Recevoir En Sa Ville
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. RECEVOIR EN SA VILLE Les Capitouls et leurs invités au XVIIIe siècle Archives municipales de Toulouse, BB 282 détail Livre X des Annales (1684 – 1713) Juliette BERTHIER Mémoire de Master 1 sous la direction de Sylvie Mouysset Université Toulouse II – Jean Jaurès | Master Histoire et civilisations modernes et contemporaines 2016 – 2017 Remerciements Je tiens tout d’abord à remercier ma directrice de recherche, Sylvie Mouysset, pour sa patience et son soutien tout au long de l’année. La confiance qu’elle a mise en moi et ses nombreux conseils m’ont permis d’aller jusqu’au bout de ce mémoire. Je remercie également Géraud de Lavedan, archiviste des archives municipales de Toulouse. Ses idées et ses conseils ont permis d’aiguiller mon sujet tout au long de l’année. Le personnel de la Bibliothèque Universitaire Centrale et du Centre de Ressources d’Olympe de Gouges pour leur accueil et leur patience. J’ai une pensée particulière pour mes relectrices qui ont passées de longues heures à me corriger, ma mère, Anne Sauvageot et Marie Vincenti. Je remercie mes parents pour leur soutien tout au long de cette année. Enfin, je remercie mes amis et mes camarades de promotion, qui par leurs discussions m’ont aidée à mûrir mon étude et à me donner les moyens de le terminer. 2 Introduction Les magistrats municipaux, plus connus sous le nom de Capitouls, sont maîtres de la ville de Toulouse. Ils ont la main mise sur le pouvoir municipal et judiciaire. « Ils sont les successeurs des consuls médiévaux, membres du ʺCommun conseil de la Cité et du Bourgʺ auquel le comte Raymond V [a] abandonné en 1189 la plus grande partie de ses prérogatives. Leur titre de domini de capitulo, qui signifiait simplement ʺseigneur du chapitreʺ fut transformé au début du XVe siècle en domini de Capitolio, ʺSeigneur du Capitoleʺ. Au siècle suivant se généralisa l’emploi des termes ʺCapitoleʺ et ʺCapitoulsʺ pour désigner la Maison commune et ses occupants1. » Au XVIIIe siècle, les capitouls sont élus pour un an. Sur une liste de quarante- huit candidats, six par capitoulat, seuls huit seront choisis par un Sénéchal et deux magistrats assistés d’un cortège de trente électeurs (officiers royaux et anciens capitouls). Le 27 novembre, les huit nouveaux capitouls prêtent serment au Viguier et entrent en fonction le 13 décembre. Ce laps de temps permet aux Capitouls entrants de se familiariser avec l’exercice de leur charge et aux Capitouls sortants de dévoiler leur testament capitulaire. Ceux-ci présentent le bilan de leur gestion et l’état des affaires municipales. Quatre responsabilités sont confiées aux huit capitouls : la justice, la police, les réparations et les hôpitaux. Bien que certaines charges paraissent plus honorifiques que d’autres, et que le Capitoul « premier de justice », qui porte aussi le titre de « chef du Consistoire », ait la préséance sur les autres, aucun n’est supérieur à l’autre, ils sont égaux dans leur charge. Afin de les accompagner dans leur rôle, ils sont secondés par le Conseil général qui rassemble cinquante-quatre membres de droit (capitouls, syndic de la ville, 1 Michel TAILLEFER, Vivre à Toulouse sous l’Ancien Régime, Toulouse, France, Ombres blanches, impr. 2014, 2014, p. 60. 3 anciens capitouls, premier président, deux commissaires au parlement, les principaux officiers royaux, des représentants de l’archevêque des chapitres et de l’Université) et trente-deux membres « élus », désignés par les capitouls parmi les notables personnages de leur capitoulat. Ils siègent trois ou quatre fois par an dans le Grand Consistoire, en public. Ce sont eux qui entendent notamment le testament capitulaire. Le Conseil de Bourgeoisie, se rassemble trois ou quatre fois par mois. Il est composé d’une trentaine de personnes. Les Capitouls, les anciens Capitouls, les assesseurs et le syndic représentent la municipalité. Les parlementaires représentent le roi : le premier président du parlement, trois conseillers de la Grande Chambre, le procureur du roi et deux avocats généraux. On y trouve également les officiers du roi : le viguier, le sénéchal, et le Juge Mage. Ils se retrouvent dans le Petit Consistoire à huis clos, afin de délibérer sur toutes les affaires importantes et sur les décisions des capitouls. Les Capitouls disposent ainsi d’une importante administration pour gérer les affaires de la ville de Toulouse. Toulouse est alors une ville qui passe de 43 000 habitants en 1695 à 48 000 en 1750. De plus, c’est une ville composée d’une noblesse parlementaire riche qui domine Toulouse, le parlement de Toulouse étant d’ailleurs le plus aristocratique de France2. Elle reçoit régulièrement la visite de représentants du roi, de ducs ou de comtes de passage ou celle d’un officier ou commissaire nouvellement nommé. Ces personnes restent à Toulouse pour une durée plus ou moins longue. Elles sont les invitées des capitouls qui les accueillent, les hébergent et les divertissent. Lorsqu’un hôte arrive à Toulouse, un cortège plus ou moins fourni est organisé pour lui souhaiter la bienvenue et lui offrir des présents de la part de la ville. Ainsi lorsqu’en 1724, M. de Chalvet fils est nommé par le roi pour succéder à son père en sa charge de Sénéchal de Toulouse, celui-ci fait son entrée à Toulouse. À cette occasion, « Il sera mis un bataillon de huit compagnies de bourgeoisie sur pied […], lequel bataillon ira comme il est d’usage au-devant dudit M. de Chalvet sénéchal pour le recevoir au-delà de la porte par où il désirera entrer ». Les Capitouls sont alors présents 2 Philippe WOLFF, Histoire de Toulouse, Toulouse, France, Privat, 1994. 4 à la porte pour l’accueillir, lui offrir les présents d’usage et le conduire avec la compagnie du Guet à l’hôtel de la Sénéchaussée3. Pour d’autres visiteurs, l’entrée est plus spectaculaire. Ainsi, lorsque Monsieur, frère du roi4 vient à Toulouse en 1777, une délégation de deux capitouls est envoyée à sa rencontre à Montauban, un feu d’artifice est tiré le jour de son entrée, les rues sont tapissées, l’arc de triomphe est décoré. On fait couler des fontaines de vin, sonner les cloches de la ville et une illumination générale est décidée5. Son arrivée est donc plus prestigieuse : « il a été délibéré de rendre à Monsieur frère du Roi tous les honneurs et hommages dus à son rang et à sa naissance6 ». Chaque invité a donc son entrée propre, délibérée au sein du conseil de Bourgeoisie afin de l’accueillir comme il se doit. Au début du XVIIIe siècle, la dynamique militaire voulue par Louis XIV se poursuit. Ses successeurs, Louis XV et Louis XVI continuent dans cette voie. Victoires et traités sont alors fêtés comme il se doit dans tout le royaume. À Toulouse, on ne déroge pas à la règle : les fêtes militaires et publications de paix sont nombreuses, plus de quarante pour le XVIIIème siècle7. Cependant, outre les victoires militaires, les célébrations de fêtes dynastiques, religieuses ou profanes font également partie des festivités. Les capitouls mettent un point d’honneur à rendre ces évènements les plus grandioses possible, afin de plaire tant aux élites qu’au peuple. Certaines fêtes sont annuelles comme la fête de « la Délivrance » qui se déroule tous les 17 mai, tandis que d’autres sont organisées au fil des événements, comme les victoires ou les traités de paix. Ces quatre types de fêtes ne sont pas les seuls évènements qui permettent à la ville de se draper de ses plus beaux atours. Lorsqu’un visiteur de marque est annoncé, les capitouls délibèrent et vérifient le protocole d’après les anciennes délibérations, afin de les accueillir dans le respect de leur rang. Lorsque le visiteur est très haut placé, le peuple lui-même contribue à l’accueil 3 A.M.T. BB 48 f°47-47v. 4 Comte de Provence, futur Louis XVIII 5A.M.T. BB 56 f°201v 6 A.M.T. BB 56 f°201 7 Michel CASSAN, La fête à Toulouse à l’époque moderne : De la fin du XVIème siècle à la Révolution, Thèse imprimée, Université Toulouse le Mirail - Toulouse II, 1980. 5 et profite de la fête. Ainsi, pour la visite du Duc de Richelieu en 1741, la ville s’anime pour quatre jours de réjouissances8. Le plus grand honneur reste l’invitation à la table des Capitouls. La réjouissance publique et accessible à tous n’est qu’une infime part de la fête, qui se prolonge dans les murs de la Maison commune, avec des bals, des danses et des dîners privés. Ainsi pour le duc de Richelieu, les Capitouls offrent un repas à l’Hôtel de Ville de même qu’un feu d’artifice sur la place Royale9 permettant à toute la population de le voir et de profiter ainsi de sa visite. Il rencontre également des étudiants qui lui font un discours panégyrique. La Bourse des Marchands l’honore d’un Te Deum et d’une symphonie au couvent des Augustins. Les festivités se déroulent également dans la ville : la place Saint-Etienne est recouverte de sable et des festivités de nuit sont prévues, comme des danses10. Toute la population participe ainsi d’une manière ou d’une autre à l’accueil du Duc de Richelieu, selon son rang social. L’accueil est soigneusement organisé par les Capitouls lors de leurs délibérations avec le Conseil de Bourgeoisie afin de faire honneur à leur hôte. Durant la séance, on délibère également sur les Toulousains que les Capitouls invitent à leur table. Il peut s’agir de l’élite bourgeoise, comme du Premier président au Parlement. Ainsi, à la diversité des invités des Capitouls correspond celle de leur réception.