Cercle De Nouna, Haute-Volta)
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LE CHAMP SPATIAL MOSSI DANS LES PAYS DU VOUN-HOU ET DE LA VOLTA NOIRE (Cercle de Nouna, Haute-Volta) Michel BENOIT RÉSUMÉ résistance locale ?) constituât un sujet de réflexion intéressant en soi, nous ne l’avons pas traité. Les quel- Depuis 1965 environ, une nouvelle vague de peuple- ques remarques suivantes, ainsi que les cartes 1 à 4, mertt venue du pays nzossi concerne le cercle de Nouna ont surtout pour but de situer la zone d’étude à l’in- et surtout le pala bwa de dialectes pwesya et nahatusyo, térieur du cercle de Nouna. localisé sur la rive gauche de la Volta Noire et de part et d’autre du Voun-Hou. Le champ spatial dérivé de cette immigration est Chronologie de l’immigration Mossi dans le cercle replacé dans le contexte géographique régional bwa. II est finalemei~t interprété comme une résultante Les archives administratives (1) et les cahiers de recensement anciens (nous avons pu retrouver ceux issue de trois composantes : des recensements de 1958 pour certains cantons) - le $ux migratoire, permettent de mesurer approximativement la progres- - l’existence de besohs spécifiques, nés de la Culture sion des effectifs : ntossi et d’une certaine insatisfaction des kdividus, - la mutation de la matrice régionale bwa, libérant Année Population Source des types de contextes accessibles aux immigrés. mossi 1934 archives 1937 700 archives Introduction 1939 1 500 archives 1948 5500 archives 1949 5 500 archives Le choix du cercle de Nouna en vue d’une étude des 1951 5 500 archives espaces agraires dérivés de l’immigration mossi a été 1952 7000 archives fait a priori en fonction d’une répartition zonale du 1955 7 500 archives 1956 8 000 archives travail entre les différents membres d’une équipe de 1960 8 000 (2) archives géographes devant étudier les aires de colonisation 1969 10000 cahiers de recensement agricole mossi en Haute-Volta, à charge pour chacun 1971 15 000 (3) cahiers de recensement de localiser ses investigations à l’intérieur de la zone 1972 17 000 extrapolation impartie. De fait, certains « pays » du cercle n’ont pratique- (1) Des cercles de Dédougou et Nouna. ment jamais été concernés par l’installation d’un peu- (2) Soit 6,6 % de la population totale du cercle. plement mossi. Bien que ce refus objectif (ou cette (3) Soit 10 % de la population totale du cercle. Cak. ORSTOM, sér. Sci. Hum., vol. X, no 1 - 1973 : 115-137. 116 M. BENOIT 0 . OUAGA~UGOU KoudwçcW 1 CARTE 1. - Situation du cercle de Nouna et de la zone d’étude 1 - Limite du pays mossi. 4 - Limite du cercle de Nouna. 2 - Principales aires de colonisation anciennes ou actuelles. 5 - Limite des deux groupes bwa : Nahatusyo et Pwesya (cf: carte no 12). 3 - Frontière Haute-Volta-Mali. 6 - Principaux axes de mise en place des villages de colonisation. Remar’que : 1 - Les cercles representent l’effectif des familles immigrées dans le cercle de Nouna à l’exclusion des familles mossi s’étant déplacées à l’intérieur du cercle. II - L’enquête a porté sur un tiers environ des villages mossi du cercle (tirage aléatoire). Cah. ORSTOM, sér. Sci. Hum., vol. X, IP 1- 1973 : 115-137. LE CHAMP SPATIAL MOSSI 117 soit 2 300 familles « administratives » ce qui corres- - La deilxième phase de fondation de village : pond à un effectif réel de 2 500 environ. Elle commence vers 1965 et intéresse toute la vallée Le canton de Fo (au sud du cercle) compte actuelle- de la Volta et le glacis du plateau méridional alors que ment 2 000 Mossi recensés, d’installation récente les effectifs des,petits établissementsdu plateau restent (cf. carte 3). stables. - La phase de peuplement dlj%s (nord et centre du Coïncidant avec un abandon des villages nés de la cercle) : première phase, la vague actuelle de peuplement est quantitativement plus importante. Son aspect est Jusqu’en 1940-1945, l’immigration se caractérise celui d’un véritable front pionnier qui dépasse les par l’installation de groupes de très petite taille (1-3 limites du cercle pour atteindre actuellement la latitude familles) qui trouvent asile auprès des communautés de Bobo-Dioulasso (cJ: carte 1). bwa, marka et foulbé de la moitié nord du cercle. Ce premier contact des Mossi avec la région est très souple. Il se caractérise par une grande mobilité qui n’est pas incompatible avec un désir d’intégration Le choix de la zone d’étude justifié par la faiblesse des effectifs. Compte tenu de ces quelques éléments, nous avons L’immigration restera à ce stade dans le pays de localisé la zone d’étude de façon à couvrir au mieux Djibasso et le Gondo à l’exception des environs de les villages issus des deux phases de peuplement, Barani où les colons obtenaient assezfacilement de la en négligeant les aires d’installation diffuse du nord terre en se plaçant comme serviteurs chez les Foulbé. (Djibasso-Gondo) et du plateau méridional. A la fin des années 30 les plus gros effectifs villa- Ne pouvant pas étudier l’ensemble des zones de geois sont : colonisation effective du cercle, nous nous sommes Kossoba 359 personnes limité finalement aux territoires bwa de dialectes pwesya et nahatusyo (cf. carte 12) à l’exception de la Koba 194 personnes petite zone excentrique de Toukoro, soit les cantons Yasso 139 personnes (ou parties de cantons) suivants : Dira 67 personnes Subdivision de Nouna : Dessé 40 personnes - Bourasso Torokoto 22 personnes - Dokuy (partie orientale) - La première phase de fondation des villages (cen- - Soin (partie méridionale) tre du cercle) : Subdivision de Solenzo : Certains de ces petits établissements mossi vont connaître une forte croissance entre 1945 et 1955 - Sanaba environ, tels les groupes de villages suivants : - Solenzo (partie septentrionale) (1) Dessé (2) Koba (3) Founa Chaque fois que nous ferons référence à la région, c’est de celle-ci qu’il s’agira. Dira Kossaba Moussakui Yasso (Cf. carte no 16). 1: Nature et dynamique de la matrice régionale Le succès de l’immigration dans la zone centrale coïncidant avec l’échec des tentatives dans le pays du Objet de choix et non facteur de contrainte, le nord peut être interprété comme un choix objectif milieu régional doit être ici considéré comme une intervenant après une phase de prospection. Ces trois mosaïque de contextes plus ou moins attractifs et temps (diffusion, sélection, essorou stagnation localisée) plus ou moins accessibles. se retrouvent dans le sud du cercle (y compris sur le Une partie de l’information utilisée a été photo- plateau) où des familles s’intègrent isolément alors interprétée à l’aide d’une grille : le tiers central de que s’épanouissent de véritables communautés mossi chaque photo a été divisé en 18 carrés d’observation dans le centre. de 24 mm de côté. Une fois réduite, cette grille a servi Cal!. ORSTOM, s&. Sci. HI~., vol. X, no 1 - 1973 : 115-137. PLUVIOSITE: SOURCE AYCNA 25 50 75km - 10 E: ? 1 0 _ OUAHIGOUYA Y, YAK0 6; GOURCI 5: SOLENZO CARTE 2. - Extrait de la carte schématique des régions agricoles (ORSTOM) 1 - Proportion importante de sols lourds à forte capacité Fertilité actuelle moyenne ou faible. Fertilité potentielle d’échange et complexe saturé ou proche de la saturation dépendant en particulier de la maîtrise de l’eau. (sols bruns eutrophes et vertisols). 5 - Sols sableux d’origine éolienne dominants, à vocation pas- Fertilité actuelle moyenne à élevée. Fertilité potentielle mal torale. connue. 2 - Idem mais recouvrement sableux, halomorphie. 6 - Idem à vocation culturale. Fertilité actuelle faibleoumoyenne. Fertilité potentielle élevée. 3 - Forte proportion de sols profonds, à texture moyenne à capacité d’échange faible, à complexe moyennement désaturé 7 - Valeur agricole nulle ou très faible. (sols ferrugineux et sols hydromorphes inondés). Fertilité 8 - Juxtaposition de 3 et 7. actuelle faible. Fertilité potentielle pouvant être élevée en fonction des propriétés physiques du sol. 9 - Limite occidentale du pays mossi. 4 - Sols inondés ou inondables dominants, à texture moyenne ou 10 - Limite du cercle de Nouna. lourde, capacité d’échange et taux de saturation variables. 11 - Isohyéte annuelle moyenne sur 30 ans (en mm). LE CHAMP SPATIAL MOSSI 119 de fond de carte (cJ: carte 5) ce qui explique l’aspect Les sols à hydromorphie permanente n’occupent géométrique de certaines plages. que des surfaces restreintes dans la plaine de Kié. - sols hydromorphes sur matériau argilo-sableux 1.1. LE POTENTIEL AGRICOLE : FERTILITÉ ET PLU- colluvio-alluvial. VIOSITÉ Ils intéressent la plus grande partie de la plaine inférieure du Voun-Hou. La fertilité chimique moyen- 1.1.1. SOIS ne est favorisée par un bon équilibre minéral. La carte 6 regroupe les principales associations - sols hydromorphes vertiques sur alluvions argi- pédologiques (1) de la zone en quatre catégories : leuses ou argilo-sableuses. (1) sols de fertilité potentielle moyenne à bonne. Ils sont localisés sur la moyenne plaine du Voun- Résistance au travail élevée. Hou (coude du Voun Hou et zone de ‘Nouna). Leur fertilité chimique est moyenne à bonne mais les (2) sols de fertilité potentielle médiocre à moyen- facteurs physiques (porosité et stabilité structurale ne, association à sols profonds dominants. Résis- de surface) leur sont défaborables. On peut cependant tance au travail moyenne. les considérer comme ayant de bonnes potentialités (3) sols de fertilité potentielle médiocre à moyenne, agricoles sous réserve de méthodes culturales adé- association à sols peu profonds dominants et à sols quates (billonnage notamment). Ils sont d’ailleurs à aptitudes culturales nulles. Résistance au travail très sollicités. faible. - sols hydromorphes sur matériau limono-argileux (4) lithosols. Aptitudes culturales nulles. à argileux. Ce regroupement a donc tenu compte de la nature, Cette unité correspond à une ancienne surface de la fertilité et de l’aptitude à la mise en valeur par gravillonnaire colmatée dans seszones les plus basses, les techniques locales du sol dominant l’association la présence du Voun-Hou et surtout de la Volta définie par le pédologue et représentée par une seule favorisant une hydromorphie générale.