La République Démocratique du Congo Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’Etat

Coordination : Mbuyi Kabunda | Toni Jiménez Luque

Université de Lubumbashi

La République Démocratique du Congo Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État

César Nkuku Khonde | Mbuyi Kabunda Germain Ngoie Tshibambe | Toni Jiménez Luque David Bondia Garcia | David Querol Sánchez

Photographies : Alfons Rodríguez

Université de Lubumbashi Édition : Fundació Solidaritat UB et Inrevés

Auteurs : César Nkuku Khonde, Mbuyi Kabunda, Germain Ngoie Tshibambe, Toni Jiménez Luque, David Bondia Garcia, David Querol Sánchez

Photographies : ©Alfons Rodríguez

Coordination du projet et l’édition : Mbuyi Kabunda, Toni Jiménez Luque

Dessin et production : Inrevés

Impression: Planobal

Dépôt légal: PM 3.011-2009 ISBN: 978-84-937023-1-1 Imprimé sur papier recyclé 3

Le Congo, l’Afrique, une question pendante

On a souvent dit que l’Afrique était le continent oublié, un continent sans avenir. Il est vrai qu’il a été et qu’il est encore soumis à des situations qui le frappent et l’ont frappé très durement : d’abord l’esclavage et la colonisation, puis les guerres civiles, les famines, la déstructuration des sociétés traditionnelles, la spoliation des richesses naturelles. Mais il existe aussi une Afrique dont la vie repose sur l’espoir, l’initiative de ses habitants, la capacité et la formation de ses jeunes, la récupération de la culture traditionnelle, la mise en marche de nouvelles formes d’activité sociale et économique.

La République Démocratique du Congo est un recueil de toutes ces situations. Elle a souffert d’une des pires colonisations du continent. D’abord soumise à l’initiative spoliatrice privée du roi des Bel- ges, Léopold II, livrée ensuite au pillage colonial de l’État belge, elle a pris le chemin de l’indépen- dance après un processus sanglant marqué par l’assassinat de l’emblématique et l’arrivée au pouvoir de qui a instauré une dictature longue et cruelle jusqu’à son départ en exil en 1997. Mobutu a changé le nom du Congo pour celui du Zaïre et il a littéralement vendu le pays aux sociétés étrangères qui, pendant des décennies ont exploité librement les immen- ses ressources naturelles du pays, alors que les Congolais restaient dans la misère.

Après la chute de Mobutu, en 1997, la République Démocratique du Congo s’est vue plongée dans la série de guerres et de conflits qui ont touché l’Afrique centrale et orientale, en particulier avec la guerre civile et le génocide du Rwanda. Les nombreux groupes armés congolais ont participé au conflit qui a opposé et oppose encore des secteurs des ethnies hutues et tutsies au Rwanda, au Bu- rundi et au Congo lui-même. En même temps, des troupes et des intérêts d’Ouganda, du Rwanda, du Burundi, du Zimbabwe, d’Angola, sont intervenus en République Démocratique du Congo, à tel point que les affrontements qui ont impliqué tous ces pays ont été appelés la 1ère Grande Guerre africaine, établissant un parallélisme avec la 1ère Guerre mondiale, la Grande Guerre, qui a principalement touché l’Europe. Les ravages de ces décennies de conflits extrêmement sanglants sont bien visibles, avec des centaines de milliers de morts, de déplacés, de réfugiés, de mutilés... Des conflits qui ont connu le déploiement des formes les plus exécrables de la guerre : le recrute- ment d’enfants soldats, le recours généralisé aux viols comme pratique de guerre. Les champs ont été détruits, les populations dispersées cherchant refuge dans les épaisses forêts vierges, le virus du VIH et d’autres maladies infectieuses et de transmission sexuelle se sont extraordinairement propagés.

La construction d’une culture de paix à partir de l’Université

L’Université de Barcelone a commencé il y a plus de 10 ans à concevoir une stratégie de travail dans les domaines de la construction de la paix, de l’étude des causes des conflits, de leur résolution et de la protection des Droits de l’homme, avec la création de l’Observatori Solidaritat de conflictes i Drets Humans, de la Fondation Solidarité UB. Pendant ces plus de dix ans d’existence, l’Observatoire s’est consolidé comme un instrument d’étude et de diffusion des conflits et des processus de paix entamés dans différentes régions du monde, avec des apports aussi innovateurs que le programme Paula [“pau a l’aula” (paix en classe)], le portail de ressources sur Internet d’éducation pour la paix, élaboré en collaboration avec l’Institut des Sciences de l’éducation de l’Université de Barcelone, ou les cours en ligne sur la protection des Droits de l’homme réalisés dans le cadre de l’offre de forma- tion virtuelle de l’UB. De même, des actions ont été menées à terme, en collaboration avec Món-3 et l’Institut des Droits de l’homme de Catalogne, dans des zones de conflit, portant sur l’amélioration des conditions de vie et la protection de populations réfugiées et déplacées, sur la mise à la disposition de différents acteurs d’instruments pour la défense et la protection des Droits de l’homme, sur le soutien direct apporté aux organisations de défense des Droits de l’homme, ou sur la contribution à la reconstruction de zones en situation d’après-conflit.

Par toutes ces actions, l’Université de Barcelone et les organisations qui collaborent avec elle préten- dent contribuer à la construction d’une culture de la paix dans le monde, à partir du domaine qui lui est propre, celui de l’enseignement, de la recherche et de la transmission de connaissances, en rapport avec d’autres acteurs, à l’intérieur et à l’extérieur du monde de l’enseignement. C’est pour- quoi nous vous présentons ce livre, pour faire connaître la réalité de la République Démocratique du Congo en ce qui concerne la situation des Droits de l’homme et pour contribuer aussi à leur promo- tion et à leur protection dans cette partie de l’Afrique.

Xavier López i Arnabat

Directeur de la Fondation Solidarité de l’Université de Barcelone | Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique

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Introduction

Les deux dernières décennies sont caractérisées par la prolifération de publications sur la Républi- que Démocratique du Congo (RDC). La réalité complexe de ce pays y est abordée à partir de différen- tes approches, certaines à titre d’information, d’autres avec des orientations idéologiques déclarées, d’autres enfin pour dénoncer la dérive qui s’installe de manière permanente. Cet ouvrage, tout en reprenant certains de ces aspects, entend aller au-delà du simple constat et des apparences souvent trompeuses, adoptant une analyse structurelle dans laquelle le passé rejoint le présent et annonce l’avenir. Pour cela, il s’attèle à la déconstruction des discours, privilégiant la mémoire historique et l’objectivité, le tout étant motivé par le seul souci d’élucider les raisons du passage tragique de ce pays, de l’ « anomalie géologique», pour paraphraser Jean-Pierre Tuqoui, à l’« anomalie de la culture de la débrouille, de la démission et de la mort», en un mot de l’absentéisme. De toute évidence, la situation de la RDC, critique et d’une actualité brûlante, fait souvent l’objet de clichés qui rendent sa saisie difficile. Les auteurs de ce livre sont à la fois des chercheurs congolais et espagnols. Cette combinaison permet d’obtenir des vues contrastées mais pertinentes en ce qui concerne la réalité du cas étudié.

Triste sort que celui de la RDC, ce pays auquel les observateurs avisés vouaient une grande desti- née et un avenir de puissance politique et économique africaine, car réunissant tous les facteurs: sa géopolitique au cœur du continent africain, son immense richesse en ressources naturelles, un poids démographique important avec une population majoritairement jeune et dynamique. Mais hélas, ironie du destin, c’est le contraire qui s’est produit dans cette terre bénie des dieux devenue une terre maudite.

Les prévisions positives ne tenaient pas compte du fait que ces facteurs constituaient, en réalité, son talon d’Achille, des bombes à retardement, déjà annoncés voici un siècle, par Joseph Conrad dans son roman-fiction à titre évocateur « Au cœur des ténèbres », métamorphosé aujourd’hui en « ténèbres dans les cœurs », pour avoir engendré des convoitises et des rapines dont la principale victime est le peuple congolais, condamné à vivre dans des conditions d’époques révolues et qui défient toute imagination. Mobutu avait promis de sortir le Congo du sous-développement, en 1980. Il l’a laissé dans le peloton des pays les moins avancés. Un retour à la case de départ. La culture du Bula Ma- tari et du Serkali, poussée à l’extrême, semble anesthésier ce pays précisément à cause de l’héritage d’autoritarisme et de pillage laissé par les colonisateurs et maintenu par leurs successeurs. À cela, il faut ajouter la corruption tolérée officiellement ou officieusement.

Tout est à refaire. Ce pays, aujourd’hui à la dérive, est victime des bases fragiles sur lesquelles il a été érigé : une colonie vouée à l’exploitation entre les mains des entreprises concessionnaires, une décolonisation bâclée, qui n’a pas su préparer une classe politique responsable, à même de s’occuper de la gestion d’un pays à la dimension d’un sous-continent. Cette culture de violence et d’affairisme, maintenue par les différentes classes politiques, en particulier à l’époque du régime de la 2e Républi- que, entretenant à fond un clientélisme prédateur et accrochée à l’appât du gain avec des ministres peu responsables, explique pourquoi ce pays n’arrive pas à s’en sortir. Le triste constat qu’on peut faire aujourd’hui, c’est que la RDC, quand elle ne fait pas du sur place, recule, n’ayant accordé au peuple congolais que les fruits amers de l’indépendance mal gérée : des guerres civiles et ethniques à profusion, la longue dictature mobutiste, la transition manquée et les guerres d’invasion ou par segmentation nées de la libération kabiliste (le conflit continental, la guerre du coltan..), un pouvoir venu de l’Est et dont les principales menaces proviennent essentiellement de l’Est lui-même ou de la région des Grands Lacs.

Ces épisodes dramatiques font l’objet d’une analyse dans le présent ouvrage, de la part de cher- cheurs, sans passion et avec sérénité. Ces auteurs rappellent des scènes tragiques dont a été ou est encore victime ce pays à l’histoire mouvementée et tourmentée, depuis les violences de l’époque léopoldienne et de la colonisation paternaliste belge, en passant par les guerres postcoloniales jusqu’aux violations massives des droits humains et autres errements dans sa politique africaine, au demeurant non clairement définie à cause des faiblesses et de l’inconsistance de sa classe politi- que, donnant l’image d’un pot de terre entouré de pots de fer. Soit « le ventre mou de la région ». La colonie « modèle » ou la « plus moderne de toute l’Afrique intertropicale », avec une indépendance préparée dans la hâte, est aujourd’hui la risée du monde entier, en particulier des pays voisins qui la considèrent comme une terre conquise.

Il est vrai que tout n’est pas perdu. Cette affirmation n’est pas une consolation et ne doit pas ca- cher le fait que les Congolais ont du pain sur la planche et ne doivent pas baisser les bras. La vraie solution, prenant le taureau par les cornes, passe par une vaste restructuration culturelle et écono- mique, pour surmonter la corruption, l’anarchie et le phénomène de chefs de guerre, sans oublier que le développement économique est une conséquence du développement culturel et qu’il doit s’accompagner d’une panoplie de changements politiques, économiques et socioculturels. Sans doute faut-il réfléchir à la création d’un climat propice à la décentralisation, déjà en cours, et qui court aussi le risque, si elle n’est pas bien mise en œuvre, d’être utilisée à des fins de politique po- liticienne et servir de bouillon de culture aux intentions séparatistes à l’état embryonnaire dans certaines provinces.

Le but de cette brève analyse est de montrer que la RDC est dans une période de transition difficile et chaotique, de passage d’un pays exsangue ou synonyme de faillite à un État de droit, en rupture avec la gestion patrimoniale des décennies passées et en passe de devenir un État respectable dans le concert des nations.

Hier, aujourd’hui et demain, ce qui crève ou crèvera les yeux, c’est l’impuissance totale de la commu- nauté internationale –ce qui est extrêmement surprenant étant donné les preuves accablantes sur les crimes politiques et économiques commis dans ce pays et à sa portée – à promouvoir réellement la récupération de ce pays en évitant sa descente aux enfers. Cette communauté, sans complexe de culpabilité postcoloniale et plus soucieuse d’affairisme que de considérations humanitaires, a confié aux pays voisins le soin de donner la dernière estocade à cette contrée, saignée à blanc par les étrangers et par les Congolais eux-mêmes. C’est-à-dire un déni de réalité qui mine l’avenir et même l’existence de l’État congolais. Cette situation est intenable et une nouvelle ère de partenariats a sonné, aussi bien avec les pays de la communauté internationale qu’avec les pays voisins, pour maî- triser les facteurs exogènes.

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique La génération qui a pris le pouvoir depuis l’indépendance est aujourd’hui hors course, sans projet ni légitimité, et il appartient maintenant à la jeunesse congolaise, et aux Congolais en général, autant que faire se peut, d’opter pour une véritable réconciliation et une gouvernance transparente, base de l’unité nationale et de la construction durable du développement du pays.

La phase de démocratisation dans laquelle se trouve le pays, bien que méritoire, est encore fragile à cause de zones d’instabilité chronique surtout dans la partie orientale et de la paupérisation d’am- ples couches de la population, avec un niveau de vie qui laisse à désirer.

Il est vrai qu’il n’y a pas de « peuple heureux » en permanence et que l’histoire des peuples est faite de moments heureux et de moments malheureux. Force est de constater que le peuple congolais est un de ceux qui ont le plus souffert et a connu l’enfer sur terre. Pourtant, le Congo réunit tous les atouts, peut-être pas pour être le paradis, mais pour se hisser au faîte du développement et de la puissance, à condition de récupérer le temps perdu moyennant la construction de bases solides pour le développement et la démocratie, qui passe par l’adoption de règles de bonne gestion et la capacité des Congolais de se charger de leur destinée et même de l’inventer.

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L’heure est révolue où les forces néocolonialistes et externes pouvaient multiplier manœuvres et pressions pour imposer des dirigeants à la solde des intérêts financiers étrangers. Il est plus que temps d’adopter un système basé sur la compétence, le mérite et la participation de la société civile forte et indépendante, pour en finir avec l’instabilité politique, économique et sociale. Le défi est à la hauteur des priorités : un nouveau contrat social et un nouveau projet de société, à la recherche de solutions politiques et non militaires aux problèmes avec la population et les pays voisins, par la voie démocratique, en donnant priorité à la justice sociale.

La recherche de la véritable indépendance économique et politique de la RDC pour récupérer son rôle de puissance de l’Afrique centrale devient de plus en plus une urgence incontournable. Et elle a en les moyens, tout en restant vigilante quant aux interférences étrangères qui ont laminé ou érodé ses efforts de construction nationale et sa quête de puissance, sans sous-estimer les responsabilités internes qui ne lui ont pas permis de conserver les quelques magnifiques infrastructures réalisées par la colonisation, pour ne s’en tenir qu’à cet exemple.

Sans jouer aux Cassandres, les auteurs (et non des moindres) soulignent la nécessité des change- ments réfléchis pour remettre ce pays sur les rails de la croissance interrompue depuis des lustres, sans perdre de vue qu’un gâchis peut en cacher un autre. Il y a peut-être là un pas qu’il serait fort imprudent de franchir.

En définitive, un tableau pas très flatteur des Droits de l’homme et, sans adopter une attitude des donneurs des leçons «droits-de-l’hommiste », il convient de ne pas reléguer au second plan les pro- grès réalisés dans la lutte contre la domination étrangère, les efforts faits pour résoudre les conflits internes et la résistance face aux humiliations infligées par les pays voisins du fait de la présence de leurs troupes sur le territoire congolais. La seule préoccupation des auteurs de ce livre est leur contri- bution intellectuelle à la mise en œuvre de la renaissance d’un Congo démocratique et prospère. Le parcours est long et plein d’embûches et connaîtra peut-être des ralentissements inéluctables, en commençant par la résolution de ses propres contradictions internes pour surmonter la maladie de jeunesse et les débats infructueux du passé et atteindre plus de pragmatisme. Le peuple congolais en a les vertus et les capacités. Le temps de la distraction n’est plus au rendez-vous de l’histoire, de cette histoire qui s’accélère dans le contexte de la mondialisation.

Prof. MBUYI KABUNDA

Professeur à l’Institut International des Droits de l’Homme de Strasbourg

Directeur de l’Observatoire d’Études sur les Réalités Sociales Africaines de l’Université Autonome de Madrid - Fondation Charles d’Anvers de Madrid Table des matières

Avant propos par Xavier López i Arnabat ...... 03

Introduction par Mbuyi Kabunda ...... 05

Table des matières ...... 08

Dr. César Nkuku Khonde | Droits de l’homme au Congo colonial : exposé et analyse de quelques faits et témoignages des abus ...... 10

Introduction ...... 12 1. Abus des droits de l’homme : le fait d’un système au Congo colonial...... 13 2. Différents faits ou formes d’abus des droits de l’homme ...... 15 3. Les conséquences des abus des droits de l’homme...... 25 4. Des voix se sont levées ...... 26 5. Réponse aux accusations : justice mal rendue, laxisme et usage du mensonge...... 28 Conclusion...... 28 Bibliographie...... 29

Mbuyi Kabunda | La République Démocratique du Congo postcoloniale : du scandale géologique au scandale des guerres à répétition ...... 30

Introduction...... 32 1. Le fond des conflits de la RDC, de l’indépendance à nos jours...... 34 2. Les conflits de la RDC entre 1960 et 1990 ...... 35 3. Les guerres des années 90 et 2000 : guerres de nationalités, contre le mobutisme et de déprédation...... 42 4. Vérités et contrevérités sur le pillage des ressources naturelles

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique de la RDC par les pays voisins...... 50 Conclusion...... 54 Bibliographie...... 56

Germain Ngoie Tshibambe | La République Démocratique du Congo postcoloniale : la faillite de l’État et la tutelle dans les relations interafricaines ...... 58

Introduction...... 60 1. La RDC : le soi et la projection de soi sur la scène africaine...... 61 2. La Première République : un État mort né sous oxygène d’autrui...... 62 3. La deuxième République : tentative de reprise de l’autonomie de soi...... 65 4. La troisième République : difficile gestion du joug et de la tutelle d’autrui...... 69 Conclusion...... 71 Bibliographie...... 72

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Toni Jiménez Luque | La République Démocratique du Congo et la région des Grands Lacs d’Afrique : entre l’instabilité politique et l’espoir ...... 74

1. Origines du conflit...... 77 2. Début du conflit armé des Grands Lacs...... 78 3. Violations des droits de l’homme en République Démocratique du Congo...... 82 4. Le problème de l’impunité ...... 83 5. Instabilité politique dans les pays de la région...... 85 Conclusions ...... 88 Bibliographie...... 89 Webgraphie...... 89

Dr. David Bondia Garcia | La situation des droits de l’homme en République Démocratique du Congo : une réalité dramatique ...... 90

Introduction...... 92 1. La réalité dramatique des droits de l’homme en République Démocratique du Congo...... 94 2. La constatation de la réalité sur la situation des droits de l’homme en République Démocratique du Congo...... 98 3. Considérations finales...... 103

David Querol Sánchez | Les enfants des rues à ...... 104

Considérations finales par Toni Jiménez Luque...... 112 | Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique

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Droits de l’homme au Congo colonial : exposé et analyse de quelques faits et témoignages des abus

Dr César Nkuku Khonde Professeur d’Histoire de la Université de Lubumbashi (République Démocratique du Congo) Introduction sur la situation des droits de l’homme au Congo sont l’œuvre de plusieurs chercheurs, mission- naires, auteurs et autres défenseurs des droits L’expression des droits de l’homme semble de la personne et du citoyen. Nous allons tirer être toute récente, mais elle était déjà d’actua- profit de l’abondante littérature qui existe sur lité dans l’Antiquité. Ce concept, à l’apparence ce sujet au Congo colonial pour exposer quel- de nouveauté, selon lequel tout être humain ques faits et témoignages d’abus perpétrés à possède des droits universels, inaliénables, cette époque. Ce chapitre sera donc essentielle-

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique – l’homme, en tant que tel et indépendamment ment constitué de témoignages, déclarations et de sa condition sociale, a des droits « inhérents observations issus de la littérature soigneuse- à sa personne, inaliénables et sacrés » et donc ment sélectionnés. opposables en toutes circonstances à la société et au pouvoir – a été combattu ou éclipsé aux En premier lieu, il convient de signaler que XIXe siècle et XXe siècle (même au XXIe siècle) les abus commis sont le fait d’un système : on par d’autres doctrines ; le présent chapitre y faisait prévaloir le droit du plus fort, mais éga- consacrera d’ailleurs une partie. Il serait ainsi lement que ces abus ont eu des conséquences particulièrement intéressant de mener une très néfastes sur la société. Globalement, rete- étude sur les droits de l’homme au moment nons les formes d’abus suivants : cultures obli- de la grande colonisation de l’Afrique par l’Eu- gatoires, travaux forcés, expéditions punitives, rope. Rappelons d’ailleurs que l’actuelle Répu- prises d’otages, emprisonnements d’innocents, blique Démocratique du Congo a été colonisée usage de la torture, exécutions sommaires, hu- de 1885 à 1960 par la Belgique. miliation, injustices sociales, recrutements for- cés, mauvaises conditions de travail, violences Au cours de cette période, d’innombrables écrits faites aux femmes et aux enfants.

12 ment débuté à la fin du XIX du fin la à débuté ment véritable- a centrale l’Afrique de colonisation La d’un systèmeauCongocolonial 1. Abusdesdroitsdel’homme: lefait 2| 1| très illustratif : est Sjöblom missionnaire du témoignage Le soldats, dessurveillants oudescapitas. des sont Ce officiels. des tous sont chefs leurs ordre de leurs supérieurs. Eux-mêmes ainsi que exécutantsLes sallelabesognede agissent sur sous le fouet; iln’apasdebesoins ». condamnées à la ruine ; le nègre ne travaille que :planteurs des merces et la Chambre des Lords, les porte-parole a plus de cent ans, devant la Chambre des Com- chise et de force, les fran - idées de que développaient, moins avec reproduisent il politiquey sa justifierpourpresse la dansrépand prépareet Congodul’État quearticles «lesl’E.I.C. quesur écrits sesF.mentionnait 1906,Cattierdans En ploitation envigueuràl’époque. d’ex- système au davantage répondent ils mais perturbée, profondément personnalité la à teux, d’individusexcès des seulementdou- pas sont ne abusenregistrés dansl’administration coloniale les objectifs que les coloniaux devaientéléments durelever. système mis Les en place pour atteindretés,la violence, les contraintes etc. constituent table; valeur.en mise sa exigeantainsi atroci- Les les ren- plus être devait colonie la Là, 1908. de partir quipersévérait avec lapériode duCongo Belge à nistration fût différente,l’admi- que bien suite, la c’estPar premières. matières la même philosophie colonie, l’E.I.C devait jouer le l’ÉtatIndépendant du rôleCongo, l’E.I.C. toute Comme de fournisseur de l’époque, le Roi Léopold II sous duCongoétéacquislaa souverain parledénomination Démocratique belgede République de la de actuel L’espace l’époque. de européennes puissances différentes rence de Berlin de 1885 qui partagea l’Afrique aux Bruxelles, p.248 CATTIER,F., (1906), Hatier, Didier Congo ,Bruxelles, p. 12 son et Léopold : lianes les (1986), Daniel, VANGROENWEGHE, sansl’esclavage, lescolonies sont Étude de la situation de l’E.I.C. , de situation la de Étude e siècle avec la Confé- avecla siècle 1 2 u ag sur sang Du véranda etle traitant dementeur.» la de sol le pied dufrappant chien, un comme terreur la fuite en chef à le mitBlanc soldats. Le des cruelle prenant s’en propos Son cher…. était lui qui ce tout lui et femmes soldats ses avaientpris des que parce Deisser et Müller de auprès plaignit se Longanga Lokolo de chef «Le coloniaux protégeaient leurs agents : blancs les comment effet en montre Clark seph Jo- Missionnaire du émanant ci-dessous récit commanditéstoléréschefsblancs.lesetpar Le Comme le rapporte ce témoignage, ces faits sont dient les maisons etdétruisent les plantations. incen- » valeur, de objets d’autres et bétail menu ceuxquin’ont fuir,pu pillent leshuttes, volent le arrêtent noirs, de nombre certain un tuent lages, vil- les envahissent soldats Les amical. rarement « Le premier contact entre soldats et indigènes est DanielVangroenweghecomme le décrit force, : la de use on population, la de résistance moindre la parties ennemies. deux À entuent leurs soldats) et population autochtone se consti- et agents (et coloniauxpopulation, la et tration la collaboration et la convivialité entre l’adminis- Au lieu d’établir des rapports cordiaux, basés sur par le nombreégaldemains droites. » cartouches de l’emploi justifier doivent soldats rivière.effet,la vant, mainsEnles à 160jeter de aupara jours - deux a ordonné, lui blanc officier qu’un Sjöblon à ri- raconte noir caporal Un la vière… dans jetées été ont Elles coupées. mains rives. de centaine les une remarque sur il Bofiji, de cadavres poste Au des a y qu’il et déserts sontvillages les queconstatecontrée, illa dans circule Sjöblom de : l’E.I.C. (District de Tumba période l’Équateur, lac au 1894 Novembre « 5| 4| 3| Haut-Congo (1903), Haut-Congo Case- R. de ment, Consul britannique, sur son voyage Rapport dans le (1985), Roger, CASEMENT, 1885-1903, Uppsala, pp117-118 district, Equator the to reference special with ties authori- State Independant Congo the and sions mis- Protestant between relations the of Study A LAGERGREN, D. (1970), Hatier, Didier Congo ,Bruxelles, p. 59 son et Léopold : lianes les (1986), Daniel, VANGROENWEGHE, Enquête et Documents d’His- Documents et Enquête Mission and state in Congo. 5 u ag sur sang Du 3 4 13 Dr. César Nkuku Khonde | Droits de l’homme au Congo colonial : exposé et analyse de quelques faits et témoignages des abus Il va sans dire que c’est la loi du plus fort qui à son arbre résiste pendant trois jours avant règne à cette époque. Aux antipodes du slogan de mourir. » 7 Congo, conquête pacifique présenté par le Roi Léopold II à la face du monde pour justifier la Le témoignage ci-dessous relate la cruauté de mission coloniale qu’il s’était assignée – slogan René Permentier : qui ne sert qu’à masquer la réalité – celui qui a le pouvoir colonial est le grand détenteur de « Lorsqu’il est en tournée d’inspection… Lui arri- tous les droits ; c’est lui le plus fort et peut donc ve-t-il de trouver une petite feuille sur la cour ré- en abuser. En fait, la mission coloniale n’était cemment balayée, il s’écrie ’’ les femmes prison- qu’une longue conquête sanglante… La violen- nières n’ont pas bien balayé ; elles doivent être ce était la norme parce qu’on retrouve à la base punies ’’. Alors ses soldats décapitent une dou- de toute occupation coloniale le droit du plus zaine d’entre elles. Trébuche-t-il en forêt, c’est fort, et donc la sous-évaluation de la population le signe que les routes ne sont pas bien entrete- autochtone qui justifie la colonisation dans son nues. Conséquence : en mesure de représailles, infériorité. un enfant est tué dans le prochain village… » 8

La violence était la norme : les coloniaux La dénonciation faite par l’organisation phi- avaient conquis en effet un pays gigantesque lanthropique Le Secours Rouge International sans moyens financiers pour l’organiser et l’ex- (SRI) confirme l’implication du système colonial ploiter. Ces moyens, c’était les indigènes eux- dans les exactions commises même à l’époque mêmes qui devaient les produire par leur tra- du Congo Belge : vail 6. Aucune collaboration n’avait même été conclue avec les chefs indigènes. « Les Impérialistes belges ont caché jusqu’ici leur tyrannie au Congo d’une façon très habile. A l’époque de l’E.I.C., les atrocités du genre Ils disposent à cet effet d’une presse puissante étaient particulièrement violentes dans le et bien organisée. Sous le couvert de la civilisa- District de l’Equateur. Quelques chefs de poste tion, ils masquent des procédés scandaleux. Non blancs furent un exemple manifeste de cruau- seulement ils ne se contentent pas d’exploiter les té. Citons notamment : René de Permentier, of- indigènes d’une façon inouïe, ils répriment tout ficier à l’Equateur de 1894-1901, Raoul Van Cale- mouvement qui tend vers une organisation de ken, chef de poste de Baringa. classe… » 9

Le récit suivant illustre la façon d’agir de Van Ces conditions laissaient libre cours à toute Caleken : sorte d’abus. Il serait alors intéressant de connaître d’abord les circonstances et faits qui « Les chefs Ilongo et Efomi des Isute sont al- conduisirent aux abus avant d’en déterminer

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique lés à Baringa dans le but d’exprimer leurs do- les différentes formes. léances au substitut et à Dhanis au sujet des amendes et d’une foule d’autres irrégularités. 7| VANGROENWEGHE, D., op. cit., présente à la page Raoul Van Caleken, le chef de poste de Barin- 103 de la tournée de Dhanis, Administrateur de ga, les met sous les verrous et les fait recon- l’ABIR (Anglo-Belgian India Rubber and Explo- duire le 27 juin à Ingunda. Là, ils sont liés nus ring Company) dans plusieurs postes du District à un manguier dans la cour intérieure de la de l’Equateur où sa compagnie commercialise le résidence d’un Blanc. Efomi, toujours attaché caoutchouc. 8| HULSTAERT, G, “Le voyage au Congo d’un officier danois, in Enquête et documents d’histoire afri- toire Africaine, p. 174 et VANGROENWEGHE, Da- caine, 4 (1980) et VANGROENWEGHE, D., op.cit., niel, (1986), Du sang sur les lianes : Léopold et son p.60 Congo, Didier Hatier, Bruxelles, 9| KANKU Bona-Mmudipanu, « Les communistes 6| Lire la préface de Jan Vansina de l’ouvrage de belges face au problème de la révolution au Congo Daniel VANGROENWEGHE, (1986), Du sang sur Belge (1929-1931) : quelques documents inédits », les lianes : Léopold et son Congo, Didier Hatier, in Likunduli – Enquêtes d’Histoire Zaïroise, 1 (1972- Bruxelles, p.11 1973), p. 20

14 fluant dans les caissesdel’État hollandais. af- important surplus un même laissait mais coloniale, l’administration de frais les vrait appréciable. Bénéfice qui non seulement cou- pour les aveccommercialiser un bénéfice très le gouvernement que hollandais rachetait d’indigo, à bas prix et sucre de café, de cultures des populations aux gouverimposait - Java.Il de neur le par introduit ingénieux cultures rement de - particuliè économique système système un forcées, fameux du l’époque C’est caoutchouc. le comme l’éco- coloniale nomie par frisés agricoles produits certains de cueillette la et imposées cultures les dans observés sont l’homme de droits de abus Les livraison desproduits agricoles la et obligatoirescueillette et cultures Les a) et l’usage du mensonge. laxisme le rendue, mal justice la enfants, et femmes aux faites violences les vie, de et travail de conditions mauvaisesaux ouvriers, milieux des issus travailleurs des re- crutements les libertés, des restriction la de sociales, injustices des démoralisants, faits des propre, l’amour à atteintes des humiliations, des res, sommai - exécutions des fouet, de peine torture, la de la de l’usage punitives, expéditions des forcés, travaux des l’institution agricoles, produits certains de obligatoirelivraison la et cultures des l’imposition notamment Citons ordres. plusieurs de sont Ceux-ci l’homme. de droits des abus les favorisé ont faits Plusieurs droits del’homme 2. Différents faits ouformesd’abus des 10| ple poignant d’une filletteL’exemépargnés. - pas mutiléen’étaient enenfants juin et 1895, mes à fem- ; les coupées l’Equateur, mains de leurs voyaient hommes district le tout dans : cités d’atro- et d’abus motif un constituait indigène La non-livraison de ce produit par la population caoutchouc. le sur basés étaient l’État de paux l’E.I.C.,périodede Pendantla revenusles - princi 46-47 »,landais STENGERS, J., « Léopold II et le modèle colonial hol- TijdschtftGeschiedenisvoor ,(1977)90 p. 10 le tout, à titre d’impôt alimentaire. marché, du prix des quart le pas dépassait ne prix Leur caoutchouc. de récolte la de geaient char - se qui commerce de compagnies les par contrôlées ad- celles dans et régions l’État par ministrées les dans imposés étaient chouc de matériaux caout- le vapeur,et Blancs aux destinés à construction) bateau pour fage chauf- de bois poisson, (chikwange,vivres Les et, semble-t-il, contrôlées etmêmeencouragées. tellesde méthodes terroristes étaient courantes caoutchouc, de production la d’augmenter Afin parla fillette vengeance envers son père…» ment. Il avoua les faits et affirma avoir malmené et s’entendit condamné à cinq ans d’emprisonne- Bikorocomparutdeposte du devanttribunal le par un seul individu. Suite à cela, le soldat perpétréméfaitBasusu d’un maisordre, sur auraitagi armée,banded’unequi acte d’uns’agissait pas conclusionsdecette enquête avaient étéqu’il ne quête suite aux accusations du missionnaire… Les en- une mener de juge un chargea général neur gouver - tard.Le plus mois quelques mourût elle docteurReusens Irebu.à Cedernier l’opéra, mais dedeux ans etdemi. Clarck latransporta chez le assassinée par des soldats. Elle était à peine âgée mère sa cadavretravailleurs,de du près couchée «…une fillette mutilée avait été retrouvée par des tionné : men- d’être mérite l’Equateur) de (District Ikoko 12| 11| préoccupationune à répond il où sens le dans la récolte du caoutchouc n’est pas un mal en soi mondiale (1940-1945). L’effort de guerre comme deuxièmeguerrela guerreimposé de aucours l’effort de à relatifs ceux et l’Equateur à caout - chouc du récolte la de l’imposition à relatifs témoignages les sont NombreuxBelge. Congo au observé également est l’E.I.C., vi- dans qu’engueur bien forcés, travaux de système Le b) Lestravaux forcés VANGROENWEGHE, D., op. cit., p. 207-208 Missionnary VANGROENWEGHE, D., op. cit., p62 Baptist par repris extraitClark, Joseph American de lettresUnion, de Archives 12 11 15 Dr. César Nkuku Khonde | Droits de l’homme au Congo colonial : exposé et analyse de quelques faits et témoignages des abus ou à une action collective qui permet de résou- guerre, d’autre souci que celui de la libération dre un problème qui survient au sein d’une de notre pays (la Belgique) et de la victoire des communauté. Le problème se trouve dans son Alliés » 15 caractère contraignant faisant appel à toute sorte d’abus. Les populations locales s’investirent dans l’ef- fort de guerre, travaillant sans relâche pour En 1894, dans le district de l’Equateur, les sol- sauver la métropole et sortirent totalement dats sont casernés dans les villages pour y for- appauvries, ayant abandonné leurs travaux cer les indigènes à cueillir le caoutchouc. Les de subsistance. Un autre phénomène qui s’est récolteurs sont obligés de parcourir parfois de produit lors de la rupture entre le Congo et la longues distances. Si un soldat remarque qu’un Belgique fut la dévaluation au Congo. Celle-ci indigène est resté au village au lieu de cueillir le eut lieu en juin 1940, elle provoqua l’augmen- caoutchouc, il l’abat sans ménagement.13 Dans tation du coût de la vie… Elle diminua le pou- d’autres contrées dudit district, on coupait les voir d’achat des Noirs, à l’opposé des Blancs qui mains de tous les contrevenants. Les soldats s’étaient vu réajuster leurs salaires. doivent en effet justifier l’emploi de cartouches par le nombre égal de mains droites.14 Dans d’autres régions encore, les peines de prison c) Des expéditions punitives pour insuffisance de livraison de caoutchouc sont improductives, on a donc recours au sys- La répression était très prisée au Congo colo- tème de prises d’otages. nial. A la moindre insoumission, toute résis- tance doit être réprimandée par la terreur. A C’est le gouverneur général et le secrétaire gé- chacune de ces occasions, une expédition pu- néral de l’E.I.C. qui encourageaient les pratiques nitive constituée des soldats de la Force Publi- douteuses des prises d’otages pour exiger tou- que est organisée. Le corps expéditionnaire agit jours plus de caoutchouc. Les femmes en sont le donc, et efficacement. Le village devait être in- plus souvent victimes. Elles étaient incarcérées cendié, il disparaît de la carte ; de larges stocks jusqu’à ce que leur famille ou leur village four- d’aliments sont confisqués. nissent la quantité manquante de caoutchouc (cf. lettre du 4 mai 1901 du commissaire de Dis- A titre illustratif, reprenons le témoignage de trict adressée au directeur de l’ABIR en Afrique). Charles Lemaire, premier commissaire du dis- trict de l’Equateur (1886-1893) ; repris dans son Au déclenchement de la deuxième guerre mon- journal de voyage et d’inspection territoriale, diale, l’effort de guerre fut imposé au Congo qui se félicite avoir fait tuer deux hommes Belge. La colonie était coupée de la métropole. dans les villages de Bolenge et Mobanga-Wan- Les activités coloniales avaient pour mot d’or- ga, et notamment le chef de Bolenge au titre de

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique dre : représailles à la suite des tirs essuyés par son navire en janvier 1892. Il a aussi jeté son dévolu « l’intérêt des actions noires devait céder le pas sur un autre village, Ikoyo, a ravi une femme à l’intérêt supérieur de la collectivité. Il ne peut d’Ifeko et refuse de la libérer. Par ailleurs, il ne être question actuellement d’autres préoccupa- se gène pas de présenter des abus qu’il a per- tions que celle de la participation absolue à la sonnellement commis lors d’expéditions puni- tives préalablement organisées :

13| LAGERGREN, D. (1970), Mission and state in Congo. «Pendant mon séjour au Congo, … pour récolter A Study of the relations between Protestant mis- du caoutchouc dans le district (où aucun pré- sions and the Congo Independant State authori- ties with special reference to the Equator district, 1885-1903, Uppsala, p. 119 15| ILUNGA Kalenga M. (1980), Les activités du Comité 14| CASEMENT, Roger, (1985), Rapport de R. Casement, d’étain du Congo Belge et du Ruanda Urundi 1940- Consul britannique, sur son voyage dans le Haut- 1945, d’après les sources d’archives régionales du Congo (1903), Enquête et Documents d’Histoire Shaba à Lubumbashi, Travail de fin d’Etudes en Africaine, p. 48 Histoire, UNAZA –Campus de Lubumbashi, p. 36

16 congolaise.» population la parmivivace resté est répression souvenir la Le de morts… vages. 70 Bilanofficiel sau- de qualifia qu’il grèves ces réprimer pour fusillade une autorisaProvince de Gouverneur Le salaires. de augmentations des européens, collègues leurs de l’instar à exigèrent,ouvriers les 1940, années des économique crise la «Avec tanga subieparles travailleurs sanglante noirs: Haut-Ka répression - du Minière l’Union de la grève d’une décrit Duduri de témoignage Le sanglantes. répressions de jet les mutineries des soldats faisaient aussi l’ob- et travailleurs des grèves les Belge, Congo Au nous prenions leur place» que brigandsarabespour les chassé ayons nous mains,desoreilles.desnezet croisneJepasque des couper devra ondécidé), n’avaitparatifété 18| 17| 16| valeuren économiquecolonie. lade Dibwe dia mise de programmeréalisationd’un la de dre ca- le dans principalement coloniale, truction l’ins- à contrevenant tout à subir faisait qu’on corporel châtiment du la s’agit Il presque chose. évoquentmême expressions trois Ces cutions sommaires d) Usage de la torture – la peine de fouet – Exé- sud-africain gressiste témoignage,peu connu, a été rapporté autre par un journal pro- un exemple, second En nés… » à arriva vaisseau Anvers …les ce Noirs grévistes furent emprison- passé, mois du fin la A brutalité.avecgrande temps quelques a y il belge vaisseaudu bord à marins Nègres grèvedes Une « : 1930 27 juin1930, n°620, 2 de- and mand Independance of the Congo”, saillors in black support workers “White deLubumbashi,UNAZA-Campus p.5 Histoire, en licence de Mémoire (1941),l’U.M.H.K. R.(1973), DUDURI LEMAIRE, Ch. (1908), BelgiqueetCongo, p64 18 17 La grève des ouvriers noirs à à noirs ouvriers des grève La fut réprimée fut Léopoldville l 2 juin 27 le Umsebenzi, 16 Umsebenzi, 100 ou200coups enuneséance» bituellementcoups,50 depeut monter jusqu’à mémoire, sont monnaie courante. Le « tarif » ha - d’hippopotame,fameusela «chicotte» tristede nerfs des moyen bas- flagellations au et les tonnades insuffisantes, été ont caoutchouc de livraisonsLorsquelesl’Equateur) District«de : le danscaoutchouc durécolte la s’occupaitde l’E.I.C.qui deentreprise (unel’ABIR par prises sanctions les rapporte Vangroeweghe Daniel innocents. des également d’ajouter conviendrait il liste souffrances. » d’affreuses dans lentement succombe qui me, victi- la de épaules les et visage le sur brûlant dégoulinetout copal feu.Le mettre y té,à puis ligoprisonnier- d’un tête la sur copal le verser à plaisir horrible un trouve bourreau du tant L’assis- flagellés. ou brûlant copal du moyen villageois sont tués, pendus, torturés à mort au de Beaucoup surveillant. le par exigée rançon, la payé ait famille sa que ce jusqu’à soleil,au exposé puis flagellé est contrevenant chaque mètres, 3 de haute plate-forme une sur fanza, Lofanza- influent chef du maison Devantla « un villageprèsdelaLokongo (Equateur) : 1906,marsdans 1er Stannard letémoinfurent et Whiteside missionnaires les dont ce Voici 21| 20| 19| de sondistrict. population aux la reconnaît aplatis,qu’on exorbités, yeux nez aux meurtries, oreilles aux défigurés, visages aux C’estball. punching me com- emploie les qu’il ja- mais Noirs, les sur mais tire ne qu’il anglo-belge, d’origine agent, d’un 1899 en apprend Jespersen ailleurs, Par éoet u aeet e l’impôt… de paiement se du qui dérobent ceux obligatoire, travail le pas cutent ouvriers, ceux qui les refusent la civilisation, ceux qui n’exé noirs,- porteurs les délinquants, les :peines ces destinatairecongolaisede tion popula- la de répertoire un établit Mwembu Ibidem VANGROENWEGHE, D., op. cit., p. 115 Tome XXXIV(1986)135-136, pp.129-135 au fouet de peine Congo Belge (1885-1960), in La « Mwembu, dia DIBWE 21 Les cahiers de Tunisie, 20 19 A cette A . 17 Dr. César Nkuku Khonde | Droits de l’homme au Congo colonial : exposé et analyse de quelques faits et témoignages des abus D’autres amusements familiers des agents de le manque de considération de la part des l’ABIR peuvent être soulignés : les indigènes blancs constituent aussi des souvenirs dont sont parfois obligés de grimper dans de hauts les contemporains de cette époque ont long- vieux palmiers tout branlants et d’en redes- temps gardé dans leur mémoire. Parmi tant cendre la tête en bas ; exercice au cours duquel d’autres faits, on peut signaler celui subi par nombreux sont ceux qui se brisent le cou ; ou le chef de Lokolo Longanga dont des soldats bien ils sont ligotés l’un à l’autre et jetés ainsi lui avaient pris ses femmes et tout ce qui lui dans la rivière et servent alors de cible pendant était cher. Le Blanc mit le chef en fuite comme qu’ils flottent.22 un chien, frappant du pied le sol de la véranda et le traitant de menteur.24 On mentionnera Beaucoup d’innocents furent également victi- d’autres amusements familiers des agents de mes de ces tortures. Des témoignages probants l’ABIR : ils aimaient particulièrement humi- le prouvent. Pour besoin d’illustration, nous lier les chefs indigènes, notamment en leur nous voyons obligés de reproduire ici un récit rasant le crâne. suivant déjà évoqué plus haut : Pendant le Congo Belge, les milieux ouvriers «En 1904, le poste de Lingunda des chefs indigè- développaient, dans une certaine mesure, des nes qui voulaient plaider pour la cause de leurs attitudes et comportements qui portaient at- communautés en sont sortis victimes. En effet, teinte à l’amour propre des ouvriers. C’est ainsi les chefs Ilongo et Efomi des Isute sont allés à que plusieurs travailleurs refusaient de renou- Baringa dans le but d’exprimer leurs doléances veler leur engagement, préférant regagner leur au substitut au sujet des amendes et d’une foule milieu d’origine. Cette attitude était motivée d’autres irrégularités. Raoul Van Caleken, le chef en grande partie par le climat d’insécurité, de de poste de Baringa, les met sous les verrous et les terreur morale et de nostalgie causée par le fait reconduire le 27 juin à Ingunda. Là, ils sont nombre de morts enregistrés dans les camps de liés nus à un manguier dans la cour intérieure travailleurs. Rien, en effet, n’était plus démora- de la résidence d’un Blanc. Efomi, toujours atta- lisant que de voir mourir tous les dix jours des ché à son arbre résiste pendant trois jours avant compagnons de travail, des voisins de chambre, de mourir.Il y a eu plusieurs autres assassinats, des amis ou des parents. meurtres, des amendes énormes infligées aux indigènes qui n’apportent pas le caoutchouc, Certains travailleurs étaient également déçus des arrestations et des détentions des femmes par le peu de considération accordée aux fem- et d’enfants qu’on affamait en prison… ont été mes. Ils affirmaient que mieux valait se faire rapportés dans la contrée. » 23 engager célibataire, car les femmes étaient pres- que communes à tout le monde au camp et la A l’époque du Congo Belge, il convient de men- société ne prenait aucune mesure disciplinaire

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique tionner les répressions sanglantes des grèves pour enrayer l’adultère. L’époux trompé tâchait et d’autres mutineries. On se rappellera ce qui a de se faire justice lui-même en se battant avec été évoqué pour la grève de l’Union Minière du l’homme qu’il avait surpris avec sa femme. Haut Katanga déjà évoquée plus haut.

f) Injustices sociales - restrictions des libertés e) Des Humiliations – atteintes à l’amour pro- pre – faits démoralisants Le système colonial exerçait un contrôle et une surveillance totale sur les populations colonia- Des humiliations des chefs indigènes et les. Elles étaient victimes de plusieurs injusti- ces sociales et ne pouvaient jouir de toutes les libertés reconnues à tout citoyen d’un pays. 22| Ibidem 23| Un extrait du récit sur le voyage de Dhanis, Ad- ministrateur de ABIR dans le Haut congo, reprit 24| VANGROENWEGHE, D., op. cit., présente à la page par VANGROENWEGHE, D., op. cit., à la page 103 103

18 19 Dr. César Nkuku Khonde | Droits de l’homme au Congo colonial : exposé et analyse de quelques faits et témoignages des abus En premier lieu, nous évoquerons le système si bien travaillé pour la métropole et se pose la du sauf-conduit pour les déplacements vers question de savoir ce qu’il peut accorder comme d’autres villages, surtout vers les centres ur- récompense à ces Noirs. Finalement, il prend la bains, système imposé aux indigènes. Il était décision d’augmenter le salaire des indigènes question avant tout de garder dans chaque comme récompense. Mais Mgr De Hemptine, Ar- village le nombre requis de travailleurs, sys- chevêque du Katanga s’oppose farouchement à tème rappelant fâcheusement le principe ce projet… :’’ Les indigènes sont riches assez, l’un médiéval du serf attaché à la glèbe. L’armée d’eux ayant même 35000 frs à la caisse d’épar- a été fréquemment engagée pour poursuivre gne. Si les salaires étaient augmentés ces indi- des fugitifs et les ramener. La ségrégation est gènes en outre pourraient s’acheter plusieurs une autre forme d’injustice de cette époque ; femmes » 26 elle avait d’autres corollaires ayant trait à la restriction des libertés. La déclaration ci-des- Tout cela voudrait simplement dire que le noir sous, quelque peu banale illustre bien notre n’a pas le droit de profiter de sa vie ni de l’orga- propos : niser, ni de prétendre à une promotion sociale ; il doit demeurer esclave. Tout cela contribue aux « En 1950, il n’y avait pas de marché au Camp mécontentements exprimés par des grèves et Maramba de BCK (Société de Chemin de Fer mutineries. Le témoignage suivant est très illus- opérant à l’est du Congo Belge), ses résidents se tratif : rendaient de temps en temps au marché réservé aux Blancs. Ces derniers faisaient leurs achats «… nous (soldats congolais) étions mécontents de 7h00 à 11h00. Les Noirs ne pouvaient s’y ren- de la façon dont nous traitaient les Blancs. Ils dre qu’après 12h00. La police surveillait l’entrée. nous considéraient comme des véritables es- Aucun noir, excepté les domestiques des blancs, claves : corvées, injures et surtout l’injustice. Les reconnus par leur accoutrement, ne pouvait en- Noirs ne pouvaient jamais dépasser le grade de trer aux heures réservées aux Blancs »25 premier sergent major » 27

Les milieux ouvriers furent le grand théâtre des Le phénomène de dévaluation enregistré au injustices sociales. Les populations locales por- commencement de la guerre de 1940 va dans taient tout le poids de la mise en valeur de la co- le même sens que la situation d’injustice évo- lonie, et cela dans des conditions inhumaines, à quée ci-dessous. Cette dévaluation provoqua l’exemple de l’effort de guerre à laquelle elles l’augmentation du coût de la vie…, diminua le s’adonnèrent corps et âme, puis totalement pouvoir d’achat des Noirs, contrairement aux ruinées, ne reçurent aucune récompense. Au Blancs qui voyaient leurs salaires se réajuster. contraire, les récompenses étaient attribuées à la population blanche résident dans la colonie A ce sujet, le Commissaire du District (C.D.D.) du

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique tel que nous le découvrons dans une déposition Lualaba écrivait en 1940 : de justice faite à Elisabethville en 1943 suite à la grève des travailleurs noirs de l’Union Minière « …l’augmentation dans tout le district du coût du Haut-Katanga : de la vie de 30 à 50 %, est un phénomène de l’état

«Après l’immense effort de guerre fourni par les populations congolaises, le Gouverneur Général 26| A.R.S.L., Dossier n°7. Projustitia, Dépositions de P. Ryckmans est content pour les Noirs qui ont Mutombo Paul devant le Commissaire de police Lardinois, Ellisabethville, le 1er février 1944 27| Témoignage de Kalenga Simon, av. Itimbiri, n° 25| Témoignage de Kabesa Mwanabutu recueilli le 7 Katuba, lubumbashi, recueilli le 24 mai 1981 12 novembre 1998 par MADIANTANGU Ndumba par MWANGANDO, Bembiso Adabimoni (1982), Tabala I Mwan’y, Fidèle, (1999), Conditions de vie La Mutinerie de Luluabourg du 20 février 1944, dans les Camps de travailleurs de BCK – Lubum- d’après les archives régionales du Shaba à Lubum- bashi : une autoévaluation des résidents (1950- bashi), Mémoire de Licence en Histoire, Univer- 1980), Mémoire de Licence en Histoire, Université sité Nationale du Zaïre, Campus de Lubumbashi, de Lubumbashi, p. 48, inédit inédit

20 étaient desvoleurs alorsqu’ilsont servi» qu’ils reviennent, on leur enlève cela comme s’ils souliers,desvêtements, desmouchoirs… dès des reçu ont et battre se allés sont soldats nos … « dats noirsayant aux part pris combats : sol- aux réservé également fut sort même Ce politique etéconomique » danger réel prolongeait,un constituerse elle si peut vie de standing leur de massive réduction cette 1940,l’année de cours au natifs de gories caté- les toutes preuve font dont remarquable loyalisme le Malgré … d’achat pouvoir leur de diminutionla de conséquencesles toutes ment intégrale- subissent qui eux donc sont ce 1940, aucuneeuadaptation a Noirs, n’ylesenPour il lariés ne touchant que de modestes traitements. sa- les pour hausse cette revêt que critique pect l’as- de disparition la partie grande en traînent de salaires pratiqués par tous les employeurs en- guerre.de Européens,Pourles réajustementsles 29| 28| des acheter à consistait manière troisième Une davantage… livrer en soumission, après souvent plus le devaient, rebelles villages les gne de soumission à l’homme blanc. Par contre, par village un certain nombre d’hommes en si- exigeaitsoldats.Habituellement, leson cruter re- de manières trois existait il l’E.I.C., Pendant bien d’autres intolérances. forcés,conditionsdestravail de inhumaines et recrutementsdesobservés furent que milieux lierd’abus dedroits del’homme. C’est dans ces res, le monde ouvrier fut un autre cadre - particu ouvrières et les réprimandes des grèves ouvriè- noirs travailleurs d’avoir, aux decréeretd’adhérer desàassociations l’interdiction Outre condi- tions detravail mauvaises etdevie – forcés Recrutements g) Etienne, Elisabethville, le 1erfévrier 1944 Declerk a.i. Roi du Procureur devantle Lievin lubi A.R.S.L., VI, 1974, p. 282 in », 1940-1945 guerre dansle ressort administratif deLikasi pendant la situationsocialela Kabet, TSHIBANGU« par cité A.R.S., Dossier n°7,Dossier Projustitia. Déclaration Ka- de oe ytéiu d CDD u Lualaba, du C.D.D du synthétique Note Etudes d’Histoire Africained’Histoire, Etudes 28 29 de travail… » mangeraudonnaitlieuà nous pas ne on et pos matin.le dusoiravait Non, re- n’y celle de il pas et soirtravaillaitsuivante, matinle du l’équipe semaine la ; semaine une pendant soir du 11h à 3h de seconde la 3h, à 7h travaillaitde mière pre- travailla :de équipes deux avions …Nous « somme pouvaient supporter : de bêtes les seules contraignant,que très vail leur était pas facile de ne s’adapter à un rythme de tra- qu’il constater de est force ; Katanga du mines les Dans ouvriers. les chez mortalité de travail peu optimales entraînaient une forte l’E.I.C. conditions de les Belge, Congo période du celle à la comme de cours au soit ce Que ce fait ladésertion. envoyées dans un autre district ; empêchant de généralement étaient et femmes, des aussi parfois mais adolescents, des habituellement donc étaient recrues Les l’État. travailleurs de devenaientvalides moins Les ans. sept de rée duune - soldatspour comme enrôlés étaient et hommes… Beaucoup n’avaient que 13 ou 14 ans 31| 30| eux. d’entre plusieurs de mort la provoqua qui et l’alimentation peu conforme à leurs habitudes cultés et particulièrement à celles ayant diffi- trait à mêmes aux confrontés étaient l’Etoile, de camp au concentrés Tous, d’alimentation. dutransfert loin de leur milieu et du changement l’acclimatement, de celles fait en étaient travailleurs ces de difficultés Les ». laisément rapidementtravail,au s’acclimatentma- mais vailleurs P.O. tra- sont Ces intelligents, s’adaptent assez « que Maniema Kivu de travailleurs des propos à (Main-d’œuvredéclara Indigène) M.O.I. la de Département le Générale, rection Di- la à adressée 1928 avril 13 du note sa dans Haut-Katanga,du Minière l’Union à Toujours dans C8, D13 A.D.P., Lubumbashi, p. 102, Inédit His - toire,Universitéde Campus Nationale en – Zaïredu Licence de Mémoire (1926-1928), niema Kivu-Ma- au l’UMHK de travailleurs des tement (1973), Kakisimba,Ya Tambwe YOGOLELOpar (Lubumbashi) Katuba à fé- 1973 vrier 24 le recueilli Rajabo, Asani de Témoignage 31 , 13 avril 1928, avril 13 Générale, Direction la à Note 30

Mission de recru- de Mission 21 Dr. César Nkuku Khonde | Droits de l’homme au Congo colonial : exposé et analyse de quelques faits et témoignages des abus La mortalité dans ces milieux était tellement de mauvaise qualité, nous les vendions fraudu- élevée qu’elle effrayât les travailleurs qui ne leusement à la cité indigène. A la place, nous croyaient pas pouvoir sortir vivants de cet en- allions nous en procurer de bonne qualité au fer : magasin de Bakoa… » 34

« … Oui, nous avons perdu beaucoup des nôtres à Le récit sur la préparation de la farine de maïs Ruashi : les uns mouraient par accidents de tra- plus bas décrit la mauvaise qualité de l’alimen- vail, les autres, la plupart, de la diarrhée. Atteint tation destinée aux travailleurs : aujourd’hui de cette diarrhée, le malade succom- bait après deux ou trois jours. Nous tous, nous ne « … Pour enlever sa teinte jaunâtre, son odeur et souhaitions qu’une chose : terminer notre contrat sa saveur âcre et en faire une nourriture saine, et rentrer le plus tôt au pays – tellement nous les femmes avisées laissaient cette farine de étions effrayés par le nombre de gens qui mour- maïs dans l’eau pendant deux ou trois jours. raient tous les jours ». 32 Ensuite, après l’avoir séchée au soleil, elles la pilaient et la tamisaient à nouveau. Alors seule- Le témoignage suivant appuie le précédent, ment, la farine du maïs devenait plus ou moins mais montre également que les travailleurs blanche et sa pâte était mangeable. Préparée étaient placés dans des mauvaises conditions telle qu’elle était reçue en ration, cette farine du d’existence. L’alimentation qu’on leur four- maïs – importée de Rhodésie – donnait à la cuis- nissait était, loin d’être adaptée : soit avariée son une pâte de forme bizarre qui exhalait une soit non-conforme ; sinon comment expliquer odeur repoussante – ce qui provoquait la diar- la forte morbidité qu’elle provoquait après rhée et la mort de plusieurs gens. Les ouvriers consommation : célibataires avaient toutes les peines pour se préparer une nourriture convenable, bien cuite « C’est à Ruashi que plusieurs gens du Manie- et digérable… » 35 ma sont morts par accidents de travail, mais et surtout de la diarrhée. Atteint de la diarrhée et Ils étaient tellement devenus des mouroirs conduit à l’hôpital, le malade (homme, femme qu’on enregistra beaucoup de cas de refus de ou enfant) succombait quelques jours plus tard. réengagement : Nous avions beaucoup à manger, mais la nour- riture qu’on nous donnait n’était pas adaptée au «Je n’ai pas voulu renouveler mon contrat parce régime alimentaire de chez nous : haricots très que j’étais effrayé par la mort de mes compatrio- secs, petits pois, beaucoup de « Kakontwe », fa- tes, et par nostalgie. D’ailleurs, beaucoup d’hom- rine de manioc très rarement, du riz – rarement mes souhaitaient voir la fin de leur contrat, aussi, viande de bœuf, arachide…, mais jamais tellement la mortalité était accentuée… Nous de bananes ou du manioc » 33 n’avions même pas la possibilité ni le droit d’en- 36

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique terrer nous-mêmes nos morts » Mal nourrir ses travailleurs semblait être une option adoptée dans beaucoup d’entreprises, Outre la mauvaise alimentation et les condi- pour des raisons qui restent à élucider. Le court tions inhumaines de travail, les conditions de récit ci-dessous indique que cette pratique était logements n’étaient pas toujours optimales tel également de mise à la BCK : que le décrit Yumba Kalala, ancien ouvrier de la

«… la farine et le sel qu’on nous donnait étaient 34| Propos de Kabesa Mwanabutu recueilli le 17 no- vembre 1998 par MADIANTANGU Ndumba Taba- la I Mwan’y, Fidèle, (1999), Conditions de vie dans 32| Témoignage de Mr Lungumbu Saidi, recueilli le les Camps de travailleurs de BCK – Lubumbashi : 14 avril 1973 à la cité Karavia – Lubumbashi par une autoévaluation des résidents (1950-1980), Yogolelo, op.cit. Mémoire de Licence en Histoire, Université de 33| Témoignage de Bwana Muzuri Samilondo rec- Lubumbashi, p. 33, inédit cueilli par Kekambezi Kyelu à Shabunda (Sud 35| Témoignage de Lungumbu Saidi, Kivu) le 23 janvier 1973 et repris par Yogolelo, op.cit. 36| Ibidem

22 Depuis • des travailleurs del’État. durée de sept ans. Les moins valides devenaient ans, ils étaient enrôlés comme soldats pour une 14 ou 13beaucoupn’avaient ;que femmes des ralementgrandsenfants,de aussimais parfois géné- étaient soldats comme même et blancs travaildes le faire pour recrues les ;violentés aussiétaient enfants et :femmes époque cette à également existaient jours nos de fortement décriées femmes, aux faites violences Les fants violencesDes auxauxfaitesh) et en- femmes un camp s’achètedu mobilier… » étaitdifficile qu’un travailleur BCK de logé dans unechambre et tous: pour parents enfantset Il … chaises quatre et tablette une mettre pour salon petit très un dormir, pour chambre tite pe- une seulement avoir devait Noir qu’un sait pen- il en travailleurs, des blanc, camps les construisant l’homme de l’intelligence dans «… Congo Belge est: danslapartie opérantau Fer de Chemin BCK,Compagniede 38| 37| Depuis • ser- qui d’enfantsvaient uniquement d’otages : et femmes de constituée essentiellement est Elle parlante. est Mongala la Dhanis de prison la dans par 1904, en visite, sa établie de lors prisonniers des liste La ché parles etl’État. maisons commerciales livraisonrécoltela produitet ce recher- tant de la rentabiliser de d’otagesservaientafin fants en- et femmes caoutchouc, du boom du Lors rêtées parcequeleur mariafui. ar- été ont Bekombe.Elles de secteur le dans LEMAIRE, Ch. (1908),BelgiqueetCongo, p64 bashi, p. 33, inédit Lubum- de Université Histoire, en Licence de re (1950-1980),Mémoi- autoévaluationrésidents des une Lubumbashi: – BCK I travailleursde de Camps Tabala Ndumba (1999), Mwan’y,Fidèle MADIANTANGU par janvier 30 1999 le recueilli Kalala Yumba de Propos le le 1er 3 juin juin et 1904 le Conditions de vie dans les dans vie deConditions 15 38 :

5 mai femmes :

37 11 femmes d’Evoloko, de

Depuis • clament pour leur servirdeconcubines. pour eux ou que leurs officiers blancs ne les ré- gardent les ne soldats les que moins à rançon d’une paiement le contre mari leur à rendues me boys dans un poste d’État. Les femmes sont les « colonies scolaires » ou mis au travail com- envoyéssont prisonniers enfantsdans les que Un autre rapport de mission d’enquête indique 41| 40| 39| dese n ae u mi 91 u Directeur au d’ABIR 1901 enAfrique. » mai 4 du date en adressée District du commissaire du Cela lettre d’une ressort caoutchouc. de manquante quantité la fournir peuvent village leur ou famille leur où moment jusqu’au incarcérées sont Elles mes. victi- souvent plus le sont en femmes Les ges… d’ota- prises des par remplacées sont celles-ci petit, à petit que sorte de improductives, sont caoutchouc de de livraison insuffisance pour prison de peines Les indigènes… des cusations ac- après poste de chef le par avouées ou vues choses des que parle ne Je prison… en affamait d’enfantsqu’onet femmes de détentions des et caoutchouc,arrestationsn’apportentle des pas qui des indigènes meurtres, aux infligées des énormes assassinats, amendes des eu a y il « le missionnaire Dhanis àcettemêmeépoque : par menéecelle faits.de borentcesC’estcas le corro- région la dans faites enquêtes D’autres sont affamés. père,leuret de place la caoutchoucà de peu entravéssontans.Ils 10avoir pour livré trop sont déjàdepuis4ou5mois) y (quelques-unes squelettes vrais de âgées, très sontplusieurs lesquelles parmi Lofomu 1885-1903, Uppsala, pp117-118 district, Equator the to reference special with ties authori- State Independant Congo the and sions mis- Protestant between relations the of Study A LAGERGREN, D. (1970), VANGROENWEGHE, D., op. cit., p. 103 Hautpar congo,le repris dans ABIR nistrateurde Un extrait du récit sur le voyage de Dhanis, Admi- VANGROENWEGHE, D., op. cit., p. 104 Hautpar congo,le repris dans ABIR nistrateurde Un extrait du récit sur le voyage de Dhanis, Admi-

le

1er

juin 39

40 :

9 Mission and state in Congo.

garçonnets

âgés

41 de

5

à 23 Dr. César Nkuku Khonde | Droits de l’homme au Congo colonial : exposé et analyse de quelques faits et témoignages des abus | Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique

24 tion au moins delamoitié…. » popula- la réduit1920, à 1880 ont,de maladies nouvelles d’autres parmi sommeil du maladie l’introductioninvolontairela variolede laet de famine et, travail forcé et d’expulsions, ainsi que vert… Des destructions considérables enfer et leur un cortège de était l’Equateur de région La « la période del’E.I.C. : pourVansina Jan mentionne le comme gions ré- certaines de dépeuplementdu villages, des désertion la mortalité,de forte famines,d’une très lourd. étaitCes abus sont l’hommeà l’origine de de maladies, droits de abus des bilan Le de l’homme 3. Lesconséquencesdesabusdroits 42| de prospères plus les endroits des un été jours tou- avait qui et Bobangi, des principalement habitants, 000 40 jusqu’à comptait qui lobo, 500.Bo- à habitants1887, tombée 000 en est 5 de encore était qui villages des population la Tshumiri, A dépeuplement. du suite la à bles méconnaissa- devenus sont d’exister,ou cessé ont peuplés fort et prospères connut qu’il ges passage ici, il en avait compté 10000. Des - villa premier son qu’à alors d’habitants, millier un région la dans relevé a recensement récent le que précisera il tard, plus mois Quelques lobo. Bo- peuple du système l’avenir ce pour craint à Il barbare. lui selon dû est fleuve, de çaise fran- rive la sur réfugiés habi- sont se effrayés tants les dont Bolobo de dépeuplement Le « l’E.I.C. comme suit : à contrées certaines dans situation la réformes. Casement en faisait partie et décrivit des proposer colonialesnotabilitésà certaines graveplusemmeneren plus jusqu’à venait de de- qui situation Une blanc. l’homme de tions tements forcés et autres tracasseries et imposi- indigènes,auxculturesobligatoires, - auxrecru échapperontau système inhumain desimpôts elles où là ailleurs, réfugier se aller pour tuel habi - milieu leur fuir de obligées populations Le dépeuplement des régions est le résultat des op.cit. p.11 Voirdupréface sa livre VANGROENWEGHE,de D., 42 taines races d’indigènes et que le pourcer- travail du soir longue trop était d’affilée) heures (8 duréeprestation«la travailde que de MOI la de Département du responsables aux remarquer fait avait Katanga, du provincial médecin au adjoint hygiéniste médecin alors Thomas, Dr causetravailduà nuit. etsaisonsèchede Le la pendant surtout contractait se pneumonie La mortalité. de principales causes les étaient dysenterie la Minière du Haut Katanga que la pneumonie et l’Union de Médical Service / M.O.I. partement Dé- réunions des procès-verbaux des ressort Il principales. causes les étaient d’exploitation en coloniale sociétés les par imposée tion alimenta- mauvaise la que ainsi travailleurs de camps les dans hygiéniques conditions les et carrières les dans travail de conditions Les de 51,05 %o, 53,48 %o, 45,29 %o et 32,58 %o 32,58 et %o 45,29 %o, 53,48 %o, 51,05 de respectivement était Haut-Katanga Mi- du l’Union nière de travailleurs des mortalité la situation est très préoccupante. De 1925 à 1928, la Belge, Congo du ouvriers milieux les Dans lation. popu- la souffrait dont pulmonaires maladies pertorie la mortalité infantile et les différentes ré- on outre, En plus. le parle on dont variole la et sommeil du maladie la sont ce l’E.I.C., A bienentendudies rime avec mortalité. pour les mauvaises conditions de travail. Mala- sur la santé de la population. Il en est de même répercussions des avoir certainement devait populations des contrôlé non déplacement Le lation estréduite de60à70%... » agglomérations autour du lac Tumba, la popu- les dans et carte la de disparu a village ce 000, 3 compté avait en qui Irebu, à Quand 1903. en 600 à 1887 en 000 5 de tomber position sa vu a Lukolela habitants. 000 8 à 000 7 que 1903, en plus, comptait ne fleuve, du gauche rive la 44| 43| A.D.P., annuels Rapports M.O.I. 1926-1928, C4 son et Léopold : Congo, lianes DidierHatier, Bruxelles, les sur sang Du Daniel,(1986), VANGROENWEGHE, et 174 p. Africaine, d’Histoire Documents et Enquête (1903), Congo Consul britannique, sur son voyage dans le Haut- CASEMENT, Roger, (1985), Rapport de R. Casement, 43 44 . 25 Dr. César Nkuku Khonde | Droits de l’homme au Congo colonial : exposé et analyse de quelques faits et témoignages des abus (finissant à 23h00) était néfaste aux races des dynamiques. À l’époque coloniale, il a fallu districts chauds » 45 compter sur certaines oppositions politiques, idéologiques, doctrinales et sociales : les mis- Les témoignages recueillis à ce sujet abon- sions protestantes moins favorisées par l’État dent. En voici quelques-uns, en commençant colonial face aux missions catholiques ap- par celui de Lungumbu : pelées à accompagner l’administration ; les partis d’opposition face à ceux au pouvoir, le « … Oui, nous avons perdu beaucoup des nôtres communisme face au capitalisme. à Ruashi : les uns mouraient par accidents de travail, les autres, la plupart, de la diarrhée. At- Les missionnaires protestants furent les teint aujourd’hui de cette diarrhée, le malade premiers à émettre des critiques sévères à succombait après deux ou trois jours. Nous l’égard de la politique domaniale de l’E.I.C.. Ils tous, nous ne souhaitions qu’une chose : termi- incitèrent certains milieux à réclamer des en- ner notre contrat et rentrer le plus tôt au pays quêtes relatives aux atrocités commises dans – tellement nous étions effrayés par le nombre les exploitations de caoutchouc, et tout parti- de gens qui mourraient tous les jours ». 46 culièrement dans le district de l’Equateur. Ils dénoncèrent ces abus grâce à des conférences Cet autre témoignage appuie le précédent : et dans les journaux et lettres de certains co- loniaux. « C’est à Ruashi que plusieurs gens du Manie- me sont morts par accidents de travail, mais et Pendant la période du Congo Belge, ce sont surtout de la diarrhée. Atteint de la diarrhée et des partis de l’opposition et autres mouve- conduit à l’hôpital, le malade (homme, femme ments associatifs anticolonialistes, comme ou enfant) succombait quelques jours plus tard. Les jeunesses communistes de Belgique, Le se- Nous avions beaucoup à manger, mais la nour- cours rouge international, la ligue contre l’im- riture qu’on nous donnait n’était pas adaptée périalisme…48, sur lesquels le pouvoir colonial au régime alimentaire de chez nous : haricots devait veiller. Ce dernier a dû s’organiser de très secs, petits pois, beaucoup de « Kakontwe façon à contrecarrer leur propagande anti-co- », farine de manioc très rarement, du riz – ra- loniale. La SEPES (Société d’Etudes Politiques, rement aussi, viande de bœuf, arachide…, mais Economique et Sociales) fut l’un des organes jamais de bananes ou de manioc » 47 de cette propagande. Elle avait son siège à Anvers, en Belgique, possédait un office de documentation, des cercles d’études, des pu- blications occasionnelles et un bulletin pé- riodique bimensuel, au ton violemment an- 4. Des voix se sont levées ticommuniste qui fut publié régulièrement

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique entre 1925 et 1940. En effet, la Sûreté belge avait déjà remarqué, entre 1929 et 1931, l’in- De nos jours, la dénonciation des abus de térêt des communistes belges pour le Congo droits de l’homme s’organise autour des or- : ils s’efforçaient d’établir des alliances avec ganisations non gouvernementales pour les les mouvements de protestation au Congo. Ils droits de l’homme où les activistes sont très stigmatisaient l’exploitation du prolétariat, le travail et les recrutements forcés ainsi que d’autres brutalités coloniales. En outre, ils se 45| A.D.P., Procès-verbal de la quatrième séance du 9 juillet 1928 de la Commission U.MHK.-Gouverne- ment, C8, D13 48| Les Jeunesses Communistes de Belgique étaient 46| Témoignage de Mr Lungumbu Saidi, recueilli le une filiale de l’Internationale Communiste des Jeu- 14 avril 1973 nes (SRI), Le Secours Rouge International était une organisation philanthropique révolutionnaire, La 47| Témoignage de Bwana Muzuri Samilondo re- Ligue contre l’Impérialisme regroupait des com- cueilli par Kekambezi Kyelu à Shabunda (Sud munistes et sympathisants ainsi que d’autres Kivu) le 23 janvier 1973 adversaires du colonialisme

26 cours rougeinternational. se- du belge section la par noir, martyr nier- une - prison leKimbangu, Simon à adressée lettre intercepté même avait belge Sûreté La 50| 49| Léon à adressée ci-dessous repris Clark Joseph lettre la de l’exemple à sensibles cœurs tains cer- de l’attention d’attirer manqué pas n’ont qu’ils poignants tellement furent récits Leurs du sort que leur imposait le régime colonial. mécontentsnoirs les parmi pourraientsurgir naliser tous les mouvements d’opposition qui ca- et soutenir de et forcés recrutements les contre campagne une mener de proposaient Idem : Dossier La section belge du SRI à Simon Simon à Kimbangu, Bruxelles, le SRI 1erdécembre1930 du belge section La Dossier : Idem du SRI situation coloniale, élaboré par le Comité Exécutif té : Rapport sur de la SEPES, DS III : « Rapport sur la ArchivesRégionales du Shaba, Sûre- la de Dossier 50 49

51| ordre, sur agi aurait qui acte armée, bande d’un d’une pas s’agissait ne il : suivante sion conclu- la à menait enquête Cette sionnaire… mis- du accusations aux suite enquête une mener de juge un chargea général verneur Gou- attendre. le fait que rapporte Vangroeweghe pas Daniel sont se ne réactions Les Reusens à Irebu. Ce dernier l’opéra, mais elle elle mourût quelquesmoisplus tard. » mais l’opéra, dernier Ce Irebu. à docteur le Reusens chez transporta la Clarck demi. et ansdeux de soldats.âgée peineétaitdes à Elle par assassinée mère sa de du cadavre près chée cou- travailleurs, des mutilée par fillette retrouvée une été avait Ikoko, à 1895, juin En « Fiévez, Commissairedu del’Equateur District : rhvs e mrcn ats Missionnary VANGROENWEGHE, D., op. cit., p. 59 Baptist par repris extraitClark, Joseph American de lettresUnion, de Archives 51 27 Dr. César Nkuku Khonde | Droits de l’homme au Congo colonial : exposé et analyse de quelques faits et témoignages des abus mais d’un méfait perpétré par un seul indi- Le récit qui suit démontre comment les agents vidu. Suite à cela, le soldat Basusu du poste de coloniaux usaient du mensonge et dissimu- Bikoro comparut devant le tribunal et s’enten- laient la réalité : dit condamné à cinq ans d’emprisonnement. Il avoua les faits et affirma avoir malmené la «En décembre 1904, pendant le séjour de la fillette par vengeance envers son père.52 commission d’enquête à Baringa, les membres de ladite commission voulurent se détendre en Certains milieux influents ainsi que des in- désirant visiter un villageindigène, mais les tellectuels réclamèrent le changement de agents de l’ABIR affirmaient que ce serait cou- politique coloniale, à l’instar de Grenfell53 qui rir un certain danger et qu’il faudrait une bon- proposa, en août 1903 au gouverneur général ne escorte armée. Les membres de la commis- de réformer le système inhumain des impôts sion demandèrent l’avis de Harris, pour lequel indigènes. il n’y a aucune crainte à avoir, et finalement, seuls deux agents de police accompagnèrent L’observation de P. Ryckmans mérite égale- la commission durant la visite d’un village. ment d’être signalée : Les villageois ont revêtu leurs beaux habits et leurs chaînes dorées étincellaient au soleil. A « Il faut s’apitoyer sur le sort des pauvres in- son retour, la commission était suivie par une digènes sacrifiés malgré eux à une guerre de centaine d’indigènes enthousiastes, qui lui ap- Blancs qui ne les concerne pas, exploités à fond portèrent des fruits, des légumes, des oies, des pour alimenter la bataille sans souci de dé- lances et d’autres cadeaux ; l’uniforme blanc veloppement moral et social du bien-être, de que portaient les membres de la commission civilisation remise à de problématiques lende- tait couvert de poudre rouge du ngola. » 55 mains » 54

Conclusion 5. Réponse aux accusations : justice mal rendue, laxisme et usage du men- songe Nous assistons aujourd’hui à un redéploie- ment des activistes des droits de l’homme, travaillant, collaborant ou militant au sein Plusieurs commissions avaient été envoyées des organisations non gouvernementales à l’E.I.C. pour enquêter sur les abus du caout- pour les droits de l’homme. La préoccupation chouc. Ces abus furent même dénommés « humanitaire sur les droits du citoyen est un

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique du sang sur les lianes » et parfois représentés phénomène très ancien ; aucune époque n’y a par des noirs avec des mains coupées. Comme échappé. Le Congo colonial a par ailleurs en- nous venons de le voir ci-dessus, les autori- registré des faits et circonstances ayant abou- tés coloniales acceptèrent que les personnes ti à des abus des droits de l’homme. Plusieurs incriminées comparaissent devant les tribu- témoignages et des rapports ont été produits naux. Malheureusement, laxisme et menson- à ce sujet. ge accompagnèrent ces jugements ; dans la plupart des cas, le jugement était mal rendu. Comme l’a mentionné plus haut Jan Vansina, la violence était la norme parce les coloniaux avaient conquis un pays gigantesque sans 52| Idem, p.61 moyens financiers pour l’organiser et pour 53| GRENFELL., G., « Travels of the SS . Peace on the l’exploiter. Ces moyens, c’était les indigènes Congo and affluents”, Journal of the Manchester eux-mêmes qui devaient les produire par leur Geographical Society, 1886 54| RYCKMANS, P. (1945), Messages de guerre, Maison Ferdinand Lacier, Bruxelles, p. 172 55| VANGROENWEGHE, D., op. cit., p. 129

28 des milieuxcoloniaux du Congo. plupart la dans et judiciaire l’administration dans présents restés soient mensonge du ge l’usa- voire l’injustice et laxisme le que bien mondiale, guerre deuxième la après surtout gressivementl’améliorationsituation,à la de et d’autres cœurs sensibles, qui ont conduit pro- colonialisme au opposants des milieux influents, certains de l’attention d’attirer qué man - pas n’ont conséquences Ces certaines contrées. de dépeuplement le morbidité, la diversificationl’extensionla facilité et ont de atrocités ces élevée, mortalité d’une base la À des libertés. restriction la et sociales injustices des propre, l’amour à atteintes des humiliations, des nes - africai populations des auprès comptabilisa On à violence. la n’échappa personne enfants, et femmes Hommes, sommaires. exécutions des à torture, la de l’usage à punitives, tions expédi- des à conduit ont circonstances Ces en mise la l’emploi,guerres,etc. lescolonie, la de valeur forcés, travaux de l’institution obligatoireson produits certains de agricoles, livrai - la et obligatoires cultures des position l’im- : l’homme de droits des abus les vorisé fa- suivantsont faits les d’autres, tant Parmi même avec les chefsindigènes. pas souhaitée, n’avaitété début, au lièrement travail.collaboration,- Aucune particu tout et CEPSE, núm. 114-115(1976). Economiques, et Sociaux Problèmes des d’Exécution Haut-Katanga », 1926-1928 de Kivu-Maniemaau du Minière l’Union de travailleurs des «Recrutement Kisimba, ya TambweYOGOLELO nes : Léopold etsonCongo, DidierHatier, Bruxelles. VANGROENWEGHE, Daniel, (1986), mes Sociaux etEconomiques , CEPSE, núm. 114-115(1976). mondiale», dans les colonies africaines pendant la seconde guerre TSHIMANGA Kabet Musas, «Transformations internes Likundoli, Histoire etDevenir, 9(1998)1-2. de rôle politico-communautaire au Congo Kinshasa», et sociales relations des transformation et pulation NKUKU Khonde, «Evolution de l’État d’esprit de la po- ge, Goemaers, Bruxelles. travaildurégime NEYSSE,Th,Le Bel- au (1924), Congo 2003. especial, número congolaise, d’histoire Enquêtes doli, (R.D.C)»,Sakania à l’expériencebelgecoloniale que de stabilisation d’une population rurale flottante : KasyulweNKUKUKISONGA Khonde,et «Problémati - – Enquêtesd’Histoire Zaïroise, 1(1972-1973). inédits», documents quelques : (1929-1931) ges face au problème de la révolution au Congo Belge bel- Communistes «Les Bona-Mmudipanu, KANKU (1980). », nois da- officier d’un Congo au voyage «Le HULSTAERT,G, taires deLubumbashi, Lubumbashi. Universi(1910-1999),Presses - GECAMINES Haut-/ Katan,ga du Minière l’Union de travailleurs des vie de (2001), Mwembu, dia DIBWE (1986) 135-136. XXXIV Tunisietom ,de cahiers Les (1885-1960)», Belge Mwembu, dia DIBWE Bruxelles. (1906), F., CATTIER, Bibliographie , 4 4 africaine, d’histoire documents et Enquête ultn u ete ’xcto ds Problè- des d’Exécution Centre du Bulletin td d l stain e l’E.I.C., de situation la de Etude «La peine de fouet au Congo Congo au fouet de peine «La Histoire des conditions des Histoire Bulletin du Centre du Bulletin Du sang sur les lia - Likunduli Likun-

29 Dr. César Nkuku Khonde | Droits de l’homme au Congo colonial : exposé et analyse de quelques faits et témoignages des abus | Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique

30 31

La République Démocratique du Congo postcoloniale : du scandale géologique au scandale des guerres à répétition

Mbuyi Kabunda

Professeur à l’Institut International des Droits de l’Homme de Strasbourg

Directeur de l’Observatoire d’Études sur les Réalités Sociales Africaines de l’Université Autonome de Madrid - Fondation Charles d’Anvers de Madrid Introduction La dénommée “crise du Congo” (née d’un changement exceptionnellement rapide et brutal) a été le parfait prétexte pour imposer Le 30 juin 1960, le Congo accède à l’indépen- un État centralisé et autoritaire pendant plus dance en pleine euphorie. Ce pays que l’ex- de trente ans, aux mains du général Joseph- plorateur Henry Morton Stanley a qualifié Désiré Mobutu (devenu par la suite maré- de “scandale géologique ” et auquel plus d’un chal Mobutu Sese Seko), considéré en pleine analyste a prédit un avenir meilleur en raison guerre froide par l’Occident comme l’homme de ses ressources naturelles considérables et fort nécessaire pour la stabilité et l’unité, des enviables, de sa position stratégique au cœur aspects dont le capital international et péri- de l’Afrique et de sa population caractérisée phérique avait besoin pour l’exploitation du par une riche diversité culturelle, s’est effon- pays. dré quelques semaines après avoir obtenu la souveraineté nationale et internationale. Le système Mobutu, basé sur la cleptocratie, Actuellement, en raison du mauvais gouver- le népotisme et la répression2, a été si désas- nement et de la gestion catastrophique, de treux qu’il a non seulement fini par ruiner le l’effarant marasme économique, des guerres pays pendant son exceptionnelle longévité, et des pillages, par les pays voisins et par les mais qu’il est aussi tombé, par son désir de Congolais eux-mêmes, le Congo présente ce s’accrocher au pouvoir, dans l’inédite capacité contraste : un pays potentiellement très riche de destruction et d’autodestruction en créant avec une des populations les plus pauvres du les bases de sa chute et le bouillon de culture monde. à l’invasion du Congo par les pays voisins agressés pendant des dizaines d’années par le Le manque de préparation de cadres compé- régime de Mobutu, dans son rôle de sous-im- tents pour prendre la relève de la colonisation périalisme de relève ou de pompier pyromane, belge — qui en vue de se perpétuer a favorisé en encourageant les ethnocides contre les eth- la création d’associations culturelles ou eth- nies favorables à l’opposition pour discréditer niques au détriment de véritables partis po- le processus de démocratisation, comme cela litiques1 avec des devises du type “pas d’éli- s’est produit au Katanga et au Kivu au début tes, pas de problèmes”, “ventres pleins, noirs des années 90. Selon Braeckman3, il a ressus- contents”—, qui a eu la spécificité d’être une cité les vieux fantômes séparatistes du début colonisation privée et paternaliste aux mains des années 60 et a créé le chaos dans son pro- des entreprises et de l’église ; le processus de pre pays et dans les pays voisins, dans le but de décolonisation chaotique mené à terme dans conserver le pouvoir et de se présenter devant la précipitation totale ; le bicéphalisme inadé- l’opinion internationale comme la seule voie quat du pouvoir exécutif calqué sur le systè- de salut.

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique me politique belge avec la Loi fondamentale imposée comme Constitution, au mépris total 2| Le mandataire congolais a instauré un pouvoir des réalités locales ; la prolifération des forces inspiré de l’autorité coloniale, en particulier du centrifuges armées agressives, instrumenta- système de Léopold II avec le culte à la personna- lisées de l’extérieur ou par les leaders locaux, lité, à l’image des régimes communistes, de type la division de la classe politique congolaise coréen, en plus de la récupération déformée de l’autorité traditionnelle. Le tout par l’institution entre les partisans du modèle d’État centra- du parti unique, le Mouvement Populaire de la lisé et ceux du fédéralisme, entre les modérés Révolution (MPR), de l’idéologie de l’Authenticité pro-occidentaux et les nationalistes radicaux, africaine basée sur un faux nationalisme politi- sont les facteurs qui expliquent l’effondre- que et économique. Cf. WILLAME, J.-C., L´automne ment. d´un despotisme. Pouvoir, argent et obéissance dans le Zaïre des années quatre-vingt, Karthala, Paris, 1992, p. 13-38. 3| BRAECKMAN, C., Les nouveaux prédateurs. Politi- 1| Ils n’ont été autorisés qu’à partir de 1959, soit que des puissances en Afrique centrale (édition re- quelques mois avant que le pays n’obtienne son vue et élargie), Les éditions Aden, Bruxelles, 2009, indépendance. p. 62.

32 couches delapopulation. vastesentraînantl’appauvrissementgères, de étran- troupes les par occupations des et invasions - des intellectuelles), et sociales miques, écono- (égalementpolitiques crises civiles,des guerres des scène la encore est et été a Congo 4| Verhaegen Benoît professeur le précise le comme années, dernières cinquante les Dans honda Omasombo), Karthala, Paris, Ts 1993, p.- 293. Jean : (dir. de immédiate l´histoire de pratiquesl´épreuve in Afrique”, et en immédiate l´Histoire “Principes B., VERHAEGEN, e ar à Zaïre Le 4 le , 90 et2000. années des conflits les sur s’étendre de avant (1977-1978) Shaba du guerres dénommées des (1963-1964), marxistes-lumumbistes sannes pay - rébellions et des (1960-1963), Sud-Kasaï du Katanga du provinces des sécessions des les et et Il directs indirects. acteurs s’agit principaux conséquences leurs inavouées), vent (sou- motivations leurs sur l’accent mettant en période, cette pendant pays ce de l’histoire ont caractérisé qui successifs armés conflits les d’étudier propose se analyse présente La 33 Mbuyi Kabunda | La République Démocratique du Congo postcoloniale : du scandale géologique au scandale des guerres à répétition 1. Le fond des conflits de la RDC, de restres, qui rend impossible la défense du l’indépendance à nos jours territoire national ;

• L’effondrement de la principale industrie Tous ces conflits de la RDC ont de profondes ra- d’extraction minière, la GECAMINES6, en rai- cines historiques et actuelles comme : son du règne de la prédation et de la corrup- tion instaurées par le régime de Mobutu qui • La construction par la colonisation belge a asphyxié la poule aux œufs d’or ; d’une supposée “supériorité” de certaines ethnies sur d’autres dans toute la région des • La prise du pouvoir par les armes de l’AFDL Grands Lacs, exacerbant les différences racia- (Alliance des Forces Démocratiques de Libé- les et les haines ethniques entre les Balubas ration du Congo), de L. D. Kabila, avec le sou- et les Luluas au Kasaï, entre les habitants tien de troupes rwandaises et ougandaises, du Kasaï et les natifs du Katanga, entre les en échange du pillage des richesses de la par- Bakongos et les Bangalas au Bas Congo, ou tie orientale de la RDC (or, diamants et sur- entre les membres des groupes hutu et tutsi tout le coltan) ; au Rwanda voisin ; • La transition démocratique du début des an- • La politique maladroite de décolonisation nées 2000, dirigée par des personnes impli- qui n’a pas préparé de cadres compétents quées dans des crimes de guerre et de lèse- pour administrer ce sous-continent, une ma- humanité, caractérisée par de “hauts niveaux ladresse qui s’explique aussi par l’irresponsa- de violence physique et structurelle”7. bilité des classes gouvernantes congolaises ; En définitive, la combinaison de tous ces fac- • La manipulation des forces centrifuges, à la teurs a créé le bouillon de culture de la dépréda- fois par l’ancienne métropole et par les puis- tion de cet immense et riche pays par les pays sances de l’époque de la guerre froide, pour voisins au cours des dix dernières années. Ils contrôler les ressources naturelles de ce pays ont également été utilisés par les mouvements convoitées et se servir de son exceptionnelle de rébellion de ces pays : l’Union Nationale pour position stratégique au centre de l’Afrique ; l’Indépendance Totale de l’Angola (UNITA) ; les ex-Forces Armées Rwandaises (FAR) et les inte- • Le néocolonialisme occidental instauré pen- rahamwes du Rwanda ; les Forces de Défense dant la longue dictature de Mobutu et son de la Démocratie (FDD) du Burundi ; l’Armée de rôle de “gendarme de l’Occident” avec l’inter- Libération du Seigneur (LRA), l’Alliance des For- ventionnisme conséquent dans les pays voi- ces Démocratiques (ADF) et l’Armée Nationale sins, créant plus tard des effets boomerang5 ; | Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique • La décomposition de l’État dans les années 6| Cette entreprise gouvernementale, héritière de la multinationale belgo-canadienne, l’Union Mi- 90, la disparition de l’autorité de l’État dans nière du Haut Katanga (UMHK, selon son sigle de vastes régions du territoire national et la français) a été longtemps la vache à lait de l’éco- désorganisation de l’Armée zaïroise, encline nomie congolaise. Depuis 2006, elle est en voie de à la corruption ; restructuration et de privatisation avec le renvoi conséquent de quelque 10 500 employés (près de la moitié du personnel), ce qui implique une • La détérioration des infrastructures de trans- augmentation des tensions politiques, sociales et port, en particulier des communications ter- ethniques au Katanga qui pourraient déboucher sur de futurs conflits entre “autochtones” et “al- lochtones ou immigrants”. 5| La chute du mobutisme, en partie en raison de 7| VLASSENROOT, K et RAEYMAEKERS, T., “Le retour l’influence croissante des pays voisins, a modifié du léopard ? Patrimonialisme et crise post-transi- la tendance des décennies précédentes au cours tion en République Démocratique du Congo”, in desquelles son gouvernement intervenait mili- Revista Académica de Relaciones Internacionales tairement en Angola (1975), au Tchad (1984) et au nº 6, UAM-AEDRI, Madrid, p.1 (http://www.rela- Rwanda (1990). cionesinternacionales.info), 2007

34 rgams ’jseet tutrl (PAS) structurel d’ajustement programmes négatifrôledes leaussi convient signaler Il de congolais. nonplus àexpulser les agresseurs du territoire Kabila Présidentréussi(Zimbabwe, n’ont Angola,Namibie)pas le par “invitées” ou alliées Armées 1994.Les de responsables génocidedu à parvenus neutraliserlesgroupes rebelles arrêteràou les pas sont (Rwanda, ne agresseurs Burundi) Ouganda, pays les même 2003), as a région la dans jusqu’à récemment, à la stabilisation des fronts res- sources naturelles des de la RDC, cela nous conduit, voisins pays des convoitise la cela à me fermé systè- un comme fonctionné toujours ont RDC années, c’est que la région des Grands Lacs et la tier pour expliquer les conflits des dix dernières Pour- souligne le comme fond, de problème Le Droit international. violation flagrante du de état ensécurité, leur pays pour éliminer ces groupes qui menaçaient ces de l’intervention retour en provoqué a qui d’un autre pour attaquer leur pays d’origine, ou ce État d’un territoire le utilisé souvent tous ont Ils(NALU), l’Ougandaetc.Libération de de 11| 10| 9| 8| au Burundi et au Congo lui-même Rwanda, au Ouganda, en récurrentes tensions des résolution la par forcément passe RDC la paysvoisins. Parconséquent, pacificationla de rundiont toujours deseurépercussions surles Bu- au et Rwanda au conflits 50,les années les déstabilisé.Depuis soit système le tout que et payspourquedeseffets domino produisentse entrelesdifférents groupes ethniques dans un conséquences draconiennes sur le paysannat, ce ce paysannat, le sur draconiennes conséquences des euont BMmesuresle imposéeset FMI le par fonctionnaires, des des renvoi le et agriculteurs secteur public, la suppression des subventions aux libéralisationla ducommerce, privatisationla du situation:même la Rwanda, près Au peu à c’était conséquences, et L´Harmattan, Paris, 2005, p. 163. Origines Congo-Kinshasa. A., du K. KANA, KABANDA Une guerreinconnue , Michalon, Paris, 2006, p. 115. HUGO, J-F., tionales n°5, Paris, 2004, janvier-février, p. 32-34. in ?», fatale est-elle guerre la : Lacs-Congo Grands des Afrique « R., POURTIER, 8 . Il suffit de rompre l’équilibre fragile La République Démocratique du Congo. 10 E cn as e ure (1998- guerre de ans cinq En . L´interminable crise crise L´interminable Questions Interna- Questions 9 . Si on ajoute 11

me l’indépendancedelaprovince. (ConfédérationNationaleKatanga),du procla- CONAKAT la de leader et Katanga du dionale - méri province riche la de régional président le Tshombe, Moïse pays, du villes principales de les soldats dans (ANC), Congolaise des l’ArméeNationale mutineries les après toyens - conci leurs protéger pour belges troupes des l’intervention de profitant 1960, juillet 27 Le saï (1960-1963) 2.1. Les sécessions du Katanga et du sud du Ka- 1990 2. RDC entre1960et Lesconflitsdela Ndaywell professeur le avec accord en et résumer Pour mains du régimedeMobutu. aux chronique interne politique et nomique éco- l’instabilité et l’État de criminalisation la publique, chose la de gestion mauvaise la de l’importance cela pour minimiser pas prétend ne On infrastructures. des dégradation la et population la de vie de conditions des ration détério- la sécurité, de problèmes des tation l’augmen l’État, - de l’affaiblissement : comme gravesconséquences de eu ont qui et 80 nées ontqui appliquésété ledans pays lesdans an- 12| paux épisodes. rappelons et analysons- les princi ci-dessous nous dont permanente, violence de tuation finit si- une c’est-à-dire armée, qui violence une par populaire violence la gé- succède néralement l’État de violence la à : lences vio- de succession une par caractérisée été 418-419. Les formes de la violence), Éditions de EHESS, déchirures. Paris, p. et (Disciplines 150-152 nº caines in », pillages des Zaïre au rébellions des NDAYWELLCongo I.,NZIEM, “Du È 2007, p. 230-244. Découverte,Paris, La (1959-1994),rwandais nocide D., de culture du génocide. Cf. PÉRIÈS, G. et SERVENAY, qui a favorisé un climat social qui a été le bouillon Une guerre noire. Enquête sur les origines du gé- 12 , l’histoire de ce pays a toujours a pays ce de l’histoire , Cahiers d´Études Afri- d´Études Cahiers 35 Mbuyi Kabunda | La République Démocratique du Congo postcoloniale : du scandale géologique au scandale des guerres à répétition Au Katanga, doté d’un statut spécial pendant tif étant de priver le gouvernement de Lumum- la colonisation (la création de l’unique poste ba, accusé d’être communiste et anti-belge, des de vice-gouverneur général dans la province recettes provenant du Katanga et de maintenir après celui de gouverneur général siégeant à par la même occasion la province dans sa zone Léopoldville) et avec une importante présence d’influence. de colons belges en contact avec les régimes ra- cistes blancs de l’Afrique australe, la sécession Les États-Unis qui agissaient par le biais de a été financièrement et militairement soute- l’ONU, considèrent Lumumba, dans le cadre nue par la multinationale belge chargée de de la guerre froide, comme un allié de l’Union l’exploitation minière dans la province, la puis- soviétique, qui devait être affaibli ou éliminé, sante Union Minière du Haut Katanga, créée en politiquement et physiquement, pour obtenir 1906. ensuite la réconciliation entre les leaders pro- occidentaux de Léopoldville –aujourd’hui Kins- Le gouvernement central, aux mains du tan- hasa- (le célèbre “groupe de Binza”13, détenteur dem rival, le Président Joseph Kasavubu du véritable pouvoir et formé par Mobutu, Nen- (conservateur et fédéraliste) et le premier mi- daka, Bomboko, Ndele et Kandolo) et ceux d’Éli- nistre, Patrice Lumumba (nationaliste radical sabethville (capitale de la province du Katanga, et progressiste), face à cette violation de la sou- actuellement Lubumbashi), pour un Congo uni veraineté, procède à la rupture des relations et pro-occidental14. diplomatiques avec la Belgique et demande à l’ONU de rétablir l’intégrité et l’unité du pays, La France, pour élargir son pré carré de l’Afri- en exigeant le retrait des troupes d’occupation que francophone, dans sa lutte contre les belges. États-Unis et la Belgique, soutint les leaders sécessionnistes en leur accordant des facilités La sécession du Katanga qui a la sympathie des en tout genre, depuis la mise à leur disposition puissances occidentales (Belgique, États-Unis, de mercenaires et de chasseurs bombardiers France et même du secrétaire général de l’ONU, Fouga-Magister jusqu’au blocage des résolu- Dag Hammarsjöld), fut la conséquence d’une tions du Conseil de sécurité contre eux. coalition d’intérêts locaux et internationaux. Avec l’appui des puissances externes et, en Les colons belges, soucieux de sauvegarder particulier, celui de la Belgique, le Katanga leurs intérêts dans la province, encouragèrent s’est doté d’un embryon d’armée (la célèbre la création d’un nationalisme katangais sépa- Gendarmerie Katangaise), armée et entraînée ratiste qui sert de bouillon de culture à la séces- par les “affreux” ou les mercenaires belges, sion, en s’appuyant sur les ambitions person- français ou provenant d’Afrique du Sud ou de nelles des élites locales auxquelles fut vendu le Rhodésie.

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique projet de la communauté belgo-congolaise. Face à la passivité des Nations unies, déter- Les leaders katangais (Moïse Tshombe, Go- minées à poursuivre des négociations infruc- defroid Munongo et Jean-Baptiste Kibwe), tueuses avec les dirigeants katangais décidés frustrés de ne pas avoir été nommés à des à atteindre leurs objectifs en utilisant tous les postes importants au gouvernement central, subterfuges pour gagner du temps, Lumumba étant donné l’importante participation de la menaça d’appeler les troupes soviétiques. province au budget national, trouvèrent dans Cet épisode a fait passer le premier ministre leur exclusion du gouvernement central le prétexte parfait pour consolider leur projets sécessionnistes en proposant d’abord un État 13| Qui doit son nom au fait que ses membres vi- vaient ou se réunissaient dans le quartier de Bin- fédéral avant de miser clairement pour la sé- za-Ndjelo, à Léopoldville. cession. 14| Par conséquent, du point de vue idéologique, les membres du gouvernement de Léopoldville et les La Belgique a soutenu la sécession, par son “as- sécessionnistes étaient alliés, par leur anti-com- sistance technique”, et même militaire, l’objec- munisme primaire et viscéral.

36 a éeso d Ktna or ipsr d’un disposer pour Katanga du sécession la se sont réfugiés en Angola en réfugiés sont se qui gendarmes ses de nombre de et Tshombe province,entraînant ledépartexilMoïseende le 21 janvier 1963, pour obtenir la reddition de la décembre18le décembre entre281962et leet l’offensive, et à 5 passer le entre lieu eut qui ce à l’ONUCautorisa a novembre1961 24 le force desécurité qui avait déjà ordonné l’usage de la sabethville. Étant à bout de patience, le Conseil plus à la réconciliation entre Léopoldville et Éli- non servi pas n’a Lumumba L’élimination de collègues Mpolo etOkito, le 17janvier 1961. dunemis Katanga assassiné,été a il où avec ses cision de Kasavubu et Mobutu Kasavubuet de cision livraison,dé- sa la et sur Binza de groupe le par l’arrestationprétextedernieràdeservi cea de aauu t e rme mnsr Lumumba ministre premier le et Kasavubu président institutionnelle,révocation le mutuelleentrelaavec et constitutionnelle crise La LéopoldvilleÉlisabethville.entre conciliationet Lumumba, considéré comme un obstacle à la ré- Toutmondes’estle d’accordmis pouréliminer a donccontribué àsadiabolisation. congolais pour un allié de l’Union soviétique et 18| 17| 16| 15| M´Bokolo de pertinente précision la selon définitive, En tugaise, parpeurdesreprésailles. La Découverte, Paris, 1999, p. 220. Afrique (Jean-Loup Anselme et Elikia M´Bokolo), en État et in tribalisme Ethnie, l´ethnie. de Aucœur katangais”, séparatisme “Le E., M´BOKOLO, desmouvementsguérilla delibération angolais. la contre lutte leur dans portugais colonisateurs les par utilisées spéciales”, “forces des devenus “tigres”,ou sont “diabos”appelés katangais, mes gendar- les portugaise, colonisation la Pendant la résidencesurveillée pourLumumba. et Kasavubu de de déclarations de liberté etmouvements la supposé a elle car neutralisation, étrange une fut ce technocrates.d’autresMais et apprentis, les étudiants, jeunes les par constitué généraux, commissaires des l’ordre la de création et neutralisation la pour intervenu est butu Mo- mandataires, deux les entre crise la à Face des ordres contradictoires. donnaient qui pays le dans autorités deux créé été a ministre,il premier le et président le entre Avecrévocationla mutuelle, le 1960,septembre 5 18 ,Belgiquelal’UMHKet ont soutenu 17 , alors colonie por- colonie alors , 16 , à ses pires en- pires ses à , 15 , ou empereur Albert I ou empereur Albert proclamantSud-Kasaï”, duse nier en lais (MNC) —, proclame l’“État autonome et mi- Congo- National Mouvement le Lumumba, de parti du dissident un — Kalonji, Albert tanga, Ka- du sécession de déclaration la après mois un presque 1960, août 8 Le trajectoire.même la suivi presque a Sud-Kasaï du sécession La contre Lumumba. particulier en Léopoldville, de le gouvernement contre chantage de et pression de moyen bert Kalonji vers Élisabethville,d’entreravantvers Kalonji bert d’Alfuite sang,entraînantla le dans réprimée - sonnalités.dusécessionéphémère fut La Kasaï per- deux les entre mentionnée politique crise l’armée.destitutionCettemajorde entraina la d’état chef Mobutu,général le était direct ble responsa- le réalité qu’en alors tragédie, cette ba, considéré comme le principal instigateur de destituer son rival, le premier ministre Lumum- pour occidentales, pressions des sens l’occasion, le dans de profita Kasavubu Président Le nion publiqueinternationale. l’opi- de l’indignation provoqua qui lubas”, ce Ba- des de “génocide qualifièrent observateurs certains que civile, population la de massacre le avec tragédie véritable une par termina se sécession, la à fin mettre pour balubas milices les contreLundula, Victor Lumumba, de tisan par- général le par dirigée nationale, l’armée par terme à menée Bakwanga”,L’“opération Lu- mumba. de gouvernement du Ngalula, Joseph et Kalonji Albert Balubas,leaders l’exclusion ;des exemple leur par attirés pays, le dans allies nisteskatangais dans leur stratégie d’avoir des sécession- des collaboration la ; belges tiques poli- et financiers groupes les elle, derrière et province, la dans diamants des l’exploitation de chargée et Bakwanga),l’UMHK de de soeur miniere (Societe Forminiere la belge, treprise l’en- de soutien le : katangaise sécession la a teurs presque similaires a ceux qui ont conduit d’origine, le Sud-Kasai, est née de différents fac- région leur vers conséquent massif retour leur avec Katanga) (Luluabourg, pays du villes ou provinces d’autres dans Balubas immigrants Cettesécession, justifiée par la persécution des er . mulopwe

37 Mbuyi Kabunda | La République Démocratique du Congo postcoloniale : du scandale géologique au scandale des guerres à répétition au gouvernement central de Léopoldville. 2.2. Les soulèvements paysans au Kwilu-

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique Kwango et dans le Haut-Congo (1963-1964) Les sécessions de ces deux provinces réinté- grées dans l’ensemble congolais se terminè- Les partisans de Lumumba, poursuivis sur tout rent par la voie militaire : la première par l’opé- le territoire national après l’assassinat de leur ration militaire de l’ONU et la deuxième par leader, se regroupèrent au Congo Brazzaville19 celle de l’armée congolaise. voisin, où ils fondèrent le Conseil National de Li- bération (CNL) chargé d’organiser la lutte armée En définitive, les sécessions du Katanga et du Sud-Kasaï ont été des mouvements séparatistes 19| Ils profitèrent du changement survenu dans ce encouragés de l’extérieur pour créer ou mainte- pays, où les soulèvements populaires des 13, 14 nir les intérêts néocolonialistes économiques, et 15 août 1963 (les “Trois Glorieuses”) ont fini par commerciaux et financiers occidentaux et bel- renverser le gouvernement conservateur de l’Ab- ges en particulier, en tirant parti des frustrations bé Fulbert Youlou, le seul qui ait visité le Katanga sécessionniste auquel il exprimait clairement sa des élites locales et du système d’un État unitaire sympathie, un gouvernement remplacé par un et centralisé qui excluait les spécificités locales. autre, de type progressiste, dirigé par le syndica- liste, Alphonse Massamba-Débat.

38 oiu d py e apl ss gendarmes ses appelé et pays du nomique éco- situation la amélioré considérablement a Tshombe Katanga, du sécession la pendant d’argent beaucoup maniait qu’il caisse”,parce Tiroir- “M. appelé sécessionniste, ex-leader et Le nouveau premier ministre (juillet 1964-1965) du pays. différents territoiresderébellion armée la à et paysdu catastrophiqueéconomique situation “salut public”, de gouvernement avec la mission de mettre le fin à la former pour exil madrilène son de revint qui Tshombe, appeler dut Binza, de groupe du l’approbation avec et les - occidenta pressions Kasavubu,les sident sous Face à l’inefficacité de l’armée nationale, le Pré- ment démotivées pourles combats. totale- et Mobutu général le par dirigées tales gouvernemen- troupes les déroute en mettre à réussirent traditionnels, fétiches leurs avec eau), en ennemies balles les transformer pour “simba”swahili)(lionsen ou “mayimayi” (eau, mentle pouvoir central. Partout, les guérilleros tes territoires au Congo, en menaçant - sérieuse Mali, la Tanzanie), réussirent à contrôler de vas le- Ghana, le l’Algérie, (l’Égypte, progressistes par les pays du bloc de l’est et les pays africains militairementsoutenustes,financièrement et mois,quelques mouvementslesEn lumumbis - novembre 1965, lavisite deCheGuevara. mars- L.D.K. en reçut, que fief ce Kivu.C’estdans Fizi-Baraka-Uvira Hewaavec Bora,fief à son au triangle le dans lumumbiste guérilla une dirigé leader du Parti de la Kabila, Révolution Laurent comme du tout Peuple central, pouvoir(PRP) lea contre paysanne rébellion d’organiserune train Léonard Mitudidi et Thomas Mukwidi étaient en Mulele,l’Éducationde ex-ministre Lumumba,de d’importants appuis au Kwilu-Kwango, où Pierre nistre de Lumumba, laire du Congo présidée par l’ex-vice-premier mi- popu- République la proclamèrent ils où et fief véritable un devenue ), (aujourd’hui Stanleyville à replièrent se D’autres Congo. au 20| Cf. NDAYWEL É NZIEM, I., op. cit., p. 420. diplomatique. représentation sa et gouvernement populaireduCongo, chacune avec capitale,sa son République du Congo-Léopoldville et la RépubliqueDeux républiques ont ainsi été créées au Congo : la 20 , obtenant laquelle il avait été nommé à ce poste. C’est ain - prétexte qu’il avait bien rempli la mission pour tuer son premier ministre en octobre 1965 sous desti- pour Binza de groupe le sur s’appuyant mois de mars 1966. Il a donc pris les devants, en des élections présidentielles annoncées pour le vue KasavubuPrésidenten le pour menace se tives du printemps 1965. Ce fut donc une - sérieu obtint la majorité absolue aux élections législa- succès économiques et militaires au point qu’il tionNationale Congolaise) renforcécessort de (ConvenCONACO- la de leader Tshombe,alors civile, enreprésailles. population la de indiscriminés massacres des Stanleyville et Paulis, le 24 novembre 1964, avec katangais,gendarmessur des et blancs naires merce - des constituée Ommegang), ou Rouge Dragon (opération nord-américaine belgo tée aéropor- militaire opération une fait taire”, humanien - “intervention une à prétexte de vit d’otages prise La Stanleyville,européens,à ser- avantage au départ. tiraient en qui ceux de populaires sympathie la de et l’appui de retrait le entraîné a nistes, - opportu autres (Kwilu-Kwango), l’ouest et de ceux et Stanleyville) et (Kivul’est de front du ceux entre prosoviétiques, et prochinois entre ie t e pors iiin d lus leaders leurs de divisions propres les et dite iné- brutalité d’une exécutions des avec 168), :p.162- Martens,1987 voirdu CNL,programme le (sur CNL révolutionnairedu projet le en œuvre mettre pour que plus Lumumba de sinat l’assas- venger pour fonctionnaires…), petits (instituteurs,infirmiers,locale bourgeoisie tite pe- la à moyenneset classes auxs’attaquèrent quifrustrés les indisciplinés, etles drogués les La désorganisation des guérilleros, comprenant appuis nord-américains. d’importants avec marxiste-lumumbiste, lion contre-offensiveorganiserla rébel- et la contre Mobutu qui n’avait pratiquement pas d’armée, de consentement le l’Armée avec nationale, à d’Angola et les mercenaires, soldats) pour 000les incorporer 18 environ à (estimés katangais 21| etc. la, Nicolas Olenga, Antoine Mandungu Bula Nyati Kabi- Laurent Kanza, Thomas Soumialot, Gaston :eux Parmi Antoine Gizenga, Gbenye, Christophe 21

39 Mbuyi Kabunda | La République Démocratique du Congo postcoloniale : du scandale géologique au scandale des guerres à répétition si que commença une nouvelle crise politique Dans le même sens, Carlo Caranci24, qui parle dont profita le général Mobutu pour réaliser d’une “révolution sans révolutionnaires”, attri- son coup d’État, le 24 novembre 1965, et le nou- bue son échec au manque d’orientation idéo- veau départ en exil de Tshombe22. logique (qui se limitait à l’anticléricalisme et à la mobilisation des masses rurales), de poli- Les véritables raisons de l’échec de ces rébel- tique de développement clairement définie, lions, que certains auteurs ont qualifiées de vé- de coordination entre les différentes ethnies ritables “révolutions paysannes” ou de simples et régions, et au fait d’avoir privilégié l’activité “révoltes paysannes” (jacqueries paysannes), militaire au lieu de la politique. ont été : le manque de formation idéologique des paysans, plus enclins à tuer ou à se venger qu’à promouvoir des changements en fonction 2.3. Les guerres du Shaba (1977-78) ou les tenta- d’un projet de société clairement défini, les di- tives de déstabilisation du régime de Mobutu visions au sein de la direction politique, et les depuis l’Angola ambitions personnelles de certains de leurs leaders, comme Christophe Gbenye, soucieux Le 8 mars 1977, les “Diabos” ou “tigres” (ex- de son prestige personnel et de sa promotion gendarmes katangais) du Front de Libération individuelle au détriment de ses collègues et Nationale du Congo (FLNC), fortement armés du programme politique du CNL, et le caractère et dirigés par le général Nathanaël Bumba, sor- extrêmement agressif de l’impérialisme dans tent de leur refuge angolais pour occuper tout sa détermination de sauvegarder le régime né- le sud de la province du Shaba (Katanga) ou les ocolonialiste de Léopoldville. Martens23 pense localités de Dilolo, Kasaji, Kapanga, Sandoa et que la révolution a été écrasée par la supériorité Mutshatsha jusqu’aux abords de la ville mi- militaire des troupes belges et des mercenaires nière de Kolwezi, sans rencontrer aucune résis- (avec des avions de combat et des armes mo- tance de la part de l’armée de Mobutu. dernes), et que les propres erreurs des chefs et des soldats révolutionnaires (sans stratégies de Cette guerre, connue sous le nom de “guerre guerre de guérillas ou de tactiques appropriées des 80 jours” ou “Shaba I”, a été une réponse du et armés de flèches, de lances et de fétiches), gouvernement d’Agostinho Neto (Angola) qui, l’ont privée du soutien du peuple. face à l’appui fourni par le régime de Mobutu aux mouvements rebelles angolais (FLNA et UNITA pro-occidentaux), dans leur lutte contre le MPLA, a décidé de lui rendre la monnaie de 22| La véritable raison du coup d’État était d’empê- cher la victoire prévisible de Tshombe aux élec- sa pièce en armant les gendarmes katangais du tions présidentielles, qui préoccupait le groupe de FLNC et en encourageant l’invasion de la pro- Binza. En fait, profitant du soulèvement des gen- vince du Shaba-Katanga. darmes katangais incorporés à l’armée nationale | Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique et mécontents de l’élimination politique de leur L’Occident a opté pour sauver le pouvoir de leader du gouvernement central et du coup d’État 25 de Mobutu, ses troupes, soutenues par les merce- Mobutu , en particulier la France qui a réussi naires, ont procédé à leur élimination totale avec l’exécution de leurs chefs, pendant l’été 1966, comme les colonels Chimpola et Nawej. Les sur- 24| CARANCI, C., “Congo: el difícil camino de la inde- vivants ont réussi à fuir en Angola et au Rwanda. pendencia”, in Historia Universal, tome 28, Edito- Il y a donc eu des attaques en septembre 1967, rial 16, Madrid, 1985, p. 78. au Katanga et au Kivu, à partir de l’Angola (sous occupation portugaise) et du Rwanda (sous le 25| Le gouvernement mobutiste a présenté cette in- mandat de Grégoire Kayibanda) respectivement, vasion comme une agression soutenue par les par les mercenaires du Français, Bob Denard et du troupes angolaises, cubaines et soviétiques, dans Belge, Jean Schramme, que l’armée congolaise, le cadre de l’offensive du communisme interna- restructurée et motivée, a réussi à expulser du tional. C’est pourquoi, il a été prouvé par la suite territoire national. que les cadavres des Européens entassés dans une villa de la ville où s’étaient réunies les victimes 23| MARTENS, L., La voie de Patrice Lumumba et pour se protéger, était l’œuvre de militaires de Pierre Mulele. L’insurrection populaire au Congo- l’armée mobutiste et non des “envahisseurs ka- Kinshasa. 1960-1968 (mimeo), SF, p. 9. tangais” auxquels le gouvernement l’a attribuée

40 one os e o d “hb I” a ué 6 duréFrance la a car jours, II”, “Shaba de nom le sous connue guerre, La renverser. le de donc et régime, du lait àvache constituaitla qui ville cette de res L’objectifindustriesminiè- les détruire de était entraînant la déroute de l’armée de Mobutu de l’armée de déroute la entraînant Kolwezi,de minière infiltrée,ville initialement la surprise par assiègent pays, trois les entre frontière la à et Zambie la l’extrêmede nordà du sud Katanga, et au l’Angola,passant par la localité de Mukunga, avec frontière la à laise congo- l’armée de militaire dispositif portant l’im- évitant katangais, gendarmes Les duite. repro- s’est précédente scène la 1978, mai 13 Le troupes soviéto-cubaines del’Angola. àpartir au service de l’invasion armée propulsée par les pouvoir,preuve,cecommesans par présentés le Maroc, pour expulser les gendarmes katangais, par dirigés Cameroun…) Gabon, (Sénégal, francophonespaysdestroupes les mobiliser à veau intervenus. 28| 27| 26| Maroc. du particulier en et libre monde du réponse une communismele par international nécessitait qui d’un vaste programme de partie déstabilisation du continent faisant comme Shaba-Katanga du Pour sa part, le roi Hassan II considérait l’invasion enAfrique”.cident d’Oc- de “gendarme rôle le indifférent, assumant graphique et indiquait qu’il ne pouvait pas rester démo- vue de point du deuxième le et superficie la de vue de pointfrancophonepaysdu le premier comme présenté Congo-Zaïre, au françaises troupes des l’envoi annonçait d´Estaing Giscard Valéry Président le laquelle dans télévisée tion allocu- une par précédée interventionété Cette a dans les meilleures écoles deguerre. formés élémentsvaleureux ses de l’arméeprivé a Shaba-Katanga, du et Kasaï du Bandundu, du provinces des originaires officiels des manqué” et montécélèbre “coup le après1976, en l’armée de purge la fait, En sécurité. sa de chargés et ce confian- sa de jouir à seuls les Mobutu, de gion ré - la de et clan du provenant militaires les par formées d’élite troupes des (DSP), Présidentielle Spéciale Division la sur matériels avantages les gime de toutes les armes sophistiquées et de tous ré- le par concentration la par s’explique battre com- pour l’armée de motivation de manque Le dentales et, du mêmecoup, desauver le régime. - occi troupes des l’intervention d’obtenir belge, gouvernement du et Carter l’Administration de réticence à la officiellement. face était, L’objectif 27 et le Maroc le et 28 sont à nou- à sont 26 . aux mains des guérilleros du FLNC et aussi aussi et auMobutupouvoir maintenir FLNC du guérilleros des mains aux sur Kolwezi pour libérer les otages européens colonel Erulin, sautent directement le 19 mai le par dirigés Bastia), à trouve se général tier ment Étranger de Parachutistes, dont le quar- Les parachutistes du 2 parachutistesdu Les 31| 30| 29| progressistes tre 1960 et 1963, en cette occasion par les forces en- pays du politique vie la ayantdominé ces conservatriforces - des victoire la permis a qui celle que stratégie même la récupérant en te, sécessionnis- non et national objectif un avec fois cette katangais, particularisme du partir à Mobutu, de dictature la à de terme un tentent mettre progressistes, forces les par sées utili- occasion cette en Shaba, du guerres Les particulier en brutale, contre les Lundas. été a province la peuples de les contre d’occupation, armée une comme conduits sont se qui mobutistes res militai- les par répression, la même, De que. l’attarapidité- de la ville, par la dans surpris mobutiste régime du dignitaires des et tes”) “collaborationnis- comme (considérés tones allochl’exécution- à certains procédèrent de katangais gendarmes les Pendant épisodes, deux paix. les la plus de de consolidation ans la deux pour resta Loubaris colonel le par dirigé marocain expéditionnaire corps le ouverture politique sous la pression de ses ses de occidentaux alliés pression la sous apparente politique son ; ouverture Mobutu de autoritaire me régi- du faiblesse la montrèrent elles : ces conséquen- d’importantes ont guerres Ces saires du peuple”) au suffrage universel. (“commis - du parti députés des l’élection voirset pou- des séparationrelative la d´État”), missaire com- (“premier gouvernement du chef de poste la désignation du professeur Mpinga Kasenda au et ministre, premier comme Mulamba Léonard général du destitution avecla 1966 octobre 26 le interrompu bicéphalisme, du rétablissement Le M´BOKOLO, E, op. cit., p. 222. Mo - butu. de régime du renforcement au contribuer pas ne l’ordrepour derétablissement de rations opé- aux participer de refusé ont et concitoyens Les troupes belges se sont limitées à évacuer leurs 30 . 31 l nisne e mou- de naissance la ; e REP (Deuxième Régi- (Deuxième REP 29 . De son côté,son .De 41 Mbuyi Kabunda | La République Démocratique du Congo postcoloniale : du scandale géologique au scandale des guerres à répétition vements internes de protestation à l’image 3. Les guerres des années 90 et 2000 : de la lettre des treize parlementaires qui guerres de nationalités, contre le mo- défièrent la dictature en en dénonçant les butisme et de déprédation dérives et la responsabilité dans le marasme économique ; la rencontre à Brazzaville, avec la médiation de Marien Ngouabi, entre les Au cours de dix dernières années, différents Présidents Mobutu et Neto qui ont renoncé conflits se sont succédés dans le pays32 et ils ont à appuyer leurs mouvements de déstabi- constitué la plus grande tragédie de l’humanité lisation respectifs, ceci entraînant donc la depuis la fin de la Deuxième Guerre Mondiale. reconnaissance par Mobutu du gouverne- Leur bilan, malgré leur courte durée (entre ment du MPLA ; la forte implantation de août 1998 et avril 2007) est de 5, 4 millions de l’influence de la France dans le pays, à titre morts, pour la plupart civils, victimes directes de récompense, les entreprises françaises et indirectes de la guerre. C’est-à-dire cinq fois (Thomson-CSF, CGE, Péchiney, Pallas-Stern, le nombre de victimes du génocide du Rwanda Castel, Bolloré) contrôlant les secteurs-clés de 1994, des victimes qui se sont produites non de l’économie, l’intensification des rivali- seulement, en raison des violations des droits tés néocoloniales entre la France et la Bel- de l’homme par les troupes d’invasion des pays gique dans ce pays. Le ministre belge des voisins et les milices des seigneurs de la guerre Affaires étrangères de l’époque, M. Van présents sur le territoire congolais, mais aussi Eslande, l’a bien précisé quand il déclare par la misère, les famines, les maladies et la le 20 avril 1977 : « Nous avons toujours dit destruction du tissu économique. que la Belgique doit laisser la France tran- quille dans les régions qui sont dans sa zone La longue dictature de Mobutu qui a entièrement d’influence. Nous demandons à la France détruit et ruiné le pays, son refus de s’impliquer qu’elle adopte la même attitude vis-à-vis de dans le processus de démocratisation entamé au nous ». début des années 90 et le génocide du Rwanda de 1994, entraînant une vague de réfugiés hutus au Les deux guerres de Moba (Moba I, décembre Kivu, l’usure du régime mobutiste et la décompo- 1984 et Moba II, janvier 1985), une ville du sition de son armée aux mains de généraux plus nord du Shaba-Katanga, sur les bords du lac enclins à se consacrer aux affaires et aux activités Tanganyika, sont dans la continuité des pré- illégales qu’à la défense du territoire national, et cédentes, mais avec un impact moins impor- la remise en question de la nationalité des ba- tant. La guérilla du PRP de Kabila, à partir de nyarwandas dans les provinces du Kivu, ont créé la Tanzanie, a organisé des attaques sporadi- le bouillon de culture des conflits successifs33 que ques contre l’armée de Mobutu, sans parvenir ce pays a connus dans la deuxième moitié de cet- à inquiéter le régime qui a limité son exten- te décennie, jusqu’à nos jours.

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique sion jusqu’à obtenir son extinction, obligeant Kabila à se réfugier dans les pays de l’Afrique Le professeur Gauthier De Villers34 résume orientale, jusqu’à sa réapparition en 1996 avec la lutte régionale contre la dictature de Mobutu. 32| Nous excluons de la présente analyse les violen- ces et pillages sporadiques des principales villes Au cours des treize dernières années, trois du pays par certaines unités de l’armée nationale guerres ont eu lieu en RDC : la guerre de li- entre 1991 et 1993, les représailles contre les étu- diants de l’université de Lubumbashi (11 et 12 mai bération de l’AFDL (1996-1997), la dénommée 1990) ou des chrétiens qui protestaient dans les “Première guerre mondiale africaine” (1998- rues de Kinshasa (16 février 1992). Sur ces événe- 2003), et la guerre du général dissident tutsi, ments, entre autres, voir NDAYWELL É NZIEM, I., Laurent Nkunda, (2004-2009). C’est-à-dire des op. cit., p. 427-428. guerres dans lesquelles étaient impliqués les 33| Cf. LANOTTE, C., Guerres sans frontières en Répu- acteurs locaux, nationaux, ceux de la région blique Démocratique du Congo, GRIP-Éditions des Grands Lacs ou régionaux et les acteurs Complexe, Bruxelles, 2003, p. 15 et les suivantes. internationaux. 34| Voir Le Soir du 9 septembre 1997.

42 voisins paysdes guerres civiles et des conflits des pays l’exportationce versde et 1994 de Rwandadu génocide du domino l’effet de naît conflit Ce re régionale contre ladictature deMobutu l’extension du génocide du Rwanda et la guer- :(1996-1997) RDC la de guerre première La 3.1. voisins. pays des régimes aux in- hostiles surrectionnels mouvements des par sanctuaire comme territoire son l’utilisationde à aussi et voisins pays des invasionsarmées auxl’exposent qui de structures frontières ses de porosité la deset congolaisl’État fragilité la particulier en sa continent,du et cœur augéostratégique position RDC la de géoéconomie la et politique facteurs,ces tous À convientil d’ajouter géo- la dré Lubaya, Léonard Mulamba, etc. Anany,Jérôme hamba,An- Bamba, Emmanuel Ma- Alexandre Kimba, Evariste Mulele, Pierre Kasavubu, Joseph Tshombe, Moïse Lumumba, Patrice: ans trentepouvoir de pluspendantle confisquer et dictature sa imposer pour réels ou potentiels adversaires physi- ses et tous quement, politiquement éliminé, a Mobutu aspirait zaïroise». lasociété auraitfaitsautce vers démocratiela laquelleà pays avec son le génie politique. Si c’était bénéficier le cas, il voulu jamais absolument n’a Il rébellions...les vaincu ont qui mercenaires les sonnelle et celle de son pays (…). Ce sont surtout de partir a rien fini par confondre sa gloire per- Il appartenait à ce type de tôt. très pouvoirexprimée s’estdu personnelle nières années quand il déclare : « sa conception der- dix des guerres les dans responsabilité sa mandatMobutu,lepersonnede et lamieux et 35| au Kivu, ont été les facteurs qui ont directement ont qui facteurs les été Kivu,ont au et Katanga au pouvoir le par organisés nocides eth- les et populaires, et militaires révoltes encourageant des en et parallèles institutions des rence nationale souveraine (1990-1992), en créant Confé - la dans s’impliquer de partisans ses de Mobutu et Président du refus du et genre tout en transition, de annoncée le 24 avril 1990, processus en raison des obstacles le trouvait se laquelle dans issue sans voie la lui-même, pays le Dans 35 . self-made-man qui, à installés depuis plusieurs dizaines d’années au rwandaise d’origine zaïrois (Tutsis mulenges Banya- des rébellion la éclate 1996, octobre En de dollars, soit unmillion dedollars parjour. demiede l’opération est estimée à 810 millions et années deux les pendant réfugiés aux crée consa- somme hutus.La réfugiés de millions 2 re dans la région des Grands Lacs, en faveur des 1994 et 1996, la plus vaste opération humanitai- dans les camps de réfugiés place du Kivu, en entre juillet mit internationale communauté La du Kivu, danscequiétait alors le Zaïre. réfugiés de camps les vers particulier en sins, voi- pays les vers s’orientant vaincues milices les et l’armée par commandés et infiltrés tus), déplacementde millions(2 réfugiés des Hu- de massacres. Néanmoins, il se produit une vague fin aux met ratifie et nement victoire FPR la du juillet 1994, la formation d’un nouveau gouver- pays,entraînant chutela du du régimehutu. 17 Le l’ensemble et Kigali conquièrent les rebelles combats, de mois trois Après l’Ouganda. de partir à Rwanda le envahit de Kagame, commandementPaul le sous et Tutsis les par dirigée FPR, du guérilla la moment,même Au (FAR). Rwandaises Armées Forces des militaires les et (MRND) l’ex-partiuniqueinterahamwes de milices hutus,les extrémistes les par modérée l’oppositionde Hutus des et Tutsisdes pays le tout dans planifiés et auxprogrammés massacres prétexte de sert Rwanda du byarimana Ha- Président le contrel’attentat 1994,avril En que Rwandais (FPR). Patrioti- Front du Tutsis aux ouvert transition prévoient l’instauration d’un gouvernement de qui 1993) d’Arusha(août l’ap- accords des plication refusent Habyarimana, Juvénal sident Pré- du l’entourage de hutus extrémistes Les Uppsala, 1998. Afrikainstitutet, Nordska Congo, the of Republic G. LA-NTALAJA, NZONGO- ; Africain-CEDAF 1997 Tervuren-Paris, L´Harmattan, Institut– 27-28-29, nº Africains Cahiers 1990-1997, manquée. transition La Zaïre. TSHONDA),,J. OMASOMBO avecJean laboration col- (en G. VILLERS, DE Cf. guerre. cette à conduit rm ar t te Democratic the to From 43 Mbuyi Kabunda | La République Démocratique du Congo postcoloniale : du scandale géologique au scandale des guerres à répétition Kivu), dont la nationalité est remise en ques- les autres. En février, le Conseil de sécurité des tion par le gouvernement zaïrois. Elle reçoit le Nations unies demande la fin des hostilités et le soutien militaire du Rwanda, de l’Ouganda et retrait du territoire zaïrois de : « toutes les forces du Burundi, et des autres opposants au régime étrangères, mercenaires compris ». Cependant, du Président Mobutu, qui se regroupent dans les rebelles contrôlent de vastes territoires du Zaï- l’AFDL36, dirigée par L.D. Kabila. Entre octobre et re et leurs ressources minières entraînant la si- décembre, l’AFDL, avec le soutien militaire du gnature de contrats entre l’AFDL et les entreprises Rwanda, détruit les camps de réfugiés rwan- étrangères en échange des fonds dont elle avait dais infiltrés par les ex-FAR et les milices inte- besoin pour financer sa guerre de libération. Les rahamwes, responsables du génocide de 1994, médiations des États-Unis et de l’Afrique du sud ce qui donne lieu à une nouvelle catastrophe pour trouver une transition pacifique échouè- humanitaire37. rent. Kabila, sûr de ses alliances externes (Rwan- da, Ouganda, Burundi et Angola) et conscient Au début de 1997, la guerre continue sans aucune de l’effondrement de l’armée de Mobutu, refuse résistance de la part des Forces Armées Zaïroises le cessez-le-feu et exprime sa détermination de (FAZ) avec la chute des provinces les unes après conquérir Kinshasa. Au mois de mai 1997, Mo- butu fuit en exil après trente deux ans de pouvoir dictatorial (et meurt à Rabat au mois de septem- 36| Les Tutsis congolais ou “les autochtones rwando- bre). L.-D. Kabila se proclame Président de la RDC. phones du Congo”, les Banyamulenges, consti- Cette guerre a fait des milliers de morts. tuèrent le gros des troupes de l’AFDL, créée le 18 octobre 1996 dans le bureau du colonel James Ka- barebe, à Kigali, pour exiger la reconnaissance de Un facteur à ne pas perdre de vue et que sou- leur nationalité congolaise et pour répondre aux ligne Gauthier De Villers, c’est que « Kabila n’a attaques dont ils ont été victimes sur leurs terres pas pris le pouvoir, mais a été placé au pou- fertiles du Masisi, de la part des ethnies originai- res du Kivu auxquelles se sont jointes les ex-FAR voir » par les pays voisins, en particulier par 38 et les milices interahamwes, entre juillet 1994 et le Rwanda . Cette donnée est fondamentale, juillet 1996, et face à la décision de les expulser du car, non seulement elle explique la confisca- territoire congolais, prise par le gouvernement de tion de l’appareil de l’État par les Rwandais et Mobutu. Par crainte que le Masisi ne devienne un les Tutsis congolais, mais elle conduira aussi à hutuland et que le génocide du Rwanda ne se re- produise au Kivu, ils ont décidé de s’armer pour se la deuxième guerre. En effet, Kabila considéré défendre. Kabila a récupéré le mouvement, cette comme peu fiable par ses alliés, a été soumis fois, dans le but de renverser le régime de Mobutu. à une étroite surveillance par les Rwandais et 37| Face à l’incompétence de la communauté interna- les Ougandais qui projetaient de le remplacer à tionale pour séparer dans ces camps (maintenus la première occasion par Déogratias Bugera, un grâce à l’aide humanitaire des ONG internationa- Tutsi du Masisi, au Nord-Kivu, et secrétaire gé- les) les véritables réfugiés des génocides, l’AFDL, néral de l’AFDL39. Kabila s’en est rendu compte avec la collaboration du Rwanda, envahit ces

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique camps pour poursuivre les milices extrémistes hutues qui menaçaient leur sécurité à partir du 38| L’AFDL, dirigée par Kabila, qui a pris le pouvoir le 17 territoire congolais. Selon Braeckman, une véri- mai 1997, était une organisation hétéroclite, sans table armée s’est installée aux portes du Rwanda idéologie et sans programme de gouvernement avec des incursions et des activités de commando clairement définis. Non seulement, elle a saisi pour éliminer les témoins gênants, les survivants Kabila, mais elle l’a aussi empêché de prendre tutsis et les autorités locales qui collaboraient les contacts nécessaires avec l’opposition interne avec le nouveau gouvernement. BRAECKMAN, et la population qui ont créé, en raison de leur C., “La campagne victorieuse de l´AFDL”, dans AA. longue résistance à la dictature mobutiste, des VV. Kabila prend le pouvoir, GRP-Éditions Com- conditions internes d’affaiblissement et la chute plexe, Bruxelles, 1998, p. 67. La partie orientale du régime de Mobutu. Sur le système instauré de la RDC est devenue une menace, à la fois pour par Kabila, après sa prise du pouvoir, le 17 mai Kagame (Rwanda) et pour Museveni (Ouganda). 1997, on peut consulter WILLAME, J-C., L´odyssée Ces derniers, pour des intérêts géopolitiques ou Kabila. Trajectoire pour un Congo nouveau?, Kar- de sécurité et économiques (les secteurs miniers thala, Paris, 1999, p. 65-75. et agroindustriels rentables du Kivu), ont décidé de contrôler cette région. Cf. WILLAME, J.C., “Kivu: 39| BRAECKMAN, C., Vers la deuxième indépendance la poudrière”, in AA. VV. Kabila prend le pouvoir, du Congo, Le Cri-Afrique Éditions, Bruxelles-Kins- GRP-Éditions Complexe, Bruxelles, 1998, p. 45. hasa, 2008, p. 78.

44 dépendance deKabila auxdéclarationsd’in- face Kinshasa de régime nouveauà changerMusevenile de Kagameet de décision la D’où Burundi. le et l’Ouganda Rwanda, respectivementle attaquer pour dais burunhutus- rebelles groupes les Museveniet ex-FAR,les interahamwes,les anti- groupes les lafin de l’utilisation du territoire congolais par signifié pas n’a Kinshasa de régime de ment change- le Bujumbura, et Kampala Kigali, À par les Tutsis d’origine rwandaise. mandataires’oppose dominationla à l’appareil del’État de nouveau Le détériorées. sont se alliés anciens ses et Kabila entre relations les indiqué, été a cela comme mois, quelques En mière Guerremondiale » africaine Pre- « la ou Congo du guerre deuxième La 3.2. l’a opposéàsesalliésd’hier. qui guerre deuxième la entraîné a qui ce 1998, juillet en ougandaises et rwandaises troupes et a voulu prendre les devants en renvoyant les 41| 40| RD, éu pr e ova rgm d Ka- de régime bila nouveau le par déçus (RCD), Démocratie la pour Congolais Regroupement du sein au regroupés banyamulenges litaires mi- des rébellion nouvelle une 1998, août En etls e aia ls iie rwandaises milices les Kabila, de mentales gouverne- troupes les part, d’une : congolais pays et deux grandes coalitions sur le territoire une guerre régionale avec l’implication de sept sur débouche cela et Burundi du et l’Ouganda Rwanda,de du soutien reçoiventle Kivu.Il au conduit au pouvoir. un congolais, l’a quiguerre la groupesfait ont lequel ilsproblème pour autres les par question en remise congolaise nationalité leur de blème pro- lerésolu n’avoir pas de surtout et Katangais faveurdesen écarter les de Kabilaaccusé ont Ils 396-397. p. 2008, Paris, L´Harmattan, Congo-Kinshasa, au P.,KAMBA, Cf. substitution. sa l’Ougandade destitutionontoptépoursaqui ou dataire de s’émanciper de été la tutelle du Rwanda et a pouvoir, au interprétée comme une volonté mis du nouveau l’ontman- qui ba- nyamulenges Tutsis des détriment Ba- au les ethnie, sur son s’appuyerlukats, de Kabila de décision La 41 , qu’ils ont mis au pouvoir en 1997,éclate pouvoiren au mis ont qu’ils , 40 . Violence politique Violence sassiné, dans des conditions non éclaircies, et il janvierEn 2001,as- été Laurent-Désiréa Kabila laise deKisangani en1999, 2000et2002. sont affrontés dans la ville diamantifère congo- se qui l’Ouganda et Rwanda le entre alliances des changement le avecmilitaire et politique poursuivis, ce qui a donné lieu à une confusion sont se combats les Mais monde.du coûteuse plus la paix de l’opération devenue par est dollars jour), de millions (3 dollars de milliard qui,avecbudget d’1casquesun 600bleus et 17 MissiondesNations Unies au Congo (MONUC) la créé a sécurité de Conseil objectif,le cet dre attein- pays. Pour rébellions du différentes des désarmement le et troupes leurs retirer de res Lusaka,à gné demandequi aux étrangèforces - si- été a cessez-le-feu de accord un 1999, août En mouvementsrebelles. des mains aux était reste le et pays du occidentale moitié la que contrôlaitpays gouvernementne :le Kabila de du partage de début un produisantcongolais territoire le sur étendus sont se combats Les années 60et70). mouvementsdes solidarité libérationla de des pour Kabila, une amitié qui date de l’époqueNujoma de Sam de amitié (par Namibie la de et ration du statut de leader régional par Mugabe) lespar concessionsressé récupéla et minières - (inté- Zimbabwe du l’Unita), de guérilla la par éviter(pour l’utilisation duterritoire congolais vé grâce à l’intervention militaire de l’Angolade l’interventionmilitaire à grâce vé entre les deux anciens alliés et Kabila a été sau- relations des rupture une produitalors s’est Il changeants,par le Rwanda, l’Ouganda etle Burundi. intérêts les et circonstances les congolaises, rivales entre elles, soutenues selon bie et le Tchad ; d’autre part, les faction rebelles l’Angola, le Zimbabwe et plus tard par la Nami- mayi-mayi),par (ou soutenues mai-mai laises interahamwes,les ex-FAR lescongo- et milices 42| que d’Inga. hydroélectricentrale- la de provenant électrique courant du coupure la avec Kabila, tomber faire de donc et Kinshasa, d’asphyxier étant l’objectif Bas-Congo,environkm,le à 2000 dans Kitona de militaire base la jusqu’à aérien pont un organisé ont Kabarebe, James général du rebelles, ordres les les sous (Goma), orientale partie la Depuis 42

45 Mbuyi Kabunda | La République Démocratique du Congo postcoloniale : du scandale géologique au scandale des guerres à répétition a été remplacé comme chef d’État par son fils, Kabila a promulgué la Constitution de transi- Joseph Kabila, qui s’est montré moins intransi- tion qui devait se terminer par la tenue d’élec- geant que le père en acceptant sans résistance tions législatives et présidentielles en juillet ni remords le partage du pouvoir avec les mou- 2006, des élections “libres, transparentes et vements rebelles et l’engagement dans le pro- démocratiques”, financées par la communauté cessus de démocratisation. internationale à raison de 397 millions de dol- lars. C’est-à-dire, les premières élections dans le À la fin 2002, les troupes étrangères se sont offi- pays depuis 40 ans. ciellement retirées de la RDC. Mais, dans la par- tie orientale, les combats et les massacres entre Le deuxième tour qui a eu lieu le 29 octobre les milices de lendus et Hemas en Ituri (au bord entre Joseph Kabila (58,05%) et Jean-Pierre du lac Albert) se sont intensifiés pour le contrôle Bemba (41,95%) a donné la victoire au premier, des terres, des conflits entretenus par le Rwan- qui avait en sa faveur le fait d’avoir négocié la da et l’Ouganda qui, par guérillas interposées, paix et le retrait des troupes étrangères après continuent à contrôler les ressources naturelles dix ans de guerre. de cette partie du territoire congolais. Le Chef de l’État élu, M. Joseph Kabila, centre son Sous les pressions de la communauté interna- programme de gouvernement des cinq années tionale et avec la médiation de l’Afrique du Sud, suivantes sur la reconstruction des infrastruc- les principaux acteurs du conflit ont signé, en tures et l’amélioration des conditions sociales avril 2003, à Sun City (Afrique du Sud), le pro- de la population. Néanmoins, des foyers de ré- tocole de l’acte final du dialogue intercongo- sistance existent encore dans les provinces de lais pour rétablir la souveraineté et la paix en l’Est de la RDC où les mouvements de guérillas, RDC avec l’instauration d’un gouvernement de étrangers et congolais, sont encore actifs, ren- transition (2002-2006) constitué par les repré- dant difficile le rétablissement de l’autorité de sentants des principaux mouvements armés et l’État sur l’ensemble du pays. de la société civile ou de l’opposition politique, selon la formule de “1+4”43. Le Président Joseph Après les élections (imposées et financées par la communauté internationale), caractérisées par les exclusions en tout genre et les violences 43| Soit le Président Kabila et 4 vice-présidents : Yerodia Abdoulaye Ndombassi (en représentation du gou- vernement et chargé du secteur de la reconstruction et du développement), Jean-Pierre Bemba (du Mou- des fondateurs du RCD qui a ensuite abandonné, et vement de Libération du Congo – MLC – pour diriger donc sans une base réelle. C’est un espace intégré, la commission économique et financière), Azarias selon Jean-Claude Willame, par certaines person- Ruberwa (du Regroupement Congolais pour la Dé- nalités susceptibles de comparaître devant la justice mocratie – RCD –, pour la commission politique), et nationale ou internationale comme criminels de

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique Arthur Zahidi Ngoma (représentant de l’opposition guerre, trois de ses membres provenant des mou- non armée, auquel a été confiée la direction de la vements de rébellion. Cf. WILLAME, J.-C., Les faiseurs commission sociale et culturelle). Cette formule s’est de paix au Congo. Gestion d´une crise internationale révélée inefficiente, car elle a mis le pouvoir dans les dans un État sous tutelle, GRIP-Éditions Complexe, mains des mouvements armés, responsables de la Bruxelles, 2007, p. 181. Voir aussi MWAKA BWENGE, tragédie du pays qui, au lieu de gouverner, ont consa- A. et ATENGA, T., “Retour sur le référendum constitu- cré l’essentiel de leur temps à passer des contrats léo- tionnel. La République Démocratique du Congo à la nins avec les entreprises étrangères pour réunir des croisée des chemins », dans Diplomatie nº 19, Paris, fonds dans le but de se doter de puissants appareils mars-avril 2006, p. 26. Pour résumer, des erreurs ont électoraux en vue des élections générales, et même été commises avec la présence dans ce gouverne- pour s’armer en vue d’une éventuelle confrontation. ment de Bemba et Ruberwa, respectivement “cin- La formule “1+4” (“=0”), selon la rumeur publique, quièmes colonnes” d’Ouganda et du Rwanda. Ces a signifié en fait le contrôle de 2 des 5 postes par le faits ont rendu le gouvernement de transition peu gouvernement et un net isolement de la véritable représentatif, bien qu’il ait prétendu être incluant, “opposition non armée” puisque l’UDPS d’Étienne et ont bloqué pendant toutes ces années la création Tshisekedi (neutralisée, bien qu’ayant une forte re- d’une armée véritablement nationale, la recons- présentation dans tout le pays et surtout dans les truction du pays et l’obtention de la paix dans la deux provinces du Kasaï) a été exclue ou s’est auto- partie orientale du pays. Cf. BRAECKMAN, C., Vers la exclue en faveur du professeur Zahidi Ngoma, un deuxième indépendance…, op. cit., p. 104-106.

46 otars u oe e odie e entreprises conduite des de code contraires au activités des ayant considérées comme prises entre- 85 les 2002, et 2001 de RDC, la de sources res- des illégale l’exploitation sur unies Nations Ilconvient desouligner que, selon lerapport des mer les yeux. fer- à continuait internationale la communauté laquelle dia- sur économie or, une cobalt, bois…), mants, (coltan, RDC en abondantes stratégiques, premières matières de demande la par Katanga,alimentéedu nord au Kivu,et au et Ituri en foisguerre” s’estpoursuivie,la à de l’“économie élections, des tenue la Malgré zones decombats. les venant des pays voisins dans les principales démobilisation des “forces négatives” ou de cel- la et désarmement le territoire,du sécurité la civils,des protection la particulier, en sécurité, la l’instaurationdansde congolais vernement nouvelle mission post-électorale d’aide au gou- cembre 2007 le mandat de la MONUC avec une dé- 31 jusqu’au proroger de mai, 15 le décidé, a sécurité de Conseil le raisons, ces toutes Pour précédentes restaient intacts. tous les problèmes qui ont conduit aux guerres voisins.Néanmoins,ses par sauvée dupartage été a RDC la candidats), des troupes les entre novembre7 Kinshasa,2006,et à août au23 (20 pour les raisons mentionnées ci-dessus. 44| u og e dn l rgo ds rns Lacs Grands des région la dans et Congo au ont constamment groupes entravé deux les initiatives Les de guerre. paix cette de motivation teurs directs congolais, a constitué la principale ac- principaux des et zone la de pays des d’État créé. L’enrichissement personnel des oligarchies ainsi désordre du profit de maximum le tirer térêtmaintenirà dynamiquela guerrede pour tous les pays participant à ce conflit aient eu in- intérêts respectifs. Ces alliances expliquent que leurs servir pour Congo du naturelles sources res- des pillage le : objectif seul un d’atteindre vue en collaboré ont “invités”. Tous pays des agresseurspaysetpublics, hautspostesdes et privées entreprises mafieux, réseaux d’armes, alliancesdescréécriminelles entretrafiquants a Congo du guerre deuxième définitive, la En ressources naturelles quialimentent les conflits. n’ont pas résolu ce problème crucialAfrique, du pillageau Moyen-Orient des et en Asie. Lesdizaines électionsd’entreprises plusieurs connuespeu et installées belges, en diamantifères ; entreprises 11 britanniques et belges canadiennes, ricaines, nord-amé- miniers) (juniors minières entreprises petites 17 ; belges) sont 3 (dont banques grandes multinationales défini par l’OCDE, en RDC, il y a 4 KABANDA KANA, K.A., op. cit., p. 222-223. 44 , 47 Mbuyi Kabunda | La République Démocratique du Congo postcoloniale : du scandale géologique au scandale des guerres à répétition En ce qui concerne les fréquentes incursions tes au Congo48, il s’est plutôt consacré à dés- du Rwanda et de l’Ouganda45 sur le territoire tabiliser en armant les deux parties du conflit de la RDC au cours des dix dernières années, dans la province d’Ituri, les milices lendu (agri- il convient de préciser les raisons qui condui- culteurs) et hema (bergers), en ravivant les sent à ces interventions pour chacun de ces conflits entre les membres des deux groupes. pays. Son attitude s’explique pour des raisons de sé- curité, en particulier, son désir de neutraliser En ce qui concerne le Rwanda, trois principales les mouvements rebelles qui agissent depuis raisons prédominent : la survie elle-même du ré- le nord-est de la RDC, l’Alliance des Forces Dé- gime du FPR qui doit intervenir au Congo pour mocratiques (ADF) et l’Armée de Résistance du prévenir toute attaque des rebelles hutus (ex- Seigneur (LRA). De plus, l’élite politique, mili- FAR et interahamwes intégrés dans les FDLR) à taire (et commerciale) ougandaise tentait de partir de leur arrière-base congolaise ; l’enrichis- freiner la prédominance du Rwanda et de ses sement de l’élite au pouvoir au Rwanda, grâce alliés congolais du RCD/Goma dans la région au pillage des ressources naturelles, directement et de contrôler les richesses du Congo (or et par le biais de ses troupes et par les mouvements diamants) grâce à ses liens avec des réseaux rebelles congolais interposés ; l’allègement de commerciaux congolais ou avec des chefs de la pression démographique (310 hab./km2) une guerre locaux. La participation de l’Ouganda partie de sa population se maintenant dans la dans le conflit répond donc aussi à une com- partie orientale de la RDC46. Le Rwanda a pour binaison de sécurité nationale et d’intérêts objectif de maintenir cet excédent de population privés49. dans les deux Kivus, composée principalement de personnes qui étaient des enfants pendant le génocide et qui ne peuvent pas être soumises à la 3.3. La troisième guerre du Congo (2004-2009) justice rwandaise. C’est pourquoi, il est passé de ou le défi du Général Nkunda à la démocratie l’occupation militaire à l’appui sur des divisions de la RDC internes de la RDC pour maintenir et renforcer son contrôle sur certains de ses territoires47. La troisième guerre (2004-2009), contraire- ment aux deux précédentes, n’a eu lieu que En ce qui concerne l’Ouganda, qui ne fait pas dans les deux Kivus, une zone riche en mine- preuve des mêmes ambitions expansionnis- rais et en or, qui échappe en partie à l’autorité du gouvernement congolais et où plusieurs milices hutues rwandaises se sont réfugiées après le génocide de 1994, de même que les groupes paramilitaires ougandais. Néanmoins, 45| La première était ou est active dans l’exploitation du coltan du Kivu et la deuxième dans celle de de même que pour les deux guerres précéden-

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique l’or et du bois d’Ituri. Les troupes des deux pays, tes, celle-ci a pour origine la crise du Rwanda comme il est souligné, se sont même affrontées et le problème sans solution (jusque-là) de la en territoire congolais pour le contrôle des dia- “nationalité” des rwandophones. De l’avis de mants de la province orientale. Cf. WILLAME, J.-C., Les faiseurs de paix…., op. cit., p. 64-65. Tshiyembe Mwayila, ce sera la suite de l’éta- blissement des comptes entre vainqueurs 46| Bien qu’ayant passé un accord de coopération, à la et vaincus : l’AFDL de J. Kabila50 appartenant fin 2008 et au début 2009, avec le gouvernement congolais, pour la lutte contre les FDLR, le Rwanda n’a au fond aucun intérêt à ce que les rebelles hu- tus reviennent étant donné les conditions de vie 48| L’Ouganda a adopté cette attitude moins agres- difficiles de la majeure partie de sa population en sive, surtout après la condamnation de son oc- raison du manque de terres, de travail, etc. C’est-à- cupation du territoire de la RDC et du pillage de dire, l’impossibilité de réinsertion de ces combat- ses ressources par la Cour Pénale Internationale tants. Cf. LANOTTE, C., op. cit., p.163-164. (CPI) de la Haye en 2005, avec les réparations per- 47| HUGO, J-F., La République Démocratique du Congo: tinentes. une guerre inconnue, Éditions Michalon, Paris, 49| HUGO, J.-F., op. cit., p. 53-54. 2006, p 49- 50. Voir aussi WILLAME, J.-C., Les fai- seurs de paix au Congo, op. cit., p. 99. 50| TSHIYEMBE, M., op. cit., p. 20.

48 congolais du Kivu avec les FDLR les avecKivu du congolais ethniques groupes des et gouvernement collaborationdu la par menacée particulier, en tutsie, minorité la de et général en dophones rwan- des discrimination la contre ou nauté commu- sa de défense la pour lutte sa justifié a Masisi, du fief son depuis Nkunda, Laurent e msars e aub dn l ni d 13 du nuit la dans Gatumba de massacres les paux acteurssesont affrontés Kiwanja- Kivu),princi et Rutshuru(au trois de territoires les sur 2009, janvier et 2008 entre août guerre, nouvelle cette dans réalité, En seconds.aux Nkunda Laurent et premiers aux 52| 51| Les • Les • L’ • tampon”. les FDLR, ou a été le responsable du “territoire contrelutte la dans naturellesetressources des l’exploitation dans congolais, territoire en Rwanda d’avant-garde du servi a CNDP gouvernementales. Le troupes aux défaites d’importantes infligé a Rwanda, du soutien le Général2009,Nkundaavecà2004 qui,de le par récemment jusqu’à dirigé CNDP du territoires duterritoires Nord-Kivu etdu Sud-Kivu. pendant l’exil congolais, en particulier sur les les par nés enfants lesinterahamwesex-FAR, leset plupart la pour constitués (FDLR), Rwanda du Libération la pour mocratiques férents mouvements armésourebelles. par le mélange de troupes provenant des dif- affaiblie Il et motivée peu soldats. armée d’une s’agit 175000 et 100000 d’entre sont (FARDC), estiméseffectifs RDC les dontla de congolais avec laChine. gouvernement le par signés contrats les refuser l’AFDL, et de l’image à RDC, la de gouvernement le renverser suivante, l’étape à passé est taires, mili- et politiques victoires ses de fort Nkunda, rior, Madrid, 2008, janvier-février, p. 156-159. (Ce qui se passe au Congo oriental), in Política Exte- PALACIOS,M.M., oriental”Congo el en pasa que “Lo FERNÁNDEZ- ; 6-15 p. 2008, Anvers,Transactions, RDC,IPIS-Fatal la de l´Est de cas le : conflits les rière der- HILGERT,motivationsF., et Cartographiedes S. cations,activités stratégies,et consulterSPITTAELS, Pour une information sur ces groupes, leurs ramifi- peé Fre Armées Forces appelée congolaise armée 5000 soldats, la plupart d’originetutsie , plupart soldats,la 5000 des Forces Dé- Forces des rwandais hutus rebelles 51 : 52 , illustréepar , rniaeet ei à ex asn : e gou- les : raisons deux à tenir principalement de d’attitude étaientjusque-làquiceux ennemis, pourraient surprenants changements Ces la Garamba, au nord-est du Congo. les rebelles de la LRA retranchés dans le parc de menerles mêmes opérations conjointes contre lesFARDC l’arméeet ougandaise ontdécidéde taires conjointes contre les FDLR et d’autre part, 2008,opérationsdes mener de ont décidé mili- décembre 5 le gouvernements deux les entre signé l’accord de application en rwandaise, et congolaise armées les part, D’une l’Ouganda. lesgouvernements de la RDC, du Rwanda et de entre passés été ont importants période, accords deux même la Pendant Rwanda. au fuite sa entraîné et Nkunda affaibli complètement a FDLR, des hutus rebelles des bases des tion- désarticula la à mois, même ce procéder, de congolais gouvernement du décision la après e 6 ave 20, enBso Ntaganda Jean-Bosco 2009, janvier 16 le CNDP,du dissidents commandants principaux des gouvernementcentralau l’adhésion Avec l’Ouganda. tientcompte sesdeaffinités avec le Rwanda et 55| 54| 53| 2004 août 14 au lisme en RDC en lisme mes deguerre. Lubanga,- aujourd’hui cri CPI,pour la détenu par Thomas de guérilla la de partie faisait il quand dats et les crimes commis par ses milices, en Ituri, Internationalelerecrutementd’enfantspour sol - Pénale Cour la de recherche de mandat un Avec deuxième indépendance…, op. cit., p. 105. la Vers C., BRAECKMAN, citoyenneté. Cf. reconnaissance leur de la donc et congolais Tutsis aux par Ruberwa, pour donner un espace d’expression ressources,leurs défendu,été a il et particulier,en vise le pays en 26 provinces qui contrôlent 40% de congolaise,constitutiondi- la par ralisme,adopté congolaisere ,Karthala, Paris,2008, p.fédé- 282. Le S., Nkunda et la rébellion du SCOTT, Kivu. Au cœur de la guer- ANDREW Cf. antagonismes. ethniestesdu éliminerpaysréduireà ouet leurs L’objectif avoué consiste à rapprocher les différen- Kivu contre les Tutsis congolais. et du Kivu avec les rebelles hutus et les ethnies du autoritéscongolaiseslescoalitionentre d’une ce et mayi mayi, en créant la conviction de l’existen- lais, qui ont été assassinés par les milices du FDLR congo- mulenges, territoire fuyantconflits du les Banyales - réfugiés sont se RDC, avecla frontière la à Burundi,au situé réfugiés de camp ce Dans 54 , une proposition suspecte si on propositionsi suspecteune, 53 , et par l’adoption du fédéra- du l’adoption par et , Laurent 55 , 49 Mbuyi Kabunda | La République Démocratique du Congo postcoloniale : du scandale géologique au scandale des guerres à répétition vernements de la zone, pour prendre les devants cières pour s’attaquer aux problèmes sociaux sur les sanctions de la nouvelle administration de la population, dû à la mauvaise gestion des nord-américaine de Barack Obama, hostile aux dizaines d’années précédentes et aux consé- guerres de pillage qui au bout du compte créent quences des politiques d’austérité imposées l’insécurité et donc le bouillon de culture du par les institutions financières internationales terrorisme, ont décidé de créer eux-mêmes les (IFI), et surtout à l’absence d’une armée capa- conditions pour le rétablissement de la paix dans ble de défendre le territoire national et d’impo- la région ; les menaces de traduire les responsa- ser l’autorité de l’État. bles des massacres devant les tribunaux interna- tionaux avaient conduit les chefs militaires du CNDP, impliqués dans les massacres de Kiwanja de novembre 2008, à s’éloigner de Nkunda et se rapprocher du gouvernement congolais avec la 4. Vérités et contrevérités sur le pillage possibilité d’obtenir l’amnistie et l’impunité. des ressources naturelles de la RDC par les pays voisins De même qu’au début des années 60, le seul obstacle à l’occupation de la partie orientale de la RDC par le Rwanda et l’Ouganda ont été la Il ne fait aucun doute que le Rwanda et l’Ouganda présence de la MONUC56 et les pressions inter- ont été, ces dix dernières années, les principaux nationales sur les deux pays qui dépendaient bénéficiaires des conflits de la RDC, qui leur ont largement de l’aide extérieure. permis de tirer profit du désordre et du pillage des ressources du pays59. Ils ont maintenu et main- En définitive, comme le souligne Misser et ses tiennent leur présence au Congo, directement ou collaborateurs57, les problèmes agraires, les ri- par milices proches interposées, pour continuer valités entre les différents groupes et les hai- à piller les ressources naturelles du Congo et dé- nes profondes, la misère des combattants et de fendre leurs intérêts stratégiques dans la partie leurs familles constituent les principales causes orientale de ce pays, en instrumentalisant les des conflits de la RDC, alors que l’exploitation Tutsis congolais sous prétexte de les protéger60. des ressources naturelles n’a servi que de com- Bien que ces pays aient retiré leurs troupes du bustible, c’est-à-dire l’argent. Par conséquent, territoire congolais, en octobre 2002 (Rwanda) et les ressources naturelles, sur lesquelles nous en mai 2003 (Ouganda), ils ont laissé derrière eux reviendrons au chapitre suivant, plus qu’une des réseaux commerciaux qui leur ont permis de cause de conflits, les alimentent pour que tous poursuivre leurs activités de pillage. les adversaires s’en servent pour financer la guerre ou pour augmenter leurs bénéfices. D’autres acteurs internationaux très impor- tants ont été certaines multinationales occi-

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique Malgré la tenue des élections de 2007 au dentales dont les activités commerciales au Congo, qui ont résolu le problème de la léga- Kivu ont été fondamentales dans la poursuite lité du pouvoir et non sa légitimité, le nouveau des conflits en RDC. pouvoir reste fragile en raison, de l’avis de Braeckman58, du manque de ressources finan-

59| C’est le cas particulier du Rwanda, qui a retiré 56| Avec 4500 casques bleus déployés au Nord-Kivu d’importants bénéfices du pillage du coltan, de (17600 dans tout le pays), la MONUC s’est engagée l’or et des diamants. Cf. BRAECKMAN, C., ibid, p. à soutenir militairement l’armée congolaise, s’il le 246-249. fallait, en plus de l’appui tactique et logistique déjà 60| Cependant, des Banyamulenges préoccupés par fourni aux troupes de ce pays, pour faire face aux la politique ambiguë de Kigali (agressions et attaques des bandes armées ou des pays voisins. pillage des ressources naturelles du Congo), et 57| MISSER, F. (avec la participation de Raphaël Sourt surtout parce qu’elle suscite l’hostilité des autres et Nestor Bidadanure), op. cit., p. 21. ethnies contre eux, ont commencé à douter des véritables intentions du Rwanda et à s’opposer 58| BRAECKMAN, C, Les nouveaux prédateurs…, op. ouvertement, même par les armes, à son hégé- cit., p. 376 et les suivantes. monie au Kivu.

50 61| rwandaises) et allemandes,chinoises britanniques, belges, (nord-américaines, ces” de plus de deux douzaines de multinationales “prédatri- RDC en présence la sur insistent Witness—, Global londonienne la ou (SARW) Watch Africa South sud-africaine la comme d’organisations postérieurs rapports des nés, des ressources naturelles de la illégale RDC, déjà mention - l’exploitation sur unies Nations En plus des des des experts successifs rapports Company SA (Belgique), SLC Germany GmbH GmbH Germany SLC (Belgique), SA Company Metals Speciality Raremet Kong/Chine), (Hong Metals, (Chine), Ferrous Pacific Ores Metals coltan Non trading Ningxia (Kazakhstan), processing tantalum Kazatomprom Nac (Malaisie), cessing (États-Unis),Cor.MalaysianSmeltingColtanpro- capacitor/manufacture Electronics (Allema- Kemet processing gne), coltan Co & GmbH Starck (Suisse),(Antilles),FinconcordSA Finmining H.C. (Grande-Bretagne), Euromet (Belgique), trading coltan Cogecom (États-Unis), processing talum tan- Corporation Cabot (Grande-Bretagne), Corp Metal Armalgamated - Afri (Grande-Bretagne), Saleh), Commet Salim mex (de : suivantes trading coltan entreprises Uganda des s’agit Il 61 impli- André Catherinesens,l’or. ce et cobaltDans levre, cui- diamants,le coltan,les le :stratégiques minéralesressources cinq des particulier en richesses, ses de organisé et systématique pillage au consacré sont se RDC la de ment gouverne- du “alliés” qu’ils ou États, “ennemis” soient les dont façon la sur l’accent mis sur a qui 2001, avril 16 du Congo, unies du relles natu- Nations ressources des du illégale des l’exploitation celui d’experts est marquant groupe plus le rapport Le du coltan. autres,entreillégal, commerce le dans quées , contrôlée par l’armée rwan- l’armée par Metals,contrôléeRuanda 62| sur le pillage desressourcesdu Congo. belge Sénat du Commission la de Collaboratrice Eagles y Wings Resourcescoltan explotation (USA/Israël), (Rwanda). manufacture Vishay Sprague (États-Unis), Inc Tinitechinternational (Belgique), SA Trademet (Belgique), SA Company (Allemagne),Sogem(Belgique), Speciality Metals 62 , mentionnait comment l’entreprise comment mentionnait , 51 Mbuyi Kabunda | La République Démocratique du Congo postcoloniale : du scandale géologique au scandale des guerres à répétition daise, exportait quelque 1200 tonnes de col- elle-même (fonctionnaires, employés, pro- tan —environ 80 à 100 millions de dollars ou fesseurs, étudiants…), appauvris par l’énorme 100 tonnes de coltan par mois en 2000—, ce inflation ou le non paiement de leurs salaires, qui correspond au budget militaire du gou- à l’exploitation des diamants avant qu’ils ne vernement rwandais pour cette année-là63. parviennent aux grands trafiquants et in- dustriels et aux marchés internationaux, par Quand le professeur Ernest Wambia dia Wam- les stratégies de survie quotidienne dévelop- ba, alors président de la section dissidente du pées depuis le bas, depuis plusieurs dizaines RCD a dénoncé l’exploitation illégale des res- d’années, face à la disparition des structures sources naturelles de la RDC, à la fois par les na- de l’État, l’augmentation du chômage ou la tionaux et par les étrangers, dans un contexte détérioration sociale, produisant une véri- de disparition de l’État64, il a touché un aspect table dollarisation de l’économie. La “chasse très important qu’on perd généralement de aux diamants”, moyennant l’exploitation vue dans ce conflit, la participation des acteurs artisanale à grande échelle des gisements nationaux au pillage, inauguré par Mobutu et qui s’étendent dans la savane et la forêt tro- les dignitaires de son régime, le mandataire picale, de la frontière entre la RDC et la pro- congolais étant devenu une des 10 plus grosses vince angolaise de Lunda Norte, où a lieu un fortunes du monde et son peuple un des plus important trafic de diamants par les bana pauvres de la planète. Lunda67, jusqu’à la frontière avec le Soudan et la République centrafricaine, est devenue un Dans le même ordre d’idées, le professeur Ste- véritable dynamisme de certaines couches de faan Marysse65, en faisant référence au cas par- population congolaise ou de la puissante éco- ticulier de l’Angola et du Zimbabwe, souligne nomie populaire “informelle”, pour survivre. que ces pays ont dépensé plus que ce qu’ils ont gagné avec l’intervention de leurs troupes au Au Katanga, en raison de la crise de la GECAMI- Congo. NES, entre 40000 et 50000 petits trafiquants se consacrent à l’exploitation artisanale du En effet, ce que n’ont pas précisé tous ces rap- cuivre pour leur survie. On peut dire la même ports (de l’ONU et des ONG internationales), chose de l’or du Nord-Kivu et de la province c’est la participation des Congolais eux-mê- orientale ou de Kisangani, à la frontière avec mes, depuis les membres des gouvernements l’Ouganda, exploité de manière frauduleuse et successifs, en passant par ceux du gouverne- exporté à partir de Kampala, Kigali et Bujum- ment de transition66 jusqu’à la population bura.

Nous faisons donc référence à un type d’exploi- 63| Cf. ANDRÉ, C., « Enquête sénatoriale belge sur le tation artisanale qui, grâce à la contrebande, pillage au Congo : Constats et enjeux », in L´Afrique | Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique des Grands Lacs, Annuaire 2002-2003, Centre profite à toute une chaîne d’acteurs, locaux et 68 d´Études de la Région des Grands Lacs d´Afrique- surtout occidentaux . L´Harmattan, Anvers-Paris, 2003, p. 275. 64| Cf. WILLAME, J.-C., Les faiseurs de paix..., op. cit., p. 65. C’est aussi le point de vue du professeur Eli- Afrique Asie, avril 2006, Paris, p. 10-13. kia M´Bokolo qui, sans nier la responsabilité des grandes puissances, entreprises et fonctionnaires 67| Cf. DE BOECK, F., « Des chiens qui brisent leur internationaux de l’UE et de l’ONU dans le pillage, laisse », in Cahiers Africains/Afrika Studies n° 45- parle « de la corruption généralisée et de l’effon- 46 (Chasse au diamant au Congo/Zaïre), Institut drement de l’État, et du pillage organisé, cette fois africain-CEDAF/Afrika Instituut-ASDOC-L’Har- par les Congolais eux-mêmes », en particulier par mattan, Tervuren-Paris, 2000, p. 209-232. les membres du gouvernement de transition. Voir 68| ABADIE, D., DENEAULT A., et SACHER, W., “Bal- l’entrevue dans Afrique Asie du mois d’avril 2006, kanisation et pillage dans l`Est congolais », Le p. 16-17. Monde diplomatique, Paris, décembre 2008, p. 65| Cf. Entrevue dans Alternatives internationales 21. Voir aussi l’étude du Netherlands Institute for nº31, Paris, juin 2006, p. 14. Southern Africa qui parle de 50 000 à 60 000 pe- tits exploitants qui se consacrent à l’exploitation 66| Voir ELONGUI, L., « Main basse sur le Congo », minière artisanale dans la province du Katanga.

52 n 00 Leclercq 2000, En Moto (Ituri). (Mbuji Mayi) et la Société des Mines d’or de Kilo MIBA d’État,la entreprisesl’intermédiaire des est contrôlé l’orpar le gouvernement congolais par de et diamants des l’exploitation de le gros Mais Rwanda. du partir à internationaux mafieux réseaux les dans termine et Kivu du odtos odmnae : a ax iie et civile paix deux la : manquait fondamentales conditions il car congolaise, po- la pulation de service au RDC la de ceptionnelles ex- richesses des échelle grande à l’ex- ploitation mettre de illusoire et inaccessible était en petites quantités petites en et artisanale l’échelle à faite l’exploitationest cas, premier le Dans cobalt. du et cuivre du le cel- l’autre, de et coltan le et l’ordiamants, les comme minerais de l’exploitation part, d’une Tout cela est résumé par Pourtier qui distingue, douanes. des fonctionnaires des complicité avecla Kivu d’affaires du hommes les par Rwanda le et da frauduleusefaçon l’Ouganvers- de exporté est café le guerre, la avant d’années dizaines des ainsi, : guerre la d’avant datent ils nouveaux, pas sont necontrebande de réseauxKivu.Des duNord-celles dans kilos du9 Sud-Kivunes et raissent officiellement 600 kilos dans les doua- appa- seuls 2005, en RDC la par exportées d’or tonnes du10 Kivu.des que même,signale De il douaniers services des officielles statistiques les dans apparaissenttonnes 6748 seules que bien tonnes 16780 de été ont RDC la de térite cassi- de exportations les 2006, en comment, Developmenttional (DfID)britannique montre du rapport récent Le 70| 69| Afrika Studies n°45-46,Afrika op. cit., pp 71-72. Africains/ Cahiers en , » congolais conflit le dans diamantdu économique rôle Le LERCLERCQ,H.,« celle decoltan, 1500tonnesen2001. et tonnes 5 atteintproductionannuelled’or aLa Transactions-IPIS, Amsterdam, 2006, p.10-11. NiZA,-Fatal Congo, du Démocratique République en transitoirerégime le et minièrel`exploitation Australe, l’Afriquepour NéerlandaisInstitut Cf. CAMINES. électorale avec les ressourcesprovenant delaGE- campagne sa PPRD, parti, et le son financé a bila Ka- Joseph Président le étude, même la selon Et L´ État contre le peuple. La gouvernance,peuple.La le contre État L´ 70 dcaat éà obe il combien déjà déclarait , 69 parlespetits trafiquants eatet o Interna- for Department é e apr Lutundula rapport le cé financer ses mouvements, comme l’a dénon- pour étrangères entreprises des avec contrats léonins des signait transition de nement gouver- le pratiques, ces Continuantguerre. la financer pour fonds des réunir de but le dans minières, concessions Canada, des échange du en et États-Unis des Finlande, Sud, de du d’Afrique Zimbabwe, du treprises en- contrats des avec minerais des ces de signé d’exploitation déjà avait père Kabila la libération du Rwanda ». vant au passage « l’impôt révolutionnaire pour perce- en l’Ouganda, et Rwanda le vers tation expor- leur facilitant et minerais ces sur taxes d’importantes touchant hutus rebelles forces FARDC,ces des soutien Kivus,avecle deux les dans cassitérite la de et l’or de mercialisation com- la et production la contrôler pour hasa, auxréseaux lespar FDLR, créés Kins- de alliées sources de la RDC la de sources d’impor- tants bénéfices de l’exploitation retirent illicite des res- de Goma), tutsis d’affaires hommes les par (financé CNDP le congolais, fonctionnaires des et locale population la de couches certaines même et étrangers, et lais belligérants, groupes les congo- tous » : conflit duvainqueurs les « uns, d’enrichissementdes sources les devenus sont dunational patrimoine destruction la et systé- ressources des pillage matique le armes, des l’usage pays, ce Dans institutionnelle. et politique stabilité la 73| 72| 71| pratiques néopatrimoniales des et mentalités des avoir à congolai- continuent élites ses les que met fait le rapport sur l’accent Ce congolaise. parlementaire VLASSENROOT, K et RAEYMAEKERS, T., fonctionnaires du gouvernement detransition. hauts et membres les par congolais minier teur mission met l’accent sur la cannibalisation com- du sec- la de rapport Le transparence. de total que d’entre eux sont basés sur la corruption et le man- nombre que considère 1998, depuis et 1996-1997 de guerres va - les pendantcontrats signésdes lidité la d’examiner chargée et Lutundula Joseph parlementairecommission,le Cetteparprésidée Paris, janvier 2009, p. 21. (Dossier), » lui-même contre un :pays RDC « 2009, : Bidadanure) Nestor et Sourt Raphaël de participationF. laVoir(avec MISSER, 71 . La même chose s’applique chose même La . 72 de la commission commission la de 73 . Pas seulement seulement .Pas fiu Asie, Afrique op. cit. p. 7 53 Mbuyi Kabunda | La République Démocratique du Congo postcoloniale : du scandale géologique au scandale des guerres à répétition elles, mais aussi d’autres personnes comme communication européens et nord-améri- les seigneurs de la guerre et des acteurs non cains (explication primordialiste), sont nés de gouvernementaux en tout genre, des hom- crises générées depuis plus de vingt ans. Des mes politiques locaux, des membres des crises dans lesquelles sont liées des logiques institutions parallèles ou de réseaux crimi- de la globalisation (régionales et internatio- nels, etc. Nombre d’entre eux se consacrent nales) et des logiques internes de fragmen- à reproduire ce que Rymaekers qualifie de « tation (mauvaise gouvernance politique et néopatrimonialisme sans l’État »74 . économique) et qui montrent d’importants éléments de continuité avec les violences Pour résumer, on a trop insisté sur le pillage successives que ce pays a connues : la colo- des ressources du Congo par les pays voisins, en nisation belge, l’indépendance chaotique, la négligeant la participation des gouvernements dictature longue et corrompue du régime de congolais successifs et des petits exploitants Mobutu, la démocratisation non terminée artisanaux dont la production est souvent non des années 90, l’effet domino du génocide du comptabilisée dans les statistiques officielles. Rwanda avec ses effets déstabilisateurs dans toute l’Afrique centrale ou l’Afrique médiane, Ce qui est sûr dans toute cette affaire, ce sont selon le concept consacré par la géopolitique les bénéfices personnels exorbitants obtenus classique76, les alliances régionales de Lau- par les différents acteurs locaux, régionaux et rent-Désiré Kabila, le pillage des ressources internationaux (élites congolaises, autorités re- naturelles par des pays voisins et la transition belles et autorités militaires des pays interve- néfaste réalisée au début des années 2000. À nants), fondamentalement par les élites congo- tout cela, il faut ajouter l’éternel problème de laises et leurs alliés étrangers. la nationalité des Tutsis congolais d’origine rwandaise (les Banyaruandas et les Banya- mulenges).

Nous nous trouvons donc face à des conflits Conclusion de caractère clairement politique autour de l’accès au pouvoir et des ressources. Il s’agit de luttes de pouvoir entre différentes forces La RDC est caractérisée par une longue tradition politiques qui, avivées par la libéralisation de violences qui remonte à l’époque de l’escla- de l’économie, rivalisent pour le contrôle des vage et de la colonisation et qui s’est poursuivie ressources. Une rivalité dans laquelle sont im- après la colonisation, en particulier sous le ré- pliqués d’innombrables acteurs, en haut et en gime mobutiste, avec la parenthèse des mou- bas, à l’extérieur et à l’intérieur et qui, dans vements sécessionnistes ou révolutionnaires. la ligne de la « politique du ventre » de Jean-

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique Cependant, les plus virulentes de ces violences François Bayart, s’affrontent dans une lutte se sont manifestées dans les guerres des dix féroce pour l’accès aux richesses, mais s’arti- dernières années étant donné le nombre de culent aussi autour de relations personnelles victimes qu’elles ont fait. et collectives d’obédience et de solidarité et tous les principaux acteurs sont caractérisés Ces conflits, taxés d’une manière frivole et par l’utilisation massive des enfants soldats erronée d’“ethniques”75 par les moyens de et par les violences sexuelles en masse com- me partie d’une stratégie programmée d’hu- miliation de l’adversaire. 74| RAEYMAEKERS, T. : 2008, op. cit. p. 14. 75| En réalité, il s’agit de conflits avec d’importantes dimensions géopolitiques de lutte de pouvoir et Alternatives internationales nº 41, Paris, décembre de recherche de contrôle de territoires, en par- 2008, p. 19. Voir aussi WILLAME, J.-C., L´odyssée…, ticulier les problèmes agraires et identitaires, op. cit., p. 133. en plus des commerciaux avec le pillage illégal des ressources naturelles. Cf. VIRCOULON, T., « RD 76| LACOSTE, Y., Géopolitique. La longue histoire Congo : la guerre des Kivus ne veut pas finir », in d´aujourd`hui, Larousse, Paris, 2006, p. 215.

54 ses du pays politiques, mais décidés à s’emparer des - riches leaders ou guerre la de seigneurs en prédateurs,déguisés des par dirigées et prédation ple sim- la par dictées guerres de s’agit qu’il fait le balement ces guerres. Pourtier insiste aussi sur tés politiques en tout genre qui expliquent glo- convoitisesdurivaliles et richesses Congo des - nes du Rwanda, du Burundi et de l’Ouganda, les inter- tensions des l’exportationdonc, sont Ce 77| u uud) l LA Ame e iéain du Libération de (Armée LRA la Burundi), du Libération la pour Nationales (Forces FNL les LibérationduRwanda),la pour Démocratiques mas,alurslugbaras et Ituri,en (ForceslesFDLR tuées par des membres des groupes lendus, he- Kivus et au nord du Katanga, les milices consti - bérationdel’Est du Congo (FLEC) dans les deux Li- la pour Front mayile mayi)(ou ou mai mai gouvernementales pro- ou ethniques milices d’autodéfense les Nkunda, Laurent de Peuples) desDéfense Nationalla (Conseil pour CNDP le RDC), la de Armées (Forces FARDC les Congo), au Unies Nations des d’Observation (Mission avecplus de 600 000 combattants : la MONUC mondeau groupesarmés troupes et plusde le Touscesconflits ont fait RDC la paysde le avec agissent du àpartir congolais. territoire qui respectifs rébellion de mouvementsleurs duRwanda, de l’Ouganda et du Burundi contre lutte de et congolaisTutsis nombreux de part la de nationalitérevendication de de fond un Nkundainterposée. Elles ont toutes également Laurent de Rwanda, guérilla le dupar Kivupar nouvelle tentative de domination/d’occupation D.Kabila. troisièmeLa (2004-2009) estdue la à L. de régime du renversement le était voisins, pays les par RDC la de ressources des pillage première,objectif,duplusprincipallaleen de prolongement le dans(1998-2003), seconde la Dans Mobutu. de dictature la de libération la pour lutte la et Banyamulenges des défense gement du génocide du Rwanda—, a été l’auto- mo- teurs de la première guerre principaux (1996-97) —,prolon - des un car facteurs, d’autres l’existence de compte tenir néanmoins faut Il 4e trimestre, p. 27. au paix Congo et alentour », in la de et guerre la de enjeux tour- Les mente. la dans centrale “L´Afrique R., POURTIER, 77 . Hérodote nº 11, Paris, 2003, 79| 78| terminé d’un clan ou d’un groupe social pas ou ethnique dé- et peuple du service au mette se État cet que condition à politique,stabilité la et l’État renforcernécessairede donc est il et sociale et reconstructionsa être doit RDCéconomique la Le point de départ de la paix et de la stabilité de transformé laRDCenunevéritable poudrière. centrafri- caine). La présence République de tous ces groupes armés a et (Congo-Brazzaville voisins pays les dans ou forêt la dans fugiées ré- et Mobutu de régime levaincues d’élitepar troupes les compter sans d’Ouganda),Alliées Démocratiques (Forces FDL les Kony, Joseph ougandais guerre la de seigneur du Seigneur) si c’est efficace ou non ou efficace c’est si résolutionla conflits.leursde temps dira de Le chargés eux-mêmes sont se qu’ilsC’est-à-dire Nkunda. Laurent de lutte la à fin mettre pour FDLR, des Hutus des rapatriement le et ment désarme- le pour États-Unis les par parrainés Rwanda et l’Ouganda ont concrétisé les accords le RDC, la mieux, tant c’est et façon, toute De tiqués danslaprésente analyse. diagnos- problèmes les résoudre pour cessaire régionauxinternationauxet égalementest né- locaux,nationaux,acteurs des économique) et contrats. d’importants signé a il laquelle avec soutien Chine la de le avec nationales infrastructures des sociauxpopulationlade (re)constructionladeet problèmes aux consacrer se maintenant peut et faire,incapablede était paix,armée la son que ce rwandaises sur le territoire troupescongolais—, a obtenu des l’intervention sur Kabila Président avecdésaccord pour le poste son de démissionné a qui Kamerhe, Vital Parlement,du président du celui Kivu,—dont duhutus alliés ses de nombre de soutien le perdu a qui congolais, gou- vernement le part, sa Pour externe. l’aide de retrait le internationaleimageentraînantson atteinte»à Nkunda, réfugié sur son territoire, et qui « portait Laurentmomenttout à utiliser à consistequi ge gouvernementle sur avecKinshasa de chantale - influence certaine avoirune ;régionale militaire puissance de statut son renforcer ; FDLR les par objectifs : éliminer la menace externe représentée Avec cette opération, le Rwanda a atteint tous ces Editions Complexe, Bruxelles, 1999, p. 133. GRIP- Nolet), Sophie et Schmitz Marc : (coords in `libération´´”, la de malentendus les : “Kinshasa F., RYCKMANS, 78 . L’intervention coordonnée (politique 79 aia rn l pouvoir le prend Kabila . Il est également vraiégalement est Il .

55 Mbuyi Kabunda | La République Démocratique du Congo postcoloniale : du scandale géologique au scandale des guerres à répétition que la menace de persécution internationale Bibliographie des délits (détentions de certains des seigneurs de la guerre) et les pressions diplomatiques de certains pays du Nord ont eu des effets. ABADIE, D., DENEAULT A., et SACHER, W., “Balkani- sation et pillage dans l’ Est congolais », Le Monde Les souffrances du peuple congolais, en raison diplomatique, Paris, desembre 2008. de toutes ces guerres, ont fini par renforcer le sentiment d’unité nationale des Congolais, ANDRÉ, C., « Enquête sénatoriale belge sur le pilla- surtout ceux de la partie orientale qui expri- ge au Congo : Constats et enjeux », en L´Afrique ment de plus en plus leur volonté d’appartenir des Grands Lacs, Annuaire 2002-2003, Centre à la nation congolaise80, contrairement aux d´Études de la Région des Grands Lacs d´Afrique- plans qui ont surgi ces derniers mois comme L´Harmattan, Anvers-Paris, 2003. le projet de partage du Congo défendu par Jeffrey Herbst et Greg Mills 81, qui pense que ANDREW SCOTT, S., Laurent Nkunda et la rébellion ce pays n’existe pas, ou la solution d’exploita- du Kivu. Au cœur de la guerre congolaise, Karthala, tion des ressources minières et agricoles de la Paris, 2008. RDC en collaboration avec ses voisins, dans le cadre d’un marché commun, selon les sugges- BRAECKMAN, C., “La champagne victorieuse de tions de Herman Cohen (sous-secrétaire d’État l´AFDL », en AA. VV. Kabila prend le pouvoir, GRIP- chargé des affaires africaines de Bill Clinton) et Éditions Complexe, Bruxelles, 1998. du Président Nicolas Sarkozy. La solution passe par l’institution d’un État fort et de droit, res- BRAECKMAN, C., Vers la deuxième indépendance du pectueux du droit des minorités et décentrali- Congo, Le Cri-Afrique Éditions, Bruxelles-Kinshasa, sé. C’est la seule façon d’en finir avec le pillage 2008. de ce pays, devenu, depuis le système de Léo- pold II, en passant par la cleptocratie mobu- BRAEKMAN, C., Les nouveaux prédateurs. Politi- tiste, jusqu’à nos jours, « un supermarché sans que des puissances en Afrique centrale (édition ré- gardes ou surveillants », selon les termes de visée et augmentée), Les éditions Aden, Bruxelles, Colette Braeckman. Pour l’instant, la coopéra- 2009. tion semble remplacer la guerre. Pour combien de temps ? CARANCI, C., “Congo: el difícil camino de la inde- pendencia”, en Historia Universal, tomo 28, Edito- rial 16, Madrid, 1985.

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57 Mbuyi Kabunda | La République Démocratique du Congo postcoloniale : du scandale géologique au scandale des guerres à répétition | Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique

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La République Démocratique du Congo postcoloniale : la faillite de l’État et la tutelle dans les relations interafricaines

Germain Ngoie Tshibambe Professeur au Département des Relations internationales de la Université de Lubum- bashi (République Démocratique du Congo)

Co-coordinateur du Centre d’excellence sur l’étude de la démocratie locale (CEDEMOL) Introduction d’indépendance, la RDC ne s’est pas encore do- tée d’une structure politique qui puisse aug- menter la puissance de l’État à l’intérieur du En raison de sa superficie, de ses potentialités territoire national. L’indépendance interne que économiques énormes et de la masse de sa l’État congolais a peine à défendre s’épuise vite population, la République Démocratique du et ce pays ne dispose pas de puissance externe. Congo a la vocation d’être une puissance dans Il y a bien une corrélation entre puissance à son environnement immédiat, voire sur la l’intérieur d’un État et projection de celle-ci scène africaine. Sa superficie est de 2,234 000 sur le plan externe. Raymond Aron a su bien Km² et la loge au deuxième rang du classe- traduire l’ontologie de l’État sur la scène in- ment africain ; ses potentialités économiques ternationale lorsqu’il écrit : « L’unité politique en font un pays considéré comme un scandale se pose en s’opposant. Elle devient elle-même géologique. Il est doté de plusieurs ressources en devenant capable d’action au dehors3 ». La du sol, du sous-sol et même de réserves hydro- capacité à agir à l’extérieur dépend fortement électriques incommensurables. La population des ressources nationales et de l’habilité diplo- de la RDC, évaluée à plus de 66 millions d’ha- matico-stratégique dont font preuve les hom- bitants, malgré la longue guerre appelée à mes qui conduisent l’État dans leur rapport juste titre « la première guerre mondiale afri- avec le monde extérieur. C’est le manque de co- caine » qui a duré plus de cinq ans (1998-2003) hérence dans la gestion politique domestique et en dépit de plus de quatre millions des per- qui a des conséquences sur la vie externe de la tes en vie humaine qu’elle a dû endurer, n’en RDC. Ce déficit de cohérence politique interne est pas moins classée parmi les cinq premiers se dénoue en prenant des formes de violences pays les plus populeux de l’Afrique. Lorsque le extrêmes qui touchent et affaiblissent encore Congo accède à l’indépendance en 1960, le Pre- davantage ce pays (Voir le chapitre du Prof. mier Ministre de l’époque, M. Patrice-Emery Mbuyi Kabunda). Même si les conflits partici- Lumumba, dans son programme de gouverne- pent de l’historicité de l’État, comme l’affirme ment, levait l’option de faire jouer à ce pays un Charles Tilly en se basant sur l’expérience his- rôle de pôle de rayonnement de puissance en torique européenne : « la guerre fait les États Afrique1. Cette ligne de conduite procédait de (…). Les mobilisations majeures pour la guerre la perception largement partagée par des ob- créent des opportunités importantes dans le servateurs et Jean-Luc Vellut traduit bien cette contexte desquelles les États connaissent l’ex- évidence lorsqu’il écrit : « La position du Congo, pansion, se consolident et créent des nouvelles au centre de l’Afrique, ses dimensions, ses res- formes d’organisation politique4 ». Pour le cas sources considérables dans les domaines éco- de la RDC, la guerre a été présente tout au long nomique, industriel (…) faisaient et ont conti- de son histoire postcoloniale. Elle survient et nué à faire du Congo une ‘grande puissance’ ne permet pas à cet État de renforcer des capa-

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique au milieu d’un entourage d’États petits et cités sociétales internes de gestion de conflit ; pauvres2 ». Ce pays potentiellement géant est, au contraire, elle laisse des séquelles en affai- à l’évidence et paradoxalement, un nain poli- blissant cet État. Selon les observations de Da- tique sur la scène diplomatique africaine. Ce vid Francis, ces conflits conduisent seulement pays n’a pas su convertir ses potentialités en à « l’effondrement de l’État et à la fragmenta- une force suffisamment puissante pour jouer tion sociétale5 ». un rôle considérable sur la scène africaine.

A l’orée de son cinquantième anniversaire 3| Aron, R., Paix et guerre entre les nations, Paris, Editions Calmann Levy, 1962, p. 60. 4| Tilly, cité par Ayoob, M., The Third World Security 1| Voir Congo 1960, tome 1, Bruxelles & Léopoldville, Predicament, London, Lynne Rienner Publishers, 1961. 1995, p.22. 2| Vellut, J.-L., « La politique africaine du Congo », 5| Francis, D.J., Uniting Africa. Building Regional in Cahiers Economiques et sociaux, vol. III, n°3, Oc- Peace and Security Systems, Aldershot, Ashgate, tobre 1965, p.340. 2006, p.60.

60 6| l’Afrique toute dans et trape, de devenir une puissance dans sa région allures,paysdes ce ratvraia que se moins s’il - pas demeure n’en il : démesurée et forte trop être sembler peut Swift, Jonathan au de roman empruntée image, Cette Lilliputiens. les par sol au cloué et marécages les dans pêtré em- Gulliver à ressemblent qui pays-géant ce de l’élan obstruent qui pesanteurs les senter pré- de avant ont en africains États d’autres que perception la part,et,d’autre face fait elle nière à apprécier, d’une part, les défis auxquels posture de la RDC sur la scène africaine de ma- la analyser entendons nous chapitre, ce Dans africaine. des avancées et de ratés de cet État sur la scène que ainsi trajectoire la de d’intelligibilité clés les trouver pouvons nous que niveaux les deux entre l’enchâssement dans C’est dehors. du affaires les et dedans du affaires les entre la démarcation de au-delà va réflexion notre Stock, 1985. Kodjo , E., E., , Prs Editions Paris, l’Afrique, demain …Et 6 L ceieet de cheminement Le . e al d l mnilsto, e od était monde mondialisation, le la de parle ne territoire.tionaliséece de Avant l’onque même interna- nature la plutôt ou international tère carac- le concerne première La congolais. l’État l’historicitéde trajectoirede empreinte la leur de, deux données importantes vont marquer de pério- cette Dès coloniale. expansion pleine en puissances grandes des appétits les d’apaiser commerce dans le bassin du Congo qui a permis traitementde national.aulibertéliées C’est la restrictions des sans commerce du fassent y et espace cet de territoire au accèdent qu’elles faitesaux autres puissances européennes pour été ont droit le sur fondées concessions Des II. Léopold de privée propriété comme consacré été a congolais l’Afrique, territoire par- de le tition la à procédé a qui forum ce de Lors 1885. 1884- de Berlin de Conférence la de l’héritage tion d’un territoire dont l’histoire est portée par appelée à ordonnancer l’architecture de régula- structure une postcolonial estL’État congolais sur lascèneafricaine. 1. La RDC : le soi et la projection de soi 61 Germain Ngoie Tshibambe | La République Démocratique du Congo postcoloniale : la faillite de l’État et la tutelle dans les relations interafricaines déjà imbriqué dans la politique de ce territoire espace ? Quelles sont les conditions internes et le sort de ce pays était scellé dans sa relation et externes qui ont entouré la trajectoire de la avec le monde. La deuxième donnée concerne construction de l’État en ce pays ? Tout en es- la dissémination d’une « sorte de culture de la sayant de répondre à ces questions, il sied de re- terreur et un espace de mort7 », ceci se rappor- lever que le conflit et la violence participent ré- tant au mode d’extraction des ressources et de gulièrement au rendez-vous de la construction traitement de l’habitant de cet espace. de cet État. Les trois moments dans lesquels on distribue l’histoire du pays sont scandés par Le roman de Joseph Conrad, The Heart of des conflits qui en donnent une orientation Darkness, peint à merveille la tragédie qui ac- spécifique. Explorons ces trois plages. compagne l’exploitation des ressources na- turelles au Congo. Comme nous l’avions écrit ailleurs : dans cette fiction, mi-tragique, mi- dramatique, Conrad « décrit le bas côté sarcas- tiquement inhumain qui est logé au cœur de 2. La Première République : un État toute entreprise de mise en valeur des ressour- mort né sous oxygène d’autrui ces de ce pays qui se fait au grand dam de la po- pulation occupant cet espace8 ». Les différentes révélations sur la politique de la main coupée Si la première République a duré cinq années, appliquée par les agents coloniaux à l’époque il faut vite reconnaître que ces cinq années ont de l’État Indépendant du Congo ne vont-elles été émaillées de conflits de toutes sortes. Ces concourir à jeter un autre regard et attirer l’at- conflits ont pris la forme armée dans ce que l’on tention sur le sort de ce territoire9 ? L’accession a appelé la sécession katangaise (juillet 1960) de ce pays à la souveraineté internationale va et celle du Sud Kasaï (août 1960). Des conflits permettre le ‘retour du refoulé’. Le retour de ce se sont manifestés sous une forme feutrée de refoulé va se manifester quelques jours après crise institutionnelle au sommet de l’État. L’af- la célébration des cérémonies de l’indépendan- frontement entre Joseph Kasavubu, Chef de ce lorsque les forces de l’impérialisme qui cher- l’État et Patrice-Emery Lumumba, Premier mi- chent à mettre au pas le Premier ministre du nistre, en septembre 1960, a entraîné une crise premier gouvernement congolais réussissent institutionnelle qui a conduit à un premier à déclencher la roue de la division, provoquant coup d’état au terme duquel le gouvernement ainsi la sécession de la province du Katanga et central a dû cesser de fonctionner. Des jeunes celle de l’Unité Kasaïenne. universitaires sans expérience ont été nom- més pour constituer le Collège des commis- Comment alors la classe dirigeante congolaise saires généraux10. L’assassinat de Lumumba s’est-elle prise pour construire l’État dans cet au Katanga en janvier 1961 et la traque à Léo-

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique poldville systématiquement engagée contre les politiciens partisans lumumbistes qui se 7| Taussig cité par Watts, M.J., « Petro-Violence : réfugient à Stanleyville où ils constituent un Some Thougts on Community, Extraction and Po- litical Ecology », p.9. disponible sur l’url : http:// gouvernement de la République Populaire du repositories.cdlib.org/iis.bwep/WP99-1-Watts, Congo créent un contexte particulier qui met accès le 3 Juillet 2009. en épingle les deux marqueurs constitutifs de 8| Ngoie, T., « La République Démocratique du l’historicité de la construction de l’État congo- Congo et la quête d’une politique étrangère prag- lais postcolonial : la décomposition rapide de matique », in Ngoie, T. (sous la direction de), Les l’État congolais et l’internationalisation de la défis de la consolidation de la paix en République gestion de la crise en ce pays. Démocratique du Congo, Africa Peace Research Series, n°2, Bradford, University of Bradford Press, 2008, p.131. La décomposition rapide de l’État congolais ap- 9| Vangroenweghe, D., Du sang sur les lianes. Léo- pold II et son Congo, Bruxelles, Didier Hatier, 1986 10| Les détails de tous ces événements sont bien re- et Hochschild, A., Les fantômes du Roi Léopold. Un portés dans deux tomes de Congo 1960, Bruxelles holocauste oublié, Paris, Belfond, 1998. & Léopoldville, 1961.

62 nistre Lumumba suspendit également le chef le égalementsuspendit Lumumba nistre réaction contre cette révocation, le premier mi- parlement.En auinébranlable majorité une a ralementpremierleministre alorscelui-ci que par le président Kasavubu qui révoque unilaté- assumée mal décision d’uneprovient mumba Lu- gouvernementL’évictiondu Lumumba. de gouvernement postcolonial du l’éviction congolais avec commence déli- l’État la de de roue quescence la branle en met qui L’acte ga Katan- du sécession la de et métropole avecla rupture la de lors s’effondrèrent colonisation compromises durant les dernières années de la déjà l’État l’armature, de finances et lestête la constituaient en qui (belges) fonctionnaires mille huit de com- départ le par disloqué plètement fut administratif l’appareil mutina, se publique force la :coloniall’héritagerecueillir totalement défaut au gouvernement qui devait trumentsdupouvoir immédiatementfirent et ins- nouveau.Les un connaître d’enl’occasion plusieursmaîtrecolonial,sonmois n’eut il pas depuis perdu ayant maîtres de pas donc gea chan- ne Congo le 1960, juin autoritaire’.30 Le ‘paternalisme : mots deux en définir pu avait sormais inévitable d’un système colonial qu’on dé- et totale crise la de avant-coureurs signes les époque cette dès déceler puaurait attentif observateurcolonial.politiqueUn système du conjuguèrentse avecébranlement un profond nomique commence à faire sentir les effets qui bablement1957,en récessionla éco- où l’année 1960.juillet débutaEllebeaucoup plus tôt, pro- mutineriela dedate pasmilitairenelaise du 5 congo- crise La « : ouvrage son dans évidence Verhaegencette Benoîttraduitpoldville.bien Kwilu, à quelques kilomètres de la capitale Léo- le dans Mulele, Pierre avec étant, proche plus la rébellion de poche la pays, au ailleurs tout par- répandent se qui rébellions de poches des proliférationla à part d’autre et Sud-Kasaï du provincediamantdulaenKatanga richede et partàla sécession de la riche province minière re national a commencé à se réduire face, d’une dont l’effectivité du contrôle sur tout le- territoi paraît par la faiblesse du gouvernement central 11| 11 57, septembre 1970, p. 18. n° africaines , politiques d’études française Revue Verhaegen ». , B., « Dix ans d’indépendance », in in », d’indépendance ans Dix « B., , de la crise congolaise a des effets structurantseffets des congolaisea crise la de gestion la de l’internationalisation L’impactde structures capitalistes de l’implantation encourager pour tout fera elle ingérences et profitent qu’ellesluipourvu étrangères les favorise Elle internationale… bourgeoisie la de appendice un comme donc apparaît zaïroise L’oligarchieadministrative… et politique l’activité à grâce constituée s’est res- confiscation plus-value.la la sourcesde de ses Elle pas tire ne elle donc ; travailleurs de production,de procèsn’exploitele elle pas pas portraitsuivant oligarchieCette: contrôle« ne cette oligarchie, Mustapha Benchenane a fait le revendication. expression de toute étouffer De sourcesdu pays etlerecours laviolenceà pour res- les sur parasitage le sont caractéristiques traitsquelques reaucratique dontcompradore oligarchiebu - d’une l’émergence à contribué a national… nationalistesducongé en mise la et parlement et Lumumbistes les contre chasse la par quée mar- totalitaire dérive une de vers centralesLéopoldville autorités les conduit politique ingouvernable.devientimpassedélicate Cette Congo éviction,le cetteavec fait, En « : nisme tionaliste ayant des penchants pour le commu- na- un comme considéraient occidentales ries chancelle- les que Lumumba ministre premier le réellement neutralisa on l’évidence, à Mais Lumumba). ministre premier le et Kasavubu tralisa les deux hommes d’État (le Chef de l’État neu- pays, congolaisele l’armée sortir en pour imbroglio un institutionnel au sommet créa de l’État institutionnelle et crise Cette l’État. de 13| 12| 14| nationalistes :60 évincer l’exercicede du pouvoir lesleaders néo-coloniale de l’impérialisme dans les stratégieannées la dans postcolonial congolais l’État Nzongola Ntalaja situe les raisons de la crise de Nzongola Lubum- puissance, bashi, Labossa, 2005, p.116. de quête impossible d’une trajectoire La interafricaines. relations les dans Ngoie Paris, Publisud, 1983, p.12 Benchenane World Press, Inc., 1986, pp.265-271. in Zaire. Myths and Realities, Trenton, N.J., African , T., La République Démocratique du Congo 12 ». 13 , N., (sous la direction de), direction la (sous N., , . Cette stratégie a bien réussi et réussi bien a stratégie Cette . M, e cus ’tt n Afrique, en d’état coups Les M., , 14 » The Crises The 63 Germain Ngoie Tshibambe | La République Démocratique du Congo postcoloniale : la faillite de l’État et la tutelle dans les relations interafricaines et déstructurants certains sur le devenir politi- dans la stabilisation de la situation pour éviter la que de ce pays. L’opération des Nations Unies au balkanisation du pays, il sied de reconnaître que Congo (ONUC) est déjà sur le terrain. L’effet dés- des États africains se sont impliqués très tôt en tructurant de la présence de l’ONUC au Congo se mettant au chevet du Congo. Ainsi, alors que a été d’empêcher le gouvernement Lumumba la crise amoncelait des nuages sombres sur le de- de résorber rapidement, voire par la force, la sé- venir de ce pays, les discussions entre États afri- cession du Katanga tout en accélérant la chute cains autour du Congo malade entraînaient des de ce premier gouvernement congolais. En dissensions et des déchirements entre ces pays. ayant réussi à écarter Lumumba du pouvoir et La fracture idéologique entre le Groupe de Braz- à réduire le poids des éléments nationalistes de zaville et le Groupe de Casablanca qui marque la prendre part au gouvernement central, l’effet scène diplomatique africaine entre 1960 et 1963 structurant du rôle de la communauté inter- se renforce en rapport avec la détérioration de la nationale se déploie sous la forme de la mise situation au Congo. C’est Adekunle Ajala qui tra- sous tutelle du Congo. Benoît Verhaegen rend duit le mieux cette évidence : « Si l’absence d’uni- subrepticement compte de cette mise sous tu- té parmi les États africains sur la crise congolaise telle du Congo comme il écrit : « L’incompatibi- a offert aux panafricanistes un cadeau de noël lité entre l’action de l’ONU au Congo et l’exis- macabre en 1960, elle devait continuer à enta- tence d’un gouvernement congolais réellement mer le panafricanisme aussi longtemps que la indépendant était dès le début évidente. Après crise elle-même demeurait non résolue16 ». deux mois de tensions et de conflits ouverts, le premier gouvernement congolais fut éliminé Autant dire que le Congo en tant qu’État malade a par l’action conjuguée des oppositions inter- contribué à la division des États africains exacer- nes, des forces centrifuges, des pressions d’ori- bant leurs oppositions sur la scène diplomatique. gine coloniale et étrangère et avec la complicité Les différentes crises qui ont émaillé les cinq pre- de l’ONU. Il fallut huit mois encore avant que mières années du Congo postcolonial tiennent l’ONU installe un gouvernement qui répondît du reste à la faiblesse de cet État : qu’il s’agisse de aux deux exigences de l’organisation interna- la crise entre le président Kasavubu et le premier tionale ; l’une politique : reconnaissance par les ministre Lumumba, de la crise au Katanga ou de pays afro-asiatiques et l’autre technique : pos- l’approche pour résoudre les rébellions sévissant sibilité de coopération sur place. Et l’auteur de à travers le pays. Il importe de rappeler que dans conclure : l’unité du pays et la restauration des ce système diplomatique africain nouvellement rouages essentiels de l’État –finances publiques, pluraliste, l’alignement pro-occidental de tous les administration, armée, enseignement- avaient gouvernements qui ont succédé à Patrice-Emery été acquises sous le régime Adoula grâce à l’ap- Lumumba assassiné a placé le Congo dans l’aile pui de l’ONU, mais au détriment de toute vie et conservatrice ou modérée. A la suite de la crise de structures politiques internes viables15 ». constitutionnelle opposant M. Kasavubu soutenu

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique par le Groupe de Binza qui en sort vainqueur à Pa- Suivons bien ce raisonnement : lorsqu’il est trice Emery Lumumba, les dirigeants congolais en vidé de toute vie politique et de structures po- viennent à construire uns schéma manichéen de litiques internes viables, qu’est-il resté dans ce l’Afrique sous le prisme duquel ils distinguent les pays ? Ce qui est resté, c’est ce que l’on constate « bons » des « mauvais » États africains. Les « mau- aujourd’hui comme hier : l’incurie et la gabegie vais » États africains, soit ceux du camp radical/ d’une classe politique médiocre qui n’a d’yeux progressiste, ont eu des démêlés diplomatiques que pour l’argent, qui ne recherche que l’accès avec les différents gouvernements congolais dont à des ressources nationales et d’origine exté- certains n’ont pas hésité à expulser certains amba rieure au grand dam de la population, laquelle ssadeurs africains de Léopoldville. vit dans la pauvreté. A ce sujet, d’après les observateurs de la vie po- Si sur le plan interne, l’ONUC a joué un grand rôle 16| Adenkule, A., Pan-Africanism. Evolution, Pro- gress and Prospects, London, André Deutsch Ltd., 15| Verhaegen,B., art.cité, pp.19-20. 1973, p. 30.

64 Léopoldville pouvaitne leurrallier autoritésl’amitiédes de Brazzaville à l’égard de la sécession katangaise de duGroupeÉtats des complaisancegaise. La Étatsces que sécessionapportaientla à katan - l’appui : plus raison autre une pas pour mais cordiales furent ne africains pays autres les Léopoldvillede autoritésavec des relations les temps, même le Dans 1961. l’année de partir à Casablanca, de Groupe du membres tous roc, l’endroit des gouvernements du Mali et du Ma- à orchestrée était dénigrement de campagne constante qu’une tandis Ghana, du ceux par suivis expulsés, étaient Unie Arabe publique ;blanca septembre,en lesdiplomates Ré- la de Casa- de Groupe du africains pays les contre guerre en entrèrent généraux, Commissaires à partir du représentée 29 septembre 1960 par le Collège des Léopoldville, de autorités Les temps encore la politique extérieure du Congo. long- pour conditionnera crise la de moment premier ce autre, tout que Plus ». ennemis « pays les et » amis « pays les : irréconciliables départager le monde et l’Afrique en deux blocs à tendance une Congo,du successifs nements gouverdes trouvaitlors,chef - se le créée,dans gitimité du seul gouvernement Lumumba. Dès lé- la soutinrent Unie Arabe République la et Maroc le Mali, le Guinée, la Ghana, divisée.Le Lumumba,et vubu l’Afrique retrouverse allait Kasa- entre conflit leAvec :« Congo dulitique 17| scène internationale. était beaucoup plus un objet qu’un sujet sur la congolais l’État autres, les par charge en pris poussée.externe assistance une sous et soi Un perfusion sous retrouvé s’est congolais L’État Lumumba. de chute la après gouvernements différents des l’intérieur en de mise conditionnement de travail ce facilité l’ONUC a terrain de le sur présence La externes. forces des par contrôlée étroitement était manœuvre de marge leur tant l’État construire à s’atteler su risée’ par les forces du néocolonialisme n’a pas ‘compradotrop - congolaise politique classe la En fin de compte, pour la première République, 24-25. Editorial,Voir 17 ». , 1964, n° 21, pp. 21, n° 1964, congolaises, Etudes voisins immédiats et lui assignant une place place une assignant lui et immédiats voisins ses tous conflit avec en mettantplètement, le com- quasi l’isoler par fini africaine,a politique véritable d’une carence la plutôt ouafricaine, politique la : mince est Congo) (dulégislature première la de terme au bilan leafricains, ques politi- regroupements les avec relations ses de celui dans bilatéralesrelationsque des maine do- le Tantdans « : termes ces en analystes des traduitbienconstatbilanesttre leparfait par congolais.voirministre Premier comme piè- Ce pou- au revient Tshombé 1964-1965 lorsqu’en renforcé s’est diplomatique isolement Cet ne. - africai scène la sur isolée trouvée s’est RDC la détérioréespayssontafricainspointquese au autresles et RDC diplomatiquesla tionsentre aupas n’était progressistes- beau fixe. rela- Des et modérés :confondus camps deux –des cains - afri États autres les et Congo du central ment gouverne- le entre diplomatiques rapports des Parailleurs, entre les années 1960 et 1965, l’état convaincre le Président Kasavubu àcesujet. pressionde gouvernement raisoncentral,eurent le sur faisant qui progressistes, africains États les par interprété mal était mercenaires rébel- lions à de travers tout poches le territoire. Ce des recours à multiplicationdes la pays à le reconquérirface pour lance de fer le fait congolaisel’arméeavaitmercenairesdont des sistes qui voulaient que le Congo se débarrasse progres- africains États des camp au arrimage son dans centralconsisté Congo-Léopoldvillea de qui gouvernement le par étran- impulsée politique de gère ligne la de traduction la est gauche à virage Le ». gauche à virage le « dentKasavubu adoptepressequela ce appelle prési- du régime le lorsque africain plan le sur déploientpouvoir.contradictions se leCes dre pren- à militaires les conduisent qui Congo du dirigeante classe la de faiblesses des vantage da- découlant internescontradictions des sont surl’ensemble du territoire national. fait,En ce l’État del’autorité consoliderpuisse ongnant, ré- paix la que perspectivespour intéressantes vembre:lueurcette1965d’espoir augurait des no- en pouvoir le prend Mobutu président le lorsque l’horizon à pointe d’espoir lueur Une de reprisel’autonomie desoi 3. LadeuxièmeRépublique: tentative 65 Germain Ngoie Tshibambe | La République Démocratique du Congo postcoloniale : la faillite de l’État et la tutelle dans les relations interafricaines marginale au sein de l’Organisation de l’Unité « le refus du pouvoir partagé et du pouvoir africaine18 ». Avant de cerner les nouvelles im- contrôlé21 ». Tant qu’il fondait la suprématie du pulsions que le régime du président Mobutu Chef de l’État sur la prééminence reconnue au donne au pays de manière à lui permettre de Président de la République sur les autres organes retrouver sa place dans le concert des nations de l’État, le présidentialisme congolais a favorisé africaines, il importe de relever des efforts qu’il la personnalisation du pouvoir22. De ce processus fit pour asseoir l’autorité de l’État sur le plan de construction de l’État à travers la personnali- interne. A cet égard, la constitution de 1964 qui sation du pouvoir, trois observateurs de la vie po- régissait les institutions du pays fut suspen- litique du Congo sous le deuxième régime ont pu due. Le 24 juin 1967 est promulguée la première écrire : « En 1965, sur le plan politique, on assiste à constitution de la 2e République. La tendance à une tentative certaine de reconstruction de l’ap- la centralisation-concentration du pouvoir sous pareil de l’État et de rétablissement du contrôle le deuxième régime est amorcée avec d’une de cet appareil sur l’ensemble de la société. Cette part la réduction du nombre des provincettes tentative se fait à partir d’un double processus. ramenées à huit provinces et d’autre part la D’une part, on assiste assez rapidement à une limitation du nombre des partis politiques à institutionnalisation du pouvoir militaire issu deux (art. 1 et 4 de la constitution de 1967). Le du coup d’état sous forme de la création autori- dédoublement institutionnel qui apparaissait taire par le haut d’un parti unique destiné à être par la consécration des institutions du pouvoir l’instrument privilégié du contrôle de l’appareil central et celles des niveaux provincial et local de l’État et simultanément de l’extension de ce disparaît car au titre III consacré aux pouvoirs dernier sur la société. D’autre part, cette évolution et institutions de la République, les seules insti- institutionnelle est réalisée à travers la consolida- tutions dont parle ce titre sont celles du pouvoir tion progressive du pouvoir personnel du Chef de central (art.19, constitution de 1967). l’État sur l’ensemble des institutions qui caracté- risent le nouveau régime23 ». Le régime qui s’instaure dès cette première constitution du nouveau régime et qui va se La personnalisation du pouvoir sur le plan in- consolider par la suite est un régime prési- terne a réussi et si bien réussi que le régime de dentialiste « authentiquement africain » dans Mobutu a tenté de jouer un rôle sur le plan afri- lequel les fonctions exécutives sont sublimées cain. Ce rôle, le régime va le jouer en cherchant tandis que le parlement inoffensif est réduit à à améliorer les rapports bilatéraux avec presque un rôle de « caisse de résonance19 ». Si les fonc- tous les pays voisins. Des rencontres diplomati- tions exécutives sont sublimées, c’est bien au ques tri- ou quadripartites ont été ravivées, per- profit du chef de l’État, ce « père de la nation », mettant de stabiliser les relations avec les pays qui va jouir ainsi d’un « pouvoir incarné, fondé limitrophes. Cette perspective permet d’assurer sur un homme, porteur d’un charisme, répu- la sécurité du régime Mobutu en évitant le scep-

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique gnant en tout cas au contrôle qu’implique le tre des attaques qui viendraient de ces derniers. régime parlementaire, méfiant du droit, et plus L’Est du Congo étant une frange névralgique, exactement des contraintes et des limites qu’il mais une marche facile qu’exploitent souvent les impose au pouvoir20 ». rebellions, l’ère de la bonne entente se scelle bien rapidement par la signature d’une organisation Au Zaïre, il s’est imposé en fin de compte, la internationale de sécurité : c’est la Communauté « sacralisation du pouvoir » avec en corollaire des pays des grands lacs (CEPGL) regroupant le

18| Editorial, Etudes congolaises, 1964, n° 21, p. 25. 21| Kamto, M., Ibidem. 19| Faure, Y.-A., « Les constitutions et l’exercice du 22| Young, C. & Thomas Turner, The Rise and the pouvoir en Afrique noire », in Politique africaine, Decline of the Zairian State, Wisconsin, The Uni- vol.1, n°1, Janvier 1981, pp.44-45. versity of Wisconsin Press, 1985, pp. 177-180. 20| Kamto, M., Pouvoir et droit en Afrique noire, Pa- 23| Bezy, F. et al., Accumulation et sous-dévelop- ris, Librairie générale de droit et de jurisprudence, pement au Zaïre. 1960-1980, Louvain-la-Neuve, 1987, p. 243. Presses Universitaires de Louvain, 1981, p. 61.

66 e iiitvs or re ds regroupements des créer initiativespour des prenant en rôle ce jouer de tenté a Il coups. des desquels ils pourraient s’organiser territoires-sanctuaires partir despour disposer à luide lancer différents opposants aux déniant congolais en avantages diplomatiques certains desgranger d’en- permis a lui principe Ce étrangère. litique po- sa dans voisinage bon de principe le adopté avecles États limitrophes, le président Mobutu a scène africaine. Ainsi, pour stabiliser les rapports puissancerégionaleunela commerôle sur un Congo, sous le président Mobutu, a tenté de jouer intérieur, plan le le ayant payssur En le stabilisé évident surle plandiplomatique. surl’échiquier africain. Leprestige du Congocompter fut désormais pouvaitl’on que pays ce de rence au sommet de l’OUA décrivit le renouveauconfé- travauxla des de clôture de cérémonie la l’OrganisationNationsThantdesà Unies, U M. capitale congolaise,la Secrétaire du général de e monde le devant l’Afrique, devant définitive habilitation ré- sa ressuscité, peuple d’un nouveau, Congo bavure éclatante;sans triomphed’un levictoire une maître, de réalisation une fut sommet 4e le toire des relations inter-africaines. Pour le Congo, l’his- dans nouvelle ère d’une début le conteste sommet de l’OUA. Cette conférence marque sans anti-africain,1967,enété l’organisateur a 4edu rence de l’OUA, parce que menée par un Africain tion, en 1964, s’était vue refuser l’accès à la confé- déléga- la dont Congo le que affirmée point ce à En matière « de : politique sujet étrangère, ce à déclaration notre une action fait s’est a Mobutu Président Le 1967. en l’Organi- africaine l’Unité de de sation gouvernement de et d’état chefs congolaise de la 4 la de congolaise capitale la dans tenue la citer de suffise qu’il l’exemple, d’ancrage A diplomatiques. activités le d’intensespoint Kinshasa de de firent offensive charme diplomatie cette de résultats Les ambassadeurs ailleurs enAfrique. ce dernier fait que la même tandis chose en Congo accréditant du des capitale la dans ouvertes plomatiques autresdes sontainsi Étatsafricains Congo, le Burundi et le Rwanda. Des missions di- 24| Editons du CRISP, 1968, pp.200-201. in Congo, par Cité 24 ». Au demeurant, la présence, dans dans présence, la demeurant, Au ». M Buels Léopoldville, & Bruxelles 1967, Congo ulumba e session de la Conférence des des Conférence la de session L, a oiiu arcie du africaine politique la L., , e éeso. ’dpin u rnie e l’intan- de principe du L’adoption sécession. de surés ou as- du moins sont protégés qui États contre des les stabilité tentatives la sur lit se effet premier africains.ÉtatsLe négatifsles ou sur tifs exerce africaine un rôle structurant à effets posi- Il importe de rappeler que la scène diplomatique comme unemachine sécuritaire… desPays des Grands Lacs… Celle-ci aplus tourné Communauté Economique la dénommée internationale- organisation une institué a le Belgique,Congo la de coloniaux territoires des lui, autrespaysl’Estdefaisaientqui partie, comme rité à ses frontières a été renforcée. Avec les deux sécu- La « : constater le peut on Comme RDC. la contre menaces des naissent d’où l’Est de États des stratégique triangle un dans mis a Mobutu président le d’incertitudes, névralgique l’espace constituaitlimitrophes.paysdul’Est queAlors africains pays des certains avecsous-régionaux 26| 25| la plupart des régimes africains, a un « leader leader respecté, mais sansdisciple fidèle « un a africains, régimes des plupart la comme pays, ce Coulon, et Constantin propos à en un pôle d’indifférence. Comme l’écrivent bien re- cherche la de l’influence, A d’argile. le Congo pieds s’est aux transformé géant ce de l’image congolaisesl’étrangerternifrontsàdes adans vers militaire re- induit Le Portugais. de l’indiscipline des départ le des troupes après Luanda de les trois partis angolais se disputaient le contrôle gurefutcellemenéeAngola en1975 enlorsque tales. La tentative de projection militaire d’enver- diplomatiques de la part des puissances - occiden ressources des engranger pour mieux ou France dema en difficultés, au Tchad, à la demandela de Eya - président le soutenir pour Togo en- au voyées été ont congolaise l’armée de troupes Des alliés. africains régimes des soutenir pour sance puis- de projection la de politique la dans lancé États-Unis,Israëlauxet régimeMobutules’est en France, en Belgique, en militaires académies élé- mentsétaient les formés dontdans certaines meilleures armée une constitué avoir Après ques africaines, n°101, Mai1974, p. 61. in », dialogue du C 2007, p.165. in », RDC analyse d’un principe de politique étrangère de la Ngoie onstantin , T.G., 2007, « La politique de bon voisinage : , n° 412-413,Février-Marsn° Congo-Afrique, , F. et F., Revue française d’études politi - d’études française Revue C oulon , C., « La diplomatie La « C., , 26 25 ». ». 67 Germain Ngoie Tshibambe | La République Démocratique du Congo postcoloniale : la faillite de l’État et la tutelle dans les relations interafricaines gibilité des frontières crée ainsi « le paradigme ford Young et Thomas Turner publiaient un livre d’Addis Abeba » dont parle Luc Sindjoun27. Tant à titre retentissant sur le déclin de cet État, The que le Congo du Président Mobutu a su capitali- Rise and Decline of the Zairian State31. ser les bonnes relations diplomatiques avec des pays limitrophes, il a bénéficié des avantages de Les performances économiques de l’État se sont « l’intérêt de milieu », selon l’expression d’Arnold réduites à néant. Une crise économique rampan- Wolfers28. Ces avantages se sont traduits concrè- te –le terme en anglais traduit bien celle-ci : « the tement dans la sécurité du régime. Dans le unending crisis »- a sclérosé l’avenir du pays. La contexte des États africains vulnérables, la sécu- mauvaise négociation du régime Mobutu face à la rité s’entend en un double sens comme celle de demande sociétale de la démocratisation des ins- la position du dirigeant au pouvoir et la garantie titutions politiques dans les années 90 a porté un de la prévention d’éventuelles sécessions29. Le autre coup à la société congolaise, bloquée ainsi rôle de l’échiquier africain a été important pour dans des contradictions internes interminables. trouver des voies et moyens pour en finir avec le Pour se maintenir au pouvoir, Mobutu a miné de régime décadent du Président Mobutu. S’étant l’intérieur l’instrument de force qui le porta à la empêtré dans des contradictions sur le plan in- tête du pays. Les forces armées, outil de la diplo- terne, le régime du Président Mobutu s’est es- matie de puissance, n’ont pas été bien organisées, soufflé sur le plan de la construction de l’État. créant ainsi une image d’un État géant aux pieds

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique L’État fort dont le président Mobutu avait doté d’argile. Jacques Delpechin décode la mécanique le pays après 1965 s’est révélé plus faible que ja- qui a conduit à affaiblir l’armée congolaise sous mais : il a été seulement un site d’accumulation le règne du Président Mobutu : « Ayant conquis des richesses nationales au profit de la classe le pouvoir par le biais de l’armée, Mobutu savait dirigeante. L’État mobutien a été frappé d’une que le plus grand risque de le perdre surgirait « décomposition avancée30 » tandis que Craw- probablement de ce côté-là. Consciemment ou non, il a appliqué la maxime préférée de tous les colonisateurs : ‘diviser pour mieux régner’, sur- 27| Sindjoun, L., Sociologie des relations internatio- tout au niveau où cette division était nécessaire. nales africaines, Paris, Editions Karthala, 2002. L’armée zaïroise ne deviendra jamais plus qu’une 28| Wolfers, A. cité par Barrea, J., Théories des re- force extra-policière de répression interne. Cha- lations internationales, Bruxelles, Ciaco éditeur, 1994, pp.19-20 29| Ayoob, M., op. cit., pp. 139-145. pour une analyse », in Genève-Afrique, vol. XXVI, n°2, 1998, pp. 75-90. 30| Monnier, L., « Rôle géostratégique du Zaïre dans l’aire conflictuelle d’Afrique australe. Eléments 31| Young, C. et al., op. cit.

68 tervention des troupes étrangères troupes des tervention l’in- à appel faire fallu a il nécessaire, fut armée quefois que l’efficacité de l’intervention de cette 33| 32| para»,- pour malheur de temps « des passait laise fond le président L.-D. Kabila. La population congo- ticiperlaàgestion dela chose publique appuie à par- à inepte car Mobutu régime ginalisée,le sous mar- conséquent par et, muselée longtemps trop sujet.son plan interne, le Sur l’opinion publique à prédominent qui contradictoires opinions deux arrivepouvoirauKinshasa àa 1997,mai eny il Lorsque le Président Laurent-Désiré Kabila (L.-D.K.) delatutelled’autruigestion dujouget 4. La troisième République : difficile relancer lareconstruction nationale. vastespans desonespace tandis qu’il peinea à te dans la faiblesse de l’État sans autorité sur des et la production d’une image de soi qui se projet- trajectoireconstructionlade l’Étatde congolais la dans phase autre introduitune Mobutu gime ré- du chute La soleil. au neige la comme ment s’effondrent rapide- dernier ce de armées forces les Mobutu, régime le avec finir en à décidés grandecoalition des troupes des États étrangers l’avancée des troupes rebelles soutenues par une rébellion terminationnaissanceexternecetteladans de dé- la ou interne l’origine sur controverses des dans tomber Congo.duSans l’Est de montagnes tu affronte une rébellion armée qui naît dans les plan le sur international, le régime du président Mobu - isolé lorsque, ainsi offerte est L’occasion veulent s’engouffrer. puissances d’autres où puissance de vide espace –un puissance sans espace un devenant ainsi territoire suite,ce la par vulnérabilité de créneau ficit d’une force armée congolaise qui devient le que Centrale , Paris, Editions Harmattan, 1999. Afri- en extra-territoriaux conflits et mouvantes Reyntjens Karthala, 1992, p. 107. contemporain(1885-1974)Paris,Editions,Zaïre au Delpechin 33 ,uneévidence vient l’esprità :devant , F., , , J., J., , La guerre des grands lacs. Alliances e ’tt néedn d Congo du indépendant l’État De 32 ». C’est le dé- leC’est ». ventivité dela ‘débrouille’ l’extraordinaire in- à grâce survit l’on où identifié non objet qu’un plus n’est pays Le commerçants. devenusdes étant généraux ses nom, ce de digne res pour les fonctionnaires,salai- de santé,plus de soins les pour ou écoles leset surtout plus d’armée plus de ponts, plus de banques,routes, de plus bientôt aura plusn’y trompe-l’œil.Il en d’argent pour induitement investissements des par étrangers large- abyssale dette une honorer plus pourra ne dilapidépar les ponctions directes du pouvoir, qu’à l’étatqui virtuel. Depuis 1985,en maile 1997,trésor public« L’État a Kinshasa étéfuit Mobutu congolaisLorsque 1990. après ans 40 n’existe en effet plus :de45ans dans les années 1970 plusà oumoins dollar par jour. L’espérancelapopulation de viecongolaise diminuaitvivait autantavec moins deunsère presque généralisée. Plus de80 pour désas- cent mi- la de population dans la plonger par fini plusa treuse la socio-économique crise la sortes, politiques scandée de violence politiquetransition de toutes vers la démocratisation des institutions 35| 34| phraser Achille Mbembe Achille phraser politiquesdu pays pour créer unordre politique forces les avec dialogue le lancer de sommé est àdes tests de maturité diplomatique. Le pouvoir té internationale le soutenait, « elle le soumettait :encore mieux disons communaula que encore - réserves,plusieurs L.-D.K.de accompagnéà était da.Le soutien de la communauté internationale agen- autre avecun mais L.-D.Kabila de régime le soutenait l’opinion international, plan le Sur administraient àdesrécalcitrants congolais. RDC en libération de l’armée omnipré- de sein au sents rwandaise d’origine militaires les que chicotte la par appuyée partie en fut elle : s’instaurait ‘discipline’ certaine Une blique. pu- chose la gérer de manière la à orientation nouvelleune donner pour comportement son dans le nouveau régime ; elle entendait ajuster d’espoir beaucoup plaçait sauve population- La de tage. bouée une constituait pouvoir du changementdésespoir,le de contexte ce Dans Willame de soi», deCodesria, inBulletin n°1, 2001. Mbembe eto due rs itrainl dn u État ,sous tutelle Bruxelles, Editions GRIP, un 2007, p. 195. dans internationale crise d’une Gestion , A., « A propos des écritures africaines écritures des propos A « A., , J.-C., , e ‘asus e ax a Congo. au paix’ de ‘faiseurs Les 34 35

». : après: uneimpossible 69 Germain Ngoie Tshibambe | La République Démocratique du Congo postcoloniale : la faillite de l’État et la tutelle dans les relations interafricaines pluraliste ; le régime reçoit des reproches sur des d’autres postes de décision importants furent pla- violations massives des droits de l’homme et sur cés des partenaires alliés venant du Rwanda. Leur les massacres perpétrés contre les Hutu sur le présence va leur servir d’ancrage pour connaître territoire congolais lors de l’avancée des troupes les points névralgiques du régime de L.D.K. de sor- combattantes de la rébellion anti-Mobutu. On te que lorsque l’ère de la fin des alliances sonna, ils attend du nouveau chef de l’État qu’il facilite la surent contre-attaquer avec efficacité pour anéan- tâche de la commission d’enquête internationa- tir le régime congolais en faisant des opérations le sur des massacres perpétrés par les unités spé- militaires de profondeur en neutralisant les élé- ciales de l’Armée Patriotique Rwandaise. Le chef ments armés congolais à l’Est avec une opération de l’état est sommé de se définir par rapport à la aéroportée vers Kitona pour chercher à prendre logique de la « tiers-mondisation », c’est-à-dire Kinshasa à partir de la province du Bas Congo. être un chef de l’État docile et loyal serviteur des oukases des grandes puissances, sans oublier le Ces opérations militaires déclenchent ainsi la rôle de mise sous tutelle et d’allégeance à l’égard guerre d’août 1998, une guerre dont on n’a pas de du Rwanda et de l’Ouganda36 ». peine à trouver le qualificatif. Il s’agit d’une guerre d’agression montée par des pays voisins qui vou- Ilconvient de partir de cette dernière opinion laient en finir avec cet allié encombrant, perçu pour situer l’atmosphère dans laquelle le régime comme un « électron libre, non contrôlable ». C’est décadent de Mobutu est tombé. Pour arriver à après quelques jours de combats que des « vitrines bout du pouvoir de ce dernier, une grande coa- politiques » congolaises apparaissent, fabriquées lition africaine a été constituée. Il s’agit de plu- de toutes pièces pour déclarer faire la guerre de sieurs pays aussi divers que les limitrophes et les manière à chercher la démocratisation des insti- lointains. Trois pays sont à la tête de cette coa- tutions du pays. Deuxième guerre de libération ou lition : il s’agit du Rwanda, de l’Ouganda et du guerre d’agression ? A l’époque, on a passé trop de Burundi. Cette coalition fait partie de ce que l’on temps à discuter sur cette question. Le Congo était appelle l’initiative africaine et son intervention en péril. Le régime de L.D.K. était prêt de tomber armée pour mettre de l’ordre dans les institu- devant l’avancée des troupes étrangères. Cette tions politiques de la RDC met à nu les faiblesses guerre atteint la phase de la régionalisation avan- de cet État dont, dans le subconscient, on a peur cée avec l’intervention du Zimbabwe, de l’Angola tout en profitant de ce qu’elle est pour lui tenir la et de la Namibie pour soutenir le régime congo- tête dans l’eau. Les conséquences stratégiques de lais de L.D.K. Cette intervention sauve le Congo et « l’initiative africaine » dans l’effondrement du déroute les plans des États agresseurs. régime du président Mobutu sont notamment la mise en dépendance ou la démultiplication Pendant cinq ans, le territoire congolais s’est trou- des allégeances de la classe politique de la RDC à vé divisé en plusieurs zones ayant des administra- l’égard des États partenaires-parrains. tions différentes : l’Ouest est sous le contrôle des

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique troupes du gouvernement de Kinshasa, une par- Porté au pouvoir par cette coalition africaine, le tie du nord sous le contrôle des troupes du Mou- président L.-D.K. n’a pas su avoir une large marge vement national de libération du Congo (MNLC) de manœuvre diplomatique pour desserrer l’étau appuyé par l’Ouganda, le nord-est est sous le constitué par ces États limitrophes. L’État qu’il a contrôle d’une nébuleuses des mouvements ar- tenté de reconstruire était « pénétré » jusqu’au més appuyés par l’Ouganda et le Rwanda tandis plus haut niveau par des allochtones qui cher- qu’une grande partie de l’est de la RDC est sous chaient à imprimer une orientation propre à leur le contrôle du Rassemblement congolais pour la logique pour faire de la RDC un État mou, faible et démocratie (RCD) appuyé par le Rwanda. Ainsi malléable à merci. La direction des forces armées les armées de ces deux pays limitrophes sont bien de la RDC a été placée sous le commandement de omniprésentes dans cet espace. Avec cette parti- James Kaberebe qui saura peser et soupeser de tion du pays, une nouvelle configuration de l’État l’intérieur la force et les faiblesses de cet État. A émerge. Dans les différentes portions du territoire, la dynamique des pillages des ressources nationa- les s’est mise en marche tandis que du côté du gou- 36| Ngoie, T., op. cit., p. 201. vernement central, selon les termes du rapport de

70 lement de souligner la « position ‘basse’ l’Est,envahiontde convient il partir à RDC égala - quede prédation mise en œuvre politi- la par de les logique États la rappeler de quiévident est S’il de Kisangani au nord-est du pays. rwandaisesetougandaises dans laville martyre mêmeàun affrontement armé entre les troupes logiqued’accumulation desressources conduita fairemain basse sur les ressources du pays. Cette RDC, desréseaux pouvoirde multiplientse pour l’ONU sur les pillages des ressources naturelles en 37| projetteestcelle d’un État faible. L’État congolais position L’image basse « ». une dans qu’elleest compte, scène africaine, de la fin sur EnRDC la Conclusion faction del’opinion publiquecongolaise. satis- la à question cette clarifier pour congolais d’envergure n’a été adoptée par le gouvernementà-vis de l’Angola. Aucune démarchetrouvé dans l’embarrasdiplomatique adoptant un profil bas vis- gouvernement chassée, le congolais été s’est a congolaise population la laquelle de et angolaise tionduterritoire por- congolais une occupée Kahemba, parpolicela l’affaire Lorsqu’éclate alliés. ces à rapport par faiblesse de position en trouve Kinshasa. diplomatique, planà le Sur se RDC la enRDC ; la Société Sonangol n’a pas fait long feu gola a obtenu des facilitésL’AnKatanga.au cuivre de - et danscobalt de minerais le secteur pétrolier Gécamines,têtelalade sociétéla exploitant les hommeUn d’affaires zimbabwéen été placéa à diamant.l’exploitation du de cadre ce dans créée été a Sengamines société La Kasaï.duprovince la cié des concessions pour exploiterété accordées au Zimbabwe, un pays qui a bénéfi- le diamant dans compensationsDes ressources minières en central. ont gouvernement du rescousse la à venus RDC vis-à-vis des États alliés, dits invités, qui sont p.140. L’Harmattan, Editions : Paris ?, après et élections, Tam- in bwe, K.E. et al., (sous la »,direction de), communauté certaine d’une autour pragmatiques paradoxes : Lacs Grands des gion M urhula , A.N.E., « L’avenirré- ,A.N.E.,« la dans duCongo RD Congo. Les 37 » qu’a la 41| 40| 39| 38| ca par le Netherlands Institute for the Southern - Afri congolais » : tel a été le titre d’un rapportla puissance présenté de la société. « L’État contreL’État le construitpeuple RDC n’entenden pasaugmenter pays. ce dans dirigeante classe la par exercé été a conséquencespratiquelade dupouvoir telqu’il noterquecette descente auxenfers procède des turebasseactuelle aussiest maisil;évident de mondiale africaine’ a entraîné la RDC dans la pos- est certes facile d’affirmer que la ‘premièrelui permettre guerre de s’imposer sur la scèned’avoir africaine. des initiatives Il diplomatiques tutelle. posture l’empêche trouve Cette sous quise puissent une formation historique originalehistoriqueformation une soi devant a qu’on admettre faut il : corruption d’abus,de parlerpas faut ne point,il ce à nent vien- en choses les quand « romain,Bas-Empire fait,Ennotait commelePaulVeyne sujet audu fonctionner. de échoué a territoire un sur lation popu- la travailde aumise de et domination de générale technologie que tant en l’État que fait pouvoirproductionduqui nouveau de un mode et configuration nouvelle une subrepticement déploie s’y qu’il mais - d’école hypothèse bonne mort – une telle éventualité étant seulement une estpossible d’envisager non pas que l’État enest « Sur cet espace, l’effritement de l’État est tel qu’il emprunter les propos de Paul Veyne qu’unÉtatpouvoirtelplusn’ade toutdu:pour l’ontraversdanstombepaslene poursupposer des prestations selon les termes de Mbembe. Que disposer de et pénalités des distribuer de tions, popula- des conduite la régir de spécifique bien cette question quenousavions faites ailleurs Nousvoulons reprendre desconsidérations sur de l’exercice du pouvoir politique danscetespace. 38 hameçons. Espace public, corruption et constitu- et corruption public, Espace hameçons. des l’achat pour budget un voter peuventpas ne Veyne Veyne mestre 2007, pp. 57-58. Cuadernos Africa-America Latina, n° 42, Primer Se- de la Republica Democratica del Congo (RDC) », in IPIS, 2006. : Amsterdam Congo, du Démocratique publique Ré- en transitoire régime le et minière ploitation NiZa, . Ce titre traduit la logique de la production et et production la de logique traduitla titre Ce . Ngoie L’État contre le peuple. La gouvernance,peuple.La lel’ex contre L’État - , P. par cité , P. par cité ,T.G., La«privatizacion del Estado : elcaso Diouf Mbembe , M., 2002. « Les poissons ,A., art. cité. P.110. 40 41 », un mode »,mode un , un tel État 39 : 71 Germain Ngoie Tshibambe | La République Démocratique du Congo postcoloniale : la faillite de l’État et la tutelle dans les relations interafricaines ne donne pas lieu à la production d’un « pouvoir Bibliographie faible », mais bien à la production d’un « pou- voir rusé ». Dans cet État à ‘pouvoir rusé’ et par surcroît ‘criminel’, la notion de l’intérêt général Adekunle, A., Pan-Africanism. Evolution, Progress et du bien public acquiert un autre sens articulé and Prospects, London : André Deustch Ltd, 1973. à des rationalités sociales de multiples réseaux clientélistes qui s’empilent et s’entrelacent sans Aron, R., Paix et guerre entre les nations, Paris : Edi- jamais s’amalgamer. « Les réseaux d’élite », telle tions Calmann-Levy, 1962. est l’expression utilisée dans le Rapport de l’ONU sur l’exploitation illégale des ressources natu- Ayoob, M., The Third World Security Predicament. relle au Congo : ils comprennent des autorités State Making, Regional Conflict and the International politiques, des militaires, des hommes d’affaires System, Boulder : Lynne Rienner Publishers, 1995. et des groupes criminels transnationaux42. Ce nouveau mode de l’État invente ainsi son type Barrea, J., Théories des relations internationales, d’appropriation, et selon les termes de François Bruxelles : Ciaco éditeur, 1994. Misser et Olivier Vallée, « Pendant que l’intérêt général se délite, la machine d’État ne s’effrite Benchenane, M., Les coups d’état en Afrique, Paris : pas totalement : elle se recompose dans le service Publisud, 1983. des intérêts particuliers […]. La criminalisation n’est pas dans la contamination par le ‘mauvais Bezy, F. et al., Accumulation et sous-développement autre’ d’un État souverain et arbitre […]. Elle ap- au Zaïre. 1960-1980, Louvain-la-Neuve : Presses Uni- paraît comme la construction sur une base so- versitaires de Louvain, 1981. cio-économique […] d’un régime d’accumulation déconnecté de l’intérêt général43 ». Botte, R. « Introduction au thème. Vers un État illé- gal-légal ? », in Politique africaine, n° 93, Mars 2004 C’est la faillite de l’État congolais dont on doit constater des conséquences sur la scène africai- Braeckman, C., Vers la seconde indépendance du ne. Ces conséquences sont la projection d’une Congo, Paris, Fayard, 2009. image négative de soi et la réduction de la mar- ge de manœuvre et d’initiative diplomatique. Congo 1960, tomes 1 et 2, Bruxelles et Léopoldville: L’atonie diplomatique est le trait caractéristique Editions du Congo postcolonial. Cet État manque d’outil diplomatique devant servir de pilier pour une Congo 1967, Bruxelles et Léopoldville: Editions politique étrangère crédible, il s’agit de l’ab- sence d’une forte armée républicaine capable Constantin, F. et Coulon, C., « La diplomatie du de défendre la souveraineté et l’intégrité du ter- dialogue », in Revue française d’études politique afri-

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique ritoire national. Appelé à jouer un rôle comme caines, n° 101, mai, pp. 57-70, 1974. un pôle de puissance, le Congo a emprunté un cheminement qui le conduit à être un pôle d’in- Delpechin, J., De l’État indépendant du Congo au différence dans son espace africain. Zaïre contemporain (1885-1974), Paris : Editions Kar- thala, 1992.

tion de l’Afrique comme objet scientifique », in le Diouf, M., 2002. « Les poissons ne peuvent pas voter un Bulletin d’APAD, n° 23-24, 2002, pp. 33. budget pour l’achat des hameçons. Espace public, cor- 42| Organisation des Nations Unies, Rapport final du ruption et constitution de l’Afrique comme objet scien- groupe d’Experts sur l’exploitation illégale des res- tifique », in le Bulletin d’APAD, n° 23-24, 2002, pp. 33. sources naturelles et autres formes de richesses de la République Démocratique du Congo, New York, Conseil de sécurité des Nations unies, S/2002/1146 Etudes congolaises, n° 21, 1964 du 16 octobre 2002, p. 6 Faure, « Les constitutions et l’exercice du pouvoir en 43| Misser, F. et Vallée, O. cités par Botte, R. « Intro- duction au thème. Vers un État illégal-légal ? », in Afrique noire », in Politique africaine, vol.1, n°1, Jan- Politique africaine, n° 93, Mars 2004, p. 20. vier 1981, pp.34-52.

72 Démocratique du Congo, Amsterdam : IPIS, 2006 Républiquetransitoireen régime le minièreet tation dford : University ofBradford Press, 2008, pp. 119-137. du Congo (RDC) , Africa Peace Research Series, n° 2, Bra- consolidationRépubliquepaixen laDémocratique de de), direction la (sous T.G., Ngoie, in pragmatique étrangère politique d’une quête la et 2007, pp. 51-65. Africa-Americadernos Latina Semestre 42, , Primer n° in (RDC)», Congo del Democratica Republica la Afrique, n°412-413, Février-Mars 2007, pp. 153-169. in », RDC la de étrangère politique de principe ble quêtedepuissance, Lubumbashi: Labossa, 2005. relationslesinterafricaines. trajectoireLa impossid’une - RDCongo ?», inTambwe, K.E., op.cit.,pp.125-136. :Paris Editions L’Harmattan, 2006, pp.137-149. directionde),la (sous al. et K.E. Tambwe, in », communauté certaine d’une autour pragmatiques paradoxes : Lacs Grands des pp.75-90. analyseune », in d’Afriqueconflictuelle l’aire pour australe. Eléments soi », deCodesria, inBulletin n°1, 2001 1985. Librairie Générale deDroit etdeJurisprudence, 1987. locauste oublié, : Paris Belfond, 1998. and Security Systems, Aldershot: Ashgate, 2006. N Ngoie Ngoie Ngoie Ngoie M M Monnier Mbembe Kodjo Kamto Hochschild Francis iZa urhula utamba , L’État contre le peuple. La gouvernance, l’exploi- , T.G., «La politique de bon voisinage : analyse d’un , T.G., ,T.G., «La République Démocratique du Congo , E., E., , , T.G., «La privatizacion del Estado : el caso de de caso el : Estado del privatizacionT.G., «La , , M., M., , , D.J., D.J., , , A., « A propos des écritures africaines de africaines écritures des propos A « A., , …Et demainl’Afrique…Et :, EditionsStock,Paris L, Rl gotaéiu d Zïe dans Zaïre du géostratégique Rôle « L., , , A.N.E., « L’avenir du Congo dans la région région la dans L’avenirCongo du« A.N.E., , , M.K., « Quel destin international, pour la La République Démocratique du Congo dans , Paris : Paris noire, Afrique en droit et Pouvoir UnitingAfrica. Building Regional Peace , A., A., , Genève-Afrique,vol. XXVI, n°2, 1978, Les fantômes du Roi Léopold. Un ho- RD Congo.RD élections,Les après?, et Les défis de la de défis Les Congo- Cua- », 1965, pp. 329-342. Octobre n°3, vol.III, sociaux , et Economiques Cahiers etsonCongo,II Bruxelles, DidierHatier, 1986. Centrale, : Paris Editions Harmattan, 1999. Afrique en territoriaux extra- conflits et mouvantes africaines, : Paris Editions Karthala, 2002. 16 octobre2002 York, NewConseil de sécurité des Nations Congo, unies, S/2002/1146 du du Démocratique République de la richesses de formes autres et naturelles res- sources des illégale l’exploitation sur d’Experts groupe Unies, Nations des Organisation Press, Inc, 1986. Zaire. Myths and Realities, Trenton, NJ. : African World bre 1970, pp.10-27. française d’études politiques africaines, n° 57, septem- consin Press, 1985. Wis- of University The Wisconsin: State, Zairian the Bruxelles, Editions GRIP, 2007. , tutelle sous État un dans internationale crise d’une bwep/WP99-1-Watts. site consulté le 3Juillet 2009. http://repositories.cdlib.org/iis. l’url: sur disponible 1999,Ecology», Community,Political and Extraction, Verhaegen Vellut V Reyntjens Sindjoun Nzongola W Y Willame oung angroenweghe atts MJ, PtoVoec : oe huhs on Thoughts Some : «Petro-Violence M.J., , J-. «a oiiu arcie u og» in Congo», du africaine politique «La J.-L., , , C. et , J.-C., , L., Sociologie desrelations internationales F., , N (os a ieto de), direction la (sous N. , ,d’indépendance»,B.,ans in «Dix Turner Les ‘faiseurs de paix’ au Congo. Gestion a ure e gad lc. Alliances lacs. grands des guerre La , D., , D., , T., 1985, Du sang sur les lianes. Léopold The Rise and Decline of Rapport final du final Rapport h Cie in Crises The Revue 73 Germain Ngoie Tshibambe | La République Démocratique du Congo postcoloniale : la faillite de l’État et la tutelle dans les relations interafricaines | Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique

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La République Démocratique du Congo et la région des Grands Lacs d’Afrique : entre l’instabilité politique et l’espoir

Toni Jiménez Luque Coordinateur de l’Observatoire des conflits et des droits de l’homme de la Fondation Solidarité de l’Université de Barcelone www.observatori.org La République Démocratique du Congo est un sentes dans le pays. On estime qu’il y a 242 lan- pays d’Afrique centrale (appelé Zaïre entre 1971 gues parlées dont seules le kikongo, le lingala, et 1997), situé dans la zone des Grands Lacs le tshiluba et le swahili ont le statut de langue d’Afrique. C’est le troisième pays le plus grand nationale (le français étant la langue officielle). du continent et il a une histoire riche et variée Malgré la colonisation, les guerres et les conflits qui va du grand Royaume du Congo, au milieu armés, les usages et coutumes de la culture du du XVe siècle, passe par une brutale colonisa- Congo ont réussi à conserver leur identité. Les tion belge et parvient jusqu’à notre époque 60 millions d’habitants vivent pratiquement avec la déclaration d’indépendance du Congo dans un environnement rural, mais 30% de en 1960. ceux qui vivent dans les zones urbaines se sont davantage ouverts à l’influence occidentale. En ce qui concerne l’économie du pays, elle a inexorablement chuté à partir de la moitié des Quant à l’Histoire récente de la République années 80. Les deux conflits récents (la Pre- Démocratique du Congo en particulier et de la mière et la Deuxième Guerres du Congo) qui région des Grands Lacs en général, elle n’a pas

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique ont commencé en 1996, ont réduit les recettes permis un développement politique très avan- nationales et ont augmenté sa dette extérieure, cé en raison des conflits armés et des dictatu- et ils ont entraîné des morts, la famine et des res. Néanmoins, au cours des dernières années, maladies qui ont coûté la vie à 3,8 millions de de gros efforts ont été réalisés pour stabiliser personnes. À partir de 2002 et avec le retrait de la région et étendre la défense et la promotion nombreuses troupes d’armées d’invasion qui à la fois des droits humains et du système po- se trouvaient en territoire congolais, la situa- litique démocratique. Cet article tente d’étu- tion économique a commencé à s’améliorer et dier les conflits historiques qui ont sévis dans le FMI et la Banque mondiale ont commencé la région et la situation actuelle des droits de à mettre en place un plan économique qui n’a l’homme dans la région du nord-est de la Ré- pas donné de grands résultats jusqu’à présent. publique Démocratique du Congo. Finalement, l’article terminera par une brève analyse de la Par ailleurs, parler de la République Démocra- situation d’instabilité au Rwanda, au Burundi tique du Congo est synonyme d’une énorme et en Ouganda, et il suggèrera une série de me- diversité culturelle, en raison des centaines sures et de nécessités en vue d’une résolution d’ethnies et des différentes façons de vivre pré- pacifique des conflits de la région.

76 tuation declassessociales. si- cette légitimer prétendait qui discours un les et autresont commencé àapparaître uns moyennant les entre différences les que états des sophistication la de partir à c’est fait, En ad ete e VIII les entre tard, Plus Burundi. au et Rwanda au actuellement correspondqui région laarriver dansà mencé com- ont hutus agriculteurs les siècle, VIe Au 1. Originesduconflit 2| 1| était un goinfre, l’a bu d’un trait ; Gahutu a eu un un pot de lait pendant toute une nuit. Gatwa qui cesseur, il a chargé chacun d’entre eux de garder GahutuGatutsi.et Pour pouvoir suc- choisirson “Le premier roi du Rwanda avait trois fils, Gatwa, Hutus etles Tutsis au cours del’histoire: sontutiles pouranalyser lesrelations entreles nous cos- qui et région la de habitants la des mologie définir de fonction la avaient qui des légen- et mythes des surgi ont façon, cette De XIII ils aient cohabité de façon pacifique, vers le XVI vers pacifique, façon de cohabité aient ils sontinstallés dans la région. Bien qu’au départ pour justifierlaségrégation été “confectionnée”autilisée étéensuite a qui physiquescaractéristiques de série une ment, progressive - et, éleveurs et agriculteurs relations entre de manque un entraîner par fini a le serfd’une autre. Cette étaitdifférenciation de classe qui personne une à référence faisait ce à une personne riche, alors que celui de hutu référen- faire pour s’utilisait tutsi terme le que ainsi C’est ethnies. entre différenciation qu’à une sociales classes de questions des à liées plutôt étaient Tutsis et Hutus entre tinctions cela,Malgréconvientdis- il ces que signaler de premières oppositions socioéconomiques. aux naissance donnant princes, leurs tué ont et Hutus les contre militaires campagnes des Tell theStory: inRwanda”. Genocide to None “Leave – Report Watch: Rights Human : -Paris Deux mille ans AUBIER, d’histoire 2000. Jean-Pierre:CHRÉTIEN, e e ice, e ot e éeer tti qi se qui tutsis éleveurs les sont ce siècles, siècle les principautéslessiècleentamé tutsiesont e t IX et L’Afrique:GrandsLacs des e ice, t e XII les et siècles, 2 1 . . e et siècles d’oppression. des après pouvoir au arriver voulaient qu’ils commençaient à radicaliser leur position parce Hutus les ailleurs, par que, alors jouissaient, ils privilégiéesituationdont la et soutien leur perdaient ils car dur, coup un des comme Belges départ le voyaient Tutsis les époque-là, que, en occupant publi- des postes de pouvoir. vie À cette la dans terrain du gagner à mencé la domination sur la région, les Hutus ont com- à fin mettre pour uniesNations des part la de soumise été pressionsa auxquellesBelgique la des profitant et,Rwandaau s’est attendre faite pas ne hutu révolte la situation, cette Dans de victimesdesTutsis. d’opprimésdiscourset leur créer à commencé Hutus,pouvoir,ducôté,écartéslesleur De ont une ségrégation ethniqueetinvariable. devenu est colonisateurs des l’arrivée avant richesse la de fonction en varier pouvait qui sociales classes entre ségrégation une départ Tutsioud’un Hutu, desorte quecequi était au d’identitéquidevait stipuler s’ils’agissait d’un carte une avoir à naissaient qui personnes les rations suivantes. En outre, ils ont obligé toutes 20 et30celaaeuuneinfluencesur les géné- pole tutsi de la vie publique pendant les années conclusion,mono- En un imposéont Belges les gieux ont puéchapper àcettepurge. reli- séminaires des dans étudié ont qui ceux seuls et l’éducationsecondaire de exclus ment égale - ont les ils outre, En postes. ces cupaient oc- qui Hutus les écarté l’administrationont et et l’armée dans pouvoir de postes des cuper oc- pourrait tutsie l’élite seule que décrété ont siècleparles colonisateurs belges. Cesderniers par des occupés Tutsis et elles été ont été renforcées ont au XXe postes meilleurs les et siècle Ces différences ont augmenté au cours du XIXe exilé pour avoir étéavide”. été a Gatwa et Gatutsi de serf l’éternelGahutu enraison de son manque de contrôle, il afait de et temps même travailmanuel.En dutoujours libérantpoursuccesseur,le sonen comme tutsi plein le matin suivant. Le roi a potdonc nommé Ga- le rendu a et nuit la toute éveillé resté est moitié plein le jour suivant ; Gatutsi, de son côté, évanouissement,renversérendul’aà a et pot le 77 Toni Jiménez Luque | La République Démocratique du Congo et la région des Grands Lacs d’Afrique : entre l’instabilité politique et l’espoir C’est ainsi que le 1er novembre 1959 un mouve- Quant au Burundi, l’évolution historique est as- ment révolutionnaire hutu a fait fuir du pays sez semblable à celle du Rwanda, mais avec cer- quelque 200 000 Tutsis. taines différences. Tandis qu’au Rwanda la ma- jorité des chefs tutsis appartenaient au même Pour les Hutus, ce mouvement était légitime clan et étaient unis, au Burundi, il existait une parce qu’il s’agissait d’un combat contre les grande rivalité entre les différents clans et ils forces d’oppression (belges et tutsis) et parce étaient donc obligés de chercher le soutien des qu’ils étaient la “grande majorité” ou “rubanda Hutus, ce qui réduisait les différences entre les nyamwinshi”, qui avait le droit de gouverner la uns et les autres4. minorité. Pour eux, la majorité ethnique signi- fiait la majorité démocratique. Malgré cela, avec l’arrivée au pouvoir de la majorité hutu au Rwanda et de crainte que la En 1962, le Rwanda a obtenu son indépendan- même situation ne se produise au Burundi, ce et Grégoire Kayibanda, Hutu, est devenu le la minorité tutsie de ce pays a opté pour une premier président du pays après avoir gagné stratégie répressive qui a entraîné des sérieux les élections. Dans les premières années de massacres. son gouvernement, les Hutus ont eu accès à l’éducation et le pays progressait, mais le mas- C’est ainsi que, entre son indépendance en 1962 sacre de 350 000 Hutus au Burundi en 1972 a et 1993, les Tutsis ont conservé le pouvoir et ont faire croître encore davantage le sentiment pratiqué la répression contre les Hutus qui ont anti-Tutsis et l’instabilité. En outre, le nouveau dû fuir le pays. gouvernement continuait à étiqueter Hutus et Tutsis, mais cette fois, les cartes d’identité qui Néanmoins, au début des années 90, on a vou- servaient autrefois à garantir les privilèges des lu donner plus de poids aux Hutus en élaborant Tutsis, servaient maintenant à les discriminer une nouvelle constitution et en légalisant le dans le travail et l’éducation. parti hutu, Front pour la Démocratie au Burun- di (FRODEBU) qui a remporté les élections de En 1973, en raison de cette situation d’instabili- 1993, et Melchior Ndadaye a été élu Président té politique et sociale, le Général Habyarimana du pays. a fait un coup d’état et a opté pour l’intensifica- tion de la politique de persécution des Tutsis.

Cette situation de répression contre les Tutsis a conduit le Front Patriotique Rwandais (fondé 2. Début du conflit armé des Grands Lacs en Ouganda en 1979) à envahir le pays en 1990, ce qui a forcé les Hutus et les Tutsis à négocier

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique une sortie pacifique du conflit. (Il convient de S’il y avait une chance de trouver une solution souligner que le FPR, en plus du soutien de pacifique au conflit dans la région, elle a dispa- l’Ouganda, comptait aussi sur celui de la Gran- ru quand, le 6 avril 1994, l’avion qui transpor- de-Bretagne et des États-Unis, alors que la tait les Présidents du Rwanda et du Burundi a France et la Belgique soutenaient le Rwanda3). été abattu par un missile. C’est l’étincelle qui a mis le feu aux poudres et qui a touché toute la région des Grands Lacs.

3| C’est une guerre entre pays francophones et an- À partir de ce moment-là, au Rwanda, les mili- glophones, car le gouvernement hutu du Rwanda était francophone et le FPR, soutenu par la Gran- ces hutues se sont mises à tuer les Tutsis, en pro- de-Bretagne, anglophone. voquant un horrible génocide, alors que le FPR a Au mois d’octobre 2008, le gouvernement du fait la même chose avec la population hutue. Rwanda décide que tout l’enseignement du pays se fera en anglais et non en français. La version of- ficielle est que cela est dû à l’intégration du pays dans la Communauté anglophone de l’Afrique de 4| CHRÉTIEN, Jean-Pierre: L’Afrique des Grands Lacs : l’Est. Deux mille ans d’histoire - Paris : AUBIER, 2000.

78 de RépubliqueDémocratique du Congo. celuipour Zaïredu nom lechangé a etlement pouvoirle pris a seu- alliance mois Cette six en Tutsis du Sud-Kivu. les souffraient luttaient dont discrimination la qui contre Libération de Démocratiques Forces l’Alliance des constitué été a il Kabila, Désiré Laurent de direction la Sous Seko. Sese Mobutu Zaïre, du dictateur le renverser pour lancée offensive était unemoment, même Au hutues surleur territoire. de se protéger contre les incursions des milices réfugiésprétextecampsdulesdelesous Zaïre d’attaquerdécidé ontBurundi le Rwandaet le contrôlaient qui tutsis régimes nouveaux et les l’Ouganda 1996, octobre 20 le suite, la Par tions de1993. Buyoya,Pierre de avaitqui vaincuauxété élec- les Tutsis ont repris le pouvoir par le coup d’État quand 1996,jusqu’en prolongées’est situation politiquesadministratifset du FRODEBU. Cette la population hutu, en particulier les dirigeants Tutsis,despar98% à commencémassacrera à composéeBurundi, du politique,l’armée cette à réaction en etTutsis les contred’attaques et lesHutus ont optépour planun d’autodéfense part, d’une : civile guerre de dynamique une dans entré est temps-là,Burundi lece Pendant ethnie. seule d’une armée avecune tutsieminorité la de pouvoir le Rwanda au imposé a et pays conquisle a FPR le 1994, juillet en Finalement, da l’Ougan- de partir à recevoir FPR en à le continuait que alors rwandais, régime le contre d’armes embargo un décrété été a il outre, En action, ont facilité l’exécution des massacres des l’exécution leur facilité ont par action, et, région la dans trouvaient se qui troupes leurs de contingent le retiré ont unies internationale,Nationsréponse les la à Quant 6| 5| 6 Genocide. Columbia University Press, 1995. Gerard: PRUNIER, Afrique Centrale, Paris, L’Harmattan, 1999. en extraterritoriaux conflits mouvanteset liances Filip: REYNTJENS, . a ure e gad lc : Al- : lacs grands des guerre La The Rwanda Crisis: History of of History Crisis: Rwanda The 5 . ler l’application de l’Accord deLusaka MONUC), dans le but de collaborer et de contrô - : Congo duDémocratique République en unies casques bleus et 5537500 observateurs (Mission des Nations de multinationale force d’une résolutionautorisé,la déploiement1279,par le a sécurité de Conseil le 1999,novembre 30 Le de Kisangani au début du moisd’août. paysdeux des armées s’affrontent ville la dans les que ce progressivementaugmentéjusqu’à a Rwanda le et l’Ouganda entre tension la ple, exem- provoquant Par graves. d’incidents en série une toute l’accord, violer de accusées mutuellement sont se parties les vants,toutes sui- mois les trêve.Pendant de l’accord de tion l’applica- d’appuyer but le dans d’inspecteurs déployécentainequasimentunea unies tions Un mois plus tard, le Conseil de sécurité des Na- par le RCD etle MLC. conflit, et ont également été signés par la suite le dans impliqués africains pays six les entre 1999 juillet de mois au signés été ont Lusaka affronte- de accordsles morts, nombreuses de et nombreux ments de après et Finalement blique Démocratique du Congo. Répu- la à soutien leur donné ont qui Namibie la de l’Angola et de Zimbabwe, du tervention l’in- à grâce arrêtée été a offensive cette Mais sement soutenu quelquesmoisauparavant. cée pourrenverser Kabila, qu’ilsavaient- curieu façon, l’histoire s’est répétée cette et une offensive a été De lan- l’Ouganda. de soutien le avec et le Mouvement deLibération du Congo(MLC), Rwanda, le par soutenue (RCD), Démocratie la pour Congolais Regroupement milice la créant Kivu,en le depuisKinshasagouvernement de le contre armée opposition leur annoncé ont l’Ouganda,deBurundi etrefuséetont ilsmais militaires et hommes politiques du Rwanda, du sesenarrivant - pri au pouvoir a étéa dedestituer Kabila les que mesures premières des Une 7| otné e priuir nr ls ocs de forces les entre particulier en continué, ont affrontements graves les unies, Nations des paix la de maintien de forces ces Malgré http://monuc.unmissions.org/ 7 . 79 Toni Jiménez Luque | La République Démocratique du Congo et la région des Grands Lacs d’Afrique : entre l’instabilité politique et l’espoir l’Ouganda et du Rwanda à Kisangani pendant Toute cette dynamique de traités de paix entre les mois de mai et juin 2000, et les efforts diplo- les principaux pays impliqués dans le conflit matiques continus de différents pays et orga- a conduit le Mouvement pour la Libération du nismes internationaux comme l’ONU, l’Orga- Congo, l’Assemblée pour la Démocratie congo- nisation pour l’Unité africaine (l’actuelle Union laise et deux de ses factions, l’opposition poli- africaine) et la Communauté pour le Dévelop- tique, des représentants de la société civile et pement de l’Afrique australe n’ont pas réussi à des membres des milices Mai-Mai, à signer le mettre fin à la crise. 17 septembre 2002 l’“Accord global et inclusif de Pretoria” qui mettait fin au conflit et établis- La situation semblait empirer quand, au début sait un programme chronologique précis pour de l’année 2001, le Président Kabila a été assas- l’instauration d’un système démocratique siné par un membre de sa garde personnelle au dans le pays9. Palais présidentiel de Kinshasa. Cependant, son successeur, son fils Joseph, âgé de 29 ans seule- Cet accord mettait fin au conflit connu sous le ment, a assumé le pouvoir avec l’approbation de nom de Deuxième Guerre du Congo et a signi- la communauté internationale en général et des fié le début d’un gouvernement de transition États-Unis en particulier et, après s’être réuni en République Démocratique du Congo qui avec Paul Kagame à Washington, les troupes de avait pour mission de désarmer les groupes l’Ouganda et du Rwanda présentes sur le terri- armés et de les faire participer aux élections toire congolais ont commencé un retrait partiel. générales prévues.

En 2002 et sous les auspices du président d’Afri- Finalement, après avoir surmonté de nombreux que du Sud, Thabo Mbeki, des pourparlers de problèmes et retardé la date des élections, à la paix ont eu lieu dans la ville de Sun City, dans le fin 2006, Joseph Kabila a remporté les élections but d’établir les bases du République Démocra- et été élu Président du pays et cela a marqué le tique du Congo unifiée, avec un système démo- début d’une nouvelle étape pour la République cratique multipartis et des élections ouvertes. Démocratique du Congo. Mais cet accord ne résolvait pas le problème de l’armée, une question fondamentale pour le Malgré ces accords, les affrontements ont conti- rétablissement de la paix qui est toujours sans nué en 2006 dans les régions du Nord-Kivu et réponse aujourd’hui8. du Sud-Kivu et dans la province Orientale, et ils perdurent aujourd’hui avec la menace d’une En suivant cette dynamique, le 30 juillet de guerre civile dans le pays. cette même année, il a été signé à Pretoria un traité de paix qui devait mettre un terme à la En janvier 2008, l’“Accord de Goma” a été brisé plupart des controverses entre la République qui comprenait des négociations entre le gou-

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique Démocratique du Congo et le Rwanda relatives vernement congolais, le Général rebelle Lau- au retrait des troupes rwandaises du territoire rent Nkunda du Congrès National pour la Dé- congolais et au désarmement des milices hu- fense du Peuple (CNDP) et les milices Mai-Mai, tues interhamwes, un de principaux acteurs du et à la fin du mois d’août, la région a connu un génocide rwandais et actives à l’est du Congo. climat de violence et de guerre quand le CNDP a lancé une offensive contre des bases de l’armée Par la suite, le 6 septembre, un autre traité de congolaise et est arrivé aux abords de Goma, la paix a été signé, cette fois avec l’Ouganda par capitale régionale, au mois d’octobre. lequel le gouvernement de Kampala s’enga- geait à retirer ses troupes de Bunia et à renfor- Finalement, après de nombreux efforts diplo- cer les relations entre les deux pays. matiques, une coopération politique a été éta- blie entre Kinshasa et Kigali qui a débouché sur un plan commun de désarmement des Forces 8| TSHIYEMBE, Mwayila : Géopolitique de paix en Afrique médiane : Angola, Burundi, République Démocratique du Congo, République du Congo, Ouganda, Rwanda, Paris : L’Harmattan, 2003. 9| Ibid.

80 10| Nord-Kivu du l’administration dans CNDP du dirigeants réconciliationl’intégrationnationalede et des mécanisme d’un création d’amnistie,la lois de promulgation la prisonniers, de libération la comme concessions-clés des recevaient ils ge, dans la police et l’armée congolaises. En échan- combattants ses de l’intégration et politique parti en rebelle groupe du transformation la etle CNDPprévoyait différents aspects comme accordCetentregouvernement le Kinshasade le CNDP. avecsignaturepaixaccordla ded’un et(FDLR) Rwanda duLibération la pour Démocratiques trationparallèle adminis- dansrégionla avaitet misses une établi avait CNDP le Jusque-là, d’échapper àlajustice. Nkunda dans un autre pays, ce qui envoyerlui permettraitpour secret en lieu eu ont négociations les l’humanité,mais contre crimes les et guerre de crimes les exclut congolais parlement le par 2009 - judiciai mai 7 le promulguée exigences d’amnistie loi La les res. ignore l’accord permis processusréconciliationLede senséavoirestqui 10 . de l’arméecongolaise retrouver,les militairescommefois cette mais maintenantdevra qui locale population la de sés d’enfreindre les droits de l’homme vis-à-vis d’entrenombre où accu- sontlà justement eux Sud-Kivu,du et Nord-Kivudu régions les dans que d’agir n’acceptent CNDP les du combattants que fait le est problèmes principaux des un outre, En fragile.très est elle et lentement dansl’armée congolaise, elle s’est produite très CNDP duguérilleros l’intégration des à Quant la population vivant prèsdeses bases. les,des taxes commerciales et de l’extorsion de tirer profit de l’exploitation des ressources loca- a réussi même quand a administratif,mais le avait moins de prétentions d’exercer géographique, un contrô- plan le sur dispersé plus aussi et Nkunda de groupe le FDLR, que centralisé moins des mouvement le part, sa Pour tions. élusdémocratiquementmembres aux élecles- retirant en police, la et l’intelligence tration, l’adminis- de postes principaux aux partisans 11| port N°150 –Mai,port 2009. STRATEGY PEACEBUILDING A - Re FOR ,Africa TIES Group: Crisis International 11 . CONGO: FIVE PRIORI- FIVE CONGO: 81 Toni Jiménez Luque | La République Démocratique du Congo et la région des Grands Lacs d’Afrique : entre l’instabilité politique et l’espoir 3. Violations des droits de l’homme en munautés. Dans certains cas, les combattants République Démocratique du Congo violent les femmes et les petites filles, même de cinq ans, pendant une attaque plus générale au cours de laquelle ils assassinent et blessent des En ce qui concerne les abus contre les civils, civils et volent et détruisent leurs biens. Ils ont tous les acteurs qui sont intervenus dans les pour objectif d’effrayer les communautés pour dernières opérations au Nord-Kivu et au Sud- qu’elles acceptent leur contrôle ou de les punir Kivu (CNDP, FDLR et armée congolaise) ont pour un soutien, réel ou supposé, aux forces de enfreint les droits des civils congolais par des l’opposition13. assassinats, des crimes de violence sexuelle, le déplacement forcé, le vol, l’extorsion et la des- Par ailleurs, de nombreuses femmes et jeunes truction de la propriété. filles sont également violées parce qu’elles se trouvent dans les champs, sur les routes, dans C’est pendant les affrontements entre Nkunda la forêt ou dans leurs maisons. et l’armée congolaise, en novembre 2006 et en août 2008, de même que pendant la campagne Depuis 2004, différentes agences des Nations des brigades mixtes de combattants de Nkunda unies, des ministres congolais et des ONG du et de l’armée, qu’il y a eu le plus de violations Congo et internationales ont collaboré pour des droits de l’homme. fournir tous les types d’assistance – médicale, psychologique, économique et légale – aux vic- Le déploiement des brigades mixtes, au lieu times de violence sexuelle. Par exemple, en mai de rendre la région plus sûre, a détérioré da- 2007, Louise Arbour, à l’époque Haut Commis- vantage la sécurité et la situation des droits saire aux Droits de l’homme des Nations unies, de l’homme. Les troupes mixtes ont assassiné a mis en marche un programme au Nord-Kivu des civils accusés de collaborer avec les FDLR pour lutter contre le problème de la violence et ce groupe armé a riposté en attaquant les sexuelle et l’impunité dont jouissaient la plu- communautés qui ont accepté le contrôle des part des responsables14. brigades mixtes, y compris celles avec lesquel- les elles cohabitaient pacifiquement aupara- Une deuxième violation des droits de l’homme vant12. qui caractérise la région est celle du déplace- ment forcé de la population. Ce fait entraîne un Quant aux crimes commis dans la région, ils énorme coût pour la région et touche surtout sont beaucoup plus variés, mais un des princi- les femmes. Parmi ces coûts figurent les vies paux et des plus frappants est celui de la violen- perdues en raison d’une alimentation inappro- ce sexuelle. La prévalence de ce type de crimes priée, du manque d’eau, de l’absence d’assis- reflète et perpétue le statut de subordination tance médicale pour les gens qui se déplacent

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique de la majorité des femmes au Congo. Bien que dans la jungle et dans la forêt et la perte pour nominalement l’égalité soit garantie par la loi, l’économie en termes de productivité agricole dans la plupart des cas les femmes ont bien et d’activité commerciale. moins d’opportunités d’exercer un pouvoir po- litique ou économique si on considère le pour- Comme nous l’avons déjà dit, ces violations des centage des femmes dans la population. droits les plus fondamentaux de la population sont commis par tous les acteurs, mais une Ces crimes impliquent parfois différents atta- donnée de la MONUC surprend, qui affirme quants et ce sont des attaques d’une grande que 40% de toutes les violations des droits de brutalité qui ont des conséquences directes et l’homme enregistrées par ses sources dans tout très profondes sur les vies des femmes et des le pays au cours du deuxième semestre 2006 jeunes filles agressées, et aussi sur leurs com-

13| Ibid 12| International Crisis Group: CONGO: FIVE PRIORI- TIES FOR A PEACEBUILDING STRATEGY, Africa Re- 14| MONUC, “Monthly Human Rights Assestment: port N°150 – Mai, 2009. May 2007”, 19 juin 2007.

82 rwandais des FDLR, ce groupe rebelle a été to- été a hutusrebelle groupe ce rebellesFDLR, des rwandais les contre 2009 janvier 20 commencé le a qui Wetu, Umoja l’opération à le CNDP,important,plusle c’estfait que,legrâce et Congo du Démocratique entre République cité la déjà paix de l’accord de plus en et exemple Par positifs. fruits des donné lement éga- a Kigali et Kinshasa entre collaboration cette Rwanda, du et Congo du Démocratique République la de gouvernements les par cée commen- coopération récente la malgré duire sents dans la région et s’ils continuent à se pro- pré- sont négatifs éléments ces si même Mais, sont desfilles. trois sur soldat enfant qu’un signale War” , in Caught Children on Reports Bell Matin Congo: titre pour ayant 2006 de rapport un dans l’UNICEF par fournie significative donnée une ailleurs, Par l’éducation. à limité très accès un eu ont qui ou combat de zones les dans vivent qui ceux et eux, chez loin de familles, leurs de séparés sont qui ceux pauvres, les sont soldats enfants des de devenir possibilités de plus le ont qui enfants Les mal àcomprendre. du ont qu’ils ou peuventrésister difficilement ils laquelle à violence de situation une dans impliqués voir peuventse et manipuler à ciles fa- sont enfants physique.Les et émotionnelle enraison deleur manque dematurité, lafoisà d’envoietrecrutementmilitaire combatdeau enfantssoldats.des vulnérablessontIlscas en problématique la mentionner sans Congo du nord-est le dans l’homme de viola- de droits des tions pas parler ne pouvons nous Enfin, aliments. le matériel de base comme les vêtements et les et salaires leurs recevoir pour problèmes gros pauvres,très discipline une et de que même de nous trouvons des soldats avec une préparation les Forces armées congolaises. Parmi les causes, par populationréalisés la de biens de volsdes sonnements, des de crimes violence sexuelle et sassinats, des détentions arbitraires, des empri- as- des subi également a et exception une pas cequi concerne le Nord-Kivu, cette région n’est En congolaise. l’armée par commises été ont Cid lr Rpbi Dmcai of Democratic Republic Alert “Child des conflits armés viole le IIe Protocole addi- IIe Protocole le viole armés conflits des recrutement d’enfants de moins de 15 ans pour congolais et, par exemple, des crimes comme le militaire pénal Code le par et congolais pénal Code le par interdits outre en sont crimes Ces tional Humanitaire et déplacement forcé–violent le Droit Interna- lèvements,destructionpropriétéspillageet de en- lésions, de formes autres entre sexuelle, ce violendélibérés,- assassinats – article cet dans précédemment décrits avons nous que civils des contrecommis l’impunité. crimes Tousles de parler voulons nous : particulier en Congo dunord-est Républiquelade Démocratique du régionpaysgénéraltouchelale quien et fond de problématique d’une partie font faits Ces 4. Leproblèmedel’impunité 16| 15| de seregrouper de sorte que les combattants des FDLR risquent déficiente, et pauvre très est acteurs deux ces entrecoordination la car (MONUC), Congo au congolaise,niparlaMission desNations unies l’armée par ni rempli été n’a pouvoir de vide ganisés.Malheureusement, jusqu’àprésent, ce désor- temporairement été ont structure sa et commandement son et marginalisé talement augmenté les moissuivants. ont assassinats ces que et Nord-Kivu au civils des attaques qui ont coûté la vie de près de 100 avaientréalisé FDLR lesfévrier, qu’en indiqué a Watch Rights Human situation, cette Dans RDC le 24février 1961. Les Conventions de Genève ont été ratifiées par la nèveProtocolesdeux des et additionnels.1949 de ConventionsGe- quatre de des partie fait RDC La bres du CNDP. mem- des par constituées unités les dans ment commande- de manque du et l’armée différentes de unités entre tensions des raison en teriori pos- initiativea cette fructueuse s’estavéréepeu Néanmoins, Sud-Kivu. au et Nord-Kivu au FDLR, les contre lutter pour conjoint commandement un établirpouraccord parvenuesun sontlaiseà Finalement, en avril, la MONUC et l’armée congo- 15 . 16 . 83 Toni Jiménez Luque | La République Démocratique du Congo et la région des Grands Lacs d’Afrique : entre l’instabilité politique et l’espoir tionnel des Conventions de Genève qui s’adres- manquent de ressources et de personnel com- se aux acteurs gouvernementaux et non gou- pétent. Les magistrats sont mal payés et ont vernementaux qui prennent part à des conflits une formation très succincte. De plus, l’ingé- non internationaux. rence et la corruption politique déterminent souvent la résolution des cas. Par ailleurs, nous devons également rappeler que, depuis le mois de novembre 2001, la Ré- Selon l’envoyé spécial des Nations unies publique Démocratique du Congo fait partie pour l’indépendance des juges et des avocats, du Protocole optionnel de la Convention des Leandro Despouy, qui a visité la République Droits de l’enfant contre l’implication des en- Démocratique du Congo en avril 2007 : « l’inter- fants dans les conflits armés qui fixe l’âge mi- férence de l’exécutif et de l’armée dans les pro- nimum pour tout recrutement et toute partici- cessus judiciaires est très commune et le système pation directe aux hostilités des États ou non judiciaire du Congo est très peu souvent effectif à 18 ans. avec des violations des droits de l’homme géné- ralement non punies18 ». À titre d’exemple, la République Démocratique du Congo fait également partie du Tribunal pé- Malheureusement, l’impunité pour des viola- nal international qui définit à la fois le recrute- tions graves des droits les plus fondamentaux ment des enfants de moins de 15 ans et leur uti- de la personne humaine ont été monnaie lisation active dans les hostilités comme crime courante dans le pays. Seuls quelques respon- de guerre17. sables ont été arrêtés et portés devant la jus- tice ; des douzaines d’autres ont été promus Les quatre Conventions de Genève et leurs à des postes plus élevés dans l’armée ou au deux protocoles additionnels condamnent, im- gouvernement, un fait qui a poussé un avocat plicitement et explicitement, le viol et toutes congolais à affirmer dans un rapport de Hu- les autres formes de violence sexuelle comme man Rights Watch de 2008 : « Au Congo nous des séries de violations du Droit humanitaire récompensons les assassins, nous ne les pu- dans des conflits internationaux et internes, et nissons pas». même un seul acte de violence sexuelle peut constituer un crime de guerre. La situation d’impunité peut être une recet- te dangereuse qui pourrait faire renaître les De cette façon, le gouvernement congolais a conflits du passé. Mais pour que justice soit décrété une nouvelle loi sur la violence sexuel- faite, ces cas doivent être basés sur des enquê- le qui redéfinit le viol pour inclure toutes les tes solides, des preuves crédibles et des procès formes de pénétration sexuelle et criminalise justes et impartiaux conformes aux normes aussi d’autres formes de violence sexuelle com- internationales19. Une “justice injuste” en rai-

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique me l’esclavage sexuel, la prostitution forcée et son de l’interférence politique finirait proba- le mariage forcé. De plus, ce fait a été suivi par blement par exacerber les problèmes de la d’autres initiatives d’acteurs internationaux région. pour motiver les victimes à intenter des ac- tions judiciaires contre les violeurs, mais, mal- gré cela, la plupart des cas de violence sexuelle sont restés impunis. 18| Assemblée générale des Nations unies, “Report of the Special Rapporteur on the independence Une des causes de ce problème est le fait que, of judges and lawyers: Addendum – Preliminary les systèmes judiciaires militaires et civils note on the mission to the Democratic Republic of Congo”, A/HRC/4/25/Add.3, 24 mai 2007. 19| Le rôle que devrait jouer la MONUC est celui de 17| Statut de Rome du Tribunal pénal international, dénoncer publiquement les violations du Droit O.N.U Doc. A/CONF.183/9, 17 juillet 1998, entré en international humanitaire et les Droits de l’hom- vigueur le 1er juillet 2002, art. 8(2)(b)(xxvi) et 8(2) me, en plus d’apporter son soutien aux investiga- (e)(vii), ratifiés par la République Démocratique tions de ces abus et de rendre publics leurs résul- du Congo le 8 septembre 2000. tats.

84 La liberté d’expression gement du etdelahaine raciale. génocide d’encoural’accusation sous - prison la entraîne dissidencecontregouvernementcritiqueleou grave,plusest qui touteet,européensce teurs Kagame ont été frauduleuses selon les observa- Paul par remportées présidentielles les et FPR férente : les élections législatives gagnées par le dif- très est réalité l’intérieur,la Néanmoins,à pagne depropagande internationale. en dirigé cam- une a consolider pour Darfour, au 2004 qu’il celle comme paix de sions eu lieu. Le pays a même participé à des mis- ont présidentielles et législatives élections un et différentes et pays le hymne pour drapeau nouvel nouveau un créé a on : de tionale tente na - on réconciliation la et l’unité promouvoir l’extérieur, pour Rwanda, Au Rwanda Burundi etl’Ouganda. le Rwanda, le : Lacs Grands des région la dans tion actuelle situa- dans trois des pays la qui se trouvent ci-après brièvement décrirons Nous présentent s’étendeàlarégion. justice qui font que l’instabilité nationale qu’ils niveauxd’in- des et économies des et pays du l’intérieur à guérillas des avecpolitique,veau ni- au internes conflits propres ses a pays ces de nombreux pays sont impliquésLacs, et chacunGrands de des région la concerne qui ce En la région 5. Instabilitépolitiquedanslespaysde 20| usage excessifdelaforceettorture un faisant en l’homme de droitsviolations des des pouvoirslesàparticiper touspour ont rité sécu- de services les et pas n’existent culation 21| cupait le 181 le cupait oc- Rwanda le 2007, en États-Unis,aux trouve se Selon l’organisation Freedom House, dont le siège de 2008. Rapportd’Amnistie internationale sur le Rwanda de presse. qui concernelaliberté e rang sur un total de 195 pays en ce ce en pays 195 de total un sur rang 20 , d’association et - de cir 21 . nal pour la Défense de la Démocratie – Forces – Démocratie la de Défense la pour nal qui crise a atteint la direction du Conseil Natio - la origine pour a actuel politique moment Le semble delarégion. l’en- de et pays du stabilité la danger en ainsi mettre etdémocratiques 2010prévueset pour libres élections les compromettre peut qui et politiquese dontlesdimensions sonténormes De plus, en ce moment, le pays traverse une - cri cherait toute larégion. dans lequel vit actuellement le pays et qui tou- tendu calme le exploserferait qui Burundi au conflit nouveau un entraîner pourrait ethnie l’autre de peur par pouvoirdu obsession Cette l’armée. dans et gouvernement au pouvoir de répartitionposteslades dansethnies deux les entre rivalité la de l’augmentation de raison en moment tout à éclater pourraitsituation la l’espoir,de redonnent qui événements ces gré 22| toutes les milices ont été dissoutes situation que fait au la due est relatif Burundi,calme de apparente le concerne qui ce En Burundi Lacs àl’avoir fait. etc’est le premier pays dela région des Grands 2007 en mort de peine la de l’abolition gnaler au Rwandaannées,dernières ces convientil si- de produit s’est qui positif élément Comme cruel, inhumain etdégradant. extrêmementdures, traitementunsoumises à de surpopulation et vivent dans des conditions situation en sont quiaccusations sans sonnes per- de pleines toujours sont (2008) nationale d’Amnistie inter- rapport dernier le selon qui, rwandaises prisons des dans jeté d’être plique im- l’homme de droits des violation de ciation dénon- Toutel’autorité. de part la de l’homme de droits des femmes) et (hommesdéfenseurs les soumissurveillancel’étroiteauxquels sont autreUn élémentnégatif harcèlementle est et sée parl’Union Africaine. supervi- cérémonie d’une lors politique parti un déposélesarmes sontet devenues officiellement ont (FNL),Libération de NationalesForces les di, En avril 2009, le dernier groupe rebelle du Burun- 22 . Mais, mal - 85 Toni Jiménez Luque | La République Démocratique du Congo et la région des Grands Lacs d’Afrique : entre l’instabilité politique et l’espoir | Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique

de Défense de la Démocratie (CNDD-FDD) au Chambre basse qui, malgré le remaniement début de 2007 et le refus du Président Nkurun- ministériel de novembre 2007, avec l’entrée de ziza de passer un accord de gouvernement avec membres du FRODEBU et d’UPRONA au gou- les leaders du Front pour la Démocratie au Bu- vernement, n’a pas permis de corriger la crise rundi (FRODEBU) et de l’Union pour le Progrès de façon durable. National (UPRONA). De sorte que les tensions entre les partis poli- En raison de l’éloignement d’Hussein Radjabu tiques ont augmenté à l’Assemblée nationale de la direction du partie, le CNDD-FDD s’est et cette dernière se trouve maintenant dans la divisé et le secteur qui est resté fidèle au Pré- capitale du pays où le climat d’insécurité, avec sident Nkurunziza a perdu une majorité à la des attaques à la grenade contre des parlemen-

86 contre lacorruption lutte de et l’homme de droits des communicationONG aux et de moyens aux s’étend qui et gouvernement du l’opposition contre force la de imposition d’une l’illustration c’est car contraire, au crise, la résolu pas n’a cela Mais la majorité de2/3àl’Assemblée Nationale. ac- cepté et le CNDD-FDD eta ses alliés ont récupéréCour la juin, 5 Le parti. du direction la à fidèleséléments des pardissidents députés 22 remplacer constitutionnelleà Cour la poussé a CNDD-FDD le 2008, juin de mois du début Au nu du delapart Palipehutu-FNL estplus fort. conti- recrutement l’opposition,de de et taires 24| 23| électorale campagne la pendant violentsdébordements des provoquant scrutin, au légitimité sa dre per- faire de et crédibilité de prématurée perte d’une risque le court interne politique logue dia- durupture plus,la De touchées. sont nelle constitution- Cour la de celle et fondamentale loi la de l’autorité où et fragile encore est rité sécu- de et défense de corps des sein au l’unité où moment un sation”àpolitique discoursdu “ethni- nouvelle une sur déboucher élections pourrait prochaines aux participation Leur Palipehutu-FNL. le avec alliances des chercher tis de l’opposition qui pourraient être tentés de par- des radicalisation une provoquerpourrait autoritaire ambition cette doute, aucun Sans classe politique du Burundi. la de l’ensemble sur pression fassent tionale, interna- Communauté la que même de rundi, Bu- du financiers et régionaux partenaires les que essentiel est il objectif,cet atteindre pour Et 2010. en démocratiques et crédibles libres, et établir un cadre adapté à la tenue d’élections nécessaires à la recherche du processus de paix par consensus les évolutions constitutionnelles prendredialoguelepolitique interne, préparer re- faut il produise, se ne cela que éviter Pour , Africa Briefing N°53, août N°53, Briefing 2008. Africa Dialogue, Political Burundi: Group: Crisis International Violence and Repression in Burundi, 2009. Watch:Rights Human 24 . 23 . . Pursuit of Power - Political-Power Pursuitof Restarting tention de la paix ne sera pas une tâche facile : facile tâche une pas sera ne paix la de tention l’ob- que clair est il situation, cette de raison En paix quiestànouveau tombé àl’eau. de accord autre un avec 2008, en produit veau nou- s’està qui signature,ce de l’acte à présenté concrétisé,étépas JosephcarKonys’est nepas malheureusement, Mais, août. n’a 26 le ilLRA, detrêve entre le gouvernement d’Ouganda et le engagement d’un signature la à aboutir allaient commencé historiques qui paix ont sations de tés et au mois de juillet 2007, une série de conver- Dans ce contexte, les événements se sont - précipi violence généralisée du nord du pays. à la et d’Ouganda conflit au final point un tre met- puissent qui voies des explorer pour nale Communautéla à appel un lançant internatio - rédigerdeuxrésolutions (16531663)2006eten mouvement LRA en 2005 et les Nations unies à du dirigeants autres cinq de Konyet Joseph de détention la décréter à (TPI)International nal Pé- Tribunal le poussé a qui ce années, nières der- ces internationale attention certaine une attiré a conflit révolte.plus,lecontinuer sa De pour affaibli et isoléretrouvés’est qui LRA au d’envoyercessé armesa des et (SPLA) Soudan de paix avec l’Armée Populaire de Libération du son soutien au groupe rebelle, a signé un accord avaitgouvernementapportéqui leSoudan du car mouvement LRA, du fin la marqué a 2005 avoir renversé Milton Obote. après 1986 enpouvoir Yoweriau arrivé est Museveni Président le que depuis sent marginalisé se que pays du nord du revendications les aussi gouvernementales,mais forces les et mententre lemouvement JosephLRAde Kony l’affronte- seulement non origine, pour a qui conflit complexeun est ans 20 deguerre Cette le nord del’Ouganda pendant deuxdécennies. plus conflits les brutaux d’Afrique dévasté a qui des un n’arrivent pointfinal à mettreun à pas et pas finissent n’en malheureusement, qui, Seigneur (en anglais Lord Resistance duArmy, Résistance l’Armée de deLRA) rebelles les et da des conversations avec entre le Gouvernement d’Ougan- années quelques depuis existe qui Nous sommes actuellement dans une situation Ouganda 87 Toni Jiménez Luque | La République Démocratique du Congo et la région des Grands Lacs d’Afrique : entre l’instabilité politique et l’espoir premièrement, parce qu’on ignore comment Kivu et dans la province Orientale. En outre, les s’établiront les négociations avec un leader re- pays de la communauté internationale doivent belle qui agit de façon irrationnelle et qui se dé- s’impliquer dans l’amélioration de la bonne clare possédé par l’Esprit saint et deuxièmement, gouvernance de la République Démocratique parce que la question-clé est de savoir comment du Congo et du Rwanda grâce à la transparence traiter une amnistie possible alors que les prin- économique, la décentralisation et les élections cipaux leaders du LRA sont recherchés par le TPI, locales, et dans le soutien à l’établissement de accusés de crime de guerre. Ce sera sans aucun relations de stabilité politique pour la région. doute un processus long et compliqué qui devra être suivi avec attention ces prochains mois et il Par ailleurs, toute cette attention pour la Répu- faudra le faire avec l’espoir d’arriver à une paix blique Démocratique du Congo et le Rwanda historique pour le nord de l’Ouganda qui, sans doit s’étendre à deux pays de la région des aucun doute, entraînerait une plus grande stabi- Grands Lacs, clés pour la stabilité de la zone. lité dans la région. Nous voulons parler du Burundi et de l’Ougan- da. Alors que le premier vit actuellement dans un climat de confrontation et d’“ethnisation” de la politique entre Hutus et Tutsis, le deuxiè- me vit un des conflits armés les plus anciens et Conclusions saignants de l’Histoire de l’Afrique et qui néces- site l’implication internationale pour arriver à une résolution pacifique. D’une part, avec le panorama actuel, la cohabi- tation entre Hutus et Tutsis dans les différents Pour apporter la paix et la stabilité dans la ré- pays qui forment la région des Grands Lacs gion des Grands Lacs et dans chacun des dif- africains ne sera pas possible sans une vérité férents pays que nous avons traités dans cet complète sur le conflit et une reconnaissance article, un élément-clé est la défense et la pro- des responsabilités de chacun qui conduisent à motion des droits de l’homme, parce que sans la réconciliation. De plus, une attitude ferme et droits de l’homme, il ne sera pas possible d’at- le soutien économique de la part de la commu- teindre la stabilité et la sécurité souhaitées et nauté internationale sont nécessaire, de même encore moins le développement de la région. Il que la révision de leurs politiques. Une révision s’agit d’une activité indispensable et nécessaire qui passe par la non diabolisation d’une ethnie pour une région comme celle-ci qui sort d’une déterminée et la possibilité pour les peuples série de conflits très durs et dramatiques et où, africains d’avoir l’opportunité de se dévelop- malgré les efforts, la culture de la violence subie per, en faisant usage des énormes ressources par les pays au cours des dernières années fait naturelles qu’ils possèdent et de décider de qu’il y a un risque de raviver le conflit. Il est tout

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique leur propre avenir pour entamer une nouvelle aussi important de mettre fin à la guerre que période dans la région où la justice amènera la de maintenir la paix. C’est pourquoi, des ini- paix entre les différentes ethnies et où il sera tiatives qui encouragent le travail pour la paix finalement possible de vivre en liberté. et la promotion des droits de l’homme dans la région sont essentielles pour une future récon- D’autre part et malgré les problèmes existants, ciliation et reconstruction sociale. il s’est actuellement créé une situation per- mettant d’obtenir la paix dans la région qu’il Nous pensons donc que l’implantation d’une n’avait pas été possible de créer ces vingt der- culture de paix et la promotion des droits de nières années. Il est maintenant temps que l’homme dans ce pays sont indispensables et la communauté internationale soutienne et nous considérons que l’Université de Barcelone travaille conjointement avec la République Dé- et l’Université de Lubumbashi ont une bonne op- mocratique du Congo et le Rwanda pour établir portunité de faire connaître les Grands Lacs et, de une stratégie de paix qui repose sur le désar- cette façon, de contribuer à la prolifération d’étu- mement des groupes de rebelles hutus qui agis- des et d’échanges entre nos pays qui servent à sent en toute impunité au Nord-Kivu et au Sud- promouvoir la paix et les droits de l’homme.

88 Rwanda, París: L’Harmattan, 2003. Ouganda, Congo, du République Congo, du cratique Démo- République Burundi, Angola, : médiane que Mwayila: TSHIYEMBE, Afrique Centrale, París, L’Harmattan, 1999. en extraterritoriaux conflits et mouvantes REYNTJENS,Filip: cide. Columbia University Press, 1995. Gerard:PRUNIER, 2007”, 19dejuny, 2007. MONUC, Report Africa STRATEGYN°150 –Maig, 2009. , PEACEBUILDING A FOR Group: Crisis International cal Dialogue, N°53, Briefing Africa agost, 2008. InternationalGroup: Crisis lence and Repression in Burundi, 2009. Human Rights Watch: Pursuit of Power - the Story: Genocidein Rwanda”. Tell to None “Leave – Report Watch: Rights Human -París:Deux mille ans AUBIER, d’histoire 2000. Jean-Pierre: CHRETIEN, HRC/4/25/Add.3, 24deMaigdel2007. A/ Congo”, of Republic Democratic the to mission the on note Preliminary – Addendum lawyers: and ges jud- of independence the on Rapporteur Special the Unides,Nacions les Generalde Assemblea Bibliographie : Mnhy ua Rgt Assmn: May Assestment: Rights Human “Monthly Laguerre desgrands lacs : Alliances The RwandaThe Crisis: History of Geno- épltqe e ax n Afri- en paix de Géopolitique ’fiu ds rns as : Lacs Grands des L’Afrique Burundi:Restarting Politi - CONGO: FIVE PRIORITIES PRIORITIES FIVE CONGO: Political Vio- “Reportof Voir http://www.un.org/es/. Organisation desNations Unies. lone. Voir http://www.observatori.org/. de laFondation Solidarité del’Université deBarce- Observatoire desconflits etdesdroits del’homme Voir http://www.crisisgroup.org. International Group. Crisis Voir http://www.idhc.org/. Institut desDroits del’hommeCatalogne. Human Rights Watch. Voir http://www.hrw.org/es. Research. Voir http://hiik.de/en/index.html. Heidelberg Institute for International Conflict Voir http://www.es.amnesty.org/. Amnistie Internationale. (ACNUR). Voir http://www.acnur.org/. Agence des Nations Unies pour les Réfugiés Webgraphie :

89 Toni Jiménez Luque | La République Démocratique du Congo et la région des Grands Lacs d’Afrique : entre l’instabilité politique et l’espoir | Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique

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La situation des droits de l’homme en République Démocratique du Congo : une réalité dramatique

Dr. David Bondia Garcia Professeur titulaire de Droit international public de la Université de Barcelone

Directeur de l’Institut des Droits de l’homme de Catalogne Introduction des guerriers hutus rivaux du Rwanda et du Bu- rundi, des rebelles ougandais, des miliciens du Congo fidèles à Kinshasa... Depuis que Joseph Conrad a choisi le fleuve Congo pour nous transporter au cœur des té- Les haines ethniques historiques et d’impor- nèbres, cet État a été synonyme d’atrocité. Les tants intérêts économiques ont transformé la conflits qui y sévissent sont comme lesmatrioch - région des Grands Lacs en un champ de bataille kas russes : dans chacun d’eux, il y en a toujours sans trêve et, bien qu’il y ait encore des gens un autre. C’est ainsi qu’en plus des conflits entre que ne veulent pas le voir, même après les ac- les gouvernements de la région, il faut ajouter les cords de paix qui, en 2002, ont mis fin à quatre guerres civiles de chacun des États de la région, et ans de guerre civile sanglante. Les principaux dans chacun d’entre eux, il y a des guerres encore plus odieuses, comme celles qui ont lieu contre des opérations militaires contre la République Dé- les enfants, fréquemment enlevés pour servir mocratique du Congo sur le territoire de cette der- d’esclaves comme serviteurs ou dans guerres nière, en occupant l’Ituri et en apportant son soutien des milices, et les femmes et les enfants victimes militaire, logistique, économique et financier aux d’une violence sexuelle dont le degré dépasse forces irrégulières qui opéraient en territoire congo- quasiment tout ce qu’on peut imaginer. lais, a violé le principe d’abstention de l’usage de la force dans les relations internationales et le principe de non intervention ; Mais tout cela ne doit pas nous confondre et Déclare que, étant donné le comportement de ses for- nous pousser à penser que la cruauté extrême ces armées, qui ont commis des assassinats et réalisé est un produit autonome, car elle a été soigneu- des actes de torture et d’autres formes de traitements inhumains contre la population civile congolaise, ont sement cultivée pendant des dizaines d’années détruit des villages et des constructions civiles, n’ont d’exploitation, d’anarchie et d’impunité. L’origi- fait aucune distinction entre les objectifs civils et les ne de cette cruauté remonte à l’époque de la co- objectifs militaires et n’ont pas protégé la population lonisation du Congo, où tous les records en ma- civile dans les affrontements avec d’autres combat- tière d’aberration ont été battus, à une époque tants, ont soumis des enfants soldats à l’entraînement militaire, ont incité au conflit ethnique et n’ont adopté où les normes relatives aux droits de l’homme aucune mesure pour y mettre fin et n’ont pas adopté, étaient pratiquement inexistantes. comme puissance occupante, de mesures pour respec- ter et faire respecter les droits de l’homme et le droit Bien que les rivalités ethniques soient ances- international humanitaire dans la région de l’Ituri, la République d’Ouganda a enfreint les obligations qui trales dans l’ancienne République du Zaïre, les étaient les siennes en vertu de la réglementation in- tensions ont augmenté à partir de 1994, avec ternationale en matière de droits de l’homme et du l’arrivée de plus d’un million de réfugiés hutus droit international humanitaire. qui fuyaient la guerre civile et le génocide du Déclare que, pour les actes de pillage et d’exploita- Rwanda. Nombreux sont les groupes opposés tion des ressources naturelles congolaises commis par des membres des Forces armées ougandaises

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique aujourd’hui dans le secteur : les groupes rebel- sur le territoire de la République Démocratique du les du Mouvement congolais pour la démocra- Congo et pour ne pas avoir rempli les obligations tie (MDC) (MLC : Mouvement de Libération du qu’elle avait, en tant que Puissance occupante dans Congo), soutenus par le Rwanda et l’Ouganda1 ; la région de l’Ituri, d’empêcher les actes de pillage et d’exploitation des ressources naturelles congolaises, la République d’Ouganda a manqué à ses obliga- tions envers la République Démocratique du Congo 1| Ces soutiens et ingérences dans les affaires inter- en vertu du droit international ; nes de la RDC ont été relevés par la Cour interna- Déclara que la République d’Ouganda a l’obligation tionale de justice elle-même. Le 19 décembre 2005, vis-à-vis de la République Démocratique du Congo la Cour internationale de justice a rendu publique de réparer les préjudices causés”. sa sentence qui concernait l’affaire entre la Répu- M. Okello Oryem, Ministre d’État d’Ouganda char- blique Démocratique du Congo et la République gé des relations internationales, a annoncé qu’une d’Ouganda sur des “activités armées sur le territoi- équipe avait été formée pour négocier avec les re du Congo” (République Démocratique du Congo autorités congolaises les termes de l’indemnisa- c. Ouganda). tion financière que son État devrait payer à la Ré- Dans le dispositif de la sentence, la Cour internatio- publique Démocratique du Congo, conformément nale de justice : à ce qui a été établi par la sentence de la Cour inter- « Déclare que la République d’Ouganda, en menant nationale de justice du 19 décembre 2005.

92 leconflit dans la région de l’Ituri a provoqué au 1999, Depuis Gouvernement. le par contrôlées pays du zones les dans diamants de illégal ce commer- le par aussi maintenu conflit, le cent finan- qui ceux définitive, en sont, commerce, multinationalesles et lefont – seulsenles qui pas coltan,principauxdestinatairesmaisdu – Unis,l’Allemagne, États- KazakhstanleBelgique etla les que fait le sur insistent l’homme de et leur exploitation. Les organisationsnaturelles des richesses droits les distribuer se pour nisé orga - dûment commercial complexe un existe il gisements, des autour monde, du pauvres (RDC)apparaît comme une des nations les plus Alors que la République Démocratique du Congo diales de cemétaltrèsprisé. planète que se trouvent 80% des réserves mon- téléphones mobiles. C’est dans cet endroit de la de fabrication la pour nécessaire culièrement - parti et technologies nouvelles des secteur le dans utilisé métal un tantalite), et (colombite coltan du l’existence de raison en rexploitée su- récemment été a qui et d’uraniumpétrole, de d’or, diamants, de gisements d’importants aveczone d’une s’agit minérales.Il ressources abondantesaux secteur ce decontrôle le pour tribaux massacres de et brutauxfrontements d’af- scène la été ont qui Kivu du et l’Ituri de foyersviolencetrouventde se régionslesdans environs.Après le massacre en juin 2004 d’une ses et Bunia de zone la populationdanscivile la de protection la assurer pour MONUC la de militaires 000 45 déploie- de 2003, novembre le en ment, après même produire, se à nuent conti- qui permanents l’homme de droits des violations et affrontements les signalent rain sations internationales qui travaillent sur le ter- organi - lors,les Depuis 2006. juillet 30 dutions ledans but lestabiliser de pays élecdes vue en - juin, 30 le légalementétabli été a nationalequi d’unité gouvernement d’un formation la de En avril 2003, les factions opposées ont convenu da, défenseursdesrebelles. Laurent Désiré Kabila ; et l’Ouganda et le Rwan- Président, alors était qui celui soutenu ont qui Namibie, la et Zimbabwe l’Angola,le pays: voisins autres six impliqué aussi a qui et civils des étaient plupart la dont personnes de lions mil- trois de plus morts sont laquelle pendant d’Afrique”,mondiale guerre “Première de nom tion ont mis fin au conflit qui est connu sous le transigouvernement- de d’un création la pour et le Rwanda et le pacte interne du 17 décembre Le cessez-le-feu signé l’été 2002 avec l’Ouganda chiffres d’Amnistie internationale. les selon internes, déplacés de ou réfugiés de million demi d’un plus et morts 000 50 moins 93 Dr. David Bondia Garcia | La situation des droits de l’homme en République Démocratique du Congo : une réalité dramatique centaine de civils au nord-est de l’Ituri, l’instabi- judiciaire indépendant et le manque de contrôle lité s’est à nouveau manifestée dans la région. du pouvoir judiciaire sur les décisions du pou- voir exécutif sont également lamentables. Il Le passé du Congo peut nous sembler lointain, faut également ajouter les problèmes engen- mais ce n’est pas le cas de son présent. En oc- drés par l’insécurité, la situation des femmes tobre 2008, la démission du général Díez de et des enfants, le trafic et l’exploitation illicite Villegas, l’Espagnol qui commandait le contin- des ressources naturelles et d’autres attentats gent de 17000 casques bleus au Congo, trois se- contre les droits fondamentaux, dans d’autres maines seulement après avoir pris la direction domaines. En définitive, le drame des réfugiés de la mission, a énormément surpris. Plusieurs et des déplacés, la présence de groupes armés, jours après sa démission, l’offensive des milices l’exploitation des ressources naturelles, le trafic tutsies de celui qui s’est autoproclamé général d’armes et le recrutement des enfants soldats, Laurent N’kunda a entraîné l’exode de 250 000 sont certains des facteurs qui font douter de la personnes et une aggravation des atrocités viabilité d’un processus de paix réel et effectif. contre la population civile2.

La situation des droits de l’homme continue à être très préoccupante sur tout le territoire de la République Démocratique du Congo, en par- 1. La réalité dramatique des droits de ticulier dans les régions orientales (Ituri, Nord l’homme en République Démocratique Kivu et Sud Kivu) et au nord du Katanga, où les du Congo. milices et d’autres groupes rebelles, nationaux et étrangers, de même que les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) La réalité dramatique de la situation des droits et les Maï Maï, commettent en toute impunité de l’homme en République Démocratique du des abus et d’autres violations massives des Congo ne permet pas de signaler, dans un ar- droits de l’homme. Le massacre de la popu- ticle de longueur réduite, toutes les violations lation civile, le pillage, le viol massif de nom- qui se produisent quotidiennement. Nous breuses femmes et enfants et les exécutions nous pencherons sur certains cas qui peuvent sommaires, entre autres, ont mis à l’épreuve les horrifier d’un point de vue occidental, mais qui efforts réalisés par le gouvernement de transi- montrent aussi clairement le manque de colla- tion nationale pour améliorer la situation. boration et une omission de la responsabilité de protéger que la Communauté internationa- Parmi les principaux problèmes, on peut consta- le devrait assumer en application du principe ter le manque de consensus dans la gestion du respect de la dignité humaine partout dans commune de la période de transition, de même le monde.

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique que la dégradation continue de l’ordre en Ituri (province orientale) en raison des attaques répé- L’insécurité continue est la toile de fond de la tées des milices armées. L’absence d’un pouvoir violation des droits de l’homme en République Démocratique du Congo. L’insécurité est grande et acquiert de l’importance à Kinshasa et dans 2| La mission des Nations Unies (MONUC) a été dé- bordée, incapable de contenir les massacres. À toute la République Démocratique du Congo ; certains endroits comme Kiwanja il a été docu- il est signalé tous les jours un assassinat, une menté l’assassinat d’environ 160 civils désarmés agression, un vol à main armée, des viols de fem- par les milices tutsies aux abords de la base des mes et d’enfants, etc. En 2005, le bureau du Haut casques bleus pakistanais. Quelques jours plus tard, en novembre 2008, le Conseil de sécurité a Commissariat pour les droits de l’homme et la approuvé le déploiement de 3000 nouveaux cas- Division des droits de l’homme de la MONUC ont ques bleus, mais tout le monde, Europe comprise, recueilli de nombreuses données sur la violation a regardé ailleurs. Bien que le général N’kunda ait massive des droits de l’homme dans to ut le pays, été arrêté, son second, Bosco Ntaganda, recherché par la Cour pénale internationale pour des crimes et différents attentats contre la vie. Cette situa- comme celui de Kiwanja, a pris le commande- tion d’insécurité entraîne de graves violations, ment des milices tutsies. parmi lesquelles on peut remarquer :

94 dégradation économique dans laquelle se se laquelle du Congo Démocratique République trouve la dans économique de dégradation et d’instabilité conjoncture la de en raison rues des enfants des situation combat- la et tants comme mineurs de L’enrôlement rues. b) Le cas des enfants soldats et des enfants des “qualification sexuelle transmissible”. la appellequ’on ce c’est: étudiants des et ves élè- des contre universitaire et scolaire milieu violenced’autressexuelledeen formesvoiret pou- du inapproprié l’usage d’autorité, l’abus d’influences, trafic le constaté également a On Congo, surtout au SudKivu DémocratiqueduRépublique“médiateurs” en de prolifération la à contribue cela Tout mal. violence contre les femmes comme un fait nor- la perceptioncultured’unepatriarcalede laet de prééminence la de raison en judiciaire, nel person- le dans femmes proportionfaiblede la à dû est Cela res- locaux. administratifs ponsables des ou sous traditionnels chefs ou des demande l’autorité la à l’amiable à résolues sont qui nombreuses sont dénonciations Les sables deshommesarmés. respon- généralement sont dont sexuels ment viols, de cas différents harcèle de - sur et d’abus l’accentmettent 2005 en publiés HCNUDH du et MONUC la de rapports Différents tendues. l’est de régions les dans surtout pays, le tout Lescas de violence sexuelle se produisent dans action, par soit paromission. soit milices, des et armées forces nationale,police la trouvede des membres des collectives.impliqués,onprésumés et Comme individuellesviolences de victimes sont neurs mi- des et détenues personnes des femmesenceintes, Des impunité. absolue plus la dans multiplient se sexuelle violence de actes Les a) Lasituation desfemmesetenfants. 3| normalisé (ODHNU). médical certificat d’un l’adoption à grâce légale, médico - du preuve la obtenir pu a ministration l’ad- que souligner faut il positif, aspect Comme 3 . - partici une enregistré avaitété qu’il indiqué a référendum, du déroulement le sur presse de conférence d’une lors indépendante, torale élec- Commission La assesseurs. trois et taire - secré un président, un : membres cinq nait votecompreprésenté.bureau- de Chaqueété ou avait leur qui pour constitution de projet voter le contre pour urnes aux appelés été ont Congolais les 2005, décembre 18 le Ainsi, pales et locales (en1963, 1964, 1965, etc.). (en 1960 et 1965) et plusieurs élections munici- provinciales législatives élections deux 1987), et 1982 1977,1965, 1960, (en nationaleslatives légis- élections cinq 1984), et 1977 1970, 1960, et en 1967), quatre élections présidentielles (en 1964 (en constitutionnels référendums deux connu a Congo du Démocratique la République indépendante, vie de ans 45 pendant que signaler de convient Il nationale. vie la régira qui constitution de projet du majorité grande une par l’approbation RDC, en droit de l’État de reconstruction la pour important très fait un produits’est il 2005 qu’en souligner faut Il du Congo. Démocratique République en racine pris aient démocratiques valeurs les que dire pas peut ne conditions,on ces Dans l’homme. de droits des défenseurs de et journalistes de illégales détentions des et politiques opposants des manifestations et des violente répression une intolérance, nette une existe Il changement. de élan un créé pas n’a cela mais d’élections, avectenue la historique fait s’estproduitun Il c) L’exercice desdroits civils etpolitiques. est l’avenir du pays etdu monde. qui l’enfance sauvegarder pour ternationale et d’obtenir le concours de la communauté in- pératifd’éveiller toutde le pays conscience la im- semble Il sorcellerie. de accusés et sacres mas- de victimes rues, les dans abandonnés armés, conflits les dans utilisés sont enfants domaines les effet, En compte. en pris différents être devraient qui recouvre et limites de pas n’a Congo du Démocratique République en dramatique situation La d’incertitude. gré de- hautplus le éveiller doit enfants les tend at - qui sort Le dénoncés. été fois maintes ont 95 Dr. David Bondia Garcia | La situation des droits de l’homme en République Démocratique du Congo : une réalité dramatique pation d’au moins 60%, un taux considérable, la même façon, le droit au logement, le droit à dans 8 des 11 provinces de l’État. De l’avis de l’alimentation et un niveau de vie digne, sont, la plupart des observateurs et de la commu- pour le moment, inaccessibles. nauté internationale, les élections se sont dé- roulées sans gros problèmes. Néanmoins, des déficiences et des limitations déterminées4 e) La situation des déplacés internes et des ré- ont été signalées. fugiés.

Le 11 janvier 2006, la Commission électorale in- En République Démocratique du Congo, il y a dépendante a publié les résultats définitifs du 6 millions de déplacés internes, répartis dans référendum constitutionnel : 61,97% des 25 021 tout le pays, avec une prédominance des grou- 703 électeurs recensés ont participé aux élec- pes vulnérables : les enfants, les femmes et les tions et 83,31% ont voté pour, alors que 15,69% personnes âgées. De nombreux réfugiés ont fui seulement ont voté contre. À l’exception de la région orientale où les FARDC et les groupes quelques incidents lamentables, le référendum armés s’affrontent. s’est déroulé, selon les différents observateurs, sans trop de problèmes. L’Union européenne, Différents faits indiquent que l’état de lasé- par l’intermédiaire de son Commissaire au curité empire. Une attaque des FARDC contre Développement et à l’Aide humanitaire – M. le chef maï maï, “Commandant Gédéon”, a en- Louis Michel – a exprimé sa satisfaction de- traîné la fuite et le déplacement de plus de 160 vant la mobilisation et la participation de la 000 personnes au Katanga du nord ; cette po- population au référendum constitutionnel. Il pulation est en situation d’absolue dénutrition faut signaler que plus de 80 000 soldats et plus et de traumatisme psychique ; elle ne reçoit de 70% des effectifs militaires de la MONUC se aucune aide humanitaire. sont mobilisés pour l’occasion. Le 27 décembre 2005, à l’Office de coordination des affaires humanitaires (OCAH) de la Répu- d) La garantie des droits économiques, so- blique Démocratique du Congo, il a été signalé ciaux et culturels. le déplacement de plus de 10 000 civils qui fuyaient le pillage et la violence des opérations Étant donné la situation d’instabilité socioé- conjointes des FARDC et de la MONUC contre conomique en République Démocratique du les rebelles des Forces démocratiques alliées Congo, il est difficile de pouvoir garantir les (ADF) au Nord Kivu ; selon le porte-parole de droits économiques, sociaux et culturels. Dans l’OCAH, il a été enregistré un total de 28 000 ce domaine, il est de plus en plus nécessaire de familles déplacées, dont 600 à Eringeti, 516 à revoir les contrats sur l’exploitation des ressour- Kokola, 337 à Mayi Moya, 88 à Mukoko et 358

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique ces naturelles, en raison de la mauvaise gestion à Oicha. du secteur. Un autre droit touché est le droit à l’enseignement de base, car de nombreux en- Le Programme mondial des aliments (PMA) en fants n’ont pas un accès aux écoles garanti. De Zambie a signalé que plus de 82 000 réfugiés congolais et angolais qui résidaient en Zambie couraient le risque de souffrir de dénutrition 4| En particulier : a) L’ouverture tardive de différents grave en 2006. bureaux de vote, souvent pour des raisons de sé- curité ; b) La nouvelle de la mort de dizaines de Selon le Bureau du HCNUR à Kinshasa, la Ré- personnes en raison des émeutes de Rutshuru, au Nord Kivu, au bureau de vote lui-même ; c) publique Démocratique du Congo occupe le L’agression contre la présidente d’un bureau de troisième rang mondial comme pays d’ori- vote à Mbuji-Mayi, au Kasaï oriental ; d) L’absence gine des réfugiés, avec 462 200 personnes, d’observateurs dans différents bureaux de vote de derrière le Soudan (730 600) et l’Afghanistan Tshela, au Bas Congo ; e) La détention de personnes en possession de faux bulletins de vote ; f) La non (2 084 900). Selon le HCNUR, il reste 150 000 participation aux élections, par manque de sécu- réfugiés congolais en République unie de rité, de trois villages de Buthue, au Nord Kivu. Tanzanie.

96 5| en la à Ituri, patriotique résistance de Forces des chef Germainde et Katanga,- milice la de chef cien an- – Lubanga Thomas de transfert le signaler de exemple, par convient, Il déterminés. nes domai- des dans faits été ont progrès timides suspectées d’avoir commis de tels actes. Il faut personnes dire que de les fonctions destituer leurs de de possible pas donc n’est qu’il et aucuna n’y faitqu’il correctionde mécanisme forces armées, se sont produites. Cela est dû au droits del’homme, surtout, dansle secteurdes des gravesviolations de auteurs présumés de promotions des ou nominations des que fait le sur l’accent mis été a Il empiré. a situation domaine réalisés,ontété progrès de aupeu contraire, la ce dans que dire faut Il l’impunité. prioritésses serade une où sens la le dans engagé,s’est Kabila, Joseph Congo,du Démocratique République la de Président Le L’impunitéf) etl’Administration delajustice. dela milice, qui aentraîné plus de 6000 morts et chef ancien Lubanga, Thomas contre cause une est première la : cours en sont causes deux nale, internatio- pénale Cour la devant Actuellement, Cour pénale internationalepénale Cour luttecontre 5 . On peut On . la hiérarchie politique etmilitaire. à l’action de la justice dérivées de l’ingérence de Congo –. Cela obéit aux obstructions fréquentes Constitution la de de la 152 République l’article Démocratique à contraire du est qui fait un – tribunauxcivilsles compétencesur leur ment systématique - des affirmer inquiétante à militaires tendance tribunaux la signaler faut il ailleurs, Par paralysés. sont cours en procès et impunitéune flagrante. nombreux De dossiers impliquequi fait procès,un simulacresde des l’objet d’aucune investigation et où il se produit lesviolationsoù desdroitsl’homme de font ne situationLaKivuNord alarmanteauvécueest et 2003. international1993 duhumanitaireDroit entre et l’homme de droits des international Droit éta- gravesviolationsdu pour des cartographie une blir l’homme de droits les pour Unies Nations des Commissariat Haut du l’Équipe de déploiement au référence faire également me cause concerneGermain Katanga. deuxiè- La hostilités. aux participer pour soldats d’enfantsrecrutement le sur fondée cipalement des milliers de déplacés en Ituri. La cause est - prin 97 Dr. David Bondia Garcia | La situation des droits de l’homme en République Démocratique du Congo : une réalité dramatique En ce qui concerne le système judiciaire, il est 2. La constatation de la réalité sur la caractérisé par sa corruption systématique, situation des droits de l’homme en dans laquelle l’indépendance et la capacité des République Démocratique du Congo. juges est menacée par les faibles moyens fi- nanciers qui leur sont consacrés. Cela entraîne une situation claire d’insuffisance de moyens Bien que la République Démocratique du dans le pouvoir judiciaire qui implique des Congo ait présenté son rapport national au conditions de travail précaires pour l’ensem- Conseil des droits de l’homme conformément ble du personnel judiciaire. Il faut dire que seul aux dispositions de l’article 15 a) de l’annexe de 0,75% des dépenses publiques est destiné aux la Résolution 5/ 1 de ce même Conseil6, il n’y a infrastructures du pouvoir judiciaire. pas encore eu de réponse de la part du Conseil pour mettre en évidence le fantastique rapport Une autre des anomalies constatées repose sur sur la situation des droits de l’homme sur son l’utilisation de la Constitution pour réduire la territoire élaboré par le gouvernement de la Ré- capacité d’action du pouvoir judiciaire. Cette publique Démocratique du Congo. Néanmoins, dénonciation a également été faite et réitérée la constatation de la réalité existante apparaît par M. Leandro Despouy – Rapporteur spécial dans les observations finales faites par le Co- sur l’indépendance des juges et des avocats –. mité des droits de l’homme 7, en 2006, car la La pratique qui consiste à révoquer et à nom- situation n’a pas beaucoup changé ces trois mer des magistrats sur la recommandation du dernières années. Conseil supérieur de la magistrature (non en- core constitué) est courante. Dans ces observations finales, le fait que la RDC ait décidé, après plus de 15 ans, de reprendre le Même si l’acceptation de la compétence de la dialogue avec le Comité et donc de présenter Cour pénale internationale suppose une tenta- son troisième rapport périodique, a été accueilli tive louable de lutter contre l’impunité qui do- avec une satisfaction particulière. Le manque mine toutes les structures de l’État pour faire de présentation des rapports pertinents, pen- face aux graves violations du Droit internatio- dant un laps de temps aussi long, constitue en nal des droits de l’homme et du Droit interna- lui-même, de l’avis du Comité, un manquement tional humanitaire, il faut tenir compte du fait aux obligations assumées par la RDC conformé- que la Cour pénale internationale ne peut pas ment à l’article 40 du Pacte international rela- s’occuper de tous les crimes et violations, car tif aux droits civils et politiques, constituant un elle n’est compétente que depuis juillet 2002, obstacle pour une réflexion plus approfondie date à laquelle est entré en vigueur son statut. sur les mesures qui doivent être adoptées pour garantir une application satisfaisante des dis- En ce qui concerne les dénonciations de viola- positions du Pacte.

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique tions d’avant le mois de juillet 2002, il existe la proposition de l’établissement d’un tribunal in- Le Comité a reçu avec satisfaction les infor- ternational spécial pour la République Démocra- mations fournies sur l’évolution politique et tique du Congo, pour connaître les crimes com- constitutionnelle de l’État, de même que sur mis depuis 1993, année à partir de laquelle les l’évolution du régime constitutionnel et de la Nations Unies ont recueilli des informations et législation depuis 2002. Le même Comité a pris de la documentation sur des infractions graves. note de la mention faite par l’État sur la com- plexité des communications et les difficultés Une autre proposition consisterait à créer propres aux régions de l’est de l’État en raison des chambres pénales mixtes attachées aux du manque de contrôle effectif du gouverne- cours d’appel internes, pour juger les person- nes responsables d’actes de génocide d’autres violations graves commises en République 6| NATIONS UNIES : A/HRC/WG.6/5/COG/1, du 23 Démocratique du Congo ou par un national février 2009. de la République Démocratique du Congo sur 7| NATIONS UNIES : CCPR/C/COD/CO/3, du 26 avril d’autres territoires. 2006.

98 rme e omto ds aitas t des et magistrats des formation de gramme pro- le améliorer et continuer doit RDC la que donc estime Comité Le Pacte. du dispositions les et pays du parties certaines dans vigueur en encore est qui coutumier droit le entre compatibilité- la sur précise d’information reçu pas n’avoir de regrette devant Je nationale. justice la directement invoqué parfois, l’est il être,y peut PIDCP le que et lois les sur priment internationaux traités les Constitution, la de 215 l’article à que,conformémentobserve mité Co- Le recommandations. les et préoccupation de motifsprincipaux les sur l’accentaussi tent Comme de raison, ces observations finales d’autres institutions delaRépublique. indépendante RDC, en l’homme de droits des promotion la de et protection la de institution,unenationale l’homme chargéede droitsl’Observatoirenationaldes de 2004, juin 30 du 04/019,numéro Loi la moyennanttion, égalementaccueille Il avec - satisfaction créa la nale internationale. immunitésles et privilègeslespé- sur Cour la de juridique national et ratifie et applique l’Accord du ration RDC approuve le projet de loi relatif à l’incorpo- la que aussi demande Il 2004. avril 19 le RDC demandéeà la Cour par le gouvernement de la l’investigationinternationale,de cadre le dans coopération de l’État partie avec la Cour pénale tenues au printemps 2006. Il remarque aussi la ve des premières élections générales qui se sont la perspecti- la et 2006 février de 18 duConstitution vigueur en l’entrée 2002, décembre 17 du Pretoria l’Accordde de signature la depuis transitionfaisantela de Démocratique RDC en satis- vision la principalement sont Comité le Lesaspects positifs rapportcede soulignés par avec toutes les obligations quiendécoulent. RDC, la par ratifié l’homme de droits les concernant comme celles de tout autre traité international politiques, et civils droits aux relatif national inter- Pacte dudispositions les que vernement ment 8| Sécurité. de Conseil du (2003) 1493 résolution en la armes de vertu les sur embargo un subit qui Région s’appliquent à la totalité de son territoire, son de totalité la à s’appliquent 8 . Néanmoins, le Comité rappelle au gou- au rappelle Comité le Néanmoins,. à l’ordonnancementà Rome de Statut met- 9| de l’hommequiont étératifiés parlaRDC droits aux internationauxrelatifs instruments fonctions,surle contenu du Pacte etdesautres avocats,comprisy ceux qui exercent déjà leurs ’tt ate ot dpe ls eue appro- mesures les adopter doit partie L’État souvent connue 2du (article Pacte). l’identité des responsables de ces violations est siRDC, même la de territoire le sur l’homme de droits des nombreuses et graves violations des continuentcommiseset été ontl’être, à laquelle avec l’impunité préoccupation, avec constate, Comité le l’homme, de droits des violations de responsables les contre menées pénales tions Malgré l’information fournie sur différentes ac- une coopération plus effective avec le Comité. d’obtenir et Comité du recommandations des d’application possibles modalités des miner d’exabut- le dans jugements, des suivi le pour Comitédu spécial Rapporteur suividu de sion ment.L’État mis- une aussidoitaccepter partie précédemment citées et l’informer immédiate- affaires les dans Comité le par formuléestions recommanda- les appliquer doit partie L’État lezí)]. ( (Kanana542/1993), 366/1989 numéros affaires Pacte [comme, en particulier, les jugements des dans le cadre du Premier protocole facultatif du nombreuxjugementsnuesde dansapprouvés conte- réitérées recommandations des l’appli- cation concerne qui ce en fait rien n’a l’État tions ; néanmoins, le Comité reste soucieux, car raison de la suspension arbitraire de leurs fonc- fession et qu’ils ont reçu une indemnisation en pourront à nouveau exercer librement leur pro - munication numéro 933/200 (Busyo et d’autres) com- la auteursde juges les que fait le sur tion l’informa- satisfactionavec observe Comité Le N’Goya), 641/1995 ( Gedumbe) et 962/2001 (Mu- des tribunaux dedroit coutumier. fonctionnementle surexplications des données soient que et Pacte du dispositions les invoqué auront tribunaux les lesquelles dans concrets causes des exemples des mentionnés Pacte, soient le que dans stipulées l’homme de droits des violations de cas en particuliers des disposition la à effectives mises ressources les sur présentée périodique une information plus détaillée lui soit Le Comité demande que dans le prochain rapport 9 . 99 Dr. David Bondia Garcia | La situation des droits de l’homme en République Démocratique du Congo : une réalité dramatique priées pour garantir que toutes les dénoncia- police et par la sensibilisation et la formation tions de violations des droits de l’homme por- de ses agents. tées à sa connaissance fassent l’objet d’une investigation pour que les responsables de ces Bien qu’il soit stipulé, selon l’article 15 de la violations soient jugés et punis. Constitution, que les autorités publiques doivent veiller à l’élimination de la violence Le Comité observe avec préoccupation une pra- sexuelle, le Comité est préoccupé par le nom- tique persistante de discrimination contre la bre d’actes de violence graves, y compris les femme, dans les domaines de l’éducation, l’éga- actes de violence sexuelle et les nombreux épi- lité des droits des conjoints au sein du mariage sodes de viol dont sont victimes les femmes et et la gestion des biens de la famille. Le Comité les enfants dans les zones de conflit armé. Le signale surtout la RDC, en particulier, son Ob- Comité observe aussi les dénonciations selon servation générale numéro 28 (2000) relative lesquelles les fonctionnaires de l’opération de à l’égalité des droits entre les hommes et les maintien de la paix en RDC (MONUC) auraient femmes. Le Comité exprime sa préoccupation commis des actes de violence sexuelle (articles pour le fait que l’État lui-même admet que les 3, 6 et 7 du Pacte). femmes ne jouissent pas de leurs droits en tou- te égalité avec les hommes en matière de par- L’État partie doit adopter les mesures nécessaires ticipation politique et d’accès à l’éducation et à pour renforcer sa capacité en vue de garantir la l’emploi (articles 3, 25 et 26 du Pacte). protection de la population civile dans les zones de conflit armé et, en particulier, des femmes et Dans ce sens, l’État partie doit, en premier lieu, des enfants. Il doit communiquer les directives accélérer l’adaptation du Code de la Famille pertinentes à tous les membres des forces armées aux instruments juridiques internationaux et de l’État partie et ils devront suivre des cours de surtout aux articles 3, 23 et 26 du Pacte, en parti- formation obligatoires sur les droits de l’homme. culier, pour ce qui fait référence aux droits res- L’État partie doit insister pour que les États qui pectifs des conjoints au sein du mariage et à la participent à la MONUC dont sont originaires quasi-impunité du mariage forcé. Et, en deuxiè- les fonctionnaires qui ont commis des actes de me lieu, il doit faire un plus gros effort pour en- violence sexuelle, procèdent à des enquêtes et courager la participation politique et l’accès de adoptent les mesures qui correspondent. la femme à l’éducation et à l’emploi10. Le Comité est toujours préoccupé par le taux Le Comité est préoccupé par les dénonciations élevé de mortalité des mères et des enfants en relatives à la violence domestique en RDC et RDC, dû, en particulier, au faible niveau d’accès par les défaillances des autorités publiques en aux services de santé et de planification fami- ce qui concerne le jugement pénal de ces actes liale et au bas niveau d’instruction. L’État doit

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique et la protection des victimes. Le Comité rappelle garantir une meilleure formation du personnel que la spécificité de ces actes de violence néces- sanitaire. site la promulgation d’une législation spéciale (articles 3 et 7 du Pacte). Le Comité est aussi préoccupé par le nombre élevé, sur tout le territoire de l’État, des dispari- L’État partie doit adopter le projet de loi qui in- tions forcées ou des exécutions sommaires et/ou terdit et sanctionne la violence domestique et arbitraires, commises par les groupes en conflit. sexuelle. Il doit également établir un régime Ces actes de violence provoquent aussi des adéquat de protection des victimes. L’État doit mouvements massifs de populations touchées s’engager à juger et à punir ces actes de vio- et contribuent à augmenter constamment le lence, en particulier, par la communication de nombre de déplacés, surtout dans les provinces directives claires dans ce sens à ses services de de l’Ituri, du Kivu septentrional et méridional et du Katanga (articles 6, 7 et 9 du Pacte). 10| L’État partie devra, dans son prochain rapport, communiquer au Comité les mesures adoptées et L’État partie doit enquêter sur tous les actes les résultats obtenus. de disparition forcée ou d’exécution arbitrai-

100 également dans l’armée régulière (article 8 du 8 (article régulière l’armée dans également mesure, moindre une dans que bien et, mées ar- milices les dans enfants nombreux de forcé ou économique, de même que par l’enrôlement fants la par préoccupé reste Comité Le tocole facultatif du Pacte. peine capitale et qu’il adhère au Deuxième pro- la supprime qu’il l’État à demande Comité 2001. Le et 1997 entre exécutions des précis bre nom- le et militaire Tribunal l’ancien par cées mations sur les condamnations à mort pronon- recevoirsouhaiteComité plus amplesinfor- de graves.Le plus les délits qu’aux s’applique ne L’Étatmort garantirdoitdepeinepartie la que des exécutions. de personnes, de même que la suspension, indéterminé en 2002, du moratoire nombre un prononcéeestmortlesquelspeine contrede la surtout devant l’ancien Tribunal militaire, dans procès, de nombre le par préoccupé reste mité Co- le mort, de peine la de l’abolition de veur fa- en prononce se 2001, juin en adoptée RDC, l’hommeCharteladroits desdeladequeBien adéquate. une indemnisation y compris effective, ration répa- recevoirdevrontune victimes Les doit. se il commepunis et devrontjugés actesêtre ces dénonciationsdetorture etles responsables de re comme délit. Il faudra enquêter sur toutes les - tortu la de typifier sible,concept “torture”et le L’État partie doit définir, le plus rapidement pos- sur le national territoire 7du (article Pacte). opèrentqui rebellesgroupes les et armées ces sécurité,for- de les judiciaire,services police les més commis, en particulier, présu- par des agents de la torture de actes nombreux de ciations dénon- les préoccupationavec aussi observe Il n’ait pas été incorporée au Code pénal de la RDC. Le Comité déplore qu’une définition de la torture contenir le phénomènedu déplacement forcé. ment invité à renforcer les mesures destinées à tion adéquate (articles 6, 7 et 9). L’État est égale- réparationeffective, indemnisa- une compris y une famille leur à ou victimes aux concéder et actes ces de responsables les punir doit se il et comme juger connaissance, aura il dont re , surtout à des fins d’exploitationfins des, surtoutà sexuelle traite des en- des traite nes de justice militaire et par l’absence de garan- de l’absence par et militaire justice de nes Le Comité est préoccupé par le maintien des orga- totale de conditions d’hygiène. goriesde reclus ou de cellules, il y a une absence n’y a pas de séparation entre les différentes caté- appropriée,d’assistancepasa n’y il médicale, il le traitement des reclus : l’alimentation n’est pas loin de respecter les règles minimales concernant réclusion sont précaires. Ces établissements sont est lamentable et inhumaine et les conditions de ritoire de la République Démocratique duter- le Congotout sur prisons des situation La l’État. de pénitentiaires établissements des dernisation alimentation appropriée. Il faut procéder à la mo- recluslesreçoivent que reclus et des tement une Nationsminimalesdes concernanttrai leUnies - airesdu pays soient compatibles avec les Règles pénitenti- établissements les dans détention de conditionslesque L’État ce veillerdoitpartieà ou centres dedétention nonautorisés. donc fermer le plus rapidement possible les lieux avocat ou leurs parents (article 9 du Pacte). communiquer un avec détenus de souventIl les faut lieux non autorisés ou secrets, et empêchent très et militaire ont recours à des détentions dans cupationdes parce que les services préoc- de sa sécurité aussi civile signale Comité Le délai. ce coup beau- de dépasse qu’elle fréquent est il heures, 48 dépasser pas doit ne judiciaire intervention cet ordre et, même si la détention provisoire détentions des soientréalisées que sansquentsans fré- est il public, ministère du ordre sur réalisée être doive détention la que Bien norme. la être la procédure pénale, de Code du 28 et Constitution la de l’exceptiondispositionslesselonarticles 17des soit ce que bien que, constate aussi Comité Le 11| éliminer cesphénomènes pour efforts ses poursuivre doit L’État Pacte). enfants soldats (CONADER). réintégration des de et démobilisationde tionale na- Commission activitésla des de renforcement lesvictimes, entre autres mesures, moyennant le protéger et réhabiliter pour et armées forces les dans l’enrôlement mineurs à de fin mettre de et enfantstraitedes laresponsables lesdejuger de les mesures adoptées par les autorités dans le but concernant l’information toute figure riodique, pé- rapport prochain le dans que, demandé est Il ebe plutôt semble préventive détention 11 . 101 Dr. David Bondia Garcia | La situation des droits de l’homme en République Démocratique du Congo : une réalité dramatique ties de jugement impartial dans les actions de ces res ont pour objet, dans la plupart des cas, de faire tribunaux. Le nombre manifestement insuffisant obstacle à l’exercice légitime des activités profes- de magistrats en exercice en RDC est également sionnelles de ces représentants des moyens de préoccupant, de même que leur faible rémuné- communication (article 19 du Pacte). ration et la corruption qui en est la conséquence. Le faible nombre de magistrats contribue au dé- Le Comité est préoccupé, car de nombreux dé- veloppement de la délinquance et crée une situa- fenseurs des droits de l’homme ne peuvent pas tion caractérisée par le manque de jugement des exercer leurs activités sans difficultés, car ils actes délictueux (article 14 du Pacte). font l’objet d’actes d’intimidation, leurs décla- rations sont interdites et ils sont même arrêtés Il est donc demandé à l’État partie qu’il sup- ou détenus arbitrairement par les services de

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique prime la juridiction militaire pour les délits sécurité (articles 9, 21 et 22 du Pacte). communs. Il faut réprimer la corruption du pouvoir judiciaire, nommer et former un nom- Une autre préoccupation du Comité est la si- bre suffisant de magistrats qui permettent de tuation de milliers d’enfants des rues, sans pa- garantir une administration de la justice adé- rents, puisqu’ils sont morts, soit dans un conflit quate sur tout le territoire de la République, de armé, soit du SIDA. Ces enfants sont souvent lutter contre la délinquance et l’impunité, et victimes d’abus de la part des fonctionnaires d’attribuer des fonds budgétaires suffisants à de police ou sont exploités à des fins sexuelles l’Administration de la justice. (article 24 du Pacte).

On observe aussi avec préoccupation que de L’État partie doit augmenter et améliorer le nombreux journalistes ont été jugés pour dif- programme de garde des mineurs sans famille, famation ou ont été victimes de pressions, d’in- en particulier par l’intermédiaire des organis- timidation, d’actes d’agression, de privation de mes publics. Il devra également punir tous les liberté ou de mauvais traitements de la part des agents déclarés coupables de mauvais traite- autorités de l’État. De l’avis du Comité, ces mesu- ments contre ces mineurs.

102 Pacte). du 27 (article Pygmées les particulier l’État,en de minorités différentes souffrent dont cution persé- la parfois,et, discrimination la lisation, margina- la par préoccupé est Comité le rités, mino- des l’identité et ethniques groupes différents des de conservation de vernementale politiqueservationsgou- la sur l’Étatpartie de ob- des compte tenant en même Finalement, àlanaissance.été inscrits les adultes et les enfants plus âgés qui n’ont pas efficace registresde d’état civil,y compris pour système un cas, les selon créer, ou améliorer pour adéquates mesures des adopter à nuer conti- L’ÉtatPacte).doit du b) 25 et 2, alinéa 24, 16, (articles localités certaines dans civil d’état registre de l’absence même voirepartie, l’État de civil d’état registres très de système du l’efficacité limitée par préoccupé est Comité Le 12| est nécessaire Démocratiquedu considéranten – Congo qu’il République en l’homme de droits des tuation si- la sur indépendant expert – Pacéré Frédéric nous commencer, partageons les initiatives proposées par Tinga pour sont mais, nécessaires nombreuses, mesures Les l’homme. de droits des garantiedéveloppement, ni ni paix, démocratie,ni aurani n’y droit,il de État sans ; Congo du Démocratique République en droit de de l’État la reconstruction pour efforts les Pour sortir de cette situation, il faut encourager l’homme. de droits les pour Comité le dont Unies, tions Na- des organes différents les par constatée été également a Congo du Démocratique que Républi- en l’homme de droits des réitérées et gravesviolationsles civile, concernant société constater la de partie une pu par situationdénoncée la que avons nous écrit, bref ce Dans 3. Considérations finales. 2006. février 15 E/CN.4/2006/113, du : UNIES NATIONS 12 : 6) que le Ministre des Affaires Étrangères, le Étrangères, Affaires des Ministre le que 6) 5) de promouvoir, au niveau du gouvernement, pendant publiques libertés les respecter de 4) auprèsl’ordred’insister de 3) services des pour Com- la et l’Intérieur de Ministère le que 2) désarmement de procédure la d’accélérer 1) processus de retour des déplacés internes et desréfugiés. internes déplacés le des retour accélèrent de processus (HCNUR) Réfugiés les pour Unies Nations des Commissariat Haut du Bureau le et (HCNUDH) l’homme de les Droits pour Unies Nations des Commissariat Haut le du Bureau le pour (PNUD), développement Unies Nations des Programme le avec collaboration en l’Intérieur, de Mi- nistre le et l’homme de Droits des Ministre ; pendance financière diciaire d’un budget qui garantisse son indé- ju- l’appareil doter de magistrature,et la de supérieur Conseil du fonctionnement le et l’organisationsur Loi la que même de trats, magis- des statut le sur Loi la réformant en particulier en justice, la de l’indépendance l’indépendance de la magistrature, d’assurer lice ; po- la de payeet militairesla des de et l’État malversationla et agentsdes salaires de des corruptionla d’éliminer combattrebutet de paritaire pour la bonne gouvernance, dans le tionnement effectif de la Commission mixte fonc- au veiller de et l’impunité de culture la contre lutte de mécanismes des d’établir tout le processus préélectoral et les élections, observé àdiverses ; reprises été a cela comme manifestations, d’autres ou réunions les réprimer de cessent qu’ils ;ciale so- paix la d’obtenir but le dans processus au politiques tendances les toutes de active permettentqui participationmesures la des adoptent indépendante électorale mission départ leur et sans conditions du du territoire Congo; Maï, Maï les alliés, leurs et rates les Interahamwe, les (FDLR), Rwanda du libération de démocratiques Forces des 103 Dr. David Bondia Garcia | La situation des droits de l’homme en République Démocratique du Congo : une réalité dramatique | Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique

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Les enfants des rues à Kinshasa

David Querol Sánchez Étudiant de la Université de Barcelone Une des situations les plus méconnues de la pouvoir selon les termes de l’Accord de Pretoria. République Démocratique du Congo est le pro- Les combattants provenaient de neuf nations blème existant de ceux qui sont appelés les (et il existait aussi dans le pays vingt factions “enfants des rues” dans sa capitale, Kinshasa. armées différentes), ce qui explique pourquoi il Avec plus de neuf millions et demi d’habitants, est devenu le conflit continental africain le plus

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique Kinshasa, capitale actuelle de la République important à notre connaissance. Démocratique du Congo, peut présumer néga- tivement d’être la capitale du pays africain qui Également connue comme la Guerre mon- a subi les deux Guerres mondiales africaines diale africaine, la Grande guerre d’Afrique ou la les plus importantes. Guerre du Coltan, elle a entraîné la mort de 3,8 millions de personnes, la plupart de faim et de La première a fini avec plus de 200 000 civils maladies prévisibles et pouvant être traitées. morts, alors qu’elle n’a duré qu’un an, de 1996 Dans ces graves faits, cet épisode est considéré à 1997. De plus, la guerre a entraîné le change- comme le plus important dans ce qui appelé le ment de nom du pays qui s’appelait avant le génocide congolais. Ces chiffres tragiques ont Zaïre et maintenant la République Démocra- fait de la guerre le conflit le plus mortifère de- tique du Congo. Cette première guerre a été le puis la Deuxième Guerre Mondiale, sans comp- détonateur de la Deuxième guerre du Congo ter les millions de réfugiés et de déplacés dans ou Guerre du Coltan. Le conflit a commencé en les pays voisins. 1998 et s’est formellement terminé en 2003 quand un gouvernement de transition a pris le Ces antécédents de guerre ont fait que de nom-

106 prostitution, entre autres sorts. de pratiques différentes dansprédicateurs ces et ils finissent par être engagés et exploités par l’enfant,faible, plus du l’ignorance et bétisme l’analpha - l’innocence, utilisent prédicateurs les douteuse,réputationdont de dépendantes in- d’églises protection la cherchent D’autres plus légère, commele vol pourmanger. criminalitéla la moyensdésespérésde les par urbaine, au pillage et à la recherche de la survie délinquance la à eux, consacrent survivre, d’entre se pour mille 30 et 25 entre données, les blesquandécouteon leurs témoignages. Selon causes,situationdifférentes cette pour à palpa- fants du Congo) sont des enfants qui sont arrivés Ceux qu’on appelle qui résidedanslaville, mais pourquilavisite. présente, et frappante, criante non pas tant pour bus,dansleshôpitaux, etc. C’est uneréalité très dans les centres commerciaux, aux arrêts d’auto - marchés,les sur réalité observela on où capitale Kinshasa,long,unedeest kmavec 100 plusde dans lacapitale congolaise. qui fait que la situation est le reflet des enfants maximal risque de situations multiplieles qui la- à faut quelleil crise mondialeajouter criseactuelle la de ans dix de plus beaucoup avec avant1985, depuis économique crise la à mise sou- société d’une réalité la à référence fais Je guerres etles conflits). les après rues les dans apparus sont d’enfants plus le où pays le est Congo duDémocratique Républiquedonnée,la c’est(laque exacte tion estima- sans et contrôle sans jour, en jour de augmentent chiffres les que et rues les enfants dans 000 200 a y qu’il donné étant hasa, Kins- méconnueplusà autreréalité une existe il tout,Malgrérégion. la de politiquescédents ou qui pourrait être connue en raison des anté- En lignes générales, telle est la situation connue mum après l’exode dansceszones. maxi - désarroi de situation une trouventdans se conflits, aux des survie de extrêmes à conditions soumis eux, d’entre nombre pour été, d’avoiret vécues ont qu’ils tragiquestuations dessi- en raison psychologiquement souffrir Kinshasa, plusde de en rues des enfants breux SHEGUES ou PHASEURS (en- uain t o cme n rbèe u né- qui problème un comme non et pulation po- la de éloigner à Kins - problème un comme à hasa considérés sont rues des enfants Les d’exorcisme. cellerie et victimes d’application de techniques sor- de accusés sont et religions ces dans grés inté- été ont qui mineurs les refusent familles les que fait qui ancestral,mais natifcaractère de religions des à appartient minorité qu’une sorte musulmane,10%,de presque et testante pro- 10%, catholique, 80% à est population la et Brillumba le tral, ances- caractère de j’avaiscitées, que religions différentes les dans mineurs desl’intégration à quantfamillessuperstition des laconnu, est peu fois la à mais moindre, aspect, autre Un politique familiale etd’intervention sociale. de matière en l’état de erreurs les et tements mauvaisfamiliales,les traidivorces,- morts les les augmentent,comme rues des enfants des statistiques les que font qui familiales ration déstructu- de autrestypes les citer pas ne Pour sions draconiennes. - déci ces prennent qui familles des nombre de l’espritdans sont faim la développementet de Penser qu’un enfant a une plus grande capacité àd’autresport parents plus âgés. rap- par ressources de et moyens de manque par force, la par situation, cette de raison en foyers, leurs de abandonner à poussé enfants nombreux a qu’elle et fait un est augmente qui familiale déstructuration la que fait ont économique crise la et chômage le guerre, La core plus jeunes. sont que des estimations et ils peuvent être en- mais à cause du manque de recensement, ce ne sont en moyenne âgés de Kinshasadix ans, de parfois rues moins, des enfants ou Shegues Les juscules du développement detout pays. me une des principales difficultés en lettres ma- l’éducationcom- de crise la voir de permettent cent.chiffres pourimpressionnantsDes50 qui faitquele taux descolarité baisséa depresque l’instant les causes de déstructuration familiale, Cettepauvreté extrême,pourciter pas nepour Palo Monte , Palo Kimbisa.devonsNous penserque Palo Mayombe, Palo Congo, Palo Mayombe, Palo 107 David Querol Sánchez | Les enfants des rues à Kinshasa cessite une intervention et une solution. C’est liale ou économique, répudiées ou celles qui une conséquence de l’insécurité que provoque fuient une situation familiale pire pour mau- dans la ville le fait d’avoir 200 000 enfants qui vais traitements, ne trouvent pas d’autre issue ont faim et ont des problèmes de survie, ce que la prostitution. La prostitution qui leur fait qui les poussent à faire tout ce qu’ils peuvent courir des risques absolus comme les petites pour survivre au jour le jour, comme mendier, filles qui sont enceintes de plus en plus jeunes utiliser des moyens picaresques, voler et la dé- (par manque de moyens pour mener à terme linquance juvénile est donc en augmentation une grossesse dans ces circonstances et sur- (principale cause de cette insécurité). tout pour la santé de la petite fille). Le risque n’est pas le produit du manque d’information, La délinquance se traduit par la violence, les mais du manque de moyens pour l’achat de vols et les viols parmi les situations considé- contraceptifs pour prévenir les grossesses et la rées comme les plus graves. Au détriment des transmission de maladies vénériennes comme autres enfants qui peuvent être “exploités” l’HIV. C’est sur ce point que l’on voit le plus par les leurs dans la prostitution et les travaux clairement combien la politique sociale est er- forcés comme le transport des dits “Colis” au ronée, pas celle du gouvernement actuel, mais port de Kinshasa (frontière avec la République celle du régime précédent, dirigé par le défunt du Congo) supportant des poids inhumains. Si ex-président Mobutu et sa solution au problè- pour une personne adulte, il est impossible de me des enfants des rues. supporter le poids de ces Colis sur la tête et les épaules et de les transporter sur ces distances, Il est également certain que le problème des plus encore si ce n’est pas pour un salaire, mais enfants des rues est un des principaux argu- pour quelque chose à manger. Tout observa- ments que les partis politiques utilisent pour teur d’organismes internationaux des droits de faire de l’électoralisme, mais ce n’est que ça, et l’homme le considérerait comme un des escla- depuis des années, ils ne sont que le reflet de vages du XXIe siècle. l’oubli dans les programmes politiques et le problème persiste et augmente. Le pays ne de- La particularité de violence et délinquance ju- mande pas non plus d’aide aux autres pays de vénile est due en partie aux guerres et à ceux la Société internationale pour régler un problè- qu’on appelle les “enfants soldats” qui viennent me qui devrait avoir une solution, ou au moins à la ville et ce sont eux qui, après avoir subi une solution partielle. des situations extrêmes, physiques et psycho- logiques, se consacrent à extorquer les autres Pourquoi ? enfants, des différentes façons précédemment citées, en utilisant la force et la violence qui leur Parce qu’il est certain que, à part les enfants a été enseignée par ces situations vécues et qui des rues, à Kinshasa, nombreux sont les gens

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique leur ont fait décider de leur vie ou de leur mort. adultes désemparés dans la ville. Les enfants, en raison du manque de possibilités de déve- Il faut aussi indiquer que la plupart des enfants loppement, sont plus vulnérables. Plus encore des rues de Kinshasa sont des hommes. Ceux dans une ville comme Kinshasa, non seule- qui ne sont pas des délinquants travaillent dans ment pour son manque de moyens, mais aussi la mesure du possible en faisant des travaux de pour les conditions sanitaires déficientes, par bricolage ou en vendant et nettoyant des chaus- contamination, manque d’hygiène et d’eau po- sures, mais nombre de ces travaux sont spora- table dans les rues et le fleuve, et le trafic, qui diques et souvent insuffisants, et à des âges de font qu’il y a un risque imminent de contagion plus en plus précoces, il trouvent dans la délin- de maladies et de ne pas pouvoir les vaincre, et quance une issue comme complément, forcés que les enfants sont renversés, des statistiques d’ignorer l’honnêteté pour leur propre survie. significatives au Kinshasa.

Les petites filles, par contre, restent à la maison, Il faut dire aussi que dans la capitale, il a exis- réalisant des tâches domestiques et celles qui té et il existe des ONG internationales depuis sont abandonnées en raison de la crise fami- des années, qui s’impliquent et travaillent de

108 comme le Rwanda. conflit,même le eu a d’autresy dans paysil où délinquance, par la quantité d’enfants déplacés de d’acte commis pasn’ont s’ils même police, permet situationque les enfants soient poursuivis par cette la car significatif, ticulièrement par- fait Un illégaux. des - juri comme diquement considérés soient Kinshasa de rues enfants des les que c’est curieux, est qui ce Mais d’autres pays commele Brésil, l’Inde, etc. publique Démocratique du Congo, mais aussi à Ré- la à uniquement posée être pas devrait ne rhétorique question cette Malheureusement, des enfants dans cepays ? droits les sont où : pose se question une qué, expli- précédemment été a qui ce tout Après centres deformation, etc. type, comme le manque de centres d’accueil, de moyens ressources d’un de financiersautre ou de s’agisse qu’il problème, au face faire pour moyens de peu avec mais forces, leurs toutes tout genrenesont mêmepascouvertes. ou l’hygiène pour tenter d’éviter des maladies en alorsnécessitéslesque faimbasecomme lade jeu et à la participation à des activités culturelles, l’enfantadroit aux loisirs, au divertissement, au ter le paradoxe de l’article 31 où il est indiqué quelité,persécution.de - et désarroi ci de pas ne Pour d’illégasituation- la à l’enfantcontrairement de stipule la garantie de survie et de développement L’article 6 de la Convention des droits de l’enfant fective ounedevrait pascesserdel’être. en plein conflit belliqueux, la ratification est ef- février1998. cetteÀ date, même sile pays était par la République Démocratique du Congo le 16 novembrel’enfantde1989,de moisratifiéedu tion,comme laConvention del’ONU desdroits Déclara- la de partir à créés été également ont tionspéciale del’enfance. D’autres organismes protec- la sur 25 l’article comprenant l’homme Déclarationlanale de universelle droitsdesde internatio- juridique l’Ordonnance à corporée in- la s’est Congo que du signaler Démocratique fautRépublique il part, à Particularités 109 David Querol Sánchez | Les enfants des rues à Kinshasa Par ailleurs, je crois qu’il convient de prendre • En troisième lieu et je crois que c’est la me- des mesures qui puissent encourager ces en- sure la plus importante, la tentative de réso- fants à pouvoir sortir de cette situation. Des lution du problème en prenant des mesures mesures non seulement comme la création d’intégration familiales, comme des mesures d’autres ONG, mais aussi d’autres mesures écologiques (concept qui fait référence à l’ha- plus intéressantes qui, à mon avis, pourraient bitat du mineur) pour l’intégration de l’en- permettre d’envisager le problème d’un point fant dans son milieu naturel, en sachant que, de vue plus global, comme la création d’un dans ce cas, le meilleur développement émo- “Centre de l’enfance à Kinshasa”. Un centre qui tionnel a lieu au sein de la famille. On peut aurait pour principe général, l’application de y parvenir de deux façons : la recherche d’un la Convention de l’ONU des droits de l’enfant parent ayant une grande famille ou l’accueil et qui travaillerait en collaboration avec des par d’autres familles. centres de mineurs qui existent déjà pour que ces droits fondamentaux des enfants soient En ce qui concerne la première option, il fau- appliqués, centré sur trois principales lignes drait établir un programme de recherche de d’action de base comme : famille étendu et des programmes d’accueil fa- milial pour la réintégration. • En premier lieu, des mesures destinées à encourager la pratique du sport, qui favori- En ce qui concerne l’accueil temporaire dans sent l’interrelation et la socialisation avec d’autres familles, il faudrait l’appliquer aux en- d’autres enfants et des adultes et qui retirent fants pour lesquels il est impossible de recher- l’enfant des rues pendant qu’il fait du sport cher un parent parce qu’ils n’ont plus de famille et le retirent donc de la marginalisation. (décès ou séparations). Par ailleurs, l’enfant apprend à exercer des activités en équipe avec des normes et des Dans le cas de cette dernière mesure, il s’agit de règles de jeu et pratique une activité saine. faire comprendre au lecteur que la tâche d’inté- Par exemple, le football, car c’est une activité gration au sein d’une famille est une manière facile à réaliser, bon marché et rapide. efficace qui permet de couvrir les nécessités de ces enfants à tous les niveaux, psychologique • En deuxième lieu, viendraient les activités (émotions, habitudes, acceptation des règles) et culturelles et la musique qui permettent personnel. aussi de sortir de l’ambiance des rues, de respecter les droits du mineur stipulés dans En outre, ces aspects ne sont pas seulement bons les articles qui font référence au jeu, au di- pour les enfants, mais aussi pour la famille, les vertissement et aux activités culturelles, et, adultes. En pensant logiquement qu’étant don- à cause des différents facteurs de déracine- né que les enfants peuvent être plus influença-

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique ment, la musique est un moyen qui permet bles, il est possible de travailler les valeurs avec au mineur de trouver une identité cultu- plus de chances de réussite qu’avec des adultes. relle qui est propre à ses racines, souvent perdues pour des circonstances diverses Le manque d’innocence de ces enfants se reflète (comme la fuite de son propre pays). C’est sur leurs visages, dans leurs regards, car elle a l’encouragement de la conscience sociale été interrompue par la lutte pour la survie, le des enfants et de la société. Cela pourrait désespoir et la recherche de l’occasion qui pour- être mené à terme en faisant que le centre rait leur permettre de prospérer, de se dévelop- encourage la musique (il y a des exemples per un jour et de fuir la situation infrahumaine comme ceux des favelas de Rio de Janeiro d’être considérés des enfants des rues. au Brésil) avec des programmes et d’autres activités culturelles qui peuvent être bien- C’est pour cette raison que je crois qu’il faut faisants pour les enfants, même sur le plan donner un petit coup de pouce pour qu’ils puis- psychologique et sous d’autres aspects, en sent y parvenir. Ce serait la façon de commen- raison des situations terribles vécues par le cer à faire quelque chose pour éliminer ces si- passé. tuations...

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Considérations finales

La lecture finale de cette publication met en évidence la richesse de ce document de recherche, car il a été rédigé par des auteurs très différents : des chercheurs ayant des spécialités, nationalités et perspectives différentes sur l’objet d’étude. Entre autres, nous avons eu la chance de compter sur la collaboration de professeurs d’histoire, de relations internationales, de droit, ainsi que celle des mi- litants des droits de l’homme, des coopérants et même des étudiants universitaires qui ont travaillé ensemble pour élaborer cette publication dans une vision internationale et interdisciplinaire.

Malgré les différences de formation et de milieu des auteurs, en lisant attentivement le contenu de cette publication, on constate qu’ils sont tous d’accord sur un point : en matière de droits de l’homme, la situation de la République Démocratique du Congo (RCD) se trouve en pleine époque de transition et il est nécessaire, voir impératif, que la RDC devienne un état de droit.

Malheureusement, cela ne va pas être facile, en raison d’un passé colonial qui leur a laissé un ba- gage les conditionnant encore aujourd’hui et qui marque la vie politique et sociale du pays. En fait, il ne faut pas négliger la volonté de quelques groupes sociaux (au niveau national et international) soucieux de prendre le contrôle du pouvoir et de maîtriser les immenses ressources naturelles de la République Démocratique du Congo.

L’analyse des différents articles qui composent ce document nous mène à affirmer que la Répu- blique Démocratique du Congo est un État défaillant qui a cessé d’être un point de pouvoir pour devenir un point d’indifférence, avec les risques que cela comporte pour la géopolitique de la région en général mais, surtout, pour les droits de l’homme dans le pays.

Si nous tenons à la paix en RDC, il faut d’abord pacifier la région des Grands Lacs. Cet objectif ne sera atteint que par la défense et la promotion des droits de l’homme (autrement, ni la stabilité ni sécurité ne sera pas possible dans la région), ainsi que par l’implication de la communauté interna- tionale dans les initiatives de coopération entre les pays de la zone.

En ce qui concerne la République Démocratique du Congo, il faut des efforts au niveau national et international pour créer un véritable état de droit qui apporte la paix au pays, condition sine qua non pour atteindre un développement durable à long terme qui améliore la vie de ses habitants.

Bref, nous pouvons affirmer que ce travail a voulu répondre au rôle des universités en tant que

| Les droits humains, les conflits et la construction/destruction de l’État du Congo | Les droits humains, La République Démocratique centres de réflexion, de recherche et de débat. Car c’est comme cela qu’on trouve des applications à la vie quotidienne des personnes, avec des propositions et des actions qui peuvent contribuer à améliorer le développement humain et les conditions de vie des sociétés.

Nous espérons que cette publication ne sera que le début d’une solide coopération entre nos uni- versités et nos pays. Cette coopération apportera son grain de sable pour atteindre ce profond désir de paix durable en République Démocratique du Congo et les Grands Lacs africains à travers la promotion et la protection des droits de l’homme.

Toni Jiménez Luque

Lubumbashi, le 10 décembre 2009

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«La République Démocratique du Congo: les droits de l’homme, les conflits et la construction / des- truction de l’État»

Je te baptise:

• Au nom du partenariat entre l’Université de Barcelone et l’Université de Lubumbashi ;

• Au nom de tous les chercheurs dans le domaine des droits de l’homme, et

• Au nom de l’espoir d’une paix durable en République Démocratique du Congo.

Je te souhaite beaucoup de succès dans notre pays et au-delà de nos frontières.

Fait à Lubumbashi, le 10 décembre 2009 1

1| Avec ces mots a été effectué à l’Université de Lubumbashi le baptême de la publication que vous avez entre vos mains et d’une partie d’un vaste projet qui a commencé il y a plus d’un an. Un projet mis en œuvre entre des enseignants, des chercheurs et des militants des droits de l’homme de la Catalogne et en Républi- que Démocratique du Congo, qui a conduit à la conclusion du séminaire et l’ouverture d’une exposition de photos à Barcelone, une conférence interuniversitaire à Lubumbashi, et cette publication : «La République Démocratique du Congo: les droits de l’homme, les conflits et la construction / destruction de l’État».