RG : 12/01284 A Mesdames et Messieurs les Président et Juges Audience du 5 septembre 2013 à 14h30 composant la Troisième Chambre, deuxième Signifiées le 29 juillet 2013 Section du Tribunal de Grande Instance de Paris

F. Morvan, La fausse parole, p. A.-M. Lilti, p. 51 10-11 (ed. 1979) pièce 43 (1) pièce 13

« Le voyage en URSS, deux ans avant celui de Gide, fut « Ce voyage en URSS l’occasion d’une seconde est de deux ans rupture. […] “ Qui dira ce que antérieur à celui de l’URSS a été pour nous ? Plus Gide. Dans l’avant- qu’une patrie d’élection : un propos de son Retour exemple, un guide. Ce que d’URSS en 1936, Gide nous rêvions, ce que nous écrit : “ Qui dira ce que osions à peine espérer mais à l’URSS a été pour quoi tendaient nos volontés, nous ? Plus qu’une nos forces, avait lieu là-bas. Il patrie d’élection : un était donc une terre où l’utopie exemple, un guide. Ce était en passe de devenir que nous rêvions, ce réalité.” (Retour de l’URSS, p. que nous osions à 15) peine espérer mais à quoi tendaient nos Les illusions de Gide furent volontés, nos forces, celles de Robin […] Si la avait lieu là-bas. Il était déception de Gide fut grande, donc une terre où malgré les faveurs, les éloges l’utopie était en passe et les agréments du voyage, de devenir réalité.” pour Robin, qui travailla avec les paysans pendant la Avec deux ans d’avance, moisson et connaissait […] c’est la même d’expérience la pauvreté, le déception, le même choc... » désarroi qui s’empara de lui. À la différence près […] que Robin ne vécut pas la même réalité que Gide. Celui-ci fit un voyage officiel avec faveurs et confort. Il fut accueilli, couvert d’honneurs, alors que Robin, étudiant anonyme, fit la moisson avec les paysans et reçut de plein fouet le choc de leur misère. »

F. Morvan, thèse, p. 311 A.-M. Lilti, p. 75 ( 4) Pièce 6 (4) En 1999 dans sa thèse (p. « "Sevré du breton", comme il « Ainsi Robin est-il 326) AM Lilti reconnaissait l'écrit, Robin n'en finit pas de entraîné à la recherche que cette idée lui venait de chercher un maternel parler d’une langue maternelle la thèse de Françoise ("Je vis en Chine ; peu à peu dans une perpétuelle Morvan et en donnait la m'y vient une langue natale. O fuite en avant […] Il écrira référence : espoir : ne point mourir avant en août 1954 dans un « Avec beaucoup de d'avoir rencontré quelque hommage à Supervielle ; justesse, Françoise maternel parler !..." Hommage à "Je vis en Chine ; peu à Morvan fait remarquer Supervielle, "Avec tumultes mi- peu m'y vient une que c’est là « peut-être muets", N.N.R.F., 1er août 1954, langue natale. O espoir : une façon de se faire Écrits oubliés I, p. 296) Il n'y en a ne point mourir avant une langue maternelle pas : de là l'errance hors du d'avoir rencontré en français » (Note 36 : français, langue à jamais quelque maternel parler « Françoise Morvan, substitutive. » ! » Mais ni le chinois ni Armand Robin, bilans aucune langue ne peut d’une recherche, remplacer le maternel thèse pour le doctorat parler. » d’Etat)

En 2005 encore, dans l’essai qu’elle a tiré de sa thèse (Ecriture poétique, langue maternelle, langue étrangère, p. 176) elle donnait sa référence : « Avec beaucoup de justesse, Françoise Morvan fait remarquer que c’est là « peut-être une façon de se faire une langue maternelle en français » (MORVAN, 220).

F. Morvan, Écrits oubliés, p. 42- A.-M. Lilti, p. 79 43 pièce 7 (5)

« 1937. La collaboration d’Armand « En septembre 1937, Robin à Esprit, commencée Armand Robin cette année-là, se poursuivra commence à collaborer régulièrement jusqu’à à la revue Esprit, fondée l’installation de la revue en en 1932 par Emmanuel zone libre (1940). […] Mounier. Il s’agit d’une revue jeune […] Esprit avait été fondé en 1932 par Emmanuel Mounier. […] Si (6) la recherche d’une troisième voie entre le capitalisme et le La revue cherche une communisme, le spiritualisme troisième voie entre affirmé, le volontarisme capitalisme et révolutionnaire et les positions communisme, et affiche anarchisantes défendues par la des positions revue (voir le numéro spécial résolument d’avril 1937 sur l’anarchisme) révolutionnaire et se trouvaient en conformité anarchisantes comme le avec les tendances de Robin, il montre le numéro n’en reste pas moins qu’Esprit spécial d’avril 1937 sur était une revue chrétienne : l’anarchisme. Cela ne aussi ne s’était-il désolidarisé pouvait que séduire d’Europe que pour se trouver Robin. Cependant, c’est de nouveau en porte-à-faux. » aussi une revue

2 chrétienne. A peine a-t-il quitté Europe qu’il se F. Morvan, thèse, p. 26-27 pièce 6 retrouve à nouveau en porte-à-faux. De 1937 à 1940, Robin fut, en tant que critique littéraire, l’un des principaux collaborateurs d’Esprit (7) (plus de trente collaborations de septembre 1937 à janvier La collaboration durera 1940). jusqu’à l’installation de la revue en zone libre en 1940. Esprit était une revue jeune… De septembre 1937 à janvier 1940, c’est plus de trente contributions que Robin apportera à Esprit.

F. Morvan, Ecrits oubliés, p. 79 A.-M. Lilti, p. 82 pièce 7 (8)

« Les premières traductions « Les trois premières d’Armand Robin (Essénine) traductions d’Essénine paraissent dans Mesures paraissent en janvier (Note : Mesures, dirigée par dans Mesures. Cette Jean Paulhan, Bernard jeune revue fondée en Groethuysen, Henri Michaux, 1935 […] est dirigée par , avait été Jean Paulhan, Bernard fondée en 1935. Elle permettait Groethuysen, Henri à de jeunes auteurs […] de Michaux, Giuseppe publier en même temps que Ungaretti, avait été. Elle des écrivains confirmés et sert en quelque sorte, passait pour servir, en quelque de banc d’essai à la sorte, de banc d’essai à la NRF et parmi des NRF. » écrivains confirmés, publie surtout de jeunes auteurs. »

F. Morvan, Ecrits oubliés I, p. 79 A.-M. Lilti, p. 87 (9) (9) [Dans Ma vie sans moi] « La Vie d’Essénine » attribuée « Cette « Vie d’Essénine à un «paysan russe de la région » qui figurera dans Ma vie Dans sa thèse (p. 332) de Riazan » est à la fois un faux sans moi a fait couler poème d’Essénine, un vrai beaucoup d’encre : A.-M. Lilti indiquait poème de Robin… » fausse traduction, vrai qu’elle devait à F. poème de Robin, Morvan cette analyse de la « Vie d’Essénine chantée par un paysan russe de la région de Riazan » : « Françoise Morvan met en

3 évidence le fait que ce texte, présenté comme traduction, a été vraisemblablement écrit par Armand Robin lui-même, produisant un effacement des limites entre poésie personnelle et poésie traduite. » Sa note 62 indique bien que cette découverte provient de la notice chronologique des Ecrits oubliés publiés par F. Morvan.

F. Morvan, thèse, p. 25-26 A.-M. Lilti, p. 99 (11) « Associer poèmes et traductions relevait donc « La composition du d'une volonté délibérée. » volume, qui associe poèmes personnels et traductions relève donc d'un choix délibéré. »

F. Morvan, thèse, p. 119 A.-M. Lilti, p. 108-10 (13) « Le volume est bien accueilli ». « Le recueil fut bien accueilli par la critique.

P. 126 « Les critiques s’accordent La première recension est pour ne rien dire des celle De Drieu La traductions. La manière la plus Rochelle dans le radicale de n’en rien dire est numéro 322 de la NRF celle de Drieu La Rochelle qui en décembre 1940. […] ne les mentionne même pas. Aucune allusion toutefois à la présence Georges-Emmanuel Clancier des traductions qui font [leur consacre] quatre lignes pourtant en partie au terme d’un article de quatre l’originalité de l’ouvrage.

4 pages. […] En revanche, Georges- Emmanuel Clancier prendra en compte la présence des traductions dans la conclusion du Jean-José Marchand [voir long article qu’il référence bibliographique note consacre à Ma vie sans 102, p. 119: Poésie 41 n° 4, moi dans le numéro de mai 1941], lui, procède par mars 1941 de la revue louange : […] « La vie Esprit. […] d’Essénine par un paysan de la région de Riazan et les C’est Jean-Jacques poèmes d’Essénine sont Marchand, dans un admirables”, “le sommet du article paru dans le livre est la ‘Prière du guetteur’ numéro de juin-juillet de du poète vannetais J.P. Poésie 41, qui [retient ] Calloch (1888-1917) traduit du les traductions et leur gaélique ». qualité : […] « « La vie d’Essénine par un paysan de la région de Riazan et les poèmes d’Essénine sont admirables”, “le sommet du livre est la ‘Prière du guetteur’ du poète vannetais J.P. Calloch (1888-1917) traduit du gaélique».

F. Morvan, Ecrits oubliés, p. 112 A.-M. Lilti, p. 110 (14) « Il obtient avec Jean Follain une bourse Blumenthal en « Fin 1940, Robin 1940, figure en 1942 au obtiendra à sa grande nombre des lauréats possibles satisfaction en même du Prix de l’Académie temps que Jean Follain Mallarmé, ouvre les Jeux une bourse Blumenthal poétiques du Salon de la Fondation d’automne. Enfin, trois Américaine pour la anthologies publient de ses Pensée et l’Art Français, poèmes au cours des années destinée à récompenser 1942 et 1943. “Une révolution un jeune auteur de talent poétique est en train de se et, de ce fait, sorte de faire”, écrit alors René Bertelé consécration officieuse. (Le Figaro, 1er août 1942). Il En 1942, il figurera s’appuie sur les œuvres de parmi les lauréats Robin, Guillevic, Pierre possibles du Prix de Emmanuel et Luc Estang. » l’Académie Mallarmé et ouvrira les Jeux Thèse, p. 28 poétiques du Salon « Il valut à Robin une bourse d’automne. À propos Blumenthal, ce qui était une des œuvres d’Eugène sorte de consécration Guillevic, de Luc officieuse. » Estang, de Pierre Emmanuel et de Ma vie sans moi d’Armand Robin, René Bertelé

5 écrira dans Le Figaro du 1er août 1942, “Une révolution poétique est en train de se faire”.

F. Morvan, Thèse, p. 28-9 A.-M. Lilti, p. 123 (15) « 1941. Robin envisage de seconder Drieu la Rochelle, de « Début 1941, il travailler pour la collection de envisage de collaborer la Pléiade (les auteurs qu'il aux volumes de la retient sont Jean-Jacques Pléiade, que dirige Rousseau, Nerval, Vigny, Paulhan, sur Renan — il collabore Rousseau, Nerval, effectivement au volume de Vigny, Renan, mais ces Théâtre de Goethe […] — et de projets n’auront pas de participer au Tableau de la suite. En revanche, il littérature (pour les auteurs participe au volume suivants : Hugo, auquel il a consacré au théâtre de consacré un diplôme d'études Goethe et au Tableau supérieures, Chateaubriand, de la littérature pour Vigny). » Hugo, Chateaubriand et Vigny. »

F. Morvan, Ecrits oubliés, p. A.-M. Lilti, p. 146 124 (19)

« La parution du Temps qu’il « Maurice Blanchot, fait […] retient l’attention de dans Faux pas, en Maurice Blanchot qui semble 1943, semble accorder un égal intérêt à manifester un égal deux romans parus cette intérêt à L’Étranger de année-là : L’Étranger de Camus et au Temps Camus et Le Temps qu’il fait qu’il fait, parus la (Faux pas, Gallimard, 1943). » même année. »

F. Morvan, thèse, p. 511 A.-M. Lilti, p. 151 (22) « Il a été en relation avec Marcel Laurent dont le témoignage ne « Le témoignage de laisse aucune part à l'ambiguïté : Marcel Laurent brosse le "J'ai été reçu, rue Paul- tableau d’un Robin ayant Barruel, par son épouse, qui ses entrées au ministère me conseilla d'aller le voir au et pouvant même donner ministère de l'Information. Il un coup de pouce à un n'avait, certes, rien du poète ami dans le besoin : « maudit et semblait en très bon J'ai été reçu, rue Paul- termes avec les plus hauts Barruel, par son personnages de épouse, qui me l'Administration. Je dois dire conseilla d'aller le voir que j'en profitai (...) A la suite au ministère de de ses démarches auprès des l'Information. Il n'avait, gens du ministère, qu'il certes, rien du poète connaissait presque tous, je maudit et semblait en fus enfin titularisé." » très bon termes avec les plus hauts

6 personnages de l'Administration. Je dois dire que j'en profitai (...) A la suite de ses démarches auprès des gens du ministère, qu'il connaissait presque tous, je fus enfin titularisé." »

F. Morvan, p. 512 A.-M. Lilti, p. 151 (23) « Jean Guéhenno mentionne pourtant avec précision le « Jean Guéhenno lui- travail de Robin pour le même signale le travail ministère dans son Journal de Robin au ministère des années noires 1 de l’Information dans son Journal des années [ 1 note : "L... fait un étrange noires : métier. Comme il comprend un grand nombre de langues, le « Comme il comprend ministère de l'Information l'a un grand nombre de chargé d'écouter les diverses langues, le ministère de radios ; il passe ses nuits, à l'Information l'a chargé l'écoute du monde, et chaque d'écouter les diverses matin rédige un rapport.", radios ; il passe ses Journal des années noires. Le nuits, à l'écoute du livre de poche, 1966, p. 254. (Le monde, et chaque matin nom de Robin figure bien sur le rédige un rapport. » » manuscrit). ] »

F. Morvan, Écrits oubliés I, p. A.-M. Lilti, p. 153 175 (31)

« Des doubles de ses bulletins « dès 1942, Robin ait ont été remis au Service transmis des doubles clandestin d’Information ainsi de ses bulletins qu’à l’Office algérien dès la fin d’écoutes au Service de 1942. » Clandestin de l'Information, à l'Office algérien »

F. Morvan, thèse, p. 514 A.-M. Lilti, p. 153 (32) « Voici les quelques bulletins d'information promis", écrit-il « Il communique aussi en février ou mars 1943 à Jean ses bulletins à Jean Paulhan1 "Je vous demanderai Paulhan, si l’on en croit de ne pas trop les faire une lettre […] du 17 circuler. Si vous pouviez me février ou mars 1943 ; les remettre sous enveloppe "Voici les quelques

7 lundi prochain à la N.R.F. je bulletins d'information passerais les reprendre mardi promis. Je vous matin. Vous verrez de quoi je demanderai de ne pas régale Laval tous les matins." trop les faire circuler. Si vous pouviez me les 1 Lettre datée du "mercredi 17" (il remettre sous y avait un mercredi 17 en enveloppe lundi février et en mars 1943). prochain à la N.R.F., je passerais les reprendre mardi matin. Vous verrez de quoi je régale Laval tous les matins." »

F. Morvan, thèse, p. 519 A.-M. Lilti, p. 154 (34) « "Je me suis ruiné à acheter le poste de radio le meilleur « Une lettre à Jean qui existe sur terre ; un poste Paulhan, du 20 professionnel américain qui juillet 1945, est une merveille", écrit-il le 20 mentionne des juillet 1945 à Jean Paulhan. écoutes pour "des Deux ans plus tard, une organismes reconnaissance de dette gouvernementaux" mentionne l'emprunt à Gaston et précise "Je me Gallimard de 45 000 francs suis ruiné à acheter pour l'achat d'un poste de le poste de radio le radio.[…]: la lettre du 20 juillet meilleur qui existe est précédée de plusieurs sur terre ; un poste mentions d'écoutes pour "des professionnel organismes américain qui est gouvernementaux". » une merveille". Deux ans plus tard, il empruntera 45 000 francs à Gaston Gallimard pour l'achat, encore, d'un poste de radio. »

F. Morvan, Écrits oubliés, p. 203 A.-M. Lilti, p. 181 (44) « 1944. Aucune publication connue. « L’année 1944 ne verra aucune publication de sa part. […] Robin prend les écoutes pour divers organismes et journaux Il consacre le plus clair clandestins, notamment de son temps à […] l’Agence d’information et de écouter les radios documentation, le PCF et, à étrangères et partir de mai, Combat transmettre à ses (témoignage d’Albert Camus). abonnés des bulletins d’écoute. Parmi ceux-ci le journal L’Humanité (sic) et Combat, à partir Un fragment de brouillon de mai, si l’on en croit intitulé « 1944» fait fait le témoignage d’Albert

8 allusion à cette période : Camus. […]

Un fragment retrouvé " On paria contre l'éternité des après sa mort et intitulé absolus limités ; « 1944 » témoigne de Et nulle part on ne voulut de la cette activité : parole simple. " On paria contre S'il faut au désespoir un l'éternité des absolus rendez-vous dans le monde, limités ; Je suis là, passager Et nulle part on ne possesseur d'une âme voulut de la parole soumise, simple. On peut chez moi déposer les nouvelles du monde entier, S'il faut au désespoir un Des nouvelles du monde resté rendez-vous dans le intact, resté vrai ! monde, Je suis là, passager Pour que tous les mots vrais possesseur d'une âme puissent exister, soumise, Je me suis, moi par moi pillé, On peut chez moi durement dénudé. " » déposer les nouvelles du monde entier, Des nouvelles du monde resté intact, resté vrai !

Pour que tous les mots vrais puissent exister, Je me suis, moi par moi pillé, durement dénudé. " »

F. Morvan, Écrits oubliés, p. 203 A.-M. Lilti, p. 186 (45) « 1944. Début novembre, le comité national des écrivains « Le 21 octobre 1944 l’inscrit sur sa « liste noire » paraît la liste noire du […] La « liste noire » était Comité national des parue le 21 octobre, avec écrivains. […] Le 28, rectificatif le 28 pour ajouter le nom de Paul le nom de Paul Morand. Morand est ajouté.

Le CNE avait été fondé en 1941 par Jean Paulhan, Émanation du Front Jacques Decour et Jacques National […] le Comité Debû-Bridel en tant national des écrivains qu’organisation dépendant du a été créé par Jean Front National qui s’assignait Paulhan, Jacques pour but la défense de la Decour et Jacques France et des Lettres Debû-Bridel en 1941. françaises1. Outre ses fondateurs, le CNE comptait, Dès 1942, Jean dès 1942, une dizaine de Guéhenno fait partie membres dont Jean du CNE qui compte Guéhenno, et, dès 1943, une alors une dizaine de demi-douzaine de membres membres dont Éluard,

9 supplémentaires, dont Paul Aragon et Elsa Triolet. Éluard. Aragon, réfugié en […] Le but de la liste zone sud, s’y associa. noire était de sauver “ l’honneur des Lettres françaises” et 1 éditorial du premier numéro de “ fustiger les des Lettres françaises, organe traîtres vendus à du Front national : « Nous l’ennemi ”. » sauverons par nos écrits l’honneur des Lettres françaises. Nous fustigerons les traîtres vendus à l’ennemi » […] « Communiqué du Figaro, 4 novembre 1944 : « Le CNE nous prie d’ajouter à sa liste des écrivains indésirables le nom de M. Armand Robin. » […] C’est, autant qu’il soit possible de le savoir, Louis Aragon qui exigea et obtint la condamnation de Robin. »

A.-M. Lilti, p. 187 (46)

« Le 4 novembre 1944, on peut lire dans un communiqué du Figaro : « Le CNE nous prie d’ajouter à sa liste des écrivains indésirables le nom de M. Armand Robin. » […] Autant qu’il est possible de le savoir, c’est Aragon qui exigea et obtint l’ajout du nom de Robin. »

F. Morvan, thèse, p. 40, note n°22 A.-M. Lilti, p. 189 (47) « Aucun texte répertorié à ce jour de Robin ne fait l'éloge du « aucun texte de lui ne nazisme ou du régime de fait l’apologie du Vichy. […] Il existe, en nazisme ou du régime revanche, de nombreux éloges de Vichy. Il existe, en du maréchal Pétain par des revanche, de nombreux écrivains qui n'ont jamais été éloges du maréchal condamnés (ainsi, dans Le Pétain par des écrivains Figaro du 10 mai 1941, un long qui n'ont jamais été poème de Claudel "Paroles du inquiétés et sont pas sur Maréchal") » la fameuse liste, comme

10 Claudel »

F. Morvan, Écrits oubliés, p. 265 A.-M. Lilti, p.254 (58) « Ce retour au monde des lettres s’accompagne d’une « Ce retour de Robin à reprise de la collaboration à l’activité littéraire quelques revues. Mais il ne transparaît aussi à travers s’agit guère que de revues quelques articles récentes et de faible diffusion donnés dans des — notamment 84, revue fondée revues. […] à l’initiative de Marcel Bisiaux, Les années 1949 et 1950 d’Henri Thomas et d’Antonin voient paraître des Artaud, et qui faisait alors, articles dans La Revue de quoique manifestement Paris et dans une revue dépourvue de prétention à récente et de faible guider ou précéder quiconque, diffusion, 84. Cette figure de revue d’avant- revue a été fondée par garde. » Marcel Bisiaux, Henri Thomas et et fait alors figure de revue d’avant- garde, bien qu’elle n’affiche pas cette prétention. » F. Morvan, Thèse, p. 585 A.-M. Lilti p. 261 Titre : (60) Titre du chapitre dix: DE POÉSIE SANS PASSEPORT À POÉSIE NON TRADUITE DE POÉSIE SANS PASSEPORT À POÉSIE NON TRADUITE

F. Morvan, Thèse, p. 598-600 A.-M. Lilti, p. 262 (63) « C'est, de loin, la première émission qui témoigne de la « La première émission, recherche la plus poussée: elle notamment, est très est construite à partir de travaillée ; elle est quatre poèmes d'Ady.[…] construite à partir de — “J'aimerais qu'on m'aime” : quatre poèmes seules les deux strophes d’Ady […] centrales d'un poème […], Du premier, par quatre modes de lecture.[…] exemple, intitulé Hongrois + français alternés “J’aimerais qu’on vers à vers, hongrois seul, m’aime” ne sont lues français seul » […] que les deux strophes centrales mais selon quatre modes « Le moment de fusion sonore différents : d’abord en est atteint avec le troisième hongrois et français mode de lecture du troisième alternés vers à vers, texte : les dernières strophes puis en hongrois seul et sont lues en français par le enfin en français seul. » lecteur hongrois, avec, pour […] arrière-fond, sa propre voix

11 lisant le texte en hongrois » « Le moment de fusion le plus intense entre les […] deux langues est obtenu lors du troisième mode de « le dernier poème, comme lecture du troisième libéré de tout travail, n'est lu poème, “Ma fiancée”. qu'en français et joue le rôle Le poème est lu en de conclusion» français par le lecteur hongrois, tandis que Robin lit en mineur le poème en hongrois. »

[…]

« Quant au quatrième poème, “Sur la cime des miracles”, il donne lieu à une seule lecture, en français, et joue ainsi un rôle conclusif. »

F. Morvan, thèse, p. 588 A.-M. Lilti, p. 263 (64) (64) « Quant à la séquence sur la Dans sa thèse (p. poésie flamande qui avait « Au point que scandalisé l'écouteur l'écouteur Christophe 341, note 96), A.-M. Christophe ("Ou bien le commenta ainsi la réalisateur se fout du monde séance sur la poésie Lilti mentionne sa ou bien il semble légèrement flamande : "Ou bien le source, à savoir le demeuré. L'émission se passe réalisateur se fout du ainsi : les poèmes sont dits à monde ou bien il travail de F. Morvan : la fois en français et en semble légèrement néerlandais, et mal dits. Les demeuré. L'émission se « L’écouteur deux voix alternent et se passe ainsi : les Christophe commenta confondent.") » poèmes sont dits à la fois en français et en ainsi la séance sur la néerlandais, et mal dits. Les deux voix alternent poésie flamande : "Ou et se confondent." » bien le réalisateur se

fout du monde ou bien il semble légèrement demeuré. L'émission se passe ainsi : les poèmes sont dits à la fois en français et en néerlandais, et mal dits. Les deux voix alternent et se confondent." » Cité

12 par Françoise Morvan, Poésie sans passeport, op. cit., p. 26. » Le texte est identique. Seul a disparu le référencement. F. Morvan, Thèse p. 601 et A.-M. Lilti, p. 264 Poésie sans passeport, p. 14 (65)

« Les modes de variation sont ici au nombre de douze […] « Robin met en place des selon des procédés modes de lecture étonnamment variés pour une étonnamment variés sur émission d'une vingtaine de l’alternance desquels il minutes. joue ; on peut en répertorier plus d’une Modes de lecture : douzaine ; ce sont par 1. Hongrois seul exemple pour les 2. Français seul poèmes hongrois : le 3. Simultané hongrois seul, le 4. Simultané avec français seul, la lecture dominance du simultanée dans les hongrois deux langues, la fusion 5. Simultané avec (l’acteur français lit le dominance du hongrois, l’acteur français hongrois le français), la 6. Fusion (acteur surimpression (la même hongrois lisant le voix lit dans les deux français) langues), l’alternance 7. Surimpression vers à vers, l’alternance (même voix lisant strophe à strophe, dans une langue et l’alternance poème à l'autre) poème, l’entrelacement, 8. Alternance vers à etc. » vers 9. Alternance strophe à strophe 10. Alternance groupe de strophes à groupe de strophes 11. Alternance poème à poème 12. Alternance/ français d'abord 13. Alternance / hongrois d'abord 14. Entrelacement (texte français, strophes mêlées »

13 F Morvan, Thèse, p. 587 A.-M. Lilti, p. 263 (66) « Les émissions devaient valoir pour leur absolu dépouillement « Les émissions valent : à voix nue, sans le moindre pour leur total accompagnement musical, dépouillement. Sans l'émotion naissant de aucun accompagnement l'entrelacement ou du heurt des musical, la voix nue langues. » laisse affleurer l'émotion née de l'entrelacement F. Morvan, Thèse, p. 587-90 des langues. »

« Elles ne témoignent pourtant d'aucun désir de A.-M. Lilti, p. 264 choquer — le plus étonnant (67) est, au contraire […] la gravité de Robin. » « Pourtant Robin était sérieux et ne cherchait pas à choquer. »

« «On en a mis partout ! c’est (68) épouvantable ! » comme l’écrivait l’écouteur Dans sa thèse (p. Christophe. » 342, note 97), AM Lilti

[…] « “Émission pénible à (68) écrit : suivre, peu claire, pas assez « « On en a mis partout ! d'annonce” indique le c’est épouvantable ! « On a mis premier rapport d'écoute » » s’écrie un critique » partout ! c’est

épouvantable !

» s’écrie un critique. Cité par Françoise

(69) Morvan, ibid., p. 26. « Le premier rapport pour l’émission d’Ady note : “Émission pénible Le texte est à suivre, peu claire, pas assez d'annonce”. » repris à l’identique

mais avec suppression du référencement.

14

70 (70) […] « On est loin, bien sûr, du […] « l’on est loin du scandale provoqué par scandale provoqué par l'émission d'Artaud "Pour en l'émission d'Artaud Pour finir avec le jugement de en finir avec le jugement Dieu" réalisée quelques de Dieu interdite à la RTF années plus tôt pour le Club le 1er février 1948… pour d'Essai et finalement interdite le Club d'Essai et (1er février 1948). » finalement interdite. »

F. Morvan, Écrits oubliés I, p. A.-M. Lilti, p. 271 281 (74)

« Ayant fait connaissance « Le 17 février 1952, il d’Alexeï Remizov1 Armand rencontre l’écrivain Robin traduit Savvva russe Alexeï Remizov. Groudzine, conte qui paraîtra Sur un carnet que celui- en 1954 dans La Parisienne. ci conserva, on peut Le scénario radiophonique voir un dessin que fit rédigé à partir de cette Robin : un cheval et une traduction a été déposé en ferme. […] mars 1953 à la RTF et À la suite de cette l’émission a bien été réalisée rencontre, Robin traduit mais n’a jamais été diffusée. » le conte Savva Groudzine, traduction

15 1 « La première visite de Robin qui ne sera publiée à Remizov remonte au 17 qu’en 1954, dans La février 1952, si l’on en croit le Parisienne. En carnet sur lequel demandait à novembre 1952, Robin ses visiteurs de consigner leur proposera une nom accompagné d’un dessin. adaptation À cette date, Robin dessina radiophonique de ce une sorte de cheval et une conte de Remizov. Il y maison de ferme. » travaillera jusqu’en mars 1953, date à laquelle le scénario sera déposé. L’émission sera terminée en mai mais jamais diffusée. » F. Morvan, La fausse parole, p. 9 A.-M. Lilti, p. 295 (79) « Le prière d’insérer de La fausse parole (première « Le “prière d’insérer” édition) était d’une concision de la première édition exemplaire : est d’une grande sobriété mais dit « Armand Robin a inventé un l’essentiel de ce qu’est La métier qu’on exerce chez soi et fausse parole : grâce auquel on peut être transporté sur tous les points « Armand Robin a du monde où l’on parle. Frais inventé un métier qu’on d’installation : un poste de exerce chez soi et grâce radio. Connaissance exigées : auquel on peut être une quinzaine de langues transporté sur tous les vivantes. points du monde où l’on Il consigne ses notes d’écoute parle. Frais d’installation dans un petit bulletin : un poste de radio. d’information. Connaissance exigées : La fausse parole est le journal une quinzaine de d’un journal, qui n’est langues vivantes. évidemment pas destiné aux Il consigne ses notes lecteurs du bulletin. d’écoute dans un petit Propagande en tous genres, bulletin d’information. mécanique du mensonge, La fausse parole est le guerre psychologique sont journal d’un journal, qui implacablement dénoncées. n’est évidemment pas Dénoncées par un poète qui destiné aux lecteurs du sait ce que parler veut dire et bulletin. Propagande en qui réinvente, dans une langue tous genres, mécanique connue de lui seul, le vrai du mensonge, guerre usage de la parole ». psychologique sont implacablement P. 15 : « Jamais une plus belle dénoncées. Dénoncées langue n'a été employée pour par un poète qui sait ce parler d'un langage aussi que parler veut dire et totalement dénué de beauté. » qui réinvente, dans une langue connue de lui seul, le vrai usage de la parole ».

[…] Jamais sans doute l’écriture de Robin n’a

16 atteint une telle perfection dans la force expressive, violence et beauté du discours. »

F. Morvan, Écrits oubliés, p. 298 A.-M. Lilti, p. 318 (80) « 1955. Le texte intitulé “Outre-écoute 1955” apporte « Un texte important une sorte de conclusion au intitulé “Outre-écoute travail d’écoutes 1955” […] sera plus tard radiophoniques. édité avec La Fausse parole à laquelle il apporte une sorte de conclusion.

81 (81) Les traductions de Mickiewicz Du côté des traductions, ([…] 1955) sont certainement l’année 1955 est une phase importante du principalement travail de “non-traduction”. consacrée à traduire Comme l’indique un texte […] . inédit, ce travail, procédant Comme naguère avec d’une identification Ady, on assiste à une comparable à celle qui avait sorte d’identification de eu lieu avec André Ady une Robin à Mickiewicz. dizaine d’années auparavant, Ainsi […], il écrit dans renforça cette identification. un inédit intitulé “Adam “[…] il mit l’essentiel de ses Mickiewicz : portrait de divers génies à obtenir en l’auteur” : “il mit tous lieux non-lieu ; il disparut l’essentiel de ses divers de son existence, se suicida génies à obtenir en tous pour vivre.” » lieux non-lieu ; il disparut de son existence, se suicida pour vivre.” »

F. Morvan, Thèse, p. 52-3 A.-M. Lilti, p. 323 (82) « Robin participe plus ou « Il participe plus ou moins régulièrement à des moins régulièrement à émissions littéraires, une émission littéraire notamment "Belles-Lettres" radiodiffusée, "Belles- ("revue littéraire Lettres", émission de radiophonique de Robert Robert Mallet et Pierre Mallet et Pierre Sipriot"). Les Sipriot. Il y présente de interventions radiophoniques, poètes qu’il traduit et qui doublant les publications en trouveront leur place revue, permettent de suivre dans le deuxième aisément la préparation du volume de Poésie non second volume de Poésie non traduite. On peut noter traduite. ainsi entre autres une […] présentation d’un poète

17 28. 5. 1956 : Id. Poèmes gallois, Llywarch Hen mongols présentés par Armand en mars, de poèmes Robin. […] mongols en mai, du poète polonais Adam 5. 3. 1956 : Id. Llywarch Hen, Wazyk en octobre. » traduction du gallois par Armand Robin. […]

22. 10. 1956 : Id. Adam Wazyk. Présentation du poète polonais. »

F. Morvan, Écrits oubliés, p. 311 A.-M. Lilti, p. 329 (83) « 1957. La publication du Cycle séverin […] marque le « L’année 1957 est retour d’Armand Robin à la surtout marquée… par poésie. » le retour à la poésie personnelle. »

Thèse, p. 51 A.-M. Lilti, p. 330 (84) « La N.N.R.F. publie en décembre 1957 six poèmes « Sept poèmes seront sous le titre du Cycle Séverin, publiés dans la NNRF […]La Nation française une sous le titre du Cycle série de poèmes satiriques Séverin en décembre dont la N.N.R.F. donnera aussi 1957. […] Courant 1957 un exemplaire ("L'histoire de et 1958, il publie aussi Maréchal qui se fit facteur une série de poèmes racontée aux enfants tout satiriques comme “La petits" - mars 1958). […]Robin veuve du capitaine ” accordait à ces textes une dans La Nation égale importance et tenait à française ou "L'histoire les publier. […] » de Maréchal qui se fit facteur racontée aux

18 enfants tout petits”… Il est certain qu’il attachait une importance particulière à ces poèmes qui nous semblent médiocres et qu’il tenait à les publier. »

« La phase de traduction des A.-M. Lilti, p. 331 divers poèmes de Mickiewicz (85) puis des quatrains de Khayam constitue des cycles « [Il] s’attelle à la comparables à ceux qui traduction des Rubayat avaient donné naissance aux d’Omar Khayam. Cette poèmes d'Ady ou d'Essénine, phase de traduction de Maïakovski, de comme celle qui a Pasternak. » précédé avec Mickiewicz forme un cycle comparable à ceux consacrés à Ady, Maïakovski, Essénine ou Pasternak. »

P. 53 A.-M. Lilti, p. 329 « "La troupe de Gérard Vergez, (86) à partir de décembre 1957, « En décembre, la donna au Théâtre du troupe du Ranelagh, Ranelagh, de nombreuses dirigée par Gérard représentations du Maïakovski Vergez, joue deux par Maïakovski traduit par traductions de Robin". Les représentations ne Maïakovski par Robin. » semblent avoir été qu'au nombre de trois : 7, 10, 17 décembre. »

F. Morvan, Thèse, p. 750 A.-M. Lilti, p. 331-3 (87) « Ultime avatar de Robin, auteur d'"invitations « Les traductions des permanentes à boire du vin et à Rubayat paraîtront en courir "les jolies comme des novembre 1958 […] tulipes", Omar Khayam "en ses Robin fait paraître un essais pour s'amuser" article consacré à Omar organise "contre lui-même un Khayam et le portrait […] ingénieux système de contre- fait songer à un auto- propagande » […] Robin prend portrait […] : « Omar bien du temps à expliquer qu’"il Khayam en ses essais n’était pas « ivre-mort jour et pour s'amuser avait nuit » ainsi qu’il ne cessait de organisé un ingénieux le répéter, mais qu’ « au système de contre- contraire, il travaillait jour et propagande ; il n’était nuit » ". pas "ivre-mort jour et nuit" ainsi qu’il ne cessait de le répéter, mais qu’ "au contraire, il travaillait jour et nuit" »

19

Écrits oubliés, p. 315 A.-M. Lilti, p. 332 « Armand Robin dépose en (88) mars à la RTF un scénario de « Robin s’est aussi mis film sur Versailles, Versailles à la traduction de et l’esprit classique français. Shakespeare. Peu Il traduit Shakespeare. » avant, en mars, il avait déposé un projet de film sur Versailles, Versailles et l’esprit français »

Écrits oubliés, p. 286 A.-M. Lilti, p. 332 « Le second article de Philippe (89) Jaccottet, consacré à Poésie « Le livre [second non traduite II, restera jusqu’à volume de Poésie non sa mort, le seul témoignage traduite] rencontre peu d’intérêt véritable. » d’échos. Seul Philippe Jaccottet en rend compte dans la NNRF. »

Écrits oubliés, p. 329 A.-M. Lilti, p. 334 « Pour 1959, trois pièces de (90) Shakespeare commandées « Les toutes dernières par le Club français du livre années, de janvier 1959 (, Les gaillardes à mars 1961, sont bien épouses de Windsor, puis Le tristes. Quelques roi Lear, ainsi que le Ballet traductions encore. Les des chats, un poème de Milos gaillardes épouses de Macourek (unique traduction Windsor et Othello de du tchèque par Robin)… Le Shakespeare sont Ballet des chats, imaginé par publiés début 1959 au José Bergamin à partir d’un Club français du livre. poème héroï-comique de Lope En mars, la Gazette de de Vega traduit par Robin, est Lausanne publie des de la même veine que ses extraits du futur Ballet derniers poèmes. » des chats imaginé par José Bergamin à partir d’un poème héroï- comique de Lope de Vega traduit par Robin. En juin, une traduction du tchèque, la première et la seule, Bric-à-brac de Milos Marcourek. »

91 A.-M. Lilti, p. 335

20 Écrits oubliés, p. 350 (91) « Les bulletins d’écoute « Les bulletins témoignent d’un épuisement d’écoute, quant à eux, manifeste (courant décembre, s’épuisent et se vident certains bulletins sont réduits de la teneur informative à une ou deux pages). » qui les justifiait. Certains bulletins sont Thèse, p. 54 « [Ils] sont vidés réduits à une ou deux de la teneur informative qui pages. » les justifiait. »

F. Morvan, Fragments, p. 14-5 A.-M. Lilti, p. 340 (93) « un témoignage de Claude Roland-Manuel, donné au « Claude Roland- Monde le 12 avril 1985 : “…J'y Manuel raconte ainsi la suis allé avec Georges suite : “[…] J'y suis allé Lambrichs. Il y avait dans avec Georges l'appartement de Robin une Lambrichs. Il y avait montagne de papiers qui dans l'appartement de semblait monter jusqu'au ciel. Robin une montagne de Nous avons eu dix papiers qui semblait malheureuses minutes pour monter jusqu'au ciel. essayer de sauver quelques Nous avons eu dix manuscrits. Les déménageurs malheureuses minutes piétinaient tout. Nous sommes pour essayer de sauver repartis avec trois valises. Le quelques manuscrits. reste des inédits de Robin est Les déménageurs allé à la décharge publique." piétinaient tout. Nous sommes repartis avec […]ce qui est loué sans réserve, trois valises. Le reste c'est le stéréotype [du poète des inédits de Robin est martyr] qui a présidé à la allé à la décharge fabrication du livre : "Un poète publique.» […] maudit", annonce Claude Mauriac dans le Figaro, "le dernier poète maudit" précise Commence alors à se Jean-Noël Vuarnet dans la forger le mythe du poète Quinzaine littéraire, cependant martyr […] Claude que Bernard Pivot présente Mauriac, dans la "un poète foulé aux pieds" Quinzaine littéraire dans le Figaro littéraire » présente Robin comme "le dernier poète maudit", tandis que Bernard Pivot, dans le Figaro littéraire, en fait "un poète foulé aux pieds" »

Le caractère contrefaisant de ces reprises, directement issu des recherches de Françoise MORVAN, sans citation aucune des références, doit donc être reconnu.

21

Ouvrages de Françoise Ouvrage d’Anne-Marie MORVAN LILTI

Thèse, p. 25 p.57 (3)

« 1935 « Le premier texte publié Les premiers textes publiés d’Armand Robin est une d'Armand Robin sont des note de lecture consacrée à notes de lecture données à un ouvrage de Claire Sainte- la revue Europe. » Soline, publiée le 15 avril 1935 dans la revue Europe, Écrits oubliés, p. 13-15 que dirige alors Jean « Ses premières publications Guéhenno. ne remontent pas avant 1935… Collaborer à Europe, revue La participation à cette alors dirigée par Jean revue n’est pas sans Guéhenno, dans laquelle engendrer des états d’âme écrivaient nombre chez Robin et il cessera d’intellectuels favorables au assez vite toute communisme, était, après un collaboration. Il s’en retour d’URSS aussi explique dans la longue désenchanté, pour le moins lettre qu’il envoie à son contradictoire. Ce ne fut pas ancien professeur le 18 sans réticences, une lettre à juillet […] La revue a à Jean Guéhenno l’atteste (un l’époque une orientation passage de cette lettre peut sociale tout à fait claire et être lu ci-après p. 23) que ses sympathies pour l’URSS Robin se décida à travailler ne sont pas un mystère. » pour Europe. »

Thèse, p. 25-26 p. 99 (11)

« Les neuf autres poèmes « Quant aux seize poèmes qui figurent dans Ma vie sans originaux dont sept ont été moi ne semblent pas avoir publiés en revue et neuf été publiés en revue. sont inédits, ils résultent Un seul poème publié par manifestement d’un choix ailleurs ("Temps passé") n'a drastique. En effet, si l’on pas été repris dans le recueil, considère l’ensemble des ce qui pourrait laisser supposer poèmes qu’Armand Robin a que les seize pièces qui y envoyés à différents figurent constituaient destinataires dans les véritablement ce que Robin années 36 à 39 plus un considérait comme l'ensemble poème publié par ailleurs de son œuvre poétique à la (« Temps passé »), si l’on date de 1940 s'il n'existait un se réfère à des textes assez grand nombre d'inédits vraisemblablement de la (soit adressés à Jean même époque et de la Guéhenno, soit adressés à même qualité recueillis Jean Paulhan, soit recueillis dans son appartement par Georges Lambrichs et après sa mort, on constate Claude Roland-Manuel après la que Robin aurait eu de mort d'Armand Robin). On quoi réaliser un volume constate qu'au nombre de ces avec ses seuls poèmes. » inédits se trouvent des textes

22 d'une valeur tout à fait comparable à celle des pièces retenues par J. Paulhan : Robin aurait pu en quelques mois composer un volume de poèmes ».

Thèse, P. 114 p. 104-5 (12)

« il parvient à faire passer les « Dans tous ses poèmes, sonorités du breton en français qu’ils soient traduits ou non, […] Sur quels traits précis s’entendent les mêmes appuyer cette impression rythmes et sonorités un peu d’entendre du breton en « rocailleux » qui font en français ? » quelque sorte résonner le breton dans le français. »

Thèse p. 29 p. 126 (16)

« 1941. Sa première « Durant les années 1941 et inscription à l'Ecole des 1942, Armand Robin Langues Orientales est continue à étudier de attestée pour le chinois : nouvelles langues : il "Enfin vint le chinois, et ce fut s’inscrit en novembre 1941 la paix ! La langue chinoise à l'Ecole des Langues me fut opium ; elle triompha Orientales pour y même de ma fatigue !"1. Il apprendre le chinois qui existe au total, et malgré sa sera sa seconde langue prédilection maintes fois natale après le russe. Cet réaffirmée pour cette langue, apprentissage du chinois très peu de traductions du revêtira pour lui une chinois par Robin […]. Plusieurs importance capitale : lettres attestent néanmoins qu'il "Enfin vint le chinois, et ce aurait entrepris de traduire fut la paix ! La langue Lao-Tseu et Tchouang- chinoise me fut opium ; Tseu. » elle triompha même de ma fatigue !" écrira-t-il dans 1 Fragment inédit publié dans L’Homme sans nouvelle. L'homme sans nouvelle, Le Très vite, en 1941, il passe Temps qu'il fait, éd., 1981, p. des examens de chinois et 105. commence à envisager la traduction de Lao-Tseu et Tchouang-Tseu. »

Écrits oubliés, p. 114 p. 127 (17)

« 1941. Collaboration à Comoedia… « En décembre 1941 commence sa [Note :] La meilleure collaboration à Comoedia description de Comoedia est […] Comoedia était à fournie par Pierre Assouline : l’origine un hebdomadaire « Comoedia, un vieil des spectacles, fondé en hebdomadaire des 1906. Après une spectacles, des lettres et des interruption, la revue arts, fondé en 1906, reparaît à reparaît rajeunie le 21 juin partir du 21 juin 1941 […]. 1941. Pierre Assouline la

23 C’est un journal de qualité décrit ainsi : « C’est un dont la tenue intellectuelle journal de qualité dont la tranche singulièrement sur la tenue intellectuelle tranche masse de ses confrères : la singulièrement sur la mise en page est agréable, masse de ses confrères : les articles passionnants, les la mise en page est signatures prestigieuses. agréable, les articles Comme tout organe de passionnants, les presse paraissant à Paris, il signatures prestigieuses. est soumis au visa de la Comme tout organe de censure ; c’est-à-dire que des presse paraissant à Paris, officiers de la Propaganda en il est soumis au visa de la contrôlent le contenu avant censure ; c’est-à-dire que parution. Le ton de Comoedia des officiers de la le distingue radicalement des Propaganda en contrôlent autres hebdomadaires de le contenu avant parution. l’époque car il n’est jamais Le ton de Comoedia le polémique ni insultant ou distingue radicalement des délateur et tâche de critiquer autres hebdomadaires de les nouveaux livres en s’en l’époque car il n’est jamais tenant à de stricts critères polémique ni insultant ou littéraires. » [… ] Le Figaro délateur et tâche de annonçait que Comoedia critiquer les nouveaux comptait au nombre de ses livres en s’en tenant à de collaborateurs « Anouilh, stricts critères littéraires. » Arland, Baty, Bourdet, Cocteau, [… ] Au nombre des Colette, Crommelynck, Derain, collaborateurs de Drieu, Dullin, Fargue, Comoedia, on comptait Giraudoux, […]. Il faudrait y Anouilh, Cocteau, ajouter, entre autres, Valéry, Giraudoux, Valéry, Claudel Claudel et Audiberti. » et bien d’autres de même renom. »

Thèse, p. 31 p. 129 (18)

« Les trois poèmes publiés « Dès février […] peut-on lire par l'anthologie La jeune les prémices de la grande poésie […] peuvent être lus crise qui couve et qui comme un testament et se aboutira à l’abandon de la ferment sur la constatation poésie personnelle. […] d'une impossibilité irrémédiable d'écrire une poésie personnelle. […] »

« Août 1942 : le poème En août 1942, Armand écrit "Lettre à mon père" est la "Lettre à mon père" qui première expression d'un figurera dans l’anthologie revirement. […] La jeune poésie publiée par Comoedia et les Automne 1942 : blâmé par éditions Charpentier en Éluard et Guéhenno pour 1943. […] Il ne vit pas son "attitude facilement le reproche que collaborationniste", Robin lui font Éluard et tente de se défendre aux Guéhenno — Guéhenno et yeux de Paulhan…. » Paulhan sont entrés dans la Résistance, dès mai Note 42 p. 39 : « Le Comité 1941, en fondant le Comité

24 national des écrivains avait national des écrivains — à été fondé fin 1941 par l’automne 1942, d’une Jacques Decour, Jean "attitude Paulhan et Jacques Debû- collaborationniste". » Bridel. Jean Guéhenno avait été l'un des premiers écrivains à y adhérer (en 1942)), Éluard et Aragon avaient adhéré en 1943. »

Thèse p. 506 p. 149 (20)

« 1. L'énigme du métier en « La question des bulletins chambre d’écoute rédigés par Armand Robin a donné naissance à La croyance unanime en une légende visant à l'invention d'un métier unique accréditer la thèse d’un au monde, épuisant, mais Robin résistant, héroïque, au subi comme on subit une plus loin des vocation, a le double avantage compromissions. Robin d'accréditer la thèse du poète aurait « inventé » un prophète et martyr […] il est nouveau métier, celui plus avantageux, pour ce qui d’écouteur en chambre des concerne la précocité du radios étrangères, métier prodigieux don des langues, la épuisant mais témoignant dénonciation du totalitarisme et d’une véritable vocation. l'oubli des compromissions L’invention du travail fâcheuses, de placer d’écoute remonterait avant l'invention du métier aussi tôt la guerre, au plus tard en que possible. […] Ainsi, 1939, peut-être même à l'apparente précision son retour d’URSS, selon chronologique sert-elle à certains. introduire du flou : c'est peut- être en 1939, peut-être avant, que Robin a commencé de rédiger son bulletin - en tout cas, c'est avant guerre. Une fois cette vérité posée, il suffit de glisser un peu plus en arrière pour que l'invention du travail d'écoute coïncide exactement avec le retour d'URSS […] »

P. 512 « Une fois solidifiés, les traits composant cette légende se La fausse parole, publiée sont fixés en vérité à laquelle en 1953, contribue à la réédition de La fausse l’édification de la légende. parole en 1979 [...] est venue apporter, preuve à l’appui, une garantie officielle. »

Thèse, p. 512 p. 150 (21) « Le dossier remis par les

25 Archives de France ne donne « Il est nommé […] aucune indication sur le travail « collaborateur technique même de Robin. de deuxième catégorie » "Collaborateur technique de par arrêté du 31 janvier seconde catégorie", il 1942, au ministère de percevait un traitement l’Information pour un annuel de soixante mille traitement annuel de francs - traitement équivalent à soixante mille francs, ce celui de J. Villiers-Terrage, qui était plus que secrétaire du Président du confortable à l’époque. » Conseil, et qui, si l'on se fie à une étude publiée alors par La France Socialiste, représentait plus de trois fois le salaire d'un employé de banque ou d'un professeur de dessin. »

Thèse, p. 512 p. 151-2 (24)

« On dispose de peu de « En quoi consistait son documents sur la période de travail au ministère ? Les collaboration de Robin au documents sont peu ministère de l'Information nombreux mais permettent mais ces documents sont toutefois de se faire une tout à fait clairs […] idée assez précise de ce dont il s’agissait. Pour ce qui concerne le Un "écouteur-traducteur" travail d'un "écouteur- devait capter et traduire un traducteur" ("capter et minimum de sept traduire sept émissions par émissions par jour — ou jour ou par nuit" au minimum) par nuit — et on lui et les compétences requises demandait de posséder (une licence de Lettres, la une licence de lettres et connaissance approfondie une bonne connaissance d'une ou plusieurs langues, approfondie de plusieurs des notions de dactylographie langues. Armand Robin et de sténographie), on voit satisfaisait, bien sûr, à ces que l'emploi pouvait convenir exigences. à Robin. Il n'y a sans doute rien Cet emploi a d’ailleurs pu d'étonnant à ce qu'il ait été influencer son désir de recruté, rien d'étonnant non maîtriser de nouvelles plus à ce qu'il se soit livré langues, ce qui notamment après son entrée au pourrait expliquer son Secrétariat Général à inscription en novembre l'Information à un 1941 aux Langues apprentissage intensif des Orientales. » langues étrangères (c'est de cette époque que datent ses inscriptions à l'École des Langues Orientales). »

Thèse, p. 514 p. 152 (25)

« Pierre Laval devait, dès « Dès 1942, Pierre Laval est 1942, cumuler les fonctions ministre de l'Information – de ministre de l'Information et il cumule cette fonction

26 de Président du Conseil – ce avec celle de Président du qui explique les relations de Conseil – et c’est donc Robin avec l'Hôtel Matignon, pour lui que travaille son rôle de collaborateur Robin. » effectif »

Thèse, p. 514 p. 152 (26)

« De douze, le nombre des « Un chef de section décide collaborateurs était passé à des émissions à écouter cent quarante en 1940. […] chaque semaine et répartit "Chaque section linguistique le travail entre les différents a un chef qui […] a la collaborateurs dont le responsabilité des émissions nombre se monte à cent prises dans sa section. C'est lui quarante environ. » qui écoute ou fait écouter et noter le programme hebdomadaire des émissions et puis décide si, quelles émissions et de quelle façon, les émissions seront couvertes" »

Thèse, p. 515 p. 152 (27)

Les témoignages divers Marcel Laurent témoigne (notamment celui de Marcel que Robin avait un bureau Laurent : "[…] j'ai vu Armand à lui au ministère, son plusieurs fois en janvier, puis en salaire était élevé, on peut juillet 43 : il n'avait nullement en déduire que Robin l'air d'un homme traqué. "Laval, n'était pas un simple me dit-il, a déclaré que j'étais écouteur mais qu’il un homme indispensable et rédigeait lui-même ses qu'on ne toucherait jamais à bulletins d’écoute moi". Il avait un bureau au quotidiennement. ministère de l'Information (rue de Solférino, si je ne me Apparemment, il était trompe), où je lui ai rendu apprécié de ses supérieurs et visite"). Le bureau au Marcel Laurent rappelle ministère et le salaire élevé qu’il lui aurait confié laisseraient supposer que "Laval a déclaré que j'étais Robin n'était pas écouteur- un homme indispensable et traducteur mais rédacteur. » qu'on ne toucherait jamais à moi". »

Thèse, p. 34 p. 152 (29)

« Enfin, à partir de mai 1943, il « Les relations de Robin collabore à Combat clandestin) avec ses collègues mais, parallèlement, loin de commencent à se dégrader faire preuve de la discrétion courant 1943. En requise par ses activités septembre 1943, il quitte le clandestines, il dénonce son ministère et il sera travail au ministère de officiellement révoqué par l’Information, provoque l'arrêté du 30 octobre 1944. l’affrontement. C’est sur On peut penser que sa "dénonciation", affirme-t-il, qu'il situation de collaborateur

27 doit quitter le ministère le 1er effectif d’un homme septembre 1943 […] comme Laval et la collusion Cependant, il n'est pas certain qu’elle implique avec Vichy a qu'il ait abandonné ses peu à peu provoqué chez fonctions à cette date puisque, Robin un malaise. » d'après l'arrêté du 30 novembre 1944 signé par le ministre de l'Information P. H. Teitgen, il ne peut être "tenu pour défaillant" à la date du 1er septembre 1944. C'est qu'il a travaillé durant une période où le ministre de l'Information était Pierre Laval […], ce qu'il est difficile de concilier avec des activités de résistance. »

Thèse, p. 516 p. 152 (30)

« Quant à la dégradation des « Les relations de Robin relations de Robin avec ses avec ses collègues collègues au ministère, elle commencent à se dégrader n'a peut-être pas atteint son courant 1943. […] point culminant avant juillet 1943, comme l'affirme M. Laurent, mais elle s'est très vite Une lettre à Jean Paulhan, aggravée. Une lettre à Jean non datée mais Paulhan donne, en même vraisemblablement d’août temps qu'une idée de 1943, évoque effectivement l'ambiguïté du statut de Robin des difficultés et un net au ministère, une indication refroidissement des rapports précise de date : avec Laval : "J'avais fait connaître à Laval "J'avais fait connaître à ce que je pensais de lui et lui Laval ce que je pensais de avais écrit que, si j'avais lui et lui avais écrit que, si absolument à le voir, du j'avais absolument à le moins je ne lui serrerais pas voir, du moins je ne lui les mains. Vint le 7 août, serrerais pas les mains. lendemain du jour où j'avais Vint le 7 août, lendemain porté l'imprudence et la du jour où j'avais porté provocation jusqu'à l'extrême l'imprudence et la limite ; démarche de Von provocation jusqu'à Schleier et dénonciations ; l'extrême limite ; démarche Laval me fait enfin venir ; je de Von Schleier et passe d'abord par l'un de ses dénonciations ; Laval me secrétaires, Villiers-Terrage, fait enfin venir ; je passe qui me dit textuellement en d'abord par l'un de ses tremblant : "Nous avons fait secrétaires, Villiers- le maximum pour vous Terrage, qui me dit sauver ; le Président Laval textuellement en tremblant veut vous voir ; tâchez d'être : "Nous avons fait le gentil pour lui !". Cette phrase maximum pour vous m'a réveillé soudain comme sauver ; le Président Laval d'un rêve où je serais plongé veut vous voir ; tâchez et où je replonge, disant d'être gentil pour lui !". partout, en cette époque de Cette phrase m'a réveillé propagande, d'opportunisme soudain comme d'un rêve

28 et de mensonges, exactement où je serais plongé et où je toutes les vérités qu'il ne faut replonge, disant partout, en pas dire. Soudain secoué, j'ai cette époque de tout de même renoncé à dire propagande, à Laval, ce jour-là, ce que je d'opportunisme et de pense de lui."1 » mensonges, exactement toutes les vérités qu'il ne 1 Sans date, probablement faut pas dire. Soudain septembre 1943. secoué, j'ai tout de même renoncé à dire à Laval, ce jour-là, ce que je pense de lui." »

Thèse, p. 515 p. 154 (33)

Reste l'hypothèse d'un travail En 1943, il prend un indépendant, partiellement second domicile, effectué à domicile pour le clandestin, au septième compte du ministre de étage du 50 rue Falguière l'Information. - Rien ne dans le 6e arrondissement. l'infirme, rien ne la confirme ; Marcel Laurent a vu Robin […] elle ne rend pas plus à cette adresse dès 1943 et vraisemblables les "écoutes témoigne de la présence de clandestines" dans un postes de radio « très appartement où Robin, sous puissants ». De fait, on ne surveillance de la Gestapo, se sait pas avec certitude si serait installé pour fuir sa Robin a effectivement femme, égarer Laval et servir la développé une activité Résistance. Il est curieux de d’écouteur clandestin dans voir, sur ce point, les souvenirs sa chambre de bonne de la de M. Laurent se fondre dans rue Falguière, dans le la légende sans pouvoir, temps même où il était néanmoins, se confondre : encore employé au "[En] 1943 [il] réside 55 rue ministère de l’Information. Paul Barruel mais il a un second domicile 50 rue Falguière où se trouve son matériel (postes très puissants)

Écrits oubliés, p. 175 p. 161 (38)

« 1943. « Rien d’étonnant à ce qu’il Année de rupture avec les rompe avec les milieux milieux littéraires, avec cette littéraires et bourgeois. “dérisoire vie bourgeoise…” » Cette rupture sera effective en 1943. Thèse, p. 31

« Le point culminant de ce travail est peut-être "Trois Il donnera encore un article à poètes russes" (Nouvelle la NRF en février. Cet article Revue française, février 1943) est consacré à trois poètes où Robin énonce pour définitif russes, Essénine, son renoncement à la poésie Maïakovsky et Pasternak. Il et, en faisant tour à tour débute par la revendication d'Essénine, Maïakovski, de la traduction comme

29 Pasternak, les figures d'une palliatif de la création autobiographie détournée, lie propre. […] L’identification non-traduction et critique dans à Essénine » un même mouvement d'identification.

Écrits oubliés, p. 175 p. 163 (42)

« 1943 La découverte de l’œuvre du « C’est alors, courant 1943, poète hongrois André Ady qu’il qu’il commence à traduire entreprend alors de traduire André Ady. […] […] est certainement ce qui lui L’identification au poète permet […] d’accéder à une hongrois est forte et sans pratique différente du travail doute ce qu’il vit en littéraire […] : traduisant Ady est-il à « Par sa vie saccagée, en l’origine de la “non- butte aux attaques de tous, traduction” » : par sa destruction par lui « Par sa vie saccagée, en contre lui chaque jour butte aux attaques de tous, assurée, par sa mort insultée, par sa destruction par lui le hongrois ADY fut au-delà contre lui chaque jour de toutes les patries ma assurée, par sa mort patrie. Son corps carré et insultée, le hongrois ADY cabré, son regard très loin fut au-delà de toutes les projeté et cependant patries ma patrie. Son invinciblement retranché, corps carré et cabré, son l’audacieuse pudeur de ses regard très loin projeté et gestes illimités, ses épaules cependant invinciblement avancées en défi trapu, c’est retranché, l’audacieuse là le refuge que je me choisis. pudeur de ses gestes Je pris bras dans ses bras ; illimités, ses épaules dépersonnalisé, je fus sa avancées en défi trapu, personne ; dans tous ses c’est là le refuge que je me mots apparemment je me choisis. Je pris bras dans suis tu ; je me servis de sa ses bras ; dépersonnalisé, vie pour vivre sans moi un je fus sa personne ; dans instant de plus. » (Revue tous ses mots internationale n° 2, Janvier- apparemment je me suis février 1946). tu ; je me servis de sa vie pour vivre sans moi un instant de plus. »

Thèse, p. 36 p. 169 (43)

« Au nombre de ceux que « De plus en plus anti- Robin nomme ici "les bolchevique au nom du « représentants des forces vrai communisme », Robin d'oppression", Éluard et s’insurge contre les poètes Aragon deviennent cibles militants, et notamment d'attaques d'une violence Éluard et Aragon, qui redoublée, attaques menées défendent les valeurs du […] au nom d'un communisme soviétique et communisme authentique, sont les chantres de la c'est-à-dire authentiquement poésie de la Résistance. » prolétarien, c'est-à-dire stalinien. »

30

P. 40 :« les poètes de la Nouvelle Résistance»

Thèse, p. 40 p. 189 (47)

« On ne connaît pas les raisons « Que reproche-t-on à précises de la condamnation de Armand Robin qui justifie son Robin : elles ne tiennent ni à inscription sur la liste noire ? ses écrits ni à la teneur de son Son travail au ministère de travail au ministère de l’Information, des l'Information […] ni au fait qu'il publications dans la NRF ait collaboré à la N.R.F. et au de Drieu et dans Comoedia, Figaro23. » quelques émissions poétiques pour Radio-Vichy. Note n°23 Mais bien des écrivains, y compris des membres du « Nombre de membres du fameux CNE, ont publié à la C.N.E. avaient écrit dans les NRF ou dans Comoedia. » journaux et les revues qui paraissaient sous l'Occupation (ainsi, Jean Paulhan, Claude Roy et Gabriel Audisio, président du "Comité d'épuration pour les Lettres", dans Le Figaro). Gide, Arland, Valéry, Fargue, Colette, Claudel, entre des dizaines d'autres écrivains, collaborèrent aux mêmes revues que Robin sans jamais être inquiétés. »

Thèse, p. 38 p. 193 (48) « il ne semble pas exact qu'il ait demandé et obtenu de « Il est peu probable que figurer sur cette liste comme il Robin, quoi qu’il en dise, n'a cessé de l'affirmer par la ait demandé lui-même son suite ("Je me suis donné bien inscription sur la liste. […] du mal, il y a deux ans, pour cela confirmait le obtenir que les malins et les “traitement de faveur” couards me condamnent ; je auquel il avait eu droit de la conterai quelque jours part d’Aragon. […] combien je dus me démener pour être admis à figurer, Un autre texte, la préface deux mois après tous les aux Poèmes de Boris autres, sur la "liste noire des Pasternak, publié aux écrivains". Et j'irais Éditions Anarchistes, maintenant perdre cet affirme : "Je me suis donné avantage?"). » bien du mal, il y a deux ans, pour obtenir que les malins et les couards me condamnent ; je conterai quelque jours combien je dus me démener pour être admis à figurer, deux mois

31 après tous les autres, sur la "liste noire des écrivains". Et j'irais maintenant perdre cet avantage ?"

On ne peut nier toutefois que Il n’empêche que sa son attitude ait, en effet, présence sur la liste noire tendu à le mener à cette signe son exclusion du exclusion officielle : non monde de l’édition pour seulement ses attaques quelques années. Certes, il contre les institutions mais s’en était déjà exclu lui- contre les puissances même » littéraires en train de se mettre en place paraissaient bien destinées à l'attirer de manière inéluctable.

Robin affirma constamment qu'Aragon fut à l'origine de cette condamnation.

Thèse, p. 264-273 p. 222 (51)

Sur la « Poésie de la Nouvelle « On n’est pas sans entendre Résistance » et sa critique par là quelques échos du Benjamin Péret dans son pamphlet de Benjamin pamphlet, Le Déshonneur des Péret, Le Déshonneur des poètes : poètes, paru en 1945 en réponse à L’Honneur des (p. 269) :« Il faudrait citer ici poètes, anthologie de toute la brochure de Péret, poèmes de résistance, qui a, du moins, par publiée par Éluard en 1943 moments, l'avantage de aux éditions de Minuit. » l'humour ; on se bornera à citer ses commentaires de L'honneur des poètes parce que c'est bien contre la poésie concentrée dans un tel livre que Les poèmes indésirables ont pu être écrits, et parce que Péret, qui est alors, avec Robin (et Tzara, mais pour d'autres raisons) le seul à réagir avec violence contre cette poésie, mène une critique qui tout à la fois rejoint celle de Robin et la nie de manière radicale ».

Thèse, p. 307 p. 238 (54)

« Que dire cependant d'un « Mais lorsqu’il prétend élève qui, au bout d'une traduire Lao-Tseu au bout année d'études de chinois, d’un an d’étude du chinois, envisage de traduire Lao- est-ce bien sérieux ? » Tseu et Tchouang-Tseu ? »

32 Écrits oubliés, p. 265 p. 259 (59)

« La première mention d’un « Le 11 avril 1950, Robin travail d’Armand Robin pour la dépose un texte RTF concerne l’année 1950 dactylographié à Radio (“Comment Melgouenn eut Diffusion Française, en vue Olwen”, manuscrit remis le d’une émission : 11 avril – mais aucune trace “Comment Melgouenn eut de l’émission n’a pu être Olwen”. On n’a retrouvé retrouvée). » aucune trace de l’émission et il est probable qu’elle ne fut jamais réalisée. »

Thèse, p. 586 p.262 (62)

« La liste des émissions le « Dans ces émissions, montre à elle seule : Robin y Robin met tout ce qui lui rassemble ce qu'il a de tient à cœur et il n’est pas meilleur. Le fait que les trois insignifiant que les trois premières émissions soient premières émissions soient consacrées à André Ady, à la consacrées à Ady, à la poésie russe, et à Imroulqaïs poésie russe et à n'est pas dû au hasard. » Imroulqaïs. »

Thèse, p. 594 p. 265 (71)

« Est-ce à l'étrangeté de ces « Le sentiment de langues mêlées […] ou à bizarrerie et de rejet de la l'étrangeté de Robin lui-même part de nombreux qu'il faut attribuer l'interdit qui auditeurs venait non a pesé si durablement sur ces seulement du mélange des émissions ? […] Sur ce point langues, mais aussi de la aussi, les commentaires de diction bizarre d’Armand Jacques Martin sont à prendre Robin, elle-même en compte : " […] Dans la étrangère. Comme le bouche du Robin de vingt ans souligne son ami Jacques roulaient encore tous les Martin : «Dans la bouche cailloux de l'Armorique. Au du Robin de vingt ans temps de ses poils gris, il roulaient encore tous les réussit à mêler à cette rocaille cailloux de l'Armorique. Au des mollesses du parler temps de ses poils gris, il parisien, des r glissés et un réussit à mêler à cette académisme de diction qui rocaille des mollesses du font sourire ses vieux amis. parler parisien, des r Le français, où il excelle glissés et un académisme comme Senghor, lui est aussi de diction qui font sourire étranger que le finlandais, et ses vieux amis. Le français, le finlandais aussi facilement où il excelle comme ou aussi difficilement familier Senghor, lui est aussi que le français." » étranger que le finlandais, et le finlandais aussi facilement ou aussi difficilement familier que le français. "»

Thèse, p. 49 p. 269 (72)

33 « En 1952 et 1953, Robin a « Il donne à la R.T.F. entre également donné sous des janvier et avril 1952 titres variables au Club quelques chroniques « d'essai de la R.T.F. des poétiques » de télévision, chroniques de télévision, d’un ton assez sarcastique, toutes brèves et intitulées L’oreille voit, puis sarcastiques, qui constituaient, Chronique de l’œil de à l'époque, une sorte Winnie. C’est, à l'époque, d'inauguration d'un genre ; encore original et Robin celles qui ont pu être retrouvées fait figure de précurseur. » figurent en italique dans le relevé qui suit :

13. 1. 1952 : L'oreille voit 27. 1. 1952 : L’oreille voit 24. 2. 1952 : L'oreille voit 9. 3. 1952 : Chronique de l'œil de Winnie 23. 3. 1952 : L'oreille voit 6. 4. 1952 : Chronique de l'œil de Winnie 20. 4. 1952 : Chronique de l'œil de Winnie 25. 4. 1952 : Chronique de l'œil de Winnie 25. 1. 1953 : Œil contre œil »

Thèse, p. 47 p. 269 (73)

« La reprise aux Éditions du « Le fait sans doute le plus Seuil des Poèmes d'André marquant est son retour Ady est à signaler aussi dans le giron des lettres comme représentative d'un françaises, d’abord par la mouvement d'ensemble […] il reprise aux Éditions du reprend place dans le milieu Seuil des Poèmes d'Ady littéraire. Que la N.R.F. fasse mais aussi par les liens paraître en 1951 un numéro renoués avec la maison spécial sur Gide et que Gallimard, via la NRF. Robin compte au nombre de ses collaborateurs n'est pas indifférent non plus. Le temps a passé, l'époque L’heure n’est plus aux est au retour des exclus et à rancœurs anciennes et la la tolérance : c'est aussi aux fameuse liste noire est bien Éditions de Minuit que paraît loin. D’autant que Jean le pamphlet de Jean Paulhan Paulhan publie aux Lettre aux directeurs de la Éditions de Minuit une Résistance dénonçant les Lettre aux directeurs de la abus de l'épuration. L'année Résistance qui dénonce les 1952 voit se déclencher une abus de l'épuration et va polémique à ce sujet. » déclencher une vive polémique. »

Écrits oubliés, p. 286 p. 275 (75)

« Un article de Marcel Bisiaux « Cet article [celui de (Arts, 24 avril 1953), un autre Marcel Bisiaux, Arts, 24

34 de Philippe Jaccottet (NNRF, avril 1953] met fin au avril 1954) mettent fin à dix silence obstiné qui entoure ans de silence […] : depuis le poète depuis Faux Pas, Faux Pas, l’essai de Maurice l’essai de Maurice Blanchot Blanchot sur le Temps qu’il consacré au Temps qu’il fait, le travail d’Armand Robin fait, en 1943. […] Robin a n’a suscité aucun traversé les dix dernières commentaire. » années – de 1943 à 1953 – […] sans susciter le moindre commentaire. »

Thèse, p. 47 p. 293 (77)

« Le temps a passé, l'époque « Cette parution [de La est au retour des exclus et à fausse parole] se fait dans la tolérance : c'est aussi aux un climat particulier, celui Éditions de Minuit que paraît d’un retour à la tolérance et le pamphlet de Jean Paulhan d’une reconnaissance des Lettre aux directeurs de la abus de l'épuration. On se Résistance dénonçant les rappelle que ces mêmes abus de l'épuration. L'année Éditions de Minuit ont 1952 voit se déclencher une publié en 1951 le pamphlet polémique à ce sujet, de Jean Paulhan à ce sujet, polémique que la publication Lettre aux directeurs de la de La fausse parole aux Résistance qui ont Éditions de Minuit prolonge déclenché une vive indirectement. » polémique. »

P. 45 « la publication de La fausse parole aux éditions de Minuit « Il n’est certes pas – [maison d’édition issue] de insignifiant que La Fausse la Résistance et dont le choix parole soit publiée par les de la part d'un auteur sous Éditions de Minuit. La contrat pour dix volumes avec maison d’édition a été les éditions Gallimard relevait créée dans la clandestinité d'une volonté affirmée de […] C’est, en quelque sorte, faire oublier le passé et de une totale réhabilitation sortir du ghetto. » pour celui qui fut inscrit sur la liste noire. »

La fausse parole, p. 143 p. 295 (78)

« Les dates portées après la « L’ouvrage s’achève sur conclusion laissent entendre une indication de date : que le livre aurait été écrit de 1945-1950, ce qui génère 1945 à 1950. En fait, la deux réflexions. D’une part composition du volume peut se occultation est faite des suivre sans difficulté à partir années de travail pour le d’un texte inaugural, l’article ministère de l’Information intitulé « Vacances » publié […]. On peut prendre dans Comœdia en 1942. Tout l’exemple de « Vacances », le volume est une expansion de le plus anciens, publié dès cet article comme Le temps qu’il le 12 septembre 1942 dans fait est une expansion de la Comœdia. […] De même, nouvelle « Hommes sans destin furent publiés en 1949, » donnée à Europe avant- « Moscou à la radio »,

35 guerre. Mais c’est une origine dans la Revue de Paris ; « liée à un passé qu’il faut Comment un métier me prit effacer. Le nouveau point de » , en 1950, dans 84 : « départ est, en 1949, un article Outre-écoute », également intitulé « Au-delà du en 1950 dans 84, […] « Le mensonge et de la vérité : peuple des télécommandés Moscou à la radio », publié » publié un peu avant la par la Revue de Paris ; il parution de La Fausse deviendra l’avant-dernier parole, dans Preuves, en chapitre de La fausse parole. 1953. » Suit, d’août à octobre 1950, une série de trois articles donnée à la revue 84 : d’abord, une version revue de « Vacances », précédée d’une brève introduction, « Un lieu m’a », puis ce qui allait devenir « Outre-écoute II », et « Outre- écoute I ». C’est au dernier moment, en décembre 1953, que paraît dans Preuves « Le peuple des télécommandés ». »

La contrefaçon doit donc également être reconnue au titre de ces reprises.

3.2.2 Madame LILTI utilise, sans les citer, les résultats des nombreux travaux de recherche de Madame MORVAN et s’attribue ainsi les découvertes de la demanderesse.

Ce procédé peut être constaté à de nombreuses reprises :

- Page 87 de son ouvrage, Madame LILTI feint d’apporter pour la première fois la preuve que le poème « Vie d'Essénine chantée par un paysan russe de la région de Riazan » est une fausse traduction du poète russe et un vrai poème d’Armand ROBIN. Elle nie dans ses conclusions que Madame MORVAN soit à l’origine de cette découverte.

Or, ce point a été démontré pour la première fois par Madame MORVAN. Cette dernière écrit en effet à la page 187 de sa thèse : « On est, de fait, d'autant plus étonné que personne ne se soit jamais avisé de ce que cette «Vie d'Essénine » était un faux — Robin ne s'en cache pas, et le titre même offre un écho ironique à celui du volume. »

Dans sa thèse, en 1999 (p. 332) Madame LILTI reconnaissait que c’était Françoise Morvan qui avait établi ce fait, ce qu’elle nie à présent : la preuve qu’elle s’est approprié cette recherche est ainsi rapportée.

- Page 104, Madame LILTI écrit qu’ «on a souligné la parenté entre les poèmes personnels et les poèmes traduits » sans mentionner que ce lien a été mis à jour par Madame MORVAN dont la thèse analyse longuement « la confluence de la poésie personnelle et de la traduction » (page 129). Cependant

Cependant, là encore, dans sa thèse, elle écrivait (p. 332) que c’Françoise Morvan avait mis en évidence « un effacement des limites entre poésie personnelle et poésie traduite ».

36

- De la même manière, la parenté des thèmes des travaux, tant personnels que de traduction d’Armand ROBIN, révélés par Madame MORVAN dans sa thèse sont repris par Madame LILTI :

F. MORVAN Thèse AM LILTI P. 104-105 P. 167 et suivantes

La parenté des thèmes : « Parenté aussi des Le pays natal (p. 167) thèmes, l’amour du pays La mère (p. 142 et 168) d’enfance, l’amour de la Le voyou (p. 136 : «xuligan mère, la proximité du poète (le voyou) introduisant un et du voyou ou du fou. » thème bien vu et bien mis en évidence par Robin)» La folie (p. 171) : « le thème de la souffrance s’exaspérant jusqu’à la folie »

- Tout comme les relations entre les poèmes d’Armand ROBIN et ses traductions :

F.MORVAN Thèse AM LILTI P. 104-105

P. 169 : « Des mises en relation de « A "L'arbre inconnu" de poèmes en poèmes Tuwim correspond "Mort peuvent se faire entre « d'un arbre" » L’arbre inconnu » de P. 168 Tuwim et « Mort d’un Comparaison de « Prière », arbre » de Robin, entre « poème de Robin, et de « Lettre à sa mère » Lettre à sa mère » d’Essénine et « Prière d’Essénine. » de Robin, par exemple. »

- Page 123, Madame LILTI mentionne que « Le 21 mai 1941, il [Armand ROBIN] embauché par le ministère de l'Information comme “collaborateur technique à l’Information ».

Or cette information avait été totalement ignorée jusqu’à sa révélation par Madame MORVAN qui écrit dans sa thèse (page 29) : « À compter du 1er avril 1941, il est embauché comme “collaborateur technique de seconde classe chargé des écoutes radiophoniques en langues étrangères” par le ministère de l'Information. Il faut signaler que ce fait a été jusqu'à présent systématiquement (sans une seule exception) passé sous silence. Or, la collaboration d'Armand Robin au ministère de l'Information marque bien, semble-t-il, l'origine de son travail d'écoute. Malgré les affirmations de tous les commentateurs, jamais aucune trace d'un travail d'écoutes antérieur n'a pu être retrouvée. ».

- Page 156, Madame LILTI établit un « lien étroit » entre « l’expérience de la « non- traduction » et les écoutes radiophoniques [qui] sont aussi œuvre poétique».

Elle reprend sans en mentionner l’origine l’une des interprétations fondamentales de la thèse de Madame MORVAN, liant pour la première fois le travail d’écoutes et de « non-traduction », « double biais d’une même expérience poétique » (thèse, page 43).

37 - Madame LILTI exploite l’une des démonstrations de la thèse et des publications de Madame MORVAN, établissant que l’œuvre d’Armand ROBIN s’organise à partir d’une violente crise en 1942, amenant à une rupture avec les milieux littéraires :

F. Morvan, Écrits oubliés, AM Lilti, p. 159 p. 124 (37)

« L’année 1942 est, à tous « [1942] Les Fragments égards, décisive : il n’est retrouvés après sa mort et pas douteux que […] la pour bon nombre d’entre rupture accomplie l’année eux écrits cette année-là suivante fut préparée par témoignent d’une profonde une crise d’une grande et violente crise violence. […] Le poème « intérieure. D’une part ils Lettre à mon père » est disent l’amour du pays déjà l’expression très claire natal et, toujours, la d’un double mouvement de culpabilité qui le tient face révolte et de retour sur soi : aux siens. […] Père je suis allé plus loin qu’à nous il est permis. »

F. Morvan, Le cycle du pays natal, p. 19 La conséquence en est la « une période de crise négation de toute identité violente, il dit ne pas biographique. Celui […] qui exister, parle de lui- s’est arraché à sa propre même au passé : vie, est soustrait à toute En de très vieux temps existence individuelle : où je parus exister En de très vieux temps où On prétendit m’avoir je parus exister rencontré… On prétendit m’avoir Abusivement inséré en rencontré… vie, à partir de 1912, je Abusivement inséré en fus dit en vie.» vie, à partir de 1912, je fus dit en vie.»

- Page 163, Madame LILTI met en relation des traductions d’œuvres d’Achim von Arnim et Imroulquaïs, omettant de préciser que ce lien a été découvert par Madame MORVAN dans les Écrits oubliés (page 177).

- Madame LILTI intitule le chapitre neuf de son ouvrage « Un poète dés-œuvré », sans mentionner l’origine de cette expression.

Or l’identification du thème du « dés-œuvrement » dans le travail d’Armand ROBIN est l’un des apports de la thèse de Madame MORVAN qui y écrit page 57 : « L’une des interprétations essentielles du travail d’A. Robin – allant à l’encontre de tous les commentaires et interprétations sur le travail – est le thème du désœuvrement : l’ignorer revenait à autoriser une conception linéaire de l'œuvre, passer sous silence le désœuvrement qui était la caractéristique majeure des quinze années suivantes et donc à le nier […]. La prendre en compte incitait, au contraire, à admettre ce désœuvrement comme constitutif, l'œuvre n'étant plus qu'un travail antérieur, une forme périmée dont on s'est débarrassé.»

Le caractère déloyal et parasitaire des agissements des défenderesses sera donc reconnu.

38