Le Bassin D'ambalavao
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b) Sêrie remestriotle : - Gkhgie LE BASSIN D'AMBÂLAVAO INFLUENCE URBAINE ET ÉVOLUTION DES CAMPAGNES (sud Betsileo Madagascar) TRAVAUX ET DOCUMENTS DE L’O.R.S.T.0.M. No 33 Michel PORTAIS Géographe de L’O.R.S.T.O.M., LE BASSIN D’AMBALAVAO INFLUENCE URBAINE ET ÉVOLUTION DES CAMPAGNES (sud Betsileo Madagascar) 0. R. S.T. 0. M. PARIS 1974 . « La loi du 11 mars 1957 n’autorisant, aux termes des alin&as 2 et 3 de l’article 41, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une uti- lisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute reprkentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (alinéa 1” de l’article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code Pénal ». ..,...,... @ O.R.S.T.O.M. 1974 ISBN 2-7099-0330-X Avant-propos L’étude que nous présentons ,ici est le résultat d’un travail effectué au cours de notre premier séjour à Madagascar en 1969 et 1970. Elle a été réalisée sous la direction scientifique et avec les conseils de M. le Professeur J. DELVERT, de l’université de Paris-IV. Nous avons également largement bénéficié de ceux de M. le Professeur G. SAUTTER président du Comité Technique de Géographie de l’O.R.S.T.O.M. Avant d’en exposer les résultats, qu’il nous soit permis de les remercier très sincère- ment ainsi que : - M. Kléber RAKOTONIAINA, notre assistant malgache dont la conscience profes- sionnelle et la bonne humeur ont été constantes et qui a mené à bien des enquêtes souvent délicates. - Les paysans du Bassin d’Ambalavao qui ont toujours répondu de bonne grâce à nos questions et qui ont montré pour nous un sens parfait de l’hospitalité. Nous pensons spécialement à M. RAHOVALAHY Albert, notable du village d’Ambalafananarana, - Les autorités et personnalités d’hmbalavao qui nous ont toujours assisté au mieux de leurs possibilités, et spécialement les directeurs et enseignants des écoles secondaires. - M. Justin RABEMANANTSOA, dessinateur de la Section de Géographie du Centre O.R.S.T.O.M. de Tananarive. - Nos collègues de la Section de Géographie, et spécialement M. Jean-Pierre RAISON dont les conseils, à chaque période décisive de notre travail, ont été particulièrement précieux. Cet ouvrage a fait l’objet d’une thèse de 3e cycle, soutenue le 6 Février 1971. U.E.R. de Géographie, Université de Paris IV-Sorbonne. VIII AVANT-PROPOS - Route revëtue Praticable - Route non rrvëtw 1 touta l’annEc ) JI Fig. 1. - Carte de localisation. Introduction L’évolution actuelle des campagnes d’Afrique Noire et de Madagascar est le résultat du contact entre les civilisation traditionnelles de ces régions, presque exclusive- ment rurales, et la civilisation avant tout urbaine qu’ont apportée avec eux les colonisateurs de l’Europe occidentale. Cette évolution est donc principalement le résultat de contacts entre des villes et des campagnes. Ce sont ces contacts qui ont fait naître de nouveaux besoins dans le monde rural, parfois imposés, comme l’argent qu’il fallait trouver pour payer l’impôt, le plus souvent suggérés, comme les besoins en biens de consommation ou ceux d’ordre culturel. La création de besoins nouveaux, quelle qu’en soit la nature est en effet la source de toute évolution. L’organisation de l’espace n’est que la traduction géographique, à la suite d’une certaine évolution historique, de l’organisation d’une société cherchant à répondre à ses besoins. Lorsque ceux-ci se modifient ou que de nouveaux apparaissent, cette organisation peut être amenée à se transformer. Les contacts entre villes et campagnes, dans les régions qui nous préoccupent, doivent donc être parmi les facteurs les plus importants de changement dans l’organisa- tion de l’espace et, à ce titre, intéresser directement le géographe. La volonté de diffuser l’infrastructure administrative, les services sanitaires et scolaires, et de faire pénétrer l’économie monétaire auprès de toutes les populations rurales ont été et sont encore à l’heure actuelle, en Afrique Noire et à Madagascar, à l’origine de la multiplication de petites villes. Si l’on a relativement souvent étudié le rôle des grands centres africains et certains des aspects de leurs contacts avec les campagnes, en particulier c.eux concernant leur approvisionnement vivrier et leur rôle attractif sur les populations de Gbrousse D, plus rares ont été les études portant sur l’influence de ces petites villes. Or, par suite de leur multiplication, c’est finalement par l’intermédiaire des petits centres que la majorité des ruraux sont à l’heure actuelle en contact avec le fait urbain. Ainsi, à Madagascar, les sous-préfectures ayant pour chef-lieu 2 MICHEL PORTAIS une ville de 5.000 à 25.000 habitants sont peuplées de 3.200.000 ruraux, alors que celles qui ont pour chef-lieu une ville dépassant 25.000 habitants ne comptent que 850.000 ruraux. Or, le chef-lieu de sous-préfecture concentre pratiquement toutes les fonctions urbaines dont le paysan peut avoir besoin, tant sur le plan administratif que wolaire ou commercial. Notre étude du Bassin d’Ambalavao a donc tout d’abord été entreprise dans une optique bien déterminée : évaluer l’influence d’une petite ville sur son environnement rural. La région étudiée, peuplée d’environ 45.000 habitants et qui, grâc.e à son cadre physique bien individualisé et à l’homogénéité relative de sa population forme une petite unité bien définie, était en 1815, lors de la conquête du roi de Tananarive Radama Ier, une région purement rurale, peuplée de paysans Betsileo. Au cours du XIX~ siècle, les Merina y installèrent leur domination en faisant d’Ambohimandroso, village fortifié, un petit centre militaire et commercial qui devint bientôt un centre d’évangélisation. Mais vers 1865, ce centre ne comptait guère que 150 cases. Peu après la conquête française, le site d’Ambohimandroso fut abandonné et Ambalavao devint chef-lieu de district. La croissance de la ville fut lente, mais régulière de 1900 à nos jours. Bien que de création doublement extérieure - merina et française - le fait urbain a toujours été ici intimement lié à son environnement, et presque tous les faits qui ont marqué sa croissance ont eu pour fondement une action sur le milieu rural. Au départ, le but de l’administration était d’assurer une présence, une sécurité du milieu, d’y lever un impôt, d’y faire pénétrer le commerce et l’argent. Les missions et les écoles, dont le point de rayonnement était la ville, avaient un message à faire pénétrer dans les campagnes. Les artisans installés à Ambalavao travaillent depuis toujours les productions des villages environnants, et les quelques petites industries qui s’y sont installées, comme la manufacture de tabac, ne transforment elles aussi que les matières premières venues du milieu rural. Le commerce s’alimentait lui-même en achetant les productions paysannes et, amenant de l’argent, pouvait proposer aux ruraux ses produits manu- fac.turés. Enfin, les facteurs les plus récents de l’expansion urbaine, d’origine administra- tive, ont pour but la diffusion de techniques et de cultures nouvelles dans les campagnes par la vulgarisation agricole et l’animation rurale. Ainsi, parler de fonctions urbaines, à Ambalavao, c’est presque toujours faire allusion à des faits directement en rapport avec le milieu rural. Au fur et à mesure de la réalisation de notre travail, et principalement dans la phase de dépouillement des résultats et de rédaction, il nous est apparu qu’à côté de l’influence directe de la petite ville qui nous a toujours semblé réelle et importante, nous ren- r.ontrions certaines innovations, comme l’introduction de la culture attelée, -pour lesquelles l’influence réelle d’Ambalavao n’était pas évidente. La question n’était-elle pas plutôt de déterminer dans l’évolution des campagnes la part de l’influence urbaine et la part des conditions naturelles et des conditions d’aménagement traditionnel des terroirs ? En fait cette opposition n’est pas valable, car l’influence urbaine est dynamique alors que les conditions naturelles et d’aménagement traditionnel sont structurelles et statiques. La réalité est qu’il existe un dynamisme des innovations qui doit entraîner des changements dans l’organisation de l’espace. Les facteurs naturels et l’organisation traditionnelle des terroirs sont les conditions dans lesquelles s’exerce ce dynamisme, INTRODUCTION 3 qui y rencontrent des obstacles plus ou moins importants, plus ou moins surmontables, ou au contraire des facilités. Mais si ce dynamisme des innovations n’a pas son unique origine dans la petite ville d’ambalavao, il l’a en réalité dans un processus général de diffusion géographique des innovations, des valeurs, des comportements, des organisations et des institutions urbaines, qui est la définition de ce que J. FRIEDMANN (1) appelle Gl’urbanisation B )) par opposition à une o urbanisation A u qui serait purement o la concentration géo- graphique de population et d’activités non agricoles dans un milieu urbain de formé et de taille variables 8. En fait, ce n’est pas à la simple influence d’hmbalavao que l’on doit le dynamisme des innovations dans les campagnes du Bassin et l’évolution de l’organisation de l’espace qui en résulte, mais au processus général (Cd’urbanisation B 1) dont la force initiale se trouve en un ou plusieurs centres d’émergence des innovations, Tananarive principale- ment, et dont la petite ville d’Ambalavao ne constitue que le relais local.