Kabila Clone De Mobutu ?
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K A B 1 L A CLONE D E MOBUTU ? Illustration de couverture : Crédit photos : NACHTWEY James - ABBAS / MAGNUM ISBN 2-85112-025-5 C Éditions MOREUX, 1998. 190, bd Haussmann - 75008 Paris - France. Tous drois de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous les pays. Toute représentation ou reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, est interdite sans autorisation préalable (loi du 11 mars 1957, alinéa 1 de l'article 40). Cette représentation ou reproduction constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 245 et suivants du Code Pénal. La loi du 11 mars 1957 n'autorise, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, que les copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non desti- nées à une utilisation collective d'une part, et, d'autre part, que les analyses et les citations dans un but d'exemple et d'illustration. Euloge Boissonnade de l'Académie des Sciences d'Outre-Mer K A B 1 L A CLONE D E M 0 B U T U ? « En matière de respect des droits de l'Homme, de Mobutu ou de Kabila, quel est le pire ? Ce n'est pas à moi de le dire... » Roberto Garreton Rapporteur de la Commission des droits de l'Homme à l'O.N.U. Editions Moreux Ouvrages du même auteur Larmes et sourires pendant l'orage, (poèmes), prix Victor Hugo de l'Académie des jeux floraux de Tunisie, 1946. Conrad Kilian, explorateur-souverain, Ed. France-Empire, Paris, 1972, (2e édition 1982, épuisée). Piaf-Cerdan, l'amour foudroyé, Ed. France-Empire, Paris, 1963. La Belle de Halley, (roman), Ed. France-Empire, Paris, 1985. Jamais deux sans trois, ou l'étrange destin d'Alain Poher, Ed. France-Empire, Paris, 1986. Le Mal zaïrois, Ed. Henné, Paris, 1990. Du Sahara de Conrad Kilian au Koweït de Saddam Hussein, Ed. Albatros, Paris, 1991. Le Baptême de Clovis, naissance de la nation française, Ed. Godefroy de Bouillon, Paris, 1996. 100 Ans de jeux olympiques, en collaboration avec Henri Charpentier, Ed. France Empire, Paris, 1996. Aux journalistes congolais qui luttent avec opiniâtreté pour conserver sous le régime de Kabila, la liberté d'expression qu'ils ont chè- rement acquis, quelquefois au péril de leur vie, sous la dictature de Mobutu. E.B. AVANT-PROPOS « Je suis le chef un point c'est tout !... » Mobutu Sese Seko Prétendre que le Zaïre n'est pas un pays comme les autres est devenu un lieu commun. Son histoire, depuis sa découverte par le navigateur portugais Diogo Câo en 1482, est jalonnée de drames. Une double colonisation : portugaise à l'origine, puis belge à partir de la conférence de Berlin en 1885, lui confère une certaine originalité. Deux prophètes imprégnés d'un nationalisme exacerbé : Kimpa Vita (Dona Béatrice) au XVIIIe siècle et Simon Kimbangu en 1921, attestent une vitalité que les colonisateurs durent briser par les armes. Par sa position privilégiée au cœur de l'immense continent africain le Congo- Zaïre a constitué, d'autre part, le verrou de l'Afrique centrale contre les entreprises communistes pour les Occidentaux après la Seconde Guerre mondiale. Ses immenses richesses minières (uranium, cobalt, cuivre, or, diamants, méthane) ont excité les convoitises. Les pactes économiques et financiers conclus avec les dirigeants zaïrois, sous couvert du respect de la souveraineté nationale, sont teintés d'un colonialisme indécent. C'est dans ce vaste sous-continent de 2 345 410 km2 (cinq fois la superficie de la France), que les Occidentaux ont tenté, contre toute logique, d'instaurer une démocratie calquée sur le modèle européen. Dans un pays où l'homme qui a incarné le pouvoir pendant trois décennies ponctuait de sa canne un slogan deve- nu légendaire : « Je suis le chef un point c'est tout ! », c'est une hérésie. L'installation le 17 mai 1997 du président autoproclamé, Laurent-Désiré Kabila, en est une éloquente illustration. Un dictateur, venait de céder la place à un autre dictateur. Certes, Mobutu Sese Seko s'est imposé par la force des armes. Mais prome- nez-vous, comme j'ai eu la latitude de le faire dans l'intérieur du pays, et vous constaterez que la démocratie est, non seulement un terme inconnu, mais jamais appliqué. Gouverneurs, chefs de région, chefs de tribu, chefs de village commandent avec la même rigueur que l'homme à la toque de léopard à Kinshasa. La tentative avortée de la Conférence nationale souveraine qui, pendant quatre ans, a tenté de faire entrer dans la tête des représentants du peuple les principes élé- mentaires de la démocratie en est un exemple. Certes, Mobutu avait insidieusement investi l'assemblée en distribuant l'argent à profusion. Certes, Mgr Munsongwo Pasinya se découvrant soudain des ambitions présidentielles, a torpillé des hommes dont les projets s'apparentaient, à priori, à la démocratie. Mais lorsqu'il a été ques- tion de passer aux problèmes sérieux, concernant la justice, les crimes, les malver- sations, notamment ce fameux « grand déballage » où justement une assemblée républicaine aurait eu la possibilité de fournir la preuve de sa probité et de sa rigueur, l'assemblée par son renoncement, a fait la démonstration qu'elle était loin, très loin de l'idée que l'on se fait d'un Parlement démocratique. Peut-être existe-t-il une version africaine de la démocratie ignorée des Occidentaux. Il y a bien au Congo-Zaïre une messe dite de rite zaïrois, fort dif- férente de celle régie par les règles du Vatican. Les péripéties qui ont jalonné le déroulement de cette conférence indiquent qu'il serait peut-être temps de laisser l'Afrique aux Africains. Tout le monde n'est pas de cet avis, en particulier les Anglo-Saxons qui ont immédiatement manifesté tout l'intérêt qu'ils portaient au nouvel homme fort du pays. A peine Laurent Kabila venait-il de déposer ses valises au mont Ngaliema que déjà on attirait l'attention sur le fait qu'il venait d'accorder à des étrangers d'importantes concessions, s'étendant sur des centaines de kilomètres carrés dans les régions minières. La modeste expérience acquise au cours de mon séjour dans ce merveilleux pays, m'a, hélas ! confirmé qu'une nation du tiers-monde aussi riche que le Congo-Zaïre ne sera jamais tout à fait libre... En tout cas, le départ du Grand Léopard étant un fait acquis, reste à savoir le sort que réserve au nouveau Congo l'ancien maquisard. Détail symptomatique, il a interdit les partis politiques, il n'y a plus de Parlement, les élections sont repoussées à l'an 2 000 et les récalcitrants emprisonnés. On a l'impression de vivre un remake d'une histoire vieille d'une trentaine d'années... au moment où s'installait au mont Ngaliema, le 24 novembre 1965, un certain général Mobutu. Lui aussi avait fixé un délai relativement court avant de donner la parole au peuple. Il ne devait repartir, contraint et forcé que trente- deux ans plus tard. Cet événement fera date dans l'histoire du Congo-Zaïre. Ce jour-là, après trente-deux ans d'une dictature féroce, Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu Wa Za Banga 1 quittait définitivement Kinshasa, entamant une course errante à travers l'Afrique. Sur la large avenue conduisant à l'aéroport de N'Djilli quelques rares pas- sants eurent le privilège d'assister à ce départ définitif du dictateur. Au moment où la Mercedes blindée, entourée de plusieurs voitures de gendarmerie hérissées 1. Ce qui signifie en substance : « le guerrier valeureux qui vole de succès en succès ». de canons de mitraillettes pénétrait dans le vaste hall de l'aéroport, un officier de son escorte aperçut à la jumelle les premiers éléments de l'avant-garde de l'armée de son irréductible adversaire, Laurent Kabila. Le Katangais lui avait donné soixante-douze heures pour boucler ses valises. Mobutu avait décidé d'anticiper son départ. Afin de préserver son orgueil, il n'avait pas démissionné. Il quittait le Zaïre en tant que chef de l'Etat, laissant à ses successeurs le soin de se débrouiller avec le lourd héritage qu'il leur laissait : une nation sinistrée, des infrastructures entièrement à refaire, et des milliards de dettes. Un autre chapitre de l'histoire de ce malheureux pays qui n'a jamais connu une véritable paix depuis son indépendance ratée le 30 juin 1960, commençait. Une fébrile agitation se manifestait dans la capitale, et les premiers règlements de comptes ne tardèrent pas à se concrétiser par un meurtre, celui du général Mahélé. Le chef d'état-major de l'armée était venu apaiser les esprits surchauffés des militaires de la Division spéciale présidentielle qui manifestaient l'intention de vendre chèrement leur peau. Il a été tué à bout portant, alors que Mobutu, partant vers son nouveau destin, survolait une dernière fois la capitale. Dans les rues de Kinshasa le peuple libéré applaudissait les premiers soldats de Kabila faisant leur entrée dans la ville. Dans le même temps les militaires de la Division spéciale présidentielle traversaient le fleuve en pirogue pour se mettre à l'abri des représailles, maudissant le maréchal qui venait de les abandonner, alors qu'ils ne lui avaient jamais ménagé leur soutien. Dans cette fidélité malgré la misère et les mauvais traitements, réside le mys- tère Mobutu. Que ce dictateur impitoyable ait réussi à dompter d'un regard ou d'un geste ses opposants, jugulant, au cours de ses dernières années, les tentatives de révoltes d'un peuple d'une quarantaine de millions d'habitants, constitue un exploit. Qu'il ait bénéficié, du fait des immenses richesses de son pays, des complicités des gouvernements occidentaux est indéniable, mais n'explique pas l'étonnante longévité de son proconsulat.