Cartographie De L'extrême Droite Française
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- La Horde - https://lahorde.samizdat.net - Cartographie de l’extrême droite française [mise à jour hiver 2019-2020] Posted By La Horde On 16 décembre 2019 @ 07:45 In Argumentaires,Non classé,Repères | 31 Comments Depuis 2011, nous publions une cartographie de l’extrême droite [1] française, que nous présentons dans toute sa diversité : en voici la dixième version. [2] Nous avons repris cette année l’essentiel de la version précédente, en faisant les mises à jour nécessaires : convention de la droite initiée par l’Incorrect et Racine d’Avenir, scission au sein de l’Action française, présence d’Académie Christiana et retour de la Cocarde étudiante, présidence de Thomas Joly au sein du PDF, changement de nom du PNF, nouveaux médias (Sunrise)… Mais pas de changements majeurs : aucun mouvement significatif ni figure émergente ne se sont manifestés au cours des huit derniers mois à l’extrême droite, ce dont on ne peut que se réjouir, évidemment. Ce manque de renouvellement montre que l’on arrive probablement au bout d’une période amorcée au milieu des années 2000, au cours de laquelle l’extrême droite avait réussi à se réinventer en partie, sans rien lâcher sur ses fondamentaux racistes, sexistes et nationalistes. C’est vrai par exemple de Génération identitaire, dont la communication n’en finit plus de tourner à vide, du Rassemblement national qui n’arrive pas à profiter de sa position hégémonique sur le plan électoral pour jouer le rôle de rassembleur de la droite, du fait d’un positionnement politique confus, ou des “dissidents” inspirés par Soral, qui arrivent à dépasser leur mentor dans la vacuité politique, ce qui n’est pas peu dire. Enfin, surtout chez les jeunes, des alliances improbables continuent à s’opérer, par exemple entre la Cocarde étudiante, l’Action française et les Zouaves, que pas grand-chose ne réunit sur le plan politique, si ce n’est la volonté de jouer les fiers-à-bras contre les “gauchistes” honnis. 1. Les Partisans de l’Union des Droites Une partie de la droite conservatrice s’est lancée depuis longtemps dans une course à l’échalote avec l’extrême droite sur les questions liées à la sécurité, à l’immigration et à « l’identité française ». Mais c’est surtout pour faire sauter la digue entre toutes les droites que différents courants et autres think tanks opèrent une politique de la main tendue en direction de toutes les formations « souverainiste s». Si certains, à l’instar de Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, ont cru un temps pouvoir incarner cette idée, c’est bien à un problème de leadership que se confrontent les différentes initiatives appelant à l’unité, comme la convention de la droite de 2019 proposée par le mensuel L’Incorrect et Racines d’Avenir, une initative dans le prolongement d’initiatives précédentes lancées dès 2015 (comme «Oz ta droite») par les époux Ménard. Beaucoup espèrent encore que Marion Maréchal fasse enfin son retour en politique, tandis que le nom d’Eric Zemmour circule aussi pour incarner ce rassemblement de toutes les droites. On peut par ailleurs noter que l’avenir semble bien bouché pour les souverainistes qui refusent l’étiquette « de droite » comme les Patriotes qui rêvent d’un « souverainisme des deux rives » (le nationalisme de gauche étant effectivement une réalité) ou qui, comme l’UPR de François Asselineau, brouillent les cartes en profitant du confusionnisme ambiant. 2. Le Rassemblement national (ex-FN) Fondé en 1972 entre autres par les néofascistes d’Ordre nouveau, le Front National (FN) rassemblait au début des années 1980 tous les courants de l’extrême droite, des plus traditionnels aux plus radicaux, sous l’autorité de Jean-Marie Le Pen. La scission de 1998 a affaibli le parti durant plusieurs années, jusqu’en 2011 où Marine Le Pen a succédé à son père avec la volonté affichée de s’affranchir du folklore nationaliste. Ce « nouveau » FN a permis à des personnalités comme Robert Ménard de profiter du FN sans s’engager à ses côtés, et à des radicaux comme Philippe Vardon, l’ex-leader des Identitaires, de s’inviter dans un FN prétendument normalisé (d’autant qu’on trouve, au plus près de Marine Le Pen, des anciens du GUD comme Axel Loustau [3] ou Frédéric Chatillon). Arrivée au second tour de l’élection présidentielle de mai 2017, Marine Le Pen a déçu les attentes de son camp, et le FN a connu des troubles internes, avec le départ de Marion Maréchal, qui a fondé depuis une école pour former de futurs cadres nationalistes, l’ISSEP, puis celui de Philippot [4]. Lors de son congrès de refondation, le FN a changé de nom pour devenir le Rassemblement national. Aujourd’hui, si la plupart des cadres font bloc derrière la présidente, certains, comme Gilbert Collard ou Thierry Mariani, estiment qu’il faudrait adopter une stratégie plus… rassembleuse, en s’ouvrant sur la droite. 3. Les réactionnaires Collectif réactionnaire soutenu par la droite catholique, la Manif pour Tous (LMPT) a organisé en 2012-2013 des manifestations massives contre le projet de loi sur le mariage homosexuel, ses militants étant invités à faire de l’entrisme. Si LMPT semble s’être essoufflée, d’autres structures, plus discrètes, comme l’Avant-Garde [5], cherchent toujours à rassembler diverses tendances conservatrices pour faire du lobbying. Elles peuvent compter sur des sites ou des revues, comme Causeur ou l’Incorrect, et sur des chroniqueurs comme Eric Zemmour ou Charlotte d’Ornellas, ou des politiques comme Jean- Frédéric Poisson, président du Parti Chrétien Démocrate, qui n’hésite pas à afficher ses positions anti-avortement. Dans ce courant, on trouve des personnalités assez influentes, comme Patrick Buisson, homme de médias et conseiller politique. 4. Les nationaux-catholiques À chaque publication ou presque, des lectrices ou lecteurs s’étonnent de la seule présence de la religion catholique sur notre schéma, alors même que l’on trouve des personnalités et associations réactionnaires chez les Juifs ou les Musulmans, ce que personne ne nie. La différence, c’est que les groupes présentés ici ont la volonté d’associer la politique et la foi, et font preuve d’un véritable activisme militant dans ce sens (c’est pour la même raison que nous n’y avons pas mis, par exemple, l’évêque Dominique Rey). Il n’y a pas, à notre connaissance, de mouvements équivalents à Civitas dans les autres religions en France, ni de médias ou d’associations ayant la même audience. Ce particularisme catholique est somme toute logique, pas du fait de cette religion elle-même, mais pour des raisons historiques : le nationalisme de droite s’est construit politiquement en symbiose avec le catholicisme, et le camp réactionnaire et contre-révolutionnaire reste encore aujourd’hui le plus important à l’extrême droite, ce qui n’est pas le cas dans d’autres pays, où la tradition révolutionnaire l’emporte. Ainsi, les réseaux catholiques traditionalistes sont denses, disposent de médias (tels le journal Présent, seul quotidien nationaliste, ou Radio Courtoisie) et même d’une association contre la « christianophobie » et le « racisme anti-blanc », l’Agrif. Avec comme mot d’ordre « Dieu, Famille, Patrie », Civitas [6] en est la principale organisation d’agitation politique. Animé par Alain Escada, Civitas est un parti politique voulant imposer sa foi à toute la société, à travers un discours ouvertement islamophobe et plus discrètement antisémite (d’où son rapprochement avec Alain Soral). La lutte contre l’IVG est l’un des combats historiques des cathos tradis : les Marches pour la vie organisées chaque année rassemblent plusieurs milliers de personnes. La Fondation Lejeune, qui existe depuis 1996, associe un travail de recherche scientifique sur les maladies génétiques et un engagement militant contre l’avortement. Academia Christiana, fondée en 2013, est une structure à l’initiative de Victor Aubert [7] et Julien Langella (des Identitaires), qui se concentre sur la formation en organisant une université d’été chaque année. D’inspiration national-catholique, le mouvement fait aussi lire des auteurs païens à son public (car cet ensemble ferait partie d’un « socle civilisationnel européen »). Son réseau est assez étendu et a tendance à grossir : il va de mouvements traditionalistes (comme la Fraternité Saint-Pie-X) jusqu’à des militants nationalistes bas du front aussi adeptes de la baston ou du hooliganisme, en passant par les animateurs de La Nouvelle Librairie [8] (Paris) ou de l’Alvarium (Angers). 5. Les groupuscules activistes Née à la fin du XIXe siècle, l’Action française (AF) est le plus vieux mouvement nationaliste en activité. Mouvement royaliste autrefois école de formation d’extrême droite, l’AF organise toujours des rassemblements ou des débats, mais aussi des actions « coup de poing », attirant à lui une nouvelle génération de militants. À noter à ce propos qu’une fracture générationnelle sépare les anciens restés fidèles à l’antisémitisme historique du mouvement et à la nostalgie vichyste, des jeunes qui, tout en se référant toujours plus ou moins à Maurras, veulent dépoussiérer l’AF pour la rendre plus « sexy », ce qui a provoqué une énième scission. Les Identitaires tentent depuis leur création en 2002 de se démarquer de l’extrême droite traditionnelle. Sans référence idéologique, ils ont misé sur la communication et Internet. Génération identitaire, sa structure jeune, qui a pris son autonomie en 2012, est ainsi mise en avant pour faire le buzz. Mais les Identitaires ne sont pas arrivés à se créer un espace politique distinct, et ne survivent que grâce au dynamisme de leurs homologues autrichiens ou italiens. Le GUD , un mouvement étudiant d’inspiration nationaliste-révolutionnaire apparu à la fin des années 1960, a connu diverses renaissances au cours des dernières décennies.