Du Vieux Maquisard Au Chef De L'etat
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UNIVERSITE CATHOLIQUE DE LOUVAIN Faculté des Sciences économiques, sociales et politiques Département de Communication DU VIEUX MAQUISARD AU CHEF DE L’ETAT Analyse du récit de la conquête du pouvoir par L.D. Kabila dans la presse congolaise Tome 2 Promoteur ; Dissertation doctorale présentée en Professeur Marc LITS vue de l’obtention du grade de Docteur en Sciences sociales (information et communication) par Dieudonné TEBANGASA APALA Louvain-la-Neuve 2007 B1BU0THEQ'J£ des s c ie n c e s ECONOMIQUES, SOC5ALC5 Ef ^05 POLsTîQUES Place Montesquieu 1 ' 2 1 3^8 L0'JVAIM-LA-W2^S Chapitre VII : Kabila dans La Référence Plus Ce chapitre analyse le récit de la conquête du pouvoir par Kabila et tel qu’il est relaté par le journal La Référence Plus. Il s’agira de chercher à découvrir l’image du personnage construite par le quotidien. Notre analyse ne manquera pas de nous amenar à jeter un regard critique sur le travail du narrateur du récit en l’occurrence La Référence Plus. 7.1. La conquête des terres : roccupatïon de PEst du Zaïre (octobre 1996 - mai 1997) A ce stade, nous analysons la première phase du récit qui commence en octobre 1996 et se termine le 17 mai 1997. Octobre 1996 est le mois du début de la conquête tandis que le 17 mai 1997 est la date de la prise du pouvoir par L.D. Kabila. 7. LA. L ’inventaire du corpus^ Le graphique des articles analysés d’octobre 96 à mai 97 18 - 16 - 14 - (A 12 - O ’€ (0 10 - .Q 8 - 6 - 4 - 2 - 0 oct.96 nov.96 déc.96 janv.97 févr.97 mars-97 avr-97 mai-97 Tous les tableaux des inventaires du corpus pour La Référence Plus d’octobre 1996 à janvier 2001 sont olacés en annexe 2. En septembre 1996, à Kinshasa, les journaux parlaient d’une insurrection des militaires à l’Est du Zaïre. Au début du mois d’octobre, après la visite du chef d’Etat major Général des FAZ le Général Eluki, quelques précisions ont été apportées à ce sujet. Il s’agissait de la révolte des Banyamulenge. les Tutsi du Rwanda ayant habité le Kivu pendant plusieurs années revendiquaient la nationalité zaïroise et surtout les terres (collines fertiles) du Kivu. Pendant tout le mois d’octobre 1996, La Référence Plus publie douze articles dont dix factuels, un éditorial et une correspondance. Sur ces dix articles de type factuel, huit traitent de la situation à l’Est du Zaïre. L’éditorial évoque ouvertement de « TEst du Zaïre occupé ». La correspondance que La Référence Plus décide de publier à la fm du mois est très révélatrice de la situation. L’auteur, E. Baringa, la titre comme suit : « la guerre de Banyamulenge ou la poursuite de la croisade... ». Tous les factuels et l’éditorial retenus portent la signature des journalistes de La Référence Plus notamment Mona Kumbu ; B. Yogolelo ; L. Nduita ; Yapol ; G. Monga Kituva (GMK) ; Franck Ngyke ; Karadi D Mbayo ; Valère Bisuweko. Jusqu’à fm octobre et d’après les informations que La Référence Plus donne, il s’agit d’un conflit armé à l’Est du Zaïre. La qualification de ce conflit est allée de « la révolte des Banyamulenge » aux « attaques des armées rwandaise, burundaise et ougandaise ». Au cours de ce mois, le journal ne donnera aucune information précise sur L.D. Kabila. Et cela à juste titre, car les médias de la capitale qui diffusent ces informations ne disposent ni des reporters ni de correspondants de presse sur le terrain, moins encore des nouveaux outils (les technologies modernes) pour la récolte et le traitement des faits. Donc, jusque là, ce conflit est défini comme la guerre de TEst du Zaïre. Trois pays voisins, le Rwanda, le Burundi, l’Ouganda occupnt l’Est du territoire zaïrois. Au mois de novembre 1996, La Référence Plus s’intéresse davantage à la situation à l’Est du pays. Le quotidien produira dix factuels et un éditorial. Tous les factuels parlent de « la guerre zai'ro-rwandaise ». A propos des personnages, le journal évolue : les Tutsi sont cités comme personnages centraux dans ce conflit. Et pour la première fois, dans la deuxième quinzaine du mois de novembre, un Zaïrois est cité comme partie prenante dans les rangs des envahisseurs. Il s’agit de L.D. Kabila, un Zaïrois authentique, originaire de la région du Shaba. A cause de cette présence d’un compatriote à côté des agresseurs, le journal parle désormais d’une rébellion. Dans le dernier article du mois de novembre. La Référence Plus révèle les mtentions de Kabila : occuper les régions minières. D’autres noms s’ajoutent à la liste des signataires : Félix Kaburiri ; Nda Y’aband ; Kitungano M.K. Et Téditorial est signé par André Ipakala Abeiye Mobiko, éditeur-directeur général du journal. Au troisième mois du conflit. La Référence Plus publie quatorze factuels. L’évolution dans la présentation des informations est clairement visible. Dans l’ensemble, les articles abordent la généralisation de la guerre à l’Est du Zaïre. Quant au personnage central, il ne reste plus que Kabila. Toutefois, les Tutsi ne sont pas totalement dans l’ombre car le journal met à la une d’un de ses articles « Les Tutsi de Kabila ont pillé Bukavu et emporté le butin au Rwanda ». Du personnage de L.D. Kabila, ce mois-ci le journal ajoute une pierre à la construction. Début décembre, le quotidien informe- ses lecteurs que «Kabila exige la démission de Mobutti... ». Vers la fm du mois, ce sont les options fondamentales de l’Alliance des Forces démocratiques pour la libération du Congo- Zaïre de Laurent Désiré Kabila qui sont présentées. A propos des signataires des articles, la liste s’est allongée. Nous avons d’autres journalistes, toujours de La Référence Plus. Il s’agit de Wadambe M ’Gini ; A. Kisangani ; ldi Sifa Mutoni. Cependant, 1 article présentant les options fondamentales du mouvement rebelle, ne porte pas la signature d un journaliste, mais celle de La Référence Plus. Est-ce par peur de représailles par le régime encore en place à Kinshasa ? C’est sans doute une attitude de prudence pour éviter que le journal ne soit accusé de complicité avec la rébellion. Tout compte fait, de tous les articles produits durant les trois premiers mois du conflit, le type factuel est prédominant. Et tous ces articles et éditoriaux constituent une première base de données sur le personnage. C’est à partir de cette base de données que sortiront les éléments intervenant dans la construction du personnage. Au début de l’année 1997, le nombre d’articles se rapportant au sujet de la guerre a diminué. Au mois de janvier. La Référence Plus n’a produit que huit articles de type factuel. Et cela pour la simple raison que la nomination du Général Mahele comme chef d’Etat Major Général des FAZ signifiait déjà la fm de la guerre. Vu les exploits militaires réalisés dans le passé par ce général compétent et expérimenté, l’opinion congolaise, y compris le journal commence à minimiser les ambitions des rebelles et de leur chef, L. D. Kabila. Sept articles sur huit parlent directement de Kabila. Le journal révèle quelques traits marquants qui le distinguent des autres. D ’un point de vue positif, il est sur Internet et dévoile son projet politique sur Internet. D’autre part, il instaure à l’Est une dictature impitoyable. Parmi les signataires, on retrouve les mêmes noms. Au mois de février 1997, les espoirs suscités par la nomination du Général Mahele semblent déçus. La Référence Plus ne croit plus à la résurgence du régime en place. L’attention du journal se tourne de nouveau vers la rébellion. Nous avons au total, onze titres dont neuf de type factuel ; une brève et les résultats d’un sondage effectué par ODT. De ces onze titres, huit mettent à la une L. D. Kabila et l’AFDL tandis que les trois autres parlent plutôt de la fin du règne de Mobutu et enfin de Tshisekedi. Grosso modo, le journal invite Mobutu à négocier avec Kabila. Comme on peut le constater, l’augmentation du volume de la banque de données sur le personnage est très perceptible. Invitant Kabila aux négociations. La Référence Plus construit étape par étape son image. Du 1"^ mars 1997 au 16 mai 1997, la veille de l’entrée de l’AFDL à Kinshasa, La Référence Plus nous fournit un important nombre d’articles. Nous en avons en tout trente-quatre dont trente-deux factuels ; une interview et un document. De ces trente-quatre articles, vingt-cinq titres font une référence directe au personnage tandis que neuf autres y font indirectement référence. A travers ces titres, La Référence Plus livre un bon nombre d’informations sur le personnage, sur 1 évolution ou la progression de la guerre et enfin sur l’incapacité physique et politique de Mobutu. On retiendra comme message fort l’importance que le personnage accorde à la guerre médiatique. Kabila est effectivement très présent sur Internet. Après la chute de Bukavu, il s’empare de radio-Bukavu qu’il exploite soigneusement au profit de sa guerre médiatique. Par ailleurs, le journal revient sur les personnages ayant battu en retraite, les Tutsi (Banyamulenge). A la une de son édition du mars, on peut lir «Un certain Bizima Karaha, à Taccent rwandais-anglophone négocie à Prétoria au nom de Kabila ». Sans aucun doute, ce titre évoque la présence des envahisseurs à côté de Kabila. En outre. La Référence Plus informe sur l’évolution de la guerre. Celle-ci progresse à une vitesse vertigineuse vers Kinshasa : Kabila installe les autorités à Kisangani ; quelques jours après, à Mbujimayi et il est à Kikwit aux portes de Kinshasa.