Construction - Reconstruction Identitaire Dans Le Discours Des Pieds-Noirs : Étude De Cas Catherine Gomez-Bellomia
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Construction - reconstruction identitaire dans le discours des Pieds-noirs : étude de cas Catherine Gomez-Bellomia To cite this version: Catherine Gomez-Bellomia. Construction - reconstruction identitaire dans le discours des Pieds- noirs : étude de cas. Linguistique. Université d’Avignon, 2009. Français. NNT : 2009AVIG1080. tel-00466559 HAL Id: tel-00466559 https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00466559 Submitted on 24 Mar 2010 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. ACADÉMIE D’AIX-MARSEILLE UNIVERSITÉ D’AVIGNON THÈSE présentée pour obtenir le grade de Docteur de l’Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse Spécialité : Sciences du langage : linguistique et phonétique générale CONSTRUCTION / RECONSTRUCTION IDENTITAIRE DANS LE DISCOURS DES PIEDS-NOIRS : ÉTUDE DE CAS volume 1 Catherine GOMEZ-BELLOMIA Décembre 2009 M. Patrice BRASSEUR, professeur à l’Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse, Directeur de thèse Mme Claudine MOÏSE, maître de conférences à l’Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse Madame Marielle RISPAIL, professeur à l’Université Jean Monnet, St-Étienne Monsieur Paul SIBLOT, professeur émérite à l’Université Paul Valéry, Montpellier III École doctorale Arts, lettres, langues (ED 354) 2 A ma grand-mère. 3 REMERCIEMENTS Je tiens tout d’abord à adresser mes plus sincères remerciements au directeur de cette thèse, M. Patrice BRASSEUR, pour avoir accepté de diriger mon travail. Ses précieux conseils, ses encouragements et sa disponibilité m’auront assurément permis de mener ce travail à son terme. Je remercie également les informateurs de mon corpus, qui m’ont chaleureusement et généreusement ouvert leur porte et leurs souvenirs, même si parfois certaines évocations furent douloureuses. Sans eux, ce travail n’aurait pas lieu d’être. Toute ma gratitude va vers les personnes qui m’ont encouragée et supportée, en particulier Angélique, Julie, Eric, Isabelle, Nicolas, Sandra, Lionel, Guillaume, Léo, Matthieu et bien sûr ma mère. Merci à Georges pour sa confiance, son écoute et sa patience, ainsi que pour son regard critique. Toute ma reconnaissance va également vers Yvelise qui m’a permis de perfectionner mon travail et d’éviter bien des erreurs. Je remercie également Timothé, Théophile et Rebecca qui ont gentiment et patiemment accepté que leur maman sacrifie autant de temps pour son travail…Un immense merci à Etienne qui a cru en moi et a su me redonner confiance lorsque je me perdais dans le flot des analyses et des traitements de données, l’auditeur silencieux de tous mes doutes… Une pensée enfin pour ma grand-mère et pour mon père, qui sont, en quelque sorte, à l’origine de ce travail. 4 INTRODUCTION La question de l’identité pied-noir L’identité implique un certain nombre de processus qui concernent autant l’individu que le groupe d’appartenance. Pour pouvoir se construire, elle doit traverser de nombreuses phases qui commencent à la naissance et se terminent à la mort de l’individu. De ce fait, aborder le thème de l’identité, c’est ouvrir un vaste champ de réflexion. Notre objet d’étude porte sur l’identité, en particulier celle d’une communauté qui s’éteint peu à peu : les Pieds-noirs, originellement appelés les Français d’Algérie. Les membres de cette communauté ont dû faire face à des épreuves qui ont remis en cause une partie considérable de leur identité. En effet, ceux-ci ont considéré l’Algérie comme leur propre pays, en se basant sur deux paramètres fondamentaux : 1) leur naissance sur le sol algérien ; 2) l’histoire de leurs aïeux. Après plus d’un siècle de présence coloniale, ils ont pourtant été contraints d’abandonner « leur » pays, de quitter « leurs » racines, de renoncer à « leur » vie. L’expérience douloureuse du déracinement n’est pas sans conséquences sur l’identité : elle la modifie ou elle la brise. C’est ainsi que se produit la crise identitaire. A cette crise succède le temps de la reconstruction, qui peut s’opérer par différents moyens. Dans le cadre de notre étude, nous avons choisi d’analyser la reconstruction identitaire par le langage, c’est-à-dire que nous considérons que l’interaction verbale peut constituer l’un des outils de reconstruction identitaire. Le champ d’étude Pour mener à bien notre travail, nous avons délimité notre champ de recherche à partir de critères précis. Tout d’abord, nous avons sélectionné nos informateurs en fonction de leur origine géographique : notre échantillon se compose d’individus nés et ayant vécu en Algérie. En effet, seul ce pays de l’Afrique du nord était une colonie, contrairement à la Tunisie, par exemple, qui était un protectorat. Les Français d’Algérie étaient donc de « véritables » Français, résidant dans un département attaché à la métropole. Ce point est essentiel dans l’image que nos informateurs ont d’eux-mêmes : ils revendiquent leur nationalité française, au-delà de leurs origines européennes (italiennes, espagnoles, etc.). 5 Notre second critère concerne également l’origine géographique des informateurs : nous avons interviewé des locuteurs ayant résidé dans des villes différentes : Oran, Alger, Bône, Arzew, Tiaret. Ce facteur nous semblait fondamental pour pouvoir procéder à une étude comparative, afin de vérifier l’une de nos hypothèses de départ (que nous exposons un peu plus loin). Ces différences d’origine apportent à notre corpus une certaine hétérogénéité, qui favorise les analyses comparatives. Enfin, nous avons décidé de n’interroger que des Pieds-noirs qui étaient adultes au moment du rapatriement, afin de recueillir des récits de vie significatifs pour notre analyse. En effet, il nous était nécessaire d’entendre les témoignages de personnes ayant des souvenirs précis de leur aventure algérienne. Cela nous permettait d’étudier les processus identitaires à travers les discours des locuteurs. De ce fait, notre corpus est composé d’entretiens dont les locuteurs sont âgés en moyenne de 70 ans au moment de l’enquête. La population pied-noir vieillissant, notre motivation n’en était que plus grande : nous considérions que mener cette enquête constituait un privilège car, avec la disparition des derniers Pieds-noirs, c’est toute une partie de l’histoire coloniale de la France qui s’évanouit. En outre, l’exploitation des récits de vie de nos informateurs constituait un enjeu considérable pour notre étude car, étant donné leur âge avancé et le recul qu’ils avaient pris par rapport aux événements, ils étaient en mesure de nous faire part un point de vue relativement détaché et objectif sur leur parcours ainsi que leur situation actuelle. Il est évident que nous avons dû procéder à une interprétation des données, c’est-à-dire chercher dans le dit et le non-dit les traces de l’évolution de leur identité. De ce fait, l’étude que nous proposons contient une dimension inévitablement partiale et subjective, malgré nos efforts pour adopter et maintenir une conduite d’analyste. Des motivations personnelles accueillies favorablement Notre démarche répond initialement à une motivation personnelle. En effet, étant descendante de Pieds-noirs, nous nous sentions directement concernée par l’histoire de la colonisation de l’Algérie. Les nombreuses interrogations suscitées par les zones d’ombre, les tabous, les douleurs que nous avons remarquées dans notre entourage ont engendré une curiosité croissante ainsi que le besoin de découvrir une histoire collective. Toutefois, comme 6 nous l’avons signalé plus haut, nous avons tenté de privilégier notre position d’analyste et de conserver le plus d’objectivité possible. Cet effort fut appuyé par le sentiment de ne pas appartenir à la première génération de Pieds-noirs, mais de n’en être que le prolongement. Les différents informateurs que nous avons contactés pour notre enquête ont accueilli notre projet de manière très favorable. Ils se sont volontiers prêtés au jeu de l’interview et ont fait preuve d’une grande amabilité doublée d’une générosité considérable, tant au niveau des informations fournies que des émotions partagées. Un climat de confiance s’est installé dès le début de l’interview et a perduré tout au long de l’interaction. Il nous semble que deux raisons sous-tendent l’accueil favorable dont nous avons bénéficié. D’une part, le fait de nous être présentée comme une descendante de Pieds-noirs a permis de faire tomber les barrières de la méfiance, les informateurs ont eu le sentiment de se trouver face à une personne « de la famille ». Il est évident que nos origines, annoncées dès la prise de contact, ont favorisé cet accueil chaleureux. En effet, nous supposons que nos informateurs se sont sentis écoutés, compris et reconnus. De ce fait, certains d’entre eux n’ont pas hésité à nous faire part d’anecdotes et d’opinions très personnelles, parfois intimes. Ceci a considérablement servi notre étude, dans la mesure où les informateurs se sont ouverts à nous avec authenticité et sincérité. D’autre part, ces entretiens représentaient pour eux l’occasion de parler de leur vie, de partager leurs expériences, de revendiquer leur appartenance légitime à la France, de dénoncer des injustices, etc. Il s’agissait donc de faire valoir leur histoire personnelle et de contribuer au rétablissement de leur « vérité ». Pour certains informateurs, notre travail sur l’identité constituait le moyen d’affirmer leur légitimité par divers procédés d’autojustification et de stratégies identitaires. Pour mener notre enquête, nous avions le choix entre différentes méthodes de recueil des informations : le questionnaire, l’entretien non-directif et l’entretien semi-directif.