10 MAI AU 23 MAI 1979 9e ANNÉE - No 293 - 4,00 F

entretien avec le comte de

LA NOUVELLE ACTION ROYALISTE - 17, RUE DES PETITS-CHAMPS - 75001 PARIS fiS REPERES LA PRESSE AU CRIBLE Alors que la démocratie par- Que Monseigneur le Comte de tout menacée par la dictature Paris rende hommage à Mau- peut trouver et trouve souvent rice Clavel au début de l'entre- réactions aux dans la monarchie une alternance tien qu'il nous accorde, nous va naturelle au gouvernement parle- droit au cœur en ces moments mentaire avec lequel se confond de grande peine. Pierre Boutang, décla rations trop souvent l'impuissance propi- Gérard Leclerc, Saint Vallier, Mi- ce à l'arbitraire. » chel Touron rappellent qui était Philippe de Saint Robert, à qui Maurice Clavel pour ses proches, du prince on doit un premier témoignage pour nous, mais surtout à la essentiel — dans les Septennats face de Dieu qui seul lui impor- interrompus — montre dans Les tait (pages 11, 12, 13). Les Mémoires du Comte de Pa- que la « légitimité » qu'il devait Nouvelles Littéraires que : « le ris sont décidément un événe- aux « circonstances », telle que les général de Gaulle fut d'abord Dans ses déclarations, le Prince ment politique majeur : l'intérêt circonstances peuvent toujours, un grand Capétien : au dedans, dessine les lignes maîtresses de sa avec lequel la presse le com- évidemment mais aléatoirement, la restauration de l'Etat à ren- pensée, de son action, de son pro- mente et les débats qui sont nés la donner à tout autre, seul le contre des féodalités partisanes, jet. Le Roi et le peuple ! Le Roi des déclarations du Prince le comte de Paris la détenait « par et au dehors l'indépendance re- comme dernier des serviteurs de prouvent amplement. nature » : « Pour peu que mon couvrée de la France refusant tous et le peuple : « 11 faut que les hégémonies comme elle avait tous les Français se sentent et Ainsi, dans Le Figaro du 20 successeur appartienne à l'his- avril, M. Pierre Lefranc estime toire, ma succession sera assurée ». de tout temps refusé les empires, deviennent des citoyens majeurs ». ont porté la marque indubitable que le livre du Prince « met fin Cette réponse, il la complète de la grande tradition capétienne, L'actualité continue à faire une à une légende » : le comte de vite lorsque, sur le parvis de la alors que bien des « gaullistes » large place aux mémoires du Paris se serait fait des « illusions » cathédrale de Reims et s'adressant croyaient encore en 1969 avoir Prince et à ses déclarations sur les intentions du général au prince, il constate et exige participé à une aventure néo- (notre presse au crible). Elle met et cela à cause de la confusion à la fois : « Il n'y a qu'une His- bonapartiste ». au premier plan le congrès du qui s'est établie à propos de toire de France et c'est vous qui Parti communiste. Philippe Ro- l'idée de légitimité : l'incarnez... » Au prince lui-même : Et Saint Robert ajoute à l'at- brieux dont on connaît la compé- « Le comte de Paris parlait « Nous sommes, vous et moi, tention de ceux-là : tence répond à nos questions sur d'une légitimité relevant du prin- les seuls réellement indépendants « Ceux qui disent à présent l'évolution de ce parti (pages 6 cipe héréditaire oubliant qu'elle à pouvoir ne penser qu'à la que ce qui s'est passé entre le et 7). Bertrand Renouvin consa- avait été tranchée avec ia tête France... » général de Gaulle et le comte de cre son éditorial à une situation de Louis XVI ; de Gaulle pensait Et Michel Herson ajoute : Paris était de l'ordre du rêve, se intérieure où il guette les signes à la légitimité acquise par les « On ne peut vraiment pas trompent et nous trompent. Ou d'un soulèvement de la vie. services rendus au pays. Le comte réduire la démarche de ces gaul- plutôt, ils devraient se souvenir D'autres soucis nous sollici- s'obstinait à mettre des droits en listes illustres ou obscurs (qui qu'aux yeux des pense-petit pres- tent : le nucléaire (N.A.R. Forum avant, de Gaulle lui répondait : avaient compris le dessein du que toutes les grandes idées du de René Moucadel), les menaces « Que n'étiez-vous pas à Bir Général) à je ne sais quelle lubie, Général — l'indépendance, la par- sur la liberté d'expression (Saint Hakeim ? » à je ne sais quel complot. ticipation — étaient de l'ordre du rêve. Et ils devraient ajouter Vallier en Nation Française), l'é- Alors que le général lui-même que le général de Gaulle a toujours volution du continent africain les a en tout cas inspirés et dans Sur le 18 juin, Bir Hakeim fait sa politique contre les siens ». (Paul Maisonblanche). C'est aussi une large mesure encouragés, voire et la Résistance, le comte de Et de conclure : « le comble à l'occasion d'un film ou d'un aidés. Paris s'est clairement expliqué de l'imposture est de faire passer livre, l'accueil des pieds noirs Alors que le général, évidem- dans son livre. Quant à l'idée pour des imposteurs ceux qui ne ou aujourd'hui l'antisémitisme. ment, voyait comme eux dans de légitimité, nous ne voyons puisent pas leur vérité dans la seu- Mais, pour nous, les taches la personne du comte de Paris, pas ce qui pouvait opposer le le idée qu'ils se font d'eux-mê- militantes continuent, avec un un recours, au moins éventuel, Prince au général de Gaulle. mes. » colloque pour une nouvelle poli- contre toutes les féodalités, tou- Pour l'un comme pour l'autre, tique étrangère (page 5) et des tes les aristocraties telles que par Nous attendons avec impatien- elle se fondait sur l'histoire, rassemblements royalistes en Lan- définition et comme nous l'ensei- ce la réponse de ceux qui se pré- sur les services rendus et sur guedoc, en Champagne et en gne l'histoire, le prince, — plus tendent les dépositaires de l'héri- l'adhésion populaire. Aquitaine (Action royaliste en pontife qu'aristocrate — est voué tage du général de Gaulle. page 15). Toujours dans Le Figaro (du à les réduire et non pas à les 27 avril cette fois), Jean Raymond servir. Régine JUDICIS Tournoux affirme que de Gaulle avait dit « non » au Prince. ROYALISTE « Tous les faits et les témoi- a-MENSUEL DE 11 ACTION ROYALISTE gnages concordent », dit-il en demande de documentation 17, rue des Petits-Champs, citant des déclarations ancien- 75001 Paris. Si ce numéro vous a intéressé, si vous désirez avoir plus de Téléphone : 297-42-57 nes (celles de Beuve-Méry et de renseignements sur nos idées, nos activités, les livres et brochures Malraux) sans tenir compte des que nous avons publiés, remplissez le bulletin ci-dessous sans enga- C.C.P. Royaliste 18 10406 N Paris. faits que le comte de Paris a porté — Changements d'adresse : join- gement de votre part. dre la dernière bande d'abon- à la connaissance des Français et Nom : Prénom : nement et 4 F en timbres du témoignage apporté par Michel Année de naissance : Profession : pour les frais. Herson quelques jours auparavant Adresse : — Les illustrations et les photos (Le Figaro Magazine du 21 avril). de ce numéro ont été fournies Pour Michel Herson, ancien secré- taire général adjoint du mouve- par le groupe audiovisuel et désire recevoir, sans engagement de ma part une documentation sur sont la propriété du journal. ment gaulliste, de Gaulle a bien le mouvement royaliste. — Directeur de la publication' : souhaité faire du prince son suc- Bulletin à retourner : Yvan AUMONT. cesseur : « Qu'il l'ait souhaité? ROYALISTE, 17, rue des Petits-Champs, 75001 PARIS — Imprimé en France - diffusion n'a-t-il pas dit cent fois, là et N.M.P.P. N° Commission paritaire : 51700 quand il se voulait le plus grave.

royaliste n° 293 - page 12 a NATION FRANÇAISE

Mars 78, l'Amoco-Cadiz. Mars blème, il n'y aurait qu'à se lancer 79, Three Mile Island. Rude mois dans n'importe quel programme pour les écologistes. Et mars gigantesque ! Après tout, n'impor- 80? l'Apocalypse? Le progrès nar-forum: te quoi ne serait-il pas préférable n'est décidément plus une idée à la mort irradiée ! Et voici aus- neuve nulle part, mais la plus sitôt une autre objection : la voi- vieille et la plus ridée des faus- ture tue chaque année des mil- ses idoles. Pendant combien de débat sur le liers de personnes. Le nucléaire temps devrons-nous encore sacri- lui n'a jamais tué. Admettons fier à cette pseudo-déesse ? que la chose soit vraie, première- A entendre ses partisans, sans ment la politique du tout-bagnole nucléaire menée depuis des années est une nucléaire, plus d'énergie et sans énergie nous voilà tous, comme politique aberrante, deuxième- disait l'autre, au rouet et à la lam- ment, si le nucléaire n'a pas enco- pe à l'huile. De paisibles et en- re tué (?), les risques qu'il repré- combrants attelages de bœufs sil- sente (et la panique de Three lonnent les routes devenues mau- Mile Island montre bien qu'ils vais chemins d'une France que existent) sont incommensurables l'on appellera désormais la Gaule, à tous autres en quantité (on a tandis qu'au loin se profileront envisagé de déplacer près d'un les ruines de centrales nucléai- million de personnes en Pensyl- res démantelées. Que faire devant vanie), en superficies concernées une telle vision? Rappeler tout (des régions entières) et en durée d'abord comme le fait justement (plusieurs siècles pour certains Michel Bosquet dans un récent éléments à haut risque), et d'autre numéro du Nouvel Obs (9 avril) part les risques génétiques du que le programme nucléaire fran- nucléaire sont manifestes. Parler çais « n'a pas pour objet de rem- après cela de catastrophisme lors- placer par l'atome le combus- que les écologistes crient casse- tible importé. Son but est seule- cou et demandent, au moins, ment de couvrir par le nucléaire l'arrêt momentané du program- l'accroissement futur de la con- me nucléaire, n'est-ce pas faire sommation d'énergie au niveau preuve de la plus grave incons- actuel. » Et nous voilà ainsi cience celle qui prend le risque ramenés à une vision plus exacte de sacrifier le futur et qui est des choses. Et à des solutions incapable d'imaginer autre chose autres que le trop fameux di- que ce qui existe. lemme : l'apocalypse ou la pré- La France hélas! est bien pla- histoire. Et si ni l'une ni l'autre cée dans le peloton de tête des n'étaient fatales. Si le souci «cinglés» de l'atome? Et la déci- politique consistait justement à sion du gouvernement, au lende- les rendre toutes deux impossi- L'accident de Three Mile Island a inspiré à R. Moucadel main de l'accident de Three bles... Comment cela ? des réflexions fort hostiles au nucléaire. Paul Maisonblanche lui répondra dans le prochain numéro. Mile Island, d'accélérer le pro- Par une politique d'économie gramme nucléaire montre bien d'énergie qui soit autre chose qu'en haut lieu on n'entend plus que de la poudre aux yeux, vite en un frénétique mouvement inépuisables, assurent cette indé- se laisser ravir la première place. jetée pour rassurer et faire croire de production/destruction qui est pendance que le nucléaire, malgré Nos libéraux avancés n'hésitent que « là haut » on s'intéresse la caricature du mouvement vrai tout ce que l'on prétend, a bien pas, pour ce faire, à faire bon au problème. Inciter constructeurs de la vie. du mal à assurer, dépendant marché de leur démocratie de et consommateurs à rechercher Economies réelles d'énergie qu'il est des technologies améri- façade et à ne tenir aucun comp- dans tous les domaines (isolation, donc. Mais aussi utilisation maxi- caines. Energies décentralisées en- te de l'avis des populations électro-ménager, automobile, male de ce que l'on appelle fin qui permettent en quelque concernées. Tous les moyens sont chauffage, construction, méde- énergies douces. Qui ne sont pas sorte une autogestion énergétique bons pour imposer les volontés cine, déchets, etc.) ce qui, à la toutes maîtrisées certes mais on et suppriment le risque d'un d'E.D.F. : sous-information, passe- fois pollue moins, consomme voudrait bien savoir pourquoi électro-fascisme et d'une société droit, intox, illégalité, fait accom- moins et dure plus. On prétendra le budget de la recherche en ces de consommateurs, d'une société pli... que c'est là l'oiseau rare, la tech- domaines est si dérisoire... Ener- nucléarisée, passive, centralisée, Il fera bon vivre dans la France nique introuvable. Çà n'est pas gies solaire, éolienne, géothermi- élitiste, pleine de flics. Le nu- du Figaro, de l'Aurore, du Pari- si sûr. Chacun sait que le projet que, biomasse... les voilà ces éner- cléaire c'est l'électricité moins les sien Libéré, de Valeurs Actuelles industriel et culturel se soucie gies douces qui pourraient avan- soviets ! et de l'Humanité qui, tous à leur fort peu de tous les problèmes tageusement remplacer le nuclé- Autre argument trop rejeté en manière (l'Huma s'accrochant, de protection de l'environnement, aire. Energies non polluantes, faveur du nucléaire celui-ci bien sûr, au bon atome socia- qu'il se fonde sur la croyance inépuisables et décentralisées. permettrait de résorber le chô- liste!) nous demandent de choisir en des ressources énergétiques Energies qui, par conséquent, mage. La belle affaire! Ainsi, entre le nucléaire et le chaos, inépuisables (quitte pour cela à ne sont pas dangereuses et ne font pour équilibrer les comptes du sans voir que le nucléaire c'est piller le Tiers Monde) et qu'enfin courir ni aux populations ni à professeur Barre, pour cacher l'é- le chaos. ce projet incite à consommer l'environnement aucun risque. chec d'une politique incapable toujours plus et toujours plus Energies qui, du fait qu'elles sont de résoudre cet angoissant pro- R. MOUCADEL

royaliste n° 293 - page 12 S NATION FRANÇAISE fi CHEMINS DU MONDE recon un

Ueorges Pompidou avait eu l'habileté de chercher à décon- necter la présence politique et culturelle française de la politi- que du monde des affaires. Dans le même temps, il sut pres- sentir le réveil de l'Islam et sur- tout tenter de se le concilier dans la grande tradition de Fran- çois Ier. C'est ainsi qu'il passa sournois des accords avec la Libye en échange desquels celle-ci nous laissa les mains à peu près libres au Tchad. Une telle politique ne suffisait pas à résoudre les problèmes posés par la fragilité des nouveaux Etats issus de la décolonisation, ni à enrayer leur La société libérale est avancée, si vous voulez bien prendre quement partout. Pour CHAQUE sous-développement. Du moins, place... Le droit de manifester est remis en question ; le droit affiche une amende de 50 à nous assurait-elle un capital d'es- 10 000 F doublée en cas de réci- de grève à la télévision liquidé ; la propriété littéraire et artis- time considérable dans le Tiers- dive. Dans le même esprit sera tique entamée ; le droit d'afficher assassiné ; et le sort des étran- Monde. gers promis à un bel avenir. « poursuivi comme complice et puni des mêmes peines que l'au- Or, avec l'arrivée de Valéry teur de l'infraction celui pour Giscard d'Estaing à l'Elysée, il y a ge. La réforme de l'ex-O.R.T.F. Pour le bris de vitrines, au le compte duquel la publicité a eu discontinuité dans la diplo- voulue par V.G.E. est enfin luxe insultant pour certaines, et été réalisée ». Seule autrefois matie française en Afrique. L'ac- achevée. dont il faudrait se demander pour- la police judiciaire pouvait cons- tuel chef de l'Etat a, -en effet, Le projet de loi relatif « aux quoi elles n'ont pas été brisées tater l'infraction et pour engager décidé d'appuyer inconditionnel- droits patrimoniaux attachés à plus tôt le président de la Répu- les poursuites le procureur atten- lement les régimes africains répu- l'exploitation du récit d'un crime blique, ou ce qui en tient lieu, dait l'avis du préfet ou du minis- tés « conservateurs ». C'est ainsi par son auteur » (et je ne vois pas entreprend de restreindre le droit tre. Aujourd'hui le flic munici- qu'il s'aligne sur le Maroc dans pourquoi les publications concer- de manifester. Oh bien sûr l'acte pal, les aubergines, tous les zo- la question saharienne. On peut nant l'avortement n'y seraient en lui-même de manifester com- nards de service verbaliseront et comprendre ce choix dans la pas incluses) constitue un autre me bien d'autres comportements le procureur passera directement à mesure où le Roi du Maroc est morceau de bravoure. Ce qui (se réunir, afficher...) restent en- l'action. Le propriétaire du mur relativement francophile — davan- à l'origine avait été inspiré par le tièrement libres mais les condi- pourra exiger l'application de la tage que ne l'était Boumedien- livre de Mesrine est devenu dans tions nécessaires à son exer- loi ou s'il est trop laxiste ou com- ne — et où les ressortissants fran- l'article 1 alinéa 2 : « Les profits cice et qui le précèdent, le sont préhensif, les associations d'usa- çais sont assez bien accueillis de toute nature tirés par qui- de moins en moins : déclaration gers pourront le faire à sa place. dans l'empire chérifien. Mais ce conque de la représentation, de préalable, itinéraire, heure, nom- Tout est prévu. Bien sûr les pari sur Hassan II n'en est pas l'édition, de la diffusion de ce bre, approbation étatique. Phi- maires devront tenir à disposition moins dangereux. Le Roi, malgré récit (le récit d'un crime) sont lippe Boucher parle de grigno- des emplacements libres et gra- de réelles qualités politiques, a confisqués » Quiconque ! « Nous tage mais j'ai plutôt l'impres- tuits. Devons-nous rire? Quant au laissé la corruption prendre une avons tué Darlan » de Marco sion que certains ont bougrement futur statut des étrangers, j'en envergure aberrante et celle-ci Faivre confisqué ! L'affaire Seznec faim. Il est vrai que se faire dé- reparlerai plus tard. est en train de ronger toutes les de Marcel Jullian confisquée ! poser en haut des pistes de ski structures de l'Etat. Par exemple, J'extrapole? A peine. En droit, par hélicoptères ça creuse ! les officiers gardent la solde des l'ambiguïté et l'imprécision font M. R.A. Vivien, qui fut meil- En France, tout finit par des soldats ce qui, au passage, expli- le lit des abus. leur en d'autres temps, vient de polices. Il n'y a pas de bonnes que certaines défaites spectacu- faire liquider la grève à la télé- Le projet de loi sur l'affi- lois, il n'y a que de bonnes répres- laires et récentes de l'armée maro- vision. Remarquons que la mafia chage et les enseignes est aussi sions. Après le bon choix pour la caine face au « Polisario ». syndicale n'ayant jamais vraiment empreint de ce libéralisme. Les France, il faut choisir sa pros- compris l'usage du droit de grève royalistes sont concernés. Jusques cription. Tout vous grandit M. lui a donné le beau rôle. Invoquer à présent afficher était un droit d'Estaing, l'argent, l'Elysée, la par- la continuité du service public limité de deux manières : respec- ticule, les libertés peuvent vous L'ERREUR ZAÏROISE alors que l'Etat abandonne la ter les sites historiques et ne servir d'escabeau. On a dit, par S.N.C.F., les transports en com- pas porter atteinte aux bonnes politesse, que vous étiez un L'erreur est encore plus grave mun parisiens et 1 300 000 chô- mœurs ni appeler à l'insurrec- équilibriste, moi je suis un roya- en ce qui concerne le Zaïre. La meurs mérite réflexion. Mais dé- tion. Désormais affichage com- liste méchant. France soutient inconditionnelle- sormais à haute dose et pour mercial et d'opinion sont confon- ment Mobutu avec le raisonne- dus et interdits de séjour prati- votre plaisir, Roger Gicquel obli- SAINT-VALLIER ment suivant : « Certes, Mobutu

royaliste n° 293 - page 12 struire une politique africaine Giscard: Gendarme de l'Amérique? de convoquer à Paris une confé- le plan Brasseur (du nom du La crise tchadienne, les remous en Rhodésie, la chute d'Idi rence Nord-Sud destinée à étudier ministre belge qui en est l'au- Amin Dada nous rappellent que l'Afrique est à la fois une zone les problèmes du sous-développe- teur). Mais nous avons été impuis- d'instabilité et le terrain de l'affrontement entre blocs. Mais la ment. Mais à cette conférence, sants à empêcher les influences France qui a un jeu privilégié d'arbitrage et de médiation à la France n'était représentée que anglo-saxonnes au sein du Mar- par le truchement de la Commu- ché Commun de reporter ce mettre en œuvre ne le gâche-t-elle pas par son alignement sur nauté Economique Européenne ! plan aux calendes grecques. Ac- Washington ? Dès lors, les Etats-Unis n'ont eu tuellement c'est toute la poli- aucun mal à enliser la conférence. tique africaine de la France qui De même, en ce qui concerne la est à reconstruire. est corrompu mais ses adversai- de l'Afrique est confrontée à l'ex- politique à adopter pour combat- res sont pro-soviétiques. Donc, pansion de l'Islam. On peut le tre la détérioration des termes pour éviter que l'U.R.S.S. ne s'em- déplorer à cause du caractère de l'échange, nous avons appuyé pare des minerais du Shaba, fanatique de ce réveil musulman Paul MAISONBLANCHE combattons les rebelles katan- dont l'Iran nous donne un peu gais ». Ce genre d'arguments réjouissant avant-goût. Mais, sauf colloque: fait bon marché de deux élé- à s'y opposer par les armes, on ments : tout d'abord un régime doit s'en accommoder. Il ne fal- pour une nouvelle ubuesque comme celui de Mobu- lait donc pas distendre nos liens tu est tôt ou tard voué à tomber, avec la Libye de Khadafi et se on joue donc à priori la carte rapprocher de façon trop voyante politique étrangère perdante. Par ailleurs, il est faux de l'Egypte. Ainsi aurions-nous Le 19 mai prochain se tiendra à Paris le colloque Pour une nou- que les Katangais soient pro- vraisemblablement réussi à ce que velle politique étrangère organisé à l'initiative de l'Institut de poli- soviétiques. Le père Tschombé en Khadafi continuât de ne pas tique nationale et du Cercle relations internationales. 1960 face à Lumumba cherchait soutenir la guérilla du Frolinat Il n'est pas besoin de démontrer l'intérêt et l'actualité de ce col- des alliances pro-occidentales. Le comme c'était le cas au temps loque : Royaliste lui-même fait trop souvent écho à la question des fils cherche, faute de mieux, des de Pompidou. Faute d'avoir suivi élections européennes pour que ses lecteurs ne soient pas sensibilisés appuis à l'Est. Et que l'on ne cette ligne de conduite, nous voici aux problèmes de politique extérieure. vienne pas nous objecter le carac- enlisés dans un imbroglio dont La question européenne sera d'ailleurs fortement débattue au tère irréversible de cet engage- le dénouement risque de se réali- cours de cette journée. Comment pourrait-il en être autrement alors ment dû à la présence de vingt ser sans et contre nous. que les organisateurs ont invité des personnalités aussi diverses quant mille soldats cubains en Angola et En fait, tout se passe comme si à leurs opinions politiques que Claude Bourdet, Léo Hamon, le Géné- au Shaba. Le bloc soviétique n'a ral Gallois, Philippe de Saint-Robert et d'autres encore dont les sensi- jamais pu s'implanter durablement nous appliquions à la lettre les bilités vont du gaullisme aux convictions européennes les plus affir- en Afrique. Le jour où Sadate consignes du général Haig, conseil- mées ? l'a voulu, il a remercié comme ler de Kissinger qui, au temps Bertrand Renouvin y soutiendra les positions de la Nouvelle des malpropres les trente mille où Nixon était à la Maison-Blan- Action Royaliste. Il n'y aura pas que les débats à être animés par des « conseillers militaires » russes. che, avait déclaré que les pays personnalités, avec le côté spectacle que constitue une telle presta- En fait, la seule politique auda- européens avaient un rôle à jouer tion. Des personnalités souvent plus spécialisées (journalistes, écono- cieuse et réaliste au Shaba aurait à la périphérie de l'alliance. mistes) participeront aussi à un travail dans les commissions dont les consisté à tenter d'aider et d'en- Un rôle de gendarme supplétif thèmes sont : Stratégie des impérialismes dans ; Europe et cadrer les gendarmes katangais : de l'Amérique bien sûr. Atlantisme ; les multinationales en Europe ; La Francophonie est- c'était faisable en 1977 et cela elle une question politique? aurait peut-être évité les mas- Un travail de recherches et de propsitions y sera accompli et il sacres de 1978. LE GENDARME n'est pas exclu que la N.A.R. en retire un intérêt certain pour l'élabo- DE L'AMERIQUE ration d'un projet royaliste de politique étrangère qui lui soit propre. Sur tous les sujets abordés, nous avons en effet notre mot à dire, et ce- IMPASSE Cette tournure d'esprit amène la ne fait que renforcer l'intérêt avec lequel nos militants et sympathi- SUR LA LIBYE le pouvoir actuel à vider de sants participeront à ce colloque. leur substance celles de ses initia- C'est la même erreur d'appré- tives qui sembleraient s'inscrire Salles Sautter - 32, rue Olivier-Noyer, Paris (75014) - le samedi 19 mai de 10 h à 17 h 30. ciation qui nous vaut les mésa- dans la tradition gaullienne. Ainsi, ventures tchadiennes. Cette région V.G.E. a-t-il eu la bonne idée

royaliste n° 293 - page 12 Thorez: • Royaliste : Oui mais l'action processus de création du Front du P.C. a été dans les cas que vous populaire. C'est cette politique citez négative. Il n'a pas su pré- qui a inspiré l'action du P.C. voir le mouvement de mai 68 de 1941 à 1947. Et Thorez y est revenu après la mort de Sta- "l'unité et s'est borné à le faire capoter. Il est capable d'empêcher les line et surtout à partir de 1956. socialistes d'accéder au gouverne- Je l'ai entendu alors déclarer ment mais il se révèle impuissant « Il faudra se mettre à genoux à tout à prendre le pouvoir. pour entraîner les ouvriers socia- Philippe Robrieux : Si l'on listes ». Moyennant quoi, le veut faire une mise en perspective groupe parlementaire a voté en historique de l'action du P.C., mars 1956 les pouvoirs spé- prix" il faut savoir se placer aussi du ciaux au gouvernement Guy Mol- point de vue communiste. Il est let. Et cette ligne unitaire a été vrai que le P.C. n'a pu empê- suivie par le Parti jusqu'aux prési- cher l'arrivée au pouvoir de de dentielles de 1974 et même un Gaulle ni prévoir mai 68. Mais peu après. dialogue avec Philippe Robrieux: entre 1973 et 1978, la transfor- Actuellement au contraire, le mation de la vie politique fran- P.C. va jusqu'à dire que le Pro- çaise, liée au programme com- gramme commun a semé des en attendant mun, est l'œuvre du P.C.F. autant illusions, ce qui est une manière que de François Mitterrand : car implicite de faire son autocri- me l'un et l'autre ont voulu ce pro- tique tout en renforçant la polé- le XXlll* congrès gramme. De même, lorsqu'à la mique anti-socialiste. Mais peut-on veille des élections de 1978, dire que c'est une action pure- Philippe Robrieux avec lequel nous nous sommes entre- tenus à l'occasion du XXIlie congrès du Parti communiste, est l'ancien secrétaire national de l'Union des Etudiants Commu- nistes. Auteur d'une importance biographie de Maurice Thorez et d'un livre de mémoires intitulé « Notre génération commu- niste », il est un des meilleurs connaisseurs contemporains des réalités communistes.

A Royaliste : Le P.C.F. est le En fait, à partir de 1934-36 premier parti de France par le et jusqu'à maintenant, le P.C. nombre des adhérents et des a joué dans la vie politique fran- militants. Il contrôle un tiers çaise un rôle non négligeable des municipalités de plus de et parfois même déterminant. trente mille habitants. Et cepen- Rôle déterminant avant la créa- dant il semble frappé d'impuis- tion et durant l'existence du sance congénitale à transformer Front Populaire, pendant la Résis- la société française voire à exercer tance à la Libération et dans les une influence profonde sur les premiers gouvernements de évolutions qui la traversent. Com- l'après-guerre. Rôle non négligea- PC: L'hémorragie silencieuse des ouvriers ment expliquer ce phénomène ? ble dans la campagne contre la Philippe Robrieux II est C.E.D., ou la lutte contre la le P.C. a décidé de faire monter ment négative? N'oublions pas certain que le P.C. n'a pas réussi guerre d'Indochine. les enchères, cela a provoqué que le P.C. a une vision à la fois la révolution qu'il cherche à la victoire de la majorité. nationale, européenne et mondiale effectuer depuis sa création. Mais Or, cette victoire était vou- des problèmes. il ne faut pas perdre de vue qu'il Certes, il a essuyé de lourdes lue par la direction du Parti. Il tient compte dans sa stra- a une emprise non négligeable défaites électorales dues à « l'é- Elle n'a pas été un échec pour tégie des objectifs de l'U.R.S.S., sur la société française. Non seu- quation personnelle » de de elle-même si elle a provoqué de ses alliances et de ses intérêts. e lement il contrôle un tiers des Gaulle au début de la V Répu- une grande déception populaire. Il continue à proclamer sa solida- grandes municipalités mais, égale- blique. Mais ensuite, avec des En fait, depuis 1922, le P.C. rité avec l'Union soviétique. Ré- ment, la C.G.T., la plus grande hauts et des bas, on a assisté proclame sa volonté unitaire. Mais cemment encore, Marchais a affir- des centrales syndicales, lui est au maintien ou même à l'exten- tantôt il joue « l'unité à la base », mé qu'il n'était pas question étroitement liée. ' sion de l'influence du P.C. C'est lorsqu'il juge l'alliance avec les pour le Parti de rompre sa soli- Ajoutez à cela les conseils son intervention en mai 68 qui socialistes stratégiquement impos- darité avec Moscou car il ne pou- généraux, le groupe parlementaire a permis la conclusion du compro- sible : dans ce cas, il lutte carré- vait espérer vaincre en dehors de ou même la présence dans les ins- mis mettant fin à la phase aiguë ment contre eux. celle-ci. titutions universitaires qui permet de la crise. De même, il a modi- De 1925 à 1934, puis en 1939- En outre, le P.C. a une stra- au parti de peser sur la confé- fié de façon déterminante la vie 1940, à nouveau à partir de 1947, tégie à long terme : il cherche rence des présidents d'université. politique française en 1973 et après la conférence du Komin- à mener une politique de grigno- Enfin — et peut-être surtout — 1978, la première fois en optant form de Szklarska-Poreba, enfin tage afin de consolider ses posi- n'oubliez pas que le P.C. est le pour le programme commun la depuis 1977-78. tions dans ce que Gramsci appelait parti à la fois le plus nombreux seconde en choisissant la poli- A d'autres périodes, au contrai- la société civile. De ce point de et le plus militant, ce qui lui tique dite « d'actualisation du re, la direction du P.C. joue vue, sa politique n'est pas un permet de faire un travail de pro- programme commun » qui consis- « l'unité à tout prix ». C'est ce échec. pagande de masse au niveau tait à exiger beaucoup plus que mot d'ordre qui a été lancé Il est exact, en revanche, local... quand ce n'est pas dans les socialistes ne pouvaient don- lors de la conférence d'Ivry de que le P.C. subit une érosion élec- la rue. ner. juin 1934 qui devait débloquer le torale. Il ne représentait plus

royaliste n° 293 - page 12 en 1978 que 20,6% des suffrages grave. On retrouvera d'autres ef- tants dévoués et efficaces, enca- geants du Parti sont acquis à exprimés contre 28,6% en 1946. fectifs. On repartira de l'avant drés par un effectif de perma- une politique de réformes, ils Et cette érosion est particulière- avec des jeunes, la crise aidant ». nents égal à une grosse division sont annihilés par l'appareil. C'est ment sensible dans les grands Ce calcul est loin d'être stupide. d'infanterie sans équivalent en ce qui est arrivé à Krouchtchev centres ouvriers et notamment S'avérera-t-il exact? Il est trop France, est un atout pour la en U.R.S.S. et à Waldeck-Rochet en région parisienne. tôt pour répondre : tout dépendra direction. en France malgré leur poste de de l'évolution de la crise ici... secrétaires généraux, Krouchtchev et dans les pays de l'Est. Mais il • Royaliste : Dans ces condi- a été bien accueilli par l'appareil semble d'ores et déjà, que l'aggra- bureaucratique lorsqu'il a liquidé • Royaliste : Comment peut-on tions, vous ne donnez pas cher vation du chômage et l'agitation l'appareil stalinien de terreur qui expliquer cela ? de l'avenir de la contestation au dans la sidérurgie ait arrêté le sein du parti ? dominait — et saignait! — les recul électoral de la C.G.T. dans Philippe Robrieux : Faute de bureaucrates. Mais lorsqu'il a vou- les régions concernées. Philippe Robrieux : Essentielle- jonction avec les éléments ou- lu aller au delà il s'est mis à menacer les privilèges de la bu- ment par ce que Lénine appelait vriers, la contestation des intel- reaucratie et a été éliminé en le Trade-Unionisme de la classe • Royaliste : Le P.C. prétend lectuels ne pourra déboucher. 1964. ouvrière. En fait, les études qu'il connaît une augmentation De toute manière, toute contes- faites sur l'électorat communiste du nombre de ses adhérents ? tation se heurte à un butoir : La même année, disparaît Tho- e montrent que celui-ci est formé Philippe Robrieux : Cela me si depuis une vingtaine d'années, rez qui, depuis le XX congrès de trois composantes d'importan- du P.C.U.S. en 1956, avait relâ- ce à peu près égales. ché sa subordination à l'égard On a d'abord une composante de l'U.R.S.S. par hostilité à la révolutionnaire qui vote pour le destalinisation. Il avait pu résis- P.C. parce qu'il est à la fois ter aux pressions kroutcheviennes le Parti de la Révolution et celui grâce à des appuis de l'appareil de l'U.R.S.S. qui i incarne. On a moscovite. Thorez est remplacé ensuite ceux qui votent systé- par le réformateur Waldeck-Ro- matiquement pour le parti le chet au moment où c'est l'héri- plus à gauche, continuateurs de la tier de Staline, Brejnev — dé- tradition jacobine de 1793, qua- mesure sanguinaire du despotisme rante huitarde et communiste. oriental en moins — qui s'installe au Kremlin. Enfin, un dernier tiers vote i A l'issue de cette partie de qua- pour le « Parti qui nous défend ». tre coins, Waldeck-Rochet se re- Ces ouvriers Trade-Unionistes en trouve sans appui à Moscou. ont voulu au P.C. de la rupture Et si l'U.R.S.S. ne peut plus de l'Union de la gauche en fai- traiter le P.C.F. comme un géné- sant le raisonnement suivant : on ral commanderait à ses capi- sait bien que tout n'est pas pos- paraît relever de la propagande. les militants bénévoles ont acquis taines, elle est néanmoins repré- sible ; mais ce que l'on voulait La campagne de reprise des car- le droit de contester, et si l'on sentée au sein du P.C.F. par un c'est quelque chose ; or à cause tes notamment dans les grands peut discuter à peu près librement groupe de pression aussi effi- du P.C. qui fait la politique du centres ouvriers a été très peu dans les cellules, il n'en va pas cace qu'un grand lobby aux tout ou rien on n'aura rien. suivie. Parfois même, les assis- de même au niveau des perma- Etats-Unis. Dès lors, n'ayant pu Et ces électeurs déçus se sont tances étaient squelettiques. On nents. ou su faire appel à la base, Wal- tournés vers le P.S. et non vers peut se demander même si le Nous n'en sommes plus à l'é- deck-Rochet était condamné à les gauchistes. Cela confirme l'ana- P.C. n'a pas perdu un quart poque de Lénine, au temps où s'enliser. lyse de Lénine et démontre le voire un tiers de ses adhérents. les professionnels du Parti se divi- Ainsi, lorsqu'au lendemain de caractère en grande partie mythi- En tout cas, il n'a jamais eu saient entre plusieurs tendances. l'intervention soviétique en Tché- que de la représentation de la 700 000 adhérents : à la fin de La stalinisation est intervenue coslovaquie, Waldeck-Rochet la classe ouvrière que s'était forgée 1977 alors que le P.C. aouait et elle a exercé ses effets partout condamne, immédiatement après, la nouvelle extrême-gauche. 600 000 adhérents, Paul Laurent y compris dans les partis d'Eu- les porte-paroles dirent en subs- Tout cela, la direction du dans son livre « le P.C.F. tel qu'il rope de l'Ouest. Un permanent tance aux journalistes « Vous P.C. le sait : elle se rend parfai- est » déclarait que les cotisations lorsqu'il participe à une réunion connaissez notre position. On n'en tement compte qu'elle laisse des de l'année avaient rapporté 6,5 d'organisation du Parti y est parle plus ». Autrement dit, plumes sur le plan électoral et millards c. jnciens francs. Or la toujours envoyé en mission par le « Vive la normalisation ». On — plus grave encore — que la cotisation présente 1 % du revenu. centre. peut d'ailleurs se demander si C.G.T. subit un recul important Même en admettant que le P.C. Il peut arriver qu'un mouve- cet enlisement n'a pas contribué aux élections professionnelles : comporte 25% d'étudiants, ly- ment de contestation balaie la à accélérer l'effondrement de la depuis un an à dix-huit mois, céens et chômeurs — c'est comp- direction du Parti : cela s'est pro- santé de Waldeck-Rochet. elle a perdu 4 à 5% qui viennent ter large - ne payant aucune duit l'espace de quelques jours s'ajouter à l'érosion annuelle de cotisation — ce qui est faux — en Hongrie en octobre 195b 1 % subie depuis 1967. cela correspondrait si le P.C. et plus durablement lors du prin- Propos recueillis par Par ailleurs, le P.C. perd de avait 600 000 membres à un temps de Prague en 1968. Mais il Michel TOURON nombreux adhérents. La presse revenu mensuel moyen de l'or- faut alors que l'ampleur du mou- Bibiographie parle beaucoup de la contesta- dre de 100 0')0 A.F. par adhé- vement populaire de mécontente- tion des intellectuels. Mais bien rent payant ! En fait, le Parti, ment soit telle qu'elle entraîne Maurice Thorez, vie secrète et plus dangereuse est l'hémorragie qui bluffe comme les autres orga- dans la contestation une partie vie publique. Fayard 1975. Prix silencieuse des ouvriers qui « vo- nisations politiques, doit avoir de l'appareil en place. N'oublions franco 70 F. tent avec leurs pieds » en quit- environ 300 000 adhérents. pas, après tout, que Dubcek fai- Notre génération communiste. sait partie du bureau politique de Robert Laffont 1977. Prix tant le Parti. Cela entraîne un C'est déjà beaucoup : le dou- Novotny. franco 48 F. Commandes au déchet difficile à évaluer mais ble du P.S., bien plus que le journal accompagnées de leur probablement important. R.P.R., pour ne rien dire des En l'absence d'une telle vague règlement à l'ordre de Roya- Mais la direction du P.C. se giscardiens. Remarquez que l'exis- de fond, l'opposition est impuis- liste. dit en substance « ce n'est pas tence de ce gros volant de mili- sante. Et même lorsque les diri-

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citoyens majeurs. Car aujourd'hui, on se contente de demander interview aux électeurs, de temps à autre, une opinion que les états majors politiciens interprêtent à leur ma- nière afin de dégager les solutions qu'ils veulent imposer aux Fran- çais. C'est le contraire qu'il faut de monseigneur faire il faut demander aux Français de collaborer avec le pou- voir pour réaliser les transfor- mations nécessaires.

le comte de paris • Royaliste : Votre projet va donc plus loin qu'une simple Monseigneur le Comte de Paris a bien voulu nous accueil- décentralisation : non seulement lir à la Fondation Condé de Chantilly pour confier à nos lec- vous voulez que les citoyens prennent en main les affaires teurs comment il conçoit la mission de Chef de la Maison de de leur commune et de leur en- France aujourd'hui. Les déclarations du Prince constitueront treprise, mais vous voulez qu'ils pour nous un texte de référence essentiel, que nous accueille- participent à celles de l'Etat... rons avec reconnaissance. Comte de Paris : Je l'espère et je vais vous dire pourquoi : nous aimerions vous lire ces divin est un droit qui l'écrase lignes : et qui fait de lui le dernier des Pour ce qui est du pouvoir serviteurs de tous. monarchique, j'ai horreur de Comte de Paris : Je suis tout Maurras, mais j'aime son mot à fait d'accord avec ce texte, de mon anarchie, c'est-à-dire un et tout particulièrement avec la Etat suffisamment restreint pour dernière phrase : il faut que le pou- permettre l'anarchie. D'autre part, voir monarchique, s'il veut accom- il résulte de l'expérience même plir sa tache, soit le serviteur de des totalitarismes modernes que tous. Il n'y a pas de classe, de cas- 9 Royaliste : Monseigneur, vous les résistances sporadiques ne suf- te ou de parti qui tiennent : il savez que nous avons eu une fisent pas à les battre en brèche. faut que le roi soit au service grande peine en perdant Maurice Il faudrait pour les briser un de tous les Français. Clavel. Vou le connaissiez bien... pouvoir qui ne soit pas immanent, Comment? J'ai souvent dit Comte de Paris : J'aimais beau- donc impartialement transcen- qu'il fallait trouver des relais coup Maurice Clavel. C'était un dant, je dirais presque extérieur nouveaux entre le pouvoir et les cœur d'or, un homme droit, nous sommes un pays paralysé ou plutôt réalisant deux condi- citoyens, de telle manière que direct. C'est dans doute, avec par une administration et par tions presque contradictoires : la consultation des citoyens per- Bernanos, l'esprit le plus clair des structures mentales qui font être transcendant pour ne pas mette à l'exécutif d'agir en bé- que j'ai rencontré. D'ailleurs, que les transformations ne sont être total et être suffisamment néficiant du consensus populaire. il y avait en Clavel quelque chose plus acceptées : les résistances enraciné pour qu'un peuple, par Ma conception n'est donc abso- de Bernanos. Avec Clavel, j'é- sont trop nombreuses. Nous som- lui encouragé dans l'anarchie, tais en confiance. J'aimais et mes enfermés, nous ne pouvons puisse s'y reconnaître. Il est évi- admirais sa pensée claire, sa vie plus respirer. C'est pourquoi le dent que la première histoire nette et pure, et les combats pouvoir ne peut entreprendre la de la monarchie française n'est courageux qu'il menait pour sa transformation des structures pas loin de remplir ces deux con- foi, pour ses idées, pour ses amis, qu'avec le soutien d'un large ditions. Cependant, il faudra que avec cette sensibilité de gauche consensus populaire : au nom cette question se pose dans les que j'aime. J'ai vraiment pleuré de la volonté des Français, il peut profondeurs populaires, ce qui un ami. Un ami qui éclairait briser toutes les féodalités. Ainsi, n'est pas le cas aujourd'hui. merveilleusement les choses et les en 1958, quand les Français se êtres. Mais je ne cache pas mon sont trouvés désemparés par l'im- amour pour Louis VI le Gros puissance des politiciens confron- tés à la question algérienne, • Royaliste : Il vous avait dédié qui fit la guerre aux féodaux ils ont appelé le Général de sa « Grande pitié »... et j'ai découvert dans le beau livre Gaulle qui, en raison des servi- Comte de Paris : Oui. Mau- de Régine Pernoud sur le Moyen- ces rendus par lui au pays, leur rice Clavel avait présenté sa pièce Age le principe des enquêteurs lument pas dictatoriale : je sou- semblait capable de faire face à Provins. C'était une soirée de Saint-Louis qui recueillaient haite au contraire que la for- à cette question. Les Français merveilleuse, et cet homme en- les plaintes des administrés et mule la plus démocratique pos- ont donné à de Gaulle un aval thousiaste, toujours en quête de sacquaient les administrateurs. sible soit instaurée en même complet, qui a permis au Géné- vérité et de pureté, m'avait sé- Mais la monarchie s'est ensuite temps que la monarchie. Il faut ral de résoudre la question. duit. A partir de ce jour-là, trop centralisée. Et si la monar- cela pour accomplir toutes les chie revenait en France il fau- Sans lui, c'était impossible. j'ai eu en lui un ami. transformations qu'il conviendrait drait — permettez cette divaga- de réaliser dans notre société, Un exemple vous le fera com- tion — avant que le roi fût sacré prendre. En 1950, j'ai demandé • Royaliste : Au début de l'a- qu'il s'agisse des rapports entre qu'il fut en cette même cathé- à M. Pfimlin de bien vouloir née dernière, Maurice Clavel nous le capital et le travail, de la vie drale de Reims, flagellé de verges réfléchir à une solution pour le avait accordé un entretien, au des cités grandes et petites, de jusqu'au sang pour expier la Sahara qui était la suivante cours duquel il avait exprimé sa l'agriculture ou de l'industrie. déchéance de ses ancêtres et il s'agissait de constituer un conception de la monarchie. Si Partout, il faut que les Français pour qu'il sache que son droit « holding » pour le Sahara, dont vous le permettez. Monseigneur, se sentent et deviennent des

royaliste n° 293 - page 12 DOSSIER la France aurait détenu une par- ler sur place. Je ne vois pas pour- à affronter le problème algé- ne connaît pas les drames que tie (mais pas la majorité), de quoi, aujourd'hui, le Roi entouré rien : il a eu l'appui du peuple nous vivons en ce moment, dans même que tous les territoires de ses principaux ministres ne français et tout particulièrement la sidérurgie en particulier. coloniaux voisins, qui devaient passerait pas trois mois dans une du contingent qui a contraint Comte de Paris : C'est que par la suite se libérer de notre région pour connaître les Fran- les chefs militaires à renoncer les Allemands ont progressivement tutelle. Pfimlin trouva l'idée bon- çais et répondre à leurs besoins. à leurs rêves. Mais ensuite, et aménagé leurs structures indus- ne mais s'exclama : « comment Actuellement, le pouvoir connaît surtout à partir de 1965, il a trielles. Nous ne l'avons pas fait. voulez-vous que je fasse admettre la France comme je la connais- perdu cet appui ... Pourtant, C'est une carence grave du patro- cela à l'administration I » Les sais quand j'étais exilé : à travers aujourd'hui la radio et la télévi- nat qui a manqué de fermeté pesanteurs sont les mêmes au- des rapports, et par des intermé- sion offrent d'excellents moyens et de clairvoyance. Or le manque jourd'hui. Si l'on veut transfor- diaires qui sont porté naturelle- de contacts avec les Français. de prévision est d'une gravité mer l'enseignement, réformer l'ad- ment à analyser les problèmes Je viens d'en faire l'expérience extrême : songez que dans une ou ministration, juguler la techno- de leur seul point de vue. avec la publication de mes Mé- deux decennies, la Chine pro- cratie, il faut que le pouvoir moires : en quelques semaines, duira et exportera massivement, puisse bénéficier du consentement je crois que l'image du Comte de • Royaliste : Vous critiquez la à des prix sur lesquels nous ne populaire. Sinon, rien ne pourra Paris et de la monarchie ont bureaucratie et les partis, mais pourrons pas nous aligner. Il être fait. commencé à changer. aussi les syndicats qui sont deve- faudra bien à l'Europe des bar- nus corporatistes au plus mau- rières douanières, sinon nous ne • Royaliste : Il s'agit d'une ré- vais sens du terme- • Royaliste : L'image de la mo- pourrons pas résister. Le libre- échange total est impensable dans volution au sens d'une trans- Comte de Paris : Hélas I Le cor- narchie a changé, mais les Fran- le contexte économique actuel : formation en profondeur des poratisme des syndicats est un çais ne connaissent pas encore on ne peut laisser le libre-échange structures de notre pays... problème grave. Là encore, il fau- votre projet politique- détruire des secteurs entiers de l'é- Comte de Paris : Oui. En 1789, dra consulter les travailleurs, con- Comte de Paris : Le moment conomie et vouer au chômage aussi le peuple voulait que les naître leurs volontés : tous les n'est pas encore venu de l'ex- toute une population. L'autarcie structures soient transformées, et problèmes doivent être abordés primer. Je vois aujourd'hui l'an- dans laquelle nous avons vécu les députés n'ont accompli cette en discutant directement avec les goisse monter et les interrogations entre les deux guerres était un tâche que parce qu'elle répon- Français, et non pas préalable- rester sans réponse. Tant de Fran- mauvais système, mais il faut dait à un immense désir popu- ment par des textes juridiques. çais ne croient plus à rien : ni tout de même se protéger. laire. Ensuite, il y a eu la Terreur, Les lois et les décrets à mon avis aux partis, ni aux syndicats... que je n'approuve pas et que je consacrent les réalités. C'est ce que Clavel me disait il ne souhaite pas à la France d'au- y a un an : la gauche a perdu • Royaliste : Vous êtes donc par- joud'hui • Royaliste : Monseigneur, ne sa crédibilité. tisan d'une politique volonta- voyez-vous pas là une des rai- riste ? # Royaliste : Justement, tout un sons de l'échec du général de • Royaliste : Comment voyez- Comte de Paris : Nous devons courant de la jeunesse actuelle Gaulle lorsqu'il a voulu entrepren- vous, Monseigneur, l'avenir de la en effet avoir la volonté de trou- est passé par le gauchisme et a dre, après mai 1968 certaines France ? ver des moyens de travail, de voulu la Révolution avec un réformes ? Comte de Paris : De même que même qu'il faudra trouver, si l'é- grand R. Mais cette jeunesse, Comte de Paris : En 1969, le le prix des matières premières, nergie devient de plus en plus que Maurice Clavel connaissait général de Gaulle, se souvenant le chômage ne cesse d'augmenter. chère, de nouvelles sources d'éner- bien et exprimait lumineusement, du rapport que je lui avais remis L'économie française perd sa com- gie — bien que le nucléaire soit redoute aujourd'hui que le tota- trois ans plus tôt, a voulu aller pétitivité et nous nous orientons loin d'être dominé. litarisme soit la conséquence de très vite et faire du régionalisme. toute révolution. Comment éviter S'il m'avait alors consulté, je lui • Royaliste : Un sursaut est cela? Comment accomplir les mu- aurais dit qu'il fallait effective- nécessaire. Mais vous disiez tout à tations nécessaires sans déclencher ment faire du régionalisme, mais l'heure que les partis de gauche une logique totalitaire ? surtout instaurer ce dialogue dont perdent leur crédibilité, que beau- Comte de Paris : Le principe je vous parlais tout à l'heure. coup de travailleurs n'ont plus que j'incarne est un élément confiance dans les syndicats. Alors de sécurité, il garantit que la Mais de Gaulle a cru que le ré- d'où viendra le sursaut ? gionalisme était suffisant. Or, France évoluera vers un régime Comte de Paris : Il y aura son projet est apparu comme un démocratique. En outre, il est probablement une crise ouverte évident qu'il ne faut pas briser défi à l'égard des notables, qui et les Français chercheront des les institutions politiques mais y l'ont fait échouer. solutions nouvelles : soit la dic- ajouter des structures de dialo- tature, soit le comte de Paris. gue. Comme Clavel le rappelle, • Royaliste : Dès avant la réac- Comme en 1958, les Français les Capétiens avaient trouvé une tion des notables et d'une partie chercheront un homme pour ré- formule excellente, qui était d'al- de l'électorat, n'y avait-il pas soudre leurs problèmes. Si j'ap- quelque chose de cassé entre le parais comme un recours, eh général de Gaulle et le peuple bien nous pourrons préparer l'ave- français ? vers un chômage endémique. Des nir. Comte de Paris : Dès le rè- ministres tentent de cacher cette glement de l'affaire algérienne, le situation dramatique sous un flot • Royaliste : Vous avez dit, général de Gaulle aurait dû en- de paroles. C'est une mauvaise à propos de la réaction des tra- gager le processus de transfor- méthode : il faut dire la réalité, vailleurs de Longwy et de De- mation de la société française. le peuple est assez sage et assez nain : « enfin quelque chose Mais il n'était pas l'homme de grand pour l'entendre, et c'est bouge ! ». « l'intendance ». Il était l'hom- avec lui qu'il faut trouver des Comte de Paris : Il est sain me de l'Histoire, et c'était un solutions. qu'à un moment donné les militaire qui avait constitué son Français se fâchent. S'ils accep- ministère comme on s'entoure • Royaliste : Le prix des ma- tent tout, s'ils restent « couchés » d'un état-major. Tout a bien tières premières n'explique pas comme de Gaulle l'a dit une fois, marché tant que de Gaulle a eu tout : l'Allemagne, par exemple. ils deviendront des robots.

royaliste n° 293 - page 12 • Royaliste : Le général de Gaul- Et elle ne le deviendra qu'en de renouveler les perspectives poli- Les royalistes aussi sont des Fran- le a aussi déclaré, après mai 1968, transformant ses structures. tiques et le tissu social de la na- çais à part entière, mais la monar- qu'une fois de plus la France avait tion. chie ne saurait être le parti des été exemplaire. Vous pensez qu'il royalistes. Souvenez-vous de ce peut y avoir des révoltes exem- • Royaliste : Une dernière ques- que disait Maurice Clavel : le • Royaliste Ne pensez-vous plaires ? tion, Monseigneur, puisque vous Roi doit être le serviteur de tous. pas. Monseigneur, que le tiers- vous exprimez aujourd'hui dans Comte de Paris : Il est pos- Déclarations recueillies monde peut être une des lignes un journal royaliste : que pensez- sible que des révoltes prennent par Bertrand Renouvin de force de la politique étran- vous de l'action royaliste ? demain une certaine ampleur, et Gérard Leclerc gère française ? et cela doit être l'occasion d'opé- Comte de Paris : J'ai défini Comte de Paris : Nous devons rer la transformation dont je ma position il y a longtemps aider les territoires que nous parlais tout à l'heure. Mais avant et elle n'a pas changé : quelles avons autrefois colonisé à se dé- il faudra passer par un moment que soient mes sympathies et tout velopper. Mais je souhaite que de vide, et il faudra une étin- en respectant votre position, je l'Europe fasse aussi un effort celle. considère que les royalistes sont ri. a. v. : car il ne faut pas que nos liens; des Français comme les autres, privilégiés avec certains peuples: je suis aussi heureux de rencon- • Royaliste : Monseigneur, quand du tiers-monde prennent un as trer des militants communistes. vous êtes revenu en France, pect de colonisation économique vous avez fait un grand nombre de Ce qui est parfois interprété souscription voyages à travers le pays. Qu'en ainsi par les bénéficiaires de l'aide; avez-vous retiré ? comme par certains de ceux qui Comte de Paris : J'ai visité l'apportent. Si l'Europe veut vivre beaucoup d'usines, et rencontré égoïstement, ce n'est pas la peine beaucoup de syndicalistes : de la de la faire. Il faut qu'elle ait, C.F.D.T., de F.O., de la F.N.S.E.A comme nous, une volonté d'aide nationale et de don. Mais cette politique exige une transformation de nos; économies...

9 Royaliste : C'est une autre Alerte la souscription prend révolution... du retard : trois jours pour trouver Comte de Paris : Bien sûr. 205 470 F de souscription et D'ailleurs, à peine aurons-nous 127 300 de prêt. Souscrivez pour accompli une révolution dans no- défendre les moyens d'expression tre pays qu'il faudra, vingt-cinq de ... la L.C.R. Oui bien sûr, vous ne vous imaginiez pas que ans plus tard, en commencer une par exemple, car je pense qu'il la N.A.R. pouvait être aussi autre parce que les besoins seront ne faut jamais avoir dans une na- ambitieuse dans ses objectifs. Cet différents, parce que les condi- tion des ghettos politiques. Je appel est publié dans le dernier tions économiques auront changé. n'ai jamais rejeté les commu- numéro de Rouge, organe trots- C'est en cela que ma conception nistes de la communauté natio- kiste qui revendique officielle- des choses permettrait, si le peu- nale, parce que j'estime qu'ils ment entre 570 et 695 abonnés ! ple et le pouvoir sont en accord, sont des Français à part entière. Avec ce chifre, nous aurions fait faillite depuis longtemps. Or Rou- ge vit bien. Remarquez que, comparé aux deux milliards de au service de la France déficit annoncé par le quotidien l'Humanité, Rouge semble un et parfois, discrètement, de la journal rentable. C.G.T. Nous faisions le tour des problèmes, chacun exprimait ses mémoires d'exil A Royaliste, nous ne sommes inquiétudes et disait ce qu'il pas coutumier des appels au peu- attendait du pouvoir. C'était pas- et de combats ple. Nous préférons exercer une sionnant. J'ai découvert ce qu'é- gestion saine. Mais avec la paru- tait la France, et j'ai compris tion du livre du comte de Paris, ce qu'elle souhaitait. Car on ne un immense courant de curiosité comprend une situation que lors- Henri . comte de Paris pour le royalisme s'est dévelop- que l'on parle avec les gens : pé. Il nous faut y répondre. chaque région a sa physionomie, Atelier Marcel Jullian éditeur Cela demande des investissements son climat, ses habitudes de vie. immédiats et non prévus à notre Il faut comprendre cela, et le res- budget. C'est pour cela que nous pecter. Et je souhaite qu'un gou- BULLETIN DE SOUSCRIPTION vous demandons de répondre aussi vernement vraiment attentif aux généreusement que possible à no- NOM : Prénom réalités françaises reprenne cette tre souscription pour la propa- Adresse : méthode, aille sur le terrain. gande lancée dans notre dernier commande les « Mémoires d'exil et de combats » numéro. Nous n'atteindrons pas C'est ainsi que la France sor- au prix franco de 75 F (1 exemplaire), 140 F (2 ex ), 210 F (3 ex.) les centaines de milliers de francs, tira de sa léthargie. On nous 275 F (4 ex.), 340 F (5 ex.) — Entourez la formule choisie. mais vous savez ce que nous sa- dit en ce moment qu'il faut vons faire du moindre centime. « faire l'Europe ». Je ne crains Bulletin à retourner à ROYALISTE, 17, rue des Petits Champs, pas cela, et je le souhaite même. 75001 Paris accompagné du règlement à l'ordre de Royaliste Mais il faut pour cela que la C.C.P. 18 104 06 N Paris. Y van AUMONT France soit une nation forte.

royaliste n° 293 - page 12 hommage à maurlce clavel

Je ne parle de toi qu'à la se- Mais déjà, rusé innocent, com- conde personne ; à la troisième me aux journées royalistes, tu tu voles en éclats, tu deviens avais joué de l'hypothèse, contant plusieurs personnages, dont je ne comme à mi-voix et pour n'être sais plus rien. Je parle donc à pas entendu des âmes faibles, toi, j'attends que tu répondes, ce que tu dirais si tu étais roya- et tu réponds en effet : ni toi liste : « comment se fait-il que la ni moi ne croyons entièrement Royauté française soit un mo- à la mort. Pour une fois, c'est nument intact de l'histoire, et le moi qui y ai le plus de mérite. parti royaliste un archéologique Je parle à toi devant tes amis débris, alors que le pays meurt de ce journal, jeunes presque de ses républiques ? » tous. Ne remontons donc pas Doucement, sans offense, je te trop loin dans notre conversa- répondais qu'il n'y a pas, qu'il timité à la fois très neufs et très Michelet. N'est-ce pas usurper tion de quarante ans, ses ac- ne faut pas qu'il y ait — archéo- anciens, pour que le pays ces- la place du Christ? Ne devons- cords, ses discords, et ses longs logique ou non — de « parti sât, selon ta parole même de nous pas être plus humbles ? » silences; un de ces silences fut royaliste » : « il faut, et très vite, « mourir de ses républiques ». Or ta conversion, foudroyante rompu en 1956, par une immense inventer, réinventer la politique Plus encore il allait explicitement comme fut ta mort, allait quel- lettre ouverte que je publiai, moderne, de justice française et associer la personne du comte de que dix ans après, annuler — avec avec la réponse, à la Nation d'amitié dont tu parles. Mais je Paris et sa famille à l'espérance quel éclat — ma dernière réticen- française. C'est parce que le dia- ne crois pas à l'élite, même mo- profonde de la nation. ce. C'est bien à la fois vers le logue était personnel, ainsi, qu'il narchiste ; le désastre présent Du côté du spirituel, de l'en- Prince chrétien, et vers une légi- était destiné à d'autres ; j'ai eu exige plutôt tout le peuple et tout racinement du temporel dans le timité révolutionnaire (ce qui tort de me fâcher contre ceux le Prince, autant qu'il se peut. spirituel, tu allais toi-même, à n'est nullement identique à quel- qui ont parlé de notre « compli- Du peuple, nous pouvons aider travers quelles misères et avec quel que légitimité de la révolution) cité » : complice, au sens origi- le mouvement naturel, contraint éclat, triompher de la dernière que la vie et ta pensée allaient nel, dit ce qui est uni ensemble, par au moins deux siècles de objection que je faisais à ton cheminer. Hypothétiquement, que ce soit à cause de tout ou malentendus. Quant au Prince, « idéalisme ». Je t'avais répondu sans doute. Au sens où tu refusais malgré tout. il me semble qu'il n'a pas trop ceci, lorsque tu me reprochais aussi la théologie et la philoso- mal réussi, en cinq ans de présence Bonald et Maistre (autant que je phie (pour toi, non pour les au- sur le sol de ses pères, à retrou- tentais de te faire honte de tres) mais dans la claire défi- ver le cœur du peuple, du moins Kant) : nition que tu donnâs aux jour- à commencer d'exister dans ses « Maistre et Bonald ! Tu les nées royalistes de 1978 : « les Je t'ai remis ces pages sous les songes... Attendons, préparons le projettes dans les « Champs- chances de la monarchie seront yeux, pour te faire sourire, moment où la connaissance es- Elysées réalistes ». Les théocrates à la mesure de sa capacité de se quand tu es venu parler, l'an quissée ainsi, se prolongera en doivent souffrir de ton erreur manifester comme la réalité méta- dernier, aux journées royalistes. acte, en salut public. » plus que de m'entendre citer, physique et historique par essence Tu t'étonnais de mon « change- d'aventure, Michelet. Car même la plus capable de réduire non pas ment » à l'intérieur de ce roya- Etrange, tu vois : dans ce dia- lorsqu'ils reconnaissent le champ le pouvoir, mais le pouvoir de lisme dont tu savais mieux que logue-là, c'est moi qui finissais sur d'un art politique expérimental, l'homme sur l'homme. » personne qu'il ne me quittera le peuple, quand tu nous tendais ils n'oublient jamais la Providence, qu'avec la vie. Tu croyais y en- (oui, à tous deux, et sans le vou- Le vent se lève, comme tu l'as et que les intentions humaines tendre « un chant nouveau, loir) le piège de « l'élite ». Mais pensé, et jusqu'à ton dernier sont accomplies ou brouillées par plus pauvre en esprit, plus juste... il y avait quelque chose d'autre matin. D'immenses forces d'iner- le plan divin. Toi, au contraire, Je veux dire qu'il pourrait être que ton grand cœur pressentait tie et de mensonge se rassemble- tu vas parler d'amour, comme du une chance de vie pour une élite sans proprement le savoir. Deux ront pour annuler le souffle. Tu moteur de toute politique vraie — monarchiste française ». Eh I Oui, choses, plus exactement : du sais, à cette heure et hors du et je ne contredirai pas — mais c'est toi qui disais élite, mot côté temporel, ton Charles de temps, mieux que nous, pourquoi sans jamais nommer le Christ dont je ne me suis jamais servi, Gaulle, à qui ni moi ni la plupart leur stratégie est vaine et qu'elles s ni la Chrétienté. Nous aurions, et pour conclure : « que vas-tu de mes amis n'étaient encore en n'auront jamais le dernier mot. nous autres, Français, appris l'a- faire d'elle? Un germe? Ou un mesure de rendre justice, allait mour au monde, dis-tu, d'après reste ? » instaurer un pouvoir et une légi- Pierre BOUTANG

royaliste n° 293 - page 12 - ^ Au revoir tout doucement Cher Maurice, tu pars. Brutalement, avec pour au revoir ce long silence qui voudra dire adieu. Les panégéristes sont là : date de naissance, Normale Supé- rieure, la Résistance, l'œuvre, un peu de vie privée, des regrets. Finir sur deux colonnes dans des propos sincères ou de mesquines pensées. Déjà en 1971, tu pars. Tu quittes l'émission « à armes égales » parce que, m'en souvient-il, le mot « aversion » que tu destinais au président de la Répu- blique avait été censuré. Le geste m'avait plu, tellement que, plus tard, je lisais presque d'une traite le roman le « tiers des étoiles ». Pas captivé, remué : « on ne sait pas quel ange puisque Satan lui Maurice Clavel aux journées royalistes 1978_ aussi nous aime ». Tout de suite je t'ai placé dans la ligne de Bernanos et de Il fallait que nous fussions tous là, dans la Mauriac. On m'a dit que c'était une C'est gagné, répétait-il. Il fallait croire que pas erreur. J'ai tenu tête. Pardi le spirituel grande basilique, anciens maos et royalistes, tout à fait encore. La preuve : il ne s'arrêtait n'intéressait plus surtout venant d'un Charles Piaget et les Lip, Pierre Boutang et plus, mettait la main à la pâte, se jetait dans homme réputé à gauche. Dans une copie , Michel Foucault et André Fros- un travail vertigineux, tout en s'improvisant j'avais même osé écrire qu'il y avait sard, tant d'autres, réunis autour des siens brusquement chef d'orchestre, ou si l'on pré- presque du Bossuet. On a ri. Beaucoup pour n'entendre de Maurice Clavel que l'essen- fère général en chef d'une offensive sur tous moins quand Dieu fut à nouveau Dieu, tiel . Le Christ bien sûr. Et le directeur du Nou- les fronts. Nous l'avons vu ainsi partir dans nom de Dieu. Quel souffle ! vel Observateur ce terrible lundi soir avait su un impressionnant crescendo que seule la mort Un orage violent sur Paris m'a accom- le dire en touchant en nous jusqu'au don des a interrompu, tandis que nous voyions les pre- pagné lorsque j'en terminais la lecture. larmes. Il y a quinze ans, le baptisé Maurice miers effets de son plan stratégique. Déceler un signe dans la clarté du jour Clavel avait réentendu l'appel comme jadis Dois-je le dire ? Cet article sur le livre de retrouvé qui tourna la dernière page ? l'Augustin des Confessions dont je me redis Marie Balmary, c'est lui qui m'avait littérale- Je l'aurai pu voir mais la superstition souvent l'intimior intimomeo à travers Paul ment ordonné de l'écrire. J'optempérais avec n'est pas mienne. Depuis, pourtant, ce Claudel. joie. Maurice Clavel aimait ainsi nous lancer livre toujours m'accompagne et jamais Il faut céder enfin! O porte il faut ad- l'occasion ne m'a manqué d'en relire des en commando d'avant-garde pour les grandes passages. Pas un culte rendu, le sen- mettre batailles qu'il menait. L'Apocalypse du Désir timent de quelque chose de décisif : le L'hôte; cœur frémissant, il faut subir le de son vieil ami Pierre Boutang constituait combat pour le Christ, non pas sa défen- maître une pièce de feu majeure dont il attendait se, il n'en a nul besoin, mais sa présence Quelqu 'un qui soit en moi, plus moi-même une percée décisive. Sur un autre front, il totale et non pas falsifiée ou maquillée que moi. encourageait Bernard Henri Lévy. Jean Luc pour les besoins des discours et discou- Son Ce que je crois, n'était pas autre chose Marion et Philippe Némo étaient par lui som-, reurs. Ce que, jusqu'à cette lecture, « Notre cœur est irréquiétum (inquiet, sans re- més d'entrer en campagne sur les territoires j'avais pris pour la force d'être chrétien pos dans la névrose ?) jusqu'à ce qu'il repose en d'Heidegger et de Lacan... Lui-même terminait n'avait aucun accent hormis celui de la toi ». Que l'ancien normalien appelât son cher son grand livre sur Kant et préparait l'Etre et faiblesse. « Préparer les chemins... » La voie était ouverte et chez bien d'autres Kant à la rescousse, ne m'importait guère. la Croix, dont le titre résume l'issue victo- aussi. Préférer, opposer, exiger l'amour La démolition de la raison, c'était « l'abêtissez rieuse de toutes ses offensives. C'est alors chrétien plutôt que l'ordre public. Oui, vous » de Pascal, l'humiliation de la superbe qu'il nous fut enlevé. dépasser l'ordre public par l'amour chré- moderne. Plus question de dialectique, l'appel Pour nous, à vue humaine, le coup est tien, l'orgueil public par l'humilité évan- direct de la Vérité, qui, comme dans les Confes- terrible. Si lui-même n'était le signe vivant de gélique, mais pas avec la prétention de sions n'est pas la vérité notionelle, mais Dieu l'Espérance, nous resterions sur le terrain abat- la pureté des origines retrouvées. En lui-même. Avec cette Vérité-là, il ne pouvait avril 1976, tu écrivais « Je ne sais ni s'agir de joute intellectuelle, de débat socra- tus. Mais il sera toujours à l'avant de nos ba- quand ni comment la foi reviendra, tique, mais d'une joute tout court, du combat tailles à la face de Dieu. Au flanc de la Basi- mais je sens qu'à l'intérieur du peuple de Jacob et de l'Ange. lique de Vézelay où son corps attend la résur- de Dieu le ras le bol des curés folâtres rection, il sera mystiquement présent dans la et dissipateurs d'eux-mêmes et de Dieu On ne comprend rien, il me semble, à cette procession des saints et des héros du royaume va donner cette grande résurrection vie, si l'on ne voit pas ce combat partout. dont il a continué la légende. Maurice Clavel spirituelle. J'y crois un peu moins qu'en Deux siècles chez Lucifer! Bien sûr, il ne pou- sera toujours pour nous celui qui, à , Dieu, mais j'y crois ». vait y avoir que le diable dans ce gigantesque ouvrit à les portes de l'Ile dérapage. Mieux que le soldat du concept, de France, écrivit en hommage au comte de Cher Maurice, pardon de n'écrire l'intellectuel était engagé dans le combat du qu'un petit mot, de ne parler que du Paris La grande pitié du royaume, pour qui il Christ, de ne t'avoir rencontré que der- Salut. Si, avec Clavel, tout prenait feu et flam- fallait que France et Chrétienté continuent rière des livres et des articles, à travers mes, c'est qu'il allait de Dieu en nous et pour afin que renaisse un Moyen Age sans serfs. la radio et la télévision. Cher Maurice, tous. Depuis sa conversion, notre monde lui Après Chartres, la voie de Vézelay s'ouvre tu pars et j'attendais encore tant. Au re- paraissait dormir dans une monstrueuse médio- à nous. Il l'a tracée dans le temporel et l'éter- voir tout doucement, dans une heure, crité, un ronronnement néant. Cela ne pouvait nel. Avec nos pauvres forces, nous tenterons dans un an..., le Dieu qui nous réunit continuer. Mai arriva, et il prophétisa des signes de l'achever pour parvenir avec toi, cher Mau- nous accueillera aussi. et des prodiges. Il en était sûr, il savait que ses rice, jusqu'au seuil du sanctuaire où rayonne amis gauchistes non contents de casser la bara- l'incomparable visage. SAINT-V ALLIER que jetteraient impitoyablement à bas toutes V J les idoles. Les années 1975 à 77 le comblaient. Gérard LECLERC

royaliste n° 293 - page 12 clavel et la n.a.r. Depuis la fondation de la N.A.R. en 1971, la mort de Maurice Clavel est la perte la plus cruelle que nous ayons subi. Clavel n'était pas de la N.A.R. et nous n'aurons pas l'impudeur d'annexer post mortem un homme qui, de son vivant, s'était obstinément refusé à tous les embrigadements.

Mais Clavel n'en avait pas qui nnee devait cesser qu a sa moins été pour nous à la fois mort. un prodigieux semeur d'idées et un défricheur de chemins sans Il fut d'abord réservé à notre égal. Gérard Leclerc évoque, dans égard redoutant que nos ori- ce numéro, tout le mal que son gines maurrassiennes ne nous af- génie méthodique avait fait aux franchissent suffisamment de l'es- maîtres-penseurs : non content prit sectaire de droite de l'ancien- de mettre à mal Marx hier, il ne A.F... Peu à peu, ces réserves s'occupait à la veille de sa mort tombèrent. Et au cours de plu- d'« avoir la peau » de Freud. sieurs interviews, il se livra à une Quant à moi, je voudrais rap- réflexion sur la monarchie qui peler son rôle plus directement devait enrichir d'autant notre ré- politique. Un des premiers, il flexion en la matière. Dépas- avait su voir dans mai 1968, sant une conception étroitement par delà ses aspects nihilistes fonctionnaliste de la Monarchie un « soulèvement de la vie » ca- qui en faisait une simple recette une nouvelle interview donnée à profondeurs populaires, ce qui pable de déboucher sur un retour de droit constitutionnel, il la Royaliste, approfondissait sa ré- n'est pas le cas aujourd'hui. de l'esprit. Ainsi s'était-il excla- plaçait d'emblée au cœur du grand flexion n'hésitant pas à voir Mais je ne cache pas mon mé lors de son célèbre « face à problème métaphysique de notre dans la Monarchie un antidote aux amour pour Louis VI le Gros face » avec Jean Royer : « Je temps limiter la volonté de Goulags (2) : « Pour ce qui est qui fit la guerre aux féodaux m'adresse à un peuple qui a perdu puissance dans la compétition du pouvoir monarchique, j'ai et j'ai découvert dans le beau livre sa patrie car il ne voit à sa place politique. Il nous déclarait horreur de Maurras, mais j'aime de Régine Pernoud sur le Moyen- que des banques, un peuple que alors (1) : « Ça, je peux vous son mot de mon anarchie, c'est- Age, le principe des enquêteurs ses maîtres détournent de son dire et je le dis à tous mes amis à-dire un Etat suffisamment res- de Saint-Louis qui recueillaient destin par les miettes de leur fes- effarés par toutes ces horreurs treint pour permettre l'anarchie. les plaintes des administrés et tin. marxistes qui culminent avec le D'autre part, il résulte de l'expé- sacquaient les administrateurs. » jugement la rééducation ou la rience même des totalitarismes Je m'adresse à tous ceux qui Ainsi le « gaullo-gauchiste », mort de la veuve de Mao : aucun modernes que les résistances spo- travaillent au bas de l'échelle, inspirateur des leaders de l'ex- régime ne découragera la course radiques ne suffisent pas à les avec d'autant plus de vertu que Gauche Prolétarienne et « oncle » des grands au pouvoir et ses battre en brèche. Il faudrait pour peu de joie et que l'argent, facile des nouveaux philosophes, n'hési- méfaits. Mais il est également les briser un pouvoir qui ne soit en haut, démoralise... tait pas à rappeler les vertus vrai que la Monarchie — du moins pas immanent, donc impartiale- Je m'adresse surtout à toute de la main de justice de Saint-' la Monarchie française; vous con- ment transcendant, je dirais pres- la jeunesse et je l'appelle à dépas- Louis. Ce travail d'explication naissez assez les chroniques san- que extérieur ou plutôt réalisant ser les dépressions et provocations de la monarchie aux meilleurs des glantes de Shakespeare — a eu la deux conditions presque contra- pour prendre et refaire ». enfants de Mai 1968, nous devons vertu suprême pendant des siè- dictoires : être transcendant pour Peu de temps après, nous l'a- le poursuivre afin de les détourner cles de décourager, dès le départ, ne pas être total et être suffisam- vions rencontré et il ne nous de la tentation nihiliste. Sans à la racine radicitus la course au ment enraciné pour qu'un peuple, avait pas caché que pour lui Clavel, hélas... du moins sur pouvoir suprême, la plus invin- par lui encouragé dans l'anarchie, ce soulèvement de l'esprit devait cette terre. cible en l'homme, la plus né- puisse s'y reconnaître. Il est évi- déboucher sur un nouveau Moyen- faste sur les hommes puisqu'elle dent que la première histoire de Age, « un Moyen-Age sans serfs » Michel TOURON ruine, asservit ou détruit des peu- la monarchie française n'est pas et que la Monarchie, par son ples entiers. » loin de remplir ces deux condi- aspect fédérateur et modérateur, tions. Cependant, il faudra que devrait couronner cet ensemble. Quinze mois plus tard, il (1) n° 236. cette question se pose dans les NA.F., Ce fut le début d'un dialogue allait plus loin encore et dans (2) Royaliste, n° 261 bulletin d'abonnement Je souscris un abonnement d'essai de trois mois (30 F), 6 mois (50 F), un an (90 F), de soutien (150 F) * (*) Encadrez la formule de votre choix.

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ROYALISTE, 17, Rue des Petits-Champs, 75001 PARIS - C.C.P. ROYALISTE 18 104 06 N Paris

royaliste n° 293 - page 12 [MAUVAISE HUMEURi IMAC fi Les mxmttmrs

parc en

C'est reparti comme en 1933-1945. Alain de Benoist casse du juif. Férocement. Haineusement. L'insulte à la bouche. Motif de son ire : le Testament de Dieu de Bernard Henri Lévy.

L'anti-sémitisme d'un Drumont une oligarchie de citoyens ré- ou même d'un Bernanos de La gnant sur une foule d'esclaves. Aucun film n'avait abordé jus- colons racistes, mais dans leur grande peur des bien-pensants Et dans cette cité, la notion qu'à présent le problème dou- immense majorité des gens de sont insoutenables lorsque l'on re- d'homme universel était incon loureux du rapatriement des Fran- conditions modeste proches des lit leurs écrits à la lumière sinis- nue dans la mesure où l'humanité çais d'Algérie. C'est depuis chose musulmans! Lorsque de retour tre des crématoires nazis. Du était identifiée à la citoyenneté. faite et pour son coup d'essai, d'Algérie Roger Hanin, sur le quai moins, peut-on invoquer à sa Et que dire des jeux du cirque Alexandre Arcady, jeune metteur de la gare de Marseille se prend décharge qu'il s'en prenait à un auxquels Rome vouait ses gla- en scène pied-noir, a réalisé de querelle avec un porteur groupe de pression politico-finan- diateurs et ses prisonniers? C'est un coup de maître. Une famille arabe « Tu l'as voulu l'indé- cier qui était effectivement puis- le judéo-christianisme qui a inven- les Narboni, épiciers d'une petite pendance! Alors retourne dans sant sous la IIIe République. té la personne à la dignité inef- fable parce que faite à l'image ville d'Algérie, nous fait revivre ton pays ! » on sent bien que ce Rien de tel avec Alain de Be- de Dieu. C'est le christianisme l'aventure qui conduisit des mil- n'est qu'une explosion de colère noist. Son anti-sémitisme est fon- qui a fait du Dieu vivant le Défi- liers de pieds noirs à tout quit- irréfléchie. L'instant d'après, ils se dé uniquement sur le refus de la guré-Transfiguré ayant atteint les ter pour rejoindre la métropole. réconcilient. L'accueil des pari- transcendance judéo-chrétienne, abîmes de la déréliction pour C'est une famille comme tant siens sera bien différent et leur c'est-à-dire de ce qui fait l'hon- toucher le cœur des hommes et d'autres, simple, unie, heureuse, réinsertion sera difficile. Entassés neur de notre civilisation. D'a- assurer la Rédemption même que surprendra l'insurrection de dans une chambre d'hôtel avec près lui, la Bible et son Dieu des plus vils d'entre eux. 54. C'est comme un coup de pour seul argent celui de la « ven- jaloux, en instaurant le mono- sirocco; vent d'origine saharienne On comprend qu'Alain de Be- te au rabais » de leur épicerie, théisme, ont installé la dictature chaud et sec. Tout va s'enchaîner noist se révolte devant ce mys- ils devront essuyer de nombreu- d'un tyran qui abaisse les hom- rapidement et d'une manière in- tère d'amour. Que devient dans ses rebuffades et humiliations mes. Qui plus est cet abaissement fernale. 58; les comités de salut tout cela la race des seigneurs avant de s'en sortir. Un homme s'accompagne d'une frénésie éga- public et le retour de de Gaulle dont il s'est fait le Jocrisse à malhonnête essayera même de litaire en forme de nivellement Patmos ? Comment concilier la 61 : le putsch des généraux capter leur confiance pour monter par le bas puisque dans le Royau- Rédemption avec la dictature de 62 : l'indépendance. Les événe avec leur « prêt des rapatriés » me « tout ce qui s'élève, sera la Mensa, le gouvernement de ments n'apparaissent cependant une usine de fabrication de abaissé » (Isaie, 2, 12). Et Alain ceux dont le Q.I. dépasse 140 qu'en filigramme dans la vie des couscous en conserve. de Benoist d'opposer à cela le assorti de l'élimination de l'écu- Narboni. Manifestement, le met- polythéisme païen, tolérant, dans me biologique par le biais de teur en scène n'a pas voulu lequel « la diversité des dieux est Quelques moments d'humour l'eugénisme et de l'euthanasie. faire œuvre d'historien mais mon- la projection idéalisée, harmonieu- nous aident heureusement à pas- Dame ! Ne faut-il pas que, dans trer comment les pieds noirs se, de la diversité des hommes, ser les moments les plus pathé- le cadre d'une diversité harmo- ressentirent à leur niveau les la consécration de cette diver- tiques et douloureux. Ce film nieuse chacun soit à sa place : événements. C'est un document sité ». véritable réhabilitation des pieds M. de Benoist comme grand pon- à valeur sociologique qui se noirs sera l'occasion pour chacun Bref, M. de Benoist prend ses tife au Figaro-Magazine, les dis- déroule comme un conte grâce de se rappeler ou d'apprendre lecteurs du Figaro pour des im- tingués énarques du Club de à la voix d'Arcady. cette tragédie qui vit des mil- béciles. Car il est beau le plura- l'Horloge dans les allées du pou- Le jeu simple et sobre de liers de Français s'expatrier. Ils lisme païen ! Il est, en fait, le voir et les mongoliens dans l'auto- Roger Hanin et de Marthe Villa- gardent tous au cœur une bles- masque d'un aristocratisme fréné- clave le plus proche ? longa rend les scènes encore sure qui s'appelle l'Algérie. tique. Athènes, pourtant la plus plus émouvantes et vraies. Non, tolérante des cités grecques, était les pieds noirs ne furent pas des PJVL Hubert BOCQUILLON

royaliste n° 293 - page 12 à votre gare.) Sur demande des participants adressée à J.-M. Pe- Lorsque, lassé par le patch- res, 22, rue Jules-Ferry - 10300 work vague qu'était devenu la Sainte-Savine (tél. 25 - 79-11-55), page mouvement, le conseil de une navette sera faite à chaque rédaction de Royaliste a décidé arrivée de train à Bar-sur-Aube. qu'il fallait transformer cette page — Par la route : jusqu'à Ar- de petites annonces décousues gentolles, mais on peut laisser en un grand article synthétique, il sa voiture aux parkings de Co- était dans la bonne voie. Vos réac- lombey. tions nombreuses et favorables le prouvent. Mais jugeait-il bien La Fédération de Paris affrète la difficulté de l'entreprise ? Je un car. Rendez-vous le dimanche n'ai pas réussi une seule fois matin à 8 h devant le 17, rue des à rendre compte de toutes les ac- Petits-Champs. Retour à Paris tivités que l'on me signalait. vers 22 h 30. Prix aller-retour : Surtout la forme de l'article in- 40 F. Inscrivez-vous très vite, terdit dans une large mesure les le nombre des places étant limi- redites. Combien de fois par té (tél. N.A.R. 297-42-57). exemple pourrais-je rappeler dans Mais, en attendant ces journées le corps de mon article que la royalistes, vous pourrez tester cellule de Saint-Etienne, de récen- le dynamisme de la fédération de te création, vient de se doter Champagne en vous rendant à la d'une boîte postale (Mme Gous- réunion avec Philippe de Saint seau, B.P. 134 - 42012 Saint- Robert le 8 mai à Reims. Etienne Cedex)? Et pourtant, il est important pour le lancement de cette unité que tous les sym- JOURNEES ROYALISTES pathisants potentiels prennent no- DU SUD-OUEST te de cette adresse. Tout cela est bel et bien, Et la fête de Jeanne d'Arc à me direz-vous, pour les royalistes Pomerols (Hérault) organisée habitant au-dessus d'une ligne par notre ami Abel Pomarède, Lyon-Brest. Mais les autres que c'est important aussi. Si vous feront-ils? Et bien s'ils ne mon- avez manqué le précédent numé- tent pas à Paris pour le colloque ro et que vous ne savez pas que Relations internationales, ils iront cette réunion traditionnelle com- aux journées organisées par la sec- mençant par une messe à 11 h tion de Bordeaux. Elles n'au- à l'église de Pomerols et s'ache- ront pas la même ampleur, mais se vant par un banquet à Florensac tiendront tout de même le samedi (55 F) est une occasion unique 19 et le dimanche 20. Cette réu- de rencontrer Gustave Thibon, nion a pour but essentiel de Pierre Boutang, Luc de Goustine, sectes, de la gnose et de l'ésoté- attractions musicales et divers mettre en relation les royalistes Jean-Loup Bernanos et Bertrand risme, et que le 25 mai Bertrand stands : librairie, excellent Cham- de la région et de faire un pre- Renouvin, me pardonneriez-vous Renouvin traitera de la téléma- pagne de la région, brocante, mier bilan après la parution de ne pas le répéter? Faut-il tique et du chômage avec le con- poterie, fer forgé, self-service pour du livre du comte de Paris. tout annoncer, jusqu'à la réunion cours de Jacques Beaume, que me les repas à prendre sur place, e L'hébergement peut être assuré de la section du XV arrondis- restera-t-il comme place pour an- etc. à l'hôtel à Miramont de Guyen- sement de Paris du lundi 14 mai noncer les manifestations très im- où l'on pourra voir en vidéo les ne (Lot-et-Garonne, R.N. 133 en- portantes ? Les journées royalistes de plus récentes émissions du Prin- tre Marmande et Bergerac à par- Champagne commencent le same- ce, la session d'Angers le 15 mai, tir de 35 F la nuit petit-déjeu- di 19 à 15 h. A 20 h : feu de camp celle de Tours le 16 ? Personnelle- ner compris. Repas 20 F). Les JOURNEES ROYALISTES avec buffet. Animation musicale. ment, je ne vois qu'une solution. réunions de travail se tiendront EN CHAMPAGNE Le dimanche 20, les stands D'abord abonnez-vous pour ne dans une maison de campagne. ouvrent de 10 h à 20 h. Toute manquer aucun numéro du jour- Les membres des familles n'y Voilà la plus importante du la journée : forums animés par nal et de ses suppléments. Et en- participant pas trouveront dans la mois : les samedi 19 et diman- Bertrand Renouvin, Julien Bet- core mieux, si vous voulez tout région calme et possibilité d'ex- che 20 mai, les sections de Troyes bèze et Yvan Aumont, etc. De savoir, comme par exemple com- cursion. et de Reims organisent un grand 12 h à 14 h : repas self-service. comment s'est passée la réunion Inscrivez-vous en écrivant à rassemblement à Argentolles, ha- Meeting de clôture à 18 h. du 28 mai à Tulle avec Bertrand Laurent Dapoigny, Le Rivaud, meau de Colombey-les-deux-Egli- Argentolles se trouve à 3 km Renouvin et Luc de Goustine, 24700 Menestrol qui transmettra. ses. Il s'agit d'une fête de plein de Colombey-les-deux-Eglises, à la adhérez à la N.A.R. Vous recevrez air dans le cadre rustique d'une limite des départements de l'Au- alors la lattre aux adhérents qui vieille ferme qui peut être utili- vous informera complètement sur be (10) et de la Haute-Mar- Paul CHASSARD sée comme lieu de repli en cas de nos activités. Car s'il me faut cha- ne (52) : carte Michelin n° 61, mauvais temps ; le pré qui entoure que fois annoncer qu'aux mercre- pli 19. P.S. : On me demande de vous la ferme servira de terrain de dis de la N.A.R. qui commencent — Voie ferrée Paris - Troyes - signaler dès aujourd'hui qu'une camping et aussi de décor à une à 20 h 15 dans nos locaux de la Chaumont - Belfort - Bâle, sta- session d'étude est organisée par le petite fête villageoise qui compor- rue des Petit-Champs à Paris le tion S.N.C.F. de Bar-sur-Aube. cercle philosophie pour le week- tera, outre des forums de dis- 9 mai, Gérard Leclerc parle des (Tous les trains ne s'arrêtent pas end de la Pentecôte. cussions suivis d'un meeting, des à Bar-sur-Aube, renseignez-vous

royaliste n° 293 - page 12 Raymond Barre (il y est dit une fois de Que dire de l'actualité? Les faits plus que la lutte contre le chômage saillants, ou réputés tels, ne nous appren- est « prioritaire », que l'adaptation nent rien que nous ne sachions déjà. de l'économie doit être « poursuivie ») La vie politique ronronne doucement, se satisfaire des allocations de chômage, traversée de temps à autre par quelques en regardant M. Marchais et tenter de se coups de gueule ou par une prestation débrouiller par ses propres moyens. télévisée particulièrement réussie. Oui, On peut aussi espérer que cette longue c'est vrai, le Président de la République par et décevante attente touche à sa fin. a traité M. Chirac d'« agité ». Mais nous bertrand Cela, nulle « science politique », nulle savions depuis longtemps que le seul renouvin analyse objective des luttes ne peut le dessein « historique » de Valéry Giscard prouver. Il y a simplement, pour nous d'Estaing était de régler le compte des conforter, le souvenir des grands mou- héritiers du gaullisme. Oui, c'est vrai, vements populaires de notre histoire, le président du R.P.R. parle maintenant l'intime conviction que notre pays ne se comme s'il était dans l'opposition. laissera pas détruire. Les révoltes et les Mais, depuis longtemps, il n'arrête pas révolutions sont rarement les conséquen- de se retenir de faire un malheur. le climat ces des calculs des états-majors. Elles Quant à Georges Marchais, il nous a naissent lorsque le seuil de l'intolérable offert l'autre soir un très bon numéro est atteint et il y a toujours, au moment sur Antenne 2 : du bon sens, de la gouail- où elles explosent, des stratégies qui le, des mimiques, et des arguments affirment que les conditions ne sont pas énormes qui font passer les mensonges social remplies. les plus grossiers. On rit, on applaudit Mais les révoltes et les révolutions l'artiste, on oublie que ces jongleries tiraient-elles à un grand débat politique ? n'obéissent pas aux lois de la science, cachent une mentalité totalitaire. On ne Une fois de plus, l'essentiel sera noye même « prolétarienne », ni aux diktats prend plus garde au fait que cet excel- dans les égoïsmes partisans, dans les de la raison. Depuis la guerre, le Parti lent numéro d'opposant fait partie querelles de clans et dans un discours communiste n'a jamais été à l'origine du cirque politicien, et qu'il ne dérange uniforme. Qui, aujourd'hui, ne se récla- d'un grand mouvement de revendica- plus personne. M. Marchais a montré me pas du gaullisme, ne se déclare pas tion. En 1968, les travailleurs n'ont pas les dents, faisant frémir les bourgeois. européen tout en rejetant avec une attendu les consignes des syndicat: Mais il suffisait de voir le sourire satis- mine dégoûtée toute accusation de et des partis pour déclencher le mouve- fait des présentateurs, en fin d'émis- « supranationalité » ? ment des occupations : apparatchikis et sion, pour être pleinement rassuré. Tout cela comme si la France ne « hommes de masse » ont pris le train en Marchais à la télévision, c'est plus amu- comptait pas un million et demi de marche... pour mieux l'arrêter. Il ne s'a- sant qu'un western, et ça permet de dire chômeurs, comme si le drame de la git pas de faire de l'anticommunisme que la France est une démocratie. sidérurgie était terminé, comme si ou de l'anti-syndicalisme, mais de cons- Manufrance n'était pas occupé. De tater que le P.C. et les syndicats ne l'inquiétude et du malheur, les partis jouent qu'un rôle limité : utiles pour CUISINE ELECTORALE de gauche ne songent qu'à tirer des exprimer une revendication ou pour voix. Pendant ce temps, la droite ras- défendre un droit acquis, ils ne peuvent, Les coulisses de la vie politicienne sure, fait traîner les choses, promet, en raison de leur lourdeur bureaucra- ne sont pas plus exaltantes : chacun, joue des oppositions entre les syndicats. tique, de leur dogmatisme ou de leurs dans son coin, a préparé sa liste pour Quand le mensonge éclate, il est souvent calculs politiciens, être l'étincelle qui les élections européennes, avec le soin trop tard. Les partis de gauche protes- met le feu aux poudres. méticuleux qu'un cuisinier apporte à la tent, mais laissent faire. Certains syndi- Mais cela n'empêchera pas la révolte confection de sa recette préférée. Il faut cats se prêtent au jeu. Et plus personne d'éclater, un jour sans qu'on s'y at- dire qu'avec quatre-vingt-et-un candidats ne sait comment, et avec qui, organiser tende. Et la fragile barrière des lois par liste, les experts en cuisine électorale la résistance ou allumer la révolte. Les sera emportée, comme en Mai 1968 où il ont pu faire la preuve de leur talent. énergies se défont, tandis que le pouvoir ne fut plus question de préavis de grève Dans telle liste, les connaisseurs appré- place tranquillement ses verrous : mena- et d'interdiction des « rassemblements cieront avec quelle délicatesse on a ajou- ces sur le droit de manifestation, inter- de plus de trois personnes ». L'impor- té, in extremis, des radicaux de gauche. diction de l'affichage, remise en cause tant, alors, sera qu'elle aboutisse, au lieu Dans telle autre, comment on a camouflé du droit de grève à la télévision, habile- d'être étouffée par les appareils syndi- le parfum européiste. Dans toutes, ment contrebalancés par la promesse caux et récupérée par les partis poli- comment on a harmonieusement disposé de l'habeas corpus. Syndicats et partis tiques. Il faudra que quelqu'un puisse les femmes, les ouvriers, et les juifs. de gauche ne peuvent rien contre cette la comprendre, l'accueillir et l'accom- Car, comme les antisémites d'autrefois, réaction autoritaire. plir : un homme libre, capable par situa- il faut que chaque liste ait « son » juif : tion et par héritage historique, d'être au répugnant calcul, à vrai dire raciste dans service de tous les Français. Que l'al- cette façon de montrer, comme autrefois A QUAND LA REVOLTE ? liance entre cet homme et un grand dans la manière de cacher ou d'exclure. mouvement populaire se fasse, et tout Comment ces petites combinaisons, Alors? On peut bien sûr abandonner peut être changé. ces petites manœuvres, ces ambitions le combat, se réconforter en lisant la médiocres et ces pauvres jalousies abou- lettre du Président de la République à Bertrand RENOUVIN