Amroun L Ksar BEK Ajeau

Algerian Journal of Engineering Architecture and Urbanism Vol.2 Nr.2 2018

Typological affiliation of Bent EL Khass Ksar

Lila AMROUN, Boualem DJEBRI
Received: 28 April 2018• Revised: 29 August 2018 • Accepted: 30 September2018

TYPOLOGICAL AFFILIATION OF BENT EL KHASS KSAR

Lila AMROUN

PHD Student, Dr. Arch., National School of Architecture and Urbanism of Algiers,

E-mail : [email protected]

Boualem DJEBRI

Lecturer, Dr. Ing., National School of Architecture and Urbanism of Algiers,

E-mail : [email protected]

Abstract:

The architectural typology is defined by the membership of a predefined model, governed by a set of common features. In arid and semi-arid environments, it depends on a certain number of criteria which are: social affiliation, geographical area and climate. In order to define the architectural typology of Bent El Khass ksar, in the region of Brezina, a monographic study was carried out according to different approaches: historical to determine its social, architectural membership to understand its spatial organization, and constructive, to try a dating of the built complex. In comparison with the ksour of El Bayadh wilaya, characterized by their residential and vernacular cachet; it was found that Bent El khass ksar had a singular form and spatial organization. This could be translated by a difference in the function that would be other than residential. Perched on top, hidden from view, it integrates perfectly with its immediate environment, to play the role of collective loft, whose typological similarity would be located in the Moroccan region.

Keywords: Earthen architecture, Ksour, typology, Morphology, Ksour mountains, Collective attic

Introduction:

La Wilaya d’El Bayadh, partie intégrante des Monts des Ksour, dispose d’un patrimoine des plus remarquables et d’une richesse historique particulière. Les premiers signes de peuplement remontent à l’époque du néolithique, attesté par la présence de gravures rupestres et différentes formes de sépultures (particulièrement les Djeddar). Sa position géographique, à la lisière du Sahara et à 600km de la capitale (Alger), lui confère une double influence multiculturelle. Architecturalement, elle dispose d’un patrimoine bâti de 10 ksour, qui se distinguent les uns des autres par leur forme, leur composante et leur configuration spatiale. A l’exemple de : Boussemghoun, Chellala Dahrania et Gablia, Arbaouat… Parmi ces grands établissements humains, il existe un ksar qui, non seulement détient une forme particulière, mais il est affilié à une princesse Hilalienne qui lui attribua son nom : le Ksar de Bent El Khass. Dans le but de définir la typologie architecturale à laquelle il appartiendrait, une étude monographique, a été réalisé, traitant le ksar comme un édifice composé de plusieurs espaces étroitement liés.

Situation geographique :

Administrativement, le ksar de Bent El Khass appartient à la commune de Brezina, une ville située sur le piedmont sud de l’Atlas saharien, à environ 85Km du chef lieu de Wilaya, et culminant sur l’Oued Seggueur à une altitude de 560m. Elle est limité au nord par les

Creative Commons Attribution-NonCommercial-NoDerivatives 4.0 International License (CC BY-NC-ND)

16

commune de Ghassoul, Sidi Taifour et sidi amar ; au sud par la wilaya de Ghardaia ; à l’est par la wilaya de Laghouate et à l’ouest par la commune d’el Abiadh sidi Chikh et les Arbaouates. Ses limites géographiques, à la lisière du Sahara, ont fait d’elle un nœud de communications important, jadis, un point d'arrivée des caravanes du sud.

Le Ksar de Bent El Khass distant de 15km au sud-ouest de la ville de Brezina, se perche sur la rive gauche de l’oued Seggueur. Il est distant du chemin national 107 de huit (08) Km, la seule route qui peut le desservir vers les localités avoisinantes, à savoir : Sid El Hadj Eddin à 25Km, Ksar d’El Ghassoul à 50Km, et l’Abiodh Sid El Chikh à 90Km. L’environnement immédiat du ksar fait, qu’il est intégré au milieu de chaine montagneuse au nord et à l’Est, dont les sommets ne dépassent les 1000 m ; elles lui prodiguent ainsi, une barrière naturelle défensive. (fig1)

Fig1. Localisation du ksar de BEK par rapport au réseau routier.

Fondation du ksar :

La fondation du ksar est attribuée à une princesse Hilalienne surnommé Mbarka Bent El
Khass, qui serait arrivée dans la région entre le XIème et le XIIIème siècle. Venu de l’orient, elle découlerait du lignage de Amer Benou Hilal Ben Sa’Sa’a Ben Bakr Ben Hawazan. Etablie d’abord au Zab avec sa tribu, Bent El Khass rejoint progressivement l’ouest algérien, pour venir enfin s’établir dans la région de Brezina ; une contré qui offre des étendues de terre idéales à la vie du nomadisme pastoral.

Bent El Khass, connu pour être une souveraine rusée et intelligente, a pu étendre son pouvoir jusqu'au Touat, cela dit, on lui attribue la fondation d’un ksar à Ain EL-Amara tout prés de Brezina, une citadelle sur la fameuse gara qui porte son nom, ainsi qu’une seguia qui part de Ain El Amara jusqu’à Oum El May pour l’irrigation des terres fertiles. Sa dernière demeure connu serait un ancien Ksar à Meniaa qu’elle aurait habitait, fuyant les persécutions d’un roi qui cherchait à élargir son pouvoir.

Facteurs d’implantation du ksar:

Bâti sur un monticule, le ksar de Bent El Khass a une altitude de 835m ; insérer entre les deux courbes de niveau 102 et 94m, la topographie du site d’implantation présente une déclivité de 12%, surplombant ainsi, la palmerai et permettant de profiter, d’un large panorama donnant sur les Gour et le paysage immédiat.

17

Fig2. le Ksar Bent EL Khass dans son environnement immédiat

De forme irrégulière, le ksar de Bent El Khass occupe une superficie totale de 4000Ar. Implanté sur une croupe, pour bénéficier de la meilleure protection contre les rigueurs climatiques ; il vient s’étager en épousant parfaitement la topographie du terrain, pour qu’à chaque point des différentes bâtisses, on puisse avoir un œil sur l’environnement immédiat. Ce mode d’implantation permet aussi la protection des terres cultivées, la réserve puis le dégagement des terres cultivables, la mise hors d’eau des habitations et des espaces d’activités urbaines.

Eau/ palmeraie :

Bien qu’elle ait été durant les siècles reculés, une donnée déterminante et décisive dans le choix du site de l’Agherm, l’eau, restera toujours la source principale symbolisant l’existence de la vie. Deux affluents d’oued qui découlent du Djebel El mouilah, enserrent le bâti de part et d’autre, assurant ainsi, une bonne irrigation de la palmeraie au pied du Ksar ainsi que des terres environnantes.

Cette palmeraie, à l’état déplorable, crée un milieu bioclimatique par l'effet d'évapotranspiration, en créant des brises d'air qui rendent les espaces urbains, les jardins et les habitations cléments durant les journées infernales de l'été.

Les échanges commerciaux :

La vie dans les ksour ne peut se passer des échanges commerciaux établis avec les caravanes des nomades, qui effectuaient le voyage du sud au nord et du nord au sud, pour rapporter les denrées nécessaires pour tout un chacun. Il se trouve que l’un des chemins empruntés pour ce grand périple, passe par l’oued Seggueur, qui mène directement vers Ghardaïa, el Goléa et de ce faite au Gourara du coté sud, et vers Tlemcen et particulièrement l’Espagne du coté nord. L’oued Seggueur est donc la zone tampon entre le Ksar et le monde extérieur.

18

Fig3. les axes de nomadisme dans les Monts des Ksour.

L’organisation spatiale du ksar :

Les caractéristiques topographiques du site sur lequel est édifié le ksar sont déterminantes, quant à la forme géométrique qu’a prise le bâti. Il affecte l’aspect général d'un triangle équilatéral avec une pointe orienté à l’Est et un coté semi-circulaire, balayant ainsi toute la partie nord-ouest et sud ouest.

Fondé sur l'extrémité orientale d'un plateau de pendage sud, formé de dépôts tertiaires, surmontant un banc de grès crétacé relevé en falaise ; le ksar s’intègre parfaitement aux courbes de niveau du terrain, grâce à l’utilisation du matériau pierre. Cette implantation a permis d’offrir un paysage de constructions étagées, qui donne l’impression d’avoir un grand escalier menant vers le sommet de la montagne voisine ; le tout, ceint d'un rempart percé de meurtrières et doté de deux tours de guet ; l’une au nord-ouest, donnant sur la palmerai et la seconde au sud-est, donnant sur l’oued Seggueur.

L’accès s’effectue par le biais de deux portes juxtaposées, l’une principale, réservée aux habitants et leurs bétails, et aboutissant sur une skiffa puis la grande place principale. La seconde, fait jonction entre la place principale et une cour extérieure qui servait d’aire à battre. D’un point de vue organisationnel, le ksar se subdivise en trois parties :

Espace public et système viaire :

Dans l’architecture traditionnelle, la place garde les mêmes fonctions, soit un lieu de rencontres et d’échanges, mais elle se subdivise en sous-ensemble suivant le degré de son utilisation¹; pour le ksar de Bent el Khass, on distingue trois variétés de places qui sont les suivantes :

•

La skiffa :

C’est le premier lieu public que l’on rencontre en accédant au Ksar. Elle se situe au prolongement des deux portes d’accès principal et secondaire, avec des longueurs de 07 mètre. Les skiffa sont des passages couverts bordée de bancs de pierre sur toute leur longueur,

¹: Marouf, Nadir. Lecture de l’espace oasien. P54

19

et sont destinés à recevoir les visiteurs du Ksar de Bent El Khass. Elles sont l’unique zone tampon entre l’extérieur et l’intérieure qui garantissent le maintien de la Horma et qui conduisent directement sur la grande cour de distribution.

•

La Rahba :

Dans les ksour, le rôle de la Rahba consiste en un lieu ou se réunissait le conseil des anciens (la Djemâa), ainsi que le lieu de rencontre des habitants pour la célébration des fêtes religieuses et les cérémonies de mariage. Espace principalement commercial, chaque semaine se tenait un petit marché pour permettre aux habitants d’acheter ce dont ils avaient besoin et d’écouler leurs produits qui dérivaient du travail artisanal des femmes, ou bien les produits qui dérivaient du travail dans la palmeraie. Dans le ksar de Bent El Khass, la Rahba s’étend sur une superficie de 2000m², elle prend une forme para-circulaire en adéquation avec la configuration du ksar. Sa position centrale assure une desserte vers tous les espaces la constituant. Ne présentant pas de couverture, la Rahba joue un double rôle ; thermique puisque elle sert de régulateur de chaleur et de source de lumière, mais aussi fonctionnel, puisque elle est un lieu de divers interactions sociales.

•

El Hawche :

La partie sud-ouest du Ksar, est occupé par une dépendance composée de quatre pièces entourant un espace central. Une petite cour à ciel ouvert qu’on appelle El Hawche, il est de forme trapézoïdale avec une longueur de 12,50m et une largeur de 9,50m, ce qui assure une bonne aération des pièces attenantes et qui apporte l’éclairage nécessaire à ses dernières. A lui seul, il occupe la moitié de l’espace bâti avec une superficie de 125m².(Fig4.)

Fig4. Distribution des espaces privés/ publics du ksar de Bent El Khass

20

Les équipements publics :

L’architecture traditionnelle regroupe des éléments symboliques forts de centralité telles les mosquées, les Zaouïas, les places publiques, les forts, les marchés, ou même des greniers collectifs (qu’on trouve dans le milieu des semi-sédentaires). Ces éléments monumentaux, renferment une idéologie donnée sur le pouvoir dominant du lieu ; qu’il soit politique, religieux ou économique. En plus de sa position stratégique, le monument se distinguera par sa dimension imposante et le traitement de ses espaces. Pour ce qui est du ksar de Bent El Khass, il dispose de plusieurs éléments importants qui se démarquent par leur position, leur forme et leur fonction on dénombre

•

La mosquée :

C’est la plus grande pièce du ksar ; elle occupe une position centrale sur la rive gauche de l’édifice, et se met en avant par rapport aux autres cases donnant sur la Rahba. Elle ne dispose pas de minaret et n’as aucune autre distinction extérieure ou autre ornementation intérieure. On la reconnait par la rangé de piliers intérieurs et son orientation vers l’Est. L’accès se fait par une ouverture large de 1m, surélevé de cinq marches par rapport à la cour centrale, pour aboutir à une grande salle de prière dont la largeur est de 6,90m et la longueur est de 8,90m pour une superficie totale de 60m².

•

La salle du conseil :

Elle se situe dans la partie nord du ksar, surplombant ainsi tout l’édifice, de là, on a l’œil sur les espaces intérieurs ainsi que l’environnement immédiat. C’est le lieu de rassemblement des hauts dignitaires et du comité responsable de la gestion du grenier, le lieu ou les plus grandes décisions qui ont traits le ksar se prennent, qu’elles soient d’ordre social, économique ou politique. Toutes les grandes décisions s’y afférant sont prises à l’intérieur : l’entretient, les contributions, les affaires de vol et de délits, la paye du gardien

•

Beit el Houkme

D’une superficie de 210m², elle est située au centre de la Rahba à une distante de l’entrée principale de 8,43m. Elle est composée d’un ensemble de cases appartenant probablement, à des notables, un marabout ou à une personnalité. Sa configuration spatiale ne peut refléter un espace de regroupement pour traiter les affaires de Houkme.

•

Manzil el Hakima :

C’est une dépendance accolé au ksar dans sa partie sud-ouest. Elle se situe à gauche de l’entrée principale, et s’étale sur une superficie de 305,10m². L’accès se fait par le biais d’une ouverture qui donne sur la Rahba d’un coté, et sur une cour propre à la maison que l’on nomme El Hawche. Elle renferme les cuisines du portier et des espaces de stockage. C’est le seul endroit ou le feu est toléré.

•

Espace privée :

Constitué de (20) vingt cases, Elles sont les piliers du ksar, c’est elles qui le composent, le protègent et le régulent. Elles s’organisent tout autour du Ksar, leurs murs extérieurs constituent le mur d’enceinte qui s’élève du haut de ses 10 mètres pour défendre les biens des habitants. Suivant leur configuration spatiale, elles peuvent être subdivisées en deux variantes :

21

Des cases à deux espaces : la salle est divisée sur sa largeur par le biais de structures verticales dont l’épaisseur est de 50cm. L’entrée s’y fait par une porte surbaissée de 1,60m précédée d’un seuil d’entrée surélevé de 45cm du sol de la Rahba. On trouve aussi deux petites ouvertures de part et d’autres de la porte, qui assure l’éclairage et l’aération à l’intérieur de l’espace. On remarque aussi, la présence d’une cheminée dans l’un des recoins de la première salle. Elle représente le seul mobilier intérieur des cases, qui sert aussi bien pour la cuisine, mais

aussi pour le chauffage.

Des cases à trois espaces : les salles sont subdivisées à l’aide de

structures verticales avec une large ouverture centrale de 2,50m, l’entrée et les ouvertures ont le même principe que les autres cases. Quand à la cheminée, sa place est maintenue au niveau de la première pièce.

Fig5. Organisation spatial du ksar : composante majeur et cases

Le systeme constructif :

Le système constructif du ksar de Bent El Khass obéit aux mêmes principes de construction en pierre, qui caractérise la région des Monts des Ksour. Il se base sur une structure en mur porteur, disposé en fonction des besoins spatiaux ; c’est l’espace qui dicte la structure employée.

L’observation de la forme générale, a révélé une organisation de la trame structurelle en éventail, qui distribue les espaces de manière égale et rigoureuse. Cet ordonnancement

22

équitable est nécessaire, quand il s’agit d’un édifice à caractère public dont le schéma général est composé de cases à surface plus ou moins égale. Il se trouve également, que le choix de ce système porteur, est dicté par la topographie du terrain et principalement du matériau de construction mis à disposition. Le bâtiment est posé sur une base de type roche calcaire dure, qui est difficile à forer, avec un creusement superficiel de 1cm à 3cm au préalable pour préparer le terrain à recevoir les cloisons.

L’appareillage des murs est simple : des lits de pierres très grosses et allongées alternent vers d’autres en très petites pierres plates. Un mortier à base d’argile mélangé au sable et à la paille lie le tout. Son épaisseur est variable, elle dépend de son emplacement, mais elle varie de 43cm pour les murs intérieurs jusqu’à 60cm pour les murs extérieurs. Les coins externes des murailles sont fréquemment arrondis ; ce trait est relatif aux architectures primitives inaptes à construire de grands angles.

Parfois, quand la nécessité d’avoir de grandes portées se ressent, on trouve l’addition d’un poteau au centre de l’espace de 50cm mais qui garde le même principe constructif des murs en pierre. Le plancher quant à lui, composées de troncs de palmier coupés sur leur longueur, posés à intervalle de 20cm à 30cm, puis recouverts de branches des feuilles de palmier ou des feuilles posé directement. Pour palier à d’éventuelle troue, on peut y disposé des pierres plates ou des Kornaf, dans ce cas un enduit de Tmechent est rajouté (Fig 6 and 7).

Fig6. Vue intérieure sur l’appareillage

Fig7. Vue intérieure sur l’appareillage

d’un plafond du ksar

d’un mur construit en pierre du ksar

Les typologies architecturales ksourienne :

Les recherches effectuées sur les typologies architecturales ksourienne ont démontré l’existence de trois types qui se distingue par leur fonction respective, tout d’abord le ksar à vocation résidentiel, il est reconnu par un ensemble de caractéristiques lié à son organisation spatiale, à savoir : la hiérarchisation des espaces (du public vers le privé), l’entrée en chicane, la densité des constructions… Affilié à un groupe ethnique ou tribal, le ksar s’ordonne en fonction des communautés le constituant. Quand la construction est attribuée à une famille de notable ou à un homme de pouvoir, toujours dans un caractère résidentiel, la demeure est

23

appelée Kasbah. Cette appellation est du à l’importance des fortifications établies pour la défense de ce lieu. Elle se caractérise par son implantation dans des points hauts et isolés, et par son architecture à plan régulier. La kasbah reprend les composantes d’une habitation du Ksar : entrée en chicane, vestibule, magasins, salon, pièces… à une échelle plus importante. Son affiliation à un personnage important, lui confère une allure majestueuse et imposante, dotée d’une riche ornementation.