Aragon, La Parole Ou L'énigme
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Aragon, la parole ou l’énigme Actes du colloque organisé par la Bpi le vendredi 11 et le samedi 12 juin 2004, dans la Petite Salle du Centre Pompidou. Président Débat du Centre Pompidou Organisation Bruno Racine Emmanuèle Payen (Bpi) Directeur général Conseil scientifique du Centre Pompidou Daniel Bougnoux Bruno Maquart Publication Directeur de la Bpi Coordination Gérald Grunberg Daniel Bougnoux Responsable du pôle Chargées d’édition Action culturelle Fabienne Charraire et communication Arielle Rousselle Dominique Tabah Mise en page Responsable Fabienne Charraire Édition/Diffusion Arielle Rousselle Catalogue disponible sur http : //www.bpi.fr, rubrique Publications de la Bibliothèque publique d’information Distribution numérique par GiantChair.com © Éditions de la Bibliothèque publique d’information / Centre Pompidou, 2005. ISBN 2-84246-093-6 ISSN 1765-2782 Sommaire 5 Discours d’ouverture Dominique Tabah 6 Introduction Daniel Bougnoux 1re journée 8 Le « mentir-vrai », inexpugnable contemporain Julia Kristeva 21 Du « je » au « nous » : Aragon en ses métamorphoses Bernard Vasseur 28 Une mythologie dont j’étais à la fois le Sphinx et l’Œdipe Roselyne Waller 36 Modernité d’Aragon? Philippe Forest 45 Le marrane de sa propre jeunesse. Notes sur Aragon au début des années cinquante Jean-Baptiste Para . 49 Il n’y avait pas de rupture Jean Ristat 52 La tragédie politique Daniel Bougnoux 62 Le prix de la fraternité Régis Debray 65 La conquête de la responsabilité François Eychart 69 Aragon et ses peintres Dominique Massonnaud 75 La seconde chambre ou le roman des peintres Dominique Vaugeois s © Éditions de la Bibliothèque publique d’information/Centre Pompidou, 2005 ISBN 2-84246-093-6 2e journée 84 Le « tombeau des songes » Nathalie Piégay 95 De La Semaine sainte aux métaromans Cécile Narjoux 99 Passages et continuité Jack Ralite 105 Une œuvre vraiment croisée : Babel des voix et des textes Maryse Vassevière 119 Croisements et contrebande Pierre Daix 123 La mise en voix Olivier Barbarant 135 Au commencement la voix (non disponible pour le moment) Daniel Mesguich 140 De l’oralité d’Aragon Éloi Recoing 148 Aragon et le théâtre Marjolaine Vallin 151 Aragon et la chanson Stéphane Hischi 151 Pour plus d’informations… © Éditions de la Bibliothèque publique d’information/Centre Pompidou, 2005 ISBN 2-84246-093-6 Discours d’ouverture Dominique Tabah, responsable du pôle Action culturelle et communication à la Bpi Ouvrons cette séance si vous le voulez bien, et merci à vous d’être ici pour ce rendez-vous avec Aragon, à l’occasion de ce colloque que la Bibliothèque publique d’information lui consacre. Il était normal que cette bibliothèque du XXe siècle rende hommage à cette grande figure qui a marqué le siècle, en croisant à la fois son engagement et son intimité. Je voudrais tout de suite, au nom de notre directeur, Gérald Grunberg, qui vous prie de l’excuser car il ne pourra nous rejoindre que demain, remercier Daniel Bougnoux, qui porte cette parole d’Aragon, et qui a le désir qu’elle se poursuive et atteigne le plus grand nombre. Aragon et les bibliothèques, Aragon dans les bibliothèques, c’est important. Il est important que ses œuvres continuent à être sur les rayons des bibliothèques et qu’il continue ainsi à s’adresser à un jeune public. Je ne peux oublier la façon dont les lectures incomparables des poèmes d’Aragon par Jack Ralite, lors des inaugurations des bibliothèques de Seine-Saint-Denis, remuaient l’assistance. Je me réjouis donc tout particulièrement que Jack Ralite soit présent parmi nous aujourd’hui. Je remercie aussi tous les intervenants qui nous ont fait le plaisir de répondre à notre invitation à participer à un colloque qui devrait être riche car il abor- dera tous les aspects d’une œuvre très diversifiée que le grand public connaît essentiellement par la chanson. Pour ma part, j’ai été une lectrice ordinaire d’Aragon, mais mon premier souvenir remonte à l’enfance, au poème « La Rose et le Réséda » que j’avais choisi de lire et qui m’avait beaucoup émue : « […] Celui qui croyait au ciel Celui qui n’y croyait pas 5 Tous deux adoraient la belle Discours d’ouverture Prisonnière des soldats […] » par Dominique Tabah Et puis, dès qu’il fait beau, je pense à ce poème, « Le cri du butor »… La fin terrible donne la chair de poule : « […] Il fait beau comme jamais un temps à rire et à courir Un temps à ne pas mourir Un temps à craindre le pire […] » Mais le texte qui me touche peut-être le plus est le passage sur la jalousie et la voix de Fougère dans La Mise à mort, que j’ai relu très vite ce matin, avant de venir ici. C’est vrai que l’on oublie un peu Aragon et que l’on met quelquefois en cause sa modernité, mais, en relisant ce texte, on trouve justement que son écriture est d’une modernité exceptionnelle. Avec le temps, entendre encore Aragon, c’est formidable. Léguons-le aux jeunes générations ! © Éditions de la Bibliothèque publique d’information/Centre Pompidou, 2005 ISBN 2-84246-093-6 Introduction Daniel Bougnoux, directeur de l’édition Pléiade des romans d’Aragon Nous avons organisé ces rencontres comme on prépare une fête – avec la part de surprise ou d’improvisation nécessaire, pour ménager ce qu’Aragon lui- même, traitant du roman, pointe comme la chance d’un bordel. Autrement dit, nous ne voulions pas faire ici un colloque trop universitaire. Même si nos collègues enseignants et chercheurs y sont largement présents, le cadre du Centre Pompidou permettait d’arranger un peu autrement les choses en accueillant des écrivains, des images, des chansons, du théâtre, des voix – « la voix Ferré/la voix Ferrat », chante Serge Reggiani dans Le boulevard Aragon. Je dois remercier Aragon de m’avoir aidé à supporter la morosité de nos disciplines, ou d’avoir été, pour moi comme pour d’autres ici rassemblés, notre université. Une université idéale ou chimérique, quelque peu baroque et charnelle, où le « dialogue des facultés » initié dans Le Paysan de Paris s’élargit au fil de quatre-vingts ouvrages par le croisement incessant des genres, des langues, des arts, des cultures…, dialogue toujours soutenu par l’exigence d’une voix. C’est l’énigme de cette voix, ou de ces voix d’Aragon, que nous tenterons d’interroger et de répercuter diversement. Elle nous envoûte, nous arrache à nous-mêmes, mais personne n’en tient la clé. Mon Aragon n’est pas le vôtre, et nul ne lit tout à fait le même texte. Mais s’il est vrai, comme le suggère Breton dans son Introduction au discours sur le peu de réalité, que « la médiocrité de notre univers […] dépend essentiellement de notre pouvoir d’énonciation », demandons-nous quels mondes furent mieux remplis que ceux de Dante, Shakespeare, Hugo, Aragon. Le ou les mondes, car nous cheminerons ici tantôt dans un monde sonore (poèmes, musiques, chansons), tantôt dans celui des images, dans le monde du théâtre, dans l’univers parfois atroce du 6 militant politique, et toujours dans le monde amoureux… Introduction Ne simplifions pas, n’édulcorons pas notre auteur ! Rendons-le à ses combats, de Daniel Bougnoux à sa souffrance mais aussi à ses émerveillements et à ses enfances successives. « On entend un enfant », et ce n’est pas le moindre charme, cher vieux Louis, de tes poèmes ou de tes grands romans. L’expérience accumulée dans ceux-ci peut-elle encore servir ? Aragon éducateur, Aragon penseur et témoin malmené est revenu sur cette question de la transmission, notamment dans l’« Épilogue » des Poètes et diverses adresses aux jeunes gens. Qui souvent le rejettent. Nous- mêmes ne pouvons sans doute accueillir ni approuver sans réserves tout Aragon, et une ambivalence se mêle presque nécessairement à l’amour qu’inspire cet auteur passionnel, et qui remue si bien nos propres passions. Ces rencontres devaient d’abord s’intituler « Aragon et le mensonge », puis « Aragon, songes et mensonges », en écho à des journées précédemment consacrées ici à Albert Camus, en novembre 2002, mais c’étaient des titres qui fâchent. L’analyse du mensonge montre le sujet pris en certains liens – liens de la parole, de la famille, ou d’intraitables circonstances ; et, de l’aveu même d’Aragon, le mentir-vrai nourrit toute création. Au fond, énigme pointe la même question ; son choix s’est imposé pour la remarque qui ouvre l’Œuvre poétique : « que parole en grec est le radical d’énigme » Ouvrons à notre tour, œuvrons. © Éditions de la Bibliothèque publique d’information/Centre Pompidou, 2005 ISBN 2-84246-093-6 1re journée 8 Le « mentir-vrai », inexpugnable contemporain Julia Kristeva 21 Du « je » au « nous » : Aragon en ses métamorphoses Bernard Vasseur 28 Une mythologie dont j’étais à la fois le Sphinx et l’Œdipe Roselyne Waller 36 Modernité d’Aragon ? Philippe Forest 45 Le marrane de sa propre jeunesse. Notes sur Aragon au début des années cinquante Jean-Baptiste Para 49 Il n’y avait pas de rupture Jean Ristat 52 La tragédie politique Daniel Bougnoux 62 Le prix de la fraternité Régis Debray 65 La conquête de la responsabilité François Eychart 66 Aragon et ses peintres Dominique Massonnaud 74 La seconde chambre ou le roman des peintres Dominique Vaugeois © Éditions de la Bibliothèque publique d’information/Centre Pompidou, 2005 ISBN 2-84246-093-6 Le « mentir-vrai », inexpugnable contemporain Julia Kristeva, professeur à l’institut universitaire de France, écrivain, psychanalyste Lorsque j’apprenais le français dans Aurélien ou la Semaine sainte, je n’ima- ginais pas que je vous parlerai un jour d’Aragon, de sa superbe et de ses mensonges, à une époque où l’Europe libérée du rideau de fer intègre les anciens pays communistes.