La Crise D'hommes Au Congo: Les Larmes De La Honte
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Benjamin Becaud Mambuana “ La crise d’hommes au Congo: les larmes de la honte” De la déchéance à la fin programmée du fameux « Brésil africain » mort né -2008- Résumé Pourquoi malgré ses importants atouts : ses ressources les plus innombrables et exceptionnelles ce pays, autrefois nommé le « Brésil africain » continue sa plongée apnée ? Des facteurs tels la colonisation, l’impérialisme, l’ingérence extérieure,…, ont été généralement évoqués pour expliquer les causes de la déliquescence de ce « pays continent » très largement gâté par la nature. Une part relativement faible des analyses accordait l’attention à la défaillance humaine pour expliquer les vraies origines du mal qui continue à compromettre le bien-être des populations congolaises. A l’évidence, autant d’hommes qui se succèdent à la tête du Congo, autant des systèmes politiques, autant des médiocrités qui gangrènent le quotidien congolais largement marqué par la racaille. La victimisation du peuple congolais demeure une réalité frappante dont la « têtutesse » de faits semble ne pas être défiée même par le point de vue de l’observateur le plus optimiste. Le Congo s’affiche à la porte des sorties de classements conventionnellement admis, n’eût été les artifices par lesquels les meilleurs experts surdoués des institutions internationales se tirent d’affaire pour justifier des potentiels signes de vie : brandissant, notamment, des chiffres dignes des coups de baguettes magiques. Cet ouvrage tente d’examiner, tout particulièrement, l’homme congolais, et sa façon de faire. Un processus de lavage de cerveaux et de dépigmentation culturelle ont été, très tôt à l’œuvre pour transmuter ce peuple dynamique d’avant l’indépendance en vulgaire danseur avili et humilié. L’absence des élites au Congo, sinon leur démission massive a conduit à l’émergence sur l’arène de responsabilités publiques d’une classe de clowns travestis en hommes d’Etat : des hommes de moindre valeur généralement accueillis avec honneur, tapis rouge,…, parfois dans les couloirs de sanitaires de bureaux les mieux placés des capitales occidentales d’où ils puisent leur légitimité. Ils sont bardés de diplômes, de qualifications et de responsabilités qui, par une culture typiquement congolaise, les distinguent aux rang de « saints bénis » de la république dépouillant leur peuple de droit de vie, ou mieux de l’ordre de survie. Leurs réflexes les plus élémentaires y sont ainsi décrits. La réflexion tire les causes de la débâcle de la société congolaise en pointant du doigt le facteur humain. Ce dernier étant rare dans ce pays où la population est estimée à plusieurs millions de « morts en sursis ». L’amertume qui ressort de l’émergence du sol et sous-sol congolais davantage de ressources citées parmi les plus précieuses et stratégiques, très convoitées par la prédation des grandes puissances et des oligopoles capitalistes pour qui l’harcèlement et la cupidité s’érigent en une marque d’une mondialisation dite avancée. Ces enjeux nouveaux opposent un peuple nu rongé par la disette et le dénuement absolu,… qui mendie, sans arrêt de par le monde, aux dirigeants ventrus et extravagants vivant dans des palais dorés n’ayant aucun projet de société. Le gouvernant congolais est encore attiré par le décorum. Quoi de normal ! Dans ce pays où la devise nationale est : « le fusil tue mais le ridicule ne tue pas !». Enfin, l’auteur tente d’expliquer comment la crise congolaise n’est pas due aux avantages comparatifs pour lesquels le pays est le mieux loti plutôt qu’à un homme congolais abject. 2 Cet ouvrage est dédié à la postérité qui, après s’être débarrassée du culte de la négation de l’homme, recouvrerait ses droits de vivre dans une société congolaise où la promotion des valeurs aura prééminence sur la fourberie ; elle comprendra ainsi qu’il n’y a point d’honneur, point de dignité, ni la moindre révérence pour un peuple qui détruit son pays. L’auteur. 3 Remerciements Nos remerciements vont droit au Pasteur Bitiganya Muniajilije pour sa pertinente contribution à l’élaboration de ce travail. 4 Abréviations et pseudonymes - AFDL : Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo. - MPR : Mouvement populaire de la révolution. - DSP : Division spéciale présidentielle. - GSSP : Groupe spécial pour la sécurité présidentielle. - DGC : Direction générale de contribution. - Le guide éclairé, l’homme du fleuve, le léopard, le léopard du fleuve, ... : l’homme qui n’a jamais passé une seule nuit à l’hôpital, force de la nature exceptionnelle : Mobutu. - Mzee, l’homme qu’il fallait, l’homme venant de Dieu,... : Kabila -père. - IBTP : Institut de bâtiments et de Travaux Publics. - FPR : Front patriotique rwandais 5 Plan sommaire Avant propos Chap 1: Du miel aux larmes Chap 2: De la société coloniale à la société de ramassage Chap 3: Un pays mal parti Chap 4: Les catalyseurs de la misère congolaise Chap 5: L’élite congolaise: une catégorie sociale hors société Chap 6: La descente aux enfers d’un pays Conclusion 6 Avant Propos Si l’absence des ressources explique largement la crise dans la plupart des pays sous- développés, il n’en est pas le cas pour certains d’entre eux. Doté de plusieurs ressources naturelles connues ou non connues, le Congo demeure une merveille de l'humanité. Cependant, une quarantaine d’années après son indépendance, cet éminent « pays continent » figure parmi les dix pays les plus pauvres de la planète. Quelles sont les forces qui expliquent cette remarquable mutation ? Prétendre répondre à une telle question revient à décrypter les conditions d’utilisation et de répartition des ressources dont ce pays est abondamment doté. Le chantage du “fait colonial” n’est plus, aujourd’hui, admis comme postulat de base pour expliquer le sous-développement des “ex-colonies” depuis l’émergence de nouveaux pays industrialisés du Sud-est asiatique et d’Amérique latine. La mauvaise gouvernance, l’impunité, la crise morale, la crise d’identité, la promotion des anti-valeurs sont autant des variables à la base du déclin humain tragique qui a engendré la déliquescence de ce pays qui, d’après la dernière déclaration de Patrice Emery Lumumba 2, était voué a un bel avenir, et qui, aux yeux des observateurs de l’époque constituait un atout majeur pour le développement de l’Afrique subsaharienne. De nos jours, réduit à sa plus simple expression, le Congo passe de la colonisation belge à la colonisation africaine: le sort du Congo est, aujourd’hui, largement planifié par au moins six pays africains qui s’y disputent, avec voracité, des intérêts économiques duaux les uns les autres. En outre, d’importants flux commerciaux de déchets alimentaires et vestimentaires vers le Congo justifient, aujourd’hui, son mérite d’être le plus grand dépotoir mondial. Pour la population congolaise, ce pays est un mouroir sûr. Ce qui est particulier dans ce processus, c’est que la réversibilité du paradigme congolais contraste avec la présence voire la découverte de plus en plus de ressources naturelles sur ce territoire. En dépit de la générosité géologique dont il est l’objet, notamment: la prédisposition hydrographique, l’alternance climatique, les innombrables ressources minières: du diamant au cuivre, de l’or à l’uranium, du cobalt au coltan 3, le pétrole et les bois précieux récemment décelés…, le Congo continue à se tailler un grand chemin parmi les tous derniers pays. Partageant ses frontières avec neuf pays, sa position géostratégique lui aurait permis d’être le pôle d’attraction des activités économiques mais aussi d’être le diffuseur des effets d’entraînements positifs à l’échelle africaine. “Quand le Congo va, l’Afrique va”, dirait-on. Frantz Fanon ne prédisait-il pas que : « l’Afrique a la forme d’un revolver dont la gâchette se trouve au Congo ». Classé parmi les « géants » du continent, le Congo est, avec le Nigeria, l’Egypte et l’Afrique du Sud, un noyau au sein duquel le sort de l’Afrique entière devait être scellé. Il constitue un réservoir hydroélectrique majeur, ainsi qu’un gisement minier 2 François Misser, Lumumba: The hidden truth, in New african, no 382, feb 2000, P 22. 3 Colombo tantanite : minerai dont les débouchés sont utilisés comme conducteur de l’électricité ; ses applications de plus en plus diverses expliquent sont intérêt actuel. A cause de sa légèreté et sa résistance, ce dernier est actuellement le meilleur et le plus utilisé dans la technologie de pointe, particulièrement la technologie miniaturisée : téléphones et ordinateurs portable, satellites et des équipements de navettes spatiales,… 7 exceptionnel (qui lui a valu le surnom de « scandale géologique ») 4. Fatalement, il est classé au plus bas dans l’échelle des pays et plusieurs corps expéditionnaires y sont déployés ces dernières années et s’y livrent à la première grande « guerre mondiale africaine » 5. Nous allons, dans cette réflexion, tenter d’expliquer comment la crise du Congo est due aux facteurs autres que les nombreuses ressources naturelles dont il est insolemment doté. Tout en analysant les causes de ladite crise, ce travail s’oriente vers la problématique de savoir comment le dénuement culturel, la dépravation humaine, le rapport socio productif et le mode de répartition des richesses en vigueur au Congo, dès son accession à l’indépendance, ont abouti à la défectuosité des congolais et de leur société. Comment ce peuple ingénieux 6 a-t-il été réduit en vulgaire danseur folklorique sous la direction de plus célèbres diseurs de bonne aventure, les élites de son pays ? 4 Philippe Leymarie, vers la fin de la première « guerre africaine », in Le Monde Diplomatique, du 6 février 2001. 5 Idem 6 La dextérité et la finesse de son artisanat, la culture du travail héritée de ses sociétés traditionnelles et coloniale, sa capacité à faire face à l’adversité, à créer, à recycler,… font du peuple congolais l’un des plus dynamiques.