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TIRA GE: 300 exemplaires

Extrait des mémoires de la société des sciences et lettres de Loir-et-. XXe volume. LE CHÂTEAU, LES JARDINS ET LES COLLECTIONS Cette réimpression a été réalisée grâce à l'aimable concours de la Société des Sciences et Lettres de Loir-et-Cher

Réimpression de l'édition de , 1912 F Frédéric LESUEUR

MENARS LE CHÂTEAU, LES JARDINS ET LES COLLECTIONS DE Mme DE POMPADOUR ET DU MARQUIS DE MARIGNY

LAFFITTE REPRINTS 1980

MENARS

LE CHATEAU

LES JARDINS ET LES COLLECTIONS DE M- DE POMPADOUR

ET DU MARQUIS DE MARIGNY

PAR

le Dr Frédéric LESUEUR

INTRODUCTION

L'agréable situation de ses bâtiments, le charme de ses jardins étagés sur les rives du fleuve, la valeur des œuvres d'art qui les décoraient jadis et surtout le souvenir de la marquise de Pompadour ont fait de Menars un des plus connus des châteaux des bords de la . Cependant, l'histoire de cette belle demeure, située sur la rive droite du fleuve, à huit kilomètres en amont de , avait été jus- qu'ici fort imparfaitement étudiée (i). Depuis quelque temps, au contraire, de judicieuses observations et d'heu- reuses trouvailles dues à MM. Trouëssart, de Belenet.

(i) La seule étude d'ensemble entreprise sur Menars est celle de Dupré intitulée Recherches historiques sur le château, les seigneurs et la paroisse de Menars-lès-Blois (publiée dans les Mémoires de la Société des sciences et lettres de la ville de Blois, t. VI, Blois, Lecesne, 1860, pp. 99 à 177). Dans cette étude il n'est guère question de la construction du château que dans les passages suivants : « Elle (la marquise de Pompadour) avait projeté l'entière reconstruction du châ- teau ; mais elle eut à peine le temps de commencer, avant sa mort, cette œuvre grandiose », et plus loin : « Son goût prononcé (au mar- quis de Marigny) pour les constructions et les embellissements le porta bientôt à changer l'aspect de Menars. En sa qualité de gouverneur de Blois, il se permit de faire enlever, pour son propre usage, une partie des charpentes de l'édifice de Gaston, alors inachevé, et depuis trans- formé en caserne. Le château, rebâti de fond en comble, lui revint à plus de 500.000 livres... », et ailleurs : « Le château actuel... a été bâti d'un seul jet, vers 1765 ». On verra d'après la suite de cette étude qu'il est difficile de renfermer plus d'erreurs en si peu de mots. La Saussaye (Blois et ses environs, Paris, Aubry, 1860, pp. 318-321) et Bournon (Blois, Chambord et les châteaux du Blésois, collection des Villes d'art célèbres, Paris, Laurens, 1908),dans les courts articles qu'ils ont consacrés à Menars, n'ont guère fait que résumer l'étude de Dupré. Seules les statues de Menars ont été mieux étudiées par M. Eugène Plantet : La collection des statues du marquis de Marigny, Paris, Quantin, 1885; nous y reviendrons. Trouillard, Thibault (i) ont de nouveau attiré l'attention sur elle. Ces travaux joints à nos recherches personnelles nous permettront d'esquisser l'étude que mérite ce château, qui passait jadis pour une des plus belles résidences du XVIIIe siècle et qui est encore digne de l'attention de tous ceux qui s'intéressent à l'art de cette époque.

(i) M. Trouëssart a consacré à Menars une partie d'un article inti- tulé L'architecture à l'époque de la Renaissance paru dans la Revue de Loir-et-Cher, septembre-octobre 1908, col. 129 à 138. Ce passage ne fait d'ailleurs que reprendre des idées déjà exposées par l'au- teur dans un article non signé de la Revue de Loir-et-Cher du 15 décembre 1889, p. 138. — M. de Belenet a eu récemment l'heureuse fortune de trouver et d'acheter pour sa collection particulière de nombreux documents concernant Menars et provenant du château d'Auvilliers (commune d'Artenay, ) qui appartenait aussi à la marquise de Pompadour. — M. Trouillard a fait connaître à la Société des Sciences et Lettres de Loir-et-Cher (séance du 19 mars 1909) les plans de Gabriel conservés au château de Menars qui lui avaient été signalés par M. Nain, régisseur du château. Nous remercions particu- lièrement M. Nain qui a bien voulu nous communiquer les mêmes documents et nous a très obligeamment guidé dans nos visites au château de Menars. — Mentionnons enfin l'inventaire du château de Menars trouvé par M. Thibault dans les papiers du bailliage de Menars et que nous publions dans nos pièces justificatives. JEAN-JACQUES CHARRON DE MENAHS Portrait de Garnier par Vallet

CHAPITRE PREMIER

MENARS AVANT Mme DE POMPADOUR

LES CHARRON

1633-1760

Nous savons peu de choses sur les origines de la sei- gneurie de Menars. Félibien (1) nous apprend seulement qu'en 1506, Jean de Taillemant, à cause de sa femme Perrette de Taillard, « fist hommage du lieu, terre, justice et seigneurie de Menars au comté de Blois », et qu'en- suite cette seigneurie passa à Mre Jean du Thier, secrétaire d'Etat et seigneur de Beauregard, qui en fit hommage le 14 janvier 1547, puis à sa veuve, qui « rendit ses foy et hommages » en novembre 1560. Dupré (2) a relevé aux archives départementales (3) les noms de quelques autres seigneurs : Simon Testu, en 1577; Hercules de Bedour, en 1608 et 1620; sa veuve, née Barentin, en 1629. Une maison seigneuriale s'élevait-elle à cette époque à l'emplacement du château actuel? Cela ne paraît pas dou-

(1) Mémoires pour servir à l'histoire des maisons royalles et basti- metis de (1681) publiés par A. de Montaiglon, Paris, Baur, 1874, p. 66. (2) Ouv. cité, pp. 102-104. (3) Série E 46 à 78, seigneurie de Menars, et G 1641 à 1646, paroisse de Menars. teux d'après cette phrase de Bernier (i) : « Messire Guillaume Charron... fit bâtir en la place de l'ancien château celuy qui fait face sur la Loire... ». Cette affirmation sem- ble cependant contredite par Félibien. « Le chasteau de Menars, dit cet auteur (2), n'est pas ancien ; ceux qui ont possédé cette seigneurie avoient d'autres maisons où ils fai- soient leur séjour ». Quoiqu'il en soit, il est probable qu'il ne reste rien de cette ancienne demeure et que les parties les plus anciennes du château actuel ne sont pas antérieures au règne de Louis XIV. L'histoire du château de Menars nous est mieux connue à partir du XVIIe siècle. Le 8 septembre 1633, par acte passé devant Prudhomme, notaire à Blois, la terre de Menars fut achetée par Guillaume Charron (3), conseiller du roi, trésorier de l'extraordinaire des guerres (4). Ce per- sonnage, parvenu aux honneurs, mais d'origine assez modeste — son grand père était écuyer d'écurie à Saint- Dyé-sur-Loire (5) — accrut bientôt par de nouvelles acquisitions l'importance de la terre de Menars, qui fut érigée en sa faveur en vicomté le 24 avril 1657 (6). Vers 1646 Guillaume Charron fit construire (ou recons- truire) le château de Menars. « Il y a environ trente-cinq ans, dit en effet Félibien (7) dont le manuscrit porte la date de 1681, que Mre Guillaume Charon... fist bastir le chasteau, qui consistoit seulement en un corps de logis et deux pavillons ». Que reste-t-il aujourd'hui de la demeure de Guillaume Charron? Supposant que le château de Menars avait été « rebâti de fond en comble » au XVIIIe

(1) Histoire de Blois, Paris, 1682, pp. 90-91. (2) Ouv. cité, p. 66. (3) V. pièce justificative n° 1. (4) Ce titre est donné par Félibien, ouv. cité, p. 66. (5) Dupré, ouv. cité, p. 172. (6) V. pièce just. n° 1. (7) Ouv. cit., p. 66. siècle, on croyait jusqu'ici qu'elle avait complètement dis- paru (i). M. Trouëssart (2) a, au contraire, fort juste- ment démontré qu'elle subsiste encore entièrement et qu'elle n'est'autre que la partie centrale du château actuel. La preuve la plus importante de cette affirmation nous est fournie par l'examen d'une vue du château de Menars donnée par Félibien dans le manuscrit des Mémoires pour servir à l'histoire des maisons royales conservé au château de (3) et que nous reproduisons ici. Si l'on considère en effet le château de Menars, tel qu'on le voit aujourd'hui du côté de la Loire, on constate qu'il se com- pose d'un bâtiment principal flanqué d'un pavillon à chaque extrémité et de deux ailes un peu moins élevées. Or ce bâtiment central avec ces pavillons est reproduit presque exactement dans le dessin de Félibien. L'ordonnance géné- rale de la façade, le soubassement avec le perron à double rampe, les deux étages, l'encadrement des encognures et des fenêtres, la disposition des lucarnes correspondant aux fenêtres dans le corps de bâtiment central et à leur inter- valle dans les pavillons, tout y est. C'est bien le château « qui consistoit seulement en un corps de logis et deux pavillons » dont parle Félibien. Une seule différence sensi- ble (4) attire l'attention; aujourd'hui la toiture du bâti- ment central se prolonge jusqu'à celle des pavillons, tandis

(1) V. notamment : Dupré, ouv. cité, p. 135. (2) Ouv. cité. (3) On connaît deux exemplaires manuscrits de cet ouvrage : l'un conservé à la Bibliothèque nationale, qui a été publié par Montaiglon et que nous avons cité ci-dessus, l'autre conservé au château de Che- verny. Ce dernier renferme plusieurs dessins à la plume et au lavis que nous avons publiés dans le tome XXI des Mémoires de la Société des Sciences et Lettres de Loir-et-Cher ; c'est un de ces dessins dont nous parlons ici et que nous reproduisons dans cet ouvrage. (4) Il y a bien quelques autres inexactitudes, mais peu importantes et qu'expliquent le peu de précision du dessin ; c'est ainsi que le dessi- nateur n'a représenté que six fenêtres, au lieu de sept, à chaque étage du corps de bâtiment central. que sur le dessin de Félibien elles sont complètement sépa- rées. Mais, si l'on pénètre sous le comble, on constate que les anciennes charpentes séparées existent encore dans leur état primitif, et qu'on s'est borné postérieurement à ajouter quelques chevrons pour réunir le toit du principal corps de logis à celui des pavillons. Le style de l'édifice paraît en outre confirmer notre attri- bution au XVIIe siècle de cette partie du château. Que, sur une photographie du monument actuel, on efface les ailes et qu'on rétablisse l'ancien état de la toiture (i), et l'on sera frappé de retrouver la silhouette de tant de demeures seigneuriales de l'époque de Louis XIII. La sim- plicité même de la construction ne serait-elle pas d'ailleurs assez surprenante si, comme on l'a fait, on l'attribuait au marquis de Marigny et aux grands architectes du XVIIIe siècle qui travaillèrent à cette époque à Menars. Enfin, les documents que nous avons trouvés confirment complète- ment les conclusions auxquelles M. Trouëssart était arrivé grâce aux arguments que nous venons d'exposer. Nous n'avons malheureusement découvert aucun texte relatif à la construction du château de Guillaume Charron ; mais, parmi les nombreux papiers concernant les travaux exé- cutés au XVIIIe siècle, tandis que nous possédons des plans ou des documents écrits pour toutes les parties que nous savons avoir été élevées à cette époque, aucune pièce ne se rapporte à la construction de la partie centrale du château. Au contraire, diverses modifications furent alors apportées à cette partie de l'édifice (reconstruction des escaliers, construction de l'avant-corps réunissant le rez-de-chaussée des pavillons du côté de la cour) (2) : il est évident que la marquise de Pompadour et son frère, tout en conservant le château de Guillaume Charron au milieu des construc-

(1) V. notre figure. (2) V. pièce just. n° 3.

tions nouvelles, cherchaient à lui apporter les améliorations

nécessitées par le temps et les circonstances.

Tel que nous le voyons encore aujourd'hui, le château de

Guillaume Charron est d'une grande simplicité. La façade du côté du fleuve se compose d'un soubassement, rache-

tant la différence de niveau entre la terrasse qui s'étend de

ce côté et la cour d'honneur, et de deux étages de hautes

fenêtres. Un vaste escalier à double rampe donne accès à

la porte principale occupant le milieu de l'étage inférieur. Outre le fronton circulaire qui la surmonte et les bandeaux

qui séparent les étages, la décoration consiste exclusivement

en pierres appareillées séparées par des refends, qui enca-

drent les fenêtres et marquent les angles des pavillons légè- rement en saillie sur le centre de la façade. Le reste de la construction est en moëllons enduits de mortier. Au-dessus

de la corniche à denticules, sept lucarnes à frontons alter-

nativement arrondis et triangulaires se profilent sur la toi- ture au-dessus des sept rangées de fenêtres du corps de bâtiment central, tandis qu'une seule lucarne s'élève sur chaque pavillon, correspondant à l'intervalle de ses deux

rangées de fenêtres.

Du côté de la cour, la construction couverte en terrasse qui s'élève devant la façade principale entre les pavillons n'existait pas à cette époque. La lucarne centrale a égale- ment été modifiée. Le château devait donc avoir, de ce côté,

à peu près le même aspect que du côté de la Loire. Cepen- dant, le sol de la cour est ici de plein pied avec l'étage infé- rieur, et les pavillons font, de ce côté, sur le reste de la

façade une saillie bien plus considérable, ce qui a permis d'ajouter une rangée de fenêtres et une lucarne sur leur face latérale.

On le voit, cette simple demeure n'avait rien de compa- rable aux plus luxueux édifices de cette époque, au palais, par exemple, que vers le même temps Gaston d'Orléans faisait construire à Blois par François Mansard, ou même au beau château que l'architecte Boyer venait d'élever pour les Hurault à Cheverny. Ici le principal mérite de la construction tient à ses proportions et surtout à sa situa- tion « sur le plus agréable païsage qu'on puisse voir » (i). Au reste, il n'y a là rien de choquant, ni de disparate. Cette grande façade régulière s'harmonise parfaitement avec les jardins qui s'étendent à ses pieds et le vaste pay- sage qui l'environne. Mais, à vrai dire, il n'y a là non plus aucun ensemble décoratif, aucun grand parti architectural digne d'attirer particulièrement l'attention. « Tous les dedans du château, écrivait Bernier (2), répondent aux dehors, et sont peints par Jean Mosnier, peintre blésois ». Il ne reste rien de cette décoration inté- rieure. Jean Mosnier, qui jouissait alors d'une grande répu- tation locale, avait déjà travaillé à la décoration de plu- sieurs châteaux de la région, notamment à ceux de Valen- çay et de Cheverny, et on peut voir encore dans ce dernier une grande partie des peintures qu'il y exécuta. La décora- tion de Menars, à laquelle il travailla longtemps, fut un de ses derniers ouvrages (3). Enfin, nous savons qu'il y avait une « chapelle ou ora- toire construy et basty dans le chasteau de Menards ». Cette chapelle avait été bénie le 28 avril 1654, sur la requête de Guillaume Charron et avec l'autorisation de Jacques Lescot, évêque de , par Philippe Bour- donneau, chanoine de la collégiale Saint-Sauveur de Blois, sous le vocable de Saint-Guillaume (4).

(1) Bernier, ouv. cité, p. 91. (2) Ouv. cité, p. 92. (3) Bernier, ouv. cité, pp. 571-572. « Il fit ensuite de beaux plat-fons, et d'autres ouvrages à Vallançay et à Chiverni, et s employa long- temps sur la fin de sa vie à peindre à Menars ». (4) L'autorisation de l'évêque de Chartres (dont dépendait alors la paroisse de Menars) et le procès-verbal de bénédiction de la chapelle sont conservés aux arch. dép. de Loir-et-Cher, E 77. Guillaume Charron mourut le 14 avril 1669, à l'âge de 65 ans (1), et fut inhumé dans l'église paroissiale de Menais. Il ne s'était pas marié et avait institué pour son légataire universel son neveu Jean-Jacques Charron (2). Ce dernier était le fils de Jacques Charron, frère de Guil- - laume, et de Marie Bégon, appartenant à une vieille famille blésoise illustrée par les hautes magistratures qu'occupèrent plusieurs de ses membres. Jacques Charron, né à Saint- Dyé-sur-Loire, vers 1603, avait d'abord été commissaire des guerres, puis maître particulier des eaux et forêts et capitaine des chasses du comté de Blois, intendant des tur- cies et levées (1640), conseiller d'État (1643), enfin grand bailli d'épée et gouverneur de Blois (1661) (3). Pendant ce temps Jacques Charron était devenu possesseur de la terre et du château de Nozieux situés sur la rive gauche de la Loire en face de Menars (4). Outre son fils Jean-Jacques, Jacques Charron de Nozieux eut trois filles qui lui survé- curent : Catherine épousa en 1650 M. de Saumery, qui fut grand bailli de Blois avant son beau-père et dont les des- cendants occupèrent ensuite cette charge héréditairement ; Thérèse épousa en 1656 le marquis de La Popelinière ; quant à l'aînée, Marie, elle s'était mariée en 16l8 à un intendant du cardinal Mazarin, dont on ne prévoyait pas

(1) Ce renseignement est donné par l'épitaphe de son tombeau dans l'église de Menars. (2) V. pièce just. n° i. (3) Nous empruntons ces renseignements sur Jacques Charron aux notes généalogiques dressées par Péan et publiées par Dupré (ouv. Cité, pp. 172-177); ces notes paraissent sérieusement établies d'après des documents authentiques, quoique l'auteur ne cite pas ses réfé- rences. (4) Nous ne savons pas comment Jacques Charron devint proprié- taire de Nozieux, les textes que nous possédons à ce sujet étant abso- lument contradictoires. D'après les rédacteurs de l'acte d'acquisition de Menars par Mme de Pompadour (pièce just. n° i), qui se réfèrent à un acte notarié qu'ils avaient entre leurs mains, Nozieux aurait été acheté par Jacques Charron en 1652. Au contraire, d'après les notes généalogi- ques de Péan (Dupré, ouv. cité, p. 172),qui cite également un acte nota- encore les brillantes destinées : c'était Colbert (i). Jacques Charron mourut le 20 décembre 1669, quelques mois après son frère Guillaume, en instituant aussi son fils Jean- Jacques son légataire universel (2). Au moment où il recueillait ces importants héritages, Jean-Jacques Charron était âgé de 25 ans (3). Le beau- frère de Colbert ne tarda pas à parvenir aux plus hautes dignités ; il fut successivement conseiller au parlement, maître des requêtes, surintendant de la maison de la reine Marie-Thérèse, intendant de la généralité d'Orléans, puis de celle de Paris, enfin président à mortier au parlement de Paris, charge qu'il occupa pendant vingt-sept ans (4). Au reste le président de Menars était, au dire de Saint-Simon (5), « une très belle figure d'homme, et un fort bon homme aussi, peu capable, mais plein d'honneur, de probité, d'équité, et modeste, prodige dans un président à mortier ! » L'épitaphe de son tombeau à Menars (6), après avoir vanté, comme il convenait, son « vif amour du bien public, de la justice, de la vérité et de la religion », ajoute : « A ces vertus vraiment chrétiennes, il joignait une singulière bonté de caractère, la politesse des manières et l'affabilité des entretiens, qualités aimables qui lui conci- liaient tous les cœurs ». Il s'était en outre créé la réputa- rié qu'il paraît avoir eu sous les yeux, Nozieux aurait été acheté par Jean Charron, oncle de Jacques, qui l'avait légué à son neveu en 1655. Enfin Bernier (ouv. cité, p. 92), qui était contemporain de ces person- nages, dit aussi que Nozieux appartint à Jean Charron, à qui il attri- bue la construction du château, mais il affirme que cette seigneurie était depuis longtemps possédée par ses ancêtres. (1) Notes génélogiques de Péan (Dupré, ouv. cité, pp. 174-176). (2) Pièce just. n° 1. (3) Son épitaphe dans l'église de Menars nous apprend en effet qu'il mourut en 1718 dans sa 741 année. (4) Ces renseignements sont donnés par Bernier (ouv. cité, p. 91), Félibien (ouv. cité, p. 66) et son épitaphe à l'église de Menars. (5) Mémoires de Saint-Simon, édition Delloye, Paris, 1840, t. XXIX, p. 272. (6) V. p. 20, note 4. LK CHATKAU 1)K GUILLAUME CIIAHRON. Restitution

MÉNARS EN UiSI D'APRES l-'ÉF.I131KN. tion d'un ami des lettres, notamment en achetant la célèbre bibliothèque du président de Thou, qu'il revendit ensuite au cardinal de Rohan ; mais elle « fut pour tous les deux, ajoute Saint-Simon (i), un meuble de fort grande montre, mais de très peu d'usage ». La double succession de son oncle et de son père, en réunissant entre les mains de Jean-Jacques Charron les terres de Menars et de Nozieux, rendait ce seigneur pro- priétaire d'un domaine considérable, qu'il augmenta encore par de nouvelles et importantes acquisitions (2), de sorte que la seigneurie de Menars, s'étendant sur plus de quinze paroisses, devint une des plus importantes du pays blésois. En septembre 1676, Louis XIV l'érigea en marquisat (3) « mouvant et relevant » directement du roi « à cause de son château du Louvre » (4). Le château de son oncle devait bientôt paraître insuffi- sant au nouveau marquis de Menars. « Depuis que Mre Jacques (5) Charon, son nepveu, dit en effet Féli- bien (6), en a esté seigneur, il l'a beaucoup augmenté et, se servant de son heureuse scituation, en a fait une des belles maisons qui soient dans la province. Il y a adjousté deux corps de logis et une orangerie ». Des deux ailes élevées à cette époque il ne reste plus rien, les ailes actuelles ayant été, comme nous le verrons, entièrement rebâties au XVIIIe siècle ; mais elles nous sont connues par le dessin de Félibien dont nous avons déjà parlé. Elles étaient d'im-

(i) Ouv. Cité, t. XXIX, p. 273. (2) Pièce just. n° i. (3) La terre de Nozieux, quoique ayant appartenu jusqu'à la Révo- lution au même seigneur que Menars, ne faisait cependant pas partie du marquisat (pièce just. n° i). (4) Pièce just. n° 1. A partir de cette époque les appellations de la justice de Menars ressortirent « nuement et sans moyen » au parle- ment de Paris. Auparavant Menars était de la mouvance du château de Blois, et sa justice était du ressort du bailliage de Blois. (5) Lire : Jean-Jacques. (6) Ouv. cité, p. 66. portance inégale. L'aile gauche (en regardant le château du côté de la Loire) était aussi haute que le corps de logis principal. Elle comprenait un étage inférieur, correspon- dant au soubassement du bâtiment central, s'ouvrant sur le parterre par une porte et deux fenêtres et probablement en sous-sol du côté de la cour ; au-dessus s'élevaient deux étages de chacun quatre fenêtres et une haute toiture avec quatre lucarnes. La décoration fort simple était sans doute identique à celle du logis central, mais, au-dessus du sous- sol, dans toute la largeur du bâtiment, s'étendait un balcon sur lequel s'ouvraient les quatre fenêtres du rez-de-chaus- sée. L'aile droite, moins élevée, avait aussi un sous-sol, mais surmonté d'un seul étage, dont les trois fenêtres s'ouvraient sur un balcon analogue à celui de l'aile opposée (i). Quant à l'orangerie, elle existait encore au siècle suivant, car un inventaire dressé en 1759, au moment de l'acquisi- tion par la marquise de Pompadour (2), mentionne parmi les dépendances du château « une très belle orangerie en bon état ». Cette appréciation était d'ailleurs bien exagérée si, comme il est probable, cette construction n'était autre que « l'ancien bâtiment servant de remise et dans lequel on metoit les orengers en hiver » qu'un autre inventaire (3) estimait « de petite construction et en mauvais état ». Ce dernier bâtiment fut démoli par la marquise de Pompadour pour faire place au « bâtiment des cuisines ». Le château comprenait alors bien d'autres dépendances. Un bâtiment, situé en face de celui dont nous venons de parler et démoli à la même époque, servait auparavant de

(1) Sur le dessin de Félibien, l'église de Menars, que l'on aperçoit derrière cette aile du château, paraît se confondre avec elle. Peut-être une construction sans fenêtres qui parait adossée à l'aile gauche en était-elle aussi plus ou moins séparée, et faisait-elle seulement partie des dépendances du château. (2) Arch. dép. de Loir-et-Cher, E 77. Des extraits en ont été publiés assez incorrectement par Dupré, ouv. cité, pp. 163-165. (3) Pièce just. n° 3, art. 6. cuisine et de logement au régisseur (i). Il existe encore aujourd'hui deux pavillons carrés à haute toiture qui ont été utilisés dans la construction des écuries et remises du marquis de Marigny et qui datent certainement du XVIIe siècle (2). Des écuries mentionnées dans l'inventaire de 1759 (3), des bâtiments qui servaient de basse-cour, de logement de jardinier, d'auditoire et de prison, et qui « tombaient de vétusté » au XVIIIe siècle (4), étaient sans doute contemporains des premiers Charron ou même antérieurs. Bien que le président de Menars eût, au dire de Féli- bien (5), « embelly tous les dedans de la maison », ce sont surtout ses jardins qui semblent avoir charmé ses contem- porains. « Le château, dit Bernier (6), est environné d'un beau bois, d'un grand jardin, d'une belle terrasse, et de plu- sieurs autres accompagnemens fort propres ». Le bois comprenait-il déjà, comme aujourd'hui, un « Petit parc » près du château, sur le bord du fleuve, et un « Grand parc » s'étendant plus loin dans les terres? C'est probable, car cette division est antérieure à la marquise de Pompa- dour et se trouve mentionnée dans l'inventaire de 1759 (7). « Le Grand parc, entouré de murs, lit-on dans cette pièce, contient 1.500 arpents en bois taillis et futaie. Le Petit parc de 15 arpents est aussi entouré de murs ». De nom- breux actes de ventes de terres achetées par le président Charron pour l'accroissement de son Grand parc nous ont d'ailleurs été conservés (8). Le même inventaire de 1759 signale aussi les différentes

(1) Pièce just. n° 3, art. 6. (2) Pièce just. n° 3, art. 7. (3) V. p. 16, note 2. (4) Pièce just. n° 3, art. 12. (5) Ouv. cité, p. 66-67. (6) Ouv. cité, p. 91. (7) V. p. 16, note 2. (8) Arch. dép. de Loir-et-Cher, E 46 et 70. parties des jardins qui existaient alors : « parterre, - lingrin, canal et pièce d'eau ». Il est bien probable que le parterre, s'étendant devant le château et terminé en ter- rasse du côté de la Loire, et les pièces d'eau alimentées par des sources, situées en contrebas de chaque côté du par- terre, dataient au moins du temps du président de Menars. Félibien (i) nous dit, en effet, que le château est « eslevé au-dessus de deux différentes terrasses qui vont jusques au bord de la rivière ». Quant aux pièces d'eau, elles étaient déjà ruinées au siècle suivant. Le bassin situé en aval du parterre était autrefois alimenté par une fontaine placée sous un pavillon ; mais au XVIIIe siècle cette fontaine était tarie, « la source ayant pris cours d'un autre côté ». Du côté d'amont, à la place du petit édifice à colonnes élevé par Soufflot, se trouvait un pavillon « construit seulement en maçonnerie avec une voûte » et « où passoit une source dans une gargouille pour la conduire à la pièce d'eau » (2). Mais, ce que l'on vantait le plus dans les jardins de Menars, c'étaient deux avenues plantées d'ormes d'où la vue s'étendait sur la Loire. « Les deux avenues, dit Bernier (3), sont formées par deux allées plantées d'ormes à quatre rangs, l'une de six cens toises, et l'autre de quatre cens ». « Il y a fait, dit aussi Félibien (4) en parlant du président de Menars, deux longues avenues, de quatre rangs d'ormes, qui sont d'autant plus agréables qu'en s'y promenant on découvre, au delà de la rivière qui est au bas, une veue de paysage dont l'estendue et la différente quan- tité d'objets fait un aspect admirable ». En effet, si l'on regarde le dessin du manuscrit de Cheverny, on voit sur la hauteur, à droite du château, une longue rangée d'arbres,

(1) Ouv. cité, p. 67. (2) Pièce just. n° 3, art. 16. (3) Ouv. cité, p. 91. (4) Ouv. cité, p. 67. qui n'est autre que la magnifique allée qui s'étend encore aujourd'hui depuis le château jusqu'à l'extrémité du Petit parc, près du village de Cour-sur-Loire, à plus d'un kilo- mètre en amont. Toutefois, à cette époque, on n'avait entre- pris aucun travail de soutènement, et les terres s'abaissaient en pente irrégulière de l'allée jusqu'aux rives du fleuve. Mais pourquoi les auteurs que nous avons cités parlent-ils de deux avenues? et où se trouvait donc la seconde? Nous ne saurions répondre à cette question. Ce beau jardin n'était d'ailleurs pas uniquement un jardin d'agrément. Il avait son potager (i) et Bernier (2) déclare ne pouvoir passer sous silence « un espallier de sept cens toises de longueur en droite ligne où il y a les plus beaux arbres qu'on puisse trouver et qui rapportent les plus beaux fruits ». En , malgré les modifications considérables qui furent apportées au château de Menars au siècle suivant, son plan d'ensemble n'a guère changé depuis le temps des Charron. Le principal corps de logis a été entièrement conservé. Deux ailes s'élevaient déjà à cette époque à cha- cune de ses extrémités. Diverses dépendances entouraient déjà la cour qui précédait le château. Les parcs, le par- terre, les pièces d'eau, la grande allée d'ormes occupaient la même place qu'aujourd'hui. Enfin, maintenant comme au temps du président de Menars, on y « jouist de la mesme veue, et l'on peut dire, comme le faisait Félibien, qu'en quelque temps qu'il fasse l'on peut des fenestres du chasteau promener son esprit et ses yeux sur l'eau et dans la campagne dans une grande estendue de pays, où il y a toujours sujet de se divertir ». Jean-Jacques Charron mourut à Menars le 16 mars

(1) Signalé dans l'inventaire de 1759 déjà cité (v. p. 16, note 2). (2) Ouv. cité, pp. 91-92. 1718 (i). Il fut enterré, comme son oncle, dans l'église paroissiale de Menars, où l'on voit encore leurs tom- beaux. Cette modeste église, qui n'était à l'origine qu'une simple chapelle dédiée à Saint Jean-Baptiste et dépendant de l'église voisine de Cour-sur-Loire, avait été érigée en paroisse par décision de l'évêque de Chartres du 26 août 1629, sur la demande de Françoise Barentin, alors dame de Menars (2). Telle qu'on la voit encore aujourd'hui, elle paraît dater du XVIe siècle. Elle se compose d'une nef à trois travées, terminée par un chœur un peu plus étroit et précédée d'une grande tour carrée, avec un petit portail à pilastres de la fin de la Renaissance et une flèche de char- pente à lanternon assez pittoresque. Du temps des Charron, il y avait un autel et un chœur « de menuiserie », que Guillaume Charron s'était engagé à offrir à l'église de la paroisse lors de la consécration de la chapelle du châ- teau (3). Quant aux tombeaux des Charron, qui se voient encore, encadrés dans les fenêtres qui précèdent le chœur, ils sont assez simples, en pierre blanche, avec quelques ornements de bronze et une plaque de marbre noir portant l'épita- phe (4). Celui de Guillaume se compose d'un sarcophage

(1) Cette date est donnée par son épitaphe dans l'église de Menars. Tous les renseignements qui suivent concernant les différents pro- priétaires de Menars jusqu'à Mme de Pompadour nous sont fournis par notre pièce justificative n° i. (2) Transaction entre le marquis de Marigny et le curé de Menars du 18 décembre 1771. Arch. dép. de Loir-et-Cher, G. 1641, et Mémoire concernant cette question, ibid., E. 77. (3) Autorisation de l'évêque de Chartres pour l'érection de la cha- pelle castrale. Arch. dép. de Loir-et-Cher, E. 77. (4) Voici le texte de ces épitaphes : Épitaphe de Guillaume Charron : « Hic jacet Guillelmus Charron, eques, regi a consiliis, vice comes de Menars, integer vitæ, plenus fide, amore erga Deum, cari- tate erga pauperes. Annos vixit LXV, obiit die XIII aprilis, anno1 M. DC. LXIX. Hic resurrectionem expectat. Hoc sui amoris et grati animi monimentum patruo suo posuit Joannes Jacobus Charron, eques, marchio de Menars, baro de Conflans, in suprema curia praeses infu- au devant duquel est l'épitaphe dans un cadre de pierre ; le tout est surmonté d'une tête de mort couronnée de lauriers et couverte d'une grande draperie qui enveloppe tout le monument. Dans le tombeau du président de Menars, l'épi- taphe se trouve sur une stèle qui surmonte le sarcophage en partie recouvert d'un draperie; deux petits anges pleu- reurs sont assis, de chaque côté de la stèle, aux angles du sarcophage. La Révolution, en effaçant les armes des Charron sur les draperies qui décorent les tombeaux et sur les cartouches qui surmontent les fenêtres, a malheureuse- ment mutilé ces monuments, qui rappellent encore aux visiteurs de la petite église la mémoire des premiers créa- teurs de la magnifique demeure voisine. De son mariage avec Marie-Françoise de La Grange de Neuville, Jean-Jacques Charron avait eu un fils et trois filles. En 1705, lors du mariage de son fils, Michel-Jean- Baptiste Charron, avec Marie-Charlotte de Saligné de La Chèze, le président Charron lui fit don du marquisat de Menars et de toutes ses dépendances, en s'en réservant l'usufruit sa vie durant. Le nouveau marquis de Menars était né à Paris en 1674; il devint brigadier des armées du roi, gouverneur du château de Blois et capitaine des chasses du comté. latus, etc. ». Épitaphe de Jean-Jacques Charron : « D. O. M. Hic jacet Johan. Jac. Charron, marchio Menarsii. in quarta inquisitionum classe senator, tum libellorum supplicum magister, regendae domui Mariae-Theresiae, Galliarum régime, præpositus, hinc juridicundo. poli- ticae administrationi reique ærariæ, Aureliani primum, deinde Lute- tiæ, regia delegatione praefectus, denique per annos XXVII in senatu Parisiensi praeses infulatus. In iis muneribus exercendis, studium acre reipublicae, justitiæ, veritatis, religionis, nullo metu,nulla temporum dif- ficultate debilitatus, constanter retinuit. Has vere christianas virtutes condiebat singulari bonitate indolis, comitate morum, affabilitate ser- monis, quae illi amorem omnium conciliabant. Anno ætatis LXXV ineunte, in hoc Menarsiano suo mortuus, XVII kalendas aprilis, anno reparatae salutis M. DCC. XVIII. Familiae, amicis, bonis omnibus, ingens sui desiderium reliquit. Uxor et liberi meerentes posuerunt. Requiescat in pace ». De son temps, le château de Menars fut habité par un hôte illustre, l'ex-roi de Pologne, Stanislas Leckzinski, dont la fille venait d'épouser Louis XV. On sait, en effet, qu'a- près son mariage avec Marie Leckzinska, en 1725, Louis XV offrit à son beau-père une royale hospitalité au château de Chambord, 011 il séjourna jusqu'à ce qu'il fut appelé à nouveau, en 1733, à faire valoir ses droits au trône de Pologne. La résidence était somptueuse, mais elle n'était pas très salubre, et la fièvre força Stanislas et les siens à quitter Chambord tous les étés. Ils allèrent au châ- teau de Saumery en 1726 et à Saint-Dyé-sur-Ldire en 1727; puis, pendant les cinq années suivantes (1728-1732); ils pas- sèrent les mois d'été au château de Menars. Les Leckzinski étaient-ils les hôtes ou les locataires de Michel Charron? Nous ne saurions le dire. Mais leurs nombreuses lettres datées de Menars ne laissent aucun doute sur leurs longs séjours dans cette résidence (1). De sa première femme, Michel-Jean-Baptiste Charron n'avait eu qu'une fille, Marie-Charlotte-Françoise Charron. Il lui fit don de sa terre de Menars, en 1720, à l'occasion de son mariage avec le président de Maisons ; mais, cette fille étant morte sans enfants, le marquis de Menars reprit possession de son domaine. S'étant remarié avec Anne de^ Castras de La Rivière, il en eut un fils, Marie-Jean- Baptiste-Pierre, et deux filles, Charlotte-Louise et Anne. Il mourut le 13 septembre 1739. Après sa mort, son fils, Marie-Jean-Baptiste-Pierre

(1) Voir notamment les Lettres des Leckzl'itski à la comtesse d'Andlau et ait maréchal du Bourg (1725-1738) publiées par M. le vicomte de Cormenin dans la Nouvelle Revue rétrospective de 1901. — Dupré (ouv. cité, p. 126) est donc dans l'erreur quand il place en 1725 le séjour de Stanislas à Menars et quand il y fait mourir sa mère, Anne Jablownoska, en 1727. Celle-ci mourut sans doute à Saint-Dyé où se trouvait la famille du roi de Pologne à cette époque. Cependant un registre de baptêmes, mariages et sépultures de la paroisse de Chambord (GG 3) la dit « décédée au château de Saumery ». Charron, depuis lieutenant dans le régiment du roi infan- terie, gouverneur du château de Blois, devint seul proprié- taire de Menars; mais, en 1746, il mourut mineur et non marié, et ses deux sœurs encore mineures héritèrent de ses domaines. Plus tard Charlotte-Louise se maria à Esprict- François-Henry, marquis de Castellane, chef de brigade de gendarmerie et mestre de camp de cavalerie, et Anne épousa François, comte de Lastic, colonel des grenadiers de France. La marquise de Castellane et la comtesse de Lastic ne paraissent pas avoir habité leur terre de Menars. Ce domaine fut même affermé à un sieur Joachim Charles. bourgeois de Paris, à partir du Ier octobre 1753 pour les bois et du Ier janvier 1754 pour les autres domaines. Cette location devait être bientôt suivie de la vente du marquisat de Menars ; mais le nouvel acquéreur allait donner à cette terre un éclat qu'elle n'avait jamais connu, même au temps de Guillaume et de Jean-Jacques Charron : c'était la mar- quise de Pompadour. Achevé d'imprimer en 1980 à Genève - Suisse

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