Saison 2010-2011 PALAZZETTO BRU ZANE CENTRE DE MUSIQUE ROMANTIQUE FRANÇAISE e suis particulièrement heureuse, à l’occasion de Le réseau d’interlocuteurs dans lequel le Palazzetto la publication de la brochure de la deuxième sai- Bru Zane s’intègre peu à peu souhaite favoriser tout J son du Palazzetto Bru Zane, d’établir un bilan très autant la diffusion des concerts que la circulation du enthousiasmant de la première année d’existence du savoir. La saison 2010-2011 est l’occasion d’élargir ces Centre de musique romantique française. Les échos de coopérations : à ce titre, nous sommes heureux et fiers la presse, du milieu professionnel et des mélomanes de de collaborer avec les nombreux partenaires présents plusieurs pays ont dès l’inauguration d’octobre 2009, dans cette nouvelle brochure, et je les remercie de leur révélé un intérêt général pour le répertoire roman- engagement à nos côtés. Enfin, au-delà de la diffusion, tique français. Ils ont conforté la Fondation Bru dans la Fondation Bru est tout particulièrement attentive à le pari d’œuvrer pour la valorisation de ce patrimoine la question de l’enseignement et de la transmission de culturel. Le thème du premier festival (Les sources du ce répertoire aux jeunes générations. C’est pourquoi romantisme français, octobre 2009) a d’emblée permis la saison 2010-2011 introduit un nouveau champ d’ac- d’aiguiser la curiosité du public européen et de faire tivités : projets pédagogiques, soutien à des concours redécouvrir des œuvres aux qualités insoupçonnées, internationaux et expériences originales d’insertion grâce à l’engagement d’artistes et de chercheurs qui professionnelle de jeunes artistes. ont accepté de participer à cette aventure musicale et Plusieurs concerts donnés à Venise ou dans d’autres musicologique. villes européennes nous font espérer que les activités du La recherche est au cœur des activités du Centre. Palazzetto ont d’ores et déjà trouvé un public passionné Des découvertes récentes ont abouti à la publication et curieux. Il conviendra de savoir chaque année main- et à l’exécution, l’an passé, d’œuvres jusqu’alors iné- tenir et renouveler cet intérêt ; c’est l’ambition de cette dites, signées Grétry, Hérold, Debussy, Berlioz, David deuxième saison qui, j’en suis persuadée, fera remon- ou encore Hyacinthe Jadin. En 2010/2011, ce travail se ter des profondeurs de l’oubli d’autres pépites de cette poursuit avec des pièces ambitieuses : opéras, sympho- Atlantide musicale qu’est le xixe siècle français. Cette nies ou concertos. Cette intensification des activités mission est d’autant plus belle qu’elle s’adresse finale- scientifiques se traduit également par un nombre accru ment à la sensibilité de l’âme aussi bien qu’à l’exigence de colloques, occasion par excellence d’échanges et de de l’esprit. découvertes. Docteur Nicole Bru, présidente 3 LA SAISON a saison 2010-2011 du Palazzetto Bru Zane 2010-2011 espère révéler de nouvelles facettes du roman- Ltisme musical français : autour de personnalités emblématiques – Luigi Cherubini et César Franck – un siècle tout entier reprend vie à travers plus d’une cen- taine de concerts et de spectacles. Le 250e anniversaire de la naissance de Luigi Cherubini (1760-1842) offre l’opportunité de mettre en évidence le rôle déterminant que ce grand artiste joua dans l’histoire de la sensibilité musicale française. Né à Florence, mort à Paris, admiré autant par Marie- Antoinette que par Louis-Philippe, il est l’un des por- te-paroles les plus éloquents du premier romantisme français ; l’un des plus universels à coup sûr ! Siégeant à l’Institut et dirigeant le Conservatoire, Cherubini a pu apparaître comme un des champions de l’aca- démisme : c’est oublier l’originalité de nombre de ses compositions, dont la majorité renouvela le répertoire en son temps. Ses grands opéras, ses opéras-comiques, ses motets, ses quatuors… Le festival d’automne Luigi Cherubini et les premiers romantiques fait entendre un florilège de pages connues ou encore inédites de cet auteur, mais aussi des œuvres rares de pionniers qui, à ses côtés, « inventèrent » la musique du xixe siècle : Méhul, Kreutzer, Jadin, Onslow, Hérold… 4 C’est à la génération des derniers élèves de dizaine d’ensembles, jeunes interprètes faisant leurs Cherubini qu’il appartiendra de mettre en musique les premiers pas ou artistes à la carrière déjà confirmée. spectacles, les fêtes et les salons du Paris de Napoléon III Cette nouvelle saison prolonge les grandes redé- et de la Belle Époque. Le festival de printemps Du couvertes de l’année précédente : les inédits révélés Second Empire à la Troisième République évoque le foi- seront plus nombreux encore, qu’il s’agisse d’opéras sonnement artistique de cette période, marquée par un de Kreutzer et Cherubini, d’une cantate de Dukas, renouvellement du style français au contact d’influen- d’une symphonie de Joncières, de quatuors d’Onslow ces aussi diverses que celles de Verdi et de Wagner. et Reicha ou de sonates de Widor, Farrenc et Hérold… Partagés entre l’admiration pour ces modèles et l’exal- Grâce à des partenariats de plus en plus nombreux, ces tation d’un art typiquement français, ouverts sur les œuvres et bien d’autres circulent dans le monde entier « musiques de l’avenir » autant que sur celles du passé, afin d’être proposées à un public aussi large que possi- les compositeurs de cette époque imaginèrent un art ble. La programmation du Palazzetto Bru Zane rayonne tout en demi-teinte et en suggestion. Jamais, peut-être, ainsi en Italie, en France, en Angleterre, en Allemagne, Paris ne connut une telle diversité, à l’heure où Bizet, en Suisse et en Belgique mais également en Autriche, Berlioz, Gounod, Massenet et Offenbach trônaient au en Slovaquie, en République tchèque, en Pologne, en faîte de leur gloire et où la jeune génération des Lalo, Chine, en Corée et jusqu’au Canada. Pierné, Charpentier et d’Indy exploraient de nouveaux Les nombreux artistes associés à la démarche du univers sonores. Une figure emblématique est tout par- Palazzetto Bru Zane sont les acteurs clés de cette redé- ticulièrement mise en avant à l’occasion de ce festival, couverte d’un patrimoine encore méconnu : leur talent, celle de César Franck : forgé en marge des institutions leur enthousiasme, leur culture, et surtout leur colla- officielles, son style si caractéristique deviendra pour- boration souvent amicale ont été les fils conducteurs de tant un modèle pour nombre de ses successeurs. l’élaboration de cette nouvelle saison. Remercions-les Entre ces deux festivals, Le Salon romantique dès à présent avant de les applaudir chaleureusement accompagne durant l’hiver les festivités du Carnaval très bientôt ! vénitien en proposant une « carte blanche » à une L’équipe du Palazzetto Bru Zane 5 SOMMAIRE 9 CONCERTS ET SPECTACLES 10 Festival Luigi Cherubini (1760-1842) et les premiers romantiques 36 Festival Le salon romantique 44 Festival Du Second Empire à la Troisième République 77 PROJETS PÉDAGOGIQUES, CONCOURS ET INSERTION PROFESSIONNELLE 78 Jeune Orchestre atlantique 79 CNSM de Paris et Haute École de musique – Genève 80 CRR de Paris et Pôle Supérieur de Paris – Boulogne-Billancourt 81 Concours Rostropovitch 82 Concours international de musique de chambre de Lyon 83 Paris International Opera Competition 85 ACTIVITÉS SCIENTIFIQUES 86 Colloques et journées d’études 90 Thèmes de recherche 103 PUBLICATIONS 104 Livres 105 Publication numérique 106 Partitions 111 Coproductions discographiques 117 PARTENAIRES 118 Fondation Bru 120 Autres partenaires 135 INFORMATIONS PRATIQUES 137 Le Palazzetto Bru Zane 140 Équipe 141 Accès 144 Calendrier général des colloques, concerts et spectacles 160 Index 172 Réservation et tarifs 174 Calendrier des concerts à Venise 7 CONCERTS ET SPECTACLES 9 FESTIVAL | 2 OCTOBRE – 2 NOVEMBRE 2010 Luigi Cherubini (1760-1842) et les premiers romantiques 10 omptant parmi les fondateurs du romantisme Eliza (1794), Médée (1797), L’Hôtellerie portugaise (1797) musical français, réformateur du style sacré, et surtout Les Deux Journées (1800) saluées en leur Cs’adonnant à tous les genres avec une prédilec- temps à travers toute l’Europe. Son inclination contre- tion particulière pour le théâtre lyrique, Luigi Cherubini révolutionnaire pendant la Terreur et ses relations très (1760-1842) pâtit pourtant d’une double infortune : celle difficiles avec Napoléon le tinrent toutefois quelque peu d’appartenir à une période encore mésestimée de la à l’écart des scènes parisiennes sous l’Empire. Sa vérita- musique française (1800-1830, des Lumières au roman- ble carrière institutionnelle débuta avec la Restauration : tisme) ainsi que de sa réputation d’artiste officiel (direc- nommé d’abord maître de la Chapelle du roi en 1816, il teur du Conservatoire de 1822 à sa mort, il fait figure de fut bientôt promu directeur du Conservatoire. À ce poste « Monsieur » en 1830, lorsque tonne la Symphonie fan- clef, il régna, vingt ans durant, sur les destinées des tastique). Une visite à Paris en 1785, sa présentation à musiciens français et étrangers attirés par la notoriété Marie-Antoinette par le violoniste Giambattista Viotti, internationale de cette institution créée en 1795. Enfin décidèrent de son installation en France. Son apparte- couvert d’honneurs, partie prenante de la naissance nance à la prestigieuse Société olympique (organisation de la Société des concerts du Conservatoire, Cherubini de concert affiliée à une loge maçonnique fréquentée assista au déferlement rossinien sur Paris, au renou- par la haute aristocratie parisienne) lui ouvrit sans doute veau de l’opéra-comique « comique », à la découverte les portes du milieu musical. Mais sa première composi- de Beethoven par le public français et à l’affirmation du tion pour l’Académie royale de musique, Démophon, ne « grand opéra » de Halévy et Meyerbeer. 1800-1830 : ère remporta pas le succès attendu. La notoriété lui vint sous du vide décidément bien remplie dans l’histoire de la la Révolution où il signa, coup sur coup, une poignée de musique, dont Cherubini est, avec Méhul et Spontini, le chefs-d’œuvre injustement oubliés : Lodoïska (1791), plus illustre représentant.