NOTICE
SUR LA PAROISSE
DE LA
CHAUSSÉE-SAINT-VICTOR-LÈS -BLOIS
COIPOSEE sUit DES PIÈCES U PLUPIIT IEDlTES
PAn A. DUPRE,
bIIJLITIIIiCAIRjt DE L.% VILLE DE BLOIS.
La paro est pour le chrétien uune aSile patrie, Une autre famille, Ulit nouvelle maison paternelle. Mandement de Mgi lEvéque de Bloio pour le caiemede 1856.
BLOIS
1PFiT\!EI&Ï LECSNE RUE DES l AI &&CLIs 1866
Document
11111111 Il Ili 1111111111111 III! 0000005606566 !r NOTICE SUR Iii PAROISSE
IŒ LA
CHAUSSÉE-ST-VICTOR-LÈS-BLOIS.
Ce bourg élevé, riant, pittoresque, coquet même, domi- ne le coteau et forme un des jolis points de vue du paysage grandiose (le la Loire. Il a remplacé un autre village plus ancien, mais sans doute moins agréable, situé au bord du fleuve, sur le terrain et à l entour du cimetière actuel. Une charte (le l an 1169, insérée prnii les preuves (le ll1istoire de Blois, de Bernier (page vj), fait mention expresse de cette localité. Aux termes de cc Litre authen - tique, le comte Thibault V donne, pour le soulagement des moines infirmes de l abbaye bénédictine de Saint- Laurner (le Blois, la moitié de la dîme du poisson qui sera pérlié 4 l écluse neuve de Saint . Vicior (I), plus une
(1) Le texte latin, transcrit par Bernier, porte à tort ec- clesie, au lieu d eclu, qui se lit sur des copies plus fidè- les, notamment dans l histoire de l abbaye de Saint-Latimer (manuscrit de la bibliothèque de Blois f 45). — C) — renie de 50 sous à percevoir sur le revenu des moulins 4 foulon de la même écluse. Quelques restes, encore visi- sibles, d un barrage très ancien, appartenaient peut-être l écluse relatée dans la donation du comte Thibault. Les moulins .\ foulon, établis au même endroit, eurent jadis quelque importance, et donnèrent une certaine ac- livité industrielle à cette commune, aujourd hui purement agricole ; ils existaient au milieu du 14 siècle , car nous les voyons figurer dans une. pièce de notre collection Joursanvault, datée (lu 30 janvier 113 (1). Des actes postérieurs attestent même qu ils durèrent jusque vers la 1je fin du mais alors on no les employait plus à la fabrication des draps ; leur usage se bornait à la moulure des grains récoltés dans le pays. Longtemps après la disparution de ces primitives usi- nes, La Chaussée continua de posèder une branche avantageuse d exploitation et de commerce, dans les car- rières (lui couvraient une partie de son territoire (2) les qualités do la pierre dure extraite de ce sol siliceux la tirent rechercher pour les monuments publics, entre autres, pour k beau pont de Blois, construit de 1717 à l7îi (3). La paroisse et Féglise reconnaissent pour patron Saint- Victor, autrement dit Videur, évêque du Mans. On trouve celte variante dans les vieux Litres, par exemple, dans un
(1) A. la bibliothèque de Blois. (2) Defe , MinraIogie dc I Or]anais p. l). (3) Ili4oire de Dlos, de MM. Berevin et Dupré. t. 1, p. 410 et 411. acte français de 1 276 où il s agit (le la vente d une pièce de vigne assise à Saint - Victeur-lez-Bloys (t). Nos devanciers écrivirent aussi Sain t- Videur-des- Braies, par allusion aux barrages () qui retenaient les moulins cl lis pêcheries (lu vieux Saint-Victor. Un pouillé de l ancien diocèse de Chartres, dressé au 13e siècle (3), donne à cette même paroisse le nom de Sanctus Victor de brachiis (pour braciis). En 147, le comte (le Blois, Charles d Orléans, fit expédier une charte qui renouvelait, à propos, les droits de l abbaye de Saint-Laumer sur deux braies de Saint- Victor ; « d où je conclus (ajoute l annaliste de ta mai- » son), que les dits moulins étaient en entier dans ce » Iemps-]à (4). La célèbre abbaye de Marmoutier-l s- fours ne dut pas rester étrangère à la fondation de cette église ; car, de toute ancienneté, et jusqu à la Révolution, l abbé exerça le droit de présenter à la cure ; en outre, il était seigneur censier de la paroisse, comme le démontre un gros cahier des déclarations faites au censif de Marmoutier en 1606, pour des héritages situés à Saint-Vielor-lès-Bluis (5). Cette opulente maison et celle non moins riche de Saint-Martin, possédaient beaucoup de domaines ecclé-
(1) Archives départementales (Liasses de ta paroisse). () Glossaire de Du Cange et de Carpentier, y0 flracia. (3) Prolégomènes du Cartulaire de l abbaye de Saint-Père deChartres, publié par M. Guérard dans les documents in- édits sur l histoire de France, p. CCCXVI. i. t) IItstore manuscrite, P 66. (3) Archives départementales. -8--- siastiques et féodaux dans cette contrée du Blésois ; cest ainsi que l église de Saint-Denis -sur -Loire. paroisse li- mitrophe de La Chaussée, appartenait, dès le 9° siècle, au chapitre royal de Saint-Martin de Tours (1). En 4095, un seigneur du pays, sur ]e p01111 de partir pour la première croisade, fit don à Marmoutier d une vigne située à Sant-Victor-lùs-Blois (Charte du prieuré de Villeberfol, aux archives de la Préfecture). Les anciennes populations s établissaient, de préfé- rence, au bord des fleuves ; il ne faut donc pas s étonner que l église et le bourg primitifs de Saint-Victor aient oc- cupé la partie du val la plus rapprochée de la Loire, l endroit des braies. La construction de cette église était assignée au règne de Charlemagne : une figure équestre, sculptée au por- tail, passait pour représenter ce monarque ; telle est l opinion de Bernier (p. GO) ; notre historien avait em- prunté ce ,renseignement archéologique aux mémoires manuscrits «André 1élibien sur les maisons royales et, halimenis de Franco, ouvrage précieux, aujourd hui gardé dans la bi aliothèi1uc du cluteau de Cheverny ; la notice très courte sur le bourg de Saint-Victor est accompagnée d un dessin au lavis, représentant les carrières et l église, telles qu on les voyait au 17 0 siècle (fo 113). Le petit mo- nuinent d iconographie, indiqué par Bernier et Félibicn, nous a ôté conservé : il semble pouvoir mieux s appli-
() Preuves de Dernier, p. 1 ci ij. Charte de 89, où la pa- roisse de Saint-Denis est désignée sous ]e nom celtique dc f,, -9-
quer à lin seigneur du moyen-âge qu à Charlemagne ou à Charles Martel (1) ; le cavalier tient sur le poing un oiseau, symbole accoutumé du goût bien COflflU (le l an- cienne noblesse pour la chasse au vol : ce personnage problématique fut peut-être tout simplement un bienfai- teur de l église et de la contrée. L édifice d où sort celte sculpture, avait été bâti en pierre du pays, dans le style Roman ; on le reconstruisit, en partie, sous le règne de François 1e1, comme le démontraient les chiffres et les embléines de ce monarque, gravés eu plusieurs endroits (. Le bourg se groupa naturellement autour de l église, rentre de protection et de vie religieuse. Sur le sommet (lu coteau s élvait, en même temps, un petit village, ap- pelé La Chaussée. qui dépendait de la paroisse de Saint- Victor ce hameau, en prenant de l extension, a formé te bourg actuel sa désignation spéciale indique peut-être la roule haute de Blois â Menars, (lui le traversait autre- fois. Le savant et regrettable A. Duchatais croyait recon- naître les vestiges d une voie gallo-romaine dans le che- min de Blois à Bcaugency, marqué sur la caute (le Cas- sini et passant à la Chaussée (3). De sou côté, le nouvel historien (lu Berry, M. Raynal a fait observer (I, 4, p. LXX VIE) que, dans cette pro jiuce voisine du Blésois, ûn avait nommé Celccata on Chusse plusieurs localités
(1) Fournier opine pour ce prince guerrier les motifs qu il don rie paraissent peu solides. (Essais sur Blois, p. 98). (2) Fi li ijien, notire. déjà citée. :3) Mémoires de la Société archéologique de l Orléanais. 1 P - 10 desservies par de semblables commurikalion c est là une analogie bonne â recueillir. On pourrait aussi ratta- cher la Chaussée Saint-Victor à une voie romaine d An- gers â Troyes, récemment signalée dans une statistique archéologique d Eure-et-Loir (). Employé dans le sens ordinaire de grande route, le mot Calceala présente an moins un souvenir mérovingien, puisqu il rappelle les fa- meuses chaussées de la reine Brun citant (). L église du village culminant n était d abord qu une simple succursale ; elle fut fondée en 1406 par un gé- néreux paroissien ; le comte de Blois approuva ses pieu- ses intentions, et voulut en favoriser l accomplissement les lettres-patentes expédiées à cette fin • méritent dêtre transcrites ici, comme titre authentique et primor- dial tic la fondation (3); elles renferment d ailleurs des Mails assez intéressants tic moeurs et (le topographie
ci Loys, (ils du roy de France, duc d Orléans, conte » de Blois et de Beaumont et seigneur de Coucy (4), savoir faisons à tous présens et advenir, nous avoir reccu humble supplication de Jehan Angevine, parois-
» SiCfl (le Saint ViCteursUi -LOii (, jouxte notre ville de Blois, coutenant que, comme l église parroc.hiale dudit
(I.) Publication de la Sodèté archéologique de c.e départe- ment, p. 189. (2) Histoire des grand chemins de l Empire par Bergier, p. 601. (3) Archives impériales. Cartulaire de la Chambre des otoptes de Blois. 1 , C èlait I.oui. d Ot1ans, fils de Charles V et frère d€ VI. lien de Saint-Victeur soit presque au rez de la (lite » rivière, ei aient tous les paroissiens, ou la plus grande partie, leurs maisons et habitations bing de la dite » église au hault lieu appelé La (haussée Saint- Videur, n et pour ce que la rivière de Loire maintes fois croist si grand que les dits paroissiens demourant à la dite Chaussée ne peuvent venir à l église ou messe, et no peut le curé aller à eulx porter le corps de Jésus- Christ, à leur besoing, et (lire plusieurs fois moult des » paroissiens sont morts et meurent saris recevoir iii prendre le corps Notre Seigneur et sans parler au curé, ledit suppliant, voyant et considérant ces grn(ls inconvénients, pour remédier et pourveoir au salut des
âmes, UICU de grand devocion, ait fondé à la dite Chaus- sée et ordonné esire faicto une chapelle qui contient » six toises do long et cinq toises de large, tenant à la maison Jehan iiauroux d une part et â la maison Ma- » chulin Prevost d autre part, et au dessus et joignant icelle chapelle, du costé devers la bise , â une place contenant cinq toises de long et cinq toises de large, frappant sur nostre chemin, au-dessous et joignant icelle place, du costé de devers le vent d aval, en laquelle chapelle Dieu sera servi, et y reposera le corps Jésus-Christ, du consentement du curé et de l autorité ik l evesque, après que l evesque ou son » commis aura bénist et dédié à Dieu le lieu cl place de la dicte chapelle, laquelle bénédinion ne se puisse faire saris avoir premièrement de nous nostre congié et li- cence de benistre la due place et faire ce. qui y appar- » tient, si couic dit le dit Angevine ; pourquoy, nou, les - 12 - » choses dessus dites considérées • ci afin que nous soyons participans aux bienfaits, prières et oraisons qui, chaque jour, se feront en la dite chapelle, et pour re- médier à ce que les dits paroissiens de Saint-Victeur- sur-Loire ne trépassent de ce siècle sans avoir leurs sa- » cremens, quand temps et rnestfr (t) sera, considéré » aussi que &est pour le bien public, au dit suppliant avons donné et octroyé, donnons et octroyons de grâce » espècialle, par ces présentes, en tant comme il nous peut touchier, congié et licence de faire benistre la la dicte chapelle et tout ce qu il y appartient ; e t la- » quelle, en tant que faire le povons, nous avons et ad- » mortissons, de nostre dicte grace, par ces mesmes pré- » sentes, sans que icelluy suppliant, ses hoirs ou suc- cesseurs, ores ne pour ie temps advenir, soient ou puis- » sent estre contrains à nous paier, ou à nos hoirs et suc- cesseurs, pour ce, aucune finance, laquelle, de notre plus ample grace, nous avons donnée et quittée, don - i nons et quittons au dit suppliant par cos iuesines pré- sentes, etc. Donné en nostre ville de Blois, au mois tic février Fan de grace I406 (4) ; ainsi signé; par Ni. le duc en son conseil. » Comme beaucoup de chapelles rurales , celle-ci fut consacrée en l honneur de la Sainte-Vierge, patronne ti- tulaire. Bientôt elle reçut le nom des Bouliers, famille de ses principaux donateurs ; et ce nom fit presque ou- blier celui du fondateur Jcau Angevine. Aux termes d un
(l) Bpçolfl. t 1107, nu ,, ea u Je 13 - acte eu latin, du 47 mars 1460 (1), la veuve de No1i Bouiir, marchand à Blois, fondait à perpétuité, dans le nouveau sanctuaire, une messe suivie d un office paricu- lier, désigné par ces mots et post dictam inissam, in- 17oUum écale Marùt Viriinis , vulgariter appellatum mes e seiche (). Indépendamment des deux églises du val et de la Chaussée, un ermitage fut érigé à mi-côte, sous le voca- ble de Notre Darne des Roches ; quelques anachorètes, tic l ordre (le Saint-Aubine, qui l occupaient aux 46 0 et 47° siècles, reçurent tics donations, grevées de services religieux ; mais, par laps de temps, il cessa d être habi- té ; enfin, un décret (le Mgr de Neuville, évêque de Chartres, du 12 avril 168, autorisa les marguil!icrs de Saint-Victor à démolir ce petit monastère abandonné, ainsi que sa chapelle désormais inutile, et leur permit (l appliquer les revenus de la fondation Supprimée, soit leur marelle de Saint-Victor, soit à la succursale de Notre .Dame de La Chaussée, sous la seule condition de renfermer de murs le terrain du sanctuaire détro i t, et de planter une croix au milieu (3) Cc signe commémoratif d une ancienne consécration a disparu ; et c est à peine si, dans le pays même, on se souvient du nom et de l emplacement de [Votre Daine des Roches. La triste expérience des inondations éloignait tin val
,11 Aretuves de la préfecture. (2) Cette messe incomplète n avait ni Offertoire ni Consé- cration. 3 Archives dejeirteinental es. - 1h -
les paroissiens de Saint- Victor et les attirait peu à peu sur le coteau, leur refuge ordinaire contre les giandes crues. La série (les actes authentiques que nous allons rappor- ter, accuse, de leur part, une préférence de plus en plus prononcée pour un site à la fois moins périlleux cl plus salubre. Le bief du 3 juin 157, donné à Blois sous le sccl de iIgr Nicolas de Thon, évêque de Chartres, eu tournée pastorale, autorise les marguilliers de Saint-Victor « à
» faire, à leur commodité, bons 1)011 1 15 et aisance , le » transport de leur église au lieu de La Chaussée, à faire » mettre le saint ciboire et les fonts baptismaux en la
chapelle des Bouliers, et y faire célébrer le divin ser- vice paroissial, jusqu à ce que la dite église soit de » nouvel édifiée, si commodément faire su peut, sans » prendre de nos droits ni de ceux de notre archidiacre, et à la charge que la place dc ladite église de saint » Videur ne sera profanée, aiiis demeurera pour la sé- pulture de ceux qui voudront y itre inhumés, et que, les jours de saint Videur , il s y fera, tous les ans, » procession solennelle où serontdites 1)rtères pour nous et » nos successeurs, pour la bonne manutention de l état public et pour l extirpation des vices cl hérésies» (1). Un des principaux motifs exprimés dans le préambule de cette ordonnance, était que, dans l hiver, ou ne pou- vait approcher (le l église, à cause des grandes eaux. Ainsi, dès l année 1575, on eut la pensée de démolir l église du val et (le transférer l office paroissial dans la
t) Archives départementales. - 15 -
chapelle de La Chaussée Toutefois, ce projet opportun ne ruent son Dlein accomplissement que deux siècles après. Par un autre acte, du août 1663, Mgr Ferdinand de Ncuville, évêque de Chartres, permit aux curés et mar- guilliers e de faire agrandir de deux ou trois toises la dite chapelle des Bouliers, qui était trop petite pour contenir les paroissiens ,» et commit M. Boiffard, curé de Vienue-lès-Blois, pour bénir la première pierre de cette nouvelle construction. La cérémonie eut lieu, le 21 décembre 1665, suivant un procès-verbal où il est dit que la chapelle neuve continuera d avoir la sainteVierge pour patronne , sans préjudice du culte de Saint-Victor. L é- difice fut agrandi de trois toises, du côté de l autel. Plus tard, les habitants présentèrent une requête pour être autorisés à l augmenter encore tic trois toises, à l autre bout, (du côté de la porte) ; cc qui leur fut accordé par un bref de Mgr de Bertier, premier évêque de Blois, du 5 mai 1700, c à condition d y employer seulement les 500 livres qu ils avaient en caisse, sans toucher aux » fonds ni aux revenus courants. a Cette clause, de bon- ne et sage administration, annonce l ordre parfait qui ré- gnait dans les finances de la fabrique. Ces accroissements nécessaires eurent lieu, grâce aux actives démarches et aux sacrifices personnels du curé Moue, qui fut aussi l un des plus généreux bienfaiteurs de notre hopital de Vienne- lès-Blois. (1) En considération de l isolement qui exposait l église au
(1) Voir les archives de cette maison, et l lIsoire de Blois, de MM. Bergevin et Dupré t. , p. 499. - 16 - danger des vols sacrilèges, un archidiacre de Blois permit de transférer les saintes huiles et le saint sacrement à Chaussée (I). Cette mesure de précaution prouve que, déjà en 1675, date de la visite et de ( ordonnance de l archidiacre, L église du val se trouvait reléguée loin des habitations. Les registres (le la paroisse, conservés au greffe du tribunal de ibis, attestent d ailleurs qu à la même époque, les baptêmes et les mariages se célébraient rarement dans cette église trop écartée, et qu ils se fai- saient plutôt à La Chaussée, dans la chapelle de Noire Darne. Le vieux Saint-Vcior ne servait plus guères qu aux sépultures. L église du val, basse, humide et malsaine , (luit par être complètement déaissée ; on liii refusa même les réparations indispensables. Elle était démolie eu 1790, tandis que la cliap€l)e de Notre - Darne, agrandie et transformée, devenait le siège de la paroisse, de droit, comme elle l était déjà par le fait. Le curé Chabault fut l instigateur zélé de cette reconstruction, et put la voir- terminer, avant les graves évéoeme.nts qui l éloignèrent du pays natal. Ce prêtre estimable fut un des députés du clergé blésois à l Assemldée constituante ; mais bientôt, le refus de serment et les progrès de la révolution l obligé- ient déutigrer cri Suisse, où il mourut sans revoir sa chère paroisse. Sou portrait, peint d après nature, existe au presbytère actuel ; on l a representé avec sa médaille de député. Le nouveau temple, (euvre hâtive et médiocre , était
1) Acte du inai 1ti75 Archives départeiueuta1e). - 17 - devenu insuffisant pour la population. En 18522, on l a rebâti et voùlé dans un meilleur goût, en ajoutant un bas- côté au nord en 1861, une abside a complété le choeur auquel cet appendice manquait. Un autel en pier re, (le forme romane, a remplacé la boiserie néogrecque prove- nant de l église des Minimes de Blois. Les vitraux de l abside, peints en médaillons par M.Yvonnet, de Poitiers, retracent naïvement la légende du saint patron. Les fené- ires (ILS bas-côtés sont garnies de grisailles, d un bon effet. Deux vitraux plus brillants ornent les chapelles latérales (le la Sainte-Vierge et de saint Victor ; Marie, la Cille dcs rois de .tula, est habillée en reine de France, et couronnée d un diadème fleurdelvsé ; elle tient aussi à la main une fleur (le lys de Majesté. Saint Victor porte le costume des évêques du moyen-âge. Les tons de ces peintures pourraient être moins crus mais le temps corrigera ce défaut (roi) ordinaire des vitraux modernes. La mais&n da Dieu, fréquentée par un population as- sidue aux offices, a reçu et continue de recevoir, â l in- térieur, (IOS embellissements considérables grâce au zèle Je M. le curé Paily et à la générosité des fidèles, peu déglises de campagne sont aussi bien ornées. Les documents, déposés aux archives de la Préfecture, attestent l importance du patrimoine de l ancienne ise. Dix fortes liasses renferment les liftes des biens fonds et des rentes qui appartenaient soit â la fabrique, appelée Grande Marelle, soit aux différentes confréries le nom- bre de ces pieuses associations était remarquable ; j en ai compté jusqu à huit, (]ont voici les vocables, avec la date les plus anciens titres de chacune d elles : 156(), - 18 - confrérie 41e Notre Darne. - 157, Boîte des Trépassés. - 469, confrérie de Saint- Jlichel. - 4651, de Saint Sébastien. - 166!t, de Saint-Jacques. - 4664, de Saint- Vieteur.-4GQS, de la Charité. - 4680, du Saint Sacrement. On s étonnera moins de ces témoignages multipliés d hal)itudcs profondément chrétiennes, quand on saura quel trésor de faveurs spirituelles possédait l humble sanctuaire de Saint-Victor. Il nous reste â traiter ce pieux sujet, qui intéresse également la religion et l histoire locale. Vers le milieu du 9 siècle, nous dit Ufl des derniers hagiographes de Saint-Victor ou Videur (1), les fidèles du diocèse du Mans, pour soustraire les reliques de leur bienhe ureux évêque à la fureur des Normands, les apportèrent au château de Blois. Quelque temps après elles furent déposées dans l abbaye de Bourgmoyen de la môme ville, d où elles passèrent ensuite à l église de Saint-Vic.tor. La leçon du Bréviaire de Blois (5 septem- bre) fixe la date de leur translation à l année 4379, et désigne l abbé Ilervé comme avant présidé à la cérémonie. Ces reliques, et d autres ci-après marquées, devinrent, dans notre pays, l objet d un culte public, établi de temps iminèmorial. Une pièce inédite de la collection Joursan- xauti (-2) fait foi de l ancienneté de cette dévotion aux corps saints d une paroisse privilégiée. L intérèt (les di-
(1) L abbé Vosiri. Vie do saint Julien, premier év ue du Mans, et de ses successeurs, p. 277 et histoire de saint Calais, p. 149. (2) Bi1lioth"qne communale de Blois. - 19 - vers renseignements qu elle contient m engage a la trans- crire in exLenso Charles, duc l Orléans et de Valois, comte de Blois » et de Beaumont (I) et seigneur de Coucy et (l Asti (e), au maitre des eaux et foresis (le flOStre comté de Blois o ou à son lieutenant, salut Reccu avons humble sup- » plicacion des paroissiens et habitants de la paroisse (le
N monsieur sainci Videur prés nostre ville de Blois, » contenant que, comme par les grans inondacions o d eaucs cl de glaces qui, depuis les guerres, ont esté en la rivière de Loire., les turcies et défenses de la » dicte rivière estans en la dicte paroisse de Saint- , Victeur au dessus et au dessonbs de nos pescheries et brayes (lu dia lieu dc Saint-Videur sont descheutes ci N ru ynées en plusieurs lieux , tellement que se brief n Y » est pourveu, la riviire est en voie tic gaigner et détruire l église de Saint-Victeur et toutes les maisons » et labourages du tlict lieu ; et par ce aussi nos dictes pesclieries et brayes demoureroient inutiles, car l eaue qui habonde en icelles s en iroit par les champs, ce qui fcroit excessif dommage é nous et â la chose lu- o hiiquc ; lesquelles turcies et deffenses les dicts supplians, obstans les dictes guerres, logements et résidences de » gens d armes qui oui esté en nostre dict comté de. JIlois, et les autres charges et effects inikurnérables qu ils ont eues à supporter, ils n ont peu sous[cnir ni
(1) Sur Ois. () En Piémont. (Le prince tenait cuttu seigncrie (PAsj de sa nire Valentine ile Milan.) - - o réparer, ainsy que besoing en est, ni encore ne le » pourvoient sans avoir aide et secours ; en nous requé- rant humblemenL (lite, pour leur aider à cc faire et réparer, et résister aux inconvénients dessus dicts, il nous plaise leur donner la despoille , suppose et tonlure de deux arpensde nos bois pris en nostre forest de Blois, et que, sans gram quantité de bois et (le
D pau, ils ne pourvoient icelles turcies réparer ; pour- » quoy nous, inclinant à la requcste des dicis supplians,
L voulant de tout rostre pouvoir résister aux inconvé- nients qui, par défaut de réparer et mettre à poinci les dictes turcies, se Ijourroient ensuivre, vu le dom- mage et perte qui à nous et à la chose publique en » pourroit arriver, et aussi pour la singulière dévocion que avons au glorieux corps sainct de monsieur semeZ Videur et au! es corps saincis qui en son église repo- sent ; voulant, de nostre ulici pouvoir, la dicte église observer et garder de péril et iuconvénivnt ; à iceuix » supplians avons donné et donnons, de grâce spéiaIe, par ces présentes, la tonture, suppost et despoille de » deux arpents de nos bois, à les prendre par cuiz ou leur cômandement en nostre forest de Blois, au lieu » moins domaigeable pour nous, et plus aisé et prouffita- » bic pour eulx, et à les employer à faire les réparations et soustenernent des dictes turcies et défenses d icelles, » et non ailleurs si vous mandons et comandons par ces
s présentes que, aux dicis suppliants, ou à leur certain comandement, vous délivriez ou fassiez délivrer (Il » notre dicte foresi (le Blois, au lieu (lessusdiet, la ion- » turc, suppost et despoille des diets deux arpcies de bois, - 21 -
et les leur laissiez exploirter, prendre et enlever, sans leur donner ne sonlirir et faire donner aucun » etnpescliement au contraire, poirveu (jUC le dia bois so i t emploié ès réparacions dessusdictcs et non ailleurs, comme dici est, cl par rapportant ces présentes et » recognoissances souffisantes des diets habitans d avoir » ou le diet bois pour la dicte cause, vous soyez et tic- muriez quictes et ileschargés d icculx deux arpents (le bois, et qu ils soient alloués en vos comptes par nos » amez et feaulx gens de nos dicts comptes ; auxquels nous mandons que ainsv le Sucent sans difficulté, no- II()l)stant l ordonnance par nous faicte de non donner aucune chose de nostre domaine, et quelconques au- tres ordonnances, rserracions, mandemens ou défen- ses i cc contraires. Donné en nosti e chastel de Blois, » le 26a jour de in», l an de grâce l!O. Par mon- seigneur le due, le hastard de Vertus ; vous, garde dus » sceaulx, Jelian de Saveuses, et autres présents. Cette concession pieuse et bienfaisante était due au célèbre poète Charles d Orléans, fils de Lotus, duc «Or- Ièans, et de \T uleri[ine de Milan, et père du roi Louis XII. Lv même prince octroya, en 14.7, aux religieux béné- dictins de Saint-Laumer, une charte, û l effet de leur c.onhirmer les droits dont ils jouissaient, comme nous