Fields of Belonging - Interpreting Jewish Literatures
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Writing / Reading Place: Fields of Belonging - Interpreting Jewish Literatures READER May 5-7, 2015 1 Table of Contents UWorkshop Schedule..........................................................................................................U ................3-5 Cixous,U Hélène. Ay Yay! The Shout of Literature.............................................................U ..............6-31 Cixous,U Hélène. Oy!.........................................................................................................U ............32-48 RimmonU -Kenan, Shlomith. Belonging Destabilized: Anton Shammas' Arabesques..............U .....49-61 Ginsburg,U Ruth. French Scholem, or Scholem's Purloined Letter.U ..............................................62-81 Telaak,U Anastasia. "When the roof flies off the house and the words don't provide refuge, I speak". Space, Form and Language in Alejandra Pizarnik's Poetics of Un/Belonging..U .............82-110 Zepp,U Susanne. "Sou caleidoscópica." Clarice Lispector's Belongings..........................U ........111-124 Liska,U Vivian. "The Places that we saw now look at us.” Vienna in Contemporary Austrian-Jewish Literature...............................................................................U .........................................125-145 Gordinski,U Natasha. Childhood Discoveries: Epistemologies of Belonging in post-Soviet American Jewish Fiction...........................................U .......................................................................146-156 Dickow,U Sonja. Architectures of Loss and Remembrance in Nicole Krauss’ Great House.U .. 157-182 Hilfrich,U Carola and Bouhsira, Ytav. "The Plasma of Space, the Tissue of Dreams" - Jonathan Safran Foer's "Tree of Codes" and the Architecture of Immersive Worlds.........U .........183-194 2 Workshop Schedule Writing / Reading Place Fields of Belonging – Interpreting Jewish Literatures An International Workshop, May 5-7, 2015 Opening: Tuesday, May 5 Israel Museum 19.00-20.30 Greetings: Richard I. Cohen (Director, "Da'at Hamakom," The Hebrew University), Carola Hilfrich (The Hebrew University) Keynote Lecture: Hélène Cixous, Ay Yay! The Shout of Literature 3 Workshop Schedule Wednesday, May 6 The Hebrew University, The Maiersdorf Faculty Club 9.30-11.00: The Shout of Literature Hélène Cixous (Paris) In conversation with Eric Prenowitz (Translator, University of Leeds) and Carola Hilfrich Chair: Carola Hilfrich (The Hebrew University) 11.00-11.30: Coffee break 11.30-13.15: In Other(s') Languages Shlomith Rimmon-Kenan (The Hebrew University) Belonging Destabilized: Anton Shammas' Arabesques Ruth Ginsburg (The Hebrew University) French Scholem, or Scholem's Purloined Letter Chair: Ilana Pardes (The Hebrew University) 13.15-15.00: Lunch break 15.00-17.00: Speaking, Being Anastasia Telaak (University of Gdańsk) "When the roof flies off the house and the words don't provide refuge, I speak." Space, Form and Language in Alejandra Pizarnik's Poetics of Un/Belonging Susanne Zepp (Freie Universität Berlin) "Sou caleidoscópica." Clarice Lispector's Belongings Chair: Yoav Rinon (The Hebrew University) 4 Workshop Schedule Thursday, May 7 The Hebrew University, The Maiersdorf Faculty Club 10.00-12.00: Looking Back Vivian Liska (University of Antwerp) "The Places that we saw now look at us.” Vienna in Contemporary Austrian-Jewish Literature Natasha Gordinski (University of Haifa) Childhood Discoveries: Epistemologies of Belonging in Post-Soviet American Jewish Fiction Chair: Birgit Erdle (The Hebrew University) 12.00-14.00: Lunch break 14.00-16.00: Architectures Sonja Dickow (Hamburg Universität, Fellow "Da'at Hamakom") Architectures of Loss and Remembrance in Nicole Krauss’ Great House Carola Hilfrich, Ytav Bouhsira (The Hebrew University) "The Plasma of Space, the Tissue of Dreams" - Jonathan Safran Foer's Tree of Codes and the Architecture of Immersive Worlds Chair: Manuela Consonni (The Hebrew University) 16.00-16.30: Coffee break 16.30-17.30: Concluding Discussion Roundtable 5 Ayaï ! Le cri de la littérature Ayaï ! Le cri de la littérature Hélène Cixous 6 Ayaï ! Le cri de la littérature Ever - Rêve Toujours là, Ever, c'est son nom, toujours là à la fin, dès qu'il y a fin, abîme, elle aura toujours été là, Ever, la littérature, à la fin, donnant lieu, et tenant lieu – pour recommencements, lorsque le navire-vie sombre, lorsque en douze vers et dix minutes, all lost, on est perdu, tout est fini, vite, passons, à l'autre scène ! BOATSWAIN – Lay her a-hold, a-hold ! Set her two courses ! Off to sea … Lay her off ! Enter Mariners, wet MARINERS – All lost ! To prayers ! All lost ! Exeunt Mariners BOATSWAIN – What, must our mouths be cold ? GONZALO – The King and Prince at prayers ! Let's assist them, For our case is as theirs. Shakespeare, The Tempest, I.1 Die Welt ist fort/ich muss dich tragen, c'est elle ce ich qui dit ces mots je dois te porter dans la langue de Celan, qui ne consolent pas, qui sauvent et portent, all lost, et une seconde plus tard on se réveille survivant – aux bords d'une île à laquelle Shakespeare n'aura jamais eu à donner de nom, car elle est la littérature même, le théâtre-de-secours. Entre Prospero et sa plume bâton. Enter Prospero (in his magic cloak, with a staff) and Miranda : l'écriture et la lecture. Prosopopée : moi la littérature en huit mots je relève le monde. Fort, die Welt, ist, ich, dich, tragen, muss.. Avec huit mots un tout petit poème, quelques syllabes un ensemble-monde. Avec le mot Los, j'ai semé un livre. Los est une graine de vie et de mort A FINIR LE BOSCO – Serrez au plus près ! Au plus près ! Hissez deux voiles ! Gagnons le large ! Cap au large ! Entrent des Matelots, trempés LES MATELOTS – Tout est perdu ! Prions, prions ! Perdu ! 7 Ayaï ! Le cri de la littérature Les Matelots sortent LE BOSCO – Quoi ! Faudra rester la gueule gelée? GONZALO – Le roi et le prince en prières ! Rejoignons-les. On est fichus comme eux. Il m'est arrivé neuf fois en ces derniers neuf ans d'être à bout de monde. La mort attaque. Chaque fois la fin (était) venait, sa foudre lente, la fin dure, elle monte chercher les vivants comme une marée inexorable. Pendant la tempête lente d'abord on crie adieu ! ensuite on écrit (v.54). Le terrible jeudi du mois le plus cruel quand le sort m'a arraché mon père d'un instant à l'autre et du même coup la moitié de mon cœur, et tout le sol du monde, quand tout n'a été que blessures et effroi, j'avais dix ans, les violettes de février allaient éclore, je me suis accrochée à un cahier et la littérature a commencé son travail de colmatage de l'abîme. J'étais anéantie, tout est perdu sauf le mot et sa polyphonie polyphenix. Dans le jardin de mon père ce jeudi-là on joua The Phenix and the Turtle. Néant, née en, mort(e) en, néant ! Néant !, en français quel mot fabuleux, un vol de mots s'est abattu sur les bancs de fleurs et sur les mimosas, tout a été cris et musique, je criais : Vis encore ! Je criais : Papa ! Papa en français, quand on nous enlève une vie, vous l'avez remarqué, nous crions le nom de l'être cher, nous le conjurons, nous le répétons, à la place de tous les mots de la langue nous nommons et appelons, nous faisons résonner sans fin : grand-mère ! Papa !, nous piquons le vide avec le nom unique, nous le multiplions à l'infini pour changer le néant en musique, nous martelons l'enclume en silence avec nos cris de noms, Eurydice !, maman !, nous crions pour l'être qui ne répond pas, à sa place, appeler c'est chasser le silence, contredire l'arrêt prononcé par la mort. Nous appelons l'être qui n'est pas là, nous le retenons par les franges de son être, par les lettres de son nom, nous prions nous crions Dieu ! nous créons Dieu, le Néant. Et, la prière s'exauce elle-même. La crière. L'invention de la littérature c'est, comme pour l'invention du dessin par Dibutade ou l'invention de l'écriture, une défensive d'urgence contre le pillage, le massacre, l'oubli. Contre notre 8 Ayaï ! Le cri de la littérature propre auto-immunité. Notre terrible système d'adaptation, notre affreuse soumission à la réalité. Notre exécrable économie spirituelle. Tu es (fini) mort. Je te pique le monde. Je te coupe le souffle. C'est fini. Fichu. Terminé. Dit la mortalité. Non ! crié-je. Je ne me rends pas. Ce qui est fini n'est pas fini. Ce qui est fait et ne peut être défait peut être défait. Je prends le mot Néant, et je le retourne en son contraire. Né en. — Ah ! me diras-tu, ami de langue anglaise, mais ma langue ne connaît pas ce mot. Mon anglais ne dispose que de Nothingness. Ce n'est pas ça. — Mais vous, joueurs de la langue anglaise, vous avez la chance du merveilleux Done. Et l'idée me vient que la grande symphonie anglaise a dû commencer, avec un coup de done. De Beowulf à John Donne de Shakespeare à Joyce, la mémoire de l'anglais résonne de ces éclats de Glas dont Derrida nous a fait entendre les infinies portées de sens dans le français. Done. Done meurt et ressuscite en Donne's done. Comme le fichu du rêve de Benjamin se transforme par la magie du français en fichu, the scarf turns poem, et par la suite en rêve d'immortalité de Derrida. Dans le pays des pays perdus où germent les textes, où tout est fichu, un fichu est aussi fichu autrement, un texte est toujours fichu, plus ou moins donc, dans ce pays où rêvent les ruines, rêvent de celui qui va les relever, habite le génie de la métamorphose. La littérature est cette Divinité sublime de la Transformation qui s'affaire toujours autour des mêmes tombeaux, des mêmes secrets. Tombeau d'Anatole (Mallarmé), Tombeau de Morella (Poe). Tombeau pour la tête de Julien Sorel. Tombeau de Cléopâtre. — Relevez-vous, morts, et vivez autrement ! — Morts, levez-vous et racontez-moi votre mort. À peine avais-je lancé sur ce papier cet appel, que j'entendis la voix d'Agamemnon confier à Ulysse ce témoignage poignant : As I lay dying je cherchai à lever les mains, the woman with the dog's eyes would not close my eyes as I descended into Hades.