Lascaux. Peintures Et Gravures
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UNION GÉNÉRALE D'ÉDITIONS 8, rue Garancière - PARIS COUVERTURE : Photo MILLET (Réalités) © 1959 by ANNETTE LAMING French version Annette Laming 1964. Droits de reproduction et de traduction ré- servés pour tous pays, y compris l'U. R. S. S. LASCAUX PEINTURES ET GRAVURES PAR Annette LAMING VOICI Science-Information VOICI Science-Information Docteur Roger GÉRAUD La Limitation médicale des naissances F. JACKSON et P. MOORE L'Univers est-il habitable? W. W. SAWYER Plaisir des mathématiques J. L. BELLANGER La stupéfiante aventure de la drogue dans le monde Annette LAMING La scaux. Peintures et gravures INTRODUCTION LES SANCTUAIRES SOUTERRAINS DE LA PRÉHISTOIRE. 1) Découvertes et Répartition. Quand vers 1834, on découvrit pour la première fois dans la grotte du Chaffaut (Vienne) une œuvre d'art paléolithique, un fragment d'os gravé de quel- ques biches, on n'en soupçonna .pas d'abord l'an- tiquité. On en était encore à cette époque à se demander si « l'homme antédiluvien » avait bien existé et la question d'une culture artistique à une époque aussi reculée ne se posait même pas. La question cependant faisait de rapides progrès. Au milieu du XIX siècle la coexistence de l'homme et des grands animaux disparus fut définitivement démontrée. En même temps les découvertes d'œu- vres d'art se multipliaient et fournissaient d'ailleurs un dernier argument, décisif, contre les adversaires encore nombreux de la grande antiquité de l'homme. Nul ne pouvait nier que les artistes qui avaient représenté sur l'os et sur la pierre des rennes et des mammouths avaient été dans nos régions con- temporains de ces animaux. A partir de 1861 les fouilles de Lartet et de Christy dans la région des Eyzies et plus particulièrement la découverte dans la station de la Madeleine d'une lame d'ivoire gra- vée d'un indubitable mammouth démontrèrent défi- nitivement l'âge paléolithique de nombreuses gra- vures et sculptures trouvées dans les gisements. Des années passèrent. Les découvertes d'os gravés se multipliaient, mais on ne faisait encore aucun rapprochement entre ceux-ci et les animaux que l'on commençait à signaler, peints et gravés sur les parois des grottes. Certaines peintures comme cèlles de la grotte de Rouffignac par exemple, étaient connues depuis plusieurs siècles, mais personne ne songeait à leur attribuer une grande antiquité. En 1864, le Dr Garrigou, qui pourtant venait de fouiller la caverne de Bruniquel dans le Tarn et connais- sait donc l'existence d'un art paléolithique, visitait la grotte de Niaux dont les peintures ont été depuis reconnues comme des chefs-d'œuvre de l'art qua- ternaire. Ces peintures, celles du salon noir en parti- culier, ne peuvent échapper à aucun visiteur quelque peu averti qu'il soit. Mais le Dr Garrigou se con- tentait de noter sur son carnet : « Il y a des dessins sur la paroi. Qu'est-ce que cela peut bien être ? » Quinze ans plus tard, en 1879, un archéologue espagnol, Marcelino S. de Sautuola, fouillait la ca- verne d'Altamira près de Santander, dans les monts Cantabriques, lorsque sa petite-fille, qui jouait à côté de lui, déclara apercevoir des bêtes sur le plafond. Sautuola leva les yeux et, à sa grande sur- prise, reconnut en effet sur la voûte au-dessus de lui des séries d'animaux peints et gravés. Un che- val, une biche de grande taille, des bisons surtout, dans les poses les plus variées, et dans une apparence de désordre, parsemaient cette voûte. Les couloirs plus profonds de la caverne, aussitôt explorés, con- tenaient d'autres figures. Sautuola n'hésita pas à attribuer ces œuvres à une très haute antiquité, mais personne ne le suivit dans ses conctusions, sauf Juan Vilanova y Piera en Espagne et Piette en France. Un moment intrigué, le monde des préhistoriens se désintéressa bientôt de la question qui ne fut même pas soulevée au Congrès International d'Archéologie et d'Anthropo- logie préhistorique qui se tenait à Lisbonne l'année qui suivit la découverte. En France on ne connut longtemps Altamira qu'à travers le rapport publié en 1882 par Edouard Harlé (1). Harlé qui s'était rendu sur place et avait très soigneusement étudié la grotte, concluait que les peintures polychromes du grand hall étaient certainement fort récentes et avaient probablement été exécutées entre les deux visites de Sautuola à la grotte, c'est-à-dire entre 1875. date à laquelle il n'avait remarqué aucune figuration, et 1879. Quant aux autres peintures, qui d'après lui ne dataient sûrement pas de l'époque des débris archéologiques, il admettait qu'elles pus- sent être un peu plus anciennes. Dans son rapport il publiait une planche représentant quelques signes géométriques et une silhouette animale très fruste. choisie parmi les moins bonnes de toute la grotte. parce que Harlé considérait justement que sa gros- sièreté constituait une plus grande présomption d'an- tiquité. C'était la première fois qu'était publiée en France une figure d'art rupestre paléolithique. Elle n'attira guère l'attention. Altamira aussitôt décou- verte retomba dans l'oubli. En 1895 cependant, Emile Rivière annonçait à l'Académie des Sciences la découverte sur les parois de la grotte de la Mouthe près des Eyzies, de dessins peints et gravés qu'il attribuait à des civilisations préhistoriques. Lui aussi ne rencontra d'abord que scepticisme. Les découvertes pourtant continuaient. En 1896 étaient signalés les dessins de Pair-non- Pair, en Gironde ; en 1897 c'étaient les peintures de Marsoulas, en Haute-Garonne. En même temps on se rappelait que dès 1878, un instituteur, Chi- von, avait découvert et fait photographier des « des- sins entaillés » sur les parois de la grotte Chabot, dans le Gard ; sa découverte n'avait soulevé aucun in- térêt. En 1901 enfin la découverte des Combarelles et quelques mois plus tard celle de Font-de-Gaume, toutes deux situées près du centre préhistorique des Eyzies en Dordogne, emportèrent l' assentiment gé- néral. Avec les Combarelles et Font-de-Gaume, on venait de découvrir deux des chefs-d'œuvre de l'art préhistorique. La question de l'authenticité des décou- vertes faites jusqu'à ce jour se trouva définitivement close, et Emile Cartailhac, l'un des plus éminents préhistoriens de l'époque et des premiers adversaires d'Altamira, tint à réhabiliter publiquement cette grotte qu'il avait contribué à jeter dans l 'oubli. Son Mea culpa d'un sceptique, publié en 1902 dans L'Anthropologie, clôt cette période de tâtonnements dans la connaissance de l'art rupestre préhistorique. Depuis le début du siècle les découvertes de grottes et d'abris décorés se sont poursuivies assez régulière- ment en France et en Espagne. Elles ont continué jusqu'à nos jours. Parmi les plus importantes on peut signaler les grottes de Hornos de la Pena et de Castillo en 1903, la caverne de Niaux en 1906, Le Portel en 1908, Le Cap-Blanc et Laussel en 1909, la grotte de Pindal en 1910, celles de La Pasiega et de La Pileta en 1911, la caverne des Trois Frères en 1916, la caverne de Pech-Merle en 1922, la frise sculptée du Roc de Sers en 1927. L'entrée de la grotte de Lascaux fut mise à jour, accidentellement, en 1940. Les œuvres qu'elle con- tenait étaient parmi les plus belles et les mieux conservées qu'on eût jamais mises à jour. La décou- verte donna un renouveau d'intérêt à la question de l'art rupestre préhistorique et étendit à un large public le cercle de ses admirateurs. La mode de la spéléologie aidant et les explo- rations en cavernes se multipliant, les découvertes dans les dernières années se sont faites plus nom- breuses. En Dordogne on a exploré et déchiffré la grotte de Gabillou en 1941, la grotte de Barabao en 1951. C'est en 1956 que la découverte de la grotte de Rouffignac a fait éclater la fameuse guerre des mammouths. Dans le Lot une nouvelle galerie de la grotte de Pech-Merle a été ouverte en 1949 et en 1952 la grotte de Cougnac a révélé des œuvres très intéressantes. Dans l'Ariège des gravures ont été déchiffrées dans les grottes d'Ebbou en 1946 et du Colombier en 1947. La frise sculptée d'Angles- sur-Anglin dans la Vienne a été dégagée en 1949. On a pu pénétrer dans les galeries profondes de la grotte du Cheval à Arcy-sur-Cure dans l'Yonne en 1946. L'art des cavernes date de la fin de la dernière période glaciaire. Il est l'œuvre de ces chasseurs du Paléolithique récent qui savaient aussi ciseler finement leurs armes d'os ou d'ivoire, sculpter de délicates figurines de pierre. Art mobilier et art rupestre appartiennent à la même période de l'his- toire de l'humanité et présentent des analogies sty- listiques et techniques évidentes. Pourtant les aires de répartition de l'une et l'autre formes d'art ne se superposent pas exactement. L'art de sculpter de petites statuettes féminines d'os ou d'ivoire était répandu sur une grande partie de l'Eurasie. Des « Vénus » paléolithiques ont été trouvées en France, en Italie, en Europe centrale et jusqu'en Sibérie. Des gravures et des bas-reliefs sur os ou sur ivoire à représentations animales ont une aire de répar- tition moins vaste. Leur centre de diffusion semble avoir été l'Europe occidentale et plus particulièrement la France du Sud-Ouest, mais on en a retrouvé les traces au nord et jusqu'en Belgique et dans la région de la Meuse, au sud en Espagne et en Italie, à l'est en Suisse et jusqu'en Ukraine.