LeMonde Job: WMQ0607--0001-0 WAS LMQ0607-1 Op.: XX Rev.: 05-07-99 T.: 11:15 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0258 Lcp: 700 CMYK
LE MONDE ÉCONOMIE
a Psychanalyse
et management ACTIVE:LMQPAG:W a Emploi : 12 pages busy d’annonces classées
55e ANNÉE – No 16933 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE MARDI 6 JUILLET 1999 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI Amnistie Total lance un raid surprise sur Elf en Algérie b Les deux groupes pétroliers formeraient le quatrième groupe mondial b Le PDG de TotalFina, a Grâce présidentielle Thierry Desmarest, annonce, dans un entretien au « Monde », la suppression de 4 000 postes, pour des milliers dont la moitié en France b Philippe Jaffré, PDG d’Elf, juge « hostile » cette offensive LE GROUPE PÉTROLIER fran- LES SÉRIES DE L’ÉTÉ d’islamistes co-belge TotalFina a annoncé, lun- di 5 juillet, le lancement d’un raid a sur son rival Elf. TotalFina pro- Retour Une loi d’amnistie pose d’échanger quatre de ses ac- tions contre trois titres Elf, ce qui sera soumise valorise ce dernier à 42 milliards à Cuba d’euros, soit 275,5 milliards de à référendum francs. L’objectif affiché par Total- Fina est de « créer un acteur pétro- 1 - Le bel hier a lier mondial » qui se classerait au Trente-huit ans après son premier M. Chirac souhaite quatrième rang derrière l’améri- voyage à La Havane, l’écrivain François cain Exxon Mobil, l’anglo-néerlan- Maspero est retourné sur cette île où, se rendre « le plus tôt dais Shell et l’anglo-américain BP- Amoco-Arco. comme tant d’autres, il avait cru trou- possible » à Alger Dans un entretien au Monde, ver une autre manière de vivre et d’es- Thierry Desmarest, PDG de Total- pérer. Le blocus américain est toujours Fina, présente son offre comme en place, le Lider Maximo aussi, qui a « non sollicitée » mais veut «lui Les dossiers avait promis de se retirer une fois sa donner un caractère amical ». d’Air France « C’est une superbe opération in- tâche terminée. Impressions d’un reve- dustrielle. Nous voulons la réaliser nant dans les ombres et mirages de la et des visas pèsent sur en motivant l’ensemble des sala- révolution illustrées par des photogra- riés », dit-il. Le PDG prévoit phies originales de Klaudij Sluban, sur 4 000 suppressions d’emplois sur d’économies. Le groupe Elf a jugé n’est pas le sien ne semble pas jours un droit de veto depuis la fond de pauvreté, de répression poli- les relations bilatérales un total de 130 000 personnes, « hostile » l’offre publique constituer la meilleure voie pour les privatisation d’Elf en 1994, devait dans les trois ans, dont la moitié d’échange de TotalFina. « Cette vo- actionnaires d’Elf, comme pour tous se prononcer rapidement. tique et de prostitution, où chacun Lire page 2 en France, sans licenciement, et lonté de prendre de force possession ses collaborateurs », affirme-t-il. Le rêve de dollars pour survivre. et notre éditorial page 16 1,2 milliard d’euros par an d’Elf et de lui imposer un projet qui gouvernement, qui détient tou- Lire pages 17 et 18 Le premier de six épisodes, p. 13 Cohabitation A Moscou-sur-Canicule, plages, vodka, noyades et incendies MOSCOU ces plages seulement peuvent être considé- noyées en juin, tandis que des milliers ont dû à distance de notre correspondant rées comme propres. Ailleurs, maladies de être hospitalisées pour insolation, attaques Moscou veut vivre dans l’eau. Depuis plu- peau, troubles intestinaux et champignons cardiaques et hydrocution. Pour la seule jour- JACQUES CHIRAC à Bor- sieurs jours, ses habitants ont pris d’assaut divers sont à craindre. A vingt minutes du née du jeudi 1er juillet, dix personnes ont péri a deaux, Lionel Jospin à Lille : les plages de la Moskova, les innombrables centre-ville, Serebriani Bor est l’un des sites dans les étangs de la ville, où aucune surveil- lundi 5 juin, les deux responsables étangs de la banlieue et les réservoirs d’eau préférés : la Moskova se perd ici dans une fo- lance n’est mise en place. Autre source d’ac- de l’exécutif se sont déplacés en de la ville pour fuir une canicule sans pré- rêt de pins maritimes et de bois de bouleaux. cidents : les scooters de mer, que les « nou- REUTERS province. Au-delà de cette cohabi- cédent. Depuis la fin du mois de mai, le ther- A l’époque soviétique, cette « zone de repos » veaux Russes » font slalomer entre les TOUR DE FRANCE tation à distance, l’un et l’autre momètre reste bloqué au-dessus de 30 de- était réservée à la nomenclature et aux diplo- baigneurs. poursuivent des objectifs très dif- grés, frôlant parfois les 35. mates étrangers. Aujourd’hui, dans une am- Après l’eau, le feu. L’exceptionnelle séche- L’Américain férents. Le président de la Répu- Les spécialistes sont divisés. Pour certains, biance « congés payés », avec radios hur- resse qui sévit depuis mai provoque des in- blique, accompagné du maire de une telle vague de chaleur n’a jamais été ob- lantes, buvettes, barbecues et terrains de cendies dans les forêts environnant la capi- Un an après avoir été exclue du Tour de Bordeaux, Alain Juppé, et du pré- servée depuis la création des services météo- sport, des milliers de familles viennent cher- tale. Le ministère des situations d’urgence France, l’équipe Festina a repris la sident de l’UDF, François Bayrou, rologiques, en 1874. Pour d’autres, seules cher un peu de fraîcheur. parle « d’une situation critique », notant que route. Le credo a changé. « Il faut que se penchera au chevet d’une op- deux années peuvent rivaliser : 1917 et 1953. Rafik, trente-cinq ans, fait partie de la ving- 126 foyers avaient été décomptés en fin de les gars puissent vivre le vélo de façon position affaiblie. Quant au pre- Et ce rappel – l’année de la révolution d’octo- taine de sauveteurs chargés de surveiller la semaine et que certaines zones de datchas normale », dit-on simplement. Quant à mier ministre, il entend réaffirmer, bre et celle de la mort de Staline – provoque zone. Trois jeunes se sont noyés la semaine étaient menacées. Des milliers d’hectares au côté de Martine Aubry, mi- une intense excitation chez les pronosti- dernière, un quatrième a dû être hospitalisé. brûlent également autour de Saint-Péters- Richard Virenque, désormais membre nistre de l’emploi et de la solidari- queurs politiques, alors que la campagne « Les jeunes savent mal nager, les parents ne bourg, à Novgorod, dans l’Altaï et dans l’Ex- de l’équipe italienne Polti, il semble ne té, que la lutte contre le chômage électorale pour les législatives et la présiden- surveillent pas les petits et puis il y a aussi la trême-Orient russe. « Une catastrophe écolo- plus susciter l’enthousiasme des foules, « est la première priorité » de son tielle est engagée. boisson », dit le maître nageur. Bière et vodka gique menace », estime le service des forêts, qui ont fait la connaissance d’un mail- gouvernement, grâce notamment Loin de la politique, les Moscovites passent font partie du matériel de plage et, pour qui aimerait bien disposer d’un peu d’argent lot jaune inédit (photo ci-dessus), soirées et week-ends au bord de l’eau. Sur la beaucoup, une abondante consommation est pour reconstituer des moyens de lutte anti- aux emplois-jeunes et aux l’Américain Lance Armstrong (US Pos- 35 heures. Moskova, dix-sept plages sont à portée de le prélude à toute baignade. Là aussi, les re- incendie quasi inexistants. tramways ou d’autobus. Les services de la cords sont battus : selon les services de la tal) revenu à la course trois ans après Lire page 6 ville multiplient les mises en garde : sept de ville, cent cinquante personnes se sont François Bonnet avoir été atteint d’un cancer. p. 22-23 Polémique POINT DE VUE urbaine Secteur bancaire : l’Etat a fait sa part
par Dominique Strauss-Kahn BISSON FRÈRES LES FESTIVALS DE L’ÉTÉ N Crédit lyonnais re- brocardent les chantres du libé- dressé, trois grandes ralisme. Elle relève largement de banques encalminées choix faits à l’époque. Demander, Mont Blanc U Bien avant que la cohorte des touristes dans une bataille par exemple, à la défaisance du boursière à l’issue incertaine. Crédit lyonnais (le CDR) de tout n’envahisse les pentes neigeuses du NATHAN STARKMAN Le contraste est frappant. Le liquider en cinq ans et multiplier mont Blanc pour se tirer le portrait, Au- secteur financier public, en plein les interventions politiques pour guste-Rosalie Bisson, dit « Bisson L’ATTRIBUTION du Grand Prix désarroi en juin 1997, a été remis guider les choix de cession, jeune », partait à l’assaut du toit de de l’urbanisme à Nathan Stark- sur les rails. Des entreprises pri- c’était s’assurer d’une perte man, directeur de l’Atelier d’urba- vées performantes ont choisi de maximale. l’Europe pour le photographier à la tête nisme de Paris et conseiller du confier leur destin au seul verdict Le gouvernement aurait pu d’une armée de porteurs lourdement maire, fait polémique. Pour l’op- des marchés. n’être qu’un syndic de faillite. Re- chargés d’appareils de prise de vue, de position, ce prix est « un affront à Cela est le reflet d’une diver- mettre de l’ordre, solder les plaques et de produits chimiques. La tous ceux qui subissent la politique gence dans la manière d’assumer comptes auraient été les maîtres Bibliothèque nationale expose son tra- d’urbanisme » parisienne. et de conduire le changement. mots d’une vulgate purement En juin 1997, j’ai découvert comptable. Cela n’a pas été son vail, qui dépasse l’idée de paysage, Lire page 11 avec effarement l’étendue du dé- choix : Lionel Jospin a placé l’in- pour devenir une chronique qui s’inti- sastre du secteur financier public. térêt national au cœur de la stra- tulerait « Sur le chemin du mont Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, La facture pour l’Etat – et donc tégie du gouvernement à l’égard Blanc ». p. 26-27 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; pour le contribuable – représen- du secteur public. Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; Espagne, 225 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, tait plus de 130 milliards de De cette exigence, j’ai tiré 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, francs ! Plus surprenant : alors quatre objectifs. International ...... 2 Communication ...... 19 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; que la récession de 1993 était dis- France ...... 6 Tableau de bord ...... 19 Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,10 FS ; sipée, la facture s’est fortement Société ...... 8 Aujourd’hui...... 22 Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. Lire la suite page 16 alourdie entre 1995 et 1997, pas- et nos informations page 30 Carnet...... 10 Abonnements...... 24 sant, pour le seul Crédit lyonnais, Annonces classées.... 10 Météorologie-Jeux... 25 de 50 à 100 milliards de francs. Régions...... 11 Culture ...... 26 Cette dérive n’est pas impu- Dominique Strauss- Horizons ...... 13 Guide culturel...... 28 table aux prétendus méfaits de Kahn est ministre de l’économie, Entreprises ...... 17 Radio-Télévision...... 29 « l’économie administrée » que des finances et de l’industrie. LeMonde Job: WMQ0607--0002-0 WAS LMQ0607-2 Op.: XX Rev.: 05-07-99 T.: 11:01 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0259 Lcp: 700 CMYK
2 INTERNATIONAL LE MONDE / MARDI 6 JUILLET 1999
AMNISTIE Quelque 5 000 isla- geste fort du nouveau chef de l’Etat processus de « concorde civile » de commission d’enquête sur les « dis- les deux pays – le rétablissement des mistes non impliqués dans des crimes algérien a été accompagné dimanche progresser. b LA LEVÉE de l’état d’ur- parus », pourraient être annoncées. relations aériennes et l’octroi de visas de sang devaient bénéficier, lundi de la présentation, par le premier mi- gence, en vigueur depuis 1992, la li- b JACQUES CHIRAC souhaite se dans des conditions plus rapides – 5 juillet, d’une grâce accordée par le nistre Ismaïl Hamdani, d’un projet de bération d’Abassi Madani, le chef de rendre « aussi vite que possible » à avancent difficilement (lire aussi président Bouteflika. b CE PREMIER loi d’amnistie destiné à permettre au l’ex-FIS, voire la création d’une Alger. Les dossiers en suspens entre notre éditorial page 16). Abdelaziz Bouteflika libère des milliers d’islamistes en Algérie Après huit années d’une guerre qui a fait 100 000 morts, une loi de « concorde civile » devrait à terme concerner 15 000 intégristes emprisonnés. Le président algérien pourrait aussi annoncer la levée de l’état d’urgence et l’élargissement d’Abassi Madani, chef historique de l’ex-FIS BÉNÉFICIANT d’une grâce prési- foyer et de reprendre leur place dans les avoir commandées. S’ils n’ont songère. Dans le cas contraire, à la d’attentats à l’explosif, le texte pré- liation nationale ont été bien ac- dentielle, plusieurs milliers d’isla- la société ». Son adoption ne fait pas commis de massacres collectifs, fin de la période probatoire, les voit de ramener leur peine à douze cueillies. C’est d’abord vrai de l’ar- mistes – 5 000 , selon des sources ju- guère de doute à l’Assemblée, domi- d’attentats à l’explosif sur des lieux « terroristes » repentis passeront en ans d’incarcération au maximum. mée et des services de sécurité. La diciaires – non impliqués dans des née par les partis pro-gouverne- publics, ils seront soumis à une justice et leur peine sera allégée. Elle En principe, ils encouraient la peine politique menée par le nouveau chef crimes de sang devaient être libérés, mentaux, mais le chef de l’Etat a in- période probatoire de trois à dix ans ne devrait pas excéder cinq ans de capitale ou la réclusion à perpétuité. de l’Etat ne fait au demeurant qu’of- lundi 5 juillet, jour de la fête natio- diqué que les Algériens seraient de au cours de laquelle les poursuites prison. Dans tous les cas, les « repentis » de- ficialiser un dialogue que des mili- nale. Par ce geste de clémence, qui toute façon amenés à s’exprimer sur judiciaires seront gelées. En contre- Les responsables des groupes ar- vront demander à bénéficier des taires avaient déjà entamé avec les fait suite à l’abandon de la lutte ar- le texte par voie de référendum. partie, ils devront participer à «la més et ceux qui les ont créés for- mesures de clémence dans un délai responsables de l’AIS. C’est vrai éga- mée annoncé en juin par l’Armée is- Le projet de loi sur la « concorde lutte antiterroriste » pour le compte ment la dernière catégorie des per- de six mois après la promulgation lement des partis de l’opposition, lamique du salut (AIS), le bras armé nationale » pourrait bénéficier à de l’Etat. Un article du projet de loi sonnes concernées par le projet de de la loi. même si le Front des forces socia- de l’ex-Front islamique du salut quelque 15 000 personnes, mais à prévoit l’annulation de la mise sous loi. Sous réserve qu’ils n’aient pas Le chef de l’Etat, élu le 15 mai der- listes (FFS), le parti de M. Aït-Ah- (FIS), le président Bouteflika entend des degrés divers, selon leur impli- contrôle en cas de déclaration men- commis de massacres collectifs ou nier dans des conditions discutables med, reproche au projet de loi de ne « rétablir les liens entre les citoyens en cation dans les violences qui se- (ses cinq adversaires se sont retirés pas traiter « le volet politique de la éliminant les causes [...] de frustra- couent l’Algérie depuis le début de la veille du scrutin pour protester crise ». En fait, les seules critiques tion », assure un communiqué de la la décennie. La première catégorie Le grand retour de Cheb Mami contre les fraudes), a promis acerbes viennent des partis « éradi- présidence diffusé dimanche. Il vise – la plus nombreuse – concerne les d’« autres mesures » en faveur de la cateurs » (qui refusent toute conces- aussi à affirmer la « détermination « seconds couteaux », c’est-à-dire Des dizaines de milliers de fans ont envahi, dimanche soir 4 juil- paix. Selon certains journaux, Abde- sion aux islamistes). Ceux-ci, à personnelle [du chef de l’Etat] à tous ceux qui n’ont pas commis let, l’esplanade du Sanctuaire des martyrs, dans le centre de la capi- laziz Bouteflika pourrait annoncer l’image du Rassemblement pour la conduire le processus de rétablisse- d’actes ayant entraîné « mort, infir- tale, pour assister à un concert de Cheb Mami, le premier donné par lundi soir, dans un discours à la na- culture et la démocratie (RCD), ment de la concorde civile à son mité permanente, viol », ainsi que le « prince » de la musique raï en Algérie depuis plus de dix ans. Une tion, la levée de l’état d’urgence, en voient dans le texte de loi « la réha- terme ». ceux qui n’ont pas utilisé des explo- majorité de jeunes, hommes et femmes, vêtus à l’occidentale ou en vigueur depuis février 1992, la libé- bilitation des terroristes ». « Comment De son côté, le premier ministre, sifs dans des lieux publics. Ceux-là tenue islamique, se sont retrouvés dans une ambiance électrique, ration d’Abassi Madani, le chef his- peut-on mettre en liberté des per- Ismaïl Hamdani, a présenté di- seront amnistiés et les poursuites ju- reprenant souvent en chœur les tubes du chanteur, qui jouit d’une torique de l’ex-FIS, voire la mise en sonnes responsables des actes crimi- manche aux députés, comme prévu, diciaires à leur encontre annulées énorme popularité. Grâce à ce concert, la capitale algérienne a tenté place d’une commission sur les nels [et] ceux qui les ont commis ? », un projet de loi d’amnistie. Destiné (d’où le geste d’anticipation du pré- de renouer avec les grands spectacles qui ont quasiment disparu « disparus » (des milliers de per- s’interrogeait, il y a quelques jours, à rétablir la « concorde civile » le sident Bouteflika lundi 5 juillet). avec la montée de l’intégrisme islamiste au début des années 90. sonnes réputées pro-islamistes qui une éditorialiste du quotidien El Wa- texte, dont l’examen débutera mardi Dans la deuxième catégorie fi- Cheb Mami, qui, par moments, agitait l’emblème national algé- ont été enlevées hors de tout cadre tan, réputé proche du RCD. à la Chambre, doit permettre à ses gurent les combattants qui ont fait rien, a souligné qu’il était venu chanter dans son pays pour contri- légal par les forces de sécurité). bénéficiaires de « réintégrer leur partie d’organisations armées sans buer à redonner espoir à ses compatriotes. – (AFP.) Jusqu’ici les mesures de réconci- J.-P. T.
TROIS QUESTIONS À... Sur le marché d’Aligre, on scrute le retour à une « vie normale » au pays ABDELHAMID LE DIMANCHE MATIN, le marché fé, tandis que son voisin, estime qu’il faudra du concurrent malheureux d’Abdelaziz Tout en précisant que sa femme, médecin, MEHRI d’Aligre, dans le 12e arrondissement de Pa- attendre quelques mois pour juger de l’ac- Bouteflika aux dernières élections prési- n’a jamais porté le hidjab (voile islamique), ris, a des airs de « congrès du monde ». Les tion du nouveau régime. En dépit du légiti- dentielles, Ahmed Taleb-Ibrahimi, jadis ar- il n’hésite pas à évoquer les abus de la poli- Ancien secrétaire général cultures se côtoient : sikhs, juifs, musul- misme ambiant, les notions nouvelles, tisan de l’« arabisation » du pays, soutenu tique « éradicatrice » : « Beaucoup de gens 1 – réformateur – du FLN, l’ex- mans et chrétiens s’y croisent. Les Algé- comme l’« entente civique », la mise sur le par les islamistes. Cette rue, où se trouve la se sont retrouvés en prison sans trop qu’on parti unique, comment réagissez- riens, eux, se regroupent autour des débal- même plan des « éradicateurs » et des inté- mosquée de l’imam Sahraoui, l’un des fon- sache pourquoi et il y a des intégristes qui s’y vous à la « réconciliation natio- lages de vêtements, dans les petits cafés et gristes islamistes, ne recueillent pour dateurs du Front islamiste du salut (FIS), sont retrouvés simplement parce qu’ils por- nale » du président Bouteflika ? dans les boucheries qui débitent de la l’heure que des commentaires évasifs. assassiné au début de la vague d’attentats à taient la barbe ! Maintenant c’est fini. » L’orientation qu’elle marque viande hallal – conforme aux prescriptions Paris de l’été 1995, est parsemée de librai- « L’entente civique a des chances de réus- est intéressante, parce qu’elle de l’islam. Les questions paraissent éveiller « LA VIE SOCIALE A REPRIS » ries religieuses, qui proposent des ouvrages sir, confirme un jeune homme, dont le père, s’inscrit apparemment dans une des réflexes de méfiance ou de réticence. L’impression qui se dégage néanmoins de théologie musulmane à côté des livres un harki, n’est pas retourné en Algérie de- démarche globale, qui vise le rè- « En ce moment, l’Algérie est impeccable et il est celle d’une diminution de la tension de Roger Garaudy ou de biographies du puis 1962, mais dont la mère faisait jus- glement politique de la crise algé- n’y a pas de questions à poser », décrète un perçue en Algérie. « Avant, on ne pouvait sultan nationaliste puis mystique Abd qu’en 1992 de fréquents voyages. La ques- rienne. Cette démarche doit, à débitant de boissons, qui s’excuse de ne pas sortir la nuit. Aujourd’hui, on peut dor- El Kader. tion est de savoir si Abedelaziz Bouteflika mon avis, recevoir l’appui de pouvoir répondre, à cause de l’affluence. mir dehors ! », s’exclame un natif de Sétif. « Depuis les élections, il y a eu une nette saura s’émanciper des militaires qui tirent les toutes les forces qui, depuis des Les Algériens rencontrés rue d’Aligre Un autre passant, de Kabylie, qui estime amélioration en matière de sécurité, dit un ficelles dans l’ombre. Mais l’impression de années, militent en faveur de croient-ils que la politique de réconcilia- que sa région a été relativement épargnée Algérien qui fait des aller et retour entre mes amis qui vont souvent là-bas, c’est que la cette solution politique. La loi tion, à l’ordre du jour à Alger, portera ses par le climat de terreur qui prévaut depuis Tlemcen – dans l’ouest du pays – et la vie y est de plus en plus “normale”. Ainsi, des d’amnistie, comme toutes les lois, fruits ? « Inch Allah !, dit un homme d’une 1992, constate, lui aussi, que, désormais, France. Les gens veillent tard aux mariages, membres de notre famille, qui ne nous appe- est destinée à régler des pro- cinquantaine d’années, né en France. Là- dans le reste de l’Algérie, les mariages ils peuvent s’habiller comme ils l’entendent, laient plus depuis longtemps, se sont remis à blèmes juridiques et techniques. bas, c’est la peur. On ne peut pas se promener peuvent à nouveau se prolonger tard dans la vie sociale a repris et tout le monde re- téléphoner : c’est révélateur. » Que voterait- En elle-même, elle est donc insuf- comme ici dans un marché sans avoir peur. la nuit. commence à se déplacer pour aller au bord il, s’il le pouvait, au prochain référendum fisante pour donner tout l’élan Dans la rue, on a peur. Avec sa femme, on a Rue Myrha, dans le quartier de la Goutte- de la mer. J’y suis allé moi-même pour la pre- portant sur le projet de loi d’« entente ci- nécessaire au processus de ré- peur. J’espère que Bouteflika pourra arrêter le d’Or à Paris (18e), la pluie détrempe les af- mière fois depuis sept ans. Avant, on ne pou- vique » ? « Je voterais “oui” en principe. » conciliation nationale. Il faut massacre. » « On est tous avec lui », assure fiches électorales vert et rouge aux couleurs vait pas circuler après 17 heures. Je pense qu’elle soit suivie d’autres initia- un homme rencontré à la terrasse d’un ca- du drapeau algérien. Ce sont les placards qu’on va vers la fin de l’état d’exception. » Nicolas Weill tives.
Quelle devrait être la pro- 2 chaine étape ? Les dossiers d’Air France et de l’octroi des visas pèsent sur les relations avec Paris Lorsqu’on parle de réconcilia- tion nationale, ce ne doit pas être LES RELATIONS franco-algé- au siège. La prudence des propos en 1996, avec 47 000 visas délivrés duirait une sorte de quota, bien consulat d’Alger afin d’éviter aux un acte d’autorité, mais un effort riennes ont rarement été paisibles donne à penser que ce n’est pas seulement (la baisse étant régulière que le mot ne soit pas prononcé. demandeurs qui habitent en pro- de dialogue avec l’ensemble des depuis 1962, l’année de l’indépen- avant l’an 2000 – dans le meilleur depuis 1990). Entre 1987 et 1989 ce L’augmentation de cette capaci- vince le déplacement et la file d’at- forces politiques, y compris celles dance de l’Algérie. Le seront-elles des cas – que des avions français chiffre oscillait entre 500 000 et té dépend de la réouverture des tente. L’utilisation de la télécopie a qui se sont opposées à une solu- davantage après l’arrivée à la pré- reprendront le chemin de la capi- 800 000 visas. consulats sur place. Une mission été généralisée afin d’accélérer le tion politique, pour sortir le pays sidence algérienne d’un diplo- tale algérienne. D’ici là, Air Algérie Cinq ans après, même si le technique du ministère des affaires traitement desdites demandes, ain- d’une grande crise qui, sinon, mate ? Au lendemain de l’élection va continuer à bénéficier d’un qua- nombre est remonté, passant de étrangères part ce week-end étu- si que le recours, depuis le début risque de le déstabiliser pour d’Abdelaziz Bouteflika, à l’issue si-monopole. « Nous souhaitons re- 57 000 en 1997 à 85 000 en 1998 dier le problème d’Oran et d’Anna- de l’année, à la valise diplomatique longtemps. La prochaine étape d’une campagne électorale contro- prendre les liaisons. Le trafic annuel sous le gouvernement de Lionel ba, dont les locaux semblent inté- pour les acheminer à Nantes, afin pourrait être la rencontre de versée, le ministre des affaires est de 2 millions de passagers, Jospin, les conditions sont demeu- resser l’administration algérienne, d’éviter des pertes ou destructions toutes ces forces avec le président étrangères, Hubert Védrine, avait nuance-t-on au siège de la compa- rées, en gros, identiques. Certes, le et dont il convient d’assurer la sé- du courrier par les services postaux Bouteflika. Chacun apporterait sa parlé de la «préoccupation » de la gnie. Mais la décision est du ressort ministre de l’intérieur, Jean-Pierre curité. algériens (Le Monde du 6 décembre contribution à la solution et serait France. C’est peu dire que le nou- du gouvernement et des autorités Chevènement, lors de sa récente 1994). La politique du ministère des invité à prendre ses responsabili- veau président avait peu apprécié aéroportuaires ». Pour l’Algérie, visite à Alger, a parlé de le porter à « TRAITEMENT SUR MESURE » affaires étrangères vise un « traite- tés quant à la mise en pratique le commentaire. Depuis, le mi- l’enjeu est d’importance : nombre 200 000, tandis qu’Hubert Védrine Aucune décision politique de ment sur mesure » des demandes, des solutions adoptées. La dé- nistre de l’intérieur, Jean-Pierre de compagnies européennes at- évoquait le chiffre de 150 000 visas réouverture n’est en vue. Seules afin de favoriser les éléments de la marche que je préconise pourrait Chevènement, a fait le déplace- tendent qu’Air France retrouve le pour 1999. Selon le ministère des quelques améliorations ont été ap- société algérienne censés être «les prendre la forme d’une confé- ment de l’autre côté de la Méditer- chemin d’Alger pour faire de affaires étrangères, ce dernier portées en attendant. De- plus attachés à la France » (intellec- rence nationale, ou d’un congrès ranée. Et, comme par miracle, les même. D’ici là, le trafic aérien avec chiffre correspondrait à la capacité puis mai 1999, il est devenu pos- tuels, hommes d’affaires, artistes). national. L’important, c’est de relations sont devenues on ne peut le Vieux Continent est condamné à actuelle d’absorption du système sible d’adresser les demandes à donner à la réconciliation un plus cordiales entre Alger et Paris, stagner. de traitement. Celui de 150000 tra- une boîte postale ouverte au J.-P. T. et N. W. contenu politique à la fois clair et à telle enseigne que le président opérant. Jacques Chirac souhaite se rendre 10 % DE LA DEMANDE en Algérie « aussi vite que possible » L’autre dossier concerne l’octroi Jacques Chirac bientôt à Alger ? Croyez-vous à une recomposi- (lire ci-dessous). des visas. En décidant, après un at- 3 tion du paysage politique ? Il reste que les deux dossiers qui tentat qui avait coûté la vie, le L’élection présidentielle a mon- empoisonnent les relations entre 3 août 1994, à cinq fonctionnaires JACQUES CHIRAC souhaite se était la seule capitale arabe à Jacques Chirac. Qualifiant lundi, tré que plusieurs partis formels ne les deux capitales sont toujours français à Alger, la fermeture des rendre en Algérie. « J’aurai, je l’es- n’avoir pas reçu la visite de son dans une interview au Parisien,le bénéficient pas d’une base so- pendants, et aucun ne paraît en consulats et le transfert de la fonc- père, le plaisir d’aller en Algérie, et homologue français. Survolant la président Bouteflika d’homme ciale, alors que des candidats in- voie de résolution immédiate. Ain- tion de délivrance des visas en ce sera pour moi une grande joie. France de retour de Suisse, Abde- « plein de vivacité et conscient dépendants, sans parti, arrivent à si, les vols d’Air France en direction France, Paris avait rendu encore Les circonstances ne s’y sont pas en- laziz Bouteflika avait en quelque d’avoir une mission à remplir », le avoir une base électorale assez de l’Algérie (interrompus à la suite plus difficile l’obtention de titres core prêtées. Je souhaite qu’elles s’y sorte renouvelé son invitation, se ministre français de l’intérieur es- large. Cela laisse entrevoir une du détournement d’un Airbus à de séjour ou de tourisme, déjà ra- prêtent aussi vite que possible », a disant « disponible » pour déve- time que ce dernier a entrepris vaste recomposition du champ Noël 1994) ne sont pas prêts de re- lentie par la crainte diffuse des déclaré le président français, sa- lopper des « relations privilégiées » « une œuvre de réconciliation na- politique. Les grands partis tradi- prendre : « Ce n’est pas à l’ordre du « risques migratoires » et par le medi 3 juillet, à l’issue d’un entre- avec l’ancienne puissance colo- tionale, mais sur des bases claires, tionnels ne sont pas condamnés à jour », confirme une porte-parole contexte d’une politique restrictive tien avec son homologue égyptien niale. dont on ne peut que souhaiter le disparaître, à condition qu’ils pro- de la compagnie. « Au préalable, les en matière d’immigration. Hosni Moubarak. Après les propos aigres-doux succès pour sortir définitivement cèdent à une profonde mutation. questions de sécurité doivent être ré- L’unique moyen d’en obtenir de- Ce faisant, le chef de l’Etat ré- échangés entre Alger et Paris au l’Algérie de cette période doulou- Le FLN doit donner l’exemple, ces- glées », précise-t-elle. puis l’Algérie consistait, depuis oc- pond favorablement à une invita- lendemain de l’élection de reuse ». ser d’être une courroie de trans- Une mission d’experts, qui ne se tobre 1994, à adresser une de- tion « solennelle et officielle » lan- M. Bouteflika à la présidence, le L’intérêt de la France, poursuit- mission et un modèle dont on a limitera pas à des représentants mande écrite à un service cée par Abdelaziz Bouteflika, la changement de ton entre les deux il, est de « voir s’affirmer une fabriqué un clône [allusion au d’Air France, va se rendre à Alger spécialisé, le Bureau des visas Algé- semaine passée, en marge du capitales a surpris. Celui-ci n’est grande nation moderne, prospère, RND, le « parti du président »] cet été « pour évaluer les mesures rie (BVA) installé à Nantes. En sommet économique de Crans- sans doute pas étranger à la visite démocratique, au sud de la Médi- pour meubler la facade politique. prises [à l’aéroport, dans le do- 1994, le taux de délivrance ne cor- Montana, en Suisse, auquel il par- récente en Algérie de Jean-Pierre terranée. La France et l’Algérie ont maine de la sécurité] et celles qui respondait plus qu’à 10 % de la de- ticipait. Le président algérien Chevènement, qui était d’ailleurs tout intérêt à s’appuyer l’une sur Propos recueillis par restent à prendre », confirme-t-on mande réelle. L’étiage était atteint s’était étonné du fait qu’Alger porteur d’un message verbal de l’autre », ajoute le ministre. Jean-Pierre Tuquoi LeMonde Job: WMQ0607--0003-0 WAS LMQ0607-3 Op.: XX Rev.: 05-07-99 T.: 10:18 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0260 Lcp: 700 CMYK
INTERNATIONAL LE MONDE / MARDI 6 JUILLET 1999 / 3
Sartaj Aziz, ministre des affaires étrangères du Pakistan Percée libérale au Koweït KOWEÏT. Les élections législatives anticipées au Koweït, samedi 3 juillet, ont été marquées par une percée de l’opposition libérale qui « L’escalade au Cachemire est le résultat a quadruplé le nombre de ses sièges (16 sur un total de 50). L’opposi- tion islamiste sunnite a obtenu 14 sièges, deux de moins que dans la précédente assemblée, et les islamistes chiites, 6. Le vote a été inter- prété comme une sanction pour le gouvernement, critiqué pour sa d’une réaction militaire indienne disproportionnée » mauvaise gestion, mais il reflète également une déception vis-à-vis du courant islamiste. Les ténors de l’opposition libérale ont été élus, no- Sartaj Aziz, chef de la diplomatie pakistanaise, calade militaire en cours avec l’armée indienne contré son homologue français Hubert Védrine tamment Abdallah al-Nibari, connu pour sa lutte contre la corruption était à Paris, vendredi 2 juillet, pour expliquer la dans le territoire disputé du Cachemire, que re- et le conseiller diplomatique de Jacques Chirac, et qui avait été victime d’un attentat en 1997. La percée libérale de- position de son gouvernement à propos de l’es- vendiquent New Delhi et Islamabad. Il a ren- Jean-Bernard Levitte. vrait permettre la confirmation d’un décret émis par le pouvoir en fa- veur du vote et de l’éligibilité des femmes. – (AFP.) « Dans l’affaire de l’escalade franchi, depuis le Pakistan, la celle de 80 avions de chasse et le doit partir, comment et jusqu’à militaire en cours au Cachemire, “ligne de contrôle” séparant les déploiement de centaines de quel endroit ?” J’ai suggeré exacte- le Pakistan semble aujourd’hui deux Cachemires et ont creusé pièces d’artillerie ? Il est clair que ment ce que le G 8 a proposé : un L’Afrique australe va se doter diplomatiquement isolé. Votre des bunkers d’où ils attaquent d’autres raisons expliquent cette cessez-le-feu et la reprise du dia- pays ne fait-il pas figure d’agres- les soldats indiens... mobilisation militaire indienne. logue. Il y a un problème sur un seur ? – Les “combattants de la liber- – Cette escalade serait donc, territoire très petit. Si, au moindre d’une zone de libre-échange – Je ne pense pas que cela soit té” au Cachemire, auxquels nous selon vous, de la faute des In- incident, l’Inde mobilise ses vrai. Premièrement, il y a le pro- apportons un soutien diploma- diens ? troupes, non seulement au Cache- DURBAN. Les négociations sur la création d’une zone de libre- blème du Cachemire et, deuxième- tique et moral, se battent depuis – L’escalade, la tension actuelle mire mais ailleurs, le long de la échange dans la Communauté de développement de l’Afrique aus- ment, la situation militaire à Kar- dix ans. Combien d’entre eux, sont le résultat d’une réaction mi- frontière internationale entre nos trale (SADC) sont « bien sur les rails » et ses premières dispositions gil, au Cachemire. Il faut rappeler cette fois, ont-ils franchi la “ligne litaire disproportionnée de la part deux pays, avec déploiement de la devraient entrer en vigueur début 2 000, a annoncé Alec Erwin, mi- qu’aucun pays n’a jamais reconnu de contrôle” ? Nous n’avons pas de l’Inde. Et cela quelle que soit la marine et de l’aviation, cela doit nistre sud-africain du commerce et de l’industrie. La SADC, marché l’appartenance du Cachemire à les moyens de le savoir parce que nature des incidents sur le terrain. être condamné. Toute escalade potentiel de 190 millions d’habitants représentant un PIB de plus de l’Inde. Une majorité des pays a – Mais ce sont ces combattants entre deux puissances nucléaires 150 millards de dollars (environ autant d’euros), comprend l’Angola, condamné la brutale répression infiltrés qui sont la cause du pro- n’est pas souhaitable. Nous la République démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre), les Sey- par les Indiens des “combattants blème... n’avons pas mobilisé notre armée, chelles, l’Afrique du Sud, la Tanzanie, la Namibie, le Botswana, le de la liberté” dans la partie du Ca- – Quel problème ? Celui de la comme l’Inde. Et parce que nous Zimbabwe, la Zambie, le Lesotho, le Malawi, le Swaziland, le Mozam- chemire occupée par New Delhi. violation de la “ligne de contrôle” sommes puissance nucléaire, nous bique et l’Ile Maurice. Le sommet économique de la SADC, réuni à Les Indiens ont déployé est un vieux et permanent pro- avons montré plus de sens de res- Durban, samedi 3 et dimanche 4 juillet, a aussi exhorté les grandes 600 000 soldats dans cette petite blème, qui ne justifie pas une ponsabilité que l’Inde. entreprises régionales à planifier et à s’investir contre le SIDA. La ma- région. Ils ont tué 60 000 per- guerre entre nos deux pays. L’Inde – Précisément : comment ex- ladie affecte déjà 10 % de la main d’œuvre de la région. Selon une sonnes dans les dix dernières an- a, en fait, un motif très clair : écra- pliquez-vous que, après la ré- étude de l’université du Natal, les grandes compagnies installées en nées. Un nombre équivalent de ser le mouvement cachemiri. cente visite du premier ministre Afrique du Sud perdent déjà chaque année 3 % de leur main-d’œuvre personnes sont sans doute en pri- – L’Inde affirme que des indien au Pakistan et la reprise à cause du SIDA, une main-d’œuvre qui devrait voir son espérance de son. Personne ne peut prendre troupes pakistanaises encadrent du dialogue, une telle escalade vie réduite de 60 ans à 40 ans d’ici l’an 2008. – (AFP.) prétexte de l’escalade militaire en ces combattants retranchés sur ait eu lieu ? L’un de vos mi- cours pour justifier les violations les hauteurs. Est-ce vrai ? nistres vient d’affirmer que le perpétuées par l’Inde au Cache- SARTAJ AZIZ – Notre armée s’est déployée sur Pakistan serait prêt à utiliser Un officier mauritanien mis en examen mire. C’est la raison pour laquelle les hauteurs, mais de notre côté de l’arme nucléaire si besoin était... j’ai indiqué à mon collègue Hubert cela se passe du côté indien. Et la ligne de contrôle. Nos soldats – La fragilité des relations indo- Védrine de réserver son jugement quand bien même nous serions au n’ont pas franchi cette ligne. pakistanaises devait être compen- en France pour « tortures » sur cette question. Jusqu’à ce que courant du passage de ces Quand je suis allé à New Delhi, le sée par la “déclaration de Lahore”, les faits soient connus. Que l’on ne combattants sur le territoire in- mois dernier, pour discuter avec qui a fait suite à la visite du pre- UN CAPITAINE des forces armées mauritaniennes, Ely Ould Dha, a prenne pas ce que disent les In- dien, nous estimons que c’est leur les autorités indiennes, j’ai dit : mier ministre indien. Mais, trois été mis en examen, la semaine dernière, pour « crime de tortures » par diens pour argent comptant ! droit d’aller où ils veulent dans un “Vous affirmez qu’il y a eu viola- mois plus tard, il y a cet incident un juge d’instruction de Montpellier et écroué. Le militaire a été inter- – Les Indiens ont tout de Cachemire occupé par l’Inde. Et tion de la frontière. Discutons-en : au Cachemire. Et au lieu de se pellé alors qu’il effectuait un stage à l’Ecole d’application d’infanterie même des raisons de répondre même s’il y a bien 700 combat- de quelle violation s’agit-il, où a-t- conformer à l’esprit de dialogue, de l’armée française à Montpellier. Les policiers sont intervenus sur militairement, s’il est vrai qu’il y tants de l’autre côté de la fron- elle eu lieu, par qui, comment ?” l’Inde se lance dans une escalade plainte de la Fédération internationale des ligues des droits de a 700 combattants séparatistes tière, pensez-vous que cela justi- Les Indiens ont répondu : “Libérez militaire. Quel intérêt aurions- l’homme (FIDH) et de la Ligue des droits de l’homme (LDH). Les deux musulmans, et parmi eux des ta- fie, du côté indien, la mobilisation le terrain d’abord.” J’ai dit : “Libé- nous, pour notre part, à nous lan- associations accusent le capitaine d’avoir fait subir, en 1990 et 1991, libans, des extrémistes, qui ont de 30 000 hommes de troupes, rer le terrain à partir d’où ? Qui cer dans une aventure militaire ha- dans une prison proche de Nouakchott, des tortures à deux Maurita- sardeuse qui va à l’encontre du niens, aujourd’hui réfugiés politiques à Paris. Tous deux ont été inter- dialogue que nous essayons de rogés par le juge. Dans un communiqué commun publié samedi 3 promouvoir ? juillet, la FIDH et la LDH se « félicitent que les autorités judiciaires – Pour essayer de détourner françaises aient pleinement rempli leur rôle et que les poursuites aient Bill Clinton annonce « des mesures concrètes » l’attention de vos problèmes in- été engagées ». LE PRÉSIDENT américain Bill Clinton et le pre- L’Inde a rejeté une nouvelle offre de discussions térieurs, qui sont nombreux... mier ministre pakistanais Nawaz Sharif ont annon- sur le conflit du Cachemire faite samedi par le Pa- – Non. Nous disposons d’une cé, dimanche 4 juillet à Washington, dans un kistan, a indiqué, dimanche, un porte-parole du confortable majorité des deux communiqué commun, que « des mesures concrètes ministère des affaires étrangères à New Delhi. Il a tiers au Parlement. Notre gouver- allaient être prises pour rétablir la ligne de contrôle » ajouté que M. Clinton avait invité, la veille, le pre- nement est stable. Les Indiens, séparant les parties pakistanaise et indienne du Ca- mier ministre indien, Atal Behari Vajpayee, à venir eux, ont en revanche des pro- chemire. M. Clinton « a appelé à une fin immédiate également à Washington pour des discussions, blèmes politiques liés aux pro- des hostilités dès que ces mesures auront été prises ». mais que M. Vajpayee avait décliné l’invitation. chaines élections. L’Inde veut Les deux hommes « estiment que les combats qui Sur le terrain des affrontements, les troupes in- montrer que, lorsqu’il s’agit du Ca- se déroulent actuellement dans la région de Kargil, diennes ont repris partiellement, dimanche, le chemire, il y a menace de la part au Cachemire, sont dangereux et contiennent les contrôle des hauteurs stratégiques de Tiger Hills, de groupes fondamentalistes afin germes d’un conflit de plus grande envergure », se- au Cachemire, après de très violents combats qui de jouer sur la sensibilité de l’Oc- lon le même communiqué. La Maison Blanche les ont opposées aux guérilleros islamistes appuyés cident sur cette question. La situa- avait tenu à préciser au début de la rencontre que par le Pakistan. tion militaire en cours autour de M. Clinton ne jouait pas un rôle de médiateur dans La reconquête partielle des collines de Tiger Hills Kargil n’est que la partie émergée le conflit. « Le but de la rencontre est d’examiner la a été possible à la suite d’un déluge de feu de l’iceberg. L’iceberg, c’est le Ca- situation au Cachemire et de voir si nous pouvons déversé par l’artillerie indienne sur les maquis chemire. » faire quelque chose pour que la tension diminue là- montagneux où s’étaient retranchés les bas », avait affirmé un porte-parole de la Maison guérilleros islamistes venus, selon New Delhi, du Propos recueillis par Blanche, Jake Siewert. Pakistan. – (AFP.) Bruno Philip Le mutisme d’Ehoud Barak à propos du processus de paix inquiète les Palestiniens
GAZA clamer unilatéralement l’Etat pa- sier, particulièrement sensible bale où seraient abordés de front de notre envoyé spécial lestinien le 4 mai 1999. Autant pour les Palestiniens, des implan- les dossiers palestinien, libanais et Exercice quasi obligatoire depuis d’initiatives palestiniennes qui ont tations israéliennes en Cisjordanie syrien. maintenant plusieurs semaines, indirectement contribué à la dé- occupée. Le programme gouverne- Mais cette perspective demeure aucun des nombreux commenta- faite de Benyamin Nétanyahou en mental, publié le mois dernier, pré- incertaine alors que la direction teurs de la presse écrite ou audio- lui interdisant de jouer sur la peur voit ainsi que le gouvernement as- palestinienne a besoin de réponses visuelle israélienne n’a manqué de des électeurs. surera la sécurité des colons et leur bien concrètes. « Nous ne pourrons se poser publiquement cette lanci- fournira les « services nécessaires à pas attendre indéfiniment, assure nante question : que compte faire CONTACT ÉTABLI leur quotidien et à leur développe- un proche de Yasser Arafat. Si dans Ehoud Barak une fois que sera for- Ces bonnes manières n’ont ap- ment » jusqu’au règlement défini- une semaine quelque chose de fort mé son gouvernement qui devrait paremment pas ému Ehoud Barak. tif. Il assure également que les ha- n’est pas annoncé, les nôtres être investi le 7 juillet ? Tout entier Jusqu’à la fin de la semaine der- bitants des colonies ne risquent de perdre patience. » Abou occupé à bâtir sa coalition gouver- nière ce dernier n’avait pas estimé bénéficieront plus des privilèges, Mazen, souvent donné comme le nementale, le nouveau premier nécessaire de joindre Yasser Arafat notamment fiscaux, que leur successeur probable de Yasser Ara- ministre en a dit le moins possible, pour lui faire part de ses plans. avaient garantis l’administration fat, a transmis le même message ne révélant presque rien de ses Vendredi, enfin, le contact a été précédente pour encourager leur alarmiste à Michel Delebarre, plans à ses nombreux interlo- établi. M. Barak a assuré, au télé- installation. Ces dispositions appa- maire de Dunkerque, venu à Gaza cuteurs. La majorité de ces der- phone, au chef de l’Autorité pales- remment contradictoires n’ont pas inaugurer, la semaine dernière, niers n’a d’ailleurs pas semblé s’en tinienne qu’il considérait que éclairé les Palestiniens qui ont aus- une bibliothèque municipale formaliser, leurs discussions avec le règlement du conflit israélo-pa- si constaté avec amertume construite avec l’aide de sa le chef du futur gouvernement lestinien était une priorité, apai- qu’Ehoud Barak n’avait pas réagi à commune et celle de la région ayant rapidement abandonné le sant à peine les inquiétudes des la décision du gouvernement sor- Nord. terrain des convictions politiques Palestiniens qui redoutent qu’Is- tant d’étendre, à la sortie de Jéru- Sans doute s’agit-il là, pour une et des programmes pour aborder raël s’engage d’abord dans un rè- salem, au détriment de terres pa- large part, d’une menace de cir- celui des postes à pourvoir, objets glement préalable des dossiers li- lestiniennes, le territoire de la constance, la population palesti- de marchandages fort crus, comme banais ou syrien. Car, sur le fond, colonie de Maalé Adoumim. nienne, notamment celle de Gaza, toujours. M. Barak n’a guère été prolixe, étant pour le moment plus désen- Les Palestiniens ne sont pas les s’abstenant toujours de préciser MESSAGE ALARMISTE chantée que revendicatrice. Après derniers à se poser des questions. s’il comptait appliquer les accords Aux yeux des Palestiniens, la trois années de blocage d’un pro- Ayant, estiment-ils, contribué à la de Wye Plantation (signés en octo- seule bonne nouvelle de ces der- cessus de paix qui avait suscité les victoire d’Ehoud Barak, ils pensent bre 1998 mais rapidement suspen- nières semaines est la volonté ré- espoirs les plus fous, les Palesti- avoir droit à des égards qu’ils n’ont dus par la partie israélienne) pétée des Américains et des Euro- niens ont appris à discipliner leurs pas obtenus. « Il doit comprendre comme le demandent les Palesti- péens de voir reprendre au plus tôt enthousiasmes comme leurs ré- qu’il lui faut renvoyer l’ascenseur », niens et comme l’en pressent Amé- le processus de paix. Ils croient voltes. Mais la direction palesti- assure tel haut responsable pales- ricains et Européens, aussi avoir décelé que ces derniers, nienne qui, depuis des années, as- tinien en détaillant la facture : la Discrètement, l’Autorité palesti- conséquence inattendue de leur sure ses compatriotes que la voie mise hors d’état de nuire, par la ré- nienne reconnaît être satisfaite bonne coopération durant la suivie est la seule et la moins mau- pression ou la persuasion, de ceux que M. Barak, après bien des trac- guerre du Kosovo, sont désormais vaise possible, se demande en qui auraient pu être tentés de tations, ait finalement écarté de la disposés à travailler ensemble sur combien de temps elle perdra tout commettre des attentats durant la nouvelle majorité parlementaire le le dossier israélo-palestinien, ce crédit si aucun résultat n’est rapi- campage électorale, et la décision Likoud, le parti de Benyamin Néta- qui devrait accroître la pression sur dement enregistré. de Yasser Arafat, malgré ses enga- nyahou. Mais elle s’alarme de la M. Barak et pourrait favoriser l’or- gements antérieurs, de ne pas pro- tonalité des messages sur le dos- ganisation d’une négociation glo- Georges Marion LeMonde Job: WMQ0607--0004-0 WAS LMQ0607-4 Op.: XX Rev.: 05-07-99 T.: 10:53 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0261 Lcp: 700 CMYK
4 / LE MONDE / MARDI 6 JUILLET 1999 INTERNATIONAL L’opposition en Serbie s’enlise dans des querelles personnelles Les explosions sporadiques de mécontentement se multiplient pourtant dans un pays sinistré et menacé par l’inflation et le chômage. Après s’être réfugié pendant plusieurs semaines au Monténégro, le chef du Parti démocratique de Serbie, Zoran Djindjic, est rentré à Belgrade dimanche L’un des chefs de l’opposition serbe, Zoran tique (DS) – et ancien maire de Belgrade – tique s’est fixé deux objectifs : la démission n’ont cependant pas manqué de lui repro- posants, et que des explosions sporadiques Djindjic, qui est poursuivi en justice pour n’a pas été inquiété par la police à son arri- du président yougoslave Slobodan Milose- cher sa longue absence, aussi mal vécue de mécontentement se multiplient dans insoumission, est rentré, dimanche 4 juillet, vée à l’aéroport de la capitale yougoslave vic et la mise en place d’un gouvernement par ses troupes. Et cela dans un contexte une Serbie sinistrée, guettée par l’inflation, à Belgrade après une absence de près de en provenance du Monténégro. Il a déclaré de transition, qui préparera des élections ». difficile, alors que Slobodan Milosevic mul- la recrudescence du chômage et la menace deux mois. Le président du Parti démocra- à la presse que « l’opposition démocra- Les nombreux rivaux de Zoran Djindjic tiplie les « ouvertures » pour diviser ses op- d’un hiver sans chauffage.
BELGRADE de mobilisation. Le retour de Par cette vision de l’histoire, manifestations qui devrait culmi- correspondance M. Djindjic à Belgrade, dimanche M. Djindjic reste en phase avec le ner vers le 1er septembre à Bel- Son retour ne fut guère plus glo- 4 juillet, fut donc entouré de pré- gros de l’opposition démocratique grade. Mais les petits partis, rieux que son départ, à l’image cautions : la presse fut prévenue serbe où pratiquement personne souvent dynamiques, qui la d’une opposition faible, divisée et quelques heures plus tôt et une ne se risque, comme le fit pourtant composent se plaignent d’un han- aux objectifs parfois brumeux. Zo- centaine de ses partisans se ren- un universitaire à Cacak, à singu- dicap, celui que représenteraient ran Djindjic, chef du Parti démo- dirent à l’aéroport, ouvert depuis lariser la responsabilité de Bel- leurs deux « poids lourds » : cratique de Serbie (PDS) qui se une semaine pour une liaison quo- grade dans les derniers conflits des « L’un, Vuk Draskovic, ne sait tou- pose en chef de file de l’opposition tidienne avec le Monténégro, la Balkans. De plus, le chef du PDS jours pas s’il est avec l’Alliance ou libérale, s’était réfugié au Monté- petite république pro-occidentale n’a pas exclu une collaboration avec Milosevic ; l’autre, Zoran négro huit semaines après le dé- de la nouvelle Fédération yougo- avec le nationaliste Vuk Drasko- Djindjic, s’est compromis par son but des frappes de l’OTAN, par slave. « La police devait m’arrêter vic, son allié du temps des mani- crainte des hommes de main du ici, mais votre présence nombreuse festations qui firent vaciller le régime qui venaient de tuer un l’a sans doute dissuadée », a décla- pouvoir en 1996-1997, avant que 570 200 réfugiés journaliste de l’opposition. Les ré M. Djindjic en sortant de l’aéro- leur brouille ne laisse à nouveau le nombreux rivaux de M. Djindjic gare sous les vivats. Il n’a pu ren- champ libre à Slobodan Milosevic. sont rentrés au Kosovo au sein de son propre camp n’ont trer plus tôt, a-t-il précisé, car il La condition que pose le PDS est pas manqué de lui reprocher cette n’y avait pas de places sur les pre- que M. Draskovic « rallie l’opposi- 570 200 réfugiés ont regagné le « fuite ». Son absence lors de la miers vols et qu’il ne voulait pas tion et réclame avec elle la démis- Kosovo depuis la fin des bom- manifestation de Cacak, le 29 juin, risquer, en prenant la route, une sion de Milosevic ». Or, si le très bardements de l’OTAN, et 186 200 fut particulièrement mal vécue par arrestation sans témoins. opportuniste Vuk Draskovic, qui se trouvent toujours dans les ses troupes : c’était le premier Une heure plus tard, dans l’hôtel fit partie du gouvernement fédéral pays limitrophes, a indiqué, di- meeting en Serbie, après la levée particulier où siège le PDS, d’octobre 1998 à avril, vient de re- manche 4 juillet à Genève, le de l’état de guerre, organisé par M. Djindjic tenait pourtant un fuser d’y reprendre place, il n’est Haut Commissariat des Nations l’Alliance pour le changement autre discours : « Milosevic aurait pas certain qu’il persiste dans ce unies pour les réfugiés (HCR). Le (SZP), une coalition dont le PDS plus à perdre que moi s’il me faisait refus. Car M. Milosevic, qui multi- HCR recensait, samedi, fait partie. L’avocat de M. Djindjic arrêter maintenant », a-t-il dit, en désir d’être utile au pays. négrin Milo Djukanovic, auprès plie les « ouvertures » pour diviser 117 400 réfugiés en Albanie, révéla alors qu’il était sous le coup promettant de se rendre de lui- M. Djindjic estime avoir réussi : la des membres de l’OTAN. Car, a-t- ses opposants, vient d’accéder à 26 800 en Macédoine, 24 600 au de deux inculpations le rendant même au tribunal militaire pour solution négociée qui fut finale- il ajouté, cette guerre fut « celle une demande de M. Draskovic : il Monténégro et 17 400 en Bosnie- passible de vingt ans de prison, s’expliquer. Quand à son départ de ment retenue, a-t-il affirmé, est des extrémistes de tous bords : ceux a tendu, samedi, une perche au Herzégovine. Avant le début de dont une devant le tribunal mili- Serbie, il fut motivé non par la celle pour laquelle il avait plaidé de Serbie, du Kosovo et de l’Oc- président du Monténégro, dont l’intervention de l’OTAN, le taire pour non-réponse à un ordre peur d’une arrestation, mais par le avec son ami, le président monté- cident ». les velléités d’indépendance ont 24 mars, 124 000 Kosovars été ouvertement condamnées la avaient fui vers d’autres pays veille par le secrétaire général de d’Europe. On ne sait pas l’OTAN, Javier Solona. combien parmi eux sont rentrés La Russie et l’OTAN recommencent leurs négociations au Kosovo. En outre, 91 057 réfu- SÉRIE DE MANIFESTATIONS giés du Kosovo ont été évacués MOSCOU ployer davantage de troupes », a ex- Le 25 juin, le général Ivachov, tion du régime de Belgrade, les Ces tractations se déroulent par avion de Macédoine vers de notre correspondant pliqué un responsable de l’adminis- responsable des opérations inter- responsables de l’OTAN demeurent alors que les explosions spora- 29 pays depuis le 5 avril. Par ail- Dans un climat de forte mé- tration américaine. nationales au ministère de la dé- méfiants. Le quotidien russe Mos- diques de mécontentement se leurs, le HCR chiffre à au moins fiance, la Russie et l’OTAN ont re- Le ministère russe de la défense a fense, avait interprété de manière kovski Komsomolets, citant des multiplient dans une Serbie sinis- 71 800 le nombre de Serbes ayant commencé une série de négocia- vivement réagi, parlant de « provo- souple l’accord d’Helsinki. « La po- sources au ministère de la défense, trée, guettée par l’inflation et un quitté le Kosovo, dont 21 800 vers tions sur les conditions de cation de la part des Etats-Unis ». sition de la Russie ne sera pas sta- a ainsi expliqué, vendredi, que la hiver sans chauffage, où le taux de le Monténégro et environ 50 000 participation des soldats russes à la Des responsables militaires ont dé- tique, cela nous donnera la possibili- prise de l’aéroport n’était que la chômage atteint 30 %. Les réfugiés vers le reste de la Serbie. – (AFP.) KFOR. Une délégation du Shape, le claré à l’agence Interfax que les té d’étendre notre zone de première étape d’un plan qui aurait du Kosovo grondent et des réser- haut commandement militaire de motifs avancés par l’OTAN étaient responsabilité et de changer la géo- permis, par pont aérien, de dé- vistes, de retour de cette province, l’OTAN en Europe, est arrivée en « absolument infondés ». « Tous les graphie de nos zones », expliquait-il. ployer rapidement 4 000 hommes ont encore bloqué, samedi, une absence durant la guerre », déplore urgence à Moscou, dimanche 4 juil- détails de la localisation des soldats Le général ajoutait qu’il n’excluait et de créer de facto un secteur russe route dans le sud du pays, récla- Zarko Korac, membre d’une nou- let, tandis que les autorités russes russes ont été arrêtés lors de l’accord pas que les troupes russes s’ins- le long de la frontière serbe. Le mant leurs payes de trois mois de velle Union des partis démocra- faisaient connaître leur méconten- intervenu à Helsinki, ont-ils assuré. tallent pour partie dans le secteur quotidien ajoute que de hauts res- guerre. tiques. La population, de son côté, tement. L’envoi de leur contingent Et ces données ont été reconfirmées italien : « Selon les circonstances, ponsables militaires sont au- L’opposition démocratique par- descendra-t-elle dans la rue à l’ap- au Kosovo est bloqué depuis same- cette semaine, lors d’une visite à une zone géographique peut chan- jourd’hui fort mécontents de voir viendra-t-elle à canaliser ces mou- pel de ceux-là mêmes qui, par di, après le refus de la Roumanie, Bruxelles [d’une délégation militaire ger », assurait-il. les unités russes éparpillées dans vements pour précipiter ici une leurs brouilles, ont déjà fait de la Hongrie et de la Bulgarie d’ac- russe].» Après l’arrivée surprise de sol- différents secteurs contrôlés par « révolution de velours », comme capoter un mouvement de corder à Moscou un couloir aérien, dats russes sur l’aéroport de Pristi- l’OTAN. en Europe de l’Est il y a dix ans ? masse ? à la demande de responsables amé- ALLIANCE ATLANTIQUE MÉFIANTE na, opération décidée par l’état- L’Alliance pour le changement s’y ricains et de l’OTAN. Au-delà de ces « détails tech- major à Moscou avec la collabora- François Bonnet emploie, en préparant une série de Sonia Petrovic Les télévisions russes ont montré niques », les responsables de les avions militaires cloués sur la l’OTAN estiment que les militaires base aérienne d’Ivanovo, au sud- russes tentent de revoir les termes est de Moscou. Cent vingt parachu- de l’accord signé à Helsinki. Le gé- Les limites de la participation française à « Force alliée » tistes et 30 tonnes de matériel de- néral Wesley Clark, commandant vaient être envoyés à Pristina, di- en chef de l’OTAN, a expliqué que LA NON-PARTICIPATION de la devant celle des autres Européens, mes aux Etats-Unis en cours de [8 000 au Kosovo, 3 000 en Bosnie, manche, pour venir en renfort aux les Russes refusaient de prendre en France à l’Organisation militaire n’en considèrent pas moins qu’il campagne), d’avions de ravitaille- 1 000 en Albanie et 9 000 dans les 400 soldats présents sur l’aéroport charge des territoires où sont pré- intégrée de l’Alliance atlantique ne reste encore beaucoup à faire ment en vol en nombre satisfai- DOM-TOM et en Afrique], a dé- de Slatina depuis le 12 juin. Samedi, sents des membres de l’Armée de l’aura pas empêchée de tenir plus pour édifier une défense sant ou de moyens de renseigne- passé la limite de ses capacités de le New York Times révélait la déci- libération du Kosovo. Des officiels que son rang dans le dispositif commune du Vieux Continent à ment à la hauteur, même si la projection au stade actuel de sa sion de l’OTAN de bloquer ce dé- américains, cités par le Washington « Force alliée » déployé au-dessus partir, estime M. de Villepin, France a été la seule des puis- professionnalisation ». Ce qui signi- ploiement, des désaccords subsis- Post, estiment que les Russes des Balkans et de s’insérer sans d’« outils décisionnels efficaces et sances européennes à aligner une fie que tout engagement supplé- tant sur la localisation des troupes « veulent maintenant plus et tentent difficultés dans une coalition ad de moyens militaires crédibles », gamme complète (satellites, mentaire posera des problèmes russes et leur intégration dans la de se créer un quasi-secteur ». L’ac- hoc. Mais pour autant, la guerre suffisants en tout cas pour agir avions-espions, hélicoptères et en- de relève, nécessitera de réaména- chaîne de commandement de la cord d’Helsinki prévoit au contraire aérienne, menée pour la libération avec l’OTAN ou hors de l’organi- gins automatiques) pour l’obser- ger le dispositif permanent outre- KFOR. « Le point de vue russe était : que les 3 600 soldats russes seront du Kosovo, a mis en lumière cer- sation atlantique. vation, la surveillance et pour la mer et aura « des effets préjudi- envoyons les troupes sur place pen- déployés dans les secteurs contrô- taines limitations, voire des défi- La singularité de la position reconnaissance du théâtre des ciables » sur l’entraînement des dant que nous travaillons aux arran- lés par les Français, les Allemands ciences dans les capacités de la française en Europe – quelque opérations. forces. gements ; notre point de vue était : et les Américains, et sur l’aéroport France en matière d’équipement 11 % des missions lui ont été attri- Sur un autre plan, celui de la Il reste à régler les dépenses oc- fixons les détails avant de les voir dé- de Slatina, en secteur britannique. de ses forces armées. buées par l’OTAN, contre 5,3 % à gestion des effectifs engagés, la casionnées par l’action de la Tel est le diagnostic que portent, France depuis la mise en place, en après onze semaines de bombar- décembre 1998, de la force d’ex- JUILLET 1999 dements de l’OTAN en ex-Yougo- Cinq drones français ont disparu au Kosovo traction, censée protéger les ob- slavie, deux parlementaires, Xavier servateurs de l’Organisation pour LE MONDE de Villepin, sénateur (Union cen- Sur les treize engins de reconnaissance (drones) engagés par la la sécurité et la coopération en Eu- triste) représentant les Français de France, cinq ont été perdus ou abattus en vol : deux CL-289 Piver, rope (OSCE) et dont elle a eu la diplomatique l’étranger, et Jean-Michel Bouche- voués au renseignement dans la profondeur du territoire adverse, et responsabilité, et le 10 juin, date ron, député (PS) d’Ille-et-Vilaine, trois Crécerelle, à usage plus tactique, à proximité de la ligne des de l’arrêt des raids de l’OTAN sur dans deux analyses d’une soixan- contacts. Selon le sénateur (Union centriste) Xavier de Villepin, les l’ex-Yougoslavie. RECONSTRUIRE LES BALKANS taine de pages chacune, qu’ils ont drones sont fragiles et vulnérables, en raison de leur navigation à rendues publiques, lundi 5 juillet, basse altitude, qui peut en faire des cibles à la portée d’une simple LE MONTANT DE L’ADDITION Le protectorat, instrument de domination au nom de la commission de la dé- mitrailleuse au sol, ou en raison de la nature du terrain qu’ils sur- Il s’agit de ce que les experts ap- par Andreja Zivcovic fense et des affaires étrangères du volent et qui exige une programmation très précise. Le coût d’un pellent des « surcoûts », une éva- Européaniser l’« autre Europe » Sénat et de la commission des fi- drone évolue entre 5 et 15 millions de francs (entre 762 000 ¤ et luation par rapport aux coûts en- par Marie-Janine Calic nances de l’Assemblée nationale. 2,28 millions d’euros), en fonction de ses caractéristiques. Selon des traînés par l’activité régulière des informations de source française, l’OTAN aurait perdu au total vingt forces si elles étaient demeurées Seuls, les Etats-Unis... MODERNISATION INSUFFISANTE et un drones dans les mêmes circonstances. en France. L’addition se monte, par Antoine Sanguinetti Sur le plan des opérations, la selon M. Boucheron, à 1,011 mil- La Bosnie, otage du conflit France, constate le sénateur, s’est liard de francs (soit 496 millions par Thomas Hofnung insérée sans difficultés dans le dis- l’Italie, 4,8 % au Royaume-Uni et suite de « Force alliée », c’est-à- pour l’armée de l’air, 348 pour la positif de l’OTAN en se faisant 2,1 % à l’Allemagne – a fait néan- dire le déploiement en cours d’une marine et 167 millions pour l’ar- l’avocat de « la primauté du poli- moins apparaître « des insuffi- force internationale de sécurité mée de terre) et à 63 millions de tique » vis-à-vis de la hiérarchie sances dans la modernisation » des (KFOR), a démontré que la profes- francs pour l’assistance humani- a GUYANE : La justice en question, par Jean Lévy. militaire, en matière de règles équipements militaires de la sionnalisation des armées, enga- taire des armées françaises auprès a ROYAUME-UNI : Autogestion dans une mine du pays de Galles, par Brigitte d’engagement de la force. Pour la France qui, selon M. Boucheron, gée en 1997 jusqu’en 2002, aura des familles de réfugiés kosovars Pätzold. – Blackpool, temple du tourisme populaire, par Natacha Henry. première fois, ajoute le député, peuvent être mises au passif d’une été un bon choix mais que, en en Albanie et en Macédoine. a CAMEROUN : La crise qui tue, par Gilles Séraphin. – La descente aux enfers des une coalition militaire est interve- hiérarchisation discutable dans les 1999, au milieu du gué, cet objectif Ces dépenses seront nettement intellectuels, par Thierry Michalon. nue à l’intérieur d’un pays au nom priorités de défense ou d’une suc- comporte bien des écueils. plus lourdes fin 1999 quand il fau- a HISTOIRE : Les armes biologiques de la guerre de Corée, par Stephen Endicott de principes humanitaires et c’est cession d’abattements budgé- « A mi-parcours de sa profession- dra comptabiliser celles de la bri- et Edward Hagerman. « une révolution politique » au sein taires, mal venus, depuis des an- nalisation, l’armée de terre est dans gade française au sein de la KFOR. a BIODIVERSITÉ : L’écosystème menacé par la technoéconomie, par Jean-Paul de l’OTAN face à « une vieille nées. une situation délicate », écrit M. de Elles devraient dépasser les Maréchal. ONU » qui n’a pas su anticiper sur C’est le cas, en particulier, de Villepin. Il lui a été demandé de 2,5 milliards de francs. On sera a RELIGIONS : La foi baha’ie, un humanisme contre les fanatismes, par William S. la mutation imposée par la gestion l’absence, dans la panoplie fran- pouvoir « projeter », sans grand probablement loin des surcoûts de Hatcher. de crises. çaise, de capacités anti-radar effi- préavis, hors de la métropole, la guerre du Golfe, en 1990-1991, Les deux parlementaires, s’ils caces, d’armements précis tirés à entre 17 000 et 20 000 profession- qui ont été estimés à 6,6 milliards a SCIENCE-FICTION : Les mondes perdus de l’anticipation française, par Serge Lehman. – Quand « La Guerre des étoiles » devient réalité, par Norman Spinrad. notent la position propre à la distance de sécurité et par tous les nels aujourd’hui et 25 000 en 2002. de francs pour une efficacité France qui aura apporté la temps, de stocks de munitions suf- D’ores et déjà, constate le séna- moindre sur le terrain. deuxième contribution aérienne fisants (il a fallu acheter des teur, « l’armée de terre, avec 21 000 En vente chez votre marchand de journaux - 24 F - 3,66 ¤ loin derrière les Etats-Unis mais bombes MK 82 de 250 kilogram- soldats de métier hors métropole Jacques Isnard LeMonde Job: WMQ0607--0005-0 WAS LMQ0607-5 Op.: XX Rev.: 05-07-99 T.: 11:25 S.: 111,06-Cmp.:05,14, Base : LMQPAG 09Fap: 100 No: 0415 Lcp: 700 CMYK
INTERNATIONAL LE MONDE / MARDI 6 JUILLET 1999 / 5 La parade des orangistes de Portadown Un mort et vingt-quatre blessés dans un attentat à la bombe en Turquie n’a pas fait couler le sang en Irlande du Nord ISTANBUL. Une personne a été tuée et 24 autres blessées, dont cinq grièvement, dans l’explosion d’une bombe déposée dans une pou- belle d’un parc, dimanche soir 4 juillet, à Istanbul, a rapporté la chaîne de télévision NTV. L’explosion a eu lieu dans un quartier d’Av- Tony Blair appelle à saisir une « opportunité historique » cilar, dans la partie européenne de la ville. Aucune revendication n’a été faite. Cet attentat survient cinq jours après la condamnation à la Moins de 200 protestants se tenaient aux cours de laquelle plus de 15 000 personnes ont redoutées n’ont pas eu lieu, dimanche, le cor- peine capitale du chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, sé- abords de l’église catholique de Drumcree, lundi défilé dans le calme sous la bannière de l’ordre tège de la loge protestante s’étant dispersé à paratiste), Abdullah Öcalan. Celui-ci, selon le quotidien populaire Sa- 5 juillet, au lendemain d’une manifestation au d’Orange. Les violences intercommunautaires l’appel de ses responsables de Portadown. bah, a ordonné à ses militants armés de ne pas mener d’actes de vio- lence qui pourraient inciter les autorités turques à exécuter la peine PORTADOWN viendra le feu vert espéré. Ici, entre parapluie et étole orange de ri- et des kilomètres de barbelés préa- capitale prononcée contre lui : « Adoptez une approche pacifique sinon de notre envoyé spécial l’immense majorité protestante et gueur, qui paraissent figés dans un lablement déroulés sur la verdure, ce serait mauvais pour moi », aurait dit M. Öcalan. L’appel du chef re- L’affichette placardée face au cé- la minorité catholique, c’est la autre âge, un autre combat, et à qui on se demanderait où est le pro- belle kurde a été transmis aux dirigeants du PKK par l’intermédiaire lèbre temple protestant de Drum- haine. Une haine confuse, difficile- chacun reconnaît cependant, à titre blème. Réponse : sur les deux kilo- des personnes qui lui avaient rendu visite, plusieurs jours avant l’an- cree ne laisse aucun doute sur l’état ment explicable et totalement irra- individuel, une grande décence, mètres de champs qui séparent nonce du verdict, dans la prison de l’île d’Imrali. M. Öcalan estime d’esprit du lieu : « Opposez-vous à tionnelle comme souvent, mais une vraie bonne foi et une pro- Portadown de Drumcree s’élève, que la peine de mort prononcée contre lui ne sera pas exécutée, ar- vos curés pervers, pas à nos pa- d’autant plus solide. Autre affi- fonde croyance en un monde meil- depuis quelques années, un petit guant que « si la Turquie avait souhaité le tuer, elle l’aurait déjà fait ». rades ! », lance-t-elle aux « pa- chette placardée, celle-ci, sur la leur. Les voilà donc qui défilent quartier catholique situé de part et –(AFP.) pistes » qui passeraient là. Midi ta- haute muraille d’acier plantée au pour la 192e fois depuis 1807 entre d’autre de la Garvaghy Road. Et pante, dimanche 4 juillet, sur le site bas de la rue par les forces de le gros bourg de Portadown et le pour la seconde fois en deux le plus emblématique de l’affronte- l’ordre pour séparer les deux faubourg de Drumcree, ces « oran- siècles, cette année comme en 1998, Suicide de l’auteur présumé d’une série ment perpétuel entre catholiques et communautés : « Nous ne nous ren- gistes » si décriés ! Ils sont quelques les fidèles du temple se sont vu in- protestants en Irlande du Nord : ce drons jamais à l’Antéchrist de milliers et dans ce lieu champêtre, terdire par les autorités, et à la de- matin, dans le Sunday Times, Tony mande des résidants du lieu, d’y pa- de crimes racistes aux Etats-Unis Blair a appelé les fidèles de l’Ancien rader. Trop d’incidents violents s’y Testament à ne pas laisser filer Un nouveau ministre à l’Ulster pourrait être nommé sont produits. En 1998, par repré- SALEM (Illinois). Un militant d’une organisation raciste, Benjamin « l’opportunité historique » – qui a sailles contre l’interdiction de ma- Daniel Smith, s’est donné la mort lors de son arrestation, dans la nuit émergé la semaine dernière de Tony Blair pourrait prochainement remanier son gouvernement nifester, une maison catholique du dimanche 4 au lundi 5 juillet. La police l’avait identifié comme soixante-dix heures d’intenses né- pour changer son ministre à l’Irlande du Nord, Mo Mowlam. Celle-ci avait été incendiée dans une locali- l’auteur d’une série d’agressions racistes commises dans l’Illinois et gociations – de mettre un terme dé- a confirmé, dimanche 4 juin sur la chaîne Sky News, que le premier té voisine : trois enfants avaient l’Indiana pendant le week-end de la fête nationale des Etats-Unis. finitif à trente années de violences. ministre britannique avait évoqué avec elle son éventuel transfert à trouvé la mort. Le choc avait été Après avoir tué l’ancien entraîneur noir de l’équipe universitaire de Le premier ministre britannique un autre poste lors des pourparlers de Belfast. Très impliquée dans immense. Mais les « orangistes » basket-ball de Chicago, il avait ouvert le feu sur un groupe de juifs or- souligne combien l’« engagement le processus de paix, Mme Mowlam est extrêmement populaire en du cru ne veulent pas en dé- thodoxes, blessant six d’entre eux. Il avait également tiré sur un sans précédent » du Sinn Fein répu- Grande-Bretagne. Mais le camp protestant de David Trimble l’a vi- mordre : « Nous interdire de passer, couple d’origine asiatique ainsi que sur les fidèles d’une église co- blicain d’obtenir rapidement le dé- vement critiquée ces dernières semaines, faisant savoir à M. Blair c’est une nouvelle atteinte à nos réenne, dont l’un a été tué. Benjamin Daniel Smith, vingt et un ans, sarmement complet de sa branche que son maintien ne favorisait pas le déblocage des négociations. droits ancestraux ! », s’indignent-ils. était connu des organisations antiracistes de Chicago comme armée (l’IRA), à condition qu’on Les deux parties ont jusqu’au 15 juillet pour dire s’ils acceptent le Qui sont ces gens ? Tout le membre de l’Eglise mondiale du créateur, une secte basée à Bloo- laisse ses élus entrer au gouverne- compromis proposé par Londres de manière à permettre la forma- monde et personne, une espèce de mington (Indiana) qui diffusait des textes racistes et antisémites. ment local, vaut la peine d’être tes- tion d’un gouvernement d’union de la province. Selon plusieurs confrérie culturelle et sociale réser- – (AFP, AP.) té. journaux, M. Blair souhaiterait donner à Mme Mowlam le porte- vée aux réformés très croyants, qui feuille de la santé, dont le titulaire, Frank Dobson, représenterait le regrouperait autour de 100 000 fi- TERGIVERSATIONS Labour aux élections pour la mairie de Londres en 2000. – (AFP.) dèles répartis en 140 loges à travers Vent de révolte en Allemagne « Au pire, insiste M. Blair, si les ré- toute l’île d’Irlande. Ni ange ni dé- publicains ne tenaient pas leur pro- mon, la tribu « orangiste » se carac- messe, nous reviendrions automati- Rome. » Le tout sur une photo de ensoleillé par intermittence, l’atmo- térise par une identité protestante contre Martin Bangemann quement à la situation présente l’intéressé, autrement dit Jean sphère qu’ils répandent aujourd’hui si puissante que ses membres puisque le gouvernement autonome Paul II, chef universel des « pa- est plutôt bon enfant. « Pas de vio- tiennent toujours à marcher et BERLIN. L’Allemagne, dont les milieux politiques avaient été à la serait dissous. » Qu’avez-vous donc pistes » de la planète. lence ! », tel est le mot d’ordre qui marcher encore chaque année au pointe du combat au début de l’année pour dénoncer les comporte- à perdre sinon l’interminable ba- Etrange cérémonie que celle de sera respecté. son des tambours pour célébrer la ments jugés indélicats de plusieurs commissaires européens parmi taille de propagande qui sévit de- cette communauté protestante, très victoire d’un certain Guillaume lesquels Edith Cresson, est rattrapée par l’affaire de son commissaire puis des siècles entre les deux chrétienne, majoritaire à 60 % dans « NOS DROITS ANCESTRAUX » d’Orange sur les « papistes » lo- Martin Bangemann (Le Monde du 2 juillet). Recruté par le groupe es- communautés ?, interroge le pre- la province, et qui se sent néan- Familles endimanchées, enfants caux. C’était à la fin du XVIIe siècle. pagnol Telefonica contre toute règle de déontologie, celui-ci a été mis mier ministre. moins « persécutée et menacée » rieurs, sandwiches, boîtes de bière, A l’orée du troisième millénaire, en « congé de fonction » par la Commission. Il est l’objet, outre-Rhin, Une seule chose est sûre : tandis par une minorité elle-même traitée, tambourins, accordéons : n’était qu’on se le dise, la tolérance reli- de violentes critiques. Le FDP (Parti libéral-démocrate), dont il a été que David Trimble, le chef des durant des siècles, comme une tri- l’impressionnant déploiement de gieuse n’est pas encore tout à fait à président de 1984 à 1988, envisage son exclusion. Le ministre de la dé- unionistes, hésite et tergiverse – il a bu de second ordre. Etranges per- 1 700 soldats et policiers en armes l’ordre du jour en Irlande du Nord... fense Rudolf Scharping, président du Parti des socialistes européens, jusqu’au 15 juillet pour se décider –, sonnages que ces marcheurs en qui campent là-bas sur la colline, de ainsi que la présidente des Verts, Antje Radcke, ont jugé qu’il fallait ce n’est pas de Portadown que chapeau melon, costume sombre, l’autre côté de la tranchée inondée Patrice Claude supprimer à M. Bangemann sa pension de commissaire. – (AFP.) LeMonde Job: WMQ0607--0006-0 WAS LMQ0607-6 Op.: XX Rev.: 05-07-99 T.: 11:00 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0263 Lcp: 700 CMYK
6 FRANCE LE MONDE / MARDI 6 JUILLET 1999
COHABITATION Le président péennes du 13 juin, à quelques jours mer que la lutte contre le chômage ville, et de François Bayrou, élu scrutin du 13 juin. b ALAIN JUPPÉ a de la République et le premier mi- du traditionnel rendez-vous du est la « première priorité » de son d’Aquitaine et président de l’UDF, le exprimé le souhait, lundi, que la pro- nistre effectuaient en province, lundi 14 juillet. Lionel Jospin a choisi de se gouvernement. b JACQUES CHIRAC, président de la République devait cédure judiciaire dans laquelle il est 5 juillet, leur premier déplacement rendre à Lille, la ville de Pierre Mau- pour sa part, se déplaçait à Bordeaux. tenter de redonner des motifs d’es- mis en examen aboutisse avant les public depuis les élections euro- roy et de Martine Aubry, pour réaffir- Aux côtés d’Alain Juppé, maire de la poir à une opposition affaiblie par le élections municipales de 2001. M. Chirac et M. Jospin vont chercher un second souffle en province Le premier ministre se rendait à Lille, lundi 5 juillet, pour promouvoir la politique de l’emploi de son gouvernement. Parallèlement, le président de la République se déplaçait à Bordeaux, avec le souci de rassembler une droite déchirée après les élections européennes LA COÏNCIDENCE peut faire nistre Pierre Mauroy, mais aussi se qualifie d’« ambassadeurs du de juin, la pérennisation [de ces l’identification des besoins, la défi- l’appui du premier ministre dans sourire : ce même lundi 5 juillet, de Martine Aubry, ministre de tri » ou « agent d’entretien des postes] est un objectif, même si nition des qualifications nécessaires, sa démarche. Tâche dont s’ac- Jacques Chirac et Lionel Jospin se l’emploi et de la solidarité, égale- berges », ceux du tourisme, ou du cette question est encore prématu- l’accompagnement des jeunes ». quitte, ce lundi, M. Jospin. Se féli- retrouvent en province – l’un à ment première adjointe de la cité, secteur social, complètent le ta- rée. » Sans attendre, pourtant, de Une manière, pour le premier mi- citant des « huit mille accords » dé- Bordeaux, l’autre à Lille –, pour M. Jospin, plutôt conforté par les bleau. Pour le tiers restant, plus de nombreux responsables, sur le ter- nistre, de dire sa confiance dans le jà signés, qui « créent ou leur première sortie publique urnes du 13 juin, souhaite, lui, an- quarante mille associations, éta- rain, évoquent déjà les difficultés dispositif. sauvegardent près de quatre-vingt- hexagonale depuis l’élection euro- ticiper sur la rentrée de septembre. blissements publics et collectivités liées à cette échéance. « Quel est Le souci de défendre la seconde six mille emplois », celui-ci a jugé péenne du 13 juin. Mais le résultat La signature, ce lundi, dans la locales se sont mobilisés. l’élu local qui pourra dire, dans cinq loi sur les trente-cinq heures que les négociations découlant de de ce scrutin, précisément, qui capitale du Nord, de la convention Ouverts aux moins de 26 ans et ans, à un jeune qui a rempli sa mis- constitue l’autre motivation du dé- la première loi « définissent un place le président de la République créant le deux cent millième em- financés à hauteur de 80 % du sion : c’est fini ? », s’est, par placement de M. Jospin. L’écono- équilibre satisfaisant entre les be- et le premier ministre dans des si- ploi-jeune sert de justification au SMIC par l’Etat, soit 93 843 francs exemple, exclamé Paolo Toeschi, mie générale de l’avant-projet de soins de l’entreprise, ceux des sala- tuations politiques très diffé- déplacement du premier ministre. par an, ces emplois souffrent maire socialiste d’Arles, lors de la loi (Le Monde du 26 juin) a suscité riés et la création d’emplois ». D’où rentes, donne à chacun de ces dé- Ce programme-phare du gouver- d’une double critique. Beaucoup réunion, dans sa ville, le 26 juin, de de nombreuses critiques de la part « une seconde loi (...) qui encoura- placements sa tonalité singulière. nement, lancé dès l’automne 1997, de ceux qui en bénéficient jugent mille emplois-jeunes. des chefs d’entreprise, mais aussi gera le développement de la négo- En allant à la rencontre d’Alain prévoit la création de 350 000 em- eux-mêmes que la formation qu’ils des alliés de la gauche « plu- ciation à une échelle beaucoup plus Juppé, maire de Bordeaux, plois dans le secteur public pen- reçoivent est insuffisante. D’où la BON DE SORTIE rielle », qui ont regretté, eux, la large encore ». Des propos qui ré- M. Chirac montre d’abord son dant les cinq ans de la législature. montée de l’incertitude quant à Voilà le genre de sentiment né- « période d’adaptation » d’un an conforteront sans doute la mi- souci de participer à la reconstruc- Les deux tiers des 200 000 postes l’issue de leur contrat, censé durer gatif auquel veut répondre par durant laquelle les heures supplé- nistre de l’emploi et de la solidari- tion d’une opposition délabrée déjà créés l’ont été dans l’éduca- cinq ans. « Pour la majorité de ces avance M. Jospin, qui devait sa- mentaires seront faiblement té, qui s’estime, du fait même de (lire ci-dessous). En choisissant tion nationale et la police. Les em- jeunes, note une étude des services luer, dans la métropole lilloise, «la taxées. Prise dans cet étau, son engagement dans cette ré- Lille, ville de l’ancien premier mi- plois de l’environnement, où l’on de l’emploi, réalisée au mois qualité des projets, l’exigence dans Mme Aubry a souhaité recevoir forme, victime d’une campagne de dénigrement. M. Jospin avait pré- vu d’y faire un écho indirect, se di- sant « fier d’avoir à mes côtés, dans le gouvernement, [Mme Aubry], dont Témoignage sur les années trotskistes du premier ministre je veux saluer le courage, l’énergie, POUR la deuxième fois en un mois, un ancien mili- des “clandestins”, où j’ai rencontré Lionel Jospin, plutôt la force de conviction ». tant de l’Organisation communiste internationaliste le “camarade Michel”. Il était, lui, à ce moment-là, le Plus accessoirement, ce voyage (OCI, trotskiste, devenue aujourd’hui le Parti des tra- responsable d’une structure, le “rayon”, qui était au- nordiste consacre la ministre vailleurs) affirme que Lionel Jospin était membre de dessus des cellules. Il était responsable d’une quinzaine comme candidate à la mairie de cette organisation au début des années 70, au mo- de militants. On se voyait deux fois par semaine. » Il Lille, en juin 2001 (lire ci-dessous). ment où il a adhéré au Parti socialiste. Le 8 juin, dans ajoute : « La certitude que j’ai, c’est qu’il a été à l’OCI En officialisant une situation déjà Libération, Jacques Kirsner – qui fut, dans les an- avec moi, qu’il a payé ses cotisations, 10 % de son salaire connue, M. Jospin trace aussi les nées 70, le principal collaborateur de Pierre Boussel- net, comme tout le monde. Et il l’a fait en ma pré- contours de l’équipe gouverne- Lambert, leader de l’OCI – expliquait que, « avec Lio- sence. » mentale qui l’accompagnera dans nel Jospin, nous avons durant de très longues années mi- Interrogé sur les déclarations de M. Jospin selon les- la seconde partie de sa longue co- lité, partagé les mêmes convictions, révolutionnaires, quelles il y a toujours eu confusion entre lui et son habitation. Contraint de gérer les socialistes et démocratiques » (Le Monde du 9 juin). frère Olivier, effectivement militant puis responsable ambitions municipales de plu- Le Journal du dimanche (du 4 juillet) apporte, à son de l’OCI jusqu’à la fin des années 80, M. Dierich est sieurs de ses ministres, il sera dans tour, le témoignage précis de Patrick Dierich, réitéré formel : « Il n’y a aucune confusion possible car ils ne se l’obligation d’en accepter cer- lors d’un entretien, dimanche soir, au journal de ressemblent pas du tout. » Quant au point de savoir taines et d’en refuser d’autres. En France 2. Ingénieur de recherche à l’Observatoire de pendant combien de temps M. Jospin serait resté ce début juillet, Mme Aubry vient, Meudon, militant de l’OCI depuis 1968 et jusqu’en membre de l’OCI après avoir adhéré au PS (fin 1971), il elle, de recevoir ce qui ressemble 1987, M. Dierich est catégorique : « J’ai rencontré Lio- admet devoir se contenter de « conjectures » : « Lionel fort à un bon de sortie gouverne- nel Jospin au cours de l’année 1971, vraisemblablement Jospin a changé peu à peu d’opinion. Le rapprochement mental. vers l’automne, sur une période qui a été assez courte. Je avec la social-démocratie était un courant qui existait venais d’être embauché dans la fonction publique, à dans l’OCI. Vraisemblablement fin 1979 ou au début des Jean-Michel Aphatie l’Observatoire de Paris, j’ai donc été affecté à la cellule années 80, il a pensé qu’il valait mieux rejoindre le PS. » et Isabelle Mandraud Première sortie du chef de l’Etat Alain Juppé veut réussir à Bordeaux pour oublier Paris BORDEAUX litiques rajoutent « autoritaire », des deux rives, le tramway, le Palais mois, un « dimanche sans voi- après l’échec des européennes de notre correspondante « démagogique », ou encore « ges- des congrès, l’installation d’un tures ». « Bordeaux est en train de En fin d’après-midi, vendredi tionnaire mais pas visionnaire ». complexe cinématographique. Pre- rattraper le retard des deux derniers LA COHABITATION devait of- Envisagé de longue date par 2 juillet à Bordeaux, s’ouvrait le « Bordeaux est une terre d’asile nant conscience de la valeur touris- mandats de Chaban, mais cette poli- frir, lundi 5 juillet, un étrange l’Elysée, ce déplacement en Gi- premier Grand Prix de pétanque de pour ministre déchu, assène M. Sa- tique de la ville, il a lancé le « plan tique a un côté très paillettes, sans chassé-croisé d’images. Pendant ronde prend un relief particulier, à la ville. Alain Juppé, le maire RPR, vary, chef de file de l’opposition lumière » pour les monuments, le vision à long terme », dénonce que Lionel Jospin accompagne, à trois semaines d’un scrutin euro- était venu saluer les compétiteurs. socialiste à la mairie, récemment ravalement des façades, l’embellis- Pierre Hurmic, opposant Vert à la Lille, sa ministre de l’emploi et de péen qui a violemment secoué le On l’a même vu, détendu, jouer élu député européen. Son dessein sement des places, l’amélioration mairie et conseiller régional, avant la solidarité, Martine Aubry, RPR et qui n’épargne pas le chef avec Gilles Savary, son adversaire est de retourner aux affaires natio- de la propreté, la rénovation des d’ajouter : « Alain Juppé gère bien Jacques Chirac s’affiche, à Bor- de l’Etat. Les sondages réalisés de- socialiste au conseil municipal. nales mais, en attendant, il s’occupe écoles. sa ville mais on est en droit de de- deaux, avec son ancien premier puis témoignent tous d’une baisse Deux semaines plus tôt, il s’était de sa ville comme on cultive son jar- mander mieux qu’une gestion ministre, Alain Juppé. Tandem sensible de sa popularité (de fait introniser dans la Confrérie de din, de telle manière que personne GESTION « PAILLETTES » conservatrice. » contre tandem ? Pas tout à fait. A 5 points en moyenne pour les six la morue et avait mangé sur les ne vienne lui disputer sa citadelle. Il A quoi s’ajoute l’installation sur Reste sa mise en examen dans l’occasion du traditionnel déjeuner instituts de sondage), tandis que quais avec les Bordelais (Le Monde est revenu avec ostentation et fait la rive droite, encore en friche, de l’affaire des emplois fictifs à la républicain offert à la préfecture les bonnes opinions en faveur du du 22 juin). Le soir de la Fête de la une politique très populiste en prévi- la plus grande zone franche ur- Mairie de Paris et l’éventuelle inéli- en l’honneur du chef de l’Etat, premier ministre devancent, de musique, il s’était promené dans sion des prochaines municipales. » Il baine de France : un multiplexe de gibilité qui pourrait en résulter. Le M. Chirac retrouvera également nouveau, celles dont bénéficie les rues de Bordeaux, avec sa est vrai qu’en juin 1995 M. Juppé, 17 salles y sera inauguré en août, sujet reste tabou à Bordeaux, sauf François Bayrou, le président de M. Chirac, selon la Sofres, BVA, femme et sa fille, Charline. alors premier ministre, n’avait été au risque de déséquilibrer les pour le maire. Tout en notant qu’il l’UDF, convié par l’Elysée en sa Ipsos et Louis-Harris. Depuis deux ans – l’échec de la élu que de justesse, avec 50,28 % autres cinémas du centre-ville et de n’est « pas maître du calendrier », qualité de parlementaire de la ré- Le président de la République, dissolution et son départ contraint des suffrages, malgré le soutien de l’agglomération. Le maire a égale- M. Juppé a ainsi souhaité, lundi gion Aquitaine. qui était pressé par de nombreux de l’hôtel Matignon et de la pré- Jacques Chaban-Delmas, l’appui ment fait le choix d’installer à Bor- 5 juillet sur Europe 1, « que les Pendant que M. Jospin défendra dirigeants de la droite de s’expri- sidence du RPR –, M. Juppé a donc des milieux économiques bordelais deaux-Lac un casino dont la choses aillent vite » et que la procé- le bilan de son dispositif emplois- mer, s’est refusé jusqu’à mainte- pris ses marques. Les Bordelais et le désir de changement des habi- concession revient au groupe hôte- dure dans laquelle il est mis en jeunes, M. Chirac visitera le studio nant à tout commentaire sur les rencontrent leur maire un peu par- tants. lier Accor, qui possède plus de cause soit achevée avant les muni- d’enregistrement de la Rock leçons du 13 juin. Il reste que le tout dans la ville. Il est toujours Bien décidé à faire ses preuves, 4 000 chambres sur le site. Enfin, la cipales de 2001. D’ici là, il entend School Barbey et participera à une choix de Bordeaux lui permet de aussi « timide, minutieux et persévé- l’ancien premier ministre a donc mairie organise de grandes fêtes bien consolider son fief. table ronde sur l’« insertion par le renouveler publiquement son ami- rant », comme il s’est, un jour, qua- relancé bon nombre de dossiers populaires, ouvre les musées au développement personnel ». Dans tié à M. Juppé dans une période lifié lui-même. Ses adversaires po- laissés en suspens : l’aménagement public et organise, depuis neuf Claudia Courtois la soirée, le programme officiel de sensible pour lui. L’ancien premier la présidence de la République ministre, qui a claqué la porte du précise que le chef de l’Etat parta- conseil politique du mouvement gera son dîner avec les Girondins gaulliste, mercredi 16 juin, en dé- de Bordeaux, en présence de nonçant le « climat de suspicion et Martine Aubry, la dauphine, concourt en favorite pour la mairie de Lille « jeunes sportifs des associations de de rivalité » qui régnerait dans les LILLE où elle fut élue aisément, son prin- de Mme Aubry fait l’unanimité dans cipales, et dans un contexte où la quartier ». Jeunes contre jeunes. rangs du RPR, vient par ailleurs de de notre correspondante cipal opposant, Jacques Donnay, les rangs socialistes. droite nordiste, empêtrée dans ses Image contre image. La cohabita- voir validée par la Cour de cassa- Si la visite du premier ministre à alors président (RPR) du conseil Petit à petit, elle a réussi à s’an- divisions, aura, semble t-il, quel- tion, a dit Philippe Séguin, le tion la procédure judiciaire enga- Lille marque le soutien de Lionel général du Nord, en avait fait son crer dans le paysage lillois, même ques difficultés à lui opposer un 27 juin, sur TF 1, « c’est un mot gée contre lui dans l’affaire des Jospin à Martine Aubry, en sa qua- thème de campagne. si son emploi du temps a été sé- véritable rival, la prétendante à la compliqué qu’on donne à une cam- emplois fictifs de la Ville de Paris. lité de ministre de l’emploi et de la rieusement bouleversé par ses mairie a donc plus d’une raison de pagne présidentielle qui commence Pour M. Chirac, ce voyage de solidarité, elle apparaît aussi RANCŒURS INTESTINES fonctions gouvernementales : se montrer confiante, même si elle avec cinq ans d’avance ». deux jours est aussi l’occasion de comme un appui à la première ad- Au sein du PS, certains préten- l’adjointe ne séjourne plus en ne dispose pas du capital de sym- se montrer serein dans l’exercice jointe de Lille, candidate déclarée dants locaux à la succession de moyenne que deux jours par se- pathie dont bénéficie M. Mauroy. d’une fonction présidentielle – dé- à la succession de Pierre Mauroy. M. Mauroy n’avaient pas apprécié maine à Lille. Il n’empêche. Mais la donne électorale devrait crié par plusieurs responsables de Le maire (PS) de Lille, à la tête de cette arrivée, comme Bernard Ro- Mme Aubry a acquis la réputation être mofidiée en sa faveur avec la la droite, M. Séguin en tête – qui le la ville depuis 1973, ayant laissé man, député (PS) du Nord : son de ne pas négliger ses affaires lil- fusion engagée entre Lille et la montrera non seulement aux côtés entendre qu’il céderait sa place amendement à la loi Chevène- loises. A chaque conférence de commune voisine de Lomme. Très des jeunes rockers, mais aussi des pour ne plus se consacrer qu’à la ment visant à l’élection des presse tenue à Lille, elle rappelle fortement ancrée à gauche, cette enfants malades du CHU de Bor- commmunauté urbaine – qu’il conseillers communautaires au son attachement à la ville : «Ce commune de 26 000 habitants deaux ou des chercheurs du préside depuis dix ans –, sa dau- suffrage universel – une réforme que je fais ici alimente ma réflexion pourrait favoriser la réélection Commissariat à l’énergie atomique phine semble en position de favo- finalement écartée, notamment au nationale (...) ; les difficultés et les d’un candidat socialiste à la mairie (CEA), avant de participer à un rite à deux ans des échéances mu- Sénat, par M. Mauroy – a ainsi pu attentes des Lillois rejoignent celles de Lille. La loi Chevènement a in- « déjeuner populaire » festif, à nicipales. être interprétée comme un geste des Français. J’accorde donc une tégré un amendement facilitant Saint-Emilion. En attendant le ren- En 1995, l’arrivée de Mme Aubry d’hostilité au tandem Mauroy-Au- attention toute particulière à ce que les démarches de fusion. Dans les dez-vous traditionnellement of- dans la métropole nordiste n’avait bry. Mais du côté de la mairie de les Lillois me disent (...). C’est à Lille couloirs, les députés et les séna- fensif de la cohabitation, le 14 juil- pourtant pas provoqué l’enthou- Lille, on assure qu’« il n’en est rien, que je peux mesurer le chemin par- teurs l’appelaient l’« amendement let. siasme général. A droite, on criait que ces rancœurs sont depuis long- couru, les avancées et surtout le Aubry ». haut et fort au parachutage. Lors temps complètement digérées ». Of- chemin qu’il reste à faire. » Pascale Robert-Diard des élections législatives de 1997, ficiellement, donc, la candidature A deux ans des échéances muni- Nadia Lemaire LeMonde Job: WMQ0607--0007-0 WAS LMQ0607-7 Op.: XX Rev.: 05-07-99 T.: 10:40 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0264 Lcp: 700 CMYK
FRANCE LE MONDE / MARDI 6 JUILLET 1999 / 7 Le directeur de la CNAM présente son plan d’économie François Bayrou se dit partisan Gilles Johanet devait soumettre aux administrateurs de la Caisse nationale d’assurance-maladie, lundi 5 juillet, un document comportant trente-cinq mesures. Ce dispositif sera ensuite transmis à Martine Aubry d’une Après trois mois de concertation, le plan et être soumis à son conseil d’administra- fil de la négociation entre les gestionnaires transmis à la ministre de l’emploi et de la d’économie de la Caisse nationale d’assu- tion une semaine plus tard, le 12 juillet. patronaux et syndicaux, le nombre des me- solidarité, Martine Aubry, qui devra faire « fédération » rance-maladie, dessiné par son directeur gé- Dans ses grandes lignes, le projet n’a pas sures s’est étoffé de vingt-deux à trente- savoir si elle l’intègre, en tout ou en partie, néral, Gilles Johanet, devait être remis, lun- été modifié : il vise à générer, à terme, cinq et certaines d’entre elles ont été amen- dans le projet de loi de financement de la di 5 juillet, aux administrateurs de la caisse 62 milliards de francs d’économies. Mais, au dées. Le dispositif sera, ultérieurement, Sécurité sociale pour l’an 2000 de l’opposition LE PLAN 1999-2002 de l’assu- Agacée, la ministre de tutelle, Mar- certaines d’entre elles ont été mo- nistériels de prestations sani- Le plan de la CNAM traite enfin FRANÇOIS BAYROU a proposé, rance-maladie est enfin prêt. Après tine Aubry, avait pressé la CNAM difiées. Ainsi, la mise en œuvre taires), appareillage et prothèse. des hôpitaux, en posant, ici aussi, dimanche 4 juillet, au « Club de la trois mois de concertation, il de- de lui présenter ses propositions d’un contrôle des connaissances Au sujet du médicament, poste le principe d’une évaluation Presse d’Europe 1 », la création vait être remis, lundi 5 juillet, aux « dans les délais », en juin... des praticiens tous les sept ans (la où les économies ont été chiffrées confiée aux agences régionales d’une « fédération » des partis de administrateurs de la Caisse natio- Lundi, avec un petit peu de re- certification) ne dépendrait plus de à 8,5 milliards de francs, les rem- d’hospitalisation (ARH). Mme Au- l’opposition. Selon lui, l’UDF a une nale d’assurance-maladie (CNAM), tard sur le calendrier, la CNAM de- la CNAM mais « des sociétés sa- boursements se feraient sur la base bry ayant, à de multiples reprises, « responsabilité particulière » dans puis présenté au conseil d’adminis- vait faire le point, devant ses vantes » ; un geste envers des pro- d’un tarif de référence, par classe, montré son irritation sur le sujet, la mesure où elle est « le pôle de tration le 12 juillet. La dernière cadres, sur les trois mois de fessionnels très hérissés par cette tandis que les génériques se déve- la CNAM se limite à la médecine stabilité et de développement de mouture de ce document, sur le- concertation engagée, notamment, mesure. lopperaient. Mais parallèlement, obstétrique et à la chirurgie. Le l’opposition ». quel travaille depuis le début de avec les syndicats de médecins. pour échapper à ce qu’il considère long et le moyen séjour, la psychia- Le président de l’UDF a jugé, l’année son directeur, Gilles Joha- Comme à l’accoutumée, le dia- « RUSTINES » être des « rustines », le président trie ne sont pas abordés. Dans le d’autre part, que Jacques Chirac net, contient non plus vingt-deux logue avec la Confédération des Le principe du « médecin-ré- du Syndicat national de l’industrie souci de gommer l’aspect « n’a pas à être » le chef de l’oppo- mais trente-cinq mesures, regrou- syndicats médicaux français férent » (le patient s’engage à pharmaceutique (SNIP), Bernard comptable et afin de mieux souli- sition et que ceux qui le poussent pées en quatre grands chapitres : (CSMF), la principale organisation consulter en priorité son généra- Mesuré, milite auprès de Matignon gner l’aspect qualitatif des mesures dans ce sens lui font « faire des er- « Mesurer l’offre de soins », des praticiens libéraux, a tourné liste et bénéficie en échange de la et du ministère de la solidarité envisagées, les économies géné- reurs ». Il a révélé qu’au cours « Adapter l’offre de soins », « Dé- court. La CSMF, jugeant « inaccep- prise en charge du tiers-payant) se- pour un plan alternatif. « Le pro- rées dans ce secteur, 32 milliards d’une conversation téléphonique finir le juste prix » et « Responsa- tables » les solutions proposées, a rait étendu à d’autres catégories, blème n’est pas de baisser les prix, de francs à terme, sont renvoyées le chef de l’Etat lui a dit être favo- biliser les acteurs ». L’ensemble préféré multiplier les contacts avec comme les chirurgiens-dentistes. qui sont au niveau de ceux du Portu- en annexe. rable à ce que « toutes les me- doit permettre, à terme, d’écono- l’assureur privé AXA (lire ci-des- Sur les 37 000 spécialistes que gal », proteste M. Mesuré, qui L’ensemble du plan devrait faire sures » de la Charte sur les langues miser 62 milliards de francs sous). Pour faire contrepoids, la compte cette profession, la CNAM estime à 60 milliards de francs les l’objet d’un vote global lors de son régionales ou minoritaires sous- (9,45 milliards d’euros), en année CNAM devait présenter les résul- souhaite, à terme, en trouver besoins de financements supplé- prochain conseil d’administration, crites par la France soient « re- pleine, tout en améliorant la quali- tats d’un sondage sur le système 15 000 à 20 000 pour entrer dans le mentaires, en France, dans les dix malgré l’opposition de plusieurs prises dans une loi ». M. Bayrou a té du service médical rendu. de soins vu par les assurés so- système. Selon M. Johanet, il en prochaines années, pour faire face syndicats qui auraient souhaité un enfin estimé que, sur certains su- De toutes les branches de la ciaux... coûterait quelque 5 milliards de au progrès dans les maladies vote séparé sur les grands cha- jets comme les retraites, la majori- « Sécu », l’assurance-maladie Les principales mesures propo- francs à l’assurance-maladie mais graves. Le SNIP propose de faire la pitres du document. Ensuite, il dé- té et l’opposition « devraient tra- reste, en effet, la seule déficitaire : sées par M. Johanet sont connues cela permettrait d’agir sur « un cré- chasse au gaspillage sur les anti- pendra de Mme Aubry d’intégrer vailler ensemble ». plus de 12 milliards de francs – certification et conventionne- neau en retard ». Figurent égale- biotiques, en améliorant les pra- ces mesures dans le budget de (1,83 milliard d’euros) prévus pour ment sélectif des médecins, res- ment dans le plan des modalités tiques médicales. Il suggère égale- l’an 2000 de la Sécurité sociale. Ou DÉPÊCHES 1999 (Le Monde du 1er juin), contra- ponsabilisation des assurés, ré- nouvelles de remboursement pour ment de revoir le conditionnement de les renvoyer à ses auteurs. a PARIS : Laurent Dominati, se- riant ainsi la promesse du gouver- forme du médicament et plan de l’optique, les soins palliatifs, ainsi des médicaments pour coller au crétaire général de Démocratie nement de parvenir à l’équilibre. restruturation des hôpitaux –, mais que pour les TIPS (tarifs intermi- plus près des besoins des malades. Isabelle Mandraud libérale, a estimé, dimanche 4 juillet, au « Forum RMC-Le Figa- ro », que « l’ère du chiraquisme s’achève » à Paris. Souhaitant « une Des médecins pactisent avec Axa pour moins dépendre de la « Sécu » nouvelle donne à Paris » aux élec- tions municipales de 2001, il a esti- LE SYSTÈME DE SOINS vit, depuis quel- groupe n’auront plus à avancer le prix de la marché de la complémentaire maladie. L’as- nels de santé donnent des conseils (préven- mé qu’elles ne pouvaient avoir lieu ques mois, des mutations encore modestes visite chez le médecin. sureur, qui ne s’embarrasse pas de considé- tion, hygiène de vie, etc.) et orientent les as- « avec Jean Tiberi », ajoutant : «Il et imperceptibles pour les malades, mais En fin de consultation, le praticien trans- rations idéologiques, veut développer une surés vers certains praticiens. Ils vont faut quelqu’un qui n’ait pas été par- lourdes de conséquences pour l’avenir. Pro- met à un serveur vocal le montant de sa offre de services à ces clients. A plus long jusqu’à éplucher leurs devis (optique, den- tie prenante des différents conflits jets et initiatives se bousculent, sur fond de consultation et le patient confirme la tran- terme, Axa entend prouver qu’une compa- tisterie, prothèses), notamment pour les passés au sein du RPR. » déficit chronique (12,8 milliards de francs saction, qui est, selon les promoteurs du gnie privée peut être plus performante que soins les plus coûteux. Les AGF estiment a Jacques Toubon (RPR), maire prévus en 1999), de malaise endémique des projet « sécurisée et confidentielle ». Le ma- la « Sécu » pour gérer le risque maladie. que ce système permet parfois de réduire la du 13e arrondissement de Paris, a professionnels de santé et de concurrence lade adresse ses feuilles de soins à la « Sé- « L’objectif des assureurs est d’offrir à leurs facture du malade d’environ 20 %, une pro- assuré, dimanche 4 juillet, au « Fo- feutrée entre la Sécurité sociale et les assu- cu » et à sa mutuelle, qui versent leurs rem- assurés l’accès à de meilleurs soins à des tarifs portion non négligeable de ces devis étant rum Radio J », que Jean Tiberi doit reurs privés. Alors que la Caisse nationale boursements sur ce compte chez Axa. Le plus compétitifs », résume-t-on à la Fédéra- surévalués. Demain, ce sont les tarifs des être considéré comme un simple d’assurance-maladie (CNAM) met la der- compte bancaire habituel du médecin est tion française des sociétés d’assurances. médecins et des cliniques qu’ils examine- « candidat à la candidature » pour nière main à son plan stratégique, la Confé- régulièrement crédité par Axa Banque. Le ront à la loupe, prélude à une négociation les municipales de 2001 à Paris. Si dération des syndicats médicaux français compte courant habituel du patient, lui, INITIATIVES PRIVÉES serrée sur les tarifs entre les compagnies « la situation de la majorité munici- (CSMF) a lancé une grosse pierre dans le n’est débité le mois suivant que de la L’annonce de ce projet intervient au mo- d’assurances et les professionnels de santé. pale n’est pas bonne, a-t-il déclaré, jardin de la « Sécu » en annonçant l’expéri- somme restant à sa charge après rembour- ment où la CNAM relance, avec le syndicat En attendant, les innovations des compa- la défaite est loin d’être inscrite dans mentation, avec Axa Assurances, à partir sement de la « Sécu » et de la mutuelle. de généralistes MG-France, la formule du gnies privées n’ont pas échappé au direc- les résultats électoraux ». de septembre, d’un système qui dispensera Pour le médecin, l’abonnement sera de « médecin référent » comportant, elle aussi, teur de la CNAM, qui sait que dans « assu- le malade de payer ses consultations (Le 240 francs par an – gratuit pendant deux un système de dispenses d’avance de frais. rance-maladie » il y a « assurance ». Monde du 25 juin). ans pour ceux qui adhèrent pendant la En passant un accord avec Axa, la CSMF et M. Johanet souhaite que les cent vingt-neuf Après le rejet d’un projet de réseau de période d’expérimentation –, et l’assureur le SML signifient leur rejet de cet abonne- caisses primaires mettent en place un ser- Deux élections soins par le gouvernement, en 1997, le prélèvera sur chaque acte une commission ment volontaire chez un omnipraticien, vice destiné à informer les assurés sur les groupe de Claude Bébéar repasse à l’offen- représentant 0,9 % des honoraires. mais aussi leur refus du plan stratégique prestations et les services de la « Sécu », sive. Il a mis au point un système de paie- Le système sera lancé à Paris en sep- élaboré par le directeur de la CNAM, Gilles leurs droits et leurs devoirs. Ce service télé- cantonales ment différé des frais de santé, en collabo- tembre et ouvert à l’ensemble des patients Johanet. Les syndicats médicaux pensent phonique pourrait les aider à s’orienter ISÈRE ration avec la CSMF et le Syndicat des des professionnels de santé, adhérents ou pouvoir échapper ainsi au contrôle des dans un système de santé où l’offre est plé- Canton de Saint-Marcellin médecins libéraux (SML). Moyennant une non d’Axa Santé. Il sera étendu à Marseille caisses sur leur activité. thorique. Et, peut-être, à devenir des (second tour). cotisation annuelle de 180 francs par famille en novembre, puis généralisé dans le cou- Depuis quelques mois, les AGF, la CNP ou « consommateurs » de soins plus avisés. I., 14 129 ; V., 5 481 ; A., 61,21 % ; et l’ouverture d’un compte chez Axa rant de l’année 2000. Avec ce nouveau ser- Axa développent des centres téléphoniques E., 5 223. Banque, les trois millions d’assurés santé du vice, Axa souhaite prendre des parts sur le où des opérateurs entourés de profession- Jean-Michel Bezat Robert Pinet, s., UDF, 2 987 (57,19 %)... RÉÉLU Michel Villard, div. d., 2 236 (42,81 %). Bernard Kouchner quitte le secrétariat d’Etat à la santé, son équipe reste [Robert Pinet (UDF), dont l’élection de mars 1998 avait été invalidée, sort vainqueur NOMMÉ, vendredi 2 juillet, haut Aubry, ministre de l’emploi et de la une dynamique mise en œuvre au tique. Au-delà de ces dossiers, celui péenne des dispositifs d’une veille du duel qui l’opposait à Michel Villard (divers représentant de l’ONU pour le Ko- solidarité. début des années 90 et qui s’était que l’on présentait comme quelque sanitaire étendue au champ de droite). Par rapport à 1998, où il n’avait de- sovo, Bernard Kouchner demeure Durant les deux années où il au- traduite, notamment, par la créa- peu isolé au sein du gouvernement l’agroalimentaire. Tirant à titre per- vancé M. Villard que de 10 voix, M. Pinet, qui encore secrétaire d’Etat à la santé ra occupé les fonctions de secré- tion d’agences spécialisées dans aura su jouer de son charisme mé- sonnel les leçons du drame du sang a bénéficié du soutien appuyé du président et à l’action sociale, et ce jusqu’au taire d’Etat à la santé, puis, à différents domaines, épidémiolo- diatique et de sa connaissance des contaminé, il montrait aussi, ces du conseil général de l’Isère, Bernard Saugey conseil des ministres qui officialise- compter de novembre 1998, à l’ac- giques, médicamenteux et théra- principales questions sanitaires derniers temps, une fâcheuse pro- (DL), creuse l’écart avec son adversaire, qu’il ra son départ du gouvernement tion sociale, M. Kouchner aura peutiques. Ces agences, dont la pour remporter un combat souvent pension à transformer le « principe devance de 751 voix. Jospin. Le premier ministre ayant réussi, en dépit de la tutelle étroite création était devenue indispen- tenu pour sans espoir : réunir, au de précaution » en méthode de 27 juin 1999 : I, 14 129 ; V., 5 857 ; A., fait savoir qu’il n’entendait pas, à et parfois étouffante exercée par sable compte tenu, notamment, du sein d’un dispositif commun, la gouvernement dès lors que la res- 58,55 % ; E., 5 682 ; Robert Pinet, UDF, 2 641 court terme, procéder à son rem- Mme Aubry, à poursuivre et à sous-équipement majeur des ser- lutte contre l’ensemble des dépen- ponsabilité du politique aurait pu, (46,48 %) ; Michel Villard, div. d., 1 851 placement, l’équipe qu’avait compléter une vigoureuse action vices du ministère de la santé, dances et des toxicomanies, que les ultérieurement, se trouver enga- (32,58 %) ; William Meyer, div. g., 1 190 constituée M. Kouchner restera en personnelle au service de la santé avaient récemment été restructu- produits en cause soient illicites ou gée. Ce fut notamment le cas avec (20,94 %). place sous l’autorité de Martine publique. Il aura ainsi pu amplifier rées au sein d’un nouveau disposi- non. sa décision de suspendre les cam- 22 mars 1998 : I, 14 034 ; V., 7 701 ; A., tif créé par la loi Huriet de sécurité Auteur de formules imagées pagnes de vaccination contre l’hé- 45,13 % ; E., 7 398 ; Robert Pinet, UDF-FD, sanitaire. Le secrétaire d’Etat à la dont les définitions précises restent patite B en milieu scolaire. C’est m., 2 632 (35,58 %) ; Michel Villard, div. d., santé avait pu obtenir de placer encore à trouver – l’« ingérence sa- aussi à ce titre que M. Kouchner, 2 622 (35,44 %) ; William Meyer, div. g., m., plusieurs de ses proches aux postes nitaire » ou la « démocratie sani- très pessimiste quant à l’avenir du 2 144 (28,98 %).] essentiels de la nouvelle structure taire », par exemple –, le secrétaire métier de médecin, aura marqué ainsi créée. d’Etat à la santé avait perçu, mieux son passage dans le paysage sani- VAR M. Kouchner aura également que beaucoup de responsables po- taire de notre époque. Canton de Crau (second tour). réussi, ces derniers mois, à faire un litiques ou professionnels, la néces- I., 22 936 ; V., 8 776 ; A., 61,74 % ; succès des improbables états géné- sité d’une harmonisation euro- Jean-Yves Nau E., 8 346. raux de la santé voulus par Lionel Marc Giraud, RPR, m. de Car- Jospin, ainsi, in extremis, qu’à jeter queiranne, 5 107 (61,19 %)... ÉLU les bases d’une réforme des études René Benedetto, PS, m. de La médicales – une réforme, pourtant, Londe-les-Maures, 3 239 (38,81 %). dont le ministre de l’éducation na- [Cette cantonale, provoquée par le décès tionale craint qu’elle ne se révèle de Philippe de Canson (RPR), tourne à une entreprise à haut risque poli- l’avantage de Marc Giraud (RPR), soutenu par l’UDF et DL. Avec une progression de 2 020 voix, il a bénéficié du report d’une grande partie des électeurs de Gérard Simon (divers droite), qui, au premier tour, était soutenu par le RPF de Charles Pasqua et par le Mouvement national de Bruno Mégret. M. Simon s’était désisté à son profit. Le FN avait appelé à l’abstention. 27 juin 1999 : I, 22 936 ; V., 9 451 ; A., 58,79 % ; E., 9 217 ; Marc Giraud, RPR, 3 187 (34,58 %) ; René Benedetto, PS, 2 652 (28,77 %) ; Gérard Simon, div. d., 2 536 (27,51 %) ; Marcel Vicente, FN, 842 (9,14 %). 27 mars 1994 : I, 19 972 ; V., 10 544 ; A., 47,21 % ; E., 8 705 ; Philippe de Canson, RPR, 5 621 (64,57 %) ; Marcel Vicente, FN, 3 084 (35,43 %).] LeMonde Job: WMQ0607--0008-0 WAS LMQ0607-8 Op.: XX Rev.: 05-07-99 T.: 10:48 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0265 Lcp: 700 CMYK
8 SOCIÉTÉ LE MONDE / MARDI 6 JUILLET 1999
UNIVERSITÉS Un rapport d’éva- tros-Ghali, secrétaire général de l’Or- francophonie (AUF), l’opacité de sa proche du RPR, est au centre de cette France et à exporter le savoir-faire luation sur le fonctionnement des ganisation internationale de la fran- gestion et la « personnalisation à ou- polémique. b M.ALLÈGRE, oppose à universitaire français. b M. BLA- programmes de coopération entre les cophonie. b DES ACCUSATIONS trance » de son fonctionnement. cette politique contestée une straté- MONT, chargé de cette politique par universités francophones devait être mettent en cause l’« hypercentralisa- b LA PERSONNALITÉ de Michel Guil- gie nouvelle destinée à augmenter le M. Allègre revendique son rôle de remis, lundi 5 juillet, à Boutros Bou- tion » de l’Agence universitaire de la lou, directeur général de l’AUF, nombre d’étudiants étrangers en « commerçant chez les pédagogues ». Soupçons sur la coopération universitaire francophone Un rapport remis, lundi, à Boutros Boutros-Ghali, secrétaire général de la francophonie, épingle la gestion de l’Agence chargée des actions universitaires. Le ministre de l’éducation nationale est engagé dans une épreuve de force avec cette organisation dirigée par un proche du RPR « FONCTIONNEMENT aberrant définir la politique de coopération du ministère de l’éducation natio- lou marque un tournant. Conseiller classes bilingues, dans des lycées tion et de l’assistance technique d’un système hypercentralisé », universitaire en prévision du som- nale à l’AUF, soit près de 45 mil- de Michel Aurillac, ministre de la au Vietnam, en Moldavie, au Liban des pays du Nord. Revendiquant « personnalisation à outrance », met des chefs d’Etat francophones lions de francs (6,86 millions d’eu- coopération du gouvernement ou au Vanuatu. Parallèlement, elle un « partenariat d’égal à égal », il « dispersion des actions », « absence prévu à Moncton (Canada) au dé- ros) en trois ans. Peu après, c’était Chirac entre 1986 et 1988, M. Guil- édite une quantité considérable dénonce les « ingérences souter- de transparence dans l’utilisation but du mois de septembre. Dans au tour de la Conférence des prési- lou développe la vision d’une fran- d’ouvrages et de revues en fran- raines » et les pressions exercées des fonds publics ». Murmurées cette perspective, les dix experts, dents d’université (CPU) de sus- cophonie « globale » incluant la çais, et s’est lancée dans un projet auprès des chefs d’Etat. « Qu’on dans certains cercles gouverne- pour la plupart des universitaires pendre le règlement des cotisa- défense de l’enseignement du fran- d’université virtuelle. nous laisse la possibilité de dire ce mentaux et les milieux universi- de six pays, ont été chargés de for- tions annuelles des établissements. çais élargie à l’ensemble des conti- qui est bon pour nous, de créer des taires, les accusations se multi- muler une analyse critique sur la nents, en Amérique, en Asie, en « EFFICIENCE RÉELLE » centres là où nous l’avons décidé et plient à l’encontre de l’Agence prolifération d’une cinquantaine PROXIMITÉ SUPPOSÉE Océanie puis, plus tard, aux an- Au vu de multiples documents non pour récompenser de bons universitaire de la francophonie de programmes mis en œuvre de- En apparence, le conflit ne serait ciens pays de l’Est (Bulgarie, Rou- internes qui, tous, font état d’un amis », précise-t-il. (AUF), une organisation « multila- puis bientôt une dizaine d’années. que de nature institutionnelle. Lors manie, Hongrie, Moldavie...). Cette « haut degré de satisfaction », cette Cette critique est au cœur de la térale », de statut international, La procédure a toutefois été per- de l’assemblée générale de l’Aupelf idée est reprise, en 1989, par les réalité-là ne serait pas contestable. remise en cause de l’AUF. Tant au chargée de la coopération en ma- turbée par les soupçons et les polé- à Beyrouth, en avril 1998, les res- chefs d’Etat qui lui déléguent la Une « auto-évaluation » – en trois ministère des affaires étrangères tière d’enseignement supérieur et miques suscitées par la personnali- ponsables de la CPU n’ont guère gestion de l’ensemble des pro- volumes – balaie d’un revers tous qu’à l’éducation nationale, on sou- de recherche. Issue de la transfor- té du directeur général de l’AUF, le apprécié d’être mis en minorité grammes de recherche et d’ensei- les reproches. « Sur le terrain, on haite mettre en place de nouvelles mation, en 1998, de l’Association recteur Michel Guillou (lire ci-des- lors de l’élection d’un de leurs re- gnement supérieur au sein de constate un impact très fort et une règles de coopération sur la base des universités partiellement ou sous). Dans un document transmis présentants à la suite d’une « ma- l’UREF. Jusqu’à sa transformation efficience réelle », note ce rapport, de relations « bilatérales » plus entièrement de langue française à la commission, trois anciens sala- nœuvre » de M. Guillou. Ils n’ont en Agence universitaire de la fran- qui relève « du provincialisme dans équilibrées. Face à ces attaques, les (Aupelf), créée en 1961 à Montréal riés, licenciés par l’AUF, avaient dé- pas, non plus, admis qu’à la faveur cophonie, l’Aupelf-UREF a survécu les critiques faites à l’Aupelf, de ce dirigeants de l’AUF affectent une (Canada) et de l’UREF (Université nonçé le train de vie du directeur et d’une modification des statuts, le à toutes les alternances politiques. dénigrement sans risque et délicieux certaine sérénité. Son président, des réseaux d’expression fran- de son proche entourage au cours directeur général, en poste depuis Son rôle a même été renforcé sous qu’exprime si bien Flaubert, une Arthur Bodson, ancien recteur de çaise), cette agence gère un budget de multiples voyages et déplace- plus de dix ans, se maintienne et la présidence de François Mitter- malveillance indiscutable sur un l’université de Liège, refuse d’en- de 250 millions de francs et em- ments. Ce dernier a déposé une renforce ses pouvoirs. rand au début des années 90. fonds de jalousie et d’intérêt mas- trer dans un débat « franco-fran- ploie quatre cents salariés répartis plainte en diffamation qui devrait Les soupçons qui planent sur Des projets, Michel Guillou n’en qué ». çais ». Mais il admet qu’« un plus dans le monde entier. être examinée par la justice le l’AUF n’ont, en réalité, jamais été manque pas. Progressivement, Par crainte de « mesures de rétor- grand équilibre entre les bailleurs de 2 septembre. levés depuis la création, en 1961, de l’Aupelf-UREF implante des bu- sion » sans doute, les reproches des fonds [la France et les autres pays] SOUPÇONS ET POLÉMIQUES Déjà exprimées antérieurement l’Aupelf. Réseau de solidarité du reaux dans chaque continent et des « bénéficiaires », responsables rendrait le dialogue plus égali- Un rapport d’évaluation remis, à demi-mot, les critiques se sont Nord (France, Canada, Belgique) agences « régionales » dans une d’établissements totalements dé- taire ». lundi 5 juillet, par un comité d’ex- amplifiées ces deux dernières an- vers les jeunes universités nais- vingtaine de pays. Alimenté à 85 % munis qui ne peuvent compter que Quel que soit le résultat de l’éva- perts internationaux au secrétaire nées. Dès son arrivée en santes issues de la décolonisation, par la France, son budget connaît sur l’aide de l’Aupelf, restent voi- luation, l’AUF devrait s’attendre à général de l’Organisation interna- 1997, Claude Allègre a établi un cette alliance, encouragée par le une forte croissance. Elle distribue lés. Certains n’hésitent pourtant un réexamen de ses missions et de tionale de la francophonie, Bou- rapport de forces avec cette agence général de Gaulle, a pâti de sa des aides et des subventions dans pas à mettre en cause une « vision son fonctionnement. Pour Michel tros Boutros-Ghali, doit apporter que son statut international de proximité supposée avec les ré- les universités du Nord et du Sud, dépassée » de la francophonie et de Guillou, ce pourrait être la fin pro- des réponses déterminantes sur la droit canadien et dont le siège est à seaux de Jacques Foccart, alors accorde des bourses de mobilité à l’aide aux pays tiers. Président de grammée d’une ambition démesu- nature et le fonctionnement de Montréal, exonère de tout contrôle conseiller du président de la Répu- de jeunes chercheurs, finance des l’université de Saint-Louis (Séné- rée. cette institution. Officiellement, financier. Sa première décision a blique pour les affaires africaines. instituts de formation, implante gal), Lamine N’Diaye évoque ainsi cette mission était conçue pour re- été d’interrompre les financements En 1986, l’arrivée de Michel Guil- des filières linguistiques et des les « vieux réflexes » de la colonisa- Michel Delberghe Claude Allègre veut exporter le « savoir-faire » éducatif français CE N’EST sûrement pas un ha- Fer de lance de cette politique, spécifiques de six mois à un an, que catholiques d’Angers et Paris, Insti- d’un accueil privilégié correspon- la création, en 2001, d’une universi- sard. La suspension des versements l’agence Edufrance, un groupement pour offrir, comme le propose Edu- tut Vatelle de Nîmes, chambre de dant aux tarifs proposés, et le lot té privée française en Egypte. Ce du ministère de l’éducation natio- d’intérêt public auquel ont adhéré france, un « produit » incluant le commerce de Paris). Une manière commun imposé à leurs homo- projet d’un montant de 142 millions nale à l’Agence universitaire de la soixante-dix universités et grandes voyage, l’accueil et la délivrance des pour eux d’obtenir des finance- logues français. Les efforts finan- de francs est soutenu par le gouver- francophonie (AUF) coïncide avec écoles, a été investi de deux mis- visas, l’hébergement... Seules ments auxquels la loi ne leur donne ciers du « plan d’aménagement des nement égyptien et de nombreux la mise en œuvre d’une nouvelle sions. Par une politique de présence soixante-quinze inscriptions ont été pas accès. universités du troisième millé- « partenaires » locaux, parmi les- politique de relations internatio- dans les Salons, ses représentants, enregistrées aux premières univer- naire » de Claude Allègre, devraient quels l’Association des anciens des nales dans l’enseignement supé- une équipe d’une dizaine de per- sités d’été facturées entre 1 500 et DISCRIMINATION POTENTIELLE dissiper ce doute. écoles des Frères et l’Association rieur. Dès son arrivée en 1997, sonnes dotée d’un budget de 2 000 dollars. Sur les cinq établisse- Certains responsables s’in- Edufrance envisage également des anciens élèves de l’école des jé- Claude Allègre avait manifesté sa 10 millions de francs, sont chargés ments d’accueil retenus, quatre, à quiètent également des risques de « d’exporter » le modèle français suites. préoccupation face à la baisse in- de démarcher les meilleurs étu- l’exception de l’université de Pau, discrimination potentielle entre des sous forme « d’ingénierie éduca- quiétante du nombre d’étudiants diants des pays dits « émergents » relèvent du secteur privé (instituts étudiants étrangers, bénéficiant tive ». Le premier contrat porte sur M. De. étrangers dans les universités et les fortement « exportateurs de jeunes grandes écoles. En l’espace de cinq et futures élites », comme l’Inde, le ans, leur nombre a chuté de 139 500 Mexique, l’Argentine, le Venezuela PROFIL ancrage à droite, il se rapproche PROFIL vèle le versement de « commis- en 1993 à 121 600 en 1997. Des ou le Canada. de cercles nettement marqués à sions », via l’Office général de l’Air, chiffres qui incluent les résidents LE « CHEF gauche, convaincus comme lui de UN « COMMERÇANT à des membres influents de l’ar- étrangers en France. DÉMARCHE « COMMERCIALE » la nécessité de résister à l’« impé- mée pakistanaise. A la suite de La politique de restriction des vi- Lors de sa dernière réunion, ven- D’ENTREPRISE » rialisme culturel » américain et CHEZ LES cette enquête, l’entreprise est sas a indéniablement exclu la dredi 2 juillet, le conseil d’adminis- de ne pas renoncer face aux ef- contrainte au dépôt de bilan. France des circuits de la mobilité tration d’Edufrance a également DE LA FRANCOPHONIE fets dévastateurs de la « mondia- PÉDAGOGUES » Relevant « qu’aucune malversa- pour laquelle les Américains qui ac- décidé de prospecter, aux Etats- lisation ». Il trouve une écoute tion ni aucune procédure judiciaire cueillent 500 000 étudiants et jeunes unis, les « community college » spé- Face aux attaques qui l’af- attentive auprès de Bernard Cas- La nomination de François Bla- n’a été retenue contre lui », Fran- chercheurs, les Anglais (200 000), cialisés dans les filières technolo- fectent depuis plusieurs mois, sen, directeur général du Monde mont à la direction générale çois Blamont entretient quelque les Australiens (180 000) et les Alle- giques et la formation permanente. Michel Guillou, soixante et un diplomatique, par ailleurs pro- d’Edufrance, la nouvelle agence, rancœur à l’égard de l’administra- mands (150 000) sont les leaders. Au total, l’objectif est de parvenir, ans, directeur général de fesseur à l’université Paris-VIII créée en novembre 1998, par les tion. La chute de son entreprise C’est à la conquête de ce nouveau d’ici quatre ans, à attirer 300 000 l’Agence universitaire de la fran- (Saint-Denis) pour élargir son ré- ministres des affaires étrangères et principale, Sopha médical, alors « marché mondial », évalué à étudiants, « futurs ambassadeurs » cophonie, se retranche dans seau d’influence auprès des diri- de l’éducation nationale, n’est pas parmi les leaders mondiaux de 130 milliards de francs, que Claude de la France dans leur pays d’ori- l’ombre des chefs d’Etat de l’es- geants socialistes. Dans le Monde passée inaperçue. Selon Le Canard l’imagerie, est consécutive à des Allègre et, avec lui, Hubert Védrine, gine. pace francophone. Selon lui, ce de l’éducation, Jean-Michel Enchaîné du 3 février, puis Libéra- désaccords avec le CEA-Industrie ministre des affaires étrangères, Le pari est loin d’être gagné. La sont eux qui, lors des rencontres Djian, alors directeur et profes- tion, le 20 avril, elle aurait même devenu son actionnaire principal. veulent mobiliser les universitaires culture des universités françaises ne officielles et des sommets, lui ont seur associé lui aussi à Paris-VIII, suscité un accrochage, en conseil Reconverti en directeur du déve- en renversant la tendance passée les a pas prédisposées à engager donné carte blanche pour « gé- lui ouvre un espace pour pro- des ministres, avec Christian Saut- loppement de la chaîne de télévi- qui donnait la priorité aux étudiants une démarche « commerciale », rer en développeur et en chef mouvoir les activités de l’Agence. ter, ministre du budget, particuliè- sion, la Cinquième, il est entré en du Maghreb ou d’Afrique. tant pour élaborer des formations d’entreprise » la défense de la Michel Guillou croit pouvoir rement réticent. Quant à l’intéres- contact avec le cabinet de Claude francophonie dans les universités résister face à Claude Allègre, sé, il se retranche derrière le feu Allègre lors d’une négociation sur et les laboratoires du monde en- qui, lui, a choisi d’autres voies vert donné par les services du pre- la libération des droits télévisuels à tier. Une croisade qu’il mène de- pour valoriser l’influence de la mier ministre. l’école. Parmi quatre candidats, il puis plus d’une dizaine d’années. France dans le monde. Mais la François Blamont, autodidacte aurait ensuite été retenu pour je- 0123 Ingénieur et professeur en personnalité du directeur de de cinquante-quatre ans, n’a pas ter les bases d’Edufrance. M. Bla- Au sommaire sciences physiques, cet ancien l’AUF est trop controversée pour laissé que de bons souvenirs dans mont ne renie pas ses origines poli- président de l’université de Cré- faire l’objet d’une querelle de la haute administration. En 1996, tiques, ni ses relations « amicales » DOSSIERS & DOCUMENTS du numéro teil (Val-de-Marne) qui présida la cohabitation entre Matignon et un audit de l’Inspection des fi- avec des responsables socialistes, conférence des présidents d’uni- l’Elysée. Entre les mains du secré- nances dresse un bilan sévère de parmi lesquels Hubert Védrine. de juillet/août versité, a côtoyé le pouvoir du taire général de la francophonie, son activité à la tête de Sopha Dé- « Plutôt représentant de la côté du RPR dont il fut délégué Boutros Boutros-Ghali, son sort veloppement, une société d’ingé- gauche-caviar des dîners en ville », national à la coopération. devrait être scellé prochaine- nierie médicale qui, avec des cré- comme il se définit avec ironie, il Conseiller de Michel Aurillac au ment, lors d’un sommet de chefs dits publics, installe des affirme n’avoir pas usé de ses ami- Kosovo ministère de la coopération d’Etat, en septembre, au Canada. équipements clés en main dans le tiés pour obtenir le «job» d’Edu- entre 1986 et 1988, il fut aussi un Tiers-Monde. Parmi divers re- france. Retour sur un conflit où, pour la première fois, des dirigeants du Club 89, l’asso- M. De. proches, l’analyse des contrats ré- Visiblement, ce poste le pas- l’OTAN est intervenue militairement contre ciation animée par Jacques Tou- sionne. « Commerçant chez les pé- bon, cet autre spécialiste des af- dagogues », selon son expression, un pays européen au nom des droits de l’homme faires africaines lors de son il y voit une façon de« réconcilier passage dans la sphère ély- l’université et l’entreprise », ainsi séenne. qu’il l’a écrit dans Les aventures Dans la mouvance de ces ré- d’un entrepreneur (éditions Jean seaux influents, Michel Guillou Picollec), un récit autobiogra- Les conflits dans le monde traite directement avec les mi- phique écrit en 1996. Reparti à la Proche-Orient, Afghanistan, Afrique, Inde et Pakistan..., nistres et les chefs d’Etat conquête du monde, il n’hésitera un tour d’horizon des conflits dans le monde d’Afrique, du Liban ou d’ailleurs. pas à bousculer un milieu réputé Voyageur impénitent, il vole de conservateur, quitte à mettre en Chez votre marchand sommets en conférences distri- concurrence les universités et les de journaux buant aides et subventions, bien grandes écoles, les établissements Plus : LES CLÉS DE L’INFO 12 F - 1,83 ¤ souvent par-dessus les réseaux publics et privés. Edufrance lui diplomatiques. Son combat pour offre l’occasion d’une revanche. 4 pages pour décoder l’actualité « une francophonie volontaire » n’a pas de frontières. Malgré son M. De LeMonde Job: WMQ0607--0009-0 WAS LMQ0607-9 Op.: XX Rev.: 05-07-99 T.: 10:59 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0266 Lcp: 700 CMYK
SOCIÉTÉ LE MONDE / MARDI 6 JUILLET 1999 / 9
Le Conseil économique et social critique Cinq cents associations la politique de l’Etat sur les toxicomanies dénoncent le « beurisme » Face à l’absence de coordination des initiatives, il propose la création d’une agence nationale de la politique d’intégration Le Conseil économique et social devait rendre nation entre la politique de l’Etat et les initia- deviendrait le pôle de référence et d’aide à la public, lundi 5 juillet, un rapport sur « les toxi- tives locales est insuffisante, le Conseil plaide en décision politique. Il prône également une dé- comanes dans la cité ». Estimant que la coordi- faveur de la création d’une agence nationale qui centralisation de ces politiques. Elles veulent constituer un mouvement national DANS UN RAPPORT rendu pu- proches récentes, qui privilégient plaide pour une meilleure connais- de sécurité. Sylvie Wieviorka sug- NICE tions de jouer leur rôle d’ac- blic lundi 5 juillet, le Conseil le type de comportement de l’usa- sance et un meilleur suivi des toxi- gère, au niveau départemental, la de notre correspondant compagnement. « Les gens sont économique et social (CES) sou- ger et la dangerosité plutôt que le comanies, ce qui suppose des en- création d’une mission de lutte Ils en ont assez d’être appelés nés ici, ils sont français à part en- ligne la nécessité de « repenser l’ar- caratère licite ou non des subs- quêtes épidémiologiques et des contre la toxicomanie par contrat « beurs ». Ils préfèrent que l’on tière, mais leur nom, leur origine ticulation entre l’Etat et les collecti- tances, ainsi que la modification de études, et pour l’élaboration entre l’Etat et le conseil général et dise Arabes et Africains de ne leur donnent pas l’accès à la ci- vités locales et territoriales en la consommation – tendance à la d’« une politique nationale plus li- l’intégration, au niveau régional, France. Ils ne veulent plus en- toyenneté, que ce soit lorsqu’ils matière de lutte contre la toxicoma- diminution de l’héroïnomanie, sible et mieux coordonnée ». Le rap- de cette action dans les contrats de tendre parler d’intégration. Ils cherchent un travail ou un loge- nie, afin de susciter et soutenir des montée importante des nouvelles port propose de modifier les sta- plan Etat-Région. préfèrent le mot enracinement. ment, ajoute Faustin Aissi, de Vil- actions innovantes au plus près des drogues de synthèse, polytoxi- tuts, la mission et le Le quatrième objectif évoqué est Une trentaine de responsables leneuve-d’Ascq, vice-président réalités. » Intitulé « Les toxi- comanies, développement d’une fonctionnement de la Mission in- la correction des inégalités régio- d’associations travaillant sur le des associations africaines de comanes dans la cité », ce docu- économie souterraine. terministérielle de lutte contre la nales, en particulier dans les dé- terrain ont participé, samedi France. C’est notre rôle de les ai- ment présenté au nom de la sec- Les freins à l’action de l’Etat, qui drogue et la toxicomanie (MILDT), partements d’outre-mer. La der- 3 juillet, à Mouans-Sartoux der. Mais nous devons créer notre tion du cadre de vie par Sylvie détient une compétence exclusive qui pourrait devenir une agence et nière proposition vise à « préparer (Alpes-Maritimes), à une réunion propre réseau de compétences en Wieviorka constate que « les toxi- en matière de lutte contre la toxi- un pôle de référence et d’aide à la le passage du système des soins spé- du comité d’organisation national nous constituant en un mouvement comanes sont dans la cité, et sans comanie, sont nombreux. La po- décision politique. Cette structure cialisés pour toxicomanes vers le sys- du Mouvement syndical associatif syndical national. » doute pour longtemps encore », et pulation des toxicomanes de- s’appuierait sur des relais locaux. tème de droit commun », ce d’au- (MSA). Le MSA, qui dénonce l’at- que « l’Etat ne joue pas, en matière meure mal connue et hétérogène Cette modification accompagne- tant que la mise en place de la titude passive du monde politique de lutte contre la toxicomanie, le alors qu’elle est en pleine muta- rait la promotion de l’« injonction couverture maladie universelle de- et des pouvoirs publics, affirme « Les politiques ont rôle d’initiateur et de coordonnateur tion, les politiques publiques thérapeutique », aujourd’hui peu vrait permettre la prise en charge regrouper cinq cents associations des politiques publiques que l’on est s’adaptent difficilement aux réali- utilisée. des toxicomanes en situation de de terrain qui se disent méprisées voulu faire leur en droit d’attendre ». tés nouvelles – leur « ’application précarité. Mais renoncer à l’anony- par les élus locaux et les représen- Le Conseil économique et social concerne aujourd’hui près de vingt RESPECTER LA CONFIDENTIALITÉ mat ne veut pas dire ne plus res- tants départementaux de l’État. beurre sur notre dos, a choisi de ne pas aborder la ques- ministères » –, l’existence d’une fi- Troisième axe proposé : « susci- pecter la confidentialité. Le rap- L’idée de se constituer en syn- tion de la loi de 1970, qui a créé lière de soins spécialisée est «de- ter et animer une meilleure prise en port propose donc qu’un dicat a surgi il y a trois ans. Une rechercher des voies une filière de soins spécialisée, gra- venue un obstacle à leur traitement compte locale des problèmes liés aux document sur ce point soit rédigé association de Dunkerque, Géné- tuite et anonyme, pour les toxi- et à leur insertion dans le cadre du toxicomanies. » L’articulation avec par la MILDT, en partenariat avec ration 2000, et une autre, à Lyon, pour les élections, comanes et inventé l’« injonction droit commun » et les initiatives la politique de la ville au niveau la chancellerie, les ordres et les venaient d’être expulsées de leur thérapeutique », qui permet au des collectivités territoriales des quartiers et de la commune syndicats professionnels et les as- local. La précarité du milieu asso- mais les mentalités procureur de renoncer aux pour- manquent de soutien et de coordi- pourrait s’appuyer sur les conseils sociations. ciatif et la difficulté d’obtenir des suites si l’usager accepte de se soi- nation. communaux de prévention de la aides pour financer des projets n’ont pas évolué » gner. Il prend en compte les ap- Le Conseil économique et social délinquance et les contrats locaux Paul Benkimoun dans les quartiers sont à l’origine de leur démarche. « Beaucoup de moyens sont dépensés pour l’inté- Le discours se veut détaché de DÉPÊCHES gration avec peu de résultats, ex- toute considération politique. a INCENDIES : plusieurs cen- Les risques de pollution des calanques pliquent Karim Mansouri, res- « Si un type vote pour le Front na- taines d’hectares ont été détruits ponsable de Génération 2000 à tional, on ne lui en veut pas car il par le feu, dimanche 4 juillet, dans Dunkerque, et Saïd Messadi, res- est une victime, explique M. Man- le sud de la France. Environ de Marseille sont écartés ponsable de Médiation dans les souri. Nous voulons démontrer 200 hectares de cultures de blé et Alpes-Maritimes. Il y a beaucoup que la résurgence du racisme a de lavande ont été ravagés sur le MARSEILLE (Var) une nappe d’hydrocarbure d’environ quatre ki- de clientélisme dans l’attribution une origine historique : le colonia- plateau de Valensole (Alpes-de- de notre correspondant lomètres de long sur quatre cents mètres de large. de l’argent de l’intégration. Nous lisme. Cela reste un blocage impor- Haute-Provence) lors d’un incendie Tout risque de pollution du littoral des Bouches- Aussitôt le préfet maritime de Toulon avait mobilisé voulons être des relais entre notre tant dans le processus d’intégra- qui s’est vraisemblablement décla- du-Rhône et des calanques de Marseille par une le remorqueur Le Mérou, un bâtiment au service de la milieu et les politiques, alors que tion. » ré dans une décharge. Le sinistre nappe d’hydrocarbure était définitivement écarté, Marine nationale équipé pour la lutte contre ce type l’on nous demande d’abord de De nombreux membres de était circonscrit, lundi matin, mais lundi matin 5 juillet. Le sous-préfet d’Istres, Jean-Mi- de pollution. En fin de journée, la totalité de la nappe faire allégeance à l’élu local. Les MSA sont issus de SOS-Racisme pas éteint. Deux autres incendies chel Fromion, qui était de permanence ce week-end avait été traitée à l’aide de produits dispersants et acteurs associatifs essaient de et de France Plus, mais ils re- ont détruit 150 hectares de maquis pour l’ensemble du département, assurait dimanche avait coulé. Seules quelques petites plaques rési- construire des liens entre les popu- fusent d’alimenter la moindre près d’Ajaccio (Corse-du-Sud). soir, au terme d’opérations qui ont mobilisé environ duelles, poussées par un faible courant d’ouest-sud- lations et on les ignore. On se fait polémique avec SOS-Racisme. Dans le Gard, enfin, deux feux de 250 personnes : « Tout est réglé et les quelques rares ouest, ont touché samedi certains points du rivage. casser par les institutionnels locaux « Chacun son rôle, affirme forêt ont chacun anéanti 80 hec- traces de pollution qui subsistent seront nettoyées au et on se fait voler nos idées par les M. Mansouri. Eux, ils sont sur le tares sur les communes de Chus- cours des deux jours à venir. » Les barrages flottants MISE EN ŒUVRE D’UN « PLAN BIEN RODÉ » structures paramunicipales. » créneau étroit de la discrimination clan et de Collias, où trois pom- d’une longueur totale d’un kilomètre placés par pré- De nombreux moyens ont été requis pour mettre Pour MSA, la politique d’inté- raciale. » Le mouvement ac- piers ont été légèrement blessés. caution à l’entrée des criques de Figuerolles, Port en place de fortes mesures de précaution. En mer, les gration de ces dernières années se complit un tour de France des as- a PRISON : une mission d’exper- Miou, Sormiou et Envau ont été levés dans la nuit de avions des douanes et l’hélicoptère Dauphin de la résume à du « beurisme ». «Les sociations avec l’objectif de par- tise va se rendre à Rémire-Mont- dimanche à lundi. marine nationale ont assuré la surveillance, tandis politiques ont voulu faire leur venir à organiser un congrès joly (Guyane) pour évaluer les Cette alerte à la pollution a fait plus de peur que de qu’à terre les marins-pompiers de Marseille, les sa- beurre sur notre dos, rechercher national. Pour l’instant, le MSA dégâts causés par la mutinerie mal, mais la colère est grande chez les élus et les pro- peurs-pompiers et les services municipaux des des voies pour les élections, mais est implanté dans le Nord - Pas- qui a éclaté, samedi 3 juillet, au fessionnels du tourisme qui, selon le sous-préfet, «se communes côtières sous la menace, les spécialistes les mentalités n’ont pas évolué, af- de-Calais, l’Aquitaine, Provence- matin au centre pénitentiaire. La sont sentis agressés par cette pollution le jour de l’arri- du Port autonome de Marseille et les services mari- firme Karim Mansouri. Le beu- Alpes-Côte d’Azur ainsi que dans rébellion, survenue à la suite d’une vée des touristes et alors que de grands efforts avaient times mettaient en œuvre un « plan bien rodé ». Au- risme, ça conduit à nous considérer les départements de Seine-Saint- tentative d’évasion au cours de la- été faits pour rendre les plages agréables. On peut donc cune plage n’a été affectée par cette pollution, mais toujours comme des immigrés. » Denis et dans des villes comme quelle deux détenus ont été tués, a parler d’attentat touristique ». uniquement des pointes rocheuses. L’absence de reconnaissance de Paris, Lyon et Le Mans. duré plus de quatre heures avant Pour les autorités, cette pollution pourrait être la Dimanche matin, alors que des moyens aériens vé- leur travail sur le terrain em- d’être maîtrisée par environ conséquence du dégazage des cuves d’un bateau. rifiaient l’absence de la moindre plaque d’hydrocar- pêche, selon MSA, les associa- Jean-Pierre Laborde 120 gendarmes. « Les dégâts sont Dans le cadre de l’enquête menée par les douanes, bure, une réunion, tenue à la préfecture des Bouches- très importants. Une centaine de cel- des prélèvements effectués sur la nappe sont actuel- du-Rhône en présence des élus, a permis d’harmoni- lules sont inutilisables », estime lement comparés au produit contenu dans les cuves ser les ultimes travaux de nettoyage à engager pour Martin Parkouda, directeur du des bateaux en escale à Marseille et à Fos-sur-Mer. effacer les toutes dernières traces de cette pollution. centre pénitentiaire. Vendredi matin 2 juillet, un avion des douanes a ABANDON : un bébé a été dé- avait repéré à dix kilomètres au large du cap Sicié Luc Leroux couvert dans un couffin, di- manche 4 juillet au matin, cinq heures après sa naissance, par des passants au bord d’une route de campagne, près du village de Saint- Germain-sur-l’Arbresle (Rhône). « Ma maman est trop jeune pour s’occuper de moi. J’ai faim. Le mieux c’est qu’on me conduise à l’hôpital », expliquait un mot manuscrit affir- mant que la petite fille, née à 4 heures, s’appelait Elise. L’enfant, dont le cordon ombilical avait été coupé, a été transporté à l’hôpital de Tarare. a SANS-ABRI : une personne est morte et deux autres ont été gra- vement intoxiquées, dimanche 4 juillet, dans l’incendie de la mai- son qu’elles squattaient, à Niort (Deux-Sèvres). Une expertise de- vrait déterminer les causes du si- nistre. a ACCIDENT : deux animateurs de colonie de vacances sont morts électrocutés, samedi 3 juil- let, sur une rive du lac de Pareloup, près de Millau (Aveyron). Le direc- teur du centre, qui accueillait un groupe de l’Aerospatiale, et un mo- niteur hissaient le mât d’un bateau lorsque celui-ci a touché un câble à haute tension. a ENVIRONNEMENT : une soixantaine de personnes ont oc- cupé, samedi 3 juillet, la station expérimentale de la société RAGT, spécialisée dans les se- mences et les aliments pour le bé- tail, près de Rodez (Aveyron). Réu- nies à l’appel de la Confédération paysanne, elles ont dénoncé les or- ganismes génétiquement modifiés (OGM) et ont arraché quelques plants de maïs transgénique avant de quitter les lieux. LeMonde Job: WMQ0607--0010-0 WAS LMQ0607-10 Op.: XX Rev.: 05-07-99 T.: 10:39 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0267 Lcp: 700 CMYK
10 / LE MONDE / MARDI 6 JUILLET 1999 CARNET
DISPARITIONS Mario Puzo Vere Cornwall Bird Le père du « Parrain » L’ancien patriarche d’Antigua-et-Barbuda LA DISPARITION de Mario « massacré la moitié de Holly- la réalisation à Arthur Penn, Pe- semble. Francis me regarda dans DERNIER survivant des tigua, qui remportera toutes Puzo, qui a succombé vendredi wood », en particulier Michael ter Yates et Costa-Gavras. C’est, les yeux et refusa. » Puzo félicite pères de l’indépendance ca- les élections à l’exception 2 juin, à soixante-dix-huit ans, à Cimino, coupable d’avoir tota- on le sait, Francis Coppola qui Coppola, qui n’est pas à l’ori- raïbe, l’ancien premier ministre d’une brève parenthèse de 1971 une défaillance cardiaque (Le lement dénaturé l’un de ses remporta la mise, non sans gine du choix de Brando, d’avoir des petites îles d’Antigua et de à 1976. En 1981, il conduit les Monde daté dimanche 4-lundi livres préférés, Le Sicilien (Laf- avoir dans un premier temps engagé Al Pacino, seul à ses Barbuda, Vere Cornwall Bird, deux petites îles à l’indépen- 5 juillet), n’est pas une catastro- font, 1985). Dans Le Dernier Par- considéré l’affaire comme un yeux digne du personnage qu’il est mort lundi 28 juin à l’âge dance après trois siècles de do- phe pour la littérature. L’œuvre rain (Lattès, 1996), il fustigeait pensum, un moyen de se refaire interprète. Avant de comparer de quatre-vingt-neuf ans. mination britannique. Vere de ce fils d’un immigré italien, ce monde du cinéma sans scru- une santé financière après l’opportunisme de Coppola (si- Cet artisan de l’intégration Bird transforme l’ancienne co- élevé avec ses six frères et pules, dont les membres ne sont l’échec de ses films précédents. gner le film pour de pures rai- régionale s’était converti au fil lonie sucrière en un paradis sœurs dans le quartier des pas plus « bidons » que les écri- Mario Puzo a raconté dans The sons commerciales) au sien : des ans en un autocrate cor- touristique où affluent les gangs italiens de Manhattan, est vains ou les hommes d’affaires. Godfather Papers and Other « Ce qui m’a déprimé, c’est qu’il rompu dont les liaisons dange- riches visiteurs américains et solidement calée sur le rayon La cote de sa trilogie du Par- Confessions (1972) sa version du avait été assez malin pour faire reuses avec les cartels de la développe l’enseignement pu- des best-sellers, là où chacun rain (Laffont, 1970) provient « making of » du film, interprété ça à l’âge de trente-deux ans, drogue colombiens et les trafi- blic et gratuit. sait que l’invention stylistique, surtout de sa transposition à avec maestria par Marlon Bran- alors que moi il m’avait fallu quants d’armes avaient attiré Le patriarche, qui s’est épris la création d’une « voix », ne l’écran. La Paramount, qui dut, do. quarante-cinq ans pour l’attention sur ces deux petites d’une très jeune reine de beau- sont guère considérés comme sur pression de la Ligue de dé- Selon lui, Coppola fut choisi comprendre que je devais écrire îles qui ne comptent que té, Cutie Francis, délègue le critères prioritaires. Si Mario fense des Italo-Américains rem- parce qu’il « était un gamin de Le Parrain afin de pouvoir écrire 65 000 habitants. D’origine très pouvoir à deux de ses fils, Vere Puzo laisse une trace, c’est placer dans les dialogues du film trente ans venant de signer deux les autres livres que je voulais modeste, Vere Bird a fondé Junior et Lester, tandis que les grâce à ses tableaux de famille les mots « Mafia » et « Cosa échecs financiers et qu’ainsi il écrire. » une dynastie qui contrôle tou- scandales se multiplient : ex- de la Mafia, une page de l’his- Nostra » par « syndicat » et pouvait être contrôlé. J’avais sug- jours le destin d’Antigua-et- portations illégales d’arme- toire des Etats-Unis dont Holly- « organisation », avait proposé géré que nous travaillions en- Jean-Luc Douin Barbuda, dont son fils Lester ment vers l’Afrique du Sud wood s’est voluptueusement est premier ministre. alors soumise à un embargo fait l’écho. Après des études primaires international, asile accordé à Situé en Allemagne, le pre- a DENNIS BROWN, chanteur 27 juin. Née le 16 février 1905 à premiers films, Fury, You Only et un passage dans l’Armée du l’escroc américain Robert Ves- mier roman de Mario Puzo, The de reggae jamaïquain, est mort Angers (Maine-et-Loire), elle est Live Once et You and Me. Sylvia salut, Vere Bird se fait un nom co, scandale impliquant une Dark Arena (1955), évoquait les jeudi 1er juillet à Kingston. Il était notamment l’auteur, sous le Sydney a tourné dans plus de dans le syndicalisme à partir société française pour le finan- séquelles psychologiques de la âgé de quarante-deux ans. Né le pseudonyme de Jean Durtal, de quarante films et joué dans une des années 40. En 1951, il orga- cement de l’aéroport interna- guerre sur les combattants de 1er février 1957 dans la capitale Rue de la sagesse ; Saïd Akl, un centaine de comédies musicales nise une longue grève des cou- tional, vente d’armes israé- 1945. Déjà s’y profilait le thème jamaïquaine, Dennis Brown fut grand poète libanais ; Le Trottoir ou de pièces classiques. peurs de canne à sucre exploi- liennes aux barons colombiens favori de cet écrivain subjugué l’un des artistes les plus popu- des veuves et Les Coulisses de la tés sans pitié par quelques de la cocaïne. par Dostoïevski : comment laires dans l’île, en incarnant une politique (parus aux Nouvelles a MARIE HERMÈS, comé- grands propriétaires britan- La famille Bird, à la tête l’idéalisme américain s’est abî- figure romantique d’un reggae Editions latines). Veuve de Serge dienne et metteur en scène, est niques et pour la plupart ab- d’une impressionnante fortune, mé dans le péché. Puzo raconte- qu’il agrémentait volontiers Sandberg, fondateur des morte mardi 29 juin à l’âge de sentéistes. a converti Antigua-et-Barbuda ra l’enfance d’un immigré à d’arrangements pop. Il était l’un concerts Pasdeloup et cinéaste, cinquante-huit ans, des suites Le tamarinier sous lequel il en une plaque tournante de New York dans les années 20 et des chanteurs préférés de Bob elle fut journaliste spécialisée en d’un cancer. Après des études au défie le plus célèbre d’entre négoces louches sous le regard 30 dans The Fortunate Pilgrim Marley. politique étrangère accréditée Conservatoire national d’art eux, Alexander Moody-Stuart, de plus en plus inquiet de Was- (1965). Deux ouvrages partielle- Dennis Brown débute dès l’âge auprès de la Chambre des dépu- dramatique de Paris, elle appartient au patrimoine his- hington qui a longtemps préfé- ment autobiographiques. Il s’est de neuf ans en se produisant tés et du ministère des affaires commence sa carrière avec L’An- torique d’Antigua. Passant du ré fermer les yeux. toujours défendu d’être un ex- dans des clubs pour touristes. étrangères (de 1932 à 1940 et de nonce faite à Marie de Paul Clau- syndicalisme à la politique, il pert en Mafia, et le succès de la Parrainé par le producteur 1952 à 1958). De 1936 à 1940, elle del. En 1967, elle joue La Canta- fonde le Parti travailliste d’An- Jean-Michel Caroit trilogie du Parrain n’était dû, Bryon Lee, il obtient une série de dirigea la revue Les Temps mo- trice chauve, de Ionesco, au tonnait-il, qu’à la qualité de sa succès locaux à la fin des an- dernes. En 1964, elle devint Théâtre de la Huchette. Dans les documentation (lecture inten- nées 60 et au début des an- membre du comité de la Société années 70, elle tourne La Voie JOURNAL OFFICIEL sive des rapports des commis- nées 70, No Man is an Island, Ba- des gens de lettres avant d’en lactée, de Luis Bunuel, et Il n’y a sions du Sénat sur le crime or- by Don’t Do It, Things in Life, ou être la vice-présidente, de 1969 à pas de fumée sans feu, d’André Au Journal officiel daté lundi 28 la Sécurité sociale ; ganisé) et à son imagination. Money in Pocket. En 1979, une 1971. Elle fut également socié- Cayatte. A la même époque, elle et mardi 29 juin sont publiés : un décret relatif à certaines nouvelle version de cette der- taire puis vice-présidente des crée des séminaires d’expression b Epargne : une loi relative à conditions d’attribution de l’allo- RICHESSE ET TRACAS nière chanson lui permet d’en- Poètes français, membre du Pen- orale et d’initiation au théâtre à l’épargne et à la sécurité finan- cation de logement social aux étu- Mario Puzo se fit une spéciali- trer dans les classements britan- Club, fondatrice et présidente de l’Ecole centrale de Paris. Marie cière. diants et modifiant le code de la té des romans sur la Mafia avec niques. Après une tournée en l’Union franco-italienne cultu- Hermès retrouve le Théâtre de la b Territoire : une loi d’orienta- Sécurité sociale ; The Godfather (Le Parrain), mais Europe, il signe avec le label relle et économique. Huchette en 1980, reprend La tion pour l’aménagement et le dé- un décret relatif à certaines aussi The Sicilian en 1984 et The A & M et tente de conquérir le Cantatrice chauve, et joue dans veloppement durable du territoire. conditions d’attribution de l’allo- Last Don en 1996. Mais outre les marché américain en enregis- a SYLVIA SYDNEY, actrice des spectacles de Nicolas Ba- b Prestations sociales : un dé- cation de logement familiale aux soupçons, qu’il jugeait odieux, trant, en 1983, avec le groupe américaine, est morte jeudi taille, Jacques Legré et Marcel cret relatif au montant des pla- étudiants et modifiant le code de de connivences avec ces lignées funky K. C. and the Sunshine 1er juillet à New York à l’âge de Cuvelier. En 1990, elle enseigne à fonds de l’allocation de rentrée la Sécurité sociale ; d’escrocs qu’il dépeignait si Band. Mais il revient bientôt à quatre-vingt-huit ans, d’un can- l’Institut international de la ma- scolaire et de l’allocation de garde un décret relatif à la revalorisa- bien, le prodigieux succès de la ses origines, en collaborant no- cer de la gorge. De son vrai nom rionnette de Charleville puis se d’enfant à domicile pour la tion des allocations de logement et saga Corleone lui attira à la fois tamment avec son compatriote Sophia Kosow, Sylvia Sydney, tourne vers la mise en scène. période du 1er juillet 1999 au 30 juin modifiant le code de la Sécurité richesse et tracas. Scénariste Gregory Isaacs. Le dernier al- née en août 1910 à New York Son dernier spectacle, La Jeune 2000 ; sociale. (Superman, Cotton Club), il lui bum de Dennis Brown, Tribula- d’immigrants juifs venus de Rus- Fille Violaine, de Claudel, fut un décret relatif aux conditions b Crédit lyonnais : un arrêté fallut aller devant les tribunaux tion, publié cette année, avait sie, avait été engagée à la Para- joué cet hiver à la Huchette. d’attribution de certaines presta- fixant les modalités du transfert au pour récupérer le pourcentage été bien accueilli par les ama- mount en 1931. Elle devint vite Cantate à trois voix, ultime mise tions familiales et modifiant le secteur privé de la société Crédit qui lui était dû sur l’adaptation teurs de reggae. l’une des stars des années 30, en scène de Marie Hermès, sera code de la Sécurité sociale ; lyonnais. de Tremblement de terre (par dans des films signés Ruben Ma- présenté dans le cadre des un décret relatif aux ressources b Logement : un décret modi- Mark Robson, 1974). Il confiait a MARIE-CHARLOTTE SAND- moulian, King Vidor ou encore journées claudéliennes de prises en considération pour l’at- fiant le code de la construction et volontiers que s’il avait réelle- BERG, romancière et poétesse Fritz Lang dont elle tint le rôle Brangues qui se déroulent du 16 tribution de certaines prestations de l’habitation et relatif à l’aide ment été mafioso, il aurait française, est morte mardi féminin principal de ses trois au 18 juillet. familiales et modifiant le code de personnalisée au logement.
AU CARNET DU « MONDE » – Jean, Monique et Nicole Dixsaut, – Evelyne Gelin, – Yves Renoux, Lorca Elsa, – Colette et Etienne Caen, Stages ses enfants, son épouse, ses enfants, Marion Baumier, Décès Eric et Nathalie, Hugo et Sarah, Les familles Graule, Renoux, Gilles et Cathy Hervier, Gestion de votre stress Fabrice, Claire, Laurent, Nadia, ses enfants, Armangau, Verdier, ses enfants, avant les vacances. – Les familles Bonneau, Morin, Sabrina, Danièle Delorme et Daniel Gelin, ont l’immense tristesse d’annoncer la Ses douze petits-enfants, Initiation par la sophrologie. Déjean, Ottone ses petits-enfants, sa mère et son père, perte brutale de Ses vingt et un arrière-petits-enfants, Agir sur ses fatigues Juliette et Maud, Et tous ceux qui l’ont aimé, Françoise Dessart, corporelles et mentales. ont la grande tristesse de faire part du ses arrière-petits-enfants, ont la douleur de faire part du décès de Jane RENOUX, Michèle Chauvin, Samedi 17 et dimanche 18 juillet décès de Elise Rougerie, née GRAULE. Sofia, Ewa et Taous, Hôtel Nikko, Paris-15e. sa sœur, Xavier GELIN, ont la douleur de faire part du décès, le Tél. : 05-56-26-13-46 Jacques et Laurence Rougerie, Tous ses proches, amis et camarades se 3 juillet 1999, de 06-81-38-55-98 Georgette BONNEAU, rassembleront le mardi 6 juillet 1999, à dite BARBARA, ses neveu et nièce, ont la douleur de faire part du décès de survenu le 2 juillet 1999. 16 heures, au cimetière Saint-Martin de Mme Paul Perpignan. HERVIER-HAMBERGER, Formations survenu à Paris, le 2 juillet 1999, dans sa Mme Louise DIXSAUT, Zazi avait cinquante-trois ans... née Hélène BERNHEIM. quatre-vingt-deuxième année. née SCHAFFNER, – Le décès brutal de Université Blaise-Pascal - ISIMA- L’inhumation aura lieu le mercredi L’inhumation aura lieu dans la plus UFR sciences Clermont-Ferrand survenu le 2 juillet 1999, à l’âge de 7 juillet, au cimetière du Montparnasse, stricte intimité. Formation initiale. Le service religieux sera célébré le e Jane RENOUX, quatre-vingt-douze ans. Paris-14 . Formation permanente ou continue. mercredi 7 juillet, à 14 h 30, en l’église de er Cet avis tient lieu de faire-part. On se réunira, à 16 h 30, à la porte prin- le 1 juillet 1999, laisse désemparés Ouverture d’un DESS l’Immaculée-Conception, 34, rue du Ren- cipale du cimetière (3, boulevard Edgar- Ses amis de Montreuil (Seine-Saint- 77, avenue Foch, dez-Vous, Paris-12e. L’inhumation a eu lieu au cimetière de en « systèmes d’information Bassuet (Marne), dans l’intimité fami- Quinet). Denis), 75016 Paris. et d’aide à la décision ». liale. De la cité de l’Espoir, de Parlons-En, Un diplôme national Ses proches remercient, pour son Des dons peuvent être adressés à la Et du milieu associatif de la prévention ouvert aux titulaires d’une maîtrise dévouement, toute l’équipe de la 68, rue de Vaugirard, Ligue contre le cancer. de la toxicomanie. Anniversaires de décès scientifique ou d’un diplôme d’ingénieur communauté des Diaconesses de 75006 Paris. – Il y a un an, le 5 juillet, ou d’une expérience d’au moins Reuilly, 18, rue du Sergent-Bauchat, Evelyne Gelin, « Il faut continuer d’être un cœur quatre ans de technicien supérieur Paris-12e, à laquelle vous pouvez adresser 14, rue de Marignan, de vivant guetté par le danger. » Maurice-Charles PUEL dans une entreprise. vos dons. 75008 Paris. J. Supervielle. Contact : Martine CLOSSET. CARNET DU MONDE Productions de la Gueville, nous quittait. 04-73-40-50-00. Cet avis tient lieu de faire-part. 16, rue de Marignan, – Mme Danièle Smadja-Naret, Un espace entre deux lignes, un 75008 Paris. son épouse, moment, un clin d’œil pour partager son 89, rue de Picpus, Fax : 01-42-17-21-36 Hugo Films, M. et Mme Gérard Smadja, souvenir. Débats 24, rue Beaubourg, son fils et sa belle-fille, 75012 Paris. 75003 Paris. Claire et Guillemette Smadja, – Institut Michel-Villey pour la culture ses petites-filles, Diplômes juridique et la philosophie du droit, jeudi 8 juillet 1999, de 15 heures à 19 heures : Et toute la famille, Diplôme Universitaire ont la douleur de faire part du décès de débat sur l’unicité de la Shoah, autour du d’Etudes sur le Judaïsme livre de M. Besançon, Le Malheur du siècle. Sur le communisme, le nazisme et AGENDAM. Victor SMADJA, (Paris-I - Panthéon-Sorbonne - l’unicité de la Shoah. Avec M. Besançon, UFR d’histoire) membre de l’Institut, les professeurs Le C.L.E.J. club laïque Causses du Quercy F2, Varsovie survenu le 27 juin 1999, dans sa quatre- MOBILIER vingt-neuvième année. Réunion d’information Rials, Leben, Raynaud et Denquin. de l’enfance juive propose Maison + Piscine 4 × 9 1 000 F/semaine le mardi 6 juillet 1999, Université Paris-II (Panthéon-Assas), Sup. sal. R. Bobois avec quelques places de colonie idéale pour couple + 2 enfts négociable selon durée de Ses obsèques ont eu lieu dans l’intimité à 16 heures, Centre Panthéon, 12, place du Panthéon, tble basse exc. ét. 35 000 F 3 400 F/sem. locat. à louer familiale. au 39, rue Broca, 75005 Paris. salle des conseils. pour enfants de 8 à 15 ans Tél. : 01-42-17-10-48. du 9 au 23 juillet du 1er juil. au 30 sept. Renseignements au 01-44-41-59-14. + tble TV assort. 2 000 F du 13 au 26 août Electr. mble cuis., chbre enf. 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11 RÉGIONS LE MONDE / MARDI 6 JUILLET 1999 Paris : polémiques sur le Grand Prix de l’urbanisme Cette distinction nationale a été attribuée à Nathan Starkman, directeur de l’Atelier parisien d’urbanisme et conseiller de Jean Tiberi. Ses détracteurs lui reprochent les choix faits ces dernières années. L’intéressé se justifie dans nos colonnes et souligne que les décisions appartiennent aux élus
IL AURA fallu attendre cinq mois truire d’autres (Bas-Belleville), une du 11e arrondissement. Ces associa- qui lui est fait puisque « l’action de des années 60. M. Starkman rap- Quant aux critiques sur la place pour que le Grand Prix de l’urba- politique pharaonique d’urbanisme tions ont demandé « l’annulation de l’APUR s’inscrit dans une histoire fon- pelle que c’est grâce à l’APUR que le laissée à la voiture, une priorité qui nisme soit enfin remis à Nathan sur dalle qui montre chaque jour un la décision du jury (...) et l’attribution dée sur la contestation de l’urbanisme premier plan d’occupation des sols date, certes, d’une période anté- Starkman, directeur de l’atelier pari- peu plus sa faillite (ZAC-Paris Rive du grand prix de l’urbanisme aux as- tel qu’il a été pratiqué dans la fin des de la Ville de Paris, établi en 1977, a rieure à la création de l’APUR, mais sien d’urbanisme (APUR). Décerné gauche). » Six associations de quar- sociations de quartier [qui] ont mis fin années 70 » avec les destructions de permis de contrôler la hauteur des qui n’a pas vraiment été remise en le 12 février par un jury international tier ont qualifié cette désignation de aux ZAC et font vivre le débat sur quartiers entiers et l’apparition des nouveaux immeubles. cause depuis une vingtaine d’an- réuni à la demande de Louis Besson, « véritable provocation ». Elles rap- l’avenir de la capitale. » barres et des tours jusque dans le Il reconnaît cependant que la nées, M. Starkman estime que «la secrétaire d’Etat au logement, ce pellent à cette occasion un arrêt de centre de la capitale : « Il y a un pay- concertation locale n’a vraiment été maîtrise de la circulation automobile Grand Prix – attribué conjointement la cour d’appel de Paris, en no- « PROMOUVOIR L’ESPACE PUBLIC » sage urbain spécifique à Paris. Il fal- intégrée dans l’élaboration des pro- dans Paris a été inscrite dans le POS à Philippe Panerai – a suscité une vembre 1995, qui avait jugé « sans A la veille de la remise de son prix, lait le défendre en s’appuyant sur une jets que depuis 1995. En parlant de 1977 », et que les projets de la polémique d’une réelle ampleur et cause réelle ni sérieuse » le licencie- M. Starkman, centralien de cin- tradition qui consiste à promouvoir d’« urbanisme à visage humain », mairie dans son Plan-Seine passent provoqué ainsi un certain embarras ment en 1993 par M. Starkman quante-deux ans, rappelle que, l’espace public. » C’est ainsi que les peu de temps après son installation par une réduction drastique de la au ministère de l’équipement. Si d’Eric Galmot, alors urbaniste à « contrairement aux précédents lau- projets de l’APUR seraient revenus à dans le fauteuil occupé pendant dix- circulation sur les berges et sur la M. Besson a tenu à soutenir ce choix l’APUR et militant d’une association réats », il n’est pas « un architecte- « la forme de la rue », en abandon- huit ans par Jacques Chirac, M. Ti- place de la Concorde. en soulignant « l’indépendance » et de quartier, Onze de pique, au- concepteur, mais simplement le res- nant la création de grands espaces beri avait alors affiché son intention Il justifie également les choix de la qualité du jury, une première cé- jourd’hui chargé de l’urbanisme au- ponsable d’une équipe de spécia- (esplanades ou dalles) sur lesquels d’éviter d’imposer en force les réa- l’APUR pour la ZAC Paris-Rive rémonie officielle avait été annulée près de Georges Sarre, maire (MDC) listes. » Il comprend mal le procès étaient posés les bâtiments à la fin ménagements. gauche : « On dénonce à tort un ur- avant qu’une nouvelle date ne soit banisme sur dalle ; il ne s’agit en fait fixée, mercredi 7 juillet, sur le toit de que d’un ouvrage destiné à couvrir l’Arche, dans le quartier de la Dé- les voies et à relier ainsi le 13e arron- fense à Paris. Le dialogue au point mort dans la capitale dissement à la Seine. En revanche, Ce prix a provoqué de très vives on oublie de dire que cette ZAC té- réactions de la part de ceux qui s’op- LE GRAND PRIX d’urbanisme a été attribué à elle un hommage involontaire à la rigueur d’un compréhensibles par le climat politique actuel de moigne d’une réelle volonté de réé- posent depuis plusieurs années à la deux personnalités. Philippe Panerai, architecte homme que rien ne saurait détourner du droit la Mairie de Paris. L’opinion des citoyens et de quilibrer la ville à l’Est, et que l’opé- politique municipale dans ce do- et théoricien, coauteur notamment en 1978 de chemin qu’il emprunte ? Ou reflète-t-elle une leurs associations n’est finalement prise en ration s’appuie sur un véritable maine. Cette distinction ré- Formes urbaines, de l’îlot à la barre (Dunod, réé- juste colère ? compte que si leur mauvaise humeur constitue réseau de transports. » compense en effet le travail de celui dité par Parenthèses éd. en 1998), s’est attaché à Mille et une propositions de l’APUR ont de une menace pour la majorité municipale. Le dia- Face au reproche fait à l’APUR qui est également conseiller du quoi irriter, à juste titre, professionnels et asso- logue est au point mort. d’avoir été ces dernières années le maire (RPR) de Paris sur les dossiers ANALYSE ciations, des péripéties de la ZAC Paris Rive Sans doute l’APUR permet-il aux décideurs de « bras armé » d’une politique urba- d’aménagement. Ce choix est jugé Une profonde frustration : gauche aux projets d’aménagement, heureuse- s’appuyer sur des études techniques qui leur nistique désastreuse, M. Starkman « relativement malvenu » par Patrick ment écartés, du Bas-Belleville. Mais, sans son évitent les plus grosses bévues. Mais la structure répond : « Nous avons nos propres Bloche, député (PS) de Paris. Il es- les citoyens de Paris, existence, mille et un projets se seraient trouvés technocratique de l’Atelier, cuirassé de mépris à convictions en matière d’urbanisme. time que l’urbanisme de ces der- et des autres villes, dans les seules mains d’hommes politiques l’égard des non-professionnels, ne permet pas Mais nos projets sont établis à la nières années dans la capitale n’est sont privés de débat urbain souvent inexpérimentés sur le plan urbain, fa- de compenser l’absence de démocratie ni de rat- suite d’une discussion avec les élus, pas « un modèle du genre », puisqu’il cilement convaincus par les raisonnements de traper les dérapages les plus flagrants. L’APUR auxquels il revient au bout du a provoqué « deux millions de mètres promoteurs sans états d’âme, quand ce n’est par multiplie les études auxquelles le public n’aura compte de décider. » Le directeur de carrés de bureaux vides, un fort désé- analyser les mécanismes qui définissent l’échelle la dernière lubie architecturale à la mode. jamais véritablement accès, et apparaît sourd, de l’APUR ne veut pas porter la res- quilibre est-ouest (...), un plan d’oc- et la forme des villes. Nathan Starkman est le L’APUR a le privilège d’exister et Nathan Stark- ce fait, aux propositions des citoyens considérés ponsabilité des erreurs commises cupation des sols mal réglé et surden- troisième directeur de l’Atelier parisien d’urba- man, capitaine discret d’une équipe de plusieurs comme de perpétuels mineurs. Si le Grand Prix dans certains nouveaux quartiers, sitaire, ou encore la faillite des ZAC, nisme (APUR), créé en 1967, successeur de dizaines de personnes, ne mérite ni excès d’hon- d’urbanisme est venu récompenser l’indéniable en particulier à l’est de Paris. «Ce trop énormes pour être efficaces ». Pierre-Yves Ligen, qui peinera à sortir des sché- neur ni indignité. savoir-faire de l’APUR et de son directeur, l’ac- n’est pas l’Atelier qui décidait du Pour Martine Billard, conseillère mas pompidoliens, et de Nicolas Politis, qui L’irritation suscitée par son prix n’en est pas cueil houleux réservé au lauréat doit moins être nombre des écoles et des logements, de Paris et porte-parole nationale cherchera des repères plus lisibles pour les Pari- moins le signe d’une profonde frustration. Les interprété comme la dénonciation systématique ainsi que de la surface de bureaux, des Verts, « attribuer ce prix à siens. habitants de Paris, comme ceux des autres des travaux de l’Atelier que comme une remise mais c’est vrai que nous n’avons pas M. Starkman est un véritable affront à Le prix attribué à M. Starkman a la vertu para- grandes villes, sont toujours privés de forum où en cause plus générale des pratiques urbaines de toujours su prévoir les évolutions tous ceux qui ont subi et subissent en- doxale de réunir contre lui les tenants d’un urba- le débat urbain pourrait se tenir ; un lieu où le ci- la capitale, et du caractère réglementairement économiques et les mouvements de core les conséquences de la politique nisme débridé et ceux qui réclament au contraire toyen s’informerait, se formerait, discuterait du autarcique dans lequel se complaît l’APUR. société qui ont fait évoluer la capi- de l’APUR ». Celle-ci, selon Mme Bil- un gel de la forme urbaine, les architectes dé- devenir de son quartier, de sa ville. Ces seuls dé- tale. » lard, a signifié « la destruction de miurges et les partisans de la tradition la plus bats sont, pour le moment, réservés au champ Frédéric Edelmann quartiers entiers, la tentative d’en dé- étroite. Cette étonnante Sainte-Alliance serait- clos de l’Hôtel de Ville, rendus d’ailleurs in- et Emmanuel de Roux Christophe de Chenay LeMonde Job: WMQ0607--0013-0 WAS LMQ0607-13 Op.: XX Rev.: 05-07-99 T.: 11:21 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0270 Lcp: 700 CMYK
LE MONDE / MARDI 6 JUILLET 1999 / 13 HORIZONS REPORTAGE
RETOURa1 A CUBA
Le temps s’est-il figé ici, tandis que passe, comme venue d’un autre temps, d’un autre monde, notre troupe de touristes ? Car c’est cela, ma première impression de voyageur débarquant le sac léger et la tête lourde de souvenirs : deux mondes parallèles.
UOI, proteste derrière nous un senior, il n’y a pas de champagne sur Air France ? » Pas une place inoccupée. Fran- Q çais, Italiens, Néerlandais... l’Union euro- péenne pro- fonde. Classe d’âge dominante, cin- quantaine. Des groupes. Destination majoritaire : les plages de Varadero, forfait de quinze jours, avec visite d’une fabrique de tabac, deux jour- nées à La Havane, excursion au mo- nument de Che Guevara à Santa Clara. Cuba compte accueillir cette année un million cinq cent mille touristes. Y a-t-il un Cubain dans l’avion ? On n’y parle pas espagnol. Arrivée à la nuit tombée. On sur- vole la capitale. Guère de lumières. Çà et là les lueurs de ce qui, vu d’en haut, semble être les petits feux en plein air. Etrange. Notre billet inclut deux jours dans un hôtel de La Havane. Un bus à air conditionné nous charge. Traversée d’une banlieue obscure. Pour nous l’air est moite, pour les Cubains il est frais. Les Cubains, on en distingue des groupes sur les trottoirs devant Qu’importe ce qui existe au-delà de vraient qu’ils étaient des individus sans issue. On y respirait une odeur les maisons basses. Presque pas de cet îlot de lumière : les rues et les ayant chacun une fonction à rem- d’agonie. Notre « génération algé- circulation automobile, des vélos maisons obscures, les immeubles plir. » rienne » étouffait. Quinze ans nous sans lumières. Cette ville fantoma- écroulés, leurs ruines envahies d’or- En 1961, c’était bien le peuple en séparaient des idéaux de la Résis- tique me fait penser à Bucarest au dures, les derniers banlieusards ag- armes qui avait fait échec en deux tance. Il y avait eu la guerre fran- temps de la chute de Ceausescu. A glutinés par centaines aux stations jours au débarquement de la baie des çaise d’Indochine, la guerre améri- l’avant du bus, une femme nous ha- des bus qui ne viennent pas. Il nous Cochons financé et soutenu par les caine du Vietnam commençait, les rangue : « Je suis votre guide. » Son Le bel hier suffira, pour rentrer, de prendre un Etats-Unis. Depuis moins de trois ans, nouvelles indépendances donnaient propos est exclusivement pratique. taxi (spécial pour clients à dollars) : que de pas de géant ! En 1959, une lieu à des luttes d’intérêts féroces Elle traite du système monétaire : nous respirerons le souffle de la mer équipe de jeunes gens – leur chef entre les deux camps de la guerre nous paierons tout en dollars. Du Caraïbe sur le front de mer du Male- avait trente-deux ans – était descen- froide, l’assassinat de Lumumba au peso dit national (20 pesos pour con et nous passerons ainsi, comme due de la sierra et avait balayé une Congo ex-belge en était un exemple. 1 dollar), il n’est pas question. Com- par un tunnel, des lumières du res- dictature corrompue et honnie. Les C’était là ce qu’exprimait Vercors ment fait un touriste pour acheter le taurant à celles de l’hôtel. Demain, si révolutionnaires faisaient leur le dans l’éditorial du premier numéro journal ? Mais qui vient à Cuba pour et les ombres nous voulons continuer le circuit programme jamais appliqué des in- de la revue Partisans – que je venais lire la presse ? Notre « guide » in- tout tracé, après le petit déjeuner, surgés de la guerre d’indépendance, de créer et pour laquelle, justement siste sur les vols possibles : nous de- café et lait en abondance – le voilà, du visionnaire José Marti tué au je venais à Cuba –, en se disant «at- vons faire une photocopie de notre le lait des vaches de la Révolution –, combat en 1895, rompant avec la taché à la démocratie, à la justice, à passeport, utiliser (supplément) le un car avec air conditionné nous dépendance qui avait lié Cuba aux l’égalité des individus et à celle des coffre-fort qui se trouve dans mènera vers d’autres sites pitto- Etats-Unis pendant plus d’un demi- races humaines, à la libération de chaque chambre d’hôtel, acheter resques, un autre hôtel, d’autres siècle. tous les hommes de toutes les formes des cartes téléphoniques spéciales, Guantanamera, d’autres Coman- d’oppression et d’aliénation, en un etc. Elle nous prévient d’une forte d’aujourd’hui dante Che Guevara et sa querida pre- ÉFORME agraire – fini le mot : à la révolution socialiste ». présence policière dans les rues, sencia sirupeusement chantée. Il n’y travail des paysans sans Vaste programme qui, aujourd’hui, « pour vous protéger... Et aussi pour a qu’à se laisser vivre. R soulève l’ironie. terres sur les latifundia –, ré- d’autres raisons ». Il y a trente-huit ans, Nostalgie inutile, mais comment forme urbaine, nationalisation des Dans un monde où s’affrontaient Juillet 1961 : date de mon premier la chasser ? Dans les années 60, on monopoles – les raffineries de pé- des blocs figés, ne pouvait-il y avoir voyage à La Havane. Il n’y avait pas François Maspero avait cru ne venait pas à La Havane pour trole, l’électricité, les mines de cuivre place pour un espoir ? Peu habitués de champagne sur Paris-La Havane. chercher la douceur de vivre, mais et de nickel exclusivement aux à l’exercice salutaire du pessimisme Il n’y avait pas de Paris-La Havane. trouver à Cuba une autre attiré par l’idée, que peut-être, dans mains des intérêts étrangers –, cam- historique, nous avons cru ce Fidel Un quadrimoteur Britania, déjà ar- cette révolution toute neuve, on pagne d’alphabétisation des cam- Castro qui parlait si bien de l’avenir : chaïque, partait le vendredi de manière de vivre. Le blocus trouverait, pour l’humanité, une pagnes... Tout cela avait valeur de n’avait-il pas solennellement déclaré Prague. Il faisait une escale à Shan- autre manière de vivre. Il paraît, au- non ou à Terre-Neuve, ou parfois, est toujours en place, jourd’hui, que c’était un mirage et quand les vents étaient contraires, que nous aurions dû le savoir. Mais Justement, qu’a-t-on vendu aux touristes, les deux à la suite. Parfois aussi, tou- Castro aussi doit-on accuser le voyageur assoiffé jours question de vent, il passait par de croire au mirage ? Or on y avec le soleil ? Du passé, de l’archaïsme : les Açores. Ces escales pouvaient se croyait. prolonger des heures, voire des L’équipage y croyait. Les passagers y nous, c’était le tout début de la Les Cubains eux-mêmes, d’abord. l’histoire de Cuba, c’est le débarquement jours, selon l’état des moteurs : il fal- croyaient. Ve République. Depuis, on a marché Et pas forcément des exaltés. José lait attendre les pièces de rechange. Plus tard, débarqués dans l’île, ils sur la lune, les empires coloniaux Lezama Lima, poète surréaliste et de Christophe Colomb il y a quatre siècles Les passagers de la Cie Cubana res- rencontraient, dans les rues, dans les ont vécu, l’Union soviétique a dispa- catholique : « Le 26 juillet [1953, date taient parqués. Ils regardaient à tra- villages, un peuple qui y croyait. Le ru. de la première insurrection castriste] et celui de Fidel Castro il y a quarante ans vers les vitres les bûcherons cana- lait, un fait bien trivial, presque ano- Pourtant les slogans que je lis dès a rompu avec les maléfices infernaux, diens ou les soldats de Salazar. En din, et certes pas le plus marquant l’aéroport sont les mêmes qu’il y a il a apporté une joie... » (Ce qu’il ad- transit pour une île soumise au blo- dans ce pays où, à l’arrivée, on ne trente-huit ans : le peuple est avec vint par la suite de la joie de Lezama programme et d’exemple pour le le 8 janvier 1959, en entrant dans cus décrété par les Etats-Unis, isolés vous mettait pas en garde contre les Fidel, le peuple ne se rendra jamais, Lima, c’est une autre affaire, mais continent américain où sévissaient La Havane : « Dès que j’aurai termi- comme des porteurs de maladie. voleurs mais où on vous souhaitait la liberté ne se négocie pas. enfin, il a bien écrit ça, dans les an- d’autres oppressions : la dernière né ma tâche ici, je me retirerai pour la bienvenue sur le « premier terri- « Commandant en chef, ordonne ! » nées 60.) tentative de réforme agraire, timo- m’adonner à d’autres occupations » ? ES passagers étaient jeunes toire libre d’Amérique ». C’était il y a Le temps s’est-il figé ici, tandis que En 1961, quiconque se promenait rée, remontait à 1953, au Guatemala Ce soir, en sortant du restaurant, C et ils venaient de loin : il n’y trente-huit ans. Il y avait ce mot, ré- passe, comme venue d’un autre était arrêté à chaque pas : le premier et n’avait pas duré longtemps, dé- nous ne prendrons pas de taxi. Nous avait pas de communica- pété partout : l’espoir. Aujourd’hui, temps, d’un autre monde, notre venu lui faisait part de sa joie de voir faite par une colonne de chars re- rentrerons à pied par les rues noires. tions entre l’île et le continent amé- une chose n’a pas changé : le blocus troupe de touristes ? Car c’est cela, un étranger immédiatement suppo- crutée par les Etats-Unis. Mon pre- Notre « guide » avait raison : tous ricain, aussi rencontrait-on des est toujours là. Je suis revenu voir le ma première impression de voya- sé solidaire, et de sa foi dans l’avenir. mier voyage à Cuba je l’ai fait avec les cent mètres un policier muni Chiliens, des Vénézuéliens, qui reste. geur débarquant le sac léger et la Il était souvent vêtu d’une chemise quelques Français et beaucoup de d’un talkie-walkie nous suit des avaient fait le détour par l’Europe. Lors de ce premier voyage, je ren- tête lourde de souvenirs : deux bleue et porteur d’un pistolet ou Latino-Américains : un instituteur yeux. Je raconte le passé qui me re- Mon voisin de siège était un chan- contrais des Cubains qui étaient nés mondes parallèles. Mais, justement, d’un fusil : on avait distribué des bolivien comparaît avec son pays et vient si fort à mon compagnon de teur noir de Lima dont la voix esclaves – l’abolition de l’esclavage qu’a-t-on vendu aux touristes, avec armes au peuple, la milice comptait nous faisait partager chaque soir sa voyage, Klaudij Sluban, qui, lui, s’étranglait d’émotion quand il pro- datant de 1880, il fallait qu’ils aient le soleil ? Du passé, de l’archaïsme : des centaines de milliers d’hommes flamme. n’était pas né en 1961, qui vient ici nonçait le nom de Fidel. Ils arri- plus de quatre-vingts ans – et, en l’histoire de Cuba, c’est le débarque- et de femmes – et si un gouverne- Une jeune Française, Ania Fran- pour la première fois et qui, comme vaient exténués, après avoir voyagé plus grand nombre, dont les parents ment de Christophe Colomb il y a ment distribuait des armes au cos, écrivit à l’époque un livre en- moi, trouve que cela ressemble à avec des chargements étranges avaient été esclaves. Aujourd’hui, il quatre siècles et celui de Fidel Cas- peuple, c’était bien qu’il avait sa thousiaste, La Fête cubaine. Mais Bucarest à l’époque de la chute de comme, par exemple, à l’avant de faut que je m’en souvienne, la majo- tro il y a quarante ans. A photogra- confiance, non ? Comment savoir c’était une fête grave : trop de périls Ceausescu. Et je dis à mon compa- l’avion, des caisses pour l’insémina- rité des Cubains que je rencontrerai phier : les beautés de la colonie es- que ces armes, le peuple devrait menaçaient la jeune révolution. Ce gnon qu’en espagnol espérer se dit tion artificielle des vaches zébus soit n’étaient pas nés lors de mon pagnole et les souvenirs des exploits bientôt les restituer ? «Là, écrivit Ju- qui comptait, c’était ce cri que Fidel esperar, mais qu’esperar signifie aus- cubaines. Et, déjà, la Révolution premier séjour, soit étaient des en- des barbudos. Badges de Che Gue- lio Cortazar, j’ai découvert tout un Castro avait lancé dans sa Première si attendre. Saurons-nous au moins, commençait avec ces caisses : dans fants : ils n’ont pas connu la Répu- vara en prime. Dépaysement et ré- peuple qui a recouvré la dignité, un déclaration de La Havane : « Cette par ce voyage, ce qu’attend au- dix ans, disait fièrement l’équipage, blique et la dictature de Batista, ni tro garantis. peuple qui avait été humilié à travers grande humanité a dit assez, et s’est jourd’hui le peuple cubain ? Cuba, qui n’avait jamais produit une assisté, ni participé à la victoire de la Et ce soir, sur la place de la cathé- son histoire... Subitement, à tous les mise en marche. » Pourquoi ce cri goutte de lait, en aurait suffisam- révolution castriste, c’est presque drale joliment éclairée, dans un res- échelons, depuis les dirigeants que je faisait-il si peur ? Dans notre pays, François Maspero ment pour toute sa population (et aussi mythique pour eux que l’aboli- taurant où l’on déguste daiquiris, n’ai pratiquement pas vus jusqu’au l’un des premiers films sur la révolu- Photo : Klavdij Sluban comme il existe toujours, à Cuba, tion de l’esclavage pour la généra- mojitos et poisson grillé, l’orchestre niveau du paysan, du responsable de tion, Cuba si ! de Chris Marker, fut une prolifération tropicale de tion précédente. J’ai été témoin, moi nous joue La Guantanamera et l’alphabétisation, du petit employé, du interdit par la censure. Notre France double sens, lait, leche, avait aussi étranger, de choses qu’ils ne Comandante Che Guevara. La fumée coupeur de canne à sucre, tous assu- en était, en Algérie, à sa septième PROCHAIN ARTICLE : une signification plus virile...). connaissent que par ouï-dire. Chez de cigares s’élève légère : euphorie. maient leur personnalité, décou- année d’une guerre qui semblait Un piéton à La Havane LeMonde Job: WMQ0607--0016-0 WAS LMQ0607-16 Op.: XX Rev.: 05-07-99 T.: 10:24 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0272 Lcp: 700 CMYK
16 / LE MONDE / MARDI 6 JUILLET 1999 HORIZONS-ANALYSES ET DÉBATS 0 123 Le Kosovo, « question nationale » en Albanie 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD - 75242 PARIS CEDEX 05 Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 206 806 F L’ALBANIE s’intéresse de très tion de l’OTAN en brandissant un non au peuple de l’Albanie mais à riches » du Kosovo, mieux ins- Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 près au Kosovo. Au point que les slogan comme « Tant que l’Albanie « la population pan-albanaise » truits et plus rodés à l’économie de Internet : http : //www.lemonde.fr médias locaux, pour la plupart, sera morcelée, il n’y aura pas d’Eu- (« mbare »), en lui appropriant le marché. qualifient de « question nationale » rope », ou quand d’autres, à Tira- Kosovo : « Je sens qu’un jour nou- Un tropisme contradictoire ÉDITORIAL la situation de la région – qu’il na, crient « Vive l’Albanie eth- veau est en train de naître pour l’en- vient modérer, sinon annuler, celui s’agisse de la guerre, des hostilités nique » (« Rrofte Shqiperia semble du peuple albanais et pour de la « Grande Albanie » : c’est ancrées de plus longue date entre etnike »), ils semblent considérer notre Kosovo martyr. (...) En chas- l’intégration dans l’Union euro- Promesses algériennes les communautés serbe et alba- que l’unité politique doit se plier sant les Kosovars, Milosevic ne pou- péenne, qui apparaît aujourd’hui naise, ou de l’avenir du statut du aux règles de l’unité ethnique. vait pas imaginer qu’il faisait s’ef- comme la préoccupation majeure Alger, on dit «la GIA), pour esquisser ainsi une po- Kosovo. La solidarité spontanée Quand on voit la carte de la fondrer les frontières douloureuses des principaux responsables poli- Rahma », le pardon. litique de la main tendue. Mais face aux massacres et aux déporta- « Grande Albanie » orner les murs entre l’Albanie et le Kosovo, fron- tiques albanais. Or ceux-ci A Le nouveau président Abdelaziz Bouteflika a vraisem- tions des Kosovars a renforcé le de l’université de Tirana, l’unité tières qui s’effondrent à jamais. » n’ignorent pas le peu de crédit algérien, Abdelaziz blablement d’autres raisons en sentiment de l’unité nationale ethnique a visiblement dépassé le D’un même élan, le président exal- dont jouit le nationalisme en Eu- Bouteflika, annonce une politique tête. Il doit renforcer sa légitimité, entre les Albanais d’Albanie et les stade de la simple prise en consi- tait les soldats de l’Armée de libé- rope. Le désir éventuel d’une d’apaisement. Après sept ans de dans son propre camp comme à albanophones du Kosovo, lesquels dération. Et quand on demande à ration du Kosovo (UCK), « Grande Albanie » est écarté l’impitoyable guerre que se li- l’égard des opposants, démo- constituaient avant la guerre au une jeune femme kosovare, Fatmi- « combattants de la liberté, jeunes d’abord pour cette raison. A droite vrèrent l’armée et les islamistes, crates et islamistes, au régime hé- moins 90 % de la population de la ra Kamberi, si elle s’estimait martyrs et héros du Kosovo et de comme à gauche, on estime que sept ans d’horreurs, d’attentats et rité de la guerre d’indépendance. province yougoslave. « yougoslave » avant l’arrivée de tout le peuple albanais ». « dans l’Europe où l’Albanie espère de tueries qui firent près de cent Candidat soutenu par l’armée, vé- Dans les Balkans, où la réparti- Milosevic au pouvoir et la sup- L’affaire du Kosovo, « question entrer, les frontières tendront à s’ef- mille morts, M. Bouteflika promet ritable détentrice du pouvoir à Al- tion des communautés ethniques pression de l’autonomie du Koso- nationale », est devenue un des facer et la division des Etats sur des la réconciliation. Son gouverne- ger, M. Bouteflika entend s’éman- ne correspond pas toujours à la vo, elle répond : « Quand, à thèmes de la lutte politique inté- bases ethniques n’aura plus lieu ment a présenté, dimanche 4 juil- ciper quelque peu de cette tutelle géographie des frontières et où les l’étranger, on me demandait ma na- rieure en Albanie. La majorité d’être ». let, à l’Assemblée nationale une en faisant approuver par référen- concepts de peuple et de nation tionalité, je disais que j’étais alba- gouvernementale (Parti socialiste) généreuse et large loi d’amnistie, dum sa loi de « concorde natio- ont tendance à se brouiller, les li- naise de Yougoslavie. Maintenant, je et une partie de la droite, poussée RÉVEIL DOULOUREUX dite de « concorde nationale », à nale ». Elu, le 15 avril dernier, au mites sont parfois confuses entre peux être albanaise du Kosovo. » par le Parti républicain, ont pris L’Albanie est encore loin du l’intention des islamistes. De 5 000 terme d’une campagne marquée le sentiment national et le grand- fait et cause pour le gouvernement seuil de stabilité politique et à 15 000 hommes pourraient en de tant de fraudes que ses cinq nationalisme. La dérive de cette POUR L’UNITÉ DU PEUPLE provisoire du Kosovo et re- économique requis, non seule- bénéficier, parmi lesquels l’un des adversaires se retirèrent, M. Bou- confusion a donné la politique de Le rêve obscur ou inavoué d’un connaissent l’autorité de Hashim ment pour envisager l’éventualité chefs historiques du mouvement teflika cherche, par le même ré- la « Grande Serbie ». rattachement du Kosovo à l’Alba- Thaçi, le « premier ministre » ko- d’annexer le Kosovo, mais aussi islamiste (l’ex-FIS, Front isla- férendum, à élargir son assise Chez les peuples voisins, le fan- nie n’apparaît pas dans le discours sovar. Son rival, le « président » pour intégrer l’Europe. Son rôle mique du salut), Abassi Madani. Il politique. tasme sommeille. La notion de politique officiel des principaux Ibrahim Rugova, chef du mouve- joué pendant la guerre, sa mise au s’agit à la fois de libérer des pri- Tout cela est de bonne stratégie, « Grande Albanie » – l’expression partis albanais. Chacun laisse en- ment pacifiste (LDK), est, lui, sou- service de l’OTAN comme sa géné- sonniers et d’accorder la clé- et devrait aider à redorer le bla- n’est pas employée à Tirana – n’est tendre qu’il ne s’agit que d’un tenu par Sali Berisha, ancien pré- rosité spontanée à accueillir les ré- mence à des militants prêts à dé- son international d’une Algérie aujourd’hui soutenue que par des épouvantail de propagande agité sident de la République d’Albanie fugiés lui ont donné l’espoir poser les armes. qui accueille la semaine pro- partis minoritaires extrémistes. par les Serbes. Plus discrètement, et actuellement leader de l’opposi- d’exister enfin sur la scène occi- Il faut s’en féliciter. L’Algérie est chaine un sommet de l’Organisa- Mais le fait de considérer comme mais de façon quasi unanime, en tion de droite (Parti démocra- dentale. Dans la foulée, des res- une société profondément trau- tion de l’unité africaine. Mais une « question nationale » celle qui revanche, point la revendication tique). Depuis la victoire du Parti ponsables politiques ont tendance matisée, à l’identité en miettes. loi d’amnistie, si généreuse soit- concerne une région située hors de l’unité du peuple réparti entre socialiste (juillet 1997), Ibrahim à croire que l’heure est venue pour M. Bouteflika entreprend ce que elle, ne suffira pas, seule, à chan- de ses frontières, peuplée presque l’Albanie et le Kosovo – l’identifi- Rugova refuse de mettre les pieds le pays, en guise de récompense, nombre de responsables de l’op- ger ce qui est largement au cœur exclusivement d’Albanais mais cation religieuse, qui renforce le en Albanie. d’une aide durable de la commu- position au régime réclamaient du mal algérien : cette prépondé- toujours rattachée à ce qui reste lien de ces deux populations majo- Toutes les formations politiques nauté internationale. Rien ne dit depuis des années : un début de rance de l’armée, de la Sécurité de la Yougoslavie, de même que le ritairement musulmanes, n’est pas s’entendent, en revanche, pour se que celle-ci nourrisse la même in- raccommodage, les premiers militaire, des services de police sort des minorités albanophones mise en avant. montrer favorables à l’autodéter- tention. gestes pour panser les plaies, la – et de basse police politique – de Macédoine, du Monténégro et Le premier ministre Pandeli mination des Kosovars, passée la Le réveil, en Albanie, risque reconnaissance de l’adversaire. La dans l’Etat. Une société civile di- du nord de la Grèce, est un signe Majko, représentant de la majorité période transitoire du protectorat d’être douloureux. Au lieu d’ouvrir conférence des oppositions algé- verse, talentueuse, jeune, ambi- que les intentions ne sont pas tou- socialiste, a ainsi déclaré devant de l’OTAN. « Il n’existe pas de parti davantage les frontières avec le riennes réunie à Rome à l’initia- tieuse étouffe sous le joug de cet jours claires. Comme n’est pas les attachés militaires, le 12 juin : anti-albanais en Albanie », s’amuse Kosovo, par où passaient entre tive de la communauté de appareil répressif, de ce qui reste claire la distinction, dans ce qui « Je bénis les chenilles des chars de le président de l’Assemblée natio- autres les trafics d’armes et de stu- Sant’Egidio avait en vain proposé de ce parti-Etat unique qui depuis compose la nation, entre la l’OTAN qui viennent de faire enfin nale, Skander Gjinusei. A nou- péfiants, l’OTAN pourrait se mon- une telle approche en janvier trop longtemps exerce une sorte communauté politique et une sauter les chaînes de l’esclavage de veau, l’intention est confuse. De trer au contraire plus vigilante. 1995. Entre-temps, la « guerre ci- de monopole pesant et devenu communauté ethnique (et reli- la moitié du peuple albanais. » l’autodétermination à l’indépen- Quant à l’Albanie, elle risque de se vile algérienne » a fait des di- stérile sur l’activité publique, gieuse) dispersée au-delà du terri- Quelques jours auparavant, le pré- dance, il n’y a qu’un pas. Reste à trouver brutalement remisée dans zaines de milliers de morts. économique et sociale de l’Algé- toire national. sident de la République, Rexhep savoir comment évolueront les re- le coin des seconds rôles. Sans doute l’Etat se juge-t-il au- rie. Il faut très vite un volet poli- Quand des Kosovars en exil ma- Mejdani, était allé plus loin. Son lations de méfiance réciproque jourd’hui assez fort, et sûr de ne tique à ce volet judiciaire de début nifestent à Paris pour l’interven- « message à la nation » s’adressait entre les Albanais et les « cousins Marion Van Renterghem plus avoir à combattre qu’un ter- de mandat. Sauf à ce que cette loi rorisme résiduel de la part des de « concorde nationale » soit un Groupes islamiques armés (les beau geste sans lendemain. seillaise de crédit, la CNP, les l’euro, il est temps de dépasser ces AU COURRIER DU « MONDE » Secteur Caisses d’épargne et le Crédit vieilles polémiques franco-fran- 0123 est édité par la SA LE MONDE lyonnais dont la cession s’achève çaises. SANCTIONS SPORTIVES Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani par un très grand succès popu- Je crois à la nécessité de Au moment où environ trois Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint laire. 3,4 millions d’actionnaires lui banques françaises fortes pour mille Albanais sont, dans le meil- bancaire : ont fait confiance. Avec le pro- une économie française forte. Je leur des cas, toujours détenus en Directeur de la rédaction : Edwy Plenel Directeurs adjoints de la rédaction : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau chain adossement du Crédit fon- crois aussi à un Etat actif et impar- Serbie – puisque personne n’a jugé Directeur artistique : Dominique Roynette cier, ce sont les sept levées d’une tial. C’est au nom de cette double utile d’inclure leur libération dans Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment l’Etat a fait restructuration profonde de notre conviction que le secteur financier l’accord avec Milosevic –, on laisse Rédacteurs en chef : Alain Frachon, Erik Izraelewicz (Editoriaux et analyses) ; système financier. a été réformé et que nous pouvons l’ex-Yougoslavie participer à l’Euro Laurent Greilsamer (Suppléments et cahiers spéciaux) ; Michel Kajman (Débats) ; Enfin, il fallait empêcher tourner une page de l’histoire de basket-ball 1999. (...) Eric Le Boucher (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Franck Nouchi (Société) ; Claire Blandin (Entreprises) ; sa part Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Christian Massol (Secrétariat de rédaction) d’autres sinistres. Plus jamais ce- mouvementée du Crédit lyonnais. On peut imaginer ce que res- Rédacteur en chef technique : Eric Azan Suite de la première page la : l’argent des contribuables ne C’est au nom des mêmes convic- sentent les rescapés de l’épuration Médiateur : Robert Solé doit servir qu’à l’intérêt général et tions que j’ai soutenu la démarche ethnique à la découverte de ce Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg D’abord, défendre les intérêts pas à renflouer les errements pas- du gouverneur de la Banque de scandale. Cela est d’autant plus Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet ; de l’Etat et du contribuable. Tout sés des entreprises concurren- France dans la bataille qui oppose consternant au vu du succès des partenariats audiovisuels : Bertrand Le Gendre franc économisé sur ces sinistres tielles. Il en va de la confiance la BNP, Paribas et la Société géné- sanctions sportives prises contre Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président est un franc gagné pour l’éduca- entre les Français et leurs diri- rale. Dans le secteur public, nous l’Afrique du Sud, dont on a beau-
Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), tion ou la lutte contre l’exclusion. geants politiques. Plus jamais cela, avons montré que, par le dialogue, coup dit qu’elles furent détermi- André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) C’est pour cela que j’ai décidé une cela veut dire renforcer les des solutions conformes à l’intérêt nantes dans la levée de l’apartheid,
Le Monde est édité par la SA Le Monde réforme du CDR : les interférences moyens de contrôle, développer le de tous pouvaient émerger. Les di- en raison de leur fort impact po- Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. politiques sont bannies, la justice contrôle des conglomérats, créer rigeants des banques concernées pulaire et symbolique ; et, en plus, Capital social : 1 003 500 F. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, est saisie, les dirigeants sont indé- des fonds de garantie, proposer n’y sont pas parvenus. Ils ont fait leur coût fut minime. Fonds commun de placement des personnels du Monde, Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, pendants. En deux ans, la perte to- une meilleure régulation euro- leur choix. C’est leur responsabili- Jean-Marie Gabus Le Monde Entreprises, Le Monde Investisseurs, tale engendrée par l’ensemble du péenne et internationale ou don- té. Les pouvoirs publics n’avaient Genève Le Monde Presse, Iéna Presse, Le Monde Prévoyance, Claude Bernard Participations. secteur financier a été ramenée de ner à la justice les moyens de son pas le pouvoir d’imposer une solu- 130 à environ 50 milliards de indépendance. C’est fait, grâce no- tion. Ils avaient le devoir de pro- MUSIQUE EN FÊTE francs. C’est encore beaucoup tamment à la loi du 25 juin 1999 poser une négociation. Depuis dix-huit ans, on nous re- ILYA50 ANS, DANS 0123 trop mais cela montre qu’il était sur l’épargne et la sécurité finan- Leur responsabilité ne s’arrête bat les oreilles avec cette Fête de la possible et nécessaire d’agir. cière votée avec un large soutien pas là. Dans tous les pays, à musique que nous devons, paraît- Ensuite, faire le pari de la trans- de l’Assemblée. commencer par les plus libéraux, il, à M. Jack Lang. Que M. Lang ait Plages de sable en péril parence et du dialogue. Les priva- Il y a plusieurs mois, j’ai proposé les autorités bancaires veillent à ce trouvé un nouvel intitulé à cette tisations arrangées dans le secret aux partenaires sociaux du sys- que les batailles boursières ne dé- manifestation, c’est possible. Mais L’HISTOIRE des Pays-Bas (fla- marins allemands, ont modifié quel- des antichambres ministérielles ne tème bancaire un « contrat de mu- génèrent pas en surenchères rui- en remontant plus avant, force est mands et hollandais) est l’histoire que peu l’influence des marées. sont plus de saison. Pour la pre- tation ». Il s’agissait de rechercher neuses, ni en situations confuses de reconnaître qu’il a seulement d’une lutte perpétuelle contre la D’autre part une grande tempête mière fois, la transparence a été de ensemble les meilleures solutions pour les entreprises et leurs sala- récolté les fruits d’initiateurs plus mer. Les Hollandais ont agrandi leur qui se produisit en mars dernier eut mise, les syndicats ont été associés pour réformer le secteur. Depuis riés. C’est le rôle du comité des discrets mais non moins enthou- territoire de la façon la plus paci- des effets d’érosion absolument dé- à tous les stades des cessions. Mo- siates. fique en asséchant un golfe : le Zui- sastreux. On estime qu’en des en- dernisation économique et mo- Au tout début des années 70, derzee. En Belgique, du côté de droits comme Le Zoute ou Ostende dernisation sociale vont ainsi de Mobiliser l’épargne nationale Alain Durel, alors à Radio-France Knokke-Le Zoute, on doit depuis la couche de sable a reculé de pair. – il dirige aujourd’hui l’Opéra de quelques mois reconquérir patiem- 2,50 mètres. Les substructions de Le troisième choix a été de ren- au profit de groupes français puissants, Lyon –, eut la lumineuse idée de ment sur la mer une quantité certaines installations faites en bor- forcer notre secteur financier. Il créer, dans la ville d’Aix-en-Pro- énorme de sable que la marée des- dure de la digue par les sociétés bal- fallait en assurer le sauvetage : le cela doit être notre réponse vence, une sorte de festival de mu- cendante emporte. Or, on le sait, ce néaires ont même été mises à nu. Crédit lyonnais, le GAN, le CIC, la sique parallèle, convivial, popu- qui fait la gloire et la richesse du lit- Inutile de dire qu’un réel danger Marseillaise de crédit et le Crédit positive face à la mondialisation laire et gratuit. Un contrepoint aux toral belge c’est cet estran im- pourrait en résulter. foncier étaient tous menacés représentations données dans la mense, cette admirable plage de Actuellement donc, en ces en- d’une mise en liquidation à la suite cour très fermée de l’archevêché. sable fin qui s’étend, sans solution droits, on s’efforce à marée basse de décisions de la Commission eu- deux ans, l’Etat a fait sa part du établissements de crédit dans les Le succès dépassa toutes les espé- de continuité, de la frontière hollan- de récupérer du sable. On voit des ropéenne. contrat. prochaines semaines. rances. daise à la France, depuis Le Zoute bulldozers aller jusqu’aux flots et Il fallait aussi en assurer le déve- Manifestement, ce contrat de Ceci montre l’importance qu’ac- Aussi, avec son ami Louis Dan- jusqu’à La Panne. remonter avec une certaine quanti- loppement. Je suis heureux que les mutation ne répond pas encore à quière la localisation. Il est essen- drel – alors directeur de France- Déjà les travaux pour la construc- té de sable, que l’on consolide avec cessions faites depuis 1997 aient la pratique du secteur bancaire. tiel de maintenir en France les Musique – poursuivit-il son effort tion du môle de Zeebrugge, les tra- des fascines, et qui ne sera pas né- conforté l’ancrage national de Celui-ci reste trop marqué par de centres de décision de nos entre- en faveur des musiciens amateurs vaux qu’il fallut faire dans le chenal cessairement emporté par la marée notre secteur financier et renforcé vieilles ritournelles. Traditionnel- prises. Mobiliser l’épargne natio- en créant quelques années plus de ce port après qu’en 1914-1918 les descendante. nos entreprises, quel que soit leur lement, tous les maux sont impu- nale au profit de groupes français tard « Le jour J de la musique », Anglais y eurent coulé des bateaux Louis Pierard statut, public ou privé, mutualiste tés au Livret A ou aux banques puissants, cela doit être notre une fête nationale de la musique, pour le rendre inutilisable aux sous- (6 juillet 1949.) ou non. mutualistes. Plus récemment, réponse positive face à la mondia- relayée par les ondes françaises. Cela marque un changement l’Etat a été critiqué pour ne pas lisation. (...) par rapport aux privatisations pré- avoir « réservé » le CIC ou le Cré- C’est ce qu’ont fait les établisse- C’est ce « jour J de la musique » 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS cédentes. Laissées pour compte dit lyonnais à telle ou telle ments mutualistes en activant qui est devenu – avec l’inévitable Télématique : 3615 code LEMONDE sur le marché, les entreprises banque. C’est oublier que c’est le leurs réserves dormantes pour jeu de mots – « Fête (faites) de la Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC concernées ont perdu leur indé- gouvernement précédent qui a in- renforcer le secteur financier. C’est musique ». Poursuivons donc, cé- ou 08-36-29-04-56 pendance (l’UAP ou les AGF no- terrompu la première cession du aussi le sens des mesures prises lébrons la musique, jouons-la Le Monde sur CD-ROM : 01-44-08-78-30 tamment) ou se trouvent enga- CIC alors que la BNP était en tête. par le gouvernement depuis deux mais, de grâce, rendons justice à Index et microfilms du Monde : 01-42-17-29-33 gées dans des batailles boursières C’est totalement méconnaître les ans en faveur de l’investissement ceux qui, il y a plus de vingt-cinq incertaines (BNP, Paribas, Société principes de cession imposés par en actions. Je poursuivrai cet ef- ans, firent descendre la musique Le Monde sur CompuServe : GO LEMONDE Adresse Internet : http : //www.lemonde.fr générale). Bruxelles. Le respect du droit est fort : c’est une question d’intérêt du Parnasse jusque dans la rue, le A l’inverse, depuis deux ans, six une des conditions majeures du national. temps d’un jour. Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 entreprises ont retrouvé une pers- bon fonctionnement de l’Etat. Pierre Guillot pective : le CIC, le GAN, la Mar- Aujourd’hui, dans l’Europe de Dominique Strauss-Kahn Bourg-en-Bresse (Ain) LeMonde Job: WMQ0607--0017-0 WAS LMQ0607-17 Op.: XX Rev.: 05-07-99 T.: 10:56 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0273 Lcp: 700 CMYK
17 ENTREPRISES LE MONDE / MARDI 6 JUILLET 1999
PÉTROLE Un raid surprise a été du pétrole, occupant la quatrième lons lui donner un caractère ami- que dirige Philippe Jaffré, réunira port aux grands rapprochements lancé, lundi 5 juillet, sur Elf par Total- position mondiale. b CETTE OPÉRA- cal », a déclaré au Monde le PDG de prochainement son conseil d’admi- entre anglo-saxons. Il prévoit la sup- Fina. Cette offre publique d’échange, TION non sollicitée par Elf a été pré- TotalFina, Thierry Desmarest. b ELF a nistration pour définir sa position. pression de 4 000 emplois, dont la valorisée à 42 milliards d’euros, per- parée dans le plus grand secret, en réagi à l’offensive de son rival en la b CE PROJET de fusion aura des ré- moitié en France, sur un total de mettrait de créer un géant français une quinzaine de jours. « Nous vou- qualifiant d’« hostile ». Le groupe, percussions sociales limitées par rap- 130 000. (Lire aussi page 18.) TotalFina lance un raid surprise sur Elf Le groupe dirigé par Thierry Desmarest a présenté, lundi 5 juillet, une offre publique d’échange de 42 milliards d’euros sur son rival français. Cette opération, qui donnerait naissance au quatrième pétrolier mondial, devait recevoir, le même jour, l’aval des pouvoirs publics L’OPÉRATION préparée sous le quelques jours auparavant les opération intervient au moment où précédent patron un véritable capi- ses actionnaires, Philippe Jaffré comprendre. En mai, lors des as- nom de code « Concordia » est lan- grandes lignes. Total réussit l’acquisition du belge taine d’industrie. Une désillusion supporte très mal de s’être fait ravir semblées générales, les questions cée. A la surprise générale, TotalFi- « Non sollicitée mais amicale », la Petrofina, tandis que Elf échoue d’autant plus forte que pour re- la première place de pétrolier fran- fusent : « Il n’y a pas actuellement na a déposé lundi 5 juillet une offre formulation est pour le moins para- dans sa tentative de rachat du nor- mettre à flot le groupe, Philippe Jaf- çais par son rival de toujours, Total, de discussions entre les deux publique d’échange (OPE) sur les doxale quand il s’agit d’un raid lan- végien Saga. « Philippe Jaffré joue fré impose une sévère cure d’austé- grâce à l’acquisition de Petrofina, groupes », affirmait Thierry Desma- actions Elf, pour créer le quatrième cé par surprise. Pas question d’aver- gros : s’il réussit en Norvège, il sera rité. Une fois toutes les branches fin 1998. Les marches d’approche rest, occupé à terminer l’opération pétrolier mondial en associant le tir longtemps à l’avance la première définitivement reconnu à la tête d’activités redevenues compéti- en vue d’une alliance avaient d’au- Petrofina. « Je ne vois pas l’intérêt, numéro cinq et le numéro sept du personne concernée, le président d’Elf. S’il perd, il sera fragilisé », pré- tives, M. Jaffré décide début 1999 tant moins de chance d’aboutir que pour Elf-Aquitaine ni pour ses ac- palmarès. Une opération valorisée d’Elf, Philippe Jaffré. Lui qui a régu- disait un banquier, début juin. Cette de restructurer le cœur du groupe, chacun des deux PDG reconnaît tionnaires, d’une telle fusion, répon- à plus de 42 milliards d’euros. Dans lièrement récusé ce projet a été opération, qui aurait permis à Elf l’exploration-production ; mais sa que, dans un groupe fusionné, il ne dait Philippe Jaffré. L’entreprise a la les esprits depuis des mois, en ges- prévenu lundi, quelques minutes de doubler sa présence en mer du méthode cassante provoque un peut y avoir qu’un seul capitaine, ce taille critique nécessaire pour pour- tation depuis une quinzaine de seulement avant l’annonce offi- Nord, a été contrée par les Norvé- conflit social d’une ampleur jamais poste revenant d’office au patron suivre sa route en toute indépen- jours, approuvée par les adminis- cielle. Voilà pour le caractère non giens eux-mêmes, qui ne souhai- connue dans le groupe. Depuis de la société la plus importante. dance. » trateurs de TotalFina dimanche soir sollicité. « Nous ne faisons qu’appli- taient pas voir passer leurs res- maintenant près de trois mois, les Aux deux sièges, situés à quel- Pourtant, les cadres dirigeants re- 4 juillet, cette fusion provoque la quer les nouvelles méthodes pari- sources pétrolières et gazières sous salariés d’Elf exploration-produc- ques centaines de mètres l’un de connaissent la pertinence du projet, stupeur par la rapidité de son dé- siennes », affirmait-on au siège de contrôle étranger. Cet échec tion sont en grève et occupent les l’autre à la Défense, à Paris, les ru- même s’ils redoutent ses consé- clenchement. TotalFina en se référant à l’offen- s’ajoute à une série de revers : al- locaux informatiques à Pau et à Pa- meurs de fusion sont subitement quences sur l’emploi. Les complé- Jusqu’au bout, le secret a été to- sive de la BNP sur la Société géné- liance mort-née avec le russe Yu- ris pour lutter contre un plan de réapparues au début de l’année. mentarités sont nombreuses dans talement préservé par la cinquan- rale et Paribas. kos, projet de rapprochement avec 1 320 suppressions d’emplois. Chez Elf, on accuse le concurrent la chimie, le raffinage et surtout taine de personnes impliquées dans Petrofina, qui préférera Total. Affaibli en interne, mais soutenu de laisser colporter les bruits, chez dans l’exploration-production. Créé ce dossier. Aucune fuite, beaucoup « GOLDEN SHARE » DE L’ÉTAT Le PDG d’Elf ne parvient pas à se par son conseil d’administration et Total, on feint de ne pas par les pouvoir publics, Total est de frayeurs sur d’éventuelles ru- A l’inverse, tout sera fait pour la départir de son image de financier, puissant au Moyen-Orient, tandis meurs : malgré les nuits blanches, rendre amicale et attractive pour depuis son parachutage à la tête qu’Elf avait pour mission de s’im- consigne était donnée de montrer les salariés d’Elf. A la différence des d’Elf voici six ans. Le 4 août 1993, Les modalités et sera soumise au visa de la planter en Afrique. En mer du que, comme les autres groupes, le grandes fusions anglo-saxonnes, Philippe Jaffré quittait la direction Commission des opérations de Nord, l’un est présent dans les eaux pétrolier français se coulait douce- telle celle du britannique BP sur du Crédit agricole pour se voir b Offre publique d’échange. – Bourse en France et de la SEC aux britanniques, l’autre dans les eaux ment dans la torpeur estivale. l’américain Amoco, pas question confier par Edouard Balladur, alors 4 actions TotalFina pour 3 actions Etats-Unis. norvégiennes. Total est parvenu à Comme si de rien n’était, Thierry pour Total d’imposer sa culture, ses premier ministre, la mission de pri- Elf, sur la base du cours de clôture – Elle débutera après accord des se diversifier en Asie du Sud-Est et Desmarest, le PDG de TotalFina, a critères et ses équipes. Amicale, vatiser le groupe pétrolier et d’y de TotalFina vendredi 2 juillet autorités réglementaires en Amérique du Sud, Elf n’a tou- tenu à honorer ses engagements en aussi, pour que les pouvoirs publics faire le ménage. Mission était (168 euros). La prime pour les françaises, vraisemblablement à la jours pas réussi à trouver un troi- accompagnant, jeudi 1er et vendredi l’autorisent, Elf étant dotée lors de confiée à cet inspecteur des fi- actionnaires d’Elf est d’environ mi-septembre, et s’achèvera sième pôle ; mais grâce à son expé- 2 juillet, le premier ministre à Mos- la privatisation d’une golden share, nances de stopper la dérive tant fi- 20 %. trente-cinq jours après, en rience au large de l’Angola, il cou. Une occasion d’informer plus action qui permet à l’Etat de blo- nancière qu’industrielle provoquée b Coût. L’offre valorise Elf à octobre. devient l’un des leaders dans la précisément Lionel Jospin et Domi- quer une tentative de prise de par son prédécesseur, Loïk Le 42 milliards d’euros. – Elle sera étudiée par les technologie des forages en eaux nique Strauss-Kahn, le ministre de contrôle. L’accord devait être don- Floch-Prigent. Mais les « affaires » b Procédure. – L’offre est autorités américaines et profondes. l’économie, du déroulé de l’opéra- né dans la journée de lundi. démoraliseront les salariés d’Elf, recevable dans les cinq jours par européennes chargées de la tion, dont ils avaient approuvé Ce n’est pas un hasard si cette qui avaient cru déceler chez leur le Conseil des marchés financiers concurrence. D. G. Thierry Desmarest, PDG de TotalFina « Notre offre est non sollicitée, mais nous voulons lui donner un caractère amical » « Vous annoncez le lancement tentatives de développement ? ture commune où les responsabili- marier les cultures d’Elf et de Total- passant à 100 milliards de francs de d’une fusion avec Elf pour créer – Je ne le crois pas. La logique de tés seront réparties de manière Fina que celles d’un groupe français chiffre d’affaires. le quatrième pétrolier mondial, cette opération serait apparue de équilibrée à tous les niveaux. C’est et d’un américain. Nos équipes – Fermerez-vous des raffine- alors que vous achevez à peine plus en plus fortement au fil des une superbe opération industrielle. sortent des mêmes écoles, tra- ries, et votre poids dans la distri- celle avec Petrofina. Pourquoi mois et aurait créé un climat spé- Nous voulons la réaliser en moti- vaillent déjà ensemble sur de nom- bution en France ne sera-t-il pas cette accélération contraire à vos culatif qui aurait pu en compliquer vant l’ensemble des salariés. Dans breux projets et les relations per- critiqué par Bruxelles ? déclarations ? la mise en œuvre. Nous préférons ce rapprochement, pour le person- sonnelles sont le plus souvent très – Dans le raffinage, je n’envisage – Nous assistons à une recompo- prendre de court les observateurs. nel d’Elf et de Total, il n’y aura pas bonnes. Les stratégies sont deve- pas de fermeture, nos différentes sition de l’industrie pétrolière d’une Je suis conscient de l’effet de sur- un gagnant et un perdant, mais nues très voisines. Après la crois- raffineries étant confortées par leur ampleur jamais vue jusqu’à présent, prise : les esprits avaient bien inté- deux gagnants. sance à tout prix du début des an- complémentarité et leur proximité initiée par la chute des cours du pé- gré le principe d’un tel rapproche- – N’y aura-t-il pas inévitable- nées 90, Elf est revenu à une géographique. Quant à notre posi- trole et la mondialisation des capi- THIERRY DESMAREST ment, mais pas l’idée de son ment des doublons ? politique beaucoup plus proche de tion dans la distribution, je vous taux. En moins d’un an, près des déclenchement rapide. – Comme dans tout rapproche- celle que nous menons. Le groupe a rappelle que nous sommes dans un deux tiers des grandes compagnies du rapprochement, mais aussi une – Ce projet de rachat n’est-il ment, nous procéderons à des réor- obtenu de bons résultats en termes pays extrêmement concurrentiel, internationales ont été partie pre- évolution des mentalités. Je pense pas un échec pour le président ganisations. Les synergies sont esti- financiers, mais il doit maintenant où les grandes surfaces assurent la nante dans ces opérations. L’acqui- que les esprits sont désormais d’Elf, Philippe Jaffré ? mées à 1,2 milliard d’euros par an à confirmer sa capacité à retrouver le moitié des ventes, ce qui empêche sition de Petrofina nous a permis de mûrs. Tout le monde a pris – Je ne veux pas personnaliser le horizon de trois ans. Elles pro- chemin de la croissance industrielle. l’émergence d’un acteur pétrolier régler nos problèmes de taille cri- conscience de la nouvelle dimen- débat. Lorsqu’on m’interrogeait sur viennent pour les deux tiers d’amé- Je suis sûr qu’ensemble nous y ar- dominant. tique dans chacun de nos métiers. sion de la compétition. Des groupes l’idée de ce rapprochement, je si- liorations opérationnelles et pour riverons. – Imaginez-vous une bataille » Cependant, dans le même comme TotalFina ou comme Elf, gnalais qu’il n’était pas d’actualité, un tiers de suppressions de postes. boursière ? temps, des super-poids lourds se même s’ils ont bien progressé ces car j’étais au milieu de l’opération Nous pensons réduire les effectifs – Franchement, non. Tout sont formés avec les rapproche- dernières années, ont désormais un Total Petrofina. Je précisais cepen- de 4 000 personnes sur les 130 000 « Nous pensons d’abord, notre offre publique ments Exxon-Mobil, BP-Amoco- écart de taille avec les trois super- dant que cette éventualité méritait du nouveau groupe, soit 3 % des ef- d’échange conduit à une prime de Arco, qui ont rejoint Shell en haut poids lourds, qui leur posera un considération. J’ai constaté malheu- fectifs. La moitié des suppressions réduire les effectifs 15 à 20 % selon que vous preniez les du classement. A peine constitué, le jour problème. Il vaut donc mieux reusement que, du côté d’Elf, au concernera la France dans toutes cours des derniers jours ou des der- nouveau groupe TotalFina était en- anticiper que de se retrouver plus haut niveau, les réactions aux les branches. Nous mènerons cette de 4 000 personnes nières semaines. Aucune autre core quatre à cinq fois plus petit acculé. idées de rapprochement étaient né- réorganisation avec la même poli- compagnie pétrolière ne présente que chacun des membres de ce trio. – Quelle sera la taille du nouvel gatives. Cela m’a obligé à opter tique sociale que dans le passé. Elle sur les 130 000 un tel niveau de synergie avec Elf Nous sommes dans une industrie ensemble ? pour une démarche non sollicitée. sera étalée sur trois ans, et un flux que nous. Tout le monde devrait ra- où beaucoup de cartes ont été – Ce rapprochement nous per- – Avez-vous proposé une al- d’embauches sera maintenu. L’opé- du nouveau groupe » pidement se rendre compte que jouées et où il n’existe plus telle- met de nous hisser au quatrième liance à Philippe Jaffré ? ration de rapprochement ne doit nous sommes les mieux placés. ment de combinaisons possibles. Il rang mondial entre le trio de tête et – Lors de mes rencontres avec conduire à aucun licenciement. – En absorbant coup sur coup faut donc savoir saisir les occasions. le peloton des autres grands pétro- mon homologue d’Elf, j’ai essayé de – Elf est protégé de tout rachat – Quels seront les atouts du Petrofina et Elf, n’avez-vous pas » Même si la recherche de la taille liers internationaux. Nous serons le sensibliser à l’intérêt de cette hostile par une golden share, pro- nouveau groupe ? les yeux plus gros que le ventre ? n’est pas un but en soi, et même si seuls dans notre catégorie, pesant opération. Vous avez pu constater priété de l’Etat. Que va-t-il se pas- – Nous aurons un positionne- – Je ne crois pas. Nous sommes nous avions apparemment suffi- le double des poids moyens et la comme moi que cela a été jusqu’à ser ? ment mondial remarquable dans déjà très avancés dans la mise en samment d’atouts pour nous déve- moitié de chacun des trois géants. présent sans succès. – Il est évident que, pour une l’exploration-production. A part les œuvre du rapprochement avec Pe- lopper, nous ne pouvions laisser Nous représenterons 12 % du mar- – Comment qualifiez-vous opération de cette importance, j’ai Etats-Unis où nous sommes mo- trofina, qui se déroule dans un très passer l’occasion de nous rappro- ché européen de la distribution à votre offre ? prévenu à l’avance les pouvoirs pu- destes, dans toutes les autres zones bon climat et devrait être terminé cher d’Elf, compte tenu des excep- égalité avec Shell, BP ou Exxon. Ce – Elle est non sollicitée, mais blics. Mes interlocuteurs sont très stratégiques nous figurerons parmi pour l’essentiel d’ici à la fin de l’an- tionnelles complémentarités de nos rapprochement s’inscrit dans une nous voulons lui donner un carac- sensibles à l’intérêt industriel de les quatre premiers du palmarès en née. Quand le rapprochement ef- deux groupes. Une telle opportuni- forte logique industrielle et accroî- tère amical. Nous voulons bâtir ce l’opération. Il leur revient désor- termes de production. En Afrique, fectif avec Elf se mettra en place, les té ne se serait pas présentée une se- tra significativement notre compé- nouvel ensemble en nous appuyant mais de se prononcer sur la golden nous serons numéro un, deuxième structures de TotalFina seront déjà conde fois. titivité. Nous assurons ainsi la pé- sur les compétences des deux share. Je suis optimiste. au Moyen-Orient, quatrième en Eu- stabilisées. » – Qu’est-ce qui vous a poussé à rennité du nouvel ensemble. groupes. J’ai beaucoup de respect – Dans cette fusion, quelle rope, en Asie du Sud-Est et en passer à l’action ? – Ne profitez-vous pas des pour les équipes d’Elf et nous te- culture l’emportera sur l’autre ? Amérique du Sud. Dans la chimie, Propos recueillis – L’intérêt industriel et financier échecs successifs d’Elf dans ses nons à mettre en place une struc- – Il est infiniment plus facile de nous doublerons notre taille en par Dominique Gallois LeMonde Job: WMQ0607--0018-0 WAS LMQ0607-18 Op.: XX Rev.: 05-07-99 T.: 11:21 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0274 Lcp: 700 CMYK
18 / LE MONDE / MARDI 6 JUILLET 1999 ENTREPRISES Une complémentarité des gisements Deux stratégies mais un parcours boursier similaire TOTALFINA ELF TOTALFINA ELF PARADOXE : alors que, sur Elf a grimpé de 170 % tandis que recommande, pour sa part, MER DU NORD MER CASPIENNE longue période, les titres des le titre Total s’est adjugé un gain l’achat des deux titres qu’elle af- deux groupes ont connu des par- de 198 %. Ces performances fectionne au point d’avoir appelé Ekofisk Kazakhstan cours boursiers quasi identiques, comparables recouvrent en fait deux de ses chats «Elf» et «To- Alwyn Azerbaïdjan TotalFina et Elf n’ont pas la deux stratégies distinctes. tal ». Haltenbanken même image auprès de la En dix ans, Total a prouvé, sous Elgin Franklin communauté financière interna- AUDACE CONTRE PRUDENCE la houlette de Serge Tchuruk puis Pays-Bas tionale. Les investisseurs cré- Les investisseurs audacieux de Thierry Desmarest, qu’il pou- ditent Total d’une transformation préfèrent Elf-Aquitaine, dont le vait rattraper son retard sur Elf et radicale de son activité en dix désendettement, la cession des se hisser jusqu’au quatrième rang ans, une insolente réussite dans participations financières et les mondial. L’ex-Compagnie fran- la découverte de gisements réductions de coût de production çaise des pétroles, que les inves- AMÉRIQUES MOYEN-ORIENT géants d’hydrocarbures dans (d’un tiers en six ans) laissent es- tisseurs anglo-saxons de l’époque tous les points du globe, une pérer un effet de levier très im- surnommaient ironiquement Golfe du Mexique Emir. arabes unis montée en puissance program- portant sur le résultat net cou- « Can’t Find Petroleum » (inca- Sincor AFRIQUE Oman ASIE SUD-EST mée de la production de pétrole, rant. Déjà, ce résultat a été pable de découvrir du pétrole), a Colombie Iran une opération de croissance ex- multiplié par deux de 1994 à 1998. fait mentir ses détracteurs en Nigéria Mahakam Bolivie Qatar terne menée opportunément sur A l’inverse, les investisseurs pru- s’associant à British Petroleum Congo Bongkot Argentine Yémen Petrofina et une équipe de direc- dents accordent leur confiance à pour la découverte du gisement Gabon Yadana Syrie tion incontestée. Par comparai- Total, dont la visibilité des résul- géant de Cusiana en Colombie Angola son, les échecs d’Elf dans ses ten- tats futurs est assurée par des ré- (un gisement abandonné par Elf-