Menars. Le Château, Les Jardins Et Les Collections De Madame De Pompadour Et Du Marquis De Marigny
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TIRA GE: 300 exemplaires Extrait des mémoires de la société des sciences et lettres de Loir-et-Cher. XXe volume. MENARS LE CHÂTEAU, LES JARDINS ET LES COLLECTIONS Cette réimpression a été réalisée grâce à l'aimable concours de la Société des Sciences et Lettres de Loir-et-Cher Réimpression de l'édition de Paris, 1912 F Frédéric LESUEUR MENARS LE CHÂTEAU, LES JARDINS ET LES COLLECTIONS DE Mme DE POMPADOUR ET DU MARQUIS DE MARIGNY LAFFITTE REPRINTS MARSEILLE 1980 MENARS LE CHATEAU LES JARDINS ET LES COLLECTIONS DE M- DE POMPADOUR ET DU MARQUIS DE MARIGNY PAR le Dr Frédéric LESUEUR INTRODUCTION L'agréable situation de ses bâtiments, le charme de ses jardins étagés sur les rives du fleuve, la valeur des œuvres d'art qui les décoraient jadis et surtout le souvenir de la marquise de Pompadour ont fait de Menars un des plus connus des châteaux des bords de la Loire. Cependant, l'histoire de cette belle demeure, située sur la rive droite du fleuve, à huit kilomètres en amont de Blois, avait été jus- qu'ici fort imparfaitement étudiée (i). Depuis quelque temps, au contraire, de judicieuses observations et d'heu- reuses trouvailles dues à MM. Trouëssart, de Belenet. (i) La seule étude d'ensemble entreprise sur Menars est celle de Dupré intitulée Recherches historiques sur le château, les seigneurs et la paroisse de Menars-lès-Blois (publiée dans les Mémoires de la Société des sciences et lettres de la ville de Blois, t. VI, Blois, Lecesne, 1860, pp. 99 à 177). Dans cette étude il n'est guère question de la construction du château que dans les passages suivants : « Elle (la marquise de Pompadour) avait projeté l'entière reconstruction du châ- teau ; mais elle eut à peine le temps de commencer, avant sa mort, cette œuvre grandiose », et plus loin : « Son goût prononcé (au mar- quis de Marigny) pour les constructions et les embellissements le porta bientôt à changer l'aspect de Menars. En sa qualité de gouverneur de Blois, il se permit de faire enlever, pour son propre usage, une partie des charpentes de l'édifice de Gaston, alors inachevé, et depuis trans- formé en caserne. Le château, rebâti de fond en comble, lui revint à plus de 500.000 livres... », et ailleurs : « Le château actuel... a été bâti d'un seul jet, vers 1765 ». On verra d'après la suite de cette étude qu'il est difficile de renfermer plus d'erreurs en si peu de mots. La Saussaye (Blois et ses environs, Paris, Aubry, 1860, pp. 318-321) et Bournon (Blois, Chambord et les châteaux du Blésois, collection des Villes d'art célèbres, Paris, Laurens, 1908),dans les courts articles qu'ils ont consacrés à Menars, n'ont guère fait que résumer l'étude de Dupré. Seules les statues de Menars ont été mieux étudiées par M. Eugène Plantet : La collection des statues du marquis de Marigny, Paris, Quantin, 1885; nous y reviendrons. Trouillard, Thibault (i) ont de nouveau attiré l'attention sur elle. Ces travaux joints à nos recherches personnelles nous permettront d'esquisser l'étude que mérite ce château, qui passait jadis pour une des plus belles résidences du XVIIIe siècle et qui est encore digne de l'attention de tous ceux qui s'intéressent à l'art de cette époque. (i) M. Trouëssart a consacré à Menars une partie d'un article inti- tulé L'architecture à l'époque de la Renaissance paru dans la Revue de Loir-et-Cher, septembre-octobre 1908, col. 129 à 138. Ce passage ne fait d'ailleurs que reprendre des idées déjà exposées par l'au- teur dans un article non signé de la Revue de Loir-et-Cher du 15 décembre 1889, p. 138. — M. de Belenet a eu récemment l'heureuse fortune de trouver et d'acheter pour sa collection particulière de nombreux documents concernant Menars et provenant du château d'Auvilliers (commune d'Artenay, Loiret) qui appartenait aussi à la marquise de Pompadour. — M. Trouillard a fait connaître à la Société des Sciences et Lettres de Loir-et-Cher (séance du 19 mars 1909) les plans de Gabriel conservés au château de Menars qui lui avaient été signalés par M. Nain, régisseur du château. Nous remercions particu- lièrement M. Nain qui a bien voulu nous communiquer les mêmes documents et nous a très obligeamment guidé dans nos visites au château de Menars. — Mentionnons enfin l'inventaire du château de Menars trouvé par M. Thibault dans les papiers du bailliage de Menars et que nous publions dans nos pièces justificatives. JEAN-JACQUES CHARRON DE MENAHS Portrait de Garnier par Vallet CHAPITRE PREMIER MENARS AVANT Mme DE POMPADOUR LES CHARRON 1633-1760 Nous savons peu de choses sur les origines de la sei- gneurie de Menars. Félibien (1) nous apprend seulement qu'en 1506, Jean de Taillemant, à cause de sa femme Perrette de Taillard, « fist hommage du lieu, terre, justice et seigneurie de Menars au comté de Blois », et qu'en- suite cette seigneurie passa à Mre Jean du Thier, secrétaire d'Etat et seigneur de Beauregard, qui en fit hommage le 14 janvier 1547, puis à sa veuve, qui « rendit ses foy et hommages » en novembre 1560. Dupré (2) a relevé aux archives départementales (3) les noms de quelques autres seigneurs : Simon Testu, en 1577; Hercules de Bedour, en 1608 et 1620; sa veuve, née Barentin, en 1629. Une maison seigneuriale s'élevait-elle à cette époque à l'emplacement du château actuel? Cela ne paraît pas dou- (1) Mémoires pour servir à l'histoire des maisons royalles et basti- metis de France (1681) publiés par A. de Montaiglon, Paris, Baur, 1874, p. 66. (2) Ouv. cité, pp. 102-104. (3) Série E 46 à 78, seigneurie de Menars, et G 1641 à 1646, paroisse de Menars. teux d'après cette phrase de Bernier (i) : « Messire Guillaume Charron... fit bâtir en la place de l'ancien château celuy qui fait face sur la Loire... ». Cette affirmation sem- ble cependant contredite par Félibien. « Le chasteau de Menars, dit cet auteur (2), n'est pas ancien ; ceux qui ont possédé cette seigneurie avoient d'autres maisons où ils fai- soient leur séjour ». Quoiqu'il en soit, il est probable qu'il ne reste rien de cette ancienne demeure et que les parties les plus anciennes du château actuel ne sont pas antérieures au règne de Louis XIV. L'histoire du château de Menars nous est mieux connue à partir du XVIIe siècle. Le 8 septembre 1633, par acte passé devant Prudhomme, notaire à Blois, la terre de Menars fut achetée par Guillaume Charron (3), conseiller du roi, trésorier de l'extraordinaire des guerres (4). Ce per- sonnage, parvenu aux honneurs, mais d'origine assez modeste — son grand père était écuyer d'écurie à Saint- Dyé-sur-Loire (5) — accrut bientôt par de nouvelles acquisitions l'importance de la terre de Menars, qui fut érigée en sa faveur en vicomté le 24 avril 1657 (6). Vers 1646 Guillaume Charron fit construire (ou recons- truire) le château de Menars. « Il y a environ trente-cinq ans, dit en effet Félibien (7) dont le manuscrit porte la date de 1681, que Mre Guillaume Charon... fist bastir le chasteau, qui consistoit seulement en un corps de logis et deux pavillons ». Que reste-t-il aujourd'hui de la demeure de Guillaume Charron? Supposant que le château de Menars avait été « rebâti de fond en comble » au XVIIIe (1) Histoire de Blois, Paris, 1682, pp. 90-91. (2) Ouv. cité, p. 66. (3) V. pièce justificative n° 1. (4) Ce titre est donné par Félibien, ouv. cité, p. 66. (5) Dupré, ouv. cité, p. 172. (6) V. pièce just. n° 1. (7) Ouv. cit., p. 66. siècle, on croyait jusqu'ici qu'elle avait complètement dis- paru (i). M. Trouëssart (2) a, au contraire, fort juste- ment démontré qu'elle subsiste encore entièrement et qu'elle n'est'autre que la partie centrale du château actuel. La preuve la plus importante de cette affirmation nous est fournie par l'examen d'une vue du château de Menars donnée par Félibien dans le manuscrit des Mémoires pour servir à l'histoire des maisons royales conservé au château de Cheverny (3) et que nous reproduisons ici. Si l'on considère en effet le château de Menars, tel qu'on le voit aujourd'hui du côté de la Loire, on constate qu'il se com- pose d'un bâtiment principal flanqué d'un pavillon à chaque extrémité et de deux ailes un peu moins élevées. Or ce bâtiment central avec ces pavillons est reproduit presque exactement dans le dessin de Félibien. L'ordonnance géné- rale de la façade, le soubassement avec le perron à double rampe, les deux étages, l'encadrement des encognures et des fenêtres, la disposition des lucarnes correspondant aux fenêtres dans le corps de bâtiment central et à leur inter- valle dans les pavillons, tout y est. C'est bien le château « qui consistoit seulement en un corps de logis et deux pavillons » dont parle Félibien. Une seule différence sensi- ble (4) attire l'attention; aujourd'hui la toiture du bâti- ment central se prolonge jusqu'à celle des pavillons, tandis (1) V. notamment : Dupré, ouv. cité, p. 135. (2) Ouv. cité. (3) On connaît deux exemplaires manuscrits de cet ouvrage : l'un conservé à la Bibliothèque nationale, qui a été publié par Montaiglon et que nous avons cité ci-dessus, l'autre conservé au château de Che- verny. Ce dernier renferme plusieurs dessins à la plume et au lavis que nous avons publiés dans le tome XXI des Mémoires de la Société des Sciences et Lettres de Loir-et-Cher ; c'est un de ces dessins dont nous parlons ici et que nous reproduisons dans cet ouvrage.