Hiphop Element De Référence Hist
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Hugues BAZIN - 2003 [email protected] www.recherche-action.fr HIP-HOP, ÉLÉMENTS DE RÉFÉRENCE 1 TABLE DES MATIÈRES RÉSUMÉ HISTORIQUE 1975-1995------------------------------------------------ 2 COMPARAISON SOCIO-HISTORIQUE ET ESTHÉTIQUE------------------ 4 LES PRÉCEPTES DE LA ZULU NATION--------------------------------------- 17 LE MESSAGE DE GRAND MASTER FLASH --------------------------------- 18 ÉLÉMENTS BIBLIOGRAPHIQUES ---------------------------------------------- 19 ÉLÉMENTS DISCOGRAPHIQUES (FRANCE) ------------------------------- 23 ÉLÉMENTS CINÉMATOGRAHIQUES ------------------------------------------ 27 RÉSUMÉ HISTORIQUE 1975-1995 LE HIP-HOP, ART TOTAL ET MOUVEMENT DE CONSCIENCE Le hip-hop est d’abord cette prise de cons- Koor, A-One, Lee, Blade, Daze, Dondi, Toxic, Seen, cience où les disciplines constituent la matrice de Blast, Noc font partie dans la seconde moitié des messages, de représentations sur le monde, de années 70’ des précurseurs d’un expressionnisme règles de vie, de connaissances, de compétences… aérosol original. On ne naît pas hip-hop, on le devient ; c’est une Lorsqu’un jeune membre d’un gang du Bronx, œuvre humaine autant sociale qu’artistique. connu plus tard sous le nom d’Afrika Bambaataa, voit L’idée de « Culture hip-hop » a plusieurs par- le filmzulu (1964), qui décrit la bataille légendaire en rains (Afrika Bambaataa, Kool Herc, Grand Master 1879 entre les troupes coloniales britanniques et la Flash…). Ils ont eu pour point commun d’animer les tribu des Zoulous d’Afrique du Sud, il reprend la sym- street-parties du Bronx au milieu des années 70’s bolique unificatrice et positive du chef Zulu. Il fonde à New York. Il est certain que le terme hip-hop est en 1973 la Nation Zulu, qui deviendra la base éthique né dans ces fêtes de quartier, à la fois des lieux de de la culture hip-hop : « Peace-Love-Unity, Get busy brassage musical (entre disco, électro, funk, sons ! Moove ! Having Fun ! » jamaïcains), d’innovations DJ (dubbing, scratch, Les quatre expressions artistiques du hip- break-beat, remixe) ou gestuelles (breaking, electric hop ainsi regroupées (Djing, rap, danse, graffiti) Boogie). Afrika Bambaataa est le pseudonyme de sont pour Bambaataa des moyens de divulguer un Kevin Donovan, qui est né le 10 avril 1960, dans Une puissance inégalée fait vibrer le public au message universel dans la tradition de The 5 per- 2 le Bronx à New York. Afrika Bambaataa Aasim tire son du break-beat. Au lieu d’enchaîner les disques, cents Nation ou des Black Panthers : connaissance, son nom d’un chef Zulu du XIXe siècle. A l’origine les DJ’s les désossent en fragments et reconstruisent sagesse, compréhension, liberté, justice, et égalité la Zulu Nation est une tribu d’Afrique du Sud qui un rythme leave. Dans les blocks-parties, les pre- face à la violence et l’oppression. est devenue un empire sous le commandement de Shaka Zulu (Zulu signifie le paradis). Le jeune miers rappeurs et danseurs s’exercent, littéralement Ceux qui transforment les expressions populai- Bambaataa a vu le film «Zulu» c’est un declic pour tenus par le rythme et l’interpellation (talk-over) des res en messages universels dans le respect des pré- lui. Il fonde en 1973 l’Universal Zulu Nation. Maîtres de Cérémonie (MC’s). Les quartiers déshéri- ceptes de la nation zulu sont appelés « zulu king ou tés du South Bronx s’imprègnent d’une aura esthéti- Queen », parmi les premiers : Jazzy 5, Cosmic que, le « Boogie Down ». Force, Soul Sonic Force et Cold Crush Brothers (avec Les échanges des danseurs et rappeurs entre Grandmaster Caz), Rock Steady Crew, Shango, eux et avec le public transforment les bagarres Grand Mixer DST, Fab 5 Freddy, Phase 2, Futura rituelles de quartier en scènes chorégraphiées par 2000, Dondi rejoint plus tard par A Tribe Called les breakers et rythmées par les joutes verbales des Quest, Queen Latifah, Ice-T et LL Cool J… MC’s. De véritables équipes (crew) se forment, per- En France, dès 1981/82 le hip-hop arrive par fectionnant leur style ; certaines deviendront mon- le son (début des premières radios libres), le voyage dialement célèbres comme les Rock Steady Crew des artistes (tournées d’Afrika Bambaataa et de ses (avec les danseurs Wiggles, Crazy leg, Freeze, Ken « zulus kings »), l’image (les vidéos, les films mythi- Swift). ques comme Wild Style qui regroupe les disciplines Tandis que le tag se diversifie et s’allonge en hip-hop dans une unité de sens et présente pour la Historique masterpiece (graff bubble, top to botom), Phase2 première fois ces pratiques de rue comme un « art développe un lettrage sophistiqué, le wild-style. A total »). l’instar des autres disciplines, une langue propre à Cette force esthétique-éthique s’inscrit com- l’art de la rue naît avec ce « New York city graffiti ». plètement dans la modernité des préoccupations et des modes de vie, elle transporte très vite une géné- — La danse hip-hop devient un nouveau cou- ration populaire « black-blanc-beur » qui émerge sur rant contemporain avec la montée des premières la scène sociale, politique et bientôt artistique. compagnies professionnelles sur la scène des théâ- tres : Aktuel Force, Black Blanc Beur, MBDT, Un Point Une Nation zulu française est créée et des for- c’est tout, GBF, Art Zone, Boogi Saï, Macadam, pour mations (posses) comme les IZB (lncredible Zulus la région parisienne ; Melting Spot, Funk attitude, B.Boyz) s’inspirent des préceptes moraux et interdis- Dans la rue la danse pour le Nord ; l’école lyon- ciplinaires en regroupant les principaux précurseurs. naise avec Traction Avant, Accrorap, Azani, Saïlence, Intronisés king ou queen Zulu, ils joueront un rôle Kafig ; Toulouse avec Olympic Star, etc. référent dans la structuration du mouvement : Dee Nasty, Princesse Erika, Lionel D, Franck II Louise, — Les graffeurs s’exposent en galerie tout Scalp, Jaïd, Jumbo J, Afrika Loukoum, Candy… en continuant les sessions illégales sur le terrain. Le graff préserve en cela un côté « sauvage » à coté À côté des Paris-City-Breakers (danse) et des du travail en atelier : Jay, Skki, Ash2 (BBC), André, Bad Boys Crew (graffiti), Dee Nasty reprend la tra- Axone, Hondo, Jone One, KKT, Mambo, Megaton dition de la disco-mobile (sound system) et anime (Base 101), Meo, Popay, RCF, Darco, Sandra, Schuck des sessions dans les terrains vagues parisiens avec (Bazalte), Seeho, Sid-B, Spirit, TCK, A-One, Jonone, les premiers MC’s : Lionel D, Johny Go, Destroy Sharp, Echo, Mode-2… Man, Iron 2, Shoes, Little MC, Nec Plus Ultra, New Chacun peut se projeter dans ce mouvement Generation MC’S… Ces hauts lieux accueilleront quel- en développant un jugement critique. Une nouvelle ques années le graffiti européen. génération apprend à gérer ou jouer sur la contra- Sidney, animateur de radio puis de télévision diction entre art populaire et art officiel, culture de la participe à une large diffusion des disciplines à tra- rue et culture académique, parcours autodidacte et vers sa fameuse émission H.I.P. H.O.P. intégration économique. 3 L’effervescence des radios libres, des terrains Sans doute pour cette raison, l’expression vagues, des free-parties, des concours (battles), hip-hop dégage toujours un impact esthétique aussi constitue le creuset d’une première génération qui puissant. C’est une recherche où chacun est auteur apparaît au grand public au début des années 90’s à de sa propre pratique et peut changer l’intrigue de sa travers sa production artistique : propre histoire. — Le rap et le djing (plus en retrait) se dévelop- Le hip-hop est un des principaux témoins des pent par zone d’influence géographique puis comme mouvements actuels et de leurs contextes sociopoli- tendance musicale signée par les majors compagnies tiques. Il travaille à nous « rendre voyant » en repré- du disque et intégrée dans l’industrie culturelle (vic- sentant un quotidien qui n’est pas un discours sur toires de la musique française). Les premiers seront le monde. C’est une parole du monde au monde qui NTM, Assassin, Ministère AMER et le Secteur Ä, EJM, place le monde sur scène. la Mafia Underground, MC Solaar, Timide et sans Le défi aujourd’hui est peut-être de reconqué- complexe sur la région parisienne ; IAM et sa « pla- rir ces espaces de création culturelle où s’exercent nète Marseille » ; NAP à l’Est, etc. une conscience et un art de vivre. Historique COMPARAISON SOCIO-HISTORIQUE ET ESTHÉTIQUE Avertissement : le tableau ci-dessous ne pré- les États-Unis), cela ne veut pas dire que les autres verte (1981/83), assimilation et formation (1983/ tend nullement dresser l’histoire officielle du hip-hop régions n’ont pas été actives. C’est l’histoire de la 85), effervescence créative (1985/88), production et encore moins rassembler tous les acteurs qui ont première génération qui forgea le mouvement et et développement de projet (1988/90), diffusion et contribué de près ou de loin à son développement. nous nous arrêtons pour cette raison en 1995/96. visibilité grand public (1990/93), reconnaissance de Nous présentons ici quelques repères aidant à com- L’histoire, elle, continue… l’institution et de l’industrie culturelle (1993/95), prendre le hip-hop comme phénomène culturel total et art populaire. Paris et sa région sont ici privilégiées Plusieurs phases du développement du hip-hop professionnalisation et économie culturelle (1995/ en tant que point naturel de jonction entre artistes en France se distinguent. Un découpage est toujours 97), massification et instrumentalisation sociale nationaux et internationaux (comme New York pour arbitraire, nous le donnons à titre indicatif : décou- (1997 et plus) DJ, RAP, M.C. DANSE GRAFF, TAG 60’ 4 West Side Story chorégraphiait la rivalité entre les deux bandes ennemies des Jets et des Sharks comme le up-rock ou la capoera codifient les esquives du com- bat. La danse populaire en prise directe avec la vie L’immigration portoricaine et sud-américaine apporte à mime les joutes de rue.