep gwir miret strizh miret gwir Pep reoù all a grog da vat hiziv. Brendan a zegemer an dud e KDSK. Degemeret eo bet ar valeerien, dis- Anne : « Goude bezañ klasket meur tro e Yezhoù, gant dañserien ha dañ- a wech deskiñ ar yezh e teuin a- Burevioù Kentelioù an noz a oa bet serezed Tréteaux et terroir. staliet amañ ivez ha daou c’hoprad benn… Plijout a rafe din labourat er leun-amzer a zo bremañ evit diorren skol Diwan evel skoazellerez… » ha kenurzhiañ obererezhioù ar gevre- Deiz an dorioù digor Karantez Vreizh eo a vroud Aude da digezh : 250 den a zesk brezhoneg en eo ivez e Yezhoù heuliañ ar stummadur hag ivez ar departamant gant ar gevredigezh. E-barzh ar savadur e weladenner c’hoant da labourat evit glad ha seve- Claire a zo kenurzhierez. Desket he diskouezadeg Kristin David Poltridi : nadur Breizh. Deborah a soñj dezhi e doa ar brezhoneg warlene gant Skol poltridi a dud yaouank hag a dud ko- c’hello gwareziñ ha treuskas sevena- an Emsav e Roazhon. Aorelian a ra shoc’h tennet evit lod e Naoned, am- dur Breizh. An div a zo dedennet gant war-dro ar stummadur. Reiñ a ra ken- brouget gant skritelloù divyezhek, ar buheziñ. telioù brezhoneg ha gober a ra war- barzhonegoù, pozioù skrivagnerien, Arno ha Fañch a stummo anezho. dro stummadur kelennerien ar gevre- un doare da gejañ ouzh Naoned hag « Deomp da vroudañ hor stajidi da digezh (un ugent bennak). hec'h annezidi ivez. Poltridi ar skola- zeskiñ, da reiñ buhez d’ar c’helenn jidi a weler kenkoulz ha re stourme- gant gweladennoù, eskemmoù gant Sul 2 rien e manifestadegoù, poltridi a dud brezhonegerien, gant stajidi Roazhon Ar sizhun-mañ a grog gant ur valea- en transportoù boutin ha reoù a dud ivez, kerkoulz ha ma vo tapet an dia- deg 6 km kinniget gant ar gevredi- e festoù-noz pe o seniñ. zezoù gant an deskarded a-benn gel-

18 Pobl Vreizh – Du 2011 e Yezhoù ha sevenadur sevenadurel breizhek el Liger-Atlantel lout eskemm, kompren, komz e brez- amezeg tostañ ar skolaj. Ar predva zo lioù an noz, kinniget e vez d’al liseidi honeg. » dieub evito un eur a-raok pred an des- prientiñ an opsion brezhoneg er va- Er skolaj karded. Un trepas ha c’hwec’h kambr chelouriezh. Pemp lisead zo deuet ar a zo evito ivez en estaj kentañ. mintin-mañ da zastum titouroù. Ao- Kregiñ a ra ur sizhun labour ouzh- relian a roio kentelioù dezho, hervez penn evit ar skolajidi. o live hag o c’hoantoù. Unan a zo e Bamiñ a ra ar re vrasañ oc’h en em termen klas hag he deus c’hoant d’en welout er sal vras war poltred pe bol- em brientiñ evit ar vachelouriezh, tred en diskouezadeg. Adkavout a ra gant ar brezhoneg e giz LV2. Ar re all pep klasad e sal hag e gelenner. Ur stu- a zo e kentañ klas e liseoù gall. Kom- di a zo evit ar bempvidi a denn splet pren a reont brezhoneg dre m’ o deus eus ar prantad-se evit adwelout un di- desket er c’hentañ derez, er skol di- viz e saozneg. vyezhek pe gant Diwan. Pep gwir miret strizh miret gwir Pep O tommheoliañ er porzh… Ul lodennig nemetken eo eus obe- rerezhioù Kentelioù an noz a ginnig d’e izili a bep seurt traoù da ober e Merc’her 5 brezhoneg. Hiziv (8 a viz Here) ez eus Aozet e vez gant Kentelioù un tañva ur c’hlask teñzor e brezhoneg e kreiz- (war ar brezhoneg) evit ar vugale. Lod kêr Naoned. C’hwec’h skipailh tud a o deus diazezoù eus ar bloaz treme- liveoù disheñvel a glasko diskoulmañ net. Lod all a grog ar bloaz-mañ gant goulennoù ha divinadelloù diwar- ar brezhoneg. benn istor Naoned, e brezhoneg evel-

Pep gwir miret strizh miret gwir Pep just, a-hed ar straedoù. Skolajiadezed pempvet o tibunañ un diviz saoznek. Gwener 7 Kenderc’hel da greskiñ Ar pevare klasad a zo bet digoret er Ur bleustradeg war ar sonerezh a skolaj en distro-skol-mañ : bremañ ez Vro-Iwerzhon a zo fenoz. Fred a ra Re vihan eo ar greizenn dija, leun- eus 47 skolajiad eus 41 familh, rannet war-dro ar stal hag a vod un ugent a chouk evel ur ruskenn o fraoñval a- etre ar pevar live. E-touez an nav re sonerien a violin, gitar, akordeoñs, hed ar sizhun. gentañ eo chomet eizh skolajiad er fleüt… Ar sonerien a zo barrek a- Dav ’vo kavout ul lec’h all evit ken- skolaj. Unan ouzhpenn a zo erruet e walc’h war o benveg dija. Klask a derc’hel da greskiñ : e Sant-Ervlan pevare. Ar re-mañ a dremeno ar bre- reont mont pelloc’h, tapout an ton, ar moarvat e 2014. Ar raktres a-benn ved e miz Mezheven. Ret e vo dezho son hag al lusk. Evel-se e vint gouest krouiñ ur greizenn sevenadurel a choaz : pe mont da Garaez, ken- da seniñ sonioù iwer-zhonat er pu- c’hellfe degemer 120 diabarzhiad/sta- derc’hel gant Diwan, pe chom el Li- boù, lakaomp. jiad a zo war ar stern. Ret eo desachañ ger-Atlantel en ul lise gall (pe e gal- bremañ evezh hag arc’hant ar strolle- leg). Sur a-walc’h ar vignoniezh evit ge-zhioù tiriadel… hini pe hini a c’hell broudañ reoù all Damaris Merlet da zibab ar memes tra ! Nav skolajiad all a zo e pevare : unan nevez erruet ar bloaz-mañ hag unan warlene en o Un exemple des multiples efforts faits zouez. Daouzek skolajiad e pempvet. en faveur de la culture bretonne dans Seitek skolajiad nevez e c’hwec’hvet. la Loire-Atlantique : le centre culturel Ur sin mat evit an dazont. Dont a breton Yezhoù ha sevenadur (Langues reont eus skol Diwan Naoned met strizh miret gwir Pep et culture) à Saint-Herblain. ivez eus skol Diwan Sant-Nazer pe Fred hag e sonerien. Roa-zhon. A-benn nebeut e teuint marteze eus skol Diwan Gwenrann D’ar Sadorn ivez Lec’hienn UDB pe Pariz. Debriñ ha kousket (d’al lun e vez implijet ar greizenn evit ober ha d’ar yaou) a ra ar skolajidi er CFA, kentelioù, stajoù aozet gant Kente- www.udb-bzh.net

19 Pobl Vreizh – Du 2011 Du ha gwenn Al Liamm ha plas da lenn… Tìr-na-nÓg Niverenn 388 An Urzhiataer-hud II Kevrin an ene- an darn vrasañ anezho. Trist int ivez. Un zenn, gant Garmenig Ihuellou, emban- doare nec’hamant a santer. Div skouer : net gant Keit Vimp Bev, priz ebet merket. An Amzer da zont a c’hellfe bezañ yaus a Skrivañ a raen e echu gant « Rak ne bad ar frankiz nemet 2008 a-zivout lo- ur pennad tre » ha Gwad an tali a echu denn gentañ an evel-henn : « Pell o tont eus an hanter- Urzhiataer-hud : noz / E tislonke ar mor / Tali ken du hag « … kalz a duden- ar marv. » Un oberenn. Kinniget brav eo noù. Re marteze. al levr ; gant tresadennoù niverus gant Kalzig a draoù Pierre Guerrier ha daou skrid kinnig diaes da grediñ a gant Cheun ar Gall (« Ar Pioka ») ha gaver en oberenn. Yann Riou (« Yann Vraz »). Speredek, brokus, kalonek ha yaus eo Komz brezhoneg a ran ouzh ma bu- an darn vrasañ eus an tudennoù […]. gel Je parle breton à mon enfant hag Kavout a reont diskoulmoù da bep tra, ouzhpenn Geriaoueg vihan an dud evel skaouted. N’eo ket displijus met vras hag ar sevel bugale vihan suivi un tamm re “jentil-tout”. […] hir e se- de Petit vocabulaire parental de Emeur o lidañ 30vet deiz-ha-bloaz marv An- blant an traoù. […] Berroc’h ha luske- puériculture, gant Mark Kerrain, em- jela Duval. Enoriñ ar varzhez hag he oberenn a toc’h, e vije bet gwelloc’h an oberenn. » bannet gant Sav-Heol, 9 €. ra Al Liamm gant he niverenn 388. Barzhoneg Kemm ebet. N’eo ket ur c’hrach zo bet hir Kervalan Regez en oaled a son e-giz un Ne gomzer heklev da oberoù ar varzhez, hi hag he doa met daou, war ar memes enezenn (!)… ket dre-vras eus dalc’het tan an oaled bev-bev. Ur rummad all a dud oa aze c’hwec’h levrioù divye- Ur pezh-c’hoari — an hini nemetañ moarvat vloaz oa… Kendelc’her a reer gant an zhek a c’hellfe be- — diwar dorn ar skrivagnerez a zizoloer gant souezh : Ar bern keuneud. E 19 doare Patrouille des Castors gant ur zañ gwelet evel 62 oa bet skri- bern kentelioùigoù war a bep seurt vet, taolenniñ a ra tud diwar ar maez. Div gon- levrioù deskiñ. tadenn diembann a gaver ivez : Paotr-Maï hag traoù ouzhpenn… Ya, berroc’h ha lus- Re bouezus eo an aotroù Pier ha Kemener. Fent a gaver ketoc’h e vefe bet gwelloc’h an oberenn. an danvez, re a enne, ur fent eus amzer yaouankiz Anjela. ezhomm o deus Skouerioù int eus « ... yezh plaen, aes ha plijus da lenn, diardoù » a ouie dispakañ. kerent ’zo eus Ar prenestr arc’hant, gant Per Ponda- Met piv oa hi e gwirionez ? War digarez ur ven, embannet gant An Alarc’h, 12 €. un tamm sikour brezegenn distaget e Kawan ar bloaz-mañ e evit sevel o bugale e brezhoneg ken e kont Riwanon Kervella peseurt doare plac’h Biologour a vi- vefe torfed chom hep menegiñ labour oa Anjela Duval. cher, anavezet e Mark Kerrain. N’eo ket teorikel e levr, Ur misi eo gwelet labour skolidi Plounevez- Moedeg : savet o deus roll al lec’hioù bet ba- bed ar brezhoneg un dorn-levr eo evit ar re a fell dezho evit e labourioù dezet gant anv ar varzhez. Ul labour skouer ober. Ur sell pozitivel en deus war an kaset da benn gant skoazell o skolaer Tieri war an anvioù di- holl re a striv evit klask reiñ ar brezho- Châtel. voutin (anvioù neg d’o bugale bremañ. Tost da spered E kostez ar C’houerc’had, parrez c’henidik lec’hioù, anvioù yaus ha digor « euskalakaried » ar 17vet Anjela Duval, e vo birvilh d’ar Sul 6 a viz Du. Jerom Olivry a gont e weladenn gant B. Gwil- familhoù, anvioù Korrika ha pell diouzh spered trenk ar badeziant…) ne hoù a gas war-raok Chas plasenn Anjela-Du- re ne zoujont nemet ar « brezoneger val. Gwelet en deus ivez ar c’hizeller R. Carrée oa ket anavezet a-ouenn » (sic). Gant ma sikouro bre- o peurechuiñ e oberenn : Anjela hag he chas evel barzh. Prientet en doa ar barzhone- añ zhonegerien vihan an XXI kantved da turniet er vaengreun. goù a gaver amañ evit an embann e dapout krog e bazh-test ar yezh. Evel bewech e kaver lennadennoù liesseurt Herve Latimier ha Malo Bouëssel du Bourg, 1995. Chomet e oant diembann si- Herve Lannuzel wazh. Un nebeud re all, kavet wa-lerc’h hep ankouaat ar c’helaouennoù brezhonek bet kaset d’Al Liamm hag an notennoù. e varv, a zo bet ouzhpennet. Fromus eo Souezhusat tra en niverenn : war ar golo, un teod o kinnig un timbr gant poltred Anjela Du- Resevet hon eus… u Eden Bouyabes, gant Erwan Cloa- val. Ha ma vefe Anjela arouez an enep Bécas- rec, lakaet e brezhoneg gant Aziliz sine ? Ur gartenn-bost gant poltred ar varzhez a zo bet silet e kement niverenn. u Arnod an Euskareg, kenurzhiet Bourgès, embannet gant Emgleo gant Lore Agirrezabal Pertusa evit Breiz. 6 € an niverenn ha 30 € ar c’houmanant Garabide Elkarta, troet e brezhoneg u Sevenadurez ar geiz, gant an Ao- bloaz. gant Padrig an Habask, embannet trou 'n Eskob Visant Fave (1902- Al Liamm – 14 straed Louzaouenn-an-hañv – gant Al Lanv. 1997), embannet gant Emgleo Breiz. 22300 Lannuon – 02 96 48 03 00 [email protected] u Argantael, gant Abeozen, adem- u Sizhun ar Breur Arturo, gant Youenn bannet gant An Alarc'h. Drezen, adembannet gant An Alarc'h. Morgan Tremel 20 Pobl Vreizh – Du 2011 Histoire Les hommes politiques bretons et l’abolition de la peine de mort

’évoCaTion de deux débats mettre la société à l’abri des crimi- cruciaux en 1908 et 1981 à nels et d’autres moyens pour leur L faire expier leurs fautes. » N’avait l’assemblée nationale permet de pu être interrogée Marie-Madeleine connaître la nature de l’engage- Dienesch (1914-1998), députée ment des hommes politiques des Côtes-du-Nord, qui avait dé- bretons sur le sujet de la peine de posé en 1956 puis 1958 deux pro- mort. positions de loi pour l’abolition, propositions empreintes d’une for- te spiritualité. Le débat de 1908 Pour Me Georges Lombard (1925- Le débat qui se déroule au Parle- 2010), la condamnation à mort ment du 26 juin au 8 décembre n’avait pas de place dans la justice 1908, pourtant préparé de longue des hommes, faillible par définition. date par Jean Jaurès et Aristide Son opinion était liée tant à son en- Briand, ministre de la Justice, gagement professionnel qu’à ses n’aboutira pas à l’abolition en rai- convictions religieuses : « C’est tout son de la survenance d’un terrible le problème du sens que vous ac- fait divers suivi, après la grâce du cordez à la vie humaine. Votre mo- meurtrier, d’une campagne sécuri- rale, qu’elle soit religieuse ou laïque taire extrêmement forte. Le projet d’ailleurs, peut-elle tolérer cette pu- d’abolition est rejeté le 8 décembre nition par la mort ? C’est toute la 1908 par 330 voix contre 201, les question », déclarait-il en 2007. députés cédant à l’opinion publique à l’issue de discussions Le débat de 1981 très vives. Le maintien de la peine Le 10 mai 1981, François Mitter- de mort est voté par l’ensemble de rand est élu président. Les 17 et 18 la droite catholique et conservatri- septembre 1981 a lieu à l’Assem- ce, ainsi que par les modérés, blée nationale, loin des passions opportunistes ; les socialistes vo- exacerbées de 1908, le débat déci- tent pour l’abolition, mais une par- sif mené par le garde des Sceaux DR tie des radicaux bascule dans le Robert Badinter. Il aboutit au vote camp opposé. de la loi d’abolition, promulguée le L’émergence Quelle était la position des quaran- 9 octobre 1981. te-trois députés bretons ? Trois seule- des voix catholiques Même si les mentalités ont évolué, ment ont voté l’abolition : le Lorientais Après l’échec de 1908, aucun cou- le scrutin reste marqué d’une forte Pierre-Paul Guieysse, républicain rant abolitionniste ne s’active réelle- connotation politique en raison des laïque, Étienne Pinault, avocat d’Ille- ment au Parlement. Mais la prise de directives des partis : les élus bretons et-Vilaine, républicain adepte du ca- position de quelques hommes et socialistes, majoritaires, se pronon- tholicisme social, et Gustave Roch, femmes politiques bretons émerge de cent tous pour l’abolition, tandis que de la gauche libérale de la Loire-At- ce silence. Ces voix catholiques les députés du RPR votent unitaire- lantique. À preuve que le débat divise contestent le châtiment suprême, qui ment pour le maintien de la peine ca- profondément la gauche bretonne, ne coïncide plus avec leurs concep- pitale ; ceux de l’UDF se partagent se- c’est que l’on note dans le camp des tions religieuses. Jacques Éliès, re- lon leurs convictions propres. Sur les partisans de la peine de mort des per- porter au Télégramme, interroge ainsi trente-quatre députés bretons, vingt- sonnages influents comme Louis Hé- le 16 décembre 1961 dix parlemen- deux se sont exprimés pour l’abolition mon, républicain anticlérical, centris- taires bretons : « Êtes-vous partisan de la peine de mort. Parmi eux, dix- te, et Georges Le Bail, avocat de la de la peine de mort ? » Seuls deux neuf sont les élus socialistes de la Ré- gauche radicale, anticlérical notoire, d’entre eux, Hervé Laudrin, député du gion, deux sont UDF, le dernier est un tous deux se retrouvant associés pour Morbihan, et Georges Lombard, an- non-inscrit. Les sept élus RPR et la cause à leurs adversaires réaction- cien maire de Brest et sénateur du Fi- quatre des six représentants UDF naires les plus outrés ! Sur les trente- nistère, se déclarent abolitionnistes sont hostiles à l’abolition. six députés qui ont voté le maintien de convaincus. L’abbé Hervé Laudrin la peine capitale figurent onze avo- (1902-1977), député atypique du annick Le Douget cats et six ex-officiers de l’armée, Morbihan, maire de Locminé, démo- conservateurs adeptes dans leur crate chrétien de la droite gaulliste, af- L’auteure, greffière, a publié Justice de sang, la peine de mort en Bretagne, 1998, autoédition, grande majorité du respect des va- firme, fort de ses convictions chré- diff. Coop Breizh, et Crime et justice en Bre- leurs morales traditionnelles. tiennes : « Il est d’autres moyens de tagne, Coop Breizh, 2011.

21 Le Peuple breton – novembre 2011 Peuples du monde L’avenir incertain

spécifiques, etc., et des figures emblé- matiques, comme Florian Cejnowa (1817-1881) ou Aleksander Majkowski (1876-1938). Médecin, écrivain, ethnographe, lin- guiste, Cejnowa est un pionnier du mou- vement cachoube. À 29 ans, il conspire contre les Prussiens et attaque une ca- serne à la tête d’un groupe armé de faux ! C’est l’échec, et il échappe de peu à la décapitation à la hache. Amnistié lors du Printemps des peuples en 1848, il se consacre au collectage et à l’écriture, établit une première orthographe ca- choube ainsi qu’un alphabet et publie ar- ticles et recueils, cherchant à mettre en avant la richesse de la langue. Majkowski milite sur tous les fronts. Tantôt médecin, photographe, péda- gogue, guide touristique, écrivain ou poète, il est rédacteur en chef de la Gaze- bork ę ta Gdańska et de son supplément ca- choube, fonde une flopée d’associa- tions, un théâtre et un magazine

District de L de District mensuel, popularise le griffon noir (l’an- En juillet 2011, le XIIIe Congrès cachoube s’est tenu à Lębork en présence cien blason des princes poméraniens) du chef du gouvernement polonais Donald Tusk. comme emblème de la Cachoubie, lance plusieurs programmes culturels et poli- tiques, esquisse une grammaire cachou- La Cachoubie se situe en Pologne, dans la voïvodie de Poméranie. be, rédige une Histoire de la Cachoubie Il s’agit en fait de la région de Gdańsk, plus connue pour avoir été et un roman en cachoube… Il a aussi une en première ligne lors du déclenchement de la Seconde Guerre carrière militaire, à l’image de l’histoire mondiale (le « corridor de Dantzig ») ou pour ses chantiers de tourmentée de la région : durant la Pre- construction navale et le syndicat Solidarité que pour sa culture et mière Guerre mondiale, Majkowski sert sa langue singulières. Le peuple cachoube est souvent évoqué comme médecin dans l’armée prussien- ne ; mais en 1920, on le retrouve colonel dans les livres de l’écrivain Günter Grass, qui a vécu son enfance de l’armée polonaise, membre de la à Gdańsk, mais demeure peu connu en Europe occidentale. commission chargée d’établir la frontière germano-polonaise ! La Cachoubie (à l’étymologie non élu- subi des nazis les mêmes persécutions cidée) est avant tout définie par son que les Polonais) se voyaient considérés peuple car les limites du territoire ont comme des traîtres par l’armée Rouge. La langue cachoube beaucoup fluctué. Depuis au moins l’an Enfin, l’instauration dans les pays du 1000, la singularité des Cachoubes a Un manuscrit de 1402 serait le premier bloc soviétique de régimes commu- suscité la curiosité et l’hostilité des voi- document rédigé en cachoube. Même nistes uniformisateurs, qui faisaient peu sins slaves et germaniques. s’il existe une controverse, le cachoube de cas des cultures minoritaires, com- tend à être reconnu aujourd’hui comme plète ce tableau des Cachoubes se re- une langue slave à part entière, mêlant Pour ne rien arranger, la Poméranie trouvant régulièrement malgré eux entre orientale a d’abord fait l’objet de la archaïsmes du vieux polonais et innova- l’arbre et l’écorce. Dans la Pologne tions linguistiques, et comprenant convoitise de la tribu slave des Polanes, d’après 1989, la culture cachoube fait pour être ensuite cédée aux Chevaliers quelques emprunts à l’allemand. La for- l’objet d’une reconnaissance officielle mation des mots et leur prononciation teutoniques, puis rattachée à la Pologne, (voir encadré). avant de devenir un fief du royaume de sont très différentes de celles du polo- Prusse, puis un abcès de fixation après le nais, dont les locuteurs sont moins dé- traité de Versailles (avec les consé- Les prémices du mouvement routés en entendant du tchèque ou du quences que l’on sait) avant d’être réat- cachoube slovaque. tribué à la Pologne au lendemain de la D’après l’étude Mercator Media de Seconde Guerre mondiale. Et tandis que Les Cachoubes ont une langue, un 2006, de 330 000 à 550 000 personnes l’on expulsait du territoire la population blason, un drapeau, des traditions musi- (selon divers critères sociologiques) se allemande, les Cachoubes (qui avaient cales, un artisanat et une architecture déclarent Cachoubes ; 100 000 considè-

22 Le Peuple breton – novembre 2011 de la culture cachoube

rent le cachoube comme leur langue maternelle et le parlent Le statut des minorités plus ou moins bien. en Pologne Depuis le début des années 90, le cachoube est introduit La « Loi sur la langue polonaise » dans l’enseignement et les de 1999 tient compte « du fait qu’au médias. Ainsi, 6 000 élèves cours de l’histoire de la Pologne des suivent chaque année des dirigeants étrangers et des occu- cours de cachoube ou des pants ont réprimé la langue polonai- « programmes d’éducation se et entrepris de dénationaliser la régionale » et il est possible nation polonaise ». Et si cette loi depuis 2005 de passer une porte légitimement « sur la protec- épreuve de cachoube au bac- tion de la langue polonaise et son calauréat. Mais beaucoup ar- utilisation en public », elle prévoit rêtent après le primaire et la dans son article 3 que « les usagers langue n’est enseignée ac- Très populaire, la ritournelle pédagogique des e [...] respectent les expressions et dia- tuellement que dans deux ly- Kaszëbsczé nótë joue depuis le XIX siècle un rôle important cées. dans la préservation de la langue cachoube. lectes régionaux et les efforts de pré- servation ». Plusieurs éditeurs publient des ou- cal, de rôle significatif dans la vie pu- vrages de référence et de la littérature en blique et se pratique de moins en moins La « Loi sur les minorités natio- cachoube, la télévision est très chiche en dans la sphère privée. Nicole Dołowy- nales et ethniques et sur la langue ré- émissions, la radio est plus dynamique. Rybińska, de l’Institut d’études slaves à gionale » de 2005 impose d’utiliser Les suppléments hebdomadaires des Varsovie, relève le paradoxe1 : « La cultu- l’alphabet latin mais donne le droit quotidiens régionaux contiennent des re se folklorise et demeure en danger d’utiliser et d’orthographier son articles en cachoube, ainsi que le men- d’extinction. […] Dans le cas de ces cul- nom « en conformité avec les bases suel bilingue Pomerania, fondé en 1963. tures et langues minoritaires, le travail de la langue minoritaire ». De même Pour la petite histoire, l’actuel chef du doit être constant. […] L’avenir de la est reconnu aux minorités « le droit gouvernement polonais, Donald Tusk, langue et l’image de la culture ne repo- d’utiliser librement leur langue dans qui se reconnaît cachoube, y avait colla- sent donc que sur les Cachoubes eux- la vie privée et publique ». boré, étudiant. mêmes. » Selon des critères assez complexes, Jacques Dyoniziak mais qui permettent la reconnais- La situation aujourd’hui sance juridique de la diversité, cette Pomerania est édité par la principale 1. Dans Les Kachoubes de Poméranie, Éditions loi distingue des « minorités natio- organisation identitaire cachoube, Armeline, 2010. nales » (Russes, Allemands, Juifs, Zrzeszenie Kaszubsko-Pomorskie (As- Ukrainiens, etc.), des « minorités sociation cachoubo-poméranienne), ba- ethniques » (Roms, Tatars, etc.) et sée à Gdansk, créée en 1956. Forte de une « communauté utilisant une 5 000 membres, elle promeut une langue langue régionale », les Cachoubes. unifiée à travers le Conseil de la langue Si, dans une commune, la minori- cachoube et organise chaque année le té représente plus de 20 % de la po- Jour de l’unité cachoube et le Congrès pulation, sa langue est reconnue mondial cachoube. Elle a créé l’Institut « langue auxiliaire » et admise com- cachoube, qui soutient la recherche scientifique. me moyen de communication avec les institutions (par exemple le droit Il existe des musées répartis sur tout le de faire appel à un interprète dans territoire, mais la structure qui attire le ses rapports avec les autorités judi- plus de monde est le « Centre d’éduca- tion et de promotion de la région », qui ciaires). Ce même seuil de 20 % au- tient à la fois de l’écomusée, du mémorial torise également le bilinguisme sur (déportations en Sibérie, émigrations au les panneaux de signalisation. Canada…), du complexe hôtelier et du Toutes ces dispositions sont d’au- parc d’attraction, le tout parrainé par un tant plus remarquables qu’elles ne fabricant de maison en bois. L’impres- concernent que 3 % des citoyens sion sur le visiteur étranger est indéfinis- polonais (les minorités représen- sable… taient plus de 30 % de la population Pourtant, malgré des conditions qui avant la Seconde Guerre mondiale, n’ont jamais été aussi favorables, le ca- mais ceci est une autre histoire...). choube ne joue pas, même au niveau lo- Carte NuclearVacuum Wikimedia Commons Wikimedia NuclearVacuum Carte

23 Le Peuple breton – novembre 2011 Interceltisme Rencontres Bretagne-Pays de Galles

Saint-Nazaire a retrouvé l’espace d’un wee k-e nd la route ma ritim e qui l’unit jusque da ns le s année s 1930 a u pa ys de Galles . Sur les bases d’un passé commun, l’Insti- tut culturel de Bretagne proposait le 8 octobre dernier un colloque pour re visiter c ette pa ge oublié e de notre his toire et ex p lorer le s pe rspe ctives d e c o opé rations entre les deux pays.

Des nom bre ux t émoigna g es, r e te- nons celui d’un ancien élève de Maurice Allais, Loeiz Laurent, qui rappela que « le prix Nobe l d’éc ono mie tro uva it to ut à fa it injus te q ue l’éc o nomie bre to nne fit les frais d’une politique « d’intérêt natio-

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nal » en se voyant interdire en 1930 toute a

e importation de charbon gallois, sinon à r

me des tarifs prohibitifs. En régime de libre- é

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échange, c’est la Bretagne qui aurait eu e

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l’éne rgie la mo ins chè re d e l’He xag o- Hu ne ». On connaît les conséquences dé- La délégation galloise avec ses amis bretons sur le port de Saint-Nazaire, s astreus es de ce tte po litique p our les où arrivèrent les premiers navires de Cymru, en 1857. Forges de Trignac. Un universitaire nantais fit remarquer d es r ela tions br itto -ga llo ise s dans l e lois. L’écrivain Gareth Miles épingla l’ab- av ec hum o ur q u’au l ieu d ’imp os er à cadre des solidarités atlantiques fut to- sence de représentants de la région dite l’université de Nantes une coopération nique , av ec d e s i nte rve ntio ns r emar- « Bretagne », sans dédouaner pour au- a ve c Ange rs et Le Mans, le renforce - q uée s, c om me ce l le s du so ci o log ue tant les institutions galloises, qui « doi- ment de ses liens avec Cardiff seraient Emmanuel Morruci, de la Galicienne Ta- vent faire preuve de volontarisme ». plus naturels. ma ra G uira o -Es piñera ( re pré se nta nte La salle, très ré ac tiv e, a ppo rtait de s réflexions pertinentes sur l’absence de au-delà des carcans vo lonté p olitique po ur av anc er, al ors état iques… que les initiatives individuelles et collec- L’app ro che p l urid isciplina ire, o ù l a tives ve nues de la ba se, co mme à Tri- g éog raphie , l ’histo ire e t l a so ci o log ie gnac, sont riches d’enseignements. c ôto ya ie nt l’é co nomie, l’é co log ie et la culture , pe rmit a ux interv ena nts e t a u … relancer la coopération public d’ éc hang er s ur l e s m oy ens à

u Pour Emmanuel Morruci, cette volon-

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i

mettre en œuvre pour relancer les rela- d té des Gallois et des Bretons de faire des

Ca tions entre nos deux pays, au-delà des e cho se s ens emble relè ve d ’un « e sprit

n carcans étatiques. n o humaniste ».

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y Yv es La iné, anc ie n re sp ons ab le à la r

Ma Les participants ont convenu de la né- Brittany Ferrie s, prése nta, e n e spé rant Table ronde sur la renaissance des relations c es sité d’une co o rd ina tio n po ur re la n- l’écoute des élus et des acteurs écono- britto-galloise au XIXe siècle : Jean-Jacques c er l es c o opé ra tio ns ent re l es de ux mique présents, une étude sur l’ouver- Monnier, Jakez Gaucher, Bernard Le Floc’h, peuples. Beaucoup avaient d’ailleurs à ture d’une ligne fret-passagers entre la Gareth Miles, Brian Davies et Erwan Chartier. l’esprit les paroles prononcées le 24 juin Bretagne et l’estuaire de la Severn. Celui d ernie r à R enne s pa r C arwy n Jone s, qui fut à l’origine de la ligne Montoir-de- de la Conférence des régions périphé- Premier ministre gallois, qui plaida pour Bretagne - Vigo sait que c’est un choix riques maritimes) et du géographe Yves « un renforcement des liens et des pro- politique qui va aussi dans le sens d’un Lebahy. Pour Émile Caër (Institut de Lo- jets co mmuns entre no s de ux nations , d éve lop pe ment s oute nable , av ec des c arn), le manque d ’ambitio n ma ritime Bretagne et pays de Galles ». autoroutes saturées entre Manchester, de s institutions e st intime ment lié à la Bristol et Portsmouth. partition de la Bretagne, qui joue, là aus- Hubert Chémereau La ta ble rond e sur les p ers pe ctive s si, c ontre le rapp rocheme nt britto -g al-

24 Le Peuple breton – novembre 2011 La Bretagne sur Internet par Alain Cedelle @ [email protected] Aperçu de toutes les formes du jeu en Bretagne, de la tradition aux mondes virtuels.

La Jaupitre „ Basée à Monterfil, l’association La Jaupitre fait la promotion des jeux et sports traditionnels de Bretagne et particulièrement ceux de haute Bretagne, son territoire naturel. Sur l’ensemble de la région, plus d’une centaine de jeux ont été recensés. Jeux de force ou d’adresse, d’intérieur ou d’exté- rieur, individuels ou collectifs… La Jaupitre développe des animations à partir de tous ces jeux. L’agenda des événements se trouve sur le site.

www.jeuxbretons.org „ Poker

Portée par l’internet et le jeu en ligne, la vague mondia- le du poker touche aussi la Bretagne. La cinquième édi- tion du championnat régional se déroulera en novembre. Comme les années précédentes, la rencontre se tiendra à Dinard, en partenariat avec le casino Barrière. Le site Internet présente l’événement et les clubs parti- cipants. On y trouve des vidéos d’annonce et des retransmissions de finales des années précédentes… Les organisateurs raisonnant selon le découpage ad- ministratif, on ne saurait que trop conseiller aux joueurs www.championnatdebretagnedepoker.fr de la Loire-Atlantique de réclamer leur place dans ce championnat. „ Jeux de rôle Les thèmes celtiques et arthuriens sont une grande source d’inspiration pour bon nombre de jeux de rôle dans lesquels le joueur incarne un personnage qui évolue dans un monde imaginaire de type médiéval. L’exposition « Arthur » organisée par les Champs- Libres, à Rennes en 2009, est toujours accessible sur le site Internet de la Bibliothèque nationale (bnf.fr). On trouve sur ce site un jeu d’« imaginaire collaboratif », Quêtes arthuriennes, dont le manuel de 80 pages est télé- chargeable. De quoi animer de belles soirées autour des mythes et légendes.

expositions.bnf.fr/arthur/pedago/jeu.htm

Encyclopédie bretonne „ Si le jeu de rôle était au départ un jeu de plateau, Internet ouvre d’immenses possibilités de jeu en réseau, de création d’univers virtuels et de rassemblement de milliers de joueurs. Parmi les plus grands jeux de cette catégorie, les « Royaumes renaissants » comptent plus de trois millions d’inscrits. Les per- sonnages virtuels évoluent dans une Europe médiévale, autour de l’année 1450. Le jeu est organisé en villes et provinces admi- nistrées par les joueurs. Le grand-duché de Bretagne compte plus d’un millier de Bretons qui ont mis en ligne une grande ency- clopédie mêlant allègrement le mythe et la réalité… virtuelle ! encyclopedie.bretagnerr.info 25 Le Peuple breton – novembre 2011 UN JOUR AVEC... Gilles Servat,

on ne présente plus Gilles Servat, l’un des piliers de la chanson bre- tonne et défenseur incontesté de la culture de son pays, qui, depuis plus de quarante ans, fait vibrer le cœur des Bretons d’ici et d’ailleurs. Par-delà le succès de sa célèbre Blanche Hermine, qui l’a lancé en 1972, il a composé de- puis des dizaines d’autres titres, comptant désormais parmi les standards de la chanson breton- ne. alors qu’il a récemment fêté ses 40 années de scènes, il nous gratifie aujourd’hui d’un nouvel al- bum, Ailes et îles. Le PB a rencon- tré ce grand bonhomme, qui a Myriam Jégat Myriam évoqué quelques souvenirs et nous a présenté son nouvel opus. mercredi soir, tous les jeunes Bretons y son qu’on nous avait inoculé, c’est-à- arrivaient. venait chanter ses dire la honte. Je me souviens que les Né en 1945 à , mais avec des premières chansons. Moi aussi. Il y avait gens les plus hostiles à ce que je chante racines familiales nantaises, rien ne prédisposait Gilles Servat à devenir l’un un véritable bouillonnement d’idées. » en breton étaient souvent les breton- des acteurs majeurs du renouveau cul- Il découvre Ti Jos un peu par hasard et nants de naissance qui avaient été punis turel breton des années 70. D’autant commence à y chanter en faisant la à l’école. » qu’à l’époque, sa famille était installée à manche. Progressivement, il trouve du . travail en Bretagne et y revient : « J’ai « Par nous-mêmes » d’ailleurs fait le dernier Festival des cor- « Et puis, poursuit-il, petit à petit, ça a nemuses de Brest, en 1970. » Retour sur une carrière commencé à changer. Dans les années Les années 70 sont pour Gilles des 80, une période souvent perçue comme bien remplie années d’engagement et de militantis- creuse en Bretagne, les écoles Diwan « Après mon bac, je me suis inscrit à me : « Il faut bien se souvenir, reprend-il, se sont développées. Des tas de l’école des beaux-arts d’Angers, se re- qu’à l’époque, en Bretagne, c’était ex- choses ont été faites, notamment dans mémore Gilles. Un jour, j’ai rencontré un trêmement noir. Il n’y avait pas d’avenir. les bagadou. C’était un phénomène Groisillon, Serge Bihan, qui m’a invité La Bretagne se dépeuplait et la langue très profond. sur son île. C’est là, en 1969, que j’ai dé- allait mourir. De plus, la culture bretonne couvert pour la première fois la Bretagne n’était pas valorisée. Alan Stivell a été le « Je ne sentais pas en Bretagne un af- et sa culture. J’ai aussi croisé la route premier à bouleverser ça. Il nous a ou- faiblissement de la lutte. Simplement, il d’un patron de restaurant, Claude Pou- vert une porte en nous montrant à quel y avait des choses à faire, à construire. zoulic, qui m’a invité à chanter dans son point cette musique et cette tradition Arrêter de protester et de réclamer pour établissement. J’y ai passé mes va- étaient dans la même lignée que les pro- faire des choses par nous-mêmes. » cances et aussi les suivantes, et c’est là test-songs américaines. » Un changement de fond qui amène la que j’ai commencé à écrire mes pre- C’est aussi dans les années 70 que vague des années 90, avec l’Héritage mières chansons. » Gilles Servat adhère à l’UDB : « Une po- des Celtes par exemple : « Je me suis C’est durant ces séjours à Groix que le sition parfois difficile à tenir : lorsque je retrouvé dans cette grande aventure, jeune Servat découvre la langue breton- chantais quelque chose dans la ligne du s’émerveille encore Gilles. Ça m’a per- ne avec les bouquins de Yann-Ber Kal- parti, on me considérait comme un por- mis de rencontrer des tas de gens, dont loc’h et qu’il est révolté par le sort qui est te-parole. Mais si je chantais une chan- Dónal Lunny. J’ai pu aller enregistrer fait à la Bretagne. son différente, on me demandait ce que des disques en Irlande avec ces musi- Puis Gilles part travailler à Paris – « aux je foutais là. C’était vraiment difficile ciens-là, desquels j’ai beaucoup appris. PTT » ajoute-t-il en riant. Et là, nouveau pour moi comme pour les membres de « Après les années de ressourcement choc : comme des tas de Bretons exilés, l’UDB. J’ai donc quitté le parti au début qu’ont été les années 80, c’était donc il découvre ce qu’est son identité bre- des années 80, mais tout en restant très de nouveau l’explosion. À mon niveau, tonne. proche de ses idées. je trouve que les années 2000 ressem- « J’ai commencé à apprendre le bre- « Je crois que ce mouvement a été im- blent aux années 80 mais en moins mar- ton à Montparnasse, à Ker Vreizh. Le portant car il a commencé à saper le poi- quées, car il s’est passé bien des

26 Le Peuple breton – novembre 2011 40 ans de chanson bretonne

choses en Bretagne, sur le plan poli- À ses débuts, Gilles Servat a beau- d’ailleurs accepté de chanter, ce dont je tique par exemple. coup écrit de chansons militantes, une les remercie. » « Tout le travail de fond qui a été fait étape qu’il a depuis dépassée : « Une Un album entièrement composé de durant ces deux décennies a abouti à chanson militante, c’est bien, mais il nouvelles chansons, quatorze, dont l’émergence d’une nouvelle génération faut qu’il y ait de l’émotion. Si on ne pas- deux en breton : « Il y en a une sur Le de musiciens et de chanteurs bretons. se que par le raisonnement, on ne va Nain Charmant, qui m’est beaucoup de- Après le travail, on récolte ce qu’on a pas convaincre, ou alors on chante pour mandée par le public. En fait, c’est une semé. » des gens déjà convaincus. Je pense grosse mise en boîte du nain Grincheux qu’on peut faire passer beaucoup de qui, par la grâce des fées, devient le nain Une vie de rencontres choses par l’émotion. Pour autant, il Charmant après avoir rencontré Blanche faut avoir les idées claires pour la provo- Au cours d’une si longue carrière, Neige. » Tout le monde aura reconnu qui quer. » Gilles a fait des rencontres détermi- vous savez dans cette allégorie. Des chansons très influencées depuis nantes. Il évoque le souvenir de ces « Une autre chanson, Sur le front des quelques années par la Bretagne et l’Ir- amis et maîtres à penser : « Le tout pre- bénévoles, m’a demandé vingt ans lande. « Je vis à Locoal-Mendon en Bre- mier a été Glenmor, concède-t-il. Le avant d’être terminée. La Paroisse de tagne parce que ce pays me plaît, ainsi foyer des jeunes de Groix l’avait invité et Prêchi-Prêcha est une très libre adapta- que les gens qui y vivent et sa musique il logeait à l’hôtel de Claude Pouzoulic. Il tion de la ballade irlandaise Spancil Hill. également. Tout cela m’inspire. Par m’a entendu chanter et m’a dit : « Tu ailleurs, j’aime beaucoup les ballades, « Toujours la mer nous unira a été écri- viens chanter avec moi ce soir. » Par la ce qu’on trouve plus dans la tradition ir- te l’an dernier pour le Festival intercel- suite, je l’ai revu souvent. On discutait landaise. Par exemple Marig ar Pollan- tique ; j’y parle de tout ce qui nous unit beaucoup. C’était un personnage assez ton, qui sonne comme une ballade irlan- entre Celtes. Santa Barbara Bendita est étrange qui parfois avait des discus- daise. L’Irlande occupe chez moi une une chanson asturienne chantée par les sions profondes et qui pouvait avoir un place presque aussi importante que la mineurs pendant la guerre d’Espagne. côté déconneur. Bretagne. On y trouve encore, contrai- C’est Lisardo Lombardia, le directeur « J’ai aussi eu la chance de faire un rement à la Bretagne, des traces du cel- du FIL, qui m’en a appris les paroles. film avec René Vautier dans les années tisme préchrétien. Et puis il y a tous les « Conamara a pour thème le Conne- 70, La Folle de Toujane. J’ai également textes mythologiques et épiques qui mara et la Bretagne. Et puis il y a deux un peu rencontré Polig Montjarret, no- m’inspirent, notamment pour mes ro- chansons en breton : une berceuse, Na tamment sur le bateau pour aller en Ir- mans. » gousk ket, et un hommage à Youenn lande. Gwernig, Kenavo Youenn Vras. » « Et puis Yann-Ber Piriou, qui m’a aidé Un nouvel album Gilles Servat a fait appel à ses musi- sur mes premières chansons en breton ciens habituels : Nicolas Quémener, Inévitablement, on en vient à évoquer et qui m’a fait rencontrer la poétesse Yannig Noguet, Philippe Turbin, Hilaire le nouvel album qui vient de sortir, le Anjela Duval. Rama, Jean-Marie Nivaigne, Arnaud vingt et unième de Gilles : « Pour mes « Je n’oublie pas Per-Jakez Hélias, Ciapolino et Ronan Pellen. « Et puis les quarante ans de chanson, on a sorti une que j’ai rencontré à Quimper lors d’un frères Mahévas des sonneurs de Lo- compilation, ce à quoi je ne m’attendais spectacle pour ses 80 ans. Et évidem- coal-Mendon, que j’ai invités car je suis ment Xavier Grall, présenté par Glen- entièrement imprégné par la tradition mor. bretonne », ajoute-t-il. « Je devrais aussi citer des tas de L’album reste dans la même veine gens, de Gweltaz ar Fur à Serge Kergui- musicale que les précédents, naviguant duff, avec lesquels j’ai chanté dans les entre Bretagne et Irlande. années 70. Et puis Michel Escoffier, Il faudrait d’ailleurs parler plus lon- avec qui j’ai fait du théâtre à Hennebont, guement de l’Irlande, qui fait plus dans les années 80. Et enfin toute la qu’inspirer Gilles, ou encore de la saga bande d’Irlandais de l’Héritage des dont il a entamé l’écriture il y a bien des Celtes. » années, Les Chroniques d’Arcturus : il met la touche finale au septième tome, Le raisonnement et l’émotion qui devrait sortir au printemps prochain Forcément, en quarante ans de scè- chez Atalante. Mais le présent article n’y ne, se pose parfois la question de l’ins- suffirait pas. piration. « Lorsque j’ai commencé à Laissons le soin à Gilles Servat de écrire à Groix, confesse Gilles, j’avais conclure : « Depuis quarante ans, je fais largement de quoi enregistrer trois partie du mouvement qui veut que ça disques, ce que j’ai fait d’ailleurs. Puis je évolue et que ça bouge. J’aimerais bien suis parfois resté des périodes sans pas, car j’aurais préféré un nouveau avant de mourir voir la Bretagne deve- écrire du tout. Je me suis aperçu que ce disque. Du coup, j’ai décidé de me pro- nue quelque chose comme l’Écosse ou n’est pas la peine de chercher à le faire, duire moi-même dorénavant. C’est un la Catalogne ou, du point de vue lin- ça vient tout seul. C’est comme pour le album que j’ai enregistré au studio Mar- guistique, comme le pays de Galles. » mouvement breton. Il faut semer et puis zelle, à Savenay, chez les Tri Yann, qui ça germe. » m’ont ouvert les bras et qui ont Philippe Cousin

27 Le Peuple breton – novembre 2011 Livres

u Années 1950 - Grandir en Bretagne u Ceux de Menglazeg

Certaines périodes de l’histoire de Hervé Jaouen est certainement le Bretagne ont été étudiées maintes fois. meilleur écrivain breton de roman C’est le cas par exemple des années de noir. Quand il monte un suspense, la guerre et de l’Occupation. De ça marche de première : entrer dans même, les années 70 et le renouveau ce livre, c’est courir le « risque » d’al- culturel breton ont fait l’objet de plu- ler jusqu’au bout dès la première sieurs ouvrages. A contrario, les années fois… Mais Ceux de Menglazeg n’est 50 n’ont suscité jusqu’à présent que pas seulement une très forte histoi- peu d’études particulières. re, de pauvreté et de misère sociale – Eh bien, cette lacune est aujourd’hui quel réalisateur de film va la porter comblée avec le récit que fait Éliane au cinéma ? –, c’est aussi le dernier Faucon-Dumont des Années 50 - paru des volumes de la saga breton- Grandir en Bretagne. Un récit sensible ne que l’auteur a commencé avec Les et attachant pour une plongée dans la Filles de Roz-Kelenn. Pour moi, c’est malle aux souvenirs de la petite Châ- le meilleur des quatre. teaulinoise que fut Éliane au cours de cette décennie d’après- Nous sommes en 1980, au pays guerre. On y découvre avec émotion le quotidien d’une petite des ardoises des montagnes Noires. Bretonne, récit centré autour de l’école – quoi de plus normal à L’auteur connaît admirablement la Bretagne dont il parle. Il la dé- cet âge ? – mais aussi au sein de la famille ou du village avec les crit avec des accents d’une incontestable réalité. Le ciel de plomb, grands moments qu’étaient la communion solennelle ou le ma- le paysage noir, le sol glissant, l’humidité prégnante : ceux qui ont riage d’une proche. C’est encore l’épreuve du certif’, la pension, parcouru cette région en connaissent l’âpre beauté, sa rudesse et sa les sorties à vélo au bord de la mer ou les différentes fêtes, reli- démesure. À une époque où cherchent à s’imposer le bref et le su- gieuses ou républicaines. Par petites touches sensibles, l’auteur perficiel, Hervé Jaouen est pour le lecteur un guide précieux pour invite le lecteur à partager quelques instants glanés dans le quoti- parcourir, au contraire, la Bretagne en profondeur. dien de toute une génération. En bref, on y trouve la petite histoi- Et dans ses pas, nous allons à la rencontre des personnages. Nous re de chacun au milieu de l’histoire avec un grand H. les reconnaissons (il m’est arrivé, pour ma part, de prendre un jour D’une écriture alerte et vivante, tout en sachant rester simple, en stop la Sylviane du roman, celle qui travaille à l’usine de fumai- Éliane Faucon-Dumont nous fait partager une belle expérience. son du saumon. Si ce n’était pas elle, c’était sa sœur). La langue de l’auteur a la puissance nécessaire pour l’investigation violente des Philippe Cousin € corps et des âmes. On s’est parfois aventuré, dans une critique, à (Alan Sutton, 160 p., 12 ) trouver exagérée la crudité de cette prose. Alors qu’elle est absolu- ment nécessaire. C’est la langue de la vérité. Quel beau travail ! Ronan Leprohon u Robert Lafont (Presses de la Cité, 300 p., 19 €) et l’occitanisme politique Robert Lafont est mort il y a un peu u L’Ombre du corbeau plus de deux ans. Notre ami Gérard Tautil, militant occitaniste et profes- Charles Doursenaud, habitué des seur de philosophie, nous offre un pe- archives de Saint-Brieuc, collecte tit livre très utile pour redécouvrir un des événements sortant de l’ordinai- penseur et un praticien de haut niveau, re et en fait des romans historiques. qui a défriché le terrain de l’occitanis- Celui-ci – le huitième – relate sur un me politique et, au-delà, de la pensée ton très prenant l’histoire du couple fédéraliste fondée sur la reconnaissan- Legal-Lassalle. Nobles tous les ce des peuples et des identités de deux, ils abandonnent la particule à l’Hexagone. On se souvient parfois de la Révolution. Joseph prend parti ses ouvrages exigeants – La Révolution pour la République alors que Julie, régionaliste, Décoloniser en France, en le dissimulant, reste fidèle à l’An- Autonomie : de la région à l’autogestion – parus dans la célèbre col- cien Régime. Elle se met à écrire des lection Idées, chez Gallimard. lettres anonymes aux nobles du sec- À travers les propositions, les débats et les désaccords éventuels, teur, leur réclamant de l’argent, me- l’auteur nous fait découvrir une pensée exceptionnellement créa- naçant de les dénoncer à l’avène- trice qui a lié définitivement le combat des peuples sans État et ment de la Restauration, qu’elle appelle de ses vœux. Puis elle l’humanisme. En pointillé, une convergence avec d’autres intel- donne cet argent aux chouans. Elle ira même jusqu’aux enlève- lectuels (Yves Person) qui ont essayé de faire sortir la France du ja- ments. Elle sera arrêtée, jugée, condamnée. cobinisme et de l’unitarisme. Il est toujours plaisant de lire un livre dont les héros ont existé. L’essai Sur la France (1968) restera fondateur d’un regard enfin Rendons hommage à l’auteur de Louargat, qui participe ainsi à décolonisé d’une génération d’historiens face à l’histoire inache- une meilleur connaissance de l’histoire bretonne. vée de huit peuples constitutifs. Klaod Thomas Jean-Jacques Monnier (Les Oiseaux de papier, 270 p., 17 €) (Fédérop, 214 p., 15 €) 28 Le Peuple breton – novembre 2011 Notre livre du mois Le Folklore des insectes et autres petites bestioles Daniel Giraudon Yoran embanner

Daniel Giraudon, que nombre me marierai, À Plestin ou à Plou- de lecteurs du PB connaissent, est bezre, À Trégrom ou à Tréguier ?) « le » spécialiste des traditions po- pulaires de Bretagne. Ce Gallo Autre exemple, pour signifier la d’origine (il est né à Binic) a appris foule : le breton lorsqu’il a été nommé Amañ zo tud evel kelien ha comme professeur d’anglais à Lan- treid evel merien. nion. Il réside actuellement à (Ici, les gens sont aussi nom- Ploubezre. Il a fait la connaissance breux que des mouches et de Jules Gros, de Trédrez-Locqué- tant de pieds qu’on dirait des meau, dont il a réuni les dernières fourmis.) notes pour réaliser le quatrième tome du Trésor du breton parlé. Jules Gros racontait qu’il avait entendu dire que « dans les mai- Dans les pas de Jules Gros sons où il y avait beaucoup de C’est dans la continuité de celui toiles d’araignées, il y avait de l’ar- qu’il considère comme son mentor gent » : cela est dû au fait qu’en qu’il s’est mis à collecter, tant au- Bretagne on compare souvent les près des bretonnants que des locu- avares aux araignées, qui attrapent teurs gallos, des dictons, légendes, et gardent tout ce qui passe à leur devinettes, mimologismes et portée. chansonnettes du breton populai- re. Il poursuit ses investigations La sagesse populaire dans toute la Bretagne, même s’il Chaque ouvrage de Daniel Gi- privilégie le Trégor puisqu’il y rési- raudon est une mine et fait autori- de et que c’est dans ce pays que le té en la matière : ses collecteurs breton est resté le plus vivace. Il sont innombrables et sont la mé- fait aussi des parallèles avec l’imaginaire celtique d’outre- moire de la sagesse populaire bretonne. Le Folklore des insectes Manche lors de ses nombreux voyages en Irlande. décline en trente-quatre chapitres de multiples dictons et his- Le premier tome de ses Traditions populaires de Bretagne toriettes dans la langue d’origine (breton ou gallo), avec la tra- était consacré aux animaux (Du coq à l’âne), le suivant traitait duction française en exergue. entre autres de la pluie et du beau temps (Du soleil aux étoiles), Illustré par de nombreuses photos couleurs, la plupart prises le troisième évoquait les plantes et les arbres (Du chêne au ro- par l’auteur, il est très clair et très agréable à lire, voire à feuille- seau). ter. Saluons ici l’effort de l’éditeur breton Yoran embanner, Celui qui paraît aujourd’hui a pour titre Le Folklore des in- qui fait un très gros effort de présentation sous couverture car- sectes et autres petites bestioles et traite des traditions orales bre- tonnée assez luxueuse. tonnes au sujet des abeilles, coccinelles, araignées et autres Daniel Giraudon nous a confié qu’il avait en chantier l’ulti- « fubus ». me tome de ses Traditions populaires de Bretagne, qui portera Quelques extraits mettront l’eau à la bouche du futur lec- sur le folklore de la mer, de la côte et des bateaux. Comme il teur. La coccinelle était censée annoncer d’où viendrait le est toujours en recherche de nouveaux trésors, ceux qui en fiancé, comme le dit ce dicton trégorrois : posséderaient peuvent le contacter via son site http://daniel- giraudon.weebly.com. Buoc’hig Doue, lavar din, e peseurt bro e timezin, pe en Klaod Thomas Plistin pe en Plouber, e, Tregrom pe en Landreger ? (Petite vache du bon Dieu, Dis-moi dans quel pays je (Yorann embanner, 350 p., 33 €)

Nous avons reçu… et nous vous en parlerons si la place le permet : u Anatole Le Braz – La Légende de la mort chez les Bretons ar- moricains (texte intégral), Yoran embanner, 13 €. u Yann Riou – Paroles de gabariers, Yoran embanner, 30 €. u Nathalie de Broc – L’Adieu à la rivière, Presses de la Cité, 19 €.

29 Le Peuple breton – novembre 2011 Gerry O’CONNOR - Gabriel Dáithí SPROULE John DOYLE NA FIANNA McARDLE - Martin QUINN Lost river : vol. 1 Shadow and light Live Jig away the donkey

Dublinois émigré à New York L’une des facettes les plus connues de la musique irlandai- Je vous ai maintes fois parlé de Il est l’un des deux guitaristes en 1991, il a fondé le groupe Solas quelques années plus se est l’interprétation de bal- Gerry O’Connor, violoniste du du groupe Altan. Mais il joue également dans Fingal aux cô- tard. Depuis lors, il a repris sa li- lades et le groupe le plus connu comté de Louth bien connu en berté accompagnant les chan- dans ce domaine reste sans Bretagne, à l’occasion des al- tés de James Keane et Randal Bays. Et puis bien sûr Trian, teuses Heidi Talbot et Karan conteste les Dubliners. Juste- bums qu’il a enregistrés soit au avec Liz Carroll et Billy McCo- Casey, la violoniste Liz Carroll ment, c’est des Dubliners et des sein de Lá Lugh, soit en solo ou Clancy Brothers que se revendi- 1 miskey dans les années 90, et ou encore l’icône Joan Baez. aux côtés de Gilles Le Bigot . Il Skara Brae, avec lesquels il a Incontestablement, John quent les quatre jeunes gens qui nous revient en compagnie de débuté en 1971. Il, je veux par- ont formé le groupe Na Fianna Doyle est devenu en deux dé- en 2007. deux musiciens tout comme lui ler de Dáithí Sproule, dont l’on cennies l’un des guitaristes les originaires du sud de l’Ulster : ne compte plus les albums Na Fianna désigne les com- plus influents de la scène irlan- battants dans la mythologie ir- Gabriel McArdle (concertina) et auxquels il a collaboré. do-américaine. Après Evening Curieusement, landaise. Et cet esprit combatif Martin Quinn (accordéon). Lost river : comes early en 2001 et Way- se retrouve tout à fait dans leur Avec Jig away the donkey, ils vol. 1 n’est que son troisième ward son en 20053, il nous pro- façon d’interpréter quelques- nous font découvrir le riche héri- album sous son nom propre, le pose aujourd’hui un troisième précédent, The Crow in the unes des ballades irlandaises tage de cette contrée de collines 2 album : Shadow and light. les plus célèbres. et de lacs méconnue d’Irlande, sun , paru en 2007, ne comp- Onze morceaux dont dix de Sur Live, ils nous donnent à s’étendant du nord du comté de tait que des instrumentaux. sa composition, neuf chansons entendre des morceaux aussi Virage à 180° ici avec douze populaires que The Black Velvet Louth au sud du Donegal en pas- chansons, des morceaux inter- et deux instrumentaux. John sant par les comtés d’Armagh, Doyle rend un vibrant homma- Band, I’ll tell me ma, Whisky in prétés par Dáithí depuis la qua- the jar ou The Spanish Lady. Monaghan, Cavan et Ferma- rantaine d’années qu’il sévit sur ge à la tradition musicale irlan- nagh : une façon de plus de souli- daise, tradition héritée de son Quelques perles également, les scènes irlandaises et améri- peut-être moins connues, com- gner l’unité d’une musique caines. oncle Dónal Ward, qui lui a transmis l’amour de celle-ci. me Caledonia ou Red is the rose. authentique qui se joue des fron- Des chansons en anglais et Et puis le thème éternel de tières imposées par l’occupant en irlandais enregistrées avec Hommage également à son ar- rière-grand-père avec , l’émigration, phénomène qui a britannique. le concours de ses nombreux Arabic poussé des millions d’Irlandais à Une majorité des morceaux amis, que ce soit le violoniste du nom du bateau sur lequel s’exiler aux quatre coins du interprétés ici ont été collectés Seamus McGuire – Is fada liom celui-ci émigrait vers l’Amé- monde. Ici, c’est de la reprise ré- auprès d’anciens ou à partir d’en- uaim – ou son compère de Fin- rique et coulé par les Alle- cente de l’émigration que traite registrements oubliés depuis fort gal, Randal Bays, à la guitare – mands lors de la Première The Last One. longtemps. Gerry et ses amis Casadh an tSúgáin. Guerre mondiale. Originaires de Kilkenny et du C’est aussi l’occasion de re- L’émigration, un thème récur- comté de Laois, ces quatre s’attachent d’ailleurs à recréer le former Trian – The Maid of Bal- jeu traditionnel. rent chez John comme pour chanteurs, non contents d’exer- lydoo, On the banks of a river. tout Irlandais dans Liberty’s cer leur talent vocal, sont égale- Il y a une cinquantaine d’an- Pour finir en apothéose sur nées, les compositeurs utilisaient sweet shore. Une chanson éga- ment des musiciens hors pair, Lynchehaun, aux côtés de tous s’accompagnant à la guitare, le même titre pour deux ou trois lement sur la guerre, Clear the ses collègues d’Altan. way, traduction de l’expression banjo, accordéon, mandoline, airs différents. Témoins Mick’s jig Douze chansons tradition- irlandaise « faugh a ballagh », whistle ou bodhrán. away the donkey et Eddie’s jig nelles puisées dans la profonde cri de ralliement des soldats de En 2009, ils ont remporté un away the donkey, deux reels bien rivière de la musique tradition- la brigade irlandaise durant la championnat télévisé devant six différents qui donnent leur titre à nelle et dont Dáithí a composé cents concurrents, ce qui a la mélodie sur deux d’entre guerre civile américaine à la fin l’album. du XVIIIe siècle. boosté leur carrière et les a pro- Sur nombre de morceaux, ac- elles – The Unquiet Grave et pulsés sur les plus grandes Lynchehaun. Une chaude voix de ténor et cordéon et fiddle entament un des chansons caractérisées scènes européennes et mon- dialogue fort plaisant – Cottage Spécialiste de l’open tuning diales. Nul doute qu’ils vont (accord ouvert) depuis les an- par un génie harmonique et continuer à nous enchanter de reels –, relayé par l’association nées 70, accord qu’il a contri- rythmique. John est ici discrè- concertina-accordéon. leurs voix suaves et chaudes. Si bué à populariser, Dáithí nous tement accompagné par Alison d’aventure ils étaient program- Quatre chansons émaillent l’al- enchante depuis quarante ans Brown au banjo, Stuart Duncan més en Bretagne, voilà une va- bum, toutes interprétées par Ga- de son jeu technique mais sen- au fiddle, John Williams à l’ac- leur sûre à aller écouter. briel McArdle, comme la superbe sible, tout en retenue et en exu- cordéon ou Michael McGol- chanson d’émigration Farewell (Dolphin DOLTV2CD 127 - bérance. drick au uilleann pipes et à la www.nafiannamusic.com) dear erne. Un Volume 1 qui en appelle flûte. Un album qui se laisse écouter sûrement un second, que l’on Un album délicat empreint de Philippe Cousin avec délice. attend avec impatience. sérénité, à mille lieues du stress quotidien. 1. PB n° 491, décembre 2004, et (Lughnasa Music (New Folk / n° 513, octobre 2006. (Compass 7 4562 2 LUGCD964 Cló Iar-Chonnacht 2. PB n° 536, septembre 2008. Distribution Keltia) NFR CICD 187 - www.cic.ie) Distribution Keltia) 3. PB n° 507, avril 2006. 30 Le Peuple breton – novembre 2011 Richard Quesnel (piano), Daniel Millarec (tambour), Hélène Cal- GillesJakez SERVAT ar Borgn lonnec et Emmanuelle Guillot AilesPok et îles ha pok (violon), qui interviennent en formations à géométrie va- riable… Du beau monde, pour un bel album et de belles plages d’émotion…

par Pierre Morvan (BNC, Coop Breizh, CD 1035) Nolwenn MONTJARRET Philippe LE GALLOU ÉCOUTE Son Elena

L’écoute, c’est important, tout le monde vous le dira. Les points d’écoute aussi. Points d’écoute ou de consultation, appelons ça L’événement de cette rentrée comme on veut… L’association Dastum, qui, on le sait, s’est don- musicale bretonne est certaine- ment la sortie du nouvel album né pour mission « le collectage, la sauvegarde et la diffusion du pa- de Gilles Servat, un an après la trimoine oral de l’ensemble de la Bretagne historique », entend compil’ des 40 ans. Avec Ailes bien transmettre et valoriser cet héritage. Elle le fait désormais au et îles, Gilles nous transporte, à travers d’un réseau de « points de consultation », déployé sur tout tire-d’aile, vers ses îles. Terri- le territoire breton (centres d’archives, musées, médiathèques, bi- toires intimes, rivages hospita- bliothèques, écoles bilingues, centres de recherche, conservatoires, liers, mais aussi pavés sous la écoles de musique…). Une trentaine de points en tout, parmi les- plage… comme à son habitu- quels, par exemple, les archives départementales de la Loire-Atlan- de, le chanteur nous fait parta- tique, à Nantes, la bibliothèque municipale de Paimpol, le Centre ger ses coups de cœurs et ses breton d’art populaire de Brest ou le lycée Diwan de Carhaix. Un Des petits nouveaux sur la coups de gueule. réseau qui s’étend, puisque trois nouveaux points viennent d’ou- scène bretonne ? Pas vraiment. Côté cœur, je demande tout vrir : les archives départementales des Côtes-d’Armor, le collège Nolwenn Montjarret chante de- d’abord le fils, Edern, avec Diwan de Guissény et l’association Mervent, dans le Finistère… puis de nombreuses années. C’est mon gars, un cri d’amour Chacun de ces lieux est équipé d’une « borne de consultation » dis- Elle a notamment accompagné bercé d’accents irlandais : posant d’un accès complet à la base de données Dastum. Plus d’in- les Chieftains sur Celtic Wed- « Qu’importe où sa route l’en- fos sur www.dastum.net. ding et participé à des festivals, traîne / Il sait que sont ouverts aux États-Unis et au Canada. mes bras. » Mais il y a aussi Je Elle est la fille de Polig Montjar- pense à toi, je pense aux tiens, rière » qu’on lui connaît, Gilles On connaissait André ret et de sa femme Zaig, qui fit, avec beaucoup d’autres, les lettre à un ami acadien, il y a Ke- sait se faire humble et ne pas « Dédé » Le Meut sonneur – et beaux jours du « label » Mouez navo Youenn Vras, en homma- oublier les obscurs, les sans- quel sonneur ! – et aussi penn- Breiz dans les années 50. Phi- ge au grand Youenn Gwernig, il grades, ceux que l’on néglige soner du bagad Roñsed Mor y a Conomara et l’Irlande, com- lippe Le Gallou est un guitariste souvent de remercier, les béné- (Locoal-Mendon) qui fut, sous talentueux que l’on a pu en- me une seconde patrie. Et la voles, ceux qui sont là avant le sa houlette, sacré plusieurs fois Celtie rêvée de Toujours la mer tendre aux côtés de Pierrick Le- spectacle, et aussi pendant, et champion de Bretagne. On mou ou dans La Volute. À eux nous unira… Sans oublier la encore après, quand les feux connaissait moins André Le Bretagne, bien sûr, que Gilles deux, ils forment un duo atta- de la rampe s’éteignent et qu’il Meut chanteur… Et pourtant, chant et sensible, porté par la invite, en breton, à ne pas s’en- reste tout à démonter et à ran- c’est un fait, la bombarde n’est voix chaude de Nolwenn. Leur dormir : « Mar kouskez, mar ger. C’est Sur le front des béné- pas la seule à chanter sur cet al- répertoire est essentiellement kouskez / Da yezh a laerint hag voles… et c’est tout à son hon- bum… Dédé s’y met aussi, composé de traditionnels, des ar bed ganet ganti / Ha diskaret neur. Merci aussi, Gilles. d’une voix grave et profonde. Et mélodies et des airs à danser, vo da di / A-unan gant ar gerioù c’est d’ailleurs un morceau dont certains furent collectés 1 (PromouVoir Productions, o deus eñ savet » . chanté, Er Verjelenn, qui ouvre par le « général des binious » et Puis le poète se fait polémis- Coop Breizh, CD GS 01) le bal. La suite, c’est une quin- chantés par son épouse. On y te, et là, normal, c’est Sarko qui zaine de titres issus du très retrouve des « airs connus », trinque, Le Nain Charmant, andré LE MEUT riche répertoire vannetais comme Boked Eured, Son Ele- alias Grincheux, et sa dulcinée, Le Chant de la bombarde / qu’André Le Meut a aujourd’hui na ou Son ar Serjant Major, et l’aphone Blanch’Neige embal- Kan er vombard pour mission de collecter et va- d’autres moins. Des instrumen- lée chez Mickey… Gilles Servat loriser. Question « valorisa- taux aussi, signés du guitariste, n’aime pas les Hiérarchies, tion », on peut dire que Le et un texte de Pierre-Jakez Hé- c’est clair et il le fait savoir ver- Chant de la bombarde atteint lias, Spered an tan. Et l’en- tement. Il n’aime guère non plus son but. Il y a bien sûr le jeu per- semble dégage une grande les exploiteurs de tout poil, fectionniste du maître sonneur, douceur, une atmosphère « contremaîtres, actionnaires et qui souffle « pour un son pur, propre à la rêverie, au songe d’un soir d’automne… jaunes » et nous embarquons naturel, animé ». Il y a aussi les alors pour les Asturies avec nombreux invités, parmi les- (Coop Breizh, CD VOC 2457) Santa Barbara Bendita, dédiée quels Pascal Lamour, Domi- « à David Betchley, mineur gal- nique Le Blay, habituel compè- lois ». re du sonneur, Samuel Le 1. « Si tu dors, si tu dors / Ils voleront ta langue et le monde né d’elle / Ta Mais après quarante ans, et Hénanff (accordéon), Véro- maison sera détruite / En même plus, de chansons, et la « car- nique Bourlet (violoncelle), temps que les mots qui l’ont bâtie. »

31 Le Peuple breton – novembre 2011 Jeunes de l’UDB

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Festival ct Reuz er Vro : une belle réussite ! Vi

La fanfare Kar ha pistouill’ a débuté son spectacle sur l’esplanade de la mairie.

Du 29 septembre au 1er octobre se Nantes afin de poursuivre le débat. Une Clou du festival, le concert - fest-noz tenait à Brest une expérience inédi- façon d’«échanger le regard pour a drainé plus de 400 personnes. Les changer de regard », pour reprendre les Jeunes de l’UDB ont offert à la ville plus te lancée par les Jeunes de l’Union termes de Fortuné Dembi, président de de trois quarts d’heure de fanfare sur la démocratique bretonne : trois jours l’association Breizh Africa. place de la Liberté avec Kar ha pis- de réflexion, de fête, en breton et Le film Même la pluie a attiré une touill’. Suivaient les groupes Kalon en français. Cette première peut quarantaine de personnes hors UDB et laouen, Digresk et Kerloa pour la partie être qualifiée de succès au regard suscité un débat passionnant sur la fest-noz, puis Gimol dru Band pour la de l’intérêt qu’elle a suscité. confiscation de l’eau par les multinatio- partie concert. Quelques associations nales. De même, le débat en langue avaient également été invitées à tenir bretonne sur les inégalités hommes- un stand, à commencer par la Reda- Avec tout d’abord une cinquantaine femmes au travail, en politique ou dans deg, le collectif 44 = BZH, mais aussi la de personnes présentes à la conféren- la vie familiale, animé par Peggy Le Bi- LMDE ou la toute nouvelle association ce sur « L’insertion civique et sociale han et Gwennoline Salaün pour l’UDB- LGBT brestoise Divers-genre. des migrants en Bretagne et leur jeunes, a déchaîné les passions. Nin- Les Jeunes de l’UDB décideront pro- contribution à la vie de la cité ». Les dis- nog Latimier, traductrice des chainement s’ils reconduisent cet évé- cussions sur les réalisations respec- Monologues du vagin, a su malgré tout nement. Chacun se souviendra en tout tives des villes de Rennes, Nantes et mener sa barque et apporter de la va- cas de l’édition 2011 comme d’un joli Brest ont débouché sur de nouveaux leur ajoutée à ce débat, dont la traduc- coup d’essai pour une première qui se horizons, Anne-Marie Kervern ayant tion était assurée simultanément pour voulait modeste ! promis de se rendre à Rennes et à les non-brittophones par Dewi Siberil. Gwendal Rioual

HORIZONTALEMENT : 1. L’autre couple kitsch comique des années o pays du fromage – 2. Soustrait ; Clau- 2000 ; Jouet – 8. Couper le courant ; Mots croisés n 248 diquas – 3. Un sélénite breton ? – 4. Deux romains – 9. Ouvertes ; Dans la Mesure chinoise ; En Bretagne an- mythologie grecque, elle était une di- cienne on y accolait souvent un banc vinité bienfaisante de la mer (les em- – 5. Dieu solaire de l’Égypte antique ; bruns) – 10. Lichens ; Île bretonne. 1 2345678910 Arrivée – 6. Électrodes – 7. Célébrité ; Ronan Pagan 1 Voyous à cuire – 8. Aimanté – 9. Peuples celto-germaniques qui 2 constituèrent un éphémère royaume SOLUTION DU No 247 3 dans l’actuelle Galice ; C’est-à-dire – Horizontalement : 1. ANCENIEN- 4 10. Harnacha ; Piloté par un homme vert ? – 11. Capable ; Molécule ayant NE – 2. ADRETS – 3. DERNIÈRE – 5 gagné un électron. 4. ICI ; GÉO ; LA (Loire-Atlantique) – 6 5. ERSE ; NIER – 6. RÔTIR ; ÉDAM – VERTICALEMENT : 1. Politique so- 7 7. NUIRE – 8. ASAËL ; DÛ – 9. IRA ; IC cialiste ; Sigle de brutes nazies – 2. (hic) – 10. SO (sud-ouest) ; OE (ouest- 8 Retirait ; Abréviation d’une terrible est) ; IPOH – 11. ERDRE ; GONE. 9 maladie neurologique auto-immune – 3. Rivière de l’Aveyron ; Commune du Verticalement : 1. AUDIERNAISE– 10 sud de la Bretagne – 4. Grade japo- 2. ÉCROUS ; OR – 3. CHRISTIAN – 11 nais ; Singe – 5. Ria bretonne ; Taxe – 4. ÉIRE ; OR – 5. NAIG ; RELIÉE – 6. Paquebot construit aux chantiers 6. IDÉE – 7. ERRONÉ ; SAIG – de Penhoët à Saint-Nazaire de 1931 à 8. NÉE ; IDE ; PO – 9. NT ; LÉA ; DION 1935 – 7. Compère de Shirley dans un (1856-1946) – 10. ESCARMOUCHE.

32 Le Peuple breton – novembre 2011 PB Services

Agenda de novembre

• Convention nationale de l’UDB sur les élections présidentielle et législatives de 2012, samedi 5 à Pontivy. Le débat est réservé aux adhérents de l’UDB. • Visite d’entreprise par les Jeunes de l’UDB, samedi 12 à la cidrerie Coat-Albret, à Bédée (35). Renseignements : jeunes- [email protected] • Débat sur le schéma aéropor- tuaire breton, samedi 19 à Vannes. Le débat est réservé aux adhérents de l’UDB.

L’agenda tout en breton de Skol an Emsav

L’agenda 2012 de Skol an Emsav vient de sortir. Retrouvez- y l’annuaire des structures cultu- relles bretonnes, les tableaux de mutation du breton, un guide pour remplir les chèques en breton, la date des principaux festivals bretons… et tout ça 100 % en breton !

Prix de vente : 12 € Renseignements : [email protected]

PETITES ANNONCES

Le Peuple breton publie sous cette rubrique des petites annonces. Le texte doit ne pas excéder 5 lignes de 50 signes et être accompagné d’un chèque de 11,95 €. Ces annonces sont à adresser à la rédaction (BP 1, 29850 Gouesnou). Cette rubrique est gratuite pour les demandeurs d’emploi.

33 Le Peuple breton – novembre 2011 La page du PB

Vos questions LE PEUPLE BRETON / POBL VREIZH Nos réponses Mensuel (47e année) Rédaction : BP 1 – 29850 GOUESNOU « Posez une question au journal : nous essaierons de vous répondre. Mais… ne soyez pas [email protected] impatient, le nombre et la complexité des problèmes soulevés nous contraignent parfois à différer notre réponse. » La rédaction du Peuple breton Directeur de la publication : Robert Pédron Rédacteur en chef : Question 123 Ensuite, il est tout aussi vrai que, de Gael Briand 06 71 83 70 76 Je lis sur un blog que la Bre- très longue date – au moins depuis le XVIe siècle –, la Bretagne est un riche Rédacteur-adjoint : tagne, malgré sa production laitiè- pays d’élevage, bovin comme ovin, Ronan Leprohon - 02 98 07 81 34 re, n’a aucun fromage et que le mot Responsable des pages Pobl Vreizh : donc gros producteur de lait. Mais de ce Jean-Claude Le Gouaille lui-même n’existe pas vraiment en lait les Bretons faisaient du beurre et non Secrétaire de rédaction : breton traditionnel. Votre opinion ? du fromage. Du beurre qu’ils consom- Jacques Dyoniziak maient beaucoup (on a parlé, à juste Responsable calendrier : Réponse titre, d’une « civilisation du beurre »), Christian Pierre Ont contribué à ce numéro : Il y a du vrai dans ces affirmations mais aussi qu’ils vendaient en France Cyril Frionnet, Alain Le Sann, Gael Briand, mais, comme souvent sur le Net, la briè- comme en Espagne ou en Irlande… Gwenael Henry, Fabiana Giovannini, Pierre veté du propos conduit à des inexacti- Ces temps sont révolus depuis la ré- Fourel, Damaris Merlet, Jean-Paul Chevrel, tudes. volution agricole de la deuxième moitié Guy Castel, Michel François, Nono, Herri Gourmelen, Patrick D. Morvan, Fabrice Dalino, XXe Tout d’abord, la langue. En breton ac- du siècle. Et, avec cette agro-indus- Yann Fiévet, Paol ar Meur, Herve Lannuzel, tuel, « fromage » se dit clairement formaj trie, la production laitière bretonne s’est Morgan Tremel, Annick Le Douget, Jacques ou fourmach. Mais il est vrai que le plus beaucoup diversifiée, des yaourts aux Dyoniziak, Hubert Chémereau, Maryvonne souvent formaj signifiait « pâté ». Ce fromages. La Bretagne est devenue, en Cadiou, Alain Cedelle, Philippe Cousin, n’est pas la même chose, ni la même fa- cinquante ans, une riche terre de pro- Jean-Jacques Monnier, Klaod Thomas, Ronan Leprohon, Pierre Morvan, brication ! Une cuisine familière du fro- duction fromagère. Production indus- Gwendal Rioual, Ronan Pagan. mage n’aurait pas eu cette indécision… trielle surtout (la majorité de l’« emmen- Correspondants : Tout juste le mot keuzienn – « fromage tal » français est produit en Bretagne, Dans les Balkans : Jean-Arnault Dérens blanc » – ouvre la piste d’une consom- de même qu’un nombre respectable En Catalogne : Philippe Liria mation domestique particulière qui est à des « camemberts »). Mais aussi des En Corse : Fabiana Giovannini En Occitanie : Gérard Tautil l’origine de la production de faisselle, « vrais » fromages, d’abbayes notam- Critiques de disques : surtout en pays gallo, où l’habitude (no- ment, ou localisés comme le curé nan- Bretagne : Pierre Morvan tamment en pays de Rennes) de tais ou la gamme de Madame Loïk, Celtie : Philippe Cousin l’égoutter sur une jonchée d’herbes donc le nom évoque clairement l’origine Critiques de livres : odoriférantes lui donnait un goût très fin. bretonne. Jean-Jacques Monnier, 19, Penn-ar-Pave – 22300 Lannion Livres en breton : Herve Lannuzel 27, boulevard Laënnec – 35000 Rennes Jeu du mois de novembre Responsable publicité :

Ronan Leprohon, au journal

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L’accueil et le secrétariat du Peuple Résultats du jeu du PB de septembre breton à notre local de Saint-Brieuc Voici les dix gagnants de l’album en breton de Titeuf que nous avions mis en jeu en sep- sont assurés par Jef aux horaires sui- tembre. Ce sont : Patrick, de Hengoat (22) ; Pauline, de Loudéac (22) ; Dewi, de Louaneg vants : de 9 h 15 à 16 heures les lundis, (22) ; Per, de Brest (29) ; Françoise, de Gouesnou (29) ; Paol, de Rennes (35) ; Romain, de mardis et jeudis. Téléphone-fax-répon- Blain (44) ; Jakez, de Nantes (44) ; Armand, de Pont-Saint-Martin (44) ; Anne-Marie, de deur : 02 96 61 54 11. Séné (56). Les gagnants ont reçu leur lot en octobre.

34 Le Peuple breton – novembre 2011 71 hent Mespiolet - 29170 FOUENANT 02 98 56 10 11 @ [email protected] http://yoran-embannerhttp://yoran-embanner.com/.com/

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LE PEUPLE BRETON 9 RUE PINOT DUCLOS 22000 SAINT BRIEUC Le prix d’un numéro en kiosque est de 5,00 € et celui de l’abonnement est de 45 € (soit 4,09 € le nu- méro). L’abonnement annuel que nous vous proposons en 2019, ce sont 11 numéros : 10 numéros de 36 pages + 1 numéro spécial de 52 pages en été

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