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NOTICE

SUR LA PAROISSE

DE LA

CHAUSSÉE-SAINT-VICTOR-LÈS -

COIPOSEE sUit DES PIÈCES U PLUPIIT IEDlTES

PAn A. DUPRE,

bIIJLITIIIiCAIRjt DE L.% VILLE DE BLOIS.

La paro est pour le chrétien uune aSile patrie, Une autre famille, Ulit nouvelle maison paternelle. Mandement de Mgi lEvéque de Bloio pour le caiemede 1856.

BLOIS

1PFiT\!EI&Ï LECSNE RUE DES lAI &&CLIs 1866

Document

11111111 Il Ili 1111111111111 III! 0000005606566 !r NOTICE SUR Iii PAROISSE

IΠLA

CHAUSSÉE-ST-VICTOR-LÈS-BLOIS.

Ce bourg élevé, riant, pittoresque, coquet même, domi- ne le coteau et forme un des jolis points de vue du paysage grandiose (le la . Il a remplacé un autre village plus ancien, mais sans doute moins agréable, situé au bord du fleuve, sur le terrain et à lentour du cimetière actuel. Une charte (le lan 1169, insérée prnii les preuves (le ll1istoire de Blois, de Bernier (page vj), fait mention expresse de cette localité. Aux termes de cc Litre authen - tique, le comte Thibault V donne, pour le soulagement des moines infirmes de labbaye bénédictine de Saint- Laurner (le Blois, la moitié de la dîme du poisson qui sera pérlié 4 lécluse neuve de Saint . Vicior (I), plus une

(1) Le texte latin, transcrit par Bernier, porte à tort ec- clesie, au lieu declu, qui se lit sur des copies plus fidè- les, notamment dans lhistoire de labbaye de Saint-Latimer (manuscrit de la bibliothèque de Blois f 45). — C) — renie de 50 sous à percevoir sur le revenu des moulins 4 foulon de la même écluse. Quelques restes, encore visi- sibles, dun barrage très ancien, appartenaient peut-être lécluse relatée dans la donation du comte Thibault. Les moulins .\ foulon, établis au même endroit, eurent jadis quelque importance, et donnèrent une certaine ac- livité industrielle à cette commune, aujourdhui purement agricole ; ils existaient au milieu du 14 siècle , car nous les voyons figurer dans une. pièce de notre collection Joursanvault, datée (lu 30 janvier 113 (1). Des actes postérieurs attestent même quils durèrent jusque vers la 1je fin du mais alors on no les employait plus à la fabrication des draps ; leur usage se bornait à la moulure des grains récoltés dans le pays. Longtemps après la disparution de ces primitives usi- nes, La Chaussée continua de posèder une branche avantageuse dexploitation et de commerce, dans les car- rières (lui couvraient une partie de son territoire (2) les qualités do la pierre dure extraite de ce sol siliceux la tirent rechercher pour les monuments publics, entre autres, pour k beau pont de Blois, construit de 1717 à l7îi (3). La paroisse et Féglise reconnaissent pour patron Saint- Victor, autrement dit Videur, évêque du Mans. On trouve celte variante dans les vieux Litres, par exemple, dans un

(1) A. la bibliothèque de Blois. (2) Defe , MinraIogie dc IOr]anais p. l). (3) Ili4oire de Dlos, de MM. Berevin et Dupré. t. 1, p. 410 et 411. acte français de 1276 où il sagit (le la vente dune pièce de vigne assise à Saint - Victeur-lez-Bloys (t). Nos devanciers écrivirent aussi Sain t- Videur-des- Braies, par allusion aux barrages () qui retenaient les moulins cl lis pêcheries (lu vieux Saint-Victor. Un pouillé de lancien diocèse de , dressé au 13e siècle (3), donne à cette même paroisse le nom de Sanctus Victor de brachiis (pour braciis). En 147, le comte (le Blois, Charles dOrléans, fit expédier une charte qui renouvelait, à propos, les droits de labbaye de Saint-Laumer sur deux braies de Saint- Victor ; « doù je conclus (ajoute lannaliste de ta mai- » son), que les dits moulins étaient en entier dans ce » Iemps-]à (4). La célèbre abbaye de Marmoutier-ls-fours ne dut pas rester étrangère à la fondation de cette église ; car, de toute ancienneté, et jusquà la Révolution, labbé exerça le droit de présenter à la cure ; en outre, il était seigneur censier de la paroisse, comme le démontre un gros cahier des déclarations faites au censif de Marmoutier en 1606, pour des héritages situés à Saint-Vielor-lès-Bluis (5). Cette opulente maison et celle non moins riche de Saint-Martin, possédaient beaucoup de domaines ecclé-

(1) Archives départementales (Liasses de ta paroisse). () Glossaire de Du Cange et de Carpentier, y0 flracia. (3) Prolégomènes du Cartulaire de labbaye de Saint-Père deChartres, publié par M. Guérard dans les documents in- édits sur lhistoire de , p. CCCXVI. i. t) IItstore manuscrite, P 66. (3) Archives départementales. -8--- siastiques et féodaux dans cette contrée du Blésois ; cest ainsi que léglise de Saint-Denis -sur -Loire. paroisse li- mitrophe de La Chaussée, appartenait, dès le 9° siècle, au chapitre royal de Saint-Martin de (1). En 4095, un seigneur du pays, sur ]e p01111 de partir pour la première croisade, fit don à Marmoutier dune vigne située à Sant-Victor-lùs-Blois (Charte du prieuré de Villeberfol, aux archives de la Préfecture). Les anciennes populations sétablissaient, de préfé- rence, au bord des fleuves ; il ne faut donc pas sétonner que léglise et le bourg primitifs de Saint-Victor aient oc- cupé la partie du val la plus rapprochée de la Loire, lendroit des braies. La construction de cette église était assignée au règne de Charlemagne : une figure équestre, sculptée au por- tail, passait pour représenter ce monarque ; telle est lopinion de Bernier (p. GO) ; notre historien avait em- prunté ce ,renseignement archéologique aux mémoires manuscrits «André 1élibien sur les maisons royales et, halimenis de Franco, ouvrage précieux, aujourdhui gardé dans la bialiothèi1uc du cluteau de ; la notice très courte sur le bourg de Saint-Victor est accompagnée dun dessin au lavis, représentant les carrières et léglise, telles quon les voyait au 17 0 siècle (fo 113). Le petit mo- nuinent diconographie, indiqué par Bernier et Félibicn, nous a ôté conservé : il semble pouvoir mieux sappli-

() Preuves de Dernier, p. 1 ci ij. Charte de 89, où la pa- roisse de Saint-Denis est désignée sous ]e nom celtique dc f,, -9-

quer à lin seigneur du moyen-âge quà Charlemagne ou à Charles Martel (1) ; le cavalier tient sur le poing un oiseau, symbole accoutumé du goût bien COflflU (le lan- cienne noblesse pour la chasse au vol : ce personnage problématique fut peut-être tout simplement un bienfai- teur de léglise et de la contrée. Lédifice doù sort celte sculpture, avait été bâti en pierre du pays, dans le style Roman ; on le reconstruisit, en partie, sous le règne de François 1e1, comme le démontraient les chiffres et les embléines de ce monarque, gravés eu plusieurs endroits (. Le bourg se groupa naturellement autour de léglise, rentre de protection et de vie religieuse. Sur le sommet (lu coteau sélvait, en même temps, un petit village, ap- pelé La Chaussée. qui dépendait de la paroisse de Saint- Victor ce hameau, en prenant de lextension, a formé te bourg actuel sa désignation spéciale indique peut-être la roule haute de Blois â , (lui le traversait autre- fois. Le savant et regrettable A. Duchatais croyait recon- naître les vestiges dune voie gallo-romaine dans le che- min de Blois à Bcaugency, marqué sur la caute (le Cas- sini et passant à la Chaussée (3). De sou côté, le nouvel historien (lu Berry, M. Raynal a fait observer (I, 4, p. LXX VIE) que, dans cette pro jiuce voisine du Blésois, ûn avait nommé Celccata on Chusse plusieurs localités

(1) Fournier opine pour ce prince guerrier les motifs quil don rie paraissent peu solides. (Essais sur Blois, p. 98). (2) Fi li ijien, notire. déjà citée. :3) Mémoires de la Société archéologique de lOrléanais. 1 P - 10 desservies par de semblables commurikalion cest là une analogie bonne â recueillir. On pourrait aussi ratta- la Chaussée Saint-Victor à une voie romaine dAn- â , récemment signalée dans une statistique archéologique d-et-Loir (). Employé dans le sens ordinaire de grande route, le mot Calceala présente an moins un souvenir mérovingien, puisquil rappelle les fa- meuses chaussées de la reine Brun citant (). Léglise du village culminant nétait dabord quune simple succursale ; elle fut fondée en 1406 par un gé- néreux paroissien ; le comte de Blois approuva ses pieu- ses intentions, et voulut en favoriser laccomplissement les lettres-patentes expédiées à cette fin • méritent dêtre transcrites ici, comme titre authentique et primor- dial tic la fondation (3); elles renferment dailleurs des Mails assez intéressants tic moeurs et (le topographie

ci Loys, (ils du roy de France, duc dOrléans, conte » de Blois et de Beaumont et seigneur de Coucy (4), savoir faisons à tous présens et advenir, nous avoir reccu humble supplication de Jehan Angevine, parois-

» SiCfl (le Saint ViCteursUi-LOii(, jouxte notre ville de Blois, coutenant que, comme léglise parroc.hiale dudit

(I.) Publication de la Sodèté archéologique de c.e départe- ment, p. 189. (2) Histoire des grand chemins de lEmpire par Bergier, p. 601. (3) Archives impériales. Cartulaire de la Chambre des otoptes de Blois. 1, Cèlait I.oui. dOt1ans, fils de Charles V et frère d€ VI. lien de Saint-Victeur soit presque au rez de la (lite » rivière, ei aient tous les paroissiens, ou la plus grande partie, leurs maisons et habitations bing de la dite » église au hault lieu appelé La (haussée Saint- Videur, n et pour ce que la rivière de Loire maintes fois croist si grand que les dits paroissiens demourant à la dite Chaussée ne peuvent venir à léglise ou messe, et no peut le curé aller à eulx porter le corps de Jésus- Christ, à leur besoing, et (lire plusieurs fois moult des » paroissiens sont morts et meurent saris recevoir iii prendre le corps Notre Seigneur et sans parler au curé, ledit suppliant, voyant et considérant ces grn(ls inconvénients, pour remédier et pourveoir au salut des

âmes, UICU de grand devocion, ait fondé à la dite Chaus- sée et ordonné esire faicto une chapelle qui contient » six toises do long et cinq toises de large, tenant à la maison Jehan iiauroux dune part et â la maison Ma- » chulin Prevost dautre part, et au dessus et joignant icelle chapelle, du costé devers la bise , â une place contenant cinq toises de long et cinq toises de large, frappant sur nostre chemin, au-dessous et joignant icelle place, du costé de devers le vent daval, en laquelle chapelle Dieu sera servi, et y reposera le corps Jésus-Christ, du consentement du curé et de lautorité ik levesque, après que levesque ou son » commis aura bénist et dédié à Dieu le lieu cl place de la dicte chapelle, laquelle bénédinion ne se puisse faire saris avoir premièrement de nous nostre congié et li- cence de benistre la due place et faire ce. qui y appar- » tient, si couic dit le dit Angevine ; pourquoy, nou, les - 12 - » choses dessus dites considérées • ci afin que nous soyons participans aux bienfaits, prières et oraisons qui, chaque jour, se feront en la dite chapelle, et pour re- médier à ce que les dits paroissiens de Saint-Victeur- sur-Loire ne trépassent de ce siècle sans avoir leurs sa- » cremens, quand temps et rnestfr (t) sera, considéré » aussi que &est pour le bien public, au dit suppliant avons donné et octroyé, donnons et octroyons de grâce » espècialle, par ces présentes, en tant comme il nous peut touchier, congié et licence de faire benistre la la dicte chapelle et tout ce quil y appartient ; e t la- » quelle, en tant que faire le povons, nous avons et ad- » mortissons, de nostre dicte grace, par ces mesmes pré- » sentes, sans que icelluy suppliant, ses hoirs ou suc- cesseurs, ores ne pour ie temps advenir, soient ou puis- » sent estre contrains à nous paier, ou à nos hoirs et suc- cesseurs, pour ce, aucune finance, laquelle, de notre plus ample grace, nous avons donnée et quittée, don - i nons et quittons au dit suppliant par cos iuesines pré- sentes, etc. Donné en nostre ville de Blois, au mois tic février Fan de grace I406 (4) ; ainsi signé; par Ni. le duc en son conseil. » Comme beaucoup de chapelles rurales , celle-ci fut consacrée en lhonneur de la Sainte-Vierge, patronne ti- tulaire. Bientôt elle reçut le nom des Bouliers, famille de ses principaux donateurs ; et ce nom fit presque ou- blier celui du fondateur Jcau Angevine. Aux termes dun

(l) Bpçolfl. t 1107, nu ,, ea u Je 13 - acte eu latin, du 47 mars 1460 (1), la veuve de No1i Bouiir, marchand à Blois, fondait à perpétuité, dans le nouveau sanctuaire, une messe suivie dun office paricu- lier, désigné par ces mots et post dictam inissam, in- 17oUum écale Marùt Viriinis , vulgariter appellatum mes e seiche (). Indépendamment des deux églises du val et de la Chaussée, un ermitage fut érigé à mi-côte, sous le voca- ble de Notre Darne des Roches ; quelques anachorètes, tic lordre (le Saint-Aubine, qui loccupaient aux 46 0 et 47° siècles, reçurent tics donations, grevées de services religieux ; mais, par laps de temps, il cessa dêtre habi- té ; enfin, un décret (le Mgr de Neuville, évêque de Chartres, du 12 avril 168, autorisa les marguil!icrs de Saint-Victor à démolir ce petit monastère abandonné, ainsi que sa chapelle désormais inutile, et leur permit (lappliquer les revenus de la fondation Supprimée, soit leur marelle de Saint-Victor, soit à la succursale de Notre .Dame de La Chaussée, sous la seule condition de renfermer de murs le terrain du sanctuaire détro i t, et de planter une croix au milieu (3) Cc signe commémoratif dune ancienne consécration a disparu ; et cest à peine si, dans le pays même, on se souvient du nom et de lemplacement de [Votre Daine des Roches. La triste expérience des inondations éloignait tin val

,11 Aretuves de la préfecture. (2) Cette messe incomplète navait ni Offertoire ni Consé- cration. 3 Archives dejeirteinental es. - 1h -

les paroissiens de Saint- Victor et les attirait peu à peu sur le coteau, leur refuge ordinaire contre les giandes crues. La série (les actes authentiques que nous allons rappor- ter, accuse, de leur part, une préférence de plus en plus prononcée pour un site à la fois moins périlleux cl plus salubre. Le bief du 3 juin 157, donné à Blois sous le sccl de iIgr Nicolas de Thon, évêque de Chartres, eu tournée pastorale, autorise les marguilliers de Saint-Victor « à

» faire, à leur commodité, bons 1)011 1 15 et aisance , le » transport de leur église au lieu de La Chaussée, à faire » mettre le saint ciboire et les fonts baptismaux en la

chapelle des Bouliers, et y faire célébrer le divin ser- vice paroissial, jusquà ce que la dite église soit de » nouvel édifiée, si commodément faire su peut, sans » prendre de nos droits ni de ceux de notre archidiacre, et à la charge que la place dc ladite église de saint » Videur ne sera profanée, aiiis demeurera pour la sé- pulture de ceux qui voudront y itre inhumés, et que, les jours de saint Videur , il sy fera, tous les ans, » procession solennelle où serontdites 1)rtères pour nous et » nos successeurs, pour la bonne manutention de létat public et pour lextirpation des vices cl hérésies» (1). Un des principaux motifs exprimés dans le préambule de cette ordonnance, était que, dans lhiver, ou ne pou- vait approcher (le léglise, à cause des grandes eaux. Ainsi, dès lannée 1575, on eut la pensée de démolir léglise du val et (le transférer loffice paroissial dans la

t) Archives départementales. - 15 -

chapelle de La Chaussée Toutefois, ce projet opportun ne ruent son Dlein accomplissement que deux siècles après. Par un autre acte, du août 1663, Mgr Ferdinand de Ncuville, évêque de Chartres, permit aux curés et mar- guilliers e de faire agrandir de deux ou trois toises la dite chapelle des Bouliers, qui était trop petite pour contenir les paroissiens ,» et commit M. Boiffard, curé de Vienue-lès-Blois, pour bénir la première pierre de cette nouvelle construction. La cérémonie eut lieu, le 21 décembre 1665, suivant un procès-verbal où il est dit que la chapelle neuve continuera davoir la sainteVierge pour patronne , sans préjudice du culte de Saint-Victor. Lé- difice fut agrandi de trois toises, du côté de lautel. Plus tard, les habitants présentèrent une requête pour être autorisés à laugmenter encore tic trois toises, à lautre bout, (du côté de la porte) ; cc qui leur fut accordé par un bref de Mgr de Bertier, premier évêque de Blois, du 5 mai 1700, c à condition dy employer seulement les 500 livres quils avaient en caisse, sans toucher aux » fonds ni aux revenus courants. a Cette clause, de bon- ne et sage administration, annonce lordre parfait qui ré- gnait dans les finances de la fabrique. Ces accroissements nécessaires eurent lieu, grâce aux actives démarches et aux sacrifices personnels du curé Moue, qui fut aussi lun des plus généreux bienfaiteurs de notre hopital de - lès-Blois. (1) En considération de lisolement qui exposait léglise au

(1) Voir les archives de cette maison, et llIsoire de Blois, de MM. Bergevin et Dupré t. , p. 499. - 16 - danger des vols sacrilèges, un archidiacre de Blois permit de transférer les saintes huiles et le saint sacrement à Chaussée (I). Cette mesure de précaution prouve que, déjà en 1675, date de la visite et de (ordonnance de larchidiacre, Léglise du val se trouvait reléguée loin des habitations. Les registres (le la paroisse, conservés au greffe du tribunal de ibis, attestent dailleurs quà la même époque, les baptêmes et les mariages se célébraient rarement dans cette église trop écartée, et quils se fai- saient plutôt à La Chaussée, dans la chapelle de Noire Darne. Le vieux Saint-Vcior ne servait plus guères quaux sépultures. Léglise du val, basse, humide et malsaine , (luit par être complètement déaissée ; on liii refusa même les réparations indispensables. Elle était démolie eu 1790, tandis que la cliap€l)e de Notre - Darne, agrandie et transformée, devenait le siège de la paroisse, de droit, comme elle létait déjà par le fait. Le curé Chabault fut linstigateur zélé de cette reconstruction, et put la voir- terminer, avant les graves évéoeme.nts qui léloignèrent du pays natal. Ce prêtre estimable fut un des députés du clergé blésois à lAssemldée constituante ; mais bientôt, le refus de serment et les progrès de la révolution lobligé- ient déutigrer cri Suisse, où il mourut sans revoir sa chère paroisse. Sou portrait, peint daprès nature, existe au presbytère actuel ; on la representé avec sa médaille de député. Le nouveau temple, (euvre hâtive et médiocre , était

1) Acte du inai 1ti75 Archives départeiueuta1e). - 17 - devenu insuffisant pour la population. En 18522, on la rebâti et voùlé dans un meilleur goût, en ajoutant un bas- côté au en 1861, une abside a complété le choeur auquel cet appendice manquait. Un autel en pier re, (le forme romane, a remplacé la boiserie néogrecque prove- nant de léglise des Minimes de Blois. Les vitraux de labside, peints en médaillons par M.Yvonnet, de , retracent naïvement la légende du saint patron. Les fené- ires (ILS bas-côtés sont garnies de grisailles, dun bon effet. Deux vitraux plus brillants ornent les chapelles latérales (le la Sainte-Vierge et de saint Victor ; Marie, la Cille dcs rois de .tula, est habillée en reine de France, et couronnée dun diadème fleurdelvsé ; elle tient aussi à la main une fleur (le lys de Majesté. Saint Victor porte le costume des évêques du moyen-âge. Les tons de ces peintures pourraient être moins crus mais le temps corrigera ce défaut (roi) ordinaire des vitraux modernes. La mais&n da Dieu, fréquentée par un population as- sidue aux offices, a reçu et continue de recevoir, â lin- térieur, (IOS embellissements considérables grâce au zèle Je M. le curé Paily et à la générosité des fidèles, peu déglises de campagne sont aussi bien ornées. Les documents, déposés aux archives de la Préfecture, attestent limportance du patrimoine de lancienne ise. Dix fortes liasses renferment les liftes des biens fonds et des rentes qui appartenaient soit â la fabrique, appelée Grande Marelle, soit aux différentes confréries le nom- bre de ces pieuses associations était remarquable ; jen ai compté jusquà huit, (]ont voici les vocables, avec la date les plus anciens titres de chacune delles : 156(), - 18 - confrérie 41e Notre Darne. - 157, Boîte des Trépassés. - 469, confrérie de Saint- Jlichel. - 4651, de Saint Sébastien. - 166!t, de Saint-Jacques. - 4664, de Saint- Vieteur.-4GQS, de la Charité. - 4680, du Saint Sacrement. On sétonnera moins de ces témoignages multipliés dhal)itudcs profondément chrétiennes, quand on saura quel trésor de faveurs spirituelles possédait lhumble sanctuaire de Saint-Victor. Il nous reste â traiter ce pieux sujet, qui intéresse également la religion et lhistoire locale. Vers le milieu du 9 siècle, nous dit Ufl des derniers hagiographes de Saint-Victor ou Videur (1), les fidèles du diocèse du Mans, pour soustraire les reliques de leur bienheureux évêque à la fureur des Normands, les apportèrent au château de Blois. Quelque temps après elles furent déposées dans labbaye de Bourgmoyen de la môme ville, doù elles passèrent ensuite à léglise de Saint-Vic.tor. La leçon du Bréviaire de Blois (5 septem- bre) fixe la date de leur translation à lannée 4379, et désigne labbé Ilervé comme avant présidé à la cérémonie. Ces reliques, et dautres ci-après marquées, devinrent, dans notre pays, lobjet dun culte public, établi de temps iminèmorial. Une pièce inédite de la collection Joursan- xauti (-2) fait foi de lancienneté de cette dévotion aux corps saints dune paroisse privilégiée. Lintérèt (les di-

(1) Labbé Vosiri. Vie do saint Julien, premier évue du Mans, et de ses successeurs, p. 277 et histoire de saint Calais, p. 149. (2) Bi1lioth"qne communale de Blois. - 19 - vers renseignements quelle contient mengage a la trans- crire in exLenso Charles, duc lOrléans et de Valois, comte de Blois » et de Beaumont (I) et seigneur de Coucy et (lAsti (e), au maitre des eaux et foresis (le flOStre comté de Blois o ou à son lieutenant, salut Reccu avons humble sup- » plicacion des paroissiens et habitants de la paroisse (le

N monsieur sainci Videur prés nostre ville de Blois, » contenant que, comme par les grans inondacions o deaucs cl de glaces qui, depuis les guerres, ont esté en la rivière de Loire., les turcies et défenses de la » dicte rivière estans en la dicte paroisse de Saint- , Victeur au dessus et au dessonbs de nos pescheries et brayes (lu dia lieu dc Saint-Videur sont descheutes ci N ru ynées en plusieurs lieux , tellement que se brief nY » est pourveu, la riviire est en voie tic gaigner et détruire léglise de Saint-Victeur et toutes les maisons » et labourages du tlict lieu ; et par ce aussi nos dictes pesclieries et brayes demoureroient inutiles, car leaue qui habonde en icelles sen iroit par les champs, ce qui fcroit excessif dommage é nous et â la chose lu- o hiiquc ; lesquelles turcies et deffenses les dicts supplians, obstans les dictes guerres, logements et résidences de » gens darmes qui oui esté en nostre dict comté de. JIlois, et les autres charges et effects inikurnérables quils ont eues à supporter, ils nont peu sous[cnir ni

(1) Sur Ois. () En Piémont. (Le prince tenait cuttu seigncrie (PAsj de sa nire Valentine ile Milan.) - - o réparer, ainsy que besoing en est, ni encore ne le » pourvoient sans avoir aide et secours ; en nous requé- rant humblemenL (lite, pour leur aider à cc faire et réparer, et résister aux inconvénients dessus dicts, il nous plaise leur donner la despoille , suppose et tonlure de deux arpensde nos bois pris en nostre forest de Blois, et que, sans gram quantité de bois et (le

D pau, ils ne pourvoient icelles turcies réparer ; pour- » quoy nous, inclinant à la requcste des dicis supplians,

L voulant de tout rostre pouvoir résister aux inconvé- nients qui, par défaut de réparer et mettre à poinci les dictes turcies, se Ijourroient ensuivre, vu le dom- mage et perte qui à nous et à la chose publique en » pourroit arriver, et aussi pour la singulière dévocion que avons au glorieux corps sainct de monsieur semeZ Videur et au! es corps saincis qui en son église repo- sent ; voulant, de nostre ulici pouvoir, la dicte église observer et garder de péril et iuconvénivnt ; à iceuix » supplians avons donné et donnons, de grâce spéiaIe, par ces présentes, la tonture, suppost et despoille de » deux arpents de nos bois, à les prendre par cuiz ou leur cômandement en nostre forest de Blois, au lieu » moins domaigeable pour nous, et plus aisé et prouffita- » bic pour eulx, et à les employer à faire les réparations et soustenernent des dictes turcies et défenses dicelles, » et non ailleurs si vous mandons et comandons par ces

s présentes que, aux dicis suppliants, ou à leur certain comandement, vous délivriez ou fassiez délivrer (Il » notre dicte foresi (le Blois, au lieu (lessusdiet, la ion- » turc, suppost et despoille des diets deux arpcies de bois, - 21 -

et les leur laissiez exploirter, prendre et enlever, sans leur donner ne sonlirir et faire donner aucun » etnpescliement au contraire, poirveu (jUC le dia bois so i t emploié ès réparacions dessusdictcs et non ailleurs, comme dici est, cl par rapportant ces présentes et » recognoissances souffisantes des diets habitans davoir » ou le diet bois pour la dicte cause, vous soyez et tic- muriez quictes et ileschargés dicculx deux arpents (le bois, et quils soient alloués en vos comptes par nos » amez et feaulx gens de nos dicts comptes ; auxquels nous mandons que ainsv le Sucent sans difficulté, no- II()l)stant lordonnance par nous faicte de non donner aucune chose de nostre domaine, et quelconques au- tres ordonnances, rserracions, mandemens ou défen- ses i cc contraires. Donné en nostie chastel de Blois, » le 26a jour de in», lan de grâce l!O. Par mon- seigneur le due, le hastard de Vertus ; vous, garde dus » sceaulx, Jelian de Saveuses, et autres présents. Cette concession pieuse et bienfaisante était due au célèbre poète Charles dOrléans, fils de Lotus, duc «Or- Ièans, et de \T uleri[ine de Milan, et père du roi Louis XII. Lv même prince octroya, en 14.7, aux religieux béné- dictins de Saint-Laumer, une charte, û leffet de leur c.onhirmer les droits dont ils jouissaient, comme nous

»OIIS (lit, sur le produit des deux braies de Saint. Vicior (hktoire manuscrite de labbaye, f 66verso). Le cartu- laire LIC la même maison (aux archives de la Préfecture) nous apprend (lie les comtes de Blois affermaient ces deux braies , et que les iligieii x recevaient le cinquième du formage (t. I. p, 15J). Ce partage de revenus est rap-

fà - - pelé, comme déjà ancien, dans une charte dc 118 (Ibi- dem, p. 63), et dans une autre de I 3t7 (p. 30). Nous pouvons produire maintenant un extrait de lor- donnance du roi Charles VU, datée de , premier juillet 143, au sujet dune contestation qui sétait élevée entre le curé et les marguilliers « Sur cc que â eux, com- me marguilliers, apparlienne davoir la garde des reli - qnes dicelle église et davoir les clefs du lieu où elles » sont mises pour les garder, et aussi leur appartient » davoir la moitié de toutes les oblations quon offre » aux dites reliques, ayant aussi droit et accoutumé davoir et prendre par chacun an, pour cl au profit (le la fabrique de ladite église, trois deniers tournois sur chaque chef dhostel (1) demeurant en la paroisse de » Saint-Victor, sur cinq deniers (le droitures () que » chacun chef dliostel doit par chacun an au jour de Paques, elle curé a et prend le résidu qui est de deux deniers seulement..... Le Roi autorise, en consé- » quence, les marguilliers â faire citer en justice le sieur Jean Fournier, soi-disant curé de la dite église » de Saint }ietor. » (3) Ces textes ajoutent au prestige des tradi lions religieuses Fautorité dactes solennels, émanés dun roi de France et dun prince ile sang, tous deux bien capables , par leurs propres lumières de discerner la vérité du men- songe.

1) Chef de maison, de ménage. (2) Redevances. (3) Copie surpapier, faite au XVIP siècle. (Collection de pices appartenant i la bibliothèque de Blois.)

de -

En 1562 ou 158 (les dates ne sont pas bien précises), à lapproche (les huguenots qui dévastaient le pays, les reliques furent portées à Blois, et y demeurôreot cachées jusquen 1585, année où elles furent rétablies dans lé- glise de Saint-Virtor, le 29 juin, jour de Saint-Pierre. En mémoire de ce retour, on institua une nouvelle fète de translation , avec procession extérieure ; cette solen- nité fut fixée au premier dimanche après la Saint Pierre. La fétu spéciale do saint Victor, patron de la paroisse, continua détro célébrée le 4 ou le 5 septembre, jour présumé de sa mort (I). En 1(370, Mgr de Neuville, évéque de Chartres, vint, pendant une tournée pastorale, vénérer les reliques de la Chaussée, et en même temps, il autorisa la réparation des châsses. Le 2 mai 1675, larchidiacre do Blois, ïisitant cette paroisse, par Pordre du même prélat, permit de restaurer la châsse du chef (le saint Vrsin. (lui était de laiton, et le reliquaire du bras de saint Victeur, qui était de cuivre et rompu en » plusieurs endroits. » ( 4

(I) Bréviaire do Blois, 5 septembre. Le nouveau propre du diocèse, joint au bréviaire romain, en 1852, assigne u cette commémoration la date du 4 septembre. Danciens calen- driers la plaçaient au 1". (Baillet, vies des saints) Le martyrologe de labbaye de Pont-Levoy, nianuscrit.du xii siècle (à la Bibliothèque de Blois), fait mention expresse de saint Victor, évêque du Mans, sous le dit jour 1" sep- tembre. () Titre des archives départementales. - Baillet fait mention de ces mêmes reliques, dans la topographie du bré- viaire de publie en p. 161. —

Le bréviaire de ibis, promulqué en 17U, confirma Iautlienlicitô et le culte les reliques, par ce Passage précis dune leçon trop abrégée : « Est propé Ble- sas, Victorii nomine dicata antiquitùs, parochialis ce. clesia, ubi magrio populi concursu collEur, unâ cum sanctis Ursino cl Froniculo, quorum celebris esi in iii0 pago memoria . » Dans le siècle dernier, le bon et pieux Stanislas, (,x- roi de Pologne, retiré à 1biambord (de 175 à 1731), traversa plusieurs fois la Loire, pour venir sugencuilhc et prier devant nos saintes reliques. Malgré tant de témoignages de confiance, la dévotion populaire allait bientôt recevoir HU coup inattendu et violent dune main sacrée qui sembla i t plutôt faite la protéger et la bénir. Mgr de Tliéinines évôque de Blois, cédant aux préjugés philosophiques et jansénistes de lépoque. crut devoir soustraire les châsses â la véuô - ration publique, et les relégua dans un coin obscur lu clocher. Cet acte (lautorité fut blâmé généralement et blessa surtout au vif les habitants tic La Chaussée. Le mécontentement produit par limprudence du piélat novateur ne fut pas étranger ii. lélectioii de M. Cliabauli curé de la paroisse, nominé, quelques années après, lun des députés du bailliage de Blois aux Etuts généraux de 1780 (1) . Monseigneur de Thèmines sétait porté candidat ; mais son anta goniste, que favorisaient les cii- constances, obtint aisément le dessus; le clergé tout en-

(1) histoire de Blois, (le MM. Bergeviti ci Dupré, t. 117 et15. 25 - Lier, daccord sur ce point arec la population exaspérée, protesta ainsi contre linjure faite à (les croyan(es cl à des pratiques respectables. Du reste, ce fut peut-être un bonheur pour les châsses de se trouver déjà proscrites avant 1793 ; si clies eus- sent conservé jusqualors leur place apparente, elles au- raient dllicilement èhappÔ aux iconoclastes révolution- naires. Quelques pieux paroissiens, pour assurer la pré- servation des reliques, allèrent secrètement les tirer kle leurs boîtes, et les cachèrent avec soin ; depuis, elles se sont retrouvées intactes. A la demande des habitants, Mgr Bernier , premier évêque dOrléans et de Blois depuis le Concordat, sempressa de réhabiliter et de réta- blir une dévotion chère aux coeurs chrétiens. Cette réinté- graton désirée eut lieu cri lSO, à la suite dune enqué. te sérieuse et (lune vérification canonique, auxquelles procéda M. Gallois, curé de Saint-Louis (le Blois, avec lassentiment du cardinal Caprara, légat du suint siège en France I). Les châsses, au nombre (le Six, renferment les restes de saint Vicier, évêque du iiaiis, patron (le la paroisse, de saint Victor (le , de saint Ursin, évér1ué de Bourges, de saint Fron, mart y r, de sainte Cornél ie ou Corneille, vierge martyre. 01) garde aussi quelques frag- inents de saint Jacques-le-Majeur , apôtre , de saint Nicolas, évêque de Mvre, de saint Biaise, évêque de Sébaste. Un reliquaire de cuivre doré, en forme de bras,

(fl Ces actes aut]lct)tR1ues existent aux arel,ives du presbytère de la Chaus éc. - - coni!enl un os du bras tic saint Victor ; un buste dév- (lue, du nième rnêWl, rtliausse deux portions notables du chef de saint Ursiit Le premier de ces reliquaires semble appartenir à la fin du mo yen-âge, le second est du XV1I siècle; tous cieux furent travaillés avec art.Les châsses sont en bois peint, et sculptées sur leurs côtés ; les légendes des saints dont elles gardent les restes vénérés, avaient fourni les sujets de ces bas-reliefs , les figures sont cm- preintes dune expression toute religieuse. La châsse prin - cipale, consacrée au patron tic la paroisse, résume en huit pages ; pleines de merveilleux, les principaux traits tfe sa vie érémitique ou épiscopale ; on le voit dabord, au fond de sa cellule, étudier la Bible, puis, dans une teinpète, sauver du naufrage un marinier que le démon avait jeté à la Loire en furie ; subir ensuite, plutôt quacccpter, les honneurs périlleux de lépiscopal, mais, peu de temps après, abdiquer cette charge redoutable aux anges mé- , quitter le siège du Mans, et revenir avec bonheur dans sa chère solitude, pour sy préparer â la mort, enfin rendre à Dieu son âme pure, que deux anges emportent au ciel : le dernier tableau nous fait assister â ses funé- railles. Un office de Saint-Victor, composé pour son église Blésoise et pour sa fête locale (manuscrit réccin- ifieril exhumé des archives de la Préfecture), confirme les traditions hagiographiques, perpétuées dans ces naïves sculptures, non moins anciennes que le manuscrit lui- même. Ce document est venu révéler des faits ignorés, qui seraient de nature â rectifier sur certains points les données historiques Un saint Victor, différent de ceux

(lue lon connaissait jusquici, nous apparaît, et soffre - -

distinctement à notre vénération ce serait un nouveau personnage à intercaler dans la série tronquée des pre- miers pontifes du Mans (1). Ces graves motifs nous dé- terminent à publier, sous forme dappendice, le texte ori- ginal dun opuscule édifiant et curieux. En 1854, on a restauré, au moyen dune souscription paroissiale, les peintures que le temps avait altérées. Ce travail dart chrétien a été accompli avec intelligence par M. Yvonnet, lhabile .imagier du diocèse de Poitiers. A cette occasion, une femme de mérite, Mad. A. Dilarbe- , paroissienne de La Chaussée, publiait, dans un jour- nal de Blois , la description des châsses remises à neuf (2) ; nous détachons volontiers les passages les plus instructifs de ce morceau élégant et sérieux à la fois Quatre dentre elles sont vraiment remarquables, et offrent un ty pe, les deux premières, de lart au XI siècle (3), les deux dernières, de lart au XVIP siècle. Les châsses de saint Victor, évêque du Mans, et de saint Victor, martyr, sont des édifices (maisons du

(1) Rapport sur les archives de Loir-et-Cher, adressé au préfet par M. de Martonne, archiviste, année 1861, p. xxvij et xxviij. - Une notice de M. Nandin, secrétaire général de la préfecture imprimée en 1863 sans nom dauteur), a mis en relief cette nouvelle découverte, et a reconstitué par- faitement la légende un peu oubliée de notre saint Victor. (2) France centrale du 6 juillet 1851. (3) Cest trop les vieillir; elles procèdent plutôt du XV siècle, à en juger pr certains détails de moeurs, de costu- me et dameublement; à notre avis, elles sont contein po- raines de loffice manuscrit qui leur sert de livret., pour ainsi (lire. - -

Seigneur, maisons de repos et de prière), aux 101Es aigus, revétus dor, dc brillantes couleurs et den - irelacs ingénieux formant le cfiilîre des saints ; les mu- railles, décorées darcs en plein cintre, offrent sur leurs parois, lune, la légende de saint Victor, lautre, les images de huit apôtres, avec les attributs sYmboliques » (lue leur donne la tradition ; les sculptures, de bois en relief, grossières, si len veut, sous le rapport de la forme, sont pleines dexpression et de vie. Lai liste » inconnu qui composa ces scènes légendaires, qui sculpta ces figures de saints, leur a donné son âme croyante et naïve et avec lui, lon comprend et lon partage l pieuse attention de saint Victor encore moine, tant sur la loi de Dieu, dont le livre CSL ouvert sur sou » pupitre ; lliuuibhc et douloureuse résignation avec la - » quelle il se laisse sacrer évêque, les regrets et les Jar - i mes de ses prêtres lorsquil est étendu sur son lit de » mort, et que lun pose la nain sur son coeur, comme » pour sassurer que le crur du père et lu pasteur rie » bat plus pour eux. Les deux châsses du XVII » siècle, celles de saint Théodule cl de sainte Cornélic, sont des saccodrages aux ferrites élégantes et pures, mais fret- (les, (le lart antique. Des tètes danges aux ailes (le » bronze, eu manière de cariatides, aux quatre angles de la châsse, des médaillons ornés de fleurs dun grand fini, mais fleurs (le boudoir ou (le sa Ion, indi- quent bien le style de la Renaissance. Ci-st la forme, » cest ta matière charmant les regards. niais nalIant pas plus avant, iinpuissnlc â inspirer une pensée de » foi, un sentiment de piété, impuissante sur lesprit et - 9 -

sur le coeur. EL voilà comment les tendances dune épo- » que se révèlent dans ses moindres productions ; voilà comment aussi la plus modeste église ik sillage peut r offrir de Finlérèt à lol.servateur intelligent et instruit, et ranimer la foi du pèlerin catholique (1). On voit que ces oljes de piété publique sont en même temps de. ouvrages dart fort appréciés. Pour fêter dignement leur rénovation heureuse, Mgr Pallu du Parc, évêque de Blois, vint officier, au bourg dû a Chaussée, le dimanche 9 juillet 18. Le vénérable pontife, revêtu de ses ornements, mître en tête, a suivi la longue cL majestueuse procession des châsses ; sa pré- sence ajoutait à léclat dune sokunité imposante (2). Depuis une vingtaine dannées, le culte des ces reli- ques a repris une nouvelle faveur, par les soins (le M. le curé Paily, excellent pasteur, tout dévoué au bien de ses ouailles. Le pèlerinage aux corps sqznts de la paroisse saccomplit aussi avec plus de pompe et tic recueille- ment, le deuxième dimanche dc juillet, jour anniversaire dune ancienne translation. Le cortège édifiant offre une physionomie particulière, qui reporte la pensée aux gran-

(1) La notice de M. Naudin explique, avec plus de dé- tails, à laide de loffice manuscrit, les scènes de la légende do saint Victor, représentées sur sa châsse. (Note de p. 30 et suiv.) (2) Voir dans le journal déjà cité, n du 16 juillet 1854, un gracieux compte-rendu de cette bulle fète il porte la même signature de femme quo le charmant article sur les ehèsses. - 30 - tics manifestations religieuses du moyen-âge. Comme dans beaucoup (le localités, la fête chrétienne est suivie «une kermesse quon appelle assemblée. Les plaisirs profanes du soir succèdent, sans trop de disparate, aux pieuses émotions de la matinée (f). Des fouilles, pratiquées dans le cimetière, ont mis au jour les fondations et le périmètre de lancienne église du val. M. Naudin, savant modeste et conscienceux, a con- signé ces trouvailles dans sa courte mais substantielle notice sur Saint-Victor, publiée en 1863 (p. 2i et suiv); après avoir reconnu, dans les ruines quil explorait, la forme dun monument darchitecture Romane d trois absides, lhonorab l e auteur ajoute : t Un reste précieux

b de cette antique église nous a été conservé. On voit encore, au milieu de lhémicy cle de labside ceiilrale, » un massif de maçonnerie élevé à la hauteur de lancien dallage, sur lequel, suivant toutes les probabilités, que confirment les souvenirs (les anciens du pays, était construit le principal autel ; des recherches attentives o viennent de faire découvrir dans cc massif, et noyé dans la maçonnerie, un tombeau formé de deux mor- ceaux de pierre tendre, creusés et superposés. Il était vicie, sans inscription et sans ornements ; mais la place » quil occupait ne permet pas de douter quil nait

(1) Plusieurs foi. •ai rappeté cet anniversaire, dans le

JølOfl(1 Je Loir-et-Cher. Voir, par exemple, un article du 8 juillet 1864, où je retrace en détail laspect caractéristique du cortège et les impressions diverses lune journée t"ur-a- tour grave et frivole, recueillie et joyeuse. - 31 -

i contenu jadis de saintes reliques ; et à qui ces reliques i ont-elles pu appartenir, si ce nest â saint Victor lui- » même, le patron du pays, le créateur du village, quon » sait avec certitude être mort et avoir été inhumé dans le vallon quil avait aimé (le SOfl vivant, à saint Victor, » en lhonneur duquel a été élevée léglise où se trouve » le tombeau ? Personne nignore, en effet, quon nin- » humait dans les confessions, sous les autels, que les » corps des saints martyrs ou confesseurs, et que lau- » torisation dériger un autel sur la sépulture dun dé- funt a toujours été pour ce défunt une déclaration tic sainteté. Cette découverte a été mise à profit. Une petite dia- pelle, dun style convenable, vient dêtre bâtie sur les ruines du tombeau de Saint-Vic[or,heureusement retrou- vé; on a incrusté dans le fronton le bas-relief qui figurait au portail de lancienne église (1). En outre, M. Jules Laurand de Blois, amateur aussi habile que désintercssé, a voulu embellir le nouveau sanctuaire de vitraux histo- riés, où la pieuse légende du saint patron est interprétée avec bonheur ici, comme à Blois (dans notre vieille basilique de Saint -Laumer-Saint-Nicolas), la foi et la piété ont heureusement inspiré le laient dun artiste béné- vole. Le tombeau lui-même est redevenu lobjet dun culte public. La procession annuelle des châsses y fait une

(1) M. de ht Saussaye, notre savane archklogtie, avait re- cueilli ce précieux reste; il en a fait don à la paroisse. - 3 - station, accompagne de chants sacrés et de pieux liom- mages ; nec desuni flores ; les fidèles couvrent la pierre sépulcrale de baisers, de chapelets et (le fleurs, témoi- gnages expansifs dune sincère confiance, que le scepti- cisme moderne ne saurait atteindre. ADDENDA

Deux pièces justificalives sur les anciens moulins foulon des !Jraies de Saint-Victor. (Voir Supr, p. 5 et L)

o Charte de 4169, par laquelle Thibauli V, comte de Blois, donna aux moines inflrmcs tic Saiiit-Lanmer la dîme du poisson de sa cuisine et la moitié de la dîme de celui qui serait pêcliù à lécluse neuve de Saint-Victor (histoire manuscrite de cette abbaye) « Ego Theobalilus, cornes Blesis et Franeiœ sencsclIu Notum facimus o[nnibus proesentibus lariter et futuris, » quùd, pro arnore I)ui et pro remedio aninuc felicis luenlorim Tlieobaldi comitis, patris moi, dcli in purani eleernoynanï, et jure perpetuo hahendam concessi motiacliis infirinis sancti Launornari decimaincoquina, mea Blesensis c medietateai lecima pisciulli excltisze nova , quai est apud sarictum Victorem, et juinquaginta soliilos Bteensis flionetai de » reditu, percipiendus singulis annis, mense manu, in nio- lendinis fullonaniis ejusdern exciuse , per manus illorum qui cosilem molendinos tonebunt. Actum B!esis, anno n Inearnati Verbi 1169 . Datum 1er rnanuiii i1iilili cancel- larii.

3 2° Quittance (Fun Ù compte sur la rente ci-dessus, en 4!t38 (Pièce ri0 1265 des archives Joursanvauli). Je frère Jehan Belot, infirmier de léglise monsieur sainci Lomei de Blois, confesse avoir eu et reçeu de Pierre » Tailebois, receveur général du domaine de la conté de » Blois, par la main de frère Jelian Yrole, prevost de la dicte abbaye, la de vint cinq soiz tournois, en déduction de cinquante soiz tournois n ue jay droit de prendre et avoir » chascun an au mois de mars sur les moulins fouleretz de sainci Vieteur, du (Ion du conte Thibault, par tilire dicel-

» lui, donné lan 1169. De laquelle somme dede vint Cifl solz » en déduction, comme diet est, pour le (larrenler terme finissant au mois de mars darrenièrernent passé. je me lient » à bien palti et content, et en quicte le dic.t receveur et LOUZ » autres à qui quictance en puet appartenir ; tesmoing mon » seing manuel cv mis, le premier (le may lan mil quatre cens trente et huiet. Belot (signature autographe). APPENDICE

OFFICE DE SAINT-VICTOR

(Manuscrit des Archives départeinenta 1e).

Comme nous lavons déjà remarqué, ce document iné- dit offre un double intérêt : dabord, il sapplique à un saint Victor, différent des Lieux autres évêques du IIans connus sous le même nom ; ni M. labbé Voisin, lauteur ingénieux de la Ve de SainiJulien et de ses successeurs. ni M. Ilauréau, le laborieux continuateur de la Gallit Christiand, ni le savant bénédictin de Solesmes, dom Piollin, dernier historiographe de léglise du Mans, nont pu distinguer ce personnage légendaire, dont notre ma nuscrit seul a révélé, depuis dix ans à peine, lexistence et les principaux actes. Des inductions chronologiques, des rapprochements i:le faits et (le dates, nous autorisent à le placer, sinon avec certitude, du moins avec probabi. lité, entre saint Principe et saint Innocent, de 525 à 53f ou 53 telle était aussi la conclusion de M. Nau- din, appu yée (les plus solides recherches nous adoptons - 36 - avec confiance les résultats acquis dune érudition judi- cieuse et stirc (1). Le nouveau saint V ictor , caché à nos devanciers, comblera, clans les fastes de léglise du Mans, une lacune qui avait été signalée, mais non remplie. Nous pouvons à lion droit le qualifier saint Victor de Blois ; car il a vécu tout près de notre chère ville : lui-môme avait choisi sa retraite sur les rives de la Loire ; il a laissé providen- tiellement son corps, sa mémoire, son culte et son iiom à la paroisse quil avait fondée. Ce bienfaiteur (le la con- Irée nous appartient spécialement, tandis que ses deux homonymes sont étrangers à notre pays. En second lieu, les divers épisodes de sa légende, écrite, ou plutôt re- nouvelée, au XVe siècle, interprètent les sculptures do la ehàssc qui renferme les ossements vénérés dun saint tout à fait local : auparavant, on ne saisissait pas bien leur vrai sens ; on avait perdu la clef des particularités hagiographiques, des allusions ou des allégories, naïve- ment gravées sur le bois du reliquaire ; ces pages dico- norapliie chrétienne demeuraient, pour ainsi dire, leurc morte, à défaut dun commentaire sérieux ; les vies tron- quées (les deux Victor ou Videur, portés aux anciens catalogues des pontifes du Mans, ne fournissaient, à cet égard, aucune donnée satisfaisante ; elles dérouta Plutôt quelles néclairaient les curieux ; il y avait évi -

(I) Notice déjà citée, p. 11 et 22 Voir aussi lino Disser- sertation manuscrite du mémo auteur sur les origineS do léglise tu Mans cc vaste et profond travail de haute cri- tique mériterait bien do voir le jour. - 37

demrnent confusion dindividualités. Notre lectionnairo élucide et résout jusquà un certain point le problème qui embarrassait les érudits ; de plus, il offre à ltLude et à la méditation un monument caractéristique de la litté- rature légendaire du moyen-âge ; lus idées et le style de ce morceau dliagiographie Blésoise présentent bien le cachet le lépoque ; les pieuses croyances de nos pères sy reflètent, comme dans un miroir fidèle. Pour faciliter lintelligence dun texte parfois obscur, nous y ajouterons la ponctuation qui manquait , et nous taccompagnerons de quelques notes ; quant à le traduire, ce serait vraiment dommage ; la valeur, lonc- tion et le charme de ces sortes décrits résident surtout dans une latinité originale ; nous renonçons à la tâche ingrate de torturer en mauvais français un document sui generis; il faut lui conserver sa forme et sa langue primitives, sous peine de le dénaturer ; ce serait le cas plus que ja- mais dappliquer le proverbe italien : tradutiore iradi - tore. Dailleurs, les hommes instruits, auxquels sadresse notre brève publication, peuvent se passer dun pareil secours. Sur la couverture du précieux cahier, on lit dabord, en écriture minuscule du XV siècle (difficile à déchif- frer), lextrait suivant dun historien oublié du moyen- âge

Ex liistoriâ Guidonis (1), parte priinà, capitulo septingenlo_ sinio, ubi du nomine Victoris agitur

(J) Serait-ce flernard Guidon is, savan d.juiinicaiu, v:ie de Lodève (au XV siècle), auteur dune histoire ou - 38 -

• . Dicitur cnim ibidem quùd duo fuerunt nuncupali hoc nomine Vidons, nobiles siquidem gencre, sed fide nohiliores, quorum unus, temporibus Diocletiani et NI axiniini irnperatorutfl, diversis tormentis martyrium consummavît !) ; alius verô, in parte apud Cenornanensem patniain, vità goriosâ claruit hujus pater miles Theobai.Ius, JoI]anna veré mater nuncupata est (e) . Qui, eùm juvenis totuni mundum conternpsit, velut alici Johanncs, honiinuin loquclas fugiens, hcrcmuiii concu- pivit : und, spinitu Dci insiigatus, patriain, duitium parentes- que reliquit, et infrà Blesense castrum oraturium (3) cons- truxil, ubi, devoté Deo serviens, maximis miraculis claruit quapropter , famd ubique ejus ditîusâ, Alano Cenonianensi episcopo morluo (!) , divinà voluntate in pontificium clectus loci, sublimatus est, nobileiii servitulem exhibons.

Cc préambule nous introduil au texte dun office de

nique générale, dun sanctorale et dautres ouvrages men- tion nés dans la Bibiiotheca enliais Pradicat.orum de Quétif et Echard (t. 1, p. 577 etsuiv.) ?Je nose vraiment laffirmer ni le nier. Je sais, du moins, que le passage cité nest pas extrait du sanctorale de Bernard Guidouis, dont jai consulté les manuscrits, à la Bibliethèquc impériale de Paris. (1) Cest saint Vicier, de Marseille, qui sourit le martyre en K). () Cette indication précise da père et de la mère de notre saint Victor ne se retrouve nulle part ailleurs. (3) Loratoire ou ermitage de Saint-Victor fat le berceau du bourg primitif. (1) Cet Âkrin nest peint marqué non plus dans les cata- logues des évêques du Mans: probablement il ne fit, comme Victoi lui-même, que passer sur le siége épiscopal. - 39 - matines, divisa en neuf leçons, suivant lusage liturgi- que 11C incipit vila sancti Victoris. Lectio prima. Dominus Jhesus Christus, cujus providentia in suâ dispo- sitione non fallitur, nunquàin terri genis patrocinari desistens, à principio mundi, ià rehus providit ut membra sua prout vulet quoniodù ulL et ubi vuit (lispergendo, eorurn prasen- tiâ gentes et loca rnuniat CL conservet. Ujidé eidern, utpoté summo rerum suarum omnium provisori, sanctis castri 1J1csnsis (1) tuturi bu s sanctum placuit adjungere Vietoruni, lit castrum ipsum intàs et exJeriùs euntrà antiqui hostis insi- lias suorum adjutorio protegatur. Victnrem itaque non est credendum absque magno praagio hujusniodi nomen sorti- tum fuisse ; Victor utique vocari pocuit, quia nninduin, car- nem et kcmonos non à vid. regii (2) superavit. Lectio secunda. Mundi enim blanditias dec l inando, videbatur habere pra oculis i]Iud Nolito diligere mundum neqne ca qua, in mundo sunt (3) ; et illud Sapientis, quod de munlo alibi dicitur Ingredientibus biaditar, ab excuntibu.; emungit (/UOd potcst, cità obUviscitur reccdcntibus. Jpsuni verù mundum cum suis illecebris, propter Doniinuin conteninendo, credi posset Deo semper in animo cantilare qui respuentes terrcna perducis ad coelestia (i). Carnis

(1) La ville ou le chéteaude Blois. (2) Sans dévier du chemin royal, cest-à-dire, de la voie (tu salut par la sanctification. (3) St-Jean, Epist. 1, e 2, y. 15. (4) Passage, tiré probablement de quelque répons litur- gique. - 40 - vero rebefliani rigore mentis et jugi absiinentiâ resiLendo, castmonie sturliis ilvoté inserviendo, nunpi\m erederetur à ineinoriâ abolevisse illud evangelicum : sini tumbi vestri peacincti (1), nec illuJ : qui castè vivit spirilûs Dei est se(-les; suggestiones auleni diaboli circumspecttune sui pervigili (2), sollicito et ingenti scrutinio sagaciter concul- cando, in se et in alus reprirnens exemple soi primos motus (3), bettitudinis espertem se noie fieri exhibeliat que promit- titur tonentibus et alli(ientibus parvutos suos ad pc(ran (t). Lcctio tertia. Undé autein fuerit oriunilus vel quibus parentibus certum non habemus. Setl nobilem se mente exliibens, exemplar extitit quùd soin ingenuitas ista est in quà servitus Christi coniprobatur (5). Cujus scilicet sanctitati attestatur pairum auctoritas et veneratio successiê ii patribus ioco exhibita, et loci (6) exattaiio, cl erebra miracula antù nostra teinpora et nostris temporibus ioco rnonstrata. Quze si per negligetitiain

(I) Luc, li?, 35. () Par une continuelle vigilance sur soi-même. (:3) Les premiers mouvements de la concupiscence. (1) Application allégorique et morale du vcrsct i du psaume 136. (5) Belle maxime dégalité chrétienne (Fi) Le lieu de la retraite et de la mort du saint : lieu qui gardé son nom et le souvenir de ses miracles. Ici, en beaucoup dautres localités, un centre de population sest formé autour de la cellule du pieux anachoréte et son tombeau. devenu lobjet dc la vénération publique, n Inar- qué naturellement la place de léglise paroissiale.. Le même fait ses t produit, par exemple, à Saint_Dyé, sur lautre rive de la Loire. - 41 - seriptis minime commendentur, meritorum tamen c.jusdem exiqenti (1) facta crcduntiir. iEmulamur eliam ejusdem testimonia sanctitatis (2), tjiiéd CWCUS natus Domino rcs pondit: Pecaiores Deus non exaudit (3). Successivo enim patruru relatu traditur scandere navim onustam meribtis, eum domino navis et servientibus suis, navigando per Lige- rim (4), vivente co, meatum hahuisse per tinté () locuni hune cujus tune oral ineola, lieremiticam vitam duc&ns.

Lectio quarta. Inter quos, dominuni scilicet navis et alios, céin serino fieret do loco et loci habitatione, quidam dirions mentis et niipudetis coepit viruni Dmniui depravare, impudicani vitarn curndem ducere et scortum habere perhibens asserlivé. Qui, cùni â domino navis CL alus increparetur , responsioneiri niam irre.erenter et publicé fatuitaii suie adj ungere ni j- nirné vorecundabatur. Vcrùin non multii post in se exiertus est se exernplurn posteris ih.rcliriqui, ne tale (juid adversiis servos Domini attenlare aud .ant, cQntrà minas Doriiini per prophetam : Yolite tangere Christos nzeos, et in pro- phetis mois nolite 7nalignari (G). Navigantibus enim prosperé usqwad Iocum qui dicitur Bracccesancti Ayaci(7),

(1) Par la force irrésistible. (2) Nous croyons fermement aux témoignages de la sainteté de Vetor. (3) Evang. Jean, e. 9, y . 31. (4) Ce bateau remontait la Loire, en venant de ibis. (5) Par devant. (6) Paralipom. 16, 22. (7) Co saint Ayacus, antérieur â notre Saint-Victor, était, sans doute, tin autre anachorète, connu seulement sur les rives de la Loire. Les dites braies prirent ensuite le nom de Saint-Victor, quelles ont gardé jusquà nos jours. — 12 — exortâ subiiÀ tempestate, diseurrentibus singulis ail ar- mamenta navi, ut sibi in pericelu subvenirent, Diobolus, qui in maledicum potestatem acceperat, loco nacto (1), in pracipitium eum traxit. Lectio quinta. O ineffabilis I)ci cleinentia ! Qui respexit Petrum ut fleret amaré, respexil et hune miseruin, ut à casu suo resipiscoret et lacrimabilibus suspiriis suo satisfaceret crealori de erucla- tione veibi nequissimi et alus que, inspirata divinâ gratiâ, ministrabat compunctio impudentor et turpiter sic fecisse (s). Una res et stupenda I subruerso visum est, stiffocare cum oknie Demone, sauictum aftuisse Victorem, et, increl)ato De[none, eum dc ejus manibus extraxisse, et siil) aquis usque ai] portum hutte qui ab ce nomen accepit acliluxisse (3) ; ubi cùm à nantis invoniretur, cûm inquisissnt ubi esset, cwpit Dei laudare magnalia, et prorunupens in sancti laudibus, ad exaltaLionis sua voces fecit totam viciniam convenire. Qui, cûm tractus ad baijitaculum iii Dei, corâm omnibus qua ci acciderant publicé fateretur, Vie Dumini siunplieiter et niodesté se liujumodi vesse habere uliflidens (!), huwiliter responilit Lectio sexta. » Fraler, solitus est Dominus, qui non vuit mortem » pcccatosis, sed ut magis convertatur et vivat,

(U Ayant trouvé une occasion favorable. (2) « Et des autres méfaits quune coni1iunetioi inspirée • par La grâce divine lui reprochait davoir commis impu- • demment et honteusement...... (3) Le port de lancien bourg. (1) Saint-Vietor, par humilité, cherchait â se défendre du mérite davoir accompli le miracle divulgué par la voix publique. -

» misericorditer adosse 1)cerliteIlLibus. Si pecas1i, 1 1 II 1 sce, quia 111(0 tibi gaudent angeli super uno poenitente magis qum sUprà noroiginta novem justis non indigentibus pterliten- » ti. n (1) His et hujusinodi viro Doniini informante •sub- mersum cum alus () ad punitentiain, suporvenions do- minus navis, qui periculum evaserat et luobus diebus jam subinersum inquiri fecerat, audito miraculo, coepit cuin alus laudare Dominum in beati antislitis Victoris mentis gloniosum. Talibus igitur insigniis suum Dominus declarans coulessorem, long Iatè que diffudit ejuslem radios sanctitatis. Undô paulù post contigit qui)(], orbatâ pastore Genomanensi ecclesâ, conve- niunt in unam sentenLiam clerus et ppuIus, non ahi nisi Victoni curam committere pastoralem. Lectio septima. Solemnibus itaque directis nuntiis ad heati Victonis here- mum, renitenteni rapiulit et indignuni al hoc officiutn se sœpitis inclarnantein. Pontificait igitur decortius infulà, eum magno triputlio et honore vidons sibi magnates subjici imper, humilians se coràm omnibus, fercula ferculis accurnulani festivis diebus, okrum parvo contentus edulio, pompis secula- ribus honorani, nutritius in solitudine, formidans honoribus se extulli, suavitateque horuin aflici insolescere (3), Cwtui pomjatico funtim se substrahens, teste Deo, solus al solitudi .- 11cm repedavit. Quis autem successerit vel quem habuerit suc-

(1) Ev. Lue, 15, 10. (2) Avec les autres mariniers, camarades de celui qui venait de recevoir une leçon si sévère. (3) Cest-ii-dire que Victor opposait lhumilité aux ten- tations de lorgueil, labstinence aux recherches le la sen-- sua]ité, lamour de la solitude aux séductious du inonde..., - .i.4 cessorem noverunt incliûs qui pontificum Cenornanensiuiii perlegerunt cataogum (t). .Lectio oetava.» liestitutus autem in heretno, exundatus tumultes frequen tiaque (2) videbatur adbuc linnhlo auribus ejus ; ad suam sou- tudiucrn alamantlaln acrius aniiiiatus, sollieitiùs coepil urgere aniinuni vigiliis, jejuniis vel orationibus, ità ut non diebus neque noctibus à cotloquiis divinis et orationecessaret. Hujus- cemotli siquidem stu(iii vim coelo faciens, post labores niultos et ingesta ù se sibi supplicia (3), ad extrema venions, calo reddidit spiritual, et locum quein Vives arnaverat exuviarum suarum pro,scIi tiâ voluit ilitare (t) Pratereunduui prtoiei soi silentio non ceiiseinus 41uoddanl signuin inirabile, quoil, relatu veterum et modernorum, tiadit nicuiolia mortem Viii I)ei coflhigitse.

« Lectio nona. D Asserunt enim quid quoedam alba cervula annuatim , in

(1) On regrette que le pieux légendaire sabstienne de nommer le prédécesscuï et le successeur (lu saint évêque cette indication utile eût levé tous les doutes. venait de quitter, 2) Le bruit tumultueux du inonde quil (3) Après sêtre infligé à lui-même de dures mortilica- tio n S. (t) Daprès cette version, les reliques de saint Victor nauraient point été transférées du Mans à TIbia, comme le supposait M. labbé Voisin, et comme nous-même la- vions pensé daboid elles seraient demeurées au lieu bénit où le saint anachorète avait fini ses jours, et qui avait gardé a dépouille mortelle. Cc lieu consacré était le ciinotiére actuel, où lon vient de retrouver son tombeau, sous lemplacement même du chaur et de labside de lan- cienne église paroissiale. - ejus Foleinniis venir3 consuevit,cujusjucundo adventui sponté suâ pateliat ecclesia (i), si clausœ essent janua, et, flemme concurrentC, per se cimbala () resonabant. Quai introgre- diens, supplicanti facta similis, corâm sacris altaribus et sancti inausoleo (3) inhrrebat. Quod non credendum est a ctiim fortuituin, soit al excitandam p,uili devotionem ; per hoc in irrationali scilicet animali, â rationali videlicet, (I UO(l est homo,quid deboret fièri fainulatur (i.) et ne liujusceinodi Cxeitatio per lirutum animal videatur aliquibus otiosa (5). Proecaveant contemptores ne judaici populi increpationem sustineant et iniproperium, per os prophelm à Domino (6) sic dicentis Cognovit bos possessorcrn suun et asinus proesepe suum populus autem meus non cognovit mc (7). Coi est honor et gloria in scuIa soeculorum amen. Et hie finiuntur iccliones.

Les deux h ymnes en lhonneur (le saint Victor furent composées â linstar et sur le rhythme du Pangi lingue, de loffice du saint Sacrement, que nous devons au génie de Saint-Thomas dAquin (13 siècle). Ces pièces de

(1) La vieille église romane du val de Saint-Victor. ) Les cloches. )3) Cétait probablement le tombeau dont les débris vien- nent dètre découverts. (4) Lexemple dun animal privé de raison apprend à lhomme raisonnable ce quil devrait faire lui—mêno. (5) Inutile. (6) « Au nom et de la part du seigneur 7) Isaïe. 1, 3. - - poésie liturgique, empreintes de merveilleux chrétien et de couleur locale, font allusion ù plusieurs prodiges déjà racontés dans les leçons de matines, et confirment ainsi le témoignage de la légende Blésoise. Lantienne qui les suit et loraison finale respirent la même piété , naïve- ment exprimée.

rir M N US.

Pange, Iingua, gioriosi Victoris prceconium, Ut per pres prettosi Confessons proernium Nobis detur speciosi Pa]atii soliuin.

Laudes ejuS COfluiriOnClO, Vox a1tiis intonet; \ictorein sic extoltendo, Lingea cordi consonet. T7ctor (1) fuit, devincondo Mundum, carncm , doemones

Turbo navem iinpeditaui Venlo traxit oljviû Sanctum vidit heremitam Submersi c1evotio Naute merso dedit vita ni Vidons oratio.

liii preces dant expressé Proesuiatis apicezu;

Vainqueur. (Le poète joue surie mot Victor.) Sed vir sanctus timons presse, Mentem gestaus simp]iceni, Ilereniitain se vult esse Magis quàm pontificetn.

Fures foràs ire credunt A templo quod fregerant Semper cent, nec receduni, Semper passus iterant Mauù facto, caput (le(lUflt Poenis quas inerucrant (1).

Uno conclamemus ore Victoris sutîragia, Ut, contempto mundi flore, Coronet victoria Nos victuros cuin Victore Per aterua gaudia. Anion.

À ri.: Jl y Nt x Pange, lingea, trbcati %r001.j5 proeconia Oris ejus sanctitaj Proestemus eloqilla, Ut ad regni nus beati Transferat palatia.

Super omnos hic priinatuin Virtutis obtinuit, Cenomanis proesulatum

(1) Ce miracle ne figure point dans les leçons qui préc- dciii. Le temple dont il sagit ici, élait [ancienne église du va] de Saint-Victor ois. - 48 - Olitinere meruit, Prœsu1atis cultum datuni DjÙ pasci respuit.

Regi Christo, proli David, Sua dans obscqaia, Nautain mersum ]iberavit De morlis angustià, liii cerva supplicavit, Ad sua soleinpnia

Tcinplum volens depredari, Fur templo non exiit; Seci se erodens c1ongari, Fatigatus dormiit; Dignus latro flagellari, Mortis poeziam subiit.

Victor pie, Victor borie, Nostro fave cœtui. In mundano nos agone, Fac peceatis ablut, Ut sanctorum ColliionO Mereamur perCrui Amen.

U DE IiE%Tf) VICTOIIE ANTIP1I(,NA : z O quàm venerand us es, egregie cou Christi [essor , qui terrena contcrnpsisti et cmli januain exuaans petiisti ! MoiIù vietor fulges in virtute cœleti ; iduù te supplices exoriulius ut ititercedas pro noliis ail dorninuin ihesuin Clirstum. V. Ora pro nobis, heate Victor. R. Ut digni elliciarnur prornissionihus Christi. OnEtus. Deus qui hoatoVictori tue confessori tuo at(pie pontiflci côntrz antiqul liostis tenlainenta vietoriani rwitulisti, lit nohis faniulis - 49 -

tui.s per ejus intercessionein itii vitla nostra reullet e, ut, te largiente, valeamus ail gaudia oeterna pervenlue.

Loffice de Saint-Victor remplit huit feuil tts de iar- chemin, (lun format peut in . 4°. Lécriture est une go- thique majuscule du 15 e siècle, très soignée ; les initiales sont PC j OiCS en rouge, ci ornées dans le goét de lépoque. Les titres et les rubriques (bien nommées ici) se distin - guent par la R1[flO couleur. Au dos, on lit, en caractères plus modernes, tracés pareillement avec du carmin Saint-Victor prés Bloys 1554; Celte mention prouve que le leclionnaire dont il sagit appartenait â léglise du lieu sans doute, loffice lui-même lui composé pour lusage propre (le la paroisse, la seule qui, dans tout le Blésois, invoquât spécialement cc patron CL portât son nom vénéré. Notre manuscrit est dautant plus précieux, quil paraît unique ; car, jusqu à preuve du contraire, nous Je regar- derons comme le dépositaire J)rivilégi( dun texte inconnu; pour rétracter cette assertion plausible , sinon certaine, nous attendrons que lon produise soit un autre exem- plaire, soit une copie ancienne. La légende miraculeuse que nous venons dexhumer de la poussière des archives, aurait sans (Joute obtenu plus de crédit et de succès dans les vieux âges de foi naïve et spontanée. Le sol profondément religieux du moyen âge C( llVCnait mieux à ces fleurs duchristianisme, difficiles â transporter sur te terrain (les idées modernes. Toutefois, notre 1ardve communication peut encore intéresser la Piété des fidèles cl la critique (les curieux ; les uns et les autres pourront profiler (Id nos recherches et tirer quel- que parti (lun document remis en lumière après un long oubli.

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4 OUVRAGES DU MÊME AUTEUR.

Essai historique sur la seigneurie, le monastère et lécole de Pont-Levoy, 1840, in-18. Rapport sur les travaux de la Société des sciences et Lettres de Blois, lu à la séance publique de 1846 (Tome 4 des Mémoires de cette société). Notes généalogiques sur la famille du poète Sébastien Garnier, de Blois (munC volume). Histoire de Blois (en collaboration avec M. Bergevin pré- sident du tribunal civil de B1oi), 1816, 2v. in-S. Rivalité des comtes de Blois et de Tours, aux 11 et 12 si- des (t. 2 des mémoires du Congrès scientifique de Fran- ce, tenu â Tours en 1847). Actes du Parlement royaliste, transféré à Tours en 1589 (même volume). Notice sur le chMeau et la ville de , 1830, in-S. Louis XII dans lOrléanais (tome 2 des Grands hommes de lOrléanais, 1832, in-8). Etude suries oeuvres littéraires et poétiques de Tluodulplie, évèque dOrléans au IX siècle (t. 2 des Mémoires du Congrès scientilique (le France, tenu à Orléans en 1851). Recherches sur les anciens irupéts directs do la généralité dOrléans (môme volume). Notice sur la bibliothèque commuule do Bloir, 1852 Analyse et extraits de lhistoire manuscrite de labbaye des Bénédictins de Saint-Laurner de Blois, composée en 1646 par Nec! Mats, religieux de cette maison (t. des Mé. moires de la Société Archéologique de lOrléanais, 183, in-8). Notice sur léglise (le Notre-Dame de Saint .Viiicent-de- Paul, (le l3lois, 1855, in-8. Notice sur la partie ancienne des archives de la Préfecture de Loir et-Cher (t. 5 des Mémoires de la Société des Sciences et Lettres de Blois, 1856, iii-8). Notice sur le château et les seigneurs de Chaument-sur- Loire (même volume). Esais biographiques sur quelques iiiélcciims Biésoic ( nième vol urne). Notice sur les saints et sur les personnages pieux du Blé- sois. 1860, in-1. Notice sur la dévotion à Notre-Damne-de ,,-Ayies, de Vienne- lès-Blois, 1860, in-18. Notice sur le cbàtea-u, !es sciRneurs et la paroisse (le Me- nara-lès-Blois (t. 6 des Mémoires de la société des scien- ces et lettres de Blois, 1860, in-8). Sainte-Cécile glorifiée par les arts (Revue de lart chrétien, 18tj2. Notice archéologique sur léglise abbatiale de Saint-Laumer, de Blois (même Revue, 1864). Vie de saint Honoré, évêque d, publiée daprès un manuscrit des archives départementales de Loir-ot-.Cier (Bulletin de la Société des Antiquaires (le Picardie, 1864). Ettido sur un manuscrit de la bibliothèque (le Blois, conte- nant une relation inédite des Etats-Généraux de 156, assemblés en cette ville (Revue des sociétés savantes, publiée sous les auspices du ministre de linstruction publique, décembre 186:3). Prouves dindépendance données par lancienne commune de Blois, (locu !»ents tirés de ses registres municipaux (nième Revue, uo vembre.décenibre 1864). Statistique abrégée des institutions religieuses et charitables de larrondissement actuel de Vendôme, avant 1789, da- près les documents des archives départementales ( Mé- moires de la Société archéologique du Vendômois, 1865). Notice sur la paroisse de la Chaussée-Saint-Victor-lès- Blois, 1886, in 8. Articles dhistoire locale et de critique littéraire, insérés dans le Journal de Loir-et-Cher, depuis 1810. Ephéméricles Blésoises, depuis les ternis anciens jusquà 18:30, publiées dans le même journal, cri 1855 et 1858. Analyse et extraits des anciens registres do délibérations municipales de la ville de Blois (nième journal, 188-59 et 60).

Mémoires manuscrits sur divers sujets dhistoire locale entre autres , sur les mon uuients , les établissements religieux et charitables du vieu Blois, sur son collàge, sur lhistoire littéraire du pays, sur la vie et les écrits de Guillaume Ribier, sur plusieurs abbayes, paroisses , égli- ses et châteaux du Blésois, sur le faubourg de Vienue-ls- Blois, sur le servage et la condition des personnes dans le Blésois, au moyen àge, sur les crues et inondations de la Loire , sur la ville de Romorantin , etc Pietas Blesensis (annales chrétiennes do la ville du Blois). Marie le Dirsense (recherches historiques et documents inédits sur le culte de la Sainte-Vierge, dans le diocèse de Blois).

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