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Ben Fayot Merci au « Minettsdapp » !

Selon le dictionnaire luxembourgeois, le populaires. En 1890, il fallait environ 500 Chambre cinq démocrates sur neuf dépu- terme de « Minettsdapp » est apparu à la voix pour être élu, en 1914 entre 3 000 tés. C’était un tournant politique capital, fin du XIXe siècle pour désigner quelqu’un et 4 000. pour le pays comme pour le canton. qui travaille la minette, un mineur ou un ouvrier de la sidérurgie, donc quelqu’un Cette évolution permit l’émergence de Un « radicalisme » régional du canton d’Esch-sur-Alzette. L’ignorance nouveaux notables dans un milieu social fit d’abord mépriser le travail de la mine inédit dans notre pays. Fait significatif : en Les nouveaux électeurs s’éveillaient à la et du fer pour sa dureté, son danger, sa sa- 1890, tous les députés du canton étaient politique avec des demandes concrètes. Il leté. Le « Minettsdapp » prit une connota- élus au premier tour, tous des notables de- pouvait donc être électoralement payant tion péjorative. Mais ceux qui exercèrent puis longtemps à la Chambre des députés. de faire preuve d’un certain radicalisme en ce travail dur et difficile en tirèrent de la Mais dès 1896, C.M. Spoo arriva le pre- s’opposant au centre du pouvoir de la ca- fierté et une nouvelle identité. pitale. Ainsi, dès 1895, l’Escher Courrier, journal proche de Spoo et de Welter, traite Nouvelle donne politique La diminution du cens [...] fit non seulement de la question ouvrière, augmenter le nombre d’électeurs mais surtout de la question régionale. Le L’apparition d’une masse d’ouvriers dans et créa de nouvelles couches gouvernement est accusé de négliger hon- la sidérurgie et les mines entraîna un chan­ d’électeurs populaires. teusement le canton d’Esch-sur-Alzette qui gement démographique important. Entre génère pourtant la plus grande partie des 1890 et 1910, la population du canton recettes de l’État1. Le thème récurrent du d’Esch-sur-Alzette doubla. La popula- mier à s’intercaler parmi les anciens dépu- canton d’Esch-sur-Alzette comme la vache tion de la ville d’Esch-sur-Alzette passa de tés comme , Léon Metz à lait du pays est ainsi né. Le pouvoir cen- 6 855 habitants en 1890 à 16 461 en 1910, ou Auguste de Gerlache. De même pour tral est accusé de dilapider la minette, de Dudelange de 5 091 à 10 803 pendant le le Dr Michel Welter, qui fut élu en 1897 à négliger le canton dont les routes et che- même laps de temps, Differdange de 3 574 l’occasion d’une élection partielle. mins sont rares et mauvais, qui n’a pas de à 13 909. L’afflux de cette nouvelle popu- lycée, dont les communes manquent de lation n’allait pas sans créer des problèmes Dans ce contexte, on peut voir dans le moyens financiers, alors que le gouverne- de logement, d’hygiène et d’infrastructures fameux discours en luxembourgeois que ment accorde des avantages financiers aux (rues, écoles, administration publique). Spoo fit à la Chambre en 1897 non seu- communes rurales sur le dos des communes lement un fait linguistique, mais surtout productrices de richesses. Surtout, ces nouveaux habitants devinrent une rupture politique pour tenter de se peu à peu des électeurs. La diminution du rapprocher des nouveaux électeurs peu Il est facile à ces nouveaux députés du cens, en 1892 de 30 à 15 francs, en 1901 à familiarisés avec le français de la Cham- canton d’Esch-sur-Alzette d’attaquer les 10 francs, et en 1913 un cens de 10 francs bre d’alors. La langue du « Minettsdapp » classes dirigeantes issues de la capitale et dans lequel rentraient toutes sortes d’im- (avec le « mär » et le « Uarbechter ») allait d’un pays encore très rural, en dénonçant pôt, fit augmenter le nombre d’électeurs être un signe distinctif important ! leur paternalisme hautain et leur igno- et créa de nouvelles couches d’électeurs rance des problèmes concrets des électeurs. Avec Xavier Brasseur élu en 1901, Léon Michel Welter se fit le champion d’un Ben Fayot est député et membre du Parti ouvrier Metzler et Jean-Jacques Diderich élus en nouveau style d’opposition virulente à la socialiste luxembourgeois. 1902, le canton d’Esch-sur-Alzette eut à la Chambre, où ses sorties étaient redoutées. 40 forum 304 Dossier

On peut penser que ce style direct, fron- et de faire du canton d’Esch-sur-Alzette tant à sanctionner la loi scolaire de 1912, à deur, très critique, était fait pour plaire à un bastion socialiste. D’ailleurs, le minis- nommer des bourgmestres et un directeur ses électeurs. tre d’État releva que le can- de gauche, mais aussi en 1915, en faisant ton d’Esch-sur-Alzette avait une situation dissoudre la Chambre pour affaiblir le bloc Citons deux exemples à cet égard. Le exceptionnelle par le fait qu’il avait neuf de gauche et en appelant Hubert Loutsch à 22 janvier 1901, le gouvernement déposa députés (en 1901), et exprima l’inquié- la tête d’un gouvernement catholique mi- à la Chambre un projet de loi portant créa- tude des députés des autres cantons : si la noritaire. Ce que la gauche d’alors appelait tion d’une école industrielle à Esch-sur- députation du canton arrivait à s’entendre le « coup d’État » de la Grande-Duchesse Alzette, revendication récurrente du canton au lieu d’être une députation « panachée », allait lui aliéner durablement une bonne depuis des années. Or, l’incompréhension elle pourrait imposer sa loi5. partie des forces politiques des régions entre le gouvernement et les députés du urbaines et industrielles. canton était flagrante. Le directeur général L’anticléricalisme des Finances, , expli- Ainsi nacquit, avec l’anticléricalisme, la qua que l’école proposée aurait un carac- Tout au long du XIXe siècle, l’État libéral veine républicaine antimonarchique du tère régional et s’adresserait « aux classes garda la main sur l’Église catholique, qui canton d’Esch-sur-Alzette, les deux for- moyennes et inférieures de la population essaya de se défaire de cette emprise tout tement inspirés par les idées en vogue de notre bassin minier et métallurgique2 ». en élargissant sa place et son influence dans dans la voisine que véhiculaient les Et encore : « Ce qu’il faut au canton la société, aussi en défendant les ouvriers Émile Mark, Jos Thorn, René Blum (tous d’Esch, c’est une école tenant compte des contre les patrons libéraux. À la fin du élus du canton d’Esch-sur-Alzette, même besoins des emplois subalternes de l’indus- si Thorn n’était pas « Minettsdapp »), de trie régionale. » Et d’ajouter qu’une en- retour de leurs études en France. Le réfé- quête avait permis de savoir que la plupart Au début du XXe siècle, le rendum de 1919 révéla que le pays, à cet des jeunes du canton quittaient l’école pri- « Minettsdapp » a donné naissance égard, était coupé entre le canton d’Esch- maire à l’âge de 12 ans, mais n’entraient à à une culture ouvrière et une sur-Alzette et une partie du centre et le l’usine qu’à l’âge de 16 ans. Selon le rap- identité politique et sociale reste du pays. porteur Frédéric François, avocat à Die- spécifiques, marqué par la fierté kirch, « il s’agit de protéger l’enfance dans du travail et la volonté de s’imposer La fin de la majorité de centre gauche le canton d’Esch, où cette population nom- dans un pays rural et bourgeois. breuse est entourée de dangers qui sont la Jusqu’en 1918, le scrutin majoritaire à suite du désœuvrement et de la licence3 ». deux tours permettait aux libéraux et aux Les députés du canton d’Esch n’eurent XIXe siècle, la lutte entre les libéraux et sociaux-démocrates de représenter à peu que faire de ces développements. Le Dr les démocrates et le parti catholique prit près seuls le canton d’Esch-sur-Alzette à Welter ne cessa de répéter, « Nous vou- de l’ampleur. Dans le canton d’Esch-sur- la Chambre, à condition de maintenir lons la même chose qu’à », Alzette, le démocrate proche des libéraux, la discipline dans le report des voix au c’est-à-dire une école industrielle avec une Xavier Brasseur, s’allia à Welter dans la deuxième tour. Dans le canton d’Esch- division inférieure et une division supé- mobilisation contre la droite agrarienne sur-Alzette, il fallait amener les ouvriers à rieure. « Nous voulons à Esch ce que vous qui entendait revoir la loi scolaire libé- donner leurs voix aux maîtres des forges li- avez à Luxembourg », ou « Nous voulons rale de 1881. Welter fit de cette lutte un béraux et à leurs alliés sociaux-démocrates la justice pour Esch4 ». thème essentiel de sa campagne électorale plutôt qu’aux candidats catholiques dont en 1897 avec l’aide de nombreux insti- le discours était en pointe contre les pa- Un autre exemple intéressant de ce régio- tuteurs. Mais le catholique conservateur trons libéraux. nalisme déjà bien prononcé fut la lutte Émile Prüm du canton de Clervaux réussit contre la division du canton, proposée à remettre l’école sous l’autorité du curé Les ouvriers qui commençaient à vo- par Auguste Collart, propriétaire à Bet- en 1898. Cette victoire des catholiques ter étaient tiraillés entre deux réflexes. tembourg. Celui-ci voulait un canton de conservateurs et agrariens incita le centre D’abord, un réflexe positif, car le travail Bettembourg à côté du canton d’Esch- gauche à se rapprocher malgré les diver- à l’usine permettait de gagner sa vie ; une sur-Alzette, et répartir les localités en deux gences sociales. Un des ciments du bloc fierté aussi, car ces travailleurs faisaient groupes : Differdange, Esch-sur-Alzette, majoritaire de 1908 à 1917 était l’anticlé- un travail spécialisé, avec la conviction de Mondercange, Pétange, Reckange, Sanem ricalisme, autre expression de l’opposition s’identifier à quelque chose d’absolument et Schifflange au canton d’Esch-sur-Alzette ; entre le pays urbain et le pays rural, entre nouveau dans le pays qui ne se retrouvait Bettembourg, Dudelange, Frisange, Kayl, l’industrie et l’agriculture, et finalement que là, dans le canton d’Esch-sur-Alzette Leudelange, Roeser et Rumelange au can- aussi entre la monarchie et la république. et nulle part ailleurs : la sidérurgie mo- ton de Bettembourg. derne, les hauts fourneaux, les mines de Car la monarchie se fit prendre dans fer avec leurs milliers de travailleurs. D’où La crainte de notables comme Collart, le cette tourmente quand la jeune Grande- un mode de vie nouveau, différent de châtelain de Bettembourg, était en effet de Duchesse Marie-Adelaïde se rapprocha du tout ce qu’on avait vécu jusque-là dans les voir basculer toute la députation à gauche camp catholique, non seulement en hési- campagnes soumises à l’Église et aux no- ARBED Februar 2011 41 tables, une sociabilité au travail et après le travail, une population jeune, plus libre et déjà détachée des interdits de la vieille société traditionnelle, avec des étrangers venant de nombreux pays, et une commu- nauté industrielle au-delà de la frontière.

Mais aussi un réflexe négatif : le travail était difficile, dangereux, souvent mal payé ; l’emploi était précaire, les revenus insuffisants, les conditions de vie déplo- rables, sans protection face aux aléas de la vie et du travail.

Pendant la Première Guerre mondiale, les luttes sociales s’exacerbèrent entre les travailleurs et le monde agrarien. L’accord politique entre les libéraux et les sociaux- démocrates vola en éclat. Michel Welter au gouvernement en 1916, incapable d’améliorer la situation alimentaire sur- © Tony Krier. Photothèque de la Ville de Luxembourg tout dans le Bassin minier, fut lâché par les siens. Même Jean Schortgen, le premier député ouvrier, élu en 1914 avec des voix sur-Alzette était le plus peuplé avec 66 476 vote préférentiel, le député socialiste et libérales, était considéré avec méfiance par habitants en 1910 et 73 967 habitants en avocat Jos. Thorn, élu du canton d’Esch- ses camarades de travail. 1916. La ville de Luxembourg n’avait que sur-Alzette, proposa le 27 mars 1919 un 19 192 habitants en 1910 et 18 796 en amendement visant à diviser le pays en Les travailleurs se détournèrent de la 1916. Luxembourg campagne compre- quatre circonscriptions. « […] nous récla- politique, incapable de les nourrir et de nait les communes de la périphérie de la mons cette division […] en faveur […] du construire un État fort pour les protéger capitale comme Hollerich ou Eich, où se canton que nous représentons ici8 ». contre la spéculation et l’exploitation. Ils trouvaient les industries et une population créèrent en 1916 le premier grand syndicat ouvrière importante (38 874 habitants Il faut ajouter que le canton d’Esch-sur- neutre de la sidérurgie et des mines, qui en 1916 et huit députés). Tous les autres Alzette était le seul à compter un grand sera désormais et pendant longtemps la cantons étaient principalement ruraux et nombre d’étrangers qui ne votaient pas référence des travailleurs. S’y retrouvaient avaient le reste de la représentation. (environ 20 000) et que le pays comptait des syndicalistes sociaux-démocrates et un député pour 5 000 habitants, ce qui fit catholiques. Même s’ils se séparèrent en C’est donc un pays où l’opposition entre dire à Jos. Thorn que quatre députés du 1921, ils allèrent manifester ensemble en un grand canton industriel et la presque- sud représentaient cette population étran- 1936 pour la reconnaissance des syndicats. totalité (sauf Luxembourg campagne dans gère. Et d’avoir un raisonnement très ré- En 1937, ce fut surtout le canton d’Esch- sa partie industrialisée) des cantons ruraux gionaliste, car « avec vos grandes circons- sur-Alzette qui fit tomber la loi d’ordre. était très marquée. Le découpage des cir- criptions électoralistes9, ces 20 000 per- conscriptions était d’une importance ca- sonnes qui n’ont pas le droit de vote, mais La circonscription du Sud pitale pour l’avenir politique du pays et qui sont représentées dans cette enceinte, de ses régions. La droite proposait deux seraient réparties à travers tout le pays, ce La révision constitutionnelle de 1919 a in- circonscriptions6 de chacune 134 000 sont les cantons agricoles, accolés au can- troduit le scrutin proportionnel de liste. habitants environ pour « soustraire la vie ton d’Esch, qui profiteraient de ces quatre Jusque-là, les douze cantons servaient de politique à l’action des intérêts divergents députés qui représentent les 20 000 étran- circonscriptions électorales. Les débats de qui la dominent aujourd’hui en entremê- gers du canton d’Esch et qui disparaîtraient l’époque opposaient les tenants de la cir- lant ces intérêts7 ». Le canton d’Esch-sur- peut-être […]10 ». Le propos « sudiste » était conscription unique à ceux de plusieurs Alzette aurait été avec Capellen, Clervaux, clair : « Nous n’entendons pas qu’on accole circonscriptions. Mersch et Redange. Alors que le congrès les cantons agricoles au canton d’Esch, du parti socialiste avait adopté le 26 oc- nous n’entendons pas que vous mettiez Pour bien comprendre le contexte d’alors, tobre 1918 une motion demandant au vos élus cléricaux sous la domination de il faut se rappeler qu’en 1919, nous sommes groupe parlementaire de s’engager pour la population agricole et que vous renfor- dans un pays de 261 540 habitants d’après le scrutin proportionnel dans sa forme la ciez dans cette enceinte, au détriment de le recensement de 1910 et de 267 447 plus radicale avec une seule circonscription la population industrielle, l’influence de la d’après celui de 1916. Le canton d’Esch- pour tout le pays, sans panachage et sans population agricole du pays.11 » 42 forum 304 Dossier

On sait ce qu’il en advint. Depuis 1919, celle de l’imprimerie coopérative et la re- restée vivante dans une population parfois nous connaissons ces quatre circonscrip- prise du journal d’Émile Schroell par les plus encline à dire « non » qu’ailleurs dans tions qui permettent l’expression d’intérêts syndicats libres et le parti ouvrier en 1927 le pays, à râler contre la pensée dominante régionaux. Le canton d’Esch-sur-Alzette donnèrent un journal quotidien de gauche et à secouer le cocotier, moins à l’aise dans auquel fut accolé le canton de Capellen, au canton. Le parti ouvrier remplaça le les compromis savants et équilibrés. encore très rural en 1919, a désormais parti socialiste en 1924, et développa son profondément marqué toute la circons- implantation dans la circonscription du Soyons reconnaissants au « Minettsdapp », cription du Sud de sa culture ouvrière Sud, qui devint son principal pilier. Après car sans sa force de travail, ce pays ne se- et de son identité politique progressiste, le départ des communistes en 1921 à Dif- rait pas devenu riche et prospère, et sans sa même s’il reste des différences entre Bet- ferdange, le parti communiste et les orga- propension à taper du poing sur la table, tembourg, Dudelange12 ou Roeser et les nisations proches de ce parti furent parti- la société aurait mis plus longtemps à bou- autres communes, en premier lieu la ville culièrement bien accueillis dans le canton ger. Merci donc au « Minettsdapp » ! u d’Esch-sur-Alzette. d’Esch-sur-Alzette.

Le rôle du canton d’Esch-sur-Alzette Lors des référendums de 1919, la ville dans l’histoire du pays d’Esch-sur-Alzette était en majorité républi- 1 « Bei der Verteilung unseres Staatskuchens werden das Ösling und die Ackerbaukantone auf eine jeder caine, et tout le canton massivement en fa- ausgleichenden Gerechtigkeit hohnsprechende Weise L’industrialisation a donné au canton veur de l’union économique avec la France. bevorzugt, dagegen die Landesbezirke der Arbeit und d’Esch-sur-Alzette une influence capi- En 1937, toutes les grandes localités du des Schweisses, die Stadt Luxemburg mit ihrer indus­ tale dans l’histoire du XXe siècle de notre canton s’exprimèrent en faveur du « non » triellen Umgebung, ganz besonders aber der Kanton 13 Esch, welche den Löwenantheil der direkten und indi- pays . Au fil des années, il se développa à la loi d’ordre. Le référendum de 2005 rekten Steuern für den Staatsschatz erübrigen, auf eine dans ses infrastructures, grâce à des mu- sur la Constitution pour l’Europe divisa empörende Weise vernachlässigt. » (Escher Courrier du nicipalités actives. La ville d’Esch-sur- le canton d’Esch, avec d’un côté le « non » 15 juin 1895) Alzette était depuis 1916 le centre syndi- majoritaire à Esch-sur-Alzette, Differ- 2 Compte rendu de la Chambre des députés 1900- cal, avec la création du BHAV (Berg- und dange, Kayl, Pétange, Rumelange, Sanem, 1901, p. 1491 Hüttenarbeiterverband), puis du syndicat Schifflange, et le « oui » majoritaire à 3 Ibid., p. 1506 15 libre BMIAV (Berg- und Metallindus- Bettembourg, Roeser et Dudelange . 4 Ibid., p. 1493 triearbeiterverband) en 1919 et du LCGB 5 Ibid., p. 1574 en 1921. Le parti ouvrier allait longtemps Au début du XXe siècle, le « Minettsdapp » 6 Compte rendu de la Chambre des députés du y avoir sa centrale. Les journaux succes- a donné naissance à une culture ouvrière 27 mars 1919, p. 2357 sifs comme l’Escher Courrier, l’Escher Volks­ et une identité politique et sociale spéci- 7 Ibid. (citation reprise du projet élaboré par le con- blatt, l’Escher Journal et le Neues Journal fiques, marqué par la fierté du travail et la seiller de gouvernement Nickels) revenaient à charge dans l’intérêt du can- volonté de s’imposer dans un pays rural et 8 Compte rendu de la Chambre des députés du ton de 1896 à 1910. L’Arme Teufel de Jean bourgeois. 27 mars 1919, p. 2371 Schaack-Wirth, une sorte de Feierkrop de 9 Une ou deux, selon les modèles proposés. l’époque, venait d’Esch. Puis, évidem- Depuis lors, le pays a beaucoup changé. 10 Compte rendu de la Chambre des députés du ment, le Proletarier du BMIAV. La créa- Une partie de l’identité politique spéci- 27 mars 1919, p. 2371 tion du Escher Tageblatt en 191314, puis fique datant du début du XXe siècle est 11 Compte rendu de la Chambre des députés du 27 mars 1919, p. 2372. Ce raisonnement amena Jos. Thorn à évoquer ce que la droite appela une chimère : « Je suis partisan de la Ligue des Nations et j’espère que bientôt il n’y aura plus de frontières entre la France et l’Angleterre et les autres pays. Il n’y aura plus de Français, Italiens, Belges, Anglais, Allemands, il n’y aura que des humains et tous ceux qui habitent ici le territoire auront le droit de vote. » (p. 2373) 12 Voir p.ex. à ce sujet Lucien Blau, « Mémoire indivi- duelle, Mémoire collective », dans Centenaire Didde- leng 1907-2007, p. 33 et 34. 13 Il est curieux qu’il n’y ait jamais eu de tentative d’écrire l’histoire du canton d’Esch-sur-Alzette. S’il y a eu des monographies intéressantes sur les différentes localités, une histoire du canton reste à écrire. 14 « Das Escher Tageblatt wurde 1913 als bürgerlich- demokratisches Organ mit sozialistischem Einschlag (sic !) gegründet. » 1916-1936, 20 Jahre Verband, Esch, 1936. 15 Ben Fayot, Les quatre référendums du Grand-Duché de Luxembourg, Luxembourg, 2006.