Du 22 Au 29 Septembre 2009 2 | Les Rencontres Du Cinéma Finlandais Introduction Conférence Samedi 26/09 À 18H - Institut Culturel Italien
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DANS LE CADRE DES RENCONTRES DU CINÉMA EUROPÉEN, CINÉPAGE ORGANISE LES RENCONTRES DU CINEMA FINLANDAIS DU 22 AU 29 SEPTEMBRE 2009 2 | leS renContreS du Cinéma finlandaiS INTRODUCTION ConférenCe Samedi 26/09 à 18h - inStitut Culturel italien Vue de Marseille, quelle est l’image qui se forme de la Finlande ? Celle d’un pays lointain, malgré le rapproche- ment des frontières, ou finalement bien plus proche de la convivialité méridionale que l’on pourrait le penser ? Car, si les Finlandais se taisent, comme le disait Brecht, dans deux langues (le finnois et le suédois), ils ont tou- jours aimé échanger. Même quand cela se passe par les longs silences qui caractérisent les films d’Aki Kaurismäki. Chaque pays intéresse par ses paradoxes, et la Finlande revendique les siens. Passionnés d’inventions techniques, les Finlandais adoptent le cinéma au début du XXe siècle, en même temps que le tango argentin. Moins pour reproduire les performances et les pas de danse existants que pour réinventer leur propre esthétique, leurs propres rythmes et accents cinématographiques. En Finlande, comme dans bien d’autres pays, le cinéma s’est nourri de la littérature. Au point qu’il serait difficile d’imaginer le cinéma finlandais sans transpositions filmiques des récits littéraires, lus avant d’être projetés sur le grand écran. L’entrelacs littérature et cinéma finlandais ne s’arrête d’ailleurs pas là, en incorporant la peinture et la musique, deux autres arts qui marquent la culture de ce pays dont les positionnements géopolitiques entre l’Est et l’Ouest prouvent que les frilosités ambiantes n’interdisent pas les créations géo-poétiques. Tacite, le premier homme du Sud à avoir laissé une trace écrite de sa rencontre avec les proto-finlandais fut un historien qui retourna à Rome avec un témoignage plutôt effrayant d’un peuple septentrional hirsute. Il y a long- temps que cette image d’un pays primitif a cédé la place au portrait d’un peuple éclairé et consensuel qui réussit, grâce à sa persévérance et à son système éducatif moderne. En même temps, maints écrivains et cinéastes finlan- dais nous invitent à lire au-delà de tout portrait officiel. À commencer par Aleksis Kivi, premier romancier finlan- dais dont les Sept Frères (1870) hurlèrent leur refus de participer à la construction d’une société selon les règles préétablies. Espace sensible à tous ces enjeux, le cinéma finlandais dresse un miroir capable de nous (faire) réfléchir, dans maints sens du terme. Au cours des rencontres avec la Finlande - avec ses « fi(n)nitudes » et ses (in)finitudes - or- ganisées par Cinépage - les Marseillais seront invités à cogiter sur les traits marquants d’une vision nordique qui, bien que souvent proche des Scandinaves, ne saurait se confondre avec celle des héritiers des Vikings. Or, malgré la distance séparant les spectateurs de la ville phocéenne des recoins les plus reculés de la Laponie finlandaise, on risque de trouver un espace de réflexion moins étranger que prévu. À commencer par l’écho chromatique entre la croix d’azur du blason des armes de Marseille et le bleu et blanc du drapeau finlandais... Qui a dit que le cinéma fut le premier art à créer le silence ? Les Finlandais, connus pour leur nature contemplative semblent l’avoir compris, dès le début. Taïna Tuhkunen Taïna Tuhkunen est maître de conférences à l’Université de Versailles Saint Quentin-en-Yvelines où elle enseigne la littérature et le cinéma américains. Membre du laboratoire Suds d’Amériques, elle vient de coéditer un ouvrage intitulé Le Sud au Cinéma (Les Éditions de l’École Polytechnique, 2009). Ses autres publications récentes portent sur l’adaptation filmique des récits anglo-américains et sur l’évolution des personnages féminins au cinéma. leS renContreS du Cinéma finlandaiS | 3 INTRODUCTION AU CINÉMA FINLANDAIS ConférenCe Samedi 26/09 à 14h - l’alCazar Un étranger qui aborde pour la première fois le cinéma finlandais peut avoir l’impression d’entrer dans de la science fiction, et pourtant, après avoir visionné 10 à 15 films bien sélectionnés, il peut connaître l’essentiel sur le peuple finlandais, sa société et l’atmos- phère secrète du pays. Un film finlandais présente une qualité et une subtilité peu soup- çonnées… quelquefois ignorées même en Finlande. Au niveau du cinéma muet (assez modeste en général), un film se distingue tout particu- lièrement des autres : Les savetiers de la lande (Erkki Karu, 1923), un voyage dans le temps, où la caméra plonge au plus profond des années 1880. La véritable identité du cinéma national s’est réalisée soudainement aux alentours de 1930 : deux grandes sociétés de production, une sorte de petit Hollywood, avec des stars reconnues et une continuité de production qui s’est poursuivie bien au-delà du début de la guerre – une des meilleures périodes pour le cinéma, comme en France. La première génération des talents avait trouvé son expression : Valentin Vaala (qui a mis en scène avec autant d’éclat à la fois des comédies urbaines et des drames sensibles sur la nature et les paysages), Nyrki Tapiovaara (le metteur en scène de Juha, dont Stiller et Kaurismäki ont d’ailleurs fait des remakes, victime de la Guerre d’hiver en 1940) et Teuvo Tulio dont les mélo- drames excentriques peuvent être enviés même par les mexicains. Les années cinquante ont constitué la période la plus productive, l’année 1955 battant peut-être un record mondial, avec ses 30 longs métrages pour un pays de 4 millions d’habitants ! A cette époque la référence à la littérature était très fréquente, et on ne saurait s’en plaindre si l’on se souvient des films forts et impressionnants comme ceux de la série Niskavuori (inspirée par l’écrivain Hella Wuolijoki, le Marcel Pagnol finlandais). Comme Des êtres dans une nuit d’été (le film de Vaala basé sur l’œuvre du lauréat Nobel Sillanpää, panthéiste qui a inspiré un film à plusieurs épisodes évoquant les récentes dramaturgies de Robert Altman). Comme, Soldats inconnus (un grand classique mis en scène par Edvin Laine). La Semaine bleue et plusieurs autres films mis en scène par le talentueux Matti Kassila, em- blématique des années 50. C’était le moment où le style des peintres finlandais et leur traitement de l’aurore boréale se sont immiscés dans l’œuvre des cinématographes. Cette période a façonné une image nationale que nous chérissons encore aujourd’hui. Une époque où, déjà, la repré- sentation des jours et des nuits d’été apportent au spectateur un étrange sentiment de bonheur, souvent indépendamment de la qualité de l’intrigue, un sentiment qui se transmet même au spectateur étranger. Les années 1960 ont vu la fin soudaine du système des studios et les débuts modestes d’une nouvelle vague, avec une brochette de talents méritant leur renommée internationale : Mikko Niskanen (le metteur en scène de Amour libre et d’un film de 5 heures, souvent considéré comme le plus grand film finlandais, Les Huit balles meurtrières), Risto Jarva (Journal d’un ouvrier), Jörn Donner, qui a démarré comme metteur en scène en Suède. Ensuite, les réti- cences du public à l’encontre du cinéma finlandais ont produit une longue crise, jusqu’au début de ce siècle. Pourtant, pendant cette période difficile, le cinéma finlandais a trouvé ses premiers cinéastes de renom mondial. Avant tout Aki Kaurismäki, mais d’autres également… produisant une quantité importante de nouveaux films qui recueillent aujourd’hui l’enthousiasme du public : Pirjo Honkasalo (Les trois chambres de la mélancolie), Markku Lehmuskallio et Anastasia Lapsui, avec leurs documentaires originaux sur les régions arctiques. Peter von Bagh Peter von Bagh est historien de cinéma. Ancien directeur de la Cinémathèque finlandaise, il est actuellement directeur du Festival de Bologne et directeur artistique du Midnight Sun Film Festival (Laponie), qu’il a co-fondé avec les frères Kaurismäki. Auteur d’un livre sur Aki Kaurismäki paru en 2006 aux éditions des Cahiers du Cinéma. 4 | leS renContreS du Cinéma finlandaiS FILMS DU PATRIMOINE inStitut Culturel italien LE CHANT DE LA FLEUR ÉCARLATE DES ÊTRES HUMAINS DANS UNE NUIT D’ÉTÉ LAULU TULIPUNAISESTA KUKASTA DE TEUVO TULIO IHMISET SUVIYÖSSÄ DE VALENTIN VAALA Finlande - 1938 - 110 min - noir et blanc Finlande - 1948 - 66 min - noir et blanc Scénario : Yrjö Kivimies Scénario : Valentin Vaala, Lea Joutseno, Image : Fred Runeberg d’après le roman de F. E. Sillanpää Musique : Toivo Lampén Image : Eino Heino Interprétation : Kaarlo Oksanen, Musique : Taneli Kuusisto Rakel Linnanheimo, Mirjami Kuosmanen, Nora Mäkinen Montage : Valentin Vaala Production : Teuvo Tulio Interprétation : Eila Pehkonen, Matti Oravisto, Martti Katajisto, Le Chant de la fleur écarlate est le plus ancien film de Tulio Eero Roine, Kaisu Leppänen qui ait été conservé. C’est l’adaptation d’un roman à succès Production : Suomi-Filmi de cette époque, écrit par Johannes Linnankoski. Comme Des flotteurs de bois, une famille de métayers pauvres, une tous les films de Tulio d’avant-guerre, il s’agit d’un mé- jeune fille et son amoureux, un homme qui meurt et un lodrame en milieu rural. Le film décrit les péripéties d’un enfant qui nait, les fleurs de l’été, un jour qui ne finit pas, Don Juan campagnard, d’un flottage à l’autre, d’une fleur à offrent, comme un bouquet, quelques-unes des plus belles l’autre avant qu’il ne se marie et s’installe dans une ferme. images du cinéma finlandais. La caméra d’Eino Heino a su Le réalisateur s’intéresse déjà à mettre en scène des descen- capter l’étonnante lumière des nuits blanches du grand tes de rapides et des scènes d’amour, les brisants de la pas- Nord. Grâce à un montage fluide et souple, Vaala mêle en sion et les plongées mélodramatiques.