Les Espaces De L'autonomie Des Préadolescents
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Les espaces de l’autonomie des préadolescents. Une comparaison franco-allemande du processus d’individualisation François de Singly avec Karine Chaland Ministère de l’Equipement, des Transports et du Logement Plan Urbanisme Construction et Architecture Pôle Sociétés urbaines, habitat et territoires Consultation de recherche, Habitat et vie urbaine Notification de subvention de recherche (APSROM 32 00 01) Septembre 2003 Remerciements Cette recherche n’a été possible que grâce au soutien et au travail de nombreuses personnes, et institutions. Tout d’abord elle a bénéficié de la confiance accordée par le Plan Urbanisme, Construction, Architecture (du Ministère de l’équipement, des transports et du logement) dans le cadre de la consultation « Habitat et vie urbaine » , notamment par Claire Gillio, Colette Joseph. Karine Chaland a eu la responsabilité du « terrain » dans les deux pays. Elle a, en outre, assuré la quasi-totalité des entretiens à Strasbourg – à l’exception de deux entretiens, effectués par Olivier Wendling – à Berlin et à Fribourg. Frank Welz, sociologue, a organisé l’essentiel des contacts avec Fribourg et Berlin. La quasi-totalité des entretiens de Paris ont été menés par Yaëlle Emsellem et Benoît Chazot qui les ont également retranscrits ; quelques entretiens complémentaires ont été réalisés par Karine Chaland. Plusieurs personnes, ou institutions, ont collaboré à cette recherche en servant de relais, d’intermédiaires entre les préadolescents et les enquêteurs. Parmi eux, citons pour Strasbourg, Mme Zora Bekkouche du Centre socio-culturel de la Robertsau, Mme Marie-Pierre Lefebvre du Centre socio-culturel de Koenigshoffen, Mme Lafon de la PEEP, Mme Elisa Terrier de l’UNAF, Mr Gérald Klein de l’AFEV, Mr Yohan Abitbol de l’ARES pour Strasbourg. Pour l’Allemagne, Frank Welz, sociologue à l’Institut de sociologie de Freiburg, a effectué l’essentiel des contacts notamment avec Mme Gärtner, Mme Ohm, Mme Schlüpmann et Mr. Zeller, enseignants dans des écoles de Berlin, ainsi qu’à Fribourg avec notamment un contact avec le recteur d’une école située en banlieue de Fribourg. Ce dernier nous a permis de réaliser des entretiens au sein de son établissement lorsque cela n’était pas possible au domicile du jeune. Mme Eva Schulze, sociologue à l’Institut de sociologie de Berlin, ainsi que les collèges Mozart et Jacques Prévert, des 19ème et 6ème arrondissements de Paris, ont également collaboré en nous aidant à rencontrer des préadolescents. Après sa retranscription intégrale, chaque entretien a été « mis en forme » sous la forme d’une série d’indicateurs et d’un récit. Les transcriptions allemandes ont été réalisées pour la plus grande partie par Arnold Henning-Dahl et Bianca Brohmer, pour l’autre par Hélène Boccage, Barbara Liedtke, Alexandra Fuss, Aurélie Ruck, Nadia Abdallah, Alix Chambrix ; pour les transcriptions françaises, Olivier Wendling en a réalisé une grande partie, Lise Beck, Myriam Himber, Paméla Huck, Marie-Alix Fourquenay, Rachel Geib en ont réalisé quelques-unes. Karine Chaland a pris en charge la totalité des récits et des indicateurs pour le corpus allemand (Berlin et Fribourg). Elle a été aidée pour la moitié du corpus de Strasbourg, par Marie-Alix Fourquenay, Rachel Geib, Paméla Huck, Olivier Wendling. Benoît Chazot et Claire Galland ont analysé ceux de Paris. Les cartes indiquant les emplacements des jeunes interrogés dans les villes ont été établies par Myriam Fourmann. Le Laboratoire Culture et Sociétés en Europe (CNRS, Strasbourg) a également fourni une aide pour certaines transcriptions et certains déplacements. Le Centre Marc Bloch de Berlin a accueilli dans ses locaux Karine Chaland et a mis à sa disposition les outils de travail nécessaires sur place. Le Centre de recherches sur les Liens sociaux (CNRS, Paris 5) a soutenu cette recherche à toutes les étapes, notamment par le travail de Françoise Tréguer qui a assuré toutes les démarches administratives liées à cette recherche. La mise en forme du rapport de recherches a été assurée par Karine Chaland et Benoît Chazot. Que chacune et chacun soient très vivement remerciés de leur collaboration, de leur travail, de leur disponibilité, sans oublier évidemment tous les préadolescentes et les préadolescents de Berlin, Fribourg, Paris et Strasbourg, qui nous ont raconté leur vie. Sommaire Avant-propos………………………………………………………………………………….………p. 2 Partie un. La construction de l’objet…………………………………….…….………p. 7 Chapitre 1. S’autonomiser de ses parents à la préadolescence….…………….……p. 8 1. Les transformations de l’idéal enfantin et de l’idéal éducatif 2. Douze ans et l’accès à l’indépendance spatiale 3. La problématique Chapitre 2. L’enquête…………………………………………………………………..………….p. 34 1. Les entretiens 2. Le corpus des jeunes collégiens 3. La méthode d’analyse Partie deux. Les préadolescentes…………………………………………….…………p. 62 Chapitre 3. Les préadolescentes allemandes…………………………….…….………….p. 63 1. La variation de l’indépendance et de l’autonomie 2. Un clivage à l’intérieur du milieu supérieur 3. Un clivage à l’intérieur du milieu populaire Chapitre 4. Les préadolescentes françaises…………………………………….………….p. 117 1. La variation de l’indépendance et de l’autonomie 2. L’individualisation de trois amies (en milieu supérieur) 3. Deux versions de la dépendance par des jumelles Partie trois. Les préadolescents……………………………………………….…………p. 161 Chapitre 5. Les préadolescents allemands……….………………..…………….…………p. 162 1. La variation de l’indépendance et de l’autonomie. 2. Une manière paradoxale d’être « dépendant » en milieu populaire 3. Les investissements des préadolescents « indépendants » 4. La distance aux parents et la proximité à un ami Chapitre 6. Les préadolescents français…………………………..…………………………p. 206 1. La variation de l’indépendance et de l’autonomie 2. La gestion populaire de la dépendance 3. L’importance des copains : l’exemple de trois amis, issus de milieu cadre Partie conclusive……………………………………………………………………….………...p. 252 Chapitre 7. La différence entre la France et l’Allemagne…………………….………..p. 253 1. Les différences entre les préadolescentes françaises et les préadolescentes allemandes 2. Les différences entre les préadolescents français et les préadolescents allemands Conclusion générale……………………………………………………………….…….………….p. 295 Annexes……………………………………………………………………………….…………………p. 303 1. Répartition spatiale des préadolescents et des préadolescentes dans les quatre villes 2. L’indépendance et l’autonomie des jeunes de Strasbourg et de Fribourg 3. Le jeu entre les trois variables : sociale, sexuelle, nationale Bibliographie…………………………………………………………………………………………..p. 326 Avant-propos Bubble gum music « Quand je serai jeune » est le titre du premier single de Priscilla, chanteuse de treize ans (2003). Il semble qu’en Europe se développe la musique pour cette tranche d’âge, représentée par des jeunes du même âge. Cette spécialité est née aux Etats-Unis1 sous le joli nom de « Bubble gum music », avec des chansons proches des comptines, répétitives. La musique n’est pas le seul secteur intéressé par ces jeunes, la mode, les produits de maquillage et de soin cherchent aussi à prendre en charge les 8-12 ans. Cette attention du marché2 peut être prise comme indicateur du processus d’individualisation redéfinissant les relations entre les générations à l’intérieur des familles. Les biens d’équipement suivent aussi le même chemin, le nombre de postes de télévision croît par ménage, chacun tend à avoir son poste de radio, son lecteur de cassettes ou de CD, son téléphone portable. Cela a pour effet de faire en sorte que l’individu, même jeune, est moins souvent d’abord « membre du groupe familial » (ce qu’il est lorsqu’il regarde une émission avec ses frères et sœurs, avec ses parents) et plus fréquemment « membre de sa classe d’âge ». L’appartenance à une classe d’âge est un des moyens par lequel le jeune tend à s’individualiser vis-à-vis de ses parents, même si – et c’est le paradoxe de ces âges – ce sont les parents qui donnent les conditions de cette individualisation en offrant ces équipements. « A moitié indépendant » L’objet de cette recherche porte sur ce processus d’individualisation des jeunes, sur les manières dont ces derniers cherchent à être un peu plus indépendants et autonomes dans leur vie quotidienne, à vivre dans un « monde » qui n’est pas toujours celui que leurs parents leur proposent ou leur imposent. La tranche d’âge des onze-treize ans a été retenue pour les raisons évoquées ci-dessus, à savoir le déplacement contemporain de l’adolescence vers la préadolescence comme âge 1 D’après le magazine Investigation, histoire secrète de… consacrée à « La face cachée de la pop adolescente » (Canal +, 5 août 2003). 2 Cf. par exemple, « Lolita. A quoi rêvent les très jeunes filles ? », L’Expressmag, 30 janvier 2003. 2 marqueur d’une certaine distance vis-à-vis des parents. Un jeune homme de treize ans et demi, de Berlin, exprime bien l’intérêt de cette classe d’âge. Tobias définit ce que signifie « être indépendant » : « Que l’on peut décider soi-même ce qu’on fait… Que l’on est libre, libre dans les choses que l’on fait ». Il estime qu’il est indépendant pour son âge mais qu’il a encore besoin de ses parents pour certaines choses. Il dit qu’il est « à moitié indépendant ». Il pense qu’il le devient de plus de plus : « Avant je faisais tout avec mes parents, ils venaient avec moi partout, au cinéma, et maintenant je fais ça tout seul aussi. Et je préfère aller au cinéma avec mes copains qu’avec mes parents ». Son frère de seize ans ne fait plus grand-chose avec ses parents. Aussi Tobias ajoute-t-il : « Je crois que l’indépendance ça se développe doucement parce qu’une fois ou l’autre, c’est la première fois pour le ciné avec un copain, mais aussi d’autres fois avec les parents, et puis maintenant j’y vais plus qu’avec les copains ». Dans ces propos de Tobias, on perçoit bien le mécanisme de « déprise » vis-à-vis des parents. On comprend qu’il n’est pas uniforme. Ce n’est pas nécessairement à l’âge où se joue le détachement pour le cinéma que toutes les autres activités se défont de la même façon.