DEPARTEMENTD'HISTOIRE ET DE SCIENCES POLITIQUES

Faculte des lettres et sciences humaines

Université de Sherbrooke

LA DYNAMIQUE DES ÉLECTIONS FÉDERALES DANS

LES CANTONS DE L'EST, DU POINT DE VUE DE

LA CLIENTÈLE ÉLECTORALE, ENTRE 1979 ET 1997

Mémoire présenté pour l'obtention de la maîtrise en histoire

Marc Nadeau . . , .

SHERBROOKE

Mai 1999 Natianal Library Bibüotheque nationaie du Canada Acquisitions and Acquisitions el Bibliographie Services senrices bibliographiques

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Département d'histoire et de sciences politiques

LA DYNAMIQUE DES €LECTIONS FEDERALES DANS

LES CANTONS DE L'EST, DU POINT DE VUE DE

LA CLIENT&LE ÉLECTORALE, ENTRE 1979 ET 1997

par Marc Nadeau

Composition du jury

M. Jean-Heman Guay, directeur

M. Gilles Vandal, lecteur

M. Pierre Binette, lecteur Résumé du mémoire de maîtrise intitulé : LA DYNAMIQUE DES ÉLECTIONS FEDERALES DANS LES CANTONS DE L'EST, DU POINT DE VUE DE LA CLIENTELE ÉLECTORALE, ENTRE 1979 ET 1997, par Marc Nadeau

Étudier les Cantons de l'Est Ct travers les élections fédérales s'avére très intéressant. Nous avions d'abord entrepris d'étudier la clientéle électorale des progressistes-conservateurs entre 1979 et 1997. Plusieurs interactions existent entre les partis fédéraux, leurs vis-&vis provinciaux ainsi que les différents aspects socio-économiques de la population.

Aux élections fédérales du 22 mai 1979, le Parti québécois de René LBvesque accorde son appui au Crédit Social qui est alors dirigé par Fabien Roy. Parallélement, le soutien accordé au Parti progressiste-conservateur à cette occasion est inexistant, sauf au sein de la population anglophone. Pour ce qui est des libéraux fédéraux, ils sont sur le haut du pavé politique dans la région.

Aux élections suivantes, qui ont lieu le 18 février 1980, le PQ a d'autres chats a fouetter. L'approche du référendum y est pour quelque chose. De même, le Crédit Social est alors en chute libre à ce moment. De plus, le soutien des fédéralistes de la région est alors principalement accordé au Parti libéral fédéral et le Parti progressiste-conservateur est dans une position minoritaire.

Le 4 septembre 1984, le PC de Brian Mulroney jouit de l'appui tant des forces pdquistes, qui entrent dans le abeau risque», que du PLQ. Le soir des élections, le PC remporte trois circonscriptions de la région, sauf Richmond-Wolfe et Shefford. Celles-ci demeurent avec le Parti libéral fédéral. On note alors un net recul de cette formation dans les Cantons de l'Est.

II en est ainsi lors des élections suivantes, qui ont lieu le 21 novembre 1988. Les instances du PQ et du PLQ voient d'un bon oeil l'entrée en vigueur de l'accord de libre-échange. Pour ce qui est du Parti libéral fédéral, il ne conserve que Shefford. La bonne fortune électorale du PC ne durera pas.

Lors des élections du 25 octobre 1993, les assises du Parti progressiste- conservateur s'effondrent. Les forces fédéralistes se regroupent à cette occasion derrière les libéraux fédéraux. Quant aux souverainistes, ils se rangent évidemment sous le drapeau du Bloc, qui triomphe partout dans la région.

Lors de l'élection du 2 juin 1997, les Cantons de l'Est empruntent un parcours particulier, en envoyant quatre députés du Parti progressiste-conservateur à Ottawa. Durant la campagne de 1997, les forces péquistes et la majorité des électeurs francophones soutiennent celles du Bloc. Les bloquistes sont néanmoins rayés de la carte, alors que les libéraux conservent Brome- Missisquoi. Remerciements

Le processus entourant un projet de maîtrise est un tavail d'envergure, qui necessite beaucoup de temps, d'energie et surtout de patience. Nul ne peut y arriver s'il ne ben6ficie pas d'Mments très favorables tels : des amis comprehensifs et un directeur g6nereux.

Je tiens par consdquent à adresser des remerciements sincdres et particuliers au professeur Jean-Hennan Guay, pour sa patience, ses conseils et son accompagnement durant les deux dernieres annees. D'entrée de jeu, je tiens à fdliciter Marc Nadeau pour la rdalisation de ce memoire de maîtrise. Ce document n'est pas facile d'accds, je dirais même que c'est une lecture qui est plus souvent qu'autrement aride. Cependant, cela n'enleve rien à la pertinence de l'objet d'dtude.

Depassant les seuls critdres evdnementiels et idio-syncratiques dans lesquels il est souvent facile et simple de basculer, Marc Nadeau a utilise une m6thodolgie qui, malgrd ses faiblesses, permet d'evaluer les tendances structurelles des comprotements dlectoraux d'une communautb d6terminde. Et c'est 18 tout son mdrite.

Pour réaliser ce projet, il a dtd necessaire et béndfique d'utiliser les outils les ptus approprids a l'analyse d'agrdgats ou u écologique » d'un phdnorndtne comme les dlections fdderales dans les Cantons de l'Est. En d'autres termes, ce memoire est sophistiqu4 et de là, vient le caractdre peu accessible de cette lecture.

Finalement, je tiens A feliciter Marc Nadeau pour la rigueur dont il a fait preuve. Malgr6 les divergences politiques qui nous separent, cet dtudiant a su faire preuve d'une grande objectivitd et d'une mdticuleuse prdcision, tout au long de la redaction de ce memoire.

Jean-Hennan Guay Professeur titulaire en sciences politiques à IrUnivenitd de Sherbrooke 4 Table des matibres

Introduction :...... p . 5

Chapitre un : Declin du Crédit Social et consolidation du vote en faveur des libéraux féddraux ...... p. 20

Chapitre deux : La volatilith des assises 6lectorales du PC et du PLC dans les Cantons de l'Est en 1984 et en A988 ...... p. 71

Chapitre trois : Polarisation du vote fedhraliste et souverainiste et renaissance du Parti progressisteconservateurdans les Cantons de l'Est ...... p . 118

Conclusion :...... p. 173

Bibliographie : ...... p. 180

Annexe I : Table des graphiques ...... p. 189

Annexe It : RBsultats 6lectoraux dans les Cantons de l'Est (19744997)..... p. 193

Annexe III :Cartes Blectorales...... p. 195 5 Introduction

Une soirée électorale n'aurait pratiquement aucun intérêt si elle n'offrait aucune analyse propice à nous informer sur les motifs, griefs et intentions sur lesquelles reposent tantôt la continuité, tantbt la rupture électorale des partis et des hommes qui en sont membres. Une chose demeure cependant certaine. Après les émotions et les premiéres réactions, les résultats électoraux nous renvoient à une lecture plus poussée qui a pour objectif de comprendre d'où provient le vote accordé a telle ou telle formation politique sur une période donnée.

tes Cantons de l'Est offrent plusieurs aspects intéressants a travers le prisme de l'histoire politique. Nous avions d'abord entrepris d'étudier la clientéle électorale des progressistes-conservateurs entre 1979 et 1997. Or, à l'intérieur de ce cheminement, nous avons découvert qu'il est difficile d'étudier une seule formation politique sans considérer celles qui lui font concurrence. If y a plusieurs interactions entre les partis fédéraux, leurs vis-à-vis provinciaux ainsi que les différents aspects socio-économiques de la population. Nous avons ainsi pris la décision d'étendre notre objet d'étude pour lui donner un rayonnement qui soit à la hauteur des riches

événements politiques qui glanent les pages de i'histoire des Cantons de l'Est.

C'est dans cette perspective que l'étude des élections fédérales dans les Cantons de l'Est entre 1979 et 1997 présente un intérêt particulier. Dans un premier temps, il est intéressant de porter attention A la présence des créditistes dans la région puisque ceux-ci ont été, l'espace de quelques années, aux premières loges de la vie 6 politique régionale. Entre 1974 et 1979, cette formation est cependant en déclin.

Pour leur part, les libéraux fédéraux, à partir de 1974, ont connu une progression constante jusqu'en 1980. A partir des élections du 4 septembre 1984, le PLC est en constant déclin dans la région. L'exception A cette règle demeure Brome-Missisquoi, qui retourne aux libéraux fédéraux dès 1995 A la faveur d'une élection partielle.

Viennent enfin les progressistesçonservateurs. Mise a part la présence de Heward

Grafftey dans Brome-Missisquoi, le parti est dans un état léthargique depuis ta première vague créditiste de 1962. Les progressistes-conservateurs doivent ainsi attendre les lendemains du référendum de 1980, soit l'élection du 4 septembre

1984, pour obtenir la faveur populaire d'une partie significative des électeurs des

Cantons de I'Est. Après la débâcle de 1993, ils sont rescapés par Jean Charest qui les conduit à l'éclatant succés de 1997.

A la lumibre de l'évolution des différentes clientèles électorales, plusieurs questions

surgissent et donnent naissance a une hypothèse. Celle-ci propose que les Cantons

de I'Est ne sont attachés à aucune formation politique particulière mais que leur

allégeance varie selon les périodes et les cycles qui animent la vie politique

régionale, québécoise et canadienne. Au niveau électoral, les Cantons de I'Est

présentent également des éléments de particularité qui sont intéressants à noter et à

étudier.

Afin de répondre à cette hypothèse, nous devons observer non seulement les

résultats obtenus par les différents partis fédéraux mais nous devons également

faire appel à une seconde piste, celle des résultats glanés par les partis provinciaux 7 depuis l'élection de 1976. Par conséquent, nous tenterons de dresser des corollaires entre le vote accordé aux formations provinciales ( (1976), Parti libéral du Québec et Parti québécois) et le soutien populaire dont ont bénéficie le

Parti progressiste-conservateur et le Parti libéral fédéral entre 1979 et 1997. Notons finalement que le vote accord6 aux différentes options lors des référendums de

1980, 1992 et 1995 seront aussi mis à profit.

II nous sera donc permis de constater dans quelle mesure l'Union nationale, le Parti libéral québécois et le Parti québécois ont soutenu le Parti progressiste-consewateur entre 1979 et 1997. Nous aurons aussi l'occasion de vérifier 11étanch6it6 des rapports entre les libéraux féûbraux et les libéraux provinciaux durant cette période.

De même, parce que la région a souscrit au succès électoral du Crédit Social d'abord et du Bloc québécois ensuite, nous serons en mesure d'établir dans quelle mesure le Parti québécois a participe a leur succès. fhidemment, la relation entre le vote accordé aux différentes options référendaires et les partis fédéraux sera aussi analysée. Finalement, parce que la seule observation des résultats électoraux ne révéle pas tout, nous tenterons d'établir certaines corrélations entre les groupes linguistiques et le niveau d'appui accordé aux formations politiques fédérales. Dans la banque de données que nous avons élaborée, nous avons récolté des renseignements relatifs au revenu, mais ceux-ci n'ont guère été probants. Ils ne seront donc pas utilisés.

Bien entendu, une telle recherche se base sur différentes sources. Le présent projet repose principalement sur les résultats électoraux ainsi que sur des données 8 provenant des recensements de Statistique Canada. Dans le premier cas, on ne peut retenir que trés peu de choses des informations fournies par les résultats de scrutin, sinon qu'elles révèlent le niveau d'appui de tel ou tel parti dans une localité ou municipalité donnée. Pour ce qui est du recensement, certaines faiblesses avec lesquelles il faut composer méritent ici d'être mentionnées. En effet, bien que tout le monde doit répondre au premier questionnaire, il en est tout autrement pour ce qui est du second, qui est beaucoup plus approfondi : seulement un cinquième des répondants se le voit remettre. Une autre faiblesse que l'on peut noter la réponse unique du chef de famille en ce qui a trait aux questions du recensement.

De même, les gens peuvent très bien mentir tant sur leur statut au sein d'une entreprise que sur leur revenu. Pour ce qui est de cette dernière donnée, elle est susceptible de provoquer la confusion d'un répondant & propos de son salaire brut et de son salaire net; ce qui entraine parfois une conséquence importante quant A la perception de la réalité salariale. Tout cela a pour effet de ((photographier)) la population à un moment donné, mais il est impossible, après tout, de mesurer quotidiennement les données socio-économiques de chaque citoyen canadien. II est neanmoins possible d'affirmer que le recensement constitue l'outil le plus valable pour mesurer la condition sociale et économique de la population dont nous entendons étudier le comportement électoral.

Pour ce qui est des recensements, ceux-ci apportent leur concours dans le sens où ils fournissent des renseignements tels I18ge,le revenu médian, la langue maternelle et de nombreuses autres donnees pertinentes au caractère des municipalités 9 étudiees. Le tout permet évidemment de (([...] mieux contrdler l'intervention d'autres facteurs.'n Les résultats des scrutins provinciaux permettent de bien cerner la clientéle des diffbrentes formations politiques fédérales qui sont Ci la base de notre

étude. Cette analyse repose, en trés grande partie, sur des graphiques qui présentent des corrélations entre diffdrents éléments.

Enfin, il est à préciser que les données de recensement, même si leur apport n'est pas mentionné dans ce plan, nous permettent de dresser le portrait socio-

économique des clientéles des différentes formations politiques à travers les scrutins

étudiés. II est possible, par voie de conséquence, de mesurer l'évolution du vote par rapport A certaines données, comme la langue par exemple.

Un tel projet ne peut être mené à terme sans la contribution de volumes concernant la vie des partis politiques canadiens ainsi que de l'étude plus spécifique des

élections gdnérales et des mouvements qui en découlent. A travers les nombreux ouvrages consacrés Ci l'histoire des partis politiques canadiens, on en retrouve un certain nombre qui traitent du parcours électoral des formations politiques fédérales ici étudiées. II ne faut toutefois pas se surprendre qu'il n'existe aucune publication traitant spécifiquement de l'histoire de ces partis politiques dans les Cantons de

1' Est.

Plusieurs ouvrages de référence guident cependant notre recherche. Citons, à titre

t Jean-Herman Guay, Sciences humaines et méthodes quantitatives, Montréal, Beauchemin, 1991,412p., p. 275. 1O d'exempte, les travaux publiés suite aux différentes élections fbdbrales comme

Canada at the Polls, 7979 and 1980, The Canadian General Elecfion of 1984, The

Canadian General Eiection of 1988, The Canadian General Election of 1993 et The

Canadian General Election of 1997. Nous serons évidemment guidés par des articles de périodiques et des chapitres d'ouvrages nous permettant de dresser le parcous des différentes formations politiques envers lesquelles nous portons le regard. Précisons que mQme si ces publications ne se rapportent pas directement h l'étude de ta clientèle Blectorale des différentes formations politiques dans les

Cantons de I'Est, il n'en demeure pas moins qu'elles établissent des paramètres grace auxquels nous pouvons établir les assises de notre recherche. Enfin, plusieurs articles des quotidiens locaux, La Tiibune et The Record, nous permettent de peaufiner le tout.

Passons maintenant au second volet de ce travail, celui de la méthodologie. L'unit4 statistique de notre travail repose sur le comportement électoral de la population des circonscriptions fédérales des Cantons de I'Est entre 1979 et 1997.

Mentionnons d'emblée que les données utilisées pour étoffer ce présent projet de maîtrise répondent aux critéres de validité et de fidélité. Elles sont valides dans le sens où le vote accordé au PC Ci Bromptonville aux élections fédérales de 1984, par exemple, représente la plus stricte réalité électorale de ce milieu a un moment donné. Elles sont fidéles parce que l'on ne peut manipuler le vote obtenu par un parti dans une localité quelconque. On doit s'en tenir A ce que les chiffres nous 11 offrent. II en va ainsi avec les statistiques sociales et économiques obtenues propos des municipalités étudiées. Pour tout dire, N[...] elles sont ramassées Mat naturel, telles qu'elles se présentent, sans modification [...].w2

Toutefois, notre modéle de recherche présente une faiblesse dans la mesure où chacune des 162 municipalités contenues dans notre banque de données jouit du même poids dans notre analyse. La première lacune de notre analyse consiste cependant à accorder la même importance a ces 162 municipalités, quel que soit l'ordre de grandeur de celle-ci. Sherbrooke se retrouve par conséquent sur un pied d'égalité avec Freligh~burg.~

' ibid., p. 272. 3 Afin d'établir notre banque de données, nous avons dû soustraire quelques municipalités et en fusionner d'autres. C'est ainsi que nous avons fusionné Ange-Gardien village avec St- Ange-Gardien, Clarenceville (village) et Clarenceville (paroisse), Henryville (village) avec Henryville (paroisse), Frelighsburg (village) avec Frelighsburg (paroisse), St-Benoît-du-Lac et Austin, Stanstead Plain, Rock Island et Beebe Plain, Hatley ouest et Hatley village, Compton (canton) et Compton (village), St-Mathieu de Dixviile et Dixville (village), Paquetteville avec East Hereford, St-Herménégilde avec St-Hermenégilde (village), Scostown avec Hampden, Val-Racine, Marston et Marsboro, Kingsey Falls (paroisse) avec Kingsey Falls (village), Chénier avec Tingwick, Chester-Ouest avec Chesterville, Weedon-Centre avec Weedon Canton, Marbleton, Dudswell et Bishopton, Shipton avec Danville, St-Georges-deWindsor (village) avec Saint-Georgesde-Windsor (canton) ainsi que Wottonville et Wotton. Le tout a été rendu nécessaire par les fusions municipales ou encore parce que les résultats électoraux sont regroupés en une seule entité.

Du côté des municipalités qui ont été soustraites, on note Chester-Nord, Brompton-Gore et St- Élie d'Mord, cette bière municipalité n'ayant pu être retrouvée dans l'une des cinq circonscriptions de la région en 1979. Nous mentionnons 1979 puisque c'est l'élection qui nous sert de référence quant aux municipalités contenues dans la banque de données.

Précisons enfin que certaines municipalités sont venues se greffer aux cinq circonscriptions au fil des ans, dors que des municipalités qui faisaient partie de ces cinq entités ont rejoint d'autres circonscriptions. Cependant, pour conserver l'uniformité - nécessaire - de notre banque de données, nous avons toujours conserve les mêmes 162 municipalités. 12 La seconde est à l'effet que notre méthode présente des faiblesses. A travers l'analyse écologique dont se réclame le présent mémoire, il est impossible d'affirmer que tous les francophones ont voté pout le Bloc québécois, pour ne citer que cet exemple. Ainsi, ((quand l'unité statistique est un ensemble, un agrégat, il faudra considérer que I'hypothése a été confirmée ou infirmée h ce niveau. II faut prendre garde de ne pas transposer au niveau individuel ce qui a Bté démontré au niveau collectif. ))4 Malgré cette restriction méthodologique, il faut néanmoins préciser que ce que nous impliquons au niveau des individus - par exemple la préférence de plusieurs francophones à l'endroit du Bloc québécois - a été illustré au niveau de nombreux sondages et plusieurs analyses électorales.

II va sans dire que le présent projet de maitrise a pour objectif de procéder à l'examen d'un grand nombre de cas, soient les municipalités englobées par les cinq circonscriptions fédérales de la région : Sherbrooke, Richmond-Wolfe, Shefford,

Mégantic-Compton-Stanstead et Brome-Missisq~oi.~Ainsi, (([...] la relation peut gtre

établie avec fermeté et assurance! ))

II est à noter que l'étude des élections fédérales dans les Cantons de l'Est entre

1979 et 1997 reléve du protocole expérimental. Celui qui observe le phénomène devient un observateur. Ne pratiquant aucune expérience, il ne peut influencer le résultat de la recherche.

4 Jean Herman Guay, op. cit., p. 46-47. ' À partir de 1996, la circonscription de Richmond-Wolfe porte le nom de Richmond- Arthabaska et celle de Mégantic-Compton-Stanstead n'était pas divisée en deux - Mégantic- Frontenac et Compton-Stanstead. De façon concréte, la visée du projet est de croiser plusieurs variables inhérentes aux municipalités de la région. C'est ainsi que sur le plan strictement électoral, le vote dans chacune des municipalités sera étudié A deux niveaux, au fédéral et au provincial.

En ce qui concerne les graphiques présentés tout au long du mémoire, deux précisions doivent être apportées. D'une part, les quatre courbes situées à l'intérieur du graphique constituent les paramètres l'intérieur desquels se situent 75% des municipalités étudiées. En d'autres termes, ces courbes nous indiquent la ligne de régression. Nous aurions très bien pu en présenter une seule, mais celle-ci ne nous aurait pas renseigné autant sur la force des corrélations qui alimentent notre analyse.

D'autre part, nous apercevons A la droite de tous les graphiques le symbole " Rsq", qui signifie en français " Rcarré", ou le r de Pearson au carré. II est ici utile de donner une définition de cet indice :

Le r de Pearson est facile à interpréter. Il nous informe par son signe non seulement sur le sens emprunté par le nuage de points, mais il évalue en plus, du meme coup, la densité des points gravitant autour de la droite de régression. Un r qui s'établit près de 1 [...] signifique que la densité des points est trés forte. Les prédictions que l'on peut faire à partir de l'équation de régression sont ainsi très fiables. Un r situé près de zéro signifie au contraire que les points sont complétement éparpillés, Dans de tels cas, il n'y a pas vraiment de relation entre les deux variables, et les prédictions ne vaudront pas cher.'

6 Jean Herman Guay, op. cit., p. 273. ibid, p. 384. Les précisions rendent possible la compr4hension de la signification des graphiques qui sont présentés dans les pages suivantes.

Pour tout dire, {d'examen de tableaux et des graphiques qui croisent les données permet souvent de «soupçonner» l'existence ou t'inexistence de relations entre les

variable^.^))

Notons que, sur le tableau, on doit tracer une ligne de régression. Celle cr[ ...] qui résumera le mieux ce nuage de points [sur un graphique] sera celle où les écarts entre les points et le tracé de la droite seront les plus réduits.g» C'est ainsi que, pour citer un exemple, on peut dbtecter une corrélation entre divers facteurs, comme une convergence entre le vote accordé au Parti libéral fédéral en 1997 et le soutien accordé h l'option du Non au référendum de 1995. De cette maniére, il est possible de mesurer de quelle façon les hypothbses de recherche peuvent être confirmées ou infirmées. Par exemple, le nuage de points sur le graphique en annexe nous présente les municipalit8s où il y a une trés forte convergence entre le vote péquiste et le vote conservateur.

VoilA, en quelques lignes, un aperçu de la méthodologie qui nous aide a étudier les résultats des élections fédérales dans les Cantons de l'Est entre le scrutin du 22 mai

1979 et celui du 2 juin 1997.

a ibid., p. 346. ibid., p. 379. 15

L'étude des scrutins fédéraux dans la région peut être approchée en trois phases qui représentent les trois chapitres de ce projet de maîtrise. Le premier porte sur les

élections fédérales de 1979 et 1980. Quant au second, il s'intéresse aux scrutins généraux de 1984 et 1988. Pour ce qui est du troisième et dernier chapitre, il étudie les élections de 1993 et 1997.

1. Les élections fédérales de 1979 et de 1980

Aux élections fédérales du 22 mai 1979, le Parti québécois de René Lévesque accorde son appui au Crédit Social qui est alors dirigé par Fabien Roy. Celui-ci est proche des instances péquistes, tant idéologiquement que personnellement. Pour cette raison, nous btudierons la relation entre le vote accordé au PQ dans les

Cantons de l'Est lors du scrutin du 15 novembre 1976 et l'appui électorat dont bénéficient les candidats du Crédit Social lors du scrutin de 1979. Les francophones nationalistes ont ainsi tendance à se ranger sous cette banniére.

Parallélement, le soutien accordé au Parti progressiste-conservateur à cette occasion est inexistant, sauf au sein de la population anglophone. Pourtant, le parti de ne ménage aucun effort pour gagner la confiance des électeurs de la région. C'est ainsi qu'en 1980, Armand Russell et Fernand Grenier se présentent candidats, dans Shefford et Mégantic-Compton-Stanstead respectivement. Ces deux hommes ont été précédemment députés de l'Union nationale à Québec. 16 Pour ce qui est des libéraux fédéraux, ils sont sur le haut du pavé politique dans la région. Entre 1974 et 1979, ceux-ci parviennent à consolider leurs assises

électorales et augmenter leurs majorités électorales.

Aux élections suivantes, qui ont lieu le 18 février 1980, le PQ a d'autres chats à fouetter. L'approche du référendum y est pour quelque chose. Qui plus est, le Crédit

Social est en chute libre à ce moment. Pour cause, le parti de Fabien Roy ne panrient même pas à dénicher un candidat dans Brome-Missisquoi et dans Shefford.

Notons que, lors de ces deux scrutins, le soutien des fédéralistes de la région est principalement accordé au Parti libéral fédéral. Après tout, le Parti progressiste- conservateur, à cette époque, est dans un stade embryonnaire au Québec et dans les Cantons de l'Est. L'heure de la coalition arc-en-ciel n'a pas encore sonné. Aux

élections provinciales de 1976, la région a cependant élu des députés de l'Union nationale, formation qui se rapproche idéologiquement du Parti progressiste- conservateur. II sera intéressant de constater que le vote unioniste de 1976 ne se transforme pas en vote pour le Parti progressiste-conservateur au fédéral en 1979, et ce, en dépit des liens idio-syncratiques qui unissent les deux formations.

C'est ainsi que le 18 février 1980, les libéraux fédéraux parviennent à balayer toute la région. Le bastion conservateur de Brome-Missisquoi bascule même du côté libéral. 2. Les élections fédérales de 1984 et de 1988

Quatre ans plus tard, lors des élections fédérales du 4 septembre 1984, le PC de

Man Mulroney jouit de l'appui tant des forces péquistes, qui entrent dans le «beau

risque)), que des libéraux de Robert Bourassa, revenu comme chef du PLQ depuis

1983 et qui soutient tacitement Brian Mulroney. Lors de cette campagne, il est

possible de voir des pequistes travailler cdte A &te avec des liberaux provinciaux

(notons que des liberaux désillusionnés, des anciens créditistes et des anciens

électeurs de l'Union nationale travaillent aussi pour le Parti progressiste-

conservateur) pour faire élire des candidats du Parti progressiste-conservateur.

Dans les Cantons de I'Est, ce phénomène est tout aussi présent que dans le reste

de la province. Le soir des élections, le PC remporte trois circonscriptions de la

région, sauf Richmond-Wolfe et Shefford. Celles-ci demeurent avec le Parti libéral

fédéral, On note alors un net recul de cette formation dans les Cantons de I'Est.

II en est ainsi lors des élections suivantes, qui ont lieu le 21 novembre 1988. Les

instances du PQ et du PLQ voient d'un bon oeil l'entrée en vigueur de l'accord de

libre-échange entre le Canada et les etats-unis. C'est ainsi que même Jacques

Parizeau, qui est chef du PQ depuis 1987, supporte cet accord. Pour ce qui est du

Parti libéral fédéral, il ne conserve que Shefford ou est réélu. Cette

bonne fortune électorale à l'égard du PC est cependant circonstancielle et ne durera

pas. Durant le second mandat des conservateurs (1988-1993) donc, le déchirement

de la coalition des Prairies et du Québec qui leur a jadis ouvert les portes du pouvoir. 3. Les élections fédérales de 1993 et de 1997

Lors des élections du 25 octobre 1993, tes assises du Parti progressiste conservateur s'effondrent. Dans la région, les candidats de ce parti se classent en troisième position, derrière ceux du Bloc et du Parti libéral fédéral. L'exception à cette règle est Sherbrooke où Jean Charest triomphe facilement. Les forces fédéralistes se regroupent a cette occasion derriére ceux qui ont le plus de chance de battre les candidats du Bloc qudbécois, c'est-à-dire les libéraux fédéraux. Quant aux souverainistes, ils se rangent évidemment sous le drapeau du Bloc. Cette formation fait élire ses candidats dans Richmond-Wolfe, Shefford, Brome-Missisquoi et Mégantic-Compton-Stanstead. Enfin, les libéraux fédéraux se classent tous en deuxième position sauf dans Sherbrooke.

Pour ce qui est de l'élection du 2 juin 1997, celle-ci représente un phénoméne nouveau dans notre étude puisque la région ne suit ni la trajectoire nationale ni la trajectoire provinciale, Les Cantons de l'Est empruntent un parcours particulier, en envoyant quatre députés du Parti progressiste-conservateur & Ottawa. Durant la campagne de 1997, les forces péquistes soutiennent celles du Bloc. De même, lors de cette campagne électorale, plusieurs militants du PLQ dans la région - voire même quelques députés - se rangent en grande partie sous la bannière du PC. On assiste à l'effet Charest. Les bloquistes sont rayés de la carte sauf dans la partie des

Cantons de l'Est qui est comprise dans le comté de Frontenac-Mégantic, circonscription toujours représentée par un bloquiste. Du côté liberal, les candidats de Jean Chrétien, à l'exception de , mordent tous la poussiére et se 19 classent en troisiéme position dans quatre des cinq circonscriptions de la région. 20 Chapitre un: Declin du Crddit Social et consolidation du vote en faveur des libéraux federaux.

Le 18 juin 1962, le Crédit Social de Réal Caouette effectue un retour sur la scène politique nationale et régionale. Aux élections fédérales qui ont lieu ce jour-là, le parti fait élire quatre députés dans la région. En tout et partout, les créditistes envoient 30 députés à la Chambre des communes dont 26 proviennent de circonscriptions québécoises.

Dans la région, les progressistes-conservateurs remportent deux circonscriptions. II s'agit de Brome-Missisquoi (le comté va demeurer fidéle au PC jusqu'en 1980) et de

Stanstead (qui sera fusionné avec Compton en 1966). Pour ce qui est des libéraux, ceux-ci sont rayés de la carte. Sur le plan québécois, cette formation perforrne bien dans les milieux ruraux et francophones. L'année suivante, soit le 8 avril 1963, les créditistes perdent du terrain. Ils ne parviennent qu'à conserver Sherbrooke,

Shefford et Compton-Frontenac. Richmond-Wolfe et Stanstead se rangent du côté libéral alors que Brome-Missisquoi demeure avec le Parti progressiste-conservateur.

Trois ans plus tard, soit le 8 novembre 1965, les créditistes perdent Sherbrooke (de justesse) au profit du candidat progressiste-conservateur indépendant et Richmond-

Wolfe au profit des libéraux. Ils conservent cependant les deux circonscriptions de

Compton-Frontenac et Shefford. Le 25 juin 1968, en plein coeur de la

Tnrdeaumanie, les Cantons de l'Est récidivent et envoient trois députés du Crédit

Social à Ottawa. Les circonscriptions en question sont celles de Richmond, Compton-Frontenac et Shefford.

Les Cantons de l'Est reconduisent les trois mêmes députés aux communes le 30 octobre 1972. Deux ans plus tard, soit le 8 juillet 1974, le Crédit Social perd

Compton, qui bascule du côté libéral. Les deux députés créditistes qui sont réélus,

Léooel Beaudoin dans Richmond et Gilbert Rondeau dans Shefford, doivent leur victoire beaucoup plus à leur popularitk personnelle qu'à leur affiliation politique.

Précisons cependant qu'entre 1962 et 1974, les appuis créditistes constituent un vote conservateur et de protestation.

Le 22 mai 1979, le vote accordé au Crédit Social se démarque dans le sens ou il est empreint de l'appui des souverainistes. Cependant, bien qu'ils soient soutenus par le

PQ de René Lévesque, les créditistes ne remportent aucun comté. Le 18 février

1980, les candidats créditistes de la région ne bénéficient que d'un soutien marginal.

Le Parti libéral est parvenu Ci occuper ce territoire jadis fertile pour les partisans de

Réal Caouette. La clientèle francophone détient visiblement la clé du succès d'un parti fédéral en région. Si le Parti libéral réussit occuper le terrain laisse vacant par la disparition du Crédit Social, c'est qu'il n'y a personne pour lui barrer la route. En effet, les conservateurs et les francophones n'entretiennent pas des relations très positives.

Le 8 juillet 1974, aprés deux ans de gouvernement minoritaire, Pierre Elliott Trudeau est reconduit a la tête d'un gouvernement libéral majoritaire. Lors de ce scrutin, le

PC a été confirmé dans une position marginale au Québec, ne faisant élire que trois 22 députés : soit Roch Lasalle, Claude Wagner et Heward Grafftey. Quelques mois aprés cette débacle du PC au Québec, Jean Desclos, de La Tribune, signe un

éditorial intitulé " Conservateur et Québécois?"

L'auteur de l'éditorial en question aborde le fossé qui sépare les électeurs francophones et le Parti progressiste-conservateur. Comme voie de solution a cette problémcttique, l'éditorialiste offre au PC de «[...] donner un solide coup de barre en direction des francophones.)) II rappelle plus loin que »c'est à ce seul prix que le PC peut un jour espérer offrir au pays une alternative valable en face d'un parti libéral allant de victoire en victoire depuis près de 50 ans.dOEn 1979, c'est-à-dire cinq ans plus tard, le Parti progressiste-conservateur dans les Cantons de !'Est se trouve toujours minoritaire. Durant toutes ces années, le PC détient toutefois le comté de

Brome-Missisquoi, fief du député Heward Grafftey. Si l'homme est réélu d'élection en élection1', c'est grâce B sa popularité personnelle.

10 Jean Desclos, "Conservateur et Québécois?', La Tribune, Sherbrooke, mardi 2 octobre 1974, p. 4. 11 11 sera emporté par la vague de la Tntdeaumanie en 1968 mais reprend son siège aux communes dès 1972. 23 Graphique 1

Rdpartition des groupes linguistiques en 1981 (%)

ShefFord Richmond- Sherbrooke M.C.S. Brome- Wolfe Mssisquoi

Le graphique 1 nous apprend que les francophones constituent le groupe linguistique majoritaire en rbgion. Ces derniers constituent donc la clé de voûte du succés électoral dans les Cantons de l'Est. Ils constituent la majorité de la population, est-il utile de le rappeler.

Le premier chapitre de ce mémoire porte sur la clientèle électorale du Parti progressiste-consewateur par rapport d celle du Parti libéral fédéral et du Crédit

Social aux élections du 22 mai 1979 et du 18 février 1980. Nous constaterons que le

Parti progressiste-conservateur passe de la troisième place en 1 97912 à la deuxième

- 12 Il y a ici une exception, Brome-Missisquoi, où le conservateur Heward Grafftet est réélu en 24 position en 198013 et que les conservateurs bénéficient, dans une certaine mesure, de l'effondrement du vote créditiste. Ils ne parviennent cependant pas à supplanter les libéraux fédéraux dans les comtés de la région.

Le maintien au pouvoir des libéraux fédéraux n'a rien de bien surprenant, étant donne la situation politique au Canada et au Québec. Comme le mentionne le professeur John C. Courtney "[. ..] it was apparent that the Conservatives were al/ but inelevant in itself, where the national unity debate was being waged in true gladiîatonal style by the chief protagonists, Lévesque and Trudeau."" II n'y a donc pas beaucoup de place pour le Parti progressiste-conservateur dans les Cantons de

1' Est.

Pour cette raison et afin de bien comprendre la dynamique du vote dans la région, il est essentiel et indispendable de comparer la clientéle électorale du Parti progressiste-conservateur avec celles des libéraux fédéraux et du Crédit Social, cette derniére formation jouissant à l'époque d'un soutien déclinant mais tout de même important.

1979. 13 Là aussi, un comté fait bande à part. 11 s'agit de Sherbrooke, où le candidat du NfD amive en deusième position, devant le candidat du Parti progressiste-conservateur. '' John C. Couriney, "Campaign Strategy and Electoral Victory: The Progressive Consemative and the 1979 Election", Canada at the Polls, 1979 and 1980: A Study of the General Elections (Penniman, Howard R., ed.), Washington, American Enterprise Institute for Le vote libéral dans les Cantons de l'Est

Graphique 2

Remontee du Parti libéral féddral entre 1974 et 1979 (%)

Shefford M.C.S. Richmond- Sherbrooke Wolfe Missisquoi

Le graphique 2 représente la remontée des libéraux fédéraux dans les cinq circonscriptions de la région.'' A l'élection fédérale du 8 juillet 1974, le PLC parvient

à remporter la circonscription de Compton qui rejoint Sherbrooke dans le basion libéral. En 1979, les libéraux fédéraux remportent les circonscriptions de Shefford et

Richmond-Wolfe, jusque48 détenues par les créditistes. Durant toute cette période, seule la circonscription de Brome-Missisquoi demeure dans le giron progressiste-

Public Policy Research, 1981,426p., p. 128. IS Pour les graphiques qui illustrent la performance des partis politiques dans les circonscriptions de la région, nous avons utilisé le pourcentage officiel recueilli par les candidats. Pour ce faire, nous avons en recours aux chiffres officiels fournis par Élections Canada. Toutefois, ces chifies ne représentent pas l'uniformité contenue à l'intérieur de notre 26 conservateur. Le graphique 2 nous apprend toutefois que les libéraux fédbraux y effectuent des gains.

Comme nous l'avons mentionné précédemment, les libéraux ont le vent dans les voiles entre 1974 et 1980. D'un seul comté en 1972 (Sherbrooke), ils parviennent à conquérir Mégantic-Compton-Stanstead en 1974 et augmentent leur majorité dans

Sherbrooke. Cinq ans plus tard, en dépit de la défaite du Parti libéral fédéral aux mains des progressistes-conservateurs, les libéraux remportent Shefford et

Richmond-Wolfe. Le PLC détient alors quatre des cinq comtés de la r6gion. L'année suivante, on assiste à un balayage libéral des cinq comtés.

Graphique 3

Relation entre le vote accordé au PLC en 1979 et le soutien au PLQ en 1976 8 7 . . 6 5 4 3 2 Rsq = 0,105 O 10 20 30 40 50 60 % du vote accordé au PLQ en 1976

Le graphique 3 nous indique que la clientéle liberale fédérale de 1979 s'apparente, banque de données. 27 dans une faible mesure, aux appuis récoltés par le PLQ aux élections de 1976.''

Graphique 4

Relation entre le vote accordé au PLC en 1980 ga3 et le soutien au PLQ en 4976 C

a 3d - - - - 1 RS~= 0.079 O 10 20 30 40 50 60 % du vote accordé au PLQ en 1976

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, il n'y a ici aucune relation tangible entre le vote libéral fédéral de 1980 et le vote accordé au Parti libéral provincial de 1976.

Les appuis au PLC en 1980 semblent donc provenir d'un éventail plus grand d'électeurs. Notons que, similairement au graphique 2, la relation entre le vote accordé au PLC en 1980 et le soutien au PLQ en 1981 est inexistante. Les relations

étroites entre libéraux fédéraux et provinciaux ne sont visiblement plus ce qu'elles

étaient.

Durant la campagne électorale de 1980, Trudeau se positionne stratégiquement par

l6 Quelques municipalités dérogent cependant à cette règle. C'est ainsi que Ogden, Hatley canton, Melbourne (village), Ulverton et Ste-Praxéde affichent un forte préférence envers les 28 rapport aux libéraux du Québec. C'est ainsi que

At the beginning of the campaign, Trudeau had sworn off talking about the Quebec referendum; he did not want either to open a rift between himself and Quebec Liberal leader Claude Ryan, whose views on Quebec's future in Confederation he did not entirely share [...].17

Le temps d'une campagne électorale, le Premier ministre esquive le dossier constitutionnel. Le chef libéral permet ainsi à ses troupes de ne pas s'aliéner le vote des francophones. Le rapatriement unilatéral de la constitution canadienne par le gouvernement de Pierre Eiiiott Trudeau, l'année suivante, marque cependant un point tournant dans les relations entre le PLC et le PLQ. C'est ainsi que

As constitution-maker in the eariy 1980s he rrudeau] had repudiated the neo-federalism of the defeated PLQ's austere new leader, Claude Ryan, thereby fracturing the tenuous solidarity between the federal and provincial Liberals that had been cobbled together during the No campaign against the referendum over sovereignety-association in 1980. Despite their defeat of separatism, the federal and provincial Liberal parties in quebec had emerged from the Trudeau era deeply alienated fmm one another.18

Et c'est justement ce que le graphique 4 nous annonce en ne révélant aucune relation entre le vote accordé aux deux formations.

- -- libéraux fédéraux et accordent un pIus faible pourcentage d'appui au Parti libéral du Québec. " Jeffiey Simpson, Discipline of Power: The Consentarive Inrerlrrde & Liberal Restoration, Toronto, University of Toronto Press, 1996,369p,p. 348. l8 Stephen Clarkson, «The Liberals: Disoriented in Defeab, The Canadian General EIection of 1988 (Alan Frizzell, Jon H. parnmett and Anthony Westell, ed.), Ottawa, Carleton Graphique 5

Relation entre le vote accordé au PLC en 1979 et la population francophone dans une municipalité 88

2d - - - 1 Rsq = 0,025 O 20 40 60 80 1O0 % de population francophone dans une municipalité (1981)

Regardons maintenant la performance du PLC chez les francophones. Les professeurs Lemieux et Crête mentionnent que K[. ..] the Liberal party is an ethnic party in federal politics, just as the Parti Québécois is a Francophone-based party in provincial poli tic^.))'^ En 1979 cette situation ne s'avère pas fondée dans les

Cantons de l'Est puisqu'il n'existe aucune corrélation entre le pourcentage de population francophone et le vote accordé aux libéraux fédérau~.~

University Press, 1989, l7lp., p. 29 l9 Vincent Lemieux and Jean Crête, «Quebec», Canada ut the Polls, 1979 and 1980: A Sttrdy of the General Elections (Penniman, Howard R., ed.), Washington, Arnerican Enterprise Institute for Policy Research, 198 1,426p., p. 209. 'O Quelques exceptions qui ne répondent pas à cette règle peuvent cependant être retracées. Deauville, Coaticook, Stanstead, Melbourne (village), Ste-Praxède et Ham-Sud sont des municipalités qui présentent un très fort pourcentage de francophones et qui accordent un appui massif au Parti libéral fédéral. Graphique 6

$ Relation entre le vote accordé au PLC en 1980 Q> et la population francophone dans une municipalité 5 9Û 1

- - - .1 Rsq = 0,078 O 20 40 60 80 1O0 % de population francophone dans une municipalité (1981 )

Plusieurs seraient ici tentbs de prétendre qu'un lien fort unit les francophones aux libéraux fédéraux. Le graphique 6 confirme, au contraire, que la relation entre les deux n'est pas significative et ce, même si la courbe de la corrélation s'avère positive. Aux élections de 1980, les libéraux fédéraux rdcoltent un appui qui n'a rien d'ethnique au sein de la population francoph~ne.~'L'appui accordé par celle-ci au

PLC est donc limité.

Dans la région, le Parti libéral fédéral est favorisé a plusieurs niveaux. A quelques jours du scrutin de 1980, un éditorial de La Tribune mentionne que, «des quatre leaders nationaux, M. Trudeau est de loin, le plus susceptible d'affronter les années

2 I Quelques municipalités fortement francophones, comme Sainte-Sabine, Clifton-Est, Ditton et Piopolis n'accordent pas un appui éIevé au Parti libéral fédéral le 18 février 1980. 3 1 '80 et les défis qu'elle poseront sur les plans constitutionnel et économique.))" Le

Parti libéral fédéral reçoit donc I'appui du seul quotidien francophone des Cantons de I'Est.

te PLC ne ménage pas les efforts pour remporter les comtés des Cantons de I'Est.

Durant la campagne de 1979, le Premier ministre vient A deux reprises dans la région, soit au début et au milieu du mois de mai. L'objectif est évidemment de donner un coup de main A ses candidats. Les libéraux s'efforcent de remporter

Richmond-Wolfe et Shefford.

Dans Richmond-Wolfe, K[...] on fait appel aux «gros canons)) du gouvernement, le premier ministre Trudeau en tête qui a effectué une visite-éclair a Windsor,»23Le chef libéral visite aussi la circonscription de Shefford, où se présente Jean Lapierre.

II y a plusieurs candidats sur les rangs dans ce comté, ce qui est susceptible de favoriser le candidat libéral.z4

Du côté de Mégantic-Compton-Stanstead, la lutte est serrée entre le créditiste Henry

Latulippe et Claude Tessier. Le député sortant s'est attiré beaucoup de sympathie dans le milieu agricole mais s'est aliéné de nombreux nationalistes qui ont voté pour lui en 1974.25

--77 Jean Vigneault, "Le choix du 22 mai", La Tribune, samedi 19 mai 1979, p. 14. 23 Lise Ouellette, "Dans Richmond, une victoire qui n'est pas assurée", La Tribune, vendredi 17 mai 1979, p. 14. I4 "Le vote péquiste: décisif dans Shefford", La Tribune, samedi 12 mai 1979, p. 16. " Gilles Dallaire, "Mégantic-Compton-Stanstead: une lutte imprévisible", La Tribune, samedi 12 mai 1979, p. 16. C'est le comté de Sherbrooke qui présente le moins de soucis aux organisateurs du

Parti libéral fédéral. Le député libéral Irénée Pelletier semble invincible puisque (([...] pour dévorer une majorité de 12,700 voix [en réalité La Tribune a commis une erreur, puisque la majorité &ait de 13 039 voix en 19741, il faut se lever de bonne heure et cette avance, si elle sera considérablement réduite, devrait permettre au député sortant d'obtenir un nouveau mandat.aB Le soir du 22 mai, le député de

Sherbrooke est reconduit dans ses fonctions et parvient à augmenter sa majorité de

1974 (13 039 voix) en remportant 14 537 voix de plus que son principal adversaire, le créditiste Jacques Blanchette.

Pour ce qui est du scrutin qui se déroule le 18 février 1980, la performance des libéraux fédéraux dans les Cantons de l'Est est meilleure qu'en 1979. Les créditistes sont hors d'état de nuire et les électeurs ne sont pas encore prêts a voter pour le

PC. Les troupes de Pierre Elliott Trudeau ont par conséquent le champ libre.

Du côté de Sherbrooke, l'échiquier électoral est similaire à celui rencontré durant la campagne électorale du printemps 1979. Deux raisons font en sorte que le député

Irénée Pelletier marche vers une victoire assurée. "Tout d'abord parce qu'avec 10

adversaires, le vote est divisé. Mais aussi, et surtout, en raison du faible calibre des

autres aspirants à la députation." *' Le 18 février, Irénée Pelletier parvient presque a

'6 Pierre Saint-Jacques, "Un long bulletin de vote pour une lutte a trois", La Tribune, vendredi 11 mai 1979, p. 8. " François Gougeon, "Dans Sherbrooke seule la majorité du vainqueur reste inconnue", La Tribune, samedi 16 février 1980, p. B2. 33 doubler son score de 1979, en obtenant 23 447 voix de plus que son plus proche adversaire, le candidat du NPD. Le candidat néodémocrate devance le candidat progressiste-conservateur par 263 voix. La marge est mince, mais néanmoins révélatrice des difficultés rencontrées par le parti de Joe Clark sur le plan électoral.

II s'avére ici intéressant de révéler que, pour la plupart, les candidats libéraux de la région ne sont pas élus grâce à leur popularité personnelle. C'est ainsi que, dans

Mégantic-Compton-Stanstead, «un sentiment général recueilli permet de dire que le

Parti libéral est plus populaire que le candidat Te~sier.))~'La situation est tout à fait similaire dans le seul comté conservateur de la région ((car dans Brome-Missisquoi, ce n'est pas le candidat libéral André Bachand qui est le véritable adversaire de M.

Grafftey, mais bien le prestige de M. Trudeau lui-même.»29Le 18 février, le candidat du PLC obtient 4 609 voix de majorité sur son adversaire conservateur, le député

Heward Grafftey.

Louise St-Pierre, "Une campagne colorée", La Tribune,samedi 16 février 1980, p. B4. I9 Presse Canadienne, "Perdu une seule fois en 22 ans par les conservateun: Missisquoi incertain", La Tribune,jeudi 25 janvier 1980, p. A5. Graphique 7

Relation entre le vote accordé au PLC en 1979 et la population anglophone dans une municipalité 88

- - - - 1 Rsq = 0.029 O 20 40 60 80 IO0 % de poputation anglophone dans une municipalité (1981)

On apprend ici qu'il n'y a aucune relation particulière entre la population anglophone et le Parti liberal fédéral en 1979. La situation est similaire si on compare le pourcentage de population anglophone dans une municipalitk avec le vote accord4 au Parti libéral fédéral en 1980.30

Durant la campagne électorale de 1980, les organisateurs libéraux investissent beaucoup d'efforts afin de faire tomber la forteresse consematrice de Brome-

Missisquoi. Dans cette circonscription, athe Liberels, boasfing they will finally take

Grafiey's seat for good, have sent in their big guns. The Iine-up includes former

Prime Minister Trudeau, Monique Bégin, Francis Fox and other former ministers.u3'

Un élément supplémentaire joue en défaveur de Grafftey. C'est ainsi que son

'O Même si la courbe illustrant la relation entre les deux éléments annonce un déclin en 1980, il n'y a aucune corrélation négative. 3 1 Presse Canadienne, "1 wish tt wasn't so tough", The Record, Friday, Febniary 8,1979, p. 1. 35 adversaire du Parti libéral, André Bachand, 4.I is travelling on a 17-point Liberal lead in the polls and the supposed mtum to the Thmne by Liberal Leader

Le 18 février, tes libéraux parviennent à déloger celui qui a représenté le comté à la Chambre des communes pendant 17 années.

Le déclin des créditistes dans les Cantons de l'Est

Graphique 8

Brome Sherbrooke M.C.S. Sheîïord Richmond- Missisquoi Wolfe

Le graphique 8 illustre le déclin des creditistes. Nous apprenons donc que leurs

candidats ne parviennent pas à se démarquer favorablement entre 1974 et 1979. La

seule exception est Richmond-Wolfe, où le candidat créditiste obtient plus de voix

que celui qui s'est présenté en 1974. Cette situation est d'autant plus paradoxale

32 Nelson Wyatt, "Missisquoi candidates neck in neck at stratch", The Record, Fnday, February 15, 1980, p. 3. 36 que le candidat de 1974 a été élu et que celui de 1979 a mordu la poussière. II est

également intéressant de noter que la situation est diamétralement opposée dans

Shefford, l'autre circonscription qui était détenue jusqu'à cette date par le Crédit

Social. Alors que les créditistes enregistrent des gains dans Richmond-Wolfe entre

1974 et 1979, cette situation ne se produit pas dans Shefford ou le Crédit Social connaît le pire déficit électoral de la r6gion entre 1974 et 1979. Nul doute que la présence de l'ancien député Gilbert Rondeau, comme candidat indépendant en

1979, y est pour quelque chose.

Dans cette partie de notre travail, nous sommes en mesure de constater que le groupe d'électeurs qui accorde son soutien au Crédit Social est largement francophone et nationaliste. Aux élections de 1979, le Crédit Social peut compter sur le soutien tacite du Parti qubbécois de René Lévesque.

En 1980, les péquistes n'ont aucun intérêt a soutenir le Crédit Social. En effet, une participation du PQ auprès des créditistes risquerait de compromettre les chances du camp souverainiste lors du r6férendum qui approche, d'autant plus que les créditistes sont alors en mauvaise posture. Le Parti québécois demeure donc sagement à l'écart de la campagne électorale.

Ceci étant dit, revenons maintenant aux élections du 22 mai 1979. Au début du mois d'avril, aprés que Fabien Roy eut annoncé son intention de se lancer sur la scène fédérale, certains analystes mentionnent que a[...] tout faisait du député de Beauce- 3 7 Sud une vocation tardive du parti québécois.))" On prédit m4me que «[...] le vote des péquistes pourrait accorder des chances supplémentaires à M. RoyP Cette

prédiction s'avère fondée.

Graphique 9

Relation entre le vote créditiste de 1979 et le vote ~éauistede 1976

Rsq = 0,131

% du vote accordé au PQ en 1976

II nous est ici permis de constater l'émergence d'une relation embryonnaire entre le

vote créditiste et la clientéle électorale du Parti québécois. Dans plusieurs cas, il

apparaît donc que lorsqu'une municipalité est favorable au Crédit Social, plus elle

aura tendance à être alignée avec le Parti québécois.*

On se souvient que le Parti québécois s'est abstenu de participer aux élections

33 Jean Vigneault, "La venue de Fabien Roy", Ln Tribune, lundi 2 avril 1979, p. 4. 34 Jean Vigneault, lm. cil. 35 Trois exceptions retiennent ici notre attention. Il s'agit de Henryville, Ste-Sabine et Frelighsburg, qui accordent un fort appui au Parti québécois mais un faible pourcentage au 38 fédérales de 1972 et 1974. Le PQ incitait m6me ses militants et partisans à ne pas voter. En 1979, I'Union Populaire désire aller chercher le vote des nationalistes.

Cependant, René Lévesque s'y oppose et préfére appuyer tacitement le Crédit

Social qu'il croit apte à représenter les aspirations du Q~ébec.~'Dans l'ouvrage qu'il consacre aux événements politiques se déroulant dans la capitale canadienne durant la période 1979-1980, le journaliste Jeffrey Simpson cene bien le chef créditiste en écrivant que ((Roy was a Quebec nationalist, the closest politician to the

Parti Québécois in the House of C~rnrnons.))~'C'est ainsi que le député fédéral de

Beauce s'oppose à la stratégie constitutionnelle des libéraux fkdéraux.

L'appui de Lévesque au Crédit Social représente aussi un esage décision sur le plan de la stratégie potitique. Comme le mentionne un éditorial de La Tribune, N[...] s'il favorisait les candidats de I'Union populaire, il enfargerait en même temps les créditistes tout en augmentant les chances des libéraux.~~~De cette manière, on assiste à la première incursion du Parti québécois sur la scène politique fédérale.

Pendant la campagne Blectorale de 1979, il n'est guère surprenant d'entendre

Fabien Roy avouer que la moitié des membres de son parti sont également membres du PQ3' II y a cependant des limites à cette bonne entente entre le Crédit

Social et le PQ. En effet, Fabien Roy ((1...) received the blessing of the Quebec

Crédit Social. 36 Vincent Lemieux and Jean Crête, op. cit., p. 215. 37 JeEey Simpson, op. cit., p. 14. 3% Jean Vigneault, "L'appui péquiste a Fabien Roy", La Tribune, samedi 14 avril 1979, p. 4. '9 David Thomas, "Quebec: the power lies along the great divide", Maclean S, May 7, 1979, vol. 92, no. 19, p. 27. 3 9 premier but not the full support of the Parti québécois electoral Dans la région, le mot d'ordre du chef péquiste semble cependant respecté.

A ce niveau, le cas de Richmond-Wolfe est révélateur. Dans cette circonscription,

Le candidat du Crédit Social dispose aussi de l'arme on ne peut plus importante d'une bonne machine électorale renforcie par des militants péquistes même si ce n'est pas A des postes-clés. A ce sujet, on s'accorde à dire que la consigne péquiste sera suivie dans la circonscription de Richmond ou l'organisation de cette formation politique provinciale est bien implantée dans certaines zones et devrait bien servir le candidat ~réditiste.~'

II en est de même dans Sheffotd, ou «la sympathie plus manifeste à l'époque entre entre [sic] le parti de Fabien Roy et le Parti québécois a certes contribué à cette performance [celle de la candidate Murielle au dette].^^^ Parmi les candidats créditistes de la région, on retrouve également Me Jacques Blanchette, qui porte les

couleurs du parti dans Sherbrooke. Celui-ci est également membre du PQ.43 La

présence péquiste auprès du Crédit Social ne permettra pas à ce dernier d'obtenir

des succès électoraux, en termes de sièges, dans la région.

JO Vincent Lemieux and Jean Crête, op. cit., p. 2 17. '' Lise Ouellette, "Dans Richmond, une victoire qui n'est pas assurée", La Tribitne, vendredi 17 mai 1979, p. 14. 42 Léon Dion, "Un coussin de 14,000 voix", La Tribune, lundi 11 février 1980, p. B2. " Jacques Blanchette sera par la suite candidat du PQ dans Sherbrooke aux élections du 29 septembre 1989 et candidat du Bloc Québécois dans cette même circonscription aux élections fédérales du 2 juin 1997. Graphique 10

Relation entre le vote créditiste de 1979 et le soutien accordé à l'option du Oui en 1980

Rsq = 0,417

% du vote accordé au Oui en 1980

Le graphique 10 vient corroborer notre propos sur la relation entre la question nationale et le vote accordé au Crédit Social à l'élection de 1979. Ce graphique est encore plus frappant que celui portant sur la relation entre le vote péquiste et le soutien électoral accordé aux créditistes. Ainsi, plus une municipalité est créditiste, plus elle est susceptible de donner un appui élevé a l'option du Oui au référendum de 1980.M Le vote créditiste, en plus d'être francophone et péquiste, a aussi fortement tendance ii être souverainiste. Nous serons à même de constater, dans le troisiéme chapitre, que ceux et celles qui favorisent le Crédit Social en 1979 font, plus souvent qu'autrement, partie de la clientèle souverainiste.

------* Cependant, Rock Forest, Ste-Sabine, Notre-Dame de Stanbridge et Frelighsburg ne s'inscrivent pas dans cette perspective, en offrant un appui élevé a l'option du Oui mais en ne votant pas massivement pour le Crédit Social. Graphique 11

Relation entre le vote créditiste de 1979 Q)r- ar et la population francophone dans une municipalité

Rsq = 0,285 O 20 40 60 80 1 O0 % de population francophone dans une municipalité (1981 )

Les créditistes bénéficient d'un certain appui chez les francophone^.^^ II est de notre avis que quatre facteurs contribuent a cette bonne performance des créditistes à ce niveau. D'abord, les liens entretenus entre Fabien Roy et le PQ y sont pour beaucoup. Ensuite, il ne faut pas oublier que la région a longtemps été un bastion pour les créditistes. Qui plus est, une bonne partie du vote accordé au Crédit Social en 1979 provient de cette clientéle qui est restée fidèle pendant un long moment à cette formation politique dans les Cantons de l'Est. Finalement, le Crédit Social représente la seule alternative viable aux libéraux fédéraux.

4s Cette tendance ne s'applique toutefois pas aux municipalités de Granby, Canton de Granby, St-Alphonse, St-Joachim, Roxton, Roxton Pond, Ste-Cécile de Milton, St-Valérien de Milton, Roxton Falls, Abbotsford, Ange-Gardien, Henryville, St-Sébastien, Ste-Sabine, Rainville, Farnham, Notre-Dame de Stanbridge, Canton de Magog et Magog. Ces localités regroupent un fort pourcentage de francophones et n'accordent guère un appui important au Crédit Social. Notons que les municipalités en question sont situées dans Shefford et Brome-Missisquoi. 42 Aux élections de 1979 cependant, les créditistes de la région se voient confrontés à quelques situations problématiques. Dans un premier temps, ils doivent composer avec

Le départ de l'un de leurs ténors, le député de Richmond, Léonel Beaudoin, qui acceptait l'offre d'un poste de commissaire à la Commission canadienne des grains que lui présentait le ministre libéral de I'agri~ulture.~

Dans le cas présent, les libéraux ont souvent eu recours à cette tactique qui veut que «C,..] scores of appointments were made to the govemrnent's advantage - to clear ridings of tired-out Liberals MPs or of Consenlatives whose seats might be taken by a Liberal next time around Les créditistes des Cantons de l'Est doivent aussi faire face a la situation problématique de Gilbert Rondeau. Ce dernier,

(([...] who retains the backing of the local Socred organization, is nrnning as an independent after being convicted of fraud and arson. To the dismay of Shefford

Socreds, Roy has insisted that the party will run a candidate against Rondeau.# Le

22 mai, Gilbert Rondeau recueille 6 454 votes et passe devant la candidate officielle du parti, qui ne recueille que 3 922 voix. La présence sur les rangs de l'ancien député de Shefford divise le vote et brouille les cartes.

Pour clore les péripéties reliées à la campagne créditiste de 1979, le parti éprouve des difficultés financiéres. Ainsi «l'un des principaux problèmes auxquels est

- - - - 46 Serge Gosselin, "Une espèce en voie d'extinction", La Tribune, lundi 21 janvier 1980, p. B2. 47 Christha McCall-Newman, Gnis: An Intimate Portrait of Tlie Liberal Party, Toronto, McClelland & Stewart, 1982,471)p.,p. 360. 48 Canadian Press, "Socreds won? sit stilt to outline positions", The Record, Monday, April 43 confronte le Crédit social avant mgme de se lancer officiellement en campagne

électorale est d'ordre financier [...].D~~Force est de reconnaître qu'une formation qui

rencontre une telle situation ne peut qu'éprouver des dificultés Ci convaincre les

électeurs de lui accorder leur confiance et leur vote.

Notons qu'il n'existe aucune relation entre le vote accordé au Crédit Social et le vote

unioniste de 1976. De même, certains se questionneront peut-être sur la relation

entre ce premier et le niveau d'appui au Ralliement créditiste aux élections

provinciales de 1976. Une telle relation n'apporterait pas beaucoup d'eau au moulin

de notre analyse, puisque les créditistes, au niveau provincial, se sont effondrés

après les élections de 1973 et puisque le soutien recueilli par le Ralliement créditiste

aux élections du 15 novembre 1976 est marginal.

Pour conclure cette partie de notre travail, il est important de préciser les crbditistes

rencontrent plusieurs obstacles, aux élections fédérales de 1980. Ainsi, un mois

avant la tenue du scrutin, le quotidien La Tribune rapporte que des créditistes

éprouveraient de sérieuses difficultés à mettre la main sur des candidats pour les

représenter lors du scrutin fédéral du 18 février, dans les Cantons de

Effectivement, le Crédit Social se retrouve avec un chauffeur de taxi de Sherbrooke

comme candidat dans Richmond-Wolfe. De surcroît, celui-ci sera boude par les

30, 1979, p. 5. J9 Presse Canadienne, "Problèmes financiers pour le Crédit Social", La Tribune, mardi 17 avril 1979, p. 7. François Gougeon, "Candidats difficiles à recruter pour les créditistes dans les Cantons de L'Est?', La Tribune, jeudi 17 janvier 1980, p. A4. 44 instances créditistes du comté, puisqu'il a été imposé par Fabien Roy.''

L'organisation créditiste de Richmond-Wolfe en profite pour aller donner un coup de main A la campagne de Denis Beaudoin, qui brigue maintenant les suffrages sous les couleurs conservatrices.

Comme si cela ne suffisait pas, le Crédit Social glisse sur une autre pelure de banane. Quatre heures aprés la fin des mises en candidatures, le candidat dans

Shefford, Jean-Guy Marois se retire de la course.52La situation est similaire dans

Brome-Missisquoi, dans le sens où «[...] il ne s'est trouvé personne pour briguer les suffrages sous les couleurs créditistes.~~~

Dans Mbgantic-Compton-Stanstead, la situation n'est guère plus reluisante. Celui qui a brigué les suffrages en 1974 et 1979, l'ancien d6puté Henry tat~lippe~,refuse de se prbsenter A nouveau. C'est ainsi qu'tcayant retardé le lancement de sa campagne, sans grand appui financier et ne jouissant pas des talents d'orateurs de son prédécesseur, il serait étonnant que te candidat créditiste occupe encore la deuxiéme place au dépouillement du scrutin le soir du 18.PCette prédiction s'avère fondbe puisque Léonel Drouin passe en troisiéme place, derriére le député libéral

Claude Tessier et le candidat progressiste-conservateur Fernand Grenier.

j' François Gougeon et Gilles Daliaire, "Le candidat créditiste de Richmond renié", La Tribune, vendredi 18 janvier 1980, p. Al. 52 Nelson Wyatt, "Rhino Brazzeau comic relief in anticlimatic Shefford battle", The Record, Friday, Febraury 19, 1980, p. 3. '' "50 candidats sur les rangs dans 1'Estrie", La Tribune, mardi 29 janvier !980, p. Al. jJ II a été député entre 1962, année de la première vague créditiste, et en 1974. 45 Une analyse parue dans La Tribune cerne trhs bien la situation en évoquant que

Non seulement ils ne parviennent pas se dénicher de candidats valables non seulement Sherbrooke ou dans les Cantons de l'Est, pourtant pendant tongtemps un chilteau-fort créditiste, mais on assiste à de nouvelles défections, comme celle de Denis Beaudoin et de tout son organisation du comté de Richmond?

Délaissé par ses alliés péquistes et abandonné par plusieurs de ses militants, le

Crédit Social est devenu une force politique marginale.

Sur le plan linguistique, la performance du Crédit Social en 1979 annonce l'appui de plusieurs francophones de la région. Cette relation, comme nous l'avons constaté, est relativement positive et tributaire du soutien des nationalistes a la campagne créditiste. Chez les anglophones cependant la situation contraire prévaut.

55 Louise St-Pierre, "Une campagne colorée", La Tribune, samedi 16 février 1989, p. B4. 56 Serge Gosselin, "Une espèce en voie d'extinction", La Tribune, lundi 21 janvier 1980, p. Les ~roqressistes-conservateursdemeurent minoritaires

Graphique 12

Situation des conservateurs entre 1974 et 1979 (Oh)

Richmond- M.C.S. Brome- Shefford Sherbrooke Woiie Missisquoi

Les conservateurs perdent des plumes dans les circonscriptions de Richmond-

Wolfe, Shefford et Sherbrooke. A l'inverse, ils enregistrent des gains dans MBgantic-

Compton-Stanstead et Brome-Missisquoi. La hausse électorale rencontrée par le PC

dans Mégantic-Comtpon-Stanstead est en grande partie redevable à la présence sur

les rangs de Claude Gosselin. Pour ce qui est de Brome-Missisquoi, il nous a déjà

été permis de mentionner que cette circonscription est le fief du député Heward

Grafftey. 47 Cela nous améne 8 regarder plus attentivement la nature du vote conservateur.

Meme s'ils sont minoritaires en région, il n'en demeure pas moins que les progressistes-conservateurs ont une dienthle électorale importante. Aux élections fédérales du 22 mai 1979, l'exception de Heward Grafftey qui conserve son fief de

Brome-Missisquoi, les candidats du Parti progressiste-conservateur se classent tous en troisiérne position, demére libéraux et créditisites. II est toutefois intéressant de s'attarder sur les différentes composantes de la clientéle électorale du Parti progressiste-conservateur aux élections fédérales de 1979 et de 1980. La principale difficulté du PC dans les Cantons de l'Est c'est de ne pouvoir compter sur le soutien d'un nombre important de francophones.

Graphique 13

Q) Relation entre le vote accordé au PC en 1979 et le soutien 8 l'union Nationale en 1976 7ri 1a 7ri

Rsq = 0,129 10 20 30 40 50 60 70 80 % du vote accordé à Whion Nationale en 1976

Nous constatons à ce state-ci qu'il existe une relation embryonnaire (faible) entre le 48 vote unioniste de 1976 et le vote conservateur de 1979.57C'est un fait reconnu que

((almost al1 the election organizers of the Conservative party in Quebec were members of the Union Nationale [...J.sYJLa présence d'électeurs unionistes dans le vote conservateur de 1979 n'a pourtant rien d'étonnant. Toutefois, la contribution des unionistes est limitée. Pour tout dire, «the Union Nationale, a conservative party that had on occasion helped the fedeml Conservatives, was nearly wiped out.)P9

Au début de la campagne électorale de 1980, le chef unioniste Rodrigue Biron annonce qu'il donne son appui au PC de Joe Clark.so La relation entre le vote unioniste de 1976 et le vote conservateur de 1980, quoique toujours faible, est similaire à celle enregistrée en 1979.9' Au niveau régional, le Parti progressiste- conservateur fait des efforts pour présenter des candidats connus et valables. En plus dlHeward Grafftey qui sollicite un huitième mandat, Joe Clark convainc Fernand

Grenier et Armand Russell, deux anciens députés unionistes, de se présenter sous la bannière conservatrice en 1980. te premier annonce ses intentions en décembre

1979, déclarant que «the Conservatives helped us to fom the UN, now its ouf tum to

57 Il y a cependant des municipalités qui, tout en accordant un fort soutien électoral à l'Union nationale, ne réservent pas le même traitement aux conservateurs. Il est notamment question de Melbourne (village), Ulverton, CIeveland, Kingsbury, Ste-Praxede et Fontainebleau. 58 Vincent Lemieux and Jean Crête, op. cil., p. 216. 59 John Meisel, «The larger Context : The Period Preceding the 1979 Election)), Canada at the Polls, 1979 and 1980 :A Study of the General Elections. Washington, Arnerican Enterprise institute for Public Policy Research, l981,426p., p. 42. 60 Presse Canadienne, "Appui total de Biron au parti conservateur", La Tribune, jeudi 10 janvier 1980, p. AS. " ûn note ici deux types d'exceptions. La première est celle ou le soutien consenti au Parti progressiste-conservateur est fort et où celui accordé à l'Union nationale est faible: Ornerville et Ditton. La seconde est celle ou des municipalités accordent un vote massif à l'Union Nationale, tout en n'accordant que de maigres résultats aux conservateurs. 11 s'agit de Ulverton et Ste-Praxède. 49 help form the Consewatives [...]J)'~ Pour ce qui est du second, il se lance dans la course au début de janvier. M. Russell mentionne qu'il demeure membre de l'Union

Nationale et que son geste ne constitue qu'un échange de bon procédé entre unionistes et conservateur^.^^

Le chef conservateur peut aussi compter sur la présence de Denis Beaudoirf4 qui a

été candidat créditiste dans Richmond-Wolfe en 1979. Se rendant à l'évidence que le Crédit Social ne va nulle part, celui qui est passé à 473 voix de remporter le comté en 1979 décide de faire à nouveau la lutte à Alain Tardif, cette fois comme candidat de l'équipe progressite-conser~atrice.~~Le cinquième candidat conservateur et celui qui brigue les suffrages dans Sherbrooke est Michel Beaudin. Ironisant sur son déficit de notoribtb dans le comté, le dbputé sortant et candidat libéral Irénée

Pelletier ne se fait pas prier pour mentionner: ((1 suppose /'II see a picture of him before the campaign is fhmugh [...])f6 Malgré la notoriété élevée de la plupart de ces candidats, ceux-ci ne seront pas favorisés par les résultats électoraux.

62 Carole Treiser, "Job vow helled Greniery',The Record, Monday, december 24, 1979, p. 1. 63 Nelson Wyatt, "Russell to tun for PCs", The Record, Monday, January 7, 1980, p. 1. * Denis Beaudoin sera plus tard nommé organisateur en chef du Parti progressiste- conservateur au Québec sous Joe Clark. 65 Steve McDougall, "Neo- Beaudoin attacks Tardif, Grits", The Record, Tuesday, January 15,1980, p. 1. Carole Treiser, "Pelletier lame but mffled amid Tory campaign challenge", The Record, Tuesday, January 22, 1979, p. 3. Graphique 14

Relation entre le vote accordé au PC en 1979 et le soutien au PQ en 1976

Rsq = 0,073 O Oh du vote accordé au PQ en 1976

II est souvent mentionné que le Parti progressiste-consewateur a bénéficié du soutien électoral péquiste dans son histoire récente. Le graphique 14 annonce toutefois que le Parti progressiste-conservateur n'a pu compter compter sur ce soutien en 1979."

Précisons que selon les corrélations que nous avons effectuées, le Parti progressiste-conservateur ne bénéficie d'aucun appui particulier du PQ en 1979. On est encore loin du «beau risque)) de 1984. Cette situation est d'autant plus normale que les péquistes préférent alors donner un coup de main au Crédit Social. En 1980,

67 Les municipalités de Sainte-Sabine, Rainville, Farnham, Notre-Dame-de-Stanbndge, Cowansville, Adarnsville et Ornerville accordent toutefois un appui élevé au PC et au PQ. Notons que ces municipalités sont situées dans la circonscription de Brome-Missisquoi. En 1980, la situation est somme toute similaire. Afin d'alléger le texte, nous n'avons pas inclus le graphique illustrant la relation entre le vote péquiste de 1976 et le vote accordé au PC en t 980. 5 1 le parti de Ren6 LBvesque est absent des élections fédérales puisqu'il a d'autres projets en @te : on parle notamment du référendum qui approche à grands pas.

Pour clore ta relation entre le vote conservateur et la situation politique québécoise, mentionnons que les corrélations qui ont été effectuées annoncent qu'il n'existe aucune relation entre le vote accordé au PC et les deux clientdes référendaires de

1980, c'est-Mire le camp du Oui et le camp du Non.

Regardons maintenant la relation entre le vote accordé au Parti progressiste- conservateur en 1979 et 1980 et les deux principaux groupes linguistiques que l'on retrouve dans les circonscriptions des Cantons de l'Est.

Graphique 15

Relation entre le vote accordé au PC en 1979 r- et la population francophone dans une municipalité

Rsq = 0,243 O 20 40 60 80 1O0 % de population francophone dans une municipalité (1981)

Pour les conservateurs, les élections de 1979 sont négatives dans le sens ou ils ne 5 2 elles ne bénéficient pas de l'appui des francophone~.~~Le Québec et les Cantons de l'Est sont massivement rangés derridre Pierre E. Trudeau et le message de Joe

Clark ne passe pas encore au Québec. C'est que le PC est éloigné idéologiquement des francophones. Durant la campagne électorale de 1979, quand on demande au chef conservateur ce qu'il pense du prochain référendum, il répond : ((Quebec cannot vote its way out of canada.^'^ Ce message est évidemment prononcé afin d'apaiser le reste du Canada. Les francophones y voient cependant une stratégie pour aller chercher le plus de votes possible dans le ROC70,ce qui éloigne le PC des francophones." Joe Clark ne semble pas ette en mesure de séduire l'&lectorat québécois. Comme le mentionne un éditorial de La Tribune,

M. Joe Clark, de son côté, maintient un refus catégorique de négocier quoi que ce soit qui ressemble Ci de l'autodétermination québécoise. Le malaise créé par cette option chez quelques-uns de ses candidats québécois alimente les doutes sur l'alternative offerte par le parti conservateur. II s'en dégage un sentiment de confusion et de division au sein de ce parti."

Il est vraisemblablement difficile pour les conservateurs de remporter des comtés dans un tel contexte. Dans une région ou la majoritb de la population est francophone, les conservateurs sont visiblement minoritaires.

68 Il y a cependant des exceptions, c'est-à-dire des municipalités fortement francophones accordant un résultat électoral élevé au Parti progressiste-conservateur, Il s'agit de Ste-Sabine, Rainville, Famham, St-Ignace de Stanbridge, Notre-Dame de Stanbridge, Stanbridge Station, Bedford, Cowansville et Adamsville. Toutes ces municipalités se trouvent dans la circonscription de Brome-Missisquoi. Est-il utile de préciser que ce comté est le fief de Heward Grafftey. 69 Vincent Lemieux and Jean Crète, op.cit., p. 217. 'O ROC : ctRest of Canada))ou Reste du Canada " Vincent Lemieux and Jean Crète, loc. cit.. " Jean Desclos, "Une Campagne électorale peu engageante", La Tribune, vendredi 11 mai 1979, p. 8. En 1980, après six mois de présence conservatrice sur les banquettes gouvernementales, il est permis de noter une faible amélioration en ce qui a trait aux relations entre les francophones et le parti de Joe Clark. Cependant, la corrélation demeure similaire B celle notée en 1979. On peut attribuer cette meilleure performance au message du PC et de son chef, qui se veulent ouverts au Québec. II est intéressant de noter que le déclin des créditistes coïncide avec une certaine remontée des conservateurs au sein de l'électorat francophone.

Durant la campagne électorale de 1980, les conservateurs estiment également que leurs chances sont bonnes dans Mégantic-Compton-Stanstead. C'est ainsi que

Fernand Grenier

[...] is one of the few Conservatives who is rated as having a chance to win a Quebec riding. The presence in the riding during his campaign, first of Prime Minister Joe Clark, and after, of Extemal Affairs Minister Flora MacDonald, underiines the party's hope.'=

Les voeux des consewateurs ne seront cependant pas exaucés puisque Claude

Tessier sera reconduit dans ses fonctions le 18 février 1980 avec 22 612 voix de majorité.

S'il est vrai que les conservateurs nourrissent des espoirs dans Shefford et

Mégantic-Compton-Stanstead, ils font cependant preuve de moins d'optimiste dans

Richmond-Wolfe. Pour tout dire,

73 Barbara Verity-Stevenson, "... but Grenier has a chance", The Record, Wednesday, Tory organizers see Denis Beaudoin, Richmond's Tory, as a dark horse. As a Socred, he came within less than 1,000 votes of Liberal Alain Tardif, and party organizers are hopeful voter loyalty will be greater to Beaudoin than to the moribund Socreds [...]. But Beaudoin's chances [...] are only of the dark-horse variety, and it's doubtful they'll corne to rnuct~.'~

Cette prédiction s'avére fondée puisqu'au soir des élections, le député libéral Alain

Tardif accroît sa majorité et l'emporte par 12 739 voix.

Graphique 16

Relation entre le vote accordé au PC en 1979 et la population anglophone dans une municipalité

Rsq = 0,214 O % de population anglophone dans une municipalité (1981 )

L'attachement d'un important segment des anglophones envers le parti dirigé par

Joe Clark se rbvéle, d'une façon embryonnaire toutefois, A travers ce graphiq~e.'~

February 1 3, 1980, p. 1 1. '' James Duff, "Two views: A siim Grit majority ... and a bare Tory minority", The Record, Monday, February 18, 1980, p. 1,3. 75 On dénombre neuf municipalités, majoritairement anglophones, qui viennent se soustraire à cette règle. C'est ainsi que les municipalités de Stanstead, Ogden, Stanstead canton, Hatley, North Hatley, Melbourne village, Ulverton, Cleveland et Lennoxville accordent de faibles 55 En 1979, Maureen McTeer, l'épouse de Joe Clark, vient faire campagne dans la région. Elle prête main forte à Claude Gosselin dans Mégantic-Compton-Stanstead, qui regroupe un pourcentage important d'anglophones. Dans son compte-rendu de la visite de Mme McTeer, une journaliste du Record décrit de façon intéressante une partie de la tournée effectuée en compagnie du candidat conservateur.

Then it's on to North Hatley where PC organizers hope to get a feel of how the 27 per cent English population of the riding is going to vote. There's a big tumout and the Legion room buues with chatter [...]."

II faut également avouer que les conservateurs bénéficient d'un soutien 6ditorial en région. Quelques jours avant l'arrivée aux urnes des électeurs, The Record suggère

à ses lecteurs de voter pour les candidats de Joe Clark. L'éditorial du quotidien anglophone utilise les mots suivants: «We hope that the voters of Canada and more particulariy fhose of Quebec will vote for the Progressive Consematives on May

22nd. It's a risk worth taking.))" Dans une large mesure, cet appel sera entendu par les anglophones mais cela ne suffira pas à faire dire plus qu'un consenrateur dans la région. Il s'agit de Heward Grafftey, dans Brome-Missisquoi. II deviendra ministre de la science et de la technologie dans le cabinet de Joe Clark.

Toutefois, la victoire de ce conservateur a beaucoup plus à voir avec sa popularité personnelle qu'avec son allégeance politique. ctant ((appuyé par une équipe bien structurée, apprécié pour sa simplicité et son ardeur au travail dans un comté où une résultats aux candidats conservateurs. Les anglophones constituent cependant la seule clientNe linguistique qui accorde un appui important au PC. 76 Barbara Stevenson, "McTeer visit: Doing her country proud", The Record, Wednesday, May 2, 1979, p. 1,3. 56 grande proportion des électeurs votent pour l'homme, Heward Grafftey peut difficilement être battu.»78 Bien qu'ils bénéficient de l'appui des anglophones de la région, les progressistes-conservateurs ne peuvent compter sur l'appui d'un large segment de la population qui leur permettrait de remporter des siéges dans les

Cantons de 1' Est.

La campagne régionale des conservateurs ne ménage aucun effort pour consewer la faveur des électeurs anglophone^.'^ Dans cet ordre d'idées, le chef conservateur

Joe Clark visite la région au milieu du mois de janvier afin de venir seconder Armand

Russell et Fernand Grenier. De plus, on apprend que l'organisateur en chef du candidat Armand Russell dans Shefford est nul autre que Gérald Scott, candidat du

PC dans cette circonscription aux élections de 1979. Celui-ci a accepté de céder sa place à l'ancien ddputé unioniste parce qu'on croyait qu'il avait de meilleures chances d'aller chercher le vote des anglophones et de ceux qui ont voté pour

Gilbert Rondeau l'année pré~édente.'~Le vieux lion unioniste ne parvient cependant pas à vaincre le jeune loup libéral.

A la fin de la campagne électorale de 1980, l'éditorial du Record donne son appui au

Parti progressiste-conservateur. Le signataire de ce texte mentionne que ((the n George MacLaren, "Vote Conservative", The Record, Wednesday, May 16, 1979, p. 4. '' Louise St-Pierre, "Missisquoi, le fief de Heward Grafftey", La Tribune, vendredi 18 mai 1979, p. 10. '' NOUSn'avons pas jugé bon d'inclure le graphique illustrant la corrélation entre le vote accordé au PC en 1980 et la population anglophone, puisque la relation est similaire à celIe notée en 1979. Cependant, par rapport à l'élection du 22 mai 1979, les progressistes- conservateurs améliorent leur performance au sein de la clientèle anglophone en 1980. Nelson Wyatt and James Duff, "Coaticook campaign stop: Clark laments dead TV debate", 57 Liberal party does not deserve to win this elecfion [...].»'' Les électeurs des Cantons de I'Est ne partagent pas son avis. Le 18 février, même Brome-Missisquoi glissera entre les mains des conservateurs.

Bien qu'il investisse des efforts pour recruter des candidats valables, «le P.C. n'effectuera pas de percée significative au Québec.»82Les candidats conservateurs briguant les suffrages le 18 février 1980 se trouvent dans une situation difficile, puisqu'ils sont coincés entre la disparition des créditistes et le retour triomphal de

Trudeau a ta tête des libéraux. La recette pour le PC serait de récupérer le vote créditiste mais comme nous pourrons le constater plus loin, ce vote s'acheminera vers les conservateurs et les libéraux, le second bénéficiant de la défection créditiste dans une plus grande mesure que le premier. Ajoutons A cela la «[...] réticence quasi viscérale [des Québécois] A entretenir des relations soutenues avec le parti de Joe

Clark,na3Visiblement* le PC ne passe pas encore au Québec. Pour tout dire,

Clark struggled against Trudeau in Quebec like a herretic denouncing the Pope. So powerful was Trudeau's mystique and so entrenched was the Liberal Party in every corner of Quebec that Clark fared even worse than Stanfield had in attracting support.84

II est donc difficile pour le chef conservateur et ses troupes d'effectuer une percée dans les Cantons de I'Est. Cela dit, même s'ils ne parviennent pas A renverser la vapeur, les conservateurs réussissent tout de même à améliorer leur performance

The Record, Monday, January 14, 1979, p. 1,2. '' George MacLaren, "Or do we?', île Record, Wednesday, Febniary 13, 1980, p. 4. 82 Jacques Lafontaine, "Le nouveau Clark et le nouveau Trudeau", La Tribune, jeudi 17 janvier 1980, p. B2. 83 Jacques Lafontaine, "Encore des promesses", La Tribune, mardi 8 janvier 1980, p. B2. 5 8 au sein de l'électorat francophone. L'effondrement du Crédit Social ne peut en rien contredire cette performance.

Pour ce qui est de la clientéle péquiste, celle-ci s'apprdte, lentement mais sûrement,

à se frayer un chemin vers le Parti progressiste-conservateur. Un jour viendra, quatre ans plus tard, où les candidats conservateurs seront a même de récolter les fruits de cette semence.

La performance des progressistes-conservateurs a l'intérieur des groupes linguistiques de la région est à l'opposé de celle des créditistes. En résumé, le PC a tendance bien performer chez les anglophones mais il n'a pas d'assises chez les francophones. C'est d'ailleurs ce qui constitue son handicap à la fin des années

1970 et au début des années 1980.

Que se ~roduit-t-ilentre 1979 et 1980

Vers la fin de la campagne électorale de 1980, un éditorial de La Tribune résume en quelques lignes la position des partis fédéraux dans les Cantons de l'Est : «le Parti

Libéral a le vent dans les voiles, les troupes créditistes preparent leur chant du cygne, la machine conservatrice a toujours ses ratés.»85A la lumiére des différences entre le vote de 1979 et celui de 1980, cela résume trés bien la position des trois partis politiques sur la scène fédérale.

84 Jeffiey Simpson, op. cd., p. 322. 85 Jean Vigneault, "Le parti de Joe Clark ne convainc pas", La Tribune, vendredi 25 janvier Graphique 17

O Courbe pertes-gains (%) du CS entre 1979 et 1980 00 (chaque ligne verticale reprbsente une municipalité) E 2q

La graphique 17 annonce que, sauf dans deux localitéss6,le Crédit Social essuie des pertes dans la quasi totalité des municipalités de la région. Plus souvent qu'autrement, ces pertes s'avérent lourdes. Dans l'ordre de croissance, le Crédit

Social essuie des pertes dans Richmond-Wolfe, Mégantic-Compton-Stanstead et

Sherbrooke. Comme nous l'avons mentionne précédemment, le Crédit Social ne présente aucun candidat dans deux circonscriptions aux élections fédérales de

1980, soit Shefford et Brome-Missisquoi.

Nous avons toutefois choisi de présenter ce graphique parce que le parti présente des candidats dans les trois autres circonscriptions, et aussi parce qu'un tel tableau nous aide à entrevoir la direction vers laquelle s'achemine l'électorat créditiste.

1980, p. B2. 86 WateMlle et le canton de Compton. Graphique 18

Declin du Crédit Social entre 1979 et 1980 (%)

Brome- Sheibrd M.C.S. Sherbrooke Richmond- Missisquoi Wolfe

Le graphique 18 témoigne de l'effondrement total du Crédit social dans les Cantons de l'Est entre 1979 et 1980. On remarque que le CS ne présente aucun candidat dans Shefford et Brome-Missisquoi. Pour reprendre les termes du professeur Meisel,

(( had to al/ intents and purposes retained a foothold only in Quebec and

had been waekened them and elsewhem by a senes of rnisf~rtunes.»~'II nous sera

plus loin possible de constater dans quelle mesure les deux autres formations,

libéraux et progressistes-conservateurs, bénéficieront de cet effondrement.

John Meisel, op. cit., p. 54. Graphique 19

w Courbe pertes-gains (%) du PC entre 1979 et 1980 -QI 40,

Tandis qu'ils ne parviennent pas à faire élire un seul député en 1980 et qu'ils perdent conséquemment Brome-Missisquoi, les progressistes-conservateurs effectuent des gains dans la majeure partie des municipalités de la région."

Précisons que les conservateurs parviennent Ci occuper la deuxième position au classement dans Richmond-Wolfe et Mégantic-Compton-Stanstead. En 1979, ce sont les créditistes qui &aient arrivés deuxiémes. Le PC a donc fait des gains mais ceux-ci ne se traduisent pas en sièges. Précisons que le Parti progressiste- conservateur doit encaisser des pertes et des gains dans les cinq circonscriptions de

Le PC essuie toutefois des pertes à Granby, canton de Granby, Warden, Roxton Pond, St- Valérien de Milton, Valcourt, Rock Forest, Abbotsford et Ange-Gardien. Ces municipalités font partie du comté de Shefford. Dans Brome-Missisquoi, les conservateurs encaissent des pertes partout sauf à S-Sébastien, St-Ignace de Stanbridge et Bolton-ouest. Cela n'a rien de surprenant, si on prend en considération la défaite de Heward Graffiey. Du côté de Mégantic- Compton-Stanstead, le score du PC est à la baisse dans le Canton de Bamston, à Waterville, à Bury et à East Angus. Quant à Richmond-Wolfe, seules les municipalités de St-Julien et de St-Jacques-le-Majeur n'accordent pas de hausse électorale au PC. Finalement, pour ce qui est la région.

Graphique 20

Situation des conservateurs entre 1979 et 1980 (%)

Richmond- Sherbrooke M.C.S. Stiekrd Brome Wolfe Missisquoi

Le graphique 20 témoigne du positionnement électoral du Parti progressiste- conservateur dans les Cantons de l'Est entre 1979 et 1980. Nous y apprenons que le PC essuie des pertes dans deux comtés. Tout d'abord dans Shefford et aussi dans Brome-Missisquoi, ce dernier résultat confirmant la défaite du conservateur

Heward Grafftey. De même, il enregistre deux gains, soit dans Mégantic-Compton-

Stanstead et Richmond-Wolfe. Sans doute, la popularité des candidats Femand

Grenier et Denis Beaudoin a contribué ce résultat positif. Enfin, la situation demeure stable dans Sherbrooke.

de la circonscription de Sherbrooke, le PC essuie des pertes à Lennoxville. Graphique 21

Courbe pertes-gains (%) du PLC entre 1979 et 1980 4

Enregistrant des gains dans presque toutes tes municipalités de la région, ce sont vraisemblablement les libéraux fédéraux qui remportent la mise entre 1979 et 1980.''

Ils doivent toutefois encaisser des pertes dans Mkgantic-Compton-Stanstead et

Richmond-Wolfe. Les circonscriptions de Richmond-Wolfe, Shefford, Brome-

Missisquoi, Mégantic-Compton-Stanstead et Sherbrooke offrent néanmoins des gains au Parti libéral fédéral.

- - - 89 Dans Shefford, le Parti libéral fédéral effectue des gains partout. Dans Brome-Missisquoi, le parti essuie cependant de modestes pertes (le niveau des pertes se situe entre -1 et -5% dans ces municipalités) à Noyan, Frelighsburg, Abercom et Bolton-ouest. On constate ici que le Parti libéral renverse la vapeur dans le seul fief conservateur de la région aux élections fédérales de 1980. De son côté, Mégantic-Compton-Stanstead offie au PLC une baisse des résultats électoraux à Ogden, North Hatley, Compton canton, Clifton-est, Ditton, Marsboro, Woburn et Milan. Richmond-Wolfe présente une feuille de route presque parfaite, puisque le PLC ne subit qu'une seule perte, soit dans le village de Melbourne. Finalement, le comté de Sherbrooke ofie des gains au PLC dans les deux villes qui composent le comté : Sherbrooke et Lennoxville. Somme toute, les libéraux effectuent des progressions qui se veulent majoritairement importantes. 69

Graphique 22

Remontee du Parti liberal féddral entre 1979 et 1980 (?%)

Brome Richmond- Shefford M.C.S. Sherbrooke Mssisquoi Wolfe

Le Parti libéral fddéral enregistre des gains dans les cinq comtés de la région, ce qui illustre la consolidation du vote libéral. Cette situation est similaire à celle rencontrée entre 1974 et 1979. A la lumière du graphique 2 (relation entre le vote liberal de

1974 et celui enregistré en 1979) et du graphique 22, il est possible de constater la consolidation du vote en faveur des libbraux fédéraux dans les cinq circonscriptions des Cantons de l'Est, entre 1974 et 1980. tes chiffres nous aident mieux saisir cette situation. Ainsi, entre le 8 juillet 1974 et le 18 février 1980, le PLC enregistre une hausse de 33,7% dans Shefford, 24,4% dans Richmond-Wolfe, 21,8% dans

Mégantic-Compton-Stanstead, 15,4% dans Sherbrooke et 10% dans Brome-

Missisquoi. Si nous tenons compte de la place qu'occupent les francophones dans ces circonscriptions, nous constatons que, règle genérale, dhe more Francophone a 65 constituency, the larger the Liberal gain from 1974 to 1980.)) Nous avons précisé

«régie gdnérale)) puisque Sherbrooke est plus francophone que Mégantic-Compton-

Stanstead, mais offre une hausse moindre aux libéraux fédéraux durant cette période.

Graphique 23

Relation entre le vote accordé au PC en 1979 00 r et celui obtenu en 1980

Rsq = 0,608

O IO 20 30 40 50 60 ' O % du vote accordé au PC en 1979

Le graphique 23 illustre le fait qu'en 1980, les progressistes-consewateurs parviennent à conserver la faveur de leurs électeurs de 1979.9' Cette corrblation n'a pourant rien de bien étonnant, puisque les assises du PC sont dans un processus de solidification dans la région. Ce graphique confirme l'alignement des votes accordés au PC lors des deux scrutins généraux. Même si le Parti progressiste-conservateur

* William P. Irvine, <(Epilogue: The 1980 Electiom), Canada ut the Polls, 1979 and 1980 :A atudy of the General Elecrions (Howard R. Penniman ,ed.) , Washington, American Enterprise Institute for Public Policy Research, 1981,426p., p. 384. 9 1 Quelques municipalités se démarquent à travers ce graphique. C'est ainsi que St-Jacques-Ie- Majeur accorde un pourcentage beaucoup plus élevé que la moyenne en 1980, par rapport à 1979. Pour sa part, St-Claude les électeurs de St-Claude effectuent le cheminement inverse, c'est-à-dire qu'ils ont accordé plus de votes au PC en 1979 qu'en 1980. 66 ne remporte aucune circonscription et qu'il connaît une chute électorale dans trois comtés, le PC est toutefois en bonne posture auprés de ses électeurs.

Graphique 24

g Relation entre le vote accordé au PLC en 1979 QI - et celui obtenu en 1980

S 241Rsq = 0,389 20 30 40 50 60 70 80 % du vote accordé au PLC en 1979

Les libéraux fédéraux ont tendance à conserver les mêmes électeurs entre 1979 et

1980.92Comme nous l'avons constaté précédemment, les libéraux accroissent leur

majorités dans tous les comtés de la région. Le graphique 27 ne provoque donc

aucune surprise. Cela confirme la consolidation du vote libéral entre l'élection du 22

mai 1979 et celle du 18 fbvrier 1980.

Avant de continuer l'illustration de notre propos, il est 4 préciser que nous n'avons

pas jugé bon d'inclure un graphique illustrant la corrélation du vote créditiste de 1979

-- " Quelques municipalités ~fientcependant une performance électorale accrue pour le PLC en 1980, relativement aux résultats obtenus en 1979. C'est notamment le cas de St-Jacques-le- Majeur, St-Gérard, Fontainebleau et Trois-Lacs. 67 et de celui de 1980, puisque le parti s'est effondre et qu'il n'a pas présente de candidat dans deux circonscriptions de la région, Brome-Missisquoi et Shefford.

Graphique 25

Rsq = 0,682

Pertes et gains (%) du CS (79-80)

La corrélation du graphique 25 s'avère assez forte. Les progressistes-conservateurs

bénéficient alors de l'effondrement du vote crediti~te?~Le tout. même si les gains

conservateurs affichent une tendance à être moins élevés, à mesure que les pertes

créâitistes diminuent.

En permettant le ddclenchement dt61ections en dbcembre 1979, Joe Clark croyait

que son parti parviendrait a aller chercher la clientde créditiste. Jeffrey Simpson

rbsume sa pensee ainsi: H[...] if the créd/tistes faded in Quebec their supporters

93 Quelques municipalités font bande à part, dans le sens où les créditistes enregistrent de fortes pertes et les conservateurs des gains importants. On peut citer à ce propos les 68 would kd a new political home wilh the conseniatives.r" Le chef conservateur a raison dans le sens où plusieurs créditistes rejoignent le PC. Par ailleurs, il est aussi perdant parce qu'un plus grand nombre de francophones s'en iront du côté des libéraux fédéraux.

Graphique 26

Transfert des votes du Crédit Social au PLC (1979-1980)

Rsq = 0,354 O Pertes et gains (%) du CS (79-80)

Entre 1979 et 1980, les libéraux fédéraux effectuent des gains sur le territoire

créditiste. A l'instar du graphique 25, on note dans le graphique 26 l'augmentation

des gains du PLC au même rythme que l'augmentation des pertes créditistes. II est

cependant possible d'affirmer, sans risque d'erreur, que les libéraux bénéficient de

la perte de vitesse des créditistes dans une plus grande mesure que les

con~ewateurs.~~

municipalités de Rock Forest, St-Gérard, Kingsbury et Fontainebleau. 94 Jeffirey Simpson, op. cit., p. 29-30. 95 Dans certaines municipalités, les fortes pertes créditistes correspondent a une remontée Nous avons finalement tenté, sans succés, d'identifier une relation entre les pertes et les gains des trois partis étudiés précédemment, c'est-à-dire le Parti libéral fédéral, le Crédit Social et le Parti progressiste-conservateur, et le revenu médian des familles dans les municipalités des Cantons de I'Est. Or la corrélation de ces deux variables n'indique aucune relation tangible pouvant nous aider à découvrir la tranche de revenu dans laquelle les partis ont connu un recul ou une progression.

A la lumière de ce qui précède, on constate que l'aspect minoritaire de la clientèle

électorale du Parti progressiste-consewateuf dans les Cantons de I'Est en 1979 et en 1980. Bien qu'il puisse etre relié aux anglophones et aux partisans de l'union nationale présents dans la région, il n'en demeure pas moins que le PC se situe toujours dans l'obscurité politique. II a été possible de constater que l'électorat francophone n'endosse pas le message du PC, ce qui constitue une lacune pour l'accès de cette formation politique sur la scène politique des Cantons de I'Est.

A première vue, la perte de vitesse du Crédit Social aurait dû être profitable au Parti progressiste-conservateur, mais l'approche du référendum de 1980 est venue polariser l'échiquier politique de la région. Pour tout dire, les fédéralistes se sont regroupés demére les libéraux de Pierre Elliott Trudeau et les électeurs péquistes, après avoir soutenu le Crédit Social en 1979, n'ont pas cru bon de se ranger derrière le Parti progressiste-conservateur en 1980. Ils en avaient plein les bras avec le

substantielle des libéraux fédéraux. C'est le cas a St-Fortunat, St-Jacques-le-Majeur, St- Gérard, Fontainebleau et Trois-Lacs. 70 référendum du 20 mai. Tout cela a fait en sorte que les conservateurs de la région se sont vus relégués au second plan.

Il est finalement possible d'affirmer que la clientéle électorale du Parti progressiste- conservateur aux élections de 1979 et 1980 se résume aux anglophones et aux

({bleus)) convaincus et irréductibles. Aprés son éclatante victoire électorale du 31 mars 1958, le chef cansewateur affirmait : «ihereJsno way to go but downu. Ce qui est l'inverse pour les adeptes du Parti progressiste-conservateur dans les Cantons de l'Est. Les annees a venir se veulent donc porteuses d'une meilleure fortune pour tes conservateurs de la région. C'est ainsi que le 4 septembre

1984, le Parti progressiste-conservateur parviendra a aller chercher des votes au sein de toutes tes composantes politiques et linguistiques. Cela lui permettra de remporter des comtés dans la région.

Ce premier chapitre nous a d'abord permis de constater l'effondrement du Crédit

Social dans les Cantons de l'Est. Ensuite, nous avons pu obsewer la remontée du

Parti libéral fédéral. Finatement, durant cette même période, les progressistes- conservateurs ne sont pas parvenus a tirer leur épingte du jeu. Ils ont certes connu une certaine hausse électorale en 1980, mais celle-ci apparaît comme étant minime par rapport A la progression des libéraux fédéraux. 71 Chapitre deux: La volatilitd des assises dectorales du PC et du PLC dans les Cantons de l'Est en 1984 et en 1988.

En 1981, le gouvernement libéral de Pierre Elliott Trudeau rapatrie unilatéralement la constitution canadienne. Pendant ce temps, le leadership de Joe Clark a la tête PC est de plus en plus contesté, pour ne pas dire ébranlé. Cette lutte intestine aboutit a un congrés à la direction du Parti progressiste-conservateur, qui se déroule à Ottawa au milieu du mois de juin 1983. C'est ainsi que le 13 juin, les délégués du Parti progressiste-conservateur choisissent un nouveau chef en la personne de Brian

Mulroney. Celui-ci s'emploie d'ailleurs courtiser l'électorat de sa province natale.

Comme le mentionne alors le nouveau chef du PC, «for the first time, being a Tory in

Quebec is something more than being the target of jokes at cocktail parties.})' Force est de reconnaître que ce n'est maintenant plus le cas au niveau national, de même que dans les Cantons de l'Est.

Les Cantons de l'Est n'échappent pas i3 cette nouvelle dynamique. A l'approche des

élections fëdérales qui doivent avoir lieu en 1984, on se bouscule pour être candidat du parti progressiste-conservateur. Comme l'écrit à l'époque le journaliste politique

Graham Fraser, «in many cases, conventions became key morale-boosting events, and the timing was choosen for the maximum effect.~~II évoque plus loin M[. ..] Jean

Charest's hotly contested nomination in Shehrooke, and in Mégantic-Compton-

l Anthony Wilson-Smith, "The Tory revival in Quebec", Macleun 's, vol. 97, no 15, April 9, 1984, p. 14. Graham Fraser, Pluying for Keeps: The Making of the Prime Minister: 1988, Toronto, McClelland & Stewart, t 989,496p., p. 360. 72 Stanstead, where François Génn was choosen.~~A ce stade, il est intéressant de porter attention à cette sélection des candidats du Parti progressiste-conservateur dans les circonscriptions des Cantons de l'Est, puisque cela s'avère révélateur de l'émergence de cette formation politique sur ta scéne régionale.

Dans Mégantic-Compton-Stanstead, deux candidats s'affrontent (un troisième s'est désisté à la veille de la convention). II s'agit de François Gérin, un avocat originaire de ~oaticook~,faisant la lutte à l'ancien député unioniste de Mégantic-Compton,

Fernand Grenier, qui a été candidat du PC en 1980. A la convention du 25 mars,

François Gérin l'emporte facilement sur son adversaire. Cette convention est représentative de ce qui se passe dans les Cantons de l'Est comme ailleurs en province et cela impressionne dans une région ou le PC a été, jusqu'a présent, une force marginale. A la suite de la convention qui a désigné François Gérin, on rapporte que dast week, in the small Eastern Townships village of East Angus, more than 1,200 Tory suppolters packed the local hockey arena for the biggest candidate nomination meeting in the history of Mégantic-Compton-Stanstead riding.w5

Du côté de Sherbrooke, on retrouve un autre jeune avocat, du nom de Jean Charest, qui affronte Claude Métras, personnalité connue et impliquée dans le milieu sherbrookois. A l'instar de François Gérin, Jean Charest est désigné pour porter les couleurs du Parti progressiste-conservateur. Dans Richmond-Wolfe, la convention a lieu le 3 juin. Gaston Fréchette, le frère de Raynald, député-ministre de Sherbrooke,

' Graham Fraser, 1oc.cit. ' François Gérin sera réélu aux élections du 21 novembre 1988. Par la suite, il est l'un des membres fondateurs du Bloc québécois. 11 ne se présente pas aux élections fédérales de 1993. ' Anthony Wilson-Smith, "The Tory revival in Quebec", Maclean 's, vol. 97, no 15, April9, 1984, p. 14. 73 l'emporte face à trois concurrents! Quelques semaines plus tard, il se retire pour des raisons de santé7 et le PC désigne Jean-Jacques Croteau pour lui succéder.'

Denis Loubier, un jeune camionneur, est désigné pour porter les couleurs du PC dans Shefford.

Le 15 juillet, Gabrielle Bertrand est nommée candidate du PC dans Brome-

Missisiquoi par le chef Brian Mulroney. Cette dernière n'est pas étrangére & la circonscription qu'elle représentera dorénavant à la Chambre des communes, puisque son défunt mari, Jean-Jacques Bertrand, a été député provincial de

Missisquoi à Québec entre 1948 et 1973. De plus, son grand-père a été candidat conservateur A trois reprises dans le comté, tant au fédéral qu'au provincia~.~

L'arrivée de Gabrielle Bertrand dans Brome-Missisquoi constitue une annonce tardive puisqu'on gardait le comté ouvert, au cas ou Brian Mulroney aurait voulu y briguer les suffrages. Le chef conservateur a cependant préféré se présenter dans

Manicouagan, circonscription dans laquelle se trouve sa ville natale, Baie-Comeau.

Au milieu du mois de juillet, Brian Mulroney présente 59 de ses candidats au

Québec. Les réactions suscitées par cette annonce ne se font pas attendre. «Mme

Gabrielle Bertrand, veuve de l'ancien premier ministre québécois Jean-Jacques

Bertrand qui ne laissera pas indifférents les électeurs de ~rome-~issisquoi.»'~A ce

Michel Morin, "Gaston Fréchette représentera les conservateurs de Richmond-Woife", La Tribune, lundi 4 juin 1984, p. A4. 7 Luc Cloutier, "Épuisé, Gaston Fréchette reconce à livrer bataille", La Tribiaie, samedi 23 juin 1984, p. A6. "Le PC choisit Jean-Jacques Croteau dans Richmond-Wolfe", La Trîbrrrie, mardi 10 juillet 1984, p. A4. Peter Scowen, ' select Gabrielle Bertrand as candidate in Brome-Missisquoi", The Record, Monday, July 16, 1984, p. 4. 'O Jacques Lafontaine, "Une équipe de "plombiers*~",La Tribune, mardi 17 juillet 1984, p. B2. 74 moment, la veuve de JeanJacques Bertrand est la candidate dont la notoriété est la plus élevée dans les Cantons de l'Est.

Graphique 27

Shefiord Richmond- Sherbrooke MCS. Brome- Wolfe Missisquoi

Le graphique 27, comparativement au graphique 1, qui portait sur les groupes

linguistiques dans les comtés au recensement de 1981, nous permet de constater

une hausse du pourcentage des francophones dans toutes les circonscriptions de la

région et de s'apercevoir également que le pourcentage de la population anglophone

dans la région est à la baisse partout. L'émeraence du PC dans les Cantons de l'Est en 1984

Lorsque nous faisons référence à la campagne électorale menée par le Parti progressiste-conservateur en 1984, on fait plus souvent qu'autrement référence, en réalité, ii la "coalition arc-en-cier . Cela signifie que les troupes de Brian Mulroney

«L..] are backed by an ad hoc coalition of old-fime Social Credit Supporters, Parti

Qudbdcois members and provincial Liberals who see the Conservatives as the right vehicle to smash the ~nts.u" Nous allons maintenant vérifier sur quoi repose cette affirmation et dans quelle mesure elle peut s'avérer fondée dans les cinq circonscriptions des Cantons de l'Est. Se référant aux travaux du professeur Harold

D. Clarke, le professeur Lawrence LeDuc, ({ Although the Conservatives pulled ahead of the Liberals in 1984 in tems of the total number of identifiers with the party, party identification in Canada has tended to display nearly as much volatility over time as the vote itself»12 Dans les pages qui suivent, nous serons en mesure de constater cet état de fait.

Nous constaterons que les progressistes-conservateurs recueillent l'appui de péquistes et de libéraux provinciaux. Cependant, «[ ...] the heterogeneity of the coalition of interests constmcted by Man Mulroney was bound to create many problems for the new govemment.»13 Cette prédiction sera confirmée, 9 ans plus tard, lors de l'élection fédérale de 1993.

" Irwin Block (Canadian Press), "Rolling 'Blue Thunder' flash pleases Québec Tories", The Record, Tuesday, August 21,1984, p. 5. '* Lawrence LeDuc, "The Changeable Canadian Voter", The Canadian Generol Elecrion of 1988, p. 1 12 l3 André Bernard, ((Liberah and Conservatives in the 1990s», Canadian Parties in Transition, second edition (A. Brian Tanguay and Alainn G. Gagnon, ed.), Toronto, Nelson, 1996,579p., p. 77 Graphique 28

Relation entre le vote conservateur de 1984 8 et le soutien accordé au PQ en 1981

O= 2 1 Rsq = 0,002 O 10 20 $0 40 50 60 70

O/O du vote accordé au PQ en 1981

Le graphique 28 nous apprend que le PC performe bien sur l'ensemble de la trajectoire électorale péquiste de 1981.'4 Comme l'écrivent les professeurs Jean

Crête et Guy Lachapelle, «the Parti Québécois prefemd to take a beau risque - to lend its support to the Progresssive Conservative party since many PC candidates had once been members of the Parti Québécois or had voted Yes in the 1980 mferendum.ul5 A un mois de l'élection, Brian Mulroney se rend dans le comté de

Manicouagan et y prononce une allocution, le fameux ((discours de ~ept-lles».l~ rt The speech was full of code-words aimed at those who voted for the PQ in 1981, and who were angry at the way Quebec was left out of the constitutional sefflement

" Quelques municipalités ont accordé un soutien élevé au PQ en 1981, mais ne font pas de même avec le PC en 1984. Il s'agit notamment d'Asbestos, St-Fortunat, Trois-Lacs et St- Georges-de-Windsor. En revanche, Rainville, Compton (canton), Compton (village), Barford, Clifion-Est, Ditton et La Patrie ont accordé un soutien massif aux deux formations politiques. l5 Jean Crête and Guy Lachapelle, "The Bloc Québécois", PaqPolitics in Canada, seventh edition, (Hugh G. Thorbuni, ed.), Scarborough, Prentice-Hall, 1996,643~. 16 Le rédacteur de ce discours est Lucien Bouchard, qui collabore à l'époque à la campagne électorale de son ami Brian Mulroney. 77 the same year.uI7 Les dirigeants du Parti québécois ne demeurent pas insensibles

à cet appel. Ainsi, ..] Quebec cultural affairs minister Clement Richard said Parti

Quebecois members want ccanyone but Liberals~to win the election. cclt couldnyt possibly be worse with the Progressive Conservativesr, he said.))'' II n'y a cependant pas que les ministres du gouvernement québécois qui se prononcent en faveur du parti de Brian Mulroney.

A l'occasion du caucus de ses députés réunis à Granby, au milieu du mois d'août

1984, René Lévesque a de bons mots a l'endroit du chef consewateur. Le chef du gouvernement québécois, donc, «[. ..] again praised Consemative Leader Brian

Mulroney for pledging to improve the state of federal-provincial relations.»'g Le chef péquiste ne se contente pas d'adresser de bons sentiments à I'endroit des progressistes-conservateurs. II joint le geste a la parole «[. ..] by putting the boots to the separatist Parti Nationaliste (PN), a spinoff fmm the PQ which hoped to capture some federal seats. The Quebec premier regulariy belittled the (cseparatist federalists~and cleared the way for two-way Tory-Liberal confrontations in most

Quebec nding~.»~~C'est ainsi que le PQ a fait partie de la coalition "arc-en-ciel' de

1984.~' Précisons cependant que les assises de ce vote ne sont pas solidement

établies et qu'elles sont, de ce fait, vulnérables.

" Graham Fraser, op. cit.. p. 357. " Val Sears, "The buttery-smooth Consenatives", The Canadian General Election of 1984 (Alan Frizzell and Anthony Westell, ed.), Ottawa, Carleton University Press, 1985, 139p., p. 31. 19 Paul Mooney, "Mulroney's provincial rights stand is 'remarquable' - Lévesque", The Record, Wednesay, august 15, 1984, p. 3. 'O Val Sem, op. ci?., p. 36. '' Dans Sherbrooke, le chef de cabinet du ministre Raynald Fréchette, Maurice Bernier, fait campagne au sein de l'équipe de Jean Charest. Dans Mégantic-Compton-Stanstead, l'agent officiel de François Gérin est Léon Ducharme, qui sera candidat du PQ dans Mégantic- Compton aux élections provinciales de 1985. Graphique 29

Relation entre le vote conservateur de 1984 $ et le soutien accorde au PLQ en 1981

Rsq = 0,001 8 O Oh du vote accordé au PLQ en 1981

A ilinstar des relations entre péquistes et progressistes-conservateurs, il est ici impossible de noter une relation entre le vote libéral de 1981 et le vote conservateur de 1984. Le graphique 29 illustre que le score du PC est bon dans l'ensemble de la trajectoire libérale de 1981.~' 11 apparaît évident que les assises du Parti

progressiste-conservateur au sein de cette clientèle sont faibles. La relation est

sensiblement la même si on compare le vote conservateur de 1984 avec le soutien

électoral des libéraux provinciaux en 1985. En 1984, Brian Mulroney KI..] stroked the

provincial Liberals, many of whom, including their leader, his friend Robert Bourassa,

were happy to settle a gnrdge wifh the federal Liberals who had treated them with so

" Les électeurs de Coaticook, Bamston canton, Bamston ouest, Ayer's Cliff et Dixville accordent un soutien élevé aux deux formations. A l'inverse, Melbourne (village), St-Jacques- le-Majeur, Ste-Praxède, Beaulac, Sts-Martyrs-Canadiens et Ham Sud ont massivement soutenu le PLQ en 1981 mais n'agissent pas de la même façon avec le PC le 4 septembre 1984. 79 much scom and had been responsible for their defeat in the 7987 provincial e~ection.»*~Pour les conservateurs du Québec,

One fertile source of recruits is the provincial Liberal party. Provincial leader Robert Bourassa, and old and close friend of Brian Mulrone's, has quietly told the party that rnernbers rnay work for any party they wish. In turn, some Liberal back-benchers have told their organizers to CO-operate fully with the ~onsetvatives.~~

II est intéressant de souligner que les libéraux provinciaux donnent aussi un coup de main à Brian Mulroney dans Manicouagan. Le journaliste Peter C. Newman rapporte que, durant la période qui précède l'élection du 4 septembre, Pierre Bibeau (directeur de campagne de Robert Bourassa) et Bernard Roy (organisateur en chef du PC au

Québec) se rencontrent toutes les semaines. De même, le journaliste divulgue l'ordonnance faite par Robert Bourassa à ses troupes, soit celle de seconder le chef progressiste-conseniateur dans son comté.25 Fort de cet appui tacite et parfois déclare des deux formations politiques québécoises, le chef du Parti progressiste- conservateur n'a pas a s'inquiéter des résultats de son parti au Québec, du moins à court terme.

23 Stephen Clarkson, "The Dauphin and the Doorned: John Turner and the Liberal Party's Debacle", Canada ut the Poils, 1984: A Study of the Federal General Election, American Enterprise Institute for Public Policy Research, Durham (North Carolina), Duke University Press, 1988,218p., p. 116 2J Anthony Wilson-Smith, op. cit., p. 14. '' Peter C. Newman, neCanadian Revolution (1895-1995): From Deference to Dence, Toronto, Viking, 1995,476p., p. 241. Graphique 30

Relation entre le vote conservateur de 1984 ab

7 et la population francophone dans une municipalité c 89 Q) .

Rsq =

% de population francophone dans une municipalité (1981 )

La performance des conservateurs chez les francophones est meilleure que celle rencontrée en 1980.*"ien qu'aucune relation ne puisse être établie entre les deux

éléments, il n'en demeure pas moins que les francophones accordent un pourcentage somme toute élevé au PC en 1984. Cette vitalité du Parti progressiste- conservateur peut être rencontrée tout au long de la campagne qui précède le scrutin de 1984. Ainsi, dans Sherbrooke, ((Progressive Conservative candidate John

Charest had a beach party for 700 Sunday and it was a great success for al1 concemed.u2' Fait intéressant a souligner, dhere are more PC Party members in

26 Les municipalités de Rainville, Bamston ouest, Ste-Catherine-de-Hatley, Ascot, Compton (canton), Compton (village), Dixville, Barford et St-Malo, qui sont fortement francophones, accordent un appui substantiel au Parti progressiste-conservateur le 4 septembre 1984. Par contre, Asbestos, St-Jacques-le-Majeur, Ste-Praxede, Danville, Ham Nord, Sts-Martyrs- Canadiens et Ham Sud, qui sont aussi majoritairement francophones, n'accordent pas un a pui élevé au PC. 1PCharles Bury, "Hundreds show for Conservative carnpaign launch under the trees", i"he Record, Monday, August 6, 1984, p. 4. 8 1 Sherbrooke now than there were Tow votes in the 1980 election - 3,800 to

3,500.))~' II faut spécifier que les conservateurs du comté de Sherbrooke n'étaient pas trés organisés par le passé.29En 1984, ils ne souffrent pas de cette carence.

La même situation se produit dans le comté de Mégantic-Compton-Stanstead. Plus de 400 personnes assistent à un lunch avec le candidat François Gérin. A cette occasion, le journaliste du Record remarque la formation d'une coalition d'anglophones et de francophones, de mQmeque d'anciens organisateurs du député libéral Claude ~essier.~'Lors d'une activit6 subséquente dans le même comté, on rapporte que ((organizers had to stop selling tickets to the brunch early when they realized al/ 500 places at liEpervier dance hall were ta ken.)^^'

Notons que François Gérin s'est préparé méticuleusement pour cette campagne

électorale. Le candidat consenrateur dans Mégantic-Compton-Stanstead N[. ..] has a

fully computerized organizafion with over 200 volunteer workers behind him. Alter 10

weeks of preparation he is ready to take on heavyweight incumbent ~essier.))~'Pour

être plus précis, «'..] Gerin has been campaigning almost without letup for almost a

year. August f5 1983, he ktappmached the Mégantic-Compton-Stanstead Tay

Peter Scowen, "Sherbrooke riding: The Great Debate is set but is MP Pelletier?', The Record, Friday, August 3, 1984, p. 4. 29 Michael McDevitt, "Sherbrooke Liberals are bracing for toughest race in history", The Record, Friday, July 13,l 984, p. 4. 30 Bart Hall-Beyer, "Gérin packs club for Sunday lunch", The Record, Thunday, August 16, 1984, p. 4. " Charles Bury, "Conservative Gérin eyes 2-to-1 victory over Liberal Tessier Sept. 4", The Record, Monday, August 27, 1984, p. 4. '' Pnrr Scowen, "Most Towrrhips Liberals to fight election with no inside opposition", The Record, Thursday, July 19, 1984, p. 4. 82 riding association to discuss the possibiliy of nrnning against Liberal MP Claude

Un autre événement, qui a pour objectif et pour effet de mettre en valeur les candidats du Parti progressiste-consenrateur dans les Cantons de l'Est, se déroule à

Sherbrooke durant l'été. II s'agit d'une rencontre des candidats et éminences grises du Parti progressiste-conservateur. Celle-ci aura lieu à l'université de Sherbrooke, les 24 et 25 juillet et elle permettra d'établir les priorités du Parti progressiste- conservateur au ~uébec.~~Pour tout dire, a[. ..] Qu6bec!s top 200 Tories stonned

Sherbrooke in an al/-day poiicy and planning session ~hursday.~~~Le chef du parti,

Brian Mulroney, assiste à cette rencontre.

" Charles Bury, "Gerin ninnuig every day", The Record, Friday, July 27, 1984, p. 4. Michael McDevitt, "Charest says planned caucus will place ernphasis on textile, high-tech", The Record. Wednesday, July 1 8, 1984, p. 3. l5 Charles Bury, "Passenger trains and help for fmen in PC pack", The Record, Friday, July 27, 1984, p. 4. Graphique 31

Relation entre le vote conservateur de 1984 a et la population anglophone dans une municipalité

u=20 S 14 . Rsq = 0,006 O 20 80 60 80 100

O/O de population anglophone dans une municipalité (1981)

En dépit du fait que l'on ne puisse noter aucune relation entre la population anglophone de la région et le vote accordé au Parti progressite-conservateur le 4 septembrer 1984, il est possible d'affirmer que la performance du PC au sein de ce groupe linguistique est élevée? Tout comme aux élections fkdérales de 1979 et de

1980, l'éditorial du Record prend partie en faveur du Parti progressiste-conservateur.

A la veille du scrutin, le quotidien anglophone écrit que

MÏ. Mulroney has really succeeded in bringing Quebecers into the Conservative ranks. The Tories represent the only chance for our country to get a national government in the forseeable future. Canada needs that, Quebec needs it and the Eastern Townships needs it. So that's why I am voting Conservative. How about y~u?~'

36 Les municipalités de Rainville, Barnston ouest, Ste-Catherine-de-Hatley, Ascot, Compton (canton), Compton (village), Dixville, Barford, Cilfion-Est se démarquent en accordant un fort soutien au PC en 1984. " "How about you7', The Record, Friday, August 3 1, 1984, p. 5. 84 Le PC peut compter, une fois de plus, sur l'appui de la population anglophone des

Cantons de l'Est.

Premier déclin de la clientéle du PLC en réaion

Graphique 32

Relation entre le vote accordé au PLC en 1984 et le soutien au PLQ en 1981 70i

% du vote accordé au PLQ en 1981

On constate ici qu'il n'existe aucune relation entre le vote libéral provincial de 1981 et le vote libéral fédéral de 1984.3aDeux comtés demeurent dans le giron libéral le 4 septembre. II s'agit de Richmond-Wolfe et Shefford.

Dans Richmond-Wolfe, les conservateurs souffrent du fait que leur candidat Jean-

Jacques Croteau ne soit pas résident du comté. II possède bien une résidence

38 Quelques municipalités, dans Mégantic-Compton-Stanstead, ont accordé un appui élevé au PLQ mais n'ont pas agi de la même façon avec le Parti libéral fédéral. 11 s'agit de Coaticook, Barnston canton, Barnston ouest, Stanstead canton, Hatley, Hatley canton, Dixville, Barford, Eaton canton, Newport canton, Audet. Quelques municipalités se sont comportées de la façon contraire, en accordant un appui électoral élevé aux deux formations. Il s'agit de Bolton- centre, Melbourne (village), Sts-Martyrs-Canadiens et Ham-Sud. 85 secondaire à ~arthby~',mais ce n'est pas suffisant pour le dédouaner de l'étiquette de "parachuté". Lorsqu'il interroge un résident du comté, le journaliste du Record est a même de constater cet état de fait. Ainsi, «unlike many voters, Stevens knows who

Tardif's opponent is But as he puts it, &orne people say it's better to go with the devil you know than the devil you don't.)~~~Avec Gaston Fréchette, originaire d'Asbestos et membre d'une famille politique4', les chances du PC auraient été meilleures. Cependant, «the Tory party [...J suffered a damaging setback two weeks ago when Fréchette heeded his doctofs advice and withdrew for medical reasons. r4*

Quant à Jean Lapierre, il semble jouir d'une situation favorable. Premièrement, il a

été nommé ministre de la jeunesse et des sports amateurs dans le cabinet ~urner.~~

Deuxièmement, «Shefford is a sofi spot for the PCs, ~o~~~ admifs. The party has no organization at al1 then.))" Les conservateurs ont du mal a denicher un candidat pour affronter Jean Lapierre. II faut attendre le début du mois d'août pour que Denis

Loubier, un camionneur de 25 ans qui réside B Granby, soit désigné candidat du PC dans ~hefford.~~~otons que les cinq députés libéraux fédéraux ne reçoivent aucune

- '9 '9 ~obb~Fisher, "Richmond: Tardif ready for newcomer", The Record, Tuesday, July 10, 1984, p. 3. 'O Robert Palmer, "Richmond-Wolfe: Tom between MP's 'good job' and leader images", The Record, Tuesday, August 2 1,1984, p. 4. '' Raynald Fréchette a été député unioniste de Sherbrooke entre 1966 et 1970 et député- ministre péquiste de Sherbrooke entre 1981 et 1985. Roch Fréchette a été maire de la ville d'Asbestos entre 1978 et 1986. Bobby Fisher, "Richmond: Tardif ready for newcomer", The Record, Tuesday, July 10, 1984, p. 3. 43 Graham Cox, "Shefford kid Lapierre gets youth, sport - youngest minister ever", 7'he Record, Tuesday, July 3, 1984, p. 3. .'4 Bernard Roy, ami d'université de Brian Muironey et président de la campagne québécoise du Parti progressiste-consewateur. 45 Charles Bury, "Roy praises E.T. mers", The Record, Friday, July 27, 1984, p. 4. 46 Robert Palmer, "Tory tmcker vows to dump minister Lapierre", The Record, Friday, August 3, 1984, p. 4. 86 opposition lorsqu'arrive e le temps de remporter la course A l'investiture dans leur

II est également utile de souligner que l'assistance aux activités libérales est moindre que celle rencontrbe chez les progressistes-conservateurs. C'est notamment le cas tors des assemblées d'investiture. Dans Mégantic-Compton-Stanstead, " une centaine de militants libéraux s'étaient donnés rendez-vous au motel Paolo par cette chaude journée d'été.n4a Dans Sherbrooke, Irénée Pelletier est investi de la candidature libéral ((devant quelque 100 militants du PLC du comté de Sherbrooke

[. ..].B~' Pour tout dire, (( Quebec Liberals, accustomed to elections without vigorous and well-organized opposition, were completely unprepared for the massive public switch to the ~onservatives.ssO

De plus, il est possible de noter que, même si les instances du Parti libéral québécois se déclarent neutres dans les comtés, le PLQ reconnaît i'avance du PC dans le comté de Sherbrooke. Ainsi, bien qu'elle affirme que "nos militants sont libres d'agir comme ils le veulent", la présidente régionale du PLQ, Monique Gagnon-Tremblay, mentionne qu'cc[ ...] elle ne serait pas surprise de voir certains comtés dont celui de

Sherbrooke, passer dans le giron conservateur A l'issue du prochain Prive

47 Peter Scowen, "Most Townships Liberals to fight election with no inside opposition", The Record, Thursday, July 19,1984, p. 4. " Stéphane Lavallée, "Claude Tessier de nouveau candidat", La Tribune, samedi 21 juillet 1984, p. M. " Michel Morin, "Pelletier s'engage à mener une lutte de tous les instants", La Tribune, Lundi 23 juillet 1984, p. B 1. Jefiey Simpson, "The vincible Liberals", Ihe Caiiadian General Elecfion of 1984 (Alan Frizzell and Anthony Westell, ed.), Ottawa, Carleton University Press, 1985, 139p., p. 27. Richard Caron, nsherbrooke aux conservateurs, prévoit la présidente du PLQ-Estrie», La Tribune,samedi 18 août 1984, p. A4. 87 de i'appui électoral et logistique de leur cousins provinciaux, les libéraux fédéraux sont visiblement destinées à une performance électorale défavorable.

Graphique 33

g Relation entre le vote accordé au PLC en 1984 Q, - et la population francophone dans une municipalité 8 7b 1

S id 1 Rsq=0.015 O 20 40 60 80 lm Oh de population francophone dans une municipalité (198 1)

Le graphique 33 n'illustre aucune corrélation entre le vote libéral fédéral de 1984 et

le pourcentage de population francophone dans une municipalité. L'appui des

francophones envers le Parti libéral fédéral dans la région est moins élevé que celui

réservé au Parti progressiste-~onservateur.~~Précisons toutefois que cet appui est

somme toute important, puisqu'il oscille entre 25 et 50%. Le score noté dans ce

graphique est cependant plus faible que ce qu'il a été constaté pour l'élection de

1979.

'*Quelques municipalités fortement bcophones mais qui n'accordent pas un appui élevé au Parti libéral fédéral. El s'agit de Bmston canton, Barnston ouest, Ste-Catherine-de-Hatley, Ascot. Fleurimont, Compton canton, Compton village, Dixville, Barford, Clifion-Est et Ditton. En revanche, d'autres accordent un soutien électoral élevé au PLC. On parle de Ste- Praxède, Shipton, Danville, Ham-Sud et Sts-Martyrs-Canadiens. Graphique 34

Relation entre le vote accordé au PLC en 1984 et la population anglophone dans une municipalité

% de population anglophone dans une municipalité (1981 )

La situation annoncée par le graphique 34 est similaire a celle rencontrée dans le graphique précédent. Ainsi, aucune relation n'est établie entre la population anglophone de la région et le soutien électoral accordé aux libéraux fédéraux A l'élection du 4 septembre. On note cependant que les anglophones appuient moins le PLC que le PC aux 6lections du 4 septembre 1984.U 11 est aussi necessaire de mentionner que les comtés regroupant une population anglophone importante, soit

Mégantic-Compton-Stanstead et Brome-Missisquoi, envoient respectivement un représentant et une représentante issus du Parti progressiste-conservateur h

Ottawa.

53 On peut noter deux exceptions a cette règle: Bolton-Centre et Brome (village). Pertes et aains des partis entre 1980 et 1984

Graphique 35

Courbe pertes-gains du PC entre 1980 et 1984 ""1mF

Le graphique 35 nous permet de constater que le Parti progressite-conservateur effectue des gains dans les cinq circonscriptions des Cantons de l'Est entre 1980 et

1984. La formation de Brian Mulroney essuie des pertes seulement dans 9 rnunicipalit6s1 situées dans Brome-Missisquoi et ~ichmond-~olfe.~En ordre croissant, ces gains se situent dans Brome-Missisquoi, Shefford, Richmond-Wolfe,

Sherbrooke et ~égantic-Compton- tanst te ad.'^

54 Ces municipalités sont, dans Brome-Missisquoi: Brome village (-12,50%), Stanbridge-Est (-5,49%), East Farnharn (-2,40%), Sutton (-6,08%), Sutton canton (-,61%), Bolton-Centre (-9,58%) et dans Richmond-Wolfe mam-Sud (-12,81%), Chester-Est (-2,21%) et St-Claude (-2,45%). '' Dans Sherbrooke, la ville de Sherbrooke accorde une hausse substantielle au PC (43,08%). Dans Mégantic-Compton-Stanstead, plusieurs municipalités s'avèrent très généreuses envers le candidat François Génn et son parti. Il est ici possible de citer Bamston canton (44,37%), Bamston-ouest (49,65%), Ascot (42,31%), Fleurirnont (44,51%), Compton canton (44,36%), Compton village (42,72%), Ascot Corner (44,83%), Dixville (43,85%), Coaticook (50,26%) et Barford (5 1,E%). 90 Graphique 36

Remonth des conservateurs entre 1980 et 1984 (%)

70

Sherbrooke Shefford Richmond- M.C.S. Wolfe Missisquoi

..

La remontée des progressistes-conservateurs entre 1980 et 1984, mise en lumière par le graphique 36, ne comporte rien d'inattendu. C'est ainsi que le PC passe d'un statut électoral a toutes fins minoritaire dans la région a une position dominante.

Notons que la circonscription de Brome-Missisquoi accorde une croissance

électorale plus faible au PC entre 1980 et 1984. Cet état de fait est sans doute redevable A la présence de Heward Grefftey sur les rangs progressistes- conservateurs le 18 février 1980.

Comme le constate le Professeur Peter Woolstencroft, les progressistes-

conservateurs perdent 88,8% de leurs membres dans les Cantons de l'Est, entre

1984 et 1985." 11 n'en faut guère davantage pour reconnaître que n[. ..] what was

56 Peter Woolstencroft, «The Progressive Conservative Party, 1984-1993 : Government, Party, Memberw, Party Politics in Canada, seventh edition (Bugh G. Thorbuni, ed.), Scarborough, 9 1 happening suggests that the base of the party was not as healthy as might have been inferred from the massiveness of the 1984 election vict~ry.))~~Voilà une preuve de plus qui démontre que les assises électorales et partisanes du PC dans la région sont tout sauf solides, et ce en dépit des résultats offerts par l'électorat des Cantons de l'Est le 4 septembre 1984.

Le 4 septembre 1984, trois comtés se rangent sous la bannière progressiste- conservatrice. Dans Mégantic-Compton-Stanstead, François Gérin obtient une majorité de 12 556, ce qui représente la meilleure performance du PC en région.

Quant au comté de Sherbrooke, il offre une majorité de 7 625 voix à Jean Chatest.

Enfin, Gabrielle Bertrand l'emporte par 5 985 voix dans Brome-Missisquoi.

Cependant, «deux stations libérales ont échappé de justesse au massacre et même le chateau fort de Shefford a tremblé sous la bourrasque conservatrice.^^^

Malgré cette impressionnante performance du PC h l'échelle régionale et nationale, le professeur George Periin a bien raison d'affirmer que ((the election had provided the Conservatives with an opportunity to establish themselves on a broader base, but their majority rested on a very fragile foundation.usgLes électeurs qui ont rejoint la coalition " arc-en-cier sont cependant volatiles.

Prentice Hall, 1996,643p., p. 292. Peter Woolstencrofl, op. cit., p. 289. j8 ~aquesLafontaine, "La région virée au bleu", La Tribune, vendredi 7 septembre 1984, p. B2. 59 George Perlin, "ûppottunity Regained: The Tory Victory in L984", Canada at the Polis: 1984, A Study of the Federal General Elections (Howard Penniman, ed.), Arnencan Enterprise hstitute for Public Policy Research, 1988, Duke University Press, 218p., p. 92 Graphique 37

Courbe pertes-gains du PLC entre 1980 et 1984 8 2q

Le graphique 37 nous présente l'envers de la médaille électorale dans la région.

Alors que les progressistes-conservateurs ont obtenu une augmentation des votes dans la presque totalité des municipalités de la région, l'inverse se produit pour le

PLC. Le Parti libéral doit composer avec un déficit klectoral dans les cinq comtés de la région. Les pertes les plus importantes se situent dans Sherbrooke et Mégantic-

~ompton- tanst te ad.^ Dans Shefford et Brome-Missisquoi, les pertes du parti libéral fédéral sont plus faibles. Pour ce qui est des gains obtenus par le PLC dans la région, ils sont peu nornbreu~.~'

60 Dans Mégantic-Compton-Stanstead, voici l'ampleur des pertes libérales: Coaticcok (-43,12%), Barford (-44,45%), Bamston canton (-32,57%), Barnston ouest (-36,64%), Stanstead cantron (-30,41%), Ste-Catherine-de-Hatley (-33,68%), Ayer's Cliff (-33,98%), Hatley Canton (-32,89%), Ascot (-36,22%), Fleurimont (-38,22%), Ascot Corner (-33,10%) et Dixville (-34,49%). Dans Shefford, le PLC doit composer avec des pertes dans Orford (- 3 l,99%), Rock Forest (-3434%) et Deauville (-30,45%). Finalement, les deux municipalités du comté de Sherbrooke agissent de la même façon: Sherbrooke (-38,11%) et Lennoxville (- 34,6 1%). 61 On rencontre ces gains a Stanbridge-Est (2,59%), Brome village (9,38%), Sutton (1,44%), Abercom (2,48%), Bolton-Centre (5,01%), Marsboro (,71%), Milan (3,07%), asbestos 93

Graphique 38

Declin du Parti libhlféddral entre 1980 et 1984 (016)

80 .

6

Brome- MC3 Richmond- Shefford Sherbrooke Mssisquoi Wolfe

Le PLC essuie des pertes dans tous les comtés de la r&ion. C'est dans Sherbrooke que nous pouvons rencontrer la d6valuation électorale la plus importante. Le déclin le plus faible se produit dans Richmond-Wolfe et correspond à la rédection du député libéral Alain Tardif. De m9me, malgré un recul de l'ordre de 21% dans

Shefford entre 1980 et 1984, Jean Lapierre est reconduit dans ses fonctions, à titre de député libéral. Alain Tardif et Jean Lapierre sont réélus, par 4 234 et 2 455 voix de majorité respectivement.

La performance du PLC dans les Cantons de l'Est est nettement supérieure a celle enregistrée par le parti a i'échelle nationale. Rappelons qu'en 1984, le PLC doit se

(0,77%), Melbourne (village) (1,12%), Chester-Est (,38%) et St-Claude (6,23%). 94 contenter de 40 sièges à la Chambre de communes et de 28% du vote.62 La situation notée dans les circonscriptions de la région s'inscrit cependant dans la même perspective que celte du reste du pays. Ainsi, ctit is clear that the mood of

French-speaking voters in Quebec had ben afected by Trudeau's aititude toward the province affer the referendum on sovereignty association held on May 20, 1980

Graphique 39

Relation entre le vote accordé au PC en 1984 00 et celui obtenu en 1980 rs * 2 6 -01 -ES 5 3 4 3 d>

% du vote accordé au PC en 1980

Le graphique 39 nous permet de constater l'inexistence d'une relation tangible entre

le vote accordé au Parti progressiste-conservateur en 1980 et le soutien accordé à

cette formation politique quatre ans plus tard? Nous devons cependant mettre un

62 André Bernard, op. cit., p. 76. 63 André Bernard, op. cil., p. 75. " Les municipalités de Coaticook, Barnston Canton, Barnston ouest, Compton Canton, Compton village, Dixville et Barford accordent un pourcentage nettement plus élevé au PC en 1984, par rapport aux résultats de 1980. Précisons que ces municipalités sont situées dans Mégantic-Compton-Stanstead. Pour sa part, la municipalité de Ham-Sud (Richmond-Wolfe) a 95 bémol à cette situation. Ainsi, aux élections du 18 février 1980, le Parti progressiste-conservateur de Joe Clark est arrivé loin derriére les libéraux, ce qui signifie que les candidats du PC dans la région ont obtenu des résultats beaucoup plus faibles que ceux récoltés en 1984, Ct l'occasion de la vague bleue. Malgré tout, il est permis de constater que le 4 septembre 1984, le Parti progressiste-conservateur perforrne bien sur l'ensemble de la trajectoire progressiste-conservatricede 1980.

Graphique 40

Relation entre le vote accorde au PLC en 1984 m$ et celui obtenu en 1980

Rsq 0,266

% du vote accordé au PLC en 1980

Contrairement aux progressistes-conservateurs, les libéraux affichent une tendance, bien qu'embryonnaire, à conserver bon nombre de leurs électeurs de 1980.~' Il ne faut toutefois pas oublier que deux des cinq circonscriptions de la région demeurent,

accordé un pourcentage plus élevé au PC en 1980 qu'en 1984. '* Plusieurs municipalités de Mégantic-ComptonStanstead ont offert une bonne performance au PLC en 1980 mais ne récidivent pas le 4 septembre 1984. Il s'agit notamment de Coaticook, Barnston Canton, Bamston ouest, Stanstead Canton, Ste-Catherine-de-Haltey, Ayer's Cliff, Hatley Canton, Ascot, Fleurimont, Ascot Corner, Dixville et Barford. Comme il nous a été permis de le constater dans le graphique précédent, ces municipalités ont offert un scrore élevé au Parti progressiste-conservateur. 96 le 4 septembre 1984, dans le sillon libéral. C'est ainsi que le graphique 40 nous permet cependant de réaliser que le Parti libéral fédéral peut compter sur la fidélité de bon nombre de ses électeurs de 1980.

Graphique 41

Transfert des votes du PLC au PC (1980-1 984)

Rsq = 0,810

Pertes et gains (%) du PLC (80-84)

Tel qu'illustré dans le graphique 41, les progressistes-conservanteursbénéficient de l'effondrement du vote libéral fédéral dans la région. Le transfert annoncé ci-haut se révéle trés important.66

Après l'examen de la relation entre le vote accordé aux deux partis fédéraux et les différentes clientèles (francophones, anglophones, libéraux provinciaux et péquistes), aucune relation positive n'émerge. Cette tendance s'inscrit dans une certaine continuité, puisque nous n'avons pu tracer aucun corollaire entre le vote accordé aux

La presque totalité des municipalités des Cantons de l'Est souscrivent a cette situation. Notons cependant que la municipalité de Ham Sud s'inscrit en faux, en offiant des pertes de l'ordre d'environ -10% tant au libéraux qu'aux progressistes-conservateurs. 97 partis provinciaux et le vote au fédéral. II est difficile d'identifier le vote de 1984 et cela confime la théorie de la coalition ((arc-enc-ciel)). Sans crainte de nous induire en erreur, il est donc possible d'affirmer qu'aucun des deux principaux partis politiques, le parti progressiste-conservateur et le parti libéral fédéral, ne peut compter sur des assises solides. D'une part, il ne semble pas y avoir d'attachement entre les clientéles électorales provinciales et les partis fédéraux, ni, d'autre part, entre les clientéles linguistiques et ces mêmes formations fédérales. Dans les pages qui suivent, il nous sera possible de constater que la situation ne diffère pas beaucoup, quatre ans plus tard, au moment où Brian Mulroney convoquera les

électeurs aux umes. Pour tout dire,

lnstead of being based on long-term considerations such as parental influence, region, language or ethnicity, voting choice may now be determined by short-term considerations such as party image, policies and leadership. If that is so, Liberals can no longer rely on traditional party loyalty in specific regions and among particular groups. But neither cmthe ~onservatives.~~

Ces propos confirment hors de tout doute ce que nous venons d'observer, c'est-à- dire la volatilité des assises des deux formations politiques fédérales dans la région.

Nous constaterons, dans les pages suivantes, la reproduction du méme phénoméne aux élections générales du 21 novembre 1988.

La continuité électorale de 1988

Après quatre ans de présence sur les banquettes gouvernementales, le parti de

Brian Mulroney convoque le peuple aux umes. Les électeurs et les électrices

'' "Analysis of the Vote", The Canadian General Election of 1984, (Alan Frizzell and Anthony Westell, ed.), Ottawa, Carleton University Press, 1985, 139p., p. 98-99 98 voteront le 21 novembre 1988. L'enjeu majeur de cette campagne électorale demeure, et de loin, l'accord de libre-échange canado-américain. Pour reprendre les termes utilisés par le professeur James P. Bickerton, «comme aucun des trois principaux partis ne voulait risquer de perdre les votes québécois en se prononçant contre Meech, les élections se sont virtuellement transformées en référendum sur

I'ALÉ.P II est ici important et utile de rapporter les propos des professeurs Harold D.

Clarke et Allan Kornberg, qui écrivent que amany Canadians lack durable partisan attachments, and goveming parties must work to rebuild their coalitions in successive electi~ns.»~~C'est raccord de libre-échange canado-américain qui permet au Parti progressiste-conservateur de maintenir la coalition de 1984 en vie. C'est ainsi, qu'une fois de plus, péquistes et libéraux provinciaux forment les rangs sous la bannière progressiste-conservatrice.

James P. Bickerton, ((Crime et châtiment : le Parti progressiste-conservateur du Canada entre 1984 et 1993», Pditique et Sociétés, vol. 16, no 2, 1997, p. 125. Harold D. Clarke and Allan Komberg, "Suppon for the Canadian Federal Progressive Conservative Party since 1988: The Impact of Economic Evaluations and Economic Issues", Revue canadienne de sciencepolitique, vol. 25, no 1, mars 1992, p. 29. Graphique 42

2 Relation entre le vote conservateur de 1988 7 et le soutien accordé au PQ en 1985

S 2d - - mm- - - 1 Rsq = 0,003 O 10 20 30 40 50 60 70 % du vote accordé au PQ en 1985

Le graphique 42 ne témoigne d'aucune relation spécifique entre le vote péquiste de

1985 et le vote accordé au Parti progressiste-conservateur en 1988. La performance du PC sur l'ensemble de la trajectoire péquiste se situe au-delà de 35%." C'est ainsi que nous distinguons le renouvellement du pacte électoral entre le Parti québécois et

le Parti progressiste-conservateur. Est-il utile de rappeler qu'ccaux élections fédérales

de 1988, qui portent sur le libre-échange, [Bernard] Landry travaille au quartier

général des conservateurs, à l'hôtel Ritz-Carleton, à Montréal, à requinquer les

ministres et les députés à court d'arguments.))" De même, comme le constatent les

professeurs Crête et Lachapelle, «more than half the vote for the Progressive

Consetvatives in the federal election of 1988 came fmm PQ suppurter~.»~~

70 Trois municipalités, qui ont accordé un fort pourcentage au Par&iquébécois en 1985, votent fortement pour le PC en 1988. Il s'agit de Fleurimont, Ste-Catherine-de-Hatleyet Lac Drolet. Par contre, St-Joachim, Ham Nord, St-Jacques-le-Majeur, Chesterville, Notre-Dame-de-Ham et Kingsbury ont massivement soutenu le PQ en 1985, mais n'ont pas donné beaucoup de votes au PC en 1988. " Jean-Benoît Nadeau, "Le grand vizir", L 'actualité, ler avril 1997, vol. 22, no 5, p. 26. " Jean Crête and Guy Lachapelle, op. cit., p. 424. 100 Cette situation se produit également dans les Cantons de l'Est. En effet, lorsque

Jean Charest demande à l'avocat Conrad Chapdelaine de prendre la direction de sa campagne de 1988, a[...] il s'agissait d'un choix stratégique, tenant compte de la nécessité pour Charest de conserver le suffrage des péquistes qui avaient voté pour lui en 1984.~'~Thomas S. Axworthy résume très bien ce type d'alliance électorale lorsqu'il énonce le fait que ((1...] by a curious process, the seeds of the next defeat are often sown in the moment of a seeming tfiurnph.~'~

Graphique 43

Relation entre le vote conservateur de 1988 et le soutien accordé au PLQ en 1985

Rsq =

% du vote accordé au PLQ en 1985

A i'instar du graphique précédent, on ne peut dénoter, à l'aide du graphique 43, aucune relation entre le vote libéral de 1985 et ie vote accordé au Parti progresssite- conservateur de Brian Mulroney le 21 novembre 1988. Par contre, le PC a tendance

'' André Patte, énigme Charest)), Montréal, Boréal, 1998,358p., p. 108. '' Thomas S. Axworthy, «Of semetaries to p~ces»,Canadiun Public Administration, vol. 3 1, no 2, sumrner 1988, p. 247-264, p. 254. 10 t A bien performer dans l'ensemble de la trajectoire libérale.75 Cette bonne prestance des conservateurs dans I'ensemble de la constellation électorale du PLQ peut être attribuée au fait que le chef des libéraux provinciaux donne son appui à

Brian Mulroney. L'accord du lac Meech et l'entente qui porte sur le libre-échange canado-américan scellent renouvelle l'alliance entre les deux hommes.76

Graphique 44

a Relation entre le vote conservateur de 1988

8r et la population francophone dans une municipalitb

1 Rsq = 0,009 O 20 40 60 80 lo0 % de population francophone dans une municipalité (1986)

La graphique 44 illustre que les progressiste-conservateurs récoltent un appui important au sein de la population francophone en 1988. Ainsi, le 21 novembre, la

------'' Quelques municipalités, dans Mégantic-Compton-Stanstead, ont accordé un fort appui au PLQ en 1985 et un soutien élevé au PC en 1988. 11 s'agit de Coaticook, Barnston canton, Barford, Notre-Dame-des-Bois, St-Sébastien et Ste-Cécile. En revanche, Melbourne (canton), St-Rémi-de-Tingwick, St-Fortunat, St-Julien, Ste-Praxede, Garthby, Beaulac, Cleveland, Sts- Martyrs-Canadiens et Ham-Sud ont accordé un appui élevé au PLQ en 1985 mais et un appui faible au PC en 1988. Ces municipalités se trouvent dans la circonscription de Richmond- Wolfe. '' Theresa Tedesco, Bruce Wallace and Lisa Van Dusen, "The French Facts: In Quebec, ories bank on the PM'S appeai", Maclean 's, vol. 101, no 48, November 21 1988, p. N1 102 plupart des municipalités de la région accordent entre 35 et 60% aux candidats du

Le Parti progressiste-conservateur éprouve cependant toujours des difficultés dans le comté de Shefford. Moins d'un mois avant l'élection, la campagne conservatrice connaît des ratées. Lors de sa visite dans la région, le Premier ministre soustrait

Granby de son itinéraire et le député libéral Jean Lapierre ironise sur le fait que le PC en soit encore à dbcorer son local électoral.''

Dans Richmond-Wolfe, la situation est totalement différente. Brian Mulroney vient y faire campagne pour son candidat, Yvon C6té. Le chef conservateur en profite pour

égratigner le député libéral sortant, Alain Tardif, en critiquant son absence des communes.79Plusieurs gros canons du gouvernement suivent l'exemple de leur chef et visitent cette circonscription que le PC souhaite prendre au Parti libéral fédéral.

C'est ainsi qu'au début du mois de novembre, «the Conservative power of persuasion is hard at work in Richmond-Wolfe lately. Last week Prime Minister

Mulroney visited the troubled Asbestos area. Monday Marcel Masse, minister of

mines and resources, tumed up fo support local Tory candidate Yvon ôté.)?'

Quelques jours plus tard, le journaliste du Record écrit que dhere seems no end to

17 Certaines municipalités fortement francophones accordent un appui très élevé au PC en 1988. On peut citer a ce propos Coaticook, Dixville, Clifton-Est et Lac Drolet. Ces municipalités font partie de Mégantic-Compton-Stanstead. D'autres municipalités, situées dans Richmond-Wolfe, agissent de la façon inverse. Citons les cas de Kingsbury, Disraéli, Garthby, Beaulac, Ham Nord, Sts-Martyrs-Canadiens et Ham Sud. Rossana Coriandoli, '"The Tories are still decorating their headquarters': Shefford: Turner performance gives race 'a new beginning' - Lapierre", The Record, Wednesday, October 26, 1988, p. 3. Rossana Coriandoli, "Tory chef dumps on deputy: 'Has anyone seen the Liberal MP around here?'", The Record, Thursday, October 27, 1988, p. 3. 80 WPTardif blamed for inaction on asbestos: Richmond-Wolfe Tories home in on the man 1O3 the support Richmond-Wolfe Conservative candidate Yvon Coté can call upon.

Last week Minister of State for Agdculture Pierre Blais dmpped in. uB1

S'il peut mmpter sur un appui extérieur, le candidat du PC n'est pas en reste du coté des appuis qu'il récolte Ci l'intérieur du comté. Ainsi, aconservative candidate Yvon

Côté has had one of the largest campaign organirations ever seen working in the co~nty.»~*Cette machine fera toute la différence le jour du vote et le Parti progressiste-conservateurarrachera le comté aux liberaux par 2 638 voix.

Du côté de Mégantic-Compton-Stanstead, l'issue du vote ne fait aucun doute. A quelques jours du scrutin, le quotidien The Record déclare que crfailing a miracle, backbench Toty François Gérin will be heading back to Oiiawa next week, and not to chan out his desk.~'~Le soir du 21 novembre, dans le comté representé par

François Gérin, «the only surprising factor was how quick Gérin's victory came in huge ~egantic-~ompton-stansteadua4L'avocat de Coaticook l'emporte par 1 1 680 voix de majorité.

they call the missing member", Tlre Record, Tuesday, November 1, i988, p. 3. '' 'Qpposition using 'scare tactics' to hghten elderly away hmTories: Canada's farmers wiIl be safe under GATT after free trade - Pierre Blais", fie Record, Monday, Novembe 7, 1988, p. 2. '' "Tardif purs best foot forward right kom the starting gun: Richmond-Wolfe may wimess one of the tightest election battles", The Record, Friday, November 18, 1988, p. 5. 83 "Liberals and Tories represent big bad big-business - NDP: Business as usual for Tory candidate Gérin in Megantic-Compton-Stanstead, The Record, Friday, November 18, 1988,

C 5bScott David Harrison, "But he's wondering where the anglos went: Mégantic-Compton- Stranstead: Good news came fast for François Gérin", Tlie Record, Tuesday, November 22, 1988, p. 2. Graphique 45

Relation entre le vote conservateur de 1988 a, r et la population anglophone dans une municipalité c 89 Q) rn I

% de population anglophone dans une municipalité (1986)

Mgme s'il n'y a aucune relation entre le vote accordé au PC en 1988 et la population anglophone, il n'en demeure pas moins que les conservateurs récoltent un appui

élevb dans la plupart des municipalitbs qui regroupent des anglophones.85

Dans Brome-Missisquoi, Grabrielle Bertrand n'éprouve aucune difficulté. «But

Bertrand, who was elected in the Conservative wave of 1984, is also pinning her

hopes on Conservative fortunes and leader Brian ~uimney.s~~La même situation

s'est produite pour le candidat libéral André Bachand en 1

85 Parmi les municipalités qui accordent ici les résultats les plus faibles au PC, on retrouve Melbourne (canton), Melbome (village) et Cleveland. Ces trois municipalités se trouvent dans la circonscription de Richmond-Wolfe. Rita Legault, "No local issues but national ones important Say candidates: Number of undecided means it's anybody's race in Brome-Missisquoi", The Record, Friday, November 18, 1988, p. 5. 1 O5 L'élection fédérale de 1988 ne se démarque guére de celle de 1984, dans le sens où le vote accordé au PC repose sur une alliance d'intérêt se caractérisant par le fait qu'il n'est pas cristalisé (stable). Le PC ne bbnéficie donc d'aucune corrélation positive avec les différentes ciientdes étudiées. Pour tout dire, «the Conservatives almost lost the 1988 election, Their ultimate victory reflecfed not their success in converting their support from 1984 into a new national base, but the effect of a number of short-tem force^.^^'^ Le jour au péquistes et libéraux provinciaux retourneront au bercail de leurs alliés naturels n'est pas loin. En somme, le destin du

PC a reposé, aux élections de 1988, sur le Québec. Comme nous l'avons mentionné précédemment, le Parti progressiste-conservateur améliore sa performance au

Québec alors que sa situation se détériore dans la reste du Canada.

II n'est donc guère surprenant que les professeurs Clarke et Kornberg en viennent Ci constater que (cas a consequence, a significant source of potential support for the

Conservative govemment in a forthcoming election is francophone Quebec - a group and a region that has done much to decide the outcome of virtually every national election since ~onfederation.w'~Cependant, comme le mentionne le professeur

LeDuc, la meilleure performance des consewateurs en 1988 peut être attribuée, dans une mesure similaire, aux problèmes rencontrés par les libéraux et B la meilleure perception qu'ont les Blecteurs du parti de Brian ~ulrone~.~~

Voir page 14, du premier chapitre. George Perlin, "The Progressive Conservative Party: An Assessmmt of the Signifieance of Its Victories in the Elections of 1984 and 1988", Party Politics in Canada, sixth edition (Hugh G. Thohurn ed.), Scarborough, Prentice-Hall, 1991,549p., p. 3 1 1. 84 Harold D. Clarke and Allan Komberg, op. cd., p. 53. 90 Lawrence LeDuc, op. cit., p. 112. Phase deux du dkclin du PLC dans les Cantons de l'Est

Comme le souligne le professeur Clarkson, «at the end of the 1988 campaign, the

Liberal Party was bereft of direction, depleted in its organization, and devastated in its former stronghold of ~uebec.a~'Même s'il parvient à doubler la taille de son caucus en 1988, le chef libéral John Turner subit une cuisante défaite au Québec.

Citons ici Thomas Axworthy, ancien proche collaborateur de et de

John Turner, qui mentionne : «in 1988, the Liberalparty won only 12 seats in Quebec

- its worst showing since ,1887 when it won but 13.vg2

Graphique 46

Relation entre le vote accordé au PLC en 1988 et le soutien accordé au PLQ en 1985 79 1

1 1 Rsq = 0,026 O 40 50 60 70 80 GO 130 % du vote accordé au PLQ en 1985

" Stephen Clarkson, "The Liberais: Disoriented in Defeat", The Canadion General Election of 1988 (Alan Frizzell, Jon. H. Parnrnett and Anthony Westell, ed.), Ottawa, Carleton University Press, 1989, 171p., p. 27. 92 Thomas S. Axworthy, "The Government Party in Opposition: 1s the Liberal Century Over?', Party Politics in Canada, sirth edition (Hugh G. Thorbum, ed.), Scarborough, Prentice-Hall, 1991,549p., p. 290. 107 Les relations ne sont pas très chaudes entre les deux formations libérales. Dans les comtés des Cantons de l'Est, aucune relation ne peut être observée entre le vote accordé au PLQ en 1985 et les appuis recueillis par le Parti libéral fédéral en 1988.9~

Dans un premier temps, (Premier Robert Bourassa's endorsement of the ToriesJ

FTA ofset Turner's impact on Quebec opinion.»94 Quelques motifs incitent Robert

Bourassa à donner un coup de main A Brian Mulroney. Parmi ceux-ci, on note premièrement que le Premier ministre québécois est désireux de retourner l'ascenseur aux conservateurs, qui ont mis de l'avant l'Accord du lac Meech, celui-ci reconnaissant le statut distinct du Québec. De pius, Bourassa se montre reconnaissant pour la générosité fédérale dont a fait preuve le gouvernement de

Brian Mulroney envers le Québec. Finalement, Bourassa soutient Mulroney parce que l'accord de libre-échange canado-américain est appuyé par une vaste coalition de ~uébécois?~Comme en 1984, les libéraux fédéraux ne peuvent compter que sur eux-mêmes, en ce qui a trait au Québec. Cependant, «it was understandable that

Turner's anti-free-trade position harmed the fedeai Liberals in Quebec where al1 but the major trade and famets unions favoured the FTA.»'~ La situation n'est guère différente dans la région.

" Quelques municipalités, dans la circonscription de Ricrnond-Wolfe, ont accordé un appui élevé aux deux formations. Il s'agit par exemple de Melbourne (village), St-Fortunat, Ste- Praxède, Beaulac, Richmond, Cleveland et Sts-Martyrs-Canadiens. A l'inverse, quelques municipalités se démarquent dans le sens ou elles ont accordé au appui élevé au PLQ en 1985 mais n'agissent pas de la sorte avec le PLC en 1988. 11 s'agit notamment de Bromont, Coaticook, Barford, Notre-Dame-des-Bois et Wobum. 94 Stephen Clarkson, op. ci?., p. 35. 95 Stephen Clarkson, op. cil., p. 39. 96 Stephen Clarkson, loc. cit. Graphique 47

* Relation entre le vote accordé au PLC en 1988

- - - 1 Rsq = 0,004 O 2Q 40 60 80 1O0 Oh de population francophone dans une municipalité (1986)

La performance des libéraux fédéraux chez les francophones de la région est moins bonne que celle des progressistes-consewateurs. C'est du moins ce que nous indique le graphique 47." Cependant. à l'instar du PC. il n'existe aucune relation tangible entre les deux éléments.

Dans Shefford, «Lapiene's chances of keeping his [...] seat are almost guatanteed.

The political veteran is facing two newcomers [...] and their race never once mimred the tight one at the federal 1eve1.»~~Le 21 novembre, Jean Lapierre l'emporte par 2

498 voix de majorité sur son adversaire conservatrice.

97 Quelques municipalités, situées dans Richmond-Wolfe, accordent toutefois un fort appui au PLC le 21 novembre 1988. Il s'agit notamment de St-Julien, St-Jacques-le-Majeur, Ste- Praxede, Garihby, Beaulac, Ham Nord et Sts-Martyrs-Canadiens. 98 Rossana Coriandoli, "New Democrat not seen: Liberal chances high in Shefford, Tory had tough carnpaign ahead of hei', Re Record, Friday, November 18,1988, p. 5. 109 S'il est vrai que la situation est relativement bonne dans ce que l'on pourrait appeler le fief de Jean Lapierre, cela n'est pas le cas dans Richmond-Wolfe. Le chef

libéral John Turner assiste au lancement de la campagne du député et candidat

libéral Alain Tardif. Toutefois, ((Tardif has been a leader in the Liberal caucus battle

to replace opposition leader Turner. Not once did he mention the leadet's name -

allhough Turner was on the stage with him.rS Le 21 novembre, il sera emporté par

la seconde vague bleue. Cette défaite électorale dans Richmond-Wolfe confirme

l'avancée des progressistes-conservateurs dans les Cantons de l'Est en 1988.

Graphique 48

Oo 50 Relation entre le vote accordé au PLC en 1988 -VI et la population anglophone dans une municipalité Q1 7a

- - - 1 Rsq = 0,006 O 20 40 60 80 100 % de population anglophone dans une municipalité (1986)

Le graphique 48 nous permet de constater que la performance des libéraux fédéraux

au sein de l'électorat anglophone est plus faible que celle enregistrée par les

"Slams PC early-retirement package: Alain Tardif opens with wide-ranging speech: Everything but Turner", The Record, Monday, October 17,1988, p. 3. 110 progressistes-conservateurs? Par rapport aux élections de 1984, ces premiers obtiennent, le 21 novembre 1988, des résultats plus élevés au sein de l'électorat anglophone. Leur remontée au sein de la population anglophone coïncide avec la bonne performance du PLC dans le ROC."'

Pertes et aains des partis entre 1984 et 1988

Graphique 49

Courbe pertes-gains du PC entre 1984 et 1988 3 4c, m

Entre 1984 et 1988, le Parti progressiste-conservateur subit des pertes et des gains dans une proportion somme toute équivalente. Le PC essuie des pertes dans

Shefford, Brome-Missisquoi, Mégantic-Compton-Stanstead et ~ichmond-~olfe."~

Dans Sherbrooke, le parti de Brian Mulroney ne souffre d'aucun déficit électoral.

Ica Melbourne (canton), Melbourne (village) et Cleveland, qui regroupent un pourcentage important d'anglophones, ont fortement appuyé le Parti libéral fédéral en 1988. 'O' André Bernard, op. cit., p.78. '" Les deux pefies les plus substantielles sont Newpon canton (-21,42%) et Kuigsbury (-27,02%). Ill Pour ce qui est des gains, on peut les rencontrer dans les cinq circonscriptions, la majeure partie de ceux-ci se situant entre O et l00/..'~~On constate par conséquent que les conservateurs se maintiennent et qu'ils parviennent 5i établir un certain

équilibre au niveau de leur performance électorale.

Graphique 50

p.p. --- Situation des consewateurs entre 1984 et 1988 (%)

Richmond- Shefford Sherbrooke Brome- M.CS Woife Missisquoi

Entre 1984 et 1988, les progressistes-conservateurs perdent des votes dans

Shefford et Mégantic-Compton-Stanstead. Ces pertes sont cependant minimes, si on les compare avec celles que doit encaisser le Parti libéral fédéral. Dans Richmond-

Wolfe, les gains du PC correspondent à l'élection du candidat progressiste- conservateur Yvon Côté. Dans Sherbrooke, le PC enregistre aussi des gains

'O3 Six municipalités accordent cependant des gains très importants au Parti progressiste- conservateur. On pense ici a Valcourt (22,05%), Notre-Dame-des-Bois (24,9%), Stratford (22,07%), Fontainebleau (27,98%),Weedon (20,92%)et Trois-Lacs (25,12%). 112 importants. Finalement, dans Brome-Missisquoi, la situation de 1988 demeure identique à celle notée en 1984. Nous pouvons noter, parallélement, que la fortune blectorale des progressistes-conservateurs est la hausse au Québec. Le parti est passé de 58 a 63 sièges et de 50 B 53% des votes.lo4

Graphique 51

8 Courbe pertes-gains du PLC entre 1984 et 1988 2% g:r 2%

La situation est quelque peu différente du côté libéral, dans le sens où les pertes

sont plus grandes et plus nombreuses que les gains enregistrés. Le PLC perd des

appuis dans la majorité des municipalités de la région. Dans les cinq comtés, le parti

de John Turner doit composer avec un déficit é~ectoral."~Les comtés de Brome-

Missisquoi, Mégantic-Compton-Stanstead et Richmond-Wolfe ofirent plus de pertes

104 André Bernard, op. cit., p. 78. 'Os Oo retrouve les pertes les plus importantes à Valcourt (-22,08%), Notre-Dame-des-Bois (-27,07%), Asbestos (-20,69%), Kingsey Falls (-24,63%),Stratford (-24,02%),Fontainebleau (-25,19%) et Trois-Lacs (-24,42%). Il est ici possibie de constater que les pertes libérales correspondent, dans la majorité des cas, aux gains effectués pas Ie Parti progressiste- conservateur. 113 que de gains au PLC. Dans ce dernier comté, le déput6 liberal doit s'incliner devant le candidat du parti progressiste-conservateur. Du cbté de Sherbrooke, la situation n'est gu&e re~uisante.'~~Pour ce qui est de Shefford. la r48lection du député libéral Jean Lapierre correspond a des gains - faibles - dans la majorité des

municipalités du comté.'07

Graphique 52

Situation des liberaux féddraux entre 1984 et 1988 (%)

M.C.S. Sherbrooke Brome- SheRord Richmond- Missisquoi Wolfe

Contrairement aux progressistes-conservateurs, les libéraux fédéraux doivent

encaisser une certaine décroissance électorale entre 1984 et 1988. Dans les cinq

'" Les libéraux y subissent des pertes a Sherbrooke (-1 1,39%), mais se voient accordés des ains modestes a Lennoxville (2,94%). k7 Les municipalités suivantes oflient les bénéfices les plus importants qu'ait rqu le PLC dans les Cantons de l'Est entre 1984 et 1988: St-Alphonse (1 0,15%), Ange-Gardien (I4,14%), Stanstead-Est (10,79%), Stanstead canton (16,03%), Eaton canton (15,48%), Newport canton (1 5,89%), Ditton (1 4,05%), Audet (1 1,19%), Melbourne canton (1 O,3 1%) et Garthby (1 2,64%). Il4 circonscriptions de la région, le PLC subit des pertes. Dans Shefford, le déficit

électoral de Jean Lapierre est cependant minime (-0.3%) et correspond Ci la réélection de celui-ci pour un quatriéme mandat consécutif. A l'inverse, le déclin le plus considérable se produit dans Sherbrooke.

Graphique 53

Relation entre le vote accordé au PC en 1988 et celui obtenu en 1984

Rsq = 0,425 20 30 40 50 60 70 80 % du vote accordé au PC en 1984

Contrairement à ce qui a été noté dans le graphique 39, il nous est ici permis de constater que les forces progressistes-conservatrices ont tendance, entre 1984 et

1988, à conserver un nombre important d'électeurs qui ont favorisé leur formation en

1984.1°a Cette situation correspond à la consolidation du vote en faveur du Parti progressiste-conservateur sur i'ensemble du territoire québécois en 1988.10g

'O8 En 1988, les municipalités de Valcourt, Notre-Dame-des-Bois, Stratford, Fontainebleau et Weedon accordent au Parti progressiste-conservateur un pourcentage plus élevé qu'en 1984. À l'inverse, les progressistes-conservateurs perfoment mieux dans Ange-Gardien. Newport Canton et Kingsbury en 1984 qu'en 1988. 1O9 André Bernard, op. cit., p. 78. 115 Soulignons également que le Québec est la seule province ou les progressistes- conservateurs améliorent leur perforrnance en 1988.

Graphique 54

Relation entre le vote accordé au PLC en 1988 QI et celui obtenu en 1984 5 7a O E! 6 3 :5 3 8 rn 3 CI5 3 2 '0 S 1 Rsq = 0,445 10 20 30 40 50 60 70 % du vote accordé au PLC en 1984

La situation rencontrée A travers le graphique 54 ne diffhre pas de celle rencontrée dans le graphique précédent. A l'instar des progressistes-conservateurs, les libéraux conservent grosso modo le même éle~torat."~Cela peut signifier que la situation

électorale demeure similaire entre 1984 et 1988. Malgré la mauvaise perforrnance du

Parti libéral fédéral dans les cinq circonscriptions de la région, il n'en demeure pas moins que le PLC jouit toujours de la fidélité électorale de plusieurs, parmi ceux qui ont favorisé le parti en 1984. Cette situation est similaire à celle que nous avons notée au graphique 40 (relation entre le vote accordé au PLC entre 1980 et 1984).

"O Les municipalités de Valcourt, Notre-Dame-des-Bois, Kingsey Falls, Stratford, Fontainebleau et Trois-Lacs ont accordé un pourcentage plus élevé au PLC en 1984 qu'en Graphique 55

Transfert des votes du PLC au PC (1984-1 988)

Rsq = 0,809 ri- O Pertes et gains (%) du PLC (84-88)

Visiblement, plus les pertes subies par le PLC s'accroissent, meilleure est la performance du Parti progressiste-conservateur entre 1984 et 1988."' 11 est toutefois possible de noter que les libéraux bénéficient, dans plusieurs municipalités - mais dans une plus faible mesure cependant - de la dégringolade du vote conservateur. Par contre, comme l'écrit le professeur Bernard, 4...] the shifi in favour of the

Liberals was limiteci. »Il2

En conclusion, il est utile de noter que le PC, qui a été favorisé en 1984 et 1988, n'est pas moins vulnérable. Aprbs tout, «a cal1 from the PQ leadership to support a pariy whose objective would be to defend the Quebec interest in ottawa could have a

"' La seule exception à cette règle est la municipalité de Kingsbury, qui offie des pertes au deux formations politiques. L'2André Bernard, op. cit., p. 79. 117 dramatic effect on the PCs as well on the NDP in Quebec, itself getting half of ifs vote from PQ s~pporters.»''~C'est justement ce qui se produira.

Bref, ce second chapitre nous a permis de constater deux choses. Premiérement, le

Parti progressiste-conservateur récolte des appuis partout mais ses assises ne sont pas associées à des clientéles spécifiques. II n'a guère été possible de noter aucune corrélation positive entre le vote conservateur en 1984 et 1988 et les autres éléments qui soutiennent notre analyse.

Deuxièmement, nous avons pu réaliser dans quelle mesure les assises du Parti libéral fédéral se sont effondrées. Le PLC se trouve dans la même position que le PC entre 1984 et 1988, c'est-à-dire que ses appuis sont dispersés. Dans le prochain chapitre, nous pourrons constater en quoi la situation de 1984-1988 s'avère néfaste pour les deux formations politiques en 1993. Pour tout dire, la situation des progressistes-conservateurs entre 1984 et 1988 correspond a l'expression qui affirme : «qui trop embrasse, mal étreint.))

Il3 Jean Crête and Guy Lachapelle, op. cit., p. 424. 118 Chapitre trois: Polarisation du vote fdddraliste et souverainiste et renaissance du Parti progressiste-conservateurdans les Cantons de l'Est

En 1990, durant la période entourant le rejet de l'accord du lac Meech, le Bloc québécois se constitue. D'anciens députés conservateurs et libéraux se regroupent autour de Lucien Bouchard pour former la première formation à vocation souverainiste sur la scène fédérale, le Bloc québécois. Deux députés de la région participent à la fondation de ce parti. II s'agit de François Gérin, anciennement du parti progressiste-conservateur, député de Mégantic-Compton-Stanstead, et de Jean

Lapierre, anciennement du parti libéral fédéral, député de Shefford. Le professeur

Peter Woolstencroft résume bien la situation lorsqu'il écrit que «[. ..J the emergence of the Bloc Québécois after the collapse of the Meech Lake Accord, and its growing appeal aRer the defeat of the Charlottetown Acconl, seriously damaged the party

[Progressive-Consewative] in ~uebec.»'

A quelques semaines de l'élection du 25 octobre, Jacques Pronovost commente les résultats d'un sondage dans La Tribune. Selon lui, «il pourrait rester un château-fort conservateur, le comté de Sherbrooke. Le PC ne le devrait alors qu'à la présence de son candidat)).' A la lumikre des résultats Blectoraux du 25 octobre, il est possible d'affirmer que l'éditorialiste du quotidien sherbrookois ne s'est guére trompé.

L'élection fédérale de 1993 annonce un chambardement de l'échiquier politique régional. L'arrivée du Bloc québécois vient brouiller les cartes pour le Parti

I Peter Woolstencroft, op. cir., p. 28 1. * Jacques Pronovost, «Bloquiste en Estrie, conservateur a Sherbrooke», La Tribune, Lundi 1L 119 progressiste-conservateur. Pour reprendre les mots du professeur Bickerton (([.. .] le Bloc a acquis des siéges presque exclusivement chez les conservateurs~.~Des quatre siéges remportés par le Bloc québécois en 1993, trois étaient jadis représentés par des progressistes-conservateurs (Brome-Missisquoi, Mégantic-

Compton-Stanstead et Richmond-Wolfe), alors que la circonscription de Shefford reconduit le libéral Jean Lapierre, qui passera au Bloc en 1990.

L'alliance des progressistes-conservateursavec les nationalistes québécois aurait un prix. Ainsi, «[ ...] le prix de ce marché faustien restait à payer, quand les bases de la coalition Mulroney se sont effondrées entre 1990 et 1993, c'est tout le parti qui s'est

écroulé, non seulement au Québec, mais au Canada anglais aussi.^^ Comme cela a

ét& mentionné dans le chapitre précédent, la base électorale du Parti progressiste- conservateur s'est démarquée surtout par sa fragilité. Ainsi, en 1993, ((privés de leurs appuis traditionnels, les consewateurs allaient se trouver extrêmement vulnérables si jamais leur campagne en vue d'attirer les électeurs mous du centre devait échouer. C'est ce qui se produisit.))' II nous sera maintenant permis de constater dans quelle mesure.

Dans le présent chapitre, nous réaliserons que libéraux et bloquistes bénéficient premiérement de la polarisation du vote fédéraliste et souverainiste. II en est ainsi pour les clivages linguistiques. Les francophones ont fortement tendance a appuyer le Bloc, alors que les anglophones se rangent sous la bannière des libéraux

octobre 1993, p. A4. James P. Bickerton, op. cit., p. 133. 4 James P. Bickerton, op. cil., p. 128. James P. Bickerton, op. cit.. p. 129. 120 fédéraux. Nous pourrons ensuite porter attention à l'effondrement de l'alignement des péquistes et libéraux provinciaux en faveur du Parti progressiste-conservateur.

Graphique 56

Shefford Richmond- Shemrooke M.C.S. Brome- Wolfe Missisquoi

A l'instar de ce que nous avons rencontré dans les résultats des recensements de

1981 et 1986, le graphique 56 démontre que les anglophones sont en perte de vitesse dans les Cantons de l'Est et que les francophones maintiennent toujours le

haut du pavé. Les anglophones encaissent un léger recul dans les cinq circonscriptions. Pour leur part, les francophones enregistrent une légère baisse dans Sherbrooke, alors qu'ils enregistrent de légères hausses dans les quatre autres

circonscriptions. Selon qu'il est aligné avec l'un ou l'autre des partis politiques, ce groupe constitue un facteur électoral décisif. L'exception à cette règle, comme nous le verrons plus loin, sera 1'8lection fhdhrale du 2 juin 1997.

Cavenement du Bloc sur la scène fbdérale

Graphique 57

g Relation entre le vote accorde au Bloc en Qi - et le soutien accordé au PQ en 1989

- - - - - 1 Rsq = 0,482 O 10 20 30 40 50 60 70 Oh du vote accordé au PQ en 1989

On constate ici que les électeurs qui ont voté pour le PQ en 1989 ont fortement tendance à appuyer le Bloc qu6bécois en 1993.~On se rappelle que les péquistes ont, dans une certaine proportion, voté pour le PC en 1989. Leur alignement avec le

Bloc en 1993 signifie hors de tout doute la fin de la coalition ((arc-en-ciel)) qui a favorisé les conservateurs en 1984 et 1988. 11 suffit de constater que l'organigramme du Bloc (([...] est constitué des anciens et très proches collaborateurs et organisateurs de Jean Charest pour comprendre que rien n'est joué d'avance.w7

6 Quelques municipalités ont accordé un pourcentage de vote sensiblement plus élevé au PQ en 1989 qu'au Bloc en 1993. Il s'agit notamment de Waterloo, Warden, Kingsbury, Chester- Est et Val-Joli. ' Michel Morin, «La lutte s'annonce plus corsée qu'en 1988n, La Tribune, jeudi 9 septembre 1993, p. A3. 122 Contrairement au député de Sherbrooke, les autres candidats du PC n'auront cependant pas la capacité de surmonter cet obstacle.

Graphique 58 g Relation entre le vote accorde au Bloc en 1993 0,

L et le soutien accordé au PQ en 1994

Rsq = 0,769 O % du vote accordé au PQ en 1994

Ce graphique illustre que l'alignement entre le vote bloquiste de 1993 et le vote pequiste de 1994 est plus fort que celui de 1989.' La relation entre les deux formations politiques est plus étroite que celle notée dans le graphique 57. Aux

élections fédérales de 1993, la machine électorale du Parti Québécois se range demére du Bloc. L'année suivante, Lucien Bouchard et ses 53 députés retournent l'ascenseur au chef du PQ, qui est appelé a former le gouvernement suite aux

élections du 12 septembre 1994. Pour tout dire,

[...] the Bloc derived organizational assistance frorn the provincial Parti Québécois, and indeed was a nationalist team player with the Parti Qubbécois in the the stage strategy aiming at independence - (1) a strong Bloc showing in the federal etection, (2) a Parti Québécois victory in . . . . . - . ------. .. Ici aussi, quelques municipalités ont été plus généreuses avec le PQ en 1994 qu'avec Ie Bloc en 1993. Il est à ce titre possible de citer Ditton, La Patrie, Piopoiis, Nantes et Sherbrooke. 123 the coming Quebec provincial election, (3) a nationalist victory in a Quebec referendum on independence?

On constate donc que les deux formations sont apparentées non seulement dans le vote, mais aussi dans la nature même de leur organisation et de leur vocation politique.

Graphique 59

Relation entre le vote accordé au Bloc en 1993 a et le soutien à l'option du Non en 1992 C oi 7 O 6 :5 soi 4 eO O 3 3 2 8> = 1 ;OF - 1 Rsq = 0,840 10 20 30 40 50 60 70 80 % du vote accordé à l'option du Non en 1992

On dit souvent que le référendum sur l'accord de Charlottetown a semi de pratique

au Bloc québécois, qui se prépare pour les élections fédérales devant avoir lieu en

1993. Le graphique 59 illustre une forte relation entre le vote enregistré pour le Non

en 1992 et l'appui électoral récolté par le Bloc québécois en 1993.'0 C'est ainsi que

9 Alan C. Cairns, «An Election to be Remembered: Canada I993», Analyse de Politiques, vol. 20, no 3, 1994, p. 224. 'O Les municipalités de Fleurimont, Ste-Edwidge-de-Clifion, Lingwick, Kingsbury, Fontainebleau, St-Camille, St-Georges-de-Windsoret Sherbrooke ont accordé un pourcentage d'appui plus élevé au Non en 1992 qu'au Bloc en 1993. 124 [...] le Bloc québécois, qui était pour les aspirations nationalistes un porte-parole moins compromettant [que les progressistes-conservateurs] et moins sujet A faire des compromis. Le fait que la proportion d'appui accordés au Bloc soit presque exactement la meme que la proportion de non au référendum de 1992 sur l'entente de Charlottetown laisse présumer l'existence au Québec, d'un lien trés étroit entre la question nationale et l'appui donné à ce nouveau parti nationaliste."

Force est de reconnaître que cette situation prévaut également dans les Cantons de

Est. Toutefois, sL..] the conespondence between sovereignist opinion and the BQ is no! perfect, a situation which is also tme for the vote for the Parti Québécois pr~vincia/ly.u'~II n'en demeure pas moins que la relation entre les deux éléments

(pourcentage en faveur du Bloc québécois en 1993 et pourcentage en faveur de l'option du Non en 1992) annonce une relation somme toute très forte.

" James P. Bickerton, op. cil., p. 133. l2 Jon. H. Pammett, ((Tracking the Votes», Ihe Canadian Generul Elecrion of 1993, (Alan FrizzelI, Jon H. Pammen and Anthony Westell, ed.) Ottawa, Carleton University Press, Ottawa, Carleton University Press, 1996, 1996,205p., p. 157. Graphique 60

Q: Relation entre le vote accordé au Bloc en 1993 0, - et la population francophone dans une municipalité 5 7a

Rsq = 0,817

% de population francophone dans une municipalité (1991)

II ne faut donc pas être surpris de constater que les francophones se rangent ensuite massivement derriére le Btoc québécois aux élections fédérales de 1993.13 Par exemple, le Bloc québécois parvient Ci remporter le comté de Brome-Missisquoi, grâce à l'affluence du vote francophone. C'est ainsi que le député élu, Gaston

Péloquin, @..] doit une fiére chandelle aux électeurs de Magog, Cowansville,

Farnham et Bromont oh est concentrée plus de la moitié de la population francophone du comté.»14 Les Cantons de l'Est ne votent donc pas différemment du reste du Québec, puisque, comme le mentionne le professeur Jean-Herman Guay dans son analyse du vote sur l'ensemble du territoire québécois en 1993, «une analyse corrélationnelle entre le vote pour le Bloc et le pourcentage de francophones

" Les municipalités fortement francophones de Warden, Wate~lle,East Hereford et Notre- Dame-des-Bois ont accordé un pourcentage plus faible au Bloc québécois en 1993. '"illes Dallaire, ((Gaston Péloquin doit sa victoire à l'électorat hancophone)>,La Tribune, mercredi 27 octobre 1993, p. A6. 126 nous indique que l'association statistique est trés forte et positive.^^^ La seule exception B cette règle, c'est Sherbrooke.

Cette situation n'a rien d'etonnant, si on considère qu'elle s'inscrit dans la continuité des résultats du réfbrendum de 1992. Se référant a la participation du Bloc a la campagne référendaire de 1992, le professeur André Bernard écrit que «[. ..J close to

70 percent of Fmnch-Speaking voters sided against the govemment and the agreemenl.rl6 Aux élections fëdérales de 1993, il n'est donc guère surprenant de voir le Bloc québécois faire le plein d'électeurs francophones et faire élire ses candidats dans Brome-Missisquoi (1 796 voix), Mégantic-Compton-Stanstead (3 61 2 voix), Richmond-Wolfe (12 231 voix) et Shefford (12 971 voix).

------'* Jean-Herman Guay, «Les résultats électoraux au Québec», La Bataille dit Québec, Premier épisode: les élections fidirales de 1993 (Denis Monière et Jean-Hennan Guay, sous la direction de) , Montréal Fides, 1994, 193p., p. 152. l6 André Bernard, The Bloc Québécois, fie Canadlan General Election of 1993 (Alan Frizzell, Jon H. Pammett and Anthony Westell, ed.) ,Ottawa, Carleton University Press, 1996, Phase trois du déclin des libéraux fédéraux

Graphique 61

Relation entre le vote accordé au PLC en 1993 et le soutien accordé au PLQ en 1989

% du vote accordé au PLQ en 1989

II n'existe ici aucune relation entre le vote libéral de 1993 et le vote accordé au PLQ en 1989.17 La situation reflétée a travers le graphique 61 est un peu normale, puisque les électeurs du parti libéral québécois (ceux de 1989) ont alors plus tendance Ci se ranger du c6té des progressistes-consewateurs. Ils font toujours partie de l'alliance «arc-en-ciel» de Brian Mulroney. Le graphique 61 nous permet de constater que les relations entre les deux formations politiques sont tièdes. ({Chrétien had never liked or tnrsted Bourassa, whose enthusiasm for federalism, he felt,

depended on the size of the most recent equalization from 0ttawa.»lB II faut ici

avouer que les relations entre Robert Bourassa et le PLC étaient plutôt tièdes.

-- ~ -- 205p., p. 83. " Quelques municipalités ont accordé un appui électoral élevé aux deux formations olitiques. Il s'agit de Clarencevik, Philipsburg, Sutton, Stanstead et Dixville. ' Edward Greenspon et Anthon, Wilson-Smith,Double Vision: The Inside Story of the Liberals in Power, Toronto, Doubleday, 1996,405p., p. 171. Graphique 62

Relation entre le vote accordé au PLC en 1 a c et le soutien accordé au PLQ en 1994 O, 80i

Rsq = 0,721

% du vote accordé au PLQ en 1994

Cinq ans plus tard, la relation entre les libéraux fédéraux et les libéraux provinciaux n'est plus du tout la même.'g II y a visiblement un rapprochement de la clientèle des deux formations politiques. Les relations entre Daniel Johnson et Jean Chrétien sont meilleures que celles entre Bourassa et Chrétien. «The relationship between

Chrdtien and Johnson had begun on an upbeat note. After Johnson became premier of Quebec, he and Chrétien spoke every week by te~ephone.))'~Même si Marc-Yvan

Côté se lance derrière le PLC et qu'il appelle tous ses collègues à agir ainsi, les libéraux provinciaux des Cantons de l'Est annoncent qu'ils vont demeurer neutres durant la campagne.*'

I9 Quelques municipalités accordent un appui électoral élevé au PLQ en 1994 tout en n'agissant pas de la sorte avec le PLC en 1993. Il s'agit de St-Valérien-de-Milton, St- Sébastien, Chester-Est, Fleurimont, Sherbrooke et Lennoxville. A travers les trois dernières municipalités, on remarque la particularité du comté provincial de Sherbrooke. 20 Edward Greenspon et Anthony Wilson-Smith, loc. cit. François Gougeon, ((Les libéraux de ;'Estrie resteront neutres, sauf si le Bloc menace.. .D, Graphique 63 * Q, Relation entre le vote accordé au PLC en 1993 Q, -- et le soutien en faveur de l'option du Oui en 1992

Rsq = 0,766 O % du vote accordé à I'option du Oui en 1992

A travers le graphique 63, on constate que ceux et celles qui ont voté en faveur de l'entente de Charlottetown en 1992 ont fortement tendance à appuyer les libéraux fédéraux aux élections de 1993.~~Il est donc logique de déduire que les électeurs du

PLC dans la région et les fédéralistes constituent des clientèles convergentes.

Incidemment, affirmons, sans crainte de se méprendre, que le PLC jouit d'assises solides chez les fédéralistes. Compte tenu de la polarisation du vote de 1993, cet alignement des fëdéralistes avec le Parti libéral fédéral coule de source.

La Tnbune, vendredi 10 octobre 1993, p. AS. l2 Les municipalités de Fleurimont. Sherbrooke, Canton de Valcourt, Valcourt, Abercorn, Marsboro, Wobum et Lennoxville ont accordé plus de votes au Oui de 1992 qu'au parti libéral fédéral en 1993. Graphique 64

* Relation entre le vote accordé au PLC en 1993 -- -- et la population francophone dans une municipalit6

Oh de population francophone dans une municipalité (1991)

Puisque les bloquistes ont fait le plein de votes chez les francophones, il n'est guère surprenant de réaliser que la relation entre ces derniers et les libéraux fédéraux soit négative.23Ainsi, h mesure que le pourcentage de francophones recensés dans une municipalité s'accroît, tes appuis au PLC diminuent. Notons aussi qu'aux élections fédérales de 1993, les libéraux fédéraux sont totalement éclipsés des Cantons de

I'Est. C'est ainsi qu'({au Québec, les libéraux sont passés de 12 à 19 sièges, mais sans attirer plus d'électeurs francophones. On note une forte corrélation négative entre la proportion d'appuis en faveur des libéraux et la proportion de francophones dans les circons~riptions.n~~Les libéraux fédéraux ne parviennent pas a obtenir la faveur électorale des francophones de la région.

East Hereford, St-Herménégilde et Ste-Edwidge-de-Clifion, des municipalités fortement francophones, accordent toutefois un appui plus important que les autres au Parti libéral fédéral. 24 James P. Bickerton, op. cit., p. 133. Graphique 65

g Relation entre le vote accordé au PLC en 1993 Q) - et la population anglophone dans une municipalité 5 8 O nJ m -al g a8 0, CI 2

Rsq = 0,734 O % de population anglophone dans une municipalité (1991)

En revanche, les libéraux fédéraux ont tendance à bien se débrouiller chez les anglophones de la région aux élections fédérales de 1993.25 Dans Brome-Missisquoi,

«Mme Kouri [candidate du PLC] a reçu un appui massif autour du lac Brome et sur la rive ouest du lac Memphrémagog où est concentrée la population ang~ophone.))'~

L'affluence des anglophones vers la candidate libérale ne suffit pas à donner la victoire B celle-ci. Cela n'a rien de surprenant, puisque comme l'écrit le professeur

Bickerton, (([...] les libéraux récoltbrent des appuis quasi unanimes, frôlant souvent

90% des voix, chez les anglophones et les altophones du ~uébec.»*' Les Cantons de l'Est s'inscrivent dans la même trajectoire.

'' Une municipalité, Lennoxville, fait bande a part en accordant une majorité au candidat progressiste-conservateur, Jean Charest. Est-il utile de rappeler que Jean Charest a été réélu en 1993. 26 Gilles Dallaire, ((Gaston Péloquin doit sa victoire a l'électorat Francophone», La Tribune, mercredi 27 octobre 1993, p. A6. 27 James P. Bickerton, op. cit., p. 133. 132 En terminant, il est utile de rappeler les motifs qui ont amené bon nombre d'électeurs A s'aligner derrière le Parti liberal fédéral le 25 octobre 1993. Ainsi, «[...] le Parti libéral a pu compter sur la loyauté traditionnelle de la population non francophone et des francophones non souverainistes plus âgés.»28 Dans la région, les libéraux ne remportent cependant aucune circonscription.

Les ~roqressistes-conservateurstouchent le fond du baril2'

Graphique 66

Relation entre le vote accordé au PC en 1993 et le soutien accordé au PQ en 1989 ..

Rsq = 0,007 O 10 20 30 40 50 60 70 % du vote accordé au PQ en 1989

Le graphique 66 nous apprend que les assises du Parti progressiste-conservateur

s'effondrent au sein de l'&lectorat péquiste de la région.30Comme nous avons pu le

'' André Blais, Neil Nevitte, Elisabeth Gidengil, Henry Brady et Richard Johnston, op. ci!., p. 46-47. 29 L'ouvrage de David McLaughlin, Poisoned Chulice : ï?re Last Campuign of the Progressive Conservative Party?, Toronto, Dundurn Press, 1994, 322p., nous renseigne très bien sur les aléas et le déroulement de la campagne progressiste-consewatrice de 1993. Quelques municipalités dérogent à cette règle. Ainsi, le canton de Valcourt, Fleurimont et Sherbrooke ont offert un appui élevé au PQ en 1989 et un appui similaire au PC en 1993. 133 constater précédemment, les électeurs du Parti québécois ont déserté le Parti progressisteçonservateur, pour se ranger avec le Bloc québé~ois.~'Bref,

II ne fait pas de doute que l'alliance PQ-PC s'est effondrée avec l'échec de Meech et l'émergence du Bloc. L'électorat nationaliste qui avait appuyé les conservateurs en 1984, sur la base du «beau risque)), et en 1988, sur la base de l'accord du libre-échange, a trouvé, dans le Bloc, en 1993, un nouveau véhicule à ses aspiration^.^^

Dans la région, seul Jean Charest parvient Ci surmonter le départ des souverainistes de son organisation.

Graphique 67

Relation entre le vote accordé au PC en 1993 et le soutien accordé au PLQ en 1989

Rsq = 0,000 b % du vote accordé au PLQ en 1989

Dans le cas de Fleurimont et Sherbrooke, cela coüicide avec la réélection de Jean Charest. '' Nous n'avons pas jugé bon d'inclure le graphique illustrant la corrélation entre le vote accordé au PC en 1993 et le soutien au Parti québécois en 1994 puisqu'il illustre une situation identique a celle annoncée par le graphique 66. " Jean Heman Guay, op.cL. p. 141. 134 Cette fois, on apprend qu'il n'existe aucune relation entre le vote accordé aux liberaux provinciaux en 1989 et le soutien offert au PC en 1993.~~La situation est similaire A celle révélée par le graphique 67. Ainsi, le PC a perdu la faveur de l'autre constituante importante de la coalition «arc-en-ciel» des années 1980.~~

Précédemment, nous avons constaté que les électeurs qui ont favorisé le PLQ n'ont guére plus tendance à avoir favorisé leurs vis-à-vis fédéraux. Quant aux députés libéraux provinciaux de la région, ils affichent une certaine neutralité. Mais comme

I'écrit Michel Morin, (([...] derrière cette neutralité officielle du caucus des députés libéraux de l'Estrie semble se cacher un appui tacite a Jean ~harest.»~~Les

événements donneront raison au journaliste puisque la ministre Monique Gagnon-

Tremblay donne son appui a Jean Charest, durant les derniers jours de la campagne

" Pour les mêmes motifs que ceux évoqués a propos du graphique précédent (66)' nous n'avons pas inclus Ie graphique illustrant la corrélation entre le vote accordé au PLQ en 1994 et le soutien électoral dont a bénéficié le Parti progressiste-conservateur en 1993. 34 Les exceptions sont les mêmes que celles notées précédemment, c'est-à-dire Fleurimont, Sherbrooke et Lemoxville, qui ont accordé un appui important au PLQ en 1989 et un appui très fort au PC en 1993. 35 Michel Morin, ((Un silence qui cache un appui a Charest)), La Tribune, samedi 25 septembre 1993, p. A3. 36 François Gougeon, «La ministre a 100% demère Charesb), La Tribitne, vendredi 22 octobre 1993, p. M. Graphique 68

O Relation entre le vote accordé au PC en 1993 m Z et le soutien accordé à I'option du Oui en 1992

Rsq = 0,020 20 30 40 50 60 70 80 90 % du vote accordé à I'option du Oui en 1992

II nous est ici permis de réaliser que le Parti progressiste-conservateur s'effondre au sein de l'électorat fédéraliste des Cantons de Comme nous I'avons constaté précédemment, ce sont les libéraux fédéraux qui sont maintenant bénéficiaires de la faveur des fédéralistes. Si on compare le vote accordé au Parti progresssite- conservateur le 25 octobre 1993 et le soutien en faveur du Non en 1992, fa situation est similaire. De plus, comme il nous a été permis de le constater précédemment, ceux et celles qui ont voté pour le Non ont accordé leur vote au Bloc québécois en

1993 (voir le graphique 59). Le PC est visiblement privé des deux clientèles qui ont jadis contribué sa bonne fortune politique.

37 Les exceptions à cette règle sont les municipalités de Canton de Valcourt, Fleurimont, Sherbrooke et Lennoxville. Graphique 69

Relation entre le vote accordé au PC en 1993 et la population francophone dans une municipalité 7 I

Rsq = 0,014 O 20 40 60 80 1 O0 % de population francophone dans une municipalité (1991)

II n'est guhre surprenant d'apprendre, à travers le graphique 69, que le PC ne recueille pas la faveur des francophones de la région. tes assises de ce parti au sein de cet électorat sont d~cirn&s.~*Comme le souligne le professeur Jon H. Pammett.

«for the Conservatives and the NDP, local candidates were cited as important reasons for voting, suggesting that some voters who decided to remain with these parties did so because of local Le professeur Guay pousse plus loin cette analyse en déclarant que la course au leadership de juin 1993 a conféré à Jean

Charest un statut similaire à celui d'un chef de formation politique. Qui plus est, le candidat du PC jouit de la concentration du vote fédéraliste B son endroit4' Inutile de mentionner que cela lui a donné un solide coup de main pour sa réélection. C'est

38 Deux municipalités, que nous avons déjà rencontrées, Sherbrooke et Fleurimont, font toujours bande a part et accordent un appui élevé au PC en 1993. 39 Jon H. Pammett, op. cil.,p. 150. 40 Denis Monière et Jean Hennan Guay, op. cit., p. 164-165. 137 justement ce qui se produit dans Sherbrooke, où Jean Charest est réélu avec 8

210 voix de majorité.

Graphique 70

Relation entre le vote accordé au PC en 1993 a3~r) ; et la population anglophone dans une municipalité

% de population anglophone dans une municipalité (1991)

Ce dernier graphique relatif au Parti progressisteconservateur ne diffère pas des autres, dans le sens où il illustre l'affaissement de cette formation politique, cette fois au sein de la population anglophone.' C'est maintenant le PLC qui est le détenteur du vote des anglophones des Cantons de l'Est. Cette situation est d'autant plus paradoxale que, dans ses heures les plus sombres, c'est-&dire dans les années

1970, le Parti progressiste-conservateur pouvait compter sur l'appui des anglophones. En 1993, les assises du parti au sein de l'électorat anglophone oscillent entre 10 et 30%. Le PC vivra encore des jours sombres, mais la présence de Jean Charest Ci la barre du navire consenrateur favorisera cette formation lors des

élections fédérales suivantes.

41 La municipalité de Lennoxville fait cavalier seul et accorde un appui élevé à Jean Charest le Que se ~r~duit-ilentre 1988 et 1993

Graphique 71

Courbe pertes-gains du PC entre 1988 et 1993

a,

Le graphique 71 confirme le score désastreux du Parti progressiste-conservateur aux

élections du 25 octobre. C'est ainsi qu'il s'effondre dans presque toutes les municipalités des Cantons de I'Est. II nous est ainsi permis de mentionner que les pertes les plus substantielles qu'ait subies le PC se situent dans Mégantic-Compton-

tans te ad.^^ Viennent ensuite les comtés de Brome-Missisquoi et de Shefford. Du côté de Richmond-Wolfe, les pertes sont moins élevées. Finalement, dans

Sherbrooke, les conservateurs se tirent bien d'affaire.43

25 octobre 1993. 42 Dans les municipalités de Coaticook et Barford, le PC perd respectivement 57,97% et 56,70%. " Même si le PC enregistre deux pertes (-1 l,86% a Sherbrooke et -17,50% à Fleurimont), le comté demeure fidèle à Jean Charest. Même que le seul gain du PC dans la région se trouve à Lemoxville (8,94%). 139 Graphique 72

D6clin des conservateurs entre 1988 et 1993 (%)

Shefiord Richmond- Brome- M.C.S. Sherbrooke Wolfe Missisquoi

Le graphique 72 parle de lui-même : il indique l'ampleur du désastre subi par le Parti progressiste-conservateur en 1993. Mis à part dans Sherbrooke, où Jean Charest est réélu haut la main, le PC essuie des pertes énormes. C'est notamment le cas dans Mégantic-Compton-Stanstead, Brome-Missisquoi et Shefford. On note que la baisse électorale la plus considérale se produit dans Mégantic-Compton-Stanstead.

Le déclin le plus bas se trouve dans Sherbrooke et coïncide avec la réélection de

Jean Charest. Cette situation est particulièrement redevable au a[...] caractère personnalisé de la lutte électorale))44,pour reprendre l'expression utilisé par Paul-

André Comeau.

44 Paul-André Comeau, Le Bloc populaire : 1942-1948, Montréal, Boréal, 1998,478p., p. 359. Graphique 73

- Courbe pertes-gains du PLC entre 1988 et 1993 g 44

Du côté des libéraux fédéraux, on peut noter que les pertes sont plus nombreuses que les gains. La situation est cependant moins dramatique que celle des progressistes-conservateurs. Le PLC essuie toutefois de lourdes pertes dans

Shefford et ~ichmond-~olfe.~~Dans Mégantic-Compton-Stanstead et Brome-

Missisquoi, le Parti libéral fédéral subit bel et bien des pertes mais parvient

&galement à enregistrer des gains.'6 Pour ce qui est de Sherbrooke, la situation du

PLC est désastreuse. «En fait, les libéraux n'ont obtenu dans aucune autre circonscription du Québec un aussi faible pourcentage de votes, l'ex-maire de

Sherbrooke, Jean-Paul Pelletier, n'ayant récolté que 8% des suffrages.~~~La réélection de Jean Charest n'est pas étrangère a cette situation.

" Les pertes les plus substantielles du PLC se sont produites à St-julien (-31,21%), St- Jacques-Ie-Majeur (-34,53%), Ste-Praxède (-31,97%), Beaulac (-34,34%), Notre-Dame-de- Ham (-37,02%),Ham Nord (-38,67%) et St-Claude (-30,34%). 46 Le PLC effectue une remontée spectaculaire dans Brome village (34,16%) et à Ayer's Cliff (34,40%). 47 Jean Herman Guay, op. cit., p. 165. 141 Graphique 74

Situation des lib6aux féddraux entre 1988 et 1993 (%)

Sherbrooke M.C.S. Brome- Richmond- Shefford Missisquoi Wolfe

Le PLC enregistre des gains dans Mégantic-Compton-Stanstead et Brome-Missiquoi.

Dans les trois autres circonscriptions, les libéraux fédéraux doivent composer avec un déficit électoral, par rapport aux résultats obtenus en 1988. Le graphique 77 illustre trks bien le positionnement blectoral du Parti libéral fédéral dans les Cantons de l'Est entre 1988 et 1993. Malgré le fait que le PLC ne parvienne a remporter aucune circonscription, il n'en demeure pas moins qu'il enregistre des gains

électoraux dans deux circonscriptions, Brome-Missisquoi et Mégantic-Compton-

Stanstead. Ces gains n'offrent cependant aucune victoire au Parti libéral fédéral.

Dans les trois autres circonscriptions, c'est-à-dire Richmond-Wolfe, Shefford et

Sherbrooke, le parti doit encaisser un important déficit électoral. Graphique 75

Relation entre le vote accordé au PC en 1993 et le vote qui lui a été accordé en 1988

Rsq = 0,004 O % du vote accordé au PC en 1988

Le graphique 75, à i'instar des graphiques précédents consacrés au Parti progressiste-conservateur, ne nous apprend que peu de choses. D'une part, il confirme l'affaissement du parti dans la région. D'autre part, il dénonce l'exception sherbro~koise.~~En effet, les municipalités regroupées à I'intérieur du comté de

Sherbrooke sont les seules où le vote en faveur du PC demeure élevé lors des deux scrutins généraux. Visiblement, ce graphique confirme que cdhe election of October

25, 1993, only confimred the breakup of the coalition forged by Mulroney 10 years eariier.»49

11 est ainsi possible de constater que les municipalités de Fleurimont, Sherbrooke et Lennoxville accordent une performance élevée au PC tant en 1988 qu'en 1993. Graphique 76

g Relation entre le vote accordé au PLC en 1993 b, et le vote qui lui a ét6 accordé en 1988 m 8û I a-1 3 60 (V

s O, - - Rsq = 0,020 10 20 30 40 50 60 70

*/O du vote accordé au PLC en 1988

Le graphique 76 nous permet de constater que les libéraux fédéraux n'ont pas tendance à conserver leurs électeurs de 1988. Ainsi, le vote accordé au PLC lors des deux scrutins n'est pas du tout aligné." II y a bien. cependant, quelques municipalités qui accordent un pourcentage de vote élevé au PLC, et ce, lors des deux scrutins.

49 André Bernard, op. cil., p. 83. 'Les municipalités de Bmme village, Bolton Ouest, Bolton-Centre, Stanstead, Ogden et North Hatley offient un soutien particulièrement plus élevé au PLC en 1993 qu'en 1988. Graphique 77

Relation entre les pertes-gains du PC (1988-1 993) et le soutien accordé au Bloc en 1993

Rsq = 0,003 O Pertes et gains (%) du PC (88-93)

Contrairement à ce que l'on pourrait prétendre, il n'y a aucune relation entre les pertes du Parti progressiste-conservateur entre 1988 et 1993 et le vote accordé au

Bloc québécois le 25 octobre 1993. Ainsi, le Bloc québécois effectue des gains sur l'ensemble de la trajectoire progressiste-conseivatrice.5' Comme nous l'avons noté précédemment, le PC perd des plumes dans la presque totalité de la région, ce qui facilite la tache du Bloc. Comme le Parti progressiste-consewateur encaisse des pertes dans toutes les municipalités de la région, sauf une, il est possible d'affirmer que le Bloc québécois a bénéficié de l'effondrement du PC.

5' Dans un premier temps, on constate que la municipalité de Lennoxville offie un gain de l'ordre de 10% au Bloc et au PC. Deuxièmement, les municipalités de Brome village et Bolton ouest, tout en ofiant des pertes au PC, ne sont guère généreuses envers le Bloc puisque les gains de cette formation dans ces deux municipalités sont de l'ordre de 10%. Finalement, il est possible de constater que les gains élevés du Bloc correspondent a des pertes élevées du PC dans Chartierville, Dition et Nantes. Graphique 78

Transfert des votes du PC au PLC (1988-1 993)

Rsq = 0,371 O Pertes et gains (%) du PC (88-93)

Par contre, on note ici une relation entre les pertes du Parti progressiste- conservateur, entre 1988 et 1993, et les pertes et gains du Parti libéral fédéral dans les mêmes années. Lorsque les pertes du Parti progressiste-conservateur s'accroissent, la situation du Parti libéral fédéral s'amé~iore.~~Par conséquent, le

PLC bénéficie, dans une certaine mesure, de I'effondrement du vote antérieurement accordé au Parti progressiste-con~ervateur.~~Somme toute, I'effondrement du PC avantage particuliérement le PLC.

52 Dans les municipalités de Brome village, Lac Brome, Sutton canton, Potton, Bolton-cen~e, Bolton Ouest, Ogden, Ayer's Ctiff, Hatley et North Hatley, le PC doit encaisser des pertes particulièrement fortes, alors que le PLC bénéficie d'une hausse électorale plus appréciable que dans l'ensemble des autres municipalités. Lemoxville fait toujours cavalier seul, en ofiant une hausse au PC et une perte au PLC . '' Dans une seule municipalité, Lennoxville, le PC bénéficie de l'effondrement du vote accordé au PLC. Graphique 79

Relation entre les pertes-gains du PLC (1988-1 993) et le soutien accordé au Bloc en 1993

Rsq = 0,523 -40 -20 O 20 40 Pertes et gains (%) du PtC (88-93)

seulement le graphique 79 annonce l'antagonisme évident entre les deux formations politiques, il témoigne également de I'augmentation du vote en faveur du parti de Lucien Bouchard, qui se fait au même rythme que I'augmentation des pertes libérales." II est donc possible d'affirmer que le Bloc québécois bénéficie aussi de la perte de vitesse des libéraux fédéraux dans la région. Les pertes du Parti libéral fédéral sont moindres que celles encaissées par le Parti progressiste-conservateur, mais il n'en demeure pas moins qu'elles souscrivent A la performance électorale du

Bloc québécois en 1993.

54 La seule municipalité qui se démarque de ce graphique est, encore une fois, Lennoxville. Les élections fédérales de 1997

Avant de traiter directement le scrutin du 2 juin 1997, il est utile de préciser qu'un autre moment sombre dans l'histoire du Parti progressiste-conservateur s'est déroulé lors de l'élection partielle du 13 février 1995 dans Brome-Missisquoi. Cette dernière a

été rendue nécessaire par le décés accidentel du député Gaston Péloquin. Le jour du vote, le candidat du PC termine troisième, loin derrière le libéral Denis paradiss5 et le bloquiste Jean-François ~ertrand.~Le 13 fevrier, le candidat du Parti libéral fédéral n'a aucune difficulté l'emporter sur le candidat bloquisteS7

Le lendemain, Jacques Pronovost écrit dans La Tribune qu'{cil ne fait aucun doute que le résultat soit à l'image des hypothèses sur la polarisation du vote fédéraliste contre le vote souverainiste au ~uébec.»~~Plus loin, l'éditorialiste du quotidien sherbrookois écrit que «[ ...] le vote francophone va majoritairement à ta these souverainiste incarnée dans cette élection par le Bloc québécois.^^^ A eux seuls, ces commentaires résument fort bien ce qui va se produire, au niveau des clivages du vote, deux ans plus tard.

Dans les Cantons de l'Est cependant, les électeurs mettent un bémol sur cette note.

Bien que ne jouissant d'aucune assise solide parmi les &lecteurs des partis

5s Denis est le fière de , député provincial de Brome-Missisquoi depuis 1980. 56 Jean-François Bertrand est le fils de Jean-Jacques (ancien premier ministre unioniste et député provincial de Missisquoi a Québec) et de Gabrielle (députée progressiste-conservatrice à Ottawa entre 1984 et 1993). 57 Le candidat libéral, Denis Paradis, obtient 19 078 voix, suivi du bloquiste Jean-François Bertrand, qui se voit accordé 15 764 votes. Le candidat progressiste-conservateur, Guy Lever, arrive en troisième position, avec seulement 1 235 voix. 58 Jacques Pronovost, «Brome donne le tom), La Tribune,mardi 1 4 février 1995, p. A6. 59 Jacques Pronovost, Ioc. cit, 148 provinciaux ou encore les groupes linguistiques, le PC parvient, le 2 juin 1997, a remporter quatre des cinq comtés de la région. La seule exception, c'est Brome-

Missisquoi, qui reconduit le libéral Denis Paradis dans ses fonctions.

La situation ~aradoxaledu Bloc audbécois

Graphique 80

g Relation entre le vote accordé au Bloc en 1997 oj .- et le soutien accordé au PQ en 1994

Rsq = 0,776 O 10 20 30 40 50 60 70 1 1 % du vote accordé au PQ en 1994

Le graphique 80 dénonce une forte relation entre le vote pequiste de 1994 et le vote

accordé au Bloc québécois le 2 juin 1997.~'Dans les Cantons de I'Est, le Bloc ne

pamient pas à conserver aucun des comtés qu'il détenait jusque-là, c'est-Qdire

Compton-Stanstead (nouveau nom donné Mégantic-Compton-Stanstead),

Richmond-Arthabaska (nouveau nom donné à Richmond-Wolfe) et Shefford. Ces

trois circonscriptions se rangent sous la bannière des progressistes-conservateurs

* La municipalité de La Patrie a accorde un plus fort appui au PQ en 1994 qu'au Bloc m 1997. 149 de Jean ~harest.~'II semble que ((the problems experiences by the Bloc

Qu6becois probably had much to do with the decrease in support for Quebec sovereignty but can also be Ihked to the Parti Qu&bBcois govemment poli ci es.^^^

Précisons cependant que Lucien Bouchard fait campagne au côté du Bloc en 1997.

Graphique 81

Relation entre le vote accordé au Bloc en 1997 WQ? - et le soutien à I'option du Oui en 1995 5 74

Rsq = 0,841 O % du vote accordé à I'option du Oui en 1995

La clientèle du Bloc est trés similaire h celle qui a voté Oui le 30 octobre 1995. Les nationalistes se rangent massivement demére le II y a visiblement un alignement du vote nationaliste envers le Bloc québécois en 1997. Dans son analyse du vote de 1997, le professeur Pammett déclare que ccthe conespondence between support for independence among Quebec voters and Bloc Québdcois vote in the

'' Précisons cependant que la circonscription de Mégantic-Frontenac, qui regroupe une importante partie de l'ancienne circonscription de Mégantic-Compton-Stanstead, reconduit le député bloquiste Jean-Guy Chrétien dans ses fonctions. '' André Bernard, «The Bloc Québécois),, nie Canadian General Election of 1997, Toronto, Dundurn Press, 1997,286p., p. 140. 63 Les municipalités de Fleurimont, Piopolis et Asbestos se distinguent dans le sens où elles ont accordé un appui élevé à l'option du Oui en 1995 mais ont accordé de faibles résultats au Bloc québécois aux élections fédérales de 1997. 150 elecfiun is veiy stmng: 83 per cent of of those K very favourabler) to independence

voted BQ, whereas only 4 per cent who were »very unfavourabie!>voted for them.»

Évidemment, l'étude du professeur Pammett couvre l'ensemble du territoire électoral

québécois et canadien. II nous est cependant possible d'affirmer que les prémisses

de son analyse s'appliquent également dans les Cantons de l'Est.

Graphique 82

& Relation entre le vote accordé au Bloc en 1997 0) et la population francophone dans une municipalité -c a, 7b i

Rsq 0,660 O 20 40 60 80 1O0 % de population francophone dans une municipalité (1986)

A l'instar de ce qui s'est produit en 1993, les francophones expriment toujours, dans

une forte proportion, leur préférence électorale envers le Bloc québé~ois.~Cette

tendance est cependant moins forte qu'en 1993. dien que cette région soit à

présent francophone à 95%, les forces nationalistes ont toujours eu beaucoup de

difficult4s B s'y établir solidement.s" Les résultats du 2 juin 1997 confirment cette

" Les municipalités de Warden, East Hereford et St-Sébastien, où il y a une forte concentration de kancophones, ont accordé un appui plus faible que l'ensemble des municipalités au Bloc québécois le 2 juin 1997. 65 Jean Herman Guay, «Les résultats du référendum, La Bataille du Québec: Troisième épisode: 30 jours qui ébranlèrent le Canada (Denis Monière et Jean-Herman Guay, sous la 151 précarité du Bloc québécois dans les Cantons de I'Est. Malgré les efforts investis par le PC dans cette campagne et les résultats obtenus par les candidats de Jean

Charest dans la région, il n'en demeure pas moins que le graphique 82 s'avère des plus révélateurs. Pour tout dire, «[...] la stratégie conservatrice n'a pas réussi à ddoger le Bloc québécois de sa position dominante auprès des votants franco ph on es.)^^^

Phase auatre du déclin du PLC dans les Cantons de l'Est

Graphique 83

Relation entre le vote accordé au PLC en 1997 Q, et le soutien accordé au PLQ en 1994 5 ioa i

Rsq = 0,414 O % du vote accordé au PLQ en 1994

La relation entre libéraux fédbraux et liberaux provinciaux est toujours forte, mais elle est A la baisse par rapport a celle étudiée entre le PLC en 1993 et le PLQ en 1994.67

Les électeurs de la région confirment néanmoins le retour des relations positives direction de), Montréal, Fides, 1996,268p., p. 228 66 James P. Bickerton, op. cit., p. 141. " Les municipalités de Ayer's Cliff, Hatley, North Hatley, Sawye~lleet Lmoxville ont accordé un pourcetage des votes élevé envers le PLQ en 1994 mais ont délaissé le PLC aux 152 entre les libéraux provinciaux et les libéraux fédéraux. Cependant, la corrélation annoncée par le graphique 86 est plus faible que celle que nous avons rencontrée à travers le graphique 65.

Graphique 84

Relation entre le vote accordé au PLC en 1997 et le soutien à l'option du Non en 1995 'O0

Rsq = 0,453 O % du vote en faveur de I'option du Non en 1995

Le graphique 84 nous permet de constater que les électeurs qui ont opté pour le Non en 1995 ont tendance à être alignés avec le Parti libéral fédéral aux élections fhdhrales du 2 juin 1997." Cette relation est cependant moins forte que celle observée entre le vote en faveur du PLC en 1993 et le soutien accordé à I'option du

Oui le 26 octobre 1992. Dans une forte mesure, on constate que les électeurs qui favorisent les libéraux fédéraux sont fédéralistes.

élections de 1997. Cerfaines municipalités ont cependant accordé un plus fort appui au Non en 1995 qu'au PLC en 1997. On peut notamment citer le cas de Stanstead-Est, Stanstead, Ayer's Cliff, Hatley, Canton de Hatley, North Hatley, SawyerviIle, Bury et Lennoxville. Notons que toutes ces municipalités, exception faite de Lennoxville, se retrouvent dans la circonscription de Compton-Stanstead, remportée en 1997 par le candidat progressiste-conservateur David Price. Graphique 85

Relation entre le vote accorde au PLC en 1997 et la population francophone dans une municipalité

Rsq = 0,385 O Oh de population francophone dans une municipalité (1991)

Le graphique 85 nous permet d'observer une relation négative entre le vote libéral de

1997 et le pourcentage de francophones dans une municipalité. Le PLC est visiblement minoritaire au sein de i'électorat francophone de la region. Cette corr6lation négative entre ces deux éléments n'a rien de véritablement surprenant.69

Tout comme en 1993, les francophones trahissent une nette préférence envers le

Bloc québécois. Ce déficit électoral chez les francophones constitue le principal

handicap des libéraux fédéraux dans la région. Les Cantons de l'Est ne sont

cependant pas bien différents de l'ensemble de !a province. II n'en faut guère plus

pour que le chef libéral, Jean Chrétien, soit pointe du doigt. Certains lui reprochent

donc de n'avoir pu aligner les électeurs francophones pour un troisième événement

69 On peut ici noter les exceptions suivantes: St-Fortunat, Ste-Praxède et St-Sébastien. De même, il est possible de mentionner que le niveau d'appui accordé au PLC est très faible dans Fleurimont et Sherbrooke. 154 électoral consécutif. D'abord, le scrutin fédéral de 1993. Ensuite, le référendum de

1995 sur la souveraineté. Enfin. l'élection du 2 juin 1997."

Graphique 86

Relation entre le vote accordé au PLC en 1997 et la population anglophone dans une municipalité

'O0

Rsq = 0,360 O 20 40 60 80 % de population anglophone dans une municipalité (1 991)

Contrairement au graphique 85, le graphique 86 révèle une relation positive entre le vote en faveur du PLC et le pourcentage d'anglophones dans une municipalité. Le

PLC semble toujours conserver la cotte d'amour des anglophones des Cantons de

I'Es~." Le Parti libéral fédéral ne parvient toutefois pas à remporter Compton-

Stanstead, circonscription dans laquelle le candidat libéral termine derrière le candidat progressiste-conservateur et le candidat bloquiste.

'O 'O Edward Greenspon, ~Followingthe Trail of Campaign '97~,The Candian General Election of 1997 (Alan Frizzell and Jon H. Pammett (ed.), Toronto, Dundurn Press, 1997, p. 38. " 11 y a bien quelques exceptions, soit des municipalités fortement anglophones qui accordent un faible pourcentage de vote en faveur du PLC. II s'agit de Ayer's Cliff, Hatley, Hatley Canton, North Hatley, Sawyerville, Bury et Lennoxville. Il s'avère que ces municipalités ont accordé un fort pourcentage au PC le 2 juin 1997. Notons qu'elles se trouvent, sauf Lennoxville, dans le comté de Compton-Stanstead. Ce dernier a été remporté par le candidat progressiste-conservateur David Price, maire de Lennoxville jusqu'a son élection aux communes. Remontée des prwressistes-consenrateursdans les Cantons de l'Est

Graphique 87

Relation entre le vote accorde au PC en 0)

Y et le soutien accordé au PQ en 1994 c 80 Q)

Rsq = 0,004 D % du vote accordé au PQ en 1994

Meme s'il n'existe aucune relation entre le vote péquiste de 1994 et le soutien

électoral obtenu par le PC le 2 juin 1997, il n'en demeure pas moins que la formation

dirig6e par Jean Charest obtient de meilleurs résultats sur l'ensemble de la

trajectoire p6quiste.n Cela n'est guére surprenant. compte tenu du fait que n[...] the

revival of the Progressive Conservative Parfy in 1997 has made a difference in

almost evety district where a memher of the 1993 Bloc Québécois caucus was

beaten.~'~Dans la région, trois parlementaires bloquistes sont remplacés par trois

progressistes-conservateurs. Diane Saint-Jacques, André Bachand et David Price

remportent des comtés qui ont envoyé un député bloquiste à Ottawa en 1993. Seul

" Les municipalités de Asbestos, Trois-Lacs, Fleurimont et Sherbrooke ont accorde un appui important au PQ le 14 septembre 1994 et un soutien tout aussi élevé au PC le 2 juin 1997. 73 André Bernard, «The Bloc Québécoisx, The Canadran Generol Election of 1997, Toronto, Dundum Press, 1997,286p., p. 145. 156 Shefford, qui élit Jean H. Leroux en 1993, a vote pour le Parti libéral fédéral le 21 novembre 1988.

Graphique 88

Relation entre le vote accordé au PC en 1997 et le soutien accordé au PLQ en 1994

5 4 3 2 1 Rsq = 0,000 20 30 40 50 60 70 80 90 % du vote accordé au PLQ en 1994

La situation annoncée par le graphique 88 est similaire a celle présentée par le graphique 87. En effet, le PC récolte des résultats plus élevés parmi les électeurs qui ont favorisé le Parti liberal du Québec en 1994. 11 est cependant permis de constater une amélioration de la performance conservatrice sur la trajectoire des libéraux provinciaux?4 Notons que l'éparpillement du vote conservateur sur cette trajectoire n'est toutefois guère différente de celle rencontrée durant les années de la coalition

«arc-en-ciel>).Sur le terrain, des libéraux se rangent derrière le PC aux élections de

1997. C'est ainsi que de député Jean Charest a reçu une sérieuse claque dans le

74 Quelques municipalités se démarquent d'une façon particulière à ce propos. C'est ainsi que Stanstead-Est, Stanstead, Ayer's Cliff, Hatley, North Hatley, Sawyerville et Lennoxville ont accordé un appui très éievé au PLQ en 1994 et récidivent, en faveur du PC, en 1997. Notons que toutes ces municipalités, à l'exception de Lennoxvik, se trouvent dans la circonscription 157 dos, hier, lorsque les libéraux provinciaux et même fédéraux ont donné publiquement leur appui au chef conser~ateur.»'~De meme, le députe de

Sherbrooke «[...] a toujours pu compter sur le soutien inconditionnel des députés libéraux des comtés voisins Monique Gagnon-Tremblay (Saint-François) et Robert

Benoît (Orford). Au cours des années, Gagnon-Tremblay et Charest ont partagé plus d'un organisateur [. . .]J"

Graphique 89

Relation entre le vote accordé au PC en 1997 et le soutien accordé à l'option du Non en 1995

Rsq = 0,000 20 30 40 50 60 70 80 90 100 % du vote accordé à l'option du Non en 1995

Contrairement ce qu'il nous a été possible d'apprendre sur les relations entre les fédéralistes et le Parti libéral fédéral, le graphique 89 ne présente aucune relation entre ceux qui ont soutenu le camp du Non en 1995 et ceux qui ont appuyé le Parti

de Compton-Stanstead. 75 Claude Plante, «Des libéraux notoires se rallient a Charesb), La Tribune, samedi 10 mai 1997, p. B7. 76 André Pratte, op. cit., p. 192. 158 progressisteconservateur en 1997.~~Le phénoméne est similaire lorsque l'on compare le vote en faveur du PC en 1997 et le vote accordé I'option du Oui en

1995. L'éparpillement remarque sur l'ensemble de la constellation fédéraliste de

1995 nous permet de constater que le Parti progressiste-conservateur ne jouit d'aucune assise solide tant chez les nationalistes que chez les fédéralistes.

Graphique 90

t- Relation entre le vote accordé au PC en 1997 Qi

~iF et la population francophone dans une municipalité

Rsq = 0,002

% de la population francophone dans une municipalité (1991 )

Le graphique 90 n'offre aucune relation entre le vote progressiste-conservateur de

1997 et le pourcentage de francophones dans une m~nicipalité.~~Nous constatons cependant que les résultats obtenus par le PC au sein de la population francophone sont plus élevés que ceux enregistrés aux élections fédérales de 1993. C'est ainsi

n Les municipalités de Stanstead-Est, Stanstead, Ayer's CliR Hatley, canton de Hatley, North Hatley, Sawyerville, Bury et Lennoxville ont accordé un fort pourcentage de vote au Non en 1997 et au PC en 1997. Asbestos, Fleurimont et Sherbrooke, qui regroupent un pourcentage très élevé de francophones, ont cependant accordé un appui très élevé au PC en 1997. 159 que le parti de Jean Charest récolte, dans la plupart des cas, entre 20 et 45% des votes chez les francophones.

Le PC ne parvient cependant pas à atteindre son objectif, qui était de soustraire le message du Bloc aux intentions de vote des francophones. Pour le chef conservateur Jean Charest, il s'agissait de

[...] présenter son parti comme «la voie médiane)} entre les séparatistes et les libéraux ((purs et durs». Bien qu'elle ait permis de remporter une portion convenable des votes chez les nationalistes modérés (22% et 5 siéges), la stratégie conservatrice n'a pas réussi A déloger le Bloc québécois de sa position dominante auprès des votants fran~ophones.'~

Peut-être est4 utile de rappeler, dans un premier temps, que 4 de ces 5 députés ont

été élus dans les Cantons de l'Est. De plus, malgré la bonne position du Bloc québécois au sein de l'électorat francophone, les candidats de Gilles Duceppe sont balayés du revers de la main par les candidats de Jean Charest.

79 James P. Bickerton, op. cit., p. 141. Graphique 91

Relation entre le vote accordé au PC en 1997 et la population anglophone dans une municipalité aq

Rsq = 0,000 O 20 40 60 80

*/O de population anglophone dans une municipalité (1991)

La situation annoncée par le graphique 91, similaire à ce que nous avons rencontré en 1993, énonce qu'il est impossible de dénoter une quelconque relation entre la population anglophone et le vote conservateur de 1997." Cependant, le PC récolte un appui plus élev6 chez les anglophones en 1997 qu'en 1993.

Pour conclure cette partie, il est important de mentionner l'apport personnel de Jean

Charest dans l'élection de trois candidats du PC dans la région. Au lendemain de l'élection, Michel Morin écrit que «[...] ceux-ci n'auraient peut-être pas été élus n'eut

ét4 du rayonnement qu'a eu Jean Charest en Estrie. Un chef de parti national, très populaire de surcroît, aura finalement influencé le vote d'une région.))" Dans la

Notons cependant que les municipalités de Stanstead, Ayer's Cliff, Hatley, Canton de Hatley, North Hatley, Sawyerville, Bury et Lemoxville, qui regroupent une population anglophone importante, ont accordé des résultats trés élevés au Parti progressiste-conservateur le 2 juin 1997. La presque totalité de ces municiplatiés, hormis Lennoxville, font partie de Compton-Stanstead. Michel Morin, «La percée estrienne)),Lu Tribune, mercredi 4 juin 1997, p. A 1 O. 161 région, Jean Charest et ses candidats font également mentir les clivages relatifs aux liens entre les partis provinciaux et fédéraux, d'une part, et les attachements linguistiques, d'autre part.

Que se ~roduit-ilentre 1993 et 1997

Graphique 92

- Courbe pertes-gains du Bloc entre 1993 et 1997 $2gr

Le graphique 92 ne révèle aucun secret de Polichinelle. Le 2 juin 1997, la

performance du Bloc québécois dans les Cantons de l'Est a été très mauvaise. Le

Bloc québécois essuie des pertes substantielles dans les municipalités qui faisaient

partie, au scrutin de 1993, des anciens comtés de ~égantic-~ompton-stansteada2,

Shefford et Richmond-Wolfe et Brome-Missisquoi. Dans Sherbrooke, le Bloc perd du

terrain dans les trois municipalités du comté. Finalement, les deux seuls gains

82 C'est a St-Sébastien (-31,55%), Nantes (-28,77%) et Larnbton (-25,19%) que le Bloc encaisse ses pertes les plus lourdes. Paradoxalement, ces municipalités font partie, à partir de 1997, de la circonscription de Frontenac-Mégantic, qui a reconduit le député Jean-Guy Chrétien dans ses fonctions. 162 enregistrds par la formation de Gilles Duceppe sont situés dans des municipalités antérieurement présentes dans ~ichmond-~olfe.'~

Graphique 93

Declin des bloquistes entre 1993 et 1997 (%)

Sherbrooke Brome- M.C.S. Richmond- S hefford Missisquoi Wolfe

Nous constatons ici que le Bloc est en perte de vitesse dans les cinq comtés de la régioma4Les pertes sont plus grandes dans Shefford et Richmond-Wolfe (en 1997, le comté s'appelle Richmond-Arthabaska). Par contre, le Bloc québécois essuie une décroissarice électorale plus faible dans les autres comtés, particulièrement dans

Sherbrooke. Notons toutefois que le Bloc québécois se classe en troisième position dans Brome-Missisquoi. C'est ainsi que le candidat du Parti progressiste- conservateur devance le candidat du Bloc par 118 voix.

83 Kingsbury (6,l4%) et Fontainebleau ( 1 O,83%). 84 Pour conserver l'uniformité du graphique, nous n'avons pas indiqué le résultat obtenu par le Bloc québécois dans Frontenac-Mégantic (37,09%). A l'instar du résultat dont ont bénéficié les btoquistes dans Compton-Stanstead, ce score est plus faible que le résultat récolté par le Graphique 94

fi Courbe pertes-gains du PLC entre 1993 et 1997 eF 33

La situation du PLC entre 1993 et 1997 ne diffère pas beaucoup de celle évoquée entre 1988 et 1993. Encore une fois, les pertes subies par les libéraux fédéraux sont plus nombreuses que les gains. C'est ainsi que Mégantic-Compton-Stanstead inflige des pertes substantielles aux libéraux fédéraux? Pour ce qui est de Shefford,

Brome-Missisquoi et Richmond-Wolfe, le PLC y subit bel et bien quelques pertes. II est 8 noter que les municipalités de ces circonscriptions accordent également des gains au PLC (moins nombreux que les pertes dans le cas de Mégantic-Compton-

Stanstead, Shefford et Richmond-Wolfe). Dans Brome-Missisquoi, le nombre plus

élevé de municipalités offrant des gains au PLC correspond à la réélection du député

Denis paradis." Dans Sherbrooke, la situation du PLC n'est pas différente de celle

notée pour 1993.

Bloc québécois dans Mégantic-Compton-Stansteaden 1993. " C'est ainsi que les municipalités suivantes n'ont pas été très généreuses avec le PLC : Ayer's Cliff (-38,8 1%), Hatley (-36,02%) et North Hatley (-39,27%). 'Tmis des quatre municipalités qui ont accordé les gains les plus importants au PLC en 1997 sont situées dans Brome-Missisquoi. II s'agit de Stanbridge Station (16,90%), Canton de 164 Graphique 95

Situation des libdraux féddraux entre 1993 et 1997 (%)

--.1" .

Sherbrooke Richmond- Shefford M.C.S. Brome- Wolfe Missisquoi

Grâce au graphique 95, nous apprenons que le Parti libéral fddéral est en perte de vitesse presque partout, entre 1993 et 1997.87 Les exceptions sont celles de Brome-

Missisquoi, ou Denis Paradis est reconduit dans ses fonctions, et Sherbrooke, ou il est possible de noter une faible amélioration de la performance des libéraux fédéraux

(0.8)%. 11 est par ailleurs intéressant de noter que les trois circonscriptions oii le PLC subit des pertes (Richmond-Wolfe, Shefford et Mégantic-Compton-Stanstead) sont remportées par les candidats du Parti progressiste-conservateur. Nous devons toutefois mettre un bhol sur la situation dans Brome-Missisquoi, puisqu'il y a eu une élection partielle en 1995. A cette occasion, le candidat libéral Denis Paradis

Bedford (15,63%) et Abercorn (15,85%). La quatrième municipalité est St-Georges-de- Windsor (1 5,3O%). 87 Dans Frontenac-Mégantic, les libéraux fédéraux obtiennent 359% du vote en 1997. Ce chiffre constitue donc une amélioration par rapport au score du PLC dans Mégantic-Compton- 165 obtient une majorité de 3 314 voix. Deux ans plus tard, il passe A 6 491 voix de majorité, consolidant ses acquis de 1995.

Graphique 96

A Courbe pertes-gains du PC entre 1993 et 1997 % 6b

Le graphique 96 nous apprend qu'entre 1993 et 1997, le PC effectue des gains dans presque toutes les municipalité de la région." Dans Brome-Missisquoi, les gains des progressistes-conservateurs sont plus modestes. Pour ce qui est de Shefford et

Richmond-Wolfe, on y rencontre des gains plus importants. C'est visiblement

Mégantic-Compton-Stanstead qui offre les gains les plus élevés au parti dirigé par

Jean charest." Finalement, la situation dans Sherbrooke est somme toute la même

Stanstead en 1993. Quatre exceptions viennent contredire cette afhation. Il s'agit de Bolton-Ouest (-2,71%), Beaulac (-2'08%)' Frelighsburg (-1%) et Abercom (-0,28%). On constate cependant que ces pertes sont somme toute très faibles. Trois de ces quatre municipalités sont situées dans Brome-Missisquoi, l'exception étant Beaulac. H9 C'est d'ailleurs dans cette circonscription que l'on rencontre les gains les plus importants consentis au PC. On pense a Sawye~lle(40,17%), Waterville (40,24%), Stanstead-Est (40,29%), Hatley (42,02%), Ayer's Cliff 943,34%) et North Hatley (48'20%). 166 qu'en 1993, dans le sens ou Jean Charest est réélu avec une confortable majorité et son parti enregistre des gains dans les trois municipalités du comté.

Graphique 97

Retour en force des consenrateurs entre 1993 et 1997 (%)

Shefford M.C.S. Brome- Richmnd- Sherbrooke Missisquoi Wolfe

Le graphique 97 nous permet de réaliser l'ampleur des gains enregistrés par le Parti progressiste-conservateur entre 1993 et 1 997.W On note que l'amélioration est moindre dans Sherbrooke. Cela est cependant tout à fait normal, puisque le conservateur Jean Charest a résisté à la vague bloquiste de 1993. Notons que les circonscriptions oii le Parti progressiste-conservateur enregistre les gains les plus importants sont celles ou des candidats du PC sont élus. Les gains les plus faibles en faveur du PC sont enregistrés dans Brome-Missiquoi, qui reconduit le libéral

Dans Frontenac-Mégantic, la candidate du PC parvient a récolter 25,4% des vote, se classant ainsi en troisième position. Ce score témoigne toutefois d'une amélioration, par rapport au résultat obtenu par le Parti progressiste-conservateur dans Mégantic-Compton- 167 Denis Paradis dans ses fonctions. C'est ainsi que les candidats du Parti progressiste-conservateur obtiennent les majorités suivantes dans Shefford (521 voix), Richmond-Arthabaska (2 368 voix), Compton-Stanstead (4 758) et Shebrooke

(16 142 voix).

Graphique 98

Relation entre le vote accordé aiJ Bloc en 1997 ÜY Z et le vote accordé au Bloc en 1993

Rsq = 0,785 O % du vote accordé au BQ en 1993

Le vote pour le Bloc québécois en 1997 est sensiblement le mhme qu'en 1993~'11 est évident que certains ((nationalistes mous» se sont rangés sous la bannière du PC en 1997, mais il n'en demeure pas moins que la performance électorale du Btoc dans les Cantons de l'Est se caractérise par la solidité de son vote. Les bloquistes ne

parviennent toutefois A conserver aucune circon~cription?~Le professeur Pammett

Stanstead en 1993. '' Les municipalités Nantes et St-Sébastien se démarquent dans le sens où elles ont accordé un appui élevé au Bloc en 1993 mais n'ont pas récidivé en 1997. Par contre, les municipalités de Kingsbury et Fontainebleau ont accordé une meilleure performance au Bloc en 1997 qu'en 1993. 92 Le 14 septembre 1998, le Bloc parvient toutefois à remporter le comté de Sherbrooke, à la faveur de l'élection partielIe rendue nécessaire par le départ de Jean Charest pour la scène 168 note (CL..] the ability of Refom and the Bloc Québécois to keep their vote intact. In the case of both of these parties which have more specific regional, ideological or nationalistic appeals, four-fiffhs of their previous voters chose to support the pariy a second tir ne.^^^ Cependant, nl...] it must be noted that overall the Bloc Québécois vote totals in 1997 were lower thaf they were in 1993, suggesting that sympathizers with that party are not so dedicated as to necessady tum out to vote every time, particulariy in federal elections.)? II ne faut pas oublier que le Bloc a rencontré plusieurs difficultés durant la campagne électorale de 1997.

Graphique 99

b) Relation entre le vote accordé au PLC en 1997 Q,- et le vote accordé au PLC en 1993 8 ioq i

Rsq = 0,444

% du vote accordé au PLC en 1993

Le graphique 99 démontre que le vote libéral de 1997 a tendance à être similaire a celui de 1993.~' ((The 1997 election victory for the Liberal Party was fashioned

rovinciale. '' Jon. H. Pammett, «The Voters Decide», The Conadian Generd Eiection of1997, Toronto, Dundurn Press, 1997,286p., p. 229. 94 Jon H. Pamrnett, op. cit., p. 232. " Quelques municipalités se démarquent, dans le sens où elles accordent un appui moins 169 pmdorninantly by their ability to hold on fo a substantial enough number of their

7993 voters to hold off their Nonobstant la victoire de quatre candidats du Parti progressiste-conservateur qui vient mettre un bémol sur cette constatation, le graphique 99 annonce que cette état de fait prbvaut dans les

Cantons de l'Est.

Graphique 100

Relation entre le vote accorde au PC en 1997 QI

F et le vote accordé au PC en 1993

Rsq O % du vote accordé au PC en 1993

Pour ce qui est du vote accordé au Parti progressiste-conservateur, il est impossible d'annoncer une quelconque relation entre celui de 1993 et celui de 1997.'~ Le graphique 100 nous laisse entrevoir l'embryon d'une certaine relation mais cela n'est pas suffisant pour que nous annoncions une relation positive.gaOn note également

élevé au PLC en 1997 qu'en 1993. Il s'agit notamment de Stanstead-Est, Stanstead, Stanstead Canton, Ayer's Cliff, Hatley, Canton de Hatley, North Hatley, Sawyerville, Newport Canton et Bury. Toutes ces municipalités se retrouvent dans Compton-Stanstead. 96 Jon H. Pammett, op. ci?.,p. 225. 97 Les municipalités de Fleurimont, Sherbrooke et Lennoxville se démarquent, dans le sens où elles ont accordé un fort pourcentage au PC lors des deux scrutins, " Dans deux municipalités, Asbestos et Lennoxville, le vote en faveur du Parti progressiste- 170 I'exception offerte par le comte de Sherbrooke, qui offre un fort pourcentage au

PC, et ce, aux deux élections fédérales consécutives. Ce graphique peut cependant

s'expliquer par la forte différence entre le vote accorde au PC en 1993 et en 1997.

Graphique 101 - Transfert des votes du PLC au PC (1993 et 1997)

Rsq = 0,692 O Pertes et gains (%) du PLC (1993-1 997)

Le graphique 101 nous permet de constater qu'il y a un important transfert de votes,

du Parti libéral fédéral vers le Parti progressisteçonsenrateur entre 1993 et 1997.w

Ainsi, plus les pertes du PLC sont grandes, meilleurs sont les gains du PC. On note

par conséquent une défection des électeurs libéraux fédéraux vers le Parti

progressiste-conservateur. D'ailleurs, sauf dans Brome-Missisquoi, les candidats du

PLC se classent tous en troisième position, derrière les candidats du PC et du Bloc

québécois. En 1993, les candidats du PLC s'étaient tous classés en seconde

conservateur est plus élevé en 1997 qu'en 1993. Fait intéressant a souligner, ces deux municipalités avaient pour maire deux des candidats qui vont devenir députés : André Bachand, qui est élu dans Richmond-Arthabas était maire d'Asbestos et David Price, qui est élu député de Compton-Stanstead, était maire de Lennoxville. La municipalité de Fontainebleau, tout en offiani des pertes au Bloc québécois entre 1993 171 position, sauf dans Sherbrooke. On note finalement qu'il y a très peu de municipalités où le PLC bénéficie des pertes blectorales encaissees par le PC.

Graphique 102

Transfert des votes du Bloc au PC (1 993-1 997) 5 I

Rsq = 0,039

Pertes et aains (%) du Bloc (93-971

La situation que nous rencontrons ici est différente. Ainsi, il n'y a aucune relation entre les pertes subies par le Bloc québécois, entre 1993 et 1997, et les gains obtenus par le Parti progressisteçonservateur durant les mêmes années.''' La chute du Bloc ne se caractérise cependant pas par le retour des électeurs bloquistes au bercail de leur ancienne allégeance consefvatrice. La situation dénoncée par le graphique 102 est, somme toute, normale, puisque le Bloc a perdu des votes dans la quasi totalité des municipalités de la région. II est cependant permis de noter que le

PC a profité, dans une certaine mesure, du déclin bloquiste en région. Cela ne et 1997, n'est pas très généreuse envers le PC entre les deux scrutins. Toutefois, les municipalités de Waterville, BarIord et Clifton-Est présentent une situation ou les pertes subies par le Bloc entre 1993 et 1997 sont élevées et les gains enregistrés par le PC entre ces mêmes années le sont également. 172 signifie cependant pas qu'il n'y a pas de transfert de votes du Bloc vers le PC.

Comme le Bloc québécois perd des plumes dans la totalité des municipalités sauf deux, il est possible de déduire que l'effondrement du Bloc contribue à la bonne fortune électorale des progressistes-conservateurs en 1997. Ceux qui contribuent à cette bonne performance du PC, ce sont «ces électeurs qui ont de la difficulté à ne pas détourner la tête quand ils voient Jean Chrétien A la télévision, et qui ne se drapent pas non plus du fleurdelisé quand ils vont au lit.»lol II est par conséquent possible d'affirmer que ces électeurs ressemblent ai ceux qui ont fait partie de la coalition ((arc-en-ciel))de 1984-1 988.

'O' Michel Morin, ((Les (mous» et le Bloc)),La The,samedi 10 mai 1997, p. A10. 173 Conclusion

A la lumière des trois chapitres qui précèdent. il est possible de résumer la situation politique dans les Cantons de l'Est entre 1979 et 1997 de la façon suivante. En regardant l'échiquier électoral de la région, on constate un profond bouleversement de la carte électorale.

Dans un premier temps, le Parti libéral fédéral est passé d'un statut majoritaire à une position minoritaire. II nous a ainsi été possible de constater que l'handicap majeur des liberaux fédéraux dans la région repose sur leur relations négatives avec la population francuphone. Cette situation négative pour le PLC est, en grande partie et sur l'ensemble du territoire québdcois, attribuable aux événements de la période

1981-1 982. Dans une certaine mesure, l'inverse de produit pour le Parti progressiste- conservateur. Sur les six élections étudiées, la performance du PC est excellente sur la moitié de celles-ci. Le tout, malgré des assises relativement éparpillées. II est finalement intéressant de noter que la période étudiées est bordée par la présence de tiers partis dont la performance est relative. A ce titre, nous avons d'abord rencontré le Crédit Social et ensuite le Bloc québécois.

Les deux graphiques suivants nous aident a bien résumer le positionnement

électoral des libéraux fédéraux et des progressistes-conservateurs dans la région.

Notons que ces deux formations ont été présentes - éiectoralement pariant - durant toute la période étudiée. Graphique 1O3

Situation du Parti progressiste~onsenrtsurdans les Cantons de l'Est entre 1974 et 1997 (%)

Le graphique 103 bvoque la performance des progressistes-conservateurs entre

1974 et 1997. De 1974 à 1980, le PC n'obtient pas des résultats élevés dans la région, sauf dans Brome-Missisquoi, fief du député Heward Grafftey. En 1984, le PC enregistre une remontée électorale dans les cinq circonscriptions de la région. Les résultats demeurent similaires en 1988. En 1993, c'est la dégringolade, suivie, en

1997, d'une remontée causée en bonne partie par le rayonnement de Jean Charest, qui dirige le PC durant le combat électoral. On note finalement qu'entre 1988 et

1997, Sherbrooke présente le niveau d'appui le plus élevé en faveur du Parti progressiste-conservateur. Graphique 1O4

Situation du Parti liberal fédinl dans les Cantons de I'W entre 1974

Pour sa part, le graphique 104 illustre l'évolution du Parti libéral fédéral dans les cinq circonscriptions des Cantons de I'Est entre 1974 et 1997. Entre 1974 et 1980, le PLC améliore sa performance d'élection en élection. Entre 1980 et 1997 cependant, il décline progressivement. La seule exception demeure Brome-Missiquoi. C'est dans cette circonscription que le Parti libéral fédéral a obtenu le meilleur score en 1993 et en 1997.

II nous a donc été permis de constater que le vote en faveur du Parti progressiste- conservateur en 1997 ne repose pas sur des assises solides. C'est ainsi que te succés rencontré par la campagne régionale du PC en 1997 est largement attribuable à des facteurs idio-syncratiques. Le départ de Jean Charest pour la scène provinciale vient confirmer cette affirmation. La partielle du 14 septembre 1998, 176 rendue nécessaire suite à son départ de la Chambre des communes, vient confirmer cette problematique puisque les électeurs se polarisent entre le Parti libéral fédéral et le Bloc québécois. II est ainsi possible de déduire que les fédéralistes ont appuyé le Parti libéral fédéral et que les souverainistes se sont rangés derrière le

Bloc québécois. A la lumiére de ces événements, une question surgit : où iront ceux et celles qui ont opté pour le Parti progressiste-conservateur en 1997? Si la partielle de 1998 sert de référence, tout porte à croire que cette formation sera a nouveau - et peut-être definitivement - confinée à un statut de tiers parti.

Graphique 105

Relation entre le PLC et le PLQ

Le graphique 105 confirme, au fil des diffbrentes élections fédérales, l'avènement d'une corrélation positive entre le vote accordé au PLC et le vote accordé au PLQ.

Les scrutins de 1993 et 1997 offrent une corrélation très positive entre les deux formations. Graphique 106

Relation entre le PLC et les Francophones

Toutefois, le graphique 106 nous apprend que les libéraux fédéraux sont en perte de vitesse, plus particuliérement à partir de 1988, au sein de l'électorat francophone des

Cantons de l'Est. Ce groupe constitue la clé de voûte du succès électoral dans la région.

Graphique 107

Relation entre le PC et le PQ

A premiére vue, plusieurs sont tentés d'affirmer que la corrélation entre le vote péquiste et le vote progressiste-conservateur. On entend souvent que les péquistes ont massivement appuyé le PC en 1984 et 1988. En dépit du fait que l'on ne puisse

noter aucune corrélation positive entre les deux éléments, il est toutefois possible de

noter que les progressistes-conservateurs évoluent bien sur l'ensemble de la trajectoire péquiste. En 1993 et 1997, en dépit de la trés bonne performance du Bloc 178 québécois au sein de l'électorat péquiste, la courbe est relativement stable, voire neutre.

Graphique 108

Relation entre le PC et les francophones

Au sein de l'électorat francophone, les progressistes-conservateurs ont amélioré leur situation. Depuis 1984, on note un certain Bquilibre dans la relation entre le vote accordé au PC et la population francophone des Cantons de I'Est.

Voila, en résumé, le portrait électoral des Cantons de l'Est entre le scrutin du 22 mai

1979 et celui du 2 juin 1997. Bien évidemment, A la lumière des aspects étudiés dans la prbsent mémoire, plusieurs interrogations surgissent. Notre objectif n'était pas de rbpondre à toutes les questions relatives A la performance des principales formations politiques durant la période étudiée mais bel et bien de contribuer à poser les jalons de i'étude étectorate des Cantons de I'Est. D'autres pourront - plus tard - analyser d'autres aspects inhérents à ce sujet. II serait notamment intéressant de mesurer l'impact d'un personnage comme Jean Charest au niveau électoral. Mais le plus intéressant sera de savoir ou iront ceux et celles qui ont accordé leur soutien au

Parti progressiste-conservateur en 1997? Assisterons-nous A une répétition de 1993 179 ou encore A un repositionnement de l'échiquier électoral? Seules les années à venir pourront nous le dire. Bibliographie

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"Slams PC early-retirernent package: Alain Tardif opens with wide-ranging speech: Eveqthing but Turner, The Record, Monday, October 17,1988, p. 3. Annexe 1: Table des nra~hiaues

Gra~hiaue- - --c------1~ 1 Rhartition-.--~ ~ des arou~eslinauistiaues en 1981 (%) 1 p. 23 Graphique 2 Remonte du lib(iral fkkral ekre 1974 et 1979 (K) ' P. 25 Graphique 3 Relation entre le vote accorde au PLC en 1979 et le p. 26 soutien au PLQ en 1976 Graphique- - 4 Relation entre le vote accord6 au PLC en 1980 et le p. 27 soutien au PLQ en 1976 Graphique 5 Relation entre le vote accorde au PLC en 1979 et la p. 29 population francophone dans une municipalite Graphique 6 Relation entre le vote accorde au PLC en 1980 et la p. 30 population francophone dans une municipalite Graphique-. 7 Relation entre le vote accord6 au PLC en 1979 et la p. 34 population anglophone dans une municipalite Graphique 8 Declin du Credit Social entre 1974 et 1979 (%) p. 35 Graphique9 Relation entre le vote cdditiste de 1979 et le vote p. 37 pequiste de 1976 Graphique 10 Relation entre le vote cdditiste de 1979 et le soutien p. 40 accord6 il'option du Oui en 1980 Graphique 11 Relation entre le vote créditiste de 1979 et la p. 41 population francophone dans une municipalite Gra~hiaue. . 12 Situation des conservateurs entre 1974 et 1979 (%) p. 46 Graphique- - 13 i Relation entre le vote accorde au PC en 197-9 et le 1 P. 47 1 soutien à l'Union Nationale en 1976 1 Gra~hiaue. . 14 i Ükation entre le vote accorde au PC en 1979 et lei p. 50 soutien au PQ en 1976 Graphique 15 Relation entre le vote accorde au PC en 1979 et la p. 51 population francophone dans une municipalitb Graphique- - 16 Relation entre le vote accord6 au PC en 1979 et la p. 54 population anglophone dans une municipalite Gra~hiaue. . 17 Courbe ~ertesaains(%) du CS entre 1979 et 1980 P. 59 Graphique 18 Declin du ~r6ddiisocial entre 1979 et 1980 (%) P. 60 Graphique 19 Courbe pertesgains (Oh) du PC entre 1979 et 1980 p. 61 Gra~hiaue. . 20 Situation des conservateurs entre 1979 et 1980 (%) p. 62 Graphique 21 Courbe pertesqains (%) du PLC entre 1979 et 1980 ' P. 63 Graphique 22 Remontde du Parti liberal féddral entre 1979 et 1980 p. 64 (%) Graphique 23 Relation entre le vote accorde au PC en 1979 et celui p. 65 obtenu en 1980

Graphique. . 24 1 Relation entre le vote accord6 au PLC en 1979 et celui 1 p. 66

1 obtenu-- en--- 1980- - - - 1 - Graphique 25 Transfert des votes du Crédit Social au PC (1979-1980) p. 67 Graphique 26 Transfert des votes du Crédit Social au PLC (1979- p. 68

1 Graphique 27 ~~~artitiondes grouper linguistiques en 1986 (Y*) p. 74 Graphique28- - Relation entre le vote conservateur de 1984 et le p. 76 soutien accorde au PQ en 1981 Graphique 29 Relation entre le vote conservateur de 1984 et le P. 78 soutien accorde au PLQ en 1981 Graphique 30 Relation entre le vote conservateur de 1984 et la p. 80 population francophone dans une municipalit6 Graphique 31 Relation entre le vote conservateur de 1984 et la p. 83 population anglophone dans une municipalit6 Graphique 32 Relation entre le vote accord6 au PLC en 1984 et le p. 84 soutien au PLQ en 1981 Graphique 33 Relation entre le vote accord6 au PLC en 1984 et la p. 87 population francophone dans une municipalitb Graphique 34 Relation entre le vote accord6 au PLC en 1984 et la p. 88 population anglophone dans une municipalitd Graphique 35 Courbe mrtes-riains du PC entre 1980 et 1984 P. 89 Graphique 36 ~emontéeder ~onrervateunientre 1980 et 1984 (%) 1P. 90 Graphique 37 Courbe pertesqains du PLC entre 1980 et 1984 p. 92 Gra~hiaue. . 38 Declin du Parti libéral fdd6ral entre 1980 et 1984 i%) D. 93 Graphique 39 Relation entre le vote accord6 au PC en 1984 et celui p. 94 obtenu en 1980 Graphique 40 Relation entre le vote accord6 au PLC en 1984 et celui p. 95 obtenu en 1980 Graphique 41 Transfert des votes du PLC au PC (1980-1984) p. 96 Graphique 42 Relation entre le vote conservateur de 1988 et le p. 99 soutien accorde au PQ en 1985 Graphique 43 Relation entre le vote conservateur de 1988 et le p. 100 soutien accorde au PLQ en 1985 Graphique 44 Relation entre le vote conservateur de 1988 et la p. 101 ~o~ulationfranco~hone dans une munici~alite 1 Graphique 45

Graphique 46

Graphique 47 population francophone dans une municipalitd Graphique 48 Relation entre le vote accord6 au PLC en 1988 et la D. 109 population anglophone dans une municipalit6

Courbe pertes-aains du- PC-~ entre 1984 et 1988 D. 110 .~. " .-~- Graphique 50 situation des conservateurs entre 1984 et 1988 (%) p. 111 Gra~hiaue51 Courbe pertesgains du PLC entre 1984 et 1988 p. 112 Situation des libéraux féd6raux entre 1984 et 1988 (%) p. 113 Graphique 53 Relation entre le vote accordé au PC en 1988 et celui p. 114 obtenu en 1984 Graphique 54 Relation entre le vote accord6 au PLC en 1988 et celui p. 1 15 obtenu en 1984 Graphique 55 Transfert des votes du PLC au PC (1984-1988) p. 116 Graphique 56 Rdpartition des groupes linguistiques en 1991 (%) p. 120 Graphique 57 Relation entre le vote accorde au Bloc en 1993 et le p. 121 soutien accord6 au PQ en 1989 Graphique 58 Relation entre le vote accorde au Bloc en 1993 et le p. 122 soutien accord6 au PQ en 1994 - Relation entre le vote accorde au Bloc en 1993 et le soutien A I'option du Non en 1992 Relation entre le vote accord6 au Bloc en 1993 et la population francophone dans une municipalit6 Sraphique 61 Relation entre le vote accord6 au PLC en 1993 et le soutien accorde au PLQ en 1989 Sraphique 62 Relation entre le vote accord6 au PLC en 1993 et le soutien accorde au PLQ en 1994 Sraphique 63 Relation entre le vote accorde au PLC en 1993 et le soutien en faveur de I'option du Oui en 1992 Sraphique 64 Relation entre le vote accorde au PLC en 1993 et la population francophone dans une municipalitd Sraphique 65 Relation entre le vote accorde au PLC en 1993 et la - 1aopulation anglophone dans une municipalit6 Graphique 66 Iqelation entre le vote accorde au PC en 1993 et le --! soutien accord6 au PQ en 1989 Graphique 67 Ilelation entre le vote accord6 au PC en 1993 et le --! soutien accord6 au PLQ en 1989 Graphique 68 IRelation entre le vote accorde au PC en 1993 et le --! soutien en faveur de I'option du Oui en 1992 Graphique 69 IRelation entre le vote accordé au PC en 1993 et la -1population francophone dans une municipalite Graphique 70 IRelation entre le vote accorde au PC en 1993 et la -Jpopulation anglophone dans une municipalit6 --Courbe wrtes-aains du PC entre 1988 et 1993 - -IDeclin dee con~ervateunentre 1988 et 1993 (%) --Courbe pertes-gains du PLC entre 1988 et 1993 . . --!Situation des libéraux féderaux entre 1988 et 1993 (%) Graphique 75 IRelation entre le vote accorde au PC en 1993 et celui --(aui lui a et6 accord6 en 1988 Graphique 76 lRelation entre le vote accorde au PLC en 1993 et celui - -(qui lui a et6 accord6 en 1988 Graphique 77 IRelation entre les pertes-gains du PC (1988-1993) et le !soutien accord6 au Bloc en 1993 A- Graphique 78 --Transfert des votes du PC au PLC (1988-1993) Graphique 79 lRelation entre les pertesgains du PLC (1988-1993) el lle soutien accord6 au Bloc en 1993 Graphique 80 lRelation entre le vote accordé au Bloc en 1997 et le -- soutien accord6 au PQ en 1994 Graphique 81 Relation entre le vote accord6 au Bloc en 1997 et le soutien à l'option du Oui en 1995 -7 Graphique 82 Relation entre le vote accorde au Bloc en 1997 et la -- population francophone dans une municipalité Graphique 83 Relation entre le vote accorde au PLC en 1997 et la -- soutien accorde au PLQ en 1994 Graphique 84 Relation entm le vote accorddi au PLC en 1997 et la -- soutien en faveur de l'option du Non en 1995 Relation entre le vote accorde au PLC en 1997 et la i lation francophone dans une municipalite :ion entre le vote accord6 au PLC en 1997 et la p. 154 lation anglophone dans une municipalit6 :ion entre le vote accord4 au PC en 1997 et le p. 155 en accord6 au PQ en 1994 tion entre le vote accord6 au PLC en 1997 et le p. 156

en accorde au PQ en 1994 1 Graphique. . 89 1 Relation entre le vote accord6 au PC en 1997 et le1 P. 157 1 soutien en faveur de l'option du Non en 1995 1. Graphique 90 1 Relation entre k vote accord6 au PC en 1997 et la i p. 158 population francophone dans une rnunicipalite Graphique- - 91 Relation entre le vote accorde au PC en 1997 et la p. 160 population anglophone dans une municipalit6 Graphique. . 92 Courbe pertesaains du Bloc entre 1993 et 1997 P. 161 Gra~hiaue. . 93 i D6clin des blochstes entre 1993 et 1997 (%\ i B. 162 Graphique 94 Courbe pertes&ins du PLC entre 1993 4 1997 !,163 Graphique 95 Situation des IiMtaux f6ddraux entre 1993 et 1997 (%) p. 164 Graphique 96 Courbe pertesqains du PC entre 1993 et 1997 p. 165 Graphique 97 Retour en force des conservateurs entre 1993 et 1997 p. 166 (%) Graphique 98 Relation entre le vote accorde au Bloc en 1997 et le p. 167 vote accord6 au Bloc en t 993 Graphique 99 Relation entre le vote accord6 au PLC en 1997 et le p. 168 vote accorde au PLC en 1993 Graphique 100 Relation entre le vote accord6 au PC en 1997 et le vote p. 169 accord4 au PC en 1993 Graphique 101 Transfert des votes du PLC au PC (1993 et 1997) p. 170 Graphique 102 Transfert des votes du Bloc au PC (1993-1997) p. 171 Graphique- - 103 Situation du Parti progressisteconsenrateur dans les p. 174 Cantons de l'Est entre-1974 et 1997 (X) Graphique. . 104 Situation du Parti libéral féd6ral dans les Cantons de D. 175 1 l'Est entre 1974 et 1997 ($40) 1' D. Gra~hiaue. . 105 i Relation entre le PLC et te PLQ I r-176 -- - Graphique 106 Relation entre le PLC et les francophones p. 177 Graphique- - 107 Relation entre le PC et le PQ D. 177 Gra~hiaue108 1 Relation entre le PC et les franco~hones I D. 178 1 Annexe II : RBsultats Blectoraux dans les Cantons de l'Est entre 1974 et 1997 (le pourcentage en gris indique le vainqueur)

Résultats des élections fddérales de 1974 (%) Circonscription Crédit Social IIPC Liberal IAutres

Résultats des dlections fddérales de 1979 (%)

Résuitats des élections fédérales de 1980 (%)

RBsuitats des élections f6dBrales de 1984 (%)

Circonscri~tion IPC ILiberal IAutns Shefford 1 42.91

Sherbrooke 1 Rdsultats des élections fédérales de 1988 (%)

Résuitats des élections fédérales de 1993 (%)

Circonscription libéral IAutres Shefford Brome-Missisauoi M.C.S.- Richmond-Wolfe Sherbrooke 1 1

Rdsultats des élections fédérales de 1997 (%) Circonscription IBloc qu&écois IPC IParti libéral Autres Annexe III : Cartes électorales des circonscriptions fédérales des Cantons de l'Est (en date de 1996) --

Carte #1 Carte #2

Carte A4

ORUMMOND Carte #5 Carte #û