La Production Des Maisons D'éditions Du P.C.F. 1921-1956
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Ecole Nationale Supérieure des sciences de l’Information et des Bibliothèques Diplôme de conservateur de bibliothèque MEMOIRE D’ETUDE RAPPORT D’ETAPE A LA RECHERCHE La production des maisons d’édition du P.C.F. 1921-1956 Marie-Cécile Bouju sous la direction de Jean-Yves Mollier professeur à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines 1999 Table des matières Résumé / Abstract. Indexation / Keywords............................................................................2 Introduction ...........................................................................................................................4 Chapitre I : Des livres pour un parti de type nouveau (1920-1934)....................................14 1 - Le double « héritage » ........................................................................................14 2 - Une croissance chaotique ...................................................................................16 3 - La « bolchévisation » des publications...............................................................21 Chapitre II : Euphorie et limites (1935-1939) .....................................................................28 1 - Le « pic » du Front populaire .............................................................................28 2 - Un renouvellement des genres ?.........................................................................32 Chapitre III : Clandestinité et résistance. La propagande par la brochure ..........................39 Chapitre IV : La Libération, une propagande pour un parti de masse (1944-1948)............43 1 - Une croissance éclatée........................................................................................43 2 - Les littératures du « Parti des fusillés »..............................................................46 Chapitre V : Edition et Guerre froide (1949-1956) .............................................................55 1 - Offensive et stabilisation : les deux vagues de la Guerre froide ........................55 2 - Intégration dans le champ éditorial français ou enracinement militant ?...........59 Conclusion et perspectives de recherche.............................................................................67 Graphiques...........................................................................................................................73 Sources ................................................................................................................................90 Sources imprimées...............................................................................................................90 Bibliographie .......................................................................................................................91 2e volume : Catalogue 2 Résumé / Abstract Indexation Résumé : La production des maisons d’édition du Parti communiste français (1921-1956) Les maisons d’édition du Parti communiste français sont un cas extrême des liens qui peuvent exister entre édition et politique. Cette singularité s’explique par la place essentielle que tient la propagande dans l’idéologie marxiste-léniniste. L’analyse des titres publiés de 1921 à 1956 permet de mesurer l’importance de ce rôle, mais également de souligner à quel point cette propagande éditoriale est multiforme. Néanmoins, elle évolue à mesure que les maisons d’édition tentent de s’intégrer au marché traditionnel de l’édition, abandonnant notamment la brochure pour le livre après 1945, tout en conservant leur spécificité politique. Abstract : The Production of the French Communist Party’s Publishing Houses (1921-1956) The publishing houses of the French Communist Party are an extreme case of connections which could exist between publishing and policy. This remarkable case is explained by the important place of the propaganda in the marxist leninist ideology. The analysis of books published from 1921 to 1956 allows to measure the importance of this role, but also to emphasize how this propaganda is multiform. Nevertheless, this propagande changes as the publishing houses try to integrate the traditional publishing market, leaving in particular bindings for books after 1945, while standing their political specificity. 3 Introduction Les maisons d’édition du Parti communiste français sont sans conteste un objet d’étude singulier. Elles sont une « curiosité » à la fois dans l’histoire politique et dans l’histoire de l’édition. Cette singularité s’explique par le fait qu’il est exceptionnel qu’un parti politique se dote d’une structure éditoriale qui fonctionne en permanence et dont les publications ne sont pas rythmées par les temps forts de la vie politique. Dans ce domaine, comme dans bien d’autres, le Parti communiste français est un cas extrême de l’action politique1. Notre ambition n’est pas de présenter ces structures comme un modèle ou contre-modèle dans le champ politique ou éditorial. Néanmoins, en dégageant les logiques de leur fonctionnement, nous nous interrogeons sur les rapports complexes entre l’édition et la politique2, sur la fonction de la propagande politique dans les pratiques militantes, et enfin sur le rôle de « médiateur culturel » que peut tenir un parti politique. Édition et politique L’édition « politique » n’est évidemment pas née avec le Parti communiste français. Ses e origines se trouvent au cœur des crises du XVI siècle, où le politique se distingue alors très mal du religieux. L’organisation de la censure illustre parfaitement ce fait puisque les pouvoirs séculier (incarné par la Chancellerie) et religieux (représenté par la Sorbonne) ont revendiqué chacun, jusqu’à la Révolution française, la compétence en matière de librairie. 1 BERSTEIN, Serge. Les partis. Pour une histoire politique. Sous la direction de René Rémond. Paris : Le Seuil, 1996. p. 49-85. 2 e e MOLLIER, Jean-Yves. Édition et politique (XIX -XX siècle). Axes et méthodes de l’histoire politique. Sous la direction de Serge Berstein et Pierre Milza. Paris : P.U.F., 1998. p. 433-448. 4 e Le XIX siècle fut le siècle d’une censure relativement efficace et bureaucratique, tant par son contrôle sur les producteurs que les distributeurs (libraires et colporteurs). De 1810 à 1870, le monde de l’édition en général fit preuve de docilité vis-à-vis du pouvoir, attitude qui s’explique, entre autres, par le coût économique des sanctions qui pesaient sur lui. Cependant, la politique n’a jamais réellement quitté les catalogues des éditeurs3. Les convictions politiques de certains éditeurs l’expliquent en partie, comme pour le libraire des ultras, Dentu. De même, à partir des années 1830, le mouvement ouvrier naissant a diffusé des brochures clandestines. Parmi les éditeurs qui en étaient proches, Maurice Lachâtre (1814-1900) fut une des figures les plus spectaculaires : il connut pratiquement tous les courants socialistes depuis les années 1840 et les ouvrages qu’il publia traduisaient ses engagements successifs avec une constante dans la littérature anticléricale. Il est célèbre pour avoir été le premier éditeur français du Capital de Karl Marx, opération commerciale par ailleurs malheureuse...4 Mais l’existence ces titres s’explique aussi par la définition même des livres supposés nuire à l’ordre social. La littérature dite « économique et sociale », étroitement surveillée, était diffusée notamment des éditeurs de droit et de médecine5 et n’était pas systématiquement condamnée. En effet, elle répondait à des besoins intellectuels nouveaux : étudier le nouvel ordre social né de la révolution industrielle afin d’en prévenir les débordements. C’est pourquoi on s’étonne aujourd’hui du caractère apparemment engagé des catalogues de ces éditeurs, alors qu’ils n’étaient peut-être que l’expression de l’intérêt intellectuel des élites contemporaines. 3 MOLLIER, Jean-Yves. L’édition, 1815-1914. Histoire des droites en France. T. 2 : Cultures. Sous la direction de Jean-François Sirinelli. Paris : Gallimard, 1992, p. 213-256. 4 Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français [CD-ROM]. Paris : Éditions de l’Atelier, 1997; CAHEN, Jacqueline. Les Éditeurs de Marx et des socialistes (1872-1902). Mémoire annexe pour le DEA, sous la direction de Roger Chartier : EHESS, 1993. p. 4-7. 5 Nous pensons notamment à la librairie Schleicher et la librairie Giard et Brière. 5 Déterminer les attentes des lecteurs est la condition de survie économique d’un éditeur, et la politique est loin de faire partie des critères de réussite. Un éditeur commercial connaît fort bien le risque de l’engagement : son catalogue en forçant sur la neutralité ou l’éclectisme touche un public plus vaste que celui qui parie sur un camp ou un autre. La publication d’un texte engagé est alors plus souvent l’expression d’un « coup éditorial », payant commercialement, que le signe d’une adhésion politique claire. Cette règle de prudence ne changea pas après 1870. À la naissance de la Troisième République, en dépit de la fin du régime de censure, on peut effectivement dire que l’édition politique est marginale. On pense bien souvent que la presse quotidienne est la forme la plus aboutie de la propagande politique : or, c’est oublier que cette presse est dominée par des titres pas ou peu politisés, c’est-à-dire par la presse populaire, avant comme après 1970. Si elle véhicule des normes au service de l’ordre social, le terrain politique est pour elle un terrain miné : engagement signifie là aussi pour ses directeurs perte de lecteurs6. La naissance de la figure de l’intellectuel recomposa dans une certaine mesure