CENTENAIRE DE LA PRÉHISTOIRE EN PÉRIGORD (1864-1964) Jji-Xjsir
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BULLETIN DE LA SOCIETE HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE DU PÉRIGORD RECONNtJE D'UTILITÉ PUBLIQUE PARAISSANT TOUS I.ES TROIS MOIS SUPPLÉMENT AU TOME XCI - ANNÉE 19^4 Mw ^Octété Hi, _r du PÉRIGUEUX AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ, i8, rue du Planôer CENTENAIRE DE LA PRÉHISTOIRE EN PÉRIGORD (1864-1964) Jji-XJSir-- W<^ «iW-b-'tw&W « Vue du Château des Eyzies », dessin de W. Tipping, mai 1867. Planche extraite des Rdlsji; aquitanicae publiés par E. Lartet et H. Christy en 1875. Centenaire de la PREHISTOIRE en Périgord (1864-1964) Numéro spécial du Bulletin de la Société Historique et Archéologique du Périgord publié avec le concours de l'Office départemental de Tourisme de la Dordogne PÉRIGUEUX PIERRE FANLAC AUTOUR D'UN CENTENAIRE VEZERE-SOMME-CHARENTE (1863-1963) C'est dans les derniers jours d'août 1863 qu'Edouard Lartet entreprit des fouilles, presque simultanées, dans la grotte des Eyzies, à Laugerie-Haute et Gorge d'Enfer L'année précédente, un anti quaire parisien, J. Charvet, lui avait montré des silex taillés et quel ques fragments de brèche osseuse, qu'il tenait d'un habitant des Eyzies, Abel Laganne. Lartet identifia des phalanges de renne et, par l'intermédiaire de l'antiquaire, reçut de nouveaux échantillons qui le décidèrent à se rendre sur place, sans hâte d'ailleurs, puisqu'il attendit l'été de 1863 et la réalisation d'un « voyage projeté dans le Midi » Le détour en Dordogne se transforma en une campagne de fouilles de cinq mois. L'exploration de la grotte de Richard, aux Eyzies, puis Gorge- d'Enfer, Laugerie-Haute et Laugerie-Basse, la Madeleine et le Moustier, constituent en 1863 et dans les années suivantes le point de départ des recherches préhistoriques dans la région des Eyzies, dont le centenaire est, à juste titre, célébré. Mais il serait injuste, quoi que prétende la flamme: « 1964. Centenaire de la Préhistoire en Périgord » qui oblitère nos timbres- poste, de faire de ce centenaire celui de la recherche préhistorique dans notre province, et même dans la seule vallée de la Vézère. La Société historique et archéologique du Périgord a elle-même rendu l'hommage qui convenait à François Vatard de Jouannet, en patronnant l'ouvrage consacré en 1936 à ce « Grand-père de la Pré histoire » par le docteur A. Cheynier 3. C'est en effet vers 1810 que Jouannet entreprend des recherches sur le plateau d'Ecornebœuf, au sud de Périgueux. Il découvre les grottes de Combe-Grenant (Combe-Grenal) et du Pey de l'Azé (Pech de l'Aze), dans le Sarladais, en 1815-1816. Il révèle en 1834 la grotte de Badegol (Badegoule), non 1, Lartet (Ed.) et Chhisty (H.). Cavernes du Périgord. Objets gravés et sculptés des temps préhistoriques dans l'Europe Occidentale. Rev. Archéol., nie série, 5'^ année, IV, avril 1864, p. 243. — Le titre réel de l'article est: « Sur des figures d'animaux gravées et sculptées et autres produits d'art et d'industrie rapportables aux temps primordiaux de la période humaine ». 2, IB., pp. 242-243. — Cf. GiROD (D' P) et Massénat (E.). — Les stations de Vàge du Renne dans les vallées de la Vézère, Paris, 1900, p. 7. — La grotte des Eyzies est alors appelée « Caverne de Richard », du nom de son propriétaire d'origine britan nique. 3, Cheynier (D' A.), .fouannel, grand-père de la Pré/n'stoire, Brive, 1936, 101 p. _ 9 — loin du confluent du Cern et de la Vézère. Infatigable marcheur, ayant « appris tout sauf l'équitation ; heureusement que j'avais de bonnes jambes », il parcourait le pays, le marteau à la main et la musette au dos de hameau en village, conversant avec les paysans. Dans une plaquette bien décevante à d'autres égards, et qui paraît juste ment en 1863, son disciple l'Abbé Audierne pourra écrire: « Il n'y a pas un laboureur, un terrassier, un ouvrier quelconque qui n'ait entendu parler de silex travaillés et à qui la recommandation n'ait été faite et renouvelée plusieurs fois de recueillir tous ceux qu'il trou vait... » Que les récoltes d'Abel Laganne dans la grotte des Eyzies et, grâce à elles, les fouilles de Lartet et Christy, soient le fruit du prosélytisme inlassable de Jouannet, est fort probable. Qu'elles soient passées par l'intermédiaire d'un antiquaire parisien n'a rien pour surprendre ^: le Périgord est infiniment plus pauvre que le jardin de ses vallées ne le ferait soupçonner, et les avantages touristiques ou simplement pécuniaires de la Préhistoire y ont été rapidement compris. L'Abbé Audierne n'ignorait pas l'existence de grottes dans la vallée de la Vézère ; il imaginait même une progression vers le nord des hommes préhistoriques, après l'occupation des abris naturels du Sarladais: «... plusieurs, arrivés au confluent de la Dordogne et de la Vézère, remontaient cette dernière et, rencontrant la grotte de Badegoule, s'y établissaient. C'est ainsi que Campagne, situé sur les bords de la Vézère [Campagne-sur-Vézère, à 6 km en aval des Eyzies], nous présente plusieurs grottes qui furent habitées... » L'arrivée d'Edouard Lartet aux Eyzies-de-Tayac ne signifiait donc pas tout à fait un commencement. Comme presque toujours en matière de recherche scientifique, elle était aussi un aboutissement. Elle s'inscrivait d'ailleurs dans un contexte beaucoup plus vaste, débordant largement le Périgord. 4. IB.. p. 27. — Lartet a fouillé à Combe-Grenal en octobre 1863, visité le Pech de l'Azé. Il ne semble pas être allé à Badegoule (L. l. supra, pp. 235-237, et passim). 5. Audierne (Abbé), De. l'origine et de l'en/arice des Arts en Périgord, ou de l'âge de la pierre dans cette province avant la découverte des métaux. Pérlgueux, 1863 p. 16. 6. C'est aussi J. Charvet, marchand d'antiquités à Paris qui, en juillet 1861, avait acheté le produit des fouilles faites en 1860 dans les grottes du Chaffaud par le faussaire Meillet, qu'il avait revendu en 1862 au Marquis de Vibraye (d'après Chauvet, Grottes du Chaffaud, p. 10, cité par Vayson de Pradenne, Les fraudes en archéologie préhistorique, 1932, p. 104). 7. IB., p. 32. On était intrigué par l'amoncellement des cendres, des ossements brûlés et des silex dans les grottes explorées. Certains n'y voyaient encore que le résul tat de « courants diluviens ». Jouannet avait fait procéder à l'analyse chimique des <( os fossiles » sans conclure (A. Cheynier, L. L, pp. 40-41). L'Abbé Audierne pose la question à un troglodyte et voici la réponse qu'il imagine ; « Ce qui vous étonne est la chose la plus simple du monde... Nous faisions rôtir les viandes de nos repas dans nos grottes, nous y fabriquions nos armes, nos outils et comme nous n'enfouissions ni les animaux ni leurs débris, nous brûlions leurs restes et l'on ras semblait le tout pour éviter l'encombrement. De là cet amas qui vous étonne, et qui n'était que nos balayures... » (L. l., p. 22). — 10 — Dans le très beau livre qu'il a consacré à Boucher de Perthes Léon Aufrère a mis l'accent sur l'appui qu'Edouard Lartet lui avait apporté, dès 1859, semble-t-il Boucher de Perthes avait tenté, en 1838, de faire accepter ses collections par l'Etat, pour être exposées dans l'Hôtel de Cluny, « Musée d'Antiquités nationales ». Après accep tation de principe, il avait été rabroué en termes fort discourtois, sa collection « annoncée tout d'abord d'une manière pompeuse », ne présentant, « sous le rapport de l'art », aux dires de « beaucoup d'amateurs de Paris », que « peu d'importance » Soutenu par Lartet, qui était intervenu auprès de Geoffroy Saint-Hilaire, il se tournait maintenant vers le Muséum, dont l'opinion fut « en avance sur celles des autres milieux scientifiques » et paraît avoir entraîné la sympathie des savants britanniques. Dès lors, à Paris, « Lartet veille » ^2, et cette sollicitude agissante ne se démentira pas, même lors de la malheureuse affaire de Moulin-Quignon, en 1863 justement. L'idée d'un grand Musée d'Antiquités nationales était chère à Boucher de Perthes. Il y prévoyait trois sections: «... les armes et ustensiles en pierre, en os ou en bronze, qui ont précédé la période historique... La seconde embrasse la période romaine ou gallo-romai ne. La troisième comprend le Moyen Age » Et voilà que Napoléon III décidait, par décret du 8 novembre 1862, la création d'un Musée « Gallo-romain » au château de Saint- Germain-en-Laye. Six mois plus tard, l'extension à toutes les anti quités nationales était chose acquise et, dans la Commission d'orga nisation du Musée allait siéger, en 1865 et 1866, Edouard Lartet Dès 1863, des négociations s'étaient engagées pour y faire une place à la collection antéhistorique de Boucher de Perthes. Lui-même a raconté, dans une lettre du 31 mars, son entrevue avec l'Empereur, qui l'avait convoqué à Compiègne: «... L'Empereur me demande si je voulais mettre mes pièces à Saint-Germain. Naturellement je répondis oui, ne demandant pour toute faveur que de les classer rnoi-même. L'Empereur me répondit que c'était fort juste, et il ajouta gracieusement que cette galerie, que je lui proposais de nom mer préhistorique ou archéogéologique, prendrait mon nom » ^6. Le 14 août 1863. mois où Lartet et Christy arrivent en Périgord, Bou cher de Perthes est fait Chevalier de la Légion d'Honneur, en même 8. aufrère CL.) Figures de Préhistoriens. I. Boucher de Perthes. Préhistoire, t. VII. iinUy PP • 9. Cf. Merw (L.), Edouard Lartet et son rôle dans l'élaboration de la Préhistoire. Aurl- gnac et 1 Aurlgnacien.