Au Pays Des Contrastes Et Du Brassage Humain: Toute L'actualité Sur Liberte-Algerie.Com
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
A la une / Reportage Virée dans les monts des Ksour Au pays des contrastes et du brassage humain L’idée d’aller à la découverte de ce vaste territoire de notre beau pays est née depuis la virée de l’été 2005 à l’Est. Cette fois, nous avons mis le cap donc sur les monts des Ksour, le pays de la reine Bent El-Khoss, les fondateurs de grands mouvements soufis en Algérie, les trois grands cheikh, Boussoumghoune, Abdelkader Ben Mohamed et Tidjani Ahmed et le grand résistant Cheikh Bouâmama. Les épopées ne s’arrêtent pas là. Les gens ici évoquent avec fierté qu’un général sanguinaire de l’armée française avait été tué dans les environs de Bérézina. Après l’Indépendance et durant la décennie noire, elle a également donné le meilleur d’elle-même pour la patrie. Tout le monde se remémore le professeur Boukhobza Mohamed, directeur général de l’Institut national des hautes études stratégiques, assassiné lâchement tout au début des années 90 à Alger par les terroristes et leurs commanditaires pour éliminer une éminence grise qui voulait placer l’Algérie dans la bonne direction et lui assurer notamment son indépendance alimentaire. Comme son nom l’indique, “l’homme à la galette”, ce grand théoricien en économie, natif de la ville d’El-Bayadh, a été sans doute inspiré par ces vastes contrées à la vocation pastorale. Lui est parti, mais ses idées et ses écrits demeurent plus que jamais d’actualité. Il était porteur d’un grand projet de société, pour le pays qu’il voulait voir sur l’orbite du progrès et de la modernité. Il y a certainement des trésors cachés dans ce territoire qui ne finit pas d’étonner. De cheikh Bouamama à Feu Boukhobza Le plan de la visite était minutieusement préparé en touchant les principaux sites et cités et de contacter des gens et responsables, en vue d’avoir une idée exhaustive de cette belle région du pays. Avant le départ, il y avait les préjugés et les craintes. Nous quittions la Mitidja et sa région qui croupissait en cette mi-juin sous une chaleur accablante doublée d’un taux d’humidité suffoquant. Après trois heures de route, nous voilà à l’entrée des Hauts-Plateaux d’Aflou, un immense couloir doux et fertile, situé entre les deux hautes chaînes arides et rocailleuses de l’Atlas saharien, menant directement vers El-Bayadh à l’Ouest sur une distance “toute proche” comme on dit en langage local de quelque 260 km seulement. Nous roulons librement sur une route qui a été nouvellement aménagée comme le montre le tapis tout neuf, en respirant un air pur et frais. Le ciel était traversé occasionnellement par des nuages moyens se déplaçant du sud au nord. Une légère brise soufflait. Le thermomètre affichait 26 degrés. Une petite escale à Aflou s’impose, histoire de connaître cette ville qui a inscrit son nom dans les Hauts-Plateaux de par son passé glorieux. Elle est située sur un carrefour important entre El-Bayadh et Laghouat. L’aménagement routier peut l’aider à sortir de son isolement. C’est une ville accueillante qui fera sans doute parler d’elle. Puis nous poursuivons rapidement notre route dans une aisance parfaite. Une année exceptionnelle ! Cette année a été exceptionnelle sur le plan pluviométrique, nous dira par la suite un responsable de l’hydraulique. Il a été enregistré 450 mm de pluviométrie, soit le double de la moyenne. Cela n’a pas été vu depuis une douzaine d’années. Les grands courants d’eau qui, ici, prennent la destination du Sud du fait de la barrière de l’Atlas saharien en allant se déverser vers les grands ergs d’Adrar, ont été beaucoup sollicités. Le barrage de Bérézina, un véritable chef-d’œuvre dans une zone à la porte du Sahara, d’une capacité de 123 millions de m3 destiné à l’irrigation, a sensiblement augmenté son remplissage. Il est destiné à être le poumon des Ksour, à côté des nappes d’eau des grands chotts une ressource non négligeable. La bataille de l’eau, la mère des batailles, peut être remportée et le paysage lunaire transformée en un éden. Cette année, il n’y a pas eu de transhumance vers le Tell vu que tout existe sur place. Aucun mouvement n’a été enregistré, et les éleveurs ont préféré rester sur place en économisant leur force et leur argent. C’est la preuve que tout ce qui se dit sur les éleveurs et les nomades est démenti si les conditions de leur fixation sont réunies nous dira le président de l’Apw, Mohamed Belgourari, qui nous recevra ultérieurement. Au fur à mesure que nous traversons ce long couloir, nous observons la présence notable des habitants qui travaillent leur terre avec la multiplication des haouch en dur, des troupeaux de moutons et de chèvres, des champs de blé et d’orge, des espaces verts irrigués et des points d’eau, ce qui dénote d’un changement dans les mœurs et du retour en force des gens. On nous dira que le terrorisme ici ne les avait pas trop touchés. Toutefois, il avait laissé certaines séquelles vu l’immensité du territoire. La région lui servait surtout de transit entre le Sud et les régions nord. Ici les gens sont foncièrement contre le terrorisme. “Rarement, il a recruté chez nous”, nous dit-on avec fierté. Le même élan de travail et d’animation est ressenti lorsque nous traversons les quelques communes et villages se situant sur l’axe. Sidi Taïfour, la cité aux 300 diplômés universitaires La petite localité de Sidi Taïfour, qui s’était vite débarrassée de ce fléau, totalement étranger aux mœurs de la région, se distingue par le caractère élevé de culture et d’intelligence et le taux de réussite le plus élevé du pays. La note la plus élevée au bac a été réalisée ici par une jeune lycéenne durant l’année écoulée. On y dénombre plus de 300 diplômés universitaires dont la plupart subissent cependant la crise du chômage. Alors ne s’étonne-t-on pas de rencontrer un garde de troupeau parmi eux. Ce ne sont pas les seuls du reste dans la région. Les autres localités se rivalisent entre elles dans l’acquisition du savoir. L’amour pour la culture et la science, c’est sacré. L’on évoque avec fierté et volonté des noms dont ceux qui y reviennent en plus de ceux légendaires, ainsi le très vénéré le penseur Cheikh Bouâmrane, président du HCI, le sage et militant Bessaïeh, président du Sénat, le savant feu Hamza Boubakeur, le chahid Boukhobza, directeur général de l’Institut national des études stratégiques, et des cadres qui ont donné et donnent encore au pays. Le battoum, le meilleur arbre au monde Nous ne pouvons terminer ce premier épisode sans évoquer le barrage vert avec sa ceinture qui accompagne le visiteur sans presque discontinuer tant à gauche qu’à droite jusqu’à l’entrée du chef-lieu et bien au-delà en embellissant le couloir du Haut-Plateau, situé entre deux chaînes rocailleuses à l’aspect lunaire. Cela témoigne du génie de ceux qui l’ont décidé, conçu et réalisé. Aujourd’hui le résultat est là. Toutefois son entretien se pose toujours pour le protéger contre l’agression humaine et animale dont les chenilles aux effets désastreux. De même l’idée de continuer ce travail de titan par son extension et surtout son adaptation par l’introduction d’arbres qui collent au relief et au climat. Selon l’avis des spécialistes, il y en a d’autres comme l’olivier boa qui est très généralisé avec succès dans les pays voisins et surtout le “battoum”, le pistaché de l’Atlas, arbre local qu’on rencontre tant dans le lit et les endroits fertiles que dans la roche et les hauteurs. Le père Rémy, jardinier de métier, installé à Labiodh Sidi Cheikh depuis plus de 40 ans, auquel nous rendons visite par la suite, en devenant citoyen algérien, il s’habillait comme Monsieur tout le monde et parlait également algérien ; attiré par la tolérance des habitants et la beauté du site, il s’étonnait qu’on n’eut pas opté pour cet arbre local, selon lui, le plus beau au monde, au lieu du Pin d’Alep, sujet facile pour les chenilles. 50 000 visiteurs au “Grand Reqb” Déjà on nous annonçait que notre venue coïncide avec la tenue du “Grand Reqb” pour célébrer la “Ouâda”, fête religieuse et populaire traditionnelle de Labiodh Sidi Cheikh, à quelque 140 km au sud du chef-lieu de wilaya. Les organisateurs s’étaient attendus à un afflux massif des fidèles de toutes les wilayas et même de l’étranger avec la présence des invités de marque. Ils avaient avancé le chiffre de 50 000 visiteurs. C’est la grande prière. Mais c’est aussi la fête et les retrouvailles surtout que cette année a été bénie par le ciel grâce à la baraka des cheikh. Tout le monde mangera à sa faim et dormira à l’aise. Prochaine descente, la belle ville d’El-Bayadh terre d’histoire, de culture et de tolérance vous sourit bien. Les frontières se mesurent en dizaines de centaines de kilomètres Pour avoir une idée exacte, il faut avoir à l’esprit que de la frontière de Bougtob, avec la wilaya de Saïda au Nord, au sud de la ville de Bnoud avec la limite de la wilaya d’Adrar au Sud, la distance est aussi lointaine que celle qui sépare la capitale d’Annaba. La largeur n’est pas si moindre en s’étendant sur plus de 300 kilomètres, d’est en ouest de la frontière de Laghouat à celle de Naâma et Béchar.