UNIVERSITE D’ Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie DEPARTEMENT SOCIOLOGIE

APPROCHE SOCIOLOGIQUE DU DEVELOPPEMENT ET DE LA RURALITE : CAS DE LA COMMUNE RURALE D’AMBOHIMALAZA-MIRAY

Présenté et soutenu par : ANDRIANARISOA Miora-Romy

Membres de Jury :

Président : Monsieur RAZAFINDRALAMBO Martial Juge : Monsieur SOLOFOMIARANA Allain Rapanoël Directeur de recherche : Monsieur RANAIVOARISON Guillaume

Date de soutenance : 01/04/2008

Année universitaire : 2007/2008

APPROCHE SOCIOLOGIQUE DU DEVELOPPEMENT ET DE LA RURALITE : CAS DE LA COMMUNE RURALE D’AMBOHIMALAZA-MIRAY

« Si nous voulons accéder au vrai développement, nous devrons partir de la base, c'est-à-dire du développement rural car est un pays à vocation rurale »

Source : Inspiration de l’auteur

i REMERCIEMENTS

La préparation et la rédaction de cet ouvrage ont été menées sur une période de dix mois. Cet ouvrage est l’aboutissement d’un long processus de recherche. Nous devons exprimer notre profonde gratitude et nos plus vifs remerciements à tous ceux qui, ont fais part à l’élaboration de ce modeste travail.

D’emblée, nous voudrons remercier plus particulièrement le Dieu créateur, qui nous a donné la force et la santé afin de mener à terme ce travail de mémoire.

Nous devons une reconnaissance personnelle très profonde à : Mr RAZAFINDRALAMBO Martial, Président du Jury Vous avez accepté de présider la soutenance de ce mémoire malgré vos lourdes responsabilités.

Mr SOLOFOMIARANA Allain Rapanoël Juge, Chef de Département Sociologie Vous avez accepté de juger ce travail de mémoire.

Mr RANAIVOARISON Guillaume, Directeur de recherche Vous m’avez accueillie avec bienveillance malgré vos lourdes obligations dans le domaine de l’enseignement.

Ensuite, nous ne saurons oublier tous les enseignants du Département de Sociologie. Merci infinement, car vous avez donné le meilleur enseignement à vos étudiants.

Particulièrement, je voudrais remercier un certain nombre de personne qui ont joué un rôle déterminant sur la collecte de données.

ii

Nous citons parmi elles :

Mr RADERA RAZAKANDRIANARY LOLO.E, Ancien Adjoint Maire de La Commune Rurale d’ Mme RAZAKARIMANANA Anna, Délégué de l’arrondissement de de La Commune Rurale d’Ambohimalaza Miray

J’ai également le plaisir de remercier les autorités administratives locales, entre autre : -Mr le chef de région -Mr le chef disrtict d’Antananarivo-Avaradrano -Mme le Maire, président du conseil communal et les conseillers de La Commune Rurale d’Ambohimalaza Miray -Tous les chefs de Fokontany et leurs proches collaborateurs de ladite Commune.

Mes vifs remerciements s’adressent aussi à toute la population de La Commune Rurale d’Ambohimalaza Miray : les paysans, les acteurs socio- économiques, les notables, les salariés… car ils ont accepté de partager leurs avis sur le thème de recherche.

Mes vifs remerciements s’adressent également à tous les camarades de notre promotion surtout aux conseils d’amis pour une meilleure documentation.

Enfin, je voudrais remercier tous les membres de ma famille plus particulièrement mon fiancé, mes parents, mes frères, ainsi que ma belle famille car ils m’ont supportée moralement et financièrement pour réaliser ce travail de mémoire. A toutes et à tous merci infinement.

ANDRIANARISOA Miora-Romy

iii SOMMAIRE

Introduction

Première partie : GENERALITE SUR LE DEVELOPPEMENT ET LA RURALITE

Chapitre I : Nouvelle conception du développement

Chapitre II : La sociologie rurale

Chapitre III : Le développement rural dans divers pays

Deuxième partie : LA RURALITE D’AMBOHIMALAZA-MIRAY FACE AU DEVELOPPEMENT

Chapitre IV : Approche historico-monographique communale

Chapitre V : Etude analytique des réalités socio-économiques

Chapitre VI : Paysannerie et valeurs culturelles

Troisième partie : APPROCHE PROSPECTIVE

Chapitre VII : Les contraintes majeures

Chapitre VIII : Quelques suggestions

Conclusion Bibliographie Table des matières Liste de tableaux et graphiques Annexes CV+Résumé

iv INTRODUCTION

Le concept de développement est très connu presque dans toutes les disciplines de sciences sociales. Ici, il ne suffit plus de bien analyser le sous- développement ; il est insuffisant de bien cerner la crise actuelle et la pauvreté dans son ampleur. Il faut réunir toutes les dimensions de la vie sociale, il faut réussir le développement. Il est difficile de s’étendre sur le développement car la politique, l’économie, le social, le culturel, l’idéologie entrent en jeu.

Depuis notre indépendance, les élites malgaches se formaient aux quatre coins du monde. Il en résulte des horizons différents, des formations différentes, des choix politiques antagoniques. D’où les élites introuvables, gérant le développement introuvable. Actuellement, notre phénomène de pauvreté engendre des difficultés, en particulier la question de la lutte contre la pauvreté. D’une manière générale, le système nous impose une façon de voir avec une théorie classique. D’où le problème actuel du développement qui va au-delà de la lutte contre la pauvreté et envisage la réalité centrale de ce que fait la force des grandes puissances actuelles. Dans ce sens, nous devons dépasser les approches étroites de développement. Il s’agit d’un combat entre riche et pauvre. D’une manière intelligente, ce fameux développement est à la fois politique, économique, social, culturel, et aussi spirituel.

Le développement se déroule dans un aspect très complexe qui est en crise et en devenir. Notre lieu socio-historique d’aujourd’hui est la guerre économique mondiale pour gérer la globalisation de l’économie. Ainsi, le développement se présente comme un combat entre pays riches et pays pauvres. C’est un combat sans merci qui se présente sous forme d’une arme monétaire et une nouvelle occupation post-coloniale : l’hégémonie de la Banque Mondiale (BM) et du Fonds Monétaires International (FMI). Quarante huit ans après l’indépendance, Madagascar reste toujours un pays de promesse politique et un cimetière de projets. Les élites connaissent bien le point faible mental de la population car les Malgaches sont à majorité chrétienne. En matière de développement alors où est ce que nous en sommes aujourd’hui ?

1 Il est toujours frustrant d’entendre dire partout que Madagascar possède un important potentiel en ressources humaines et en ressources naturelles et pourtant, se voit maintenant classé parmi les pays moins avancés. A près de cinq décennies d’indépendance politique, les traits caractéristiques de la situation économique actuelle relèvent actuellement les facteurs déterminant du sous- développement de la nation.

L’économie nationale est divisée en deux secteurs : le premier, traditionnel et le second, moderne. On se plaît à dire qu’environ 80% de la population se trouve en milieu rural. Les deux secteurs traditionnel et moderne, coexistent de façon antagoniste. L’un des problèmes fondamentaux à résoudre dans la recherche des voies et moyens de développement, réside donc dans la façon dont le secteur moderne absorbera le secteur traditionnel, c'est-à-dire dans le monde d’intégration de deux secteurs. L’économie extravertie, désintégrée, déséquilibrée,……on pourrait allonger la liste des maux dont souffre ce pays. Ces caractéristiques correspondent aux principaux problèmes d’ordre structurel auxquels il faudrait trouver des solutions dans le cadre d’un processus libéral de développement. D’autres difficultés, plus conjoncturelles, restent à évoquer dont la plus importante est la pauvreté. Il est peut être inapproprié de qualifier de conjoncturel le problème de pauvreté, car Madagascar a toujours été un pays pauvre. Cette situation résulte de la théorie du cercle vicieux de la pauvreté. La Grande île est un pays dont le revenu est faible ; celui-ci donne naissance à une épargne faible. L’offre de capitaux à l’investissement est donc réduit pour engendrer une très faible création de capital nouveau. Et la faiblesse de revenu entraîne celle de la consommation. La pauvreté, qui pèse de plus en plus lourd sur l’environnement socio-économique, est étroitement liée à la désertification, à l’érosion du sol, au déboisement ou à la déforestation. Sur le plan humain, les dépenses par habitat, consacrées à la santé te à l’éducation ont chuté à un point tel que le progrès réalisé risque d’être réduit à néant. Le coût humain est donc énorme et c’est toute une génération qui s’en trouve affectée. La crise de développement qui a entraîné cette nouvelle pauvreté peut s’expliquer par des facteurs externes tels que la chute de prix de produits à l’exportation, la dépréciation de l’Ariary (monnaie nationale malgache en vigueur).

2 Le sous-emploi et le chômage constituent un facteur de démoralisation ; l’absence de travail conduit souvent à la délinquance. La lutte contre le sous-emploi et le chômage devient donc une priorité fondamentale pour écarter la pauvreté. Cette pauvreté dispose une grande place que ce soit en milieu urbain ou en milieu rural. Le développement cohérent et harmonieux nécessite la mise en place d’un plan et d’une stratégie adéquats. C’est la raison pour laquelle l’Etat avait disposé de document de référence. Historiquement et suivant l’évolution du contexte socio politique aussi bien sur le plan national qu’international, voici la liste de documents administratifs de référence adoptés par Madagascar pour la mise en œuvre de son action pour le développement :

5 1975-1991 : Livre rouge (LR) 5 1996-1998 : Document Cadre de Politique Economique (DCPE) 5 1999-2006 : Document de Stratégie pour la Réduction de Pauvreté (DSRP) 5 2007-2012 : Madagascar Action Plan (MAP)

D’après les experts en développement, ou plus précisément les développeurs, les contenus de ces documents visent toujours l’amélioration de la situation socio économique et politique de Madagascar mais les problèmes communs résident au niveau de la réalisation. Notons bien que cet accomplissement nécessite la coexistence de trois ressources indissociables à savoir les ressources financières, humaines, et matérielles. Par la force des expériences, plus exactement des expériences vécues, les théoriciens savent bien que ni l’Etat, ni le secteur privé ne peut aller seul dans le cadre du développement de la nation. Il y a un phénomène de complémentarité entre les deux. D’une autre manière, la coopération publique privée est devenue un phénomène incontournable et une nécessité nationale. Les actions concernées entre les parties prenantes, quel que soit son domaine d’intervention contribuent partiellement au développement.

Pour Madagascar, adopter une stratégie de développement, c’est d’abord choisir entre divers objectifs et divers moyens. Dans le monde il n’existe pas de modèle unique de développement qu’il faut initier. Ce modèle est fonction de la situation géopolitique du pays concernés. Dans ce contexte marqué par une

3 incertitude considérable des approches théoriques et pratiques, on peut difficilement proposer un inventaire systématique des principales stratégies de développement qui ont été conçues et mises en œuvre dans les pays du tiers monde depuis plusieurs décennies. Il est encore plus malaisé de dégager des modèles qui puissent servir d’instrument de référence pour la compréhension du passé et du présent et surtout pour la préparation des stratégies à venir.

Initié depuis le début de l’année 2007, l’Etat actuel met en œuvre son programme de développement dans le MAP. Contenant au total huit engagements, le MAP met en exergue dans son engagement numéro quatre le développement rural et la révolution verte. Cet engagement n°4 donne une importance particulière aux zones rurales car les ruraux malgaches sont majoritaires en effectif par rapport aux citadins. Dans cet ordre d’idée, nous devons mentionner qu’il faut considérer les activités paysannes (agriculture, élévage, artisanat) comme base et l’industrie comme moteur. Il y a une interdépendance entre les deux secteurs (primaire et secondaire).

Motif de choix du thème et du terrain

La commune rurale d’Ambohimalaza se situe dans un ensemble de logiques multiples. On y trouve diverses couches sociales allant des plus pauvres aux plus riches en passant par les classes moyennes. Jusqu’à présent, plusieurs études ont été entreprises sur la commune rurale d’Ambohimalaza dans des disciplines différentes. Pour ce mémoire de maîtrise, c’est au tour de l’apprenti sociologue de prendre en main le destin de la recherche.

En Sociologie comme ailleurs, le choix d’un sujet d’étude n’est que rarement le fruit d’un hasard. Ici, l’importance socio-économique du thème prend une place significative en matière de développement rural durable. Plusieurs raisons nous ont incité à choisir le thème de l’investigation, entre autres : la mise en place du Plan Communal de Développement (PCD) initié par la commune, les activités sociales (y compris l’éducation et la santé), les activités économiques

4 (agriculture, élevage, artisanat, tourisme, transport….), l’interaction de la vie quotidienne des habitants.

Concernant le terrain d’investigation, le choix de la commune rurale d’Ambohimalaza ne s’est pas fait arbitrairement. Ambohimalaza mérite une étude. Malgré l’entrée massive de la mondialisation, Ambohimalaza est l’une des communes rurales de la Grande Ile, considérée comme traditionaliste et conservatrice, puisqu’elle garde le système hiérarchique fondé sur le caste et l’ethnicité. On y voit une formation sociale où le mode de production villageois est un mode de production capitaliste.

D’où le titre suivant : « L’approche sociologique du développement et de la ruralité : cas de la commune rurale d’Ambohimalaza Miray ». A notre avis, l’étude en question peut inciter l’Etat, plus particulièrement le Ministère de l’Agriculture, de l’élevage et de la pêche, le Ministère de l’économie, du commerce et de l’industrialisation et les opérateurs économiques à mettre l’accent sur l’importance des activités rurales à Madagascar.

Brève présentation du terrain

Située dans la circonscription administrative d’Antananarivo, région Analamanga, la commune rurale d’Ambohimalaza Miray fait partie intégrante du district d’Antananarivo-Avaradrano. En partant de la borne kilométrique PK O (Gare Soarano) le chef lieu de ladite commune est situé à 16 kilomètres de la capitale, sur la Route Nationale numéro deux (RN2) reliant Antananarivo Toamasina. En terme de superficie, celle d’Ambohimalaza Miray est de 33kilomètres carrées, soit 0,20% de la superficie régionale et 6,05% de celle du district.

5 Problématique

« Dans le cadre de la sociologie du développement et de la sociologie rurale, en partant des activités existantes locales, sous quel angle peut on étudier le développement de la commune rurale d’Ambohimalaza Miray ? ». Telle est la problématique que nous avons adoptée.

Objectifs En sciences sociales, toute investigation, quelle que soit sa forme ou sa dimension, contient toujours un ou plusieurs objectifs. Dans cette recherche, les objectifs se subdivisent en deux. Objectifs généraux

Z Identifier la logique des interactions entre les castes originaires de la Commune.

Z Identifier les ressources humaines et la main d’œuvre disponibles qui peuvent contribuer au développement. Objectifs spécifiques

Z Anthropologie des logiques lignagères et exigence de la modernité.

Z Analyser la structure et le fonctionnement des activités sociales et économiques dans cette zone rurale. Hypothèse

Nous pensons à titre d’hypothèse que avec les directives inscrites dans l’engagement N°4 du MAP (la révolution verte), les efforts conjugués des parties prenantes (la commune, les opérateurs économiques, les acteurs sociaux et les paysans) sont susceptibles de dynamiser le développement rural de cette localité.

6 METHODOLOGIE

Documentation

La recherche documentaire a été basée sur des lecteurs de circonstances guidées par notre itinéraire de recherche théorique en fonction de disponibilité de documentation empirique.

La recherche documentaire ou la documentation a une place significative dans toutes les investigations en sciences sociales. Elle aide l’investigateur à situer sa position vis-à-vis de la réalité passée et aussi à ne pas reproduire des faits sociaux qui ont été trouvés par les autres chercheurs. Cette fameuse documentation peut se présenter sous plusieurs formes, entre autres :

Z Consulter les différents ouvrages généraux et spécialisés relatifs au sujet ;

Z Consulter les documents officiels (archives de la circonscription administrative d’Antananarivo, de la région d’Analamanga, du district d’Antananarivo-Avaradrano, de la commune rurale d’Ambohimalaza-Miray, du Ministère de l’agriculture de l’élevage et de la pêche…)

Z Voir et suivre les réalités quotidiennes à partir de la scène médiatique publique et privée (journaux, presse écrite, radio, télévision…)

Z Réécouter et regarder les documents sonores et audiovisuels afin d’enrichir la dimension historique.

7 Concepts et instruments d’analyse

Nos concepts ont été limités à quatre expressions clés : la vie anthropo- sociologique des habitants, les activités rurales, les acteurs de développement avec toutes les ressources disponibles et le développement rural. Notre méthodologie pratique de recherche débute par une approche monographique et d’identification des paramètres très déterminants dans la construction du social pour évoluer vers la pratique de l’individualisme méthodologique et enfin de déboucher sur une approche holistique dans l’appréciation des rapports dialectiques entre les activités socio-économiques et la structure sociale globale.

Techniques d’enquête

Nous avons eu recours relativement à l’entretien directif, semi-directif et non directif en fonction des réalités psychosociales d’ordre rural. Il va sans dire que nos attitudes ont été déterminées dans le cadre de l’observation participante par la hiérarchie sociale. Toutes nos enquêtes, dans le cadre de la pratique des techniques vivantes ont été entreprises à la lumière des principes énoncés par les théories et les exigences d’auteur et de la réalité vécue.

Echantillonnage

Le plus souvent, les intellectuels et les chercheurs se posent toujours la question suivante : combien d’enquêtés faut-il avoir pour que l’échantillonnage soit représentatifs ? Il n’y a pas de réponse fiable à cette question. La représentativité de l’échantillon dépend de plusieurs facteurs : effectif de la population mère, de la population cible, diversité géographique du terrain d’investigation. L’essentiel est que la population cible soit représentée d’une manière rationnelle. Ce qui est le cas pour notre étude. Notre méthode d’échantillonnage a été menée sur la méthode probabiliste c’est-à-dire sur la base du choix au hasard. Ce choix a été guidé par le principe de

8 l’objectivité rationnelle. Notre échantillonnage a été donc basé sur trois niveaux d’approche psychosociologique : Z Influence de l’habitus ; Z Héritage intergénérationnel ; Z Relation entre les diverses couches sociales.

Au total, nous avons donc 180 enquêtés dont 120 paysans issus de la population mère. A propos du déroulement des enquêtes, nous avons eu une première étape de pré-enquête qui nous a permis d’identifier et de rationaliser la conception, l’élaboration et la réalisation des questionnaires d’enquête. Ces questionnaires ont dû être conçues sur le plan du formel pour ceux qui concernent les réalités apparentes et sur le plan de l’informel à propos des diverses dynamiques intrasociales.

Questionnaire

Pour la réalisation de cette investigation, nous avons eu recours à trois types de questionnaire, adressés aux responsables de l’éducation, aux responsables de la santé et aux paysans qui sont considérés comme acteurs de développement à la base. Nos enquêtes auprès des responsables communaux (maire, conseillers...), les opérateurs économiques,les responsables de l’institution financière, les notables, les acteurs sociaux ont été menées sur la base d’entretien non directif visant à faire ressortir les opinions relatives des diverses entités concernant le processus de développement rural. Ces entretiens ont été sous tendus en permanence par l’esprit de la problématique, des objectifs et de l’hypothèse de l’investigation globale.

9 Déroulement des enquêtes

Nous avons vécu deux moments :

Z Pré-enquête :

Cette pré-enquête consiste pour nous à essayer et à tester les questionnaires provisoires formulés sur dix personnes choisies au hasard. Elle comporte pour l’enquêteur un essai, un exercice pour aborder les enquêtés et à la manipulation du questionnaire. C’est une phase expérimentale afin de maîtriser les questions à poser.

Z L’enquête proprement dite

Après avoir déterminé les techniques à mettre en œuvre, nous avons effectué l’enquête proprement dite. Comme la pré-enquête, celle-ci consiste à descendre sur le terrain et à recueillir les opinions des enquêtés. Cette enquête s’est accomplie durant l’année 2007. Cette phase constitue une pratique sur terrain des connaissances acquises pendant le cours théorique.

10

En terme d’investigation, la descente sur terrain n’est pas du tout facile. Nous avons rencontré quelques difficultés et problèmes en réalisant la recherche, entre autres la mise en confiance entre l’enquêteur et l’enquêté, le manque et l’insuffisance de moyens disponibles (matériel, technique et financier), l’éloignement géographique entre les diverses localités à l’intérieur de la commune. Quant aux enquêtés qui ont un faible niveau d’instruction, nous devons nous adapter à leur situation afin qu’ils puissent connaître l’objectif de l’investigation. Le plan général de l’étude du travail que nous présentons ci-après permettra de voir plus en profondeur les analyses et interprétation des données sur terrain mais également nos propositions personnelles. Pour cela, ce travail comportera trois parties bien distinctes :

-Première partie : Généralité sur le développement et la ruralité.

-Deuxième partie : La ruralité d’Ambohimalaza-Miray face au développement.

-Troisième partie : Approche prospective.

11 PREMIERE PARTIE

GENERALITE SUR LE DEVELOPPEMENT ET LA RURALITE

Tout au long de cette première partie, comme son titre l’indique, nous allons étudier trois points essentiels. Le premier chapitre met l’accent sur la nouvelle conception du développement à l’heure actuelle. Cette conception évolue dans le temps et dans l’espace. Le second chapitre sera axé sur la sociologie rurale, en opposition avec la sociologie urbaine. Le troisième et dernier chapitre de cette première partie met l’accent sur le développement rural dans différents pays dont on trouve les pays développés et les pays en voie de développement.

13 Chapitre I : LA NOUVELLE CONCEPTION DU DEVELOPPEMENT

Pour les théoriciens, plusieurs idées se sont affrontées face à la conception du terme « développement ». Devant la réalité malgache, on ne doit pas simplement comprendre la complexité du développement ; nous devons affronter le combat historique de ce nouveau millénaire avec les communautés de base. Pour les intellectuels de diverses formations, le développement a plusieurs significations selon les disciplines. D’où la nécessité de le définir.

I.1. Essai de définition

La définition suivante est donnée par Boudon (R.) et Bourricaud (F.) dans « Dictionnaire critique de la sociologie ». Le développement est un processus complexe impliquant l’amélioration sociale, économique, politique et culturelle des individus et de la société elle-même. Par amélioration, nous entendons ici l’aptitude de la société à répondre aux besoins de la population sur le plan physique, émotif et créatif, à un niveau acceptable du point de vue historique et à libérer les humains de l’éternelle routine liée à la production des besoins essentiels. Il comporte donc l’amélioration du niveau de vie mais non une consommation ostentatoire, et implique une forme de société qui permet la distribution égale de la richesse sociale. Naturellement, il serait exagéré de voir dans les théories du développement de simples produits idéologiques. Il s’agit plutôt, pour employer le langage de Pareto, de « théories fondées sur l’expérience mais qui dépassent l’expérience ». Les mécanismes décrits par les théoriciens du cercle vicieux de la pauvreté peuvent exister et occasionnellement, décrire la structure de processus réels. Des effets de démonstration sont parfois observables et peuvent entraîner de redoutables conséquences. De façons générales, il n’ y a aucun doute que les modèles construits par les sociologues du développement constituent un bloc important, dont la richesse s’est accrue avec le temps. Hors de doute également que ces modèles ont considérablement augmenté nos capacités de compréhension des processus de changement et de développement. Le développement est d’abord la croissance rapide et durable, ensuite la conscientisation des individus humains, puis l’auto-libération face au

14 système de production industrielle, enfin l’auto-prise en main de la communauté de base.

Il est important aussi de souligner que le développement doit être accompagné d’un qualificatif (développement de l’économie, développement local, développement durable …) qui veut dire une évolution, une performance du point de vue de la subsistance matérielle et intellectuelle et équilibre entre l’accroissement de la population et celui des ressources. Le développement des développeurs vient de l’extérieur et d’en haut. C’est un modèle qui appartient au système dominant de la mondialisation actuelle. D’où la modernité sera conçue dans la logique d’en haut. C’est une raison pour laquelle nous sommes devenus objet de développement. Nous ne faisons plus l’histoire ; nous subissons l’histoire et le développement : c’est un accident historique.

I.2. Développement et pouvoir

A Madagascar, quelle que soit la zone administrative (fokontany, arrondissement, commune, district, région, pays) à considérer, toutes les actions de développement doivent être sous la tutelle du pouvoir administratif. Les initiateurs peuvent être issus du secteur public ou du secteur privé selon le cas existant. Généralement, l’action qui vise un développement bien fondé se présente sous forme d’un projet. Le projet de développement doit être accompagné d’une transformation sociale, plus particulièrement pour la population cible et bénéficiaire. On est dans la logique des enjeux entre acteurs et bénéficiaires du développement.

Face à toutes les actions de développement à réaliser, en cours de réalisation ou déjà effectuées, le pouvoir public intervient en tant qu’organe facilitateur et négociateur envers les partenaires concernés. Selon la délimitation administrative concernée, ce sont les chef du fokontany, Maire, chef de district, chef de région … respectivement les premiers responsables aux niveau de : fokontany, commune, district, région. Cette structure hiérarchisée provient de la loi

15 fondamentale ou la nouvelle constitution de la République, votée par voie référendaire en date du 04 Avril 2007. L’action actuelle est de plus en plus axée sur les capitaux, la croissance du produit national brut (PNB). En bref, c’est l’économisme de notre développement. La faiblesse économique de Madagascar conduit à l’impossibilité du pays à faire un développement seul. La France par exemple, qui est une puissance moyenne du centre et une puissance industrielle du G8 prend conscience de son incapacité de faire pour elle-même son développement. C’est pourquoi, elle a besoin de l’union européenne dans le cadre de son développement.

A son tour, la Grande Ile a conscience d’être un pays incapable de réaliser solitairement son développement. Elle s’insère de force dans la mondialisation. En tant que petit pays pauvre très endetté, elle doit trouver un nouveau chemin pour accéder ainsi au développement. La solution est avant tout la recherche d’une ou plusieurs partenaires qui sont considérés comme forts, puissants et dynamiques en matière du développement. Ils peuvent être nationaux ou étrangers. C’est le rôle essentiel du pouvoir administratif.

I.3. Développement et marginalisation Outre le manque de capital, l’os de notre développement, c’est la marginalisation comme phénomène total qui entraîne la crise au niveau intérieur. En général, la pauvreté peut engendrer le manque de capital et de technologie. Or la pauvreté apparie au phénomène total de la marginalisation. Pour plus ample indication, mettons en exergue le cas de la production rurale. Sur le plan mondial, plus précisément dans le cadre du commerce international, ce sont les pays riches (Etats-Unis, Japon, France, Allemagne, Italie, Angleterre, Canada) qui imposent les prix des produits à l’exportation. Quel que soit le volume de production mondiale en une année, les pays producteurs qui sont majoritairement sous-développés ou émergents restent exclus sur ce plan. Dans les marchés internationaux, l’offre et la demande doivent passer au niveau de l’ OMC ou Organisation Mondiale du Commerce.

16 Ce phénomène complexe appartient au combat du développement où riches et pauvre s’affrontent. C’est pour cette raison qu’on peut dire que le développement est un combat historique à mener face à un système mondial. Avant les recours aux capitaux, il faut redonner la souveraineté et le pouvoir aux exclus malgaches.

La mondialisation ou la globalisation nous oblige à analyser, comprendre et aussi transformer un système total qui est dominé par la dynamique du capital pur ; d’où l’incompréhension. Sociologues, économistes et financiers se retranchent d’ailleurs derrière le refus du politique. Or l’économie a pris le pouvoir. C’est l’impérialisme et l’intégrisme de l’économie. Ceux qui détiennent les moyens de production (capital financier, économique et matériel) détiennent le pouvoir. Aujourd’hui, l’économie fonctionne pratiquement à partir du capital pur. Il y a un oubli du capital vivant (ressources humaines) que les socio-économistes réintroduisent en évoquant la force du travail et surtout les acteurs du développement.

I.4. Le développement durable

Le développement dit durable est une version remaniée pour inclure le programme écologique, des idées de développement intégré et endogène. Ces dernières mettent l’accent sur un développement à la fois économique, politique, culturel et social avec la participation consciente et active des populations responsabilisées. Nous devons souligner ici que l’idée d’un développement durable qui puisse être soutenue dans le futur vise à améliorer un avenir commun. En outre, le développement durable vise aussi à faire évoluer harmonieusement de paire l’environnement et le développement humain. Il inclut la satisfaction de besoin essentiel sans affecter les générations futures. Il s’agit donc de prévoir les effets défavorables de projet de développement sur l’environnement, de préserver la qualité du milieu de vie, éventuellement par des mesures législatives et cœrcitives, de conserver la capacité sustentatrice de la terre pour la vie humanitaire. On postule que le capital crée par l’homme ne suffit pas à se substituer totalement à la perte du capital naturel.

17 Le développement durable, en respectant la capacité de charges des écosystèmes, est causé à améliorer les conditions de vie. La durabilité se présente comme social, par une meilleure répartition de richesses ; économique, par une gestion de ressources plus efficaces ; écologique, par une limitation de la consommation de combustible et ressources facilement épuisables ; spatial, par la décentralisation de l’industrie, promotion de l’élevage et de l’agriculture. Les stratégies de développement durable réclament la sensibilisation, la mobilisation, la participation des individus et collectivités, éducation et formation, solidarité internationale.

Compte tenu du fait que le PNB par habitant ne rend pas compte des inégalités très fréquentes dans la répartition des revenus et n’a pas la même réelle partant, le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) propose un indicateur plus complet : l’indicateur de développement Humain ou IDH qui combine l’estimation du pouvoir d’achat, du niveau d’instruction et d’espérance de vie d’une population. Un classement a été élaboré qui permet de situer tous les pays de la planète sur une échelle comprise entre zéro et un. Comme nous le savons, Madagascar est parmi les cinquante derniers pays les plus pauvres.

Ainsi se termine ce premier chapitre qui illustre la conception du développement sous diverses formes. Le second chapitre, qui va suivre, étudie la sociologie rurale. Cette dernière mérite une analyse approfondie car l’Etat actuel priorise le développement dans la zone rurale. D’où la nécessité de continuer par cette sociologie rurale.

18 Chapitre II : LA SOCIOLOGIE RURALE

A partir d’une conception évolutionniste de la société, certains auteurs dont J. Klatzman et L. Malassis considèrent que le développement industriel conduit progressivement à l’extinction du monde agricole, assimilé au monde rural.

II.1. Le monde rural : un monde dominé ?

Selon K. Marx, l’activité agricole s’intègre inévitablement au monde de production capitaliste. Le monde rural est un monde dominé où la production capitaliste revêt les mêmes formes qu’ à la ville en opposant capital et travail. Cette domination économique se double d’une domination politique. Dans la paysannerie, on trouve une parcelle, la paysan et sa famille ; à côté, une autre parcelle, un autre paysan et une autre famille. Un certain nombre de ces familles forment un village et un certain nombre de villages forment un fokontany. La paysannerie est une classe potentielle mais incomplète : des milliers de familles paysannes vivent dans des conditions économiques qui les séparent les unes des autres et opposent leur genre de vie, leurs intérêts et leur culture à ceux des autres classes de la société, elles constituent une classe. Mais elles ne constituent pas une classe dans la mesure où il n’existe entre les paysans parcellaires qu’un lien local où la similitude de leurs intérêts ne crée entre eux aucune communauté, aucune liaison nationale ni aucune organisation politique.

Dès les années 1920, prolongeant certaines analyses de Marx que les lois du capitalisme ne s’appliquent pas au monde rural. L’exploitation agricole apparaît comme vecteur d’une forme de socialisme qui permet à l’homme de se réaliser comme créateur. Le prolétariat urbain déshumanisé ne peut conduire qu’à une société conformiste et totalitaire. La généralisation du modèle industriel est rendue difficile par le caractère familial de l’activité agricole (assimilation entre le budget de l’exploitation et le budget de ménage, autoconsommation forte …).

19 Le renouveau de la sociologie rurale naît de la nécessité de prendre en compte le maintien d’une activité agricole familiale au sein du capitalisme industriel. En outre, on assiste à un déclin du salariat dans l’agriculture.

Dans la grande Ile, plus particulièrement dans les zones périurbaines, suburbaines et semi-urbaines, on assiste souvent à la petite production marchande. L e travailleur direct est propriétaire de tous les moyens de production. Le procès de production est organisé par lui-même et de son métier. Le produit de son travail lui appartient en totalité ; le but de la production n’est pas la mise en valeur d’un capital et l’obtention d’un profit, mais la subsistance du travailleur et de sa famille avec la reproduction des moyens de production nécessaire.

II.2. L’exploitation familiale

Comme son nom l’indique, l’exploitation familiale repose sur deux piliers, indispensables à son existence et qu’il est difficile et toujours arbitraire de séparer, tant la spécificité de la production agricole est le fruit de leur symbiose : la famille et la terre.

« Famille » n’est à entendre ni au sens statistique de ménage, ni au sens contemporain de famille nucléaire, voire seulement au sens de groupe domestique. La famille agricole, nucléaire ou groupe domestique est incluse économiquement dans un système de dépendance collatérale sous-tendu et justifié par des aïeux communs. Cette omniprésence de la famille étendue, inconnue des citadins, a une conséquence : le manque de liberté, en particulier décisionnelle, de l’exploitant.

Les liens organiques tissés entre l’exploitation agricole et famille impliquent que celle-ci tout entière et la famille impliquent que celle-ci tout entière soit au service de la production. Le paysan assure à la fois le travail domestique à

20 la maison et le travail des champs. Tout cela est du travail dans la mesure où il s’agit d’une activité obligatoire. Mais ce n’est pas un travail rémunéré ni même rémunérable. Non seulement l’homme et la femme travaillent sur l’exploitation, mais les enfants sont mis aussi à contribution : les périodes de pointe demandent un nombre de bras supérieur à la normale ; on résoud le problème par l’entraide et surtout par l’embauche des enfants, qui, le reste du temps effectuent toujours de petits travaux productifs aussitôt la classe terminée. Les résultats de l’exploitation sont ceux de la famille paysanne considérée comme un tout, même si ce tout est hiérarchisé. C’est par le biais de cette hiérarchie familiale que vient se poser le grand problème de l’économie paysanne : le chef de famille se comporte aussi en chef d’entreprise qui ne payerait pas ses travailleurs. L’hypothèse n’est pas absurde car il existe bien des salariés agricoles. Alors l’exploitation familiale est-elle aussi l’exploitation de la famille, au sens marxiste du terme ? En un sens, oui, puisque la main d’œuvre familiale non rémunérée remplace des salariés agricoles dans les tâches que le chef de famille, dit aussi chef d’exploitation ne peut effectuer lui-même. Il y a donc une confusion totale entre les activités effectuées par un groupe de personnes (famille) sur deux endroits différents (maison et champs d’exploitation).

II.3. Le paysage rural

La notion de paysage rural entretient une relation directe avec celle l’espace humain et d’espace géographique. Le paysage a été pendant longtemps réduit à l’ensemble des formes spatiales, perçues en tant qu’objet. On cherchait ainsi à caractériser le paysage d’un certain nombre de domaines, de milieux pour trouver dans ses formes visibles des indices susceptibles d’améliorer la connaissance de ces derniers :

Les formes paysagères sont désormais conçues comme de construites, analysées, car elles sont représentatives de rapport des hommes aux lieux. Ainsi, une différenciation souvent évoquée oppose l’espace terrestre à l’espace humanisé. Le premier appartient au domaine de la géographie tandis que le second appartient à celui de la sociologie rurale. D’où la nécessité de souligner

21 que le paysage est un mot polysémique, c’est-à-dire à plusieurs sens. L’espace terrestre occupe la totalité du globe et l’espace humanisé ne concerne que les espaces habités par l’homme.

L’espace est en effet vécu quotidiennement par ses habitants qui ont chacun une pratique de lieu, de cheminement préférentiel et de mémoire de ces lieux. Cet espace peut également être un espace perçu on un espace représenté. Il s’agit alors de l’espace représenté, donc préférable à celle d’espace perçu, puisque la perception est faite préférentiellement de mécanismes sensoriels, tandis que la représentation de l’espace met en jeu l’histoire de l’individu, son imaginaire, ses références et donc une composante socio-culturelle. Un moyen d’étude de cette représentation est donné par les cartes mentales. Si nous faisons une prise de vue aérienne sur le paysage rural malgache, nous trouverons trois éléments biens distincts. L’espace humanisé est constitué par les différents lieux d’habitation et de travail. Ensuite, l’espace naturalisé est composé par divers éléments naturels tels que les cours d’eau, l’orographie, la montagne, les vallées… Le troisième et dernier espace s’appelle espace exploité dont on trouve l’exploitation effectuée par l’homme telle l’espace agraire, l’espace rizicole, l’espace d’élevage … Les routes, pistes, les chemins … font partie de l’espace exploité par l’homme.

II.4. La révolution verte

Spécifiquement pour le cas de Madagascar, l’Etat malgache entame une nouvelle politique de développement dans le monde rural. Conscient de sa vocation verte depuis le début de l’année 2007.

Insérée dans le Plan d’action pour Madagascar (M.A.P.), engagement 4, la révolution verte est une nouvelle stratégie afin de changer radicalement la ruralité malgache. Nous connaissons bien que qui dit révolution, dit changement radical. Les contenus de cette politique sont clairs. Les paysans malgaches doivent changer la technique de production. Ils doivent quitter progressivement les techniques anciennes de production et utiliser les nouvelles techniques plus ou

22 moins modernes telles que la mécanisation. En dehors de ces moyens de production, la pratique de semences sélectionnées et aussi améliorées, est fortement recommandée. Ces types de semences améliorent la qualité et aussi la quantité de production. Du point de vue institutionnel, plusieurs institutions sont concernées par la mise en œuvre de cette nouvelle politique rurale, à savoir le Ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, le Projet de soutien au développement rural (PSDR), le Fonds d’intervention pour le développement (FID), le Centre de recherche pour l’agriculture (FOFIFA), les diverses associations paysannes, la Direction régionale du développement rural (DRDR). La coopération étroite entre ces diverses institutions est la seule et unique recommandation afin d’atteindre les objectifs énoncés dans la révolution verte. L’objectif est simple. User de tous les moyens afin de doubler la production d’ici 2009 et aussi de la tripler d’ici 2012, c’est-à-dire au terme de réalisation du MAP.

La question se pose alors : comment se présente le développement rural dans divers pays ? La réponse à cette question va constituer le troisième chapitre de cette première partie, dont on voit l’exemple des pays développés et celui des pays en voie de développement.

23 Chapitre III : LE DEVELOPPEMENT RURAL DANS DIVERS PAYS

Dans ce troisième chapitre, nous allons étudier le développement rural dans divers pays de la planète. Chaque continent a sa propre politique et stratégie afin de réaliser ce développement dans le monde rural. D’un continent à l’autre, les sous-chapitres qui vont suivre nous illustrent quelques exemples concrets des pays membres de l’Union européenne, d’Etats-Unis d’Amérique, du Japon et enfin de l’Afrique. Comparativement, l’étude de ces quatre cas nous aide à situer la position de Madagascar en matière de politique rurale.

III.1. Le développement rural en Europe

L’Union Européenne, ce sont 377 millions d’habitants dont 96 millions de ruraux (soit 20%) avec un niveau de PIB par habitant entre 10.000 et 30.000 euros. L’agriculture y occupe de 2 à 20% de la population active, suivant le pays. Plus de 60% de la population des 27 Etats membres de l’U.E. vivant dans des zones rurales, qui représentent 90% du territoire, le développement rural constitue un domaine politique extrêmement important. L’agriculture et la sylviculture sont essentielles sur le plan de l’aménagement du territoire et de la gestion des ressources naturelles dans les zones rurales de l’U.E. et servent de base à la diversification économique des communautés rurales. Le renforcement de la politique de développement rural est de ce fait devenu une priorité générale de l’U.E.

Depuis 1992, l’U.E. expérimente avec liens entre les actions de développement de l’économie rurale (LEADER) une nouvelle approche du développement rural, dans un contexte marqué par de profondes mutations et dans de nombreux pays, par une remise en cause de la Politique agricole commune (PAC). Les citoyens expriment de nouvelles attentes face à l’espace rural : qualité des produits, mise en valeur de l’environnement, des patrimoines et des cultures locales. Par ailleurs, un certain renouveau rural se traduit dans un nombre croissant de territoires, par une modeste, mais réelle, reprise démographique et par un dynamisme de la confiance. Le PAC, première politique

24 communautaire prévue dès 1957 dans le Traité de Rome, a cherché à assurer l’autosuffisance alimentaire de la Communauté. Elle représente encore aujourd’hui plus de 45% du budget de l’Union. Les moyens mis en œuvres ont permis d’aboutir aux résultats recherchés : la production agricole s’est développée rapidement et les prix à la consommation ont baissé, permettant d’alléger le coût de l’alimentation dans le budget des ménages européens. Mais ce développement spectaculaire s’est appuyé sur des pratiques de plus en plus intensives sur une partie plus réduite de l’espace rural européen. Dans un nombre croissant de territoires, l’agriculture est devenue marginale. La politique agricole traditionnelle n’est pas en mesure de faire face au déclin rural.

Parallèlement, le début des années 90 ont marqué un point de rupture : demande de produits plus différenciés et de haute qualité, prise de conscience de la valeur des ressources, du savoir-faire, du patrimoine et de la qualité de vie du milieu rural par une meilleure transformation des produits locaux et de développer de nouvelles fonctions pour l’agriculture et l’élevage. De préférence, la priorité de l’U.E. doit être d’inverser l’exode rural, de préserver la qualité de l’environnement rural et d’établir un équilibre plus juste entre zones rurales et zones urbaines. Une part accrue des ressources disponibles sera affectée à la promotion du développement rural.

III.2. Le développement rural aux Etats-Unis

En tant que première puissance mondiale dans le domaine de l’économie, comment se présente la ruralité aux Etats-Unis. C’est bien connu, l’Etats-Unis n’ont pas de politique rurale. Ce qui évidemment ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’Amérique rurale, qui abrite un quart de la population américaine. Cela ne signifie non plus qu’il n’y a pas de développement rural aux Etats-Unis. Plusieurs actions de développement rural y sont menées. Ce qui manque, c’est un cadre politique général dans lequel ces actions pourraient s’inscrire.

Deux nouvelles institutions ont entrepris de créer ce cadre. D’une part, le CRS (Centre for Rural Studies), hébergé par la Banque de réserve fédérale visant

25 à réunir les acteurs clés de développement rural aux Etats-Unis afin de formuler cette politique rurale. D’autre par, le PRA (Partners for Rural America) projette de rassembler un grand nombre d’intervenants sur terrain en espérant déboucher sur la création d’une politique nationale de développement rural. Bref, dans cet ordre d’idée, on a l’impression de réaliser une politique rurale cohérente.

Les communautés rurales des grandes plaines connaissent des baisses de population alors que beaucoup de territoires montagneux attrayants et de zones rurales côtières souffrent de croissance accélérée et de pression foncière. De nombreux villages du sud sont confrontés à des problèmes de bas salaire, de manque de qualification de main d’œuvre et la délocalisation des entreprises vers les pays du tiers-monde ; alors que d’autres régions du pays attirent les investisseurs en quête de personnel hautement qualifié. Bref, un diagnostic réalisé dans une zone rurale particulière a relativement peu de chances de pouvoir s’appliquer au contexte d’une autre zone rurale, même pas très éloignée.

Si nous voyons de près cette réalité, on peut en déduire que la ruralité américaine est peu développée face à la croissance accélérée de l’urbanisme. En tant que pays le plus riche du monde, les grandes villes américaines sont très développées avec les technologies de pointe de dernier cris et les nouvelles technologies de l’information et de la télécommunication.

Afin de rétablir ce manque de politique rurale, les Etats-Unis construisent les industries de transformation dans le domaine de l’agroalimentaire. Pour cela, ils importent les produits agricoles des pays en voie de développement afin de les transformer en produits finis.

26 III.3. Le développement rural au Japon

Jusqu’à présent, le Japon est la deuxième puissance économique mondiale, juste après les Etats-Unis d’Amérique. Il est le seul et unique pays asiatique membre du G7 (Groupe des 7 pays les plus industrialisés du monde).

Le Japon abrite une population d’environ 126 millions d’habitants. La topographie du pays fait un peu d’espace exploitable en agriculture. Parmi les exploitants agricoles, 48% d’entre eux ont plus de 65 ans.

La nourriture de base des Japonais demeure le riz. Si la production à grande échelle se concentre sur les basses terres, les cultures en terrasses couvrent une grande partie des montagnes et incarnent un paysage culturel auquel les Japonais sont profondément attachés. Les terrasses sont aussi un moyen efficace de retenir les ressources en eau et protègent des inondations les zones urbaines situées en aval.

Malgré la petite taille des exploitations, les revenues agricoles Japonais peuvent être importantes : nombre d’agriculteurs sont spécialisés dans la culture intensive de légumes destinés au gigantesque marché urbain ; certains fruiticulteurs sont également prospères grâce à une production de très haute qualité. Les principaux enjeux de la politique rurale Japonaise sont la baisse sensible de l’autosuffisance alimentaire et le déclin des régions éloignées. Celles- ci souffrent d’un déclin démographique et d’un vieillissement de la population, alors que les jeunes ont peu de chances de reprendre une activité agricole.

L’introduction de la « Loi fondamentale sur l’alimentation, l’agriculture et les zones rurales » constitue la plus récente tentative d’enrayer cette tendance négative. La loi a introduit de nombreux concepts nouveaux, affirment pour la première fois le rôle multifonctionnel de l’agriculture et le besoin d’une politique de développement rural à part entière. L’ancien système de soutien au prix est désormais remplacé par le jeu de la concurrence ; mais la loi reconnaît que le marché ne peut à lui seul mesurer la valeur de l’agriculture. Ce qui a conduit à

27 introduire des paiements directs aux agriculteurs des régions défavorisées en échange de leur travail au service de la protection des ressources environnementales et rurales.

III.4. Le développement rural en Afrique

Un continent plus pauvre de la planète, l’Afrique est connu sous l’appellation « le continent noir ». Aujourd’hui, la quasi-totalité des pays africains se regroupent au sein d’une association continentale appelée : Union Africaine (U.A.). Parmi ces pays africains, la majorité d’entre eux sont des pays d’Europe, notamment la France, la Grande Bretagne et le Portugal. Autrement dit, ces pays africains sont exploités par les colonisateurs durant la période coloniale (environ six décennies) notamment en matière de l’agriculture et de l’élevage. Aujourd’hui, la pauvreté rurale règne partout en Afrique, si nous ne citons que le cas de Kenya, Mozambique, Soudan, Nigéria, Centre-Afrique, Gabon, Angola, Sénégal, Ethiopie. Les ruraux dans ces pays vivent dans un état de pauvreté profonde, c'est-à-dire ils vivent sous le seuil de pauvreté. L’agriculture et l’élevage sont pratiqués à titre d’activités de subsistance ; ils les pratiquent pour survivre. Faute de moyens disponibles, les Gouvernements africains n’ont pas une vision à long terme, c'est- à-dire une vision qui répond au besoin des marchés. L’esprit conservateur avec l’utilisation des techniques agricoles traditionnelles favorise aussi le non développement rural de l’Afrique.

Face à tout cela, certains pays arrivent à exporter les produits locaux au niveau des marchés régional, asiatique et européen. En outre, il convient de mentionner ici que cette exportation est à faible volume, autrement dit elle ne satisfait pas les besoins de marchés cités ci-dessus. A titre d’exemple illustratif, nous pouvons parler de l’exportation africaine de café, girofle, riz, cacao, vanille, coco… Nous devons faire connaître que c’est l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) qui détermine les prix des produits à l’exportation. Ce sont les pays riches et développés qui dirigent cette OMC. Les produits locaux africains sont vendus

28 à bas prix car ils ne sont pas encore transformés. Un autre handicap des africains, c’est qu’ils ne disposent pas d’industries performantes de transformations des produits agricoles et d’élevages. D’où la nécessité de recourir aux pays du Nord. Pour les aliments de base, l’autosuffisance alimentaire est loin d’être atteinte.

Conclusion partielle

Comme tous les autres domaines, le monde rural a un rôle déterminant dans le développement de la nation, notamment dans le cadre de l’agriculture, l’élevage et de l’artisanat. Après avoir présenté la nouvelle conception du développement, la sociologie rurale et le développement rural dans divers pays, l’axe de notre étude porte maintenant sur « La ruralité d’Ambohimalaza Miray face au développement ». Ce sera l’objet de la deuxième partie de ce travail, dans laquelle force nous est d’étudier le terrain de recherche dans tous ses états.

29 DEUXIEME PARTIE

LA RURALITE D’AMBOHIMALAZA- MIRAY FACE AU DEVELOPPEMENT

A l’entrée de la commune rurale d’Ambohimalaza-Miray, la première chose qui frappe est la forme d’habitation. L’habitation traditionnelle malgache est très conservée dans la zone rurale. Par la suite, quelques variantes architecturales restent, toutefois, spécifiques à certains quartiers des nobl