NOTICE,
SUR LA PAROISSE
DE [À CHAUSSÉE-SAINT-VICTOR-LÈS 18L018
LA COIIPOSÉS sua DES PIÉCES PLUPART INÉDITES
PAR A. DUPRÉ,
BIOLIOTHIkAIRE DE LA VILLE DE BLOIn.
La leIroisse est pour le ehrécieu une nuire patrie, une . ! u ire la w lie, u iv nouvelle ma son paternelle. (1! anderneu,! de ifgr I Evôque de filais pour le cardent dc 1835.)
BLOIS
IMPRIMERIE LECESNE, RUE DES PAPEŒÂULTS 1866
Document
III! Iii! 11111 liii! 1111(1111111 0000005606566
NOTICE SUR LA PAROISSE
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CHAUSSÉE-ST-VICTOR-LÈS-BLOIS,
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Ce bourg élevé, riant, pittoresque, coquet métro, domi- ne le coteau, et forme un des jolis points de vue du paysage grandiose de la Loire. Il o remplacé un autre village plus ancien, mais sans doute moins agréable, situé au bord du fleuve, sur le terrain et à l entour du cimetière actuel. Une charte (le l an 4469, insérée parmi les preuves (le l Histoire de Blois, de Dernier (page vj), fait mention expresse de cette localité. Aux termes de cc Litre authen- tique, le comte Thibault V donne, pour le soulagement des moines infirmes de l abbaye bénédictine de Saint- Laumer de Blois, la moitié de la dîme du poisson qui sera péché 4 l écluse neuve do Saint-Victo, (4), plus une
(I) Le texte latin, transcrit par Bernier, porte à tort ce- au lieu d eclus, qui se lit sur des copies pins fidè- les, notamment dans l histoire de l abbaye de Saint-Laumer (manuscrit de la bibliothèque de Obis P 45F. -6— rente de 30 sous à percevoir sur le revenu des moulins 4 foulon de la même écluse. Quelques restes, encore visi- sibles, d un barrage très ancien, appartenaient peut-être à l écluse relatée dans la donation du comte Thibault. Les moulins à foulon, établis au même endroit, eurent jadis quelque importance, et donnèrent une certaine ne- livité industrielle à cette commune, aujourd hui purement agricole ; ils existaient au milieu du 44 siècle, car nous tes voyohs figurer dans une pièce de notre collection Joursarmvault, datée du 30 janvier 4352 (1). Des actes postérieurs attestent même qu ils durèrent jusque vers la fin dli 15 ; mais alors on ne les employait plus à la (ahricMion des dfaps leur usage se bornait à la moulure des grains récoltés dans le pays. Longtemps après la disparution de ces primitives usi- nes, La Chaussée continua de posséder une bèanche avantageuse d exploitation et de -commerce, dans les car- rières qui couvraient une partie de son territoire (2) les qualités de la pierre dure extraite de ce sol siliceux la firent rechercher pour les monuments publics, entre autres, pour le beau pont de Blois, construit de 4747 à 1724 (3). La paroisse et l église reconnaissent pour patron Saint- Victor, autrement dit Videur, évêque du Mans. On trouve celle variante dans les vieux titres, par exemple, dans un
(1) A la bibliothèque de Blois. (2) Defay, Minéralogie de l Orjéanais, P. 199. (3) H&toire de Bioù. do MM. Berevin et Dupré, t. 1, P. 410 et 411. acte français de 4276 où il s agit de la vente d une pièce de vigne assise 4 Saint-Victenr-lez-Blogs (4). Nos devanciers écrivirent aussi Saint- Victcur-desr Braies, par allusion aux barrages (2) qui retenaient les moulins et les pêcheries du vieux Saint-Victor. Un pouillé de l ancien diocèse de Chartres, dressé au 43° siècle (3), donne à cette même paroisse le nom de Sanctus Victor de bracitiis (pour braciis). En 1427, le comte de Blois, Charles d Orléans, fit expédier une charte qui renouvelait, à propos, les droits d.e l abbaye de Saint-l2aumer sur deux braies de Saint- Victor ; « d où je conclus (ajoute l annaliste de la mai- » son), que les dits moulins étaient en entier dans ce » temps-là (4). La célèbre abbaye de Marmoutier-lès-Tours ne dut pas rester étrangère à la fondation de cette église car, de toute ancienneté, et jusqu à la Révolu tion,.l abbé exerça le droit de. présenter à la cure; en outre, il était seigneur censier de la paroisse, comte le démontre un gros cahier des déclarations faites au censif de Marmoutier en 1696, pour des héritages situés â Saint-Victor-lès-Bluis (5). Cette opulente maison et celle non moins riche de Saint-Martin, possédaient beaucoup de domaines ecclé-
(1) Archives départementales (Liasses de la paroisse). (2) Glossaire de Du Cange et de Citrpentier,v° l3racùi.. (3) Prolégomènes du Cartulaire de l abbaye de Saint-Père deChartres, publié par M. Guérard dans les documents in- édits sur l histoire de France, p. CCCXVI. (4) Histoire manuscrite, P 66. (ô) Archives Uéparte nenl.ales. -8- siastiques et féodaux dans cette contrée du Blésois c est ainsi que l église de Saint-Denis-sur--Loire, paroisse li- mitrophe de La Chaussée, appartenait, dés le9° siècle, au chapitre royal de Saint-Martin de Tours (1). En 4095, un seigneur du pa ys, sur le point de partir pour la première croisade, fit don à Marmoutier d une vigne située â Saint-Victor-ks- Blois (Charte du prieuré de Villebefot, aux archives de la Préfecture). Les anciennes populations s établissaient, de préfé- rence, au bord des fleuves il ne faut donc pas s étonner que l église et le bourg primitifs de Saint-Victor aient oc- cupé la partie du val la plus rapprochée de la Loire, à l endroit (les braies. La construction de cette église était assignée an règne de Charlemagne une figure équestre, sculptée au por- tait, passait pour représenter ce monarque ; telle est l opinion de Bernier (p. 00) ; notre historien avait cm - prunté ce renseignement archéologique aux mémoires manuscrits d André Félihien sur les maisons royales et bafiments de Franco, ouvrage précieux, aujourd hui gardé dans la bibliothèque du château de Cheverny ; la notice très courte sur le bourg dè Saint-Victor est accompagnée d un dessin au lavis, représentant les carrières et l église, telles qu on les voyait au 17e siècle (f0 113). Le petit ma- ruinent d iconographie, indiqué par Bernier et Félibicn, nous o été conservé il semble pouvoir mieux s appli-
(1) Preuves de Bernier, p. i et ij. Charte dc. 893, où la pa- roisse de Saint-fouis est désignée sous le nom celtique do Voginast, tnmhé depuis en dés,,éiue.-. -9--
quer â un seigneur du moyen-âge qu à Charlemagne ou à Charles Martel (I) le cavalier tient sur le poing un oiseau, symbole accoutumé du goût bien connu (le l an- cienne noblesse pour la chasse au vol ce personnage problématique fut peùt-étre tout simplement un bienfai- teur de l église et tic la contrée. L édifice d où sort cette sculpture, avait été bâti en pierre du pays, dans le style Roman ; on le reconstruisit, en partie, sous le règne de François 1 11, comme le démontraient les chiffres . et les ernblérnes de ce monarque, gravés eu plusieurs endroits N) Le bourg se groupa naturellèrnent autour de l église, centre de protection et de vie religieuse. Sur le sommet du coteau s élbvait, en même temps, un petit village, ap- pelé ta Chaussée, qui dépendait de la paroisse de Saint- Victor cc hameau, en prenant de l extension, a formé le. bourg actuel sa désignation spéciale indique peut-être la route haute de Blois â Mcnars, qdi le traversait autre- fois. Le savant et regrettable A. Duchalais croyàit recon- naitre les vestiges d une voie gallo-romaine dans le clic- min de Blois àeangency. marqué sur la carte de Cas- sini et passant îi la Chaussée (3). De son côté, le nouvel historien du Berry, M. Raynal n fait observer (t. 4, p. LXXVII) que, dans cette province voisine du Blésois, on avait nommé Calceata ou Chaussée plusieurs localités
(1) Fournier opine pour ce prince guerrier; les motifs qu il dotue paraissent peu solides. (Essais sur Blois, p. 98). (2) Félibieu, notice déjà citée. (3) Mémoires de la Société archéologique de l Orléanais. t. 1 : P? 224. D
- 40 - desservies par de semblables communications c est là une analogie bonne recueillir. On pourrait aussi ratta- cher la Chaussée Saint-Vietor à une voie romaine d An, gers â Troyes, récemment signalée dans une statistique archéologique d Eure-et-Loir (fl. Employé dans le sens ordinaire de grande route, le mot Calceata présente au moins un souvenir mérovingien, puisqu il rappelle les fa- meuses chaussées de la reine Brunehaut (e). L église du village culminant n était d abord qu une simple succursale ; elle fui fondée en 4406 par un gé- néreux paroissien ; le comte de Blois approuva ses peu- ses intentions, et voulut en favoriser l accomplissement les lettres-atentes , expédiées à cette fin , méritent d être transcrites ici, comme titre authentique et primor- dial de la fondation (3); elles renferment d ailleurs des détails assez intéressants de moeurs et le topographie:
o Loys, fils du roy de France, duc d Orléans, conte » de Blois et de Beaumont et seigneur de Coucy (4), savoir faisons à tous présens et advenir, nous avoir reeeu humble supplication de Jelian Angevine, parois-
n sien de Saint Victeursur-Loire, jouxte notre ville de,
r Blois, contenant que, comme l église parroehiale dudit
(I.) Publication de ]a Société archéologique de ce départe- ment, p. 189. (2) Histoire des grand chemins de l Empire par Bergier, p. 601. (B) Archives impériales. Cartulaire de la Chambre des comptes de Blois. 4) C était Louis d Orléans, fils de Charles V et frère de Charles VI. - 11 -
» lieu de Saint-Victeur soit presque au raz de la dite » rivière, et aient tous les paroissiens, ou la plus grande » partie, leurs maisons et habilations bing de la dite » église au hault lieu appelé La Chaussée Sains- Videur, et pour ce que la rivière de Loire maintes fois croist r si grand que les dits paroissiens demeurant à la dite Chaussée ne peuvent venir à l église ou messe, et ne » peut le curé aller à enix porter le corps de Jésus- o Christ, à leur besoing, et que plusieurs fois moult des » paroissiens sont morts et meurent sans recevoir ni • prendre le corps Notre Seigneur et sans parler au • -curé, ledit suppliant, voyant et considérant ces grands inconvénients, pour remédier et pourveoir au salut des âmes, meu de grand devocion, ait fondé à la due Chans- - sée et ordonné estre faicte une chapelle qui contient » six toises de long et cinq toises de large, tenant. à la maison Jehan Mauroux d une part et â la maison Ma- » chelin Prevost d autre part, et au dessus et joignant • icelle chapelle, du cosLi devers lu bise , à une place » contenant cinq toises de long et cinq toises de large, frappant sur nostre chemin, au-dessous et joignant icelle place, du costé de devers le vent d aval, en laquelle chapelle Dieu sera servi, et y reposera le corps Jésus-Christ, (lu consentement du curé et de • l autorité de l evesqiio, après que l cvesque ou son • commis aura bénistt dédié à Dieu le lieu et place de o la dicte chapelle, laquelle bénédiction ne se puisse faire • sans avoir premièrement de flous rostre congié et li- cence dé hi,nistre la due place et faire ce qui y appar- » tient, si corne dit ledit Angevine ; pourquoy, nous, les - (2 - • » choses dessus dites considérées, et afin que nous soyons participans aux bienfaits, prières et oraisonsqui, chaque jour, se feront en la dite chapelle, et pour re- médier à ce que les dits paroissiens de Saint-VioLeur- • sur-Loire ne trépassent de ce siècle sans avoir leurs sa- » cremens, quand temps et rnestfer () sera, considéré » aussi que c est pour le bien public, au dit suppliant avons donné et octroyé, donnons et octroyons de grâce •» espôcialle, par ces présentes, en tant comme il nous peut touchier, congié et licence de faire benistre la
la dicte chapelle et tout ce qu il y appartient ; et la- » quelle, en tant que faire le povons, nous avons et ad- » mortissons, de nostre dicte grace, par ces mesmes pré » sentes, sans que i&Iuy suppliant, ses hoirs ou suc- • cesseurs, ores ne pourie temps advenir, soient ou puis- » sent estré contrains à nous paier, ou à nos hoirs et suc- cesseurs, pour ce, aucune finance, laquelle, de notre » plus ample grace, nous avons donnée ut quittée, don- nons et quittons au dit suppliant par ces mesmes pré - • sentes, etc. Donné en nostre ville dc Blois, au mois de t février l an de grace 4406 (4) ; ainsi signé; par M. le • duc en sou conseil. » Comme beaucoup de chapelles rurales , celle-ci fut consacrée en Fhonneur de la Sainte-Vierge, patronne ti- tulaire. Bientôt elle reçut le nom des Bouliers, famille de, ses principaux donateurs ; et ce nom fit presque ou- blier celui du fondateur Jean Angevine. Aux termes d un
(1) Besoin. (1) 141)7, nèn ean style. - 13 - acte en latin, du 47 mars 1460 1),. la veuve de Ntahs Boulier, marchand â Blois, fondait à perpétuité, dans le nouveau sanctuaire, une messe suivie d un office particu- lier, désigné par ces mots et Fît dictant mSam, in- ti oiturn beatœ Mariw Virginis , vulgoriter appeilatuni nzessc seiche (2). - Indépendamment des deux églises du val et de la Chaussée, un ermitage fut érigé à mi-côte, sous le voca- ble de Notre Danse des Boches quelques anachorètes, de l ordre de Saint-Antoine, qui l occupaient aux 46° et 17° siècles, reçurent tics donations, grevées de services religieux ; mais, par laps de temps, il cessa d être habi- té ; enfin, un décret de Mgr de Neuville, évêque de Chartres, du 12 avril 1682, autorisa les marguilliers de Saint-Victor à démolir ce peut monastère abandonné, ainsi que sa chapelle désormais inutile, et leur permit d appliquer les revenus de la fondaLion supprimée. soit à leur marelle (le Saint-Victor., soit à la succursale de Notre-Dame de La Chaussée, sous la seule condition de renfermer de murs le terrain tIn sanctuaire détruit, et (jc planter une croix au milieu (3). Ce signe commémoratif d une ancienne consécration a disparu ; et c est â peine si, dans le pays même, on se souvient du nom et de l emplacement de Notre Dama des Boettes. La triste expérience des inondations éloignait du val
ï ï) Archives de la préfecture. (2) Cette messe incomplète n avait ni Offertoire ni Coïisé- eration. - (3) Archives dé jptrteinental os. - 1h - les paroissiens de Saint-Victor et les attirait peu â peu sur le coteau, leur refuge ordinaire contre les grandes crues. La série des actes authentiques que nous allons rappor- ter, accuse, de leur part, une préférence de plus en plus prononcée pour un site à la fois moins périlleux et plus salubre. Le bief du 3juin 4575, doSé à Blois sous le scel de - lSIgr Nicolas de Thon, évêque de Chartres, en tournée pastorale, autorise les marguilliers de Saint-Victor « à