Theresienstadt

Le camp de concentration de Theresienstadt (en tchèque ) a été mis en place par la dans la forteresse et ville de garnison de Theresienstadt sur le territoire du Protectorat de Bohême-Moravie dépendant de l'Allemagne nazie, aujourd'hui Terezín en Theresienstadt République tchèque.

Sommaire

Histoire Population Personnalités y ayant vécu ou transité Personnalités y étant décédées Un instrument de propagande Statistiques Annexes Bibliographie Filmographie Articles connexes Liens externes Notes et références Entrée de la cour 1 de la prison, dans la petite forteresse de Theresienstadt. Le texte indique en allemand « Le travail rend libre ».

Histoire Présentation Le 10 juin 1940, la Gestapo prend le contrôle de Theresienstadt et installe une prison dans la Kleine Festung (petite forteresse). Le 24 Type Camp de transit, camp de 1 octobre 1941, le site est transformé en camp de transit pour les Juifs tchèques avant la déportation à l'Est . En même temps, concentration 2 Theresienstadt devient un ghetto pour les Juifs allemands et autrichiens âgés ou célèbres . Pour le monde extérieur, Theresienstadt est Gestion présenté par les nazis comme une colonie juive modèle. Mais à l'intérieur, il s'agit d'un camp de concentration. Un grand nombre de Juifs Dirigé par provenant de Tchécoslovaquie, environ 7 000, sont notamment enfermés à Theresienstadt. Des dizaines de milliers de personnes y périrent, certaines assassinées, d'autres sont mortes de malnutrition et de maladie. Plus de 150 000 personnes, y compris des dizaines de milliers d'enfants y ont été détenues avant d'être transportées par chemin de fer vers les Victimes 3 camps d'extermination de Treblinka et Auschwitz ainsi que vers des camps plus petits . La gestion au quotidien du camp était confiée à Géographie un conseil des anciens, composé au départ de membres de la communauté juive de , la Jüdische Kultusgemeinde (JKG), puis Pays République tchèque élargie ensuite à des responsables juifs de Berlin et Vienne. Ce conseil avait la lourde responsabilité de désigner ceux qui allaient être 4 exterminés . Localité Terezín Coordonnées 50° 30′ 49″ nord, Le 3 mai 1945, le contrôle du camp est transféré par les Allemands à la Croix-Rouge. Le maquis tchèque pénètre en premier à 14° 09′ 53″ est Theresienstadt suivi par L'Armée rouge quelques jours plus tard, le 8 mai 1945. Des actes de vengeance tolérés par les autorités 5 Géolocalisation sur la carte : République tchèque soviétiques, sont commis par des survivants contre d'ex-Kapos, mais aussi des civils allemands . Theresienstadt devient un camp de détention de ceux-ci, dans le cadre de l'internement des Allemands des Sudètes. Les conditions de détention y sont décrites par les 6 témoins comme similaires à celles auparavant imposées par les nazis à leurs propres victimes . Dans le même temps, certains des 7 survivants juifs de Theresienstadt, lors de leur retour vers la Pologne, sont témoins ou victimes de l'antisémitisme polonais .

Population

La fonction de Theresienstadt évolue rapidement après que Joseph Goebbels et Reinhard Heydrich prennent conscience que la disparition de certains Juifs renommés, ou Prominenten, (artistes, savants, décorés ou mutilés de la Première Guerre mondiale) ne manquerait pas de susciter des questions quant au sort réservé au peuple juif tout entier. C’est le 20 janvier 1942, lors de la conférence de Wannsee, que le double statut de Theresienstadt — camp de transit pour les Juifs du Protectorat de Bohême-Moravie et ghetto pour les Juifs du Reich âgés de plus de 65 ans (Ältersghetto), où ils pourront s’éteindre d’eux-mêmes, et pour les Prominenten —, est officialisé. À partir de 1943, les « cas particuliers » des lois de Nuremberg (mariages mixtes, « demi-Juifs » issus d’un parent non juif, etc.) peuvent y être envoyés. Le camp de Theresienstadt — où la correspondance écrite (courrier) avec l’extérieur sera encouragée tout en étant rigoureusement surveillée, voire manipulée — est donc conçu par Heydrich pour répondre aux interrogations de l’opinion publique sur le traitement des Juifs dans les camps.

Des artistes de premier ordre sont passés par Theresienstadt : écrivains, peintres, scientifiques, juristes, diplomates, musiciens et universitaires. Beaucoup trouvèrent la mort à Auschwitz-Birkenau.

La communauté de Theresienstadt veille à ce que les enfants bénéficient d'une éducation : des classes quotidiennes et des activités sportives sont organisées, le magazine est publié. 15 000 enfants bénéficient de ces mesures. Parmi ceux-ci, à peine 1 100 étaient encore en vie à la fin de la guerre. D'autres estimations font état d'à peine 150 enfants survivants.

Les conditions de vie à Theresienstadt sont extrêmement difficiles. Sur une superficie qui accueillait jusque-là 7 000 Tchèques, environ 50 000 Juifs sont rassemblés. La nourriture est rare : en 1942, environ 16 000 personnes meurent de faim ; parmi elles, Esther Adolphine, une sœur de Sigmund Freud, qui décède le 29 septembre 1942.

En 1943, 500 Juifs du Danemark sont déportés à Theresienstadt, après avoir failli s'enfuir en Suède à l'arrivée des nazis. Cette arrivée de Danois aura une conséquence importante : le gouvernement danois insiste en effet pour que la Croix-Rouge ait accès au ghetto, à l'inverse de la plupart des gouvernements européens, qui ne s'occupent guère du traitement réservé à leurs citoyens juifs.

Personnalités y ayant vécu ou transité Ginette Kolinka 8 Hans Günther Adler , écrivain ("Un voyage") et poète de langue allemande né à Prague. Heinz Alt, compositeur allemand. Karel Ančerl, chef d'orchestre tchéco-canadien. Dina Babbitt, dessinatrice tchèque. , rabbin allemand, érudit et un des chefs du judaïsme progressiste. Joseph Bor, juriste tchèque. Hanna Brady, petite fille tchèque originaire de Nové Město na Moravě, personnage central du livre qui lui a été consacré par Karen Levine (Hana's Suitcase: A True Story, 2002). Georges Chauvin, homme politique français. Robert Dauber, compositeur et violoncelliste. Friedl Dicker-Brandeis, artiste, professeure à Terezin. Viktor Frankl, neurologue et psychiatre, fondateur de la logothérapie. Bedřich Fritta, dessinateur tchèque. Rudolf Gelbard Kurt Gerron, acteur et réalisateur Petr Ginz, jeune dessinateur et écrivain tchèque. Pavel Haas, compositeur tchèque. Milada Horáková, femme politique tchécoslovaque. Regina Jonas, première femme rabbin Ottla Kafka, plus jeune sœur de Franz Kafka. Gideon Klein, compositeur et pianiste tchèque. Ivan Klíma, écrivain tchécoslovaque. Ruth Klüger, universitaire d'origine autrichienne Hans Krása, compositeur tchéco-allemand. André Lemoine résistant français, juge des Sables d'Olonne. Anna Letenská, actrice tchécoslovaque. Marceline Loridan-Ivens, cinéaste française. Léon Meyer, homme politique français Františka Plamínková, femme politique tchécoslovaque. Sam Ringer, dessinateur, pour lequel c'est en 1945 le huitième camp d'internement. Il sera le père de Catherine Ringer. Coco Schumann, jazzman et guitariste allemand. Alice Sommer Herz, pianiste tchèque, la survivante la plus âgée de la Shoah (décédée en février 2014, à 110 ans) Anne-Lise Stern, psychanalyste française. Viktor Ullmann, pianiste et compositeur tchèque. Hans Winterberg, compositeur allemand d'origine tchèque. Ilse Weber, écrivaine tchèque. Helga Hošková-Weissová, artiste peintre tchèque. Son journal illustré, tenu en tant qu'enfant à Theresienstadt, a été traduit en français par Erika Abrams : Le journal d’Helga, (Belfond, 2015). 9 Felice Schragenheim, Juive allemande, amante d'Elisabeth Wust (dite Lilly), épouse d'un soldat de la .

Personnalités y étant décédées

Clara Arnheim, peintre allemande ; Elkan Bauer, compositeur autrichien ; Otto Blumenthal, mathématicien allemand ; Robert Desnos, poète français ; les cousins Alfred et Gustav Flatow, champions olympiques allemands ; Hanuš Hachenburg (it), enfant poète et écrivain, l'un des rédacteurs de Vedem Jacobus Henricus Kann, banquier néerlandais ; Rudolf Karel, compositeur tchèque ; Joseph Kerebel, prêtre français et résistant ; Augusta Van Pels, habitante de la même annexe qu'Anne Frank ; Georg Pick, mathématicien autrichien ; Isidor Izaak Sadger, psychiatre et psychanalyste autrichien ; Grete Schmahl-Wolf, écrivain ; Mathilde Sussin, actrice autrichienne ; Siegfried Translateur, compositeur allemand.

Un instrument de propagande

Les nazis autorisent la visite de la Croix-Rouge pour faire pièce aux rumeurs à propos des camps d'extermination. Pour minimiser l'apparence de surpopulation, un grand nombre de Juifs sont déportés à Auschwitz. Les façades sont repeintes, le café est redécoré, de faux magasins sont achalandés pour donner l'impression d'un confort relatif. Les Danois à qui la Croix-Rouge rend visite 10 sont installés dans des pièces fraîchement repeintes. Jamais plus de trois personnes n'y vivent. Les invités assistent à la représentation d'un opéra pour enfants, .

Maurice Rossel, l'envoyé du CICR en juin 1944, est complètement mystifié. a réalisé en 1997 un documentaire, titré Un vivant qui passe, qui utilise une interview accordée en 1979 par : il y décrit le camp de son point de vue, tel qu'il lui sera présenté par la mise en scène des nazis.

La supercherie des nazis est un tel succès qu'un film de propagande est tourné (Der Führer schenkt den Juden eine Stadt - Le Führer donne une ville aux Juifs). Le tournage démarre le 26 février 1944 sous la direction de Kurt Gerron, un réalisateur, artiste de cabaret et acteur, qui était apparu avec Marlene Dietrich dans L'Ange bleu. On y voit notamment le chef d'orchestre déporté Karel Ančerl y diriger une œuvre du compositeur Pavel Haas, déporté lui aussi. Après le film, la plupart des acteurs et des membres de l'équipe, y compris le réalisateur, sont déportés à Auschwitz. Gerron et sa femme sont gazés le 28 octobre 1944. Le film n'a jamais été diffusé à l'époque, mais découpé en petits morceaux destinés à la propagande ; seuls quelques fragments subsistent 11 aujourd'hui. Souvent intitulé Le Führer donne un village aux Juifs, son titre est en fait Theresienstadt. Ein Dokumentarfilm aus dem jüdischen Siedlungsgebiet .

Statistiques Environ 144 000 personnes ont été déportées à Theresienstadt. Un quart d'entre elles, 33 000, mourut sur place, principalement à cause des conditions de vie (famine, maladies, épidémie de typhus à la fin de la guerre). 88 000 Juifs furent déportés à Auschwitz et dans les autres camps d'extermination. À la fin de la guerre, on dénombrait à peine 19 000 survivants.

Annexes

Bibliographie Sur les autres projets Wikimedia : Konzentrationslager Theresienstadt (https://commo Bruno Giner, Survivre et mourir en musique dans les camps nazis, Berg International, coll. « Détours », 2011, 220 p. (ISBN 978-2-917-19139-2, OCLC 721819255 (https://worldcat.org/oclc/721819255&lang=fr)). ns.wikimedia.org/wiki/Konzentrationslager_Theresi Claude Lanzmann, Un vivant qui passe : Auschwitz 1943 - Theresienstadt 1944, Gallimard, coll. « Folio » enstadt?uselang=fr), sur Wikimedia Commons (no 5579), 2013, 80 p. (ISBN 978-2-070-45261-3, OCLC 866827190 (https://worldcat.org/oclc/866827190&lang=fr), notice BnF no FRBNF43698777 (https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb436987777.public)). Keith Lowe (trad. Johan Frederik Hel Guedj), L'Europe Barbare : 1945-1950, Perrin, 2013, 488 p. (ISBN 978-2-262-03776-5, OCLC 843382483 (https://worldcat.org/oclc/843382483&lang=fr)). Antoine Choplin, Une forêt d'arbres creux, Lyon, La Fosse aux ours, 2015, 115 p. (ISBN 978-2-357-07065-3, OCLC 927163804 (https://worldcat.org/oclc/927163804&lang=fr)). J. Karas, La Musique à Terezin, Gallimard, 1993.

Filmographie

Marvin J. Chomsky, Holocauste (mini-série), 1978 (quelques scènes se déroulent à Theresienstadt) Claude Lanzmann, Le Dernier des injustes, 2013 Claude Lanzmann, Les Quatre Sœurs, 2017 (témoignage de Ruth Elias, dans le premier film Le Serment d'Hippocrate) Dan Curtis, War and remembrance, mini série américaine en 12 épisodes (1988-1989), d'après le livre du même nom de Herman Wouk qui participa à l'écriture du scénario. Plus du tiers du film se déroule dans le ghetto. Le film n'a jamais été diffusé à la télévision française. Baptiste Cogitore, Le Fantôme de Theresienstadt, 2019 (documentaire sur Hanus Hachenburg, jeune poète tchèque interné à Theresienstadt) www.sanchoetcompagnie.fr

Articles connexes

Tchécoslovaquie pendant la Seconde Guerre mondiale Liste des camps de concentration nazis

Liens externes

Article sur Theresienstadt et la vie musicale (http://holocaustmusic.ort.org/fr/places/theresienstadt/), sur Musique et Shoah, holocaustmusic.ort.org/fr « Terezin (Theresienstadt) » (http://www.ushmm.org/wlc/fr/article.php?ModuleId=175), sur Encyclopédie multimédia de la Shoah (consulté le 5 février 2015) " Terminus Terezin " (http://opac.kbr.be/index.php?P0=QFICCAT&NR=&ALL=0&AA=+Zoek+&PAG=&BGSTR=&BBTEL=&HOSTNAME=&PW=&PINITP=0&P04100=&P071 00=&P07000=&P08100=&PDB=&BN=&HIDFILTER=&HIDSRTORD=&HIDSRT=&lang=FR&sd=0&select%5B%5D=P00000&searchfield%5B%5D=PIERRE+BELEN&selec t%5B%5D=P01000&searchfield%5B%5D=VIVIANE+DENIS&select%5B%5D=P03000&searchfield%5B%5D=TERMINUS+TEREZIN&P08200=BB) à Bibliothèque Royale de Belgique (https://www.kbr.be/fr/librarium) (en) Terezín Memorial (http://www.pamatnik-terezin.cz/en?lang=en) (en) Terezín Initiative Institute (http://www.terezinstudies.cz/eng/main) Alain Lompech, « Terezin chantait » (https://www.lemonde.fr/culture/article/2005/05/06/terezin-chantait_647082_3246.html), sur Le Monde, 6 mai 2005 (consulté le 5 février 2015) Élise Petit : Musique, religion et résistance à Theresienstadt (http://www.musicologie.org/publirem/petit_elise_musique_religion.html)

Notes et références

1. Georges Bensoussan (dir.), Jean-Marc Dreyfus (dir.), Édouard Husson (dir.) et al., 7. Lowe 2013 [EPUB] emplacement 4800 sur 13628. Dictionnaire de la Shoah, Paris, Larousse, coll. « À présent », 2009, 638 p. 8. (en) Hans Günther Adler (ISBN 978-2-035-83781-3), p. 541 9. Lorraine Millot, « Elisabeth Wust, 85 ans. Mariée à un nazi ordinaire, puis 2. Dictionnaire de la Shoah, p. 541 amoureuse d'une juive morte en camp qu'elle célèbre dans «Aimée et Jaguar». A 3. (en) « Chronicle PROLOGUE: Roots of the Holocaust, page 282 » Felice. », Libération.fr, 5 février 1999 (lire en ligne (http://www.liberation.fr/portrait/1 (http://www.holocaustchronicle.org/StaticPages/282.html), sur 999/02/05/elisabeth-wust-85-ans-mariee-a-un-nazi-ordinaire-puis-amoureuse-d-une www.holocaustchronicle.org (consulté le 9 avril 2018) -juive-morte-en-camp-qu-elle-ce_264191), consulté le 9 avril 2018) 4. Thomas Nagel, La double peine des juifs de Theresienstadt, in Books, no 88, mars- 10. Sylvie Lindeperg, « Les fantômes de Terezin » (https://www.lhistoire.fr/les-fantômes avril 2018, p. 56-61 (article paru initialement dans The New York Review of Books -de-terezin), L'Histoire n°456, février 2019, p. 74-79. le 28 septembre 2017, traduit pour Books par Alexandre Lévy. 11. « Extrait du film nazi » (https://www.youtube.com/watch?v=aYzO9KCKjzs), sur 5. Lowe 2013 [EPUB] emplacements 3184, 2154, 2193, 4361 sur 13628. YouTube 6. Lowe 2013 [EPUB] emplacement 3184 sur 13628.

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