N° / € NOVEMBRE/DU 2011 AUJOURD’HUI, ÊTRE LIBRE, C’EST ÊTRE INFORMÉ 574 3,50 POBL VREIZH/LE PEUPLE BRETON crever pas doit ne pêche La crever pas doit ne pêche La ! ! L’INVITÉ Le dernier poisson ou le dernier pêcheur ? E DÉBAT SUR LA RÉFORME de la Po- rue pour une tonne de hareng, cela temps par les pêcheurs. La dégrada- litique commune de la pêche de est lié au mode de gestion, qui est tion de la ressource a amené les pê- Ll’Union européenne est l’occa- absurde. Expliquer cela, c’est plus cheurs à multiplier les initiatives de sion d’un matraquage d’informa- compliqué que d’écrire dans Le gestion, en particulier en Bretagne, tions plus alarmistes les unes que les Monde (16-17 octobre 2011) « le comme l’a montré l’enquête réalisée autres sur la surpêche, la disparition chalutier semble vomir cette triste par le collectif Pêche et développe- des ressources, les rejets. On peut cargaison dont les pêcheurs n’ont ment en 2009. On peut faire ces s’interroger sur les raisons de cette cure » à propos du film Le Dernier constats sur toute la côte. La créa- unanimité apparente et la neutralité Poisson, diffusé sur Arte. Quel tion des conditions favorables à de la Commission européenne ou mépris pour les pêcheurs qui, dans l’auto-organisation des pêcheurs a des ONG qui les diffusent quand largement montré son efficacité, on sait qu’elles ont pour objectif comme le confirme Elinor Ostrom, commun de diminuer le nombre de prix Nobel d’économie en 2009. bateaux et de pêcheurs, officieu- sement en divisant par deux ou Profit maximum trois l’effort de pêche. Ce catastro- Au lieu de cela, la Commission phisme généralisé sert donc à jus- veut généraliser des droits de tifier auprès du public cette des- pêche transférables dont l’objectif truction programmée d’emplois et n’est pas une bonne gestion mais le d’infrastructures. profit maximum de quelques arme- Pour Maria Damanáki, la com- ments. Pour y arriver, il faut crier à la missaire européenne à la Pêche, et catastrophe justifiant des quotas de nombreux scientifiques, com- faibles qui amèneront les artisans à me pour certaines ONG, il faut faire vendre leurs droits de pêche. Les accepter une libéralisation et une acquéreurs financeront ainsi l’élimi- privatisation des ressources au nation des artisans. Pour rentabili- profit de quelques armements ju- ser leur investissement, ils pour- gés rentables. Plus profondément ront, au choix ou en même temps, encore, il faut décrédibiliser les pê- sélectionner la pêche des plus gros cheurs, présentés comme des poissons, réduire les salaires des irresponsables, pour confier le marins et même chercher une bais- pouvoir de gestion à la Commis- se des quotas pour augmenter leur valeur : c’est ainsi que l’OCDE justi- sion et aux scientifiques et pour DR cela nous servir le poncif de « la fie les quotas individuels transfé- tragédie des communs », la course rables (QIT). insensée jusqu’à la capture du der- Alain Le Sann L’objectif n’est donc plus de pê- nier poisson. Secrétaire du collectif cher de manière durable de la nour- riture mais de dégager le maximum Une gestion absurde Pêche et développement de profit pour les investisseurs. La réalité est bien plus complexe C’est le constat en Islande, où les et plus que d’une crise des res- QIT n’ont pas permis un redresse- sources, réelle mais non générali- ment des captures de morue mais sée et évolutive, il s’agit d’une crise leur majorité, sont révoltés par ces ont favorisé quelques seigneurs des de la gouvernance actuelle, centrali- rejets ! mers engagés dans des spécula- sée, bureaucratique, incapable de se En 2011, l’état des stocks n’est tions qui ont contribué à mettre le fonder sur une analyse correcte de pas celui de 2008, qui sert de réfé- pays au bord du gouffre. La sous- l’état réel des ressources au moment rence au « livre vert ». La majorité des pêche peut convenir à ces spécula- de la décision. Il est ainsi trop simple stocks sont au-delà du seuil de pré- teurs, comme à certains écologistes d’imputer la responsabilité des rejets caution, en cours de reconstitution obsédés par la surpêche. Une sur- aux seuls pêcheurs. Ils sont souvent ou même reconstitués. Le stock de pêche qui, même si elle a été réelle liés à l’inadéquation des quotas pour morue en mer Celtique se par le passé et l’est parfois encore gérer des pêcheries multispéci- reconstitue rapidement grâce aux aujourd’hui pour certaines espèces, fiques. Si, en Baltique, des pêcheurs repos biologiques sur les zones de est devenue à présent plus virtuelle de hareng rejettent une tonne de mo- reproduction proposés depuis long- qu’autre chose. 2 Le Peuple breton – novembre 2011 Souscription permanente Novembre/Du 2011 Pa vez c’hoant ober berzh, gwelloc’h ijin eget nerzh. Quand on veut le succès, mieux vaut ima- gination que force. Merci aux contributeurs pour cet effort ce mois-ci. Nous avons déployé et nous ARGARET THATCHER, fataliste dame de fer, préten- allons continuer à déployer des trésors d’imagi- dait qu’il n’y avait pas d’autre issue à la crise que nation pour nous faire voir, pour multiplier nos Mle libéralisme. Aujourd’hui encore, être crédible points de vente, bref pour crédibiliser notre jour- suppose se ranger derrière les partisans d’une austérité aussi nal. Pour nous aider, n’oubliez pas : faites-nous inefficace qu’absurde dans la mesure où les mêmes vantent la connaître les noms de personnes susceptibles d’être intéressées par Le Peuple breton. Nous sacro-sainte « croissance » ! Ce poison a si bien intoxiqué leur enverrons un exemplaire « découverte ». l’ensemble de la planète qu’aujourd’hui un idéaliste est traité Yann Mathelier, Paris, 25 € ; Jeanne et Yvon Mourge, Orvault, de charlatan. 15 € ; Liliane Guérin, Audierne, 5 € ; Gérard Tautil, Signes, 5 € ; Annick Lécuyer, Lorient, 5 € ; Dominique Ado, Villeneuve-Saint- Et pourtant, il y a bien plusieurs voies face à la crise. La pre- Georges, 5 € ; Gilbert Guillonnet, Guipry, 5 € ; SARL Yoran em- mière consiste à s’engouffrer dans la brèche du capitalisme au banner, Fouesnant, 5 € ; Alain Le Bourhis, Baden, 5 € ; Odile risque de subordonner la puissance publique à la sphère finan- Kerzerho, Nantes, 5 € ; Jean-Pierre Pape, Clermont-Ferrand, 65 € ; Jean-Yves Le Corre, Clohars-Fouesnant, 5 € ; Pierre cière, complètement hors-sol. C’est le scénario que nous vivons. La Even, Nantes, 44 € ; Maxime Bédard, Gonesse, 15 € ; Michel seconde voie consiste à réduire les charges. C’est celle que nous sou- Kerrec, Nantes, 5 € ; Gérard Mérel, Nantes, 5 € ; Daïg Kervella, Martinique, 15 € ; Claude Reaubourg, Rennes, 5 € ; Michel Ma- haitons emprunter. En agissant pour la maîtrise de l’énergie, pour nach, Plourin-lès-Morlaix, 15 € ; Michel Le Gall, Saint-Ouen-du- l’isolation des logements, en luttant contre l’étalement urbain et le Breuil, 25 € ; Jean Quintin, Saint-Nazaire, 5 € ; Kawi Alemany, rapprochement des commerces des centres pour éviter l’exclusion Morlaix, 5 € ; Jean-Pierre Le Montreer, Ploubezre, 15 € ; Yannig Le Doujet, Langoëlan, 5 € ; Loïc Le Guillouzer, Trégastel, 15 € ; des moins mobiles, c’est l’ensemble de la société qui augmente son pouvoir d’achat Marc Iliou, Pluvigner, 15 € ; Marie-Thérèse Gorny, Pornic, 5 € ; en réduisant sa dépendance au pétrole, au nucléaire, au gaz... Soazig Quintin, Lorient, 5 € ; Yann Coatanoan, Parigné- l’Évêque, 15 € ; Jakez Louer, Concarneau, 15 € ; Gilbert Priol, La meilleure « aide » que nous pouvons apporter à la planète, c’est de révolutionner Cavan, 15 € ; Samuel Crand, Le Petit-Fougeray, 5 € ; Gérard notre système économique. Remettre ceux qui fabriquent la richesse Chevallier, Angers, 25 € ; Ronan Divard, Loperhet, 10 € ; Rémy Garreau, Coutras, 5 € ; Jean-Yves Pensec, Orvault, 10 € ; Alain – réelle et non fictive – au cœur du dispositif, voilà la seule alternative Nevoux, Hennebont, 35 € ; Yves Morien, Paimpol, 5 € ; Gilbert à la sortie de crise. Finies les fables pour enfants d’un Robin des Bois Peron, Orvault, 15 € ; Pascal Henry, Saint-Etienne-de-Montluc, prenant aux riches pour donner aux pauvres. Non, l’enjeu est de refon- 15 € ; François Fougère, Tourch, 10 € ; Philippe Ducloux, Chelles, 35 € ; Joseph Leferrière, Camors, 15 € ; Goulven Ca- der un système qui ne générerait plus d’inégalités aussi criantes entre doret, Logonna-Daoulas, 10 € ; Henri Bideau, Rennes, 15 € ; les individus et les peuples. Voilà un projet bien plus ambitieux ! Alain Fenet, Sautron, 15 € ; Louis Nignol, Poligné, 10 € ; Yves Blanchard, Fontenay-aux-Roses, 5 € ; Paul Cornet, Nantes, Pas de fatalité, mais des choix. « C’est la vie », nous disent les parti- 15 € ; Mathieu Koulman, Louannec, 15 € ; Michel Lesbaches, sans du système en place. N’ayons pas peur de leur rétorquer que ce Talant, 15 € ; Yves Corbin, Pontchâteau, 5 € ; Jean-Paul Castel, Guipavas, 10 €. n’est pas celle que nous souhaitons. Et invitons-nous à la table des mi- JCLG Total du mois : 694 €. nistres pour leur prouver que notre vision idéale est viable. Gael Briand Total de l’année en cours : 4 296 €. 4. Courrier des lecteurs Éditorial Peuples du monde 6. Iffig 5. 22-23. L’avenir incertain 8. De Brest à Nantes Gwenael Henry de la culture cachoube 9. Nono « Sortir du nucléaire pour 16. Leurre de vérité permettre l’autonomie énergétique 17. Azia ar Gevred : de la Bretagne ! » al Liñvadenn Veur Social 6-7. CMB : quand les salariés grondent 24. Rencontres Bretagne- pays de Galles à Saint-Nazaire Pêche bretonne 18-19. Buhez ar greizenn Un jour avec… sevenadurel breizhek 10-11. Les conséquences el Liger-Atlantel de la politique communautaire 26-27. Gilles Servat Énergie 14-15. Le projet d’éoliennes en pays de Vilaine 20. Levrioù brezhonek Pages culturelles Environnement 28.
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