Introduction
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Rapport annuel du Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme 2002 1 INTRODUCTION 2002 , c’est l’année « d’après le 11 septembre », c’est l’année de violences importantes dans le monde mais aussi chez nous avec l’assassinat d’un couple de marocains à Schaerbeeck, d’un jeune professeur à Anvers, l’agression physique de rabbins, l’attaque de synagogues et de mosquées, des professeurs mis en difficultés, l’agression verbale d’enfants et de jeunes victimes d’insultes mais aussi de regards différents, lourds de sens… Sans dramatiser à outrance, 2002 a néanmoins connu de lourdes tensions intercommunautaires, et la crainte que des oppositions violentes ne se manifestent, en partie rythmées par les événements du Proche-Orient. Le Centre a répondu à ce climat par l’organisation de rencontres, entre autres entre représentants des communautés juives et musulmanes, par la multiplication de sensibilisations, par des séances de travail avec des responsables de radios communautaires, l’ouverture d’un site internet « agenda-respect » extrêmement fréquenté, par une participation active aux travaux de l’Observatoire des phénomènes racistes de Vienne sur l’islamophobie et l’antisémitisme, etc. Ces événements ont incité le Centre à démultiplier les contacts avec les associations, les écoles, les centres régionaux d’intégration, des responsables communaux, à participer à certaines campagnes telles « la haine je dis non »…dans un souci de proximité avec les acteurs de terrains, et la réalité vécue dans les quartiers par les citoyens, démarches indispensables dans une situation troublée. 2002 a également été une année de réflexion forte sur le concept d’intégration et les modes d’insertion des populations d’origine étrangère dans le pays, sur les nécessités d’organiser l’accueil et l’intégration des personnes primo-arrivantes. Conférences, débats, recherches, avis parfois péremptoires se sont multipliés sur la société multiculturelle, la gestion de la diversité, de la différence, sur les limites que certains y mettent parfois… Lorsque la société dite d’accueil évoque - au-delà de sa Constitution et ses lois- les valeurs communes qui la fondent, encore faut-il les réénoncer, les expliciter, voire accepter de vivre leur modification progressive. C’est ainsi que des questions liées à la laïcité ou la neutralité de l’Etat sont ouvertes. Qu’un débat sur l’efficacité d’appliquer une politique de quotas pour lutter contre les discriminations à l’embauche a été entamé, sans apporter une réponse univoque ! Que la question relative au « comment vivre ensemble » qui est au cœur de la réflexion, s’est élaboré autour de principes favorisant plus ou moins le communautarisme ou la mixité sociale. A l’initiative du Gouvernement fédéral, une action de fond articulée sur le « mieux vivre ensemble » démarrera fin 2002 avec des missions spécifiques attribuées au Centre : l’organisation d’un grand rassemblement d’associations travaillant dans le secteur, aux fins de recueillir leurs analyses et besoins; l’élaboration d’un recensement des politiques publiques spécifiques et la mise sur pied, dans les grandes villes et communes de tables rondes, leviers d’un meilleur dialogue, d’une analyse plus fine de la situation locale entre les acteurs publics et privés (tables rondes qui ont déjà démarré sur Anvers). 2002 , c’est la poursuite du travail inlassable d’accueil des victimes de racisme, de l’accompagnement, de la multiplication des médiations comme mode de résolution, de la poursuite du combat contre le racisme organisé et l’intensification de la lutte contre le racisme sur internet. En matière de politique d’asile, plusieurs points forts ont mobilisé le Centre au long de cette année : l’Arrêté Royal fixant les conditions de détention en Centre fermé, enfin pris, mais pas encore totalement applicable puisque la Commission qui doit pouvoir recevoir et apprécier les plaintes des résidents sur leurs conditions de détention n’est pas encore constituée. Le Centre pour l’égalité aura pour mission d’évaluer cette procédure dans son ensemble. La double peine, dossier délicat et symbolique s’il en est, a également été très présent, entre la tentative de dénouer certaines situations individuelles dramatiques et le souhait d’une politique résolument nouvelle en la matière. Introduction Rapport annuel du Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme 2002 2 Les mineurs non accompagnés, et le surréalisme traumatisant du voyage de la petite Tabita en est un exemple, ont fait l’objet de nombreuses interventions du Centre, entre autres avec les Délégués généraux aux Droits de l’enfant des deux Communautés. L’on pourrait encore citer la reprise sous une forme nouvelle d’un travail intensif avec les services de police, au travers de la mise sur pied d’un groupe de travail sur la diversité ; la signature du côté francophone, d’un accord de coopération avec le Conseil supérieur de l’audiovisuel pour unir nos forces et expertises en matière de lutte contre le racisme dans les émissions de radio et de télévision. En parallèle au présent rapport annuel, un bilan des 10 premières années d’existence du Centre a été rédigé. Il approfondit une série de questions, d’évolutions, sans prétendre « raconter » ces 10 années d’expertise et de vigilance. 2002, 12 décembre , un vote au Sénat achevait tout le travail parlementaire entamé deux années auparavant visant à renforcer la loi du 15 juillet 1981 contre le racisme, et créant une loi luttant contre toutes les formes de discriminations (liées au handicap, à l’état de santé, à l’orientation sexuelle, etc). Cette dernière portera officiellement la date du 15 février 2003 et modifie également la loi qui avait créé le Centre en … 1993. Ce nouvel arsenal juridique va permettre au Centre de répondre aux victimes de discriminations, de harcèlement, de violences -déjà nombreuses à avoir pris contact avec nous- . La tâche du Centre sera importante dans ce domaine : travail d’information et de sensibilisation, accueil des victimes, contacts et liens avec les services publics et les associations oeuvrant déjà en faveur de ces publics… Le chantier est vaste, très vaste. Il nous appartiendra dès lors, au-delà de l’accueil et de l’aide individuels indispensables, de mettre en route des groupes de réflexion, des consultations de spécialistes, une coopération forte avec le nouvel Institut pour l’égalité des femmes et des hommes, avec les Régions en ce qui concerne leurs compétences, afin de tracer, dans le travail quotidien, un premier contour à ce cadre légal. Ce dernier comporte, en tout cas, une avancée notoire en ce qui concerne les preuves que seule la victime avait auparavant à fournir suite aux discriminations subies. Un formidable défi pour 2003. Un défi pour le Centre, mais aussi un défi collectif et un enjeu de société. De fait, les frontières entre la non- discrimination et le désir réel de grandir et vivre dans des groupes d’hommes et de femmes vraiment porteurs de différences doivent constituer un enrichissement, un plaisir, une curiosité bienveillante et non une obligation légale ! Eliane Deproost Johan Leman Directrice adjointe Directeur Introduction Rapport annuel du Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme 2002 3 I. PLAINTES RACISME 1. Analyse des plaintes 2002 1.1 Introduction Le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme a ouvert en 2002 1316 dossiers . Une augmentation de 70 dossiers c omparé à 2001 . En 1997 seulement l’on a pu constater un chiffre plus important, à savoir 1472 . Le tableau 1 reprend le nombre de dossiers selon leur objet. Une distinction est cependant faite entre les dossiers qui ne portent que sur la situation de séjour des étrangers d’une part, et les “dossiers de racisme” d’autre part. Outre ces dossiers, le Centre a répondu à de nombreuses questions ayant trait par exemple à l’obtention d’un visa, l’acquisition de la nationalité belge, la loi antiraciste, la loi sur le négationisme, etc. Ces données ne figurent pas dans cette analyse. L’analyse porte uniquement sur les plaintes pour lesquelles un dossier a été ouvert. 1.2. Mode de prise de contact Comparé à à 2001, nous constatons une légère modification en ce qui concerne les visites au Centre. Leur nombre baisse (502 en 2001 contre 404 en 2002) alors que le nombre de plaintes transmises par voie de courrier augmente (241 en 2001 contre 289 en 2002). Mode de prise de contact 450 404 400 350 289 300 264 250 222 200 150 100 59 69 50 9 0 Visite Lettre Courriel Fax Journaux Contact Téléph. Mais la hausse la plus spectaculaire se situe au niveau des plaintes qui nous sont transmises par le biais du courrier électronique: 151 dossiers en 2001 contre 264 en 2002! Les communications par voie téléphonique demeurent pratiquement identiques (215 en 2001 contre 222 en 2002). I. Plaintes Racisme Rapport annuel du Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme 2002 4 1.3. Tendances générales pour 2002 Tableau 1: Quelques grandes tendances en 2002 2002 2001 2000 1999 1998 1997 1. Services publics 185 215 214 161 161 219 2. Emploi 148 141 104 116 123 149 3. Vie sociale 132 119 91 104 86 109 4. Forces de l’ordre 101 86 73 91 100 133 5. Enseignement 94 83 81 104 95 80 6. Propagande 72 28 102 40 45 0 7. Sociétés privées de services 65 69 62 103 67 93 8. Internet 61 - - - - - 9. Logement 58 54 44 47 62 64 10. Médias 54 66 34 32 26 65 11. Nationalité 43 48 60 36 54 57 12. Mécontentements 23 24 19 15 15 47 13. Vie privée 21 51 36 39 55 40 14.