UNIVERSITE D’ ECOLE NORMALE SUPERIEURE DEPARTEMENT : FORMATION INITIALE CENTRE D’ETUDE ET DE RECHERCHE HISTOIRE GEOGRAPHIE MEMOIRE DE FIN D’ETUDE POUR L’OBTENTION DU CERTIFICAT D’APTITUDE PEDAGOGIQUE DE L’ECOLE NORMALE (CAPEN)

LA CONTRIBUTION DE LA MICROFINANCE DANS LE DEVELOPPEMENT RURAL : L’IMPACT DE L’OTIV ET DE LA CECAM DANS LA

COMMUNE RURALE DE SABOTSY

NAMEHANA

Présenté par : ANDRIANARISON Willy Haruna

Les membres du jury : Président : Monsieur ANDRIAMIHAMINA Mparany, Maître de conférences à l’Ecole Normale Supérieure d’Antananarivo Juge : Madame ANDRIANTSOAVINA Niritiana, Assistant d’Enseignement supérieur et de recherches à l’Ecole Normale Supérieure d’Antananarivo Rapporteurs : - Madame RAHONINTSOA Elyane, Maître de conférences à l’Ecole Normale Supérieure d’Antananarivo - Madame RATOVONIRINA Bakoaly, Assistant d’Enseignement supérieur et de recherches à l’Ecole Normale Supérieure d’Antananarivo Date de soutenance : 29 Juin 2015

ANNEE UNIVERSITAIRE : 2014-2015

SOMMAIRE REMERCIEMENTS LISTE DES ABREVIATIONS INTRODUCTION GENERALE ...... 1 PREMIERE PARTIE : : UN MILIEU PHYSIQUE ET HUMAIN FAVORABLE A L’INTERVENTION DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE ...... 5 Premier chapitre : Des conditions physiques et humaines caractéristiques des Hautes Terres centrales ...... 5 I/ Des conditions physiques propices aux activités agricoles ...... 5 A- Un relief varié et accidenté mais permettant l’agriculture ...... 5 B- Des conditions climatiques satisfaisantes pour les activités agricoles...... 6 C- La rivière Imamba, un réseau hydrographique « important » mais mal maîtrisé ...... 8 II/ Sabotsy Namehana, une zone à très forte densité démographique ...... 9 A- Une occupation « ancienne » de l’espace ...... 9 B- Une démographie caractéristique des villes des pays sous-développés ...... 10 C- Une population inégalement répartie dans l’espace...... 15 Deuxième chapitre : L’OTIV et la CECAM, deux institutions de microfinance œuvrant à Sabotsy Namehana, poussées par une forte potentialité économique ...... 17 I/ Sabotsy Namehana, une zone à forte potentialité économique ...... 17 A- Une économie basée sur le secteur agricole ...... 17 B- Les autres activités économiques dans la zone étudiée ...... 20 II/ Le microfinancement à et à Sabotsy Namehana : aperçu historique .... 21 A- Historique de la microfinance à Madagascar...... 22 B- L’OTIV et la CECAM : leurs particularités ...... 24 C- Le microfinancement de l’OTIV et de la CECAM : un phénomène encore récent à Sabotsy Namehana ...... 32 Conclusion de la première partie ...... 36 DEUXIEME PARTIE : L’OTIV ET LA CECAM, DEUX IMFS « CONCURRENTS », PERMETTANT D’AMERLIORER LES CONDITIONS DE VIE DE LEURS MEMBRES ...... 38 Premier chapitre : Etude comparative du dynamisme de l’OTIV et de la CECAM vis-à-vis de leurs membres vu à travers les services offerts ...... 38 I/ L’OTIV, une institution de microcrédit en cours de reconversion de la vocation à Sabotsy Namehana ...... 38 A- Le crédit commercial : un appui fort nécessaire des activités commerciales ...... 38 B- Le crédit ordinaire et le crédit habitat : deux piliers de la construction ...... 40 C- Une faible demande du crédit paysan ...... 41 II/ La CECAM, une institution de microfinance à vocation agricole et rurale préservée ...... 44 A- Le crédit PRO et le GCV : des coups de pouce au secteur agricole ...... 45 B- Une demande du crédit COI relativement faible ...... 47 C- Les autres types de crédit, parfois inadaptés aux besoins des membres ...... 47 Deuxième chapitre : Etude comparative de l’impact de l’OTIV et de la CECAM vis-à-vis de leurs membres vue à travers les produits offerts ...... 50 I/ Les changements positifs apportés par le réseau de microfinancement de l’OTIV ..... 50 A- Des revenus des membres créditeurs nettement augmentés par rapport à ceux des non membres ...... 51 B- Un niveau d’épargne contrasté des membres créditeurs de l’OTIV et des non membres ...... 57 C- Des revenus et dépenses relativement faibles des épargnants par rapport à ceux des créditeurs et relativement élevés par rapport à ceux des non membres ...... 60 II/ La CECAM, une aide financière utile pour le monde rural ...... 64 A- Un apport de ressources significatif pour l’économie des membres ...... 65 B- La CECAM, un service rénovateur d’épargne de ses membres ...... 68 C- Des impacts contrastés à deux directions : épargnants-créditeurs/épargnants-non membres de la CECAM ...... 70 Conclusion de la deuxième partie ...... 74 TROISIEME PARTIE : SABOTSY NAMEHANA, UNE COMMUNE ENCORE EN GRANDE DIFFICULTE POUR JOUIR L’IMPACT DE L’OTIV ET DE LA CECAM ET LES SOLUTIONS A ENVISAGER ...... 76 Chapitre I : Des problèmes sociaux alarmants ...... 76 I/ Des contraintes sociales considérables ...... 76 A- Une déperdition scolaire précoce ...... 76 B- Des infrastructures sanitaires incomplètes ...... 78 C- Des problèmes propres aux paysans ...... 80

II/ Des obstacles au niveau de la CECAM et de l’OTIV eux-mêmes ...... 81 A- Des critères d’octroi de crédits jugés « lourds » par les sociétaires de la CECAM ..... 82 B- Des taux d’intérêt accablants et des difficultés d’accès au microcrédit, des problèmes inhibant la microfinance ...... 85 C- L’OTIV et la CECAM : deux institutions « mutualistes » à « effets pervers » ...... 89 Chapitre II - Les solutions à envisager ...... 92 I/ Des solutions sociales adéquates ...... 92 A- Un effort sur la scolarisation à double sens ...... 92 B- Une amélioration nécessaire des infrastructures sanitaires et orientation sociale de la microfinance ...... 93 C- Une solution pérenne aux problèmes fonciers ...... 95 II/ Des solutions proposées à l’OTIV et à la CECAM ...... 96 A- Des critères d’octroi et de période de remboursement de crédits à réviser ...... 96 B- La diminution des taux d’intérêt, un effort à continuer… mais à soutenir ...... 97 C- Des campagnes de sensibilisation, formation et encadrement techniques des membres à renforcer ...... 99 Conclusion de la troisième partie ...... 102 CONCLUSION GENERALE ...... 103 LISTE BIBLIOGRAPHIQUE ANNEXES LISTE DES GRAPHES ...... i LISTE DES TABLEAUX ...... i LISTE DES PHOTOS ...... ii LISTE DES CARTES ...... ii

REMERCIEMENTS

Avant tout, nous voudrions remercier Dieu pour la Grâce qu’Il nous a accordée, l’aide qu’Il nous a donnée et qui nous a permis de finir nos études et de réaliser ce travail. Nous profitons également de cette occasion pour adresser nos plus vifs remerciements à tous ceux qui de près ou de loin ont contribué à la réalisation du présent mémoire.

Ainsi, nous adressons nos vifs remerciements aux membres de jury :

‹ Monsieur ANDRIAMIHAMINA Mparany, Maître de conférences à l’Ecole Normale Supérieure d’Antananarivo qui a l’honneur de présider cette soutenance, et qui a prodigué son aide par le biais de ses conseils et de ses expériences. ‹ Madame ANDRIANTSOAVINA Niritiana, Assistant d’enseignement Supérieur et de Recherches à l’Ecole Normale Supérieure d’Antananarivo qui a bien voulu juger notre travail. Nous vous exprimons notre gratitude et vous remercions beaucoup. ‹ Madame RAHONINTSOA Elyane, Maître de conférences à l’Ecole Normale Supérieure d’Antananarivo, et Madame RATOVONIRINA Bakoaly, Assistant d’enseignement et de Recherches qui ont aimablement accepté de nous encadrer tout au long de nos recherches. Nous apprécions leur dévouement, leur rigueur pédagogique et scientifique, les conseils qu’elles nous ont donnés, sans quoi, nous n’avons pas abouti à ce résultat.

De même, nous exprimons notre reconnaissance envers tous nos professeurs de la filière Histoire-Géographie et au personnel administratif pour l’enseignement de qualité, le service et l’affection qu’ils nous ont prodigués durant nos études.

Nous n’omettons pas non plus de mentionner ici : ‹ Tous les personnels régionaux et locaux de l’Agence OTIV et CECAM qui nous ont fourni des informations et des documents durant nos travaux de terrain. ‹ Toutes les autorités locales de la commune rurale de Sabotsy Namehana qui nous ont rendu service et ont accepté de consacrer une partie de leur temps pendant notre travail sur le terrain.

Nous sommes également très reconnaissant envers :

‹ Monsieur RASOLOFOMANANA Barjhon Elysé, 1 er Adjoint au maire de la commune rurale de Sabotsy Namehana, et ses collaborateurs pour tous les renseignements qu’ils ont apportés durant notre descente sur terrain. ‹ Les 220 ménages enquêtés qui ont répondu avec bonne volonté à nos questionnaires.

Enfin, nous n’oublions pas d’apprécier la contribution des membres de notre famille pour leur affection, le soutien moral et financier qu’ils ont prodigué durant nos longues années d’études. Nos sincères remerciements à tous

LISTE DES ABREVIATIONS

ADEFI : Action pour le Développement et le Financement des micro-entreprises ADMMEC : Association des Mouvements des Mutuelles d’Epargne AECA : Association d'Epargne et de Crédit Autogérée AGPMF : Agence d'Exécution du Projet Microfinance APEM : Association pour la Promotion de l’Entreprise de Madagascar BOA: Bank of Africa BTM: Bankin’ny Tantsaha Mpamokatra CAE : Crédit avec Education CCI : Crédit Commercial Individuel CECAM : Caisse d’Epargne et de Crédit Agricole Mutuels CEG : Collège d’Enseignement Général CEM : Caisse d’Epargne de Madagascar CHD : Centre Hospitalier de District CIDR. : Centre International de Développement et de Recherche CLEC : Comités Locaux d’Epargne et de Crédit COP : Commission d’Octroi de Crédit CSB : Centre de Santé de Base CTR : Crédit Construction CUA : Commune Urbaine d’Antananarivo DID : Développement International Desjardins DRDR : Direction Régionale pour le Développement Rural ENS : Ecole Normale Supérieure EPM : Enquête Prioritaire auprès des Ménages EPP : Ecole Primaire Publique ERI : Entretiens et Réparation Immobilier FABRISA : Fabrication de Brique de Sabotsy Namehana FERT : Formation pour l'Epanouissement et le Renouveau de la Terre FIFATA: Fikambanana sy Fampivoaranany Tantsaha FRAM: Fikambanan’ny Ray Aman-drenin’ny Mpianatra GCV: Grenier Commun Villageois IEC : Information Education et Communication IMFs : Institutions de Microfinance INSTAT : Institut National de la Statistique INTERCECAM: Interrégional des Caisses d’Épargne et de Crédit Agricole Mutuels IRAM : Institut de Recherche et d’Application des Méthodes de Développement IRD : Institut de Recherche et Développement JIRAMA: Jiro sy Rano Malagasy KMM: Komity Mpanara Maso KMP: Komity MPitantana LVM : Location Vente Mutualiste MEC : Mutuelle d’Epargne et de Crédit MPP : Manuel des Politiques et Procédures ONU : Organisation des Nations Unies OTIV : Ombona Tahiry Ifampisamborana Vola PATER : Projet d'Assistance Technique aux Finances Rurales PAIQ : Programme d'Appui aux Initiatives de Quartier PAMF : Première Agence de Microfinance PCD : Plan Communal de Développement PIB : Produit Intérieur Brut PMF: Projet Microfinance PPA : Peste Porcine Africaine PRO : Crédit PROductif PSE : Programme Sectoriel d’Elevage ROMA : Ronono Malagasy SAU : Surface Agricole Utilisable SAVA : Sambava- Antalaha- Vohémar- Andapa SIPEM : Société d'Investissement pour la Promotion des Entreprises à Madagascar SNMF : Stratégie Nationale de la Microfinance SRA : Système de Riziculture Amélioré SRI : Système de Riziculture Intensive TAN : Taux d’Accroissement Naturel TDP : Temps de Doublement de la Population TIAVO: Tahiry Ifamonjena Amin’ny Vola TFG : Taux de Fécondité Général TM : Taux de Mortalité TN : Taux de Natalité TRF : Crédit TRansFormation de produits UNICECAM : Union Inter-régionale des Caisses d'Epargne et de Crédit Agricole Mutuels URCECAM: Union Régionale des Caisses d’Épargne et de Crédit Agricole Mutuels WOCCU: World Council of Credit Unions Ar : Ariary 3P: Partenariat- Privé- Public

INTRODUCTION GENERALE

Madagascar est un des pays les plus pauvres du monde et est confronté à d'immenses défis tels que la réduction de la pauvreté, la lutte contre la corruption et la réforme de la propriété foncière. Mais si nous allons pencher davantage sur le premier défi, de long chemin attend tous les citoyens malgaches en général et l’Etat en particulier. Mais comme dans tous les pays en développement, l’Etat malgache s’efforce de trouver des issues pour s’échapper de l’ « ennemi crucial » de sa population, la pauvreté. Ce triste phénomène touche aussi bien le milieu rural qu’urbain de la Grande île. Les données macroéconomiques illustrent en bonne et due forme la situation de pauvreté à Madagascar. Selon la Banque mondiale, en 2010, le pays est classé au 161è rang sur 174 pays, en termes d’Indice de développement humain (IDH) qui est de l’ordre de 0,435, et 79% des Malgaches vivent avec un Produit intérieur brut (PIB) moins de 2 dollars par jour.

Et pourquoi la microfinance ? Car le manque d’accès au crédit pénalise la population rurale majoritairement pauvre depuis longtemps. Cette dernière a besoin de crédit pour pouvoir investir dans son exploitation agricole et sa petite entreprise, pour lisser sa consommation et pour se prémunir contre les aléas climatiques et les chocs économiques. En 2006, l’INSTAT (Institut National de la Statistique) a affirmé que huit malgaches sur dix résident en milieu rural. Donc, la grande majorité des Malgaches ont besoin de soutien financier pour leur survie. Voilà pourquoi, la microfinance vise à priori le développement du milieu rural.

C’est à partir de toutes ces situations et données que notre attention va se focaliser davantage sur la corrélation de microfinance et développement rural. Sur ce, nous avons choisi une zone rurale malgache pour mieux visualiser la contribution de la microfinance sur le développement rural. Ainsi, notre choix s’oriente vers la commune rurale de Sabotsy Namehana. Concernant sa localisation, elle se trouve au sein de la Région et dans le District d’Avaradrano. Cette commune rurale se situe le long de la Route Nationale n°3, à 10 km de la Capitale. Elle couvre une superficie de 22,08 km2 et se situe entre 18°49’60’’ de latitude sud et 47°31’60’’ de longitude est. Plus précisément, elle est délimitée au nord par la commune d’, au sud par la commune d’, à l’est par la commune de et de Manandriana et à l’ouest par le district d’. Sur le plan administratif, cette commune comporte 22 Fokontany dont Isahafa, Lazaina, Anosy Avaratra, Faravohitra, Ambohitrinimanga,

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Namehana, Manarintsoa, Ambohibary, Ambohinaorina, Andidiana, Amorondria, Ambatofotsy, Andrefantsena, Tsarafara, Soaniadanana, Botoina, Ambohidrano Andrefana, Atsinanantsena, Antsofinondry, Antsahatsiresy, Beravina et Ambodivona. (cf. cartes n°1, n°2 et n°3, p.2a, 2b et 2c)

Le centre d’intérêt du présent document est focalisé sur « La contribution des institutions de microfinance (IMFs) dans le développement rural : l’impact de l’OTIV et de la CECAM dans la commune rurale de Sabotsy Namehana ».

D’abord, nous avons choisi cette zone car c’est notre lieu de résidence, mais aussi à cause de sa situation géographique, proche de la capitale. Ensuite, la commune rurale de Sabotsy Namehana dont les activités sont rurales, est un bon exemple pour constater la contribution des institutions de microfinance dans le développement rural, non seulement à l’échelle de la zone, mais également à l’échelle de notre pays. Enfin, l’ONU ayant déclaré 2005 « Année Internationale du Microcrédit », nous avons pensé que le thème est pertinent pour établir un bilan 5 ans après.

Alors, nous avons avancé la problématique suivante : Quels sont les facteurs qui ont favorisé l’installation des IMFs (OTIV et CECAM) dans la commune rurale de Sabotsy Namehana ? Les stratégies d’intervention de l’OTIV et de la CECAM ont-elles des impacts positivement tangibles sur les conditions de vie de leurs membres ? Contribuent-elles de manière significative au développement de la Commune ?

A cet effet, deux hypothèses méritent réflexion : ‹ d’un côté, la commune rurale de Sabotsy Namehana disposerait d’un certain nombre de facteurs favorisant l’installation des IMFs. ‹ de l’autre côté, dans l’ensemble, les actions de l’OTIV et de la CECAM à Sabotsy Namehana depuis 1996 pour la première et depuis 2004 pour la deuxième permettraient d’améliorer les conditions de vie des ménages membres mais elles ne sont pas à l’abri des problèmes.

La méthodologie de recherche Pour répondre aux questions posées et pour vérifier les hypothèses, la recherche s’est déroulée en trois étapes. La première a été le travail bibliographique au cours duquel nous nous sommes documentés sur les ouvrages concernant le développement rural au sein des différents

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2c centres de documentations à savoir l’INSTAT, l’IRD, le centre de documentation de la DRDR et du Minagri, la Bibliothèque du département de Géographie, la Bibliothèque Nationale, l’Archive Nationale, la Bibliothèque de l’ENS, les documents internes aux IMFs. La seconde étape a été la visite sur terrain, effectuée surtout en vue de réunir les données nécessaires à cette rédaction. Ainsi, cette deuxième étape nous permet de procéder une enquête par questionnaire auprès des membres de deux IMFs en question, ainsi que des entrevues à l’encontre des responsables régionaux et locaux de ces deux IMFs. Nous avons également eu des entrevues auprès des responsables communaux. La troisième étape consiste à enquêter quelques ménages non membres pour évaluer l’impact de ces deux réseaux de microfinancement. Mais vu l’effectif des membres de l’OTIV et de la CECAM, des techniques d’enquêtes sont menées pour éviter certains obstacles. En effet en 2010, au total, 8582 de la population sont membres de deux IMFs dont 7954 pour l’OTIV et 628 pour la CECAM 1, soit 14,45% de la population totale en 2008 (le nombre de la population de la commune de Sabotsy Namehana est de l’ordre de 59 362 habitants en 2008) 2. Mais il est à noter l’existence des membres actifs 3 et des membres non actifs 4. Ainsi, parmi les 8582 adhérents, 6093 sont actifs, soit 70,99% de l’effectif total des membres et le reste 2489 inactifs qui se répartissent comme suit : 2377 pour le réseau OTIV et 112 pour celui de la CECAM. Effectivement donc, 10,26% de la population totale de la zone étudiée sont membres de l’OTIV et de la CECAM., une proportion significative pour visualiser la réalité. Mais faute de moyens, nous n’avons pas pu enquêter les 6093 sociétaires de deux IMFs qui se répartissent sur les 22 Fokontany que compte la Commune. Pour cela, nous avons procédé une enquête à deux niveaux : ‹ Le premier consiste à enquêter 160 membres (ménages), soit un taux de sondage de 2/62 dont 110 sociétaires de l’OTIV et 50 membres de la CECAM, répartis dans huit fokontany 5 (voir Annexe 2). Le système d’enquête se fait par la fréquentation journalière auprès de l’OTIV pour pouvoir, soit enquêter directement les membres, soit leur distribuer la fiche d’enquête. Pour la CECAM, l’enquête se fait de la même manière, mais seulement pendant les jours d’ouverture de la caisse locale (Mardi, Jeudi, Samedi).

1 Enquête de l’auteur auprès de deux IMFs 2 Plan Communal de Développement (PCD), 2010 3 Ce sont les membres qui fréquentent les caisses locales et exercent réellement des activités (épargne, crédit ou retrait) 4 Ce sont les membres qui n’effectuent plus des activités au sein de l’OTIV et de la CECAM. Ils sont membres sur papier mais en réalité ils sont membres fantômes 5 Andrefantsena, Atsinanantsena, Soaniadanana, Tsarafara, Manarintsoa, Ambohinaorina, Lazaina, Beravina 3

‹ Le second nous permet d’enquêter 60 ménages non membres de deux IMFs, répartis dans huit Fokontany (voir Annexe 2). La CECAM et l’OTIV en tant qu’institutions à vocation agricole selon les objectifs initiaux de ces réseaux, les non membres enquêtés sont des ménages de différentes catégories : paysans, commerçants, salariés publics et/ou privés, artisans, transporteurs,…

Les difficultés rencontrées Quelques problèmes de documentation : ouvrages importants introuvables dans les bibliothèques. Quelques problèmes d’enquête par questionnaire auprès des membres et des non membres : réticence et hésitation de certains d’entre-eux car entrée en détails dans leur situation économiques (réponses insatisfaisantes) La plupart des documents et informations sont classés confidentiels auprès de ces deux institutions (pour de raison de sécurité et concurrence) Nous manquons de moyens financiers, logistiques et de temps

Les résultats des recherches nous ont permis de structurer ce travail en trois grandes parties : ‹ Dans la première partie, nous allons évoquer que la commune rurale de Sabotsy Namehana présente un milieu physique et humain favorable à l’intervention des IMFs. ‹ Dans la seconde partie, nous analyserons l’impact de l’OTIV et la CECAM, deux IMFs « concurrents », dans les conditions de vie de leurs membres et dans le développement rural. ‹ Et pour mettre à terme ce travail, nous allons présenter que la commune rurale de Sabotsy Namehana est encore en grande difficulté pour jouir de l’impact des IMFs afin d’en tirer des solutions adéquates pour le développement de la Commune.

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PREMIERE PARTIE : SABOTSY NAMEHANA : UN MILIEU PHYSIQUE ET HUMAIN FAVORABLE A L’INTERVENTION DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE PREMIERE PARTIE : SABOTSY NAMEHANA : UN MILIEU PHYSIQUE ET HUMAIN FAVORABLE A L’INTERVENTION DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE

Cette première partie étudie le cadre physique et humain de la zone d’études. L’étude de ces notions de fondements va nous permettre ensuite de mieux comprendre en particulier l’utilité du secteur de la microfinance à Sabotsy Namehana qui est un secteur nouvellement connu dans la région.

Premier chapitre : Des conditions physiques et humaines caractéristiques des Hautes Terres centrales

I/ Des conditions physiques propices aux activités agricoles

« Des toutes les activités humaines, les activités agricoles sont certainement celles qui dépendent le plus étroitement des conditions du milieu écologique. Il leur sert de cadre, leur offre certaines possibilités, leur impose certaines contraintes »6. En partant de cette constatation, on peut dire que parmi les éléments du milieu, le relief tient une place forte considérable dans cette activité car le paysage agraire s’inscrit suivant ses formes. Mais, le climat et l’hydrographie ne sauraient être oubliés du fait qu’ils peuvent influencer la pratique de certaines spéculations. Ainsi, nous allons mettre en lumière successivement les caractéristiques du relief, du climat et de l’hydrographie de la région.

D- Un relief varié et accidenté mais permettant l’agriculture Du point de vue général, les aplanissements successifs du socle sur les Hautes Terres centrales apparaissent à travers trois surfaces 7 : - la surface de niveau supérieur se trouvant à une altitude supérieure à 1600m correspond au niveau du Tampoketsa. - la surface de niveau intermédiaire repérable entre 1300 et 1600m d’altitude. - la surface de niveau inférieur qui se trouve à une altitude inférieure à 1300m.

6 DOUESSIN (R) : « Géographie agraire des plaines de Tananarive », in Madagascar, Revue géographie n°25. Juillet -Décembre 1974, pp 19, 148p 7 BOURGEAT (F) et PETIT (M), 1969, Contribution à l’étude des surfaces d’aplanissement sur les Hautes Terres centrales malgaches, Annales de géographie, p 158-188 5

Par ailleurs, par sa structure géographique, la commune de Sabotsy Namehana s’incline de l’Est à l’Ouest. Dans ce sens s’échelonnent des plaines, des reliefs résiduels et des surfaces planes, constitués principalement par le socle cristallin de nature granitique. En général, la zone d’études fait partie de l’extrême nord de la plaine de Betsimitatatra. Ces unités morphologiques s’étalent uniformément à une altitude voisine de 1250m.La plaine est plus vaste à l’Ouest par rapport à l’Est. Le territoire communal comprend donc des groupes de vallées, des plaines et des plateaux. A l’état naturel, comme l’ensemble des plaines d’Antananarivo, les plaines sont marécageuses et couvertes de « zozoro » (cyperus madagascariensis), espèces de jonc. Mais actuellement, elles semblaient présenter des étendues cultivables les plus vastes. Outre ce cadre général constitué par les plaines, les collines et les buttes situées en contre bas dominent le paysage communal. Ces éléments du relief nous ont permis de dégager que le relief, bien qu’il soit varié et accidenté dans la zone d’études est un relief permettant l’agriculture : pratique de la riziculture irriguée, cultures maraîchères,… Ainsi, l’existence de ce relief varié et accidenté justifie le recours au microcrédit puisqu’elle était et demeure encore le domaine de la culture vivrière et commerciale à Sabotsy Namehana. (Photos n°2 et n°3, p. 6a) Plus que les composantes du relief, le climat tient également une place importante que déterminante dans la possibilité de la pratique des différentes cultures dans un espace donné. Ce qui est l’objet de notre analyse suivante.

E- Des conditions climatiques satisfaisantes pour les activités agricoles Le climat de la région fait partie des Hautes Terres centrales, un climat tropical d’altitude marqué par deux saisons nettement différentes : 6 mois de saison pluvieuse et 6 mois de saison sèche. Le diagramme ombrothermique vérifie la situation. (Voir page 7) Cette alternance de saison pluvieuse et de saison sèche reste le caractère fondamental du climat. Toutes ces caractéristiques montrent que le climat de Sabotsy Namehana est favorable aux activités agricoles. Les paysans peuvent donc pratiquer différents types de cultures en fonction du climat : les cultures maraîchères, les cultures de contre saison, et la riziculture. Ainsi, le développement ou l’amélioration de ces différents types de cultures nécessite la contribution des institutions de microfinance. Si la zone étudiée bénéficie des conditions climatiques satisfaisantes pour les activités agricoles, comment se présente l’hydrographie ?

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Photo n°2 : La vaste plaine de la partie Ouest de la Commune

Source : cliché de l’auteur, 2010

La photo nous montre la partie Ouest de la commune qui est constituée par la plaine de Betsimitatatra Nord. Elle est propice à la riziculture.

Photo n°3 : Le relief accidenté de la partie Est de la Commune

Source : Cliché de l’auteur, 2010 La photo nous montre la partie Est de la commune. Au premier plan, on observe de petites parcelles de riziculture et au second plan, des vallons digités.

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F- La rivière Imamba, un réseau hydrographique « important » mais mal maîtrisé La commune rurale de Sabotsy Namehana est traversée par une seule rivière « importante » : Imamba. Cette dernière, long de 39,3 km prend sa source au nord-est de l’agglomération et traverse la plaine de Betsimitatatra dans sa partie nord avant de rejoindre l’Ikopa. Elle draine les bassins versants situés à l’extrême nord de la CUA (Commune Urbaine d’Antananarivo). Sur sa partie en aval, Imamba draine trois bassins versants constitués chacun d’un lac de retenu à aéroport, sur le lac d’Ambohibao et sur le lac d’Andranotapahina. Par ailleurs, la rivière Imamba arrose de grandes superficies. Elle tient une place « importante » pour les activités agricoles de la Commune. « Importante » car elle constitue l’élément vital pour le besoin en eau de la région étudiée. Mais d’après les services hydrologiques, les rivières qui ne sont pas surveillées par des stations de contrôle ne figurent pas dans la classe des rivières importantes. Imamba ne figure pas dans cette catégorie. Elle est classée parmi les petits cours d’eau 8. Malgré cela, Imamba est le seul réseau hydrographique « important » de la zone. Ainsi, pour assurer l’irrigation de ses bassins versants et pour protéger la Route Nationale n°3 auquel Imamba traverse, un barrage hydraulique a été construit au sud-ouest de la Commune. Toutefois, les crues généralement dues aux précipitations exceptionnelles liées aux cyclones tropicaux, spécialement dangereux entraînent la non maîtrise de l’eau. En effet, en période cyclonique, Imamba occasionne des dégâts énormes en raison de ses débordements. Le cas du cyclone Giovanna en février 2012 illustre bien la situation. Ainsi, la commune rurale de Sabotsy Namehana a figuré dans la « Une » des mass-médias malgaches au lendemain de l’inondation qui a dévasté 400 hectares de rizières . (Photo n°4, p.8a). Le même scénario se présente également en février 2015 où le cyclone Chedza fait ravage à Sabotsy Namehana. La Route Nationale n°3 est temporairement impraticable due au débordement de l’Imamba. (Photo n°5, p. 8a). Certes, la commune rurale de Sabotsy Namehana n’est pas à l’abri de l’inondation pendant les périodes cycloniques. En somme, le relief de Sabotsy Namehana est varié et accidenté mais permettant les travaux agricoles. Sous un climat tropical d’altitude, la rivière Imamba représente plus un avantage qu’un handicap pour cette zone étudiée.

Si les conditions physiques de la région favorisent le développement de telles activités rurales, quelle est la place de l’histoire et la population ?

8 Services hydrographiques par référence à Ikopa 8

Photo n°4 : L’ampleur de l’inondation de la rivière Imamba

Source : Clichés de l’auteur, février 2012

Les deux photos associées nous présentent l’ampleur du débordement de la rivière Imamba lors du passage du cyclone Giovanna en février 2012 à Sabotsy Namehana. Les dégâts matériels de cette inondation sont énormes : route coupée, des voitures emportées et surtout des rizières inondées.

Photo n°5 : Le débordement de l’Imamba

Source : clichés de l’auteur, février 2015

Sabotsy Namehana n’est plus à l’abri d’inondation, surtout en période cyclonique. Les deux photos associées montrent le débordement de la rivière Imamba lors du passage de cyclone Chedza en février 2015.

8a II/ Sabotsy Namehana, une zone à très forte densité démographique

Avant d’aborder les particularités démographiques de la zone d’études, la connaissance de son peuplement est prioritaire. Autrement dit, comment était l’occupation humaine dans cette région ?

C- Une occupation « ancienne » de l’espace Sous le règne d’Andrianampoinimerina (1787-1810), la région étudiée faisait partie de Tsimiamboholahy 9. Ce roi avait divisé le royaume Merina en six grands territoires : Avaradrano, Vakinisisaony, Vonizongo, Marovatana, Vakinankaratra, Imamo. Sabotsy Namehana se trouvait dans le territoire d’Avaradrano. Mais l’origine de la toponymie de la zone étudiée a pris deux versions : L’une dit qu’autrefois, Namehana s’appelait « Nanehana » ou « Niantsoana », c'est-à-dire « on y appelait » ou « on y fait venir ». Le roi Andrianampoinimeina a fait venir dans cette localité ses subordonnés pour habiter ce lieu qui était alors inhospitalier. Particulièrement, il avait mis en place un Rova, un lieu de marché, instauré à Ambohiboasary 10 . C’était un des marchés d’Avaradrano là où étaient publiés les lois et décrets par le roi. C’était le lieu où tout le monde s’informait au rapporteur royal mais également où l’on recueillait les aspirations du peuple 11 . Le marché était aussi considéré comme des « lapa »12 : il y fit régner la sécurité. Plus tard, lorsque le marché, que le roi a créé à Ambohiboasary, se fut agrandi, il déplaça sur l’actuelle place à « Sabotsy » (samedi) jour du marché hebdomadaire ; d’où l’appellation Sabotsy Namehana. L’autre version raconte que lorsque les soldats du roi Andrianampoinimeina atteignirent l’effectif de 1000, ils furent pressés d’occuper la colline de Namehana. « Presser » signifie en Malgache « Manaika » ou « Nahamehana ». Plus tard, l’écriture par simplification a changé « Nahamehana » en « Namehana ». Ainsi, le lieu s’appelle Namehana. Et Sabotsy ou samedi, le jour du marché de Namehana, fut devenu le nom de la place du marché. Les deux noms assemblés ont donné Sabotsy Namehana.

9 Litt. « Qui ne recule devant l’ennemi » 10 Ancienne appellation de Namehana car cette dernière était fameux pour ses orangers ; et comme l’indique l’adage : « Malaza avy any Namehana, nefa tsy mitondra voasary ho an-jaza », qui se traduit « Dire qu’on revient de Namehana et pourtant ne pas en apporter des oranges pour les enfants ». 11 PCD de la commune Sabotsy Namehana, Août 2003, Fivondronana Antananarivo Avaradrano, Faritany Mizaka Tenan’Antananarivo, FID.OADD, 153p 12 C’est le palais où le roi exposa ses instructions et ses ordres. R.P CALLET, « Histoire des rois », 1974, Tananarive, Tome III. p.266 9

Mais les deux versions ont affirmé que Namehana est une des 12 collines sacrées de l’Imerina où repose la dépouille de Rabodo (une des douze épouses du roi Andrianampoinimerina). Durant l’époque royale, Sabotsy Namehana était séparée en deux communes : l’une Namehana, lieu de résidence des « Andriana », l’autre Sabotsy, lieu de marché. Vers l’arrivée des colonisateurs, la construction des routes reliant la ville et les autres zones « stratégiques économiques », (partie orientale de la région Analamanga), a permis le déplacement et la migration des habitants de Namehana pour s’approcher de la Route Nationale n°3 traversant Sabotsy. A l’époque coloniale, Namehana était un chef lieu de Canton. Depuis 1946, il a été transféré à Sabotsy. Ce dernier s’est développé grâce au commerce. A partir de cette époque, le marché du samedi drainait toute la région ainsi que quelques commerçants d’Antananarivo dont cette valeur du marché est encore gardée jusqu’à nos jours. En somme, l’occupation humaine de Sabotsy Namehana remonte dès le 18 ème siècle, sous le règne d’Andrianampoinimerina. La toponymie de la région révèle deux versions. Sabotsy Namehana est donc issue de deux mots « Sabotsy » et « Namehana ». L’évolution de l’installation humaine a été fragmentée en deux périodes : la période royale et la période coloniale. Cette occupation ancienne de la population, avec l’existence du marché, constitue un dynamisme économique de Sabotsy Namehana. L’intervention de la microfinance est donc nécessaire.

Si telle est l’occupation humaine de l’espace, l’analyse suivante nous met en lumière les particularités démographiques de la commune de Sabotsy Namehana.

D- Une démographie caractéristique des villes des pays sous-développés Dans le cade de l’étude de développement rural d’une région, il est indispensable de prendre en considération l’évolution, l’état actuel et les perspectives d’avenir de sa population. C’est cette raison qui nous conduit à aborder l’étude démographique de la commune rurale de Sabotsy Namehana d’autant plus qu’elle fait partie des communes les plus densément peuplées du District d’Avaradrano avec 2688 habitants au km2.13 La population de Sabotsy Namehana est non seulement jeune et à croissance rapide mais elle est aussi majoritairement féminine.

13 Calculé à partir de l’effectif total de la population en 2008

10

1- Une population jeune et à croissance rapide Comme toutes les villes des pays en voie de développement, les données démographiques de la commune rurale de Sabotsy Namehana révèlent une jeunesse de la population. Cette population présente un aspect similaire à celle de l’ensemble de Madagascar. C’est qu’elle est majoritairement composée de sexe féminin. En outre, c’est une population qui croît rapidement.

a- Une population jeune La population de la Commune est jeune car, sur les 1019 de la population enquêtée, 444 ont moins de 15 ans, soit une proportion de 43,57%. Ce résultat est proche de la moyenne nationale qui est de l’ordre de 44,54% en 2004. Ainsi, la zone d’études est nataliste. Le groupe de 15 à 64 ans de sa part englobe 545 personnes, soit 54,66% de la population totale. Enfin, la proportion des personnes âgées (65 ans et plus) est relativement basse. Elle ne compte que 18 personnes, soit une proportion de 1,77% de la population totale. Cette jeunesse de la population n’est pas étonnante car nous sommes dans un pays sous développé. Quoi qu’il en soit, la pyramide des âges à base large et un sommet rétréci plus ou moins régulier vers le haut ainsi qu’un sommet étroit est (cf. pyramide des âges de Sabotsy Namehana, année 2010, p.12) une pyramide typique des villes des pays en voie de développement. Cela prouve la jeunesse des habitants à Sabotsy Namehana.

11

Graphe n°2 : Pyramide des âges de la population de la commune de Sabotsy Namehana (Année 2010)

80et+ Échelle : 1cm 14 habitants

75-79

70-74

65-69

60-64

HOMME 55-59 FEMME

50-54

45-49

40-44

35-39

30-34

25-29

20-24

15-19

10-14

5- 9

0 - 4 90 75 60 45 30 15 15 30 45 60 75 90

Source : Exploitation des résultats des enquêtes auprès des ménages par l’auteur A part la jeunesse de la population, l’une des caractéristiques démographiques des milieux ruraux des pays sous-développés, c’est qu’elle croît aussi rapidement.

b- Une population à croissance rapide - Une natalité et fécondité élevées En étant appartenu au pays sous-développé, la commune de Sabotsy Namehana présente de forts taux de natalité et de fécondité.

12

• Natalité : Le taux de natalité également appelé taux brut de natalité indique le nombre de naissances vivantes pour 1000 habitants durant une période déterminée. Cela signifie qu’il faut exclure de la statistique les morts nés14 . D’après nos enquêtes, nous avons recensé 45 naissances. Donc, pour un effectif de 1019 individus, nous avons un taux de natalité de T.N= 44,16‰15 . Ce taux de natalité en pour mille nous permet de conclure que le taux de natalité de la zone étudiée est largement supérieur au seuil 16 . Pour voir d’un autre angle l’ampleur de ce phénomène démographique, il nous faut calculer le Taux de Fécondité Général (TFG), également appelé taux de fécondité. C’est le nombre de naissances vivantes par mille (1000) femmes en âge de procréer ou entre l’âge de 15 17 à 49 ans durant une année . Ainsi, parmi la population enquêtée, 257 femmes sont âgées de 15

à 49 ans et nous avons enregistré 45 naissances donc un TFG de 175,09‰18 . - Une mortalité moyenne et une mortalité infantile assez importante • Mortalité générale : On entend par mortalité les morts considérées. Comme mouvement de population, la mortalité intervient dans l’équilibre de l’effectif de la population 19 . Le taux de mortalité appelé également taux brut de mortalité est le nombre de décès par mille (1000) habitants durant une année donnée. Ainsi, d’après nos enquêtes, nous avons recensé 17 décès soit un TM= 16,68‰20 donc nous avons un taux de mortalité élevé. - Mortalité infantile Comme nous avons recensé quatre décès lors de nos enquêtes, cela nous donne un taux de mortalité infantile de 88,89‰21 . Ainsi, la mortalité infantile est inférieure à 90‰ (seuil d’un TMI faible), donc faible .Ce qui explique la rapidité de la croissance de la population de la zone étudiée. Malgré la présence du CHD d’Anosy Avaratra et de deux CSB II, sis à Atsinanantsena et à Anosy Avaratra, la population a recours à la médicine traditionnelle.

14 FNUAP, Guide statistique , 2003, p. 19 15 T.N= 1000 x 45/1019 16 Cours de géographie de population à l’ENS 17 Cours de géographie de population à l’ENS 18 TFG= 45x1000/257 19 FNUAP, Guide démographique, 2003, p.29 20 TM= 1000 x 17/1019 21 TMi= 1000 x 4/45 13

- Accroissement naturel Le taux d’accroissement naturel est le taux auquel une population augmente (ou diminue) pendant une année donnée en raison de l’excédent (ou déficit) de la naissance par rapport aux décès. Il est exprimé en pourcentage de la population de base. Ce taux ne tient pas compte des effets de l’immigration ou de l’émigration 22 . Le taux d’accroissement naturel de la commune rurale de Sabotsy Namehana est élevé. En effet, il atteint 2,75% 23 . Ainsi, avec ce taux d’accroissement élevé, la population de la zone d’études doublera d’ici 26 ans et 1 mois 24 c'est-à-dire en 2036.

2- Une population majoritairement féminine La population de la commune de Sabotsy Namehana est caractérisée par la prédominance relative du sexe féminin.

Tableau n°1: Répartition par grands groupes d’âges de la population enquêtée Groupes d’âges Masculin Féminin Total Pourcentage (%) 0 à 14ans 218 226 444 43,57 15 à 64ans 262 287 557 54,66 65ans et plus 8 10 18 01,77 Ensemble 496 523 1019 100 Source : Enquête de l’auteur, 2010

Pour démontrer ce caractère relativement prédominant des femmes, il nous est capital de calculer le rapport de masculinité qui est le rapport entre le nombre d’homme et le nombre de femme dans une population donnée 25 . En effet, sur les 1019 habitants, 523 sont des femmes et 496 sont des hommes ; ce qui nous donne comme taux de masculinité de 94,83. En d’autres termes, il y a 94,83 hommes pour 100 femmes. Par rapport à l’ensemble de Madagascar, avec un taux de masculinité de 98,2 en 1993 26 , la commune de Sabotsy Namehana enregistre un taux de masculinité relativement faible. Cela

22 FNUAP, Guide démographique, 2003 23 TAN= 4,41-1,66 24 TDP= 72/2,75 25 FNUAP, Op. cit , 2003, p.12 26 INSTAT : « Recensement général de la population et de l’habitat », Antananarivo 1997, p.13 14 est en partie lié au phénomène de létalité 27 c'est-à-dire que les garçons en bas âge sont plus vulnérables par rapport aux filles. Bref, cette population jeune, à croissance rapide, est composée essentiellement de sexe féminin. Ce qui révèle un comportement démographique typique des villes des pays sous- développés.

Après cette rubrique sur la démographie de la zone d’études succèdera celle qui va traiter sa distribution spatiale .

C- Une population inégalement répartie dans l’espace La population de la commune de Sabotsy Namehana est mal répartie. Comme nous l’avons déjà mentionné, la densité de la zone étudiée est de l’ordre de 2 688 hab/km 2. Mais cette situation cache la réalité car l’occupation de l’espace est mal équilibrée. En effet, il y a des zones caractérisées par une forte concentration humaine et d’autres sont plutôt faiblement peuplées. ‹ Les zones fortement peuplées (densité > 20 000 hab/km 2)28 Les fokontany aux alentours du chef lieu de la commune sont les plus peuplés avec une densité de 106 750 hab/km 2 pour Antsahatsiresy, suivi d’Andrefantsena avec 21 708 hab/km 2, puis de Soaniadanana avec 21 471 hab/km 2 et enfin Atsinanantsena avec 20 680 hab/km 2. L’ensemble des zones densément peuplées compte 20 595 habitants, soit 34,69% de la population totale (cf. Annexe 3) jusqu’à Botoina. Cette situation s’explique par le fait que ces fokontany présentent certaines particularités. Pour le cas du fokontany Antsahatsiresy, sa forte concentration humaine est liée avec sa très faible densité (0,02 km 2). Pour le cas du fokontany Atsinanantsena, d’abord, il constitue la partie Est du chef lieu de la commune où se fondent la mairie et le CSB II. Ensuite, la présence de certaines infrastructures (la route, école, églises, transport,…) pourrait expliquer la situation. Et enfin, l’existence du marché hebdomadaire de Sabotsy est à l’origine de sa forte concentration humaine. Concernant le fokontany Soaniadanana, cette forte densité humaine est la combinaison de certains facteurs : la présence du lycée Andrianampoinimerina, qui desservie les régions environnantes à savoir entre autres les communes d’Ambohimanga Rova, de et d’Ankadikely Ilafy ; et sa proximité par rapport au chef lieu de la commune.

27 Cours de géographie de population (le phénomène de létalité c’est le fait qu’à la conception on a 125 à 145 garçons pour 100 filles. Mais à la naissance, on a seulement 105 garçons pour 100 filles) 28 d (densité)= nombre de la population du fokontany/superficie du fokontany 15

Pour Andrefantsena, il comprend la partie occidentale du chef lieu de la commune, mais aussi, il abrite différents établissements publics et privés. ‹ Les zones « moyennement » peuplées (6500hab/km 2 > densité > 2000hab/km 2) Les fokontany en « arrière-plan » du chef-lieu de la commune sont moyennement habités. Il s’agit par exemple des fokontany Tsarafara avec une densité de 6287 hab/km 2, d’Ambohinaorina avec 5704 hab/km 2, d’Ambodivona avec 5516 hab/km 2, d’Amorondria avec 5200 hab/km 2, d’Antsofinondry avec 4987 hab/km 2 de Manarintsoa avec une densité de 4682 hab/km 2, de Namehana avec une densité de 2655 hab/km 2, d’Anosy Avaratra et d’Ambatofotsy avec une densité de 2242 hab/km 2. (cf. Annexe 3) Les raisons de cette situation sont multiples : pour Namehana, Manarintsoa et Ambatofotsy, ils sont des fokontany « abandonnés » c'est-à-dire des fokontany où l’on a assisté à une migration importante vers la proximité du chef lieu de la commune. Pour les autres fokontany, comme Ambohinaorina, Manarintsoa et Tsarafara, une partie importante de leur superficie, déjà moins vaste est dominée par des champs de cultures. Les surfaces sont alors assez restreintes, permettant à ces fokontany d’être moyennement peuplés. ‹ Les zones « faiblement » peuplées (densité < 2000hab/km 2) Il s’agit respectivement des fokontany éloignés du chef lieu de la commune en l’occurrence de Faravohitra avec 1993 hab/km 2, d’Ambohitrinimanga avec 1164 hab/km 2, de Botoina avec 1044 hab/km 2, d’Isahafa avec 898 hab/km 2, de Lazaina avec une densité de 850 hab/km 2, d’Andidiana avec 749 hab/km 2, d’Ambohibary avec 715 hab/km 2, de Beravina avec une densité de 742 hab/km 2 et d’Ambohidrano Andrefana avec une densité de 476 hab/km 2. (cf. Annexe 3). A part l’éloignement, la difficulté d’accès (routes secondaires, pistes) et la difficulté d’acquisition d’eau de puits sont aussi les raisons pouvant freiner l’augmentation de leur effectif. Toutefois, par rapport à la densité nationale qui est de l’ordre de 27 hab/km 2, celle de la commune de Sabotsy Namehana est fortement élevé. Cela pourrait s’expliquer par l’étroitesse de sa superficie (22,08 km2). Notre analyse est donc de démontrer le déséquilibre de la concentration humaine dans la zone d’études. Ainsi, la population de Sabotsy Namehana est mal répartie dans l’espace. (cf. carte n°4, p.16a)

Au terme de ce chapitre, nous pouvons dire que : Sabotsy Namehana revêt des aspects physiques, démographiques, caractéristiques d’Antananarivo. Ce qui nous conduit maintenant à analyser que ces particularités physiques et humaines sont favorables à l’installation des IMFs dont l’OTIV et la CECAM.

16

16a Deuxième chapitre : L’OTIV et la CECAM, deux institutions de microfinance oeuvrant à Sabotsy Namehana, poussées par une forte potentialité économique

I/ Sabotsy Namehana, une zone à forte potentialité économique

La commune rurale de Sabotsy Namehana présente une grande potentialité économique. Divers types d’activités peuvent être alors pratiqués dans cette commune. En d’autres termes, la fonction économique de la commune est surtout représentée par des activités primaires et tertiaires : agriculture, élevage, transport, commerce… Dans ce deuxième sous chapitre, nous allons analyser la potentialité qui pourrait encourager l’intervention des IMFs et contribuer au développement de la commune.

A- Une économie basée sur le secteur agricole L’activité agricole demeure la première préoccupation des habitants de la commune rurale de Sabotsy Namehana, comme dans toutes les communes rurales de Madagascar. Les agriculteurs représentent 37,16% des enquêtés. Elle est suivie par le commerce qui représente 27,47%. Les autres branches (salarié privé, fonctionnariat et artisanat) d’activités représentent au total 30,16% ; tandis que le transport constitue 5,21%.

Graphe n°3:

Source : Réalisation de l’auteur, 2010

17

D’après le graphe n°3, l’agriculture/élevage constitue l’activité principale de la population et tient une place très importante dans la vie quotidienne de la population. Elle occupe 37,16% de la population active enquêtée. Notons que la population active regroupe la population effectivement active c'est-à-dire l’ensemble de la population de 15 à 64 ans, sans considération de leur occupation. On en compte 557, soit 54,66% de la population selon le résultat de nos enquêtes. Cette prédominance du secteur primaire se traduit essentiellement par la place prépondérante de la riziculture et de l’élevage, à laquelle s’ajoutent quelques cultures vivrières : manioc, brèdes.

1- Place prépondérante de la riziculture La riziculture est l’élément essentiel du paysage agricole de la commune. Tous les bas- fonds sont cultivés en riz. Malgré cette prépondérance de la riziculture, on constate que ce sont en fait les parcelles rizicoles de petite taille qui prédominent. Cette situation se retrouve d’ailleurs sur la plupart des Hautes Terres où les exploitations rizicoles sont souvent exiguës. Le riz le plus cultivé correspond à la saison rizicole « Vakiambiaty » (le Vakiambiaty vient du mot ambiaty désignant une fleur), laquelle coïncide avec la saison de pluies.

Tableau n°2 : Les principales cultures et la production de la Commune en 2008 Cultures Surfaces cultivées (en hectare) Production (en tonne) Riz 800 1600 Manioc 10 50 Brèdes 10 30 Source : PCD de la commune, 2010

Selon le tableau n°2, la riziculture occupe la première place tant en terme de surface cultivée que de la production. Nous constatons toutefois que le rendement en riz est encore faible (2t/ha). Cette situation s’explique par l’insuffisance des moyens matériels et financiers des paysans de la commune rurale de Sabotsy Namehana. Voilà pourquoi, les institutions de microfinance dont l’OTIV et la CECAM interviennent pour quelque chose. Le reste de surfaces cultivées sont occupés par les cultures de manioc et de brèdes, destinées aux marchés pour combler l’insuffisance de la production en riz, qui ne suffit guère à nourrir la famille.

18

2- L’élevage, un secteur prometteur L’élevage occupe aussi une grande partie des activités économiques de la population rurale de Sabotsy Namehana. Cette activité est dominée par la filière aviaire et bovine.

Tableau n°3 : Les différents types d’élevage de la Commune en 2008

Cheptel Effectif Part en % du total

Vache laitière 1 252 8,12%

Porcs 437 2,83%

Poulet de chair 6616 42,91%

Poules pondeuses 7110 46,12%

Total 15415 100 Source : Monographie communale, 2010

Selon le tableau n°3, l’élevage de poules pondeuses occupe le premier rang avec 7110 têtes et celui de poulet de chair figure au second rang, avec 6616 têtes. Ainsi, la filière avicole a connu un essor considérable, avec une forte proportion des animaux à élever (89,03% au total).en 2008. Cette situation est due à l’intervention de l’opérateur avicole, l’AVITECH29 dans la commune d’une part et d’autre part, l’arrivée des institutions de microfinance. Cette dernière va sans doute remettre cette activité sur la bonne voie, vue sa pratique assez récente.

L’élevage de vache laitière quant à lui, suit de très loin au troisième rang, avec 1252 têtes, soit une proportion de 8,12% de l’effectif total. C’est aussi une filière jeune dans la zone d’études. Cette filière était à l’origine de l’IMF OTIV dans la commune (voir historique de l’OTIV). L’arrivée au pouvoir du président Marc Ravalomanana (2002-2009) a surtout poussé les paysans à se lancer dans ce domaine. Mais les principales maladies infectieuses ou parasitaires, telles la bilharziose, le mareck et les béribéries entravent le développement de la filière bovine.

L’élevage porcin a été délaissé depuis 1999 à cause de la maladie P.P.A (Peste Porcine Africaine). Mais, depuis 2002, l’élevage se développe petit à petit même si la maladie n’a pas de

29 Une société à vocation avicole créée en 1993 dans la région Analamanga, plus précisément dans la commune d’Ivato. 19 vaccin jusqu’à maintenant. Toutefois, cette filière n’a malheureusement pas bénéficié du crédit de l’OTIV et de la CECAM.

Ainsi, l’aviculture et l’élevage de vache laitière constituent un avenir très prometteur car de son côté, l’élevage de vache laitière est une activité rémunératrice pour les amateurs et l’élevage avicole constitue un apport monétaire de premier secours pour les paysans.

En somme, la potentialité économique de Sabotsy Namehana n’est pas seulement limitée aux cultures et à l’élevage, elle est aussi basée sur d’autres activités. A ce propos, nous allons analyser quelles sont les activités en « mutation » dans la Commune ?

B- Les autres activités économiques dans la zone étudiée

1- L’artisanat, une activité à échelle variée La proximité de Tananarive ville, comme centre urbain de consommation et la concentration de la population dans la zone ont été le ferment du démarrage des secteurs artisanaux depuis quelques années.

a- La fabrication de brique en terre cuite C’est un secteur qui reste toujours au stade artisanal. La plupart des artisans de brique sont des agriculteurs. Pendant la saison pluvieuse, ils pratiquent l’agriculture (riziculture et culture sur le tanety) et pendant la saison sèche, ils s’orientent vers la fabrication de brique artisanale. La fabrication de brique en terre cuite dans cette zone est un fait courant à cause de l’abondance des matières premières, surtout l’argile qui se trouve dans toutes les plaines et les bas-fonds. En général, la saison sèche pour les paysans de Sabotsy Namehana est une période de fabrication de la brique artisanale. Les artisans en brique de Sabotsy Namehana se regroupent dans une association nommée FABRISA (Fabrication de brique de Sabotsy Namehana). Cette association compte plus de 230 membres, chaque membre emploie au moins 6 artisans. En somme, au moins 61500 personnes travaillent dans la briqueterie chaque année 30 . Comme toutes les activités sus-citées, cette activité artisanale peut profiter et bénéficier des services de l’OTIV et de la CECAM, malgré le fait que c’est une activité saisonnière.

30 Premier Adjoint au maire de la commune rurale de Sabotsy Namehana, 2010 20

b- Le tissage, la vannerie, la confection, et la tannerie C’est un secteur qui reste au stade artisanal. Le tissage des linceuls en « landibe » est une des spécialités mais la production baisse. Sabotsy Namehana regroupe une vingtaine de tisserands qui fabriquent de matelas, de nattes, des soubiques et des linceuls. Ce secteur commence à se développer petit à petit grâce a l’intervention de la microfinance dans la commune, d’une part et d’autre part grâce à l’ouverture du marché extérieur. A part les activités artisanales, se développe également une activité du secteur tertiaire dont le commerce, qui fait l’objet de l’analyse suivante.

2- Les activités commerciales, en évolution rapide Le secteur tertiaire, dont les activités commerciales, connait des progrès palpables à Sabotsy Namehana. En d’autres termes, les activités commerciales dans la région sont intenses, grâce à une certaine hiérarchie des marchés urbains et ruraux. L’existence d’un marché local de Sabotsy Namehana facilite la hiérarchisation dans la vente de la production. Il existe un marché hebdomadaire du Samedi sur une superficie de 2 ha environ dans le chef-lieu de la commune rurale Sabotsy Namehana. On y rencontre divers types de vendeurs notamment, agriculteurs, éleveurs, vendeurs de marchandises générales, des produits locaux, de textiles dont confection et broderie, etc. on y trouve aussi des épiciers, des gargotiers…etc. Le nombre des commerçants a gonflé durant ces dernières années. Cette situation est similaire à la réalité dans la CUA (Commune Urbaine d’Antananarivo) où les commerçants augmentent sans cesse en nombre aussi bien dans le secteur formel qu’informel. En effet, depuis l’arrivée des IMFs mutualistes, beaucoup des gens s’intéressent au commerce. Ce domaine est peu exigeant. Pour les concernés, on est son propre patron. D’après nos enquêtes, certains étaient déjà commerçants auparavant, mais ils veulent augmenter le capital. Tandis que d’autres sont de nouveaux adeptes mais qui constatent l’efficacité de la microfinance. Si telle est la potentialité économique de la commune rurale de Sabotsy Namehana, nous allons aborder l’aperçu général de la microfinance à Madagascar et à Sabotsy Namehana.

II/ Le microfinancement à Madagascar et à Sabotsy Namehana : aperçu historique

L’objectif principal de ce chapitre est de montrer un bref historique sur la mise en œuvre des institutions de microfinance à Madagascar en général et à Sabotsy Namehana en particulier ;

21 avec les particularités de deux IMFs intervenant dans la zone d’études dont l’OTIV et la CECAM.

A- Historique de la microfinance à Madagascar 31 L’histoire de la microfinance comporte trois périodes distinctes : avant 1990, de 1990 à 1995 et 1996 à nos jours. Ainsi, l’origine de la microfinance à Madagascar remonte à près d’une vingtaine d’années. L’inexistence des banques en milieu rural a favorisé la création des institutions de microfinance à partir de 1990 à Madagascar. Pour bien retracer cette authentique historique, nous allons analyser les trois périodes déjà citées: o La situation avant 1990 : Aucune institution de microfinance n’existait encore à cette époque. Néanmoins, la BTM (Bankin’ny Tantsaha Mpamokatra), banque nationale depuis 1976 et reprise en 1999 par la BOA (Bank of Africa) dans le cadre de sa privatisation, était la seule banque qui intervenait dans le secteur de la microfinance. Mais ses activités dans ce domaine étaient limitées à l’octroi de crédit au paysannat et n’atteignaient qu’une frange limitée de la population rurale. L’intervention de cette banque en faveur du secteur de la microfinance s’est toutefois maintenue après sa récente privatisation. o La situation entre 1990 à 1995 : « Phase d’émergence des IMFs » L’émergence des IMFs a été surtout favorisée par la conjugaison des in terventions de trois entités : • les bailleurs de fonds (Banque Mondiale, Union Européenne, Agence Française de Développement,…) • le Gouvernement à travers de sa politique en faveur de ce secteur avec le concours du financement de la Banque Mondiale: ‹ le Projet d’exécution PATER/ADMMEC jusqu’en 1997 ‹ le Projet Microfinance (PMF) pour une phase de deux ans 1998-1999 ‹ l’AGPMF (Agence d’Exécution du Projet Microfinance): gestion du Programme Microfinance planifié sur quinze ans dont le démarrage officiel a débuté en juin 1999. • les Agences d’Implantation et de Développement ou opérations techniques spécialisées et qui ont assuré l’encadrement technique des IMFs. Il s’agit entre autres de DID (Développement International Desjardins), FERT (Formation pour l’Epanouissement et le Renouveau de la Terre), IRAM (Institut de Recherche et d’Application des Méthodes de Développement), CIDR (Centre International de Développement et de Recherche).

31 www. Microfinance. mg 22

Au cours de cette période, de nombreuses IMFs, mutualistes ou non mutualistes se sont créées à Madagascar : - Les institutions de microfinance mutualiste qui se sont créées au cours de cette période sont les suivantes : ° CECAM/FERT en 1993 dans la région du Vakinankaratra, ° AECA/CIDR en 1990 dans la région de Marovoay, ° OTIV/DID en 1994 dans la région de Toamasina et du Lac Alaotra, ° ADEFI/DID en 1995 à Antsirabe, ° TIAVO/WOCCU en 1995 à Fianarantsoa (WOCCU était l’opérateur qui a lancé l’implantation initiale du Réseau TIAVO. Il a été ensuite relayé par l’IRAM à partir de l’année 1999). - Les institutions de microfinance non mutualistes : Dans cette catégorie figurent : ° SIPEM, qui a été créée en 1990 à Antananarivo. Son rayon d’action est limité à 30km ° VOLAMAHASOA/CIDR, créée en 1993 et implantée dans la partie Sud de l’île, à Toliara. ° APEM/PAIQ, créée en 1987, intervient par système de partenariat sur Antananarivo et Toliara. ° CEM, la plus ancienne institution financière qui pratique le volet épargne orientée vers la population ayant des bas revenus. o La situation de 1996 à nos jours : « phase de développement et de croissance » Cette phase a été marquée par l’extension géographique et la consolidation des réseaux préexistants : - OTIV/DID : extension des activités avec l’ouverture de nouvelles caisses dans la zone périurbaine de la capitale Antananarivo et du Nord-est (SAVA) en 1996, puis dans la zone urbaine d’Antananarivo en 2000. - CECAM/FERT : une première extension du réseau a eu lieu à partir de 1996 dans les régions d’Amoron’ i Mania, Vakinankaratra et Ivon’Imerina sur les Hautes Terres centrales. Une deuxième extension en 1998 a permis au réseau de s’installer dans le Moyen Ouest (Bongolava et Itasy), le Nord-ouest (Sofia) et sur la côte Ouest (Menabe). - TIAVO/IRAM : redynamisation du réseau avec l’arrivée du nouvel opérateur IRAM en 1999 et extension du réseau dans le Sud-est à Manakara et Farafangana. De nouvelles institutions de microfinance ont vu le jour depuis 2007 à savoir Accès Banque, Microcred, PAMF (Première Agence de Microfinance). Au long de cet aperçu historique de la microfinance à Madagascar, les IMFs mutualistes dont l’OTIV et la CECAM forment les deux plus grands réseaux de cette catégorie tant en terme 23 de volume d’activités que de couverture géographique. Mais une question ne manque pas à se poser : quelles sont les particularités de ces deux réseaux de microfinance ? B- L’OTIV et la CECAM : leurs particularités Ce sont deux IMFs mutualistes qui, à la fois collectent des épargnes et accordent du crédit. Au départ, leur principale activité concerne surtout le financement du secteur primaire (élevage, agriculture). Mais plus tard, elle s’intéresse à tous les domaines d’activités et même aux besoins sociaux 32 . 1- Les particularités de l’OTIV L’OTIV est une mutuelle d’épargne et de crédit. Elle offre des gammes de services à leurs sociétaires. Au sein de ce réseau, les membres peuvent utiliser, suivant leurs besoins les services de prêts (crédits) et les services d’épargne. a- Les types de crédits offerts par le réseau OTIV Il n’est pas superflu de rappeler que l’OTIV couvre plusieurs régions de la Grande Ile. Or, les services proposés par ce réseau se différencient d’une région à une autre. Ainsi, notre zone d’études se trouve dans le District d’Avaradrano, bien entendu faisant partie de la région Analamanga. En effet, le réseau de l’OTIV Analamanga est pris comme référence. ‹ Le crédit avec éducation (CAE) Ce type d’offre est destiné spécialement pour une association des femmes composant douze membres. Le CAE vise spécialement les femmes en situation précaire. Le crédit avec éducation est de type mutualiste de l’association. L’association a droit de 60 000 à 440 000 Ar de prêt. La durée de remboursement varie entre 16 à 24 semaines avec un fonds de garantie mutualiste de 1%. Son taux d’intérêt s’élève à 13% par cycle. ‹ Le crédit flash C’est un prêt pouvant être utilisé à tout moment et dont le remboursement doit se faire à un délai prescrit. Comme son nom l’indique, il s’agit d’un crédit à court terme (en cas d’urgence) dont le remboursement doit s’effectuer à une période n’excédant pas 12 mois. Avec un taux d’intérêt de 1% par semaine, le crédit flash s’oriente le plus souvent dans les dépannages pendant la période de soudure. Le prêt est garanti par l’épargne des sociétaires qui doivent atteindre le quart de la somme désirée. Le taux emprunté varie d’un demandeur à un autre. Mais en général, le taux maximal ne dépasse pas 400.000Ar. ‹ Le prêt ordinaire Ce type de prêt englobe ceux qui nécessitent une garantie de 25% de la somme empruntée. Ce qui la différencie du précédent, c’est au niveau du remboursement qui s’étale en

32 FERRER (V) ; 1998, « Contribution à la Stratégie de développement rural de Madagascar » Antananarivo, Banque Mondiale, 28p 24 une période plus longue pouvant aller jusqu’à 36 mois. L’intérêt s’élève à 18% annuel, soit 1,5% mensuel avec les frais d’administration qui incombent aux membres. Le taux maximal autorisé dépend de la garantie des demandeurs. ‹ Le prêt habitat Ce prêt est destiné spécialement pour la construction ou l’achat des maisons ou l’achat de terrain. Le taux d’intérêt plafonne 18% annuel (1,5% mensuel) et la durée de remboursement atteint 36 mois. Le montant octroyé dépend également de l’emprunteur. ‹ Le prêt paysan Cette offre est spécialement destinée pour les paysans. Le taux d’intérêt est de 18% annuel, et la durée de remboursement varie selon l’emprunteur, mais ne dépasse pas 36 mois. Le montant maximal octroyé dépend également de l’emprunteur. ‹ Le prêt pleinement garanti Ce type d’offre se diffère du prêt ordinaire par la garantie. Il couvre à 100% les emprunts par une épargne. Les garanties matérielles (voiture, immobilier…) sont considérées en cas de non remboursement de crédits. Le montant maximal dépend de l’emprunteur ; et le taux d’intérêt sillonne le 1,5% mensuel et la durée de remboursement est fixée à 12 mois renouvelables. Le montant emprunté varie selon le niveau de dépôt en garantie. ‹ Le prêt aux salariés (publics ou privés) Les salariés du secteur public ou privé sont les cibles de ce type de crédit. Le type de montant varie selon le salaire de l’emprunteur. Le taux d’intérêt atteint 1,66% mensuel et la durée de remboursement est fixée à 36 mois. Mais l’emprunteur doit avoir 10% d’épargne de la somme à demander, appelée aussi épargne bloquée. ‹ Le prêt aux très petites entreprises Appelé aussi crédit commercial, il touche différentes catégories des activités commerciales en l’occurrence l’épicerie, les gargotes, la boucherie, le commerce des produits artisanaux, des produits agricoles et des produits de l’élevage et de pêche. C’est un nouveau produit de l’OTIV mis en vigueur en Avril 2007. Le demandeur doit avoir une épargne bloquée de 20% de la somme empruntée. Le montant varie selon les normes prudentielles en vigueur. Mais la durée de remboursement est fixée à 36 mois. Le taux d’intérêt est de 1,5% mensuel. Ainsi, l’octroi de crédit auprès de l’OTIV est soumis à des conditions que les créditeurs doivent effectivement remplir. En effet, l’emprunteur doit être épargnant (membre) d’au moins 3 mois. Mais l’emprunteur peut emprunter du crédit à tout moment. La part sociale fixe est de 5 000 Ar. Il habite dans les 33 km environ du réseau et doit avoir moins de 60 ans. La garantie est de 150% de la valeur empruntée. Le taux d’intérêt, comme on l’a déjà expliqué, varie en majorité. 25

Vu à travers cette analyse, le réseau OTIV présente différents portefeuilles, à choix multiples, pour ses sociétaires. Ainsi, nous pouvons en déduire que le microfinancement de l’OTIV touche différentes catégories socio-professionnelles (paysans, salariés publics ou privés, commerçants….). Mais l’action de l’OTIV ne se limite pas tout simplement à l’emprunt, elle s’occupe également, comme l’on a déjà annoncé, de la collecte d’épargnes. Alors, quels sont les types d’épargne mis à la disposition de ce réseau ? b- Les types d’épargne offerts par l’OTIV On distingue quatre types d’épargne au sein de l’OTIV : l’épargne à vue, l’épargne spécialisée, l’épargne à terme, le dépôt direct. Tableau n° 4: Les types d’épargnes offerts par l’OTIV Types d’épargne Définition de l’épargne Montant Durée d’épargne Taux d’intérêt minimum Epargne à vue L’épargne est conservée Montant Illimité Taux 0 liquide en caisse et illimité. disponible à tout moment Epargne Produit d’épargne Le minimum de Illimité 3% par an et spécialisée permettant aux membres ce dépôt est de calculé sur le de garder en réserve des 100 000 ariary solde sommes d’argent minimum Epargne à terme Produit d’épargne Le dépôt 10 mois minimum 4,5 à 6% par an. permettant au membre minimum est de de placer une somme 200 000 ariary d’argent à un taux supérieur pour une période donnée Dépôt direct Un service par lequel un ------membre salarié peut obtenir de son employeur son salaire par l’entremise de l’OTIV Source : Manuel des Politiques et Procédures de l’OTIV (MPP)

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c- La structure des réseaux de l’OTIV Le réseau OTIV est composé de différentes entités et une organisation claire et bien définie. - L’unité de promotion Le rôle de l’unité de promotion est tout d’abord l’encadrement technique, puis la formation des agents et des dirigeants, enfin la représentation du Réseau vis-à-vis des tiers. - La caisse OTIV La caisse OTIV est composée d’une assemblée générale, d’un conseil d’administration, d’un comité de contrôle. Une caisse-mère représente les groupes OTIV au niveau de chaque région. Chaque caisse-mère est encadrée par l’unité de promotion. La caisse OTIV reçoit les épargnes des membres, leur octroie des crédits. Elle favorise la solidarité et la coopération entre les membres et s’occupe également de la promotion de l’éducation économique, sociale, mutualiste. - L’union des OTIV Elle est également dotée d’une assemblée générale, d’un conseil d’administration, d’un comité de crédit et d’un comité de contrôle. Ses fonctions sont d’abord de favoriser l’accès des populations aux services d’épargnes et de crédits à travers des OTIV qui lui sont affiliés, de représenter les OTIV membres, enfin de gérer les surplus de liquidités des OTIV membres sous forme de placement et de refinancement, rechercher des fonds externes pour le financement des programmes spécifiques, encadrer, promouvoir et contrôler la gestion des OTIV. L’union est le lieu de concentration, d’échange et de formation des dirigeants des OTIV. Ainsi, huit types de portefeuilles et trois services d’épargnes, disponibles pour ses sociétaires, caractérisent le réseau OTIV. A travers ces différents gammes de produits, l’OTIV vise à priori un objectif à double face : dans un premier temps, « l’amélioration » des conditions de vie des sociétaires ; et dans un second temps « le développement » de la zone d’intervention. (Photo n°6, p.27a)

Si telles sont les spécificités de l’institution de microfinance OTIV, quels sont alors les traits caractéristiques du réseau CECAM ?

2- Les spécificités de la CECAM Comme le réseau « frère », la CECAM est une institution de microfinance mutualiste. Elle a pour objectif principal l’octroi de crédits aux membres. Toutefois, les services dépôts ne sont pas minimisés. Ainsi, cette IMF met à la disposition de ses adhérents des multiples choix de crédits et d’épargnes. 27

Photo n°6 : Les batiments de la caisse OTIV Tambatra de Sabotsy Namehana

Source : Clichés de l’auteur, 2010

Les deux photos associées montrent (de gauche à droite) la caisse et le service de crédit de l’OTIV à Sabotsy Namehana. Devant la caisse, les membres forment un micro fil d’attente. Les couleurs dominantes verte et blanche sont des couleurs emblématiques du réseau OTIV.

27a a- La CECAM et les différents types de crédits offerts Contrairement à ceux de l’OTIV, le réseau CECAM est homogène en termes de produits offerts. En d’autres termes, les services offerts sont uniques partout où il intervient à Madagascar 33 . - Le crédit commercial individuel (CCI) Le CCI est un crédit accordé à une personne physique pour financer les activités à caractère commercial, activités qui permettent de développer le monde rural et le niveau de vie des sociétaires. Cette offre constitue un taux d’intérêt de 4% mensuel et présente un montant variant de 400 000Ar (au niveau local) à 6 000 000Ar (au niveau régional). La durée de remboursement varie de 3 à 12 mois. - Le crédit construction (CTR) C’est un des services financiers offerts par la CECAM à ses sociétaires pour le financement d’une construction ou d’une finition d’un bâtiment d’exploitation ou d’une maison d’habitation. Entre dans ce type de crédit le financement de l’achat d’une maison d’habitation. On peut le classer comme un crédit immobilier. Le CTR offre un montant maximal de 7 000 000Ar. Le taux d’intérêt varie entre 2% à 2,5% mensuel. La durée de remboursement varie également entre 24 mois (minimale) à 60 mois (maximale). - Le crédit entretiens et réparation immobilier (ERI) Ce type de crédit est un service financier offert aux sociétaires exclusivement pour les travaux de réhabilitation, de réparation ou d’embellissement. Sont concernés les travaux de peinture, de carrelage, l’achat des matériaux de construction, de boiserie, le coût d’installation de l’eau et/ou de l’électricité. Le montant octroyé est de 4 000 000Ar ; avec un taux d’intérêt de 3% mensuel. La durée de remboursement est unique : 24 mois. - Le crédit entretiens et réparations matériels (ERM) Le crédit ERM est un type d’offre pour tous les sociétaires qui ont des projets d’entretien ou de réparation de leurs matériels : achat de pièces de rechanges, retapage, capitonnage. Il octroie un montant local de 400 000Ar et régional de 4 000 000Ar. Le taux d’intérêt est fixe : 3% mensuel. Quant au remboursement, la durée atteint 18 mois. - Le crédit Grenier Commun Villageois (GCV) Le GCV est un service financier offert par la CECAM à ses sociétaires afin de leur permettre de développer les sources de revenus. Il sert au financement de l’exploitation dans le secteur primaire : agriculture, élevage et pêche. Ainsi, il est caractérisé par un montant local de 5 tonnes par sociétaire et régional de 40 000 000Ar. Le taux d’intérêt est unique : 3% mensuel.

33 Enquêtes de l’auteur 28

- Le crédit productif (PRO) C’est un prêt accordé par la CECAM à ses sociétaires afin de leur permettre de développer les sources de revenu. Il sert au financement de l’exploitation dans le secteur primaire : agriculture, élevage et pêche. Le montant offert se divise comme suit : 600 000Ar au niveau local et 3 000 000Ar au niveau régional. Le taux d’intérêt tourne autour de 2,5% à 3,5% mensuel. Il est spécifique parmi tant d’autres en terme de remboursement car en général, la durée varie entre 3 mois à 12 mois ; mais la filière poules pondeuses atteint jusqu’à 28 mois. - Le crédit Location Vente Mutualiste (LVM) La LVM figure parmi l’éventail de produits mis à la disposition par la CECAM à ses membres pour leur permettre d’acquérir des matériels de production. Le crédit LVM comprend trois (3) produits, liés directement aux objets de crédit. Il s’agit : des véhicules, des matériels agricoles, autres matériels. Il est caractérisé par le montant accordé atteignant 600 000Ar au niveau local et 10 000 000Ar au niveau régional. Le taux d’intérêt sillonne le 2% à 3% mensuel, et la durée de remboursement est de 6 mois minimal et 36 mois maximal. - Le crédit Transformation de Produits (TRF) C’est un produit financier mis à la disposition des sociétaires. Il consiste au financement des besoins en fonds de roulement pour les activités artisanales et pour les transformations de produits : production de provende, huile essentielle, transformation de paddy. En termes de montant octroyé, il atteint 600 000Ar au niveau local et 4 000 000Ar au niveau régional. Son taux d’intérêt est de 3% à 3,5% ; et la durée de remboursement culmine à 12 mois.

Bref, le réseau CECAM met à la disposition des membres huit prêts bien distincts. (cf. Annexe 4). On peut en déduire donc que la CECAM possède des gammes de produits au choix en matière de crédit. Mais à part cette action d’octroi de crédits, elle est également une IMF épargnante. L’analyse suivante met en exergue les différents types d’épargne au sein du réseau.

b- La CECAM : une institution de microfinance épargnante Le réseau CECAM met à la disposition de ses membres trois types de portefeuille dont le dépôt à vue, le dépôt à terme et le plan d’épargne. ‹ Le dépôt à vue est ouvert à tous les membres âgés de 21ans et plus. C’est un dépôt retirable à chaque jour d’ouverture de la caisse. Il permet de garder en sécurité, une réserve d’argent qui reste disponible à tout moment. Le montant déposé est libre et le déposant a la possibilité de choisir le moment de ses retraits (avec un préavis de huit jours à partir de 29

80 000 Ar dans les CECAM villageoises). Ce type de dépôt n’est pas rémunéré, et ne peut pas être utilisé pour l’octroi de crédit. ‹ Quant au dépôt à terme, il est également destiné à tous les membres plus de 21ans. Il permet de faire fructifier une réserve de trésorerie sur une période convenue et d’accorder un crédit. Il est rémunéré en moyenne 6%/an. La durée minimum de ce dépôt est fixée à 3 mois. Ce dépôt rémunéré est intéressant pour tous les types de patrimoine : du paysan à la grande entreprise en passant par le citadin aisé, les institutions religieuses ou les collectivités locales. ‹ En ce qui concerne le plan d’épargne, ce produit permet de constituer un capital et d’accéder à un crédit. Il est rémunéré à 9%/an mais conditionné par un versement régulier et exhaustif pour une période de 1 à 3 ans. Ce dépôt rémunéré est intéressant pour tous les types de patrimoine. Donc, cette formule permet de réaliser un investissement important, car en plus du capital constitué pour autofinancer en partie un projet à moyen terme, elle ouvre l’accès à un crédit. Le dépôt est rémunéré à un taux intéressant, auquel s’ajoute une prime qui récompense des versements réguliers et exhaustifs. Ces types de dépôt permettent donc aux membres de garder en permanence et en toute sécurité une réserve d’argent, d’en disposer en cas de besoin. De plus, le montant de dépôt est en fonction de possibilité des membres, car ce type de produit est diversifié. Peu importe s’il est rémunéré ou pas et s’il permet l’obtention du crédit ou non, l’essentiel est que tout le monde peut s’initier à l’épargne et à la gestion de l’argent. La CECAM est donc considérée comme une banque de proximité qui offre une sécurité et une disponibilité d’argent de dépôt. Elle permet aussi d’obtenir des crédits sous certaines conditions.

c- La structure de la CECAM Le réseau se subdivise en plusieurs échelons : - La CECAM : c’est le niveau le plus bas. Il s’agit d’une caisse se trouvant dans une localité. Elle regroupe au minimum 50 membres à partir de sa création. Les membres qui forment l’assemblée locale élisent deux comités : le KMP et le KMM (Komity Mpitantana et Komity Mpanaramaso). Le KMP ou comité de gestion a pour fonction de : - améliorer la permanence pendant l’ouverture des caisses CECAM - contrôler les mouvements c’est-à-dire les dépôts et les crédits Il a le pouvoir de décision en matière de crédit lorsque celui-ci n’a pas encore atteint le plafond délégué à la caisse.

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Le KMM ou comité de surveillance a pour attribution le contrôle de l’application des règles ainsi que les décisions prises par le KMP. - URCECAM : c’est une entité dotée de personnalité juridique. Il regroupe les caisses CECAM. En assemblée générale, les délégués des CECAM élisent : ‹ d’une part, le conseil d’administration qui a pour fonction de décider l’ouverture des caisses locales, de ratifier les adhésions, de définir la gestion à mettre en œuvre. ‹ d’autre part, le comité de contrôle qui a pour rôle d’être le garant de l’application des procédures. Il est des cas où le montant de crédit sollicité pour un membre dépasse le montant délégué à la caisse locale, l’URCECAM décide l’octroi de crédit. Bref, l’URCECAM est l’organe suprême de décision. - INTERCECAM : elle est formée d’une équipe de techniciens dont le rôle est de contrôler et d’assister les URCECAM dans leur gestion. - UNICECAM : les présidents de l’URCECAM constituent les membres de l’UNICECAM. Ces derniers nomment les membres du comité exécutif qui dirige l’assemblée du réseau. Elle gère la trésorerie et les fonds interrégionaux de garanties mutuelles (FIGEM) donnés par les URCECAM mensuellement. Comme on a pu constater, des assemblées générales existent au sein du réseau et elles se situent à deux niveaux : ‹ Au premier niveau se trouve, l’assemblée de section qui regroupe tous les membres du KMP et KMM et les délégués de l’assemblée générale d’URCECAM. ‹ Au second niveau se situe l’assemblée générale d’URCECAM qui est constituée par les délégués des CECAM. A travers cette analyse, la CECAM est une IMF, caractérisée par sept types de crédits « consommables » par les adhérents et trois types d’épargnes. (Photo n°7, p.31a)

L’OTIV et la CECAM sont en effet deux réseaux de microfinancement spécifiques de part et d’autre des produits offerts à leurs membres. Elles interviennent dans la commune de Sabotsy Namehana depuis quelques années.

A ce propos, nous allons clarifier le contexte d’intervention de ces deux institutions de microfinance dans la zone étudiée.

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Photo n°7 : La caisse « Tsimiamboholahy » de la CECAM de Sabotsy Namehana

Source : cliché de l’auteur, 2010

La photo montre la caisse de la CECAM de Sabotsy Namehana. En principe, la présence des couleurs blanche et jaune est la particularité du bâtiment de la CECAM. La présence du logo en couleur jaune et verte illustre que le réseau CECAM se collabore avec le réseau de télécommunication Telma (Télécommunication Malagasy).

31a C- Le microfinancement de l’OTIV et de la CECAM : un phénomène encore récent à Sabotsy Namehana. La période d’intervention de l’OTIV et de la CECAM dans la zone d’études n’est pas la même. Toutefois, leur intervention remonte à une période récente.

1- L’année 1996 : première intervention d’une IMF dont l’OTIV 34 L’intervention de l’OTIV à Sabotsy Namehana coïncide avec la période pendant laquelle la microfinance connaît « une phase de développement et de croissance » dans la Grande Ile. Ainsi, comme toute chose a son histoire, nous allons tracer la brève historique de cette IMF dans la zone étudiée à travers les périodes suivantes : - De 1994 à 1995 Pendant cette période, il y avait une organisation paysanne au sein de la région environnante de la province d’Antananarivo, connue sous le nom de : « ROMA »35 qui se trouvait dans les zones suivantes : 36 , 37 et 38 . L’ensemble de ces trois localités a formé le « triangle laitier » c'est-à-dire l’ensemble des zones où le ROMA a opéré. Mais à cette époque, les paysans membres de cette association n’avaient pas suffisamment des moyens aussi bien matériels que financiers pour améliorer la race des vaches laitières ; y inclus le problème d’alimentation et de la santé animale ainsi que l’amélioration génétique. Face à cette situation, les paysans membres de l’association avaient fait appel au ministère de l’élevage. Ce dernier n’avait pas répondu favorablement à l’appel des membres de ROMA. Néanmoins, le ministère par le biais du P.S.E39 (Programme Sectoriel d’Elevage) a accordé une formation comme étant une solution aux paysans pour l’amélioration de leur activité. Après la formation, le problème est en partie résolu, du moins le problème d’ordre technique. Mais le problème financier a beaucoup pesé. Ainsi la question qui se posait à cette époque était comment faire pour multiplier la vache laitière ? - La période 1996 Les paysans membres de ROMA dans la partie nord voulaient étendre l’association dans la région environnante. Sabotsy Namehana a fait partie de la zone ciblée, là où il y avait un membre originaire de cette localité, RAKOTOARISOA Jean Marie. Celui-ci avait l’idée de

34 Enquêtes de l’auteur 35 Ronono Malagasy (litt. Lait malgache) 36 Une localité située au nord de la zone étudiée, plus précisément à 49 km d’Antananarivo sur le long de la route nationale N°3 37 Une localité se trouvant à 30 km d’Antananarivo suivant la Route nationale n°4 38 Une localité située à 45 km d’Antananarivo suivant la Route nationale n°2 39 Branche sous tutelle du Ministère de l’élevage pendant la première période de la Troisième République (1992- 1996) s’occupant de l’élevage de vache laitière 32

« développer » la filière élevage de vache laitière dans la commune. Ainsi, pour résoudre le problème d’ordre financier, il a effectué une porte à porte pour attirer les paysans déjà éleveurs de vache laitière à créer une association capable d’améliorer ou de développer leur activité. Ainsi, une vingtaine d’éleveurs étaient convaincus, et puis ils ont créé une autre association appelée « VATSY ». Pour assurer le bon fonctionnement de cette association, les membres ont versé une part de 3000 fmg 40 chacun. A cette époque, ils ont renforcé la sensibilisation locale afin d’augmenter le nombre des adhérents. La même année, les membres ont connu une nette augmentation. C’est pour cette raison qu’ils ont décidé de changer VATSY en M.E.C (Mutuelle d’Epargne et de Crédit). Par la suite, la M.E.C est devenue OTIV (Ombona Tahiry Ifampisamborana Vola) d’où sa naissance à Sabotsy Namehana, dont le comité fondateur est RAKOTOARISOA Jean Marie. Notons qu’à cette période, l’OTIV comptait 100 membres. Actuellement, l’OTIV à Sabotsy Namehana est une sous agence de l’OTIV Tambatra 41 de la partie nord d’Antananarivo. Puisque l’OTIV est une association, le terme utilisé est donc les suivants : membres ou sociétaires ou adhérents. Lors de nos entrevues avec le responsable régional de ce réseau, le concept « client » n’est pas utilisable au sein de ce réseau du fait que les membres sont tous des propriétaires. Sans doute, l’intervention de l’OTIV à Sabotsy Namehana remonte en une quinzaine d’années. Les principales cibles étaient les paysans agriculteurs et éleveurs.

Après cet aperçu historique de l’OTIV à Sabotsy Namehana, comment était la situation pour le réseau CECAM ?

2- L’année 2004 : ouverture d’une autre institution de microfinance, la CECAM L’intervention de la CECAM dans la zone étudiée a pris un retard de huit ans par rapport à celle de l’OTIV. Mais, à l’échelle nationale, sa période de naissance est identique à celle de l’OTIV. Ainsi, nous allons mettre l’accent sur son origine aussi bien au niveau national que local. a- Le contexte national A l’échelle nationale, l’histoire du réseau CECAM est déjà longue. 42 Il a été créé officiellement en 1993, mais l’expérimentation du crédit avec les paysans a commencé dès la

40 L’équivalent de 600Ar 41 Union des OTIV créée entre 1999-2000 dont le siège se trouve récemment à Andrononobe (limite sud de la commune rurale d’Ankadikely Ilafy) regroupant les caisses d’Ankadikely Ilafy, de Sabotsy Namehana, d’Andrononobe, de Talata Volonondry, , Ankazondandy) 42 Rapport d’Ateliers « Les CECAMs au cœur du développement », Août au Novembre 2007, p 12 33 fin des années 80. En 1989, des paysans du Vakinankaratra 43 avec l’appui de FERT ont créé l’organisation FIFATA pour répondre aux besoins des paysans : l’approvisionnement en intrants, la commercialisation des produits, le crédit….FIFATA a d’abord créé sur les Hautes Terres Centrales les Comités Locaux d’Epargne et de Crédit (CLEC). Toutes les activités de FIFATA ont augmenté rapidement à cette période et très vite, il est devenu difficile à gérer à la fois du crédit, des activités d’approvisionnement en intrants et des activités de commercialisation. Il a été décidé alors de créer une organisation paysanne qui s’occuperait spécialement du crédit, pour mieux le gérer. C’est ainsi qu’est né le réseau CECAM en 1993, coïncidant avec la phase d’émergence des IMFs à Madagascar. Par ailleurs, la loi 44 a changé à cette période, obligeant les organisations paysannes à formaliser leurs activités de crédit. Il s’est d’abord développé sur les Hautes Terres, puis s’est étendu à Bongolava, à Ivon’Imerina, à Itasy, à Sofia. En 2000, des caisses ont été ouvertes dans le Menabe ; en 2002 dans l’Analamanga, et en 2004 au lac Alaotra.

b- Une naissance tardive 45 Dans la région d’Analamanga, l’ouverture des caisses remonte en 2002. Comme tous les autres réseaux de microfinancements, la CECAM priorise dès son intervention le développement du monde rural. Notons qu’en 2002, selon l’INSTAT, 75% de la population malgache résident en milieu rural dont les 89% des ruraux sont des paysans. Face à cette forte proportion du monde paysan, l’URCECAM Analamanga a décidé d’installer des « filiales » au sein de la région. La partie nord de la région fait partie des cibles des responsables. Ainsi, pour le cas de la commune Sabotsy Namehana, l’ouverture de la caisse date de 2004. Les raisons évoquées pour le choix de cette zone sont les suivantes : d’une part la volonté des responsables régionaux et d’autre part la forte demande de la population locale. C’est ainsi que la CECAM a vu le jour en 2004 dans la zone étudiée, connue sous le nom CECAM Tsimiamboholahy. La même année, le réseau compte 150 membres à majorité paysanne. L’intervention de la CECAM a pris un retard de 8 ans par rapport à celle de l’OTIV, d’où sa naissance tardive.

43 Il s’agit de l’actuelle région de Vakinankaratra composée respectivement du district d’Antsirabe I et II, de Betafo, de Faratsiho, d’Antanifotsy, d’Ambatolampy 44 Il s’agit de la loi 96-020 du 04/09/96 concernant les activités et l’organisation des institutions mutualistes (Journal officiel de la République, décembre 1996, pp 3048-3055). Cette loi a pour but de contrôler toutes les catégories d’établissement de crédit dont les institutions de microfinance. La loi 96-020 a été abrogée et une nouvelle loi, spécifique à la microfinance a été adoptée, la loi 2005-016 du 29 septembre 2005. 45 Enquête de l’auteur 34

L’aperçu historique de la microfinance fait ressortir qu’aussi bien à l’échelle nationale que régionale, cette filière remonte à une date assez récente. Deux types de microfinance font surface, ceux de mutualistes et non mutualistes. Sabotsy Namehana bénéficie des institutions de microfinance mutualistes dont l’OTIV et la CECAM. Ces deux IMFs, objet de notre étude, présentent des caractères qui les spécifient des autres, vu à travers les services offerts à leurs membres, tant au niveau de types de crédit que d’épargne. Comme dans l’ensemble de la Grande Ile, le microfinancement de l’OTIV et de la CECAM à Sabotsy Namehana est un phénomène récent.

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Conclusion de la première partie :

Malgré la présence d’un relief varié et accidenté, la commune est pourtant favorable aux activités agricoles. Comme elle se situe à 1250m d’altitude, elle présente un climat tropical d’altitude à deux saisons bien distinctes : une saison pluvieuse de novembre à mars (Température : 20°C au mois en février et Précipitations = 200mm), et une saison sèche d’avril à octobre (Température : 14,6°C au mois de juillet et Précipitations : 9,6mm en septembre). Ainsi, ces caractéristiques physiques constituent un atout pour le développement de la région et ne pourra que favoriser l’intervention de la microfinance. La commune dispose d’une hydrographie « importante » (Imamba), pour les activités agricoles, mais mal maîtrisée surtout pendant les périodes cycloniques.

La commune est jadis divisée en deux : Namehana et Sabotsy. Mais à l’époque coloniale, elle s’est réunie d’où le nom Sabotsy Namehana. Sabotsy Namehana était déjà occupée bien avant l’arrivée du roi Andrianampoinimerina au 18 ème siècle. Cette commune est classée parmi les 12 collines sacrées de l’Imerina.

Sur le plan démographique, la population de la commune de Sabotsy Namehana est jeune avec 43,57% pour les moins de 15 ans. Elle est composée majoritairement de sexe féminin avec un taux d’accroissement naturel de 2,75% soit un doublement de l’effectif d’ici 2036. Elle est aussi inégalement répartie dans l’espace. Certaines zones sont fortement peuplées (densité > 20 000hab/Km 2) à l’exemple d’Antsahatsiresy, d’Andrefantsena, Soaniadanana…..D’autres le sont moyennement (6500hab/km 2 > densité > 2000hab/km 2) comme c’est le cas de Tsarafara, d’Ambodivona, de Namehana, d’Ambatofotsy….Mais il y en a qui sont faiblement peuplées (densité < 2000hab/km 2), cas d’Ambohitrinimanga, de Lazaina….. Ainsi, les caractéristiques humaines de la zone d’études sont également propices à l’utilisation de la microfinance.

Sur le plan économique, diverses activités peuvent être pratiquées dans la commune rurale de Sabotsy Namehana. Mais elle est réputée pour sa vocation agricole. Toutefois, d’autres activités sont en développement considérables. Tout cela nous permet de dire que Sabotsy Namehana présente des atouts économiques favorables à l’installation de la microfinance. Dans la zone d’études, l’OTIV et la CECAM sont les deux IMFs mutualistes qui s’y opèrent, remontant à des dates assez récentes, la première en

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1996 et la seconde en 2004. Ils se caractérisent par les gammes de produits qu’ils offrent à leurs membres. Mais ils ont un but unique à atteindre : le développement rural.

En somme, les particularités physiques et humaines, renforcées par la potentialité économique de la zone d’études sont plutôt favorables à l’intervention de la microfinance dont l’OTIV et la CECAM. Voyons maintenant dans la deuxième partie de ce travail, les impacts de l’OTIV et de la CECAM dans les conditions de vie de leurs membres et dans la commune étudiée.

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DEUXIEME PARTIE : L’OTIV ET LA CECAM, DEUX IMFS « CONCURRENTS », PERMETTANT D’AMERLIORER LES CONDITIONS DE VIE DE LEURS MEMBRES DEUXIEME PARTIE : L’OTIV ET LA CECAM, DEUX IMFs « CONCURRENTS », PERMETTANT D’AMELIORER LES CONDITIONS DE VIE DE LEURS MEMBRES

Premier chapitre : Etude comparative du dynamisme de l’OTIV et de la CECAM vis-à-vis de leurs membres vu à travers les services offerts

Ce chapitre va nous montrer laquelle de ces deux IMFs est la plus dynamique dans la zone d’études. Le concept « dynamique », terme dérivé du grec « dunamis » est synonyme de « force » ; donc de l’activité . Alors, comment se présente le dynamisme ou l’activité de chaque réseau à Sabotsy Namehana ?

I/ L’OTIV, une institution de microcrédit en cours de reconversion à Sabotsy Namehana

Face aux difficultés socio-économiques qui se manifestent essentiellement dans le monde rural par le manque de capital financier et infrastructurel, les 44 adhérents (sur 110 enquêtés) ont trouvé comme solution immédiate l’emprunt au niveau de l’OTIV pour pouvoir financer des projets adéquats à leur besoin. Ces projets tournent au premier rang autour du démarrage et du développement des activités commerciales. Vient ensuite l’amélioration de l’environnement de l’immobilier. A cela s’ajoute de loin la subvention des activités agricoles.

A- Le crédit commercial : un appui fort nécessaire des activités commerciales 1- Une utilisation croissante poussée par la crise de 2009 Le fait d’annoncer que l’OTIV est une institution de microfinance en cours de reconversion n’est pas un simple fruit du hasard. Une utilisation conforme du crédit se définit par l’allocation du crédit dans des activités génératrices de revenu. En 2010, nous observons que sur les 44 ménages membres utilisateurs de crédit de l’OTIV enquêtés, 25 ménages utilisent le crédit commercial, donc non agricole mais à but lucratif, soit une proportion de 56,81%. Ce pourcentage est largement supérieur à celui du niveau régional qui ne représente que 30% 46 de consommation de ce type de crédit. Cette situation peut s’expliquer par les faits suivants: en 2009, la crise politique a entrainé la fermeture de beaucoup d’industries franches. Donc, le nombre de chômeurs a augmenté inexorablement. En 2010, plus de 30 000 ouvriers ont été licenciés dans les

46 Le journal « Taratra » : n° 2392, 11 Janvier 2010, p. 8 38 entreprises de textile et de vêtements 47 . Ce qui a permis aux activités commerciales de se « développer » rapidement. Le développement du commerce formel ainsi qu’informel nécessite des fonds importants pour sa pérennité. Ainsi, les membres de l’OTIV de Sabotsy Namehana ont recours au crédit commercial pour le démarrage et le développement de leurs activités.

2- L’effet « accélérateur » de projet du crédit commercial D’après nos enquêtes, l’emprunt accordé pour la plupart de ces membres c'est-à-dire 14 créditeurs soit 56% du total varie entre 300000 et 500000Ar. Cela permet de quantifier leurs activités. Néanmoins, beaucoup de membres bénéficient de 100000 Ar (le crédit minimum) à 300000 Ar pour financer le démarrage de leurs activités. Ils sont au nombre de 8, soit une proportion de 32% du total. 12% seulement des emprunteurs ont pu percevoir la somme de 500000 à 1000000 Ar, comme nous voyons sur le graphique ci-après.

Graphe n°4 :

Source : Réalisation de l’auteur, 2010

La proximité de la zone d’études par rapport à la Capitale pousse également ces membres à « consommer » ce type de crédit. En d’autres termes, cela leur permet une facilité de circulation des marchandises. A noter également que la commune rurale de Sabotsy Namehana est réputée pour son « marché du samedi » et que, par conséquent le commerce y est très actif. A cela s’ajoute la « modernisation » des infrastructures commerciales dans la commune. (Photo n°8, p.39a)

47 INSTAT : « Enquêtes Prioritaires auprès des Ménages », 2010 39

Photo n°8 : Des infrastructures commerciales « modernisées »

Source : Cliché de l’auteur, 2012

La photo nous montre la « modernisation » des infrastructures commerciales dans le chef lieu de la commune rurale de Sabotsy Namehana. Il s’agit ici d’une uniformisation de tous les bâtiments commerciaux (épicierie, gargotte, hôtel,…etc) jouxtant « le marché du samedi ». L’OTIV a pris part dans cette amélioration.

39a Ce qui confirme la prédominance des activités commerciales dans l’utilisation de crédit auprès de l’OTIV. Ces activités commerciales concernent tout type de commerce entre autres l’épicerie, les gargotes, la vente des produits artisanaux…etc.

B- Le crédit ordinaire et le crédit habitat : deux piliers de la construction Ces deux types de crédit sont appelés aussi crédit non agricole à but non lucratif. Ils intéressent 13 ménages sur les 44 utilisateurs de crédit, soit 29,54% du total. Ils sont classés parmi les crédits à but non lucratif. Ce pourcentage est similaire à celui de l’OTIV Antananarivo car l’utilisation des crédits à but non lucratif y sillonne entre 25 à 30% 48 . Cette situation pourrait s’expliquer par le reflet du début de l’urbanisation dans la zone d’études. Le montant octroyé aux demandeurs dépend de la garantie. Donc, les créditeurs peuvent bénéficier du montant qu’ils souhaitent à condition qu’ils remplissent les exigences de l’OTIV. Nous avons pu recueillir le montant emprunté par ces membres : - sur les 13 membres, 6 ont bénéficié d’un montant variant entre 350000 à 550000 Ar, soit 46,15% du total. Ce montant est destiné à l’usage habituel des membres. Il touche généralement le projet personnel des sociétaires en l’occurrence l’achat des matériels relatifs à l’amélioration de l’habitat (tôle, peinture…) et les articles ménagers (salon, appareils ménagers, matériels électriques…). Il s’agit ici donc d’un prêt pour l’amélioration de l’environnement immobilier des ménages membres. - 30,76% donc 4 membres bénéficient la somme de 550000 à 750000Ar. - les 3 derniers membres ont perçu un montant oscillant entre 750000 et 1200000 Ar, soit une proportion de 23,07%. Ce type de crédit contribue à l’ « embellissement» de leur habitat. Graphe n°5 :

Montants de crédit construction alloués aux membres (en Ariary)

Source : Réalisation de l’auteur, 2010

48 Le journal « Taratra » : n° 2392, 11 Janvier 2010, p. 8

40

Bref, l’action de la microfinance OTIV dans la commune de Sabotsy Namehana ne se limite aux investissements, elle se charge aussi de prêts pour la construction. En effet, le crédit ordinaire et le crédit habitat de l’OTIV ont poussé les membres à se lancer dans le domaine de l’immobilier. Mais comme il s’agit ici d’une stratégie d’intervention à « grande échelle », l’utilisation de ces deux offres nécessite des garanties « assurées ». Ce qui nous permet d’affirmer que les crédits alloués à la construction constituent un caractère sélectif. Les utilisateurs sont surtout des intellectuels (Bacc et plus) qui travaillent dans le secteur public ou privé. Ce sont surtout des salariés ou fonctionnaires qui se trouvent dans des milieux sociaux favorables. Puisqu’on parle ici du domaine de l’immobilier, nous considérons la construction comme une activité à but non lucratif. L’analyse suivante nous montre la faible proportion des utilisateurs de crédit agricole.

C- Une faible demande du crédit paysan 1- Le crédit paysan, une offre peu demandée mais à montant important A Sabotsy Namehana, aussi paradoxal que cela puisse être, on peut voir que la majeure partie des gens qui demandent la subvention n'est pas du tout des agriculteurs. En effet, sur les 44 ménages utilisateurs de crédit, 6 seulement consacrent la demande en crédit aux activités agricoles, soit une proportion de 13,63%. Ce taux est relativement faible par rapport à celui de l’OTIV Antananarivo qui enregistre un taux de 15% 49 . Ce faible pourcentage s’explique d’une part par le fait que les membres de l’OTIV s’entassent aux alentours du chef-lieu de la Commune. En effet, les activités agricoles ne sont pas leurs premières sources de revenus. D’autre part, le crédit paysan présente un risque sur le remboursement au cas où les catastrophes naturelles retardent ou diminuent leur récolte. Toutefois, la somme octroyée aux créditeurs est significative. Ainsi, d’après nos enquêtes, le montant octroyé aux paysans varie entre 100 000 à 700 000 Ar et qui se répartit comme suit : - 2 membres ont perçu un montant entre 100000 et 300000 Ar, soit une proportion de 33,33% ; - 3 membres ont bénéficié d’une somme qui varie de 300 000 à 500 000 Ar, 50% du total ; - 1 membre a obtenu la somme de 700 000 Ar, soit 16,66% des utilisateurs de crédit paysan.

49 Idem 41

Graphe n°6 Répartition des crédits agricoles (en Ariary)

Source : Réalisation de l’auteur, 2010 Bref, le crédit paysan est faiblement demandé. Mais à quels projets orientent-ils leur emprunt?

2- Les projets financés : l’élevage avicole et la riziculture a- Le crédit paysan et l’élevage avicole La filière avicole date des années 90 dans la zone d’études. C’est une activité peu remarquable mais en évolution constante. Durant ces dernières années, la filière avicole est la seule pour laquelle une croissance soutenue a été observée malgré le contexte de crise. Au niveau national, le marché a progressé de 10% au cours des cinq dernières années. Les œufs sont actuellement les sources de protéines les plus accessibles pour la majorité de la population. A Sabotsy Namehana, le secteur avicole connaît également un rythme similaire à celui du niveau national. C'est-à-dire, en 2008, la Commune compte 6616 poulets de chair contre 7110 poules pondeuses. En effet, cette situation s’explique, d’une part par la présence de l’AVITECH dans la zone étudiée depuis 2010, une société à vocation avicole. C’est le plus gros producteur de poussin de chair et le seul producteur local de poules pondeuses. D’autre part, ce développement exponentiel est lié à la présence de l’OTIV et l’offre qui en découle. Toutefois, en matière de microfinance, la situation n’est pas satisfaisante. De ce fait, 3 sur 6 utilisateurs de crédit paysan sont éleveurs de poules pondeuses, soit une proportion de 50%. Cette faible demande de crédit paysan pour la filière poules pondeuses est expliquée par le fait que les charges nécessaires à cette filière sont lourdes et que ce secteur nécessite une formation particulière pour garantir la qualité des produits avicoles. Toutefois, les membres utilisateurs de crédit paysan déclarent avoir une satisfaction de leur projet. (Photo n°9, p.42a) L’analyse suivante sera axée sur l’utilisation de crédit paysan en matière d’agriculture.

42

Photo n°9 : Exemple d’élevage avicole d’un membre de l’OTIV dans le fokontany d’Andrefantsena

Source : Cliché de l’auteur, 2010

La photo nous montre l’élevage des poules pondeuses d’un membre utilisateur de crédit paysan de l’OTIV dans le fokontany d’Andrefantsena. Au premier plan, nous avons aperçu les poulettes. Au second plan se trouvent trois lampes qui approvionnent des lumières indispensables aux poulettes. Et en arrière plan se situent les cages où les poulletes pondent.

42a b- Le crédit paysan et la riziculture A Sabotsy Namehana, 760 Ha 40a sont exploités et surtout cultivées en riz, légumes et tubercules 50 . 95% des surfaces sont occupées par des cultures vivrières dont la riziculture occupe la première place dans le système de culture et dans le paysage agraire. Toutefois, des difficultés qui entravent la production subsistent encore. Ces difficultés sont d’ordre technique, matériel et financier. Justement, l’OTIV réserve une offre adéquate à l’agriculture, notamment pour le riz, l’aliment de base des Malgaches. En effet, parmi les 6 utilisateurs de crédit paysan, 3 ont opté pour ce type d’offre, soit une proportion de 50%. Le crédit est surtout destiné à la préparation des champs de cultures (labour, ….) et à l’achat des engrais chimiques et à l’insecticide. On constate alors une faible demande de crédit paysan pour la filière riziculture. Cette situation est la suite logique de l’insuffisance des choix pour les paysans. En termes d’occupation donc, les membres ne sont pas majoritairement impliqués dans l’agriculture.

Tableau n°5: Tableau récapitulatif de la répartition des membres de l’OTIV selon les crédits utilisés et leurs utilisations Types de crédits les Nombre des Pourcentage (%) Utilisation de chaque type de crédit plus utilisés utilisateurs Le crédit commercial 25 56,82% Démarrage et développement des activités commerciales Le crédit ordinaire et 13 29,54% Equipement et modernisation de le crédit habitat l’immobilier Le crédit paysan 6 13,64% Elevage avicole et riziculture Total 44 100 Source : Enquêtes de l’auteur, 2010 D’après le tableau n°5, 58,82% des utilisateurs de crédit s’orientent vers le domaine commercial, lui octroyant la première place. Ensuite, le crédit ordinaire occupe le deuxième rang avec 29,64% des créditeurs où sont concernés l’équipement et la « modernisation » de l’habitat. A la troisième position se trouve le crédit agricole avec 13,64% des utilisateurs orienté vers l’élevage avicole et la riziculture.

50 Ibidem 43

Tableau n°6 : Répartition des créditeurs de l’OTIV par Fokontany et par activités fokontany créditeurs OTIV Activités (effectif des créditeurs) Ambohinaorina 9 Commerce (5), immobilier (3), riziculture(1) Andrefantsena 10 Commerce (8), immobilier (1), élevage avicole (2) Atsinanantsena 11 Commerce (7), immobilier (4) Beravina 0 ---- Lazaina 0 ---- Manarintsoa 4 Riziculture (2), élevage avicole (1) Soaniadanana 6 Commerce (3), immobilier (3) Tsarafara 4 Commerce (2), immobilier (2) Total 44 Source : Enquêtes de l’auteur, 2010

Ce tableau n°6 nous indique les fokontany des membres créditeurs de l’OTIV. Sur les 44 créditeurs enquêtés, 30 résident dans les fokontany environnants du chef lieu de la commune. Il s’agit respectivement d’Atsinanantsena, d’Andrefantsena et d’Ambohinaorina. Pour les 14 autres créditeurs, ce tableau fait état de leurs fokontany qui se trouvent « en arrière plan » comme Manarintsoa, Soaniadanana, Tsarafara. Selon leur choix, l’utilisation des crédits concerne les activités suivantes: commerce, riziculture, domaine de l’immobilier, élevage avicole. (cf. carte n°5, p.49a)

Ainsi, l’OTIV est une institution de microfinance en cours de reconversion : le crédit commercial surclasse largement le crédit agricole. Les crédits immobiliers quant à eux, prennent une place importante au niveau des ménages membres.

II/ La CECAM, une institution de microcrédit à vocation agricole et rurale préservée

Comme le réseau OTIV, la CECAM offre à la fois des services de crédits et de dépôts. Ainsi, les ménages membres ont largement le choix parmi les services qui leur conviennent. Lors de nos enquêtes, nous avons pu constater que le réseau CECAM mobilise davantage des crédits au secteur agricole. Cette tendance suit la situation à l’échelle nationale car « Avec ses 50 000 membres et un octroi annuel de crédit d’environ 44 milliards de FMG, le réseau des CECAM a atteint une taille significative à l’échelle du développement, tant au regard des standards de la microfinance en Afrique qu’à l’échelle de l’économie agricole et rurale de

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Madagascar »51 . Toutefois, il met également à la disposition des membres d’autres types de crédit. D’une manière plus logique, la CECAM est une institution à majorité paysanne.

A- Le crédit PRO et le GCV : des coups de pouce au secteur agricole L’enquête que nous avons menée confirme que le crédit productif et le GCV sont les produits les plus utilisés par les membres créditeurs de la CECAM. En effet, sur les 26 ménages créditeurs de notre échantillon depuis leur adhésion, 16 déclarent avoir utilisé ces 2 types de crédit agricole, soit une proportion de 61,54% du total.

1- Le crédit PRO : pour produire davantage Offre relative aux activités du secteur primaire, le crédit PRO attire bon nombre des sociétaires du réseau CECAM. Ainsi, 14 sur 16 membres utilisent l’offre PRO. 5 d’entre eux obtiennent une valeur variant entre 100 000 à 300 000 Ar, soit 35,71%. 50% c'est-à-dire 7 sociétaires bénéficient la somme de 300 000 à 600 000 Ar. Et 2 adhérents ont reçu un montant de 600 000 à 4 000 000 Ar. Ce type de crédit est spécialement destiné au secteur agricole à Sabotsy Namehana dont la riziculture, et la filière poulet de chair et poules pondeuses. Pour la riziculture, le crédit PRO assure aux utilisateurs l’achat de matériels et d’engrais agricoles, ainsi que les salaires de la main d’œuvre. Cette offre permet aussi aux éleveurs de poulet de chair d’acheter des engrais et des provendes de bonne qualité, de faire vacciner ses poussins chez le vétérinaire, et d’autres dépenses qui y afférentes (transport, électricité…). Pour la filière poules pondeuses, le crédit PRO permet l’achat de poussins, des soins et des vaccins, pour des vitamines et du calcium, ainsi que des provendes . Graphe n°7 :

Source : Réalisation de l’auteur, 2010

51 CECAM, Union Européenne, Etude d’impact du réseau CECAM : rapport d’étude ; février 2004 45

2- Le crédit GCV : pour mieux valoriser les récoltes Le crédit stockage, nommé généralement GCV est inspiré du grenier communautaire villageois. L’objectif de ce prêt est d’aider les membres cultivateurs à maîtriser le coût de leurs produits depuis la récolte jusqu’à la commercialisation. Cette opération se traduit par le stockage des produits dans un grenier en période de récolte, durant laquelle les cours de produits sur le marché sont relativement bas. Ensuite, on procède au déstockage à des échéances déterminées (généralement en période de soudure) sur la base d’une estimation de la hausse possible du cours des produits. Avant chaque campagne, les membres du Conseil d’Administration de l’URCECAM définissent les normes exigées pour un grenier : sécurité (mur, toiture, ouverture,…) et la distance par rapport à la caisse qui est limitée dans la zone d’intervention de l’URCECAM. Les greniers doivent être soit des bâtiments distincts des habitations, soit des bâtiments contigus aux habitations, mais dont l’accès est contrôlable par une seule porte verrouillée avec deux serrures ou cadenas distincts. Par sécurité, toute autre ouverture doit être condamnée de l’intérieur. Ainsi, parmi les 16 membres enquêtés, 2 affirment avoir utilisé le GCV, soit 12,50% de l’effectif total. Le montant octroyé pour les créditeurs est unique : la valeur de 5 tonnes de paddy par sociétaire. Par ailleurs, le GCV est le crédit unanimement apprécié. Deux intérêts lui sont très largement reconnus : le stockage permet une meilleure valorisation de la production de riz et renforce la sécurité alimentaire des ménages. La capacité à développer des activités économiques avec le crédit obtenu pour le GCV est soulignée, mais beaucoup moins fréquemment que les deux points précédents, notamment parce que les utilisations de ce crédit sont très diverses et plus moins « orthodoxes » par rapport aux règles CECAM (production, mais aussi consommation et remboursement d’autres crédits). Le GCV est aussi apprécié par des membres qui ont une activité de collecteur de produits agricoles et qui utilisent astucieusement le GCV pour augmenter leur capacité de collecte. L’impact méso-économique du GCV est aussi fréquemment souligné : la sécurité alimentaire qu’il permet d’assurer s’étend à l’échelle du groupe, du village, voire de l’ensemble d’une zone. En revanche, la question de l’impact du GCV sur les prix des produits à la soudure reste entière et méritera une analyse plus fouillée. Dans ce panorama général, le réseau CECAM est un acteur de premier plan, de par sa taille et sa vocation agricole affirmée. (Photo n°10, p.46a)

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Photo n°10 : La riziculture de bas fond à Sabotsy Namehana

Source : Cliché de l’auteur, 2010

La photo montre que la commune rurale de Sabotsy Namehana est favorable à la riziculture (au premier plan). Raison pour laquelle le réseau CECAM offre le crédit GCV pour mieux valoriser les récoltes. En arrière plan, la forêt de reboisement limite les parcelles rizicoles.

46a B- Une demande du crédit CCI relativement faible La demande de crédit CCI est relativement faible au sein de la sous-agence CECAM Sabotsy Namehana. Ainsi, sur les 26 créditeurs enquêtés, 8 ont bénéficié de ce type de crédit, soit 30,77% de l’effectif total des utilisateurs de crédit. Par rapport à l’échelle régionale, ce chiffre est aussi relativement faible, car 42,52% des créditeurs ont bénéficié le crédit CCI52 , situation pouvant être expliquée par un manque de sensibilisation des membres créditeurs dans la zone rurale par rapport à ceux de la ville. Cette situation peut également s’expliquer par la vocation agricole préservée du réseau. Toutefois, ces sociétaires utilisant le crédit commercial bénéficient d’une somme non négligeable pour le « développement » de leurs activités. En effet, le montant maximal pouvant offert aux demandeurs se limite à 400 000 Ar au niveau local. D’après nos enquêtes, le montant varie d’un membre créditeur à un autre. Sur les 8 enquêtés, 3 membres ont bénéficié la somme de 100 000 à 200 000 Ar, soit 37,50% du total. 3 autres membres ont reçu un montant variant entre 200 000 à 300 000 Ar, également 37,50% des utilisateurs. Et les 2 membres donc 25% ont encaissé 300 000 à 400 000 Ar. Ce type de crédit, comme on l’a déjà mentionné, finance les activités commerciales à savoir l’épicerie, la gargote, le commerce des produits artisanaux et agricoles.

Graphe n°8 :

Source : Réalisation de l’auteur, 2010

C- Les autres types de crédit, parfois inadaptés aux besoins des membres A Sabotsy Namehana, les offres à but non lucratif n’intéressent qu’une infime partie des membres utilisateurs de crédit du réseau CECAM. Une situation prouvée par nos enquêtes, car parmi les 26 créditeurs, 2 sociétaires seulement ont demandé et ont bénéficié du crédit

52 Regards sur l’impact du réseau, Histoires de vie. Ministère de Finance et du Budget- Ordonnateur National du FED- Madagascar, 2008.pp 48 47 construction, c'est-à-dire 7,69% des utilisateurs de crédit. D’autres types de crédit sont généralement ignorés par les sociétaires. En effet, à l’échelle régionale, les crédits de type à but non lucratif tels le CTR, l’ERM le TRF et le LVM sont demandés par 27,53% 53 des membres, qui sont majoritairement des urbains. Autrement dit, le niveau de vie des membres urbains est relativement supérieur à celui des ruraux. C’est pourquoi, les sociétaires urbains s’intéressent davantage aux crédits à des fins non productifs. A l’échelle locale, la tendance s’est inversée car seuls 2 membres créditeurs s’intéressent au crédit CTR. Cette situation peut s’expliquer par le fait que la zone d’intervention est un milieu rural, là où les membres créditeurs demandent plutôt des crédits à des fins productives que non productives. En d’autres termes, la consommation est primordiale par rapport au confort. Donc, crédits ERI, TRF, LVM sont des gammes de produits inadaptés aux différents besoins de financement des ménages utilisateurs de crédit. Toutefois, 2 ménages créditeurs ont pu obtenir des valeurs importantes. Le premier touche la somme de 300 000 à 600 000 Ar tandis que le second bénéficie d’une valeur de 600 000 à 1 000 000 Ar. Rappelons que le crédit CTR concerne le financement d’une construction ou d’une finition d’une maison d’habitation. Donc, il est classé comme crédit immobilier. D’une manière générale, le crédit du secteur primaire est en pôle position de tous les autres types d’offres de crédit. Le tableau suivant nous montre cette situation. Tableau n°7: Tableau récapitulatif de la répartition des membres de la CECAM selon les crédits utilisés Types de crédits Nombre des Pourcentage (%) Utilisation de chaque type de crédit utilisateurs Le crédit PRO et le 16 61,54% Production et valorisation des activités GCV agricoles Le crédit COI 8 30,77% Rémunération du commerce individuel Les autres types de Amélioration de l’environnement crédit (CTR, LVM, 2 07,69% immobilier TRF, ERM) Total 26 100 Source : Enquêtes de l’auteur, 2010

53 Regards sur l’impact du réseau, Histoires de vie. Ministère de Finance et du Budget- Ordonnateur National du FED- Madagascar, 2008.pp 51

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Le tableau n°7 appelle à l’interprétation suivante : 61,54% des membres utisateurs de crédit enquêtés ont recours aux crédits PRO et le GCV. La première consommation est donc attribuée au secteur agricole. Ensuite, le second rang de consommation est consacré au crédit COI, donc un domaine du secteur tertiaire. La rubrique « autres types de crédit » figure de très loin à la troisième place. Elle concerne la consommation à des fins non productifs.

Tableau n°8 : Répartition des créditeurs de la CECAM par Fokontany et par activités fokontany créditeurs Activités ( effectif des créditeurs) CECAM Ambohinaorina 4 Riziculture (2), grenier (1), élevage avicole (1) Andrefantsena 6 Riziculture (1), grenier (1), commerce (3), élevage avicole (1) Atsinanantsena 3 Riziculture (1), commerce (2) Beravina 2 Riziculture (2) Lazaina 1 Riziculture (1) Manarintsoa 4 Riziculture (3), immobilier (1) Soaniadanana 4 Riziculture (1), commerce (3) Tsarafara 2 Riziculture (1), immobilier (1) Total 26 Source : Enquêtes de l’auteur, 2010 Le tableau n°8 illustre à première vue que les créditeurs de la CECAM se répartissent d’une manière plus ou moins équilibréé en terme de répartition par fokontany, excepté Andrefantsena qui enregistre 6 membres. En ce qui concerne les activités des créditeurs, le secteur agricole (la riziculture et l’élevage avicole) prédomine largement avec une proportion de 61,53%, soit 16 sur 26 créditeurs. Le commerce occupe la deuxième place avec 30,76% c'est-à-dire 8 sur 26 créditeurs. Le secteur de l’immobilier ne touche que 2 membres, soit 7,69% du total. Bref, le réseau CECAM a maintenu et maintient encore sa vocation agricole et rurale préservée, dès son intervention dans notre zone d’études. (cf. carte n°5, p.49a). Aucun des autres types de crédit n’est en position de dépasser l’utilisation des offres allouées au secteur agricole. Néanmoins, il y a d’autres types d’offres consommées mais à une allure faible voire très faible.

D’une manière comparative, le réseau OTIV est plus dynamique par rapport à la CECAM. Ce dynamisme se présente sous deux formes. D’une part, sa reconversion de la vocation en est une preuve tangible. Au départ, de vocation agricole, il s’achemine par la suite 49

49a vers une autre vocation. D’autre part, les services mis à la disposition par ce réseau permettent aux membres de « développer » une multitude de microprojets. Par contre, le réseau CECAM est quasi « statique » dans la mesure où il conserve toujours sa vocation agricole et de ce fait, les autres offres relatives aux activités non agricoles sont peu ou pas consommées par les membres.

Deuxième chapitre : Etude comparative de l’impact de l’OTIV et de la CECAM vis-à-vis de leurs membres à travers les produits offerts

Le concept « impact » est généralement défini comme l’ensemble des changements qui découlent directement ou indirectement d’une action. Cette analyse peut concerner l’individu, sa famille, une entreprise ou l’environnement local ou national, en fonction de plusieurs domaines (économique, social, anthropologique, sanitaire, etc.). En termes d’impact de la microfinance, on s’interroge le plus souvent sur les points suivants: • amélioration des revenus, du patrimoine, du niveau d’épargne des membres • amélioration des conditions de vie pour la population touchée (santé, éducation, etc.) • création d’emploi Comme il s’agit ici d’une étude comparative, nous allons analyser un à un l’impact de la mutuelle de crédit et d’épargne OTIV et de la CECAM auprès de leurs membres aussi bien créditeurs qu’épargnants. Ici, on entend par membres créditeurs ceux qui empruntent auprès de ces deux IMFs en choisissant les types de crédit qui leur conviennent. Cela ne veut pas dire qu’ils n’utilisent pas le service d’épargne car on ne peut pas demander de crédit sans être épargnant. Mais leur principale activité c’est d’emprunter et de rembourser le prêt qui en découle. Par contre, les ménages épargnants quant à eux, désignent les sociétaires qui n’empruntent que dans des cas d’urgences (maladie grave, catastrophe naturelle,...). Ils ont comme activité primordiale, l’épargne.

I/ Les changements positifs apportés par le réseau de microfinancement de l’OTIV

L'OTIV profite à toutes les franges de la population. Ceux qui en sont membres et qui ont un projet à défendre peuvent bénéficier de son crédit.

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A- Des revenus des membres créditeurs nettement augmentés par rapport à ceux des non membres Comme on a déjà évoqué auparavant, l’OTIV est une institution de microfinance apparue dans la zone étudiée suite à l’initiative des paysans pour relancer leurs activités. Force est donc de constater qu’elle joue au départ le rôle prometteur des activités du secteur primaire. Mais actuellement, la tendance s’oriente vers un changement palpable à Sabotsy Namehana. La vocation agricole de cette institution de microfinance mutualiste semble se dégrader. Les crédits destinés au secteur primaire sont relativement supplantés par ceux alloués au secteur d’activités non agricoles, plus particulièrement le commerce. Le revenu des ménages membres enquêtés confirme bien la situation.

1- Des sources de revenus à trois bases fondamentales Il s’agit d’une étude liée aux revenus des membres de l’OTIV utilisateurs de crédit, à partir de laquelle nous tirons une conclusion si l’OTIV constitue un impact positif pour les membres ou non.

Tableau n°9: Revenu moyen des membres créditeurs de l’OTIV enquêtés Source de revenus Montant (en Ar/mois) Part en % Salaire 130 200 21,32 Agriculture/élevage 197 600 32,35 Commerce 210 700 34,50 Loyer 20 300 3,32 Pension 18 000 2,95 Aides 9 000 1,47 Autres 25 000 4,09 Total mensuel 610 800 100 Total annuel 7 329 600 Source : Enquêtes de l’auteur, 2010

Le tableau n°9 nous représente le revenu moyen mensuel des créditeurs de l’OTIV enquêtés. D’après ce tableau, on peut constater le revenu mensuel des ménages qui est de l’ordre de 610 800 ariary. Mais il faut noter que la part de chaque source de revenu n’est pas la même. Le commerce constitue la première source de revenu de la population enquêtée avec une moyenne de 34,50% du total.

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Cette situation s’explique, d’abord par la présence de crédit alloué aux activités commerciales, le crédit commercial. D’après nos enquêtes, beaucoup des membres s’intéressent au commerce sous l’influence de la microfinance. Ce sont surtout les adhérents aux alentours du chef-lieu de la commune qui en consomment, grâce d’une part, à la présence de la Route Nationale n°3 et d’autre part, à l’existence du marché hebdomadaire de Sabotsy. En général, ce sont des hôteliers, des gargotiers, des épiciers, des grossistes qui empruntent et établissent un contrat avec l’OTIV. Parmi ces emprunteurs, certains étaient déjà commerçants auparavant, mais ils veulent augmenter le capital. D’autres sont des « nouveaux affiliés » qui constatent l’impact positif du crédit offert par l’OTIV. Dans un autre point de vue, l’utilisation du crédit commercial est également liée à l’appui communal dans le cadre de l’amélioration des pavillons. C'est-à-dire les commerçants établissent un contrat avec la commune pour les dépenses à la réhabilitation de leur stand. Le crédit commercial (ou le prêt aux très petites entreprises) est destiné à tous les membres tant qu’ils possèdent les garanties nécessaires à l’octroi. Par rapport aux autres crédits, les garanties pour le crédit commercial sont moins pesantes, donc à la portée de tous les membres. Ce domaine est peu exigeant. Pour les concernés, on est son propre patron. Ainsi, ce crédit du secteur tertiaire (regroupe les professions qui ne contribuent pas directement à la production : les activités relevant du commerce, les transports, les « services » divers, l’administration y compris l’armée, les professions libérales) est considéré comme source d’augmentation de revenus des membres de l’OTIV dans la commune de Sabotsy Namehana du fait de son caractère « non sélectif ». Le crédit commercial est un appui fort nécessaire aux activités commerciales. Nous pouvons dire que le secteur tertiaire intéresse beaucoup les sociétaires de l’OTIV. Le domaine du commerce constitue le principal motif des prêts accordés et des projets envisagés. Investir dans le commerce, quel que soit la forme (épicerie, marchandises générales, gargotière, etc.), est jugé le moins difficile, au niveau des procédures administratives, et le moins risqué en termes d’investissements. C’est pourquoi les gens se destinent souvent à ce secteur lorsqu’ils disposent de fonds qui ne sont pas nécessairement énormes. Le développement des activités commerciales signifie en grande partie « développement rural » car il procure des taxes à la commune, source importante de revenus. Le secteur agricole (agriculture et élevage) vient ensuite avec 32,35%. Les membres de l’OTIV pratiquent l’agriculture comme second emploi, vu que la zone d’études est une région à haute potentialité agricole.

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Ainsi, cette mutuelle de crédit et d’épargne offre un seul type de crédit destiné aux activités agricoles : le crédit paysan. C’est un crédit phare du secteur d’activité primaire : l’élevage et l’agriculture. Par rapport au niveau régional, cette proportion est relativement inférieure car le crédit alloué au secteur primaire est de 34% 54 . Dans le domaine de l’élevage la commune de Sabotsy Namehana est propice à l’élevage avicole et à l’élevage de vache laitière même si cette dernière est encore peu maîtrisée par la population de Sabotsy Namehana en général. Toutefois, l’aviculture commence à prendre part dans les activités pourvoyeuses de revenu des membres. L’exemple ci-après nous montre l’importance du crédit paysan de l’OTIV.

Tableau n°10: Compte d’exploitation (en Ar) d’un éleveur de poules pondeuses, membre de l’OTIV Charges Montants Apports membres Crédit OTIV Achat de 100 poussins 80 000 20 000 60 000 (*) Soins 700 000 648 000 52 000 Vaccins 160 000 40 000 120 000 Vitamines et calciums 120 000 70 000 50 000 Provendes (**) 6 249 600 6 049 600 200 000 Intérêt OTIV (18%) 56 160 - - TOTAL 7 365 760 6 827 600 482 000 Source : Enquêtes de l’auteur, 2010 (*) : Un poussin vaut 800 Ar sur le marché. (**) : + 0 semaine - 4 semaines = 60 g /jour /poussin et le prix des provendes est de 600Ar/kg. Pour les 100 poussins cela vaut 0,06 x 28 x 100 x 600Ar = 100 800Ar + 4 semaines - 4 mois = 80g/jour/ poulettes. Pour les 100 poulettes =0,08 x 90 x 100 x 600Ar = 324 000Ar + 4 mois – 18 mois = 120 g / jour / poulettes Pour les 100 poulettes = 0,12 x 360 x 100 x 600Ar = 2 592 000Ar Au total pendant une année et demie le coût de provendes vaut 6 249 600Ar

54 Le journal « Taratra », « Tsy Niantraika loatra tamin’ny Otiv ny krizy », n°2392 du 11-01-10, p8

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Il est à noter que les provendes pendant l’année sont financés en grande partie par l’intéressé car il reçoit mensuellement un loyer de 50 000Ar soit 600 000Ar annuellement pour la location d’une partie de son terrain pour en faire des rizières et d’une maison reçue en héritage de ses parents. Et les autres charges sont financées par le crédit paysan octroyé par l’OTIV entre autres l’achat des poussins et les soins. Les poulettes commencent à pondre à partir de 6 mois jusqu’à 18 mois soit pendant 360 jours en moyenne.

En ce qui concerne le revenu salarial des enquêtés, il remonte à 130 200 Ar/mois, soit 1 562 400 Ar/an, contre 82 600 Ar/mois pour l’ensemble de Madagascar, soit 991 000 Ar/an 55 . Ainsi, les membres enquêtés enregistrent un revenu largement supérieur par rapport au seuil d’Analamanga qui est de 1 319 000 Ar/an 56 . En outre, compte rendu de l’importance de l’OTIV, bon nombre de ménages enquêtés profite d’un revenu venant du loyer. En fait, le loyer fournit les 3,32% de leur revenu tandis que la pension et les aides représentent respectivement 2,95% et 1,47%. La rubrique « autres » est l’ensemble des autres sources de revenu comme le transport…etc. Ils fournissent 4,09%. En somme, le tableau n°9 montre que l’utilisation du crédit de l’OTIV contribue au « développement rural » à première vue. Excepté le salaire, la valeur des autres sources de revenus en témoigne.

Si tel est le revenu moyen des membres enquêtés, comment se présente celui des non membres ?

2- Des revenus des non membres basés sur le salaire et l’agriculture/élevage Il s’agit ici d’analyser les revenus des ménages non membres des IMFs enquêtés, à partir duquel nous tirons une conclusion si leur non adhésion est significative ou non.

55 INSTAT, EPM 2005, p25 56 Idem 54

Tableau n°11: Revenu moyen des ménages non membres de deux institutions enquêtés Source de revenus Montant (en Ar/mois) Part en % Salaire 155 000 30,36 Agriculture/élevage 165 800 32,48 Commerce 90 000 17,63 Loyer 60 000 11,75 Pension 17 500 3,43 Aides 5 200 1,02 Autres 17 000 3,33 Total mensuel 510 500 100 Total annuel 6 126 000 Source : Enquêtes de l’auteur, 2010

Ce tableau n°11 fait appel à l’interprétation suivante : le revenu moyen mensuel des non membres des IMFs enquêtés est de l’ordre de 510 500 Ar. La combinaison Agriculture/élevage constitue la première source de revenu des enquêtés avec une moyenne de 32,48% du total. Cela peut s’expliquer par le fait que la Commune rurale de Sabotsy Namehana est à caractère rural et à vocation agricole. Donc, la prédominance de l’activité agricole montre bien la réalité. La base de l’économie des ménages non membres est le secteur primaire.

Ensuite, le salaire figure au second rang avec une proportion de 30,36% du total. Remarquons que d’après nos enquêtés, parmi ces non membres, il y a des salariés (publics et/ou privés). Ainsi, le salaire est une source importante de leur revenu. En outre, le commerce prend la troisième place avec 17,63% du total. Cette situation s’explique par le développement des activités commerciales de toutes sortes. A cela s’ajoute également l’influence du marché hebdomadaire dans la Commune.

Le loyer constitue la quatrième source de revenu des ménages avec 11,75%. Les autres sources de revenu (« Autres », pension, aides) sont moins importantes, mais non négligeable. Dans l’ensemble, elles constituent 7,78% du total. Alors la question qui mérite réflexion est de savoir pourquoi ces ménages refusent d’adhérer ?

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Tableau n°12: Causes de la non adhérence (enquêtes sur les 60 non membres) Causes Total Pourcentage (%) Manque de sensibilisation et d’information 22 36,66 Pauvreté 10 16,66 Doute et peur 06 10 Lourdeur administrative 05 08,33 Manque de temps 04 06,66 Inutilité 03 05 Escroquerie 03 05 Eloignement 03 05 Vieillissement 02 03,33 Ignorance 02 03,33 Ensemble 60 100 Source : Enquêtes de l’auteur, 2010 D’après le tableau n°12, le manque de sensibilisation et d’information (36,67%), l’ignorance (3,33%), l’éloignement (3,33%) résultent du fait que selon les enquêtés des zones éloignées quand les agents des IMFs font leur campagne de sensibilisation, ils ne vont pas dans les fokontany isolés. Ils se contentent de faire leur travail dans les fokontany proches. Alors, ce sont seulement ceux qui passent pour acheter ou vendre à Sabotsy qui ont la chance d’être sensibilisés. Quant à la pauvreté (16,66%), elle ne permet pas aux couches les plus démunies, d’emprunter, faute de garantie. Le doute et la peur (10%), l’inutilité et l’escroquerie (5%) proviennent sans doute du niveau intellectuel très bas. La lourdeur administrative (8,33%) constitue également l’une des causes ainsi que l’âge avancée de la personne enquêtée (3,33%).

Bref, seuls les instruits et ceux qui possédaient déjà un capital de départ profitent de la microfinance.

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Tableau n°13: Comparaison des sources de revenu et ses valeurs mensuelles entre les membres créditeurs de l’OTIV et les non membres Montant en Ar/mois

Source de revenu Créditeurs Non Différence en Ar/mois de membres l’OTIV Commerce 210 000 90 000 +120 000 Agriculture/élevage 197 600 165 800 +31 800 Salaire 130 200 155 000 -24 800 TOTAL (mensuel) 537 800 410 800 127 200 Source : Enquêtes de l’auteur, 2010

D’après le tableau n°13, les membres de l’OTIV ont comme principales sources de revenu le commerce, l’agriculture/élevage et le salaire. Tandis que les non membres tirent leur revenu de l’agriculture/élevage, le salaire et le commerce. En effet, on observe un écart de 127 200 Ar/mois de revenu entre les membres et les non membres. Le secteur commercial et l’agriculture/élevage sont les points forts du gain des membres de l’OTIV. Toutefois, le salaire des non membres devance d’un montant de 24 800 Ar à celui des membres. En définitif, les non membres des IMFs enregistrent un revenu inférieur par rapport aux ménages membres de l’OTIV (soit 510 500 Ar contre 610 800 Ar). L’écart est donc significatif entre les ménages membres et non membres. Toutefois, les non adhérents n’ont pas des dettes en vue. Pourquoi ils ne préfèrent pas adhérer aux IMFs, notamment l’OTIV et la CECAM ? Sont-ils satisfaits de leur situation ? Dans la troisième partie, nous allons apporter quelques précisions à ce propos.

B- Un niveau d’épargne contrasté des membres créditeurs de l’OTIV et des non membres Pour bien élucider ce contraste au niveau d’épargne, il est important d’étudier les dépenses des enquêtés afin d’en tirer une conclusion sur le niveau d’épargne des membres et des non membres.

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1- Les dépenses des créditeurs de l’OTIV, facteurs d’épargne Tableau n°14: Les dépenses moyennes des créditeurs de l’OTIV enquêtés selon les postes Postes de dépenses Valeur/mois (en Ariary) % Alimentation 305 000 59,86 Scolarisation 45 000 8,83 Habillement 19 600 3,85 Combustible 23 400 4,60 Santé 13 300 2,61 Eclairage et Eau 34 500 6,77 Transport 30 200 5,93 Communication 13 500 2,65 Logement 12 000 2,35 Obligations sociales/Autres 13 000 2,55 Moyenne mensuelle 509 000 100 Dépense annuelle 6 114 000 100 Source : Enquêtes de l’auteur, 2010

D’après le tableau n°14, l’alimentation occupe la première place en matière de dépenses pour la majorité des enquêtés soit 305 000 Ar en moyenne (par mois) soit 59,86% du revenu. Cette réalité suit bien la loi d’Engel : « (…) Plus un ménage est pauvre, plus grande est la part de sa dépense totale qu’il est amené à utiliser pour se nourrir . (…) Plus les ressources d'un ménage sont faibles, plus sa dépense alimentaire occupe une fraction élevée de son revenu. »57 . C’est-à-dire si la dépense en alimentation prédomine, la commune appartient, sans doute à un pays pauvre. Les dépenses scolaires, largement inférieure à celle de la nourriture viennent au second rang avec 8,83% du total. Néanmoins, ce phénomène nous montre que les ménages ruraux commencent à prendre conscience de l’importance de l’éducation. Cette situation des dépenses met en exergue que les autres besoins (santé, éclairage et eau, loyer, frais de déplacement…) restent marginaux. L’argent destiné à ces autres types de dépenses n’occupe qu’une faible part dans le portefeuille des enquêtés.

57 Ernst Engel (1821-1896) Économiste et statisticien allemand. Il est connu pour les principes qu'il tira de son étude des budgets familiaux belges et qui concernent les fluctuations de la demande en fonction des revenus. In « Sociologie de la consommation » Nicolas Herpin, Edition La Découverte, Paris, 2004 p. 19

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Tableau n°15: Bilan budgétaire des ménages créditeurs de l’OTIV Membres créditeurs de l’OTIV MENSUEL ANNUEL Revenu 610 800 7 329 600 Dépenses 509 000 6 108 000 Epargnes + 101 800 + 1 221 600 Source : Enquêtes de l’auteur, 2010 Avec cette large différence de revenu et des dépenses, les ménages membres de l’OTIV peuvent se permettre de faire de l’épargne avec 101 800 Ar par mois (soit 1 221 600 Ar/an). En général donc, l’épargne existe au niveau des membres de l’OTIV, car la dépense mensuelle totale des sociétaires (soit 509 000 Ar) est inférieure au revenu mensuel total (soit 610 800 Ar). En effet, grâce à la microfinance, ces adhérents ont la possibilité de procéder à l’épargne. Le commerce et l’agriculture sont surtout ses principales sources d’épargne. Bref, l’OTIV améliore la situation d’épargne de ses membres.

2- Des ménages non membres assez gaspillant A première vue, l’écart entre le revenu et la dépense annuelle des ménages membres de l’OTIV et ceux des non membres se creuse. Tableau n°16 : Les dépenses moyennes des non membres de deux IMFs enquêtés Postes de dépenses Valeur/mois (en Ariary) % Alimentation 250 000 51,84 Scolarisation 27 500 5,70 Habillement 19 200 3,98 Combustible 37 000 7,67 Santé 9 700 2,01 Eclairage et Eau 25 000 5,18 Transport 21 500 4,46 Communication 5 000 1,04 Logement 65 000 13,48 Obligations sociales/Autres 22 300 4,62 Moyenne mensuelle 482 200 100 Dépense annuelle 5 786 400 100 Source : Enquêtes de l’auteur, 2010

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D’après ce tableau n°16, l’alimentation prédomine dans les dépenses des ménages non membres de ces IMFs, fait qui n’est pas étonnant dans les pays en voie de développement. Elle occupe 51,84%, soit une valeur de 250 000 Ar en moyenne (par mois). La loi d’Engel 58 est une nouvelle fois vérifiée. La dépense allouée au logement figure à la deuxième place, avec 65 000 Ar en moyenne soit 13,48% des dépenses mensuelles moyennes. Les besoins en combustible se placent au troisième rang car ils avoisinent 37 000 Ar, soit 7,67% du total. Les dépenses liées à l’éducation prennent une moindre importance avec une proportion de 5,70% (27 500 Ar). Pour les autres dépenses (habillement, santé, éclairage et eau, transport, communication…), les ménages enquêtés n’en ont pas réservés des sommes importantes. Tableau n°17 : Tableau comparatif du bilan budgétaire des membres créditeurs de l’OTIV et des non membres MENSUEL ANNUEL Membres de l’OTIV Non membres Membres de l’OTIV Non membres Revenu 610 800 510 500 7 329 600 6 126 00 Dépenses 509 000 482 200 6 108 000 5 786 400 Epargnes + 101 800 + 28 300 + 1 221 600 + 339 600 Source : Enquêtes de l’auteur, 2010 Avec cette large différence en matière de revenu (tableau n°17, p.60), les membres de l’OTIV peuvent se permettre de faire de l’épargne considérable avec 101 800 Ar, soit une épargne mensuelle 3 fois plus à celle des non membres avec 28 300 Ar. En général donc, l’épargne existe au niveau des membres de l’OTIV et des non membres, mais une épargne contrastée, car la dépense mensuelle totale des sociétaires de l’OTIV (soit 509 000 Ar) est inférieure au revenu mensuel total (soit 610 800 Ar). Par contre, du côté des non membres, le niveau d’épargne est quasi-faible.

C- Des revenus et dépenses relativement faibles des épargnants par rapport à ceux créditeurs et relativement élevés par rapport à ceux des non membres Dans cette sous-section, il est question de savoir la situation économique des ménages membres de l’OTIV qui se divise, a-t-on rappelé, en deux catégories : les ménages créditeurs et les ménages épargnants. Comme on a déjà analysé les revenus et dépenses des membres utilisateurs de crédit, nous allons donc étudier ceux des ménages épargnants c'est-à-dire les

58 « La part de la propension à consommer croît avec la pauvreté » 60 membres qui ne choisissent qu’épargner leur argent. Il est aussi important de mentionner les types d’épargne les plus consommés au niveau de cette institution.

1- Des revenus des épargnants à un niveau relativement bas par rapport à ceux des créditeurs Tableau n°18 : Revenu moyen des épargnants de l’OTIV enquêtés Source de revenus Montant (en Ar/mois) Part en % Salaire 146 000 25,28 Agriculture/élevage 175 500 30,39 Commerce 184 000 31,86 Loyer 19 500 3,37 Pension 20 000 3,46 Aides 10 500 1,81 Autres 21 900 3,79 Total mensuel 577 400 100 Total annuel 6 928 800 100 Source : Enquêtes de l’auteur, 2010

D’après le tableau n°18, on constate que le commerce prend la tête, soit 184 000 Ar du total moyen mensuel ou 31,86%. Cette situation confirme encore une fois que l’OTIV est une institution en cours de reconversion de la vocation. Le commerce est suivi de très près par la combinaison agriculture/élevage avec 30,39% ou un montant de 175 500 Ar du revenu moyen. A la troisième place figure le salaire avec un montant moyen mensuel de 146 000 Ar ou 25,28% du total. Le loyer, la pension, les aides, et la rubrique « autres » ne représentent que de faible proportion avec respectivement 3,37%, 3,46%, 1,81%, et 3,79% Au total, les ménages épargnants membres de l’OTIV ont un revenu moyen mensuel de 577 400 Ar. Car il s’agit ici d’une étude comparative, ce montant est relativement élevé par rapport à celui des ménages non membres, qui est de l’ordre de 510 500 Ar (cf. tableau n°11, p.55). Mais si on le compare avec celui des ménages créditeurs, ce montant est relativement faible car les créditeurs enquêtés bénéficient d’un revenu moyen mensuel de 610 800 Ar. (cf. tableau n°9, p.52)

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Tableau n°19 : Bilan budgétaire des épargnants de l’OTIV enquêtés Epargnants de l’OTIV MENSUEL ANNUEL Revenu 557 400 6 928 000 Dépenses 494 900 5 938 800 Epargnes + 82 000 + 990 000 Source : Enquêtes de l’auteur, 2010

On peut tirer à partir du tableau n°19 que l’épargne des ménages épargnants de l’OTIV atteint mensuellement 82 000 Ar. Par rapport à l’épargne des créditeurs (cf. tableau n°15, p.59), ce montant est relativement faible. Mais en comparaison avec celle des non membres (cf. tableau n°17, p.60), il dépasse presque trois fois plus. Cela signifie que ses membres épargnants ont sans doute la possibilité d’épargner leur argent. Mais quels sont les types d’épargnes les plus utilisés par les membres épargnants ? A rappeler que l’OTIV offre quatre types d’épargne à savoir l’épargne à vue, l’épargne spécialisée, l’épargne à terme, le dépôt direct. Mais ce dernier n’est pas encore opérationnel. Donc les ménages épargnants peuvent choisir de gré le type d’épargne qui leur convient. Graphe n°9 :

Source : Réalisation de l’auteur

Le graphe n°9 nous montre que l’épargne spécialisée tient le premier rang en matière d’utilisation des membres avec 53,03% de l’effectif total ou 35 ménages épargnants. Cela est dû d’une part par le dépôt minimum (100 000 Ar) qui est jugé abordable par les épargnants ; et d’autre part par son taux d’intérêt qui atteint 3%/an.

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L’épargne à terme intéresse 33,33% ou 22 épargnants. Ce type d’épargne est le plus rémunéré avec un taux de 4,5 à 6% /an. Mais le dépôt minimum (200 000 Ar) et sa condition qui est soumise à un contrat de placement entravent encore certains ménages à l’utiliser. L’épargne à vue ne représente que 14,64% ou 9 épargnants. Situation pouvant s’expliquer par sa spécificité, taux d’intérêt 0%. Toutefois, l’épargnant peut retirer son argent à tout moment et sans condition.

Bref, les membres épargnants de l’OTIV se disent satisfaits des épargnes qu’ils ont utilisées. Seulement leurs recommandations tournent plutôt vers les services crédits qui ne devraient pas être trop sélectifs (taux d’intérêt, les différentes procédures à suivre, les garanties,….). 2- Des dépenses des épargnants relativement raisonnables par rapport à celles des non membres

Tableau n°20: Les dépenses moyennes des épargnants de l’OTIV enquêtés Postes de dépenses Valeur/mois (en Ariary) % Alimentation 295 000 59,60 Scolarisation 46 500 9,39 Habillement 18 900 3,81 Combustible 22 300 4,50 Santé 12 900 2,60 Eclairage et Eau 33 600 6,78 Transport 29 500 5,96 Communication 12 500 2,52 Logement 11 500 2,32 Obligations sociales/Autres 12 200 2,46 Moyenne mensuelle 494 900 100 Dépense annuelle 5 938 800 100 Source : Enquêtes de l’auteur, 2010

D’après le tableau n°20, la part de l’alimentation dans les dépenses est élevée, car avoisine 59,60% du total moyen mensuel. Cette situation, typique des ménages aussi bien urbains que ruraux des pays en voie de développement, est similaire avec celle des ménages créditeurs de l’OTIV et/ou des ménages non membres.

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La scolarisation occupe de très loin la deuxième source de dépenses des ménages épargnants. Celle-ci représente 9,39% des dépenses moyenne mensuelle Cela signifie qu’épargner c’est prévoir c'est-à-dire les ménages épargnants ont le souci de l’avenir de leur enfant. En ce qui concerne les autres sources de dépenses comme l’habillement, le combustible, la santé,…, les ménages épargnants enquêtés ne réservent que des faibles montants. Au total donc, 494 900 Ar est le montant moyen mensuel dépensé par les ménages épargnants de l’OTIV. Mais, par rapport à celui des ménages créditeurs avec un montant moyen mensuel de 509 000 Ar (cf. tableau n°14, p.58), il y a un écart d’un montant de 14 100 Ar. Et si on le compare avec celui des ménages non membres dépensant 482 200 Ar (cf. tableau n°16, p.59), il devance avec la somme moyenne mensuelle de 12 700 Ar, qui est déjà une valeur significative. Bref, des changements positifs de l’OTIV s’observent au niveau de ses sociétaires. L’OTIV permet à de nombreux ménages de mieux gérer l’épargne. Elle leur permet d’éviter les consommations futiles et ainsi le revenu n’est pas totalement dépensé. Quand l’épargne est suffisamment volumineuse, les ménages pensent à s’investir, même sans l’intermédiaire des financements . Toutefois, ils présentent des contrastes car les ménages créditeurs tirent davantage des bénéfices par rapport aux ménages épargnants. Malgré tout, les impacts sont palpables aux niveaux des deux catégories des ménages. La situation des ménages non membres prouve d’ailleurs cette tangibilité des impacts de l’OTIV vis-à-vis de ses membres à travers les services offerts.

Si tel est l’impact de l’OTIV vis-à-vis à ses sociétaires aussi bien créditeurs qu’épargnants vue à travers les services offerts, comment est-il pour le réseau CECAM ?

II/ La CECAM, une aide financière utile pour le monde rural

L’objectif principal du réseau CECAM reste le financement de l’agriculture, mail il y a beaucoup d’activités rurales non agricoles qui se développent et qu’il faut financer. La règle des collèges garantit que les agriculteurs resteront majoritaires dans les conseils d’administration du CECAM 59 . Donc, il n’y a pas trop de risque que le réseau perd sa vocation agricole. Le réseau est un outil pour les paysans, une locomotive du développement rural. A Sabotsy Namehana, l’objectif dès sa mise en place reste maintenu par le réseau, c'est- à-dire sa vocation agricole où le financement de l’agriculture intéresse beaucoup les sociétaires. En d’autres termes, les membres de la CECAM sont en majorité des paysans. Néanmoins, le

59 Cahier de charge 64 réseau CECAM finance aussi les activités non agricoles. Il met à la disposition de ses membres différents types de crédits alloués à la construction, aux activités du secteur secondaire et tertiaire. En effet, parmi les types de produits de ce réseau, le crédit PRO et le GCV sont les plus demandés. Ce sont deux offres convenables aux activités agricoles.

A- Un apport de ressources significatif pour l’économie des membres

1- Des revenus des créditeurs de la CECAM qui s’améliorent

Tableau n°21: Revenu moyen des créditeurs de la CECAM enquêtés Source de revenus Montant (en Ar/mois) Part en % Salaire 110 000 18,46 Agriculture/élevage 285 000 47,82 Commerce 140 000 23,49 Loyer 22 500 3,44 Pension 20 000 3,35 Aides 9 500 1,59 Autres 11 000 1,84 Total mensuel 596 000 100 Total annuel 7 152 000 100 Source : Enquêtes de l’auteur, 2010

Le tableau n°21 nous représente le revenu moyen mensuel des membres du CECAM enquêtés. D’après ce tableau, on peut constater le revenu mensuel des ménages qui est de l’ordre de 596 000 Ariary. Les membres de la CECAM enquêtés ont pour première source de revenu l’agriculture et l’élevage avec une moyenne de 47,82%. Une situation prouvée car depuis 1996, la CECAM devient le premier fournisseur de crédit aux agriculteurs 60 . Pour montrer l’impact de l’utilisation de ce type de crédit, nous avons pris à titre d’illustration un agriculteur membre du réseau CECAM, utilisateur du GCV. D’après nos enquêtes, pour 1 tonne de paddy à la récolte (en mai, le prix de vente de paddy est de 300 Ar/kg), le membre touche un prêt de 200 000 Ar et revend sa tonne de paddy stockée, 5 mois après, à 600 Ar/kg, ce qui lui procure un gain de 370 000 Ar (bénéfices de la vente du

60 FRASLIN (JH) « Quel crédit pour les agriculteurs ? », In revue économique de Madagascar, n°2, Banque centrale/INSTAT, Antananarivo, 1997. 65

∗ stock dont on a soustrait les intérêts) au lieu de 300 000 Ar qu’il aurait gagné en vendant sa récolte, soit quasiment une augmentation de son gain de 70 000 Ar. Au second rang se trouve le commerce avec une moyenne de 23,49%, soit un montant de 140 000 Ar. Cela peut s’expliquer par la demande relativement faible du crédit COI. La troisième place est occupée par le salaire avec une moyenne de 18,46% du total. Et les autres sources de revenu et la rubrique « autres » sont d’une moindre importance oscillant de 1,59% à 3,44% du total.

2- Des non membres à revenus « marginaux »

Comme ce chapitre nous montre l’étude comparative de l’impact de l’OTIV et de la CECAM à leurs membres, nous avons pris en effet les revenus des ménages non membres déjà étudiés dans la partie « Des revenus des ménages membres de l’OTIV nettement augmentés par rapport à ceux des non membres ». (cf. p.51)

Tableau n°22: Revenu moyen des non membres de deux institutions enquêtés Source de revenus Montant (en Ar/mois) Part en % Salaire 155 000 30,36 Agriculture/élevage 165 800 32,48 Commerce 90 000 17,63 Loyer 60 000 11,75 Pension 17 500 3,43 Aides 5 200 1,02 Autres 17 000 3,33 Total mensuel 510 500 100 Total annuel 6 126 000 100 Source : Enquêtes de l’auteur, 2010

Le tableau n°22 nous fait appel à l’interprétation suivante : le revenu moyen mensuel des non membres enquêtés est de l’ordre de 510 500 Ar. La combinaison Agriculture/élevage constitue la première source de revenu des enquêtés avec une moyenne de 32,48% du total. Cela peut s’expliquer par le fait que la Commune rurale de Sabotsy Namehana est à caractère rural et

∗ Prix de vente : 600Ar x 1000kg= 600 000Ar ; la somme empruntée est de 200 000Ar avec un taux d’intérêt de 3% mensuel. Ainsi, 600 000Ar – 200 000Ar – 3000Ar= 370 000Ar 66

à vocation agricole. Donc, la prédominance de l’activité agricole montre bien la réalité. La base de l’économie des ménages non membres est le secteur primaire. Ensuite, le salaire figure au second rang avec une proportion de 30,36% du total. Remarquons que d’après nos enquêtés, parmi ces non membres, il y a des salariés (publics et/ou privés). Ainsi, le salaire est une source importante de leur revenu. En outre, le commerce prend la troisième place avec 17,63% du total. Cette situation s’explique par le développement des activités commerciales de toutes sortes. A cela s’ajoute également l’influence du marché hebdomadaire dans la Commune. Le loyer constitue la quatrième source de revenu des ménages avec 11,75%. Les autres sources de revenu (« Autres », pension, aides) sont moins importantes, mais non négligeable. Dans l’ensemble, elles constituent 7,78% du total. Ainsi, une question se pose : Que peut-on dire des revenus des membres et des non membres de la CECAM ? De prime abord, l’écart est palpable au niveau des revenus moyen mensuel : 596 000 Ar pour les membres contre 510 500 Ar pour les non membres. Ce qui nous permet de sortir une différence de 85 500 Ar revenu moyen mensuel, soit 1 026 000 Ar l’année. Ensuite, la première source de revenu est l’agriculture et l’élevage pour les membres et les non membres. Toutefois, des contrastes méritent d’être signalés au niveau du montant moyen mensuel. Les membres perçoivent en moyenne 285 000 Ar contre 165 800 Ar pour les non membres, soit une différence de 119 200 Ar/mois. Enfin, le fossé se creuse également au niveau du commerce car les membres ont reçu un montant moyen annuel de 140 000 Ar contre 90 000 Ar pour les non membres, soit un écart de 50 000 Ar. Seulement au niveau de la rubrique « salaire » que les non membres prennent une relative avantage avec 155 000 Ar contre 110 000 Ar, soit 45 000 Ar de plus.

Tableau n°23: Comparaison des sources de revenu et ses valeurs mensuelles entre les membres créditeurs et les non membres Montant en Ar/mois

Source de revenu Membres de la CECAM Non membres Différence en Ar/mois Salaire 110 000 155 000 - 45 000 Agriculture/élevage 285 000 165 800 +119 200 Commerce 140 000 90 000 +50 000 TOTAL (mensuel) 535 500 410 800 124 200 Source : Enquêtes de l’auteur, 2010 67

En somme, le réseau CECAM est un apport des ressources significatif pour l’économie des ménages membres. Il peut être un facteur de développement : atténuante de pauvreté et génératrice de revenu.

B- La CECAM, un service rénovateur d’épargne de ses membres 1- Les dépenses des créditeurs de la CECAM, favorables à l’épargne

Tableau n°24 : Les dépenses moyennes des créditeurs de la CECAM enquêtés Postes de dépenses Valeur/mois (en Ariary) % Alimentation 298 000 58,64 Scolarisation 28 500 5,60 Habillement 20 000 3,93 Combustible 43 100 8,48 Santé 25 700 5,05 Eclairage et Eau 19 000 3,74 Transport 23 000 4,52 Communication 18 900 3,72 Logement 20 000 3,93 Obligations sociales/Autres 12 000 2,36 Moyenne mensuelle 508 200 100 Dépense annuelle 6 098 400 100 Source : Enquêtes de l’auteur, 2010

Le tableau n°24 nous montre que l’alimentation figure au premier rang de dépenses pour la majorité des enquêtés soit 298 000 Ar en moyenne par mois, soit 58,64% du revenu. Situation typique des ménages des pays sous-développés, elle est prioritaire pour les ménages pauvres. Les dépenses en combustible occupent de très loin la deuxième place avec 8,48% du revenu soit 473 100 Ar du revenu total. La scolarisation (5,60%) et la santé (5,05%) ne sont pas encore dans les rangs des prioritaires pour les ménages membres avec un montant respectif de 27 500 Ar et 27 000 Ar du total. Les autres dépenses ne dépassent pas 4,66% soit en moyenne un montant de 25 000 Ar.

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Tableau n°25: Bilan budgétaire des créditeurs de la CECAM Créditeurs de la CECAM MENSUEL ANNUEL Revenu 596 000 7 152 000 Dépenses 508 200 6 098 400 Epargnes + 87 800 + 1 053 600 Source : Enquêtes de l’auteur, 2010 En général donc, l’épargne existe car la dépense moyenne mensuelle totale (soit 508 200 Ar) est inférieure au revenu mensuel total (soit 596 000 Ar). En effet, les ménages membres enquêtés ont une épargne mensuelle de 87 800 Ar. Outre la présence de la microfinance, lors de nos enquêtes, beaucoup de facteurs interviennent dans la réussite économique de ces ménages membres de la CECAM. La combinaison agriculture-élevage et commerce est le facteur favorisant l’existence de l’épargne au niveau de ces ménages. Bref, le réseau de microfinancement CECAM est un élément favorable rénovant la situation d’épargne de ses membres. Si telles sont les dépenses et les épargnes des ménages membres de la CECAM, comment sont-elles par rapport à celles des non membres ? Et quelles conclusions pouvons-nous en tirer ? 2- Des dépenses des non membres peu fructifiées Parce qu’il s’agit ici, va-t-on rappeler, d’une analyse comparative verticalement et horizontalement de l’impact de la CECAM auprès de ses membres, les dépenses des non membres déjà étudiées dans la partie du réseau OTIV, sont toujours prises à titre de référence. Comme on a déjà vu, l’alimentation, le logement et le combustible sont les principales charges des ménages non membres de deux IMFs. (cf. tableau n°16, p.59) Et si on les compare avec les dépenses des ménages membres, comment se présente la situation ? Tableau n°26 : Tableau comparatif du bilan budgétaire des membres de l’OTIV et celui des non membres MENSUEL ANNUEL Membres de la Non membres Membres de la CECAM Non membres CECAM Revenu 596 000 510 500 7 152 000 6 126 00 Dépenses 509 000 482 200 6 098 400 5 786 400 Epargnes +87 000 + 28 300 1 053 600 + 339 600 Source : Enquêtes de l’auteur, 2010 69

Le tableau n°26 montre que l’épargne moyenne mensuelle des membres de la CECAM (soit 87 000 Ar) talonne nettement celle des ménages non membres (soit 28 300 Ar), soit une avance mensuelle flagrante de 58 700 Ar des membres. Ce qui nous permet de dire en fin de compte que, bien qu’existante au niveau des ménages non membres, l’épargne atteint un niveau distinctement amélioré chez les ménages membres. Après cette rubrique « rénovateur d’épargne du réseau CECAM », que peut-on dire de l’impact du réseau sur les activités financées des sociétaires ?

C- Des impacts contrastés à deux directions : épargnants-créditeurs/épargnants- non membres de la CECAM Ce sous-chapitre a pour objet d’analyser les contrastes des impacts de la CECAM auprès de ses membres que ce soit créditeurs ou épargnants. Sur ce, l’analyse plus approfondie de la situation économique c'est-à-dire les revenus et les dépenses des ménages épargnants enquêtés nous donne plus d’éclaircissement à ce propos.

1- Des situations de revenus contrastés des épargnants/créditeurs de la CECAM

Tableau n°27 : Revenu moyen des épargnants de la CECAM enquêtés Source de revenus Montant (en Ar/mois) Part en % Salaire 130 000 23,22 Agriculture/élevage 258 000 46,09 Commerce 110 000 19,65 Loyer 23 000 4,10 Pension 22 000 3,93 Aides 7 200 1,28 Autres 9 500 1,69 Total mensuel 559 700 100 Total annuel 6 716 400 100 Source : Enquêtes de l’auteur, 2010

Le tableau n°27 nous fait appel à l’interprétation suivante : 46,09% des sources de revenu des ménages épargnants viennent de l’agriculture/élevage. Ce qui explique à cor et à cri que les membres de la CECAM sont majoritairement des paysans agriculteurs. Toutefois, le salaire (23,22%) et le commerce (19,65%) tiennent un rôle de grande envergure dans les sources

70 de revenu des épargnants. Et les autres sources à savoir le loyer, la pension et les aides ainsi que la rubrique « autres » ne représentent que de faible proportion. Au total, les ménages épargnants de la CECAM enquêtés gagnent un revenu moyen mensuel de 559 700 Ar. Ceci révèle que, par rapport au revenu moyen mensuel des membres créditeurs (cf. tableau n°21, p.65), le revenu moyen mensuel des épargnants est faible c’est-à- dire, l’écart des revenus entre ces deux catégories oscille le 135 300 Ar. Mais par rapport aux ménages non membres, ce chiffre est relativement élevé représentant 49 700 Ar de différence. 2- Un niveau de dépenses à même allure mais à valeur inégale

Tableau n°28: Les dépenses moyennes des épargnants de la CECAM enquêtés Postes de dépenses Valeur/mois (en Ariary) % Alimentation 287 000 58,48 Scolarisation 29 000 5,90 Habillement 18 900 3,85 Combustible 42 000 8,55 Santé 25 500 5,19 Eclairage et Eau 18 800 3,83 Transport 21 500 4,38 Communication 18 000 3,66 Logement 19 500 3,97 Obligations sociales/Autres 10 500 2,13 Moyenne mensuelle 490 700 100 Dépense annuelle 5 888 400 100 Source : Enquêtes de l’auteur, 2010 D’après le tableau n°28, le premier poste de dépense ne constitue pas de cas particulier. En d’autres termes, l’alimentation occupe toujours la première place avec une proportion avoisinant 58,48% des dépenses moyennes mensuelles, ou 287 000 Ar. Le combustible se positionne largement au second rang, soit 8,55% du montant moyen mensuel. A la troisième position se trouve la dépense allouée à la scolarisation avec une proportion de 5,90% ; suivie de très près par celle de la santé qui se chiffre à un montant moyen mensuel de 25 500 Ar ou 5,19%. Les autres sources de dépenses ne dépassent pas 4,50% du total. D’une manière brève, la dépense moyenne mensuelle des ménages épargnants de la CECAM est de l’ordre de 490 700 Ar. Ce montant est relativement inférieur par rapport à celui des ménages créditeurs qui est de l’ordre de 508 200 Ar (cf. tableau n°24, p.68) soit un écart de 17 500 Ar. Mais la situation tourne en faveur des épargnants par rapport aux non membres car

71 ce montant est, bien que moindre, enregistre une différence de 8 500 Ar en moyenne mensuelle. A noter que les ménages non membres de la CECAM dépensent en moyenne mensuelle la somme de 482 200 Ar. (cf. tableau n°26, p.69) Tableau n°29 : Bilan budgétaire des épargnants de la CECAM enquêtés Epargnants de la CECAM MENSUEL ANNUEL Revenu 559 700 6 716 400 Dépenses 490 700 5 888 400 Epargnes + 69 000 + 828 000 Source : Enquêtes de l’auteur, 2010 D’après le tableau n°29, l’épargne existe au niveau des ménages épargnants. Elle se chiffre à 69 000 Ar/mois. Par rapport aux créditeurs, ce montant connaît une légère baisse. Mais comparant à celle des non membres, il est en bonne position. D’où la possibilité d’épargner pour les épargnants est évidente. « Ménages épargnants » signifient ceux qui utilisent les services d’épargne de la CECAM. En effet, ce réseau met à la disposition de ses membres, va-t-on le rappeler, trois types d’épargnes : le dépôt à vue, le dépôt à terme, et le plan d’épargne. Chaque type d’épargne présente des caractères spécifiques (cf. pp.29-30) qui se distinguent les uns des autres. Le graphe n°10 met en exergue que 53,84% des épargnants enquêtés déclarent avoir utilisés le plan d’épargne. Cette situation provient évidemment du fait que ce type d’épargne est rémunéré de 9%/an, bien qu’il soit soumis à des conditions. (cf. p.30) Le dépôt à terme vient au second rang en terme d’utilisation avec 34,61%, situation pouvant s’expliquer par son taux d’intérêt qui atteint 6%/an. Le dépôt à vue est quant à lui, faiblement utilisé par les ménages épargnants de la CECAM enquêtés car il n’est pas rémunéré (0% de taux). Seulement les épargnants peuvent faire un retrait à tout moment. Graphe n°10 :

Source : Réalisation de l’auteur, 2010 72

Bref, les membres de la CECAM sont dynamiques à l’égard des épargnes. La faible supériorité numérique des épargnants par rapport aux créditeurs enquêtés (26 épargnants contre 24 créditeurs) prouve cette situation. Beaucoup des raisons poussent ces ménages épargnants enquêtés à utiliser ce type de services. Dans la troisième partie, nous allons découvrir pourquoi ces ménages épargnants n’ont pas demandé de crédit. Et quelles sont leurs motivations à l’égard de l’épargne ?

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Conclusion de la deuxième partie : Comme on l’a vu, l’OTIV et la CECAM sont deux institutions opérant à Sabotsy Namehana avec un dynamisme à caractère inégal. La première est qualifiée d’une institution de microfinance en cours de reconversion. Le crédit commercial devient une préoccupation particulière des ménages membres utilisateurs de crédit (56,81%). Toutefois, le réseau OTIV met à la disposition de ses sociétaires d’autres types de crédits, favorables aux activités agricoles et aux activités à but non lucratif.

La seconde étant une institution « conservatrice » où sont majoritaires les paysans, est toujours orientée vers les activités agricoles. Le secteur primaire est le « grand » bénéficiaire de la CECAM avec le crédit productif (PRO) faisant ravage avec un effectif 61,54% des créditeurs. Néanmoins, ce réseau finance d’autres activités non agricoles aussi bien à but lucratif que non lucratif.

A titre de comparaison du dynamisme, l’OTIV est plus dynamique par rapport à la CECAM tant en matière d’effectifs des membres (créditeurs et épargnants) que des activités financées. A Sabotsy Namehana, l’impact du microfinancement de l’OTIV et de la CECAM montre également des inégalités dans la situation économique des ménages membres. Cette dernière se présente sous plusieurs formes : inégalités entre les revenus des créditeurs et des épargnants et inégalités entre les dépenses et épargnes des créditeurs et des épargnants.

Les ménages créditeurs connaissent une situation économique élevée par rapport aux épargnants. Ce cas se distingue d’une catégorie de ménages à une autre (créditeurs et épargnants) et d’un réseau à un autre. Les utilisateurs de crédit au sein de l’OTIV connaissent un revenu moyen mensuel de 610 800 Ariary ; tandis que les ménages épargnants gagnent 559 700 Ariary, soit une différence de 51100 Ariary. Ce même cas s’observe au niveau de la CECAM où les créditeurs enregistrent un revenu moyen mensuel de 596 000 Ariary contre 559 700 Ariary pour les épargnants, soit un écart de 36 300 Ariary.

Pour ce qui concerne les dépenses, la même situation se constate aussi bien au niveau des créditeurs que des épargnants de deux IMFs. La dépense moyenne mensuelle des créditeurs de l’OTIV atteint 509 000 Ariary, soit une épargne de 101 800 Ariary. Celle des épargnants est de l’ordre de 494 900 Ariary, soit une épargne de 82 000 Ariary.

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Quant au réseau CECAM, la dépense moyenne mensuelle des créditeurs avoisine 508 200 Ariary ; et celle des épargnants est de 490 700 Ariary, une différence de valeur de 17 500 Ariary. L’utilisation des crédits au niveau de l’OTIV et de la CECAM est plus bénéfique par rapport à celle des épargnes. Cependant, les membres créditeurs de l’OTIV se trouvent en pole position de meilleures conditions de vie par rapport à ceux de la CECAM. Mais les effets de l’intervention de ces deux IMFs sur leurs membres sont plus palpables que jamais par rapport aux non membres. Les contrastes se creusent à travers les trois niveaux : revenus, dépenses, épargnes.

Toutefois, la microfinance ne semble pas toucher la majorité de la population. Elle se limite à un groupe minoritaire de ménages de la Commune. L’impact négatif de ce système se ressent déjà. Des problèmes d’ordre social, économique et des obstacles émanant de la microfinance elle-même sont rencontrés par la population de la zone étudiée. Pour que le développement soit possible, des solutions devraient être adoptées. C’est ce que nous allons voir dans la troisième partie.

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TROISIEME PARTIE : SABOTSY NAMEHANA, UNE COMMUNE ENCORE EN GRANDE DIFFICULTE POUR JOUIR DE L’IMPACT DE L’OTIV ET DE LA CECAM ET LES SOLUTIONS A ENVISAGER TROISIEME PARTIE : SABOTSY NAMEHANA, UNE COMMUNE ENCORE EN GRANDE DIFFICULTE POUR JOUIR DE L’IMPACT DE L’OTIV ET DE LA CECAM ET LES SOLUTIONS A ENVISAGER

Comme notre zone d’études appartient à un pays en voie de développement, nous y constatons des problèmes tant au niveau qu’en dehors de ces deux IMFs. Néanmoins, des solutions peuvent être envisagées pour y faire face.

Premier chapitre : Des problèmes sociaux alarmants

La commune rurale de Sabotsy Namehana connaît des problèmes sur le plan enseignement et santé. Des problèmes propres aux paysans se font également sentir. A cela s’ajoutent les obstacles des IMFs elles-mêmes. Tous ces problèmes inhibent le microfinancement de l’OTIV et de la CECAM dans cette commune phare du district d’Avaradrano.

I/ Des contraintes sociales considérables

En matière d’enseignement, la commune connaît une déperdition scolaire précoce. Pour la santé, des problèmes d’infrastructures sanitaires sont identifiés. Les paysans ne sont pas également à l’abri des différents problèmes.

A- Une déperdition scolaire précoce En matière d’éducation, on peut dire que la zone d’études n’est pas un modèle. En effet, dans la commune rurale de Sabotsy Namehana, plusieurs facteurs expliquent la déperdition scolaire à savoir : la pauvreté, renforcée par la crise politique de 2009, l’insuffisance de CEG (Collège d’Enseignement Général) et de lycées.

1- La pauvreté, renforcée par la crise politique de 2009 Actuellement, l’enseignement mène à une socialisation sélective. En effet, d’après nos enquêtes, plusieurs fokontany de la commune rurale de Sabotsy Namehana connaissent des problèmes d’enseignement (Andidiana, Ambohibary, Ambohidrano Andrefana, Botoina, Beravina…). Ces problèmes sont dus essentiellement au gonflement du nombre d’enfants par ménage (taux de natalité : 44,16‰). Beaucoup de ménages de la commune comptent 9 individus

76 par foyer 61 . Ainsi, la théorie de Malthus (R), un économiste britannique se prouve : « La production augmente selon une progression arithmétique cependant que la population augmente selon une progression géométrique ». Comme la production agricole en milieu rural est relativement faible (rendement du riz : 2t/ha, à cause de la méthode et des outils archaïques…), elle ne peut pas satisfaire aux besoins vitaux des habitants. Non seulement la destination des produits à l’économie de marché n’existe pas mais l’économie de subsistance elle-même se détériore. Ce problème lié étroitement à la pauvreté, renforcée par la crise politique de 2009 conduit les chefs de famille à arrêter la scolarisation de leurs enfants au profit du travail précoce, ou de l’aide aux activités domestiques quotidiennes (porteur, femme de ménage ou activités agricole et élevage). D’après le « Ministère de l’Education Nationale » en 2010, la crise politique de 2009 a entraîné une diminution des dépenses du gouvernement allouées à l’éducation, et les parents éprouvent de plus en plus de difficultés à couvrir les frais scolaires. C’est pourquoi, nous avons un niveau scolaire relativement bas et qui prédomine dans la zone d’études soit 46,38% (cf. tableau n°29, p.72). Remarquons que le taux va en diminuant au fur et à mesure que le niveau augmente après la classe de 7è (de 21% à 12,73%). Ce cas n’est pas loin de la situation de l’ensemble de l’île où le taux d’achèvement de l’école primaire était évalué à 61% en 2010/11 (Ministère de l’Éducation, 2011). Le taux net de scolarisation, de 22,7 % au niveau du collège, tombe à 6,3 % au niveau du lycée. 62

Tableau n°30 : Répartition des enquêtés selon le niveau d’instruction atteint Niveau Nombre % 12è – 7è 397 46,38% 6è – 3è 188 21,96% 2nde – Terminale 162 18,92% Terminale et plus 109 12,73% TOTAL 856 100 Source : Enquêtes de l’auteur, 2010

Ainsi, la scolarisation s’arrête en majorité en classe de 7è, 46,38% des enquêtés. Seules les familles aisées minoritaires ont la possibilité de poursuivre l’enseignement de leurs enfants.

61 Enquêtes de l’auteur 62 INSTAT « Enquêtes Prioritaire auprès des Ménages », 2010 77

Il est donc vérifié que la réussite scolaire est fonction de l’origine sociale des élèves (Durkheim).

2- L’insuffisance des C.E.G et Lycées Dans la zone d’études, les infrastructures scolaires sont encore insuffisantes. Sur les 22 fokontany de la commune, seuls 13 possèdent une Ecole Primaire Publique, 3 un CEG et seul le chef-lieu de la commune est doté d’un lycée 63 . Ainsi, certains élèves effectuent un déplacement important (à pieds ou à bicyclette) chaque jour pour rejoindre le lycée et C.E.G. D’autres doivent payer pour y arriver. Face à cette situation, des parents découragés, préfèrent arrêter l’étude de leurs enfants. Bref, cette insuffisance en C.E.G et lycées engendre d’autres problèmes : abandon scolaire, travail précoce des enfants, délinquance juvénile… Donc, malgré la prolifération des établissements scolaires privés dans la zone étudiée (la commune possède 21 établissements scolaires Niveau I, 15 Niveau II, 5 Niveau III) 64 , on assiste toujours à une déperdition scolaire précoce, qui pourrait engendrer un faible niveau d’éducation. Celui-ci entraîne l’« aversion » de la population peu instruite, particulièrement les paysans, à l’égard des institutions formelles en général. En effet, la population faiblement instruite, éprouve des difficultés à fréquenter les institutions formelles telles que les bureaux administratifs, les tribunaux, les hôpitaux, les dispensaires, les banques et dans le cas présent l’OTIV et la CECAM. Non seulement elle se heurte à l’antipathie de certains personnels de ces institutions, mais encore ils ne sont pas dotés du niveau intellectuel requis pour comprendre tous les rouages et toutes les procédures A part la déperdition scolaire, les besoins primaires de la commune rurale de Sabotsy Namehana ne sont pas non plus satisfaits.

B- Des infrastructures sanitaires incomplètes La santé des habitants de la commune rurale de Sabotsy Namehana est en danger. Non seulement, les établissements sanitaires sont encore insuffisants mais aussi la commune enregistre un problème de l’inaccessibilité à l’eau courante.

1- Des infrastructures de santé mal équipées Dans l’ensemble, la commune rurale de Sabotsy Namehana est dotée d’un CHD (Centre Hospitalier de District) sis à Anosy Avaratra, de deux CSB II (Centre de Santé de Base niveau

63 Monographie communale de Sabotsy Namehana, année 2008, pp.23-24 64 Idem 78

II), situé respectivement à Anosy Avaratra et Atsinanantsena. Ces trois établissements de santé publics sont non seulement insuffisants, mais aussi et surtout mal équipés en termes de matériels sanitaires et de nombre de médecins. Ainsi, le CHD ne possède que 31 lit, les deux CSB II dans l’ensemble 18 lits. A part le CSB II à Atsinanantsena, récemment construit en 2002, le CHD et CSB à Anosy Avaratra connaissent des problèmes de mauvaise qualité de ses infrastructures d’accueil : la vétusté de la plupart des bâtiments, l’obsolescence des matériels biomédicaux. Concernant les effectifs des personnels sanitaires, on compte au total 10 médecins, 4 sages-femmes et 5 infirmiers pour servir la population de la commune. En effet, les établissements sanitaires dans la zone d’études sont pauvres en médecins. On note qu’en 2000, un médecin s’occupe de 484 habitants dans l’ensemble de l’Imerina Central 65 . Ce taux augmente jusqu’à 1000 habitants par médecin à Sabotsy Namehana. Face à cette situation, bon nombre de gens utilisent abusivement des plantes médicinales et gardent toujours le rôle prépondérant des guérisseurs, surtout les habitants loin du CHD ou des CSB II. Bref, les infrastructures sanitaires à Sabotsy Namehana sont malades à deux niveaux : vétusté et manque de matériaux d’équipements et insuffisance des médecins. L’infrastructure de santé n’est donc plus appropriée aux besoins des habitants de la commune

2- L’inaccessibilité à l’eau courante La population de Sabotsy Namehana n’accède pas encore à l’eau courante dans sa totalité. En effet, sur les 22 fokontany, 8 sont approvisionnés en eau courante. Au total, la commune compte jusqu’à présent 26 bornes fontaines. L’approvisionnement en eau aux bornes fontaines est payant, le contrôle étant à la charge de la société SANDANDRANO. Mais les 14 autres fokontany se contentent toujours de l’eau de puits, ou des sources traditionnelles, cas des fokontany plus éloignés du chef-lieu de la commune, surtout dans la partie Est, dans les villages traditionnels où la nappe phréatique est perturbée par la présence du socle qui empêche le creusement des puits, pour satisfaire les besoins primaires (boire, se laver, cuire). Nous pouvons en citer entre autres le cas du fokontany Ambohidrano Andrefana, Botoina, Beravina…etc. Cela nous montre suffisamment l’état de pauvreté de la commune. La situation et la réalité qui y existent contredisent ce que la résolution de l’Assemblée Générale de l’Organisation des Nations Unies (ONU) a affirmé en février 2004 : « L’eau est essentielle au

65 RABENASOLO Julien, Variabilité climatique et adaptation des activités paysannes : le cas de la commune rurale de Sabotsy Namehana , Mémoire de maîtrise, 2005, pp. 48 79 développement durable, y compris l’intégrité de l’environnement et l’élimination de la pauvreté et de la faim et est indispensable à la santé et au bien des personnes ». Pour Madagascar, seuls 20% 66 de la population ont accès à l’eau potable, donc la situation de la commune rurale de Sabotsy Namehana n’est-elle pas surprenante. (Carte n°6, p.80a)

C- Des problèmes propres aux paysans 1- Une agriculture sous-développée Lors de nos enquêtes, nous avons constaté que l’agriculture connaît des problèmes majeurs qu’il faut résoudre au plus vite. Les problèmes rencontrés par les agriculteurs sont multidimensionnels. En effet, la non accessibilité à l’engrais chimique minéral plus productif est un obstacle avoué par les paysans comme étant une entrave à l’augmentation de la production. Depuis plusieurs années, la population de la zone d’études n’employait que du fumier. Le problème de manque d’outils pour la culture se fait également sentir dans la commune rurale de Sabotsy Namehana. En effet, il est rare de voir des matériels perfectionnés utilisés par les paysans de la commune. L’on en reste encore à la méthode traditionnelle (bêche, herse…). C’est pourquoi le rendement reste toujours faible (2t/ha). Le problème de la non-maîtrise de l’eau qui peut être un frein au développement de l’agriculture. Et enfin, le prix des insecticides est un lourd fardeau pour les agriculteurs. A part cela, d’autres problèmes qui ne sont pas moindres asphyxient la population de la commune en général, et les paysans en particulier, le problème de l’accessibilité à la terre.

2- Des problèmes relatifs au régime foncier Comme toutes les régions de Madagascar, la commune rurale de Sabotsy Namehana connaît aussi des problèmes d’expropriation foncière fréquents, car seulement 10% du territoire national a connu l’immatriculation à travers le titrage 67 . Cette insécurisation foncière engendre des conflits administratifs sans cesse croissants dans la zone d’études. Selon certains habitants de la commune, la lourdeur administrative ne fait que créer d’autres problèmes (manque de temps et d’argent pour aller et venir au tribunal de la capitale,…). En outre, les services fonciers à Madagascar n’arrivent plus à satisfaire les demandes de la population en matière de régularisation foncière. Sur l’ensemble du territoire national, il n’existe que 29 services fonciers déconcentrés sur les 22 régions divisées en 1557 Communes 68 .

66 MADAGASCAR Laza, n°145, 30 mai 2005, p 8 67 Ony RASOLOARISOA, Jean Marie RAKOTOVAO, Louis BOCKEL : « Accès au capital, crédit, accès au foncier et pauvreté rurale à Madagascar », Juillet 2001, p. 4 68 PELERIN E., RAMBOARISON (R) : « Expérience récente de Madagascar et du Programme National Foncier », 2006, p. 23 80

CARTE N°6 :

80a Aussi, l’obtention du titre de propriété est soumise à la procédure d’immatriculation. C’est une action tendant à faire enregistrer une parcelle, sur demande de l’intéressé, aux livres fonciers tenus par le service des domaines et de la propriété foncière. Le régime foncier de l’immatriculation s’applique aux fonds, de terre de toute nature. Ainsi, certains paysans abandonnent la lutte et laissent à l’adversaire ce qu’ils ont hérité. Cette situation est déjà révélée par Dans les Médias Demain, hebdo malgache d’information et d’analyse : « Accès à la terre : les riches en sont grands gagnants »69 .De plus, la SAU (Surface Agricole Utilisable) de la commune est faible pour satisfaire la demande en terre. A cela s’ajoute l’autoconsommation issue de la forte croissance de la population. Ces problèmes fonciers font reculer certains paysans face à la microfinance. A Sabotsy Namehana, peu de terrains sont titrés ou cadastrés 70 . Or le recours au crédit nécessite des garanties en nature et l’OTIV et la CECAM ne tiennent pas compte des terrains s’ils ne sont pas régularisés. Ainsi, ces IMFs sont-elles réservées aux riches qui ont la possibilité des garanties ?

3- L’élevage, un secteur encore mal surveillé Le secteur élevage n’a pas échappé à divers autres problèmes. Les éleveurs se plaignent des maladies, surtout en aviculture (Pseudo peste aviaire, tety ou variole, maraika ou marek,…). Ainsi, un de nos enquêtés a déclaré avoir perdu 125 poules pondeuses en quelques jours à cause du marek. Les techniciens d’élevage sont aussi largement insuffisants. Ensuite, les prix du vaccin et de la provende qui augmentent toujours. Raison pour laquelle les paysans n’ont pas la volonté de soigner leurs animaux. En somme, la commune rurale de Sabotsy Namehana traverse une période difficile. Les problèmes sociaux s’accumulent (pauvreté, déperdition scolaire, non-accessibilité à l’eau courante, les problèmes fonciers…). Si telles sont les difficultés sociales auxquelles la commune est confrontée, qu’en est-il des difficultés au niveau des IMFs, qui pourrait être un frein pour le développement de la Commune ?

II/ Des obstacles au niveau de la CECAM et de l’OTIV eux-mêmes L’objectif initial de ces deux IMFs est d’impulser les activités rurales, génératrices de revenus. Toutefois, nous avons pu noter que le système de microfinancement est à caractère sélectif et de ce fait, ces IMFs ont eu du mal à aider l’ensemble de la population à sortir du carcan de la pauvreté.

69 Dans les Médias Demain : n°140- 888, 7 janvier 2005, p 12 70 Responsable auprès de la Commune de Sabotsy Namehana 81

En effet, lors de nos enquêtes, malgré l’impact positif perçu par des membres de l’OTIV et de la CECAM, des problèmes sont toutefois signalés, ce qui pourrait expliquer la non adhésion des membres potentiels.

A- Des critères d’octroi jugés « lourds » par les sociétaires de la CECAM L’octroi de crédits aux membres est la principale activité du réseau CECAM. C’est à la fois le service le plus demandé par les adhérents et l’activité qui contribue le plus aux résultats (produits financiers) mais aussi aux risques du réseau CECAM. Les membres âgés de plus de 65 ans ne peuvent plus bénéficier de crédits. Pourtant pour bénéficier de crédits de la CECAM, des démarches parfois accablantes sont à suivre pour tout demandeur de crédit.

1- Une demande examinée par la COP (Commission d’octroi de crédit) Compte tenu des charges engagées par la CECAM dans la préparation de crédit des sociétaires, le paiement des frais de dossiers est obligatoire pour tout type de crédit. Ces frais, dont le montant est fixé à 2000 Ar par dossier sont à percevoir avant l’établissement de la demande de crédit par le Conseiller, ils doivent être versés à la caisse. Le reçu FIDIRAM- BOLA entre les mains du sociétaire en fait foi. Quelles sont les tâches occupées par le Conseiller ? En effet, le Conseiller évalue d’abord les besoins du sociétaire et étudie sa capacité à rembourser ainsi que la viabilité du projet. Il visite le lieu d’activité du sociétaire et procède à l’inventaire physique des stocks. Ensuite, il établit un plan de trésorerie mensuel couvrant au moins la durée du prêt. Aussi, il vérifie les critères d’éligibilité pour pouvoir solliciter un crédit : être membre d’une CECAM depuis au moins 10 jours, laquelle doit avoir reçu une délégation de pouvoir. En matière d’octroi de crédit, être à jour vis-à-vis de sa part sociale fixe, aucun retard de plus de 30 jours sur les remboursements de crédit au cours de 12 derniers mois précédant la date de la COP locale. Le demandeur doit avoir formulé une demande de crédit spécifiant le besoin de crédit, une lettre d’offre de garantie avec législation de signatures par les autorités locales (mairie), et au besoin des actes de caution solidaire à enregistrer à la Mairie. Il n’y a pas de délai de carence pour les crédits de même type. Un deuxième crédit peut être facilité après remboursement complet du crédit antérieur. Le demandeur doit également avoir accepté toutes les conditions requises pour la réception et l’utilisation des fonds.

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En outre, le Conseiller instruit les dossiers de crédit avant la date de la COP. L’instruction et l’analyse de la demande examineront successivement les quatre critères suivants : ‹ la moralité de l’emprunteur et sa maîtrise de l’activité commerciale à financer : elle comprend le recoupement de la moralité auprès des personnes ressources ou auprès des voisins ; l’analyse des crédits antérieurs c’est-à-dire le déroulement du remboursement et les impacts des crédits, et l’expérience de l’emprunteur, la rentabilité de son activité, l’impact de cette activité sur son patrimoine ou sur l’exploitation, l’environnement socio-économique. ‹ la capacité de remboursement dégagée par l’activité à financer d’une part et l’ensemble de l’exploitation de l’emprunteur d’autre part. ‹ le patrimoine, l’autofinancement de l’emprunteur dans le projet et les dépôts déjà effectués par l’emprunteur, les moyens matériels, financiers et humains dont dispose le membre pour la réalisation de son projet, ‹ les garanties proposées tout en évaluant la solvabilité réelle des cautions solidaires s’il y a eu lieu. Le Conseiller formule son avis concernant la demande de financement sur le formulaire de crédit avant de présenter le dossier au niveau du COP locale.

2- Des critères d’octroi de crédits pesants L’analyse suivante nous montre quels sont les critères d’octroi de crédit auprès de la CECAM, ainsi que le jugement des membres en ce qui les concerne. Comme dans n’importe quel type de crédit, les quatre critères ci-après sont capitaux dans l’analyse des demandes de crédits. C’est un outil facilitant la prise de décision pour les membres de la COP en cas de demande de crédits. D’abord, la COP doit tenir compte de la notoriété et les qualités personnelles du sociétaire. En effet, la connaissance de la moralité et des qualités personnelles du sociétaire permettra aux membres de la COP d’évaluer la volonté du sociétaire à payer. Ainsi, des recoupements auprès des personnes ressources, auprès du fokontany, auprès du voisinage ou auprès des personnes fréquentées sont indispensables. Cette enquête fait ressortir les points forts et les points faibles du demandeur de crédit. Dans cette même optique, le Conseiller et les membres de la COP tiennent compte des expériences de l’emprunteur dans l’activité ou dans les autres activités génératrices de revenus (nombre d’années d’expérience, maîtrise de l’activité, rendement de l’activité…). L’impact de l’activité sur l’exploitation ou sur le patrimoine ou les grosses dépenses récentes est un indice pour mesurer la rentabilité de l’activité.

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Ensuite, le second critère réside sur la capacité de remboursement du sociétaire et l’analyse du projet. Un dossier est apprécié à partir de la capacité de remboursement de l’emprunteur. Ainsi, le Conseiller doit démontrer aux membres de la COP que le sociétaire avec la totalité de ses revenus, de la totalité de ses charges a une capacité pour rembourser la CECAM. Le principe de prudence est toujours recommandé c’est-à-dire, les revenus sont minimisés et les charges pour la sécurité du dossier sont gonflées. Par ailleurs, l’autofinancement, l’épargne, le patrimoine sont le troisième critère de l’octroi de crédits. Un sociétaire qui n’a aucun actif et qui veut s’endetter excessivement présente un risque énorme dès la demande du crédit. L’évaluation du patrimoine du sociétaire à sa juste valeur ou à défaut avec prudence et l’analyse de son évolution à chaque demande de crédit permettent aux membres de la COP d’avoir un degré de confiance sur le projet. L’existence de l’autofinancement ou d’une épargne préalable réduit le risque sur le prêteur. Plus l’autofinancement est important, plus le risque diminue et plus le remboursement est assuré. Enfin, pour clore cette rubrique critères d’octroi de crédits, le quatrième et non moins le plus important, est la garantie. Il est important que le Conseiller et un membre du KMP aient déjà procédé à la visite des garanties avant tout octroi de crédit pour vérifier sur place la véracité et la valorisation des biens offerts en garantie. Après, il faut s’assurer par des pièces justificatives (registres, factures, actes de vente, cartes grises…) et par enquêtes que ces biens appartiennent bien au sociétaire ou à la caution. Le choix de l’objet de garantie est très important. Comme tout établissement de crédit, c’est la CECAM qui décide du choix et de la valeur des objets qui doivent être retenus et non les sociétaires. Ce choix est effectué par le Conseiller et le KMP de façon à assurer qu’en cas de non remboursement : - les biens offerts en garantie sont faciles à transporter - les biens offerts en garantie sont faciles à vendre - les biens offerts en garantie ont des valeurs sentimentales qui pousseront le débiteur à payer régulièrement. En dépit de cette situation, les membres enquêtés ne tardent pas à apporter leurs jugements en matière de crédit demandé. D’après les enquêtes que nous avons menées lors de notre recherche sur les conditions d’acquisition de crédit, la plupart des membres déclarent avoir des difficultés. En effet, la constitution des dossiers de demande de crédit est trop compliquée si l’on se réfère au niveau général d’instruction des membres. La phase de montage des dossiers de crédits occasionne de nombreux déplacements et demande beaucoup de temps aux agriculteurs. La CECAM n’accepte pas comme hypothèque les terrains ou les maisons non bornés malgré les 84 certifications données par le fokontany et/ou la commune. Aussi, le montant de la garantie exigé pour les crédits reste presque inaccessible aux emprunteurs. Les demandeurs de crédits ne tardent également à mentionner que le crédit, s’il est accordé, ne concorde plus aux besoins réels des calendriers culturaux. Les dates mentionnées dans les dossiers de demande, sont la plupart du temps, déjà écoulés, et le montant du crédit octroyé est souvent divisé en tranches conditionnelles. Cette situation retarde la réalisation des projets des membres, voire l’écroulement du projet et par extension, l’incapacité de remboursement du crédit. En effet, lors de nos enquêtes, nous avons pu constater des contrastes entre la supériorité numérique des épargnants par rapport aux créditeurs du réseau CECAM. Autrement dit, on assiste à la supériorité numérique des épargnants et au faible pourcentage des créditeurs.

B- Des taux d’intérêt accablants et des difficultés d’accès au microcrédit, des problèmes inhibant la microfinance

1- La CECAM, un service de proximité aux taux d’intérêt « élevés » « Prêter à une personne en difficulté la petite somme nécessaire pour l’achat d’un filet de pêche plutôt que de lui donner le poisson est le premier principe du microcrédit. Le second principe est la couverture des coûts afin de rendre durable l’institution pour qu’elle puisse continuer à offrir de façon pérenne les services financiers aux plus démunis ». Cette logique financière adoptée par les Institutions de Microfinance a été mondialement reconnue à travers le partage de l’expérience du Dr. Yunus au Bangladesh 71 (initiateur des premières expérimentations du microcrédit). Mais de plus en plus, des voix s’élèvent contre les taux d’intérêt pratiqués par les IMFs, plus particulièrement la CECAM. Les taux d’intérêt sur le crédit sont calculés sur le capital restant dû et varie entre 2 à 4%/mois, conduisant à des taux relativement accablants. Ces taux sont cohérents avec les pratiques courantes de la microfinance, confrontée à la difficulté de conjuguer le financement du monde rural, qui est toujours coûteux, avec la nécessité d’atteindre l’autonomie financière. Ainsi, d’après nos enquêtes, les membres créditeurs du CECAM se plaignent contre les taux d’intérêt imposés par ce réseau. Ces taux peuvent participer à l’exclusion de l’accès au crédit de certaines catégories de population car ils varient entre 24% à 48% par an (cf. Annexe 4). Ils sont jugés anti-productifs par certains membres. Mais à travers le monde, les taux

71 Bangladesh : État d’Asie, au nord-est du subcontinent indien ; 148393 km2 ; 125,7 millions d’habitants ; capitale Dhaka 85 d’intérêt de la microfinance se situent entre 20% et 60% 72 . Et à Madagascar, les taux pratiqués par les IMFs varient entre 21% et 182% par an 73 . Donc, ceux du CECAM sont relativement bas, mais par rapport à la situation économique des membres dans la zone d’études, ils sont jugés accablants. Les membres de ce réseau qui citent le taux d’intérêt comme facteur limitant s’appuient sur deux arguments économiques : premièrement un taux d’intérêt élevé réduit la possibilité d’accès au crédit pour les pauvres porteurs de microprojets dont le seuil de rentabilité est en dessous du taux d’intérêt pratiqué. En effet, si une bonne partie des pauvres opère sur des segments de marché qui se saturent rapidement, l’inexistence de débouchés peut freiner l’impact de cette microfinance en réduisant le nombre de bénéficiaires ou en limitant la portée des crédits octroyés. Deuxièmement, des taux d’intérêt élevés réduisent les profits des micro-entrepreneurs, amenuisent leurs capitaux et en définitive affaiblissent l’activité. Les ménages reconnaissent volontiers que ce taux reste inférieur à la plupart des crédits informels éventuellement disponibles localement. Mais le crédit est néanmoins coûteux, et représente une prise de risque importante dans des contextes où la production est fréquemment ébranlée par des crises (politiques, climatiques, prix...). La garantie requise est le second problème lié à ce crédit. Le niveau de la garantie demandée est perçu comme très élevé, et la nature des garanties acceptées apparaît trop restrictive. Pour les ménages interrogés, le fait que le réseau refuse de reconnaître les porcs et les terres non titrées comme garantie est un frein important à l’accès à ce crédit. Toutefois, le nombre des ménages utilisateurs de crédit devance de justesse les ménages épargnants. Cela s’explique par le fait que le réseau constitue une aide financière inexorablement utile pour le monde paysan. Mais pourquoi certains membres refusent-ils d’emprunter ? Quelles sont les motivations qui les poussent à épargner ?

72 Tribune Madagascar : n°112, 8 septembre 2008, p. 3 73 Idem 86

Graphe n°11 :

Source : Enquêtes de l’auteur, 2010 D’après le graphe n°11, le taux d’intérêt est la première raison qui fait obstacle à l’utilisation de crédit (33,34%). La lourdeur administrative et le manque de sensibilisation se positionnent au second rang (25% chacun). Et la rubrique « inutilité » et « ignorance » clore les raisons du non utilisation de crédit (8,33% chacun). Les ménages non utilisateurs de crédit se contentent d’épargner leur argent pour diverses raisons.

Tableau n°31 : Les motivations à l’égard de l’épargne auprès de la CECAM Motivation à l’égard de l’épargne Membre de la CECAM % Avenir-Sécurité 13 54,16 Dépenses imprévus 06 25 investissement 03 12,5 Amélioration de la gestion du budget 2 08,33 Total 24 100 Source : Enquêtes de l’auteur, 2010 Le tableau n°31 nous montre que l’avenir et la sécurité motivent davantage les ménages à épargner, avec 54,16%. Actuellement, d’après nos enquêtes, la recrudescence de l’insécurité n’est pas sans conséquence, d’où placer l’argent dans une institution de microfinance est plutôt rassurant que de le garder à la maison. L’avenir des enfants n’est pas à oublier. Les dépenses imprévues c'est-à-dire maladie, naissance, décès, touchent 25% des ménages épargnants. L’investissement et l’amélioration de la gestion du budget ne sont pas à écarter représentant respectivement 12,5% et 8,33%. Bref, la CECAM est « un service de proximité » qui tend à éloigner la population cible, les ménages pauvres. Donc la proximité n’est pas de mise pour satisfaire leurs membres.

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2- L’OTIV, un service de microcrédit parfois « inaccessibles » à ses membres Dans le cadre de la microfinance, nous constatons que les épargnants au sein de l’OTIV sont nombreux à Sabotsy Namehana par rapport aux créditeurs. Cette supériorité numérique des épargnants par rapport aux utilisateurs de crédit au sein de l’OTIV signifie que les ménages épargnants ne veulent pas prendre des risques. Autrement dit, ils préfèrent placer seulement leur argent sans autres engagements. Ainsi, sur les 110 ménages membres enquêtés, 66 sont des créditeurs, soit 60% du total, contre 44 épargnants, soit une proportion de 40% du total. Il est donc nécessaire d’apercevoir les causes du non utilisation de crédit des sociétaires de l’OTIV. Graphe n°12 :

Source : Réalisation de l’auteur, 2010 D’après le graphe n°12, bien que moins élevé par rapport au taux d’intérêt du réseau CECAM, celui de l’OTIV, secondé par la période de remboursement (le taux de prêt oscillant entre 18% à 30% par an) empêchent toutefois 36,36% des ménages non utilisateurs de crédit enquêtés. Ce dernier a fini par affirmer que le taux d’intérêt devrait être annulé du fait que l’OTIV est une institution mutualiste. Sinon, il faut réviser la période de remboursement qui est jugée « très » courte. La lourdeur administrative touche 18,18% des enquêtés, tandis que le manque de sensibilisation concerne 19,69% de l’effectif total des ménages non utilisateurs de crédit. L’inutilité (12,12%) et l’ignorance (13,63%) sont les autres raisons qui limitent l’utilisation de crédit. De ce fait, les ménages non utilisateurs de crédit s’intéressent aux services d’épargne. Ils se disent préoccupés plus par l’épargne que par le crédit. Les motivations qui les poussent à placer leur argent au niveau de la caisse locale sont multiples.

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Tableau n°32 : Les motivations à l’égard de l’épargne auprès de l’OTIV Motivation à l’égard de l’épargne Membre de l’OTIV % Avenir-Sécurité 25 56,82 Dépenses imprévues 12 27,28 Investissement 4 9,09 Amélioration de la gestion du budget 3 6,81 Total 44 100 Source : Enquêtes de l’auteur, 2010

D’après le tableau n°32, l’avenir et la sécurité sont les principales motivations des membres à l’égard de l’épargne. Soit plus ou moins 56,82% des enquêtés ont répondu que l’avenir surtout celui des enfants et des générations futures doit être assuré. Il s’avère ainsi nécessaire de sécuriser l’épargne dans les mutuelles au lieu de la garder chez soi car il n’est pas psychologiquement rassurant de garder de l’argent à domicile . Les dépenses imprévues font parties des motivations des déposants. Pour eux, il faut toujours prévoir et l’épargne constitue un moyen efficace pour faire face aux imprévus « Mitsinjo ny vodiandro merika » (Il s’agit des maladies – naissance – décès). Celles-ci représentent 27,28% des cas. La possibilité future d’investissement encourage certains membres à épargner. Elle concerne 9,09% des enquêtés. Par ailleurs, le problème de gestion du budget ne semble se poser que pour une minorité (6,81%) des ménages enquêtés. Les dépenses ostentatoires (alcool,…) sont les facteurs de mauvaise gestion du budget.

C- L’OTIV et la CECAM : deux institutions « mutualistes » à « effets pervers »

1- Une appropriation « mutualiste » de ces deux IMFs encore faible Le développement du réseau OTIV et CECAM est ancré dans un modèle mutualiste qui pose l’appropriation par les membres comme principe et condition de viabilité de l’institution. L’appropriation de ce modèle par les membres et les non membres, évaluée à travers des questions portant sur la propriété et le pouvoir de décision, reste pour l’instant contrastée. En effet, une institution est dite « mutualiste » quand elle regroupe des associations de personnes qui entreprennent une action sociale de prévoyance, de solidarité ou d’entraide, grâce aux cotisations versées volontairement par leurs adhérents.

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Mais des lacunes à ce propos se font sentir au niveau de ces deux IMFs suscitant des jugements sévères de la part de leurs sociétaires comme vol, escroquerie, égoïsme, et tant d’autres. Or, une mutuelle a comme valeurs fondamentales la prise en charge, la responsabilité personnelle et mutuelle, la démocratie, l’égalité, l’équité et la solidarité. Elle adhère à une éthique fondée sur l’honnêteté, la transparence, la responsabilité sociale et l’altruisme Ces valeurs sont mises en pratique par les 7 principes du mutualisme : - 1er principe : l’adhésion à une mutuelle est volontaire et ouverte à tous. - 2ème principe : la démocratie est de règle dans la vie d’une mutuelle : les membres participent activement à l’établissement des politiques et à la prise de décision à travers leurs représentants élus. - 3ème principe : les membres contribuent de manière équitable au capital de leur mutuelle et en ont le contrôle. - 4ème principe : une mutuelle est une organisation autonome d’entraide appartenant à ses membres et gérée par ces derniers. - 5ème principe : une mutuelle fournit à ses élus et techniciens l’éducation et la formation nécessaire dont ils ont besoin pour assurer son développement. Elle informe également son environnement sur sa nature et les avantages qu’elle procure à ses membres. - 6ème principe : Une mutuelle adhère à des structures locales, nationales, régionales et internationales pour apporter de meilleurs services à ses membres et renforcer le mouvement mutualiste. - 7ème principe : une mutuelle contribue au développement durable de la communauté dont fait partie ses membres, dans le cadre d’orientations approuvées par ces derniers. Toutefois, les représentations autour du statut de membre posent également la problématique du statut de mutuelle d’épargne et de crédit. En effet, le statut de mutuelle suppose une dynamique de groupe. Cette dynamique est encore difficile à discerner si on considère le cas des caisses à Sabotsy Namehana. D’une part, très peu de membres connaissent le contenu ou même l’existence du statut et des règlements intérieurs régissant la mutuelle. Or, ce statut confère à chaque membre des droits. D’autre part, on a constaté que rares sont les membres qui viennent au cours des assemblées générales. C’est ainsi que des mesures sont prises par les diverses entités des institutions mutualistes afin d’informer, d’éduquer et de sensibiliser les membres sur l’essence du mutualisme.

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2- L’ « effet pervers » du système de l’ OTIV et de la CECAM «Il y a effet pervers lorsque deux individus (ou plus) en recherchant un objectif donné engendrent un état de choses non recherché et qui peut être indésirable du point de vue soit de chacun des deux, soit l’un des deux » 74 . Dans cette optique, la réticence des membres à l’égard des institutions d’épargne et de microfinance constitue un véritable « effet pervers ». En effet, l’objectif de départ de l’institution de microfinance était d’instaurer un système permettant aux paysans d’augmenter leurs épargnes et surtout d’améliorer leur productivité à travers les financements. Pourtant, 13,63% soit 6 sur les 44 créditeurs des adhérents de l’OTIV seulement sont des paysans alors qu’ils représentent 37,16% de la population enquêtée de la commune (cf. graphe n°3 p.17). Ce sont plutôt les commerçants et les salariés qui forment la majorité des membres. De plus, le crédit paysan est la seule et unique offre de financement aux paysans pour l’amélioration de la productivité agricole. C’est un « état de choses non recherché » quelque peu indésirable compte tenu de l’objectif initial. La raison de cette méfiance et de cette réticence des paysans réside essentiellement dans leur faible niveau d’éducation. Du côté de la CECAM, l’effet pervers se présente par le problème de gage. Au-delà de la lourdeur administrative, le gage amène souvent les paysans à renoncer au financement. En effet, les membres devraient avoir au moins 25% du montant à emprunter (gage : en nature ou en monnaie) s’ils veulent bénéficier d’un financement, chose que rares d’entre eux possèdent. Ce faisant, les paysans ne peuvent pas remplir les conditions requises, principalement la possession de gage, pour obtenir un financement. De plus, il se peut qu’un paysan soit en possession d’au moins 25% du montant qu’il veut emprunter. Mais le risque de perdre le peu de patrimoine qu’il détient est trop grand, compte tenu de la contingence du revenu. De fait, le revenu des agriculteurs est par nature contingent. Il n’est pas régulier mais dépend du calendrier cultural et surtout du rythme pluviométrique. Les récoltes peuvent connaître de grande variation d’une saison à une autre. Aucun paysan n’est à l’abri des aléas naturels (grêle, cyclone, inondation, sècheresse …). Bref, il y a des facteurs de risque de ne pouvoir rembourser et ainsi de perdre le patrimoine, déjà très restreint, faisant office de gage. En somme, la microfinance ne saurait être une solution efficace pour tirer la majorité des ruraux de la région étudiée, et partant de la Grande Ile, du gouffre de la pauvreté, à moins qu’on n’y apporte les rectificatifs qu’impose le contexte de la paupérisation généralisée à Madagascar. Quelles solutions pouvons-nous avancer face à ces différents problèmes ?

74 R. Boudon, Effet pervers et ordre social , 1977, PUF, 1979, p.20 91

Deuxième chapitre : Les solutions à envisager

Compte tenu des problèmes sus-cités, la commune rurale de Sabotsy Namehana nécessite d’abord, des solutions sociales adéquates. Mais les institutions de microfinance en question doivent aussi prendre partie pour assurer le développement de la commune.

I/ Des solutions sociales adéquates

La commune doit faire beaucoup d’efforts sur au moins trois domaines : la scolarisation, l’amélioration des infrastructures sanitaires et une solution pérenne des problèmes fonciers.

A- Un effort sur la scolarisation à double sens

Le changement de la psychologie du monde rural constitue un problème clé dans le pays où 85% de la population active sont occupées par l’agriculture. L’enseignement à Madagascar est une source de problème dans le monde rural. Dans une localité située tout près de la grande ville d’Antananarivo, les adultes ont quitté l’école dès les classes primaires. Ils ne sont pas analphabètes mais leur niveau très inférieur est un inconvénient majeur les empêchant de faire face au développement économique. Pour surmonter cette situation, l’effort sur la scolarisation serait primordial. Ainsi, malgré les efforts du Gouvernement actuel pour la scolarisation des enfants malgaches (octroi de kit scolaire, allègement du droit d’inscription…), beaucoup reste à faire, comme l’indique Navalona (R) : « …mais ce n’est que le tiers du chemin qui a été parcouru pour atteindre les objectifs ». 75 En effet, au niveau de chaque fokontany, il faut édifier au moins une Ecole Primaire Publique et si possible un Collège d’Enseignement Général. Cela contribuera à limiter le mariage précoce des enfants (après quelques années de la classe 7è), de réduire par la même occasion le taux d’accroissement naturel et d’améliorer le revenu de chaque ménage. L’Etat doit procéder aussi au recrutement massif d’enseignants pour augmenter le taux de scolarisation à Madagascar en général et à Sabotsy Namehana en particulier. Enfin, le Gouvernement malgache devrait continuer l’effort sur la subvention allouée aux maîtres FRAM (Fikambanan’ny Ray Amandrenin’ny Mpianatra), en leur donnant des

75 Midi Madagasikara : n° 6636, 4 juin 2005. p.4 92 formations adéquates. Notons que tous ceux qui ne trouvent pas de travail s’aventurent dans le domaine de l’éducation. Il n’est pas étonnant alors si l’éducation est malade. A continuer car, le gouvernement, avec le support du Fonds Catalytique, a subventionné les salaires d’un grand nombre d’enseignants FRAM. A l’instar de l’année scolaire 2009/10, 70 % des salaires des enseignants FRAM ont été subventionnés à la hauteur de 46,3 milliards Ar (soit 22,9 millions $US), dont 23,2 milliards par le gouvernement et 18,6 milliards par le Fonds Catalytique. 76 Pour la même occasion, la commune rurale de Sabotsy Namehana a également subventionné les maîtres FRAM de l’EPP et du CEG à raison d’une somme de 80 000 Ar 77 chacun. L’effort sur la scolarisation imbrique à la fois l’Etat, représenté par le ministère de l’Education Nationale ; et les autorités décentralisées, ayant comme responsable la Commune. Tous les deux doivent adopter de stratégies clairement définies pour éviter l’abandon précoce des élèves à l’école. De toute façon, il est toujours dit que ce sont eux l’avenir du pays. L’adage malgache le confirme « L’éducation est le bon héritage »78 .

Bref, un meilleur effort de scolarisation éliminera les contrastes intellectuels et psycho sociaux (croyance aux rumeurs…) qui entrave la microfinance. Analysons maintenant les solutions relatives à la santé.

B- Une amélioration nécessaire des infrastructures sanitaires et orientation sociale de la microfinance

1- L’amélioration des infrastructures sanitaires est fort capitale Depuis des années, le gouvernement malgache s’est fixé comme objectif de parvenir à la santé pour tous en fournissant à la population des services de soins de santé suffisants, adéquats, accessibles de qualité et à un prix abordable 79 . Toutefois, ce but, malgré son importance, n’est pas encore atteint surtout pour les zones rurales, y compris Sabotsy Namehana. En effet, l’accent est mis sur la satisfaction des besoins fondamentaux de la population de la zone d’études. Il ne peut y avoir de développement sans que le problème de l’insécurité alimentaire et sanitaire soit résolu, sans élévation du niveau d’éducation des hommes et des

76 Ministère de l’Education Nationale, 2010 77 Premier Adjoint de la mairie 78 « Ny fianarana no lova tsara indrindra » 79 REPUBLIQUE DE MADAGASCAR : « Madagascar Action Plan », 2006 p.72

93 femmes, acteurs du développement local. Afin d’améliorer les services socio-économiques, il faut favoriser l’accès de la population aux services sanitaires. La construction des dispensaires ou l’installation des cabinets médicaux (privés et/ou publics) au niveau des fokontany peut augmenter le taux de consultation de la population rurale au niveau des centres médicaux. En outre, le renforcement des équipements sanitaires et du personnel de santé est indispensable pour améliorer la qualité du service sanitaire. A cela s’ajoute l’adduction d’eau potable en implantant des bornes fontaines dans chaque fokontany. L’accès de la population à ces infrastructures sanitaires nécessite une sensibilisation de la population, à propos des instructions et indications sanitaires (fréquentations des CSB, consultations prénatales, accouchements au niveau des CSB, hygiène, etc.), par l’approche IEC (Information, Education et Communication) et cette sensibilisation doit couvrir tous les fokontany. Il n’est pas superflu de renforcer la mise en œuvre du projet « Santé pour tous 80 » plaçant la population comme étant un moyen et un objectif en éduquant les habitants de la nécessité et de l’utilisation des services de santé fiables, variés et assurer l’accès aux soins de santé de qualité surtout en milieu rural 81 . La santé de la population ne peut pas être séparée des moyens financiers. C’est pour cette raison que l’OTIV et la CECAM doivent renforcer l’orientation sociale de la microfinance.

2- L’orientation sociale de la microfinance à vulgariser Comme la microfinance est créatrice d’emplois, génératrice de revenu, rénovatrice d’épargne, … le renforcement de son orientation sociale permettrait à bon nombre de paysans vivant dans les milieux ruraux d’accéder à des soins valables ainsi qu’à une scolarisation. Ainsi, nous voudrions insister à ce que tout un chacun ait la possibilité de jouir des effets de la microfinance. Le 2, 3,4 juin 2005, l’Etat a procédé à une modification des Documents de Stratégie pour la Réduction de la pauvreté. Que la microfinance soit l’une de ses préoccupations afin de réduire la pauvreté à moitié. Pour assurer une perspective de développement de la commune rurale de Sabotsy Namehana, l’OTIV et la CECAM devraient mobiliser des crédits spécifiques pour la scolarisation et la santé de leurs membres. Cela suppose un renforcement de l’effort déjà entrepris par les IMFs dans le cadre de la Stratégie Nationale de la Microfinance (SNMF) pour une perspective d’avenir 2005-2009 82 , comme quoi les objectifs adoptés sont entre autres, d’obtenir un taux de pénétration des ménages de 15% en 2009, et de favoriser l’accès à des

80 Réaliser la vision « santé pour tous », déjà établie depuis la Deuxième République dans les communes, surtout rurales 81 REPUBLIQUE MALGACHE, « Madagascar Action Plan » 2006, p. 72 82 « Microfinancement et développement ? Cas de Mahitsy, Mémoire de CAPEN, 2005, pp 64 94 services de microfinance viable et durable d’une majorité de ménages pauvres ou à faible revenu (…). A ce propos, nous tenons à rappeler le message de l’ex-Secrétaire Général des Nations Unies, Monsieur Kofi Annan : « L’accès durable au microfinancement contribue à atténuer la pauvreté en générant des revenus, en créant d’emplois, en donnant la possibilité aux enfants d’aller à l’école, en permettant aux familles d’obtenir des soins médicaux et en donnant les moyens aux populations de faire les choix qui répondent le mieux à leurs besoin »83 . Sur ce, la balle est entre les mains de l’Etat d’une part et d’autre part les IMFs.

C- Une solution pérenne des problèmes fonciers Faute de garanties réelles ou d'apport personnel suffisant, l’accès des paysans au microcrédit est quasi-impossible. Or, dans la zone d’études, majoritairement paysans comme on l’a déjà affirmé, peu de terrains sont titrés et bornés. Et même si certains paysans veulent s’aventurer dans la microfinance, des problèmes fonciers s’imposent. De ce fait, des solutions devraient être prises pour les résorber.

1- L’utilisation du foncier Actuellement, le volume des problèmes fonciers au niveau individuel a amené l’idée de guichet foncier destiné à résoudre les problèmes pour les terrains privés non titrés par une reconnaissance locale. Mais le problème pour un développement économique par le foncier demeure entier. Il faut aussi considérer un rapprochement de cette démarche par le contexte au niveau local. Il est indéniable que l’appropriation par une valorisation est la meilleure sécurisation foncière. Cette procédure a été déviée par l’instrumentalisation du système cadastral. Ce qui laisse dire qu’il faut rabaisser cette supériorité de la domanialité par rapport aux pratiques du niveau local. Il apparaît donc de réglementer cette pratique aux normes. L’utilisation du foncier suivant sa destination par un plan d’aménagement et la valorisation du foncier par une gestion locale apparaissent comme une nécessité. La régulation normative des faits doit être suivie d’un dispositif local dont la base est le registre foncier communal. Il sera entre autre utilisé en appui pour la fiscalisation des terres.

2- La valorisation du foncier L’institution d’un registre foncier communal renforce la pratique à la base pour une reconnaissance collective de la mise en valeur des terres. Après un délai d’observation, ce

83 KOFI ANNAN, sommet international du microcrédit, 29 décembre 2003 95 registre foncier communal sert de base pour l’enrôlement des contribuables au niveau foncier. Il doit aussi enregistrer la tenure foncière. Le plan communal de développement doit inclure un plan d’utilisation du foncier dont la validation se fera au niveau régional. Ainsi la procédure pour les investissements sera facilitée suivant la typologie et la destination des terres. Cette validation, au niveau du registre foncier communal, est une amorce pour une transaction foncière à la portée de l’économie des habitants en général et des paysans en particulier. Certains proposent alors que des confirmations de la part des fokontany et de la commune devraient satisfaire les IFMs pour les garantir que les terrains leurs appartiennent. Bref, résoudre les problèmes fonciers pourrait augmenter le nombre des paysans utilisateurs de crédit auprès de ces IMFs.

II/ Des solutions proposées à l’OTIV et à la CECAM

A- Des critères d’octroi et de période de remboursement de crédits à réviser Dans le cadre de la microfinance, épargne et crédit sont les deux activités de leur existence. Toutefois, on constate des contrastes entre les épargnants et les créditeurs. Les épargnants sont plus nombreux à Sabotsy Namehana par rapport aux créditeurs. Des problèmes résultent de ce fait. En effet, les membres de ces IMFs constatent que les critères d’octroi imposés par ces IMFs font naître tant d’hésitations. La période de remboursement mérite également une attention particulière. Ainsi, beaucoup d’entre eux préfèrent placer seulement leur argent sans autres engagements. De plus, pour les membres, la période de remboursement du crédit est trop courte. Ils craignent de ne pas pouvoir rembourser à temps avec le taux d’intérêt insupportable d’une part, et de perdre leur bien (garantie) d’autre part. Pour les couches les plus démunies, c’est la pauvreté même qui limite leur initiative. Elles n’ont pas de garantie, or sans garantie la voie d’accès au crédit est fermée. D’autres cas se présentent aussi : un chef de famille du fokontany de Namehana n’a pas encore eu son crédit auprès de la CECAM après 2 mois, alors que normalement, l’enquête et la validité du dossier avec l’octroi du crédit ne dépasse pas 1 mois au plus. Selon ce chef de famille, il y a une socialisation sélective dans le cadre de la microfinance. D’ailleurs, beaucoup de gens sont aussi réticents vis-à-vis des enquêtes faites par les personnels des IMFs, car non seulement c’est trop long, mais le secret des enquêtés est aussi « dévoilé » (patrimoine, revenu mensuel, consommation journalière…) Tous ces facteurs entrainent donc le faible pourcentage de créditeurs par rapport aux épargnants : les membres préfèrent déposer leur argent sans problèmes.

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Face à cette situation, ces IMFs doivent prendre en considération les recommandations de leurs membres comme la révision des critères d’octroi et de la période de remboursement de crédit. Et ce dans le but d’attirer les membres à recourir à l’emprunt. Alléger les critères d’octroi de crédit permettra aux membres d’avoir une motivation d’emprunt. Ce qui leur contribue de « développer » leurs activités, et d’envisager la création de nouvelles activités, leurs favorisant les conditions de vie. Allonger la période de remboursement est aussi une autre recommandation donc une solution pérenne au recours de crédit. Autrement dit, la période de remboursement trop courte peut se répercuter sur le moral des créditeurs : la peur de non remboursement à temps. Pour le cas de la CECAM, la constitution des dossiers de demande de crédit est trop compliquée si l’on se réfère au niveau général d’instruction des membres. La phase de montage des dossiers de crédits occasionne de nombreux déplacements et demande beaucoup de temps aux membres. La CECAM n’accepte pas comme hypothèque les terrains ou les maisons non bornés malgré les certifications données par le fokontany et/ou la Commune. En outre, le montant de la garantie exigé pour les crédits reste presque inaccessible aux emprunteurs. Le crédit, s’il est accordé, ne concorde plus aux besoins réels des calendriers culturaux. Les dates mentionnées dans les dossiers de demande, sont la plupart du temps, déjà écoulées, et le montant du crédit octroyé est souvent divisé en tranches conditionnelles. Cette situation retarde la réalisation des projets des membres, voire l’écroulement du projet et de par-là, l’incapacité de remboursement du crédit.

B- La diminution des taux d’intérêt, un effort à continuer… mais à soutenir

1- Un effort à continuer… A continuer parce que, déjà en 2005, les IMFs ont entamé un effort important sur la réduction des taux d’intérêt, dans le but d’inciter les adhérents à recourir au crédit afin de relancer ses activités. Ainsi, suite à la porte ouverte organisée au motel d’Anosy 84 , et la conférence sur l’année internationale du microcrédit tenue au ministère des affaires étrangères au mois de mars 2005, certaines IMFs dont l’OTIV et la CECAM ont adopté une réforme sur l’acquisition de crédit. En effet, après ces cérémonies officielles, toutes les IMFs ont fait le premier pas en direction de la réduction de leur taux d’intérêt sur la riziculture. Ainsi, le taux d’intérêt appliqué aux prêts destinés à la promotion de la riziculture est de 1,5% par mois à partir de cette année

84 Exposition sur l’Année Internationale du microcrédit : 16, 17,18 mars 2005 97

85 (une réduction de 50% du taux habituel). Mais ce traitement de faveur devrait aussi toucher les intrants agricoles, selon les souhaits émis par les paysans. Il devrait également toucher les prêts destinés aux activités non agricoles selon le soif des membres. De même, la diminution des taux d’intérêt va de pair avec la révision de la période de remboursement jugée trop « courte » par les créditeurs, surtout celle des types de crédit à but lucratif. A rappeler que la période de remboursement varie d’une institution à une autre, et du type de crédit à un autre (cf. Annexe 4 pour l’OTIV et Annexe 5 pour la CECAM). Mais dans la logique d’une viabilité financière de ces institutions, sans le soutien de l’Etat, la révision est quasi-impossible. Ainsi, il est recommandé aux IMFs « (…) l’intensification des efforts comme obligation l’atteinte d’une couverture spatiale et d’un niveau de réalisation qui soient significatifs pour le développement rural »86 . Cette réduction du taux d’intérêt va augmenter le nombre d’adhérents. Autrement dit, les ménages auront l’opportunité d’accéder à des crédits à des conditions avantageuses, leur permettant d’augmenter la productivité et le rendement. Mais il faut alléger aussi la valeur de la garantie (exemple : même valeur que le crédit). Toutes ces recommandations nécessitent une intervention efficace de l’Etat.

2- … mais à soutenir A soutenir car, la baisse des taux d’intérêt requiert l’intervention de l’Etat en subventionnant une partie de ces taux afin que d’une part les paysans ou simplement les exclus des banques classiques puissent être incités à emprunter auprès des IFMs, mieux rembourser les crédits ; d’autre part afin que les IFMs puissent être viables à long terme. L’effort sur la réduction des taux d’intérêt est en effet, une recommandation des membres de l’OTIV et de la CECAM. Néanmoins, particulièrement les membres de la CECAM enfoncent le clou sur le fonctionnement du réseau. En effet, ils demandent que cette mutuelle de crédit doive s’ouvrir tous les jours mais pas seulement le mardi, jeudi et samedi afin que les membres puissent bénéficier pleinement de ses services. En outre, la question principale qui se pose est : comment accroître l’accessibilité du crédit aux populations pauvres tout en étant viable financièrement ? En effet, lorsque l’OTIV et la CECAM octroient des crédits à leurs membres, elles prélèvent des intérêts. Même si, par rapport aux banques commerciales, l’intérêt est faible, cela contredit sa mission d’aide à la réduction de la pauvreté car les gens pauvres sont des gens qui ont besoin de financement pour s’en sortir dans la vie. Alors, déjà le remboursement du capital leur est pénible

85 Le quotidien : n°420, 25 février 2005, p.2 86 Plan d’Action pour le Développement Rural, Banque Mondiale, 2001, p 37 98 mais augmenter encore des intérêts, cela va les achever. Dans ce cas, le prêt ne va pas les aider, mais au contraire leur poser des problèmes au moment du remboursement vu qu’ils sont pauvres et ne peuvent par conséquent s’offrir ce luxe. Autrement dit, le prêt doit être à faible taux d’intérêt. Or, d’un côté, bien que ces institutions soient des mutuelles d’épargne et de crédits, à but lucratif, elles ont de ce fait besoin d’argent pour pouvoir fonctionner normalement. C’est pourquoi, il est indispensable pour elles de prélever des intérêts sur les prêts qu’elles accordent pour faire face à ses dépenses courantes et d’une manière générale, pour assurer sa pérennisation. Voilà pourquoi, l’Etat doit trouver une solution pour alléger le taux d’intérêt tout en assurant la viabilité des IMFs. Sur ce, une politique clairement définie devrait être adoptée par l’Etat pour la réduction de la pauvreté, une politique qui vise à relancer davantage le secteur microfinance pour que ce dernier puisse contribuer effectivement à la lutte contre la pauvreté des Malgaches. Mais est ce que la réduction du taux d’intérêt est satisfaisante et suffisante ? Des lourdes tâches attendent encore l’OTIV et la CECAM. Des campagnes de sensibilisation des non membres et de formation et encadrement technique des membres devraient être renforcées si on pense à multiplier le nombre des adhérents ; et à maintenir la fidélité des membres.

C- Des campagnes de sensibilisation, formation et encadrement techniques des membres à renforcer

1- Des campagnes de sensibilisation à renforcer par des moyens multidimensionnels Attirer la population rurale dans une activité qui leur paraît floue n’est pas une tâche facile, d’autant plus qu’elle concerne l’argent. Des stratégies clairement fondées devraient être prises par les responsables des deux IMFs en question. Dans ce panorama, des campagnes de sensibilisation s’imposent sous plusieurs formes. Face à la méconnaissance et à la méfiance de la population envers l’entité financière, la technique de sensibilisation s’avère nécessaire. La technique consiste à tenter d’établir préalablement un environnement de confiance entre la microfinance et la population de la zone d’intervention. . Elle s’adresse à l’ensemble de la population, notamment les non membres, et se fait par le biais du système de communication pour faire connaître l’existence, les objectifs et le fonctionnement des institutions de microfinance. Ce qui implique l’utilisation des moyens de communication et de sensibilisation permettant de capter l’attention de la population. La

99 méthode IEC ou Information, Education et Formation est toujours la plus pratique parmi tant d’autres. En outre, les panneaux publicitaires routiers, le journal, les dépliants et la participation aux manifestations économiques (foire et/ou vitrine) forment déjà des moyens de communications importants mais pas suffisants pour sensibiliser la population paysanne et pour expliquer de façon compréhensible aux adhérents les actions et services de la CECAM. Certains supports de communication ne sont pas à la portée des paysans à faible instruction. D’après nos enquêtes, bien qu’existantes, les campagnes de sensibilisation devraient être quantifiées à des niveaux multidimensionnels. Les 60 ménages non membres demandent davantage des informations : - sur la connaissance de l’OTIV et du CECAM : ils ne sont pas bien informés sur ces IFMs et leur mode de fonctionnement. Par exemple, une femme qui travaille dans une construction de meuble, souhaite devenir membre du CECAM et les garanties ne lui posent aucun problème mais seulement les responsables ne lui donnent pas les informations nécessaires pour y adhérer. Il y a une sorte de discrimination quant à l’octroi de crédit. - sur les activités de ces IMFs : ils ne sont pas sensibilisés sur l’utilisation de crédits ainsi que la vertu de l’épargne. Pour le cas de l’OTIV, la campagne de sensibilisation dépend du rythme de la croissance des adhérents. En effet, si le taux d’adhésion est faible, les responsables ont effectué pendant une semaine, une descente sur terrain. Ils sont équipés de matériels de sonorisation pour attirer l’attention de la population locale. Aussi, l’OTIV possède un stand pendant la foire FIERMADA 87 pour pouvoir montrer à la population les multiples services offerts et les avantages y afférents. Par ailleurs, l’OTIV et la CECAM et pourquoi pas avec l’aide de la commune et des associations, devraient redoubler les efforts de former et de sensibiliser les paysans si elles veulent que les paysans empruntent ses services. La formation et la sensibilisation consisteraient d’abord à rompre avec la logique traditionnelle en vue d’inculquer des normes et des valeurs modernes, tels que l’ascétisme, le goût du risque, la rationalisation, l’organisation, le souci du profit etc. La formation et les campagnes de sensibilisation doivent surtout avoir comme objectif de faire comprendre à la population rurale que leurs situations économiques pourraient s’améliorer s’ils empruntent les services de l’OTIV et/ou de la CECAM. Il s’agit de conscientiser les paysans réticents que leurs situations budgétaires pourraient être meilleures s’ils épargnent leur argent et surtout s’ils s’investissent en obtenant des financements.

87 Foire internationale de l’économie rurale de Madagascar lancée en 1998 100

Nous préconisons, conjointement à cela, d’initier les paysans concernant l’utilisation des moyens de production et des nouvelles techniques modernes plus performants. Nous proposons par exemple des campagnes de vulgarisation des nouvelles techniques agricoles comme le SRI (Système Riziculture Intensive) et le SRA (Système Riziculture Amélioré). (Annexe 8) Si l’obligation de renforcer l’effectif des animateurs est trop difficile pour l’OTIV, nous proposons d’abord d’instaurer un système d’échange d’expérience entre les membres. Nous proposons également de mettre en place un système qui privilégie les membres qui font de la sensibilisation, et surtout ceux qui arrivent à recruter de nouveaux adhérents.

2- Formation et encadrement techniques des membres sur les activités à financer L’effort de ces deux IMFs n’est pas limité seulement sur les campagnes de sensibilisation, il n’est pas superflu de former et d’encadrer les membres pour un meilleur résultat dans leurs activités. La formation et l’encadrement doivent se porter sur le changement de la mentalité et des attitudes de l’emprunteur pour qu’il soit doté des qualités indispensables dans le système de prêt. Ainsi, le paysan doit être honnête et compétent dans son métier (agriculture ou autres) pour pouvoir utiliser à profit le crédit. Il doit démontrer son intégrité en fournissant des renseignements précis sur sa production au cours des années écoulées, et sur les biens qu’il possède ainsi que ses dettes en cours. La capacité de l’emprunteur constitue un facteur important de ses possibilités. C’est pour cela que la formation et l’encadrement doivent également insister sur la bonne gestion du projet. Cette gestion nécessite l’emploi des méthodes et techniques propres à chaque entreprise, l’exécution opportune des différentes opérations, l’emploi de tout son temps à des fins productives, le maintien d’un rapport favorable entre la production totale et les productions autoconsommées, l’accroissement de la partie vendable de la principale récolte en pratiquant d’autres activités pour les besoins familiaux, le contrôle de la vente des produits et enfin, la commercialisation des produits par la voie la plus avantageuse. Pour résumer brièvement ce sous chapitre, il faut admettre que le développement du monde rural par le biais de microfinance doit d’abord passer par la redynamisation du monde rural, ensuite par la restructuration du système de crédit et enfin par l’éducation de la population.

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Conclusion de la troisième partie : Comme nous l’avons vu, la commune rurale de Sabotsy Namehana se heurte à des problèmes sociaux alarmants. L’enseignement y est encore peu développé avec une déperdition scolaire de 46,38%. La pauvreté, qui devient de plus en plus cruciale depuis 2009, et l’insuffisance des CEG et lycées en sont les principales causes. La santé des habitants se détériore dans l’ensemble à cause du mauvais équipement des infrastructures sanitaires et l’inaccessibilité à l’eau courante. Seuls, Sabotsy Namehana et les fokontany environnants jouissent de ces équipements. Par conséquent, la santé de la population dans la zone étudiée est sérieusement menacée. En outre, même en milieu rural l’agriculture connaît des problèmes de non accessibilité de la population aux engrais minéraux, de qualité de semences, de non maîtrise de l’eau, problèmes fonciers et d’élevage.

Par ailleurs, pour la microfinance, les ménages membres sont déconcentrés par les critères d’octroi de crédit entre autres auprès de la CECAM. Le désir des membres d’avoir un crédit nécessite un long chemin qu’ils doivent parcourir. Ils sont aussi victimes des taux d’intérêt élevés, et des difficultés à l’accès au microcrédit. Qualifiés comme des services de proximité, l’OTIV et la CECAM « terrifient » leurs membres par la garantie trop excessive, la période de remboursement trop courte, le manque de sensibilisation mise à part. De même, le système mutualisme lui-même pose problème pour les membres sans compter les effets pervers de l’OTIV et de la CECAM.

Des solutions adéquates devraient être prises et appliquées pour sortir le monde rural du carcan de la pauvreté. En effet, à commencer par les solutions sociales, l’effort sur la scolarisation nécessite la prise en responsabilité de l’Etat et des autorités décentralisées. L’amélioration des infrastructures sanitaires mettrait la population à l’abri des différentes maladies. Résoudre les problèmes fonciers permettrait en partie aux paysans à accéder au microcrédit. Pour les solutions propres aux IMFs elles-mêmes : l’allègement des critères d’octroi de crédit, de la garantie ainsi que la révision de la période de remboursement sont des facteurs pouvant pousser bon nombre des ménages membres à entrer dans le domaine de l’investissement. La sensibilisation, et la formation et l’encadrement techniques sont des paramètres à ne pas négliger pour atteindre le maximum d’habitants.

102

CONCLUSION GENERALE

A Sabotsy Namehana, l’intervention de l’OTIV et de la CECAM est liée en grande partie à la forte potentialité économique que possède la commune. Comme l’ensemble de Madagascar, la zone d’études est à vocation agricole avec 37,16% des paysans, opérant principalement dans la riziculture, de l’élevage. Les activités commerciales ne sont pas moindres avec 27,43%, sans oublier les travaux artisanaux, 8,44%. Ces deux IMFs sont arrivées à une date récente à Sabotsy Namehana comme dans tout Madagascar : 1996 pour l’OTIV et 2004 pour la CECAM. Elles ont des traits particuliers qui les distinguent tant au niveau des structures que des services offerts aux membres. Mais des traits communs leur caractérisent : prendre en charger les milieux ruraux pour développer leurs activités. En matière d’activité, l’OTIV à Sabotsy Namehana se détache de son originalité, et se tourne vers une autre vocation, les activités commerciales. Le crédit commercial est le plus « consommé ». Le crédit alloué à l’environnement immobilier se place au second rang et le crédit paysan est faiblement demandé. Par contre, le réseau CECAM est très conservateur du fait de son caractère agricole. Le secteur primaire est le plus « grand » bénéficiaire de ce réseau par le crédit PRO et le GCV, avec une proportion de 61,54% des utilisateurs opérant dans le domaine agricole. A la deuxième place se trouve le crédit COI avec 30,77% des membres créditeurs. Les autres types de crédit sont faiblement « consommés » n’englobant que 7,69% d’utilisation. En matière des impacts, les membres de l’OTIV et de la CECAM ne jouissent pas les mêmes intérêts. Ceux de l’OTIV enregistrent un net avantage par rapport aux sociétaires de la CECAM tant en terme des revenus, de dépenses que d’épargnes. L’impact se différencie également au niveau des ménages créditeurs et des épargnants de deux IMFs. Le premier bénéficie davantage par rapport au second qui se contente seulement de choisir d’épargner tout en espérant le taux d’intérêt de leur argent déposé. Les plus connus et les plus utilisés de l’épargne de ces deux IMFs sont l’épargne spécialisée pour l’OTIV, et le plan d’épargne pour la CECAM. Toutefois, la situation socio-économique de deux catégories est nettement améliorée par rapport aux non adhérents. Ce dernier décide de ne pas avoir adhéré au sein de ces IMFs pour diverses raisons : sociales, psychologiques, économiques,… Sur un tout autre angle, les structures et les fonctions de l’OTIV et de la CECAM font obstacles à l’accès de la population rurale au microcrédit. Déjà les critères d’octroi de crédit au niveau de la CECAM entravent les membres à ne pas créditer, et les non membres à ne pas adhérer. Encore jugés « désagréables », les taux d’intérêt de ces deux IMFs bien que inégaux, 103 sont sujet d’une longue discussion à travers les années de leurs existences. La mutualité confuse de ces institutions mutualistes aggrave davantage la situation. Dans un autre angle, pour que l’OTIV et la CECAM soient réellement des coups de pouce au développement rural, les problèmes auxquels ont vécu les ménages ruraux membres ne devraient pas être ignorés. La simplification ou l’allègement des procédures d’octroi de crédit assure l’augmentation des ménages créditeurs, donc un appui au « développement » d’une multitude de projets. La période de remboursement mérite aussi une révision particulière en ciblant à la fois les intérêts des créditeurs et la viabilité des IMFs. En outre, l’allègement des taux d’intérêt semble un grand effort à continuer par les IMFs dans le but d’inciter d’une part les membres créditeurs à « accélérer » l’emprunt, et d’autre part à attirer les non membres à adhérer. Mais cette étape nécessite indéniablement l’intervention de l’Etat dans le cadre du 3P (Partenariat Public Privé). D’autres solutions ne sont pas moindres à savoir le renforcement de la sensibilisation aussi bien au côté des membres que des non membres. La formation et l’encadrement techniques des membres, notamment les créditeurs, permettraient d’assurer la bonne direction du montant octroyé, donc d’attirer plus de profits. Tout cela permet d’éliminer en grande partie les problèmes liés aux IMFs entre autres le non remboursement, la saisie des biens des sociétaires. Ainsi, la microfinance qui, techniquement, pourra être un facteur de « développement » pour Sabotsy Namehana a pu en réalité parvenir à assurer un changement tangible dans la région étudiée. L’intervention de l’OTIV et de la CECAM à Sabotsy Namehana est efficace. Mais cette efficacité ne touche qu’une minorité de la population de la zone d’intervention de ces deux IMFs. Toutefois, l’OTIV et la CECAM contribuent d’une manière significative au développement rural. Seulement, ces deux institutions de microfinancement ne peuvent pas faire tout car la perfection n’est pas de ce monde. Beaucoup restent à faire…

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LISTE BIBLIOGRAPHIQUE

OUVRAGES GENERAUX

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LISTE DES MEMOIRES

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RABENASOLO (J), 2005 : « Variabilité climatique et adaptation des activités paysannes : le cas de la commune rurale de Sabotsy Namehana », Mémoire de maîtrise, 2005, 115p

RADIRA (S.F.G), 2006 : « Microfinancements et développement ? », mémoire de CAPEN, ENS, 70p

RAFIDY (C.P), 1982 : « Etude des problèmes socio-économiques du développement régional (le cas de Nasandratrony), Mémoire de fin d’études, Etablissement des sciences agronomiques

LISTE DES JOURNAUX

Les Médias Demain : n°140- 888, 7janvier 2005, p.12 La Gazette de la Grande Ile du : 19 Avril 2006 p.9 La Gazette de la Grande Ile du 19juin 2006 p.9 La Gazette de la Grande Ile du 30 juin 2006 p.4

La Gazette de la Grande Ile du 21 février 2007 p.9

La Gazette de la Grande Ile du 10 avril 2007 p.9 La Gazette de la Grande Ile du 26 avril 2007 pp.9-10 Le journal « Taratra », n°2392, 11 janvier 2010, p.8 Les Nouvelles du 1er décembre 2006 p.22 Les Nouvelles du 6 décembre 2006 p.18 Le quotidien : n°420, 25 février 2005, p.2 MADAGASCAR Laza, n°145, 30 mai 2005, p.8

WEBOGRAPHIE

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ANNEXE 1 :

FICHE D’ENQUETES

I- ENQUETE AUPRES DES EMPLOYES DES INSTITUTIONS FINANCIERES • Au niveau de la Direction a) Politique de la : CECAM ?/OTIV ? - Quels sont les objectifs de la CECAM/OTIV ? ‹ Objectifs globaux ? ‹ Objectifs spécifiques ? - Y a-t-il un ciblage particulier de régions et de population membres ? b) Fonctionnement de la CECAM/OTIV : - Quels sont les critères utilisés pour le choix d’une région d’établissement ? (Technique, financier, politique ou autres) - Est-ce que la CECAM/OTIV effectue une étude de faisabilité avant l’ouverture d’une caisse ? (Considération ou non des autorités locales et des bénéficiaires) - Y a-t-il des campagnes de sensibilisation régulières ou ponctuelles en faveur de l’adhésion de la population locale à la CECAM/OTIV ?

II- ENQUETE AUPRES DE LA CAISSE SABOTSY NAMEHANA a) Fonctionnement de la caisse locale CECAM/OTIV - Y a-t-il des campagnes de sensibilisation régulières ou ponctuelles en faveur de l’adhésion de la population locale à la CECAM/OTIV ? - Quelles sont les différentes activités financées par la CECAM/OTIV ? b) Connaissances sur la région d’établissement de la caisse : - Quels sont les traits spécifiques de la Commune de Sabotsy Namehana ? (Physique, socio- économique et culturel) c) Impacts directs et/ou indirects de l’adhésion à la CECAM/OTIV : - Quels les types de crédits et d’épargnes offerts par la CECAM/OTIV ? - Quels sont les apports de la CECAM/OTIV ? (Développement économique de la commune, épargne, économie individuelle, épargne et économie des ménages membres, secteur d’activité) - Est-ce que vos produits et vos services répondent-ils aux besoins des adhérents ? - Y a-t-il des problèmes vis-à-vis des membres ? Si OUI, lesquels ? Et quelles mesures prenez- vous pour en faire face ? - A votre point de vue, votre intervention dans la Commune conduit-elle au développement ? c) Autour de l’adhésion de la population à la CECAM/OTIV : - Quels sont les facteurs qui encouragent la population à adhérer à la CECAM/OTIV ?µ - Comment évolue l’adhésion de la population ? - Est-ce qu’il y a des contextes particuliers qui favorisent cette adhésion ?

III- ENQUETE AUPRES DES MEMBRES DE LA CECAM/OTIV (MEMBRES EPARGNANTS/MEMBERS CREDITEURS) FKT :……………………… FICHE N° :………. A- DONNEES SOCIO-DEMOGRAPHIQUES 1- Chef de famille Sexe Année de Profession et Dernière classe Diplôme naissance lieu de travail suivie chef 2- Enfants Nombres Sexe Année de Lieu de Profession Lieu de Dernière Diplôme (M/F) naissance naissance travail/école classe suivie 01 02 03 3- Naissance Nombres Sexe (M/F) Mois de naissance Année de naissance 01 02 03 4- Décès Nombres Sexe (M/F) Age Mois de décès Année de décès 01 02 B- DONNEES SOCIO-ECONOMIQUES 1- Agriculture Types d’activités Lieu, superficie, Méthodes problèmes types Riz Maïs Haricot Autres 2- Elevage Cheptel Lieu, nombre, types Méthodes Problèmes Bovin Volailles Autres C- Revenu et dépense 1- Source de revenu Source de revenu (mensuel) Montant en Ar Taux en % Salaire Loyer (maison) Loyer (terrain) Vente de produits (élevage et/ou agricole) Pension Autres Somme 2- Poste de dépenses Poste de dépenses Montant en Ar Taux en % Alimentation Habillement Transport Communication Scolarisation des enfants Médicament Eclairage (eau et électricité) Combustible Loyer Elevage/agriculture Autres Somme

D- ENQUETE SUR L’ADHESION A LA CECAM/OTIV 1- Qui vous a poussé à devenir membre de la CECAM/OTIV ? (prise de décision individuelle, consultation de l’entourage, autres) 2- Y a-t-il eu hésitation ou problème particulier au cours de l’adhésion ? (OUI/NON). Si OUI, lesquels ? (problème de formalité, autres) E- Impacts directs/indirects de l’adhésion à la CECAM/OTIV Quels sont les apports de l’adhésion à la CECAM/OTIV : - Sur votre économie individuelle - Sur l’économie de votre ménage - Sur votre secteur d’activité - Aucun apport perçu - Autres F- Les membres épargnants : autour de la notion d’épargne 1- Avez-vous des difficultés pour constituer une épargne ? (OUI/NON). Si OUI, lesquelles ? 2- Quels sont les principaux obstacles à la constitution d’une épargne ? - Insuffisance de la rentrée d’argent - Problèmes de gestion de dépenses - Dépenses imprévues - Autres 3- En dehors de la CECAM/OTIV, y a-t-il d’autres formes d’épargne que vous utilisez ? (OUI/NON). Si OUI, lesquelles ? Et pourquoi ? 4- Quelles sont les motivations à l’égard de l’épargne ? (avenir-sécurité, dépenses imprévus, investissement, amélioration de la gestion du budget) 5- Pourquoi vous n’avez pas choisi à utiliser le service crédit ? (problèmes de taux de remboursement et de la période de remboursement, la lourdeur administrative, le manque de sensibilisation, inutilité, ignorance). G- Les membres créditeurs : autour de la notion de crédit 1- Forme du crédit pris ? 2- Montant du crédit pris ? 3- Année d’obtention du crédit ? 4- Avez-vous envisagé un projet de création ou d’extension d’activité ? (OUI/NON).Si OUI, explication brève du projet et motivation pour l’extension de l’activité (gain supplémentaire, amélioration des conditions de vie, avenir des enfants, autres). 5- Selon vous, quel sera l’impact futur d’une obtention de crédit auprès de la CECAM/OTIV sur : - Votre pouvoir d’achat ? - Votre production ? - Votre sécurité alimentaire ? - Votre équipement agricole et ménager ? - Votre santé ? - La scolarisation de vos enfants ? 6- Votre capacité à faire face aux imprévus : y a-t-il une proposition pour l’amélioration des services offerts par la CECAM/OTIV ? 7- Quels problèmes avez-vous rencontré lors du déblocage ou durant le remboursement ? 8- Avis personnel sur la CECAM/OTIV pour améliorer votre niveau de vie. (Problèmes et solutions)

IV- ENQUETE AUPRES DES MENAGES NON MEMBRES FKT :……………………… FICHE N° :………. A- DONNEES SOCIO-DEMOGRAPHIQUES

1- Chef de famille Sexe Année de Profession et Dernière classe Diplôme naissance lieu de travail suivie chef 2- Enfants Nombres Sexe Année de Lieu de Profession Lieu de Dernière Diplôme (M/F) naissance naissance travail/école classe suivie 01 02 03 3- Naissance Nombres Sexe (M/F) Mois de naissance Année de naissance 01 02 03 4- Décès Nombres Sexe (M/F) Age Mois de décès Année de décès 01 02

B- DONNEES SOCIO-ECONOMIQUES 1- Agriculture Types d’activités Lieu, superficie, Méthodes problèmes types Riz Maïs Haricot Autres

2- Elevage Cheptel Lieu, nombre, types Méthodes Problèmes Bovin Volailles Autres C- Revenu et dépense 1- Source de revenu Source de revenu (mensuel) Montant en Ar Taux en % Salaire Loyer (maison) Loyer (terrain) Vente de produits (élevage et/ou agricole) Pension Autres Somme 2- Poste de dépenses Poste de dépenses Montant en Ar Taux en % Alimentation Habillement Transport Communication Scolarisation des enfants Médicament Eclairage (eau et électricité) Combustible Loyer Elevage/agriculture Autres Somme D- Les raisons de la non adhérence : 1- Pourquoi vous n’avez pas choisi comme membres de la CECAM/OTIV ? (manque de sensibilisation et d’information, pauvreté, doute, lourdeur administrative, manque de temps, inutilité, escroquerie, éloignement, vieillissement, ignorance). 2- Envisagerez-vous devenir membre de la CECAM/OTIV ? Si OUI, brève explication. Si NON, pourquoi ? V- ENTREVUE AUPRES DES RESPONSABLES COMMUNAUX Nom et prénom(s) : Fonction : 1- Le projet microfinance a-t-il eu des impacts sur le développement de la Commune ? 2- A votre point de vue, ce projet a-t-il amélioré de manière sensible l’organisation de l’espace communal ? 3- A-t-il amélioré les conditions de vie de la population locale ? 4- Est-ce que la Commune a prouvé des changements tangibles depuis l’installation de la CECAM/OTIV ?5- Est-ce que vous avez des suggestions, en matière de microfinance pour améliorer les conditions de vie de la population et amorcer le développement de la Commune ?

ANNEXE 2 :

Tableau : Répartition des membres de l’OTIV et de la CECAM par Fokontany enquêtés

fokontany Membres OTIV Membres CECAM Total Pourcentage Ambohinaorina 13 6 19 11,87 Andrefantsena 26 6 32 20 Atsinanantsena 20 4 24 15 Beravina 0 3 3 1,87 Lazaina 0 2 2 1,25 Manarintsoa 11 13 24 15 Soaniadanana 22 11 33 20,62 Tsarafara 18 5 23 14,37 Total 110 50 160 100 Source : Enquêtes de l’auteur

Tableau : Répartition des non membres par Fokontany

Fokontany Effectif Pourcentage Ambohinaorina 7 11,66 Andrefantsena 7 11,66 Atsinanantsena 7 11,66 Beravina 8 13,33 Lazaina 8 13,33 Manarintsoa 8 13,33 Soaniadanana 7 11,66 Tsarafara 8 13,33 Total 60 100 Source : Enquêtes de l’auteur

ANNEXE 3 : PIECES A FOURNIR DANS LE DOSSIER DE DEMANDE DE CREDIT

· Demande manuscrite dans laquelle se trouvent les informations suivantes : - Motivation de la demande ; - Description du projet ; - Montant demandé ; - Durée de remboursement ; - Procédures de remboursement. · Copie certifiée de la Carte d’Identité Nationale du demandeur et de son conjoint · Certificat de résidence · Lettre de consentement du (de la) conjoint(e) · Etat des revenus et dépenses ·Attestation de revenu ou fiche de paie · Autorisation ou licence d’activité · Titre de propriété pour les terrains ou maisons – Factures pour les autres biens · Offre de garantie · Devis estimatif du projet

ANNEXE 4 :

Tableau : Répartition spatiale de la population de Sabotsy Namehana, 2008

Noms des 22 Fokontany Nombre d’habitants Superficie (km 2) Atsinanantsena 7 238 0,35 Soaniadanana 6 012 0,28 Ambohinaorina 5 876 1,03 Tsarafara 5 219 0,83 Andrefantsena 5 210 0,24 Amorondria 3 120 0,60 Anosy Avaratra 3 115 1,32 Ambohitrinimanga 2 922 2,51 Antsahatsiresy 2 135 0,02 Antsofinondry 1 995 0,40 Manarintsoa 1 920 0,41 Lazaina 1 811 2,13 Ambatofotsy 1 727 0,77 Namehana 1 620 0,61 Faravohitra 1 515 0,76 Andidiana 1 507 2,01 Ambohibary 1 409 1,97 Isahafa 1 222 1,36 Ambohidrano Andrefana 1 095 2,29 Ambodivona 993 0,18 Beravina 980 1,32 Botoina 721 0,69 Total 59.362 22,08

Source : Monographie de la commune rurale de Sabotsy Namehana, année 2008 ANNEXE 5 : Tableau : Les huit crédits offerts par la CECAM

Types de crédit Objets Taux d’intérêt/an Conditions Transformation de Financement des 3 à 3,5% Garanties d’une produits (TRF) besoins en fonds de valeur de 150% roulement pour les (capital + intérêt) activités artisanales et Remboursement : pour les mensuel transformations des Durée : 3 à 12 mois produits Crédit construction Construction ou 2 à 2,5% Garantie : 50% + (CTR) Aménagement terrain de bâtiment Autofinancement : 25% Durée : 36 à 60mois Remboursement : de préférence mensuel Crédit entretiens et Travaux de 3% Garantie : 150% du réparation immobilier réhabilitation, de capital et intérêt (ERI) réparation ou Durée : 3 à 24 mois d’embellissement Remboursement : plusieurs échéances Crédit Grenier Crédit stockage pour 3 à 3,5% Pas Commun Villageois produit agricole d’autofinancement (GCV) Durée minimale : 5 mois Remboursement : une ou plusieurs échéances Garantie : Produit stocké Crédit productif Financement des 3 à 4% Garantie : 15% (PRO) besoins de Autofinancement : fonds de roulement 25% (en dans le nature) secteur primaire et Durée : 3-10 mois artisanat Remboursement : Achat de pièces mensuel ou détachées minimum 2 échéances Crédit Location vente Acquisition de 2,5 à 3,5% Garantie : 50% Mutualiste (LVM) matériels (150% si véhicule motorisé) Autofinancement : 20% si neuf et 40% si usé Durée : 6 – 36 mois Remboursement : de préférence mensuel Crédit commercial Financement des 4% Garantie : 150% + individuel (COI) besoins de nantissement stock + fonds de roulement caution dans le solidaire secteur secondaire et Autofinancement : tertiaire 25% (en nature) Durée : 3 à 10 mois Remboursement : mensuel à capital constant Crédit entretiens et Entretiens et 3% Garantie : 150% du réparations mutuels réparations des capital et intérêt matériels Source : CECAM Sabotsy Namehana ANNEXE 6 :

ANNEXE 7 :

Tableau : Evolution des membres de la CECAM de 2004-2011

Année 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Nouveaux 150 135 95 91 46 35 66 55 adhérents total 150 285 380 471 527 562 628 683 Source : Exploitation des données de la caisse à Sabotsy Namehana

Tableau : Evolution des membres de l’OTIV de 2006-2010

Année 2006 2007 2008 2009 2010 Nouveaux 585 721 1249 997 adhérents Effectif total 4402 4987 5708 6957 7954 Source : Exploitation des données de la caisse Sabotsy Namehana

ANNEXE 8 :

Le SRI (Système de riziculture intensive) ou SRA (système de riziculture améliorée) est un mode de riziculture moderne qui a pour but d’augmenter le rendement sur une petite parcelle cultivée. Il nécessite moins de temps de travaux exigés, et une gestion plus rigoureuse. Ce qui induit en amener certains paysans par du jugement relatif à un mode de culture difficilement praticable.

Les trois conditions de SRI : ° Premièrement : les pépinières devraient être soignées et jeunes : repiquage avant 25 jours. ° Deuxièmement : les rizières ne devraient pas contenir des mauvaises herbes et le sarclage devrait se faire deux fois, c’est à dire du repiquage jusqu’au moissonnage. ° Troisièmement : l’eau dans les rizières étant facile à maîtriser. Quant aux façons culturales, l’attelage est presque pratiqué dans la région pour le labour, les travaux d’émottage et de mise en boue des rizières, ce qui entraîne une réduction notable de besoin en main d’œuvre, car le travail en SRI nécessite beaucoup de travaux soignés. Voici un tableau du temps de travaux en SRI et riziculture irriguée

Tableau : Comparaison des travaux en SRI et en riziculture irriguée

Tâches Riz irrigué repiqué SRI Manuel H/J Attelé H/J Manuel H/J Attelé H/J Pépinière : Curage canaux, labour, apport fumure organique, émottage, planage, maîtrise de l’eau… 28 2 Rizière : Curage canaux, diguette, drainage, fumier, labour, mise en eau, herbage, émottage, planage, mise en boue, affinage, (mauvaise herbe) 69 13 33 24 Repiquage : 32 40 Sarclage : Traitement 14 12 Maîtrise d’eau : 10 6 Coupe : Mise en botte, transport, battage, vannage, séchage 70 73 Total 228 13 169 24 Source : Direction de l’Agriculture (DIRA) Antananarivo

LISTE DES GRAPHES

Graphe n°1 : Diagramme ombrothermique de la station d’Antananarivo ...... 7 Graphe n°2 : Pyramide des âges de la population de la commune de Sabotsy Namehana (Année 2010) ...... 12 Graphe n°3 : Répartition de la population active par secteur d’activités ...... 17 Graphe n°4 : Montants de crédit commercial octroyés aux membres (en Ariary) ...... 39 Graphe n°5 : Montant de crédit construction alloués aux sociétaires (en Ariary) ...... 40 Graphe n°6 : Répartition des crédits agricoles (en Ariary) ...... 42 Graphe n°7 : Montants octroyés aux créditeurs de crédit PRO de la CECAM (en Ariary) ...... 45 Graphe n°8 : Montants de crédit COI octroyés aux créditeurs de la CECAM (en Ariary) ...... 47 Graphe n°9 : Types d’épargnes utilisés par les épargnants de la CECAM ...... 62 Graphe n°10 : Causes du non utilisation de crédit CECAM ...... 72 Graphe n°11 : Causes du non utilisation des crédits de CECAM ...... 87 Graphe n°12 : Causes du non utilisation de crédits de l’OTIV ...... 88

LISTE DES TABLEAUX

Tableau n°1: Répartition par grands groupes d’âges de la population enquêtée ...... 14 Tableau n°2 : Les principales cultures et la production de la Commune en 2008 ...... 18 Tableau n°3 : Les différents types d’élevage de la Commune en 2008 ...... 19 Tableau n°4 : Les types d’épargnes offerts par l’OTIV ...... 26 Tableau n°5: Tableau récapitulatif de la répartition des membres de l’OTIV selon les crédits utilisés et leurs utilisations ...... 43 Tableau n°6 : Répartition des créditeurs de l’OTIV par Fokontany et par activités ...... 44 Tableau n°7: Tableau récapitulatif de la répartition des membres de la CECAM selon les crédits utilisés et leurs utilisations ...... 48 Tableau n°8 : Répartition des membres créditeurs de la CECAM par Fokontany et par activités ...... 49 Tableau n°9: Revenu moyen des membres créditeurs de l’OTIV enquêtés………………………………………………………………….....51 Tableau n°10: Compte d’exploitation (en Ar) d’un éleveur de poules pondeuses, membre de l’OTIV ...... 53 Tableau n°11: Revenu moyen des ménages non membres de deux institutions enquêtés 55 Tableau n°12: Causes de la non adhérence (enquêtes sur les 60 non membres) ...... 56 Tableau n°13: Comparaison des sources de revenu et ses valeurs mensuelles entre les membres créditeurs de l’OTIV et les non membres ...... 57 Tableau n°14: Les dépenses moyennes des membres de l’OTIV enquêtés selon les postes 58 Tableau n°15 : Bilan budgétaire des ménages créditeurs de l’OTIV ...... 59 Tableau n°16 : Les dépenses moyennes des non membres de deux IMFs enquêtés ...... 59 Tableau n°17 : Tableau comparatif du bilan des membres créditeurs de l’OTIV et des non membres ...... 60 Tableau n°18 : Revenu moyen des épargnants de l’OTIV enquêtés ...... 61 Tableau n°19 : Bilan budgétaire des épargnants de l’OTIV enquêtés ...... 62 Tableau n°20: Les dépenses moyennes des épargnants de l’OTIV enquêtés ...... 63 Tableau n°21: Revenu moyen des membres de la CECAM enquêtés ...... 65 i

Tableau n°22: Revenu moyen des non membres de deux institutions enquêtés ...... 66 Tableau n°23: Comparaison des sources de revenu et ses valeurs mensuelles entre les membres créditeurs et les non membres ...... 67 Tableau n°24 : Les dépenses moyennes des membres de la CECAM enquêtés ...... 68 Tableau n°25 : Bilan budgétaire des créditeurs de la CECAM ...... 69 Tableau n°26 : Tableau comparatif du bilan des membres de l’OTIV et des non membres ...... 69 Tableau n°27 : Revenu moyen des épargnants de la CECAM enquêtés ...... 70 Tableau n°28 : Les dépenses moyennes des épargnants de la CECAM enquêtés ...... 71 Tableau n°29 : Bilan budgétaire des épargnants de la CECAM enquêtés ...... 72 Tableau n°30 : Répartition des enquêtés selon le niveau d’instruction atteint ...... 77 Tableau n°31 : Les motivations à l’égard de l’épargne auprès de la CECAM ...... 87 Tableau n°32 : Les motivations à l’égard de l’épargne auprès de l’OTIV ...... 89

LISTE DES PHOTOS

Photo n°1 : Vue partielle de la région d’études (vu du Nord-ouest) : photo de couverture Photo n°2: La vaste plaine rizicole de la partie Ouest de la Commune ...... 6a Photo n°3 : Le relief accidenté de la partie Est de la Commune ...... 6a Photo n°4 : L’ampleur de l’inondation de la rivière Imamba ...... 8a Photo n°5 : Le débordement de l’Imamba ...... 8a Photo n°6 : Les bâtiments de la caisse OTIV Tambatra Sabotsy Namehana ...... 27a Photo n°7 : La caisse « Tsimiamboholahy » de la CECAM Sabotsy Namehana ...... 31a Photo n°8 : Des infrastructures commerciales « modernisées » ...... 39a Photo n°9 : Exemple de l’élevage avicole d’un membre de l’OTIV à Andrefantsena ...... 42a Photo n°10 : La riziculture de bas fond à Sabotsy Namehana ...... 46a

LISTE DES CARTES

Carte n°1 : Carte de localisation de la commune rurale de Sabotsy Namehana ...... 2a Carte n°2 : Situation administrative de la commune rurale de Sabotsy Namehana ...... 2b Carte n°3 : Carte administrative de la commune rurale de Sabotsy Namehana ...... 2c Carte n°4 : Carte de la répartition spatiale de la population de Sabotsy Namehana ...... 16a Carte n°5 : Carte des activités créditées par la CECAM et l’OTIV ...... 49a Carte n°6 : Carte des infrastructures de la commune rurale de Sabotsy Namehana ...... 80a

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Auteur : ANDRIANARISON Willy Haruna Titre : LA CONTRIBUTION DE LA MICROFINANCE DANS LE DEVELOPPEMENT RURAL : L’IMPACT DE L’OTIV ET DE LA CECAM DANS LA COMMUNE RURALE DE SABOTSY NAMEHANA Nombre de pages : 104 Nombre de tableaux : 32 Nombre de cartes : 6 Nombre de graphes :12 Nombre de photos : 10 RESUME : La microfinance, une stratégie de lutte contre la pauvreté est née dans le cadre de la mondialisation et est devenue un phénomène en vogue en ce 21 ème siècle, surtout dans les pays en développement. A Madagascar, l’intervention des institutions de microfinance (IMFs) touche les milieux urbain et rural, tous les deux étant victimes de la pauvreté. Nombreuses sont ces institutions mais l’OTIV et la CECAM sont les plus répandus dans toute l’île. La commune rurale de Sabotsy Namehana fait partie des zones opérées par ces deux IMFs pour combattre au fond la pauvreté. Leur intervention dans la région pousse les exclus des banques traditionnelles de bénéficier les services de prêts et d’épargnes. La quasi-totalité des activités économiques à Sabotsy Namehana sont touchées par les opérations des IMFs. Le microfinancement de l’OTIV et de la CECAM permet d’améliorer les conditions de vie de la population de la zone surtout les ménages membres. Il est devenu alors en partie une source de développement de la commune rurale de Sabotsy Namehana. Néanmoins, quelques améliorations de services méritent d’être prises en considération au niveau de la microfinance en général et de l’OTIV et de la CECAM en particulier, car malgré leur réputation nationale et les efforts qu’ils ont déjà déployés, des problèmes se constatent encore au niveau de certains points.

Directeur de mémoire : - Madame RAHONINTSOA Elyane Maître de Conférences à l’Ecole Normale Supérieure d’Antananarivo - Madame RATOVONIRINA Bakoaly Assistant d’Enseignement Supérieur et de la Recherche

Mots clés : microfinance, microcrédit, mutualisme, développement rural, prêt, épargne, épargnants, crédit, créditeurs, bilan budgétaire, Sabotsy Namehana. Adresse de l’auteur : Lot A 105bis Atsinanantsena Sabotsy Namehana ANTANANARIVO 103