UNIVERSITE D’ ***************** FACULTE DES LETTRES ET DES SCIENCES HUMAINES ***************** DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE ******************

MEMOIRE DE MAITRISE EN GEOGRAPHIE

CONTRIBUTION GEOGRAPHIQUE

A L’ETUDE REGIONALE

DU DISTRICT DE BEFANDRIANA

-NORD

(Région SOFIA)

Présenté par BENERSOA Elysé

Sous la direction de Madame RATOVOSON Céline, Maître de conférences

Avril 2006

UNIVERSITE D’ANTANANARIVO ***************** FACULTE DES LETTRES ET DES SCIENCES HUMAINES ***************** DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE ******************

MEMOIRE DE MAITRISE EN GEOGRAPHIE

CONTRIBUTION GEOGRAPHIQUE A

L’ETUDE REGIONALE DU

DISTRICT DE BEFANDRIANA-NORD

Présenté par BENERSOA Elysé

Sous la direction de Madame RATOVOSON Céline, Maître de conférences

Avril 2006

DEDICACES

Le présent mémoire est dédié à

Tous les natifs de Befandriana-Nord et surtout pour les générations qui pensent encore continuer leurs formations universitaires ;

« Toute la tendresse que j’ai pour vous »

Mes frères et mes sœurs aînés ainsi que mes parents qui sont tous loin de moi, mais ne m’ont oublié jamais ;

Avec toute mon affection, tous ceux qui me connaissent de près et de loin.

i REMERCIEMENTS

Le présent écrit de recherche a pu être réalisé grâce à la contribution d’un grand nombre de personnes.

J’exprime particulièrement ma vive connaissance et mes sincères remerciements à mon encadreur, Madame RATOVOSON Céline, Maître de conférences, qui a eu la bonne volonté de me diriger dans la réalisation de ce travail. Je tiens aussi à remercier la Direction Générale du Département de Géographie et tous les enseignants de m’avoir prodigué des conseils, d’avoir mis ma disposition tous les outils et connaissances pour mener à bien la réalisation de cet écrit de recherche. Mes remerciements vont également à tous ceux qui ont contribué à la réalisation de ce travail :

- à tous les responsables administratifs qui ont bien voulu m’aider et me donner satisfaction pendant la collecte des données et qui ont facilité mon accès dans leurs circonscriptions. - à tous les paysans et tous les opérateurs économiques qui m’ont fourni des renseignements locaux nécessaires pour l’élaboration de ce travail. J’adresse toute ma reconnaissance à toute ma famille, frères et sœurs, ayant contribué financièrement ou moralement à l’aboutissement de cette étude.

Je n’oublie pas tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à la réalisation de cet ouvrage.

ii RESUME

Befandriana –Nord est une zone délimitée à partir des exigences politiques et administratives qui se succèdent d’époque en époque. Elle porte actuellement le titre de District qui est une entité administrative plus réduite ; obtenue à partir des subdivision de la Province de et de la région de Sofia. Par ailleurs, on a ici une étude géographique d’une région. L’application de cette étude dans le District de Befandriana, va rencontrer de difficultés car la région administrative ne s’accorde toujours pas avec celle géographique. Autrement dit, la région administrative n’est pas forcement créée à partir des éléments de base de géographie. A ce propos, la préoccupation de cette étude est de savoir si cette circonscription administrative est une région géographique. D’où la nécessité de définir ce qu’on appelle région géographique d’abord dans son ensemble, puis dans ses nuances locales. Comme la région géographique est une combinaison d’éléments naturels et humains, il faudrait, par conséquent, les analyser en évoquant les plus nécessaires de cette étude. L’analyse de ces éléments permettra de savoir les différents types de régions constatés dans cet espace. Pourtant, la région pourrait être « un ensemble organisé » par un pôle. La « région » de Befandriana – Nord comprend deux groupes de pôles tels que les petits pôles et celui qui est représenté par la ville. Ainsi, la région s’organise à partir de ces pôles Le milieu naturel, la population, essentiellement tsimihety, et ses activités qui sont en interaction dans un espace conditionnent le caractère d’ensemble de la région. Les activités de base sont l’élevage et l’agriculture qui se pratiquent simultanément dans un espace assez complexe. Les conditions du développement régional dépendent surtout de l’aménagement de ces deux pratiques qui rencontrent des problèmes d’ordre naturel et humain

Les mots clés : Befandriana-Nord Tsimihety espace, région, pôle,

iii SOMMAIRE

DEDICACES ...... i REMERCIEMENTS...... ii RESUME...... iii SOMMAIRE...... iv CHAPITRE I : Les éléments déterminant la complexité physique de l’espace : ...... 10 CHAPITRE II : Les impacts de la complexité physique de l’espace SUR les conditions naturelles ET L’ESPACE REGIONAL :...... 18 CHAPITRE III : Le problème de la classification régionale de l’espace de Befandriana – Nord à partir de l’analyse des conditions climatiques : ...... 41 CHAPITRE IV: Etude de la population :...... 58 CHAPITRE V : Les activités de la population : leur importance et leur rôle au sein de la société : ...... 72 CHAPITRE VI : la répartition des activités dans l’espace de Befandriana : ...... 90 CHAPITRE VII : Les atouts et les contraintes au développement régional de Befandriana - Nord ...... 100 CHAPITRE VIII : Les PETITS POLES DANS L’ORGANISATION SPATIALE ET LES ZONES NON INFLUENCEES ...... 115 CHAPITRE IX– L’influence de la ville de Befandriana sur sa région :...... 121 TABLE DES MATIERES ...... I BIBLIOGRAPHIE...... V LISTE DES CARTES ...... XI LISTE DES CROQUIS...... XII LISTE DES FIGURES ET DES SCHEMAS...... XIII LISTE DES TABLEAUX ...... XV

CONCLUSION GENERALE…………………………………………………………….145

iv

INTRODUCTION

Depuis la capitale Antananarivo, si l’on fait un voyage par terre, il faut passer par 03 routes nationales ( R.N.) pour arriver à Befandriana-Nord. La première est la R.N. 4, reliant Antananarivo-Mahajanga qui sera quittée à Ambondromamy pour rejoindre la R.N.6 (Ambondromamy-Antsiranana ) jusqu’ et pour prendre enfin la R.N.32 reliant Antsohihy et jusqu’à ce qu’on arrive à la région concernée par nos études. Au point de vue superficie, Befandriana-Nord tient la troisième place des plus grandes superficies de la région administrative de Sofia, s’étalant sur 9.121km² de surface, derrière et Mandritsara qui mesurent, respectivement, 10.171 km² et 9.604 km². Sur le plan géographique, la « région » de Befandriana-Nord se situe entre la latitude 14° 39, - 15° 37’ Sud et longitude 48°24’ – 49° 28’ Est. Cette localité se trouve, en premier lieu, dans une zone intérieure. Ainsi, elle se situe dans l’arrière-pays de Maroantsetra et Antsohihy de l’Est à l’Ouest et au centre de Mandritsara et du Sud au Nord. C’est également une zone qui coïncide avec la région affaissée de la partie centrale du Nord de l’île se situant entre le massif de Tsaratanàna et les Hautes Terres Centrales de . La zone est traversée, presque dans la totalité, par le couloir de Mandritsara ou seuil d’Androna. La géologie informe que ce dernier est déprimé par le mouvement tectonique depuis l’Antongil à l’Est jusqu’à Sambirano à l’Ouest1. A l’intérieur de Befandriana, on observe que l’espace se divise, topographiquement, en deux zones bien distinctes. Depuis longtemps, la population locale a employé les termes « Zone haute » et « Zone basse » pour distinguer, tout simplement, les régions aux altitudes différentes. Ces termes peuvent être employés dans cette étude géographique de la « région » de Befandriana. Ainsi, ces deux zones sont séparées, clairement, par une longue barrière qui s’étend du Sud vers le Nord, depuis Anketsabe (1.133m ) en passant par Ambohitsitondroina, par Andranovo ( 1.276m ), jusqu’à Mangatsiaka ( 1.438m ). La partie Est ayant des altitudes allant de 700 à 1.000m ou plus se dit la « Zone haute ». C’est une zone composée de cinq Communes rurales ( Matsondakana,

1 Petit M. « Présentation physique de la Grande Ile de Madagascar. Copyright (C) 1998, FTM.

1 CARTE N°01 : LOCALISATION DE DISTRICT DE BEFANDRIANA NORD PAR RAPPORT A L’ENSEMBLE DE L’ÎLE

N N

Ambondromamy

RN4 Province de Mahajanga

District de Befandriana

Limite de la région Sofia ƒ Capitale Chef - lieu de Province Route Nationale Source : Carte FTM Echelle : 1/6 000 000

Commune urbaine Source : Carte FTM ƒ Echelle : 1/650 000 Commune rurale

2

Antsakabary, , Ambolidibe – Est, ) plus une partie d’. Dans la partie Ouest, aux altitudes variant de 200 à 400 m, s’étend la « Zone basse » qui est constituée par les Communes restantes ( C.U. de Befandriana, , , Ambodimotso-Sud, , Morafeno, et une partie d’Ambararata ).

Nous avons dû consacrer des lignes pour mettre en place une rubrique relative au sujet de la reconnaissance de cette « région ». La raison est simple en disant que c’est une zone encore très sous-estimée voire ignorée à l’échelle nationale si l’on tient compte de la réalité que nous vivons actuellement. Il n’est pas rare que les personnes demandent, en entendant parler de cette « région », où se trouve son emplacement exact. Befandriana-Nord, voire la région de Sofia reste une zone de passage pour certains programmes. En effet les investisseurs, nationaux et étrangers, ne veulent pas y employer leurs capitaux. Les touristes, bien entendu étrangers et nationaux, font un grand bond de Tuléar (parc Isalo), de la région Est (les parcs nationaux), d’Antananarivo (capitale) pour rejoindre directement le Nord de Madagascar en direction de Nosy- Be et de l’extrême Nord. On ajoute également la sous- estimation de la part des chercheurs qui consacrent beaucoup de temps de travailler et d’énergie pour l’ensemble de l’île mais ils ne parlent qu’une étude superficielle de cette région. Cette dernière reste, par conséquent, une zone de passage et de marge des recherches des grandes régions qui l’entourent, à savoir les Hautes Terres Centrales, l’Est et le Nord- Ouest de Madagascar. Alertés par ces problèmes, nous pensons lancer cette modeste recherche comme notre contribution géographique à l’étude régionale de Befandriana-Nord permettant, à la fois, de reconnaître davantage cette zone et d’analyser les ressources qui semblent être pertinentes pour assurer le développement régional.

Comme l’étude régionale d’une telle portion d’espace exige une démarche à suivre, il nous convient de savoir ce qu’est une région selon la discipline géographique. Certains auteurs ont donné une définition à ce qu’on appelle une région géographique, mais on prendra celle de PIERRE George, dans son ouvrage « Dictionnaire géographique ». Il a dit que « la région est une portion d’espace ayant une unité de fait, de ses caractères physiques, de son passé historique, de ses capacités économiques… »

3 CARTE N°02 : LOCALISATION DU DISTRICT DE BEFANDRIANA NORD PAR RAPPORT A L’ENSEMBLE DE LA REGION DE SOFIA

N

Circonscription administrative du district de Befandriana Nord Circonscription administrative Source : Carte FTM de la région de Sofia

Chef lieu de district Echelle : 1/250 000 Route Nationale

Les mots clés dans cette définition sont l’espace et l’unité. Si l’on va faire une petite interprétation, on peut dire que pour qu’une telle portion d’espace soit qualifiée d’une région géographique, il faut avoir une certaine homogénéité qui peut être naturelle ou humaine à travers laquelle on pourra dire qu’une telle région est une région naturelle ou région économique ou encore humaine. Or, la limite régionale actuelle de Befandriana n’est qu’une réponse aux exigences des responsables administratifs qui se sont succédés d’époque en époque, à Madagascar. Ainsi, pendant la période du royaume2 où l’organisation de

2 On parle la période « du royaume » car les royaumes qui existaient dans l’ensemble de l’île étaient devenus fiefs merina à cette époque.

4 l’administration territoriale avait pour but de renforcer la cohésion interne, les limites administratives sont fondées à partir de la répartition ethnique et Befandriana n’est, en effet, qu’un pays tsimihety sous l’occupation de la royauté merina.

Dans le souci de l’implantation de leur administration à Madagascar, les colons ont dû effectuer la réorganisation territoriale. Durant la période de pacification du Général Galliéni (1896-1905), Befandriana appartient au cercle militaire3 d’Analalava. Ce n’est qu’à partir de 1958 qu’on obtient l’actuelle organisation territoriale administrative séparant les six provinces actuelles de Madagascar. Ainsi, Befandriana et l’ancien poste administratif d’ furent réunis pour devenir l’un des Districts qui composent la Province de Majunga. Les limites administratives ne changent plus, mais seulement, l’appellation fut modifiée. A l’époque de la Ière République, le terme District se transforme en Préfecture ou Sous-préfecture. La politique qui met en valeur la malgachisation pendant la période de la IIème République ( 1975-1990 ) entraîna la modification de l’appellation de Préfecture ou Sous-préfecture en Fivondronampokontany et la Province en Faritany.

Mais, conformément à l’appellation actuelle des limites de la circonscription administrative à Madagascar, Befandriana-Nord redevient District. Comme la notion de région administrative a été créée depuis la première partie de la IIIème République, le District de Befandriana est l’un des 07 Districts qui forment la région de Sofia. Cette dernière est l’une des quatre grandes régions qui constituent la Province de Mahajanga.

Tout cela nous permet de dire que l’achèvement des délimitations, depuis l’époque royale jusqu’à nos jours, du territoire de Befandriana qui est l’objet de notre étude, ne répond que des décisions politico-administratives. C’est juste à ce point là que la problématique de cette étude entre en jeu en se demandant si cette circonscription administrative de Befandriana présente réellement une région géographique telle qu’elle est définie par Pierre George ci– dessus ; c’est-à-dire que l’espace doit être homogène sur ses éléments naturels et/ou humains. Et si c’est une région géographique, comment elle se manifeste ? Est- ce que l’on peut, par ses caractères naturels ou humains, la rattacher ou la distinguer aux autres grandes régions déjà classées qui l’entourent ?

3 Le Cercle militaire était une délimitation territoriale à l’époque de la pacification effectué par Général Gallière (1896-1905)

5 Il s’agit ici, en effet, d’un problème d’identification et de classification, sur le plan régional, de l’espace de Befandriana. Par ailleurs, la région, selon R. BRUNET4, peut être un ensemble organisé, dirigé par une ville. L’actuelle C.U. de Befandriana tient toujours le rôle de chef-lieu dans son territoire administratif. Ce que l’on doit savoir, à cet égard, c’est que la ville qui est considérée comme le noyau de sa région peut-elle polariser son espace ? La recherche des solutions à toutes ces questions nous oblige à insister, d’abord sur l’analyse, d’une manière un peu plus profonde, des conditions naturelles du milieu, puis la répartition des activités de la population.

La situation de l’espace de Befandriana dans la localité correspondant aux coordonnées géographiques : latitude 14°39’- 15°37’ Sud et longitude 48°2’- 49°28’ Est est une condition très déterminante dans l’étude régionale dudit espace. Dans cette zone, les formations géologiques présentent des séries discontinues et variées. C’est aussi une zone au niveau de laquelle s’abaissent les altitudes générales des Hautes Terres Centrales de Madagascar. Les reliefs s’y manifestent en caractères variés. En effet tous ces phénomènes mettent l’espace dans une condition très complexe de telle sorte que les conditions naturelles (climat, sols, végétation, système hydrographiques) se présenteront sous des caractères diversifiés.

Etant donné que ces différents éléments physiques jouent un rôle déterminant dans l’orientation des activités humaines, ces dernières sont, également marquées dans l’espace sous des aspects variés. En outre, Befandriana est un foyer, depuis longtemps, occupé par les Tsimihety. L’espace devrait, par conséquent, se soumettre à la civilisation de ceux-ci, selon laquelle l’économie s’y caractérise par la pratique simultanée de l’élevage et de l’agriculture. Mais, ces activités sont, à leur tour, déterminées par des conditions locales de l’espace. Ainsi, plusieurs sortes des cultures peuvent être pratiquées ; mais le constat montre que celles-ci sont fortement dominées par la riziculture. Elle occupe plus de 80 % de total des superficies cultivées et procure ainsi, surtout aux habitants de la « Zone basse », une ressource financière principale. Le reste des surfaces cultivées sont occupées, dans la « Zone haute »,

4 R. BRUNET : « Le croquis de géographie régionale et économique », Mars 1962.

6 par d’autres cultures comme le café et la vanille. D’autres types de cultures y sont présents, mais sont encore très marginaux. Quant à l’élevage, celui des bovidés est pratiqué, en prépondérance, dans cette région en raison de son importance particulière sur le plan socio-économique.

Toutes ces activités vont se superposer dans l’espace dans lequel elles se développent tout en affrontant des obstacles susceptibles de freiner leur développement. L’insuffisance des infrastructures routières et des équipements sanitaires et vétérinaires demeurent les deux entraves principales faisant obstacle au développement de l’agriculture et de l’élevage et obstacle aussi au développement régional. En effet, la population active, surtout dans la « Zone haute », rencontre souvent des difficultés pour l’évacuation des produits vers les localités où l’on trouve des débouchés commerciaux. Mais une partie de ces problèmes a été résolu, à partir de l’époque de la IIIème République pendant laquelle on a implanté des marchés communaux même dans les localités difficilement accessibles. Bien que cette politique menée par l’Etat ait permis aux paysans concernés de faciliter la circulation de leurs produits, souvent par des charrettes ou à dos d’homme, à l’intérieur de leur territoire, les débouchés commerciaux demeurent toujours insuffisants. A ces problèmes, s’ajoute celui qui est dû aux mauvaises conditions naturelles de l’espace comme l’irrégularité du climat, la mauvaise qualité des sols. La collecte des informations détaillées relatives à ces éléments constitue, en fait, la technique permettant de faire connaître la méthode de recherche utilisée.

Nos connaissances intuitives concernant le milieu naturel et humain de la région de Befandriana ont été conçues depuis longtemps. Nous vivons, avant de suivre les formations universitaires, parfois dans le milieu rural ou urbain. Nous avons participés, activement, à tout ce qui est relatif à la vie quotidienne des gens. Pendant les vacances universitaires, nous avons dû faire un tour de cette localité, soit en accompagnant la tournée des agents administratifs locaux, soit en profitant une occasion lors de la campagne des propagandes électorales. Souvent, nous avons eu l’occasion d’accompagner nos amis pour venir aux marchés communaux. Durant ces moments là, on n’est pas resté passif, mais nous avons toujours essayé de trouver les moyens de provoquer les débats et discuter avec les paysans, les collecteurs des produits locaux concernant différents sujets. Cependant, aucune prise des

7 notes n’a été effectuée. On s’est tout simplement contenté de les écouter. Une enquête sérieuse, qui est essentiellement participative n’a été entreprise qu’en 2003 pendant laquelle, le thème a été axé sur l’étude régionale.

Comme la réalisation de cette étude demande de grands efforts personnels, nous avons dû auparavant parcourir toute la région pour pouvoir constater les contrastes régionaux. Toutefois, afin de rendre plus faciles les travaux d’enquête, deux sites, tels que la C.R. de Tsiamalao et celle de Matsondakana, ont été choisis. L’objectif de ce choix est de faire représenter, respectivement, les faits humains et naturels dans la « Zone basse » et la « Zone haute » constituant cette région. Les enquêtes effectuées dans ces deux villages ont été dirigées sur des questionnaires relatifs à la situation socio-économique des paysans, en leur demandant le taux de production, le rendement agricole, leurs ressources et leurs dépenses, etc…

Les données collectées sont complétées par celles qui sont disponibles aux archives administratives locales. Mais, ayant toujours été méfiant vis-à-vis des données relatives au dynamisme spatial des produits, nous avons dû consulter les acteurs des marchés (transporteurs, collecteurs des produits, les paysans…) afin qu’ils nous livrent beaucoup plus d’informations et renseignements plus fiables. Nous avons été obligés de procéder à cette démarche parce que beaucoup de produits collectés échappent au contrôle de l’administration locale ( par exemple paiement des ristournes, etc..) et ceux –ci, par conséquent, sortent du territoire local d’une manière clandestine. C’est ainsi que les chiffres disponibles aux archives administratives locales risquent, en effet, d’être viciés par des erreurs. Les enquêtes effectuées sur terrain ne se borne uniquement pas à des sujets relatifs aux aspects humains, mais elles touchent aussi le domaine physique, tout en s’interrogeant, par une simple constatation, sur le régime pluviométrique et le système hydrographique dont l’objectif est de traduire les données cueillies en raisonnements géographiques.

Procéder à cette méthode à été donc, pour nous, une contrainte inéluctable en raison du fait que les ouvrages spécifiques de Befandriana sont très rares, voire quasi-inexistants. La plupart des ouvrages disponibles ne parlent que de très peu de choses – pour ne pas dire de rien de tout - en ce qui concerne la région qui nous intéresse.

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La consultation bibliographique a déjà été effectuée avant même la formulation des questionnaires qui, préparés pour les enquêtes, sont prêts à être posés aux interlocuteurs. Les documents se distinguant par leur nature ont été sélectionnés à partir des ouvrages généraux qui nous ont fourni certaines informations générales sur ce thème et puis, des bouquins spécifiques, surtout ceux qui peuvent nous donner des renseignements physiques sur l’ensemble de l’île, mais aussi à l’échelle régionale. Il y a également quelques ouvrages spéciaux, à savoir les monographies de la Sofia et de Befandriana ainsi que les documents et archives administratifs. Outre les ouvrages écrits, nous avons travaillé sur différentes cartes (cartes topographiques F.T.M. à échelle 1 / 100.000, carte de Madagascar selon l’assemblage d’Antalaha, carte géologique de BESAIRIE à échelle 1 / 500.000, etc…) Comme il s’agit ici d’une étude régionale, une démarche qui lui est spécifique a été adoptée. L’espace, qui est l’objet principal de cette étude, n’offre encore que des connaissances limitées pour l’ensemble de la « région » de Befandriana. Il nous faudrait donc entamer une analyse approfondie de ce sujet. Ainsi, afin de comprendre l’organisation spatiale et l’évolution de la population, il est nécessaire, en premier lieu, d’aborder les conditions naturelles de l’espace en évoquant leur complexité. Mais sans l’intervention de l’homme, l’espace n’est pas organisé et il reste non dynamisé. Ce phénomène nous conduit à voir, en deuxième lieu, la population et ses activités dans les différents espaces régionaux de Befandriana-Nord. La combinaison de tous ces éléments tels que le milieu naturel, la répartition des activités de la population constituent le moyen de déterminer les conditions du développement régional et la polarisation lente de l’espace de Befandriana-Nord que l’on va examiner en dernière partie de ce travail.

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PREMIERE PARTIE

L’ESPACE DE BEFANDRIANA-NORD : UNE REGION NATURELLE COMPLEXE

CHAPITRE I : LES ELEMENTS DETERMINANT LA COMPLEXITE PHYSIQUE DE L’ESPACE :

Si l’on va étudier la région de Befandriana, le premier élément pertinent est que l’espace présente, dans son ensemble, une complexité physique. En un mot, il n’est pas homogène. Cette complexité est le résultat de quelques indices dont le premier est sa situation géographique par rapport à l’ensemble de l’île.

1 -1 – La situation géographique de la région de Befandriana – Nord :

N

14°39’

15°39’

48°2’ 49°29’ Zone de Befandriana Echelle : 1/5 000 000

CROQUIS N°01 : CROQUIS REPRESENANT LA LOCALISATION DE LA REGION DE BEFANDRIANA SELON LES COORDONNEES GEOGRAPHIQUES

10 D’après ce croquis, la circonscription administrative de Befandriana – Nord se localise entre les latitudes 14°39’- 15°39’ Sud et les longitudes 48°2’-49°29’Est. Ces coordonnées géographiques mènent à placer la région dans les deux zones suivantes : la zone affaissée ou seuil et la zone intérieure ou non littorale.

1 - 1 – 1 – Zone affaissée ou seuil

CROQUIS N°02 : CROQUIS REPRESENTANT LE SEUIL D’ANDRONA

Plateau d’Antsakabary N Plateau de Bevitsika Befandriana Nord Antainambalana

Sofia Plateau boisé de Makira Ranatabe BAS PLATEAU DE L’ANDRONA

Mandritsara Mangarahara

BAIE D’ANTONGIL

Chaînes des roches dures Plateau boisé de Mananara

Zone du seuil d’Androna

Echelle : 1/600 000

La carte géologique montre que Madagascar est, essentiellement, constituée par un socle de roches anciennes, cristallines et métamorphiques. Ce socle, en s’étendant du Nord au Sud dans la partie centrale de l’île, connaît deux élévations et subit deux abaissements. Le seuil d’Androna est l’un des deux résultats de cet abaissement ; l’autre se trouve dans la région d’Ihosy.

11 Le seuil d’Androna est un long couloir qui commence depuis l’Antongil, à l’Est jusqu’à la région de Sambirano, à l’Ouest. Au point de vue topographique, ce seuil se présente en deux niveaux : premièrement la partie haute appelée « Haut Androna » et la partie basse ou « Bas Androna. La « région » de Befandriana s’étend de l’une à l’autre. Cette situation est très importante pour l’étude morphologique de l’espace de Befandriana - Nord Située dans cette zone de seuil, la « région » de Befandriana, bien qu’elle se trouve dans la partie centrale de Madagascar, a des altitudes moins élevées que celles qui appartiennent aux régions des Hautes Terres Centrales ( H.T.C.) de Madagascar. Tableau n°01 : Quelques comparaisons altitudinales des régions des H.T.C. et celles de Befandriana – Nord.

R é g i o n s Exemples types Altitude ( m )

Ankazobe 1225 Antananarivo 1381 Haute Terres Centrales Antsirabe 1490 Fandriana 1400 « Zone haute » Manandriana 930 Befandriana - Nord Plateau de Matsondakana 880 (en moyenne ) « Zone basse » Befandriana ( C.U.) 315 Ankobakobaka 295 Source : Carte topographique F.T.M. de Befandriana – Nord I.R.A.T.

Ce tableau montre bien cette différence altitudinale entre ces deux régions. Même si l’on est dans la « Zone haute » de Befandriana – Nord, l’altitude est toujours moins élevée par rapport à celle de Fandriana, par exemple, avec 1400m d’altitude ; et cet abaissement est plus poussé dans la « Zone basse ». Le niveau d’élévation du socle s’est repris en allant vers le Nord, dans la région de Tsaratanàna.

1 - 1 – 2 – Zone continentale ou non littorale :

Selon toujours ce croquis n° 01, la « région de Befandriana – Nord se situe, totalement, dans la zone intérieure. Du Sud au Nord, elle est, respectivement, entourée par Mandritsara et Bealanana. Elle est l’arrière-pays d’Antsohihy par rapport au canal de

12 Mozambique tandis qu’elle l’est de Maroantsetra du côté de l’Océan indien. Cette situation va permettre de dire que la « région » de Befandriana ne bénéficie pas ou peu des régimes climatiques côtiers parce que l’influence maritime n’y arrive guère. Or, la mer ou l’océan a un rôle important sur le climat, en réglant la température afin qu’elle soit toujours en état modéré. Le deuxième élément qui détermine la complexité physique de l’espace de Befandriana est le facteur géologique.

1 - 2 – Le cadre général de la géologie :

Dans le domaine géologique, on pourrait diviser Madagascar en deux grandes régions : - le centre et la côte Est qui sont occupés par des roches anciennes (granites, gneiss, micaschistes ). - L’Ouest qui est recouvert par des terrains sédimentaires de nature différente (grés, calcaires )5. L’ensemble de l’île est constitué, en deux tiers, par ces roches anciennes qui vont former ce qu’on appelle : socle cristallin ou socle ancien.

1 - 2 – 1 – Le socle ancien et l’espace de Befandriana :

Le socle ancien, d’âge précambrien, a subi des processus géologiques différents. Durant cette longue période, ce socle qui est à l’origine des sédiments marins, a été soumis à une érosion prolongée par les eaux courantes, il a été nivelé et aplani. Des cycles tels que le métamorphisme de plissements, de migmatisations ainsi que d’injections de roches éruptives ; sont apparus. Suivant ses coordonnées géographiques, ( latitudes 14° 39’- 15°39’ Sud et longitude : 48°2’ – 49° 29’ Est), la zone de Befandriana se trouve au niveau de ce socle. En effet, pour l’étude géologique de Befandriana, on ne s’intéresse qu’à la première région citée ci- dessus ; c’est-à-dire le centre.

1 - 2 – 2 – Les surfaces d’aplanissement :

Compte tenu de l’évolution morphologique des terrains, trois phases doivent être distinguées à savoir la phase tectonique et celle de l’érosion différentielle ainsi que la phase d’aplanissement. Dans la première, se déroule une série de forces constructives ; c’est-à-dire

5 Lemoine (P) : Etat actuel de nos connaissances sur la géologie de Madagascar » Déc 1906-Mars 1907

13 la période du volcanisme, des plissements, tandis que la deuxième est marquée par une série de force destructive de l’érosion. La troisième phase, c’est celle d’aplanissement d’où il y a des accumulations des dépôts transportés par des eaux. Dans cette phase, certains auteurs pensent qu’il y a quatre cycles d’érosion à Madagascar tandis que d’autres parlent de deux. Si on prend les travaux de F. BOURGEAT et P. MICHEL dans leur ouvrage intitulé : « Les caractères des surfaces d’aplanissement sur les Hautes Terres malgaches », ils distinguent trois cycles et donnent trois niveaux d’aplanissement. Le niveau supérieur se distingue du niveau inférieur et entre les deux existe le niveau intermédiaire. A chaque niveau correspond une ère. Ainsi, le cycle de niveau supérieur (SI) correspond à la surface fini-crétacée ; le niveau intermédiaire (SII), surface mi-tertiaire et la dernière surface, le niveau inférieur ou surface fini-tertiaire (SIII). La surface intermédiaire (SII) comprend l’ensemble de l’Imerina central jusqu’au seuil d’Androna. Vu que la zone de Befandriana se situe au niveau de ce seuil, elle est touchée par cette surface intermédiaire sur laquelle se développent les roches résistantes comme les granites, les gneiss, les migmatites.

1 - 2 – 3 – Les roches du socle ancien :

Les roches du socle ancien peuvent être distinguées en trois ensembles suivant leur origine et l’intensité du métamorphisme, à savoir les roches granitisées, les roches ignées et les roches métamorphiques6. Dans ces dernières, il existe trois systèmes tels que le système du Vohibory, au sommet, puis le système du graphite, et enfin le système androyen, à la base. Confirmée par la carte géologique de Befandriana – Nord que l’on va examiner plus tard, la « région » de Befandriana – Nord présente des roches qui forment les deux premiers systèmes cités ci-dessus. Autrement dit, la région de Befandriana appartient, géologiquement, au système du Vohibory et à celui du graphite. Dans ce sous-chapitre, cadre général de la géologie, on n’évoque que des généralités sur les renseignements géologiques de Madagascar qui touchent notre région. Aucun détail des différentes formations ni leurs localisations dans la zone de Befandriana n’y sont abordés. Mais on est toujours dans la rubrique des éléments déterminant la complexité physique de l’espace de Befandriana. Le dernier élément, est le caractère morphologique de l’espace de Befandriana.

6 BOURGEAT (F) :: « Sols sur socle ancien à Madagascar », 1972, p 1.

14 1 - 3 – Les caractères morphologiques de l’espace de Befandriana – Nord :

1 - 3 – 1 – Le profil général de l’espace de Befandriana :

NE

Plateau Ambodivato d’Analavory Manampatrana m Escarpement Antsaribe (Bekoroahaka) REGION HAUTE

1000 ZONE BASSE INTERMEDIAIRE CU de Befandriana

Tsinjomorona

500

250

SW 143

Profil Nord Est – Sud Ouest de l’espace de Befandraiana à partir de la carte à échelle 1/650 000

La courbe montre que l’altitude de l’espace de Befandriana s’élève de l’Ouest vers l’Est. Elle est comprise, en moyenne, entre 200 et 1100m. Certains massifs culminent jusqu’à 1300, 1400 ou 1500 m d’altitude. La décroissance est très nette au niveau de l’escarpement de Bekoroahaka, en descendant vers la cuvette de Befandriana. A partir de cet escarpement, l’élévation est plus ou moins régulière et atténuée par deux vallées des cours d’eau (Sofia et Manampatrana ). Le point culminant est marqué par le massif granitique d’Ambodivato (1087m) dans la région de Matsondakana là où les altitudes sont presque autour de1000m. Si l’on tient compte de ce profil, on obtiendra différentes subdivisions des zones topographiques.

15 1 - 3 – 2 – Les différentes zones topographiques :

La division géologique de BESAIRIE7, en séparant le bas plateau d’Ampombilava8 au plateau d’Antsakabary, est un élément nécessaire pour comprendre le caractère morphologique de l’espace de Befandriana. Il sépare ces deux zones suivant leurs structures géologiques ; mais le cas n’est pas toujours analogue à celui de l’analyse des éléments permettant de distinguer ces différentes zones. Le critère est, principalement, l’altitude. Ainsi, au point de vue topographique, on obtient, également, deux zones qui correspondent à celles géologiques de BESAIRIE, mais leur appellation et leur délimitation ne seront pas les mêmes. En effet, l’espace de Befandriana présente, en général, deux zones, topographiquement, distinctes. Cet aspect nous permet d’établir une zone dite : « Zone basse », correspondant au bas plateau d’Ampombilava, toutes les régions ayant des altitudes inférieures à 400m. L’autre qui se trouve au plateau d’Antsakabary et aux altitudes supérieures à 700m est appelée « Zone haute ». Il reste donc une autre zone qui n’est pas touchée par ces limites. La « Zone basse » et la « Zone haute » sont limitées par un escarpement qui s’étire depuis le Nord de Tsiamalao jusqu’à la Sofia, au Sud. Au delà de cet escarpement, à l’Est, une région semble être distinguée de part à d’autre et présente ses propres caractères physiques. On la considère comme une « Zone intermédiaire ». Les altitudes y sont comprises entre 400 et 700m . C’est juste à ce point là que la limite géologique de BESAIRIE ne correspond plus au profil général du relief. La délimitation géologique englobe la « Zone haute » et la « Zone intermédiaire » dans le plateau d’Antsakabary alors qu’elles sont séparées dans l’étude de la morphologie ou du relief. L’existence de ces trois zones qui sont les résultats de la structure géologique a une grande importance sur l’étude régionale de l’espace de Befandriana – Nord car elles sont non seulement considérées comme l’un des éléments qui conditionnent l’analyse spatiale de l’ensemble de la « région » de Befandriana, mais, l’étude et l’analyse de tous les faits particuliers de la région s’effectueront au niveau de chacune de ces deux zones.

7 Selon UBERSAIRIE, l’espace de Befandriana-Nord est géologiquement divisé en 03 zones telles que le bas plateau d’Ampombilava, le plateau d’Antsakabary et autre. 8 Ampombilava est un village situé au Sud de Befandriana-Nord dans la circonscription administrative de Mandritsara

16

Bekiroahaka

Cliché N°1: Extrait de l'escarpement qui sépare les deux régions (la région haute et la région basse) et les basses

17 CHAPITRE II : LES IMPACTS DE LA COMPLEXITE PHYSIQUE DE L’ESPACE SUR LES CONDITIONS NATURELLES ET L’ESPACE REGIONAL :

2 - 1 – La présence de deux régions topographiques :

Symbole représentant les deux régions topographiques dans l’espace ensemble de Befandriana Nord

Nord

Région basse

Région haute

Zone intermédiaire

Espace global

Dans son ensemble, l’espace de Befandriana – Nord n’est pas homogène. Comme on le voit sur cette figure, on a trois zones. En négligeant cette petite zone intermédiaire (zone C), on obtient des zones A et B. Ces deux zones se distinguent par leur niveau topographique permettant de séparer la « Zone basse » et la « Zone haute ». Ainsi, l’homogénéité spatiale n’est constatée qu’à partir de la division de cet espace en deux. Ces deux zones se diffèrent non seulement par leur niveau topographique, mais aussi par les formes et les caractères du relief. C’est pour cela que cette fois ci, on n’emploiera plus le mot « Zone » mais Région.

18 Ainsi, à la place de la « Zone basse », on obtient la région basse et la « Zone haute » est remplacée par la région haute.

2 - 1 – 1 – La région basse :

La région basse est limitée, à l’Est par un escarpement rectiligne qui s’allonge depuis le Nord de Tsiamalao jusqu’à la Sofia au niveau d’Antafiantsalana, au Sud. Du Nord, de l’Ouest, du Sud, elle suit la correspondance de la limite administrative de Befandriana – Nord. Selon l’expression courante locale, on appelle cette région comme « Ambany » pour les zones d’Antsakanalabe et d’Ankobakobaka et « Aňava » pour celles d’Ambararata. Le mot « Ambany » est un terme destiné à désigner la région de basse terre par rapport à la haute terre, tandis que l’ « Aňava » c’est la partie en aval des cours d’eau. Qui dit en aval, bien entendu, dit la région basse. Dans cette région en question, les reliefs se manifestent dans un aspect plus ou moins monotone. Ils se caractérisent par les bas-plateaux sur lesquels se développent des petites collines correspondant aux bancs épais de gneiss et de migmatites d’Ampombilava. L’érosion a découpé une multitude de ces petites collines entre lesquelles les ruisseaux serpentent en tous sens. Aussi, ces collines culminent – elles éventuellement par un dôme et encaissent, soit des plaines de bas-fond, servant à la rizière, soit des petits vallons. Parfois ces collines sont bornées par des massifs granitiques comme l’Andronkana ( C.R. Tsarahonenana ), le mont de Befandriana ( près du village de Rangodona ). Le Sud-Ouest d’Antsakanalabe, près de la frontière de Port- Bergé, est caractérisé par la platitude des terrains.

2 - 1 –2 – La région haute :

Cette région est limitée, à l’Ouest, par un deuxième escarpement au Nord, dans la région de Mangatsiaka, en passant par Bemanevika jusqu’à la région d’Ankarongana, au Sud.

19 Cliché N°2: Les différents types de dômes dans le plateau d'Antsakabary

Tête d'obus

Dos de baleine

20 Au Nord, à l’Est, au Sud, les limites doivent respecter la circonscription administrative. Cette région a des altitudes supérieures à 700m et constitue le plus vaste espace de la « région » de Befandriana. Cette région correspond, selon l’appellation locale, à une zone de « Kaitsany ». Ce terme désigne, pour les Tsimihety, les hautes terres ayant des caractères spécifiques. Les terrains y sont toujours accidentés avec un climat frais accompagné de crachins pendant l’hiver. Elle est toujours arrosée pendant toute l’année. Les habitants de la région basse emploient ce terme pour les régions de la haute montagne situées autour d’eux. L’interprétation de ce terme tsimihety pourrait être recevable pour l’étude géographique car les reliefs sont, tellement, accidentés dans le plateau d’Antsakabary. Ce plateau qui occupe la majeure partie de cet espace s’étend, à l’Est jusqu’à la ligne de partage des eaux, puis se succèdent le plateau de Matsondakana et celui d’Analavory. Ces derniers sont caractérisés par une véritable surface plane tandis que le plateau d’Antsakabary présentent une association de lourdes collines et de massifs granitiques.

Les plus importants des massifs sont ceux de Mangankana, de Varivoamena (au Nord de Bezono ), de Somotra (au Sud de Beanantsindrana ), ainsi que Bezavona. Les collines peuvent être culminées par des dômes et les vallées sont très encaissées en laissant les lits des cours d’eau extrêmement au fond. Plus à l’Est et au Nord-Est, se succèdent les plaines de Manampatrana et d’ qui procurent, aux habitants de Matsondakana, des terrains pour l’exploitation rizicole. Certes, à l’intérieur de ces deux régions, peuvent survenir des nuances locales, donnant la formation de micro-régions, mais on peut admettre que l’espace de Befandriana – Nord présente, topographiquement, deux régions géographiques dites région basse et région haute. Ces deux régions englobées dans une portion d’espace global tiennent un rôle important pour l’étude régionale de Befandriana – Nord car elles déterminent non seulement les éléments naturels, mais aussi les activités humaines qui se présenteront d’une façon différente dans chacune de ces deux régions. Ainsi, les diversités des conditions naturelles qui sont les résultats de la complexité physique de l’espace seront étudiées au niveau de ces deux régions car elles s’y manifestent, différemment.

21 CARTE N°03 : CARTE DES RELIEFS N

PLATEAU D’ANTSAKABARY PLATEAU DE MATSONDAKANA

Plaines et basses collines

Pénéplaine

Terrains accidentés ; hautes collines et bas fonds très encaissés Véritable plateau

Source : Haute montagne - Carte topographique FTM à échelle 1/100 000 Région basse Reliefs particuliers - Carte de Madagascar à échelle 1/500 000( (planche Antalaha) caractérisées par la - Carte géologique de H. BESAIRE à échelle 1/500 000 Région haute succession de plaines et - personnelle des moyennes collines Echelle : 1/650 000 Zone intermédiaire Escarpement

22 2 - 2- Les différentes formations géologiques de la « région » de Befandriana : leurs caractères et leurs localisations :

Rappelons que la « région » de Befandriana se situe sur le socle cristallin de Madagascar au niveau duquel se succèdent des cycles orogéniques qui donnent les différentes formations anciennes. Parmi ces cycles, il y a ce qu’on appelle le métamorphisme des roches (Les roches métamorphiques sont des roches qui se sont cristallisées sous l’ influence de forte chaleur ou forte pression ). Dans ce phénomène de métamorphisme, il existe trois systèmes tels que le système du Vohibory, le système du graphite, ainsi que le système androyen mais on ne s’intéresse qu’aux deux premiers.

2 - 2 – 1 – Les roches métamorphiques :

• Le système du Vohibory :

Dans le système du Vohibory, on peut distinguer un certain nombre de séries ou de groupes de formation des roches. Ainsi, on trouve dans la zone de Befandriana des granites stratoïdes, des migmatites granitoïdes et des migmatites qui appartiennent à la série de l’Androna et au groupe de Beforona. Ce sont des roches basiques c’est-à-dire qu’elles contiennent des minéraux spéciaux : chlorites et qui s’altèrent rapidement. Les migmatites granitoïdes sont des roches leucocrates où les minéraux ferro-magnésiens sont disposés en taches étirées. Ces roches sont associées à celles d’origine cristallophyllienne comme le faciès malgachitique. Ces roches sont présentes au bas plateau d’Ampombilava.

• Le système du graphite :

Après le système du Vohibory, au sommet, un peu plus profond, on a le système du graphite qui est considéré comme intermédiaire entre le Vohibory et Androyen à la base. Dans ce système, les roches sont des gneiss, des migmatites à graphite et des migmatites d’Antsiatsia9 ou encore de gneiss de série de Sahantaha10( une série de quartzites repose en discordance sur les gneiss ). Les gneiss marquent beaucoup plus une grande importance que les autres roches de système du graphite. Ils se manifestent aussi bien sur le plateau d’Antsakabary que sur le bas plateau d’Ampombilava. Parfois, ils sont contrés par des

9 Antsiatsia et Sahantaha sont respectivement des villages de Mandritsara et de Maroantsetra avec lesquels Besairie fait porter les noms des formations géologiques. 10 Antsiatsia et Sahantaha sont respectivement des villages de Mandritsara et de Maroantsetra avec lesquels Besairie fait porter les noms des formations géologiques.

23 cipolins, des pyroxenites et des wernerites. LENOBLE11 classe ces roches qui se reposent en discordance (quartzites, cipolins, pyroxenites, wernerites) dans une série dite Vohimena. Cette série ne forme qu’un manteau peu épais recouvrant le socle ancien. Elle a subi des mouvements tectoniques. Les gneiss qui forment les montagnes à l’Est du chef-lieu de District de Befandriana sont à biotites et à plagioclase.

2 - 2 – 2- Les roches ignées ( roches éruptives ) :

Ce sont des granites, des migmatites granitoïdes et charnokites. ▪ Les granites sont des roches mesocrates riches en quartz, en microcline, oligoclase, amphibole, sphère et apatite12… Certains massifs granitiques proviennent d’un ancien socle qui a subi plusieurs phases de métamorphisme. Les granites résultent de la cristallisation des substances internes visqueuses en fusion appelée magma. Ils sont hétérogènes et formés de cristaux de natures différentes : quartz, feldspath, mica. Les plus importants dans la « région » de Befandriana sont les granites monzonitiques. On les retrouve dans les bas plateaux d’Ampombilava au mont de Befandriana qui s’élève jusqu’à 860m et qui domine d’environ 500m tout le bas plateau comme le granite grenu des petits massifs au Nord d’Ambohinantsamlao, à l’Ouest d’Ambararata sur Anjingo. Sur les granites monzonitique de la région d’Ankobakobaka, au contact du Sud- Ouest du massif granitique de Befandriana, on trouve des gabbros à biotites et hornblende et des gabbros à hornblende et hyperothine. Les gabbros se trouvent aussi au Sud de Bemarambonga et aux environs Est et Ouest d’Ambodimadiro Ankarakaraka entre l’Anjingo et l’ankofia. Les granites monzonitiques sont présents, également, dans le plateau d’Antsakabary. Ils forment les dômes dans la région de Befosa. Le granite grenu y est aussi beaucoup plus important. ▪ Les charnokites n’ont qu’une faible importance dans l’ensemble spatial de Befandriana. Ils sont présents dans la région d’Antsakabary où ils se forment dans les zones granitisées et de migmatites à graphite.

11 LENOBLE : « Etude sur la géologie de Madagascar », Mémoire de l’académie, Tana 1940. 12 BOURGEAT (F) : « Sols sur socle ancien à Madagascar », ORSTOM 1982, p.6.

24 CARTE N°04 : CARTE DES FORMATIONS GEOLOGIQUES

N

PLATEAU D’ANTSAKABARY

Migmatites

BAS PLATEAU Migmatite de l’Androna D’AMPOMBILAVA Quartzites

Alluvions

Granites stratoides

Migmatites granitoïdes Migmatite série d’Antenina

Charnockites Gneiss et migmatite à graphite Source : Carte Henri BESAIRIE à échelle 1/500 000 Granites et migmatites granitoïdes Sédiment de Matsondakana Echelle : 1/650 000

25 2 - 2 –3 – Les autres formations :

A une période donnée, le phénomène de la transgression marine permet à la mer de pénétrer dans la région continentale au niveau de la partie affaissée du socle et elle dépose, successivement, des sédiments comme les calcaires, les argiles, les marnes, les grés et les sables etc… Le plateau sableux de Matsondakana est le témoin de cette transgression marine d’où l’existence du sable.

On rencontre des dépôts alluviaux sur le long des cours d’eau dont les plus importants sont ceux de l’Amparihy dans la zone de Matsondakana. En bref, l’espace de Befandriana est un terrain de structure géologique très variée. Aucune formation n’occupe une surface importante et d’autres sont parfois coupées par la délimitation administrative. La formation géologique est très hétérogène dans la totalité de l’espace. La « région » de Befandriana n’est pas une région géologique.

2 - 3 – Les sols, les végétations, les systèmes hydrographiques : leurs conditions dans l’espace globale de Befandriana-Nord

On regroupe ces trois systèmes dans ce sous-chapitre car ils sont interdépendants pour les conditions de leur genèse et de leur évolution. La nature de l’un dépend de celle de l’autre. Ces éléments sont très diversifiés et ils seront analysés au niveau de ces deux régions topographiques.

2 - 3 – 1 – Les formations végétales :

La végétation n’est pas homogène. Les formations varient suivant les zones climatiques. Mais, on peut les analyser à travers les deux régions topographiques, permettant de distinguer la végétation de la région basse et celle de la région haute.

26 Tableau n°02 : Les superficies de la couverture forestière dans chaque Commune de Befandriana. Superficies des Communes forêts primaires et Superficies des reboisements secondaires (ha) (ha) Service public Particulier Région basse Commune privé Befandriana ( C.U.) 1,8 3 0,5 Morafeno 22.176 0,5 3 Tsiamalao 5.760 0,5 2 Tsarahonenana 10.000 0,7 2 Ambararata 2.910 0,1 3 Ambodimotso -S 765 3,5 2 Antsakanalabe 34.160 0,5 2 Région haute Ambolidibe-Est 765 3,5 2 Ankarongana 9.640 -,,- 2 Antsakabary 38.100 12,8 2 Matsondakana 43.225 28 3 Maroamalona 475 1 1 Source : Service local des Eaux et Forêts à Befandriana – Nord, Décembre 2003

L’état actuel de la végétation est le résultat combiné entre les conditions naturelles et les actions anthropiques. La dégradation est, en moyenne, de l’ordre de 2 à 3 % par an. Certaines forêts sont soumises à une exploitation incontrôlée et ravagées par le « tetikiala » (agriculture sur brûlis ) et surtout par les feux de brousse qui se répètent presque chaque année. La dégradation climatique entraîne, également, la modification des formations végétales. Ces dernières se développent dans des conditions différentes selon qu’elles se trouvent dans la région basse ou dans la région haute.

27 • La végétation dans la région basse :

La végétation de la région basse a subi des actions anthropiques très fréquentes. Mise à part à l’exploitation incontrôlée par des étrangers ( essentiellement les « Bitsy ») et les habitants locaux pour les bois d’œuvre ( planches, madriers, chevrons… ), les feux de brousse qui résultent, soit de la pratique des cultures sur brûlis, soit du feu de pâturage ont ravagé, à ce jour, les deux tiers de forêts. Les Communes d’Antsakanalabe et de Morafeno sont les plus concernées ; alors que c’étaient des zones dotées des forêts les plus denses de Befandriana-Nord. Les forêts classées de Tsinjomorona et d’Andranoboka qui se développent dans ces zones occupent, respectivement, des superficies de 18.600 Ha et de 9.500 Ha.13

La forêt est de type tropophile ( forêt dense à feuilles caduques pendant la saison sèche ) et renferme plusieurs espèces géantes comme le « Haramy » et ligneuses comme « Tampiana » ainsi que les palissandres…. Celle-ci, suite à sa dégradation, se transforme en savane arbustive et/ou herbeuse.

La région basse est couverte, dans la plupart de son territoire, par des graminées formées surtout par le « Kofafa » ( Aristida ), l’ « Ahidambo » ( Heteropogon Cont.) et de « Fatakana » ( Panicum ), colonisant les pourtours des collines.

Les bas fonds sont occupés par les « Ahipisaka » s’ils sont toujours humides après la récolte rizicole. On ne trouve des « Zozoro » et des « Vendrana » qu’au bord des lacs ou des étangs. Le long des cours d’eau est jalonné de forêts galeries composées surtout de manguiers et de « Sohihy » qui sont, depuis peu, transformés en charbon de bois. Ils sont, actuellement, en voie de disparition.

13 Source : Service Eaux et Forêts de Befandriana-Nord.

28

montagne culminée par un dôme formation végétale étouffée Aristda 800m Aristida forêt tropophile basses collines savane arbustive Massif granitique cours d’eau 300m ahidambo ou fatakana rizière de bas fond migmatite migmatite

Figure A : Profil représentant la corrélation entre la formation végétale et le relief dans la région basse

La forêt est toujours localisée sur les pentes des montagnes et des moyennes collines. Entre les deux, s’écoule un cours d’eau, et l’autre côté de la pente des moyennes collines est colonisée par l’association d’arbustes et de longues herbes formées par des « Fatakana ». Les rizières sont encaissées entre les moyennes et les petites collines dont les sols sont de types hydromorphes à gley (qui sont imbibés d’eau pendant la saison des pluies). L’Aristida se développe un peu partout sur les étages moyen et supérieur des collines.

29 Cliché N°3: La végétation et les plateaux de Matsondakana et d'Analavory

Les terrains sont véritablement plats

30 • La végétation dans la région haute :

1800 m forêt installée sur la pente raide du versant montagneux graminées forêt encaissée entre deux collines cours d’eau isolement de forêt 900 m

600 m graminées

Figure B : Profil représentant la corrélation entre les formations végétales et les reliefs dans la région haute D’après le tableau n°02, les superficies des couvertures forestières des trois Communes de la région haute ( Matsondakana, Antsakabary, Ankarongana ) sont assez considérables au niveau de l’ensemble du territoire. Cette situation est due au climat pluvieux toute l’année dans la partie orientale ; permettant à ces trois Communes d’être une zone d’extension de la forêt tropicale humide de Maroantsetra dite Makira. C’est une forêt ombrophile de type oriental riche en espèces animales et végétales dont certaines sont endémiques. La formation végétale se dégrade au fur et à mesure qu’on se dirige vers l’intérieur. Ainsi, la formation de type oriental qui se développe dans la partie Est de la région haute se dégrade vers l’intérieur pour être transformée en formation pareille à celle des Hautes Terres Centrales de Madagascar. Sur le plateau d’Analavory, cette analogie est évidente. Les espèces sont formées par des Aristida, des Philipia, des « Anjavidy » et des « Apanga ». Ce profil n°02 est la synthèse de l’observation générale de la formation végétale dans le plateau d’Antsakabary. Les forêts y sont, soit isolées juste au pied des montagnes ou des hautes collines, soit encaissées dans une vallée ou dans un vallon entre 600 et 1000m d’altitude avant d’atteindre les lits des cours d’eau. Comme dans la région basse, le cas de la

31 Cliché N°4:Les forêts localisées au pied ou au flanc des hautes collines dans la région d'Ankiakabe ( Matsondakana)

32 forêt qui suit le long des cours d’eau est, également, fréquent et la majeure partie du territoire est occupée par les graminées dominées par l’Aristida, surtout dans la partie Ouest du plateau d’Antsakabary. L’espace de Befandriana présente encore des formations végétales très variées. L’étude de cet élément naturel permet déjà de connaître que la « région » de Befandriana est un terrain de mélange des régimes climatiques qui existent à Madagascar car le climat et la végétation sont liés entre eux. On y trouve des forêts ombrophiles dans la partie Est, en passant par les formations plus ou moins dégradées dans la partie centrale et les types tropophiles dans la zone occidentale. Au point de vue de l’analyse spatiale, il est difficile d’identifier la région de Befandriana à partir de ses formations végétales en raison de leur extrême hétérogénéité.

2- 3 – 2 – Les sols :

Pour aboutir au processus de la formation du sol ou pédogenèse, trois éléments tels que la roche-mère, le climat et la végétation doivent être en interaction. Sous l’effet du climat, les roches-mères s’altèrent et deviennent, au profil supérieur des sols variables selon la nature de ces roches-mères. L’évolution et la nature du sol dépendent aussi, sérieusement, de la couverture végétale. On a déjà vu des formations géologiques et végétales très variées. Compte tenu de la logique de cette dépendance, les sols devraient, extrêmement, variés. Mais en général, les sols dans l’espace de Befandriana sont latéritiques, caractérisés par la présence d’alumine libre et d’oxydes de fer qui entraînent la couleur rougeâtre et leur pauvreté en élément échangeable. Parfois, dans les régions plus sèches se forment des carapaces épaisses et stériles. Ce sont des sols ferrallitiques et ferrugineux qui occupent la majorité de l’espace. ▪ Les sols ferrallitiques de Befandriana sont des sols variables qui se forment sur les roches acides ( granite, gneiss, migmatite ). Ils se développent, en principe, sur le socle cristallin sous un climat caractérisé par une température et pluviométrie élevées et sous une forêt. Celle-ci fournit une matière organique qui minéralise bien. Mais, on peut aussi les rencontrer sous des pseudo steppes à Aristida à la suite de la dégradation forestière. Ils sont présents dans le plateau d’Antsakabary et celui de Bezavona, dans la zone de Befandriana. (C.U.). Ils sont lessivés par la pluie dans la région de Matsondakana entraînant la perte des éléments échangeables et des réserves minérales.

33 ▪ Comme les sols ferrallitiques, les sols ferrugineux sont pauvres en base échangeable. Ils sont présents dans la partie Ouest de Befandriana sur la roche gréseuse ou sableuse qui vont y former des sables roux. Pour certains cas, ils présentent de véritables cuirasses ferrugineuses. Ils sont légers et sensibles à l’érosion tant par les eaux de surface que par le vent entraînant la formation des lavaka dans la partie occidentale de Befandriana. Les sols sont, en général, rouges en raison de la remontée des oxydes de fer. Ces sols se développent sous un climat tropical à saison humide et saison sèche équilibrée d’où la dominance d’une forêt du type tropophile et de la savane. Le climat peut être du type tropical sec et la végétation est caractérisée par la présence d’arbustes à feuilles petites et ligneuses qui s’adaptent à la sécheresse.

▪ Autre que les sols ferrallitiques et les sols ferrugineux, il existe aussi ceux qui n’occupent que de faibles surfaces tels que les sols hydromorphes et les lithosols. Les sols hydromorphes sont des sols dont la genèse est dominée par un excès d’eau, permanente ( à gley) ou temporaire ( à pseudo-gley) dans toute ou une partie du profil. Ils se trouvent dans les bas-fonds et servent de rizières. L’expression de « Baiboho » qui est, couramment, employée dans la région du Nord Ouest de Madagascar est connue aussi à Befandriana pour désigner les sols fertiles qui sont déposés par des cours d’eau le long de leurs bordures. Ils sont mis en valeur pour les cultures vivrières dans de petits champs d’exploitation clôturés. Le dépôt dépend de la nature et de l’état des cours d’eau que l’on va aborder ci-après.

34 CARTE N°05 : CARTE PEDOLOGIQUE

N

Sols ferrallitiques rouges

Sols hydromorphes (organique + minéraux) Association sols ferrallitique rouge + jaune / rouge

Complexes lithosols et sols peu évolués Sols ferrugineux tropicaux

Source : Direction Régionale de l’Agriculture d’Antsohihy Complexes sols ferrugineux tropicaux et peu évolués

Echelle : 1/650 000 Association sols ferrallitiques jaune / rouge + rouge

35 2 - 3 – 3 – Le système hydrographique :

L’espace de Befandriana est doté d’un réseau hydrographique dense. Mais sous des conditions naturelles différentes, le régime hydrographique se manifeste, différemment, au niveau de la région basse et la région haute. D’où l’intérêt d’étudier cette rubrique dans chacune de ces deux zones.

• Le réseau et le système hydrographique dans la région haute :

Cette région possède beaucoup de cours d’eau. Dans la région de Matsondakana, ils s’écoulent vers l’Est et obéissent, sans doute, au régime hydrologique du versant oriental de Madagascar. L’eau est toujours abondante pendant toute l’année. Les étiages sont de l’ordre de 15 à 30 l /s/km². Pour les bassins de plus de 1000 km², les débits spécifiques annuels sont compris entre 200 et 800 l/s/km²14. Cette situation est due aux conditions climatiques de la région dont la tombée de pluie est presque continue durant toute l’année. L’évapo- transpiration est faible. Même pendant la période d’étiage, les cours d’eau occupent toujours presque l’intégralité de leurs lits. De toute façon, c’est une région de source des cours d’eau, les lits y sont encore moins larges. Parmi les principaux cours d’eau, on a ceux d’antsaribe, d’Amparihy et de Manampatrana. Ils vont rejoindre l’Antainambalana avant de se jeter dans la baie d’Antongil, en passant par la région de Maroantsetra. A part ces trois cours d’eau, la partie en amont de la Sofia se trouve aussi dans cette région. Elle prend sa source à Marotolàna à 1650m d’altitude environ, à l’Est de l’Ankaizina (massif de Tsaratanàna). Le lit de ce cours d’eau y est encore rocheux en majeure partie. Il reçoit divers affluents. Les dépôts alluviaux sont très utiles pour l’agriculture. L’Amparihy en fournit une quantité considérable dans la région de Matsondakana.

3 - 3 – 2 – Le réseau et le système hydrographique dans la région basse :

Sous un climat tropical chaud et à saison sèche très marquée qui dure de 6 à 7 mois, les cours d’eau subissent des conditions plus ou moins irrégulières. L’évaporation est intense

14 CHAPERON (P) DANLOUX (J) : « Fleuves et Rivières de Madagascar ». 1993.

36 et les débits sont faibles pendant la période d’étiage. Par contre, les crues sont très abondantes et inondent la grande partie des plaines pour laisser les dépôts sablo-limoneux durant la période de pluies. Le maximum d’évaporation se situe en Septembre – Octobre. Les lits qui sont, largement, sableux sont, faiblement, occupés par les eaux pendant cette période. L’eau se localise dans un coin pour rejoindre le niveau le plus bas.

Les principaux cours d’eau sont marqués, au Nord par l’Anjingo, l’Ankofia, au Sud par la Tsinjomorona et une partie en aval de la Sofia.

Tableau n°03 : Quelques exemples du régime hydrologique de la région basse concernant l’étude des crues.

Cours d’eau Station Surface des bassins Débit maximal Débit maximal versants (km²) annuel décennal décennal spécifique (m3/ s ) (m3/s/km²) Tsinjomorona Ankobakobaka 886 620 1,8 Sofia Antafiantsalana 4100 940 3,8 Source: P. Chaperon, J. Danloux, L. Ferry : « Fleuves et Rivières de Madagascar »

Le bassin de la Sofia occupe la plus grande partie de l’espace régional entre Ankaizina et Tampoketsa ( 27.300 km²). Elle commence à s’élargir après avoir conflué avec Jabahina au niveau d’Ambinaninijabahina et Mangarahara en aval du pont d’Antafiantsalana. Elle mesure 828 km. Sa valeur de l’érosion réelle ( 2,1mm/an ) dépasse la moyenne de l’ensemble de l’île (1,38mm/an )15. La Tsinjomorona, située dans la partie Sud draine un bassin de 886 km² à Ankobakobaka. Son écoulement annuel est très faible et est fortement pollué par les activités d’exploitation du chrome à Zafindravoay à l’époque de la KRAOMA ( Kraomita Malagasy). Elle n’apporte qu’un faible dépôt alluvial et l’action de l’érosion reste faible.

15 ROSSI (G) et DONQUE (G) : « Importance, causes et conséquences de la crise morpholoclimatique actuelle à Madagascar ». Bulletin de l’académie malgache. 1978.

37 CARTE N°06 : CARTE DU SYSTEME HYDROGRAPHIQUE

N

Amparihy Anjingo Ambararata Matsondakana Ankofia Ambingivato Manapatrana Tsiamalao Antsakabary Ankofia Haut Antsaribe

Tsinjomorona

Sofia

Fleuve Rivières

Source : Carte FTM Ligne faîtière Echelle : 1/700 000

38 Cliché N°5 Les cours d'eau

L'état d'Ankofia (cours d'eau dans la région L'état d'Antsaribe (cours d'eau dans la région basse) au mois de Septembre. haute) au mois de Septembre.

Le lit de Sofia est encore rocheux dans la région d'Antsakabary.

39 L’Anjingo et l’Ankofia sont des principaux cours d’eau qui traversent les Communes rurales d’Ambararata et de Tsiamalao. Le premier prend sa source près du village d’Ambingivato et le deuxième au village d’Ankofia Haut. Ces deux rivières sont indispensables pour ces deux Communes. Elles servent non seulement d’eau potable mais drainent aussi des surfaces cultivables pour la population locale. L’Ankofia, par exemple, draine un bassin de 2500 km²16 malgré les faibles débits d’étiage. Conditionné, à l’origine par des facteurs géologiques, la « région » de Befandriana présente des milieux naturels très diversifiés. Sur le plan de l’analyse spatiale, ce phénomène rend difficile l’identification régionale de Befandriana. Les éléments naturels sont très hétérogènes et l’homogénéité spatiale ne figure que dans la subdivision de cet espace en deux régions topographiques distinguant, tout simplement, la région basse et la région haute. Le système hydrographique est, l’élément naturel le plus évident qui justifie les nuances régionales dans l’espace de Befandriana. L’écoulement vers l’Est et vers l’Ouest est dû au passage par la ligne de partage des eaux dans la région de Matsondakana. Mais la différence des régimes, du système de l’hydrographie est surtout le résultat des conditions climatiques variées à Befandriana. Cette variété climatique crée un problème pour la classification régionale que l’on va aborder dans le chapitre suivant.

16 CHAPERON (P) et DANLOUX (J) : « Fleuves et Rivières de Madagascar» 1993, p.802

40 CHAPITRE III : LE PROBLEME DE LA CLASSIFICATION REGIONALE DE L’ESPACE DE BEFANDRIANA – NORD A PARTIR DE L’ANALYSE DES CONDITIONS CLIMATIQUES :

Comme la « région » de Befandriana est une zone de mélange de différents régimes climatiques, il semble difficile, à partir de l’analyse des données climatiques, de la rattacher aux grandes régions de l’île qui l’entourent. Pour évoquer ses propres conditions climatiques, deux stations sont prises.

3 - 1 – Les conditions géographiques de l’espace de Befandriana et la circulation atmosphérique générale :

▪ Comme l’ensemble de l’île, les régimes pluviométriques de Befandriana sont conditionnés beaucoup plus par la circulation atmosphérique générale et les reliefs locaux. C’est pour cela qu’il est nécessaire, pour comprendre davantage les mécanismes climatiques, de mentionner les relations entre ces deux éléments, au niveau même de l’espace de Befandriana – Nord. On rappelle que la « région » de Befandriana est, primo, une zone non littorale et située dans le niveau abaissé des Hautes Terres Centrales de Madagascar ; secundo, son espace s’est partagé en deux zones, les reliefs y présentent des caractères variés. L’espace de Befandriana – Nord se répartit aussi bien au niveau du versant Ouest que du versant Est de Madagascar, puis que la ligne faîtière ( ligne qui sépare l’écoulement des cours d’eau vers l’Est et l’Ouest de Madagascar ) passe dans la région de Matsondakana. Une partie de celle-ci s’étend déjà sur le versant oriental de Madagascar.

41 CROQUIS N°03 :

Moussons a Tsaratanan Hautes Terres Centrales

LA LOCALISATION ET LE MOUVEMENT DE L’AIR

Alizé

Suivant le profil transversal de l’espace de Befandriana, figuré dans la page 16, l’altitude se manifeste, en général, par un abaissement de l’Est vers l’Ouest. Cet abaissement pourrait atteindre, sans doute, le niveau des régions voisines de Befandriana ( Port-Bergé et Antsohihy) à travers les zones d’Antsakanalabe, d’Ankobakobaka et d’une partie Ouest de Tsiamalao. Dans la partie Nord du plateau d’Antsakabary, les reliefs sont marqués par la présence des massifs granitiques qui présentent des caractères analogiques à ceux d’Ankaizina se trouvant au Nord de Befandriana. Dans cette région, les reliefs sont assez élevés et capables d’abaisser la température. Toutes ces conditions géographiques sont prêtes à affronter l’air et vont former, localement, des conditions climatiques typiques qui pourront être distingués par rapport à l’ensemble de l’île.

42 Durant l’hiver austral ( Mai – Septembre ), l’anticyclone indien se positionne encore au Sud Est de l’île. Il procure, sur l’ensemble de l’île, un régime climatique sous influence de l’alizé du Sud Est. Ce vent, en allant heurter de plein fouet la côte centre Est de l’île, va se partager en deux parties. L’un se dirige vers le Sud, l’autre vers le Nord. Ce dernier arrive jusqu’à Befandriana, malgré sa situation qui est plus au Nord par rapport à la zone de départ de l’alizé, et y rencontre ces reliefs complexes. Par contre, pendant l’été austral ( Octobre – Avril ), l’anticyclone indien se rétrécit et s’éloigne un peu plus loin de Madagascar. L’île est soumise au régime de mousson. Ce vent est un alizé d’origine asiatique, mais après avoir traversé l’équateur, il se transforme en mousson. Localisé au Nord Ouest de Madagascar dans le canal de Mozambique, son influence diminue du Nord vers le Sud. La « région » de Befandriana a toujours la possibilité de la recevoir. On se demande si c’est un atout, l’espace de Befandriana reçoit toute l’influence de ces deux vents qui conditionnent, principalement, le climat de Madagascar. Mais avec sa position géographique et les caractères de ses reliefs, les conditions climatiques doivent être distinguées par rapport à celles de Maroantsetra qui, par exemple, reçoivent des quantités d’eau très considérables, à celles de Maevatanàna, caractérisées par la forte élévation de la température.

3 - 2 – Les percussions de ces conditions sur le rythme saisonnier des régimes pluvio-thermiques :

3 - 2 – 1 – Les régimes thermiques :

Comme l’espace de Befandriana se caractérise par la présence de deux régions topographiques, l’étude thermique s’effectuera surtout dans l’analyse comparative des données sur ces deux régions. Deux stations, représentant chacune de ces deux régions doivent être prises pour fournir des données chiffrées. Il s’agit la station de Befandriana (C.U.) et celle de Manandriana ( C.R. Matsondakana ). Ces deux stations présenteront deux régimes pluvio-thermiques différents.

43 Tableau n°04 : Les données thermiques des stations de Befandriana et de Manandriana.

S A I S O N S Chaude et pluvieuse Fraîche et sèche (1) Déjà chaude et moins ( Nov – Av ) Fraîche et humide (2) sèche (1) (Mai – Août ) Printemps moyennement chaude et pluvieuse (2) Température Température Température Station Moyenne Amp.ther. moyenne Moyenne moyenne Moyenne moyenne Moyenne annuelle annuelle mois le mois le mois le plus plus chaud plus frais chaud Befandriana 25°3 11°3 26°4 27°2 23°6 22°8 25°4 26°4 Manandriana 19°4 10°2 21°4 22°2 17°1 16°2 17°6 18°7 Source : I.R.A.T. 1972

(1): Befandriana (2): Manandriana

Manandriana qui se trouve dans la région de Matsondakana; c’est-à-dire dans la partie Est ou dans la région haute de Befandriana, a une moyenne annuelle (19°4) plus basse que celle de Befandriana (25°3) dans la partie Ouest ou la région basse. Ce phénomène s’explique par le caractère général du profil transversal de l’espace suivant lequel les altitudes diminuent d’Est vers l’Ouest. La température, selon la loi du gradient thermique, diminue de 0,6°C tous les 100m en altitude. Les températures restent au même rythme saisonnier dans ces deux stations, seulement, les valeurs sont différentes. La température va toujours s’élever au fur et à mesure que l’on avance vers l’Ouest et le Sud-Ouest dans la région d’Antsakanalabe. Pourtant, les amplitudes thermiques ( l’écart entre le mois le plus chaud de l’année et le plus froid ) qui sont très élevées (11°3 pour Befandriana et 10°2 pour Manandriana ) ont presque les mêmes valeurs que celles des Hautes Terres Centrales de Madagascar ( 11°7). Le caractère de l’espace de Befandriana se partageant en région haute et région basse apporte des conséquences significatives sur le régime thermique. La température de la région haute est moins élevée que celle de la région basse. Ce phénomène est dû au double facteur : l’élévation d’altitude et la tombée continue de la pluie dans la station de Manandriana.

44 Par contre, la région d’Antsakanalabe et celle d’Ankobakobaka se caractérisent par une température élevée. Les altitudes y sont relativement basses et commencent à atteindre le niveau général du domaine de Nord Ouest de Madagascar (Antsohihy et Port-Bergé) là où les températures sont assez élevées. A l’intérieur de cet intervalle, apparaissent des anomalies qui vont former, sur le plan thermique, des micro-climats. Ainsi, avec la moyenne annuelle de 25°3 le bassin de Befandriana a une température modérée par rapport aux lieux le plus chaud et le plus frais de Madagascar. Les massifs granitiques au Nord du plateau d’Antsakabary présentent une température plus ou moins basse. La moyenne annuelle y est autour de 20°2. C’est surtout le critère thermique qui permet de distinguer une petite zone intermédiaire entre ces deux régions. La tombée d’une petite quantité de pluies fines pendant la période sèche et surtout l’altitude sont les responsables de cette différence.

3 - 2 – 2 – Le rythme saisonnier des précipitations :

Tableau n°05 : Les données pluviométriques des stations de Befandriana et de Manandriana. S A I S O N S Fraîche et sèche (1) Printemps Chaude et pluvieuse ( nov – avr ) Fraîche et humide (2) ( Sept-Oct) ( mai – août ) Total Mois Nov Déc Janv Fév Mar Avr Mai Juin Juil Août Sept Oct Station Befandriana 167 361 462 380 387 81 9 4 4 7 2 40 1904 Manandriana 41 225 362 297 197 111 54 51 65 76 33 69 1581 Source: I.R.A.T. 1972

Le caractère spatial de la région de Befandriana, s’exposant au domaine tant occidental qu’oriental, influe beaucoup sur le régime pluviométrique. C’est ainsi on peut dire, également, que la « région » de Befandriana est une zone tantôt au vent tantôt sous le vent d’alizé. Mais, pendant la période estivale, elle peut recevoir l’influence de la mousson.

45 Tableau n° 06 : L’illustration des dates des premières et des dernières tombées des pluies estivales dans la station de Befandriana dans les cinq dernières années.

Année Dates des 1ères tombées Dates des dernières tombées 2001 – 2002 12 Octobre 2001 20 Avril 2002 2002 – 2003 02 Octobre 2002 09 Mai 2003 2003 – 2004 14 Octobre 2003 08 Mai 2004 2004 – 2005 24 Octobre 2004 01 Mai 2005 Source : Service agricole à Befandriana 2005

30 e

22,5

15

7,5 nombre moyen du jour de plui de du jour moyen nombre 0 JFMAMJJASOND mois

fig A : La courbe des moyennes du jours de pluie durant la période 1988-2005

500

375

250

puviométrie 125

0 janv fev mars avr mai juin juill aout sep oct nov dec mois

fig. B : Courbe pluviométrique de la station Befandriana Nord (« Zone Basse »)

46

400

300

200

pluviométrie 100

0 janv fev mars avr mai juin juill aout sep oct nov dec mois

fig. C : Courbe pluviométrique de la station Manandriana (« Zone Haute »)

Ces deux graphiques représentent chacune de ces deux régions dont le graphique A, station de Befandriana témoigne la région basse tandis que le graphique B représente le diagramme pluviométrique de la région haute. D’après le graphique A, l’allure de la courbe commence à s’élever au mois d’Octobre après avoir presque masqué dans l’axe d’abscisse pendant cinq mois de Mai jusqu’à Septembre. La croissance de la courbe qui débute le mois d’Octobre prend son sommet au mois de Janvier et elle va décroître, régulièrement jusqu’au mois d’Avril. Toutes les données ( Tableau n°06 , tableau dans l’annexe III , le graphique n°03 ) sont considérés comme des apports d’explication des données héritées des services météorologiques de ces deux stations qui sont, anciennement, fonctionnels (1972 ). Si l’allure de la courbe du graphique A connaît sa croissance au mois d’Octobre, le tableau n°06 justifie que les pluies estivales sont tombées, pour la première fois, souvent à ce mois là et prennent fin au mois d’Avril ou au début de Mai. Pendant ce laps de temps là, l’anticyclone indien s’éloigne de Madagascar, ses masses sont moins stables et l’influence de la mousson commence à prendre sa place depuis le mois d’octobre et atteindra son maximum au mois de Janvier. Les masses d’air sont très humides et à fortes hygrométrie. Les précipitations sont, souvent, déclenchées par le phénomène thermo-convectif17 dans l’après-midi qui assure la formation des averses ou des orages locaux en fin d’après-midi ou en début de soirée. Parfois le premier déclenchement de

17 Par le contact d’un air humide et instable au sol réchauffé par le soleil pendant la journée l’air va s’élever et atteint rapidement son point de condensation d’où le déclenchement de précipitations.

47 précipitations est constaté dans les zones d’Antsakanalabe et d’Ankobakobaka car les températures de ces zones sont élevées. A cet effet, les pluies qui commencent à tomber dans la région d’Antsohihy ne parviennent pas, parfois, dans la station de Befandriana et ses environs. Elles sont, souvent, atténuées dans la région d’Ankobakobaka. Les pluies se concentrent surtout dans les quatre mois allant de Décembre au mois de Mars. Souvent, il y arrive des inondations violentes alors que l’on ne trouve pas de l’eau pendant la saison hivernale ( juin – septembre ). Il n’y a, en moyenne, qu’un jour de précipitation caractérisé par des petits crachins. Pourtant, si l’on compare les totaux annuels, la station de Befandriana reçoit beaucoup plus de quantité d’eau (1904mm) que celle de Manandriana. La forte concentration des pluies dans le mois de Janvier et de Février s’explique, évidemment, par l’importance du nombre de jours pluvieux ( Annexe III). Parfois, il y arrive dans une année, soit dans le mois de Janvier, soit dans le mois de Février, une tombée de pluies presque continue du jour à la nuit dans une durée d’une semaine ou plus. Ce phénomène est, localement, appelé « eriky » et considéré comme parmi les facteurs de l’augmentation du total annuel. Cet « eriky » résulte, souvent, du passage du cyclone ou d’une simple dépression tropicale dans les autres régions de Madagascar. Depuis longtemps, la « région » de Befandriana n’est pas une zone de passage fréquent du cyclone en raison de ses reliefs et sa situation géographique non littorale. Le mois de Septembre reste le mois de transition entre l’hiver et l’été. On y remarque que les végétations vont reprendre leurs feuilles vertes malgré le manque des précipitations au sol. C’est un phénomène considérée comme signe du début de l’été. Quant au graphique B, station de Manandriana, la courbe se présente autrement; mais elle atteint toujours son sommet au mois de Janvier et décroît, brusquement, au mois d’Avril, puis retombe aussi au mois de Septembre pour passer sa croissance au mois de Novembre. En un mot, la courbe, par son allure, est irrégulière. A première vue, la distinction entre graphique A et B réside entre le mois de Mai jusqu’au Septembre. Si le premier présente un creusement trop repoussé sur l’axe d’abscisse, le cas devient amoindri dans le graphique B. Même si la station de Manandriana s’expose déjà au versant oriental, l’influence de la mousson entre toujours dans le mécanisme climatique. Elle est la responsable de l’augmentation de la quantité d’eau dans les quatre mois (Décembre, Janvier, Février, Mars).

48 Durant ces mois là, les précipitations se manifestent toujours sous forme d’orages qui se déclenchent souvent en début de soirée. Le plateau d’Antsakabary fait partie également de la région haute ; mais il diffère de la région de Matsondakana par la quantité et la nature des précipitations hivernales. Située sur le versant oriental, la région de Matsondakana bénéficie un peu du régime pluviométrique de celui-ci selon lequel tous les mois sont pluvieux et les précipitations moyennes annuelles sont supérieures à 1500 mm et peuvent atteindre ou dépasser 3000 mm. Ces précipitations hivernales diminuent de l’Est vers l’Ouest. Ainsi les régions d’Antsakabary, d’Ankarongana, d’Ambolidibe-Est reçoivent des crachins hivernaux, mais ils ne sont pas périodiques comme ceux de la région de Matsondakana. Par contre, la moyenne annuelle de la station de Manandriana est loin d’être dépassée par quelques stations situées sur la côte orientale comme celle de Maroantsetra et d’Antalaha. Tableau n°07 : La comparaison de la moyenne annuelle de pluviométrie des trois stations. Température Précipitation STATION Altitude moyenne annuelle annuelle ( mm ) (°C) Manandriana 930 19°3 1581 Maroantsetra 2 23°7 3703 Antalaha 24 24°0 2150 Source : I.R.A.T. 1972 Sur le plan quantitatif, la station de Manandriana reçoit moins de précipitation (1581 mm) que celle d’Antalaha (2150 mm) et de Maroantsetra (3703 mm) alors que ces trois stations se situent toutes dans la région orientale de Madagascar. Trois facteurs peuvent entrer dans l’explication. Tout simplement, selon la délimitation de R. DUFOURNET18 concernant le domaine tropical perhumide chaud du versant oriental de Madagascar, ce domaine ne touche que des régions qui se situent entre le niveau de la mer jusqu’au 900 m d’altitude. Or la station de Manandriana, s’installant à 930 m d’altitude est déjà hors du domaine.

18 DUFOURNET (R) : « Régimes Thermiques et pluviométrique des différents domaines climatiques de Madagascar, Tana juin 1972, p.35.

49 Pourtant, avec une altitude de 930 m, le relief semble plus ou moins amoindri pour assurer l’ascension de l’air afin qu’il soit condensé. Par conséquent, les pluies tombent insuffisamment.

Enfin, la « région » de Befandriana, en général, la station de Manandriana, en particulier s’éloigne un peu plus au Nord de la direction de l’alizé. Elles deviennent parallèles à la direction normale de l’alizé. Or cette condition n’est pas favorable à la formation des pluies. Il faut que l’air heurte, perpendiculairement, le relief pour qu’il y ait pratiquement, l’ascendance. C’est surtout cette ascendance de l’air qui est responsable de la formation des pluies. Ce sont ces trois facteurs qui limitent les quantités de pluies dans la région de Matsondakana pour atteindre le seuil normal des moyennes annuelles de la région orientale de Madagascar.

Bref, la « région » de Befandriana présente des conditions climatiques très complexes. Il semble que l’espace reçoit des influences climatiques variées. Ce ne sont que des climats des régions entourant l’espace de Befandriana dont aucun d’entre eux ne parvient à dominer l’espace tout entier en raison d’un principal facteur : c’est le rôle de l’altitude.

3 - 3 – L’altitude et les influences climatiques des régions environnantes dans l’espace de Befandriana – Nord :

L’altitude, le relief, le climat sont des éléments liés entre eux. L’état climatique d’une région donnée est déterminé par la forme et le caractère du relief et par le niveau général de cette région. Vice versa, le climat intervient dans le façonnement du relief. Les régions qui entourent l’espace de Befandriana y lance leurs influences climatiques. Mais ces influences n’y trouvent pas ses conditions originales.

50 Tableau n°08 : Quelques renseignements sur le rapport entre l’altitude, la température et la précipitation moyenne annuelle. Stations Régions Altitude ( m ) Température Précipitation moyenne moyenne annuelle annuelle (°C ) ( mm ) Antsohihy Nord-Ouest de 28 26°9 1493 Marovoay Madagascar 20 27 1520 Befandriana Befandriana 315 25°3 1904 Manandriana 930 19°3 1581 Faratsiho H.T.C. de 1750 16°2 1912 Ambatolampy Madagascar 1555 16°8 1625 Antalaha 24 24°0 2150 Maroantsetra Est malgache 2 23°7 3703 Source: I.R.A.T., par Dufournet

3 - 3 – 1 – L’influence et la limite de climat des Hautes Terres Centrales dans l’espace de Befandriana :

Les Hautes Terres Centrales de Madagascar sont caractérisées par le climat tropical d’altitude ; c’est-à-dire la température moyenne annuelle est inférieure ou égale à 20°C. L’amplitude thermique annuelle dépasse 10°C. Les précipitations sont supérieures à 1500mm avec une saison sèche peu marquée (3 à 4 mois). L’altitude moyenne est supérieure à 900 m au dessus du niveau de la mer. Le climat tropical d’altitude signifie que la température normale des régions tropicales est abaissée par l’altitude. Située à 930 m d’altitude, avec une température moyenne annuelle de 19°3, la station de Manandriana appartient à ce domaine puisque l’altitude est supérieure à 900 m et la température moyenne annuelle est inférieure à 20°C. L’influence climatique des Hautes Terres Centrales à travers la température ne se valide que dans la région haute de Befandriana – Nord ; c’est-à-dire dans la partie Est. En outre, la diminution de la température de la station de Manandriana à 19°3 n’atteint même pas la moyenne annuelle de Faratsiho ( 16°2) et celle d’Ambatolampy (16°8). Cette situation est due à la différence de leurs altitudes : 930 m contre 1750 m et 1550 m. Rappelons que la « région » de Befandriana se situe au niveau de la zone affaissée des Hautes

51 Terres Centrales. C’est la raison pour laquelle la moyenne annuelle de la température de la station de Manandriana est plus élevée que celles d’Ambatolampy et de Faratsiho, situées, entièrement, dans les Hautes Terres Centrales.

3 - 3 – 2 – L’influence et la limite de climat du Nord-Ouest de Madagascar :

Antsohihy et Marovoay font partie de la région du Nord-Ouest de Madagascar qui est caractérisé, climatiquement, par les moyennes annuelles de température élevée ( plus de 25°C) et celles de précipitation entre 700 et 1500 mm. Comparée à la valeur moyenne annuelle de la température de Befandriana (25°3), celle d’Antsohihy est presque voisine. Cette valeur pourrait être atteinte en allant vers l’Ouest ( Antsohihy ), le Sud-Ouest ( Port- Bergé ) car le profil général du relief de Befandriana diminue de l’Est vers l’Ouest. En suivant le long de l’axe R.N.32 d’Est vers l’Ouest, on sent, réellement, l’élévation de cette température, surtout après avoir passé la forêt dite Analarejy, près d’Ankobakobaka. Toujours à travers la température, l’influence climatique du Nord Ouest de Madagascar peut trouver ses conditions dans la région basse de Befandriana, mais au fur et à mesure qu’on se décale vers l’Est, cette influence est atténuée par l’élévation d’altitude.

3 - 3 – 3 – L’influence et la limite de climat de l’Est malgache :

On reprend la station de Manandriana. Elle s’installe au Nord de Matsondakana et se situe déjà sur le versant oriental de Madagascar. D’après l’enquête orale effectuée auprès de la population locale, les gens disent que le régime pluviométrique de la région de Matsondakana est comparable à celui du domaine de la côte Est humide. Ce régime est caractérisé par un climat pluvieux dont les précipitations moyennes annuelles sont supérieures à 1500 mm et peuvent atteindre et dépasser à 3000 mm et les 12 mois de l’année sont presque tous pluvieux. Mais, des différences sont quand-même constatées. D’une part, sur le plan thermique, le climat de la côte Est est caractérisé, essentiellement, par une faible amplitude thermique qui ne dépasse pas 6°C. La température reste constante. Cet écart peut dépasser 10°C à Manandriana en raison de la forte diminution de la température au mois de Juillet. D’autre part, la station de Manadriana reçoit une moindre quantité d’eau (1581mm) que celle d’Antalaha (2150 mm) et de Maroantsetra (3703mm).

52 Il y a une ressemblance du régime pluviométrique entre la région de Matsondakana et celle de la côte Est car l’alizé qui s’introduit à la baie d’Antongil arrive jusqu’à la première région ; c’est-à-dire la partie Est de la région haute de Befandriana. Pourtant, la quantité d’eau de la station de Manandriana est moindre comparée à celles de ces deux stations à cause de l’altitude et de la situation géographique de Manandriana. L’écran montagneux des Hautes Terres Centrales très élevé, capable de surmonter l’air pour atteindre son point de condensation se termine au niveau du seuil d’Androna ; zone où se localise la « région » de Befandriana, en général et la région de Matsondakana, en particulier. Il y a donc une faible capacité de surmonter l’air et les pluies tombent insuffisamment. Par contre, avec 930 m d’altitude, la station de Manandriana s’éloigne un peu le domaine « perhumide » de la côte orientale. Tableau n°09 : Récapitulation des influences climatiques : Climat Caractères Zones influencées Limites ou obstacles T°moyenne annuelle. inférieure Région haute de Altitude moins élevée à celle Climat à 20°C Befandriana ayant des des H.T.C. dans la région basse tropical P° moyenne annuelle. 1500 – altitudes supérieures ou ou région haute d’altitude des 2000 mm égales à 900 m H.T.C. Amp. Therm. élevée T° moy. Ann. Supérieure à Région basse de Altitude plus élevée dans la 25°C Befandriana ayant des partie Est de Befandriana Climat du P° moy. Ann 700 – 1500 mm altitudes inférieures à Nord-Ouest Amp. Ther.moyenne 200 m T° moy. Ann. 23°C Une partie Est de la Altitude plus élevée (supérieure P° moy. Ann. 1500 – 4000 mm région haute de à 900 m d’altitude). Climat de Amp. Ther. faible Befandriana La position et les caractères du l’Est relief

53 CROQUIS N°04 : CROQUIS DES INFLUENCES CLIMATIQUES

N

Légendes

Influence du climat Nord Ouest de Madagascar

Influence du climat des HTC Climat type de Befandriana Nord Source : Enquête personnelle Influence du climat de l’Est Echelle : 1/650 000 malgache

54 Au point de vue de l’analyse spatiale de la « région » de Befandriana, le rôle de l’altitude est très important. Dans l’espace de Befandriana, il existe des variétés climatiques. Ce sont des prolongements des influences climatiques des «grandes régions » qui environnent la « région » de Befandriana. Mais, aucun de ces prolongements, obstrués par l’altitude, ne parvient à couvrir l’espace tout entier. Cette situation nous permet, en premier lieu, d’établir un croquis régional pouvant montrer l’inscription spatiale de ces variétés climatiques dans la « région » de Befandriana – Nord. Trois régions climatiques doivent être évoquées. Toute la région haute est caractérisée par une élévation des altitudes entraînant la diminution de la température. Cette région doit être soumise aux conditions climatiques des Hautes Terres Centrales obstruées par le niveau général de celles-ci qui s’est un peu abaissé au niveau de l’espace de Befandriana. En outre l’influence orientale de l’île, caractérisée par le climat pluvieux toute l’année, vient se superposer à ce climat tropical d’altitude au niveau de la région de Matsondakana ; c’est-à-dire la partie la plus à l’Est de la région haute de Befandriana. Par conséquent, cette zone reçoit la combinaison de la fraîcheur et de la pluie pendant la période hivernale. Dans la région basse, les températures sont élevées et l’influence de la mousson est plus marquée dans la période estivale. Le climat est très irrégulier. Mais, un point qui semble important c’est que, par le biais de ces conditions climatiques, on peut établir une solution relative au problème de la classification de la « région » de Befandriana par rapport à l’ensemble de l’île, en considérant que celle-ci n’est, climatiquement, qu’une région intermédiaire entre ces trois « grandes régions » telles que les Hautes Terres Centrales, l’Est ainsi que le Nord Ouest de Madagascar. La « région » de Befandriana – Nord est un espace, géographiquement, à caractère très hétérogène sur ses conditions naturelles. Cette situation rend difficile l’analyse spatiale. L’unité naturelle des régions géographiques n’est retrouvée que dans une échelle plus réduite de l’espace en le divisant en sous-espaces. Ainsi, topographiquement, on a obtenu deux régions géographiques ce qui permet de distinguer la région haute et la région basse. Mais, sur le plan climatique, ces deux espaces doivent être subdivisés en trois zones climatiques. Comme il s’agit ici d’une étude régionale, elle ne se contente seulement de voir tout ce qui est naturel ; mais il faudrait savoir quelles sont les autres composantes de la région et comment elles réagissent l’une par rapport à l’autre ?

55 Le rôle de la population, en exerçant ses activités pour l’assurance de sa survie, marque une grande importance sur l’étude régionale. Tous ces aspects nous amènent à voir tout simplement la relation entre les deux ; c’est-à-dire la population et son milieu naturel. En effet, face à l’existence de ces deux régions topographiques et des variétés climatiques ou aux conditions naturelles diversifiées, la population de Befandriana-Nord doit, sur ce milieu très complexe, exercer son mode d’adaptation qui pourrait être différent de celui des autres régions de l’île. Tout cela nous amène à voir, dans la deuxième partie, la population et ses activités dans les différents espaces régionaux de Befandriana – Nord.

56

DEUXIEME PARTIE

LA POPULATION ET SES ACTIVITES DANS LES DIFFERENTS ESPACES

REGIONAUX DE BEFANDRIANA-NORD

Le milieu naturel et les faits sociaux sont des éléments inséparables pour l’étude géographique d’une région. Certes, il existe des régions naturelles comme, par exemple, la région forestière, région lacustre, région montagneuse etc… mais l’étude régionale n’est pas un inventaire. L’espace doit être organisé par l’homme qui est en son centre pour que celui-ci ne soit pas « muet ». Sachons que l’homme ne peut pas survivre si l’espace et ses composantes n’étaient pas là. Pour assurer sa survie, il est obligé de trouver les ressources au sein de la nature. Ces ressources peuvent être, consommées directement ou commercialisées, permettant de distinguer les produits vivriers et ceux qui sont rentiers.

En réalisant toute action permettant de tirer ces ressources, la nature a subi une transformation en vertu de laquelle on peut retenir que l’espace est dit aménagé.

Tout ceci nous amène à voir, en premier lieu, l’étude de la population en évoquant le processus historique du peuplement, la répartition de la population ainsi que ses mouvements et surtout son accroissement naturel.

57 CHAPITRE IV: ETUDE DE LA POPULATION :

4 - 1 – Processus historique du peuplement :

4 - 1 – 1 – Phases et motifs des migrations :

Avant d’aborder ces sujets, il faudrait savoir par quelle ethnie de Madagascar est peuplée la « région » de Befandriana – Nord ? Est – ce qu’elle est formée par une seule ou plusieurs ethnies ? Voici deux tableaux qui permettent de comprendre ces questions. Tableau n°10 : La répartition des Tsimihety dans les Provinces de l’île : Tananarive Tamatave Majunga FianarantsoaTuléar Total Tsimihety 209 80.688 261.192 17 151 342.255 Population totale 995.486 840.063 726.892 1.206.449 859.682 4.628.572

Tableau n°11 : La répartition des Tsimihety dans les Districts de la région de Sofia : Districts Population Tsimihety Makoa Sakalava Betsimisaraka Sihanaka totale ( % ) ( % ) ( % ) ( % ) ( % ) Bealanana 34.837 77,6 4,7 4,2 1,3 8,2 Antsohihy 31.164 74,5 13,8 4,9 0,6 - Befandriana 47.774 90,5 7,1 - - - Mandritsara 68.544 74,1 8,7 - 6,5 4,5 Port-Brgé 70.500 72 5 2,1 4,2 6,5 Analalava 30.430 35,8 11,4 37,2 3,1 2,2 (Comoriens ) (Antaimoro) Source : Louis MOLET : « L’expansion tsimihety : modalités et motivations intérieure d’un groupe ethnique du Nord – Ouest de Madagascar », Décembre 1959.

Ces deux tableaux montrent la répartition des Tsimihety, dont le premier est au niveau provincial tandis que le deuxième est à l’échelle régionale. Parmi les cinq provinces, c’est celle de Mahajanga qui abrite la forte majorité de Tsimihety. Au niveau des sept Districts, dans la Province de Mahajanga, la forte proportion des Tsimihety ( 90,5% ), réside dans le District de Befandriana – Nord.

58 Tout ceci montre que, en premier lieu, la « région » de Befandriana est peuplée, majoritairement, par les Tsimihety ; en deuxième lieu, les Tsimihety se sont déjà répandus, depuis longtemps, partout dans l’île. Comparées avec l’installation des autres ethnies à Madagascar, les migrations tsmihety vers leurs régions actuelles se sont déroulées plus récemment. Les Tsimihety sont des migrants venant des alentours du cap Masoala ( Nosy Mangabe, Mananara, Rantabe, Manambolosy19) et qui se sont dirigés vers le Nord, l’Ouest et le Sud. Leurs installations se sont faites par étape. Les motifs de départ varient selon les contextes qui se présentèrent. Mais, ils sont, souvent, liés aux mesures et aux dispositions prises par l’administration à l’époque. Edouard RALAIMIHOATRA20 a signalé que depuis le XVIIème siècle, il y avait déjà un déplacement des Tsimihety vers le versant Sud de Tsaratanàna et ils formèrent un véritable groupe humain au seuil d’Androna. Mais l’éclatement de cette migration ne fut connue, précisément qu’à partir de celui qui est mentionné par L. MOLET21 en 1875. A la suite de l’ouverture des pistes Rantabe – Mandritsara, les migrations se font dans les directions vers le Nord auprès des côtes orientales ( Mandritsara, Andapa, Andevoranto, etc…) ou vers les zones côtières ( Antalaha , Vohémar ) sans s’approcher jamais de la mer et vers l’Ouest ( Antsohihy, Port-Bergé, etc…). Befandriana resta une zone de passage pendant cette époque. Ce District ne reçoit la vague massive qu’à partir de 1900 jusqu’en 1930 lorsque l’administration coloniale trouve sa force à Madagascar. Pendant cette période, les migrations sont dues aux contraintes des mesures imposées par l’administration à l’époque, concernant, par exemple, les demandes du caoutchouc, du lait et du riz, etc… Les Tsimihety, par leur caractère, n’eurent pas l’intention de se rebeller, ils préférèrent prendre la fuite quand les exigences ne leur convenaient pas. Ils se sont dirigés vers les zones encore moins, voire non peuplées pour s’installer. Mandritsara est le premier foyer d’accueil ; mais Befandriana – Nord est, actuellement, le District ayant la plus forte portion de Tsimihety dans la région Sofia voire dans tout Madagascar.

19 MOLET (L) : « L’expansion tsimihety : modalité et motivation intérieures d’un groupe ethnique du Nord de Madagascar », 1959, p 7-8. 20 RALAIMIHOATRA (E) : « Histoire de Madagascar » Tana 1962. 21 MOLET (L) : « L’expansion tsimihety : modalité et motivation intérieures d’un groupe ethnique du Nord de Madagascar », 1959, p 7-8.

59 4 - 1 – 2 – L’expansion continue :

L’économie tsimihety est, depuis longtemps, marquée par la pratique cumulative de l’agriculture et l’élevage. Parmi les motifs de la migration dès le XVIIème siècle, il y a la recherche de terrains disponibles favorables au pâturage des troupeaux bovins. Ils quittent la vallée de Mananara pour rejoindre le couloir de Mandritsara et ils continuent leur déplacement jusqu’à l’Est de Befandriana, puis ils s’implantent dans la vallée de Sofia. L’expansion continue dans le bassin de Befandriana et toute sa région basse. Ensuite, à cause des exigences administratives coloniales, la migration ne s’arrête pas ; le nombre initial des occupants dans les zones d’accueil se multiplie ; le taux d’accroissement naturel annuel est, en moyenne, de 2,81 %22 Il y a, par conséquent, une explosion démographique. Or les Tsimihety ont besoin de terre pour leur permettre de pratiquer l’agriculture assurant leur survie. Ils sont obligés de trouver de nouvelles terres susceptibles d’être défrichées. Le droit relatif au partage des terres qui met en faveur l’aîné par rapport au cadet et les garçons par rapport aux filles accentue la situation. Les défavorisés préfèrent partir ailleurs pour trouver une nouvelle terre à exploiter. Ainsi, les Tsimihety se sont vites répandus dans leur zone actuelle. L’expansion est empêchée, au Nord, par le massif de Tsaratanàna ; à l’Ouest, par la frange plus ou moins large de Sakalava ; au Sud par la forte densité de Sihanaka dans la région d’Ambatondrazaka. En suivant la R.N.6, on constate que la forte proportion des Tsimihety s’arrête à Mampikony, mais ils sont toujours présents jusqu’à Maevatanàna ( R.N.4 ). De nos jours, lorsque les responsables administratifs délimitent la circonscription administrative de la région Sofia, c’est surtout le résultat de la conception de mise en relief d’une zone occupée, majoritairement, par les Tsimihety.

4 - 2 – L’évolution démographique et la répartition spatiale de la population de Befandriana – Nord :

4 - 2 – 1 – L’évolution démographique :

Il ne s’agit plus ici, d’évolution issue de la migration , mais de mouvement naturel de la population, en évoquant, le taux de natalité, le taux de mortalité et surtout l’évolution annuelle de la totalité.

22 MOLET (L) : « L’expansion tsimihety : modalité et motivation intérieures d’un groupe ethnique du Nord de Madagascar », 1959, p 142

60 • Evolution de la population totale :

Tableau n°12 : Evolution de l’effectif de la population.

Année 1959 (1) 1989 1990 1991 1992 1993 (2) 1999 (3) Effectif 47.774 113.076 116.163 119.334 122.592 125.984 159.585 Source : (1) : L. MOLET : « L’expansion tsimihety….., » Décembre 1959 (2) : Monographie Sofia, 2001 (3) : Monographie Sofia, 2003

Ces totaux annuels de la population qui sont représentés dans ce tableau sont les résultats de l’équilibre du taux de natalité et de mortalité. Entre les deux, il existe aussi la morbidité permettant de mesurer l’importance de l’impact des maladies sur l’ensemble de la population. Au bout de 40 ans (1959 – 1999 ), la population de Befandriana a presque quadruplé. L’effectif de 1959 est le dernier chiffre reçu après les phases de migration. C’est à partir de 1989 que l’on peut mettre au point le taux d’accroissement naturel qui est de l’ordre de 2,6 %. La population ne cesse d’augmenter. Tableau n°13 : L’évolution des taux de natalité, de morbidité, de mortalité : Année Population totale Taux de natalité Taux de Taux de ( ‰ ) morbidité ( % ) mortalité ( % ) 1985 101.563 19,88 40,21 1,89 1987 107.184 17,53 - - 1988 110.910 17,55 57,52 1,70 1990 116.205 16,02 - - 1991 119.377 - 54,82 1,44 1993 125.984 - 60,95 - 1994 129.423 20,27 61,80 1,95 1995 132.957 20,82 71,58 1,86 Source : - Service de santé de District de Befandriana – Nord - Service de Statistique et Tableau Le taux de morbidité est élevé et ne cesse d’augmenter. Ce phénomène s’explique par la présence fréquente de certaines maladies comme le paludisme, rougeole, la diarrhée, etc…

61 Face à ces maladies, les mesures préventives sont encore insuffisantes malgré des efforts exercé par les gouvernements. En outre, les malades ne veulent aller à l’hôpital qu’à la suite de la gravité de leur maladie alors que le recouvrement sanitaire local n’est pas encore capable de dominer la situation présente. Plusieurs d’entre eux vont mourir, soit sur les lieux, soit après l’évacuation ailleurs dont Antsohihy et Mahajanga qui sont les destinations habituelles. Le taux de mortalité est accentué par la cherté du médicament et la faible capacité du pouvoir d’achat. Les malades préfèrent recourir à la médecine traditionnelle même si les maladies ne sont pas de la compétence de celle-ci. Pourtant, ces deux sortes de médecine peuvent exercer des actions complémentaires. Il arrive, souvent, à un moment que les médecins renvoient leurs malades aux guérisseurs traditionnels lorsque la situation n’est plus à leur hauteur. Par ailleurs, suite à la qualité du service non perfectionné à l’hôpital public, les malades font plutôt confiance aux hôpitaux privés dont il n’y en a qu’un à Befandriana. C’était une école confessionnelle Adventiste sise à Ankazambo23, mais transformée en hôpital au début des années 90. Il trouve son succès non seulement à l’intérieur du territoire de Befandriana mais il attire aussi des gens venant de loin. Comparé à celui de l’ ensemble provincial de Mahajanga, le taux de natalité de Befandriana est moins bas, respectivement, de 37 ‰ contre 17,55 ‰ en 1988. Ces chiffres mentionnés dans ces tableaux ( Tab n°12 et Tab n°13 ) doivent être considérés comme seulement des indices du total parce qu’ils ne couvrent pas le nombre exact de la population. Le problème se manifeste, premièrement, au niveau du taux de natalité et de mortalité. Les responsables du service sanitaire public de Befandriana ne mentionnent que des naissances enregistrées dans les différents postes hospitaliers alors que le cas n’est pas minime, dans les milieux ruraux, pour les femmes accouchant par les accoucheuses traditionnelles ou « Mpanavanana ». Nombreux sont les naissances et les décès non enregistrés auprès du service administratif surtout pour les villages les plus éloignés ; alors que les enquêtes menées ne saisissent que des données disponibles dans ces services. Tous ces cas vont créer des erreurs sur les données publiées. Mais ce qui est sûr et certain, le tableau n°13 le confirme c’est que la population totale ne cesse d’augmenter. Elle se répartit, différemment, dans l’espace.

23 Ankazambo est un village situé au 6 km vers l’Est de Befandriana Nord.

62 • La répartition spatiale de la population et les facteurs de cette répartition :

A l’intérieur de la valeur globale, apparaît l’inégalité de la répartition à travers les différentes Communes. Cette inégalité apparaît aussi à l’intérieur même des Communes. Tableau n° 14 : La répartition par Commune de la population de Befandriana – Nord : Communes Effectif de la Part ( % ) Superficie Densité de la population ( km²) Population (hab/km²) Befandriana(C.U.) 4.180 3,32 87 55,28 Morafeno 15.373 12,20 960 16,01 Ambodimotso-S 8.244 6,54 578 14,26 Maroamalona 6.924 5,50 422 16,40 Ambararata 5.610 4,45 403 13,92 Tsiamalao 12.120 9,62 587 20,64 Ambolidibe-E 11.974 9,50 740 16,18 Tsarahonenana 13.400 10,64 801 16,72 Antsakanalabe 8.303 6,59 732 11,34 Antsakabary 11.236 8,94 1.144 9,85 Ankarongana 13.399 10,63 956 14,02 Matsondakana 15.192 12,06 1.711 8,8 Ensemble 125.924 100,00 9.121 13,81 Source: Institut National de la Statistique (I.N.S.); Résultats provisoires de Recensement Général de la Population et des Habitats ( Antananarivo – I.N.S. 1993 )

Sur le plan de l’effectif, deux Communes telles que Matsondakana et Morafeno, ont des habitants plus considérables. Elles abritent, respectivement, 15.182 et 15.373 habitants. Cependant, la densité est très faible ( 8,8 hab/ km² ) dans la C.R. de Matsondakana. Les facteurs s’expliquent, d’abord par la non proportionnalité de la superficie de la circonscription et le nombre total de la population. La superficie est trop importante pour la population au nombre de 15.192. En plus, une grande partie de cette zone est presque vide d’homme. C’est le cas du plateau de Bezavona ou d’Analavory où l’agriculture est impossible à moins qu’il y a un gros effort d’aménagement, en amendant le sol. La partie orientale est occupée par le prolongement de la forêt de Makira ; la moitié de la population vit dans la plaine d’Amparihy alors qu’elle ne couvre qu’une faible superficie de la Commune. Cette plaine est propice à l’activité agricole.

63 Les Communes rurales de Morafeno, d’Ambodimotso-Sud et de Tsarahonenana sont des Communes de la « Zone basse » où leurs milieux sont favorables à la riziculture et au pâturage. La densité est de l’ordre de 14 à 20 habitants au km². Ce sont les Communes les plus dynamisées dans la région de Befandriana en raison de leur non enclavement presque pendant toute l’année. Les conditions physiques sont favorables à l’agriculture et les produits sont, facilement, évacués. En effet, les densités humaines y sont élevées. En raison de l’irrégularité du climat, l’implantation humaine suit le long des cours d’eau. La Sofia, la Tsinjomorona, l’Anjingo, l’Ankofia sont les plus ciblées. La C.R. d’Antsakanalabe a la densité la plus faible dans la « Zone basse ». C’était une région dominée par des lambeaux de forêts denses à forte insécurité menée par les « dahalo ». La civilisation y est moins avancée par rapport aux autres. Les techniques culturales sont conditionnées par les modes de pratique de culture sur brûlis car c’est une zone très fréquente du « tetikala ». Le taux de scolarisation y est très faible. La concentration humaine est localisée juste le long de la Tsinjomorona et de la Sofia. Avec le taux de 55,28 hab/ km², la densité est très forte dans la C.U. de Befandriana et ses environs qui sont formés de petits villages rayonnés de 1 à 5 km de la ville. Cette forte densité est due au nombre important de la population qui est localisée dans une superficie plus restreinte pour accéder au dynamisme de la ville.

L’enclavement géographique d’Ankarongana et d’Ambolidibe-Est n’est pas un obstacle du peuplement de ces Communes. Ce sont des zones très favorables à l’agriculture. Les villages se rassemblent sur les bords de la Sofia et dans la vallée de la région d’Ankiabe dans la Commune d’Antsakabary. La majorité de l’espace est dominé par le plateau latéritique d’Antsakabary où les sols sont très pauvres. C’est pour cela que la population doit se concentrer dans les vallées des cours d’eau et la densité y reste faible malgré l’ancienne fonction de poste administratif du village d’Antsakabary. Quand la population se répartit dans l’espace, elle doit, en effectuant ses activités quotidiennes, être active et elle s’interpénètre, d’abord sur son territoire même, puis à l’extérieur de celui-ci.

64 CARTE N°07 : CARTE DE LA REPARTITION DE LA POPULATION

N

2 Densité de la population (hab/km ) +50 14 à 21

08 à 14

Effectif de la population 4 à 7000

Echelle :1/650 000 8 à 11000 Source : Tableau n°14 12 à 16000

65 4 - 3 – Les mouvements de la population :

Sans la population l’espace n’est pas dynamisé. Il faut qu’il y ait des déplacements humains volontaires ou obligés. Ces déplacements correspondent aux mouvements quotidiens de la population. Il y a plusieurs types de mouvements mais on peut les regrouper en deux ensembles : les mouvements intérieurs et les mouvements extérieurs.

4 - 3 – 1 – Les mouvements intérieurs :

Le mouvement est dit intérieur si le déplacement est limité seulement dans la région où vit la population en question.

• Les mouvements quotidiens :

Le mouvement quotidien de la population concerne surtout les zones bien desservies pendant toute ou la majeur partie de l’année. La ville de Befandriana est considérée, par ses fonctions socio-économique et politico-administrative, comme un centre d’impulsion et de distribution. Les ruraux, ayant besoin de produits finis et d’évacuer leurs ressources agricoles vont se déplacer le matin et retournent chez eux l’après – midi. Par contre, les citadins vont partir au marché rural pour liquider leurs articles commerciaux et pour collecter les produits locaux. Enfin, des écoliers qui habitent aux environs de la ville font le va-et-vient du trajet école-domicile. Tous ces motifs de déplacement engendrent les mouvements quotidiens des habitants. La R.N.32 au niveau d’Ankobakobaka – Antafiantsalana et la R.N.C. 176 reliant Andranomanintsy-Ambararata sont les axes les plus fréquentés.

• Les mouvements temporaires ou définitifs :

Pendant la période scolaire, la ville est très peuplée. Ce phénomène est dû au retour des vacanciers et à la montée des ruraux en ville pour y exercer leurs études dans de meilleures conditions que dans les campagnes. Il y a d’autre part, des ruraux qui se sentent défavorisés dans leur milieu et pensent trouver de meilleures conditions de vie en ville. Ils viennent s’y installer, définitivement. Cette action est appelée « exode rural ». A Befandriana, ce sont les jeunes ou les familles qui ne possèdent pas de terres pour cultiver dans leurs villages natals qui sont les plus concernés par ce phénomène. Mais il y a aussi le phénomène inverse.

66 CROQUIS N°05 : REPRESENTATION DE LA FREQUENCE DES MOUVEMENTS QUOTIDIENS DE LA POPULATION A L’INTERIEUR DE BEFANDRIANA-NORD vers Andapa N

2

Matsondakana vers Antsohihy 1 Ambararata 4 Ambolidbe Est 4 3 1

1

ƒ 3 2 3 Légendes 1 Ankarongana

Maroamalona 1 2 Mouvement quotidien très fréquent Antsakanalabe 2

Tsarahonenana 1 Mouvement quotidien fréquent 3 vers Mandritsara Mouvement moyennement fréquent

4 Mouvement quotidien peu fréquent Source : Enquête personnelle Commune urbaine

Echelle : 1/650 000 Commune rurale

67 Pendant la saison des pluies, quelques citadins ayant des terres à la campagne y restent pour exercer leurs travaux agricoles, en particulier la riziculture. Ils y restent tant que la récolte n’est pas finie. Le séjour dure, environ, cinq à six mois.

4 - 3 – 2 – Les mouvements extérieurs :

Le mouvement est dit extérieur s’il s’effectue au delà du territoire de la population en question.

• Déplacement à courte durée :

Il s’agit d’un déplacement qui dure de trois jours à une semaine vers les autres villes. Ce déplacement se fait suivant la voie hiérarchique de la ville : Chef-lieu de région (Antsohihy ), Chef-lieu de Province ( Mahajanga ), Capitale ( Antananarivo ). On prend, par exemple, les fonctionnaires qui vont régler leur situation administrative et les commerçants qui cherchent le meilleur prix des articles commerciaux pour avoir de bénéfices. Ces derniers peuvent même arriver jusqu’à la capitale. La visite familiale peut durer un peu plus longtemps ( deux semaines à deux mois ). Le déplacement issu de ces motifs ne respecte plus la hiérarchie de la ville parce que la famille à visiter n’habite pas forcement aux villes nommées ci-dessus.

• Mouvement saisonnier ou définitif :

Le Tsimihety est l’une des ethnies les plus répandues à Madagascar. On le rencontre partout dans les différentes régions de l’île. Le motif le plus impulsif est l’idée de chercher ou « mitady » donnant l’expression « handeha hitady » ou aller chercher. Il s’agit ici de trouver des travaux salariés car il n’y en a guère dans la « région » de Befandriana. Les foyers d’accueil sont surtout la région de S.A.V.A. ( Sambava, Antalaha, Vohémar, Andapa ), la région de Sambirano ( Ambanja, Ambilobe, Nosy-Be et parfois la région d’Analanjirofo ( Mananara, Maroantsetra ). Ils y sont recrutés en tant que main d’œuvre des travaux relatifs à la campagne agricole, variable selon la région. Dans la région de Sambirano, les travaux consistent à défricher et à entretenir les cultures caféières, en sarclant les mauvaises herbes et en cueillant les fruits. Les travaux sont dominés par le traitement de la vanille dans la région S.A.V.A. Ils sont très pénibles mais la rémunération est très faible. Les ruraux sont, majoritairement, touchés par ce genre de déplacement. Il arrive à un moment donné où, surtout après la récolte rizicole, l’on ne rencontre que des vieillards et des

68 enfants dans des villages. Les jeunes tantôt les garçons tantôt les filles vont tous partir et ne reviennent qu’au moment de la prochaine campagne des travaux rizicoles chez eux qui a, souvent, lieu à la fin du mois de Novembre et au début de Décembre. Pourtant, ce mouvement pourrait être définitif au cas où ils y trouvent des conditions qui leur conviennent. Une autre sorte de déplacement saisonnier est marquée par les bacheliers qui doivent quitter leur foyer pour continuer leur formation pouvant être universitaire ou professionnelle. Les étudiants ne retournent chez eux qu’au moment des vacances. Quand leurs formations sont terminées, plusieurs d’entre eux ne retournent plus à leurs villages d’origine.

• Les migrations :

On parle ici des migrations des non tsimihety qui viennent s’installer définitivement, à Befandriana pour différentes raisons. Il en existe deux sortes.

• Les migrations ethniques :

La migration ethnique des non Tsimihety à Befandriana est un phénomène connu depuis longtemps. L. Molet 24 a déjà constaté, en 1959, que les Tsimihety, dans leur espace, se mêlent avec les différentes ethnies comme les Makoa , les Betsimisaraka, les Merina et les Betsileo. Tableau n° 15: Les ethnies représentées à Befandriana – Nord : Makoa Betsimisaraka Merina Betsileo Sud et Sakalava Tsimihety Sud - Est L. Molet (Effectif) 3.400 181 353 98 -,,- -,,- 44 .969 (Pourcentage) ( 6, 94 ) ( 0,36 ) (0,72 ) ( 0,20 ) ( 91,76 ) Monographie Hautes Terres Sofia -,,- -,,- centrale 1, 5% 0 ,5 95 (pourcentage) 3% Source : (1) : L. Molet : « Expansion tsimihty… » 1959 (2) : Monographie Sofia. 2001 Ce tableau est établi par la combinaison de deux données à sources différentes ( L. Molet et Monographie Sofia ). Pour MOLET , comparées avec les autres ethnies, les Makoa

24 MOLET (L) : « L’expansion Tsimihety : modalité et motivation intérieures d’un groupe ethnique du Nord de Madagascar » 1959, p 121.

69 tiennent la première place au point de vue effectif pour les ethnies non tsimihety représentées à Befandriana. Depuis longtemps, les Makoa et les Tsimihety ont eu une relation étroite. C’est pour cela que dans chaque foyer de Tsimihety, il existe toujours des Makoa. Ainsi, on les rencontre à Befandriana dans les villages de Mangankana (C.R. Ambolidibe – Est ) , d’Andampinivalo, d’Ambato et d’Ambalabe. Certains d’entre eux se marient avec les Tsimihety. Les Merina et les Betsileo y sont venus, à l’origine, pour être cultivateurs de produits vivriers et rentiers. Mais, ils sont devenus commerçants de P.P.N. et de petits articles utiles au ménage. Il n’est pas rare que des Betsileo qui se spécialisent dans la scierie des planches et des madriers entraînant l’exploitation forestière incontrôlée. Les gens du Sud et du Sud-Est sont composés par les Antandroy et les Antaimoro qui sont appelés « Betsirebaka ». Leur préoccupation est orientée vers le commerce des bestiaux, surtout pour les Antaimoro ; tandis que la plupart des Antandroy pratiquent pour le commerce des céréales, en particulier le riz. Ce dernier peut être transporté à l’extérieur de la « région » de Befandriana. Les Betsimisaraka et les Sakalava restent toujours minoritaires pour des raison mal connues.

• La migration des étrangers :

Ils sont, qualitativement, venus à Befandriana pour des motifs différents. Les Européens, d’origine diverse, sont composés par des Français, des Italiens et rares pour les autres nationalités. Ils sont, spécialement, chargés aux affaires religieuses, sauf pendant les périodes coloniales et néocoloniales où les Français étaient membres des agents administratifs. Les Asiatiques, bien qu’ils soient encore minoritaires, tiennent une place importante sur le domaine socio-économique voire politique. Ils assurent le commerce de gros et de détail, l’achat des produits locaux ( riz, raphia, paka, café, cire, vanille ), le monopole des transports. En raison de leur pouvoir d’argent, les dirigeants locaux sont souvent tombés dans leur piège, en devenant corrompus. Ils financent, également, les campagnes électorales des politiciens qui sont de leur côté. Leurs habitats se distinguent des autres, par leur confort. Ces Asiatiques sont surtout les Indiens, les Pakistanais ainsi que les Chinois.

70 Il nous reste des Comoriens et une petite minorité d’Arabes. Auparavant, ils exerçaient de multiples fonctions comme l’implantation de l’hôtellerie, de la gargote, de la boutique et surtout des affaires relatives à la religion ; mais ils deviennent, actuellement passifs. Preuve infaillible de la présence des Comoriens à Befandriana, il y existe une portion de quartier appelée « Grandes-Comores », là où prédominent les Comoriens. Befandriana – Nord est un foyer qui reçoit des populations d’origines différentes. Mais, avec le taux de 95%, l’espace est occupé, majoritairement, par des Tsimihety. C’est un District qui abrite la plus forte proportion de Tsimihety. A cet effet, on peut dire que la « région » de Befandriana – Nord est une région tsimihety et l’espace a supporté, compte tenu de la logique du système, des activités suivant la civilisation des Tsimihety. Mais comme il existe une liaison étroite entre le milieu naturel et l’occupation humaine, les activités da la population sont conditionnées surtout, par l’état et les caractères de ce milieu.

71 CHAPITRE V : LES ACTIVITES DE LA POPULATION : LEUR IMPORTANCE ET LEUR ROLE AU SEIN DE LA SOCIETE :

La civilisation tsimihety est caractérisée, dès l’origine, par la pratique simultanée de l’agriculture et de l’élevage. Compte tenu de son importance et de son rôle dans la société, ce dernier est dominé par l’élevage bovin. Quant à l’agriculture, il y en a beaucoup ; mais l’accent sera mis sur les trois les plus importants sur le plan socio-économique : la riziculture, la caféiculture et la culture de la vanille.

5 - 1 – Les activités dominantes de la population :

5 - 1 – 1 - Les pratiques agricoles :

5.1.1.1-La riziculture :

En fonction des modes, techniques et conditions d’exploitation, on distingue trois types de la riziculture : la riziculture de bas-fond, la riziculture de « tanety » et celle de « tetikiala »

• La riziculture de bas-fond :

Comme son nom l’indique, c’est la riziculture qui se trouve dans les rizières encaissées entre les collines. Les sols sont de types hydromorphes à gley ou à pseudogley selon les régions. C’est la riziculture la plus répandue à Befandriana. Tableau n° 16: Les superficies cultivées en riz par type de riziculture à Befandriana. Surface District totale en riz Riz de bas-fond Riz de Riz de (Ha) « tanety » « tetikiala » Befandriana S ( Ha ) % S ( Ha ) % S ( Ha ) % 23.910 19.989 83,6 1.243 5,2 2.678 11,2 Source: Monographie Sofia 2001. Ce tableau confirme que c’est la riziculture de bas-fond qui accapare beaucoup d’espace sur les surfaces cultivées en riz. La riziculture connaît davantage de l’importance dans la région basse que dans la région haute. Or la première est caractérisée par un régime climatique parfois douteux à la

72 Cliché N°6: Le contraste entre deux régions (région haute et région basse) est très évident au point de vue de l'état de rizières après la récolte. Celles-ci sont toujours vertes même après la récolte dans la région de Matsondakana (Cliché 6-b)

Cliché 6-a: La rizière encaissée entre les basses collines dans la région basse. ( Morafeno)

73 réponse des exigences écologiques de la riziculture selon lesquelles le riz a besoin, en moyenne, d’un litre d’eau par seconde par hectare. La meilleure idée pour pouvoir gérer l’eau , c’est de trouver les surfaces ayant le plus bas niveau. Le bas-fond est, par conséquent, le milieu le plus favorable à la riziculture. Les habitants n’ont pas l’habitude de pratiquer la riziculture en deux saisons. On ne fait que de « vary asara », sauf dans les régions qui bénéficient de barrages hydrauliques permettant d’inonder les rizières même pendant la saison sèche.

• La riziculture de « tetikiala » :

Ce type de riziculture est très traditionnel et exige des travaux pénibles alors que le rendement est très faible. Le travail consiste à abattre les arbres, les arbustes pour avoir une clairière au milieu de la forêt. Après quelques semaines de défrichement, les bois abattus deviennent secs et on les brûle, ensuite, on cultive du riz avec une petite angady ou un bâton pointu sur les surfaces dépourvues de restes d’arbres coupés. Les forêts qui se développent dans les vallons et sur les pentes collinaires et montagneuses sont les plus victimes du défrichement. Les Communes rurales de Morafeno et d’Antsakanalabe demeurent les plus touchées par ce phénomène. C’est l’une des raisons principales qui entraînent la dégradation forestière dans ces régions. Mais conscients de cette dégradation, les agents forestiers appliquent, rigoureusement, la loi sur l’interdiction d’abattre les arbres. Depuis l’année 2000, la riziculture de « tetikiala » est, en effet presque abandonnée à Befandriana. En outre la plupart des terrains sont en voie d’être épuisés.

• La riziculture de « tanety » :

C’est une riziculture qui se pratique sur le flanc des montagnes ou des hautes collines bien drainées. Le travail s’effectue par étape. La première chose à faire est d’inonder, abondamment, les surfaces à cultiver qui sont encore recouvertes par des graminées, essentiellement, formées par des Aristida. On les fait piétiner, en même temps que l’eau circule, par le bétail. Après avoir été piétinées, les graminées se défrichent et ne peuvent plus pousser, puis on sème les semences. Il n’y aura plus de travaux d’entretien jusqu’au moment de la récolte. Ce type de riziculture est encore moins pratiqué car l’abondance de source en eau est une condition très exigée, sinon il n’y aura pas de rendement. Elle est presque abandonnée dans la région basse. C’est surtout dans la région haute qu’elle est, fréquemment, pratiquée. Pour les régions bien drainées, on peut la pratiquer même en contre saison.

74 5.1.1.2-Les cultures de rente :

Les cultures de rente de Befandriana ne sont pas considérables à l’échelle nationale parce que les surfaces cultivées sont encore peu importantes. Elles tiennent quand-même un rôle significatif sur l’étude géographique de ladite région. Ces cultures ne sont pratiquées que dans la région haute. Les plus importantes sont marquées, depuis longtemps, par la caféiculture et un peu récemment, la culture vanillière.

• La caféiculture :

Deux groupes tels que l’Arabica et le Canephora sont disponibles dans la région haute. Le groupe d’Arabica ( Coffea congensis ) est originaire d’Ethiopie et a été introduit à Madagascar dans la station de l’Ivoloina à partir de 1901. Il est à port semi-dressé comme un arbre fruitier. Il donne des grains petits parfois un peu pointu qui se récolte, en principe, de Septembre à fin Novembre. Il est nommé, localement, « Kafe vary ». Le « Kafe be » ou groupe canephora présente deux variétés telles que le Robusta et le Kouilou. Venant de Java ( Indonésie), introduit à la station de l’Ivoloina vers 1908, le Robusta a des branches rectilignes dressées avec tendance à s’élever. Ses cerises sont plus volumineuses et la pulpe est plus épaisse. Ses fèves sont plus grosses et ses feuilles sont grandes et larges. Le Kouilou, avec des branches allongées retombant vers le sol, est originaire de Gabon. La cerise est grosse renfermant deux fèves assez volumineuses de teinte verte après la préparation. Sa pulpe est peu épaisse de couleur rouge. Les grains sont, légèrement, pointus à une extrémité. Il fut introduit à Madagascar en 1900 dans la région de Mananjary et s’étend, rapidement, à l’île en 1912. Mais ce n’est qu’à partir de 1927 que ces variétés ont été implantées à Befandriana, dans le Canton d’Antsakabary par un chef de poste français. Des stations agricoles ont été créées pour que la caféraie soit vite répartie au paysan pour être pratiquée. Ces variétés trouvent leur succès dans toute la région haute car le milieu est convenable à leurs exigences écologiques et agronomiques.

75

Cliché N°7: Les milieux écologiques de cultures caféières et les cultures associées.

Cliché 7-a: Antafiantsarety (Matsondakana)

Cliché 7-b: Ambendrana (Antsakabary)

76 Les planteurs ont choisi des vallons forestiers pour répondre l’exigence du caféier à propos de sa sensibilité aux fortes températures. Les arbustes sont coupés, mais on laisse les grands arbres pour absorber l’ardeur du rayon solaire. Le caféier demande de préférence, des terres riches et profondes. Mais, il peut se développer sur des sols moyennement fertiles. Grâce à l’intensité de la vulgarisation, les cultures connaissent, rapidement, leur expansion ; mais les exploitations sont paysannes et restent traditionnelles car l’encadrement technique permanent est presque absent. Les plantations se font spontanément sans adopter leurs principes agronomiques. Elles sont assez jeunes de 6 à 10 ans après avoir passé par la régénération récente. Les arbres d’ombrage sont tous naturels. Le travail d’entretien consiste à un fauchage, et un sarclage. Il s’effectue deux ou trois fois par an. Les cultures associées aux caféiers sont, souvent, des cultures fruitières (ananas, bananiers, letchis, orangers, manguiers ) et, éventuellement, des vanilliers. Le rendement par pied est faible parce qu’il n’y a presque pas de préparation ni d’entretien du sol comme apport du fumier ou engrais. En plus les plantations sont attaquées par des parasites animaux (insectes et rats). Le sanglier, en rongeant les racines, peut les détruire aussi. La caféiculture occupe 3,7% de la surface totale cultivée. L’exploitation familiale varie de 20 à 80 ares. Le rendement tourne autour de 500g de café par pied. En général, la première récolte s’effectue à l’âge de 3 à 4 ans de plantation. Le rendement est encore médiocre. Il varie entre 250 à 300 kg de fèves à l’hectare. La production annuelle est tombée dans la fourchette de 1500 à 2000 tonnes.

• La culture vanillière :

Madagascar est l’un des producteurs mondiaux de la vanille naturelle. A l’échelle nationale, la production n’est évidente que dans les régions de la côte Est depuis Mananara jusqu’à Sambava. Cette culture a été, récemment, introduite à Befandriana, plus précisément en 1957 dans la région haute. Plus accentuée que le café, la vanille est aussi une plante très exigeante et fragile. Elle demande l’entretien et le milieu qui lui conviennent. En principe, le vanillier se développe sous un climat tropical humide dont la température n’est ni élevée ni basse et les précipitations sont suffisantes. Il demande des sols légers, très humifères et bien drainés.

77 Cliché N°8: Les plantes vanillières aux milieux forestiers

Cliché 8-a: L'exploitation à Matsondakana

Cliché 8-b: L'exploitation à Antafiantsarety

78 Comme le vanillier est très sensible aux rayons solaires, il a toujours besoin des arbres d’ombrage.

Un vanillier est équipé de racines souterraines et aériennes. C’est pour cela qu’il a besoin, également, de tuteur pouvant être naturel (liane) ou artificiel . Les racines aériennes contenant des champignons servent de pont reliant le vanillier et son tuteur.

L’espèce de ce tuteur varie selon les régions et les exploitants. Dans la région de Matsondakana, il est naturel et l’espèce la plus dominante c’est le « Harongana » ( Haronga Madag.). A Analavory, cette espèce est remplacée en pignon d’Inde ( Jatrophas Curcas ) qui se fait planter simultanément avec le vanillier.

L’intervention humaine est toujours nécessaire dès qu’il pousse. Son entretien demande beaucoup de temps. Cette intervention est indispensable au développement et à la fécondation des plantes. Il faut, par conséquent, visiter le champ d’exploitation de temps en temps. Pour la préparation des gousses, elle comprend : - la cueillette - l’échaudage (ébouillantage de 60 à 65°C pendant 4 à 5 mn et deux fois en 24 heures) - l’enveloppement en couvertures, - l’exposition au soleil sur claies et couvertures ( 80 mn par jour ), - la mise sur claies abritées avec manipulation des gousses pour avoir la souplesse et la coloration, puis développer le parfum et obtenir un bon givrage ( 30 à 50 jours ).

Bref, dans la majeure partie du temps, on ne peut faire autres choses que préparer cette plante précieuse et fragile. Cette situation est considérée comme l’un des facteurs qui empêchent les paysans de la région haute de pratiquer cette culture.

79 Tableau n°17: La répartition des cultures vanillières dans la Commune d’Antsakabary.

Fokontany Nombre du Superficies Production pied de la cultivées vanille verte vanille ( en kg ) Ambendrana 28.000 14 4.200 26.000 13 3.900 Antsakabary 24.000 12 2.400 Ambodifinesy 18.000 12 2.100 Ambinanindrano 18.000 9 2.100 Anksigny 14.000 9 1.400 Ambalavary 6.000 7 600 Andranonahoatra 2.000 3 200 Andapanomby 24.000 12 2.400 Total 160.000 80 19.400 Source: Commune rurale Antsakabary, 2003

Au total dans la C.R. d’Antsakabary, la superficie est de 80Ha. L’exploitation qui reste familiale est très faible, elle varie entre 0,3 à 0,5 ha et rare est celle qui atteint ou dépasse le 1 ha. Le rendement à l’hectare varie entre 200 et 300 kg. Le rendement par pied est de 3,200 à 4 kg de fruits verts et donne 1 kg de produit commercial. La densité des vanilliers dans le milieu forestier est très irrégulière. La distance varie entre 2 et 3,5 m. C’est pour cela qu’il est difficile de déterminer, exactement, le nombre de pieds à l’hectare. Les cultures associées sont des cultures fruitières et vivrières ( manioc, patate douce ). La filière vanillière est une pratique considérée comme récente. Certains habitants ne pratiquent cette culture qu’à la suite de la forte demande au prix très cher de cette culture au début des années 2000. Ainsi, le Fokontany d’Ambalavary et d’Andranonahoatra ne possède que de faibles superficies. Lors de notre passage en 2003 dans cette région, certaines plantes sont encore âgées d’environ 2 à 3 mois.

80 Les champs d’exploitation ne sont pas clôturés. Les bœufs peuvent y passer librement et touchent parfois des lianes alors que celles-ci sont très sensibles au choc. Cette situation est l’un des problèmes qui diminuent le taux de rendement. Comme le vanillier se produit par bouturage de tiges de 30 à 40 cm de long, le deuxième problème est la rareté de ces tiges. Il faut faire quelques kilomètres pour en trouver. Cette situation entraîne des vols exercés par les uns envers les autres dans les champs d’exploitation. L’agriculture n’est pas la seule pratique qui occupe l’espace, mais on laisse aussi une place très importante pour l’élevage bovin.

5 - 1 – 2 – L’élevage bovin :

Outre la riziculture, les cultures de rente, l’élevage bovin est une activité très pratiquée et très indispensable à la vie quotidienne des habitants de Befandriana. A l’échelle régionale et provinciale, la production est encore moins importante. Elle ne représente que 10,8%25 de l’ensemble de la région. Mais elle tient un rôle important dans le domaine socio- économique de la population de Befandriana – Nord. A l’intérieur même du District, la pratique de l’élevage est plus accentuée dans la région basse que dans la région haute. C’est un élevage de type extensif. En fonction de la saison et du contexte présent, le pâturage est divisé en deux. Pendant la saison agricole, en principe, entre Janvier et la fin du mois de Juin, les troupeaux, sauf le cheptel du trait, sont renvoyés vers les pâturages plus éloignés du village. C’est un pâturage clôturé en haies qui est long de 3 à 4 km que l’on appelle « fanity vala ». Pendant ce moment, la surveillance des propriétaires ne s’effectue qu’en une ou deux fois par bimestre. Le choix de ce pâturage ne se fait pas au hasard, mais on choisit les terrains les plus stratégiques pour permettre d’isoler le bétail entre la clôture et l’accident du relief qui peut être la pente ou la fosse des terrains. A cause de l’insuffisance de la surveillance, il y a quelques têtes perdues ou nouvellement nées qui ne sont vérifiées qu’après le contrôle fait lors de leur retour à leur deuxième pâturage. La date de retour est conventionnée lors d’une réunion du « Fokonolona » ( villageois ). Elle est fixée suivant le calendrier agricole qui est souvent marqué au mois de Juin où toutes les récoltes rizicoles sont estimées être terminées car le bétail est toujours laissé

25 Monographie Sofia 2001.

81 libre sans gardien. Mais la différence avec le premier pâturage est que les troupeaux , dans le deuxième, sont laissés le matin et regroupés le soir. Ils sont contrôlés tous les jours. Aucun complément d’aliment n’est donné aux animaux. Ils vont chercher leurs nourritures dans les rizières moissonnées, dans les oasis des herbes vertes qui se trouvent aux bas-fonds humides. Les fourrages deviennent de plus en plus sèches au mois d’Août et cet assèchement trouve son maximum aux mois de Septembre et d’Octobre. Pendant cette période, le pâturage est brûlé, l’eau devient rare, les « matrangy » sont épuisés. Bref , c’est un moment où les animaux vivent dans la souffrance maximale de nourriture. Ils vont perdre, au moins 30 kg de leur poids. C’est à ce point que les conflits au sein de la société naissent. Le bétail qui est frappé par la sous-alimentation est laissé errer sans gardien pendant toute la journée. Par ailleurs, les champs d’exploitation ayant encore des plantes vertes attirent les animaux ; alors qu’ils peuvent être, éventuellement, non clôturés. Même s’ils sont clôturés, il y a toujours quelques têtes qui peuvent y pénétrer par force, si ces clôtures sont un peu modestes. Elles abîment les cultures. Le conflit est né entre le pasteur et l’agriculteur et il peut être réglé au niveau du « fokonolona » s’il y a un arrangement en payant une amende conventionnée lors de la réunion. Dans le cas contraire l’affaire pourrait être portée jusqu’au tribunal judiciaire. La mésentente entre les deux parties concernées peut durer longtemps et elle peut être la source des conflits sociaux permanents dans leur société.

5 - 2 – Rôle et importance socio-économiques de l’élevage bovin :

5 - 2 – 1 - Les bœufs sont nécessaires aux différents rites et cérémonies traditionnels :

Les bœufs sont, absolument, indispensables dans la vie socio-économique des Tsimihety. On ne peut pas les séparer avec la société. Le rôle est d’abord social avant d’être économique. Ainsi, la possibilité de tout accomplissement des rites et des cérémonies traditionnels est toujours lié au bœuf. On tue les bœufs pour : la demande de la bénédiction aux ancêtres (« jôro »), le symbole du partage de richesse pour les morts à la date plus récente (« rasa hariagna »), l’exhumation des ossements (« famadihana »), funérailles (« fandevenana »). Dans ces premières nécessités, le bœuf assure le moyen permettant de relier les morts et les vivants.

82 Dans le mariage traditionnel, on en a besoin pour deux étapes. La première nécessité se manifeste au moment du contrat du mariage en discutant la dot ou « moletry ». Lors de ce contrat, les parents des jeunes futurs mariés vont discuter de la valeur proportionnelle de bœufs et de la somme d’argent à la jeune fille pour que le mariage soit possible. La fierté de la jeune fille et ses parents au sein de la société dépend du nombre important de bœufs offerts. Au moment de la réalisation de la cérémonie, le bœuf est également nécessaire pour être consommé. Sauf au moment de funérailles, tout le monde a l’air heureux lorsqu’il y a une cérémonie traditionnelle que l’on appelle « tsaboraha ». C’est une occasion qui permet, aux gens, de consommer, au maximum, du riz et de la viande. Ainsi, le succès de l’organisateur du « tsaboraha » est déterminé par le nombre de bœufs abattus et la quantité de riz prêts à être consommés. Si le nombre de bœufs ne suffit pas à nourrir les invités, l’organisateur est considéré comme faible. Dans le cas contraire, il est très fier et très estimé par les invités et par la société entière.

5 - 2 – 2 – Les différentes destinations du cheptel bovin :

Comme il n’y a pas encore la rénovation des techniques, les travaux des villageois se basent, essentiellement, sur la force animale. On emploie le cheptel de trait, jamais femelle, pour le travail d’attelage de la charrue et de la charrette. Pour ce domaine, le problème commence à apparaître à cause de la rareté de l’animal de trait ou « savaly ». Or les terres à labourer et les bagages à transporter, face au mauvais état de la piste, ne cessent d’augmenter. Il n’est pas rare, actuellement, que des paysans agriculteurs louent les « savaly » pour pouvoir travailler. Outre que dans le domaine du trait, les bœufs, mâles et femelles, servent pour le piétinage de la rizière et du riz mis en bottes. Le premier consiste à piétiner la rizière inondée et encore herbeuse dans le but d’affiner et de neutraliser les mauvaises herbes pour pouvoir semer ou repiquer selon le mode de culture pratiqué. Quant au deuxième , les riz récoltés sont transportés dans une petite surface clôturée et enduite de mortier de déchets bovins, qui se trouve éloignée de la rizière. Ces riz sont mis en bottes et doivent y rester pendant un à deux mois avant de passer l’épreuve du piétinage par les bœufs. C’est un travail qui consiste à ôter les grains aux tiges. A cause de cette technique, le riz contient beaucoup d’impuretés, détériorant ainsi sa qualité. Les bœufs apportent au ménage une ressource financière, d’abord par la production laitière. L’offre et la demande sont encore faibles. Le lait est juste destiné à la consommation

83 locale. Il est bu soit à l’état frais , soit transformé en Yaourt vendu aux petites épiceries urbaines. Mais le plus important comme ressource financière est ce qui est obtenue par la vente même du bœuf, soit au marché des bovidés situé à la zone périphérique urbaine, soit à la boucherie, en cas d’incapacité de couvrir les besoins du ménage.

5 - 3 – Rôle et importance socio-économique de l’agriculture :

5 - 3 – 1 – Les cultures vivrières :

Pour les habitants, en particulier les ruraux de la région basse, le riz sert non seulement d’aliment de base mais aussi de moyen de revenu financier. C’est le seul produit susceptible d’être vendu pour avoir de l’argent garantissant toute sorte de dépenses quotidiennes. Avant de liquider le bœuf, on vend d’abord le riz si les besoins ménagers sont encore faciles à couvrir comme les dépenses en P.P.N., en habillements, toute sorte de frais : scolaire, médical, cotisations, loisirs et distractions. Parfois, les ruraux se trouvent à court d’argent au moment où les marchands ambulants passent dans leur village. On prend le riz comme monnaie d’échange à la place de l’argent. La quantité du riz en « kapoaka » ou en « daba » offerte est l’équivalent de la valeur des articles à vendre ou à échanger. Le maïs, le manioc, la patate douce, le taro sont des aliments d’appoint. Ils remplacent le riz quand celui-ci vient à manquer. Ils fournissent aussi une ressource financière, surtout pour les habitants installés aux environs de la Commune urbaine, malgré la faible production. Ces produits sont vendus aux hôtelleries pour être revendu en état cuit. Le manioc grillé est une des spécialités culinaires de Befandriana.

5 - 3 – 2– Les cultures de rente :

La consommation du café est une habitude quotidienne pour la population de la région qui en produit. Il faut le boire d’abord avant de partir au travail pour que la paraisse soit débarrassée. Le café est considéré comme la principale ressource financière pour quelques zones qui ne produisent ni du riz, ni de la vanille en quantité importante. Comme à titre d’exemple, c’était le cas de notre tournée avec un Délégué administratif dans la C.R. d’Ambararata, en 2000. L’un des motifs de cette tournée était de sensibiliser tous les paysans éleveurs de posséder les cahiers de charges de leurs bovidés ou « kahie telo ». Comme le droit d’établir

84 ces cahiers était de 5.000fmg par propriétaire, à l’époque, certains d’entre eux disaient qu’ils ne pouvaient pas payer cette somme sans vendre le café au marché. Durant la période coloniale jusqu’à la Ière République, la vente du café fut une source financière principale permettant aux paysans de la région haute de régler leurs impôts. Le prix de la vanille qui ne cesse d’augmenter encourage les paysans à la cultiver malgré les travaux fatigants liés à son exploitation.

Tableau n° 18: Evolution des prix de la vanille de 1995 à 2003 à Matsondakana.

PRIX ( Fmg / Kg ) ANNEE Vanille verte Vanille préparée 1995 2.000 15.000 1998 15.000 60.000 1999 25.000 300.000 2000 60.000 600.000 2002 100.000 1.000.000 2003 350.000 2.000.000 Source : Enquête sur les lieux.

Grâce à ces deux cultures : café et vanille, les paysans peuvent acheter des produits d’usage courant et des objets de valeur. A Analavory ( Matsondakana ), après la campagne de la vanille, on constate que les villageois participent, activement, à des opérations de grands achats d’objets de valeur comme les bœufs, les meubles de salon, les tôles pour la toiture des maisons, l’habillement. A Antsakabary, on a recensé quatre postes téléviseurs numériques ( Canal satellite) fonctionnels. 99% de ménages sont équipés de V.T.T. ( Vélo Tout Terrain ) et de radio cassette. Pourtant, le coût de la vie quotidienne s’élève. Le prix d’un poulet, par exemple, monte de 20 à 30.000 fmg alors qu’il est autour de 10.000 fmg dans la région d’Antsakanalabe ( région basse ). Le pire c’est que l’insécurité commence à régner surtout, dans les zones vanillières. Bref, ces cultures de rente vont introduire les paysans dans l’économie de marché malgré la difficulté des voies de communication dans ces zones.

85 5 - 3 – 3 – Autres cultures :

• Le raphia et le « Paka » ( Urena lobata ) :

Le raphia se développe surtout dans les zones marécageuses dont les sols contiennent de l’eau en permanence. Tableau n° 19: La superficie de raphia en hectare dans chaque Commune de Befandriana – Nord ( 2004 ).

Communes Superficie raphia ( Ha ) Befandriana – nord 0,9 Morafeno 2,5 Maroamalona 1,2 Ambodimotso –S 5,6 Tsiamalao 3,0 Ambolidibe – E 11 Ankarongana 6,9 Antskabary 7,5 Matsondakana 6,5 Tsarahonenana 2,8 Atsakanalabe 3,1 Ambararata 3,9 Total 54,9 Source: Service local des Eaux et Forêts à Befandriana

Quatre Communes de la région haute ( Ambolidibe –Est, Antsakabary, Ankarongana, Matsondakana ) sont des zones les plus productrices. Le raphia est, fortement, exploité alors qu’aucune intervention humaine n’est acquise pour la régénération des plantes âgées. Depuis longtemps, son exploitation était connue des habitants pour leur procurer une ressource financière assurant le paiement des impôts durant la colonisation et la Ière République. L’exploitation se manifeste en deux faces. L’une consiste à enlever l’épiderme de la face supérieure des jeunes feuilles qu’accompagnent les

86 faisceaux fibreux qui y sont attenants ( « Kola » ). La production oscille, actuellement, autour de 700 tonnes de fibres par an. La collecte des produits se fait en deux étapes. Les petits rabatteurs ou collecteurs de brousse achètent, directement les produits auprès des paysans pour les revendre ensuite à la société Habibo et Compagnie ou autres sociétés indo-pakistanaises sises à la Commune urbaine de Befandriana. Le prix du kilo était de 2.500 fmg en 1996, il est monté à 5.000 fmg en 2003. Ce sont ces sociétés qui liquident les produits vers l’extérieur du District avec leurs propres camions. Ces fibres sont très recherchées pour la confection des produits artisanaux. Les restes des matières ôtées des fibres commerciales sont encore utiles pour le tissage de certains objets comme le chapeau, la natte, le « haro&n&o ». L’exploitation qui met en danger le raphia est celle qui consiste à couper les branches. Ces dernières, bien préparées, sont utilisées pour la construction de clôtures ou de bungalow. Cette exploitation accélère le vieillissement des plantes. Actuellement, beaucoup de plantations de raphia sont transformées en rizière de bas-fonds. Le circuit commercial du raphia et celui du « paka » se mettent toujours en parallèle. Une petite différence réside au débouché final. Les fibres de « paka » sont destinées à la fabrication de sac et les produits sont liquidés à la FI.TI.M. ( Filature et Tissage de Mahajanga). En tant que matière première des artisans, le raphia est livré partout dans les régions de l’île. La plante « urena lobata » pousse à l’état spontané et exige des sols légers ameublés et bien sarclés. En principe, elle se plaît en climat tropical humide, sans excès de pluies ; mais elle pousse très bien dans la vallée d’Anjingo et d’Ankofia et de Tsinjomorona ; c’est-à-dire dans la région basse. Cette culture est marginale parce que l’exploitation est très faible et la technique de préparation de la fibre est encore traditionnelle ; elle fournit une ressource financière à ne pas être négligée. Découragés par l’irrégularité de la demande, les producteurs de ces deux plantes à fibre commencent à les abandonner. En outre, si l’homme n’interviendra pas à la régénération des plantes, le raphia va disparaître car l’exploitation est irrationnelle et incontrôlée.

87 • La canne à sucre et les cultures fruitières :

La canne à sucre est une plante tropicale. Elle demande un climat chaud et humide. Les sols sont fertiles et profonds de types limoneux et sableux. A Befandriana, le milieu est favorable sur le long de la bordure des cours d’eau là où il y a des dépôts alluviaux. Les champs d’exploitation sont clôturés et la canne y est associée avec le manioc et les cultures fruitières Le jus de canne est très utilisé dans la cuisine. Il remplace le rôle du sucre industriel pour tout aliment qui en a besoin. Tenant toujours le rôle de remplacement du sucre, le jus de

Cliché N°9: Champ d'exploitation familiale sur le sol de "Baiboho" localisé sur la rive de Sofia (Sinjabe)

88 canne peut se fabriquer en état solide ayant une dimension de 22 cm x 11 cm. On appelle le morceau comme « siramamy gasy ». Les produits sont vendus à l’échelle nationale. A part ces deux manières d’utilisation, le jus de canne peut être transformé en alcool. On obtient deux qualités d’alcool à savoir le « toaka gasy » ou « mantseko » et le « betsa ». Les deux sont vendus, informellement, aux petits BAR dont les prix sont relativement bas par rapport aux qualités étrangères. Ces boissons alcoolisées sont indispensables dans la société rurale. Elles servent non seulement aux cérémonies traditionnelles, mais aussi à la finition de toute sorte des travaux comme ceux qui sont relatifs à l’agriculture, à la construction de l’habitat, etc… Pour régler les minimes problèmes ménagers, les ruraux vont recourir à la vente des fruits. Ce sont les habitants situés aux environs de la ville qui sont avantagés. La plupart des fruits sont tropicaux, mais on rencontre des touffes de pêchers dans la zone de Matsondakana. L’espèce de manguier appelée « manga lava » pousse n’importe où surtout dans la région basse. Les « manga lava » n’ont pas de propriétaire. Il y a par ailleurs ceux qui poussent dans les propriétés privées sous forme de concession, de toutes les espèces. L’oranger, l’ananas, le jaquier, le bananier sont souvent associés dans une exploitation clôturée de la famille. On rencontre l’avocat dans la Commune rurale d’Ankarongana. A part les tamarins et les citrons, qui sont vendus aux petites épiceries pour être transformés en jus, ces fruits sont consommés à l’état brut ou frais. Il n’y a aucune industrie agro-alimentaire pour les transformer en produits finis.

89 CHAPITRE VI : LA REPARTITION DES ACTIVITES DANS L’ESPACE DE BEFANDRIANA :

6 - 1 – Les facteurs de la répartition des activités dans l’espace :

Si les Tsimihety ont quitté leur foyer d’origine par contraintes administratives locales, ils vont cibler les terrains propices à l’élevage et à l’agriculture, en particulier la riziculture. Comme Befandriana est parmi les zones qui ont reçu les dépôts, on peut souligner que l’espace s’est réparti, en général, entre l’agriculture et l’élevage. Mais la répartition de ces pratiques dans l’espace est conditionnée par des facteurs locaux pouvant être naturels ou humains.

Tableau n° 20: La répartition des surfaces cultivées de quelques cultures.

Surfaces Cultures riz café vanille manioc maïs Patate d. haricot totales Surface S(ha) % S(ha) % S(ha) % S(ha) % S(ha) % S(ha) % S(ha) % 29.015 et % 23.910 82,4 1.125 3,8 134 0,4 1.065 3,6 2.410 8,3 100 0,3 270 0,9 Source : Monographie Sofia, 2001

▪ Avec une surface de 23.910 Ha, la riziculture occupe 82,4 % des surfaces totales cultivées. Ce qui prouve que la riziculture est une des grandes préoccupations des agriculteurs. Dès que la période des pluies commence, les dialogues des paysans s’orientent toujours vers des sujets relatifs à la riziculture. C’est cette dernière qui accapare beaucoup plus leurs heures de travail . Le riz constitue la base alimentaire. Dans la société paysanne, la consommation des produits autre que le riz au moment du dîner est considéré comme signe de pénurie alimentaire au sein de la famille concernée. De 1956 à 1999, la production rizicole ne cessa d’augmenter. Elle est passée de 14.300 tonnes à 63.335 tonnes en 1999. La croissance de la production est, tout simplement, le résultat de l’extension de surfaces cultivées. Mais cette extension peut s’expliquer par deux facteurs. D’une part, l’explication réside sur la croissance démographique. Face au droit de partage des terres en société tsimihety, laissant la priorité à l’aîné et au mâle, les parties défavorisées sont obligées de défricher de nouvelles terres. D’autre part l’impact de l’innovation technique est très constaté.

90 Depuis 1953, la charrue a été introduite à Befandriana. Celle-ci, pour sa pratique, est tirée par la force animale. Le nombre du cheptel de trait varie suivant la marque de la charrue. Il se compte d’un couple de « savaly » jusqu’à quatre. Le labour est effectué, environ, de 10 cm à plat et 18 cm de profondeur du sol versé. Grâce à l’emploi de la charrue, les cultivateurs peuvent étendre leurs labours jusqu’aux anciennes surfaces incultes. En outre, le repiquage ne devient à la mode à Befandriana qu’à partir des années 80. Avant cette date, la riziculture de bas-fond était encore rudimentaire. On ne pratique que le semis direct. Dans la pratique de la technique de repiquage, l’eau est bien gérée permettant d’inonder davantage les surfaces. Il y a, par conséquent, une extension des surfaces cultivées chaque année. Si l’ensemble des surfaces cultivées à Befandriana est dominé par la riziculture, celle-ci est plus développée dans la région basse que dans la région haute. Cette situation est due à la capacité de la première région à répondre aux exigences écologiques du riz. Malgré l’étendue de l’espace de la région haute, la riziculture est localisée dans les zones très restreintes. Les conditions du relief à caractère très accidenté et la mauvaise qualité de la majeure partie du sol sont des facteurs principaux qui limitent le développement de la riziculture dans cette région. Ainsi, les cultures rizicoles ne trouvent leurs conditions favorables dans la région d’Antsakabary que dans les vallées de la Sofia et dans les plaines d’Amparihy et de Manampatrana dans la région de Matsondakana . Par contre, la région basse est privée des cultures de rente à cause des conditions climatiques qui ne sont pas favorables à leur développement. Les températures sont trop élevées pour le café et la vanille car ils ne peuvent pas supporter l’ardeur du rayon solaire. A ce problème de température s’ajoute l’irrégularité du régime pluviométrique, caractérisé parfois par l’excès des pluies estivales alors que la saison hivernale qui est très marquée semble être privée de pluies. Ces conditions ne conviennent pas au caféier et au vanillier car ils détestent l’excès de température et de pluie. C’est pour cela que les surfaces occupées par ces cultures sont encore faibles surtout pour celle occupée par la vanille. Après le riz, viennent en deuxième place, sur le plan superficie, le maïs, puis le manioc. Tous les deux sont des produits de secours. Ils sont consommés, soit dans le but d’économiser le riz, soit ils le remplacent durant la période de soudure. Ces cultures sont souvent associées dans les champs d’exploitation des paysans qui se trouvent sur les sols alluviaux suivant le long des cours d’eau.

91 ▪ L’élevage bovin est une activité qui se pratique en parallèle avec ces cultures. Sa répartition dans l’ensemble spatial de Befandriana est conditionnée par certains facteurs. Les contraintes climatiques ont toujours des influences aussi bien sur les conditions du développement des cultures que sur la vie des animaux. Les premiers éléments touchés par l’irrégularité du climat sont l’état des fourrages et les ressources en eau dans les principaux abreuvoirs. En raison du manque de pluie pendant la période sèche ( mai – octobre ), ces deux éléments deviennent de plus en plus asséchés. Sur le pâturage, on ne voit que quelques plantes fourragères à faible valeur nutritive comme les « kofafa » ( Aristida ), les « vero » ( hyparrhenia rufa ) , les « maneviky » ( Imperata ), les feuilles de quelques arbustes sempervirentes. Par ailleurs, le débit des cours d’eau diminue, les eaux ne peuvent plus s’écouler mais restent stockées dans un coin du plus bas niveau du lit de ces cours d’eau. Les lacs et les étangs se restreignent vers le centre. En buvant l’eau de ces petites réserves, le bétail pourrait avaler des insectes, des vers parasites qui nuisent à leur santé. La vie animale est toujours inquiétante pendant ces périodes. En outre, la forte abondance de la pluie pendant la saison estivale peut déclencher l’inondation intense. En traversant le cours d’eau inondé, plusieurs animaux trouvent la mort noyés ou emportés par les eaux. La croissance démographique au sein de la société tsimihety se représente sur l’équilibre entre l’agriculture et l’élevage. Les nouveaux ménages vont chercher, prioritairement des terres à cultiver mais non du bétail à élever. L’extension des surfaces cultivées entraîne, par conséquent, la diminution du pâturage à travers la pratique des cultures contre saison et de la culture sur brûlis. En outre, au moment de la saison agricole, le pâturage est, souvent, affecté aux terrains accidentés ou « kaitsany ». Parfois, le malheur arrive au bétail. En circulant, dans le but de trouver de la nourriture, les bœufs peuvent glisser dans un petit couloir, souvent, masqué par la couverture végétale et y trouvent la mort. Tous ces problèmes rendant difficile de l’élevage des bovidés sont souvent à l’origine de l’handicap de cette activité dans l’ensemble spatial de Befandriana – Nord. Cette situation amène ce District à ne représenter que 4,8 %26 du cheptel bovin dans l’ensemble de province. En tenant compte de ces pourcentages, la part de Befandriana sur le nombre du cheptel bovin au niveau de la région de Sofia et de la Province de Mahajanga reste encore minime. Pourtant, la pratique de cette activité a un rôle non seulement sur le domaine socio-

26 Monographie Sofia 2003.

92 économique à Befandriana, mais aussi elle influe sur l’organisation spatiale. Les troupeaux sont repartis, différemment, dans les deux régions géographiques de Befandriana. Ainsi, l’activité est moins développée dans la région haute que dans la région basse. La raison peut être d’ordre naturel. Ainsi, la température basse dans la zone de Matsondakana et le pâturage très accidenté dans le plateau d’Antsakabary ne sont pas favorables à la vie des animaux. La santé du cheptel est menacée en permanence par différentes maladies fréquentes comme la tuberculose, la fasciolose et le charbon . Or, les actions effectuées par les vétérinaires à propos des entretiens sanitaires de bêtes sont insuffisantes. Il n’y a que deux postes sanitaires qui s’occupent les douze Communes de Befandriana. Outre ce petit nombre, le déplacement des responsables s’effectuent, soit à pied, soit à bicyclette ou à motocyclette. Ce qui ne motive pas ces derniers à accomplir leur mission dans une circonscription assez étendue entraînant le non-achèvement de celle-ci. Or, les règles établies, actuellement, relatives au commerce bovin interdisent formellement la vente de bêtes non-vaccinées. La raison la plus déterminante sur le non-développement de cet élevage dans la région haute et que l’on va étudier, plus tard, dans le prochain chapitre, est la situation du marché des bovidés qui est très éloigné des Communes de cette région. Ces activités sont bien réparties dans l’espace de Befandriana. Ce sont des facteurs d’ordre naturel et humain qui limitent le développement de l’une et l’autre dans une zone déterminée. Mais, leur répartition a une répercussion dans l’espace permettant d’évoquer des différents paysages agricoles que l’on va aborder ci-après.

6 - 2 – Les impacts de la répartition des activités sur le mode d’occupation du sol :

Ces activités, par leurs types, leurs modes et techniques, leurs conditions de développement, se présentent sous un aspect différent dans l’ensemble spatial de Befandriana. Mais, l’idée de l’institution de ces deux régions est toujours valable car on peut les analyser, spatialement, suivant la subdivision en région basse et haute. Pour cela, il convient d’examiner, les différents modes d’occupation du sol. En raison de la large étendue de Befandriana, on a pris deux sites qui sont choisis comme représentant de chacune de ces deux régions. Ainsi, on prend le village de Matsondakana comme représentant de la région haute et Tsiamalao comme celui de la région basse.

93 6 - 2 – 1 –Le site de Matsondakana :

N

5 km VI V IV

III Rivière de Manampatrana II I

Portion d’auréoles montrant la mise en valeur du sol autour de l’habitat à Matsondakana

Zone I : Village de Matsondakana et ses voisinages. « vanintraňo » : Juste à ٭ proximité du village, il y a une association des zones incultes et des cultures ( bananier, caféier, pêcher ) qui poussent à l’état spontané et ne subissent aucun entretien. (Zone II : Le terroir commence à être organisé. Les cultures rentière (café, vanille ٭ et fruitière ( banane, pêche ) sont associées. Zone III :Après la rivière de Manampatrana, les habitants pratiquent les cultures ٭ maraîchères. .Zone IV : C’est une zone inculte à faible dimension ٭ Zone V : Cette zone qui est distante d’environ 2 km du village abrite les rizières ٭ des habitants de Matsondakana. C’est une immense plaine ayant une largeur de 1 à 2 km. Au delà de la zone V, se succède : ,Zone VI : où s’étendent les champs d’exploitation des cultures vivrières ( manioc ٭ maïs ) et des cannes à sucre et un peu plus éloignée, la bande de cultures vanillières qui se cachent dans les formations arbustives dominées par les « Harongana ».

94 Ce schéma ne représente que des auréoles qui s’étendent vers le Nord par rapport au village. Les terroirs sont occupés par des successions de cultures variées. La possibilité de pratiquer ces cultures signifie que Matsondakana, appartenant à la région haute de Befandriana –Nord est doté d’un milieu naturel prêt à accueillir toute sorte d’aménagement agricole. Les parties Ouest et Sud constituées par le plateau de Matsondakana et celui d’Analavory sont très favorables au pâturage. La surface est très étendue et occupée par les plantes fourragères ; mais , malheureusement, lors de notre passage il n’y avait qu’un bœuf au cœur de cet espace intimidant par son étendue. En un mot, le paysage agraire de Matsondakana est très hétérogène. Les cultures y sont variées permettant de dire qu’en raison de la favorabilité du milieu naturel, cette zone est une région à fort potentiel dans le domaine agricole.

2 –2 – Le site de Tsiamalao :

I

II

III

IV

V

VI

Les auréoles représentant l’utilisation de l’espace à Tsiamalao

95 Zone I : Le village de Tsiamalao ٭ Zone II : Les rizières sont au voisinage du village avant de passer à la zone inculte ٭ qui se trouve à l’auréole III. Les champs d’exploitation des produits vivriers qui sont, essentiellement, le manioc, le maïs, et des cultures fruitières : ananas, oranger, manguier, s’éloignent du village de 2 à 3 km de long pour joindre les « Baiboho »27. Un peu plus loin, l’auréole V abrite de nouveau la plupart des rizières de la population. Cette auréole se trouve, environ, à 4 ou 5 km autour du village. Enfin, l’auréole VI est une région montagneuse dans laquelle sont ramenés les troupeaux bovins pendant la saison de pluies. Ils peuvent errer dans toutes les auréoles représentées, pendant la saison sèche. On peut dire, finalement, que la riziculture et le bœuf sont des éléments qui accaparent beaucoup d’espace et l’économie régionale s’oriente vers ces deux filières dans le village de Tsiamalao, en particulier et dans la région basse , en générale. Aucune culture caféière et vanillière n’est constatée pendant notre passage sur les lieux. D’après l’analyse du mode d’occupation du sol dans ces deux sites , les paysages agraires présentent des caractères différents de l’un à l’autre. L’espace de Befandriana se caractérise, en effet, par la présence de deux modes d’occupation du sol différents. L’explication du raisonnement permettant d’établir cette différence réside toujours dans l’analyse spatiale de ces trois activités : la riziculture, les cultures de rente, l’élevage bovin. Après avoir analysé leur organisation dans l’espace, on pourra y obtenir, du nouveau, des différentes régions agricoles qui figurent dans le croquis dans la page 92

6 - 3 – L’espace et les limites des différentes régions agricoles :

La vanille et même le café sont considérés, géographiquement, comme absents dans la région basse. Cette absence est due à la non - favorabilité des conditions naturelles. La longue période sèche et la température élevée ne permettent pas aux habitants de la région basse de pratiquer ces cultures. Par contre, la riziculture y occupe une grande place, non seulement parce qu’elle est permise par le milieu naturel mais elle est aussi l’un des objets principaux de la motivation de la migration tsimihety. Pourtant, la région haute est un terrain de mélanges climatiques, on y trouve le fruit tempéré des Hautes Terres Centrales de

27 Le mot « Baiboho » devient un terme désignant les champs d’exploitation familiale clôturée.

96 Madagascar ( pêche ) et celui de la côte Est ( letchis ), ainsi que des fruits tropicaux (oranger, ananas, manguier, avocat etc…). Le café y est cultivé . Il pousse facilement dans le climat pluvieux sans excédent de pluies et de température. Les habitants profitent les lambeaux de forêt encaissés dans les vallées et se développent sur les sols ferrallitiques pour cultiver les vanilliers. Ce milieu répond aux besoins écologiques de cette plante. Les rayons solaires sont absorbés par les feuilles arbustives et les pluies sont suffisantes. C’est pour cela que la culture vanillière ne se pratique pas partout dans la région haute. On la rencontre dans toute la région de Matsondakana, une partie d’Antsakabary et d’Ankarongana et celle d’Ambolidibe Est. A Maroamalona et à Ambararata, on ne la retrouve que dans les zones élevées que l’on appelle « kaitsany » comme la région d’Andampimena pour Ambararata. Bref, après avoir analysé ces deux sites , les activités des habitants de Befandriana sont marqués par la pratique simultanée entre l’élevage et l’agriculture. Mais la structure du terroir agricole est différent au niveau de ces deux régions. La région basse laisse la place importante Pour la riziculture et l’élevage bovin alors que ceux-ci se pratiquent en parallèle et ils tendent à être dépassés par d’autres filières telles que la caféiculture et la vanille dans la région haute par contre, malgré la présence des variétés culturales, le riz est toujours dominant dans l’ensemble spatial. Il occupe plus de 80 % de superficies cultivées. C’est seulement les 20 % restant qui se font partager pour d’autres cultures. Cette situation place le District de Befandriana en deuxième position comme grenier à riz de la Province de Mahajanga après Marovoay. On peut dire, en effet, que Befandriana est une région rizicole de la province de Mahajanga, voire Madagascar. Mais, à cause de certains facteurs, tels que l’irrégularité du climat, la vétusté des matériels, le manque d’encadrement technique, la riziculture connaît un sérieux problème qui limite la production. Ce n’est qu’à partir des années 80 que la technique de repiquage a été pratiqué à Befandriana.

97 CROQUIS N°06 : CROQUIS DE LA REPARTITION AGRICOLE N

ι Ζ κ κ Ζ Ζ ι κ ι Ζ ι Ζ κ Ζ κ ι Ζ Ζ κ Légendes Ζ Ζ κ Café

Source : Enquête personnelle Vanille ι Echelle : 1/650 000 Riz Ζ

98 Elle apporte des impacts positifs sur cette pratique car elle augmente, non seulement le rendement cultural, mais les surfaces cultivées aussi. Avec les conditions naturelles diversifiées, on peut donc pratiquer des activités variées qui sont les résultats de la combinaison entre la civilisation de la population tsimihety et son adaptation à ces milieux physiques. Toutes ces activités ont des rôles importants sur la vie socio-économique des habitants, et surtout elles nous permettent de distinguer les différentes régions issues de l’analyse du mode d’utilisation de l’espace. Mais, ces activités, en s’organisant dans l’espace, peuvent être freinées ou favorisées par certains facteurs. Ces derniers pouvant être d’origine naturelle ou par des actions humaines interviennent également, dans l’assurance ou dans le freinage du développement régional que nous allons aborder dans la troisième et la dernière partie de ce travail

99

TROISIEME PARTIE

LES CONDITIONS DU DEVELOPPEMENT REGIONAL ET LA POLARISATION LENTE DE L’ESPACE DE BEFANDRIANA-NORD

CHAPITRE VII : LES ATOUTS ET LES CONTRAINTES AU DEVELOPPEMENT REGIONAL DE BEFANDRIANA - NORD

7 - 1 - Les potentialités naturelles et leurs conditions au développement régional.

La « région » de Befandriana est dotée d’éléments qui peuvent l’amener au chemin du développement régional. Mais, ce dernier est freiné par certains facteurs que l’on va analyser dans les sous-chapitres suivants.

7 - 1 – 1 - Des conditions naturelles diversifiées et leurs impacts dans l’économie régionale

Conditionnée par sa situation géographique, Befandriana – Nord est une zone exposée à deux types de vents qui structurent les conditions climatiques générales de l’ensemble de l’île. A l’Ouest, elle est exposée à la mousson tandis qu’elle subit l’influence de l’alizé, à l’Est. Ces deux vents y rencontrent des reliefs très complexes se manifestant sous des caractères différents. En effet, se forment à l’intérieur de l’ensemble de l’espace, des micro- régions climatiques. Etant donné que le climat influe sur le sol, sur la végétation et sur le système hydrographique ; ces éléments physiques sont différents, également, suivant ces micro-régions climatiques. Ainsi, plusieurs variétés de cultures peuvent être pratiquées dans chaque micro- région de l’ensemble de la zone de Befandriana car ces conditions physiques diversifiées vont répondre, respectivement, aux exigences agronomiques et écologiques des plantes. Au point de vue du paysage agraire, l’espace agricole est caractérisé par la prédominance de la riziculture. Mais , en raison de la pratique des cultures riches destinées surtout à l’exportation, dans la région haute, la population de Befandriana vit, sur le plan agricole, dans une double économie. Par conséquent, la région basse, privée de ces cultures de rente, est obligée de se contenter des produits rizicoles comme ressources financières. Pourtant, les habitants de la région haute, profitant l’occasion de leurs cafés et de leurs vanilles sont plus tournés vers une économie du marché et ont un niveau de vie plus élevé. Outre ces deux types de cultures, on y trouve aussi d’autres produits qui semblent importants dans la vie socio-économique de la population de Befandriana. Ainsi, le raphia et le « Paka » (Urena lobata) sont, depuis longtemps, des produits capables d’assurer des

100 ressources financières pour les habitants. Il ne faut pas non plus oublier le rôle socio- économique de la canne à sucre. Malheureusement, toutes ces cultures connaissent des contraintes qui font obstacle à leur exploitation optimale. L’insuffisance et l’excès des pluies estivales ont des impacts directs et négatifs sur le rendement rizicole dans la région basse Comme l’irrigation obtenue à partir de barrages hydrauliques est encore faible, les eaux sont captées à 98 %28, soit à partir du ruissellement, soit seulement à la tombée de pluies ou « fandrik’agnambo ». Cette technique est parfois inefficace car il arrive que la saison des pluies est souvent plus courte que celle du calendrier normal des cultures. Parfois, les plantes étouffent par manque d’eau au moment de la floraison et les graines deviennent imparfaites. Un autre cas de l’irrégularité de climat c’est que l’année est, éventuellement, caractérisée par une moyenne annuelle de précipitations très faibles et les agriculteurs ne peuvent pas exercer leurs activités. C’était le cas de l’année 2000 où l’on ne pouvait pratiquer la riziculture que dans les bas-fonds à sol hydromorphe à gley ( à nappe phréatique permanente ). En conséquence, le rendement et la production sont faibles et les populations vivent dans une difficulté sociale, suivie d’une pénurie générale d’aliments. Par contre, l’excès de pluie déclenche le débordement des cours d’eau et des ruissellements. Or la plupart des rizières, surtout dans la région basse, se situent au fond des pentes rendant l’action de l’érosion intense car les eaux venant de l’un et de l’autre côté des pentes s’y jettent. Par conséquent, deux situations peuvent se manifester : soit , les rizières sont ensablées, soit elles sont érodées à travers les sols raffinés en surface et les plantes sont, respectivement, remblayées et balayées. Mis à part ces problèmes climatiques, s’ajoute celui de la pédologie. Les sols qui se développent dans la « région » de Befandriana sont des sols peu évolués et/ou pauvres. Parfois, apparaissent les carapaces latéritiques, complètement stériles sur les types ferrugineux. Les seuls sols fertiles sont les « baiboho » qui se trouvent sur le long des cours d’eau et ceux qui se développent dans les bas-fonds humides. Le seul moyen d’amendement du sol pratiqué par les agriculteurs, c’est l’emploi du fumier, essentiellement, du déchet animal juste autour du pied des plantes.

28 Monographie Sofia 2001.

101 L’un des problèmes majeurs qui limitent la production agricole, est le caractère accidenté des reliefs de la région haute. Ces reliefs sont caractérisés par la présence fréquente des montagnes et des hautes collines à l’intérieur desquelles se forment des vallées très encaissées avec des pentes raides. Vu l’action du Gouvernement relative aux réhabilitations des pistes ; celles -ci atteignent rarement les Communes rurales éloignées des routes nationales. Les « Fokonolona » prennent l’initiative de les créer ou les réparent en cas de dégradation. Or, ces villageois ne possèdent, comme matériels, que l’ « angady » et la pelle pour exécuter les travaux : creuser et remblayer ces lourds reliefs. Par conséquent, les pistes sont, précairement, construites ou réparées selon le cas car les matériels sont très rudimentaires face à l’état des reliefs . Or, la piste, par le biais de la possibilité d’évacuation des produits, est considérée comme le facteur primordial du développement d’une région. Souvent, les villageois n’ont aucune volonté de travailler ensemble pour la réhabilitation ou la création des pistes rurales qu’à l’occasion de l’accueil de personnages politiques ou de groupes artistiques. Les Communes rurales de Matsondakana et d’Ankarongana ainsi que d’Ambolidibe-Est sont parmi les Communes les plus productrices, sur le plan agricole, mais, l’accès du véhicule est très difficile voire impossible même pendant la période sèche. Toutes ces contraintes physiques constituent des handicaps pour le développement régional car elles bloquent les échanges et freinent les productions agricoles. Mais avec la possibilité de pratiquer des cultures variées, la population vit dans un double mode économique. Ainsi, dans la région basse , les habitants, surtout les ruraux vivent dans l’économie de subsistance tandis que la région haute est tournée vers le marché.

102 7 - 1 – 2 - L’importance des ressources naturelles et les problèmes rencontrés :

7.1.2.1-Le milieu forestier : faunes et flores

Tableau n° 21: Evolution de la superficie de la couverture forestière dans le District de Befandriana .

COMMUNES SUPERFICIES DES FORETS PRIMAIRES ET SECONDAIRES ( Ha ) 1980 1990 2000 2003 Befandriana – N 1,7 0,9 0,1 00 Morafeno 38.808 29.938 23.506 22.176 Maroamalona 665 570 503 475 Ambodimotso-S 1.175 1.033 802 765 Tsiamalao 10.080 7.776 6.105 5.760 Ambolidibe – E 6.334 5.429 4.795 4.524 Ankarongana 13.496 11.568 10.218 9.640 Antsakabary 53.340 45.720 40.386 38.100 Matsondakana 60.515 51.870 45.818 43.225 Tsarahonenana 16.500 12.500 10.600 10.000 Antsakanalabe 61.488 47.824 36.209 340.160 Ambararata 4.660 3.783 3.084 2.910 TOTAL 267.062,7 219.011,9 182.026 171.735 Source: Service local des Eaux et Forêts

En 1980, c’est la C.R. d’Antsakanalabe qui tient la première place sur l’importance de la couverture forestière. Mais la forêt est, rapidement et massivement, dégradée en raison de la déforestation intense dans cette zone. Ce genre de problème touche l’ensemble de l’île, mais les causes peuvent être différentes suivant les régions. Sous la Ière République, la rigueur de la loi au sujet de la protection des forêts et de son application découragent la population à pratiquer l’agriculture sur brûlis ainsi que le feu de brousse. L’application des lois devient plus souple à partir des années 80. Par conséquent, les habitants osent, librement, pratiquer le défrichement pour des raisons de sécurité

103 alimentaire. Or, c’est un système agricole qui détruit, gravement, la forêt. Les pratiquants cherchent toujours des nouveaux terrains qui ne sont pas encore épuisés pour être défrichés tous les deux à quatre ans après le défrichement précédent. Le feu de brousse est une pratique qui touche, fréquemment, la « région » de Befandriana. Il résulte, soit par la pratique de culture sur brûlis, soit par la conception traditionnelle sur la gestion des pâturages. Le feu de brousse peut être déclenché, finalement, par l’action volontaire des passagers qui jettent des mégots qui sont encore allumés sur les brousses et par l’action des enfant qui jouent au feu. L’autre cause pour la déforestation est l’emploi du bois pour combustible car la plupart des ménages à Befandriana, utilisent encore le bois et le charbon. Les palissandres sont les plus recherchés. En outre, à part la population autochtone les « Bitsy » exploitent, massivement, les bois d’œuvres, avec ou sans, autorisation administrative. Enfin, le dualisme de la fonction agro-pastorale du paysan l’oblige à clôturer les champs. Mais la réalisation de cette clôture à chaque exploitation nécessite beaucoup de bois. En raison de sa persistance et son endurance en profondeur du sol, l’espèce appelée « Kitata » est la plus recherchée pour la construction des clôtures des champs d’exploitation et des haies appelées « fagnity vala ». Ces dernières, qui mesurent 3 à 4 km, sont destinées à enfermer le bétail dans un pâturage déterminé pendant la saison agricole. Cette espèce est employée aussi dans le milieu urbain pour construire des clôtures des maisons. Tout ceci montre que le milieu forestier de Befandriana est riche en espèces floristiques et faunistiques très importantes dans la vie socio-économique de la population. Mais, les habitants ont trop gaspillé cette forêt pour répondre à leurs besoins qui ne contribuent qu’une faible part dans l’économie régionale. Ainsi, les palissandres et les bois de rose qui servent à la fabrication des meubles sont jetés pour, la plupart, au feu des foyers. Il n’y a seulement qu’un petit nombre de charpenteries en ville ou dans la région d’Ankobakobaka valorisent ces bois en les transformant en meubles. Elles sont vendues au marché local ; mais la clientèle ne reste pas seulement à Befandriana. Ces meubles sont transportés jusqu’à la Province d’Antsiranana, en particulier, la région de S.A.V.A. A l’état brut, ces palissandres font, massivement, l’objet d’un commerce illicite dont la destination principale est la région de DI.A.N.A. (Diego, Ambanja, Nosy-Be, Ambilobe ).

104 Le milieu forestier abrite également beaucoup d’espèces faunistiques comme l’espèce endémique de Madagascar Haihay (Aye-Aye), lémuriens et diverses espèces d’oiseaux. Mais ce qui semble le plus important dans la vie socio-économique des habitants, est le miel sauvage. Ce dernier est puisé dans les fentes des arbres et remplit de multiples fonctions : médicament, symboles rituels, nourriture et surtout constitue une ressource financière des habitants. On distingue deux produits dérivés tels que le miel en tant que jus et la cire d’abeille. Les produits sont vendus aux collecteurs locaux, pouvant être malagasy ou « karana », et évacués à la Province d’Antsiranana, à Mahajanga jusqu’à la capitale. Il est difficile d’évaluer la quantité exacte de la production du miel. Elle varie d’une année à une autre mais on peut l’ estimer, entre 2.000 et 6.000 litres par an. Bref, le palissandre, le miel sont des produits du milieu forestier de la « région » de Befandriana qui lui permettent, par le biais du commerce, de la relier avec d’autres régions. C’est la population de la région basse qui en tire plus d’avantage. Pourtant, ils sont, actuellement, très menacés par une forte exploitation. Aucune campagne de sensibilisation de la protection forestière n’est élaborée sur les lieux. L’application du système d’aire protégée semble encore être difficile car le mode de vie quotidienne de la population dépend encore largement de la forêt. A part les ressources forestières, la « région » de Befandriana est dotée aussi de quelques sites miniers.

7.1.2.2-Les ressources minières :

Les produits miniers restent la ressource la plus sous-estimée à Befandriana. Seul le gisement de chromite à Zafindravoay passe à son moment de valorisation dans un délai plus ou moins bref et irrégulier.

• Le gisement de chromite à Zafindravoay :

Zafindravoay est, à l’origine, un hameau qui se situe dans la partie Sud de la C.R. Morafeno. C’est la société KRAOMA ( Kraomita Malagasy ) qui y exploite un petit gisement de chromite depuis 1979. L’exploitation est abandonnée en 1981, mais rouverte en 1995 ; puis, reabandonnée en 1998, sans bien connaître le motif.

105 Tableau n° 22: Le tonnage de production de la chromite à Zafindravoay selon les types de produits. ANNEE PRODUCTION Fines ( en tonne ) Friables ( en tonne ) 1996 9.300 2.900 1997 17.800 1.500 1998 19.500 2.400 Source : KRAOMA Les types de produits finis sont la chromite fine et friable. La production de la qualité fine ne cesse d’augmenter. En moyenne, le gisement de Zafindravoay produit 33 % de la production nationale. L’implantation du site d’exploitation à Zafindravoay est un succès pour la population locale. Avant même le moment d’exploitation, on a bâti une cité ouvrière avec un dispensaire pour les ouvriers. A ce propos, ce hameau est devenu un village et toute la population locale a profité des avantages de ce dispensaire. Par ailleurs, l’amélioration de la piste (Zafindravoay – R.N. 32 ) facilite le problème des paysans concernant l’évacuation de leurs produits vers la ville de Befandriana. Plusieurs jeunes sont recrutés pour être traités en manœuvres qualifiées ou non. Ils ont réussi à former une équipe de foot-ball, donnant ainsi du loisir. Les villageois paysans, au lieu de se déplacer vers le marché de Befandriana, trouvèrent un débouché pour leurs produits grâce aux résidents de la cité ouvrière. Actuellement, ce site est abandonné par la société alors qu’il y a encore, selon une estimation, une réserve de 200.000 tonnes de minerais de chrome.

• Autres ressources minières :

Ce sont des pierres et des métaux précieux ( béryl, quartz, or…) ainsi que le mercure qui sont disponibles à Befandriana. Aucune expertise n’est réalisée ; on les rencontre, tout simplement, par hasard ou encore par rêve d’une personne « hasardeuse ». Plus récent ( en 2003), on a découvert l’existence de l’or dans la rivière d’Anjingo à Ambararata. L’exploitation n’a aucune organisation. Les matériels utilisés sont très rudimentaires. Il s’agit d’une simple angady avec une pelle et une barre à mine. Aucune production n’est passée sous contrôle de l’administration locale.

106 Les produits sont trafiqués par une minorité de personnes qui ont commencé, dans cette filière, depuis le début des années 80. Les produits bruts venant de la mine sont ramenés, illicitement, aux collecteurs résidants à Befandriana avant d’être évacués ailleurs, en particulier sur la capitale. Ces ressources ne procurent des intérêts qu’à un petit nombre de personnes. Leur part dans l’économie régionale est nulle. L’espace de Befandriana dispose quand-même de potentiels naturels qui sont mal exploités et mal organisés. La dotation de ces deux sous-régions, s’il y a une politique sérieuse d’aménagement spatial, sera un atout au développement régional. Les produits qui sont variés suivant ces deux sous-espaces doivent être valorisés et bien exploités pour qu’ils puissent contribuer, normalement, au développement de l’économie régionale. A ce propos, l’administration a fait un bon choix en prenant l’initiative d’élaboration de quelques œuvres qui peuvent conduire au chemin du développement régional.

7 - 2 - Les œuvres positives au développement régional :

7 - 2 – 1 - La réhabilitation des pistes et la création des barrages hydrauliques :

▪ Dans la superficie totale de Befandriana, 63.140 ha sont cultivables et 30.430 ha seulement sont cultivés, soit 48 % de surfaces cultivables29 Parmi les problèmes qui empêchent la mise en valeur des restants de ces surfaces cultivables vient, en premier le manque d’irrigation. La région basse est la plus concernée par ce genre de problème en raison de son climat caractérisé par une longue période sèche. Mais c’est une région traversée par des cours d’eau qui persistent à couler pendant toute l’année comme la Sofia, l’Anjingo, l’Ankofia et la Tsinjomorona. Il faut que ces cours d’eau soient aménagés, hydrauliquement, pour que les surfaces cultivables ainsi que celles cultivées trouvent leur extension maximale. La politique gouvernementale relative au lancement du projet P.P.I. ( Petit Périmètre Irrigué ) – A.B.M. ( Antsohihy Befandriana Mandritsara ) est élaborée pour être prise comme solution à ce problème. Ainsi, on a enregistré quelques œuvres réalisées entre 1992 – 1997 dans le service du bureau de P.P.I. à Befandriana.

29 Monographie Sofia 2003.

107 Tableau n° 23: Les barrages hydrauliques effectués à Befandriana - Nord Nom du Date Financement Surfaces Nombre périmètre d’aménagement irriguées d’usagers (ha) Maromizaha 1992 F.E.D. 35 24 Lohantsinomina 1992 -,,- 50 38 Moronanjingo 1992 -,,- 10 13 Marosakoana 1993 -,,- 40 35 Ambodilegno 1993 -,,- 25 17 Antsakay 1994 -,,- 30 28 Mangitagna 1994 -,,- 50 52 Marofototra 1995 -,,- 104 110 Antanimbaribe 1997 -,,- 30 37 Samimanavaka 1997 -,,- 24 29 Bemarambonga 1997 -,,- 32 51 Ambondrona-N 1997 -,,- 16 24 Ambalavary 1997 -,,- 20 13 Ankobany 1997 -,,- 20 31 492 502 Source: Service P.P.I. à Befandriana Ces périmètres irrigués (492 ha) ne représentent que 1,6 % de l’ensemble des surfaces cultivées (30.430 ha). Au point de vue du nombre des œuvres effectuées, elles sont encore très insuffisantes, mais elles peuvent résoudre le problème de l’eau dans les régions où elles s’installent. On constate que les rizières sont toujours humides même après la récolte. L’avantage de ces barrages, c’est que les agriculteurs peuvent pratiquer la riziculture en deux saisons si le cours d’eau en question peut couler en permanence. La riziculture de type extensif devient intensive, entraînant l’augmentation du taux de rendement et la production. Ce cas est très évident à Marofototra.

108 CARTE N°08 : LES PRINCIPALES VOIES DE CO CA O

N

TSIAMALAO AMBARARATA MATSONDAKANA ANTSAKABARY

AMBOLIDIBE-EST

BEFANDRIANA-NORD

MORAFENO MAROAMALONA

ANTSAKANALABE AMBODMOTSO-SUD ANKARONGANA

TSARAHONENANA Route bitumée et praticable toute l’année Route partiellement bitumée et praticable pour le véhicule pendant la période sèche

Voie desservie en véhicule pendant la période sèche et non bitumée Piste difficilement praticable pour les Echelle : 1/650 000 véhicules même pendant la période sèche Source : FTM Piste pour les piétons

109 ▪ Par rapport à la surface très étendue de Befandriana, les pistes ne sont pas encore suffisantes pour desservir les différents coins de l’espace. Celles-ci sont plus denses dans la région basse que dans la région haute. Tableau n° 24: Les principales routes à Befandriana – Nord. Désignation Longueur ( km ) Etat R.N.32 Antsohihy – Befandriana: 202 Moyen Antsohihy – Mandritsara Befandriana – Mandritsara: Bon R.I.P.118 Mauvais Antafiantsalana – Antsakabary 113 R.N.C.176 Moyen Andranomanintsy - Ambararata 45 Source : Direction Régionale des Travaux Publics Mahajanga

Le problème majeur de la région haute réside surtout dans le manque de voies de communication. Seule la R.I.P. 118 reliant Antafiantsalana – Antsakabary qui constitue la voie principale de cette région. C’est une piste créée depuis 1931 qui desserve toute la vallée de la Sofia. Elle n’est praticable qu’à partir du mois de Juillet. Son état est toujours mauvais même si l’on est en période sèche. Cette situation entraîne un problème d’évacuation des produits. D’une part, le transport est réservé seulement à une petite minorité de transporteurs- mécaniciens. Par conséquent, les frais de transport, que ce soit pour les bagages ou pour les personnes, sont très chers face aux petits capitaux des paysans et des acteurs économiques. D’autre part, les produits sont tardivement évacués, entraînant la diminution des prix envers les paysans. Les collecteurs profitent de la situation pour liquider, le plus vite possible, leurs capitaux. Les Communes rurales d’Ankarongana et de Matsondakana sont enclavées à cause du mauvais état de leurs pistes. Seules les voitures tout terrain peuvent y circuler pendant la saison sèche. Quant à Matsondakana , une portion de 5 km et quelques ponts comme celui d’Antsaribe qui empêchent, librement, la circulation en automobile. Le transport se fait surtout par charrettes. La Commune d’Ambolidibe-Est reste toujours une zone enclavée

110 pendant toute l’année. Les paysans liquident leurs produits par un simple portage, soit sur la tête des femmes, soit sur l’épaule des hommes. En revanche, les pistes sont assez denses dans la région basse. La R.N.32 qui relie Antsohihy – Befandriana a été bitumée en 1972. Depuis cette date là, la circulation est déjà facile vers l’Ouest. Mais la réhabilitation de la R.N.C.176 (Andranomanintsy – Ambararata ) et la suite des travaux de la R.N.32 qui relie Befandriana – Mandritsara en 1990 sont très importantes pour le développement socio-économique de Befandriana. L’exécution de ce projet routier facilite la circulation quotidienne de la population des zones touchées. Les produits ruraux sont, rapidement, transportés à la ville et les citadins marchands peuvent liquider leurs articles commerciaux en suivant le long de cet axe. Le nombre des transporteurs ainsi que celui des personnes liés à ce travail s’augmentent. Avant la réhabilitation, on parcourt, lors de la saison de pluies, pendant deux semaines en véhicules l’axe de Befandriana – Antafiantsalana ; mesurant 32 km seulement, alors que cette durée est réduite en 40-45 minutes, aujourd’hui. Les quatre Communes telles que celles de Morafeno, d’Ambararata, de Tsiamalao et d’Ambodimotso – Sud sont les plus privilégiées par ces projets routiers. Les Communes rurales de Tsarahonenana et d’Antsakanalabe restent en arrière-pays des Communes bordant ces pistes. Mais elles sont bien desservies à l’intérieur d’elles-mêmes. Ces pistes ont des impacts positifs sur la population . Grâce à elles, les produits sont, rapidement, évacués au marché à travers lequel l’offre et la demande peuvent se rencontrer périodiquement.

7 - 3 – Les rôles des marchés communaux et des grands opérateurs économiques dans le développement régional :

▪ La politique de valorisation du marché communal ou « tsaina » a été appliquée dès l’époque de Zafy Albert ; c’est-à-dire la première partie de la IIIème République en 1993. Le choix de son emplacement dépend de la situation stratégique d’un village. Souvent, il est sis dans le village le plus animé qui peut être le Chef-lieu de Commune ou autre. Le marché communal est un lieu d’échanges hebdomadaire entre les produits, essentiellement, agricoles des paysans et les marchandises des citadins. C’est , donc , un lieu de rencontre entre les ruraux et les citadins pour effectuer une série d’opération d’échange des produits variés.

111 Tableau n° 25: Les différents produits disponibles au marché. Les produits vivriers La Les cultures Les produits culture industrielles fruitiers Les de rente principaux - riz - café - raphia - banane produits - manioc - paka - orange agricoles des - taro - canne - mangue ruraux - maïs à sucre - papaye - patate - jaquis douce - goyave Les P.P.N. Les Buvettes – Amuses- Autres textiles gueules - sel - -pains -fournitures scolaires - sucre Vêtements -caca-pigeon -matériels culinaires Les - huile de -jus naturel -matériels agricoles principales - savon confection -boissons STAR -appareils marchandises - pétrole -Friperie -bonbon électroniques et des citadins - allumette -sirop électriques -yaourt -bicyclette Source : Enquête personnelle lors de la visite sur les lieux

A part la fonction économique du marché, il est, en outre, le centre actif de relations sociales. Le marché est une scène efficace pour entendre des informations et se mettre au courant des événements qui se passent dans la société. Certaines personnes y viennent juste pour s’amuser. Le marché deviendra aussi un lieu romantique de formation des couples, un lieu de loisir,.. La positivité du « tsaina » se manifeste dans son rôle économique et financier. Grâce au marché, les paysans ne sont pas obligés de se déplacer trop loin pour livrer leurs produits. Ils peuvent rester dans des endroits plus proches. Avant la création du marché, les produits périssables pourrissaient dans les champs ; mais actuellement, ils deviennent des petites ressources financières pour les villageois lors des périodes où les marchés sont fonctionnels.

112 Certains ménages ne peuvent régler leurs obligations financières ( dette, cotisation…) qu’après être passés au « tsaina ». Il ne faut pas oublier qu’il crée aussi d’autres services, comme ceux du transport et de l’hôtellerie. Les activités ainsi que les recettes des transporteurs augmentent, surtout, pendant le jour du marché. Les photographes en profitent également pour épuiser leurs pellicules. Le marché est un moteur améliorant le niveau de vie de ses acteurs. Beaucoup d’individus peuvent bâtir leurs maisons avec les matériaux modernes plus fiables. Il fait, en effet, augmenter le niveau des pouvoirs d’achat au niveau de ces deux acteurs : les citadins et les ruraux.

▪ En tenant compte du rôle du marché comme lieu d’échanges entre les produits agricoles des paysans et des articles commerciaux des citadins, la part des grands opérateurs économiques qui investissent dans cette région semble très importante pour les conditions de fonctionnement de ce marché. Ainsi, grâce à la société Habibo et Compagnie et aux transporteurs qui relient, directement, Befandriana et Antananarivo – capitale, Befandriana est régulièrement approvisionné en marchandises venant de la capitale. Toute la semaine, il y a toujours des actionnaires du « tsaina » qui vont rejoindre Antananarivo pour chercher les marchandises à revendre aux marchés. Au moins, 30 à 40 tonnes30 d’articles commerciaux sont livrés par semaine à Befandriana. En effet, les habitants de Befandriana reçoivent rapidement les nouveautés à la mode pour les effets vestimentaires et des modèles des différents matériels. Mais, la transaction s’est atténuée par le mauvais état de la R.N.6 entre Ambondromamy et Port-Bergé pendant deux à trois mois de saison des pluies ( Janvier – Mars ). Cette situation permet de dire que le mauvais état de cette route nationale entrave beaucoup le développement de la région de Sofia, en générale et de Befandriana, en particulier. La société Habibo et Compagnie est l’un des grands opérateurs de la région administrative de la Sofia. Sise à Befandriana, cette société tient un rôle important dans la vie socio-économique de la population. Elle assure la distribution locale des produits de COTONA et de STAR. En raison des prix bas de toute sorte des marchandises, cette société

30 Statistique reçue dans le Service d’expédition des colis chez Denis Transporteur (Ankaraobato-Antananarivo).

113 attire les commerçant de l’intérieur et de l’extérieur de Befandriana. Elle peut ravitailler toute la région de la Sofia. Tous ces atouts que nous venons d’étudier ont des rôles signifiants dans la « région » de Befandriana. Ils connaissent des problèmes dans leur condition d’existence, constituant ainsi un obstacle au développement régional. Autre que l’exploitation forestière dans les régions d’Antsakanalabe et de Morafeno ainsi que l’extraction à l’époque du chrome de Zafindravoay, les activités rurales sont encore essentiellement agricoles. Convaincu de la situation difficile des paysans à propos du moyen d’évacuation et de liquidation de leurs produits, le Gouvernement à l’époque ( 1994 ) a décidé de valoriser les marchés hebdomadaires dans les Communes rurales. Certains marchés ont été inaugurés. Mais, aujourd’hui, ce ne sont que les plus stratégiques qui connaissent une forte attraction. Grâce au marché, les paysans ne sont pas obligés de se déplacer trop loin pour livrer leurs produits. En tenant compte du rôle de ces marchés, l’espace peut s’organiser autour d’un centre ou un pôle ayant des pouvoirs attractifs sur leurs zones d’influence. C’est à ce point là que l’on peut mesurer la capacité de polarisation des centres, et surtout la ville de Befandriana, sur leurs régions.

114 CHAPITRE VIII : LES PETITS POLES DANS L’ORGANISATION SPATIALE ET LES ZONES NON INFLUENCEES

8 - 1-Accent sur la notion de pôle

En terme courant, le mot « pôle » désigne les deux extrémités d’un axe ou chacune des bornes d’un objet. Ce mot est à l’origine utilisé par les économistes comme R. PERROUX qui l’a défini comme « un point singulier de l’espace abstrait, conçu comme un champ de forces ». Cette définition économique ne s’écarte pas trop du concept géographique car la notion d’espace n’y est pas exclue. Les géographes utilisent ce mot à partir de cette conception. Ainsi, on peut distinguer deux sortes de pôle à savoir pôle de développement et pôle d’attraction. Le pôle de développement est conçu comme « un centre de production qui exerce des effets d’entraînement sur un espace quelconque »31, tandis que le pôle d’attraction a un pouvoir d’attirance provoqué par les ressources, les équipements, les possibilités d’échanges économiques d’une ville ou d’une agglomération. A cet effet, être devenu un pôle pour un tel site n’est pas un hasard. Il faut qu’il y ait des activités capables de créer d’un pouvoir d’attraction pour former à l’intérieur d’un espace donné un pôle et ses zones d’influences. Mais, il est le résultat de la combinaison des facteurs pouvant être d’origine naturelle ou humaine. Le facteur primordial, c’est la question de distance. La capacité d’animation et d’attraction du centre dépendant surtout de la quantité et du développement de ses infrastructures disponibles assure la vitesse de la polarisation. Cette dernière pourrait être rapide si les infrastructures sont assez importantes. Dans le cas contraire, elle devient lente. A l’intérieur de l’espace de Befandriana, autre que le rôle de la ville, on constate la présence des petits pôles.

31 Pierre George, « Dictionnaire de la Géographie, Edition PUF 4ème édition 1990

115 8 - 2 – Les petits pôles et leurs zones d’influences :

Quatre Communes rurales telles que Tsiamalao, Antsakabary, Ambodimotso – Sud, Ambararata sont les plus fréquentées en ce qui concerne la relation avec leurs arrières-pays.

8 - 2 – 1 – Le cas d’Antsakabary :

Comparé aux autres pôles, celui d’Antsakabary est la plus considérable des zones influencées. Depuis l’époque coloniale, Antsakabary a déjà bénéficié des postes administratifs. C’est la raison pour laquelle, ce village a connu un développement un peu plus avancé par rapport aux autres. Au point de vue de l’infrastructure sociale, ce village est doté d’un hôpital catholique et d’un poste sanitaire C.S.B.2, de poste et télécommunication, un poste de gendarmerie, un collège d’enseignement général ( C.E.G.), deux écoles primaires et un service de l’agriculture. Tous ces services participent à l’organisation de l’espace. Ainsi, trois Communes de la région haute sont attirées par ce pôle. La zone d’influence n’atteint pas la partie Nord de Matsondakana. Il vaut mieux pour les habitants de cette région, régler leurs affaires socio-économiques au District voisin, celui d’Andapa. Par contre, la qualité du service et la proximité du lieu de l’hôpital d’Antsakabary et même les affaires commerciales incitent la population des confins Sud du District de Bealanana à y venir. Les cultures de rente : la vanille et le café ont été introduites pour la première fois à Antsakabary en 1927 et ce village est , depuis longtemps, devenu un grand point de collecte de ces produits. Des grandes boutiques comparées à celles de la ville de Befandriana s’y sont installées. Ce village a, évidemment, bénéficié du marché hebdomadaire ; mais celui de Tavenina situé environ à 6 km au Sud d’Antsakabary semble être plus animé et plus connu par les citadins. Chômé le Samedi, ce marché présente des variétés de produits. Les habitants d’Ambolidibe –Est et de Matsondakana y arrivent pour livrer leurs produits, essentiellement, le café, le riz et le raphia. Les produits sont transportés, soit par charrette, soit par un simple portage à dos d’homme . En raison du mauvais état de la R.I.P.118, l’arrivée massive des citadins ne s’effectue qu’à partir du mois de Juillet. Les produits collectés sont transportés par des camions ou des tracteurs vers la ville de Befandriana.

116 Antsakabary est le seul pôle de la région haute de Befandriana. Il présente, parmi ces petits centres, la plus importante zone influencée en raison de ses infrastructures avancées. Malgré les tentatives de réfection de la piste, celle-ci reste en mauvais état à cause de la vigueur du relief. Cette situation pose un problème majeur d’évacuation des produits. Seuls les transporteurs-mécaniciens osent circuler dans cette zone à la fréquence d’une fois par semaine. Le frais de transport est très élevé. Dans le but de combler les dépenses liées au transport, les collecteurs achètent les produits à des prix très bas. Aussi les paysans n’ont – ils aucun intérêt à produire davantage. Les surfaces cultivées et la production restent constantes. C’est à partir de l’année 2000 que la vanille a connu une hausse de prix importante. On constate, en effet, que l’activité des paysans est, actuellement, de plus en plus orientée vers cette culture. La vanille devient l’un des facteurs qui accentue le rôle polarisateur d’Antsakabary. Ce village est le centre de tous les produits venant de ces trois Communes (Matsondakana, Ambolidibe –Est, Ankarongana ) et la plupart des collecteurs préfèrent y rester pour liquider leurs capitaux. Pendant le jour du marché, et de la campagne de la vanille, l’axe Antsakabary – Tavenina est très animé. Les ruraux, après avoir vendu leurs produits, profitent de l’occasion pour effectuer leurs opérations d’achats et d’approvisionnement en P.P.N. et en autres articles commerciaux, soit aux boutiques des résidents d’Antsakabary , soit aux marchands ambulants venant de la ville. Enfin, le rôle du C.E.G. est très influant pour les élèves qui veulent encore continuer leurs études secondaires. Les C.R. de Matsondakana et d’Ankarongana ont été déjà dotées de C.E.G. mais cela n’empêche pas les parents d’envoyer leurs enfants à Antsakabary en raison de ses meilleures conditions d’études par rapport aux autres.

117 CROQUIS N°07 : REPRESENTATION DES ZONES INFLUENCEES PAR LES QUATRE PETITS POLES

N

‘ ‘ ‘

Les petits pôles et leurs zones influencées ‘ ‘ Antsakabary

‘ Ambararata

‘ Ambodimotso Sud

‘ Tsiamalao Source : Enquête personnelle

Echelle : 1/650 000 Zones non influencées

118 8 - 2 –2 – Les autres pôles : Ambararata, Tsiamalao, Ambodimotso – Sud.

Ce sont les Chefs-lieux des Communes rurales de la région basse. Ils ont des points communs au point de vue de facteurs d’attraction. D’abord, ce sont des zones bien desservies presque pendant toute l’année, puis leurs marchés sont caractérisés par la prédominance de flux commerciaux du riz. Mais, Ambararata et Ambodimotso –Sud reçoivent un peu des dépôts de café venant, respectivement, d’Ambolidibe – Est et de Maroamalona. dont les produits sont tous transportés par simple portage. La partie qui n’est pas influencée par le pôle d’Antsakabary dans le territoire d’Ambolidibe – Est est attirée par celui d’Ambararata non seulement pour des raisons commerciales mais aussi par la présence de quelques infrastructures sociales plus améliorées. Il est en effet préférable pour la population d’Ambolidibe –Est de rejoindre le poste sanitaire et le C.E.G. d’Ambararata. Ce pouvoir d’attraction est limité, à l’Ouest, par celui de Tsiamalao. Ce dernier est parmi la région la plus productrice de riz et autres produits vivriers. C’est pour cela que les collecteurs de produits locaux et les transporteurs ne ratent jamais l’occasion de venir le jour du marché ( Jeudi ). Après la réhabilitation de la R.N.C. 176, le contact avec la ville de Befandriana est presque permanent. Les marchandises et les produits finis venant de la ville y sont, ponctuellement, amenés et les ruraux préfèrent y rester pour vendre leurs produits. Mais, le plus stratégique du centre, c’est celui d’Ambodimotso –Sud. Ce pôle est traversé par la .R.N.32, lui permettant de communiquer avec la Commune urbaine à tout moment, qu’importe la saison. La distance entre les deux est à peine de 18 km seulement. La circulation des personnes est très fréquente. C’est la seule Commune rurale qui bénéficie de l’électricité obtenue à partir d’un groupe électrogène privé. Par conséquent, la population d’Ambodimotso –Sud peut employer les appareils électriques comme la télé, la vidéo, le réfrigérateur, la machine à décortiquer. Ambodimotso –Sud a, comme arrières-pays, deux Communes rurales. Autre que le riz, Maroamalona, située juste au delà de l’escarpement séparant la région haute et la région basse, fournit aussi le café sur le marché du Mardi d’Ambodimotso. Les produits sont ramenés par simple portage parce que la piste est difficilement accessible aux véhicules et même à la charrette, à moins que l’on rejoigne la R.I.P. 118. (Antafiantsalana – Antsakabary ) auprès du village de Soamiangona. Le riz venant de Tsarahonenana est , directement, accaparé par les collecteurs à Ambodimotso –Sud. Pour ménager les bœufs qui

119 tirent la charrette ou pour éviter les dépenses de transport, les ruraux préfèrent y liquider leurs produits. Bref, le pouvoir attractif de ces petits pôles dépend surtout des infrastructures disponibles et de la distance les séparant de leurs arrières-pays. Antsakabary se présente comme la plus importante zone influencée. Cette situation est le résultat des facteurs historiques et de la position stratégique de ce village. Le croquis montre qu’il y a toujours des restes de portions spatiales qui ne sont pas influencées par ces petits centres que l’on devra étudier.

8 - 3- Les espaces non influencés :

La non influence de ces zones s’explique par l’attraction des autres pôles. C’est la question de distance et l’idée de trouver les meilleurs avantages qui les entraînent à rester des zones non influencées par ces petits centres. La C.R. d’Ambolidibe –Est est la plus enclavée du territoire de Befandriana –Nord. C’est peut-être la raison pour laquelle elle est aussi la plus partagée, au point de vue de cette notion d’influence. Plus au Nord, sa population est, parfois, attirée par le District de Bealanana pour des affaires commerciales. La distance pour atteindre cette zone et celle pour atteindre Ambararata sont presque égales alors que la vente est plus rentable à Bealanana qu’Ambararata. Les habitants au Nord d’Ambolidibe - Est préfèrent, alors partir vers le premier. La proximité du District d’Andapa et le prix plus intéressant poussent les habitants de Belalona, de Manandriana etc…à rejoindre ce District. Mais la qualité de service de l’hôpital catholique à Antsakabary a toujours le pouvoir attractif considérable pour l’ensemble de la région haute. Le dernier espace qui reste, a une relation directe avec le marché urbain, ce qui nous permet d’aborder la deuxième manifestation du centre : le rôle de la ville sur l’ensemble de sa région.

120 CHAPITRE IX– L’INFLUENCE DE LA VILLE DE BEFANDRIANA SUR SA REGION :

L’étude de l’influence de la ville de Befandriana – Nord consiste à trouver la solution de la question ci-après : comment s’organise l’espace face aux fonctions socio-politico- économique de cette ville ? Il nous convient donc de voir, son rôle économique, puis son rôle socio-politique et administratif.

Sur ce point là, Befandriana – Nord ne possède aucune activité spécifique capable de polariser l’ensemble de l’espace. Ce dernier s’organise seulement à partir de son rôle de distribution des produits finis et ses marchés.

9 - 1 – Les marchés urbains et leur rôle dans l’organisation de l’espace :

9 - 1 - 1 – Le marché de divers produits :

Ce marché est implanté au centre de la ville dans le quartier de Fiadanana. Il présente des produits variés, essentiellement agricoles et halieutiques. Ces derniers sont, pour la plupart, à l’état séché. Le marché est très animé le matin, surtout le Jeudi, par l’arrivée massive des paysans qui habitent aux villages environnants dans les rayons de 3 à 6 km de la ville. Les produits disponibles dans ce marché varient selon la distance de leurs lieux d’origine. La fréquence de la participation des paysans dépend aussi de la proximité ou de l’éloignement de leurs villages.

121 Tableau n° 26: Relation entre les distances et les produits à vendre. Produits Produits vivriers Produits fruitiers Produits Céréales Produits Distance halieutiques rentiers Manioc, maïs, Mangue, tamarin, Poissons et « antsotry » et patate douce à goyave, jaquis, petites haricot à l’état l’état frais, riz banane, crevettes frais 0 – 6 km blanc, brèdes « mokotra », d’eau douce à __ « vavandrika » l’état frais Manioc, maïs, à Mangue, tamarin, Poisson d’eau l’état frais ou à banane, ananas, douce à l’état ______7 – 15 km l’état séché, riz orange, jaquis frais blanc Manioc et maïs Banane, ananas, Poisson d’eau à l’état séché, orange, jaquis douce à l’état ___ 15 – 20 km riz blanc et frais café paddy Riz blanc et Letchis, avocat Poisson et Haricot, pois + 20 km paddy crevette à du cap à l’état café l’état frais séché Source : enquête effectuée aux différents coins d’entrée de la ville

On ne peut pas citer tous les produits disponibles au marché, il y en a d’autres. On ne retient que ceux qui sont essentiels permettant d’analyser leur organisation dans l’espace. On constate dans ce tableau que les produits à vendre diminuent, qualitativement au fur et à mesure qu’on s’éloigne du centre. Ce sont surtout les habitants des villages situés dans le rayon de moins de 15 km de la ville qui participent, massivement, au ravitaillement permanent du marché. Ainsi, la C.R. Morafeno a une liaison directe avec la Commune urbaine sur cette matière. Dans un rayon de 6 km, les habitants apportent surtout les brèdes de toute sorte et les fruits variés qui sont des produits périssables. Dans l’idée de trouver le meilleur prix pour la vente du riz blanc et des volailles, les habitants d’Antsakanalabe vont rejoindre, directement, le marché urbain. C’est pour cela que cette région n’est pas influencée, dans le croquis précédent, par ces petits centres. Le café, le letchi, ainsi que l’avocat n’apparaissent qu’à partir du rayon de plus de 20 km. Ce sont des produits venant de la région haute qui sont amenés, périodiquement, au marché. Malgré le mauvais état de la piste à partir du croisement vers Ankarongana après avoir suivi la R.I.P.118 ( Antafiantsalana – Antsakabary ), quelques transporteurs prennent toujours le risque d’y pénétrer pour collecter les produits. C’est la raison pour laquelle cette

122 Commune rurale s’articule, directement, avec la Commune urbaine sur le plan commercial. Les produits évacués sont, essentiellement, le café, l’avocat et le letchi. Compte tenu du rôle de ce marché, on obtient une petite portion spatiale. C’est une zone qui n’est pas influencée par ces petits centres que l’on vient d’aborder qui ont une liaison directe avec le milieu urbain. Mais la ville à ce point là ne représente qu’un faible pouvoir attractif par rapport à l’ensemble de la « région » de Befandriana. Il faudra attendre alors le rôle du deuxième marché : celui des bovidés.

9 - 1 –2 – Le rôle et l’importance du marché des bovidés :

Avant la création du marché de bovidés, les transactions se font n’importe où dans la région de Befandriana. Mais, à partir de la valorisation de ce marché, la vente et l’achat de bovidés deviennent plus organisés. C’est le deuxième marché le plus important dans la région de la Sofia après celui de Mandritsara. Le marché fait partie, en principe, de la circonscription de la C.R. de Morafeno ; mais il s’est placé dans la zone périphérique de la C.U. de Befandriana. C’est à cet égard que le conflit est né, en posant la question : qui doit avoir le pouvoir de le gérer ? En fait, c’est la Commune urbaine qui privilégie de tous les avantages relatifs à ce marché. Le marché se déroule toutes les deux semaines au jour du Samedi et le Samedi qui est tombé au moment du marché s’appelle « Sabotsibe » ( Grand Samedi ). C’est pour cela que l’on appelle ce marché comme « Sabotsibe ». L’endroit est très animé depuis le Jeudi jusqu’au Dimanche du marché. Beaucoup d’individus y arrivent, qualitativement et quantitativement. La présence de ce marché crée des activités induites. Son rôle principal est qu’il est un lieu de rencontre entre les vendeurs et les acheteurs des bœufs. Tableau n° 27: L’origine et les destinations des bœufs à vendre à Sabotsibe. ORIGINE ( % ) DESTINATION ( % ) Année Locale Autres Intérieur de la Nord (S.A.V.A) Est Province (Analanjirofo) 1982 98,8 2,1 82,4 2,7 14,7 1989 96,5 3,3 45,6 27,3 26,9 2003 95 5 42,2 46,7 10,9 Source : Calcul établi à partir des donnée de CIRELVA et des certificats d’origine des bœufs disponibles auprès du District de Befandriana - Nord

123 Ce tableau montre que les bœufs qui sont amenés à Sabotsibe sont, en grande majorité, d’origine locale. Ce sont des rabatteurs locaux qui participent, activement, à cette opération en circulant partout dans les campagnes. Ces rabatteurs peuvent être autochtones ou depuis longtemps, originaires du Sud et du Sud-Est de Madagascar ( Antandroy , « Betsirebaka » ).

Cliché N° 10: "Sabotsibe" pendant le jour du marché

124

Souvent, les éleveurs vont amener, directement, leurs bestiaux au marché. Dans ce cas, il n’y a plus d’intermédiaire entre les éleveurs et les acheteurs. Outre les bœufs fournis localement il y a ceux qui viennent d’Antsohihy, de Bealanana et de Port-Bergé, mais toujours en faible pourcentage. Quant aux flux sortants, la vente est, auparavant, destinée surtout, au commerce à l’intérieur de la Province de Mahajanga. Mais le développement du commerce et l’idée de trouver les meilleurs prix poussent les commerçants à conquérir le marché à l’extérieur de la Province. La région de S.A.V.A. celle d’Analanjirofo ( Maroantsetra, Mananara ) en sont des zones de dépôt. En raison de la forte demande de girofle sur le plan international dans les années 80, c’est la deuxième qui présente le plus important de flux commercial de bœuf. Par ailleurs, dû à la hausse incessante de prix de la vanille, la vente s’est tournée, actuellement, dans la région de S.A.V.A. Les bœufs sont achetés par les grands patrons ayant tous leurs hommes . Ce sont ces hommes qui accompagnent, par terre, les troupeaux jusqu’à la leur destination. Le marché de Befandriana reste donc, seulement, un point de vente. La consommation locale est très faible car la population, sauf les bouchers, n’effectue l’opération d’achat que pour répondre aux besoins des cérémonies rituelles et au renouvellement du cheptel de travail. Chaque jour du marché, les représentants administratifs et les forces de l’ordre (gendarmes et policiers ) sont toujours présents pour des raisons de contrôle et de régularisation des papiers de vente. En moyenne, 300 têtes de bovidés font l’objet de transaction à chaque marché. Avec le prix en moyenne de 1.500.000 fmg ( en 2003 ), on obtient la circulation d’une somme de 450.000.000 fmg dans une vague de marché. Il ne faut pas oublier les valeurs ajoutées par les autres activités commerciales. A l’intérieur de ce marché, s’installent des modestes pavillons servant de gargote et de buvette. Des repas et toutes sortes des boissons sont prêts à être vendus. aux acteurs de marché. Au moins, une gargote reçoit 100 clients par jour de Sabotsibe qui commence le Jeudi soir jusqu’au matin du Dimanche. Après avoir vendu leurs bestiaux, les ruraux participent, massivement, aux achats des articles commerciaux des citadins qui sont, essentiellement, les radio-cassettes, les roues de charrette, les matériels agricoles, les vêtements de confection etc..

125 Les flux des personnes qui font le va-et-vient ville-marché ou vis versa augmentent les recettes des taxis et celles des marchands des P.P.N. Les chambres d’hôtel sont, rapidement, occupées. Souvent, en cas d’organisation d’un spectacle ou d’une soirée dansante lucratifs, ses organisateurs font coïncider la date avec le jour du marché pour que les manifestations soient, financièrement, rentables. Les jeunes profitent de la situation pour se servir du marché comme un lieu de promenade et de loisirs. En un mot, la présence de marché participe beaucoup à l’animation de la ville, des activités induites sont nées. Le développement du commerce des bovidés confirme le rôle économique d’élevage bovin et alimente beaucoup plus l’économie régionale. Pourtant, l’attraction spatiale de ce marché ne connaît son importance évidente que dans la région basse de Befandriana – Nord. La région haute semble être un peu écartée des activités qui sont fréquemment liées à ce marché. Elle reste une zone de passage des hommes qui accompagnent les troupeaux vers la région de S.A.V.A. Cette situation est due à l’origine que cette région n’est pas un milieu très favorable à l’élevage bovin malgré la qualité et la quantité des plantes fourragères pendant toute la saison. Les terrains y sont très accidentés pour le pâturage et la température est plus basse, peu propice à l’élevage du zébu. En outre, c’est la question de distance qui empêche les habitants d’Antsakabary et de Matsondakana d’y venir de temps en temps. Enfin, les inconvénients tels que l’insécurité et les vols ainsi que l’augmentation du taux de prostitution qui ont été enregistrés lors des jours du marché risquent d’obstruer le développement de ce marché. Les infrastructures y sont très modestes. Aucun projet d’aménagement n’est élaboré. En effet, l’attrait du marché des bovidés ne couvre pas, certainement, l’ensemble spatial de Befandriana. C’est dans la région basse que cette activité trouve davantage son importance. Le marché de Befandriana se qualifie, à l’échelle inter-régionale, comme marché de collecte des bovidés car la consommation locale est très faible. Le flux commercial se fait en deux étapes. Les bœufs qui viennent dans la campagne et ailleurs sont amenés au marché urbain de Befandriana avant de les transporter vers les régions extérieures. Les destinations principales sont, à part le quota provincial de Mahajanga, la région de S.A.V.A. et celle d’Analanjirofo.

126 Dans son rôle économique, la ville de Befandriana – Nord n’est pas seulement le centre à travers le rôle de ces marchés mais aussi, elle l’est par ses fonctions de distribution des produits finis et centre des flux commerciaux des produits agricoles.

9 - 2 – La ville de Befandriana : centre de distribution des produits finis et des flux commerciaux des produits agricoles.

9 - 2 – 1 – Centre de distribution des produits finis :

La ville de Befandriana est un centre de distribution des différents produits et tout ce qui est matériel nécessaire à la vie quotidienne. L’affaire commerciale est depuis longtemps, monopolisée par les sociétés « karana ». C’est à partir des années 90 qu’un petit nombre de Malagasy commence à entrer en jeu. La quantité et la qualité des articles commerciaux disponibles dans le magasin dépendent du choix et des capitaux des commerçants. Certains choisissent de vendre des produits de confection et d’autres, ayant des capitaux plus importants, s’occupent de la vente, en gros ou en détail, des P.P.N., des matériels agricoles, des appareils électroniques, etc… En tenant compte de l’importance de la valeur des articles disponibles au magasin, on distingue trois sortes de point de vente : les gros et les moyens magasins, les petites épiceries. Ces dernières qui ne vendent que des P.P.N. et d’autres produits nécessaires à la vie courante n’attirent certainement, que des clients issus de la zone environnante et de la ville elle-même. Les capitaux sont très faibles. Le service est assuré, majoritairement, par les Malagasy. Quant aux moyens magasins, ils sont occupés par des « Karana » et des Chinois. La zone de service est plus considérable que celle des petites épiceries car les produits commercialisés commencent à se multiplier. Les sociétés possèdent des moyens de locomotion permettant de livrer leurs produits dans le milieu rural. Mais la plus importante ; c’est la société Habibo et Compagnie. Cette société assure le commerce de gros, de demi-gros et de détail. C’est une société qui trouve son essor dans la région de la Sofia. Ainsi, des commerçants du District de Befandriana et même ceux qui viennent des autres Districts dans la région de la Sofia, notamment à Mandritsara sont ravitaillés par cette société. La société Habibo et Compagnie est, depuis longtemps, un établissement commercial tantôt collecteur de produits locaux, tantôt distributeur de toutes sortes de produits finis ( les

127 P.P.N., les boissons STAR , les appareils électroniques, les lits et matelas, les produits COTONA etc…). Cette société est dotée de moyens de locomotion avec une dizaine de camions permettant de transporter ses marchandises dans une envergure spatiale considérable. Mais en pratique, ce ne sont que les zones bien desservies, en permanence ou non, qui reçoivent directement, les avantages. En effet, dans le District de Befandriana, les régions de Matsondakana et d’Ambolidibe –Est sont des zones défavorisées en raison de leur enclavement en permanence. Cet enclavement est dû à la rigueur de leur relief ne rendant possible l’aménagement de la piste qu’avec des engins. En outre, l’éloignement de Matsondakana avec la ville de Befandriana pousse les gens à trouver des débouchés commerciaux à Andapa.

9 - 2 – 2 – La ville de Befandriana : centre des flux commerciaux des produits agricoles.

Les produits agricoles susceptibles d’être commercialisés sont variés ; mais on ne reprend que les plus importants aussi bien au niveau de leur inscription spatiale qu’au niveau de leurs valeurs représentées dans l’économie régionale. Ainsi, les flux commerciaux sont actuellement dominés par le riz et les produits de rente : café, vanille. Voici les organigrammes qui représentent les circuits commerciaux de ces produits.

128

CROQUIS N°08 : ZONES DE CAPACITE DE LA VILLE EN MATIERE DE LA DISTRIBUTION DIRECTE DES

N

Matsondakana

Ambolidibe Est

BEFANDRIANA NORD ƒ

Zones privées de la livraison directe à cause de leur enclavement en permanence

Zones d’accès possible pour la livraison directe des produits

Source : Auteur Echelle : 1/650 000

129 A-Schéma représentant le circuit commercial du riz :

Paysans-producteurs

Marché local Transporteurs Rabatteurs

Collecteurs de

broussesRabatteurs

Collecteur principal

Marché urbain de

Befandriana - Nord

Marché extérieur de Befandriana - Nord

Circuit pour le collecteur principal Circuit pour les rabatteurs Circuit pour les collecteurs de brousse Circuit direct : paysans – marché urbain

130 Tableau n° 28: Représentation des ventes des produits rizicoles vers à l’extérieur de Befandriana. DESTINATION Province Province de Province MOIS Total par d’Antsiranana Mahajanga d’Antananarivo Mois ( t ) Tonnage % Tonnage % Tonnage % (t ) ( t ) ( t ) Janv 132,8 58,4 43,9 56,2 42,4 18,2 13,7 Fév 26,5 -- -- 3,5 13,2 23 86,8 Mars 99,2 13,7 13,8 70,5 71,1 15 15,1 Av 34 5 14,8 29 85,2 -- -- Mai 77,4 13 16,5 64,4 83,5 -- -- Juin 81 61,1 76,2 19,9 23,8 -- -- Juil 125,5 99 80,8 26,5 19,2 -- -- Août 130,2 96,4 74,3 18,8 14,2 15 11,5 Sept 163,5 106,5 65,1 34,5 27,2 22,5 7,7 Oct 234,5 134 57,1 19,5 8,4 81 34,5 Nov 241,1 126 52,2 40,5 16,7 74,6 31,1 Déc 142,1 92,1 64,1 11 7,7 39 28,2 Total 1.487,8 805,2 54,1 394,1 26,4 288,3 19,5 Source: Calcul établi à partir des archives administratives des ristournes à la Mairie de Befandriana – Nord

131

CROQUIS N°09 : FLUX COMMERCIAUX DU RIZ A BEFANDRIANA NORD ET VERS L’EXTERIEUR

Vers la Province d’ N Antsiranana (50%)

Ambararata

Matsondakana Tsiamalao Antsakabary   Vers la Province de Tavenina Mahajanga (25-30%) Befandriana Nord ƒ Ankarongana

 Ambodimotso Sud Vers la Province d’

Antananarivo (20%) Source : Enquête personnelle Echelle : 1/800 000

Proportionnalité de la sortie annuelle du Marchés ruraux les riz blanc dans les marchés ruraux  plus stratégiques pour la collecte des produits 1000 t ou plus Réserve en riz blancs prêts Flux commerciaux du riz à 300 t à 500 t l’intérieur de la région de à évacuer aux autres 100 t 300 t régions 1500 à 2 000 Befandriana Nord 20% 30% 50% Flux commerciaux du riz vers l’extérieur de la 132 région de Befandriana

COURBES QUI REPRESENTENT LES FLUX COMMERCIAUX DU RIZ VERS L’EXTERIUER DE BEFANDRIANA

133 Pour le riz, les paysans – producteurs ont trois possibilités pour liquider leurs produits. Dans la première possibilité, ils vendent leurs produits au marché rural. Ceux-ci sont collectés par les rabatteurs et les collecteurs de brousse. Les rabatteurs sont des individus qui emploient leurs capitaux personnels et qui portent, selon le terme local, le titre de « trafiquant »32. Dans l’idée d’obtenir plus de bénéfice, ils préfèrent aller au marché rural pour collecter des produits à bas prix. Les produits collectés vont être chargés dans un camion pour être revendus, soit au marché urbain de Befandriana, soit ailleurs.

Le collecteur principal sis à la ville a souvent des représentants actifs qui s’installent, en permanence, à la campagne dotée d’un marché plus stratégique. Ce sont des collecteurs de brousse. Ils ne dépensent plus de frais de transport car un collecteur principal est équipé toujours de moyen de locomotion pour ramener les produits déjà stockés. Les rabatteurs et les collecteurs principaux ravitaillent le marché urbain. Mais le plus important des ravitaillements c’est ce qui est transporté vers l’extérieur du District de Befandriana. Les principales destinations sont la région de D.I.A.N.A.(Diego, Ambanja, Nosy-Be, Ambilobe ) qui reçoit au moins 50 % du ravitaillement, puis la Province de Mahajanga ( Antsohihy, Port-Bergé, Maevatanàna, Mahajanga ). La dernière destination principale est la capitale Antananarivo représentant autour de 20 % des produits.

En bref, grâce aux marchés hebdomadaires en milieu rural, les paysans ne sont plus obligés de rejoindre le marché urbain pour liquider leurs produits. Les rabatteurs et les collecteurs de brousse sont prêts à collecter ces produits aux marchés ruraux dont les plus importants sont ceux d’Ambararata, de Tsiamalao, d’Ambodimotso- Sud et de Tavenina (Antsakabary ). Certains habitants de la Commune d’Antsakanalabe et de Morafeno préfèrent liquider leurs produits, directement, au marché urbain dans le but de trouver le meilleur prix. En plus, ces deux Communes rurales se situent en zone d’influence directe de la ville.

32 Les gens locaux ne savent pas la vraie signification du mot « trafic ». Ils l’emploient toujours même si le commerce est licite.

134 Beaucoup des paysans ne savent pas gérer leurs productions. Ils vendent toutes les réserves durant la période où le riz est encore suffisant. A la période de soudure, ils n’ont plus de riz à consommer. C’est le collecteur principal qui les ravitaille à un prix très élevé. Sous la deuxième République, la collection principale et le ravitaillement, ont été assurés par les sociétés nationales comme SINPA ( Société d’Intérêt pour les produits agricoles) et SICE ( Société Industrielle et Commerce de l’Imerina ).

Les courbes dans la page 126 se distinguent par leurs allures. Pour Mahajanga, la courbe est très irrégulière. Celle-ci s’explique par la fluctuation des prix du riz au lieu de destination c’est-à-dire à Mahajanga. Quand la courbe monte, c’est le moment où le prix est élevé et les commerçants vont en profiter pour aller y livrer leurs stocks. Le cas est contraire si la courbe décroît. Mais la descente n’arrive jamais jusqu’à l’axe d’abscisse. Cela veut dire que le ravitaillement est toujours possible même pendant la période de pluie grâce à la voie maritime à travers le canal de Mozambique. Les produits sont chargés dans des bateaux au port d’Antsohihy et débarqués à Mahajanga .Au contraire, les destinations vers Antananarivo et Antsiranana sont interrompues pendant un certain moment, essentiellement dans la saison des pluies à cause du mauvais état de la R.N.6. La circulation n’est possible que juste après la saison des pluies et le ravitaillement commence au mois de Mai pour Antsiranana et Juillet pour Antananarivo. Les activités deviennent plus accentuées au mois d’Octobre. Les destinations vers les Provinces d’Antsiranana et d’Antananarivo atteignent, respectivement, jusqu’à 134 tonnes et 81 tonnes.

135 B - Schéma représentant le flux commercial du café :

Paysans - producteurs

Marché rural

Rabatteurs

Collecteurs de brousses

Transporteurs Collecteur

principal

Marché urbain de Befandriana - Nord

Marché extérieur de Befandriana - Nord

Circuit pour le collecteur principal Circuit pour les rabatteurs Circuit pour les collecteurs de brousses Circuit direct : paysan – marché urbain

Il n’y a pas trop de différence entre le riz et le café. La seule flèche qui manque pour le café, c’est celle qui représente le retour du collecteur principal vers le paysan- producteur. Cela veut dire que la période de soudure n’est pas valable pour le café dans les régions productrices. En plus, le café est toujours disponible au marché urbain. Avant l’existence du marché communal, ce sont des Indo – pakistanais qui monopolisaient le commerce du café. Les paysans étaient obligés de se déplacer plus loin. Il faut faire plusieurs kilomètres de marche à pied pour vendre une petite quantité en

136 « kapoaka » de leurs produits. Mais la valorisation des « tsaina » a permis, aux paysans, de rencontrer leurs clients dans une distance raccourcie. Parmi les quatre marchés les plus stratégiques, celui de Tsiamlao ne reçoit pas le flux du café venant des paysans. Les transporteurs vont charger dans des camions, les produits collectés par les rabatteurs et les collecteurs de brousse à Ambararata, à Ambodimotso – Sud et surtout à Tavenina pour être évacués à la ville de Befandriana. Mais le circuit ne se borne pas seulement à ce niveau. C – Schéma représentant le circuit commercial de la vanille

Paysans-producteurs

Collecteurs de brousses Rabatteurs

Transporteurs Collecteur principal

Débouchés extérieurs

Circuit pour les rabatteurs Circuit pour les collecteurs de brousses Circuit direct : paysan – débouchés extérieurs Les produits arrivent jusqu’à Maevatanàna et à Mahajanga en passant par les Districts de la région de la Sofia ( Antsohihy, Port-Bergé, Mampikony). Après les années d’or du café en 1990 – 1995 où la demande connaissait une hausse considérable permettant aux prix d’atteindre le maximum, les paysans commencent à être découragés par la filière caféière. Actuellement, celle-ci n’a plus de valeur. Certains paysans ont abattu leurs plantations pour les remplacer par des vanilliers. Quant à la vanille, son flux commercial présente un organigramme plus réduit par rapport aux deux précédents. D’abord, la flèche à couleur rouge disparaît ; puis la case du marché rural et celle du marché urbain sont absentes. Tout cela signifie que les paysans ne

137 livrent plus leurs produits au collecteur principal. La vanille n’est pas une sorte des produits à vendre en plein marché en raison de sa valeur et de sa rareté. Les transactions se font juste au domicile des vendeurs. Les acheteurs, essentiellement, les rabatteurs et les collecteurs de brousses sont obligés de se renseigner pour trouver les quantités demandées. Souvent, les rabatteurs n’ont pas besoin des transporteurs pour évacuer leurs produits car ceux-ci ne présentent qu’une petite quantité même si l’on est avec des capitaux considérables. En outre, afin d’échapper à la ristourne à la Commune, ils préfèrent prendre une bicyclette ou une moto pour transporter leurs produits. La vanille d’Antsakabary et celle de Matsondakana sont, majoritairement, évacuées vers la région de S.A.V.A. Ce n’est qu’une faible quantité qui arrive à Befandriana. C’est surtout la vanille d’Ambararata qui remplit le quota des rabatteurs venant de la ville. A Befandriana, l’opération de la vanille est dominée par la Société Habibo et Compagnie. Elle trouve ses débouchés ailleurs jusqu’aux Comores. Les paysans peuvent amener directement leurs produits aux débouchés extérieurs dont les principaux partenaires sont des opérateurs économiques de la région de S.A.V.A. Les 80 % de la vanille de la région haute de Befandriana y sont évacuées. Ces trois types de produits qui sont commercialisés sont pris à titre d’exemple pour montrer que la ville de Befandriana est toujours au centre des flux commerciaux. Pourtant, pour le cas de la vanille ; celle-ci ne présente pas tellement son circuit dans la ville de Befandriana. Les ventes s’effectuent, pour la plupart, hors de ce District. La raison s’explique par l’insuffisance des capitaux destinés à échanger la valeur élevée de la vanille. Seule la Société Habibo peut en disposer d’une manière considérable. En outre, la question de distance oblige les habitants surtout de Matsondakana, à rejoindre la région de S.A.V.A. A ce point là, la ville de Befandriana ne retient pas, totalement, son rôle de centre des flux commerciaux. Il y a toujours des portions spatiales qui restent encore non influencées. Il faut attendre d’autres éléments pour que l’influence de la ville de Befandriana puisse couvrir, totalement, l’ensemble de l’espace. Pourtant, toutes ces cultures (le riz, le café, la vanille ), par le biais du commerce, contribuent beaucoup pour leur part dans l’économie régionale. Au point de vue de l’organisation spatiale, elles permettent, à la « région » de Befandriana, de s’articuler avec d’autres régions à Madagascar. Mis à part son rôle économique, la ville de Befandriana est un centre de divers services.

138 9 - 3 - Le rôle socio-politico-administratif de la ville de Befandriana :

9 - 3 – 1 – La ville de Befandriana : les infrastructures et équipements sociaux :

Par la fonction naturelle de la ville, elle est le centre de certaines décisions. Cette fonction est compensée par le rôle des différents services dans l’organisation de l’espace. Parmi les différents services, le rôle de l’enseignement et de la santé présente une grande influence sur cette organisation spatiale. La ville est dotée d’écoles publiques et privées. Depuis les classes primaires, bon nombre des parents préfèrent déjà envoyer leurs enfants en ville. Mais cela ne concerne que la population des régions environnantes plus proches de 3 à 6 km de rayon. Le nombre des intéressés ne cesse d’augmenter à partir des classes du C.E.G. (6ème- 3ème), en raison de trouver les meilleures conditions d’enseignement en ville. Dus au manque de lycée au niveau des Communes rurales, les élèves sont obligés de s’installer à Befandriana pour pouvoir continuer leurs études secondaires. Deux lycées, dont l’un est public et l’autre est privé, sont disponibles à Befandriana. Ils attirent, depuis longtemps, les élèves aussi bien à l’intérieur même dudit District qu’à l’extérieur, comme celui de Bealanana et d’Antsohihy. Le centre du baccalauréat présente, souvent, les meilleurs taux de réussite dans la Province de Mahajanga. La ville de Befandriana est alors très animée pendant la période scolaire. Ces lycées lancent leur pouvoir d’attrait dans toutes ces Communes rurales, mais par l’analyse des enquêtes relatives au pays d’origine des intellectuels de Befandriana, deux Communes telles que Ambolidibe –Est et Antsakanalabe semblent être écartées. Elles ne présentent qu’un faible nombre des intellectuels pour ne pas dire nul. Et même, selon la légende, un hameau dit Analanambe ( Antsakanalabe ) est interdit de la visite officielle des hauts fonctionnaires. A part les écoles, l’hôpital est un équipement social qui apporte, également, une influence sur l’organisation spatiale de la population. L’hôpital de Befandriana est considéré comme le premier centre de santé dans le District. Hors de la capacité des CSB2 des communes rurales, les malades sont évacués à Befandriana. La qualité de service y est plus assurée. Les dépôts de médicament se sont tous implantés à la ville. Les ruraux qui habitent dans les zones environnantes y arrivent

139 massivement pour la consultation journalière et pour l’accouchement. Aucune ambulance n’est utilisée pour amener les malades, même s’il y en a une. Le pouvoir attractif de cet hôpital est freiné par l’existence des postes sanitaires à Antsakabary, dans la région haute et par l’hôpital privé d’Ankazambo, dans la région basse. Et même, beaucoup de citadins vont se déplacer à Ankazambo pour gonfler le rang de la consultation. Au moins 100 malades par jour y arrivent pour arranger leurs carnets médicaux. Malgré la modestie des matériels, le médecin et ses assistants pratiquent toute sorte d’opération qui n’est jamais pratiquée à Befandriana, comme l’opération de l’appendicite et de l’hernie.

9 - 3 – 2 – La ville de Befandriana : centre des décisions politiques et administratives.

En tant que Chef-lieu de District, Befandriana est le centre de tous les bureaux administratifs (Service des impôts, Eaux et Forêts, perception, CISCO et surtout le bureau de District). Les ruraux montent à la ville pour régler leur papiers administratifs et ils participent beaucoup à l’animation de celle-ci. Le cas est très évident lors de la campagne du paiement des petits fonctionnaires et au moment de l’audience foraine organisée par les membres du tribunal de première instance de Mandritsara à Befandriana. Tous les bureaux des partis politiques siègent dans la Commune urbaine. Lors de la campagne électorale, la ville est aussi très animée par les flux des personnes qui soutiennent leurs candidats. Toutes les décisions partent de la ville vers la campagne. A travers toutes ces analyses précédentes du centre, la ville de Befandriana n’arrive à polariser son espace que sous un aspect partiel. La ville est encore faible en matière de la demande et de l’offre et ce problème est accentué par l’inaccessibilité des certaines zones. Une partie de la population de Matsondakana et celle d’Ambolidibe Est préfèrent partir vers les autres Districts plus proches que la ville de Befandriana. Son pouvoir attractif surtout l’ensemble spatial n’est prouvé que dans ses fonctions administratives dans la condition que la population est obligée de régulariser leurs papiers administratifs dans la circonscription où elle habite.

140

CONCLUSION

Le présent travail de recherche, étude régionale du district de Befandriana- Nord nous fournit, un peu, l’un des exemples d’étude des zones encore mal connues à Madagascar en matière de toute discipline de recherche. Localisé, géographiquement, entre la latitude 14° 39’- 15° 37’ Sud et la longitude 48° 2’- 49° 28’ Est, le district de Befandriana – Nord est une portion spatiale de la partie centrale du Nord de Madagascar, située dans la région du seuil d’Androna et appartenant à la région administrative de la Sofia. Le seuil d’Androna est un élément de relief formé, géologiquement, à partir du mouvement tectonique. Il correspond à la zone affaissée des Hautes Terres Centrales de Madagascar. Autrement dit, le niveau général d’altitude des Hautes Terres Centrales s’abaisse au niveau de ce seuil. Cet abaissement n’atteint jamais le niveau d’altitude des régions voisines c’est-à-dire la zone haute de Befandriana – Nord est moins élevée que les Hautes Terres Centrales de Madagascar et sa zone basse est plus élevée que la région Est et Nord- Ouest de l’île. L’altitude qui est considérée comme le centre de tous ces phénomènes, semble avoir un rôle important sur les conditions physiques de l’espace de Befandriana. Le premier élément physique conditionné, c’est le climat car il existe une relation étroite entre les deux. Avec les différences altitudinales, se forment des micro-régions climatiques. Ce n’est que la pénétration d’influences des climats de ces grandes régions. Autrement dit , l’espace de Befandriana- Nord est un terrain de mélange climatique des Haute Terres Centrales, de l’Est et du Nord-Ouest de Madagascar. Mais empêché par l’altitude, aucun de ces climats ne parvient à dominer entièrement, cet espace. C’est la raison pour laquelle l’ on peut dire que la région de Befandriana n’est qu’une région intermédiaire entre ces trois grandes régions déjà classées à Madagascar. Naturellement, la « région » de Befandriana est dotée, topographiquement, d’un double espace permettant de distinguer la « Zone haute » et la « Zone basse ». La présence de ces deux zones accentue la complexité spatiale. Les conditions naturelles sont diversifiées et l’espace devient hétérogène dans son ensemble. L’homogénéité spatiale n’est trouvée que dans la subdivision de ces deux zones topographiques permettant d’évoquer deux régions géographiques telles que la région haute et la région basse. Le climat, la végétation, le sol, le système hydrographique et surtout l’occupation du sol se différencient, de part et d’autre, dans ces deux régions.

141 A partir de l’analyse spatiale de Befandriana, on obtient, par conséquent, deux régions naturelles bien distinguées. Comme il existe une relation étroite entre les éléments naturels et les faits sociaux, le mode de vie, l’occupation du sol se manifestent, également, d’une manière différente au niveau de ces deux régions. Avec un taux de plus de 90%, Befandriana- Nord est le district qui abrite la plus forte proportion tsimihety à Madagascar. A cet effet, on peut dire que Befandriana est une région de la population tsimihety dont la civilisation est, originellement, marquée par la pratique simultanée de l’agriculture et l’élevage. Les cultures sont variées ; mais il existe celles qui semblent être plus importantes, et tiennent des rôles considérables au sein de la société. Le riz, cultivé depuis longtemps est, comme tous les Malgaches, l’aliment de base et est considéré comme monnaie d’échange et une source financière principale pour des produits agricoles dans la région basse. Par contre, dans la région haute, la population a bénéficié de cultures récemment pratiquées. Introduits, respectivement, en 1927 et en 1957, le café et la vanille sont des cultures qui ne se développent que dans la région haute dont le milieu est favorable. Ce sont des produits de rente qui apportent beaucoup de ressources financières pour les habitants de cette région. Tout cela signifie, dans la méthode d’analyse spatiale que Befandriana-Nord, en mettant à part les autres cultures, présente deux régions agricoles : la zone basse qui est la région rizicole et la zone haute, qui est le domaine de cultures de rente. Avec ces deux espaces, les paysans vivent dans deux mondes différents et pratiquent deux modes de vie différents. Dans la zone basse, l’économie paysanne est de subsistance et le pouvoir d’achat est faible. En revanche, dans la zone haute, cette économie s’est tournée vers le marché et le pouvoir d’achat s’est, progressivement, élevé. C’est pour cela que l’on observe des objets de valeur à Antsakabary comme les postes téléviseurs numériques ( Canal Satellite ), les V.T.T. ( Vélo Tout Terrain ), les groupe électrogène etc…. Quant à l’élevage, il est, essentiellement, dominé par celui des bovidés en raison de son rôle et de son importance au sein de la société. Le bœuf est nécessaire non seulement aux différents rites ; mais il constitue aussi une source financière non négligeable. La présence du marché de bovidés dans la commune urbaine de Befandriana- Nord lui procure une fonction économique. D’après les différents croquis figurés dans les pages 67 et 132, de la ville de Befandriana est considérée comme un centre ayant un rôle polarisateur. Les flux et les mouvements y convergent. Ainsi, pour des raisons commerciale, médicale, scolaire, politico -

142 administrative, les ruraux ainsi que des personnes venant de l’extérieur du territoire de Befandriana sont obligés de rejoindre la ville. Malgré la présence des marchés en milieu rural, toutes les transactions passent toujours par le milieu urbain avant de sortir vers les autres régions. A part sa fonction politico- administrative, la ville n’arrive à polariser qu’ une dimension partielle de l’espace. Il existe toujours des portions spatiales qui ne sont pas influencées. Cette situation s’explique par la question de distance et l’enclavement de ces zones par rapport à la ville. Il est préférable, pour la population de ces régions, de partir vers les districts voisins tels que Bealanana et Andapa. Les communes rurales d’Ambolidibe- Est et de Matsondakana sont les plus concernées par ce problème. Bref, du point de vue économique, la ville de Befandriana- Nord n’est pas capable d’influencer, entièrement, sa région. Il faut attendre son pouvoir politico – administratif pour que son influence puisse couvrir l’espace tout entier. La non homogénéité spatiale et l’incapacité de la ville à polariser, par ses rôles socio - économiques, sont, essentiellement, les résultats de la délimitation de la circonscription administrative du district de Befandriana- Nord. Cette délimitation ne tient pas compte de la limite géographique de la région. Par conséquent, certains éléments géographiques complexes qui semblent homogènes sont coupés par la frontière administrative ou, au contraire, des éléments hétérogènes ont été englobés dans un même espace déterminé. Tous ces phénomènes posent des difficultés pour l’aménagement de l’espace de Befandriana –Nord car les problèmes et les nécessités de la région haute, par exemple, ne seront pas les mêmes que ceux de la région basse. Ainsi, les mesures prises pour résoudre les contraintes issues de la vigueur du relief dans la première région ne seront pas les mêmes que celles prises pour traiter l’irrégularité du climat dans la région basse. En effet, peut apparaître et existe déjà le déséquilibre régional. Dans la région basse, qui est bien desservie, la population ne pratique, essentiellement, que les cultures de subsistance. En conséquence, l’économie rurale fournit une faible part régionale. Par contre, les cultures riches fleurissent dans la région haute ; alors que les produits sont, difficilement, évacués à cause du mauvais état ou de l’absence de pistes. En outre la distance lointaine de la Commune rurale de Matsondakana, par exemple, par rapport à la commune urbaine de Befandriana accentue le problème.

143 D’un point de vue positif, la possession de cette région peut être une source de développement car les variétés des conditions naturelles, en particulier dans le domaine climatique, permettent de pratiquer, simultanément, des cultures variées dans un même espace géographique. Ainsi, Befandriana – Nord pourrait devenir à la fois un foyer rizicole ou une région productrice des cultures rentières : café, vanille. Ces produits sont non seulement rentables pour la population locale mais ils ont aussi un rôle de créer un réseau qui, par le biais du commerce, relie la région de Befandriana aux autre régions . Depuis longtemps jusqu’à maintenant, les surfaces d’exploitation de ces cultures restent, malheureusement, toujours familiales et les techniques sont traditionnelles. Les travaux d’aménagement hydraulique sont encore insuffisants et l’encadrement agricole y est presqu’ absent. Par conséquent, toutes les productions semblent être peu importantes et surtout à l’échelle nationale. Befandriana – Nord est une unité spatiale qui appartient à la région administrative de la Sofia dont le problème majeur est lié au mauvais état de l’infrastructure routière. Ce genre de problème touche l’ensemble de l’île. Ainsi, Befandriana est enclavé, depuis le début des années 90, par le mauvais état de la R.N.6 ( Ambondromamy – Antsiranana ) pendant la période des pluies. A ce problème, s’ajoutent ceux qui sont dus aux querelles politiques entre les élus et les dirigeants locaux. Tout cela aux détriments du développement régionl. Les opérateurs économiques, nationaux ou étrangers, ne veulent pas y investir leurs capitaux. Et même, cette région ne bénéficie qu’une infime partie très peu des programmes gouvernementaux. Ainsi, la région de Sofia, en général, et le district de Befandriana – Nord, en particulier restent par exemple une zone de passage des touristes qui vont rejoindre la province d’Antsiranana. Comme les autres impacts du désintéressement des investisseurs dans cette région, il y a aussi le manque de système d’information viable et pérenne ainsi que d’établissements industriels et commerciaux. Befandriana ne dispose que d’une société commerciale importante, en l’occurrence celle de HABIBO et Compagnie. Aucune entreprise industrielle n’est implantée pour valoriser les produits disponibles sur les lieux qui sont consommés presqu’à l’état brut.

144 Dû également à ce manque d’établissements industriels et commerciaux, la population active est concentrée dans l’activité agricole. Il vaut mieux, pour les citadins, trouver des nouvelles spécialités artisanales, comme la maçonnerie, la charpenterie, les ouvrages métalliques…, mais les matériels sont encore rudimentaires. Par ailleurs les forêts qui fournissent les bois d’œuvre sont, fréquemment, ravagées par la forte exploitation et surtout le feu de brousse. Tout cela constitue des motifs de départ des gens vers d’autres régions avec comme idée en tête de trouver des travaux salariés d’où l’expression locale « handeha hitady » qui est très en vogue chez les jeunes. C’est l’une des raisons entraînant la dispersion fréquente des ethnies tsimihety à Madagascar.

145 TABLE DES MATIERES

DEDICACES ...... i REMERCIEMENTS...... ii RESUME...... iii SOMMAIRE...... iv CHAPITRE I : Les éléments déterminant la complexité physique de l’espace : ...... 10 1 -1 – La situation géographique de la région de Befandriana – Nord : ...... 10 1 - 1 – 1 – Zone affaissée ou seuil...... 11 1 - 1 – 2 – Zone continentale ou non littorale : ...... 12 1 - 2 – Le cadre général de la géologie : ...... 13 1 - 2 – 1 – Le socle ancien et l’espace de Befandriana : ...... 13 1 - 2 – 2 – Les surfaces d’aplanissement :...... 13 1 - 2 – 3 – Les roches du socle ancien :...... 14 1 - 3 – Les caractères morphologiques de l’espace de Befandriana – Nord : ...... 15 1 - 3 – 1 – Le profil général de l’espace de Befandriana : ...... 15 1 - 3 – 2 – Les différentes zones topographiques :...... 16 CHAPITRE II : Les impacts de la complexité physique de l’espace SUR les conditions naturelles ET L’ESPACE REGIONAL :...... 18 2 - 1 – La présence de deux régions topographiques : ...... 18 2 - 1 – 1 – La région basse : ...... 19 2 - 1 –2 – La région haute : ...... 19 2 - 2- Les différentes formations géologiques de la « région » de Befandriana : leurs caractères et leurs localisations : ...... 23 2 - 2 – 1 – Les roches métamorphiques :...... 23 2 - 2 – 2- Les roches ignées ( roches éruptives ) :...... 24 2 - 2 –3 – Les autres formations :...... 26 2 - 3 – Les sols, les végétations, les systèmes hydrographiques : leurs conditions dans l’espace globale de Befandriana-Nord ...... 26 2 - 3 – 1 – Les formations végétales : ...... 26 2- 3 – 2 – Les sols : ...... 33 2 - 3 – 3 – Le système hydrographique :...... 36

I CHAPITRE III : Le problème de la classification régionale de l’espace de Befandriana – Nord à partir de l’analyse des conditions climatiques : ...... 41 3 - 1 – Les conditions géographiques de l’espace de Befandriana et la circulation atmosphérique générale :...... 41 3 - 2 – Les percussions de ces conditions sur le rythme saisonnier des régimes pluvio- thermiques :...... 43 3 - 2 – 1 – Les régimes thermiques : ...... 43 3 - 2 – 2 – Le rythme saisonnier des précipitations :...... 45 3 - 3 – L’altitude et les influences climatiques des régions environnantes dans l’espace de Befandriana – Nord :...... 50 3 - 3 – 1 – L’influence et la limite de climat des Hautes Terres Centrales dans l’espace de Befandriana : ...... 51 3 - 3 – 2 – L’influence et la limite de climat du Nord-Ouest de Madagascar :...... 52 3 - 3 – 3 – L’influence et la limite de climat de l’Est malgache : ...... 52 CHAPITRE IV: Etude de la population :...... 58 4 - 1 – Processus historique du peuplement :...... 58 4 - 1 – 1 – Phases et motifs des migrations :...... 58 4 - 1 – 2 – L’expansion continue :...... 60 4 - 2 – L’évolution démographique et la répartition spatiale de la population de Befandriana – Nord :...... 60 4 - 2 – 1 – L’évolution démographique :...... 60 4 - 3 – Les mouvements de la population : ...... 66 4 - 3 – 1 – Les mouvements intérieurs : ...... 66 4 - 3 – 2 – Les mouvements extérieurs : ...... 68 CHAPITRE V : Les activités de la population : leur importance et leur rôle au sein de la société : ...... 72 5 - 1 – Les activités dominantes de la population : ...... 72 5 - 1 – 1 - Les pratiques agricoles : ...... 72 5 - 1 – 2 – L’élevage bovin : ...... 81 5 - 2 – Rôle et importance socio-économiques de l’élevage bovin :...... 82 5 - 2 – 1 - Les bœufs sont nécessaires aux différents rites et cérémonies traditionnels : ...... 82

II 5 - 2 – 2 – Les différentes destinations du cheptel bovin :...... 83 5 - 3 – Rôle et importance socio-économique de l’agriculture : ...... 84 5 - 3 – 1 – Les cultures vivrières :...... 84 5 - 3 – 2– Les cultures de rente : ...... 84 5 - 3 – 3 – Autres cultures : ...... 86 CHAPITRE VI : la répartition des activités dans l’espace de Befandriana : ...... 90 6 - 1 – Les facteurs de la répartition des activités dans l’espace :...... 90 6 - 2 – Les impacts de la répartition des activités sur le mode d’occupation du sol :...... 93 6 - 2 – 1 –Le site de Matsondakana :...... 94 6 –2 – 2- Le site de Tsiamalao : ...... 95 6 - 3 – L’espace et les limites des différentes régions agricoles : ...... 96 CHAPITRE VII : Les atouts et les contraintes au développement régional de Befandriana - Nord ...... 100 7 - 1 - Les potentialités naturelles et leurs conditions au développement régional...... 100 7 - 1 – 1 - Des conditions naturelles diversifiées et leurs impacts dans l’économie régionale...... 100 7 - 1 – 2 - L’importance des ressources naturelles et les problèmes rencontrés : .... 103 7 - 2 - Les œuvres positives au développement régional : ...... 107 7 - 2 – 1 - La réhabilitation des pistes et la création des barrages hydrauliques :...... 107 7 - 3 – Les rôles des marchés communaux et des grands opérateurs économiques dans le développement régional : ...... 111 CHAPITRE VIII : Les PETITS POLES DANS L’ORGANISATION SPATIALE ET LES ZONES NON INFLUENCEES ...... 115 8 - 1-Accent sur la notion de pôle ...... 115 8 - 2 – Les petits pôles et leurs zones d’influences :...... 116 8 - 2 – 1 – Le cas d’Antsakabary :...... 116 8 - 2 –2 – Les autres pôles : Ambararata, Tsiamalao, Ambodimotso –Sud...... 119 8 - 3- Les espaces non influencés :...... 120 CHAPITRE IX– L’influence de la ville de Befandriana sur sa région :...... 121 9 - 1 – Les marchés urbains et leur rôle dans l’organisation de l’espace :...... 121 9 - 1 - 1 – Le marché de divers produits : ...... 121 9 - 1 –2 – Le rôle et l’importance du marché des bovidés : ...... 123

III 9 - 2 – La ville de Befandriana : centre de distribution des produits finis et des flux commerciaux des produits agricoles...... 127 9 - 2 – 1 – Centre de distribution des produits finis :...... 127 9 - 2 – 2 – La ville de Befandriana : centre des flux commerciaux des produits agricoles...... 128 9 - 3 - Le rôle socio-politico-administratif de la ville de Befandriana :...... 139 9 - 3 – 1 – La ville de Befandriana : les infrastructures et équipements sociaux :.... 139 9 - 3 – 2 – La ville de Befandriana : centre des décisions politiques et administratives...... 140 TABLE DES MATIERES ...... I BIBLIOGRAPHIE...... V LISTE DES CARTES ...... XI LISTE DES CROQUIS...... XII LISTE DES FIGURES ET DES SCHEMAS...... XIII LISTE DES TABLEAUX ...... XV

IV BIBLIOGRAPHIE

I - OUVRAGES GENERAUX :

I – 1 –Histoire :

1•MOLET ( L ), 1959,. : « L’expansion tsimihety : modalités et motivations intérieures d’un groupe , ethnique du Nord de Madagascar » ; 196 p

2•MASSIOT ( M ), 1971, et préface de DESCHAMPS ( H ) : « L’administration publique à

Madagascar » ; Paris.472 p

3•RALAIMIHOATRA ( E ), 1962, : « Histoire de Madagascar » ; Tana, 320 p

I –2 – Géographie générale :

4•BASTIAN ( G ), 1955, : « Madagascar : Géographie physique, humaine, économique » Edition Ny Ravinala, 105 p

5•BATTISTINI ( R ), & HOERNER ( J.M. ), 1975, : « Géographie de Madagascar » Edicef/C.D.U. et SEDES, 187 p

6•BRUNET ( R ), 1962., : « Le croquis de géographie régionale et économique » Paris S.E.D.E.S,

7•CLAVAL ( P ), 1984., : « Géographie humaine et économique contemporaine » ; Edition P.U.F, 442 p

8•GAUTIER ( E, F ), 1902, : « Madagascar : essai de Géographie physique » Augustin Challamel, Librairie Maritime et Colonial, Paris, 428 p

9•HAGGETT ( P ), 1973, : « L’analyse spatiale en géographie humaine » ; Armand Collin – Collection U, 390 p

V 10•PETIT ( M ), 1998, : « Présentation physique de la Grande Ile de Madagascar » Copyright @, Foiben-Tsarintanin’i Madagasikara ( F.T.M. )

II – OUVRAGES GENERAUX AUX THEMES SPECIALISES :

II – 1 – Sur les éléments physiques :

11•BESAIRIE ( H ), 1962, : « Eléments de géologie malgache , 22 p

12•BESAIRIE ( H ), 1936, : « Recherches géologiques à Madagascar : la géologie du Nord Ouest » ; Mémoire de l’académie malgache, 259 p

13•BOURGEAT ( F ), 1972, : « Sol sur socle ancien à Madagascar » ; Mémoires O.R.S.T.O.M. n° 57 ; Paris, 310 p

14•BOURGEAT ( F ) et AUBERT ( G ), 1971, : « Les sols ferrallitiques à Madagascar » ; O.R.S.T.O.M, 32 p

15•BOURGEAT ( F ) et MICHEL ( P ), 1968, : « Caractères des surfaces d’aplanissement sur les Hautes Terres malgaches » ; 10 p

16• CHAPERON ( P ), DANLOUX ( J ), FERRY ( L ), 1993, : « Fleuves et Rivières de Madagascar », Edition de l’O.R.S.T.O.M. ; Paris, 873 p

17•CORNET ( A ), 1974, : « Essai de cartographie bioclimatique à Madagascar » Notice explicative ; O.R.S.T.O.M, 28 p

18• DONQUE ( G ), 1975, : « Contribution à l’étude du climat de Madagascar » Nouvelle imprimerie des Arts Graphiques, 478 p

19• DUFOURNET ( R ), 1972. : « Régimes Thermiques et Pluviométriques des différents domaines climatiques de Madagascar » Institut de Recherches Agronomiques Tropicales et des Cultures vivrières Tana,

20•LEMOINE ( P ), 1906., : «Etudes géologiques dans le Nord de Madagascar », 520 p

VI 21•LEMOINE ( P ) et JULIEN ( G ), Décembre 1906 – Mars 1907 : « Etat actuel de nos connaissances sur la géologie de Madagascar » ; Conférences sur Madagascar, 52 p

22•LENOBLE ( A ), 1940., : « Etude sur la géologie de Madagascar » ; Mémoire de l’Académie malgache ; Tana, 80 p

23•MORETTE ( A ), 1964, : « Précis d’hydrologie » ; MASSON et Compagnie ; Editeurs libraires de l’Académie de Médecine ; Paris

24•RAVET ( J ), Mars 1948 : « Atlas climatologique de Madagascar » ; Publication du service météorologique de Madagascar n° 10, 95 p

25•RIQUER ( J ) et MOUREAUX ( C ), Octobre – Novembre 1957 : « Les sols malgaches : pédologie et types principaux ».In Comptes rendus du troisième Congrès de l’Association Scientifique des Pays de l’Océan de l’Indien ; Tananarive – Madagascar, 200 p

26• RŒDERER, 1971, : « Les sols de Madagascar » ; ORSTOM, 56 p

27•ROSSI ( G ) et DONQUE ( G ), 1978 , : « Importance, causes et conséquences de la crise morphoclimatique actuelle à Madagascar ». in Bulletin de l’académie malgache, 148 p

II – 2 – Sur les éléments humains

28•Actes de l’Atelier EPB – BEMA, 2001, : « culture sur brûlis vers l’application des résultats de recherche », 26 au 28 Mars, Antananarivo, 120 p

« Progrès agricoles en relation avec les résultats de la recherche agronomique pour quelques cultures et pour les plantes vivrières », 187 p

29•DELPON ( J ) : « L’agriculture à Madagascar : les principales productions », 379 p

30•DESJEUX (D), Septembre 1972. : «Le Fanjakana , le paysan et le riz », Une organisation de développement agricole à Madagascar, G.O.P.R. ( Groupement Opération Productivité Rizicole ), 100 p

31•CHANTRAN ( P ), 1972. : « La vulgarisation agricole en Afrique et à Madagascar » G. P. MAISONNEUVE , LAROSE, 277 p

VII 32•FRAPPA ( C ), 1928, : « Note sur un ennemi redoutable des plantations de canne à sucre, de riz et de maïs à Madagascar » ; Edition PUF, 4 p

33• LAULANIE, 1997, : « Les fondements scientifiques du système de riziculture intensive ». inBulletin de l’Académie Nationale des Arts, des Lettres et des Sciences ; Nouvelle Série – Tome LXXIII / 1- 2 ; Antananarivo,

34•MINELLE ( J ) : « L’agriculture à Madagascar », 379 p

35•Ministère de l’Agriculture, de l’Expansion Rurale et du Ravitaillement : « Les grandes opérations du programme 1968-1969 ».

36•Ministère de la Production agricole et de Patrimoine foncier, 1988., : « L’agriculture malgache : caractéristique et tendance », 59 p

37•RAKOTONAIVO ( H. L.), Mai 1999 : « L'agro-alimentaire à Madagascar » ; Antananarivo, 67 p

38•RAKOTONIRINA ( G ) : « La dynamique du crédit agricole dans les spéculations paysannes » ; Mémoire de fin d’études présenté et soutenu le 24 Juin 1970, 390 p

39•RAISON ( J. P.), RABEARIMANANA ( G ), RAMAMONJISOA ( J ), RAKOTO, 1994 : « Paysanneries Malgaches dans la crise »,Editions KARTHALA 22-24 Boulevard Arago 75013 Paris 385 p

40•RAMIARANTSOA ( H ), 1994, : « Paysanneries malgaches dans la crise », Editions KARTHALA 22-24 , Paris.

41•ROUVEYLAN ( J. C. ), Octobre 1971. : « La logique des systèmes agricoles de transition : cas des sociétés paysannes malgaches » ; Thèse pour le Doctorat ès Sciences économiques, 330 p

42• ROUVERAN ( J. C. ) et DUFOURNET ( R ), 1972 : « Analyse statistique de la dynamique de la pratique de la riziculture améliorée dans l’URER( Unité Régionale d’Expansion Rurale) » In Bulletin de l’académie malgache Imprimerie Nationale, Tananarive.

VIII

43•Service de la Statistique Agricole : « L’agriculture en 1980 et sa situation au seuil de

1982 », 252 p

44•SOURDAT ( M ), 1997, : « Valeur des terres et avenir agricole de Madagascar ». in Bulletin de l’Académie Nationale des Arts, des Lettres et des Sciences ; Nouvelle Série – Tome LXXIII / 1- 2 ; Antananarivo, 246 p

45•VERDIER ( J ) & MILLO ( J. L.), 1992. : « Maintenance des périmètres irrigués », Editions du Ministère de la Coopération et du Développement

II – 3 - Sur les éléments mixtes :

46•ANGLADETTE ( A ), Octobre – Novembre 1957 : « Caractéristiques générales de la riziculture aquatique dans les pays de l’océan indien ». In Comptes rendus du IIIème Congrès de l’Association Scientifique des Pays de l’Océan Indien ; Tana- Madagascar

47•DUFOURNET, Octobre – Novembre 1957 : « Influence du milieu sur la production du riz à Madagascar ». In Comptes rendus du IIIème Congrès de l’Association Scientifique des Pays de l’Océan Indien ; Tana- Madagascar

48• GROUZIS ( M ) et MILLEVILLE : « Modèle d’analyse de la dynamique des systèmes agro-écologiques ». In Actes de l’Atelier CNRE – IRD Antananarivo 8 – 10 Novembre 1999. : « Sociétés paysannes, transitions agraires et dynamiques écologiques dans le Sud Ouest de Madagascar »

49•Rapport de l’Atelier, 1998 : « Aménagement et Gestion participative des forêts » ; Antananarivo 14, 15, 16 Octobre.

50•RAZANAKA ( S ), RAZAFINDRANDIMBY ( J ), RANAIVO ( J ) : « Un problème environnemental : la déforestation ». In Actes de l’Atelier CNRE – IRD Antananarivo 8 – 10 Novembre 1999. : « Sociétés paysannes, transitions agraires et dynamiques écologiques dans le Sud Ouest de Madagascar »

IX

51•ROCHE ( P ), RIQUIER ( J ), MOUREAUX ( C ), DIDIER DE SAINT AMAND : « Les sols à riz et leurs problèmes à Madagascar ». In Comptes rendus du IIIème Congrès de l’Association Scientifique des Pays de l’Océan Indien ; Tana- Madagascar Octobre – Novembre 1957 ; Tana- Madagascar Octobre – Novembre 1957, 209 p

III – OUVRAGES SPECIALISES :

52•Centre Technique Forestier Tropical Madagascar, 1971, : « Erosion, ruissellement et bilan de l’eau à Befandriana », 58 p

53•Direction Régionale de l’Agriculture d’Antsohihy : « Monographie de la Sofia » ; 2001 « Monographie de la Sofia » ; 2003.

54•Service Régional du Plan de Mahajanga : « Brochure socio-économique régionale du Fivondronampokontany » ; Befandriana –Nord ; Avril 1989.

55•ROUVEYLAN ( J.C.) : « La logique des systèmes agricoles de transition » sur le questionnaire adapté aux exploitations paysannes malgaches et application à une exploitation du pays tsimihety ( cas d’Andranomanintsy : Befandriana – Nord ).

56•Service de Politique Générale et de Méthodologie de Planification, 2001, : « Inventaire des Fivondronana : cas de Befandriana – Nord »..

X LISTE DES CARTES

1 La localisation de Befandriana-Nord par rapport à l’ensemble de l’île ……..2 2 La localisation de Befandriana-Nord par rapport à l’ensemble de la région...4 3 Les reliefs…………………………………………………………………….22 4 La géologie…………………………………………………………………...25 5 La pédologie………………………………………………………………….35 6 Le système hydrographique………………………………………………….38 7 La répartition de la population……………………………………………….65 8 Les voies de communication…………………………………………………109

XI LISTE DES CROQUIS

1 La localisation de la « région » Befandriana-Nord selon les coordonées géographiques……………………………………………………………….10 2 Le seuil d’Androna………………………………………………………….11 3 La localisation et les mouvements de l’air………………………………….42 4 Les influences climatiques………………………………………………….54 5 Les mouvements de la population………………………………………….67 6 La répartition agricole……………………………………………………....98 7 Les zones influencées par les petits pôles…………………………………118 8 Les zones de capacité de la ville en matière de la distribution directe des produits……………………………………………………………………129 9 Les flux commerciaux du riz à Befandriana-Nord………………………..132

XII LISTE DES FIGURES ET DES SCHEMAS

° 1 Profil Nord-Est-Sud-Ouest de l’espace de Befandriana-Nord………………. 15 2 Figure : symbole représentant les deux régions topographiques dans l’espace global……………………………………………………………….. 18 3 Profil représentant la corrélation entre les formations végétales et les reliefs dans la région basse…………………………………………………………. 29 4 Profil représentant la corrélation entre les formations végétales et les reliefs dans la région haute…………………………………………………………. 31 5 Figure : Courbe pluviométrique……………………………………………... 46 6 Diagramme représentant les moyennes du jour des pluies pendant la période 1988-2005…………………………………………………………………… 47 7 Figure : Représentation des auréoles de la mise en valeur du sol autour du village de Matsondakana……………………………………………………. 94 8 Figure : Représentation du mode de l’utilisation d’espace à Tsiamalao…….. 95 9 Schémas : -Représentation du circuit commercial du riz……………………………… 130 - Représentation du circuit commercial du café……………………………. 136 - Représentation du circuit commercial de la vanille……………………….. 137 10 Courbe représentant les flux commerciaux du riz vers l’extérieur de Befandriana-Nord…………………………………………………………… 133

XIII LISTE DES CLICHES

° 1 Cliché N°01 : Extrait de l’escarpement qui sépare les deux régions (La région haute et la région basse)…………………………………………… 17 2 Cliché n°02 : Les différents types de dômes dans les plateaux d’Antsakabary………………………………………………………………… 20

3 Cliché n°03 : La végétation et le plateau de Matsondakana………………... 30

4 Cliché n°04 : Les forets localisées au pied ou au flanc de haute colline dans la région d’Ankiakabe (Matsondakana)…………………………………. 32

5 Cliché n°05 : Les cours d’eau ………………………………………………. 39

6 Cliché n°06 : Le contraste entre deux régions (région haute et région basse) est très évident au point de vue de l’état des rizières après la récolte. Celles-ci sont toujours vertes même après la récolte dans la région de Matsondakana (cliché 6-b)……………………………………………………………………………… 73

7 Cliché n°07 : Les milieux écologiques de culture caféière et les cultures associées………………………………………………………………………… 76 8 Cliché n°08 : Les plantes vanillières au milieu forestier…………………… 78 9 Cliché n°09 : Champ d’exploitation familiale sur le sol de « baiboho » localisé sur la rive de Sofia (Sinjabe)………………………………………...... 88 10 Cliché n° 10: "Sabotsibe" pendant le jour du marché…………………………... 124

XIV LISTE DES TABLEAUX

Tableau n°01 : Quelques comparaisons altitudinales des régions des H.T.C. et celles de Befandriana – Nord...... 12 Tableau n°02 : Les superficies de la couverture forestière dans chaque Commune de Befandriana...... 27 Tableau n°03 : Quelques exemples du régime hydrologique de la région basse concernant l’étude des crues...... 37 Tableau n°04 : Les données thermiques des stations de Befandriana et de Manandriana..... 44 Tableau n°05 : Les données pluviométriques des stations de Befandriana et de Manandriana...... 45 Tableau n° 06 : L’illustration des dates des premières et des dernières tombées des pluies estivales dans la station de Befandriana dans les cinq dernières années...... 46 Tableau n°07 : La comparaison de la moyenne annuelle de pluviométrie des trois stations. 49 Tableau n°08 : Quelques renseignements sur le rapport entre l’altitude, la température et la précipitation moyenne annuelle...... 51 Tableau n°09 : Récapitulation des influences climatiques :...... 53 Tableau n°10 : La répartition des Tsimihety dans les Provinces de l’île :...... 58 Tableau n°11 : La répartition des Tsimihety dans les Districts de la région de Sofia : ...... 58 Tableau n°12 : Evolution de l’effectif de la population...... 61 Tableau n°13 : L’évolution des taux de natalité, de morbidité, de mortalité :...... 61 Tableau n° 14 : La répartition par Commune de la population de Befandriana – Nord : ...... 63 Tableau n° 15: Les ethnies représentées à Befandriana – Nord :...... 69 Tableau n° 16: Les superficies cultivées en riz par type de riziculture à Befandriana...... 72 Tableau n°17: La répartition des cultures vanillières dans la Commune d’Antsakabary...... 80 Tableau n° 18: Evolution des prix de la vanille de 1995 à 2003 à Matsondakana...... 85 Tableau n° 19: La superficie de raphia en hectare dans chaque Commune de Befandriana – Nord ( 2004 )...... 86 Tableau n° 20: La répartition des surfaces cultivées de quelques cultures...... 90 Tableau n° 21: Evolution de la superficie de la couverture forestière dans le District de Befandriana ...... 103

XV Tableau n° 22: Le tonnage de production de la chromite à Zafindravoay selon les types de produits...... 106 Tableau n° 23: Les barrages hydrauliques effectués à Befandriana - Nord...... 108 Tableau n° 24: Les principales routes à Befandriana – Nord...... 110 Tableau n° 25: Les différents produits disponibles au marché...... 112 Tableau n° 26: Relation entre les distances et les produits à vendre...... 122 Tableau n° 27: L’origine et les destinations des bœufs à vendre à Sabotsibe...... 123 Tableau n° 28: Représentation des ventes des produits rizicoles vers à l’extérieur de Befandriana...... 131

XVI

LES ANNEXES

ANNEXE I LEXIQUES Amphiboles : Les amphiboles constituent une famille de minéraux en prisme plus ou moins allongés, en aiguilles ou en fibres, à section transversale losangique, à angle tronqués montrant deux clivages à 124°. Apatite : C’est un minéral accessoire, en petits cristaux, souvent pyramidés des roches riches en Ca (carbonatites, calcaires métamorphiques ) et des roches magmatiques calcaires (granites, syénites, pegmatites et laves équivalentes ). Aquifère : corps, couche ou massif de roche perméable comportant une zone saturée et suffisamment conducteur d’eau pour permettre la mise en réserve et l’écoulement d’une nappe souterraine. Un aquifère peut être mono couche, bicouche, multicouche, continu, compartimenté, libre ou captif. Arrière-pays : Espace dans lequel s’effectuent la collecte et la diffusion des marchandises traitées par un port maritime. Biotite : correspond au mica noir. Cipolin : Calcaire métamorphique à minces veines de serpentine favorisant un débit en fines pelures. Au sens large, c’est une roche métamorphique calcaire ( calcaire cristallin ) formée de cristaux de calcite enchevêtrés, à cassure saccharoïde, donnant souvent de beaux marbres. Crétacé : Dernière période de l’ère secondaire. On la divise généralement en crétacé inférieur et crétacé supérieur. La limite étant située entre l’Albien et Cénomanien. Débit : Volume d’eau qui s’écoule en une seconde par un cours d’eau en un point de son cours. Débit spécifique maximal :--,,-- de l’année : débit quotidien dépassé 10 fois dans l’année Débit moyen caractéristique : débit de 6 mois est dépassé 6 mois par an. Feldspath : Ce sont des minéraux essentiels de la plupart des roches magmatiques et de certaines roches métamorphiques. Ils se présentent en plaquettes ou en prismes, parfois de plusieurs centimètre, transparents ou blanchâtre, souvent grisâtres, parfois colorés en rose ou en vert ou en noir ( faciès malgachitique ). Gley : Horizon d’un sol lié à la présence d’une nappe d’eau stagnante et caractérisé par des teintes grisâtres, bleuâtres ou verdâtres dues à la présence de fer réduit. Granites monzonitiques : Ils se caractérisent par un pourcentage d’orthose* égal à celui des plagioclases*( oligoclase souvent de teintes rosées ou bleutées ). Ils sont souvent assez riches en biotite. Chimiquement, ils sont plus riches en Ca, Fe, et Mg que les granites au sens strict.

Granitoïdes : terme désignant l’ensemble des granites, des granites monzonitiques et des granodiorites. Hornblende : Amphibole calcique, brune ou verte, très commune, comportant de nombreuses variétés. Hypersthène : Variétés d’orthopyroxène. Latérite : Terme désignant divers types de sols tropicaux rouges ferrugineux et durcis (notamment des sols ferrallitiques ) Leucocrate : s’applique aux roches magmatiques riches en minéraux dits « blancs » ; c’est-à-dire en quartz et/ou feldspathoïdes, mais qui ne sont d’ailleurs pas nécessairement blanches ou claires. Meso : au milieu de, moyen. Mésocrate : s’applique aux roches magmatiques contenant des pourcentages voisins des minéraux blancs ( quartz, feldspaths ) et noirs ( minéraux ferromagnésiens ). Mica : Phyllosilicate composé de feuillets élémentaires, épais de 0,1 nm comportant deux couches de tétraèdres, avec substitution partielle de Si par Al, encadrant une couche d’octaèdres. Les feuillets sont unis entre eux par des cations K, Na, Fe, Mg. Les micas sont du système monoclinique pseudohexagonal. Ils forment une famille de minéraux en prisme aplati, à clivage (001 ) parfait à débit en minces lamelle flexibles et élastique. Migmatites : Ensemble qui, à l’échelle de l’effleurement et non du petit échantillon isolé, est un mélange de roches de types granite et gneiss. Celui-ci en gneiss, à grain grossier et à foliation souvent peu marqué ou confuse avec quartz, microcline et oligoclase, nyrmékites fréquents. Oligoclase : Variété de feldspath plagioclase. Orthose : Feldspath monoclinique très courant dans les granites. Pénéplaine : Plaine presque sans relief saillants où la différence d’altitude entre vallées et interfluves est très faible avec des pentes infimes. Une pénéplaine comporte des reliefs résiduels qui ont échappé à l’aplanissement et qui constituent des témoins d’érosion. Plagioclase : Variété de feldspath sodicalcique. Pyroxenite : Roche métamorphique rare, essentiellement composée de pyroxène ( inosilicate) en chaîne simple, ferromagnésien avec, en proportions variables Ca Na du système orthorhombique (orthopyroxène ) ou monoclinique ( clinopyroxène ). C’est une famille complexe de minéraux, en prismes plus ou moins allongés, à section rectangulaire à angles tronqués montrant en général deux clivages presque ortogonaux, rarement fibreux, à couleur noire à éclat métallique, parfois verte, violacée, grise. Stratoïde : qui présente l’allure d’une couche. Terroir : - une unité physique considérée sous le rapport de l’agriculture

Tertiaire : Ere géologique ayant duré de 65 Million d’années à 1,8 Million d’années. Elle est le plus souvent rangée avec le Quaternaire dans le Cénozoïque. Wernerite : Correspond à scapolite ( tectosilicate du système quadratique en baguettes priomatiques bipyramidées ).

ANNEXE II ABREVIATIONS ET GLOSSAIRES

Abréviations C.R. : Commune Rurale C.U.: Commune Urbaine H.T.C.: Hautes Terres Centrales I.R.A.T.: Institut des Recherches Agronomiques Tropicales et des cultures vivrières P.P.N.: Produits de Premières Nécessités R.I.P.: Route d’Intérêt Provincial R.N.: Route Nationale R.N.C.: Route Non Classée

Glossaires Betsa : Une sorte d’alcool artisanal dont les ingrédients sont les éléments sucrés pouvant être d’origine fruitière ou de la canne ou du sucre industriel etc…, et des produits végétaux spéciaux (écorces ou racines selon l’espèce employée). Bitsy : Appellation locale de l’ethnie betsileo. Daba : Une sorte de bidon d’huile qui peut contenir 25 à 30litres d’huile. Ce bidon est utilisé par les paysans, depuis longtemps, pour un instrument de mesure des quantités du paddy. Eriky : La tombée de pluies presque sans interruption, jour et nuit, pendant 4 jours à une semaine. Ce terme est différent de « Erika » employé par les habitants des H.T.C. de Madagascar, signifiant les crachins d’hiver. Fandrik’agnambo : Parfois, la rizière n’a aucun canal d’irrigation. Il suffit de se contenter à la tombée de pluies pour l’inonder la . Harogno : Une sorte de panier en forme ronde fabriquée en jeunes feuilles de raphia. Kahie telo ( trois cahiers) : Les cahiers de charge des bovidés sont, pour éviter les fraudes, au nombre trois dont l’un est à la main de propriétaire, l’autre est au Président du quartier et le dernier reste l’archive administrative de la Mairie. Matrangy : les restes des riz coupés dans la rizière lors de la moisson. Mantseko ou toaka gasy : Une sorte d’alcool artisanal fabriqué à partir du jus de canne à sucre mélangé de l’écorce ou de la racine végétale.

Tetikiala : vient du mot tetiky (coupe) et ala ( forêt ) ; c’est-à-dire coupe de forêt. Pour pratiquer la riziculture au milieu forestier, il faut abattre les arbres et les arbustes. Riziculture de « tetikiala » signifie riziculture sur brûlis. Tsaina ( tsena ) : Pour Tsimihety, ce terme désigne uniquement le marché. Vanintraňo : Ce sont des terrains non-magnifiques autour de l’habitat car ce sont des lieux où les ordures ménagères se jètent.

ANNEXE III TABLEAU : L’illustration des nombres du jour de pluies mensuelles par an depuis l’année 1988 jusqu’à 2005. Années MOIS J F M A M J J A S O N D 1988 31 24 06 02 04 - - - 01 02 06 12 1989 1989 14 24 14 06 - - - - 01 03 06 12 1990 1990 15 25 21 11 10 - - - - 02 13 10 1991 1991 29 28 09 02 - - - - - 02 09 19 1992 1992 22 19 16 03 01 01 - - - - 06 03 1993 1993 24 24 21 06 02 - - - - 01 06 10 1994 1994 26 21 14 08 - 01 - - - 06 02 08 1995 1995 25 14 19 01 - - - - - 02 05 26 1996 1996 23 26 08 04 01 - - - - 02 02 22 1997 1997 15 12 10 12 - - - 01 01 01 02 05 1998 1998 19 17 ------02 11 1999 1999 09 10 04 01 ------02 07 2000 2000 24 19 12 ------08 14 2001 2001 16 21 18 02 - - - - - 01 03 17 2002 2002 26 26 10 - - - - - 01 02 02 17 2003 2003 24 14 18 02 - - - - 01 02 04 17 2004 2004 14 14 14 06 - - - - - 02 03 21 2005

Source: Service Agriculture de Befandriana – Nord.