Serpents buveurs d’eau, serpents œnophiles et serpents sanguinaires : les serpents et leurs boissons dans les sources antiques Jean TRINQUIER* ENS Ulm, AOROC-UMR 8546 CNRS-ENS.
[email protected] Trinquier J. 2012. Serpents buveurs d’eau, serpents œnophiles et serpents sanguinaires : les serpents et leurs boissons dans les sources antiques. Anthropozoologica 47.1 : 177-221. Les serpents ont-ils soif ? Que boivent-ils ? À ces deux questions, les sources antiques ap- portent des réponses contrastées, qui tantôt valent pour tous les ophidiens, tantôt seule- ment pour certaines espèces. D’un côté, les serpents passaient pour des animaux froids, et on concluait logiquement qu’ils n’avaient pas besoin de beaucoup boire, une déduction confirmée par l’observation de spécimens captifs ; telle était notamment la position d’Aris- tote. D’un autre côté, les serpents venimeux, en particulier les Vipéridés, étaient volontiers MOTS CLÉS mis en rapport avec le chaud et le sec, en raison tant de leur virulence estivale que des effets physiologie composition assoiffants de leur venin ; ils étaient plus facilement que d’autres décrits comme assoiffés, crase ou amateurs de vin, le vin étant lui aussi considéré comme chaud et sec. Un autre serpent toxicologie assoiffé est le python des confins indiens et éthiopiens, censé attaquer les éléphants pour épistémologie légendes les vider de leur sang à la façon d’une sangsue. À travers ces différents cas, la contribution vin étudie la façon dont s’est élaborée dans l’Antiquité, à partir d’un stock disparate de données sang serpents géants légendaires, de représentations mythiques et d’observations attentives, une réflexion sur la vampire crase des différentes espèces d’ophidiens.