Sons d'hiver direction, Fabien BARONTINI

RELATIONS PRESSE Valérie MAUGE Tel. 06 15 09 18 48 [email protected] PRESSE LOCALE Catherine FLAHAUT-SPICQ Tel. 01 41 73 11 00 poste 1427 [email protected]

RENSEIGNEMENTS ET BILLETTERIE tel. 01 46 87 31 31 Billetterie ouverte début décembre 2014 www.sonsdhiver.org www.fnac.com

REJOIGNEZ-NOUS :

Textes : Fabien Barontini, Alexandre Pierrepont

Sons d'hiver Domaine départemental Chérioux, 4 route de fontainebleau, 94407 Vitry-sur-Seine cedex Administration 01 41 73 11 65 JUSTE UN DÉSIR DE LIBERTÉ

Sons d’hiver est une invitation à l’écoute aventureuse, curieuse et vagabonde de la musique. Ici, les multiplicités de voies et chemins de traverse de la création musicale se retrouvent, s’entrecroisent et proposent des échappées salutaires. Hors sentiers battus, nous cultivons le désir inépuisable d’une confrontation avec les poètes de l’inattendu que sont les musiciens. Pour cela, pas de "thématique centrale" de programmation encadrant la richesse polysémique de l’art. C’est anti-poétique. Pas de musique/marchandise. Mais des concerts à échelle humaine propices à l’échange sensible et symbolique qui enrichissent notre imaginaire. Matthew Shipp ouvre le bal sur une évocation ellingtonienne à la fois éruptive et sereine ; toujours dans cette démarche originale qui en fait un des pianistes essentiels de notre époque. Il précèdera lors de notre première soirée, la venue si rare en France de Anthony Braxton, polyglotte des musiques créatives, qui ne cesse de reculer les limites des prouesses possibles de l’écriture et de l’improvisation. Ce tableau dressé de l’ouverture du festival nous donne à lui seul le champ musical de l’édition 2015. Se déploient alors, pendant un mois, des voies multiples et foisonnantes. Des pianistes majeurs sont invités. Craig Taborn, au toucher voluptueux, si prolixe en sons novateurs, vient avec trois complices nous offrir son quartet. Le trio Tarbaby nous fera découvrir un pianiste peu connu en France, Orrin Evans. Et Tony Hymas, polypianiste-claviériste (de Debussy à l’improvisation contemporaine en passant par le rock et hip-hop) s’acoquine avec le violoncelliste Didier Petit pour un duo inédit. Nicole Mitchell verra son œuvre « The Arc of O » enrichie d'une nouvelle composition et jouée par l’ensemble français Laborintus dirigé par Sylvain Kassap. Cette création sera l’occasion d’affirmer l’une des particularités du travail artistique de Sons d’hiver, la rencontre entre musiciens français et américains. Deux autres rencontres de même nature se dérouleront lors du concert The Bridge #7 entre trois musiciens français et deux autres de Chicago emmenés par le poète Khari B. et le flûtiste Magic Malik. Quand à Rodolphe Burger, il invitera James "Blood" Ulmer. Avec le concert de Rodolphe Burger, Sons d’hiver aborde le champ du rock. Sarah Murcia proposera une création-relecture de la musique des Sex Pistols en compagnie du danseur et performer Mark Tompkins. Le groupe expérimental basé aux USA, Massacre (, , Charles Hayward) jouera à la Mac de Créteil. La présence du poète chicagoan Khari B., président actuel de l’AACM, atteste de la place importante accordée au rapport poésie et spoken word, hip-hop à la musique. L’hommage au poète et militant des droits civiques Gil Scott-Heron sera donné par Brian Jackson avec les rappeurs M1 et Martin Luther. Le poète londonien, originaire de Trinidad, Anthony Joseph créera un projet autour des musiques caraïbes. De même, le poète et compositeur Jacques Rebotier donnera une nouvelle version de ses "Poésies Téléphones". Ces quatre concerts alliant poésie et musique interrogent sur le devenir du monde actuel. Poésie et musique se retrouvent dans l’hommage indispensable au poète de la "Harlem Renaissance", Langston Hughes, réalisé par Hasse Poulsen et par Kamilya Jubran avec le trio Wasl' autour de la poésie arabe contemporaine. Sons d’hiver 2015 invite encore et toujours à découvrir la vitalité et diversité des musiques improvisées d’aujourd’hui. Leurs valeurs et prouesses se retrouvent ici représentées par le trio Peter Brötzmann/William Parker/Hamid Drake. Place sera donnée aux jeunes créateurs avec le quartet de Alexandre Authelain, les révélations de ces inventifs et audacieux musiciens que sont le trompettiste Ambrose Akinmusire et l’accordéoniste Vincent Peirani qui présentera son nouveau quintet. Leurs concerts respectifs se mêleront aux recherches mystérieuses du Chicago Underground de Rob Mazureck/Chad Taylor et du solo chant/machine électro/bibelots de Theo Bleckmann. La longue histoire des musiques issues du jazz sera alors représentée par Louis Sclavis et son nouveau Silk quartet ou le quatuor iXi qui fêtera ses 20 ans. La Compagnie Lubat nous interrogera elle, sur le sens de la transmission culturelle avec « Cet échange qui nous change ». De quoi être réceptif à ce que nous dit Archie Shepp sur le sens de l’engagement et de la révolte dans l’acte musical en reconstituant l’Attica Blues Band. Le final du festival sera l’occasion de rencontrer des musiques populaires et festives. Une soirée soul et blues avec Otis Taylor, les Campbell Brothers et Malted Milk & Toni Green précèdera le bal brésilien de la Java avec Fernando Cavaco. L’édition 2015 sera alors terminée mais ce qu’elle promet, dès maintenant, c’est un moment musical fait de rencontres artistiques résolument engagées dans ce désir de liberté, dynamique des musiques jazz et créatives depuis fort longtemps. Les tambours sorciers et libérateurs de Congo Square veillent, prêts à ébranler encore et toujours les certitudes/servitudes de l’ordre établi.

Fabien Barontini, directeur artistique PROGRAMME - Sons d'hiver 2015

VENDREDI 23 JAN. // 20h30 p.1 - MATTHEW SHIPP TRIO "TO DUKE" inédit Espace Culturel André Malraux / LE KREMLIN-BICETRE p.2 - ANTHONY BRAXTON DIAMOND CURTAIN WALL QUARTET inédit

SAMEDI 24 JAN. // 20h45 p.3 - LADELL MCLIN TRIO

NECC / MAISONS-ALFORT p.4 - BRIAN JACKSON "TRIBUTE TO GIL SCOTT-HERON" FEATURING M1/MARTIN LUTHER

MARDI 27 JAN. // 20h30 p.5 - ALEXANDRE AUTHELAIN QUARTET

Espace Jean Vilar / ARCUEIL p.6 - CRAIG TABORN QUARTET inédit

JEUDI 29 JAN. // 20h30 p.7 - TONY HYMAS / DIDIER PETIT inédit CACHAN HORS LES MURS à La Grange Dîmière / FRESNES p.8 - BLACK EARTH ENSEMBLE VS LABORINTUS création "THE ARC OF O" / MOMENTS OF FATHERHOOD

VENDREDI 30 JAN. // 20h p.9 - TARBABY - ORRIN EVANS/ERIC REVIS/NASHEET WAITS inédit Théâtre Paul Eluard / CHOISY-LE-ROI p.10 - BRÖTZMANN/DRAKE/PARKER TRIO inédit

SAMEDI 31 JAN. // 20h30 p.11 - THE LANGSTON PROJECT

Théâtre Jean-Vilar / VITRY-SUR-SEINE p.12 - RODOLPHE BURGER & JAMES "BLOOD" ULMER "BLOOD & BURGER" création

DIMANCHE 1er FÉV. à 15h ET 18h30 p.13 - THE BRIDGE #7 création

Théâtre de la Cité internationale / PARIS 14è p.14 - SARAH MURCIA - CAROLINE création autour de l’album NEVER THE MIND THE BOLLOCKS – HERE’S THE SEX PISTOLS

MARDI 3 FÉV. // 20h COMPAGNIE LUBAT & FILM DE LAURE DUTHILLEUL, "LUBAT PÈRE ET FILS"

Le Hangar / IVRY-SUR-SEINE p.15 - TRANSMISSIONS" OU "l'ECHANGE QUI NOUS CHANGE"

JEUDI 5 FÉV. // 20h30 p.17 - VINCENT PEIRANI QUINTET "LIVING BEING"

Salle des Fêtes / SAINT-MANDÉ p.18 - CHICAGO UNDERGROUND DUO - ROB MAZUREK/CHAD TAYLOR

VENDREDI 6 FÉV. // 20h30 p.19 - ANTHONY JOSEPH "KUMAKA" création

Salle Jacques Brel / FONTENAY-SOUS-BOIS p.20 - ARCHIE SHEPP ATTICA BLUES BIG BAND

SAMEDI 7 FÉV. // 18h p.21 - LOUIS SCLAVIS "SILK" QUARTET Théâtre Claude Lévi-Strauss au musée du quai Branly / PARIS 7è

MARDI 10 FÉV. // 20h p.23 - QUATUOR iXi Théâtre d'Ivry-Antoine Vitez / IVRY-SUR-SEINE p.24 - JACQUES REBOTIER/EDWARD PERRAUD " POESIE-TÉLÉPHONE"

MERCREDI 11 ET JEUDI 12 FÉV. // 20h30 p.25 - THEO BLECKMANN SOLO inédit Théâtre Romain Rolland - Salle Eglantine / VILLEJUIF p.26 - WASL'

VENDREDI 13 FÉV. // 20h30 p.27 - AMBROSE AKINMUSIRE QUINTET/CHARLES ALTURA/THEO BLECKMANN inédit MAC - Maison des Arts / CRETEIL p.28 - MASSACRE

SAMEDI 14 FÉV. // 20h00 p.29 - OTIS TAYLOR

MAC - Maison des Arts / CRETEIL p.30 - CAMPBELL BROTHERS PERFORM "JOHN COLTRANE'S A LOVE SUPREME" inédit p.31 - MALTED MILK & TONI GREEN "GREEN MILK" PROJECT

DIMANCHE 15 FÉV. // 17h Avec le collectif Son Libre p.32 - BAL BRÉSILIEN À LA JAVA La Java / Paris 11è FERNANDO CAVACO QUINTET VENDREDI 23 JANVIER / 20H30 Espace Culturel André Malraux (ECAM) - Le Kremlin-Bicêtre

MATTHEW SHIPP TRIO "To Duke" Matthew Shipp / Michael Bisio contrebasse / Newman Taylor Baker batterie

Quand, en 1955, Thelonious Sphere Monk enregistra en trio un disque de "reprises" de Duke Ellington, pour le label Riverside, il s'attira les foudres d'une partie de la critique, que son approche décidément

INÉDIT anguleuse rebutait encore. Il inspira aussi, avec plus de bonheur, l'un des textes majeurs de Michel- Claude Jalard, révélant chez Ellington, chez Monk, mais aussi chez Cecil Taylor, trois "apôtres du discontinu". Soixante ans ont passé et, cette fois-ci pour le label RogueArt, Matthew Shipp récidive, en trio toujours et toujours sur les mêmes pistes ou brisées, à partir d'un répertoire ellingtonien en grande partie similaire, comprenant des désormais "classiques" comme Mood Indigo, I Got It Bad and That Ain't Good et Solitude (auxquels, pour ne pas oublier Billy Strayhorn, l'alter ego du chef d'orchestre, il a notamment ajouté Take The A Train et Satin Doll). Toutefois, la comparaison s'arrête là, pour s'épanouir en dissidence. Car Matthew Shipp n'est pas exactement un "pianiste du discontinu", au sens d'un art de l'incise et de la découpe, mais bel et bien un pianiste de la distorsion, de la fragmentation, et seulement alors ou au-delà de l'agglomération. Entres ses mains, le piano semble fait de roches éruptives, métamorphiques. Souvent, il commence par isoler quelques accords, par les syncoper, les arc-bouter, leurs arêtes saillantes se givrant et se brisant en un étrange égrènement, jusqu’à ce que se cristallisent un ou plusieurs thèmes, presque flagrants dans leurs gaines d’harmoniques, comme des obstacles posés et outrepassés sur le clavier, et chahutés à l’excès, en une vitesse ressourcée. « Lorsque j’improvise, explique-t-il, je m’appuie sur de petits noyaux mélodiques, et sur des cellules polyrythmiques. Mon improvisation se nourrit d’images mentales toutes reliées à ces noyaux. J’ai un « alphabet » d’images souvent profondément mystiques et la musique se connecte à elles. Ma musique est le fruit de ce flux intérieur. » Et quand enfin Shipp use de sa formidable fermeté dans les graves, c’est comme s’il pesait de tout son poids sur le clavier, jusqu’à faire levier du piano et remuer ciel et terre... Il faut faire l’expérience de la puissance et de la plénitude de ce jeu, de ce noyau de sons qui se tasse sur lui-même et se densifie, qui s’assouplit et se dilate, mais jamais ne perd son énergie de cohésion. Ou celle des compositions d'Ellington, dont les mélodies, les harmonies et les rythmes ont été soumis à d'incroyables pressions – tel aussi en ce Tone Poem for Duke composé pour la circonstance. Une expérience rare, comme d'effectuer une "descente dans le maelström". Parmi les pianistes contemporains qui peuvent donc prétendre incarner "l’avenir du jazz", Matthew Shipp occupe une place à part. Parce qu'il a étudié, étant jeune, avec Denis Sandole, qui fut le professeur de John Coltrane. Parce qu'il est plus prompt à invoquer Maître Eckhart, Walt Whitman ou Jean Genet, les forces de la nature ou du mythe, voire « la boxe, les mystiques, Bruce Lee, la peinture expressionniste abstraite et la linguistique », que les formes et les formalités musicales. Parce qu’il mène sa carrière en marge de l’industrie du jazz, préférant pactiser, outre son essentielle participation au quartet de David S. Ware, pendant vingt ans, outre ses duos avec Roscoe Mitchell ou Evan Parker et sa contribution à la scène du Vision Festival, avec les radicaux du rock (Patti Smith, Henry Rollins, J. Spaceman) ou du rap (DJ Spooky, Anti-Pop Consortium, El-P). Préférant assurer la direction artistique de sa propre "série bleue", sur le label indépendant Thirsty Ear, pour rester maître de sa parole (quitte à fustiger publiquement la vanité de certains de ses pairs auréolés, tels Herbie Hancock ou Keith Jarrett...). Et parce qu’il se situe lui-même dans la lignée de ceux qu’il désigne comme les “Black mystery school pianists” : Ellington, Monk, Randy Weston, Andrew Hill ou Sun Ra. Musiciens des profondeurs, et de toutes les angularités.

 SORTIE DE CD A L'OCCASION DE CE CONCERT  MATTHEW SHIPP TRIO, « To Duke », fin janvier 2015, ROGUEART (ROG-0060) « To Duke » est un hommage de Matthew Shipp à Duke Ellington. À de nombreux thèmes célèbres de Duke Ellington (composés par lui- même ou par Bill Strayhorn) se mêlent des compositions originales de Matthew Shipp.

 À VISITER : www.matthewshipp.com // michaelbision.com/shipp/index.htlm

10 ans

Plus de 60 albums/livres/DVD qui s'articulent autour de musiciens ou d'artistes tels Matthew Shipp, Hamid Drake, Roscoe Mitchell, William Parker, Nicole Mitchell, Joëlle Léandre, Rob Brown, Michel Edelin, Steve Dalachinsky, tous avec des créations qui poussent loin l’idée de jazz et, au delà, l’idée de musique. D’autres y font des apparitions on ne peut plus remarquées comme George Lewis, Evan Parker, Steve Swell, Dave Liebman, Denis Lavant, Joshua Abrams, Rob Mazurek, Didier Petit, Alexandre Pierrepont, Ernest Dawkins, Sabir Mateen … Que les musiciens puissent développer leurs projets en leurs imposant le moins de contraintes possibles, c'est l'objectif premier de RogueArt. Nous aimons que les groupes ou les musiciens qui nous font confiance aient la possibilité de s’épanouir dans la durée. Ces 10 ans n’ont pas toujours été simple et nous tenons à continuer bien au delà de cette date anniversaire. Faire vivre RogueArt et le mettre à la disposition des musiciens et les accompagner dans leurs projets les plus créatifs est notre raison de vivre. Ce n’est pas un hasard si, depuis le tout début, Sons d’hiver a été à nos cotés. Merci ! ( web.roguart.com)

1 ANTHONY BRAXTON DIAMOND CURTAIN WALL QUARTET Anthony Braxton saxophones alto, soprano, saxophone sopranino, électronique / Mary Halvorson guitare électrique, effets électroniques / Taylor Ho Bynum cornet, , trompette, piccolo, / James Fei saxophone, effets électroniques

Anthony Braxton est un génie de la musique, compositeur composite et grand stratège de l’improvisation collective, grand redistributeur d’idées et de perspectives, un inventeur autant qu’un orchestrateur capable de rendre le plus vibrant des hommages à Charlie Parker comme de créer une suite pour saxophone sopranino, INÉDIT haut-bois et cornemuse ou d’écrire 36 opéras d’un seul acte pouvant être agencés en 12 opéras de trois actes… Qui d'autre peut se vanter de s'être à la fois produit avec Max Roach et avec Derek Bailey, avec Diego Masson et avec Dave Brubeck ? Peut-être parce qu’il fut le premier musicien de l’AACM (à la même période que l’Art Ensemble of Chicago) à être venu s’installer un temps à Paris et à tourner en Europe, entre 1969 et 1974, Anthony Braxton demeure pour beaucoup l’archétype de l'iconoclaste intègre et passionné. Que de chemins parcourus, que de champs fertilisés depuis ces radicales années 60, à tel point qu'on mesure mal l'étendue réelle de cette œuvre, alors qu'elle a déjà fait l'objet de plusieurs livres dans le monde anglo-saxon... Depuis « For Alto » (1968) jusqu’aux récents Tri-Centric Orchestras, Anthony Braxton n’a cessé d'avancer sur sa lancée visionnaire et révolutionnaire : « Le défi pour moi, c’est de dépasser les barrières régionales, nationales, politiques qui isolent les uns des autres. Le troisième millénaire offre de nouvelles possibilités qui vont rendre ces critères obsolètes. ». Bien sûr, il y a l’étendue d’un "talent" (Braxton instrumentiste maîtrise tous les saxophones, s’étant fait une spécialité d’un jeu si staccato, de la saccade à la vrille, qu’il en paraît pointilliste), et l’envergure d’une œuvre (dont la logique associative lui permet de relier absolument toutes ses compositions). Mais il s’agit surtout d’une conception d’ensemble, d’une philosophie à la fois esthétique et politique, développée depuis les débuts de l’AACM à Chicago. « Je rejette toute cette idée de Q.I. d’un côté et de r’n’b de l’autre. Ce sont des distinctions politiques : tout le monde a un sens du rythme et une forme d’intelligence. Je revendique le droit d’aimer Berio, l’opéra, Bach et Charlie Parker, et d’apprendre de chacun d’eux. C’est pourquoi j’ai dû rejeter ces définitions standards, et j’ai abouti à la notion de culture trans-idiomatique. Et elle le sont toutes : le blues et la country ne sont pas de nature différente, de même que le jazz et la musique contemporaine. » Braxton l'utopiste, Braxton l’intellectuel si sensé, récent retraité de la Wesleyan University, a théorisé une liberté qui donne la responsabilité à tout musicien créateur de faire de son art le domaine enchanté du possible, au-delà des genres, des représentations, des hiérarchies… Depuis 2006, à travers plusieurs nouveaux cycles, Anthony Braxton a entrepris de mener à leur terme les processus d’intégration mis en œuvre au gré des trois grandes phases de son odyssée socio-musicale (langagière/architecturale ; philosophique/mathématique ; spirituelle). Dans le cadre de sa « House of Mirrors » ou des « Echo Echo Mirror House Musics », il se sert du programme informatique SuperCollider pour nouer de nouveaux dialogues, de nouvelles actions réciproques avec l’environnement et entre les membres de son Diamond Curtain Wall Trio (lui- même une cellule de base pouvant se développer jusqu’à un "12+1"). D'abord constitué avec la guitare polymorphe de Mary Halvorson et la conque, le cornet, la trompette basse ou le trombone d'abondance de Taylor Ho Bynum, et favorisant toujours la permutation régulière d’instruments ou de registres, le trio a récemment été rejoint par l'électro-acousticien James Fei, par ailleurs saxophoniste et ancien élève de Braxton. Celui-ci fournit une présence fantomatique (des chants inaudibles, des enregistrements de cérémonies qui n’ont jamais eu lieu) à l'intérieur des labyrinthes braxtoniens. Chaque musicien intervient en suivant ou non la partition ou la cartographie, en appliquant des calques sur cette partition pour y relever/révéler d’autres itinéraires ; chacun intervient au moyen de son instrument mais aussi en diffusant/déclenchant des extraits de n’importe quel construit/composition enregistré par n’importe quel ensemble de Braxton au cours des 40 années écoulées... En définitive, chacun joue avec (est joué par) un peuple d’ombres et de présences ; les sons émis et les sons entendus viennent de tous les passés et peut-être de tous les futurs ; la musique se dédouble et se démultiplie – loi de contiguïté sympathique. Tout voisine, tout correspond. Phénoménal.

 À VISITER : tricentricfoundation.org

Espace Culturel André Malraux (ECAM) - 2, place Victor Hugo - 94270 Le Kremlin-Bicêtre ☎ 01 49 60 69 42 / www.ecam-lekremlinbicetre.com TARIFS : 20 € / 15 € ABONNÉ SONS D'HIVER + TR / 9 € moins de 26 ans M ligne 7 - arrêt Le Kremlin-Bicêtre. Le théâtre est à 5 minutes de la station. BUS lignes 47, 131, 185, 323 - arrêt Le Kremlin-Bicêtre métro VALOUETTE ligne 1 - arrêt Espace Culturel André Malraux ; ligne 6 - Hôpital de Bicêtre A Porte d'Italie, prendre D7 sur 650 mètres, direction Villejuif. À la hauteur de la station de métro, tourner à droite (avenue Eugène Thomas), puis 1re rue à gauche au feu (rue Jean Monnet). VELIB’ 2 stations à 150 mètres du théâtre PARKING GRATUIT (3 premières heures) au sous-sol du centre commercial Okabé (Attention : après 22h30, suivre fléchage sortie de nuit).

2 SAMEDI 24 JANVIER / 20H45 NECC (Nouvel Espace Culturel Charentonneau) - Maisons-Alfort retour Paris (Bastille)

LADELL MCLIN TRIO Ladell McLin chant, guitare / Antonella Mazza basse / Benjamin Sanz batterie

Le blues a une longue histoire derrière lui, si belle que l'on serait en droit de penser que ses plus belles années sont désormais inscrites dans le marbre de la musique afro-américaine. Pourtant, le

blues nous surprend encore et toujours par ce qu'il a d'éternel et qui tient peut-être à la mystérieuse évidence de sa structure musicale, dont sont issues tant d'évolutions artistiques ultérieures, du jazz au rhythm'n'blues, et de la soul au hip-hop. Même si le blues n’occupe plus la place qu’il occupait jadis, des artistes passionnants continuent à l'incarner, tel Ladell McLin. Son jeu est une élaboration équilibrée entre respect de la tradition et devoir d'originalité, à partir de la matière brute de cette musique, et avec des formations toujours réduites à l'essentiel qui mettent en avant et en valeur sa qualité d’interprétation à la fois du sentiment et du rythme.

Né dans le South Side de Chicago, soit l'une des terres d'élection de cette musique et de son référent spirituel, Ladell McLin a grandi au sein d’une famille de musiciens, s’essayant très jeune à la guitare, ce qui, dit-il, « me sauva de la rue ». Puis il fréquente, sur scène, sa véritable école, les plus grands dépositaires de la tradition, Buddy Guy, Junior Wells, Koko Taylor, John Primer... Attiré par les sons électriques, il s'essaye un temps à une esthétique "moderne", associant même son expression puissante et directe aux possibilités du hip-hop auprès du célèbre Run-DMC, ou aux recherches expérimentales de James Blood Ulmer ou de Vernon Reid. Son expérience la plus féconde demeure néanmoins sa participation au Buddy Guy’s Legend, de 1997 à 1999, qui l'amènera à se produire au Festival de Jazz de Montreux avec B.B. King et Carlos Santana. Remarqué par le documentaliste français Michel Viotte, il sert de guide à son film « La route du Blues », sorti en 2010, un road movie étonnant redescendant de Chicago à La Nouvelle-Orléans. Et il servira de guide de haute musique au public de Maisons-Alfort.

 À VISITER : www.ladellmclin.com www.youtube.com/watch?v=FyKcFGRpR_s (Interview)

3 BRIAN JACKSON "Tribute to Gil Scott-Heron" FEATURING M1 / MARTIN LUTHER Brian Jackson clavier, flûte / M1 MC / Martin Luther guitare, voix / Reggie Washington basse / Marque Gilmore batterie

Brian Jackson poursuit en quintet, en formation musicale resserrée et gagnant en intensité, le projet artistique initié en 2013, lors de la parution du disque « Evolutionary Minded » et de la série de concerts qui s'ensuivit : mieux cerner l'immense contribution de Gil Scott-Heron à notre temps. Disparu en 2011, Gil Scott-Heron avait la réputation d’être l’inspirateur du mouvement rap, "le premier rappeur" - titre qu'il partageait seulement avec les Last Poets et les Watts Prophets. Il était également un poète sachant tisser les liens qui unissent par nature musique et poésie, et donc l'un des pères fondateurs du spoken-word. Le jazz est un support idéal pour cette scansion inscrite dans les moindres palpitations de la parole et du vécu, comme le savaient l'ensemble des poètes associés au Black Arts Movement, tels Amiri Baraka, Jayne Cortez ou Sonia Sanchez, et ceux de la Beat Generation. Brian Jackson fut l’équivalent pour Gil Scott-Heron de Nelson Irvine pour Nina Simone : l'essentiel co-compositeur et le claviériste-flûtiste de nombreuses pièces maîtresses écrites et chantées/parlées par Gil Scott-Heron. Et ce, dès le tournant des années 70 lorsque, ensemble, ils enregistrèrent pour Flying Dutchman, le label créé par le producteur Bob Thiele dont l’importance décisive dans l’histoire du jazz avait été établie chez Impulse! (Coltrane, Ayler, Shepp…). Pour « Pieces of Man », en 1971, Brian Jackson imagine un style musical idéal pour mettre en musique le phrasé sensuel et sinueux du poète. Sa diction claire, élégante, d’une souple décontraction, exprimait un plaisir de vivre habité de révolte qui réclamait un tel jeu à la croisée du jazz, de la soul et du funk, capable de toutes les adaptations. Brian Jackson engagea des musiciens incontournables de l’époque, comme le contrebassiste Ron Carter ou le batteur Bernard Purdie, inventeur du groove funk par excellence, le Purdie Shuffle. Aujourd’hui, Reggie Washington à la basse et Marque Gilmore à la batterie, venus de la constellation Steve Coleman, assurent une rythmique qui montre la continuité contemporaine de cette musique. M1 (de Dead Prez) et Martin Luther (ex-Roots), chanteurs et rappeurs, apportent des inflexions incisives à l’actualité du propos de Gil Scott-Heron. Brian Jackson aime souligner sa communauté d’esprit avec les deux rappeurs : « Tous ont dit avoir leurs racines dans ce sillon que nous avons creusé dans les années 70. Ils ne sont pas dans la nostalgie, ils partagent une philosophie, une conscience commune... Mais aujourd’hui, si je leur transmets un peu, je dois avouer que j’apprends aussi d’eux en retour. » Gil Scott-Heron et Brian Jackson se rencontrèrent alors qu'ils étaient encore étudiants à la Lincoln University de Pennsylvannie. Ils s’y étaient inscrits pour les mêmes raisons, comme le rappelle Gil Scott-Heron dans son autobiographie La dernière Fête. Parce que Langston Hughes, le poète de la Harlem Renaissance (auquel un autre concert du festival Sons d’hiver est consacré), y avait été étudiant. Et parce que « Kwame Nkrumah y avait obtenu son diplôme dans les années 1930 avant de devenir président du Ghana après sa déclaration d’indépendance. Cab Calloway y avait fait ses études. Et mon candidat, au titre d’homme du siècle, l’avocat de la NAACP et premier Noir membre de la Cour suprême, Thurgood Marshall, était passé par Lincoln. » A l'instar de Nina Simone et de Sam Cooke avant lui, mais aussi comme Guy Debord et Pier Paolo Pasolini, Gil Scott-Heron, dans The Revolution Will Not Be Televised par exemple, a créé des chants de haute conscience, percevant avec acuité le glissement de notre monde vers une "société du spectacle" où le virtuel débranche le réel… Winter in America exprima même un état de détresse infini face à la dérive inhumaine d’un monde marquée par la dépression économique et les guerres absurdes et aveugles qu'elle engendre. Cependant, derrière le ton quasi élégiaque de ce chant-poème, Gil Scott-Heron ne perd pas espoir et nous appelle tous à rester attentifs à "The First Minute of a New Day"*... L’originalité de Gil Scott-Heron tenait à sa vision à la fois acérée et spéculative, d’une actualité brûlante aujourd'hui plus que jamais.

* Album : MIDNIGHT BAND - GIL SCOTT-HERON & BRIAN JACKSON, « The First Minute of a New Day », 1975, ARISTA

 À VISITER : www.brianjackson.net

Nouvel Espace Culturel Charentonneau (NECC) - 107 avenue Gambetta - 94700 Maisons-Alfort ☎ 01 41 79 17 20 / www.theatredemaisons-alfort.org

TARIFS : 25 € / 22 € TR / 14 € ABONNÉ SONS D’HIVER M ligne 8 - arrêt Maisons-Alfort stade. Prendre la sortie de gauche et continuer tout droit, puis prendre la 1re à gauche rue Gabriel Péri, puis la 2e à droite avenue Gambetta.  Depuis Paris, prendre l’A4, 1re sortie Maisons-Alfort. Après le pont de Charenton, prendre à gauche direction Créteil et à 1km, prendre la tangente à gauche avenue Gambetta PARKING extérieur à côté de l'Espace

4 MARDI 27 JANVIER / 20H30 Espace Jean Vilar - Arcueil

ALEXANDRE AUTHELAIN QUARTET Alexandre Authelain clarinette, saxophone ténor / Frédéric Gastard saxophone basse / Aymeric Avice trompette / Ramon Lopez batterie

Ils n'ont pas froid aux yeux ni aux oreilles, ces quatre-là, passionnés d'improvisation, à se présenter comme des "conteurs d'histoires", des "passeurs de frontières" et des "bâtisseurs de collectifs". Il faut dire qu'ils ont tous les attributs des affranchis, et tout d'abord une compréhension élargie du jazz comme musique libre, conciliant toutes les origines (certains sont de formation classique, d'autres ont fait leurs classes dans les conservatoires de jazz, quand ils n'ont pas eux-mêmes enseigné au CNSM, ou privilégié le DIY d'un "pur" jazz-core expérimental...), permettant tous les rapprochements (les uns se sont mêlés aux affaires des autres, travaillant avec des compagnies de théâtre, de danse, de music-hall, avec des artistes plasticiens, composant des musiques de films, créant des identités sonores). Les uns et les autres ont sévi aux côtés des grands barrés de la "chanson française", de Jacques Higelin et Brigitte Fontaine à André Minvielle et Arthur H, plus récemment Fantazio ou Nicolas Topor, voire Beñat Achiary, ne trouvant décidément aucune contradiction entre les genres, aucune contre-emploi à l'immixtion de musiques écrites et improvisées, au côtoiement d'arrangements sophistiqués et de l'énergie du punk, du trash, et des fanfares d'anthologie. Après tout, ce quartet est fait de trois soufflants et d'un atypique percussionniste, et Alexandre Authelain et Aymeric Avice ont derrière eux l'expérience de groupes aussi explosifs qu'IXO et JEAN LOUIS. De même, Frédéric Gastard avec JOURNAL INTIME. S'agissant de jazz avec un grand J, les uns et les autres se sont produits avec Michel Portal, Marc Ducret, Django Bates, Phil Minton, Médéric Collignon, Benjamin Duboc, Akosh Szelevény... Et dévider la biographie de l'aîné du groupe, Ramon Lopez, amènerait à parcourir les plus vives lignes de vie du jazz contemporain, de Mal Waldron à Joachim Kühn à Christine Wodrascka, ou d'Alan Silva à Claude Tchamitchian à Paul Rogers... Alexandre Authelain et Frédéric Gastard, l'un des rares spécialistes du saxophone basse, se sont rencontrés au sein de la compagnie des Musique à Ouïr de Denis Charolles, et tous ont convergé lors des sessions Son Libre, que le clarinettiste et saxophoniste co-organise depuis quelques années dans les ténèbres de La Java, à la lumière de La Java. Car il se passe encore quelque chose à Paris au début du XXIe siècle, ce sont les Nouveaux Mystères de Paris. Il y est encore et toujours fait mention d'une musique qui serait celle de tous les passages (de relais, de paroles, de mémoires et de savoirs), une musique laissez-passer, une musique-sésame, qui vous introduira dans la société secrète des adeptes de la spontanéité du geste créateur.

 À VISITER : youtu.be/E7PyeQYv4cI (Vidéo, le 4 mars 2014 dans le cadre de Son Libre à la Java)

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CRAIG TABORN QUARTET Craig Taborn piano, claviers / Chris Speed saxophone, clarinette / Chris Lightcap basse / Dave King batterie

Imaginez un homme à la barre d’un piano-gouvernail, un homme recueilli jusqu’au risque ou au délice d’extinction, sachant faire longuement valoir toutes les grâces de l’effleurement. Mais quand il prend de

INÉDIT la hauteur et de la vitesse, quand il se retourne contre le clavier et s’abat sur lui, tailleur de pierres

projetant éclats et spirales, laissant entrevoir quelques mélodies prises dans le bloc, jouant ce qui est au- dessus et ce qui est au dessous simultanément..., il se fait maître des foudroiements. Imaginez un tel homme et vous aurez à peu près Craig Taborn. Ces dernières années, New York City n’a pas été avare de pianistes prodiges, tels Matthew Shipp, Jason Moran, Vijay Iyer ou, plus récemment, Kris Davis et John Escreet. C'est toutefois à Detroit que Craig Taborn s’est d'abord formé dans les années 90, auprès des géants de la ville, dont le trompettiste Marcus Belgrave, et au sein du quartet de James Carter. Arrivé sur la Côte Est, il a reçu l’enseignement de Muhal Richard Abrams, expérimenté avec Roscoe Mitchell, Wadada Leo Smith ou Steve Coleman, circulé avec Dave Douglas, Chris Potter ou Dave Holland, improvisé dans les grandes largeurs avec William Parker et Gerald Cleaver. On l'a aussi remarqué aux claviers électriques, son autre passion, aux côtés de Tim Berne et même de Carl Craig. Son nouveau quartet avec Chris Speed, Chris Lightcap et Dave King (le batteur des Bad Plus, et un ami d'enfance) reprend d'ailleurs les choses là où il les avait laissées avec Junk Magic, au milieu des années 2000, première tentative d'associer composition, improvisation et électronique. Voilà donc l'augure de sa musique stupéfiée et stupéfiante, mais sans artifices, lieu de toutes les métamorphoses. Craig Taborn aime faire apparaître et disparaître les formes, les processus de germination, nourrir et se nourrir des dérives et des divagations de ses partenaires, doubler la mise en commun, selon les us d’une musique qui tire souvent à hue et à dia, qui se fait spontanément sur plusieurs niveaux à la fois, dans plusieurs directions à la fois, en un jeu rubato à plusieurs sur le flux rythmique des sons, ou à l’opposé qui chatoie d’insondables méditations. Craig Taborn tient à considérer son piano (et ses claviers) comme une "simple source sonore" : « C'est comme ça que j'entends toute musique. Ma sensibilité mélodique et ma sensibilité harmonique sont prises dans un monde sonore plus vaste. Et cela déteint sur la façon avec laquelle j'entends l'harmonie. L'attention aux timbres, aux couleurs, aux accents, tout cela affecte mes choix. Cette chose qu'avait formalisée Brian Eno. Pour moi, l'improvisation consiste davantage à faire attention au son qu'à dévider des idées. Attention et manipulation : l'ambient demeure une approche valable. » Craig Taborn joue parfois comme un crocheteur de serrures, capable d’ouvrir toutes les portes, bloquant (médusant) et débloquant mélodies et harmonies. Son quartet se promène dans les jardins suspendus de la musique, échevèle l’écoute et l’entente, dévale et débouche, semant les grains d’une beauté qui n’est plus passagère.

 À VISITER : chrisspeed.com chrislightcap.com

daveking.net

Espace Jean Vilar - 1 rue Paul Signac - 94110 Arcueil ☎ 01 46 15 09 77 TARIFS : 14 € / 8 € ABONNÉ SONS D'HIVER + TR  RER B - arrêt Arcueil-Cachan. Prendre la sortie située à l’arrière du train (sortie 1 – rue du Dr Gosselin)  A porte d’Orléans, prendre la RD920. Aux portes d’Arcueil, prendre à gauche, direction Arcueil-Laplace. Au niveau de l’avenue Laplace, prendre à droite, av. du Dr Durand. Prendre à gauche la rue Berthollet, puis à droite la rue Raspail. Se garer dans la rue Émile Raspail. L’espace Jean Vilar est situé en haut d’un escalier de pierre.

6 JEUDI 29 JANVIER / 20H30 Navette (dans Théâtre de Cachan-Jacques Carat HORS LES MURS à La Grange Dîmière - Fresnes la limite des places disponibles) TONY HYMAS / DIDIER PETIT Tony Hymas piano / Didier Petit violoncelle, voix

Etourdissants. Ensemble ou séparément, Tony Hymas et Didier Petit sont étourdissants. On pourrait croire que Tony Hymas a tout fait. Composer un concerto pour tuba, pour un quatuor à

INÉDIT cordes ou pour le London Symphony Orchestra. Interpréter Brahms, Beethoven, Schubert, Prokofiev et Rzewski, et enregistrer les Etudes pour piano de Claude Debussy (mais aussi Kurt Weill, Jacques Brel et Léo Ferré). Accompagner Frank Sinatra, Jack Bruce et Jeff Beck. Travailler avec des compositeurs de films comme Henry Mancini, Michel Legrand et Philippe Sarde. Epauler John McLaughlin, Sam Rivers, Evan Parker ou Michel Portal. Former on ne sait plus combien au juste de trios au piano, contrebasse et batterie avec Tony Coe et Chris Laurence, Jean-François Jenny-Clark et Jacques Thollot, Hélène Labarrière et Mark Sanders, Billy Peterson et Eric Gravatt, Bruno Chevillon et Eric Echampard, Chris Bates et JT Bates... Former d'éclectiques et électriques ensembles tels The Lonely Bears ou Ursus Minor, s'acoquinant pour la cause avec les rappeurs de The Coup et Dead Prez. Monter, le plus souvent avec la complicité de Jean Rochard (nato), des projets abracadabrants en hommage aux chefs amérindiens, aux Résistants ou aux Républicains de la guerre d'Espagne, à Federico Garcia Lorca, à Gustave Courbet et à la Commune de Paris... Didier Petit n'est pas mal non plus dans son genre – un mauvais genre que Francis Marmande, dans un article jadis paru dans Le Monde, situa entre Maurice Baquet et Tristan Tzara. Lui permettant d'accompagner dans la rue même (avec Jean-Francois Pauvros et Alex Grillo), tous les premiers mercredis de chaque mois, les sirènes d'alerte, de s'intéresser d'un peu plus près musicalement à la dyslexie, de moduler des chants d’outre-voix au diapason de son instrument déréglé, d'improviser avec les abeilles d'amis apiculteurs, voire de préparer un voyage dans l'espace, littéralement, où il jouera du violoncelle en état d'apesanteur... Or, cette licence que Didier Petit s'est donnée (souvent en solo, mais aussi avec tout ce que la musique improvisée compte de francs-tireurs, de Denis Colin à Sylvain Kassap, de Marylin Crispell à André Minvielle, de Jac Berrocal à Larry Ochs, et de Xu Feng-Xia à Miya Masaoka...), il a également pris soin de l'offrir en partage, en véritable agitateur, depuis l'époque où il fut enseignant et administrateur à l’IACP d'Alan Silva jusqu'à la création de son label in situ, en passant par l'organisation d'événements comme les Décades de musiques improvisées, le Festival WormHoles au Théâtre de l’Echangeur ou la partie musicale du Festival Sidération, à l’Observatoire de l’Espace du CNES... Ensemble ensuite. L'histoire raconte que Tony Hymas est tombé sous le charme du son de Didier Petit à la fin des années 90, lors du festival Minnesota sur Seine, organisé par Jean Rochard (nato) à Minneapolis, au beau milieu des jams surpeuplées du Black Dog. Lorsque l'idée d'un hommage à Courbet se concrétisa, en 2010, avec « De l'origine du monde », le pianiste songea tout de suite au violoncelliste. Rebelote lorsque Tony Hymas écrivit une courte pièce pour violoncelle et piano qui fut insérée dans un film de Judith Abitbol (À bas bruit). Et les deux hommes ont finalement donné leur premier concert en duo, à Londres, en janvier 2014. L'un et l'autre font sans conteste partie de cette confrérie des musiciens voyageurs, entre les espaces et entre les esthétiques, bien au-delà d’une carrière et d’un destin. Ils se sont fait une philosophie, un gai savoir, de la rencontre avec l’autre réellement autre. Improviser, pour eux, c’est se mettre dans des états, du plus pensif au plus effréné, d’une saute d’humeur à l’autre. C’est la science des déséquilibres (récurrents) et du rééquilibrage (transitoire). Avec eux, improviser, allumer la mèche des formes, c’est être bouleversé, et bouleverser. Etourdissants...

 À VISITER : www.allmusic.com/artist/didier-petit-mn0000823511 (Didier Petit) www.natomusic.fr/artisans/jazz/artisans-detail.php?id=73 (Tony Hymas)

7 BLACK EARTH ENSEMBLE VS LABORINTUS "THE ARC OF O"/ MOMENTS OF FATHERHOOD  BLACK EARTH ENSEMBLE : Nicole Mitchell flûte, composition et direction / David Boykin saxophone / Renée Baker violon / Aruán Ortiz piano  LABORINTUS : Sylvain Kassap clarinettes, électronique / Hélène Breschand harpe, électronique / Anaïs Moreau violoncelle / Benjamin Duboc contrebasse / César Carcopino percussions

Il est presque inutile de leur souffler : musiciens de tous les pays, unissez-vous ! Nicole Mitchell et Sylvain Kassap se croisent depuis longtemps dans les mondes du jazz et de l’improvisation, en Europe ou en Amérique. Non seulement ils ont chacun multiplié les collaborations avec des musiciens de tous les pays, mais ils dirigent tous deux, forts de leur commune expérience d'improvisateurs, de franchisseurs de limites, des

CRÉATION ensembles reconsidérant le rapport à l'écriture musicale. En 2010, répondant à une commande du Chicago Jazz Festival, Nicole Mitchell a composé Arc of O, qui interroge les notions de vide et d'infini, de négativité, de créativité et de circularité, avant d'enregistrer cette suite quelques mois plus tard, à Poznan, avec une fraction de son Black Earth Ensemble et un orchestre de chambre polonais, an_ARCHE NewMusic Ensemble. L'idée a germé de recréer Arc of O en France, avec cette fraction du BEE et cette fois-ci l'Ensemble Laborintus, dans lequel Kassap, initialement inspiré par Luciano Berio et Franco Donatoni, revisite depuis vingt ans le répertoire contemporain et passe commande aux compositeurs. Les improvisateurs, curieux par nature, et n'ayant pas pour habitude de s'en tenir au fait acquis, ont même prévu de présenter de nouvelles compositions à cette occasion, dont Moments of Fatherhood de Nicole Mitchell. Moments of Fatherhood, s'appuyant sur des reportages photographiques réalisés en France et aux Etats-Unis, illustrera le lien ludique et responsabilisant qui peut unir un père à ses enfants. Ce thème procède de la démarche ou de l'utopie de Nicole Mitchell : la musique « doit aider les individus à prendre conscience de leur environnement social et politique, de leur richesse intérieure. Elle doit servir à établir un lieu du monde et de l’être où beaucoup d’autres choses seraient possibles. Cette musique doit être nourricière. ». Ce pourquoi elle sera aussi foncièrement hospitalière, embrassant les très riches heures du swing et les déphasantes phases du soleil (tenant du concerto à la Duke Ellington et des explorations interplanétaires à la Sun Ra), les présences enchantées et enchanteresses des musiques dites du monde comme des musiques dites contemporaines, les spectres de l'électro-acoustique. Il y a un enjouement essentiel, une réponse par l’affirmative à quelques-unes des questions soulevées par des lustres de classicisme et d’avant-gardisme, au choix. Oui, les formes les mieux cadrées ne seraient rien sans la possibilité inscrite en elles de l'excès. Oui, les développements insensés auxquels donne lieu chaque improvisation redonnent à leur tour, avec un nouvel espace-temps, un sens au déjà-entendu, au déjà-vu. Encore faut-il avoir le goût et la maîtrise de toutes ces formes et de l’informe qui va avec. Nicole Mitchell fut aidée par le tromboniste Jimmy Cheatham, un ancien des orchestres d'Ellington et de Chico Hamilton, qui lui fit écouter Charles Mingus, Eric Dolphy et James Newton. Avec le premier, la flûtiste a pris goût aux compositions labyrinthiques, aux alliages de blues, de gospel, de polyphonies néo-orléanaises, de rêveries symphoniques. Avec le second, elle a découvert toutes les voix de la flûte, ancestrales et fabuleuses. Avec le troisième, qui devint son professeur à l'instar de ses pairs de l'AACM, elle a approfondi les possibilités d'un art magique faisant résonner un grand ensemble dans n'importe quelle formation, grâce à la richesse des arrière-plans, grâce à ces séquences secrètes d'abord, flanquées de volets qui s’ouvrent et se ferment sur des paysages plus sombres, à dos de solos pénétrant en coups de vent dans la chambre des morceaux... « Je souhaite que nous mettions à l’honneur une musique qui corresponde au moment que nous vivons, un moment extraordinairement incertain, intéressant, horrifiant et magnifique. »

AVEC L'AIDE A LA CREATION DU CONSEIL GENERAL DU VAL-DE-MARNE ET DE LA FACE FOUNDATION DES ÉTATS-UNIS  À VISITER : nicolemitchell.com/black-earth-ensemble // www.laborintus.com  TAMBOURS CONFERENCES : L'Echange Musical entre Paris et les Usa. Avec Nicole Mitchell/Sylvain Kassap Lundi 26 janvier - 19h / Columbia University, 4 rue de Chevreuse, 75006 Paris. + d'infos : 01 46 87 31 31 (réservation conseillée) - À savoir : Après la version réarrangée de « Arc of O », que Nicole Mitchell avait enregistré en 2010 avec l’ensemble polonais an_Arche NewMusic Ensemble, album sorti sur RogueArt en 2012 (Rog-0041), l’ensemble, à la croisée des chemins entre musique contemporaine et jazz, interprétera des compositions originales écrites pour le concert de Sons d’hiver et pour l’enregistrement qui suivra. Ce deuxième album sortira donc sur RogueArt fin 2015 ou en 2016.

10 ans Grange Dîmière-Théâtre de Fresnes - Ferme de Cottinville, 41, rue Maurice Ténine - 94260 Fresnes ( web.roguart.com), ☎ Informations et réservations avec le Théâtre de Cachan-Jacques Carat : 01 45 47 72 41 / voir p.1 www.theatredecachan.fr TARIFS : 20 € / 12 € ABONNÉ SONS D'HIVER + TR  RER B - arrêt Croix de Berny, puis TVM arrêt Montjean ou RER B arrêt Antony, puis Bus 286 arrêt Marie de Fresnes M ligne 4 - arrêt Porte d'Orléans, puis bus 187 arrêt Mairie de Fresnes ou ligne 7 - arrêt Porte d'Italie, puis bus 184 arrêt Mairie de Fresnes  Au niveau de porte d'Orléans ou d'Italie, prendre A6 direction Orly, puis prendre la sortie "Aire de Rungis Delta", puis A86 direction Versailles sortie Fresnes. Au rond-point, prendre la direction Centre-ville puis la 1re à droite en suivant le panneau : Ferme de Cottinville. PARKING rue Maurice Ténine (à droite après l'arrêt du bus) // au niveau du parc commercial de la Cerisaie (ouvert jusqu'à minuit les soirs de spectacle). NAVETTE ALLER/RETOUR AU DÉPART DE PARIS (dans la limite des places disponibles) Renseignements festival : 01 46 87 31 31

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VENDREDI 30 JANVIER / 20H Théâtre Paul Éluard - Choisy-le-Roi

TARBABY - ORRIN EVANS/ERIC REVIS/NASHEET WAITS Orrin Evans piano / Eric Revis contrebasse / Nasheet Waits batterie

Parlons musique, puisqu’aussi bien Orrin Evans, Eric Revis et Nasheet Waits ont décidé de se lancer, depuis 2006 en studio de répétition et d’exploration, depuis 2009 sur scène et sur Terre, sous un nom d’emprunt : Tarbaby. L’expression, ce « bébé de goudron », ce quolibet dont Toni Morrison a fait le titre INÉDIT de l’un de ses romans, servait (sert ?) à stigmatiser, en Amérique du Nord, les enfants « noirs », obscurcis dès la naissance, sur la peau et dans la conscience, par un prétendu baptême dans le goudron... Quoi de plus naturel/culturel, pour un trio placé sous un tel diffamant dénominateur, bien sûr réévalué (ce tarbaby, ce n’est aucun d’entre eux, assurent-ils, c’est le « jazz » lui-même, cette musique dénudée qui avance masquée et à laquelle ils accordent toute leur tendresse), que d’avoir eu recours dans leur dernier projet à Frantz Fanon, l’auteur de « Peau noire, masques blancs », lui qui décrivait la couleur de la peau comme un colorant que l’on fixe sur le dos et l’inconscient des individus : « « Sale nègre ! » ou simplement : « tiens, un nègre ! » J’arrivais dans le monde, soucieux de faire lever un sens aux choses, mon âme pleine du désir d’être à l’origine du monde, et voici que je me découvrais objet au milieu d’autres objets. (…) Qu’étais-je pour moi, sinon un décollement, un arrachement, une hémorragie qui caillait du sang noir sur tout mon corps ? Pourtant, je ne voulais pas cette reconsidération, cette thématisation. Je voulais tout simplement être un homme parmi d’autres hommes. J’aurais voulu arriver lisse et jeune dans un monde nôtre et ensemble, édifier. » On ne cesse aujourd’hui de mesurer l’importance de Franz Fanon, philosophe, psychiatre, mais aussi homme d’action, résistant avec les Forces Françaises Libres (FFL) pendant la Seconde Guerre Mondiale, résistant avec le Front de Libération Nationale (FLN) pendant la guerre d’indépendance algérienne, source d’inspiration des Black Panthers dans les années 60 et des études post-coloniales au tournant du XXIe siècle. Son analyse des effets pervers ou secondaires de la colonisation comme de la décolonisation, des mécanismes durablement dépersonnalisants de l’aliénation, demeure indispensable à la compréhension de nos sociétés si mal mélangées. Parlons politique, d’un monde qui soit à l’image d’une musique intervenue au cours de cette histoire et qui n’a cessé de refuser de rentrer dans l’ordre dans lequel on veut régulièrement la faire rentrer. « Orrin, Eric et moi avons été éduqués dans des environnements où régnait un haut niveau de conscience sociale¸ explique Nasheet Waits. Nos parents et mentors savaient très bien se servir des moyens que l’art met à notre disposition pour révéler les injustices de ce monde. » Présenter le pianiste Orrin Evans, c’est rappeler qu’il a notamment étudié avec Kenny Barron, avant de se produire avec Bobby Watson, et jusqu’à Mos Def. Présenter le contrebassiste Eric Revis, c’est rappeler qu’il a notamment étudié avec Ellis Marsalis, avant de se produire avec Branford Marsalis, et jusqu’à Ken Vandermark. Présenter le batteur Nasheet Waits, c’est affoler la boussole des rythmes notamment. C’est rappeler que le fils de l’immense batteur Freddie Waits (lequel accompagna Bill Dixon et Ella Fitzgerald, Stevie Wonder et Pharoah Sanders), batteur polymorphe lui-même, parrainé dès son plus jeune âge par les amis de la famille, par Max Roach et par Ed Blackwell, s’est fait fort de jouer avec d’indomptables personnalités : Andrew Hill, Jason Moran, William Parker, Tony Malaby, Peter Brötzmann… Tous ces noms ensemble, ces indicateurs, ces sésames, désignent une histoire, faite de lignées, de présences vécues et d’inlassables transmissions, la vraie toile d’une culture musicale et humaine, la position et les pivots d’un trio qui n’oppose pas la « tradition » à « l’expérimentation » ou le « connu » à « l’inconnu » (si le « jazz », ce tarbaby, sait rester pourvoyeur d’inouï). D’un trio capable d’une énergie métamorphique se développant en une myriade de formes à faire miroiter. Tarbaby offre une musique toujours naissante, qui sort de ses gonds, qui s’exacerbe et qui s’altère, qui donne une autre valeur à l’impressionnisme et à l’expressionnisme, à la réflexion et à l’action, à l’ordre et au désordre, la musique d’un autre monde possible, qui redistribue les richesses au fur et à mesure qu’elle les produit.

 À VISITER : www.orrinevansmusic.com ericrevis.com www.nasheetwaits.com

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BRÖTZMANN/DRAKE/PARKER TRIO Peter Brötzmann saxophones, clarinettes / Hamid Drake batterie / William Parker contrebasse

Peter Brötzmann aura été, par amour, comme on parle de fureur poétique, l'ébranleur du jazz en Europe, depuis l'enregistrement en mai 68 précisément de "Machine Gun" (un surnom que lui avait trouvé Don

INÉDIT Cherry) et au fil d'un parcours remarquablement rectiligne, voire acharné, des deux côtés de l'Atlantique. Par amour, car si le saxophoniste a été le principal promulgateur de l'"energy music", une musique qui serait une conjuration, qui ne voudrait plus connaître que des épiphanies, au point de paraître comme un extrême, le comble de la délivrance, il n'en confie pas moins aujourd'hui que « Ce que nous faisons est toujours assez dans la tradition jazz de jouer du saxophone. ». Viscéral, forcené, implacable, ce chant qui dilacère l'est, et sorcier avec ça, comme si un vent froid ratissait l'écorce et la sève de la voix, voulait ensemencer le monde par le souffle, bientôt débité en blocs d'abîme. Il porte la marque, à sa manière, de l'histoire des avant-gardes au XXe siècle, de leurs défis. Car Peter Brötzmann est aussi plasticien, et plusieurs publications et expositions ont permis de mesurer ce qu'il devait à Fluxus, à ses rencontres précoces avec Joseph Beuys ou avec l'artiste vidéaste coréen Nam June Paik. De fait, la bourrasque Brötzmann a notamment eu pour effet de balayer les vieilles échelles de valeurs. Finies les "grandes heures" sages qui couvrent d'honneur et de respectabilité les situations explosives, et remettent les choses de la vie vibrante à leur place de platitudes, finis les "grands hommes" séparés du commun des mortels et constamment donnés en modèles à la masse massifiée : tout doit se faire et se fait par et pour l'action directe et collective, tout n'est que cheminements dans un espace galvanisé, l'excroissance prenant de court et de vitesse la croissance. Très tôt, et plutôt que de se satisfaire des salamalecs bien pensants d'un jazz "équitable", Peter Brötzmann a voulu mesurer des forces, a cherché la confrontation avec ses partenaires, longtemps avec Fred Van Hove et Han Bennink, plus tard avec les rythmiques furieuses et poétiques que constituèrent face à lui Harry Miller et Louis Moholo-Moholo, Fred Hopkins et Philip Wilson ou Rashied Ali. Depuis 1993 et un quartet initial qui les associait à Toshinori Kondo à la trompette et aux effets électroniques, le saxophoniste allemand a trouvé en William Parker et Hamid Drake des âmes sœurs et combattives. Ceux-là parlent librement avec le saxophoniste ténor, ce brise-glace, nouant alliance sur alliance, de rythmes et de textures, et sans jamais l'attendre. Ils sont les maîtres du temps, du sentiment de la durée et des permutations. Entre eux, tout va très vite très longtemps et se tasse à tout moment, en s’enchaînant. Il faut rapprocher le nom de leur trio, Die Like a Dog, en référence à Albert Ayler, et le titre du recueil d'entretiens que Brötzmann a récemment accordés au journaliste Gérard Rouy, We Thought We Could Change the World. Aucune nostalgie dans l'emploi du passé, aucun scepticisme non plus, mais un pessimisme résolument révolutionnaire. En 2015, la question n'est plus de savoir s'il est possible d'aller encore plus loin dans la direction de l'"energy music", ou s'il faut au contraire et comme certains profiter de l'appel d'air ainsi créé pour passer à autre chose. Les improvisations de Die Like a Dog ne sont pas préparatoires à une "meilleure" improvisation, en germe, ou à une idée de composition à venir et à peaufiner. Elles s'assument et se désignent comme mode d'être. Le dragon Brötzmann passe en trombe et fait visiter sa tourmente au sein de laquelle il n'est plus rare de pouvoir profiter de toutes les grâces de l'œil du cyclone.

 À VISITER : www.peterbroetzmann.com

Théâtre Paul Éluard - 4 avenue de Villeneuve Saint-Georges - 94600 Choisy-le-Roi ☎ 01 48 90 89 79 / www.theatrecinemachoisy.fr TARIFS : 20 € / 14 € ABONNÉ SONS D'HIVER + TR  RER C - arrêt Choisy-le-Roi. Sortie côté Seine, remonter la passerelle et traverser la Seine, le théâtre se trouve à droite. BUS lignes 182, 103 - arrêt Pont de Choisy TVM - arrêt Pasteur & CHOISY BUS  A Porte de Bercy, prendre A4, puis A86, direction Créteil et prendre sortie 23, direction Melun-Sénart. Au carrefour Pompadour, suivre S 9, puis Choisy-le-Roi sur la N186, au 7e feu, serrer à droite et tourner à gauche sous l'auto-pont. Le Théâtre se trouve tout de suite à droite. Ou sortir du périphérique quai d’Ivry, direction Ivry, puis direction Alfortville, passer le pont, tourner à droite, suivre la Seine rive droite jusqu’à Choisy-le-Roi. Dans Choisy, passer sous l’auto-pont, le Théâtre est à droite.

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SAMEDI 31 JANVIER / 20H30 Navette (dans la limite Théâtre Jean-Vilar / Vitry-sur-Seine des places disponibles)

THE LANGSTON PROJECT Debbie Cameron voix, Rhodes / Hasse Poulsen guitare, voix/ Luc Ex basse / Mark Sanders batterie

Langston Hughes fut l'un des hérauts de la "Harlem Renaissance", mouvement artistique et politique qui,

dans le Harlem de l'entre-deux-guerres, voulut renverser la vapeur entre un passé d’esclaves et de sous-

CRÉATI hommes,ON et une destinée d’hommes libres : « Nous, les jeunes artistes « negroes » qui créons aujourd’hui voulons exprimer notre individualité, avec notre peau brune, sans crainte et sans honte – assénait-il alors. Si cela plaît aux Blancs, tant mieux. Si cela ne leur plaît pas, c’est sans importance. Nous savons que nous sommes beaux. Et laids aussi. Le tam-tam pleure et le tam-tam rit. Si cela plaît aux gens de couleur, tant mieux. Et si cela ne leur plaît pas, leur insatisfaction ne compte pas non plus. Nous bâtissons nos temples pour demain, aussi solidement que nous le pouvons, et nous nous tenons au sommet de la montagne, libres en nous-mêmes. ». Des années 20 aux années 60, Langston Hughes eut l'art et la manière de comprendre et de vanter l’éthique de la survie dans le ghetto, dépeignant de nouveaux caractères sociaux – ces « Niggaz With Attitude », comme allait plus tard l’afficher un groupe de rap – notamment à travers le personnage de Jess B. Semple, alias Simple, candide immodérément, mais aux sagaces élucubrations. Qu'un parti de musiciens improvisateurs d'aujourd'hui s'empare de ses textes n'est pas si surprenant car, s'il n'y eut jamais une "jazz poetry", Langston Hughes en fut certainement l'un des principaux promulgateurs. Tout au long de sa vie, il collabora avec les musiciens, se produisant sur scène avec Earl Hines ou avec Ben Webster, écrivant le texte de Heart of Harlem pour Duke Ellington en 1945, gravant "The Weary Blues" avec Charles Mingus en 1958, composant les livrets de "De Organizer", l'opéra blues du pianiste stride James P. Johnson dans les années 40, ou de la suite afro-centriste "Uhuru Afrika" que Randy Weston enregistra en 1960... Ce qui est plus singulier, mais d'autant plus significatif, c'est le parcours des membres de ce "Langston Project". Si tous se sont fait remarquer sur les scènes européennes de la musique improvisée, aux côtés de Phil Minton, Louis Sclavis, Evan Parker, John Butcher ou Derek Bailey, Hasse Poulsen a également exploré le son cabaret avec son groupe Das Kapital et la chanson post-rock avec The Man They Call Ass. Luc Ex s'est fait connaître lors de sa longue participation au groupe de punk-rock, The Ex. Mark Sanders a tâté de la dub avec Jah Wobble... Et Debbie Cameron assure quant à elle les arrières gospel, soul et funk, voire disco. Une mosaïque de sons après tout équivalente à celle que Langston Hughes mit constamment à l'honneur dans ses collaborations et dans sa poésie, embrassant lieder, blues, calypso, hymnes, percussions africaines et ce « very modern jazz burning the air eerie like a neon swamp-fire cooled by dry ice »... Ensemble, depuis la création du groupe en 2013, Debbie Cameron, Hasse Poulsen, Luc Ex et Mark Sanders ont mis en musique ces poèmes dans des formes qui permettent à la fois leur intelligibilité et leur déformation, par la grâce métamorphique de l'improvisation. Des formes libres décidément, qui faisaient écrire au poète, épris comme nul autre de justice et de délivrance : « Freedom is a strong seed / Planted in a great need », c'est ce « tam-tam de la révolte contre la lassitude qu’on éprouve dans un monde blanc, un monde de métros, et de travail, de travail, et encore de travail ; le tam-tam de la joie et du rire, et de la douleur qu’on escamote dans un sourire. »

 À VISITER : https://soundcloud.com/hasse-poulsen/sets/the-langston-project-mixes www.poulsen.fr

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RODOLPHE BURGER & JAMES "BLOOD" ULMER "Blood & Burger" Rodolphe Burger guitares, voix, samples / James "Blood" Ulmer guitares, voix / Marcello Giuliani basse / Julien Perraudeau claviers / Alberto Malo batterie

Rodolphe Burger et James "Blood" Ulmer n'en sont pas à leur galop d'essai, puisque Sons d'hiver porta sur les fonts baptismaux, ou infernaux, leur première rencontre, en 2002. Laquelle s'avéra si prometteuse qu'ils remirent ça immédiatement, au New Morning, enregistrant dans la foulée un disque, « Guitar Music », au titre trompeur (aucun "guitar hero" en vue, aucune prouesse pyrotechnique, mais CRÉATION au contraire et très précisément ça : une musique rugueuse et resplendissante jouée sur des guitares toujours entremêlées et pourtant toujours détachées, dialoguant et dérivant ensemble). Cette première rencontre n'avait certes pas été hasardeuse (et "Blood & Burger" prirent d'ailleurs à partir de là l'habitude de se retrouver à échéances irrégulières) : avant même de se faire connaître au sein du groupe de rock Kat Onoma, puis de devenir le musicien indiscipliné que l'on sait, collaborateur et producteur d’Alain Bashung, Jacques Higelin ou Jeanne Balibar, collaborateur aussi de jazzmen tels John Tchicai, Erik Truffaz ou Ben Sidran, collaborateur enfin d'hommes et de femmes du théâtre, du cinéma, de la littérature, des quartiers libres, Rodolphe Burger avait été sensibilisé à l'approche paradoxale de James "Blood" Ulmer dès la fin des années 70. Bien qu’il ait sidéré au début de sa carrière (dans) les formations spectrales de Paul Bley comme (chez) les telluriques Jazz Messengers d’Art Blakey, James "Blood" Ulmer reste aux oreilles de beaucoup le promulgateur d’un sulfureux « free funk », aussi connoté que libre de ses attaches, aussi enraciné que déracinant. On ne l’a pas surnommé le "Blues Preacher" pour rien, lui le fils de pasteur détenant le secret de fabrication, d’élaboration, de l’essence du blues, sur sa guitare caustique, sur sa guitare cinglante, saccade après saccade, une guitare capable de délier toutes les langues de l’histoire individuelle et collective, profane et sacrée. À la fin des années 70, au moment où Rodolphe Burger découvre James "Blood" Ulmer, ce dernier sortait de son expérience aux côtés d’Ornette Coleman, qui lui avait déjà confié le secret de son sens de l’orientation et de la désorientation en musique, l’harmolodie. Ou la liberté partagée de prendre n’importe quelle direction à n’importe quel moment, sans suivre ni précéder personne, tous les instruments étant accordés dans la même clé et les douze notes jouées en même temps. Quand Rodolphe Burger confie : « J'aime ce son, j'aime ce qu'il raconte, lui, parce que, tout à coup, il y avait quelqu'un qui incarnait, dans un seul son, et dans un seul geste, tout ce que j'aime... Il y avait le blues primitif, il y avait la hargne rock, voire l'attitude punk, presque, le rhythm'n'blues, une espèce de groove absolument extraordinaire, et la liberté du free jazz, liberté mélodique fantastique... tout en un. ». James "Blood" Ulmer répond : « Quoi que je fasse, c’est juste moi, en tant que personne, sous différentes facettes. Je me considère comme un musicien harmolodique. Je pense que tous ceux qui jouent de la musique devraient essayer d’être harmolodiques, de devenir des personnes harmolodiques, car nous pouvons tous être et accomplir plus d’une chose en même temps et rester nous-mêmes. » Message reçu depuis toujours par Rodolphe Burger.

 À VISITER : www.jamesbloodulmer.com www.rodolpheburger.com

www.allmusic.com/artist/rodolphe-burger-mn0001277798/biography

Théâtre Jean-Vilar - 1 place Jean-Vilar - 94400 Vitry-sur-Seine ☎ 01 55 53 10 60 / www.theatrejeanvilar.com TARIFS : 15 € / 12 € ABONNÉ SONS D'HIVER + TR RER C - arrêt Vitry-sur-Seine, puis bus 180 - arrêt Hôtel de Ville-Roger Derry M ligne 7 - arrêt Porte de Choisy, puis bus 183 - arrêt Hôtel de Ville ; ligne 7 arrêt Villejuif-Louis Aragon, puis bus 180 - arrêt Hôtel de Ville ; ligne 8 - arrêt Liberté, puis bus 180 - arrêt Hôtel de Ville - Roger Derry Prendre la RD5 à partir de la Porte de Choisy (sorties Bd périphérique : Porte d’Ivry ou Porte d’Italie), puis aller tout droit jusqu’à l’Hôtel de Ville, après la Place de la libération (statue Dubuffet). Le théâtre est situé juste en face. PARKING gratuit sous l’Hôtel de Ville les soirs de spectacle NAVETTE ALLER-RETOUR DEPUIS PARIS (dans la limite des places disponibles) Renseignements festival : 01 46 87 31 31

12 DIMANCHE 1ER FÉVRIER / 15H ET 18H30

Théâtre de la Cité internationale / Paris 14e retour Paris (Bastille)

THE BRIDGE #7 Khari B. spoken word / Magic Malik flûte / Guillaume Orti saxophone / Frédéric Bargeon-Briet contrebasse / Tyshawn Sorey trombone, batterie

À quoi s'attendre ? Cette question, du moment qu'elle cesse d'être inquiète, pour ne manifester que curiosité et envie, les musiciens du champ jazzistique (se) la posent depuis toujours. Pour combien de groupes aux projets préconçus et aux résultats garantis, aux concepts plus ou moins frelatés, combien jouent encore la carte, le joker, de la seule confrontation, sans autres raisons que celles que (se) donnera la musique ? Quand il CRÉATION

ne s'agit que de la plus complexe des équations : un concours d'individualités, avec leurs personnalités propres sur chaque instrument, leurs manières spécifiques de les faire sonner, avec leurs références et leurs expériences (ici, parmi les premières, Charles Mingus et Arnold Schönberg, Morton Feldman et Wayne Shorter, l'AACM, le rock et le rap, les musiques de l’Inde et de l’Asie du Sud-Est ; parmi les secondes, Benoit Delbecq et Vijay Iyer, Steve Lehman et Ernest Dawkins, Anthony Braxton et Roscoe Mitchell). Un concours d'individualités donc, avec leurs histoires de vie et leurs contradictions, leurs imaginations. Car la musique collectivement improvisée est peut-être celle qui coïncide le plus avec le moment de la rencontre et qui fait tout un monde de cette rencontre entre les musiciens, avec le monde environnant, rencontre traversée de mondes parallèles. Comme toutes les associations de musiciens proposées par le réseau d'échanges transatlantiques The Bridge*, est une histoire de forces en présence, suscitée par le désir et quelques premiers croisements. Ainsi, Frédéric Bargeon- Briet et Guillaume Orti se sont beaucoup fréquentés à l'époque du collectif Hask, dans les années 90. Avec son ensemble polyvalent Nimbus, le contrebassiste n'a pas oublié d'inviter le saxophoniste, mais aussi le flûtiste Magic Malik (qui, de son côté, a collaboré avec Orti, au sein d'Octurn notamment). Frédéric Bargeon-Briet, au cours d'un voyage aux États-Unis, en 2012, a rencontré Tyshawn Sorey, qui connaissait Magic Malik pour avoir gravité comme lui dans le système solaire stevecolemanien, et partage avec Khari B. ce dénominateur : George Lewis, tromboniste, improvisateur, compositeur, concepteur de programmes informatiques musicaux et musicologue à la Columbia University, avec lequel tous deux ont joué ou étudié. Khari B., fils du saxophoniste et clarinettiste Mwata Bowden, est récemment devenu le "chairman" de l'AACM à Chicago, l'organisation de musiciens créateurs qui fête ses 50 ans en 2015 et sur laquelle Lewis a écrit un livre. Ce qui fait dire à Frédéric Bargeon-Briet : « Les trajectoires de chaque musicien composant l'orchestre sont comme les rayons de lumière convergeant vers le point de focus de la lentille d'une loupe. Après le premier concert à Sons d'hiver, une fois les premières notes, textes et paroles échangés, nous aurons traversé la lentille pour découvrir, en la parcourant, une dimension sublimée, autre, d'un monde qui nous est déjà familier. Nous serons à la fois d'un côté et de l'autre du miroir, observateurs et observés. » Tandis que Tyshawn Sorey prête à la musique le pouvoir de questionner la nature même de nos perceptions et ce qu’elles signifient. La musique EST, simplement. L’auditeur pleinement conscient devra s’abandonner aux sons, tout simplement. À quoi s'attendre alors ? À un orchestre modulaire capable de jouer d’abondance comme de méditer les leçons de l'infinitésimal, travaillant les centres de gravité et les forces d'attraction à la recherche de multiples perspectives ; d'un sens qui soit de l'orientation, de l’exploration et de la construction. Ainsi, Tyshawn Sorey joue de la batterie ou du trombone, transformant un quintet avec rythmique incorporée et spoken word artist en la personne de Khari B., lui- même dans la lignée de Langston Hughes ou d'Amiri Baraka, en formation à voix, vents et cordes, de chambre où les subtiles propositions de Magic Malik feront merveille. * The Bridge : Les musiques de jazz ont toujours traversé les frontières, stylistiques ou nationales. Nées de l'expérience afro-américaine, et toujours liées à elle, tout en devenant américaines, européennes, occidentales, internationales, elles se sont développées en produisant de bouleversants hybrides, où chaque participant contribue de tout son être, et le transforme au contact des autres. Pourtant, faute de moyens, faute de temps, l'industrie de la musique privilégiant les rencontres éphémères sur les relations durables, au grand détriment de ce qui a toujours fait la richesse de ce domaine, les musiciens français circulent peu sur le sol américain, où ils sont le plus souvent envoyés en "service commandé", sans pouvoir réellement consolider les liens qu'ils y nouent; les musiciens américains sont de récurrents invités d'honneur des clubs et festivals européens, mais ils n'ont guère plus le loisir de reprendre les échanges qu'ils entament sur place. The Bridge consiste d'abord et avant tout dans l'idée de construire un pont transatlantique qu'emprunteraient régulièrement les uns et les autres, dans un sens et dans l'autre, afin de recréer les conditions d'un authentique partage, à travers le temps et l'espace. D'un partage qui engendrera sa propre dynamique et sera porteur de nombreux projets à naître des expériences vécues en commun.

THE BRIDGE EST SOUTENU PAR LE MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION, LA SACEM, LE FCM, L'ONDA, LA SPEDIDAM, L'ADAMI, L'INSTUT FRANÇAIS ET INTERCITY.

 À VISITER : www.acrossthebridges.org  TAMBOURS-CONFERENCES : L'AACM A 50 ans. UNE RÉSISTANCE ARTISTIQUE RÉUSSIE ! Avec Khari B. actuel Chairman de l'AACM et les musiciens de The Bridge #7. Lundi 2 février - 18h30. Université de Chicago, 6 rue Thomas Mann, 75013 Paris. Entrée libre dans la limite des places disponibles. Réservation conseillée au 01 46 87 31 31.

13 "Never Mind The Bollocks, here's the Sex Pistols" SARAH MURCIA/CAROLINE + MARK TOMPKINS + BENOIT DELBECQ Sarah Murcia contrebasse Avec Caroline : Gilles Coronado guitare / Olivier Py saxophone / Franck Vaillant batterie  INVITÉS : Mark Tompkins voix, danse / Benoit Delbecq piano

S’attaquer à la reprise de l’unique album des Sex Pistols peut sembler une invraisemblable gageure. Une provocation même, pour certains. Car Sarah Murcia et ses musiciens invités, celle et ceux qui s'en prennent ainsi à un univers relevant en quelque sorte du "mythe" de l’histoire du rock, viennent de la scène actuelle de la musique improvisée jazz... Et le danger premier avec le punk serait de le sacraliser. CRÉATION

Un comble pour les Sex Pistols, immenses provocateurs... On peut s'interroger, près de quarante ans après les faits, sur ce qui demeure de la musique de ce groupe, voire la ré-exploiter sans tomber dans l’idolâtrie des puristes. On le sait, les brefs morceaux de cet album témoignent d’une matière brute, expressive et sans concession. L’énergie est portée à son paroxysme, aux frontières du supportable, s’appropriant avec une spontanéité réjouissante les territoires les plus interdits. Sarah Murcia, dans son duo avec Fred Poulet "Beau Catcheur", s’était déjà attaquée à « Anarchy in the UK ». Avec son groupe "Caroline", qui tourne depuis 2001, elle développe une démarche dont les quatre points cardinaux sont le jazz mutant, le rock postmoderne, l’électro alternative et la chanson... différente! Pour leur album « Garden Partie & Caroline, Yes ! », ils avaient invité des chanteurs à la personnalité affirmée, tels Jacques Higelin, Philippe Katerine, Fantazio, Brad Scott, Rodolphe Burger, Jeanne Balibar, Mark Tompkins… Sarah Murcia et ses complices peuvent donc bien aujourd'hui réexaminer ce morceau paradoxal du patrimoine des musiques rock, les Sex Pistols, et en proposer une interprétation qui exprime sa propre sensibilité tout autant que notre époque.

• Note d’intention • « Quand il m'a été proposé de reprendre un album culte, l'idée m'a tout de suite intéressée ; je suis familière de cette démarche en général, ayant à maintes reprises arrangé de la musique déjà existante (Kurt Weill avec Baron Samedi d'Alain Buffard, mon duo Beau Catcheur avec Fred Poulet (travail presque Oulipien sur un répertoire tiré de la variété internationale), projets "Times they are changin'", au festival d'Amiens, avec deux harmonies, un trio et plusieurs chanteurs sur des chansons engagées ; projet "Je me souviens", au Maroc, autour de chansons ayant marqué l'adolescence des chanteurs présents ; disque de reprises avec mon groupe Caroline , autour de chansons s'appelant toutes « Caroline »; et émissions de Paul Ouazan sur Arte autour de l'année 67, des années 70, 80 et des crooners, ou encore le travail sur le rockabilly avec le groupe Las Ondas Marteles. J'ai choisi de travailler sur l'album "Never Mind the Bollocks" des Sex Pistols, car d'une part c'est un disque qui m'a marqué plus jeune, et que je réécoute maintenant avec plaisir ; j'aime le son, l'énergie et la musique qui s'en dégagent, et d'autre part je m'intéresse à la richesse du paradoxe inhérent à la formation et au développement du groupe. D'un côté le mouvement punk, anti-social et presque nihiliste, de l'autre un phénomène de mode absolument gigantesque, avec une stratégie commerciale menée avec brio par Malcom McLaren. Pour moi, "Never Mind the Bollocks", c'est aussi un tiers de musique et deux tiers de concepts, qu'ils soient politiques ou esthétiques. C'est avec mon groupe Caroline (Gilles Coronado, Olivier Py, Franck Vaillant et moi-même) que j'ai décidé de travailler sur ce projet, car nous partageons la même grammaire musicale, à la fois issue du Jazz, du Rock, de la chanson et d'autres formes de musiques, qui nous permet de passer d'un état à un autre avec souplesse, ce qui me paraît correspondre à ce genre de projet. J'ai voulu inviter Benoit Delbecq, musicien que j'admire beaucoup, pour enrichir la palette sonore de l'ensemble ; la façon dont il utilise le piano me semble s'intégrer parfaitement au groupe et à ce projet en particulier. J'ai aussi voulu inviter Mark Tompkins à danser et chanter (nous avons un duo, Everybody dans lequel il chante et il danse, je chante et joue de la contrebasse ; il est aussi venu plusieurs fois chanter avec Caroline, et également sur Arte dans les émissions de Paul Ouazan où j'étais arrangeuse). Sa présence me paraît toute indiquée pour incarner le paradoxe dont je parlais précédemment ; il serait à la fois chanteur (avec moi) et danseur. L'idée serait, plutôt que de reprendre textuellement et musicalement le disque, d'écrire une variation autour de leur musique, en ayant un regard assez large sur leur propos et son expression. J'essaye de traduire avec mon langage ce que je ressens à l'écoute du disque. Le fait que la musique de « Never Mind the Bollocks. » soit assez typée, réalisée dans une grande unicité de style, permet d'envisager beaucoup de possibilités d'interprétation. » Sarah Murcia

AVEC LE SOUTIEN DE LA SPEDIDAM ET DE L'ADAMI.  PRODUCTION DELEGUEE : ASSOCIATION DISPLAY  À VISITER : www.sarah-murcia.fr

Théâtre de la Cité internationale - 17 Boulevard Jourdan - 75014 Paris ☎ 01 43 13 50 50 / http://www.theatredelacite.com TARIFS : 22 € / 16 € ABONNÉ SONS D'HIVER+ TR / 11 € moins de 14 ans M ligne 4, arrêt Porte d'Orléans. RER B: Cité Universitaire  A Porte d'Orléans prendre la direction Est sur bd des Maréchaux / bd Jourdan vers Place du 25 Août 1944, puis tourner à droite sur 10, puis tourner à gauche sur 13m. 14 MARDI 3 FÉVRIER / 20H

Le Hangar / Ivry-sur-Seine retour Paris (Bastille)

« TRANSMISSION » OU « L’ÉCHANGE QUI NOUS CHANGE »

Cette soirée spéciale et uzestoise lie cinéma et concert. Ce n'est pas un ciné-concert classique. Nous découvrirons en avant-première le documentaire de Laure Duthilleul. Membre de la Compagnie Lubat de 1977 à 1999 et mère de Louis Lubat, elle a filmé pendant des années le père et le fils. Le documentaire montre la transmission musicale de père et fils. Evidemment, le concert qui enchaîne, nous en donnera la teneur essentielle et insolente.

La Tour Films présente "LUBAT PÈRE ET FILS" Un film de Laure Duthilleul, montage Adrien Pierre

• À propos • « On ne sait jamais quand surgit un film. En 2003, lorsque je vois Bernard Lubat saisir son fils par le rythme, la mère que je suis est immédiatement touchée par l’ardeur et la joie que Louis, qui est aussi mon fils, met à frapper sur son instrument. « Ne réfléchis pas, tape et écoute, tu comprendras après. » dit Bernard à Louis. Comme en écho à cette maxime, je me saisis d’instinct d’une caméra car je sens que cet intérêt naissant pour la musique va largement participer à son éducation et à la construction de sa personnalité. En s’engageant ainsi avec son fils, Bernard pose les fondations d’une relation profonde et durable dont je désire suivre le processus. Je ne sais pas ce que Louis va devenir mais je filme. En 2011, son bac en poche, Louis arrête les études et décide de poursuivre son apprentissage auprès de son père à Uzeste. Me reviennent alors en mémoire dans une chronologie impressionniste, tous ces moments archivés avec ma petite caméra durant ces dix dernières années. Ces souvenirs d’images décrivent au plus près le façonnement de Louis dans son autonomie d’adulte et l’éducation qu’il a reçue de son père, une éducation « à la Montaigne » où la transmission s’accomplit directement d’une génération à l’autre. C’est là toute la portée universelle qui m’intéresse de raconter ; transmettre est un processus concret, montrer un geste, expliquer une situation, raconter, écouter, discuter le futur. Des acquis qui progressivement se sédimentent. Je regarde et classe les quelques cent heures d’archives. Un immense puzzle où se distinguent et se répondent en écho des situations filmées à différentes époques pour montrer l’évolution et la qualité de la relation des deux personnages. Le film s’impose à moi ; il faut raconter l’histoire de cette transmission, rendre compte du « bain » dans laquelle Louis a grandi, de l’importance de la figure du père, du guide et du désormais compagnon de création. Je repense à cette phrase de René Char : « Un poète ne doit pas laisser des preuves mais des traces ». En toute confiance avec la cadreuse observatrice que je suis, Bernard s’est rapidement offert à l’objectif. Au contraire, Louis a d’abord refusé la caméra. J’ai filmé malgré tout à distance en lui expliquant ma démarche précise et sans toucher à son intimité. Du jour où il a décidé de devenir musicien, la caméra devient une complice dans son apprentissage, son épanouissement et surtout dans la relation avec Bernard. Elle devient une présence supplémentaire, témoin rassurant qui lui permet d’expliquer en quoi ce n’est pas toujours si facile de choisir le même métier que son père. Si on peut considérer que le tournage a été largement improvisé, le montage doit maintenant créer le lien. La matière se travaille avec un douloureux plaisir. La qualité des rushes est très disparate ; les dix années qui sépareront le début du tournage de la dernière prise ont vu évoluer plus que jamais les techniques de filmage et la précision des caméras. L’image imprime sa propre chronologie sur les êtres qu’elle représente. À travers des séquences entre père et fils de discussions, de récits, de conflits, ou bien encore de spectacles, le film invente sa propre chronologie pour bâtir à nouveau le processus de la transmission et ses conséquences sur chacun des deux personnages. Qu’est-ce que leur relation « change » en chacun d’eux ? De quelle façon spécifique cette relation les transforme au fil du temps ? Le père comme le fils, écho et miroir.

La musique dans le film est une manière de raconter ces échanges, une musique sans partition, où rien n’est écrit d’avance. Elle est tout à la fois objet de désir, d’effort, d’espoir, de difficulté et, bien entendu, de relation à l’autre. En miroir de la fragilité de l’image, elle est improvisation, pulsions et pulsations. Elle est ce qui aujourd’hui anime mes personnages au plus profond d’eux- mêmes. Mais je crois aussi profondément que si Louis n’avait pas choisi d’être musicien, le film aurait tout de même lieu d’exister. »

Laure Duthilleul

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LA COMPAGNIE LUBAT Bernard Lubat voix, claviers, batterie / Louis Lubat batterie / Fabrice Vieira voix, guitare, trafics sonores / Jules Rousseau basse / Thomas Boudé guitare + GUESTS

La Compagnie Lubat existe depuis 1977 et connaît depuis ses premiers pas de nombreuses évolutions. La démarche artistique s’inscrit toujours dans les sillons d’une musique improvisée ouverte à tous les

possibles, free ou "populaire", gascon ou brésilien, be-bop ou funky, hip-hop ou scat contemporain… Les traces de multiples possibles s’accumulent alors sans hiérarchie. Un sens inné du groove et du swing porte cette alchimie des sons. La compagnie distribue joyeusement une vivante approche du partage musical. La liberté devient la partition non-écrite mais indispensable d’un tel élan artistique. Depuis plus de trente-sept ans, Uzeste avec son Hestajada ainsi que ses saisons musicales d’automne, d’hiver et du printemps, est devenu un laboratoire musical totalement original. Une avant–garde de la conception non figée de l’invention artistique qui ne dissocie pas la musique de la totalité des actes sociaux qui fondent notre humanité. À l’Estaminet du village ou dans les prés, philosophes contemporains, universitaires, plasticiens, critique d’arts, syndicalistes, spectateurs, poètes, public, politiques, danseurs, discourent sur l’art, la société et leurs relations. La musique devient alors l’ordonnatrice d’un gai savoir, pertinent sans être pontifiant, qui débouche toujours sur un gai savoir vivre. Dans cet espace/temps libéré de tous rapports marchands, l’art et l’humain renouent avec l’essentiel. Au cœur de tout cela, la transmission. L’histoire du jazz dispose d’une longue liste de musiciens qui, de génération en génération, se transmettent les secrets d’un art multiple et dense : une écologie du sens et des sens. « Pas de cimes sans racines » aime à rappeler Bernard Lubat car l’on ne peut avancer sans s’appuyer sur l’acquis. D’où l’importance du transmettre. La transmission Père/fils est au premier plan. Sans elle, aucune qualité du sensible. Mais aussi une transmission de génération de musiciens à de nouvelles générations. Uzeste accueille une pléthore de jeunes artificiers des musiques improvisées, du conservatoire de Bordeaux ou d'ailleurs. Des dizaines de musiciens venus de toute l’Hexagone se frottent aux anciens, apportent leur énergie durant l’Hestajada. Echanges de désirs. La transmission fonctionne alors à fond. Et puis, il y a la transmission au cœur même de la pratique de l’improvisation où l’Autre, quel que soit son âge ou sa musique, apporte ses idées et « l’échange alors nous change ». Le public n’est pas en dehors de ce mouvement, il en est même une donnée essentielle. C’est à tout cela que la soirée « Transmissions » nous convie avec une Compagnie Lubat toutes générations.

 À VISITER : www.cie-lubat.org/ www.uzeste.org/

Le Hangar - 5 bd Raspail 94200 - Ivry sur Seine ☎ 01 72 04 64 25 / www.lehangar94.fr TARIFS: 12 € / 10 € ABONNÉ SONS D'HIVER + TR M Ligne 7 Mairie d’Ivry sur Seine (3min à pied) - RER : Ligne C Gare d’Ivry (3min à pied) - Bus : 125-182-323-325. Station Vélib’ à proximité.  A Porte d'Ivry prendre la direction Sud Ouest sur bd Masséna tourner à droite vers rue Nationale, puis 1re à droite rue Regnault, encore 1re à droite rue du Château des Rentiers, puis tourner à gauche et continuer sur bd Masséna, prendre à droite sur av de la porte de Vitry, suivre la D224, puis à gauche suivre la D154, prendre à droite av Spinoza, ensuite à droite rue Saint Just et enfin à la 1re à droite rue Raspail. PARKING Suivre Centre ville, parking Hôtel de ville

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JEUDI 5 FÉVRIER / 20H30

Salle des Fêtes de l'Hôtel de Ville / Saint-Mandé retour Paris (Bastille)

VINCENT PEIRANI QUINTET "Living Being" Vincent Peirani accordéon / Émile Parisien saxophones / Tony Paeleman Fender Rhodes / Julien Herné basse électrique / Yoann Serra batterie

Ce quintet, qui sortira à l’occasion de Sons d’hiver son premier disque, fait miroiter une nouvelle facette du talent de Vincent Peirani. Depuis 2003, l'année où, jeune espoir du jazz et jeune diplômé du CNSM il obtint le premier prix du concours Jazz à la Défense, l’accordéoniste développe une intense activité et ne cesse de transformer son parcours en un kaléidoscope aux figures inattendues. L’histoire du jazz en France est riche d’une tradition d’accordéonistes de haut vol, ce depuis les années 30. Mais l'irruption de Vincent Peirani demeure une surprise. Boulimique de concerts, celui-ci a multiplié les rencontres dans les styles les plus divers, se dotant d’un potentiel expressif incroyable débordant d'imagination. De Louis Winsberg à Marcel Azzola, de Louis Sclavis à Henri Texier, de Renaud Garcia-Fons à Médéric Collignon ou André Minvielle (pour faire bonne mesure, ajoutons à cela ses collaborations régulières avec le quartet de Daniel Humair ou son duo avec Michel Portal), il n'y a presque pas un territoire du jazz en France qu’il n’ait parcouru. Avec les nouvelles générations de musiciens français, sa participation, aux côtés de Marc Ducret, au projet du trio à vents du groupe Journal Intime, l’a amené à travailler les sons contemporains, de même qu'un nouveau duo avec Émile Parisien. Auprès de la chanteuse Youn Sun Nah, Vincent Peirani a développé un art de l’accompagnement témoignant de sa capacité d’écoute et de propositions, discrètes et judicieuses, d'abord exercé auprès d'Art Mengo ou de Sanseverino. Il a aussi fréquenté les musiques du monde avec Cheik Tidiane Seck ou Lansana Kouyate, et joué, tant sa palette musicale est étendue, du classique avec le violoncelliste François Salque. Avec Living Being, son quintet qui est la seconde formation après Thrill Box dont l'accordéoniste est le leader, une nouvelle voie musicale s'ouvre à lui. La présence de son désormais complice Émile Parisien, l'inscrit davantage encore dans les recherches improvisées, novatrices, du jazz actuel. Tandis que la rythmique renforcée annonce plutôt un son rock énergique. Révélation(s) en vue.

SORTIE DE CD : VINCENT PEIRANI, « Living Being », février 2015, ACT

 À VISITER : www.vincent-peirani.com

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CHICAGO UNDERGROUD DUO Rob Mazurek trompette électronique / Chad Taylor batterie, mbira

Pêle-mêle, ils ont joué avec Bill Dixon, Naná Vasconcelos, Luc Ferrari, Yusef Lateef, Gastr del Sol, Iron & Wine, William Parker, Roscoe Mitchell, Tortoise, Fred Anderson, Mike Ladd, Marc Ribot, Pharoah Sanders, Lorren MazzaCane Connors, Stereolab, Charles Gayle, Jemeel Moondoc, Jim O’Rourke, Cooper-Moore… Mais voilà près de vingt ans qu'ils forment un étrange duo, vingt ans que le Chicago Underground Duo tourne sur presque tous les continents, en Amérique du Nord et du Sud, en Europe, en Asie, ce qui fait très certainement de cette formation l'une des plus anciennes de la jazzosphère. Ils viennent d'ailleurs de réaliser leur septième disque (il en existe d'autres encore, du Chicago Underground Trio, Quartet, voire Orchestra). Des fulgurations du bop et du free jusqu’aux drones et aux silhouettes agitées par l’informatique musicale, en passant par la MPB du Brésil (Mazurek a vécu huit ans à São Paulo) et par la musique Shona du Zimbabwe (Taylor a longtemps étudié la mbira), Rob Mazurek et Chad Taylor se sont donnés toutes les libertés pour inventer une musique qui épouse la logique feuilletée du rêve. Le Chicago Underground Duo s'est formé vers 1996, dans la constellation du Chicago Underground Workshop qui réunissait toutes les semaines, au Green Mill, une nouvelle génération d’improvisateurs. Avant d’être reforgé sous sa forme la plus "élémentaire", la plus intense, par les duos de Don Cherry et Ed Blackwell, Lester Bowie et Philip Wilson, ou Wadada Leo Smith et Jack DeJohnette, l’alliage peaux et métaux, trompette et batterie, fut longtemps ouvragé dans les Drum & Bugle Corps afro-américains, lesquels essaimèrent du Deep South au Midwest. Mais pour réamorcer cette horlogerie de fulgurances et de virevoltes, le duo de Chicago n’a eu de cesse de se dédoubler. Les flèches de sarbacanes cuivrées de Mazurek et le crible de rythmes cliquetants de Taylor se déplacent souvent sur un échiquier électronique où sont disposés de curieux modules sonores. « Beaucoup de musiciens changent radicalement de direction dès qu’ils font une découverte, explique le cornettiste. Dans notre cas, cela a toujours été un processus cumulatif : il n’a jamais été question de renier quoi que ce soit de ce que nous avons fait et aimé, mais d’intégrer chacune de nos expériences dans un ensemble plus vaste, une musique totale. Il faut vivre avec son temps, mais il faut également savoir vivre dans sa propre dimension temporelle – ce que nous avons été, ce que nous sommes et ce que nous serons. Ce n’est pas parce que Chad et moi utilisons aujourd’hui des ingrédients électroniques que nous allons oublier d’où nous venons. La psychologie du jazz est en nous, quoi qu’il arrive, dans certains de mes phrasés au cornet, dans la façon avec laquelle Chad aborde les rythmes. » Ainsi, de l’éblouissante vacance de certains moments, moins répétitifs que rotatifs, à travers un alphabet de résonances, jusqu’aux vitesses que prend l’improvisation, constamment en puissance d’embrasement, il n’y a que la valeur d’un glissement. Au couple tension / détente, Mazurek et Taylor ont substitué un couplage d’éclosions et d’ondulations, si bien que leur musique, très contrôlée et incontrôlable, semble souvent se jouer sur et sous la surface, dans une boule de cristal. Parfois une pulsation esseulée serpente à travers le spectre sonore. Parfois une lointaine mélodie miroite à travers le vitrail d'un vibraphone… Rob Mazurek (également plasticien ou "sound/vision abstractivist", déjà été invité à la Rothko Chapel à Houston, à la Galleria Coletivo à São Paulo, ou à l'Abbaye Royale de Fontevraud), joue depuis toujours avec la notion de transparence entre les sphères et leurs musiques. Mais une transparence tumultueuse, fracassante au besoin, refaisant le rêve de la musique, euphonie et cacophonie incluses, d’une hypnotique berceuse aux carrousels démontés de l’exaltation.

 À VISITER : www.robmazurek.com www.chadtaylordrums.com

Salle des fêtes de l’Hôtel de Ville - 10 place Charles Digeon - 94160 Saint-Mandé ☎ 01 49 57 78 90 TARIFS : 18 € / 12 € ABONNÉ SONS D'HIVER + TR M ligne 1 - arrêt Saint-Mandé - Tourelle  A Porte de Vincennes, prendre direction centre-ville

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VENDREDI 6 FÉVRIER / 20H30

Salle jacques Brel / Fontenay-sous-Bois retour Paris (Bastille) Navette (dans la limite des places disponibles)

ANTHONY JOSEPH "Kumaka" Anthony Joseph voix / Shabaka Hutchins saxophones / José Curier basse / Courtney Jones batterie, steel pan / Roger Raspail percussions

Spécialement pour Sons d'hiver, Anthony Joseph s'associe au percussionniste guadeloupéen Roger Raspail pour une création autour des musiques caribéennes. Le répertoire sera constitué uniquement de nouvelles compositions solidement ancrées dans les traditions, mais sur lesquelles un vent de modernité fiévreux soufflera. Pour ce projet, Anthony Joseph et Roger Raspail se sont entourés de musiciens tous originaires des Caraïbes, et notamment le saxophoniste Shabaka Hutchins, originaire des Barbades.

Anthony Joseph est autant un poète qu'un word musician. Quand, arrivant de Trinidad, il débarque en Angleterre à la fin des années 80, c'est avec plusieurs recueils de poèmes qu'il se fait d'abord connaître, avant de réaliser son premier disque, « Llego De Lion », en 2007. Et c'est cette écriture où sonne et résonne le Verbe, cette manière enflammée d’éprouver le monde par la parole activant le mot (que Jalal, des Last Poets, qualifia de « Revolutionary Arts Proverbalization »), qu'il enseigne aujourd'hui au Birkbeck CRÉATION College, à l’Université de Londres. Pour Anthony Joseph, comme pour tant d'autres, « la poésie est musique. Elle se doit d’être scandée, chantée, déclamée. Quand j’écris, je pense toujours en termes de sons. » Pour lui, comme pour Amiri Baraka, Oscar Brown, Jr., Ted Joans, Sonia Sanchez, Jayne Cortez, Elaine Brown, Ishmael Reed, Kamau Daa'ood, Gil Scott-Heron, Linton Kwesi Johnson ou Benjamin Zephaniah, dire ce que l'on a à dire, trouver le sens, et trouver un autre sens, ne peut se faire sans musique. Ce pourquoi Anthony Joseph s’est très vite entouré d'un "Spasm Band", combinant sur l’autel des grandes musiques noires et hybrides les incantations spirituelles des apôtres du jazz libre, les réflexions sensuelles des icônes de la soul psychédélique et du voodoo funk caribéen, du congo punk à tendance surréaliste ou du rapso, ce mélange de rap et de calypso venu de Trinidad... Soit, dans les termes mêmes du poète, « un orchestre élaboré autour de quatre éléments. Le vent, à savoir le mot ; le bois, symbolisé par le tambour ; la terre, incarnée par la basse ; et enfin le feu, celui du saxophone. Le rythme vient de la spiritualité de l’église baptiste, ses incantations scandées et son hymne chanté qui est synonyme de pur hypnotisme. Cela crée l’équilibre du son, le rend efficace. La basse et le tambour fixent ce groove, tandis que le saxophone y apporte le souffle ardent et libre. » Car Anthony Joseph, après tout auteur d'un livre intitulé The African Origins Of UFOs, sait ce qu'il dit et ce qu'il imagine. Son élocution luxuriante est sortie de ces églises invisibles dans lesquelles les prédicateurs l’entretenaient depuis la nuit des temps et de l’esclavage, dans leurs prêches paradoxalement endiablés, pour s’afficher au grand jour et par exemple chez ces Black Panthers dont Earl Anthony dressait ainsi le portrait- robot, « palabrant interminablement sur à peu près tous les sujets – sortes de délire verbal, bien sûr, mais réalité spirituelle pour les Noirs. ». Ce "parler-penser", que Toni Morrison a renvoyé pour sa part à l’orisha Esu inspirant qui amène à interpréter, improviser et vivre librement, n'est plus aujourd'hui l’apanage des preachers, ou des story-tellers du blues. Il s’entend dans les inflexions, intonations et accentuations caractéristiques du jive ou black talk, et tout son attirail d’effets sonores et de permutations rythmiques, sa foire d’onomatopées, de néologismes et d’euphémismes. Il s’entend aussi dans les "toasts" épiques, libations et litanies sans fin que l’on s’adresse les uns aux autres, ou dans les inventives insultes rituelles, sur le modèle des dirty dozens, que s’échangent les adolescents à l’âge propice – et que repiquent rappers et autres spoken-word artists. Cet art de la prise de parole, de prononcer des "mots-sons-puissances" comme disent les Rastafaris, a toujours prédisposé à l’usage de la poésie, chez tous les paroliers de la culture afro-américaine, dans leur talent pour l'extrapolation. D'un instrument poétique lui aussi fait de plusieurs essences, doté de cinq cordes : la voix, le langage, la musique, la conscience et l’imaginaire. Une conscience et un imaginaire qu'Anthony Joseph a récemment redéployés sur un cinquième album, «Time» particulièrement en direction des femmes, souvent réduites à n'être que les mauvaises épouses ou les mauvaises mères, alors qu'elles sont filles du feu, des résistantes ou des héroïnes dans notre époque troublée. Un album qui est le fruit du hasard et de la nécessité puisqu'il est aussi issu de la rencontre fortuite avec la new yorkaise Meshell Ndegeocello laquelle, devenue productrice, et moyennant un traitement électro-funk des nouvelles compositions du poète, l'a incité à se rapprocher davantage encore de sa voix et de sa poésie, et ne plus seulement essayer de les "mettre en chansons". Pour aller toujours plus loin, toujours plus près de ce souffle ardent et libre.

 À VISITER : www.anthonyjoseph.co.uk

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ARCHIE SHEPP "Attica Blues Big Band" Archie Shepp saxophone, chant / Izidor Leiting, Olivier Miconi, Christohpe Leloil trompettes / Olivier Chaussade saxophone alto / François Théberge saxophone ténor / Jean-Philip Scali saxophone baryton / Sébastien Llado, Michaël Ballue, Romain Morello / Pierre Durand guitare / Darryl Hall basse, contreabsse / Tom Mc Clung piano / Famoudo Don Moye batterie / Nicole Rochelle, Marion Rampal chant

C’est un honneur d'accueillir à nouveau un musicien tel Archie Shepp. Son histoire personnelle se conjugue au même tempo que celle du jazz et celle de la Great Black Music. À plus de 75 ans, Archie Shepp nous donne une leçon de vie et de musique. Il nous dit que tout est affaire de désir et de liberté, de désir de liberté, ce qui en somme, est à l’image de sa vie.

Sensibilisé très jeune dans les années 50 au nouveau rhythm'n'blues et par des jazzmen tels que Lee Morgan et Bobby Timmons, Archie Shepp sera au cœur même de cette musique dès le début des années 60 avec Cecil Taylor (1962). Puis, il sera l'un des instigateurs des « Concerts de novembre » en 1963 avec entre autres Sun Ra, Roswell Rudd, John Coltrane (qui devient son mentor) en propulsant sur le devant de la New- Thing, scène de la musique conjuguant liberté esthétique et liberté politique. Par la suite, sa vie musicale sera une indispensable construction de relations entre tous les styles de la musique afro-américaine. Archie Shepp gagnera alors la réputation d’être le dépositaire de la mémoire "babélienne" du jazz. Les enjeux de sa musique sont simples et sincères. Elle est un moyen d’expression de soi, de ce blues ressenti profondément quelles que soient ses déclinaisons free ou roots. Archie Shepp est alors un avant-gardiste de l’expression du vécu. Le ressenti induit la forme esthétique et non l’inverse. Cette démarche est le secret d’une force expressive, ce qui donne à Archie Shepp une présence scénique étonnante. Avec un son unique au saxophone qui chante et crie à la fois, reconnaissable par son velouté hérité de Ben Webster, doublé d’une raucité tranchante jusque dans les aigus provoquant un attrait pour le “non pur” et le “charnel”, Archie Sheep sait jouer de tous nos sens. Il diffuse le rythme et l’insolence d’exister. Héros réel et directement surgi du roman Mumbo Jumbo de l’écrivain Ishmael Reed, Archie Shepp continue de diffuser pour notre plus grand plaisir la danse/musique « Djeuze Grou » née au cœur du Congo square de la Nouvelle- Orléans. Avec ce nouvel Attica Blues Band, Archie Shepp réactualise ce désir de jouer une musique afro-américaine dans toutes ses géométries débordantes et singulières : le blues et le rhythm'n'blues, mais aussi le bop et le free, les musiques populaires en tout sens et leur multiplicité de rythmes. Ce “big band”, créé en 1972 à l’occasion d’un enregistrement pour le célèbre label Impulse afin de protester contre le massacre de la prison d’Attica (septembre 1971) par le gouverneur de New-York Nelson Rockfeller, prouve que la musique relate à sa manière les aspirations les plus nobles de l’humanité. Le superficiel consumériste disparaît... Le big band d’Archie Shepp a connu plusieurs périodes d’existence après sa création. D’abord en 1979, puis il y a trois ans une nouvelle configuration fut produite avec le soutien de Jazz à Porquerolles et le Centre National de création de Châteauvallon. Ici, il s’agit de continuer ce projet d’Archie qui lui tient tant à cœur. Avec de nouveaux invités même si le compagnon de route Famadou Don Moye assure la permanence des Tambours.

 UNE COPRODUCTION ARCHIEBALL - JAZZ A PORQUEROLLES - CHATEAUVALLON - FESTIVAL JAZZ À LA VILLETTE. AVEC LE SOUTIEN DE LA SPEDIDAM

 À VISITER : www.archieshepp.net/

Salle Jacques Brel - 164 boulevard Gallieni - 94210 Fontenay-sous-Bois ☎ 01 71 33 53 35 / www.fontenayenscenes.fr TARIFS : 18 € / 11 € ABONNÉ SONS D'HIVER + TR / 7 € moins de 25 ans  RER A - direction Torcy, Chessy, Marne-La-Vallée - arrêt Val-de-Fontenay ou direction Boissy-Saint-Léger - arrêt Fontenay-sous- Bois, puis bus 124 - arrêt Hôtel de Ville. RER E direction Villiers-sur-Marne, Tournan - arrêt Val-de-Fontenay, puis bus 124 - arrêt Hôtel de Ville  A porte de Bagnolet, prendre A3 direction Charles de Gaulle - Lille, puis A86, direction Fontenay-sous-Bois. A la sortie 19, aller en direction de Fontenay centre. PARKING souterrain gratuit de l’hôtel de ville NAVETTE ALLER/RETOUR AU DÉPART DE PARIS (dans la limite des places disponibles) Renseignements festival : 01 46 87 31 31

20 SAMEDI 7 FÉVRIER / 18H Musée du quai Branly, Théâtre Claude Lévi-Strauss - Paris 7

LOUIS SCLAVIS "SILK" QUARTET Louis Sclavis clarinettes / Gilles Coronado guitare / Benjamin Moussay piano / Keyvan Chemirani percussions

Avec l’Atlas trio, sa toute dernière formation, Louis Sclavis offrait un discours épuré et essentiel, d’une rare beauté. Ce nouveau quartet redistribue les cartes musicales avec un partenaire supplémentaire, le percussionniste Keyvan Chemirani. Ainsi va la démarche de Louis Sclavis depuis toujours : une perpétuelle évolution qui s’appuie sur les précédentes expériences pour approfondir en douceur les sillons d'une œuvre en devenir. Ses chemins de traverses artistiques multiplient les pistes, quitte à les brouiller parfois. Des suites de grande ampleur succèdent à de magnifiques compositions (on peut citer quelques pièces maîtresses : "Chine", "Ellington On the Air", "Rouge", "Les Violences de Rameau", "Napoli’s Walls", "Source"…). Avec le recul, se dessinent une unité, des lignes de force affirmées, jusqu’à la tension même, que viennent nuancer un goût du détail mais aussi des associations inexplorées de timbres et d’instruments. Entre l’emportement des rythmes que ses formations cultivent presque toujours et des séquences plus méditatives, un univers poétique secrètement attirant finit par apparaître. Louis Sclavis évoque ici la “route de la soie”. La métaphore persane ne doit pas être perçue étroitement ; elle permet de semer des interrogations élargies. Le guitariste Gilles Coronado apporte ses distorsions rock et ses improvisations prolifiques. Benjamin Moussay, pianiste de jazz aux inflexions classiques ou contemporaines, donne à entendre des moments d’un éclectisme dense et pur. Keyvan Chemirani, armé du Tombak et du Daf, transmet la fougue des rythmes persans sur les tempos enlevés. Les compositions de Sclavis ont alors toute latitude pour nous parler d’indicibles états de la condition humaine. Un parfum d’exil évoque la confrontation à l’espace-monde, sa dimension extraordinaire. L’homme sud, allégorie sonore, sculpte les contours d’un être-symbole. Les énergies de la vie sont symbolisées par Dance for Horses. Et la musique se fait image dans Dust and Dogs ou dans Sel et Soie… Les voyages musicaux de Louis Sclavis continuent en explorant cette fois-ci musiques traditionnelles ou orientales, tout en nous communiquant le sentiment existentiel d’appartenance à une humanité/monde indivisible. Seuls, demeurent les hommes, les éléments et la Terre. Depuis ses débuts au milieu des années 70 avec le Free Jazz-Workshop de Lyon et l’Arfi, puis au fil de ses collaborations déterminantes (Henri Texier et Aldo Romano, la Compagnie Lubat, le Brotherhood of Breath…), Louis Sclavis n’a cessé d’afficher la même compréhension du jazz comme « un mouvement qui a permis à beaucoup de musiques d’aller vers d’autres frontières. Le jazz est un territoire assez permissif, où l’on peut fabriquer soi- même ses papiers, et ils sont valables, il n’y a pas de “sans-papiers” ».

 SORTIE DE CD : LOUIS SCLAVIS QUARTET, « Silk and Salt Melodies », sortie le 30 septembre 2014, ECM

 À VISITER : www.inclinaisons.com/art/21.html

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Théâtre Claude Lévi-Strauss du musée du quai Branly - 37 quai Branly - 75007 PARIS ☎ 01 56 61 71 72 / www.quaibranly.fr

TARIFS : 15 € / 10 € ABONNÉ SONS D'HIVER + TR (le billet du concert donne accès au musée le jour du concert) M ligne 9 - arrêt Alma Marceau (traverser le pont) RER C - arrêt Pont de l’Alma (sur votre droite en sortant de la gare RER) BUS ligne 42 - arrêt Tour Eiffel ; lignes 82, 92, 63 - arrêt Bosquet-Rapp ; ligne 72 - arrêt musée d’art moderne - Palais de Tokyo (traverser la passerelle) Parking payant accessible au 25 quai Branly. L’accès piéton se fait rue de l’Université, à l’orée du jardin. VELIB’ 1 station quai Branly et 1 station au niveau du 43 avenue Rapp NAVETTE FLUVIALE arrêt Tour Eiffel (Batobus, Bateaux parisiens, Vedettes de Paris)

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MARDI 10 FEVRIER / 20H Théâtre d'Ivry-Antoine Vitez - Ivry-sur-Seine

20 ANS du QUATUOR iXi QUATUOR iXi Régis Huby violon / Théo Ceccaldi violon / Guillaume Roy alto / Atsushi Sakaï violoncelle

Le quatuor iXi, créé par Guillaume Roy et Régis Huby en 1994, repart pour de nouvelles aventures avec Atsuhi Sakaï, violoncelliste aussi à l’aise dans les répertoires baroque, classique et contemporain que dans la musique improvisée. Ce, à l'image des voies tracées depuis vingt ans par la formation qu'il rejoint aujourd'hui, et avec Théo Ceccaldi, jeune violoniste improvisateur aussi fougueux que prometteur. Ensemble, ils repartent avec un disque anniversaire qui sortira à l’occasion de leur concert à Sons d’hiver. Les apports de toutes les influences au cœur de la démarche du quatuor iXi se relient grâce à un savant tuilage de timbres, de champs harmoniques, et grâce à ces progressions d’ensemble qui ont fait sa réputation. Leur musique aux multiples facettes apparaît dans un déroulé riche et foisonnant, d'une fluidité qu'anime un mouvement permanent de propositions sonores inattendues et vivantes. Les quatre hommes nous rappellent ainsi que le quatuor à cordes, ensemble fait pour des artistes virtuoses, a toujours supposé le croisement de différents discours, de chants propres à chaque instrument. Dans notre inconscient culturel, le quatuor est l'un des symboles les plus représentatifs du classicisme européen, de sa tradition. Beethoven sut à merveille exprimer à la fois l'intensité et l'intimité de ses émotions grâce à cette formation de musique de chambre. Le quatuor iXi porte en lui ces résonances et cet expressionnisme, quoique leurs instruments à cordes ne se contentent pas de cet acquis mais jouent et déjouent à tout moment les évidences, s'aventurent vers l'inattendu et l'"inentendu". La qualité et la personnalité de chacun des participants, leurs ressources phénoménales, favorisent l’éclosion de moments uniques. Guillaume Roy, co-fondateur d'iXi en 1994, est un maître de l’improvisation et ses collaborations occupent un vaste territoire allant de Dominique Pifarély aux projets de Claude Tchamitchian ou de Hasse Poulsen. Régis Huby, l'autre fondateur, a toujours refusé les cloisonnements artistiques, cherchant à développer une parole musicale qui trouve « le moyen de savoir qui l’on est, se forger un vocabulaire, aller vers une certaine spontanéité ». Ses collaborations avec Vincent Courtois, Louis Sclavis et Dominique Pifarély ont montré à quel point il était parvenu à de telles fins. A leurs côtés, Atsushi Sakaï, spécialiste du violoncelle et de la viole de gambe, s’est autant produit sur les scènes classiques que baroque : les Talents Lyriques, l’Ensemble baroque de Limoges, le Concert d’Astrée. Tout en se tournant vers l’improvisation avec des jazzmen comme Christophe Monniot. Théo Ceccaldi, violon solo émérite du nouvel ONJ d'Olivier Benoît, formé auprès de Mark Feldman, de Joëlle Léandre ou de Marc Ducret, est devenu à 28 ans un animateur important de la scène improvisée française, notamment avec le projet Tricollectif. Ensemble, ils repartent, ils traversent allègrement, avec élégance et imagination, les frontières entre l’écrit et l’improvisé, l’acquis et l’imprévu.

 SORTIE DE CD : Nouvel album chez Abalone Productions, sortie prévue le 10 février 2015

 À VISITER : www.abaloneproductions.com/liste-d-artistes/quatuor-ixi.html

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JACQUES REBOTIER/EDWARD PERRAUD "Poésie-téléphone" Jacques Rebotier conception, voix / Edward Perraud batterie / Frédéric Rui régie vidéo

Isidore Ducasse, pour désigner la grande confraternité des tristes, des sinistres sires de son temps, avait trouvé cette expression efficace de "Grandes-Têtes-Molles". On ne nommera pas les nôtres, celles de notre temps, on laissera ce soin à Jacques Rebotier, mais on révèlera tout de même qu'il peut s'agir de gens s'ingéniant, par exemple, à gérer très ostensiblement la "crise" que leurs pareils ou protecteurs ont provoquée et entretiennent, à travailler leur image et leur discours ou ceux des autres (à l'identique), à taper dans un ballon avec un maximum d'effets secondaires et bancaires, etc. Et qui attendent généralement de nous que, toutes affaires cessantes, nous nous interrompions, éberlués et hébétés, pour les regarder faire. Puisque c'est demandé si gentiment, Jacques Rebotier (catégories : compositeur, écrivain et metteur en scène) s'y est mis plutôt deux fois qu'une. Muni d'un smartphone omniscient qui aurait fait pâlir d'envie le Comte de Lautréamont, l'un de ces appareils nous permettant de n'être jamais à ce que nous faisons mais d'être toujours relié à ce que font les autres qui ne sont pas non plus à ce qu'ils font... ce monsieur Déloyal capte tout. Il intercepte tout ce qui est téléphoné, comme il est dit, il "surfe en direct-live sur les vagues immobiles de la toile, saisit de volée les pensées pétrifiées et les phrases cucultes, langues de bois vert qui nous pédipulent, emberlificotent, novlanguelèchent, roule-farinent." Pour nous restituer ce salmigondis en une feinte conférence, mordante, faite de ppp ou "petites partitions de paroles". Mais, me direz-vous, que vient-il faire là, infiltré dans un festival de musiques, celui qui se présente comme une forte tête dans sa 47e autobiographie: "Je suis né au moment où je m’y attendais le moins. Tout petit déjà, je. (Papa m’encourageait.) Très déjà, tout petit. Es-tu bien sûr de ton cerveau, mon chéri ? A quatre ans je passais sous un silence. A quel âge êtes-vous passé sous le silence ? A quatre ans. A onze ans, je serai musicien, pour ne pas avoir à ne parler qu’une seule langue. A douze ans écrivain, pour penser dans les coins. A treize, rien. De zéro à x ans, je restai ainsi entre la vie et la mort. Quarante et sept : pas encore dans l’espace, et déjà dans les temps ?" Il vient d'abord y faire que, qui dit poésie, dit musique, dit rapport musical à la langue. Et dans ce domaine, Jacques Rebotier s’apparente à la folle famille des dislocateurs de mots et de cerveaux, tels Rabelais, Jarry, ou Gherasim Luca. Jeux et feux de langage, glissements du son et du sens, tous les aspects du phrasé et de l’articulation, intonation, accentuation, rythme, débit, tout y passe. Tous les dérèglements qui font que l'homme se définit bien mieux par ses ratés et ses approximations, là où la société voudrait faire de lui une meilleure machine. Ensuite, il se trouve que ses "perforconférences" ne viennent pas de nulle part, mais d'une mauvaise habitude contractée à force de dire des textes en compagnie de fieffés musiciens, tel ici Edward Perraud. Comme un bonheur n'arrive jamais seul, Rebotier le jongleur s'est effectivement entouré de Perraud l'artificier, expert en batterie diversifiée jusqu'à faire de toute surface un miroir magique, pour jouer de la pesanteur et de l'apesanteur des rythmes. Homme à tout faire de travers, et donc mieux, de la nouvelle nouvelle nouvelle scène en France. Et puis à vrai dire, Rebotier est tout à fait capable de concevoir lui-même une musique libre, le virus du texte virant au théâtre instrumental. En 1992, il a ainsi fondé la compagnie voQue, ensemble de musique et compagnie verbale, à l’origine de nombreuses créations présentées à la Comédie Française, à Chaillot, au TNS à Strasbourg, au Théâtre de l’Athénée, aux Amandiers à Nanterre, aux Opéras de Paris, Lyon, Montpellier... En 2092, il entre à l'Académie française réformée sur les langues anciennement fictives. LA COMPAGNIE VOQUE EST CONVENTIONNEE PAR LE MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION, DRAC ÎLE-DE-FRANCE ET SOUTENUE PAR LA SACEM.

 À VISITER : www.rebotier.net www.edwardperraud.com/Bio.html www.youtube.com/watch?v=NYMtKnqaaTE (Vidéo Poésies-Téléphones au Théâtre du Rond-Point)

Théâtre d’Ivry-Antoine Vitez - 1 rue Simon Dereure - 94200 Ivry-sur-Seine ☎ 01 46 70 21 55 / http://theatredivryantoinevitez.ivry94.fr/les-spectacles/programmation/sons-dhiver

TARIFS : 20 € / 15 € ABONNÉ SONS D'HIVER + TR M ligne 7 - arrêt Mairie d'Ivry (terminus). Par la sortie "Robespierre", suivre la rue Marat sur 50 mètres, prendre à gauche le "Chemin du Théâtre" qui débouche dans la rue Simon Dereure. Par la sortie 3 "rue Marat" (en tête de train) : le "Chemin du Théâtre" est en face. ligne C - arrêt gare d’Ivry-sur-Seine (10 mn à pied, sortie Centre Ville. Prendre l'Avenue Georges Gosnat. Passer l'Hôtel de Ville, prendre la rue Raspail à gauche, puis la 2e rue à droite qui est rue Blanqui. Le Théâtre se trouve au bout de cette rue. BUS : 323, 132, 125, 182 arrêt Mairie d'Ivry Métro ou Hôtel de Ville VELIB’ station n°42010, 1 rue Robespierre A Porte d'Ivry, de Vitry ou de Choisy, direction Centre ville. Le théâtre est à deux pas de l'hôtel de ville.

24 MERCREDI 11 ET JEUDI 12 FEVRIER / 20H30 Théâtre Romain Rolland - Villejuif

THEO BLECKMANN SOLO Voix, musicboxes, toys, électronique

Même si sa participation au dernier disque d'Ambrose Akinmusire a pu attirer l’attention sur lui, Theo Bleckmann est encore un artiste inconnu en France. Célèbre en Allemagne, son pays d’origine, il est citoyen des USA depuis 2005. « Hello Earth, the music of Kate Bush » a été classé INÉDIT parmi les trois meilleurs disques de 2013 par le magazine DownBeat, et les compétences vocales hors normes de Theo Bleckmann (The New York Times le décrit comme « instinctivement inventif à la musicalité minutieuse… venu d’une autre planète ») l'ont fait désigner parmi les trois meilleurs chanteurs en 2012 par un jury de 119 critiques réunis par le Village Voice... Né à Dortmund en 1966, Theo Bleckmann apprend pourtant d'abord le chant traditionnel. Pourtant ? C'est qu'il y a toujours quelque chose sous roche dans une tradition. Après une participation à un workshop dirigé par Sheila Jordan, qui restera son mentor, il décide de partir pour New-York, où il s’installe en 1989. Dix ans plus tard, avec de la suite dans les idées, il enregistre « Jazz Child » avec Sheila Jordan. Entre temps, il a commencé une série impressionnante de collaborations, au plus haut degré artistique, avec Laurie Anderson, Steve Coleman, Philip Glass, Anthony Braxton, John Zorn, la Merce Cunningham Dance Company, John Hollenbeck… Il a aussi enregistré les Twelve Songs de Charles Ives, tout en gardant sa "qualification" de chanteur de jazz. Pourvu que ce jazz soit une nouvelle musique, elle aussi. Logiquement, ou pas, son solo ne ressemble à aucune autre prestation vocale, et prend le tour d’une promenade initiatique au cours de laquelle il vous sera possible de traverser le miroir de la voix pour entendre du Guillaume de Machaut avec une voix de haute-contre, suivi d’un standard de jazz ou de Broadway, et d’une pièce de Meredith Monk (avec laquelle Theo Bleckmann doit bientôt se produire). En outre, Theo Bleckmann manipule le micro et l’électronique, use de jouets sonores, siffle délicieusement des ritournelles, cisèle avec finesse son chant. Tous ces scintillements sonores s’accumulent avec douceur et dessinent une bouleversante enluminure musicale. Theo Bleckmann n'en fait qu'à sa voix, et il nous touche au cœur, comme si nous l’attendions depuis toujours, ce chant traditionnel venu du futur.

 À VISITER : www.theobleckmann.com

25 WASL' Kamilya Jubran oud, voix / Sarah Murcia contrebasse / Werner Hasler trompette, effets

électroniques Poèmes de Salman Masalha et de Hassan Najmi

Kamilya Jubran bouscule depuis 20 ans langues et musiques arabes. Née en 1963 à Aakha, de parents palestiniens, elle est confrontée dès l'âge de quatre ans au répertoire arable classique par

l'intermédiaire de son père, luthier et fabriquant d’instruments traditionnels, lequel sera son premier maître. À 19 ans, elle rejoint le groupe Sabreen dont elle sera la chanteuse pendant de nombreuses années et avec lequel s’invente un nouveau style de la chanson arabe moderne. En 2002, Kamilya Jubran obtient une bourse de recherches et part pour la Suisse où elle rencontre le trompettiste Werner Hasler. Musicien de jazz, celui-ci a un goût prononcé pour l’exploration d’espaces nouveaux grâce à l'électronique. S’il s’inscrit volontiers dans la lignée d’un Jon Hassell, Hasler invente ses propres modes et mondes musicaux pour dépasser le cadre habituel de la musique occidentale. Devenue parisienne, Kamilya Jubran crée le projet Nhaoul’, avec Sarah Murcia, en 2011. Contrebassiste française, élève de Jean-François Jenny Clark, cette dernière dispose d’une solide expérience dans le champ du jazz et des musiques improvisées, acquise notamment auprès de Steve Coleman, de Magic Malik, ainsi que dans le cadre de la formation Caroline. Elle aime aussi les horizons du rock (Elysian Field) ou des musiques inclassables (Ondas Marteles, Beau Catcheur). Avec eux, un nouvel équipage s'était créé, prêt pour l'embarquement : « le lourd fardeau de l’Orient ensanglanté pèse sur mes épaules cette nuit, la rosée de mon pays s’est asséchée dans mes yeux comment pourrais-je vous confier le chagrin qui me dévaste ? dans la contrée où j’ai grandi, J’ai vu l’horreur prospérer en secret Je l’ai vu vue détruire mes proches, les pousser à l’exil… » Salman Masalha, Orientale (extrait)

« Wasl’ est un mot en arabe qui signifie (selon Larousse) : accouplement, assemblage, embrayage, combinaison, connexion, contact, jonction, joint, interconnexion, jointure, liaison, rapprochement, raccordement. De mon point de vue, j'y entends : les retrouvailles. (…) C'est boucler la boucle - à la fois artistique et historique. (…) Sarah Murcia et Werner Hasler sont devenus mes partenaires avec lesquels je partage, j'apprends et je crée ma musique. L'échange avec eux approfondit ma recherche d'une chanson qui peut me convaincre. (...) Hassan Najmi - poète et écrivain de Rabat, et de Salman Masalha - poète et écrivain de Jérusalem, dans mes projets "Makan" - 2009 et "Wanabni" – 2010 (…) représentent pour moi les deux parties du monde arabe : le Proche-Orient et le Maghreb - la partie nord de l'Afrique - un monde réuni par une même langue officielle classique, cependant divisé par une géographie tellement complexe et par des événements et des évolutions socio- politiques historiquement différents. Officiellement dans le monde arabe il y a une langue arabe classique ou bien littéraire unique, qui est la langue de l'écriture, et des nombreux dialectes différents qui sont les langues parlées. À l'époque d'Al Andalus - l'Andalousie, un style d'écriture de la poésie dite Mouashahat a été développé dans lequel la langue arabe classique se chevauchait avec la langue parlée. Was’l sera au croisement de toutes ces lignes horizontales et verticales et m'emmènera sur la trace d'une chanson inédite en langue arabe. » Kamilya Jubran

 À VISITER : www.kamilyajubran.com/projects.html

Théâtre Romain Rolland - Salle Eglantine - Esplanade Pierre-Yves Cosnier - 94800 Villejuif ☎ 01 49 58 17 00 / www.trr.fr

TARIFS : 18 € / 12 € ABONNÉ SONS D'HIVER + TR M ligne 7 - arrêt Villejuif-Paul Vaillant Couturier puis 7 mn à pied  A Porte d’Italie, prendre N7, direction Villejuif puis Villejuif Centre-Ville. AUTOLIB' Une station à 30 mètres du théâtre, rue Eugène Varlin

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VENDREDI 13 FEVRIER / 20H30 Retour navette Bastille (dans Mac - Créteil - Maison des Arts la limite des places disponibles)

AMBROSE AKINMUSIRE QUINTET + CHARLES ALTURA + THEO BLECKMANN Ambrose Akinmusire trompette / Walter Smith III saxophone / Sam Harris piano / Harish Raghavan contrebasse / Justin Brown batterie INVITÉS : Charles Altura guitare électrique / Theo Bleckmann voix

À Sons d'hiver, Ambrose Akinmusire se présentera avec son quintet, un working band d'une unité et d'une densité exceptionnelles (aussi jeunes soient-ils, le trompettiste et le batteur Justin Brown, par exemple, jouent ensemble depuis déjà près de vingt ans), augmenté pour la circonstance de quelques INÉDIT invités, et comme pour donner suite à son second disque sur Blue Note, unanimement salué en 2014 comme un "chef d'œuvre". Sonorité d'airain s'oxydant parfois sombrement et splendidement à la trompette, combo en pleine combustion et en pleine conscience post-bop, arrangements presque irréels pour flûte et quatuor à cordes, compositions chimériques, c'est-à-dire et enfin véritablement imprévisibles, séquences d'improvisation totale toujours possibles, chansons ou chants des sirènes venus de nulle part, lyrisme troublant... Certains se sont même plu à imaginer, au petit jeu des références, que "The Imagined Savior Is Far Easier to Paint" (faisant suite à "When the Heart Emerges Glistening" – ses titres le laissent entendre, Akinmusire ne s'intéresse pas qu'à la musique, mais aussi à James Baldwin et à Gabriel García Márquez, ou à Pina Bausch) mettait en scène la perturbante rencontre des imperturbables Kenny Wheeler et Wayne Shorter dans les zones claires-obscures découvertes par Robert Wyatt et par Arvo Pärt... Des compliments et des récompenses, le jeune trompettiste n'en manque pas puisque, en quelques années, il a remporté la Thelonious Monk International Jazz Competition et la Carmine Caruso International Jazz Solo Competition, il a été élu Rising Star Jazz Artist et Rising Star Trumpet par le magazine DownBeat, puis Trumpet Player of the Year par la Jazz Journalists' Association... tout en se voyant décerner, en France, le Grand Prix de l’Académie du Jazz. Auparavant, durant ses années californiennes, il avait découvert sa vocation au sein de la communauté baptiste que fréquentait la famille de sa mère ; il avait fait ses premières armes avec son compagnon de cuivres Jonathan Finlayson auprès d'aînés tels que Billy Higgins, Joe Henderson ou Sonny Simmons, avant d'être repéré, à l'âge de 17 ans, par Steve Coleman qui l'intégra ensuite aux Five Elements pour une première tournée européenne en 2001, précédant son installation à Babel ou à New York. Malgré cela, celui qui encourrait le risque de devenir le nouveau "phénomène" du petit monde du jazz a gardé la tête froide. Il a gardé en tête les valeurs morales et spirituelles que ses parents, sa mère venant du Mississippi et son père du Nigéria, lui avaient transmises. La valeur de la discipline que l'on s'impose à soi-même et qui vaut mieux que prix et diplômes (sur son poignet, Ambrose Akinmusire a fait tatouer le mot "routine", pour seul aide- mémoire). La valeur, voire le sens d'une autre réalité conditionnant celle-ci, et qui lui fait dire, très posément : « Je ne travaille que la technique, parce que je crois à l'improvisation. Je n'ai pas de plans, et si je ne suis pas d'attaque, je dois l'accepter. C'est la seule façon d'arriver à quelque chose de vraiment magique. Je veux être sûr que cette chose qui vient d'au-dessus de moi ne se heurte pas à des difficultés techniques, que "ça" puisse circuler. ». Ce pourquoi aussi le trompettiste déplore que, au cours de ses années d'éducation musicale "académique", il n'ait « jamais entendu prononcer les mots "art", "amour" ou "passion". On peut comprendre dès lors que les anciens soient déçus par notre génération... ». Lui, Akinmusire, a employé une partie de son temps à étudier Booker Little, Woody Shaw, Marcus Belgrave ou Charles Tolliver, tout en privilégiant l'apprentissage par l'expérience directe et immédiate, et par la mémorisation. Mémoire vive aussi du rôle qu'a joué la trompette dans son existence, le sauvant d'une mort physique ou sociale quasiment certaine, comme pour certains de ses amis d'enfance à Oakland dont le destin n'est jamais loin de son inspiration : « Une des responsabilités de l'artiste est de libérer les gens de leur ignorance. Tout simplement montrer du doigt, ne pas utiliser notre réputation à des fins purement narcissiques. Nous pouvons euphoriser, ou au contraire accabler, pousser les gens vers l'inconfort et la remise en question. Je veux surtout éviter l'indifférence. Que les gens aiment vraiment, ou détestent. » Nous aimons absolument.

 À VISITER : www.ambroseakinmusire.com www.theobleckmann.com  TAMBOURS CONFERENCES : LE JAZZ : UNE MUSIQUE POUR LE XXIe SIÈCLE. Avec Ambrose Akinmusire Lundi 9 février - 18h30 / Université Paris-Diderot, UFR Lettres, Arts et Cinéma (LAC), Bâtiments Grands Moulins - 9-15 espl. Vidal Naquet, 75013 Paris. Entrée libre dans la limite des places disponibles. Réservation conseillée : 01 46 87 31 31

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MASSACRE Fred Frith guitare / Bill Laswell basse / Charles Hayward batterie

Ne craignez rien. Ou plutôt si, craignez pour les convenances, et les conventions musicales. Le trio Massacre n'a jamais engendré la mélancolie, et pour cause... Fondé au tournant des années 80, à New

York, il fut d'abord la résultante de plusieurs concours de circonstances. Le jeune bassiste Bill Laswell et le jeune batteur Fred Maher collaboraient depuis quelques mois au sein de Material, groupe de "post- punk-industrial-funk" sponsorisé par Giorgio Gomelsky, le célèbre imprésario russe alors relogé dans la Grosse Pomme, quand le guitariste Fred Frith débarqua à son tour en ville après la dissolution d'Henry Cow : « Le groupe fut fondé pour rivaliser avec le harcèlement de ce style fort et énergétique que l'on entendait alors partout dans les clubs de la ville, a raconté Frith. C'était une réponse directe à New York, un groupe très agressif, ma réaction en quelque sorte à la scène rock des clubs new-yorkais. ». Trente ans plus tard, la réaction n'est plus nécessaire, aucun des membres du groupe n'a plus rien à prouver, mais l'énergie demeure à la base et au cœur de l'incarnation même de ce que peut un power trio, à travers des pièces aussi brèves qu'intenses, aussi élémentaires que complexes, dans des tourbillons ou des tourmentes de timbres et de rythmes déchaînés, que certains ont décrit comme un mixte improbable entre les Shadows, Derek Bailey, Captain Beefheart et Funkadelic... Ce qui ressemblerait assez au curriculum vitae de Bill Laswell, bassiste au béret noir de White Panther, devenu producteur, mixeur et remixeur iconoclaste, dont le carnet d'adresses et de collaborations ressemble à un who's who de la musique populaire et expérimentale de ces dernières décennies : Henry Threadgill, Motörhead, Nona Hendryx, Olu Dara, Whitney Houston, les Ramones, Archie Shepp, Nile Rodgers, Brian Eno, Herbie Hancock, Ginger Baker, Sonny Sharrock, Jah Wobble, , Billy Bang, Public Image Limited, Lucky Peterson, Bootsy Collins, Iggy Pop, Milford Graves, Yoko Ono, Bernie Worrell, Nine Inch Nails, Pharoah Sanders, Lee "Scratch" Perry, Mick Jagger, Wadada Leo Smith, Sly and Robbie, Wayne Sorter... et William S. Burroughs. Après une première phase et un premier disque, Massacre s'était déjà reformé à la fin des années 90, cette fois avec le batteur Charles Hayward venu de l'un des plus étranges groupes de rock de la fin du siècle dernier, This Heat. Leur disque live « Lonely Heart », paru sur Tzadik, le label de John Zorn, avait été en partie enregistré à Vitry-sur-Seine, dans le cadre de Sons d'hiver, en 2003. Ils reviennent au festival, forcément sans retenue et pour le plus grand plaisir.

 À VISITER : www.youtube.com/watch?v=zMQYpvkGUwo (Vidéo, Warsaw Summer Jazz Days, Poland, 2000)

Mac Créteil Maison des Arts - Place Salvador Allende - 94000 CRÉTEIL ☎ 01 45 13 19 19 / www.maccreteil.com

TARIFS : 20 € / 15 € TR / 10 € ABONNÉ SONS D'HIVER M ligne 8 - arrêt Créteil-Préfecture. Accéder par le centre commercial par la sortie à droite du métro, traverser le centre commercial, ressortir porte 25 (proche Carrefour même niveau) pour rejoindre la place S.Allende. Le théâtre se trouve alors au bout de la place.  A porte de Bercy, prendre A4 direction Nancy-Metz, bretelle Créteil-Sénart, puis prendre la direction Créteil-Centre, puis Mont- Mesly / Hôtel de Ville. En venant du Sud-Ouest, aller sur A86, prendre la sortie Créteil Centre et ensuite la direction Préfecture/Hôtel de ville/Maison des Arts. PARKING GRATUIT Hôtel de Ville en contrebas du théâtre. RETOUR GRATUIT EN NAVETTE jusqu’à la Place de la Bastille (dans la limite des places disponibles)

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SAMEDI 14 FEVRIER / 20H Retour navette Bastille (dans Mac - Créteil - Maison des Arts la limite des places disponibles)

OTIS TAYLOR sOtis Taylor chant, guitare / Miles Brett violon / Taylor Scott basse / Larry Thompson batterie

Otis Taylor joue et chante le blues. Il serait dommage de ne pas saisir l’importance d’un tel artiste sous prétexte qu'aujourd’hui, il est d’usage de cloisonner les démarches artistiques avec des stéréotypes langagiers, des propos simplistes et péremptoires, de ne pas entendre et comprendre réellement la musique. Heureusement, certains ne s'y sont pas trompés. Guitar player a écrit de lui : « Otis Taylor est actuellement l’artiste de blues le plus représentatif. » En 2004, la revue Living Blues lui a décerné le titre de meilleur artiste de blues contemporain. Otis Taylor possède une voix profonde et rocailleuse qui donne à son chant une attirance irrésistible, celle de la vérité de la voix du bluesman, expression unique de son individualité, que célébrait Leroi Jones, alias Amiri Baraka, dans Le peuple du Blues. En bon bluesman, Otis Taylor commente la vie quotidienne, ses aspects sociaux et les turpitudes de la société américaine. Il aime à rappeler : « Je ne suis pas politiquement engagé, je le suis socialement. » Sa vie n’est pas celle d’un artiste "pur", mais celle d’un homme au parcours fait d’aventures et d'expériences. Une vie faite d’une multitude d’histoires qu'il aime à raconter. Né en 1948 à Chicago, dans une famille de milieu social populaire aimant le jazz et la soul music, Otis Taylor commence sa vie de musicien professionnel à l'âge de 17 ans. En 1977, il fait une pause, exerçant divers métiers comme vendeur d’art traditionnel amérindien ou entraîneur d’une équipe professionnelle de cyclisme. Il redevient musicien professionnel en 1995, jusqu'à ce que son album White African, en 2001 connaisse un succès appréciable. Depuis, Otis Taylor est devenu l'un des représentants les plus emblématiques du blues. Son style majestueux s’imprègne de "roots" et d’histoire avec un grand 'H'. Otis Taylor adore John Lee Hooker, mais son blues à lui est très contemporain. Il a su moderniser cette musique tout en lui conservant son essence originale, ce qui lui donne toute sa beauté. Il peut aussi bien intégrer du hip-hop que du jazz, du rock ou de la folk à ses morceaux, à partir d'une instrumentation souvent minimaliste, déjouant les conventions, comme l’association d’un banjo et d’un violoncelle, d'une trompette-jazz et d'une guitare folk, le tout s’appuyant sur des rythmes de transe puisés en Afrique et dans l'ancestral blues malien. On songe alors aux premiers ensembles du Missouri ou du Mississippi, à l’exemple des derniers témoins de cette musique comme Otha Turner and The Rising Star Fife & Drum Band. C’est la force même d'Otis Taylor d’entrecroiser des phases historiquement différentes de la musique afro-américaine, jusque dans ses sources amérindiennes. Certains l'étiquettent comme « l’inventeur du Transe Blues »… Au petit jeu des dénominations "chocs", nous pourrions l’affubler du titre de premier bluesman postmoderne… Le mieux est sans doute de l’écouter lui-même définir sa philosophie musicale : « Pour moi, le blues est polymorphe. Il représente la personne qui en joue, ce qui lui permet d’évoluer dans le temps et de continuer à vivre. J’ai pour philosophie de dire que le meilleur musicien de blues n’est peut-être pas encore né. » Une longue histoire se perpétue à travers Otis Taylor. Son dernier album s’intitule My world is gone. Une manière de souligner que le monde qui a vu la naissance du blues est parti. Reste la mémoire culturelle, son ancrage toujours présent dans notre modernité vivante. Un jeu incessant entre passé et présent d’un blues permanent.

 À VISITER : www.otistaylor.com

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CAMPBELL BROTHERS Perform "John Coltrane's a Love Supreme" Chuck Campbell pédale steel, guitare / Darick Campbell lap steel, guitare / Phil Campbell guitare / Daric Bennett basse / Tiffany Godette chant / Carlton Campbell batterie

La musique populaire afro-américaine possède cette qualité intrinsèque et singulière d’être un lieu permanent d’expérimentations. Cela lui donne cette qualité unique, celle de n’être jamais figée, et aussi celle de représenter un mouvement permanent de vitalité et d'inventivité. Sa longue histoire, du blues au INÉDIT hip-hop en passant par le rhythm'n'blues et le rock, en témoigne. Et, dans cette histoire, les Campbell Brothers mettent en évidence une manière surprenante de jouer le gospel : ils chantent en s’accompagnant principalement de Pedal Steel Guitar et de Lap Steel Guitar, à la façon de ce qui se passe dans les églises rurales du Sud profond, empruntant à la musique country l'un de ses instruments de prédilection. Cette instrumentation témoigne des relations secrètes et underground, des influences mutuelles, qui ont toujours existé entre les différentes cultures musicales américaines. La musique afro-américaine est ainsi le centre expérimental propice de tout un mouvement créatif et fécond. Ce gospel, genre prodigieux de transe collective, ils le surnomment Steel Sacred. Appellation qui sonne comme l’alliage puissant de deux ensembles chargés d’énergie irrésistible, l’acier et le sacré. Chuck Campbell rappelle volontiers : « Quand je joue, vous pouvez presque entendre les paroles. » Dans l'enceinte sacrée, au même titre que les prêcheurs ou les vocalistes, ces guitares métalliques rendent grâce au Seigneur avec la même liberté, la même irrésistible exubérance que le plus fervent des chœurs. Dépourvues de frettes, elles peuvent se glisser entre les paroles et les notes, à l’instar de la voix humaine. Toutefois, la manière de jouer des frères Campbell ne se limite pas à l’effet de legato propre à la country ou à la musique hawaïenne. Le résultat est proche de celui d’un blues accompagné d’une guitare slide, sublimant l’émotion portée par la partie vocale, et qui a ainsi également porté ses fruits sacrés dans une version enfiévrée de l'œuvre majeure de John Coltrane, A Love Supreme, au Lincoln Center en août 2014. Par cette suite en quatre mouvements, le saxophoniste avait voulu écrire une ode à sa foi et à Dieu, pour le remercier de lui avoir « donné les moyens de rendre les autres heureux à travers la musique ». Cette pièce musicale totalement imprégnée de mysticisme, pousse les harmonies modales aux limites du free jazz, A Love Supreme veut exprimer l’intensité de la spiritualité de son compositeur, et des musiciens de son quartet devenu en 1964 l'une des formations les plus mythiques de l’histoire du jazz. Or, spiritualité et transe sont aux fondements même de la musique des Campbell Brothers. Nul besoin pour eux de reconstituer vainement une version à la « lettre » de l’œuvre de John Coltrane. Mais tout intérêt à mettre en relation deux formes de spiritualité musicale afro-américaines. Même si, dans le premier mouvement, "Acknowledgment", les quatre notes de riff blues de la contrebasse, cadençant la psalmodie de John Coltrane pendant dix-neuf mesures, peuvent donner naissance au plus fabuleux des gospels…

 À VISITER : www.campbellbrothers.com

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MALTED MILK & TONI GREEN "Green Milk" Project Arnaud Fradin guitare, voix / Igor Pichon basse, chœurs / Yann Cuyeu guitare, chœurs / Vincent Aubert, trombone / Sylvain ‘Sly’ Fetis saxophone ténor / Timothée Bakoglu claviers / Richard Housset batterie / Laurence Le Baccon, David’Muppet’Allain chœurs //  GUEST : Toni Green

Cette rencontre entre un orchestre soul made in France et une chanteuse à la culture musicale merveilleusement mûrie dans les sillons du sud profond permettra de découvrir une des plus belles voix soul actuelle aux inflexions très proches de Tina Turner. La force de sa voix est de posséder intonations et tessitures impressionnantes propices à exprimer le chant soul qui mêle à merveille les qualités requises pour chanter le gospel et le blues. Toni Green est née en 1951 à Memphis. Elle en porte l’héritage musical unique et fut longtemps choriste de musiciens majeurs, Al Green, Isaac Hayes, Luther Vandross… Cette énumération ne suffit pas cependant à expliquer son talent. Toni Green est totalement imprégnée du Memphis sound. Elle grandit dans une famille dont le père, trompettiste de jazz recevait régulièrement les musiciens de la ville chez lui. Parmi eux, certains des membres des futurs Bar-Kay’s. Dès les années 50, Toni, très jeune enfant, pouvait entendre chanter ses quatre cousins qui formaient un quatuor gospel les "Jones Boys" très réputé dans le sud. Avec eux, elle fréquentait à la fin des années 50, une station radio locale consacrée à la soul music. Elle y croisait régulièrement Carla Thomas, sœur de Rufus, alors première égérie du jeune label Stax, qui la surnommait affectueusement "Little Toni". Nourrie de musique noire dès le berceau, Toni grandit en adoptant Ella Fitzgerald et Aretha Franklin comme parangon d’idéal esthétique. Un de ses cousins avait formé un groupe de rhythm’n‘blues mâtiné de doo-wop "The Knights" qui fusionna avec les "Jones Boys" à la fin des années 60 pour former les "Imported Moods" accueillant dans leur rang Toni Green à peine âgée de 17 ans. En 1972, Luther Ingram qui vient juste d’être en tête des charts R’n’B et Pop avec sa chanson « If loving you is wrong », la repère. Elle devient immédiatement choriste rejoignant Isaac Hayes, parmi les grands. Une longue carrière débute alors pour Toni Green. Elle travaillera entre autres avec Al Green qui est découvert par Willie Mitchell, trompettiste et producteur du label mythique HI records des années 70, et dont elle devient choriste pour le label. Dans les années 80, elle se retire temporairement avec sa famille à Louisville où elle chante dans les clubs. Au milieu des années 90, elle retourne à Memphis et enregistre son premier disque en 1998 suivi de cinq autres albums qui font de Toni Green une des meilleures chanteuses soul actuelles. Sa rencontre avec Malted Milk nous permet de la découvrir enfin en France. Malted Milk est un groupe nantais de musique funk et soul. Fondé par le guitariste et chanteur Arnaud Fradin qui a rassemblé autour de lui cinq autres passionnés de la « musique de l’âme », Malted Milk est un orchestre doté d’une rythmique au groove accompli et d’une section de cuivres légère (trombone et trompette) et au son magnifiquement brillant et chaleureux si caractéristique de cette musique. Les amoureux de "The Bar-kay’s", "Booker T and the MG’s" et autres "Markeys" seront comblés. De la rencontre Toni Green et Malted Milk est né le "Green Milk" Project qui associe compositions originales de Toni Green, d’autres de Malted Milk ainsi que des classiques de la musique soul. Une manière de se rappeler que cette musique nous est toujours indispensable aujourd’hui.

 SORTIE DE CD : MALTED MILK (FR) et TONI GREEN (USA) « Milk & Green », 4 novembre 2014, NUEVA ONDA RECORDS / HARMONIE MUNDI

 À VISITER : www.malted-milk.com

 TAMBOURS CONFERENCES :  TAMBOURS CONFERENCES : MUSIQUE SOUL : MUSIQUE D'ÉMANCIPATION ET DE LIBÉRATION. Avec Sébastien Danchin / Samedi 14 février - 18h Maison des Arts de Créteil. Entrée dans la limite des places disponibles. Réservation conseillée : 01 46 87 31 31 Mac Créteil Maison des Arts - Place Salvador Allende - 94000 Créteil ☎ 01 45 13 19 19 / www.maccreteil.com

TARIFS : 20 € / 15 € TR / 10 € ABONNÉ SONS D'HIVER M ligne 8 - arrêt Créteil-Préfecture. Accéder par le centre commercial par la sortie à droite du métro, traverser le centre commercial, ressortir porte 25 (proche Carrefour même niveau) pour rejoindre la place S.Allende. Le théâtre se trouve alors au bout de la place.  A porte de Bercy, prendre A4 direction Nancy-Metz, bretelle Créteil-Sénart, puis prendre la direction Créteil-Centre, puis Mont- Mesly / Hôtel de Ville. En venant du Sud-Ouest, aller sur A86, prendre la sortie Créteil Centre et ensuite la direction Préfecture/Hôtel de ville/Maison des Arts. PARKING GRATUIT Hôtel de Ville en contrebas du théâtre. RETOUR GRATUIT EN NAVETTE jusqu’à la Place de la Bastille (dans la limite des places disponibles).

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DIMANCHE 15 FEVRIER / 17H La Java - Paris 10e

Bal brésilien à la Java avec le collectif Son Libre FERNANDO CAVACO QUINTET Fernando Cavaco chanteur, compositeur, cavaquinho / Osman Martins cavaquinho, guitare / Rafael Paseiro basse / Inor Sotolongo, Adriani DD percussions Pour finir le festival, nous terminerons comme l'an dernier sur un bal. La musique ? Cela donne envie de danser et de retrouver le bonheur d’exister ! Un festival est une fête et pas de fête sans danser. Pour cela, Sons d'hiver s’est associé à la Java et au collectif Son Libre (animé par le saxophoniste Alexandre Authelain et le percussionniste/électroacousticien Cyril Hernandez) qui organise des concerts régulièrement à la Java. Cette année, c’est le brésilien Fernando Cavaco qui présidera aux festivités. L’an passé, au côté d’André Minvielle, il avait enflammé les cœurs et les corps lors de notre bal. Il nous propose son nouveau projet en quintet pour un bal tourbillonnant entre São Paulo, Cuba et Paris. Il convoquera la ferveur du carnaval de Rio, la puissance du Samba, du Son ou du Maracatu, servie par un imaginaire sans frontières pour un métissage capital ! Fernando Cavaco est un chanteur, compositeur et joueur de cavaquinho. Il fait danser les nuits parisiennes aux sons du Brésil avec la Roda do Cavaco et l’Orquestra do Fubà. Membre fondateur du club du Choro de Paris, il a également collaboré à la musique de Màrcio Faraco, Fabianna Cozza, Jorge Humberto et Mayra Andrade…

 À VISITER : www.fernandocavaco.com

La Java - 105 rue du Faubourg du Temple - 75010 Paris ☎ 01 42 02 20 52 / www.la-java.fr TARIF UNIQUE : 10 € M ligne 2 - arrêt Belleville ; ligne 11 - arrêt Goncourt BUS lignes 46, 75 - arrêt Goncourt VELIB' 3 stations - 104 avenue Parmentier – 2 rue du Buisson Saint-Louis – 116 bd de Belleville PARKING au 83 rue du Faubourg du Temple

32 Sons d’hiver DU 23 JANVIER AU 15 FÉVRIER 2015

Paris 13 Les Gobelins

En partenariat avec

Nous remercions vivement pour leur précieuse coopération tous nos partenaires qui ont participé à l’élaboration de cette 24e édition, les villes, structures d’accueil, leurs équipes techniques, administratives, relations publiques, information et accueil.

• Mme ELEONORE JOUAN, programmatrice spectacles vivants, ARCUEIL • Mme ANNETTE VARINOT, directrice du Théâtre de CACHAN - Jacques Carat, CACHAN • Mme CÉCILE MARIE, directrice du Théâtre Paul Eluard, CHOISY-LE-ROI • Mr DIDIER FUSILLIER, directeur de la Mac-Créteil-Maison des Arts - CRÉTEIL • Mme EVELYNE BIRIBIN, directrice des Affaires Culturelles, FONTENAY-SOUS-BOIS • Mr CHRISTOPHE ADRIANI, directeur du Théâtre Antoine Vitez, IVRY-SUR-SEINE • Mr FABIEN BONNASSIEUX, chargé de communication et des relations publiques du Hangar, IVRY-SUR-SEINE • Mme CHRISTINE GODART, directrice de l’Espace Culturel André Malraux, LE KREMLIN-BICÊTRE • Mme CHRISTINE PICON, directrice de La Java, PARIS • Mrs ALEXANDRE AUTHELAIN, CYRIL HERNANDEZ, musiciens du collectif «Son Libre», PARIS • Mr GILLES MACHTO, directeur et Mr CHRISTIAN DUCRAY, programmateur des Théâtres de MAISONS-ALFORT • Mr STÉPHANE MARTIN, président du musée du quai Branly et les équipes du musée du quai Branly, PARIS • ET L’ÉQUIPE DU Théâtre de la Cité internationale, PARIS • Mr ANTOINE PENOT, responsable des Activités Musicales, SAINT-MANDÉ • Mr ALEXANDRE KRIEF, directeur du Théâtre Romain Rolland, VILLEJUIF • Mme NATHALIE HUERTA, directrice du Théâtre Jean-Vilar, VITRY-SUR-SEINE

Présidente, Monica Guillouet-Gelys Directeur, Fabien Barontini Directrice adjointe, Léda Le Querrec Billetterie, Loïc Vénon Administratrice, Nathalie Ballée-Fadili, Relations Presse, Valérie Mauge Assistant administration, Dominique Bataille Coordinateur des conférences, Alexandre Pierrepont L’EQUIPE DU FESTIVAL Responsable Communication, Armelle Boulliung Direction technique, Nicholas Champion Assistante Communication, Catherine Flahaut-Spicq et toute l’équipe technique...